André Gibert
ME 1920 p. 290 et 1944 p. 296
De leurs épées ils forgeront des socs et de leurs lances des serpes ; une nation ne lèvera pas l’épée contre une autre nation et on n’apprendra plus la guerre (Ésaïe 2:4 ; Michée 4:3).
On nous dit aujourd’hui : Unissez vos efforts aux nôtres, pour amener la paix sur la terre. Vous nous voyez travailler dans ce but. Le jour est proche où nous forgerons de nos épées des socs et de nos lances des serpes.
Cher lecteur, je ne vous dirai pas ce que je pense de ces efforts, mais ce que le Dieu qui ne peut mentir et qui ne m’a jamais trompé m’en dit dans sa Parole.
Quand le Seigneur Jésus entra dans ce monde, les armées
célestes proclamèrent : « Paix sur la terre ! » (Luc 2:14). Mais le
monde l’a rejeté, l’a cloué sur une croix, l’a mis au rang des malfaiteurs,
lui, le Fils de Dieu. Est-il surprenant que dès lors, le Roi de paix ayant été
mis à mort, l’histoire de ce monde ne soit plus qu’une longue nomenclature de
guerres et de violences ? Pourrait-il en être autrement ? L’homme
peut-il prétendre avoir la paix en l’absence du Prince de la paix qu’il a
rejeté quand le Dieu d’amour le lui avait envoyé ? Depuis ce meurtre inouï
et inexcusable, le monde est tenu pour irrémédiablement perdu :
« Maintenant », dit Jésus, « est le jugement de ce monde » (Jean 12:31). Le
jugement est prononcé
et n’a plus qu’à être exécuté ; mais le Dieu
de patience use encore de grâce aujourd’hui et fait proclamer le salut aux
pécheurs. Il ordonne maintenant à tous les hommes, en tous lieux, de se
repentir, non pas en vue d’une restauration de ce monde, mais dans le but de
sauver ceux qui lui obéissent par la foi
en la valeur du sang qui purifie de tout péché. Ces croyants ont désormais une
part dans
le ciel
et non dans le monde
; ils rencontrent ici-bas la tribulation, mais la maison du Père où le
Seigneur Jésus lui-même habite, est leur domicile (Jean 16:33 ;
14:1-3).
Le Christianisme n’a jamais prétendu être la réparation
d’un monde gâté par le péché ; au contraire, la présence sur la terre du
Saint Esprit, envoyé à la suite de la glorification de Christ, est la
démonstration publique (conviction) du jugement de ce monde (Jean 16:8). Le
Diable qui a toujours trompé les hommes leur dit : Ce qui se passe sous vos
yeux est la faillite du christianisme : il n’a pas amené la paix dans le
monde et n’a pas tenu ses promesses. Où donc la parole de Dieu dit-elle, je
vous prie, que le christianisme ait fait des promesses au monde
? Dieu ne lui
en a fait aucune, puisque, comme nous venons de le voir, il le condamne
irrémédiablement. Mais il a tenu et tient encore aujourd’hui ses promesses à
salut envers tous ceux qui croient
au Seigneur Jésus. Il est tout
aussi certain que Dieu ne se contredira pas quand il exercera la vengeance sur
un monde coupable qui, après des siècles de patience de sa part, a fini par
mettre à mort son Fils unique. Le monde actuel est mille fois plus coupable que
les hommes du temps de Noé. Ces derniers, violents et corrompus, faisaient le
mal, mais ceux d’aujourd’hui le font en y ajoutant le mépris et le refus de la
grâce et du pardon que Dieu offre gratuitement à tous. Aussi le Dieu saint dont
les yeux sont trop purs pour voir le mal ne peut donner la paix dans l’état
actuel du monde.
Satan dit : « Vos efforts réunis amèneront à la fin cette paix qui vous a fait défaut jusqu’ici ». Ah ! soyez assurés que tous les efforts des hommes n’aboutiront qu’aux plus cruelles déceptions, malgré les espérances entretenues par la « ligue des nations ». Au lieu de forger des socs avec leurs épées, les peuples recommenceront à « faire des épées avec leurs socs » (Joël 3:10). Au lieu de paix ils ont encore la guerre en perspective et la Parole l’annonce pour un jour à venir (Voyez Matt. 24:6 et tant d’autres passages). La guerre à laquelle nous avons assisté pendant des années n’est qu’un échantillon de ce qui menace encore le monde. Ne voyons-nous pas des nuages noirs s’amonceler à l’horizon, plus sombres encore que ceux d’avant la guerre ? Des haines avouées ou sournoises, des murmures, des mécontentements publics ou cachés ; à l’orient un torrent de mal que rien ne réussit à contenir ; partout les émeutes, les fléaux, la famine. Et même si ce qu’on appelle « la paix » survenait pour un moment, n’entend-on pas les sourds rugissements de la révolution sociale et de l’anarchie gronder de tous côtés ?
Au lieu de reconnaître l’état désespéré du monde, au lieu de s’en humilier devant Dieu en confessant que ces maux sont le juste salaire de leurs péchés, les hommes aveuglés parlent d’assurer aux nations « une paix durable » ! Et quand enfin ils croiront avoir atteint le but de leur travail incessant, quand ils diront : « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux, et ils n’échapperont pas (1 Thess. 5:3).
Ne nous laissons pas tromper par l’Ennemi. Tout ce que l’homme a cru édifier de solide a croulé tôt ou tard. Tous ses efforts actuels pour amener la paix sur la terre aboutiront à la plus amère déception : « Associez-vous, peuples, et vous serez brisés ! prêtez l’oreille vous tous qui habitez au loin sur la terre ! ceignez-vous, et vous serez brisés ! Ceignez-vous, et vous serez brisés ! Prenez un conseil et il n’aboutira à rien » (És. 8:9-10).
Les chrétiens me répondront : « Il y a pourtant des
promesses certaines. Comment concilier ce que vous dites avec ce qui est
écrit : De leurs
épées ils forgeront des socs, et de leurs lances des serpes
» ?
En effet, Dieu a fait des promesses, et il les accomplira par sa propre puissance et non par les efforts de l’homme méchant. Relisons soigneusement cette prophétie d’Ésaïe, dont l’importance est si grande que le prophète Michée la répète mot à mot. Nous voyons d’abord que cette vision du prophète est au sujet de Juda et de Jérusalem ; ensuite, qu’elle est pour la fin des jours quand la maison du Dieu de Jacob sera réédifiée sur la montagne de l’Éternel. Alors Jérusalem sera le lieu où les nations viendront pour être instruites dans les voies de l’Éternel et il jugera au milieu des nations et prononcera le droit à beaucoup de peuples. Il est donc nécessaire, pour cette ère de paix que le peuple juif soit restauré dans sa terre, que l’Éternel règne en Sion, et que les nations soient soumises à son autorité. Alors seulement elles forgeront de leurs épées des socs et de leurs lances des serpes. Mais avant cela, bien des événements doivent se dérouler ici-bas. Le règne de Christ débutera par l’anéantissement de l’homme de péché, de l’Antichrist, que le Seigneur consumera par le souffle de sa bouche (2 Thess. 2:8). Ce personnage, avec tous les événements qui accompagneront son règne de 3 ans 1/2 ou qui le précéderont, paraîtra avant l’établissement du royaume de Christ, du Prince de paix. Ce n’est donc pas actuellement que la paix sera établie sur la terre. Les efforts de l’homme ne peuvent la produire. Le monde peut se fatiguer, mais en vain, pour l’obtenir. Quand, aveuglé par Satan, il dira : « Paix et sûreté », la pire des détresses fondra sur lui. « Il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants » (És. 48:22).
Que faut-il donc faire maintenant ? Il faut se
repentir, mener deuil sur ses fautes, croire au Seigneur Jésus, pour avoir la paix
avec
Dieu,
garder
sa Parole, et l’attendre des cieux pour être mis « à l’abri de la colère qui
vient » ! (1 Thes. 1:10).