Adrien Ladrierre (famille)
Table des matières :
1 - David règne sur Juda à Hébron — 2 Samuel 1 à 4
2 - David, le second roi est reconnu roi par tout Israël — 2 Samuel 5 ; 1 Chroniques 11-12
3 - David prend la forteresse de Sion — 2 Samuel 5:6-9 ; 6 ; 1 Chroniques 11:4-9 ; 13 ; 15 et 16
4 - L’arche et la construction d’un temple
4.2 - David amène l’arche en Sion — 2 Samuel 6:1-11:1 Chroniques 13-16
4.3 - Le transport de l’arche en Sion — 2 Samuel 6 ; 1 Chroniques 13-16
4.4 - David veut bâtir un temple à l’Éternel — 2 Samuel 7 ; 1 Chroniques 17
5 - Victoires de David — 2 Samuel 8 ; 1 Chroniques 18
6 - Histoire de Mephibosheth — 2 Samuel 9
7 - La guerre de David contre les Ammonites — 2 Samuel 10
8 - Victoires de Joab sur les Ammonites et de David sur les Syriens — 2 Samuel 10 ; 1 Chroniques 19
9.1 - David tombe dans le péché — 2 Samuel 11
9.2 - David se repent de son péché — 2 Samuel 12
9.3 - Repentir et relèvement de David — 2 Samuel 12
10.1 - Histoire d’Absalom — 2 Samuel 13 et 14
10.8 - 2 Samuel 19 — Retour de David à Jérusalem
11 - 2 Samuel 19 et 20 — Révolte de Shéba
12 - 2 Samuel 21 — Les Gabaonites et les dernières guerres de David
13 - 2 Samuel 24, 1 Chroniques 21 — David fait dénombrer le peuple, son châtiment
14 - 1 Chroniques 22 à 28 — Préparatifs de David pour la construction et le service du temple
15 - Exhortations de David au peuple et à Salomon — 1 Chroniques 28-29
16 - Complot d’Adonija. Salomon est établi roi — 1 Rois 1
17 - Les dernières paroles de David et sa mort — 1 Rois 2 et 2 Samuel 23:1-7
Bonne Nouvelle 1893 n° 2 à 5 pages 30 à 34, 46 à 52, 70 à 76, 88 à 93.
— Saül étant mort, David va vraiment régner sur Israël, n’est-ce pas ?
— Comme nous le verrons, David eut encore bien des difficultés à surmonter avant d’occuper sa place comme roi sur tout le peuple.
— Comment apprit-il la triste fin de Saül et de ses fils ?
— David était revenu à Tsiklag après sa victoire sur les Amalékites. Trois jours après son retour, un homme arriva, les vêtements déchirés et de la terre sur la tête en signe de deuil, (voyez 1 Sam. 4:12 ; 2 Sam. 15:32). Amené devant David, il tomba contre terre et se prosterna. « D’où viens-tu ? » lui dit David. « Je me suis échappé du camp d’Israël », fut la réponse. « Que s’est-il passé ? Raconte-le-moi », continua David. Et cet homme raconta qu’Israël avait été battu par les Philistins, et que plusieurs avaient été tués, et parmi eux Saül et Jonathan.
— Comme David dut être attristé en apprenant que son ami Jonathan était mort !
— Il avait sans doute peine à le croire car il dit à l’homme : « Comment sais-tu que Saül et Jonathan, son fils, sont morts ? ». Et ce jeune homme répondit : « Je passais par aventure sur la montagne de Guilboa ; et voici, Saül s’appuyait sur sa lance, et voici, les chars et les gens de cheval le serraient de près. Et il se tourna en arrière et me vit, et m’appela ; et je dis : Me voici. Et il me dit : Qui es-tu ? Et je lui dis : je suis Amalékite. Et il me dit : Tiens-toi, je te prie, sur moi, et tue-moi, car l’angoisse m’a saisi, parce que ma vie est encore toute en moi. Alors je me suis tenu sur lui, et je l’ai mis à mort ; car je savais qu’il ne vivrait pas après sa chute (qu’il ne survivrait pas à sa défaite) ; et j’ai pris la couronne qui était sur sa tête et le bracelet qui était à son bras, et je les ai apportés ici à mon seigneur ».
— Mais, c’était un menteur. Saül s’était jeté sur son épée et tué lui-même, comme nous l’avons vu la dernière fois.
— Certainement. C’est le récit de la parole de Dieu et il est vrai, tandis que celui de l’Amalékite est forgé par lui pour tromper David. Cet homme était sans doute un de ces pillards qui suivent les armées et qui, après la bataille, vont dépouiller amis et ennemis, morts ou blessés. On voit cela même de nos jours. Quelle triste chose que la méchanceté du cœur humain ! L’homme dont nous parlons aura pensé qu’il ferait bien d’apprendre en premier à David que son ennemi Saül était mort et que même il avait contribué à le faire mourir. Il jugeait David d’après son propre cœur à lui. Il s’attendait, sans doute, à recevoir de lui une grande récompense en lui apportant la couronne et le bracelet de Saül.
— Mais comment avait-il pu s’en emparer ?
— Il aura peut-être reconnu Saül, l’aura vu se tuer et aura attendu le moment favorable pour le dépouiller, au milieu de la confusion du combat.
— David était maintenant bien sûr que Saül était mort à la vue de sa couronne et de son bracelet.
— Oui, aussi sa douleur éclata aussitôt, car le cœur généreux de David n’avait cessé de respecter Saül, et il avait toujours une ardente affection pour Jonathan. Il sentait aussi vivement l’humiliation de la défaite de son peuple et du déshonneur porté au nom de l’Éternel. Il déchira ses vêtements, les hommes qui étaient avec lui firent de même, et ils menèrent deuil, ils pleurèrent et jeûnèrent jusqu’au soir sur Saül, Jonathan et ceux du peuple de l’Éternel qui avaient été tués.
— David n’a pas de rancune contre Saül, il ne se souvient pas du mal qu’il lui avait fait, il ne se réjouit pas de sa mort qui fait qu’il pourra être roi. Il réalise ce qui nous est dit d’aimer nos ennemis, n’est-ce pas ? (Matthieu 5:44).
— En effet. Il est bien différent de ce David qui voulait se joindre aux Philistins pour combattre contre Israël. Dans ce dernier cas, c’était son cœur naturel qui parlait, mais maintenant c’est le cœur de l’homme selon Dieu.
— Qu’arriva-t-il à ce méchant Amalékite ?
— Il reçut le juste châtiment de son mensonge. Au lieu de lui procurer une récompense, sa perfidie le perdit. Après l’expression de sa douleur, David dit à ce jeune homme : « D’où es-tu ? ». « Je suis », répondit-il, « fils d’un homme étranger, d’un Amalékite ». « Comment n’as-tu pas craint d’étendre ta main pour tuer l’oint de l’Éternel ? » dit David. Et il appela un de ses guerriers et lui ordonna de tuer le menteur qui se vantait d’avoir mis à mort le roi d’Israël. Ainsi le méchant fait une œuvre qui le trompe (Prov. 11:18) ; il ne reste pas impuni. « Celui qui profère des mensonges périra » (Prov. 19:9 ; voir Psaume 101:7 ; ce Psaume exprime ce que sera le royaume quand Christ règnera sur Israël. Et nous devons nous rappeler que David est le type de Christ). Cette œuvre de justice et de jugement accomplie, David exprima sa douleur dans une complainte qu’il composa sur la mort de Saül et de Jonathan, et c’est surtout de ce dernier qu’il parle. « Ton ornement, ô Israël, est tué sur tes hauts lieux. Comment les hommes forts sont-ils tombés ! Ne le racontez pas dans Gath, n’en portez pas la nouvelle dans les rues d’Askalon ; de peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne tressaillent de joie … L’arc de Jonathan ne se retirait pas du sang des tués … et l’épée de Saül ne retournait pas à vide. Saül et Jonathan, aimés et agréables dans leur vie, n’ont pas été séparés dans leur mort. Ils étaient plus rapides que les aigles, plus forts que les lions. Filles d’Israël, pleurez sur Saül … Comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux ! Je suis dans l’angoisse à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu étais pour moi plein de charmes ; ton amour pour moi était merveilleux … Comment sont tombés les hommes forts, et sont péris les instruments de guerre ! ». C’est ainsi que David exhalait sa plainte, célébrait la vaillance de Saül et de Jonathan, rappelait l’affection mutuelle de Jonathan et de son père, et exprimait la souffrance profonde de son propre cœur en pensant que son ami — celui qui lui était cher — avait péri.
— C’est bien beau, tout ce que dit ici David. Cela nous rappelle tous les beaux traits de la vie et du caractère de Jonathan et de Saül. Et il n’y a pas l’ombre d’un reproche.
— David voulut que cette complainte, que l’on nomma le chant de l’Arc, fût enseignée aux fils de Juda pour perpétuer le souvenir de Jonathan, sa vaillance et son habileté à tirer de l’arc. Il se souvenait qu’aux premiers jours de leur amitié, Jonathan, dans son affection pour lui, lui avait donné son arc, son épée et son baudrier. Il se rappelait aussi ce jour où les trois flèches lancées par l’arc de Jonathan étaient le signal de leur entrevue, au temps où Saül commençait à le persécuter.
— Et maintenant, je pense que David ne resta plus à Tsiklag et qu’il put retourner dans son pays où il avait été si longtemps fugitif et d’où il s’était exilé.
— David ne se hâta point de quitter Tsiklag. Il voulut d’abord savoir quelle était la volonté de l’Éternel, car il avait autrefois trop souffert en suivant ses propres pensées. Il interrogea donc l’Éternel et dit : « Monterai-je dans une des villes de Juda ? Et l’Éternel lui dit : Monte. Et David dit : Où monterai-je ? Et il dit : À Hébron ».
— J’aurais pensé que l’Éternel lui aurait dit d’aller à Jérusalem puisque c’était la capitale, ou bien à Bethléhem qui était le lieu de naissance de David.
— Dieu est toujours plein de sagesse en tout ce qu’il fait.
Jérusalem, ou du moins la forteresse de Sion, était encore entre les mains des
Jébusiens qui n’en furent dépossédés que plus tard par David (Josué 15:63 ;
2 Samuel 5:6-9). Quant à Bethléhem, c’était un très petit endroit fort peu
éloigné des frontières de Benjamin. Or comme tu le verras, David ne fut d’abord
reconnu roi que par la tribu de Juda. Hébron, au contraire, était au centre de
la tribu. Cette ville, une des plus anciennes du monde et qui existe encore (Nombres
13:23), rappelait aux Israélites les plus précieux souvenirs. C’est près
d’Hébron qu’Abraham vint planter ses tentes après s’être séparé de Lot. Là,
Dieu lui fit des promesses relatives à la possession du pays de Canaan par sa
postérité, et traita alliance avec lui. Là encore, l’Éternel vint le visiter et
lui réitéra ses promesses. Ce fut là aussi que Sara mourut et qu’Abraham
l’enterra dans la caverne de Macpéla. Lui-même y fut enterré, ainsi qu’Isaac,
Léa et Jacob (Genèse 13:18 ; 15 ; 18:1, etc., 23:17-20 ; 25:7-10 ;
27:27-29 ; 49:31 ; 50:13). Les Arabes lui donnent le nom d’El Khalil,
l’ami, en souvenir peut-être d’Abraham, l’ami de Dieu. Quels souvenirs propres
à encourager David ! Il était l’héritier des promesses et avait devant ses
yeux l’exemple de la foi, de la patience et de l’obéissance de son ancêtre
Abraham qui avait foulé cette terre. Il pouvait se rappeler la prophétie de
Jacob : « Le sceptre ne se retirera point de Juda » (Gen. 49:10),
et c’était lui qui, le premier, tenait ce sceptre. Il pouvait compter sur la
parole que Dieu avait dite. Un autre grand souvenir de foi et de courage se
rattachait à cette ville. C’était celui de Caleb. Les espions envoyés par Moïse
étaient venus dans la vallée d’Eshcol où était située Hébron. Mais là ils
avaient vu les géants de la race d’Anak. Effrayés, ils avaient à leur retour
jeté le découragement dans le cœur du peuple. Mais Caleb, plein de cœur
comme le signifie son nom, avait au contraire cherché
à relever le courage des fils d’Israël. L’Éternel le récompensa en lui donnant
d’entrer dans le pays de Canaan et en lui conservant toute sa vigueur malgré
son grand âge. Il déposséda les fils d’Anak et reçut en héritage la ville où
ils habitaient, c’est-à-dire Hébron (Nombres 13:23-25 et 28-31 ; 14:24 ;
Josué 14:6-15). David avait aussi devant lui de grandes difficultés, mais
l’exemple de la foi de Caleb n’était-il pas propre à l’encourager ?
— Oh, oui ! Hébron était tout à fait la ville où David était le mieux placé.
— David, obéissant à la parole de l’Éternel, monta donc à Hébron avec ses deux femmes, Akhinoam et Abigaïl ; il amena aussi la troupe de ses guerriers avec leurs familles, et ils habitèrent dans les villes, aux alentours d’Hébron. Alors les hommes de Juda vinrent et oignirent David pour roi sur la tribu de Juda.
— Il y eut donc alors un second roi sur les autres tribus ?
— Nous le verrons plus tard. Parlons d’abord de quelques-uns des vaillants hommes qui étaient avec David. Il y avait d’abord les trois fils de Tséruïa, la sœur de David : Abishaï, Asçaël et Joab (1 Chron. 2:16). Abishaï était le fidèle compagnon de David (1 Sam. 26:6-12). C’était un très vaillant guerrier. « Il leva », nous est-il dit, « sa lance contre trois cents hommes, qu’il tua » (1 Chron. 11:20). Quant à Joab, nous verrons son histoire en même temps que celle de David. Parmi les principaux chefs se trouvait aussi Benaïa. Il frappa deux des puissants guerriers de Moab, que l’Écriture nomme « des lions de Dieu », pour montrer leur force et leur vaillance ; il tua un lion dans une fosse un jour de neige, et enfin, comme David autrefois tua le géant Goliath, Benaïa, armé seulement d’un bâton, alla contre un géant égyptien, lui arracha sa lance et le perça de sa propre arme. Il resta toujours fidèlement attaché à David et, aussi sage que vaillant, l’aidait de ses conseils (1 Chron. 11:22-25). Il y a toute une liste de ces guerriers qui avaient suivi David. L’Esprit Saint cite leurs noms au commencement du règne de David, et pour montrer comme Dieu apprécie et honore ceux qui se sont attachés à l’homme selon son cœur, il les rappelle encore à la fin de son règne (1 Chron. 11:10-47 ; 2 Sam. 23:8-39). Parmi eux, il faut retenir le nom d’Urie le Héthien dont nous reparlerons, mais nous pouvons remarquer que Joab n’y est nommé nulle part.
— Cette liste me fait penser que Jésus avait aussi ses compagnons, les apôtres.
— Tu as raison. Ils sont nommés dans la parole de Dieu, et le Seigneur, avant de quitter la terre, leur dit : « Vous, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations » (Luc 22:28). Puis Jésus leur promet une place d’honneur auprès de Lui dans son royaume. Il en fut ainsi des compagnons de David. Après avoir souffert avec lui, ils occupèrent des positions élevées quand il régna. Mais il y a une différence.
— Oui, les chrétiens ne combattent pas avec des épées et des lances contre des hommes. Ils combattent contre Satan par la prière et la parole de Dieu (Éphésiens 6:12-18).
— C’est pourquoi l’apôtre dit : « Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles » (2 Cor. 10:3-5). Mais ce qu’il y a de commun entre les compagnons de David et les chrétiens, c’est la foi dans les promesses de Dieu et dans sa puissance pour les accomplir (Héb. 11:32-34).
— David avait autrefois combattu pour tout Israël. Est-ce qu’il n’y eut que les hommes de Juda qui le reconnurent pour roi ?
— Non. Il y avait des hommes vaillants de diverses tribus d’Israël qui étaient venus le trouver à Tsiklag, même d’entre ceux de Benjamin, la tribu de Saül. S’étaient rangés aussi avec lui, des hommes forts et vaillants de la tribu de Gad, de l’autre côté du Jourdain, guerriers dont les faces étaient comme celles des lions et les pieds légers comme ceux des gazelles. Des fils de Benjamin et de Juda vinrent se joindre à lui. Et David leur dit : « Si c’est pour la paix que vous venez vers moi, pour m’aider, mon cœur sera uni à vous ; mais si c’est pour me livrer à mes ennemis, quand il n’y a pas de violence en ma main, que le Dieu de nos pères regarde, et punisse. Et l’Esprit revêtit Amasçaï, chef des principaux capitaines : Nous sommes à toi, David, et avec toi, fils d’Isaï ! Paix, paix à toi, et paix à ceux qui t’aident, car ton Dieu t’aide ! Et David les reçut » (1 Chroniques 12:17-18).
— Quel encouragement ce devait être pour David d’entendre comme ces hommes lui étaient dévoués. C’est là ce que nos cœurs devraient dire au Seigneur Jésus : « Nous sommes à toi et avec toi ! »
— Que Dieu nous accorde, en effet, cette grâce. C’est ce que l’apôtre Paul exprimait en disant : « Vous n’êtes pas à vous-mêmes » (1 Cor. 6:19). Il y eut aussi des hommes de la tribu de Manassé qui passèrent à David, et comme tous les jours il arrivait des gens à David, il finit par y avoir un grand camp avec lui (1 Chron. 12:1-22).
— Et tous ceux-là étaient avec David à Hébron ?
— Sans doute, puisqu’il nous est dit que David les fit tous monter avec lui. Le temps où David fut roi à Hébron fut encore un temps d’épreuves et de peines. Il dut attendre sept ans et demi avant qu’Israël tout entier le reconnût pour roi. Dieu exerça ainsi sa patience, comme il le fait à l’égard de tous ses serviteurs.
— En effet, Abraham dut attendre bien longtemps avant d’avoir le fils que Dieu lui avait promis.
— Et il nous est dit : « Abraham, ayant eu patience, obtint ce qui avait été promis » (Héb. 6:15). N’avons-nous pas à attendre avec patience quelque chose qui nous est promis ?
— Oui, Il nous faut attendre avec patience le Seigneur Jésus qui viendra nous prendre pour que nous soyons avec lui dans le ciel (Romains 8:25 ; Jacques 5:7). Et en attendant nous avons à Le servir (1 Thessaloniciens 1:3, 9-10.
— Pendant ces sept ans et demi où David régnait à Hébron, Ish-Bosheth, quatrième fils de Saül dont il ne nous a pas été parlé jusqu’à présent, régnait sur Israël. Il est parfois nommé Eshbaal (1 Chroniques 8:33). Il semble avoir été d’un caractère timide et faible, sans énergie, tout différent de celui de Jonathan. De là vient peut-être son nom qui pourrait n’être qu’un surnom et qui veut dire : homme d’ignominie.
— Comment un tel homme put-il songer à se faire roi ?
— Il ne se fit pas roi lui-même. Souviens-toi d’Abner, le cousin de Saül, chef de son armée (1 Samuel 14:50 ; 26:13-15). Ce fut lui qui prit Ish-Bosheth et l’établit roi sur Israël, à Mahanaïm, ville située de l’autre côté du Jourdain, dans la tribu de Manassé. C’est près de là que les anges de Dieu vinrent à la rencontre de Jacob à son retour de chez Laban (Genèse 32:1-2).
— C’était bien mal à Abner d’établir un autre roi. Il savait bien que David était choisi de Dieu.
— Tu as raison. Mais il faut se rappeler qu’Abner était tout à fait un homme du monde, un grand guerrier, un habile politique, mais nullement un homme de Dieu. Il avait pris parti pour Saül qui était de sa tribu et de sa famille, et voulait soutenir son fils. Il occupait ainsi un poste éminent, le premier après le roi, tandis qu’en reconnaissant David, il n’aurait plus eu la première place. C’est là le penchant naturel du cœur : aimer être le premier. Abner ne s’inquiétait pas de l’Éternel et de sa volonté et, sauf la tribu de Juda et quelques autres, tout Israël suivait Abner. Ils oubliaient ce que David était et avait fait. Il était l’oint de l’Éternel et avait vaincu Goliath et les Philistins.
— C’est bien triste de voir cette ingratitude du peuple.
— Oui, mais que voyons-nous autour de nous ? Jésus est l’Oint de Dieu et son Fils Bien-aimé. Il a accompli la rédemption et a vaincu Satan pour nous délivrer, et combien il y a peu de personnes qui s’attachent à Lui. On aime mieux le monde et ses convoitises, et ainsi on suit Satan et non pas Christ.
— C’est vrai et c’est encore plus triste.
— Cela vient, comme à l’égard de David, de ce que le cœur naturel est ennemi de Dieu et ne se soumet pas à sa volonté (Romains 8:7 ; Colossiens 1:21 ; Jean 15:24). Mais pour reprendre notre histoire, nous lisons touchant David à Hébron un beau trait qui nous montre, encore une fois, sa générosité envers Saül qu’il regarda toujours comme l’oint de l’Éternel, à la table duquel il avait mangé et dont il avait épousé la fille. David avait le noble cœur d’un homme de Dieu. Il apprit que les habitants de Jabès, au péril de leur vie, avaient donné une sépulture honorable à Saül et à ses fils, et il leur envoya des messagers pour les remercier de leur action. « Bénis soyez-vous de l’Éternel », leur fit-il dire, « de ce que vous avez usé de cette bonté envers votre seigneur Saül, et de ce que vous l’avez enterré ! Et maintenant, que l’Éternel use envers vous de bonté et de vérité ! Et moi aussi je vous rendrai ce bien, parce que vous avez fait cela » (2 Samuel 2:5-6).
— C’est bien beau de voir chez David cette fidélité envers Saül qui avait été si méchant à son égard. Il ne rendait pas le mal pour le mal. Mais ne fit-il pas la guerre à Ish-Bosheth ?
— Oui, et ce devait être pour lui bien douloureux de combattre ceux qui étaient ses frères. Mais en réalité ils étaient des rebelles contre Dieu. Un chrétien fidèle peut être ainsi appelé à résister à quelqu’un qui se dit chrétien et qui apporterait de mauvaises doctrines. Seulement il ne combat pas avec des armes charnelles et ne doit pas se départir d’un esprit de douceur (2 Tim. 2:24-26 ; 2 Cor. 10:4-5). Et c’est avec douleur qu’il combattra ainsi. Pour revenir à David, il ne nous est pas dit qu’il combattit lui-même. C’était entre Joab et Abner que se livraient les combats, et tous deux n’étaient que des hommes ambitieux, sans véritable crainte de Dieu.
— David ne consultait-il pas l’Éternel pour savoir ce qu’il aurait à faire ?
— Nous ne le savons pas. Mais Dieu se servait de ces hommes pour accomplir ses desseins à l’égard de David. Le guerre se poursuivait dans un esprit tout charnel et par conséquent cruel. Les deux armées se rencontrèrent près du réservoir de Gabaon, et Abner dit à Joab : « Que les jeunes hommes se lèvent donc et jouent [entre eux] devant nous ! Et Joab dit : Qu’ils se lèvent ».
— Que voulait dire Abner ? N’était-ce pas un singulier moment pour jouer ?
— Hélas ! C’était un jeu bien barbare. On choisit de chaque côté douze hommes pour combattre les uns contre les autres devant les deux chefs d’armée. C’était peut-être pour décider à quel parti appartiendrait la victoire, (voyez le défi porté par Goliath à un champion israélite en 1 Sam. 17:8-9). Mais chacun de ces hommes ayant saisi son adversaire par la tête lui passa son épée à travers le corps, et ils tombèrent tous morts.
— Quelle chose horrible ! Et c’est là ce qu’Abner et Joab appelaient un jeu. Que les hommes sont cruels !
— Oui, on peut bien dire : « Leurs pieds sont rapides pour verser le sang ». La mort de ces champions fut le signal de la bataille qui fut très rude, mais l’armée d’Abner fut mise en déroute, et lui-même dut chercher son salut dans la fuite. Le frère de Joab, Asçaël, qui était léger à la course comme une gazelle, se mit à le poursuivre, espérant peut-être s’emparer de lui. Abner l’ayant reconnu l’invita à se détourner de lui de peur que, forcé de se défendre, il ne lui donnât peut-être la mort. Mais Asçaël persista à le poursuivre, et Abner le frappa en arrière du bois de sa lance avec une telle force qu’elle lui traversa le corps et il mourut.
— Pauvre Asçaël ! Il fut bien puni de sa témérité et de sa présomption. Il voulait sans doute acquérir de la gloire en se saisissant d’Abner.
— Je le pense. Abner aurait préféré ne pas le tuer pour que Joab, le vengeur du sang, ne lui en voulût pas. Il avait peut-être seulement eu l’intention de l’étourdir en le frappant du bois de sa lance, mais il ne sut pas mesurer son coup. Quoi qu’il en soit, cette mort eut pour Abner de tristes conséquences.
— Tout cela est bien pénible. Quel bonheur quand Jésus règnera.
— Oui. Il fera cesser les guerres sur toute la terre : « De leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des serpes : une nation ne lèvera pas l’épée contre une [autre] nation, et on n’apprendra plus la guerre » (Michée 4:3, Psaume 46). La guerre est toujours une douloureuse conséquence du péché, mais il faut nous rappeler qu’il y a eu des guerres que l’Éternel ordonnait comme châtiment ; par exemple, quand les Israélites s’emparèrent du pays de Canaan. Et ici, les partisans d’Abner s’opposaient à Dieu. Mais parmi ceux qui se réclament du nom de Christ, il ne devrait pas y avoir de guerre.
— Est-ce que la poursuite de l’armée d’Abner par celle de Joab fut longue ?
— Abner s’étant arrêté sur une colline avec les hommes de Benjamin, demanda à Joab de cesser la poursuite. Joab lui répondit : « Dieu est vivant, que, si tu n’avais parlé, dès le matin [déjà] le peuple se serait retiré, chacun de la poursuite de son frère ! ». Joab fit donc sonner la trompette et arrêta la poursuite. Mais dix-neuf hommes du côté de David, sans compter Asçaël, et trois cent soixante du côté d’Abner, étaient tombés dans le combat. Abner retourna à Mahanaïm avec ses hommes, et Joab et les siens revinrent à Hébron auprès de David, emportant le corps d’Asçaël qu’on enterra à Bethléhem dans le sépulcre de son père.
— La guerre continua-t-elle encore ?
— Oui, mais nous n’avons pas le récit des combats qui furent livrés ; nous savons seulement que David allait se fortifiant et que la maison de Saül s’affaiblissait. Mais c’était triste de voir les Israélites divisés et se combattant les uns les autres, au lieu d’être amis et de combattre contre les Philistins, leurs ennemis communs. Hélas ! C’est ce que l’on ne voit que trop entre les chrétiens.
— C’est une triste histoire que celle de David à Hébron. Nous y voyons agir, non la foi qui compte sur Dieu et regarde à Lui, mais les passions d’hommes qui n’ont pas la crainte de Dieu. Toutefois l’Éternel s’en servait pour accomplir ses desseins à l’égard de son serviteur David. Abner était le ferme appui d’Ish-Bosheth, aussi se croyait-il tout permis. Il s’était très mal conduit envers Ritspa, une des femmes de Saül, et Ish-Bosheth lui en fit des reproches. Abner, orgueilleux et sans crainte de Dieu comme il l’était, au lieu de reconnaître qu’il avait mal agi, traita la chose avec légèreté et se fâcha contre le roi. « Suis-je une tête de chien », c’est-à-dire un homme de rien, lui dit-il, « moi qui ai usé de bonté envers la maison de Saül, ton père, envers ses frères et envers ses amis, et qui ne t’ai pas livré aux mains de David, que tu m’imputes aujourd’hui de l’iniquité à cause de cette femme ? »
— C’était bien vilain à lui de parler ainsi. Croyait-il donc que ce n’était pas un péché d’offenser une pauvre femme ?
— Abner se croyait un trop grand personnage pour avoir à se soucier de Dieu et des hommes. Il fit plus car dans son irritation, il dit à Ish-Bosheth : « Que Dieu fasse ainsi à Abner et ainsi y ajoute, si je ne fais pas à David comme l’Éternel lui a juré, en faisant passer le royaume de la maison de Saül, et en établissant le trône de David sur Israël » (2 Samuel 3:9-10).
— Mais, comment pouvait-il parler ainsi ? S’il savait que Dieu avait juré à David, pourquoi avait-il établi Ish-Bosheth comme roi ?
— C’est qu’au fond, Abner ne s’inquiétait pas de l’Éternel et de ses pensées. Il suivait sa propre volonté. Par son énergie, il avait établi Ish-Bosheth pour roi afin, en réalité, de gouverner lui-même, s’opposant à Dieu, et maintenant, irrité contre le roi qu’il avait fait, il croyait être nécessaire à David pour lui assurer la royauté.
— Et que fit le pauvre Ish-Bosheth ?
— C’était un homme faible et timide. Il n’osa rien dire à Abner ni rien tenter contre lui. Alors Abner, poursuivant son dessein, envoya des messagers à David pour lui dire : « Fais alliance avec moi ; et voici, ma main sera avec toi pour tourner vers toi tout Israël ». David répondit de faire venir auparavant Mical, la fille de Saül.
— Elle était la femme de David, mais Saül la lui avait ôtée et l’avait donnée à un autre. Pourquoi voulait-il qu’elle revînt avec lui ?
— Je pense que c’était dans l’ordre des choses, mais que David voulait aussi montrer par là à la tribu de Benjamin et à ceux qui avaient pris parti pour la maison de Saül, qu’il n’avait point d’animosité contre elle, et ainsi les rattacher à lui. Ish-Bosheth renvoya donc Mical à David.
— Mais c’est à Abner que David avait demandé Mical.
— C’est vrai, parce que David savait bien que, sans Abner, Ish-Bosheth ne ferait rien. Mais après avoir parlé à Abner, David avait envoyé dire à Ish-Bosheth : « Donne-moi ma femme Mical ». Sur ces entrefaites, Abner avait parlé aux anciens d’Israël et aux hommes de Benjamin pour les entraîner du côté de David.
— Toute la conduite d’Abner me semble bien vilaine. Il n’agit pas pour plaire à Dieu, mais pour se venger.
— Tu as raison. Il y avait encore un autre motif tout à fait
humain et pas du tout noble qui le faisait agir. Il voyait bien que David
prospérait et que le parti de la maison de Saül s’affaiblissait, et il voulait
à temps se ranger du côté du plus fort. Il vint donc vers David qui lui fit un
festin. Ensuite il dit au roi : « Je me lèverai, et j’irai, et
j’assemblerai vers mon seigneur, le roi, tout Israël ; et ils feront
alliance avec toi ; et tu régneras sur tout ce que ton âme désire ».
Il nous faut bien remarquer l’importance qu’Abner s’attribue. Il parle toujours
de lui-même : Je
ferai, je
dirai, fais alliance avec moi
, etc. Il compte sur lui-même et
laisse Dieu de côté. Pauvre Abner ! Il ne se doutait pas que ce jour même
sa vie lui serait redemandée. Dieu n’avait pas besoin de lui pour accomplir ses
desseins, et il ne voulait pas que David dût son trône à un tel homme.
— Comment Abner mourut-il ?
— Joab était absent lorsque Abner vint vers David. À son retour, il apprit leur entrevue, et aussitôt il alla trouver David et lui dit : « Qu’as-tu fait ? Voici, Abner est venu vers toi ; pourquoi l’as-tu congédié, en sorte qu’il s’en est allé ? Tu connais Abner, fils de Ner, qu’il est venu pour te tromper, et pour connaître tes sorties et tes entrées, et pour savoir tout ce que tu fais ». Et immédiatement, sans prévenir David, il envoya des messagers après Abner pour le faire revenir, sans doute comme si c’était de la part du roi. Abner revint et, comme il entrait à Hébron, Joab le tira à part au milieu de la porte, comme pour lui parler en secret. Les portes des villes étaient, en général, un passage voûté d’une certaine longueur, au dessus duquel se trouvait une pièce (voyez 2 Samuel 18:33). Au milieu du passage, de part et d’autre, deux couloirs conduisaient à des escaliers pour monter dans cette pièce. Là il frappa Abner et le tua. Son frère Abishaï était d’accord avec lui pour accomplir ce meurtre.
— C’était sans doute pour se venger de ce que Abner avait tué leur frère Asçaël, mais il l’avait fait pour sa défense.
— En effet, ils avaient voulu se venger. Et l’on peut voir dans tout cela les mauvais sentiments du cœur humain ; mais en même temps l’on voit le juste jugement de Dieu. Abner s’était opposé au roi élu de Dieu, et Dieu le frappe. Plus tard le pauvre Joab fera la même expérience. On ne se moque pas de Dieu. Ce qu’on sème, on le récolte (Galates 6:7-8). Tôt ou tard, le châtiment arrive.
— C’est bien sérieux. David fut-il fâché en apprenant ce que Joab avait fait ?
— Certainement. Il prononça une malédiction sur Joab : « Je suis innocent, moi et mon royaume, devant l’Éternel, à jamais, du sang d’Abner, fils de Ner : qu’il tombe sur la tête de Joab, et sur toute la maison de son père ». Puis lui et tout le peuple jeûnèrent et menèrent un grand deuil sur Abner.
— Ainsi il ne punit pas Joab ?
— Non, sauf en ce que je t’ai dit. Il remit la chose à l’Éternel. Bien qu’il fût roi, il se sentait faible devant Joab et Abishaï. Il dit : « Ces hommes-là, les fils de Tseruïa, sont trop durs pour moi. Que l’Éternel rende à celui qui fait le mal, selon son méfait ! »
— C’est étrange, car enfin Joab et Abishaï n’étaient que des hommes, et ils ne craignaient pas Dieu ; tandis que David, lui, était aimé de Dieu et pouvait s’appuyer sur Lui et l’avoir pour sa force.
— C’est vrai, David avait tort. Mais combien de fois ne voit-on pas un enfant de Dieu craindre les hommes et ce qu’ils peuvent faire ou dire. C’est un manque de foi, et il nous faut demander à Dieu de nous donner les sentiments de David quand il disait : « L’Éternel est ma lumière et mon salut : de qui aurai-je peur ? L’Éternel est la force de ma vie : de qui aurai-je frayeur ? » (Psaume 27:1).
— Et que devint le pauvre Ish-Bosheth après la mort d’Abner qui était son soutien ?
— Il fut saisi de crainte, et avec lui tout Israël fut troublé. Alors deux méchants hommes, chefs de bandes à son service, crurent se faire bien voir de David en tuant Ish-Bosheth. Ils entrèrent dans la chambre où il se reposait durant la grande chaleur du jour, le firent mourir et apportèrent sa tête à David. Mais celui-ci fut horrifié par leur crime, et il ordonna à ses serviteurs de les mettre à mort. Puis il fit enterrer la tête d’Ish-Bosheth dans le sépulcre d’Abner à Hébron. Nous venons donc de voir les tristes traits que présente l’histoire des hommes qui ne craignent pas Dieu. Ils sont orgueilleux, traîtres et sanguinaires. C’est bien le portrait que trace la parole de Dieu : « Leurs pieds sont rapides pour verser le sang ; la destruction et la misère sont dans leurs voies » (Romains 3:15-16). Mais David ne s’associe pas à eux. Il « ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs » (Psaume 1:1). Au contraire, il a horreur de ces mauvaises actions, il blâme et châtie le méchant.
Bonne Nouvelle 1893 n° 6 pages 111 à 116
— Qu’arriva-t-il à David après la mort d’Ish-Bosheth ? Eut-il encore à combattre pour soumettre les autres tribus d’Israël ?
— Non, « toutes les tribus d’Israël vinrent vers David à Hébron, et parlèrent, disant : Voici, nous sommes ton os et ta chair » (2 Samuel 5:1). Ils voulaient dire qu’ils étaient tout à fait de son côté. « Autrefois », continuèrent-ils, « quand Saül était roi sur nous, c’était toi qui faisais sortir et qui faisais entrer Israël » (c’est-à-dire, tu commandais les armées d’Israël) ; « et l’Éternel t’a dit : Tu paîtras mon peuple Israël, et tu seras prince sur Israël. Et tous les anciens d’Israël vinrent vers le roi à Hébron ; et le roi David fit alliance avec eux à Hébron, devant l’Éternel ; et ils oignirent David pour roi sur Israël ».
— Quelque chose m’étonne. Tout le temps ces Israélites savaient que Saül et sa maison étaient rejetés de l’Éternel et que David était le vrai roi, et c’est seulement maintenant qu’ils viennent vers lui et le reconnaissent pour roi.
— Ils n’étaient pas des hommes de foi comme ceux qui s’étaient joints à David quand il était persécuté. Les motifs qui les faisaient agir du vivant de Saül et d’Ish-Bosheth étaient tout à fait humains. Ils avaient autrefois choisi Saül et ils croyaient devoir lui rester fidèles, sans se demander quelle était la volonté de Dieu. Leur orgueil les empêchait de s’attacher à un roi fugitif ; ils étaient comme Nabal. On rencontre maintenant aussi bien des personnes que des sentiments charnels, comme l’orgueil et la propre justice, empêchent de reconnaître Jésus, l’humble Jésus qui fut crucifié, comme leur Sauveur et Seigneur. C’était le cas des Juifs et des sages de ce monde dont parle Paul en 1 Corinthiens 1:20-24.
— Alors, quand ils viennent à Hébron vers David pour l’oindre comme roi, ils sont convertis, ainsi que nous dirions ?
— Oui. Dieu leur a ôté leurs appuis humains, Abner et Ish-Bosheth, et il leur a rappelé qu’autrefois David les conduisait à la victoire contre leurs ennemis, et que c’était lui que Dieu avait désigné pour être le berger et le conducteur d’Israël. Et c’est ainsi que maintenant Dieu ouvre aussi les yeux des pauvres pécheurs qui étaient sous la puissance de Satan, et les amène à Jésus, le grand capitaine de notre salut et le souverain berger des brebis (Actes 26:18 ; Hébreux 2:10 ; 13:20).
— Ce dut être un grand bonheur pour David de voir son peuple se soumettre ainsi à lui.
— Assurément. Il pouvait bénir l’Éternel et dire : « Éternel ! le roi se réjouira en ta force, et combien s’égayera-t-il en ton salut ! Tu lui as donné le désir de son cœur, et tu ne lui as pas refusé la requête de ses lèvres. Car tu l’as prévenu par des bénédictions excellentes ; tu as mis sur sa tête une couronne d’or fin » (Ps. 21:1-3). Il voyait autour de lui, non seulement les vaillants hommes qui, pleins de foi, s’étaient joints à lui au désert et avaient persévéré avec lui dans ses épreuves, et dont nous avons parlé (1 Chron. 11:15-47 ; 12:8-18) ; non seulement ceux qui étaient venus le rejoindre à Tsiklag (1 Chron. 12:1-7 et 19-22) ; mais de toutes les tribus des milliers et des milliers de guerriers vinrent proclamer sa royauté, « lui transférer le royaume de Saül, selon le commandement de l’Éternel ». Tous étaient de vaillants hommes, mais il y avait des qualités diverses parmi ceux qui composaient cette armée de Dieu. Les uns étaient des gens de renom dans leur tribu, d’autres avaient été choisis exprès pour établir David roi ; les fils d’Issacar étaient intelligents pour discerner les temps et guider Israël par leurs conseils ; ceux de Zabulon avaient des munitions de guerre et n’avaient point un cœur double — bien bel éloge, n’est-ce pas ? Les Rubénites, les Gadites et ceux de la demi tribu de Manassé d’au-delà du Jourdain, venaient aussi avec des armes de guerre ; les hommes des tribus de Dan, de Nephtali et d’Aser, préparés pour la guerre, affluaient avec leurs frères des autres tribus. Des Lévites et des sacrificateurs étaient aussi là, en grand nombre. Il y avait à côté des fils de Juda et de Siméon des fils de Benjamin, frères de Saül. Les rivalités avaient disparu, les querelles et les combats avaient cessé, tous ces hommes de guerre venaient « à Hébron d’un cœur droit, pour établir David roi sur tout Israël » ; et aussi tout le reste d’Israël — ceux qui n’avaient pas pu se joindre à eux — était d’un seul cœur avec eux pour donner la royauté à David.
— Quelle différence avec le temps où David fuyait de lieu en lieu devant Saül, ou celui où Joab et son armée combattaient contre Abner et les autres Israélites !
— En effet. Et d’un autre côté les compagnons de David, heureux aussi et pleins de cordialité, avaient préparé tout ce qu’il fallait pour recevoir les nouveaux arrivants. Des tribus même éloignées, on avait envoyé des vivres en abondance de sorte qu’il y avait une grande joie en Israël. Ils restèrent ainsi ensemble trois jours, mangeant, buvant et se réjouissant. Tout était dans l’ordre voulu de Dieu et, dans ce cas, on ne peut qu’être heureux. C’est ainsi que les premiers chrétiens, lorsqu’ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme, étaient aussi plein de joie (Actes 2:46).
— Quelle belle fête pour les Israélites et pour David !
— Elle n’est que l’ombre d’une fête bien autrement glorieuse décrite au Psaume 110. C’est quand l’Éternel dira à Christ : « Domine au milieu de tes ennemis ! Ton peuple sera [un peuple] de franche volonté, au jour de ta puissance, en sainte magnificence. Du sein de l’aurore te [viendra] la rosée de ta jeunesse », c’est-à-dire que, de même qu’à l’aurore la rosée se répand sur la terre, de même quand paraîtra Christ, le Soleil de justice, alors Israël fidèle, comme un peuple nouveau, brillant de jeunesse, se rangera autour de Lui.
— C’est quand Jésus reviendra établir son règne sur le terre, n’est-ce pas ? Et nous viendrons avec Lui. Quel bonheur de voir le Seigneur reconnu par tous comme le Roi de gloire !
— Oui. Jésus qui a été rejeté, couvert d’opprobres et crucifié, sera enfin reconnu par Israël comme son Messie et son Roi (Zacharie 12:10). En attendant, Il est dans le ciel à la droite de Dieu, couronné de gloire et d’honneur et notre grand souverain sacrificateur. Toutes choses sont placées sous ses pieds, mais Il ne règne pas encore de façon visible, Il attend (Hébreux 2:9 ; 10:12-13 ; 8:1). Nous sommes son peuple céleste et il demande de nous un cœur droit, humble, obéissant, qui cherche sa gloire et qui le suit, en s’attachant aux choses qui sont en haut. Nous n’avons pas, comme les Israélites, à livrer des combats à des hommes de chair et de sang, mais au monde et au prince de ce monde, Satan, qui cherche toujours à nous entraîner dans le péché. Et de même que, dans ceux qui étaient venus vers David, il y avait des qualités différentes — les uns combattant, les autres enseignant et d’autres encore apportant des provisions — de même, parmi le peuple chrétien, le Seigneur a donné des évangélistes qui luttent contre la forteresse de Satan en prêchant l’évangile, des docteurs qui enseignent et des pasteurs pour nourrir le troupeau des vérités de la parole (Éphésiens 4:11).
— Mais que peut faire quelqu’un de jeune comme moi ?
— Ne penses-tu pas que, quand les Israélites se rassemblaient, il n’y avait pas dans les familles des compagnons de David à Hébron, des femmes, des jeunes filles, des petites filles et des jeunes gens qui étaient tout heureux d’apporter du pain, des fruits, peut-être un peu d’eau, à ceux qui venaient de loin et étaient fatigués ? J’en suis bien sûre. Chacun pouvait faire quelque chose. Il en est de même maintenant. Parmi le peuple chrétien, chacun a son service, et même quelqu’un comme toi, s’il a du cœur pour le Seigneur, trouvera bien le moyen de montrer par sa complaisance, son amabilité, sa disposition à rendre service à ceux qui l’entourent. Nous parlerons la prochaine fois de ce que fit David en tout premier lieu après avoir été établi roi sur tout Israël.
1893 n° 7 pages 121 à 129
— Après avoir été établi roi, David avait à cœur de chercher l’arche de l’Éternel et de la placer là où Dieu le lui montrerait. Tu te rappelles ce qu’était l’arche et ce qui lui était arrivé.
— Oui, l’arche était le trône de l’Éternel. Les Philistins l’avaient prise dans une bataille parce que les Israélites étaient méchants, mais ils furent obligés de la renvoyer à cause des maladies dont Dieu les frappait (1 Samuel 5 ; 6 ; 7:1).
— C’est bien cela. L’arche était aussi le signe de l’alliance de Dieu avec son peuple. Mais elle ne fut pas rapportée dans le tabernacle à Silo. Elle resta à Kiriath-Jéarim dans la maison d’Abinadab. Tout était ainsi en désordre et rappelait le péché d’Israël, car la place de l’arche était dans le lieu très saint et il ne semble pas que Saül ait eu à cœur de l’y replacer. Il n’est même pas fait mention de l’arche pendant son règne. Mais David était l’homme selon le cœur de Dieu, il aimait l’Éternel. Aussi une de ses premières pensées fut de ramener l’arche. « Ramenons à nous l’arche de notre Dieu », dit-il au peuple, « car nous ne l’avons pas consultée aux jours de Saül » (1 Chroniques 13:3).
— Est-ce qu’on ramena l’arche à Silo ?
— Non, l’Éternel avait choisi un autre endroit et il dirigea son serviteur David pour préparer le lieu où il voulait mettre son nom.
— C’est Jérusalem, n’est-ce pas ?
— Oui. Mais Jérusalem était encore souillée par la présence des Cananéens. Cette ville appartenait aux Jébusiens, un des peuples de Canaan que les Israélites devaient détruire à cause de leurs iniquités et avec qui ils ne devaient pas traiter alliance (Deutéronome 7:2). Jérusalem était sur la frontière des deux tribus de Juda et de Benjamin, mais elle était dans le lot attribué à cette dernière tribu. Après la mort de Josué, quand les Israélites eurent à prendre vraiment possession du pays, les fils de Juda s’emparèrent bien de Jérusalem (Juges 1:8 ; quand il est dit « les fils de Juda » ou « de Benjamin », il faut bien comprendre que cela veut dire les descendants de ces patriarches). Mais ni eux ni les fils de Benjamin ne purent prendre la forteresse de Jérusalem située sur le mont Sion autour duquel la ville était construite. Elle resta entre les mains des Jébusiens qui habitèrent avec les fils de Juda et de Benjamin (Josué 15:63 ; Juges 1:21). C’était un grand mal car c’était contre la volonté de Dieu, et un grand piège, car ils étaient en danger d’être entraînés dans les idolâtries abominables des Cananéens (Juges 3:5-7).
— Pourquoi donc les fils de Juda et de Benjamin ne chassèrent-ils pas les Jébusiens puisque l’Éternel l’avait commandé ?
— C’est parce que la confiance en l’Éternel leur Dieu leur manqua. Ils perdirent ainsi leur force et se lassèrent de combattre et trouvèrent plus commode de s’arranger avec les nations qu’ils auraient dû détruire. Ils oublièrent ce que Josué, avant de mourir, leur avait dit : « L’Éternel, votre Dieu, les chassera devant vous, et les dépossèdera devant vous ; et vous prendrez possession de leur pays, comme l’Éternel, votre Dieu, vous l’a dit » (Josué 23:5). Tu vois qu’ils avaient pour eux la ferme parole de Dieu ; en se confiant en Lui, ils auraient certainement vaincu les Jébusiens, quelque forts qu’ils fussent. Ils auraient dû suivre l’exemple de Caleb (Josué 14:6-15), qui dit, en parlant des villes fortes et des géants : « Je les dépossèderai, comme l’Éternel l’a dit ». Si nous voulons être forts pour résister aux tentations, il faut mettre notre confiance en Dieu et dans sa parole.
— Ainsi, au temps de David, les Jébusiens étaient encore là.
— Oui. Saül qui avait toujours à lutter contre les Philistins et qui occupa son temps à lutter contre David, ne pensa même pas à chasser ces ennemis qui demeuraient au cœur du pays. Mais David ne voulut plus les tolérer. Devenu roi, entouré de son armée et de ses vaillants chefs et, de plus et surtout, agissant selon la pensée de Dieu, il marcha contre les Jébusiens. Ceux-ci, se confiant dans la position forte de la citadelle située sur une colline escarpée et d’accès difficile, se moquèrent de David. Ils lui dirent : « Tu n’entreras point ici ; mais les aveugles et les boiteux te repousseront » (2 Samuel 5:6).
— Que voulaient-ils dire par là ?
— Leur position était si forte par elle-même que, quand même ils seraient des aveugles et des boiteux, c’est-à-dire des hommes impuissants pour combattre, David n’entrerait pas dans leur forteresse. Alors David dit : « Quiconque frappera les Jébusiens et atteindra le canal, et les boiteux et les aveugles qui sont haïs de l’âme de David… sera chef et capitaine » (2 Samuel 5:8 ; 1 Chroniques 11:6). Le canal était sans doute le point par lequel on pouvait pénétrer dans la forteresse.
— Et ces aveugles et ces boiteux, c’étaient les Jébusiens, n’est-ce pas ? Mais pourquoi est-il dit qu’ils étaient haïs de l’âme de David ?
— C’est parce qu’ils s’opposaient à Dieu en résistant au roi que l’Éternel avait établi.
— Mais nous ne devons haïr personne, n’est-ce pas ?
— Non. Nous ne sommes pas sous la loi qui juge et qui condamne. Nous vivons sous le régime de la grâce apportée par le Seigneur Jésus qui pardonnait à ses ennemis, qui est mort pour nous qui étions ennemis de Dieu et qui nous a dit : « Aimez vos ennemis » (Matthieu 5:44). Mais il y a une chose que nous devons haïr comme Jésus la haïssait, c’est le mal, quel qu’il soit. L’apôtre dit : « Ayez en horreur le mal, tenez ferme au bien » (Romains 12:9). D’après les paroles de David, on fit une sorte de proverbe : « L’aveugle et le boiteux n’entreront pas dans la maison », ce qui ne veut pas dire que nous ne devons pas accueillir les pauvres aveugles et les misérables boiteux ; bien au contraire. Mais l’on ne doit pas frayer avec ceux qui notoirement sont ennemis de Dieu comme les Jébusiens, ni les recevoir.
— Qui monta le premier contre les Jébusiens ?
— Ce fut Joab, dont nous avons déjà parlé. C’était un homme habile et énergique, mais pas un homme de Dieu, bien que l’Éternel se servît de lui. Il devint chef de l’armée et, plus d’une fois, imposa sa volonté à David. Peut-être eut-il mieux valu que David, plein de foi comme il l’était en combattant Goliath, fût monté lui-même le premier et demeurât seul chef de l’armée et ne donnât pas à Joab des droits sur lui. Quoi qu’il en soit, le dessein de Dieu s’accomplit : la forteresse de Sion fut prise, David vint y habiter et on l’appela la ville de David. Il bâtit dans l’intérieur de la forteresse et tout autour, et Joab releva le reste de la ville. Jérusalem, qui comprenait dans son enceinte le mont Sion, devint ainsi le siège de la royauté et aussi le lieu où l’Éternel voulait établir son trône et mettre son nom (1 Rois 11:13 ; 2 Chroniques 6:6). Et depuis les yeux et le cœur de l’Éternel ont toujours été là (2 Chroniques 7:16).
— Il n’y a pas de ville plus remarquable qu’elle, n’est ce pas ? Elle est si ancienne et je crois qu’elle doit subsister jusqu’à la fin. Et puis c’était là que l’Éternel avait son temple, et surtout le Seigneur Jésus y a été bien souvent et y est mort.
— En effet, les plus grandes et les plus célèbres cités que
l’histoire mentionne, n’ont pas une gloire qui approche celle de Jérusalem,
bien qu’elle ait été abaissée jusque dans la poussière. Il en est de même pour
Israël qui, malgré sa petitesse relative au milieu des nations, n’en est pas
moins aux yeux de Dieu plus grand qu’aucun peuple de la terre, car il est le peuple de Dieu
au sein duquel est né
le Sauveur. Comme le dit Ésaïe c’est « une nation répandue loin et
ravagée… un peuple merveilleux dès ce
temps et au-delà
… vers une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux
pieds » (Ésaïe 18:2, 7). Mais revenons à Jérusalem, la ville sainte, la
ville du grand Roi, de l’Éternel des armées, belle dans son élévation, la joie
de toute la terre, parfaite en beauté (Psaume 48 ; Lamentations de Jérémie
2:15 ; Matthieu 4:5). C’est ainsi que Dieu la voit et que le fidèle
d’autrefois la contemplait. Et elle reste toujours telle aux yeux de Dieu. Si
elle fut ruinée et désolée à cause des péchés d’Israël, elle renaîtra avec une
splendeur qui dépassera ses plus beaux jours d’autrefois (Ésaïe 60:15-22 ;
65:18, 25). Nous devons nous souvenir que Jérusalem, qu’il s’agisse
d’avertissement, de châtiment ou de promesses, est souvent prise pour le peuple
entier. Elle le représente. Elle est aussi appelée la fille de Sion, du nom de
la forteresse qui la dominait et qui devint la demeure de David, le roi choisi
de Dieu.
— Est-ce que la Bible nous dit quand Jérusalem fut fondée ?
— Non. Nous savons qu’elle existait du temps de Josué et se nommait alors Jébus (Josué 15:8). On pense que c’est la même ville qui est appelée Salem dans la Genèse et dont Melchisédec était le roi (Genèse 14:18), car dans un psaume il est dit : « Dieu est connu en Juda, son nom est grand en Israël ; et son tabernacle est en Salem, et son domicile en Sion » (Psaume 76:1-2). Nous voyons donc quelle est son ancienneté. Elle a passé par bien des vicissitudes ; elle a été assiégée, prise et brûlée bien des fois, mais tandis que les antiques et grandes cités de Babylone et de Ninive, bien plus étendues qu’elle, gisent toujours dans la poussière, Jérusalem s’est toujours relevée. Maintenant, à cause des péchés d’Israël, elle est encore foulée aux pieds par les nations (Luc 21:24). Mais quand les temps des nations seront accomplis, qu’Israël aura reconnu Christ pour son Messie et son Roi, Jérusalem sortira de son abaissement ; le temple de l’Éternel sera en elle ; elle sera alors ce que nous avons dit, une ville resplendissante de beauté, d’une richesse sans égale, l’ornement de toute la terre, et son nom sera : « L’Éternel est là » (Ézéchiel 48:35).
— Je comprends mieux l’attachement des Juifs à leur ville de Jérusalem. Ils vont pleurer tous les ans auprès des pierres qui restent encore des fondations du temple.
— C’est vrai. On les voit, venus de divers pays et se lamentant sur la ruine de leur ville sainte. Cela rappelle les accents si touchants du Psalmiste : « Ô Dieu ! Les nations sont entrées dans ton héritage ; elles ont profané ton saint temple ; elles ont mis Jérusalem en monceaux de pierres… Nous avons été en opprobre à nos voisins, en risée et en raillerie auprès de nos alentours. Jusques à quand, ô Éternel ? Seras-tu en colère à toujours ? » (Psaume 79:1, 4-5. Comme cela exprime bien les sentiments des Juifs en tant de lieux ! Et comme les paroles suivantes nous disent l’amour qu’ils portent à Jérusalem : « Auprès des fleuves de Babylone, là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion. Aux saules qui étaient au milieu d’elle nous avons suspendu nos harpes. Car là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient des cantiques… Chantez-nous un des cantiques de Sion. Comment chanterions-nous un cantique de l’Éternel sur un sol étranger ? Si je t’oublie, ô Jérusalem, que ma droite s’oublie ! Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens de toi, si je n’élève Jérusalem au-dessus de la première de mes joies ! » (Psaume 137:1-6).
— C’est bien beau, mais je suis étonnée que les Juifs qui aiment ainsi Jérusalem et qui lisent les Écritures, ne se soient pas demandés le pourquoi de cette désolation.
— L’apôtre Paul nous dit que leurs entendements ont été endurcis, qu’un voile demeure sur leurs cœurs quand ils lisent l’Écriture. C’est à cause de leur péché d’avoir rejeté Christ. Il faut qu’ils se repentent et que leur cœur se tourne vers le Seigneur, alors le voile sera levé (2 Corinthiens 3:14-16). Alors se réalisera ce qui est écrit au Psaume 102 versets 13 à 15 : « Tu te lèveras, tu auras compassion de Sion ; car c’est le temps d’user de grâce envers elle, car le temps assigné est venu. Car tes serviteurs prennent plaisir à ses pierres, et ont compassion de sa poussière. Alors les nations craindront le nom de l’Éternel, et tous les rois de la terre, ta gloire » ((Psaume 102:13-15). Ce sera le temps heureux du règne de Jésus, où l’Éternel essuiera les larmes de tout visage et ôtera l’opprobre de dessus son peuple (Ésaïe 25:8 ; 65:19).
Bonne Nouvelle 1893 n° 8 pages145 à 152
— David amena-t-il l’arche de l’Éternel à Jérusalem aussitôt qu’il eut pris la forteresse ?
— C’était son désir. Il avait préparé une tente à Sion qui est la ville de David pour l’y placer et, pour accomplir cet acte solennel, il convoqua tout Israël avec les sacrificateurs et les Lévites. Ainsi lui et tout son peuple, parmi lesquels il y avait trente mille hommes d’élite, se rendirent à Kiriath-Jéarim où, depuis des années, après que Dieu l’eut ramenée de chez les Philistins, l’arche était restée dans la maison d’Abinadab (1 Samuel 7:1-2), oubliée pour ainsi dire d’Israël.
— Mais David ne l’avait pas oubliée et il voulait l’avoir près de lui, dans sa maison, n’est-ce pas ?
— Oui, David tenait à l’arche de tout son cœur parce que c’était le trône de l’Éternel, le signe de sa présence au milieu de son peuple. Or David aimait l’Éternel (Ps. 18:1, 116:1), et jouissait du bonheur d’être en sa présence. « Éternel ! » dit-il, « J’ai aimé l’habitation de ta maison, et le lieu de la demeure de ta gloire » (Ps. 26:8), et d’autre part : « J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai : [c’est] que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel et pour m’enquérir diligemment [de lui] dans son temple » (Ps. 27:4).
— Quelle belles paroles ! Mais il n’y avait pas de signe extérieur de la présence de Dieu comme autrefois la nuée sur le tabernacle.
— C’est vrai, mais Dieu avait dit : « Je me rencontrerai là avec toi, et je parlerai avec toi de dessus le propitiatoire, d’entre les deux chérubins qui seront sur l’arche du témoignage » (Exode 25:22). La foi et le cœur de David avaient bien saisi cette parole et pour lui, comme pour tout fidèle d’Israël, l’Éternel siégeait toujours entre les chérubins. Le nom de l’Éternel, c’est-à-dire sa présence, était là. Le tabernacle sans l’arche ne possédait pas la présence de l’Éternel. Que ce fût chez les Philistins ou chez Abinadab ou plus tard en Sion, l’Éternel siégeait entre les chérubins (1 Samuel 4:4 ; 2 Samuel 6:2 ; Psaume 80:1 ; 2 Rois 19:15).
— C’était bien précieux pour David et pour tous les Israélites d’avoir ainsi la certitude de la présence de l’Éternel au milieu d’eux. Nous n’avons pas un tel bonheur, nous n’avons pas d’arche.
— Tu te trompes, nous avons même davantage. Ne te souviens-tu pas des paroles du Seigneur Jésus : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux » et encore : « Je suis avec vous jusqu’à la consommation du siècle » (Matthieu 18:20 ; 28:20). Jésus est notre arche sainte. C’est autour de Lui que les croyants ont à se rassembler, comme autrefois les Israélites autour de l’arche ; et nous avons à croire sa parole qui nous assure qu’il est tous les jours avec nous. Nous jouissons ainsi de sa présence, de la présence de Dieu.
— Quand nos cœurs sont avec Jésus, ils sont en la présence de Dieu.
— Oui, car la connaissance de la gloire de Dieu luit dans la face de Jésus Christ (2 Corinthiens 4:6).
— Ainsi David et Israël allèrent chercher l’arche de l’Éternel à Kiriath-Jéarim. Comment l’amenèrent-ils à Sion ?
— Ce fut d’abord avec une grande joie, mais cette joie fut bientôt troublée.
— Firent-ils quelque chose de mal ?
— Aux yeux des hommes, tout allait très bien. David était rempli de zèle et de bonne volonté et désirait vraiment honorer l’Éternel. Mais il négligea de consulter la parole de Dieu quant à la manière de transporter l’arche, et suivit ses propres pensées. Or Dieu veut régler tout lui-même dans ce qui concerne son service, et les hommes n’ont pas à y introduire même ce qui leur semble le plus à propos. La faute de David eut une triste conséquence. Te rappelles-tu ce que firent les Philistins quand ils renvoyèrent l’arche ?
— Ils la placèrent sur un chariot neuf traîné par deux jeunes vaches. Et sans être conduites, elles prirent d’elles-mêmes le chemin d’Israël.
— Ce que firent les Philistins convenait bien à un peuple païen qui ignorait la parole de Dieu, et qui voulait honorer et apaiser le Dieu terrible qui les avait frappés. Mais David n’avait pas à imiter les Philistins. Il aurait dû se demander : « Comment l’Éternel veut-il que son arche soit transportée ? » et l’Écriture lui aurait montré que c’était aux Lévites de la famille de Kehath qu’appartenait l’honneur de porter l’arche sur leurs épaules. Dieu les avait désignés pour cela (Deutéronome 10:8, Nombres 7:9). Ainsi, nous n’avons pas à avoir seulement la bonne volonté de servir Dieu ; il faut le servir de la manière que sa parole prescrit. Au lieu de suivre l’ordonnance de Dieu, David fit placer l’arche sur un chariot neuf comme l’avaient fait les Philistins. On l’attela de bœufs et Uzza et Akhio, fils d’Abinadab, le conduisirent. Ce dernier était à la tête des bœufs et Uzza marchait à côté du chariot. David et toute la maison d’Israël suivaient au son des instruments de musique et s’égayaient de toute leur force.
— Ce devait être une bien belle fête.
— Oui, mais qui devait être interrompue par le deuil et la tristesse parce que David n’avait pas suivi l’ordre de la parole de Dieu. Comme le joyeux cortège était en route, arrivés près d’une aire appartenant à un certain Nacon, les bœufs glissèrent. Uzza, traitant l’arche comme une chose humaine, craignit qu’elle ne tombe et voulut la soutenir. Cela aussi pouvait paraître une bonne chose d’empêcher l’arche précieuse de tomber ; mais c’était en réalité manquer de foi en la puissance de Dieu pour maintenir sa gloire et y substituer la force de l’homme, comme si l’Éternel n’était pas capable de prendre soin lui-même de son trône. C’était un acte profane, car nul ne devait porter la main sur le trône de Dieu. Les Lévites eux-mêmes ne devaient la porter qu’avec des barres et ne pas la toucher sous peine de mort (Nombres 4:15). L’acte d’Uzza ne resta pas impuni. « La colère de l’Éternel s’embrasa contre Uzza, et Dieu le frappa là à cause de sa faute », nous est-il dit. « Il mourut là, près de l’arche de Dieu ». Uzza porta le châtiment de sa faute, mais si d’abord David avait suivi la parole de Dieu, cela ne serait pas arrivé.
— Je vois combien il est important d’obéir à Dieu en tout si l’on ne veut pas s’exposer à son jugement. David dut être bien affligé.
— Il le fut, en effet, car il avait à cœur la gloire de Dieu, et il voyait bien la faute qu’Uzza avait commise. Il nomma cet endroit « Pérets-Uzza », c’est-à-dire la brèche d’Uzza, pour conserver le souvenir de cette manifestation de la puissance de Dieu en jugement. Les Israélites qui passaient là devaient ainsi se rappeler que Dieu est un Dieu jaloux de sa gloire et qu’il demande l’obéissance. Mais un autre sentiment saisit David. La majesté du Dieu saint et tout puissant le remplit de frayeur. Il sentit qu’il était pécheur, et dans cette pensée de son indignité devant Lui, il dit : « Comment l’arche de l’Éternel entrerait-elle chez moi ? »
— C’est comme quand Pierre, dans la barque avec Jésus, fut saisi de frayeur et s’écria : « Seigneur, retire-toi de moi ; car je suis un homme pécheur » (Luc 5:8). Mais Jésus lui fit grâce et lui dit : « Ne crains pas ». Alors Pierre, au lieu que Jésus se retirât de lui, eut le bonheur de rester toujours avec Lui.
— C’est bien que tu te souviennes de la grâce de Jésus envers les pécheurs qui reconnaissent leur indignité. David avait à apprendre la miséricorde de l’Éternel et ses compassions qui sont sur toutes ses œuvres (Ps. 145:9).
— Que fit-il de l’arche puisqu’il n’osait pas la faire entrer dans sa maison ?
— Il la fit conduire dans la maison d’un certain Obed-Édom qui était Lévite (1 Chron. 15:18, 21, 24 ; 16:5, 38 ; 26:4-8 ; Rapprochez le verset 5 de 1 Chron. 13:14). « Et l’arche de l’Éternel demeura trois mois dans la maison d’Obed-Édom, le Guitthien ; et l’Éternel bénit Obed-Édom et toute sa maison ». Quand on reçoit le Seigneur avec un cœur humble et simple, il apporte avec Lui la bénédiction. Vois par exemple la maison de Marthe et de Marie à Béthanie. Le Seigneur y fut reçu, et quelle bénédiction il y apporta ! Marie écoutait sa parole à ses pieds, et il ressuscita leur frère Lazare (Luc 10:38-42 ; Jean 11). Puissions-nous être comme Obed-Édom et recevoir le Seigneur Jésus dans nos cœurs ! Il aime faire sa demeure chez ceux qui l’aiment et gardent sa parole (Jean 14:21, 23).
— Pauvre David ! Lui qui avait mis tant de cœur à chercher l’arche et à lui préparer une demeure.
— Dieu voulait l’instruire et détruire en lui sa propre volonté afin qu’il s’attache uniquement à sa parole. Après cette attente de trois mois, il eut la joie d’accomplir son dessein et d’amener l’arche en Sion. « Dieu », dit l’Écriture, « nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12:10). Nous verrons une autre fois comment David vit se réaliser le désir de son cœur. En attendant, il s’établit à Jérusalem. « Il grandissait de plus en plus », nous est-il dit, car « l’Éternel, le Dieu des armées, était avec lui » (2 Samuel 5:10).
— Ainsi, malgré sa faute, Dieu ne l’abandonnait pas.
— Non, « il demeure fidèle ; il ne peut se renier lui-même » (2 Timothée 2:13), quand bien même nous manquons. Dieu avait choisi David pour être le plus élevé des rois de la terre (Ps. 89:19-28), et il avait dit : « Je lui garderai ma bonté à toujours ». Ainsi, selon sa promesse, l’Éternel était avec lui. Des rois étrangers le respectaient, et l’un d’eux, Hiram, roi de l’opulente ville de Tyr, lui envoya des messagers et ensuite des bois de cèdre avec des charpentiers et des tailleurs de pierre pour les murailles, et ils bâtirent une maison pour David.
— Pourquoi David prit-il des étrangers pour bâtir sa maison ? N’y avait-il pas parmi les Israélites des ouvriers capables de le faire ?
— Les Israélites étaient un peuple essentiellement agriculteur et ne s’occupaient guère d’industrie. Leurs maisons étaient simples dans leur structure ainsi que quant aux matériaux employés pour les construire. On n’aurait donc pas pu trouver parmi eux des ouvriers capables d’ériger des palais. Les Tyriens, au contraire, peuple de riches commerçants, avaient une ville ornée de maisons belles et luxueuses, de temples et de palais somptueux. Pour cela il fallait des architectes et des ouvriers habiles. Les Tyriens en avaient de tels, et c’est pourquoi David en prit pour bâtir sa maison. Salomon fit de même quand il voulut construire ses palais et le temple de l’Éternel. Pour en revenir à David, en se voyant ainsi honoré par un roi étranger et puissant, « il connut que l’Éternel l’avait établi roi sur Israël, car son royaume était haut élevé à cause de son peuple Israël » (1 Chroniques 14:2). Il se sentit affermi sur son trône. C’est à cause, ou pour l’amour de son peuple Israël que l’Éternel élève haut David. La gloire du roi rejaillit sur Israël, à qui Dieu avait fait les promesses. Et c’est ainsi que Dieu a haut élevé Jésus, et lui a donné un nom au-dessus de tout autre nom (Phil. 2:9-11), et la gloire de Jésus resplendit sur l’Église et l’illumine.
Bonne Nouvelle 1893 n° 9 pages 163 à 170
— Deux faits nous montrent que David avait appris qu’il devait dépendre de l’Éternel et ne pas agir sans le consulter. Les Philistins, ces ennemis irréconciliables d’Israël, ayant su que David avait été établi roi sur tout le peuple, assemblèrent leurs armées pour le combattre. C’est ainsi que Satan cherche toujours à s’opposer à l’accomplissement des desseins de Dieu. David marcha contre les Philistins mais, avant d’engager le combat, il consulta Dieu qui lui dit : « Monte et je les livrerai en ta main ». Fortifié par cette parole, David attaqua ses ennemis et les vainquit. Dans leur déroute, les Philistins abandonnèrent leurs dieux en qui ils se confiaient, et David les fit brûler au feu. Il pouvait dire : « Que tous ceux qui servent une image taillée, qui se vantent des idoles, soient honteux » (Ps. 97:7).
— Les Philistins virent ainsi, une fois de plus, la puissance du Dieu d’Israël.
— Sans doute, mais le méchant cœur de l’homme s’endurcit même quand Dieu le frappe. Ainsi en fut-il du Pharaon d’Égypte ; ainsi en sera-t-il à la fin. Les hommes, sur qui tomberont les jugements de Dieu, s’endurciront aussi. La parole de Dieu dit : « Et les autres hommes qui n’avaient pas été tués par ces plaies, ne se repentirent pas des œuvres de leurs mains, pour ne pas rendre hommage aux démons, et aux idoles d’or, et d’argent, et d’airain, et de pierre, et de bois » (Apocalypse 9:20.
— Ainsi les Philistins osèrent, malgré tout, attaquer encore David ?
— Oui. Leurs armées vinrent au même lieu où ils avaient été battus, dans la vallée des Réphaïm, ou géants, non loin de Gabaon. David, pour les rencontrer, ne se confia pas dans sa victoire précédente. « Il interrogea encore Dieu », nous est-il dit. Cette fois Dieu lui répondit : « Tu ne monteras pas après eux ; tourne autour d’eux, et tu viendras contre eux vis-à-vis des mûriers ; et aussitôt que tu entendras sur le sommet des mûriers un bruit de gens qui marchent, alors tu sortiras pour la bataille, car Dieu sera sorti devant toi pour frapper l’armée des Philistins » (1 Chroniques 14:14-15).
— Pourquoi Dieu dit-il cela à David ? Il aurait pu lui donner la victoire de la même manière que la première fois.
— Sans doute, mais Dieu voulait montrer à David que la victoire dépendait uniquement de Lui, et qu’elle serait le prix de l’obéissance à sa parole. « David fit comme Dieu lui avait commandé », et il battit complètement ses ennemis. C’est ainsi, en étant humblement dépendants de Dieu, que nous pourrons être vainqueurs de l’ennemi de nos âmes. Les victoires de David firent connaître son nom dans tous les pays alentour, et l’Éternel jeta la frayeur sur toutes les nations.
— Et alors David put tranquillement s’occuper du transport de l’arche à Sion ?.
— Oui. David avait vu que, bien loin d’être un sujet de terreur, la présence de l’arche dans la maison d’Obed-Édom y avait amené la bénédiction. Ses victoires sur les Philistins lui avaient aussi montré que l’Éternel est avec ceux qui sont soumis à sa parole. Il fut donc rempli de confiance et se prépara à accomplir le désir de son cœur, d’amener l’arche dans la demeure qu’il lui avait préparée en Sion.
— David était alors bien heureux de n’avoir plus cette frayeur qui l’avait empêché d’abord d’avoir l’arche près de lui.
— Certainement. La bonté de Dieu, quand on la saisit, ôte la crainte du cœur. « L’amour parfait » — celui de Dieu connu et goûté — « chasse la crainte », dit l’apôtre Jean (1 Jean 4:18). Et David avait vu et expérimenté cette bonté de sorte qu’il n’avait plus peur. Dans un beau psaume David décrit les sentiments qui remplissaient son âme quand l’arche fut transportée. C’est le Psaume 132. En voici le commencement : « Éternel, souviens-toi de David, [et] de toutes ses afflictions ! Comment il a juré à l’Éternel, [et] fait un vœu au Puissant de Jacob : si j’entre dans la demeure de ma maison, si je monte sur le lit où je couche, si je permets à mes yeux de dormir, à mes paupières de sommeiller, jusqu’à ce que j’aie trouvé un lieu pour l’Éternel, des demeures pour le Puissant de Jacob ! ». David rappelle ici qu’il avait passé par beaucoup d’afflictions et de grandes épreuves quand il était poursuivi par Saül, et qu’ensuite il dut combattre jusqu’à ce qu’il fût roi sur tout Israël. Mais au milieu de toutes ses peines, il pensait à l’Éternel et à l’arche qu’Israël oubliait. David n’avait qu’une pensée, c’était la gloire de l’Éternel qui autrefois avait été retirée à Israël (1 Samuel 4:21-22). Et il avait juré de travailler sans relâche à ce qu’elle fût rétablie au milieu du peuple, et que le trône de l’Éternel, l’arche, y eût une demeure digne de Lui.
— Nous devrions aussi avoir à cœur la gloire du Seigneur Jésus, mais comment pouvons-nous y travailler ?
— La demeure où le Seigneur Jésus veut habiter, c’est notre cœur. Quand nous croyons en Lui, il le purifie et le remplit de son amour. Alors tout ce que nous ferons par paroles et par œuvres sera pour Lui, et c’est ainsi que nous le glorifierons (Éphésiens 3:16-20 ; Colossiens 3:14-17 ; Jean 14:23 ; 1 Corinthiens 6:19-20).
— Le psaume parle-t-il encore de l’arche ?
— Oui. Quand David fut roi, il voulut accomplir son dessein, et c’est ce que dit le psaume : « Voici, nous avons ouï parler d’elle à Éphrata, nous l’avons trouvée dans les champs de Jaar ». Éphrata est la contrée où était située Bethléhem, le lieu de naissance de David (voir Michée 5:2). Jaar veut dire « forêt », et Kiriath-Jéarim signifie « ville des forêts », et David alla y chercher l’arche dans la maison d’Abinadab.
— Après que David l’eût trouvée là, l’arche fut mise sur un chariot neuf, et les bœufs ayant glissé, Uzza voulut retenir l’arche et l’Éternel le frappa de mort.
— David, instruit par la parole de Dieu, n’agit plus de même pour transporter l’arche de la maison d’Obed-Édom. Il dit : « Il ne convient pas que l’arche de Dieu soit portée par personne excepté les Lévites ; car l’Éternel les a choisis pour porter l’arche de Dieu et pour en faire le service à toujours » (1 Chroniques 15:2). Alors il fit venir les sacrificateurs Tsadok et Abiathar avec les chefs des Lévites, et il leur dit : « Vous êtes les chefs des pères des Lévites ; sanctifiez-vous, vous et vos frères, et faites monter l’arche de l’Éternel, le Dieu d’Israël, au lieu que je lui ai préparé. Car, parce que vous ne l’avez pas fait la première fois, l’Éternel, notre Dieu, a fait une brèche parmi nous ; car nous ne l’avons pas recherché conformément à l’ordonnance ». En même temps, David régla tout l’ordre du service des Lévites pour la célébration des louanges de l’Éternel avec des chants et des instruments de musique. Parmi les chantres qui furent établis par les chefs des Lévites pour diriger leurs frères, il y en a trois dont nous pouvons dire quelques mots. Te souviens-tu du nombre des fils de Lévi et de leurs noms ?
— Il y en avait trois qui se nommaient Kéhath, Guershom et Mérari (Genèse 46:11 ; Nombres 3:17). Et c’étaient les descendants de Kéhath qui avaient la charge de porter l’arche et la table et le chandelier d’or (Nombres 3:31).
— Les trois principaux chantres établis par les chefs des Lévites étaient Héman, Asaph et Éthan. Ils sont auteurs de quelques-uns des psaumes. Le premier était de la famille de Kéhath et petit-fils de Samuel (1 Chroniques 6:33). Il a écrit le psaume 88. Il est aussi appelé « le voyant (ou prophète) du roi dans les paroles de Dieu, pour exalter sa puissance » (1 Chroniques 25:5). Asaph, dont il est souvent question et qui est aussi appelé un voyant (2 Chron. 29:30), a écrit plusieurs psaumes : 50, 73 à 83. Son nom est associé à celui de David comme auteur des saints cantiques par lesquels on louait l’Éternel. Il était de la famille de Guershom (1 Chron. 6:39). Enfin Éthan, qui était descendant de Mérari (1 Chron. 6:44), a écrit le magnifique psaume 89.
— Ils étaient heureux d’être choisis pour célébrer Dieu par leurs chants.
— C’est vrai. Mais nous tous avons aussi ce privilège, et l’apôtre Paul nous recommande de nous entretenir « par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur » (Éphésiens 5:19). Seulement le culte du chrétien est en esprit et en vérité (Jean 4:23). Ce n’est pas un culte terrestre comme celui des Israélites, accompagné d’une grande pompe et de cérémonies magnifiques. Rien de semblable ne nous est prescrit dans le Nouveau Testament. Il nous est dit d’être rempli de l’Esprit et de chanter de notre cœur à Dieu (Colossiens 3:16), en « rendant toujours grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ ». Quand notre cœur connaît et goûte l’amour du Seigneur Jésus, il est rempli de joie et il chante.
— Il m’arrive souvent de penser à tout ce qu’il a fait pour moi et combien il est bon, et grand, et glorieux, et alors un de nos cantiques me revient à l’esprit et je le chante en moi-même. Et j’aime quand, à l’école du dimanche ou aux réunions, nous chantons tous ensemble ! Je pense alors combien ce sera beau lorsque nous serons autour du trône de l’Agneau, dans le ciel, et que nous chanterons ces cantiques nouveaux dont il est parlé (Apocalypse 5:9).
— Oui, ce sera beau. Notre culte sera alors parfait, comme le sera notre bonheur.
Bonne Nouvelle 1893 n° 10 pages 184 à 191.
— Voici comment l’arche fut transportée en Sion. Il n’arriva pas d’incident fâcheux car tout avait été disposé selon l’ordonnance de l’Éternel. Les sacrificateurs et les Lévites s’étant purifiés, ces derniers prirent l’arche de Dieu sur leurs épaules au moyen des barres qu’ils placèrent sur eux, comme Moïse l’avait commandé, selon la parole de l’Éternel. Puis David, les Lévites qui portaient l’arche et les chantres, tous vêtus de robes de lin, s’avancèrent vers Sion. David portait aussi un éphod de lin.
— Qu’est-ce qu’un éphod ?
— L’Éphod était une sorte de ceinture, consistant en deux rubans qui prenaient sur le cou, descendaient des épaules et se croisaient sur la poitrine, puis retournaient en arrière pour ceindre la robe. C’était comme une espèce d’écharpe. L’éphod était le signe distinctif des sacrificateurs.
— Mais David n’était pas sacrificateur.
— C’est vrai, mais David revêt ici, selon la pensée de Dieu, le caractère de roi et sacrificateur comme type du Seigneur Jésus. Le prophète Zacharie annonce que, dans un temps à venir, il y aura « un homme dont le nom est Germe, et il germera de son propre lieu, … et il bâtira le temple de l’Éternel. Lui, il bâtira le temple de l’Éternel, et il portera la gloire, et il s’assiéra, et dominera sur son trône, et il sera sacrificateur sur son trône » (Zacharie 6:12-13). Cet homme est le Seigneur Jésus qui sera, pour Israël repentant et rétabli dans sa terre, roi et sacrificateur pour le gouverner et le bénir.
— C’est comme Melchisédec, n’est-ce pas ? (Genèse 14:18-20 ; Hébreux 7:1-3). Et il est dit que nous sommes aussi rois et sacrificateurs (1 Pierre 2:9 ; Apocalypse 1:6).
— C’est vrai. Nous sommes associés à la dignité de notre précieux Sauveur (Apocalypse 4:4 ; 5:10 ; 2 Timothée 2:12).
— Et les saints dans le ciel sont vêtus de vêtements de lin blancs, comme David et les Lévites (Apocalypse 4:4 ; 7:9 ; 19:8, 14).
— Oui, tout ce qui se passait dans ce beau jour où l’on transportait l’arche en Sion, en signe de grâce et de bénédiction, était une ombre de ce jour infiniment plus beau où Jésus règnera avec ses rachetés, et où Israël et la terre entière seront bénis, où la paix et la justice domineront, où la bonté et la vérité se seront rencontrées, la justice et la paix s’entre-baiseront » (Psaume 85:10). Mais continuons l’histoire de David. Le roi, marchant en tête du cortège et transporté d’une sainte joie, dansait et sautait de toute sa force devant l’Éternel. Après lui venaient l’arche portée par les Lévites, puis les chantres faisant retentir l’air de leurs chants et des accords de leurs instruments de musique, et enfin Israël, le peuple entier, poussant des cris de joie en accompagnant le trône de son Roi, L’Éternel.
— Sais-tu à quoi cela me fait penser ? À cette joie du ciel dont il est parlé dans l’Apocalypse quand il est dit à propos des noces de l’Agneau : « Alléluia ! car le Seigneur, notre Dieu, le Tout-puissant, est entré dans son règne. Réjouissons-nous et tressaillons de joie, et donnons-lui gloire » (Apoc. 19:6-7). C’est si beau de voir comme Dieu veut rendre heureux son peuple.
— En effet. Israël était heureux aux jours où l’arche entrait à Sion, mais cela ne dura pas longtemps. Israël et la terre seront dans la joie quand Jésus régnera, mais cela aussi prendra fin. La joie dans le ciel sera éternelle car le péché n’y sera plus. C’est la présence de Dieu seule qui remplit le cœur d’un bonheur réel (Ps. 16:11), et dans le ciel rien ne viendra entraver ou obscurcir la jouissance de cette présence. Mais la joie véritable qui résulte de la bénédiction divine produit l’adoration. Aussi nous voyons que le culte dû à l’Éternel n’était pas oublié. Quand les Lévites chargèrent l’arche sur leurs épaules, on sacrifia sept veaux en sacrifice à l’Éternel, et sept béliers comme sacrifice de prospérité. Puis quand les Lévites avaient fait six pas, David offrait un taureau et une bête grasse.
— L’Éternel était ainsi célébré et honoré par tout son peuple et par le roi qu’il avait choisi.
— Oui, et c’est ce que demande notre Dieu. C’est avec cette sainte pompe, bien différente des fêtes par lesquelles on honore les hauts faits des grands de la terre, que l’arche, le trône de l’Éternel, entra dans la cité de David et fut placée « dans la tente que David avait tendue pour elle ». On offrit encore des holocaustes et des sacrifices de prospérité, et David put alors dire ces paroles du Psaume : « Lève-toi, Éternel ! pour [entrer dans] ton repos, toi et l’arche de ta force » ! Et alors aussi, il exhorta le peuple d’Israël par ces paroles : « Entrons dans ses demeures, prosternons-nous devant le marchepied de ses pieds ». Puis il pria pour les sacrificateurs et le peuple, en disant : « Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice, et que tes saints chantent de joie » (Psaume 132:7, 8, 9). As-tu compris pourquoi David disait : « Lève-toi, Éternel ! pour [entrer dans] ton repos, toi et l’arche de ta force » ?
— C’est peut-être parce que jusqu’alors l’arche n’avait pas eu de demeure fixe.
— C’est bien cela. Quand les Israélites étaient en marche dans le désert, l’arche allait avec eux de lieu en lieu (1 Chr. 17:5). Lorsqu’ils partaient, Moïse disait : « Lève-toi, Éternel ! et que tes ennemis soient dispersés, et que ceux qui te haïssent s’enfuient devant toi ! » (Nombres 10:35). Mais étant entrés dans le pays promis et, après bien des vicissitudes, maintenant qu’ils avaient pour roi l’homme selon le cœur de Dieu, l’arche pouvait avoir son lieu de repos, celui qui avait été choisi par l’Éternel lui-même. C’est ce qu’il dit dans ce beau psaume dont je t’ai parlé, en réponse à la prière de David. Lis depuis le verset 13 du psaume 132.
— « Car l’Éternel a choisi Sion ; il l’a désirée pour être son habitation : c’est ici mon repos à perpétuité ; ici j’habiterai, car je l’ai désirée ».
— L’Éternel n’oubliera jamais Sion bien qu’elle ait été ruinée à cause des péchés d’Israël. Mais Il ramènera son peuple, et Sion sera de nouveau sa demeure (Jérémie 31:1-6 ; Ésaïe 51:3). Les versets 15 et 16 nous diront comme Dieu répond aux prières en donnant plus même que nous ne demandons.
— « Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres ; et je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses saints exulteront en chantant de joie ». C’est vrai. L’Éternel promet l’abondance même pour les pauvres ; les sacrificateurs sont l’objet de la délivrance, et il y a pour les saints une joie triomphante.
— Et c’est là ce que le Seigneur Jésus donne à ses bien-aimés. Sur la terre, il nourrissait les pauvres du troupeau (Matthieu 14:13-21 ; 15:32-39) ; Il nous a faits des sacrificateurs pour son Dieu et Père, après nous avoir sauvés parfaitement en nous lavant de nos péchés dans son sang (Apocalypse1:5-6), et il remplit nos cœurs d’une joie excellente en attendant que nous exultions dans le ciel (Jean 15:11 ; Philippiens 3:4 ; Apocalypse 19:7).
— Comme nous sommes heureux de connaître Jésus !
— Continuons l’histoire de David. L’arche de l’Éternel ayant ainsi été placée dans la tente, David voulut que tout le peuple qui avait assisté à la fête eût une part de ses bienfaits. Comme sacrificateur il le bénit au nom de l’Éternel, et comme roi il distribua des vivres à chacun. « Et il établit des Lévites devant l’arche de l’Éternel pour faire le service, et pour rappeler et célébrer et louer l’Éternel, le Dieu d’Israël » (1 Chron. 16:4). Puis il remit à Asaph, le chef des chantres, un beau cantique que l’on chante en ce jour-là pour la première fois, (ce cantique se compose des 15 premiers versets du psaume 105 ; du psaume 96 avec quelques changements, du commencement des psaumes 106:107:118 et 136, et des versets 47 et 48 du psaume 106). Il rappelle la grandeur de l’Éternel, les merveilles que dans le temps passé il accomplit pour Israël, il exhorte les peuples à adorer l’Éternel, et annonce sa venue pour juger la terre ; enfin il se termine par l’exhortation si belle et répétée souvent dans les psaumes : « Célébrez l’Éternel, car il est bon et sa bonté demeure à toujours… Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, de l’éternité jusqu’en éternité » ! À cette invitation, tout le peuple répondit en disant : « Amen » ! et loua l’Éternel.
— Ainsi toute cette belle fête s’était bien passée. Rien n’était venu la troubler. Combien David devait être rempli de bonheur !
— Bien certainement, car il aimait vraiment l’Éternel. Tout heureux d’avoir amené l’arche dans la tente qu’il avait préparée, il n’oublia pas le tabernacle qui était à Gabaon avec l’autel des holocaustes. Là il établit le sacrificateur Tsadok avec ses frères les sacrificateurs « pour offrir des holocaustes à l’Éternel sur l’autel de l’holocauste continuellement, matin et soir, et selon tout ce qui est écrit dans la loi de l’Éternel » (1 Chron. 16:40, Ex. 29:38-42). Nous voyons par là que David connaissait la loi donnée de Dieu par Moïse et s’appliquait à faire ce qu’elle prescrivait. David désigna aussi des Lévites ayant à leur tête Héman et Jéduthun afin qu’ils soient devant le tabernacle et l’autel « pour célébrer l’Éternel, parce que sa bonté demeure à toujours ». Le culte de l’Éternel ainsi rétabli, le peuple s’en alla, chacun dans sa maison, et David s’en retourna pour bénir sa maison. Mais là un grand chagrin l’attendait.
— C’est bien étrange, après tout ce que David avait fait, que Dieu permit que sa joie soit troublée. Qu’arriva-t-il ?
— Comme le cortège qui accompagnait l’arche entrait dans la ville, la femme de David, Mical, fille de Saül, regarda par la fenêtre et vit le roi sautant et dansant devant l’Éternel, et elle le méprisa dans son cœur. Quand donc David s’en retourna pour bénir sa maison, Mical vint au devant de lui et dit avec ironie : « Combien s’est honoré aujourd’hui le roi d’Israël, qui s’est découvert aujourd’hui devant les yeux des servantes de ses serviteurs, comme se découvrirait sans honte un homme de rien ! » (2 Samuel 6:20). Elle aurait voulut, sans doute, que David marchât glorieusement en tête du cortège, vêtu d’habits royaux et la couronne en tête. Elle ne comprenait pas qu’en un tel jour, toute la gloire devait revenir à l’Éternel, et que même le roi devait Lui céder la place et prendre devant Lui une position d’humilité.
— C’était bien mal à elle. Elle aurait dû elle aussi être heureuse de voir l’arche ramenée en Sion et louer l’Éternel. Mais je pense qu’elle n’aimait pas l’Éternel comme David. Qu’est-ce que le roi lui dit ?
— Il répondit : « Ç’a été devant l’Éternel, qui m’a choisi plutôt que ton père et que toute sa maison pour m’établir prince sur le peuple de l’Éternel, sur Israël ; et j’ai dansé devant l’Éternel et je me rendrai plus vil encore que cela, et je serai abaissé à mes yeux ; mais auprès des servantes dont tu as parlé, auprès d’elles, je serai honoré » (2 Samuel 6:21-22). Il y avait dans le cœur de David de la reconnaissance envers Dieu qui lui avait donné le royaume ; il sentait sa petitesse et son indignité, et il savait que s’abaisser et s’humilier devant Dieu était la vraie grandeur et la place qui nous convient. « Celui qui s’abaisse sera élevé ».
— Pauvre Mical ! C’était à elle maintenant d’avoir honte.
— Dieu lui infligea un châtiment plus sévère. Elle n’eut point d’enfant jusqu’au jour de sa mort. C’était pour une femme juive un opprobre (Luc 1:25), et comme une punition. Mais elle, qui avait méprisé son mari et méconnu les droits de l’Éternel, qu’aurait-elle enseigné à ses enfants ? Comment les aurait-elle élevés ? En elle ainsi la maison de Saül fut rejetée. Elle ne pouvait donner des descendants au trône de David.
Bonne Nouvelle 1893 n° 11 et 12 pages 205 à 212:230 à 238.
— Nous avons vu la joie de David d’avoir pu ramener l’arche en Sion, dans la demeure qu’il lui avait préparée. Et l’Éternel avait approuvé et béni son entreprise. Il avait promis que là serait son habitation à perpétuité. Mais le cœur de David désirait faire davantage pour l’Éternel, son Dieu.
— Quand quelqu’un nous aime et que nous l’aimons, nous voudrions faire toujours plus pour lui.
— Qu’est-ce que David voulait faire pour son Dieu ?
— David s’était fait construire un beau palais où il habitait en repos après tous ses combats et ses travaux. Au contraire, l’arche de l’Éternel, le trône de Dieu et du Roi d’Israël, était sous une simple tente. David trouvait que cela ne convenait pas, et il aurait voulu bâtir un temple à l’Éternel. Il dit donc à Nathan, le prophète : « Regarde, je te prie, moi j’habite dans une maison de cèdres, et l’arche de Dieu habite sous des tapis ». Nathan comprit la pensée du roi qu’il trouva bonne, et il lui dit : « Va, fais tout ce qui est dans ton cœur, car l’Éternel est avec toi ». Mais les pensées de l’homme, si bonnes puissent-elles être ou paraître, ne sont pas les pensées de Dieu (Ésaïe 55:8-9). La nuit, l’Éternel parla à Nathan et lui dit d’annoncer à David que ce ne serait pas lui qui bâtirait un temple.
— Cela ne fit-il pas beaucoup de peine à David ?
— Non, car si Dieu refusa à David ce qu’il avait à cœur, il lui fit en revanche des promesses si belles, si magnifiques que David en fut rempli de reconnaissance et d’adoration. Il vit que l’Éternel avait pour lui en réserve plus, bien plus, qu’il n’aurait jamais pu penser ou désirer.
— Que lui promit-il ?
— l’Éternel dit à Nathan : « Va, et dis à mon serviteur, à David : Ainsi dit l’Éternel : Me bâtirais-tu une maison pour que j’y habite ? car je n’ai pas habité dans une maison, depuis le jour où j’ai fait monter les fils d’Israël hors d’Égypte, jusqu’à ce jour ; mais j’ai marché çà et là dans une tente et dans un tabernacle. Partout où j’ai marché au milieu de tous les fils d’Israël, ai-je dit un mot à quelqu’une des tribus d’Israël à laquelle j’ai commandé de paître mon peuple Israël, en disant : Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdres ? ». Il y a quelque chose de bien beau dans ce que dit l’Éternel : « J’ai marché çà et là dans une tente ». L’Éternel a condescendu toujours à se placer dans la position où était son peuple. Quand Israël était esclave en Égypte, et comme dans une fournaise d’épreuves et de douleurs, l’Éternel apparaît à Moïse dans le buisson en feu qui ne se consumait pas, et lui dit : « J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple…Je connais ses douleurs, et je suis descendu pour le délivrer » (Exode 3:7-8). Dans le désert, lorsque les Israélites habitaient sous des tentes et allaient çà et là, l’Éternel voulut aussi avoir son tabernacle ou tente au milieu d’eux. Ensuite, quand ils ont à passer le Jourdain, il y descend avant eux ; au moment de combattre les peuples de Canaan, il se montre à Josué comme le Chef des armées de l’Éternel (Josué 3 ; 5:14). Puis pendant le temps agité des juges, après avoir eu sa tente à Guilgal, elle est transportée à Silo et à Gabaon (Josué 18:1 ; 1 Chron. 16:39 ; 2 Chron. 1:3). C’est ainsi encore qu’Ésaïe dit : « Dans toutes leurs détresses, il a été en détresse, et l’Ange de sa face les a sauvés » (Ésaïe 63:9).
— Comme on voit bien l’amour de Dieu pour son peuple. Mais nous le connaissons bien aussi pour nous, n’est-ce pas ? Il a envoyé Jésus, son Fils bien-aimé, dans le monde.
— Oui. Il a voulu connaître la triste position où le péché nous a réduits. Et Lui, toujours sans péché, est entré avec sa tendre sympathie dans nos douleurs et nos langueurs et a connu les infirmités de notre condition ici-bas (Matthieu 8:17 ; Hébreux 4:15). Mais s’il est ainsi descendu du ciel, c’est aussi pour nous délivrer.
— Mais maintenant que David était roi et en repos, pourquoi ne pouvait-il pas bâtir le temple ?
— David avait encore des ennemis à soumettre, et par conséquent des combats à livrer. Son repos n’était que momentané. Le temple ne pouvait s’élever que sous un roi de paix, étranger à la guerre. C’est ce que David reconnaît à la fin de son règne. Il dit aux chefs du peuple qu’il avait rassemblés : « J’avais dans le cœur de bâtir une maison de repos pour l’arche de l’alliance de l’Éternel…Mais Dieu me dit : Tu ne bâtiras pas une maison à mon nom, car tu es un homme de guerre et tu as versé le sang » (1 Chroniques 28:2-3 ; 22:8-10).
— Tout devait être en paix quand le temple de l’Éternel serait bâti pour montrer qu’Il est le Dieu de paix.
— C’est le nom qui Lui est donné ainsi qu’au Seigneur Jésus (Philippiens 4:9 ; Ésaïe 9:6-7 ; 2 Thessaloniciens 3:16). Dieu nous donne maintenant la paix dans nos âmes et les enfants de Dieu, par conséquent, sont invités à vivre en paix. Et le temps vient où le Prince de paix, Jésus, règnera et établira la paix sur toute la terre.
— Quel beau jour ce sera ! Mais dis-moi ce que l’Éternel promit à David.
— Il eut égard au saint désir de son cœur. Dieu ne nous donne pas toujours ce que nous demandons, de la manière que nous voudrions qu’Il le fît. Dans son amour et sa sagesse, il nous donne mieux et plus que nous n’aurions pensé. L’Éternel, par la bouche de Nathan, commença par rappeler à David les grandes grâces qu’Il lui avait accordées. « Ainsi dit l’Éternel des armées », dit le prophète, « Je t’ai pris des parcs, d’auprès du menu bétail, pour que tu fusses prince sur mon peuple, sur Israël ». D’humble et pauvre berger, Dieu l’avait fait roi.
— N’est-ce pas aussi ce que Dieu a fait pour nous ? Nous étions de pauvres pécheurs, et il nous est dit que nous avons été faits rois et sacrificateurs (Apocalypse 5:10).
— Tu as raison. Pour nous comme pour David , c’est par pure grâce. Il est bon de nous en souvenir. L’Éternel dit encore : « J’ai été avec toi partout où tu as marché ; et j’ai retranché tous tes ennemis de devant toi, et je t’ai fait un grand nom, comme le nom des grands qui sont sur la terre ». En effet, Dieu avait entouré David de sa puissante protection, et l’avait délivré des mains de Saül et des Philistins, et maintenant il régnait sur tout Israël. Quel changement pour le berger de Bethléhem ! Certes David avait lieu d’être reconnaissant. Mais après cela Dieu déclare à David ce qu’il veut encore faire pour Israël et pour lui. Et c’est bien plus grand et magnifique que tout ce qu’il avait fait. Lis 2 Samuel 7 à partir du verset 10.
— « Et j’ai établi un lieu à mon peuple, à Israël, et je le planterai, et il habitera chez lui, et ne sera plus agité ; et les fils d’iniquité ne l’affligeront plus comme au commencement, et depuis le jour où j’ai établi des juges sur mon peuple Israël ». Mais Israël a encore été opprimé, affligé, et il l’est encore.
— C’est vrai. À cause de leurs péchés ils sont dispersés, dans l’opprobre et souffrants, mais le prophète va plus loin que le temps de David et de Salomon. Il parle d’un avenir qui n’est pas encore, car les promesses de Dieu s’accompliront. Comme le dit Paul : « Dieu n’a pas rejeté son peuple, qu’il a préconnu » (Romains 11:2). [Le peuple d’Israël est maintenant sous le jugement, mais l’Éternel lui fera grâce, quand il se repentira. Le voile qui leur cache Jésus sera alors enlevé de dessus leur cœur (2 Cor. 3:16)]. Les prophètes qui sont venus longtemps après David, et quand déjà le peuple d’Israël subissait le châtiment dû à ses péchés, annoncent ces temps heureux où aura lieu ce que Dieu a promis à David, son serviteur. Lis par exemple Jérémie 24:6 et 7.
— « Je mettrai mes yeux sur eux pour [leur] bien, et je les ferai retourner dans ce pays ; et je les bâtirai et je ne les renverserai pas, et je les planterai, et je ne les arracherai pas. Et je leur donnerai un cœur pour me connaître, car moi je suis l’Éternel ; et ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu ; car ils retourneront à moi de tout leur cœur ».
— Lis encore dans le même prophète chapitre 31:1-4.
— « En ce temps-là, dit l’Éternel, je serai le Dieu de toutes les familles d’Israël, et ils seront mon peuple. Ainsi dit l’Éternel : Le peuple des réchappés de l’épée a trouvé grâce dans le désert ; je m’en vais donner du repos à Israël. L’Éternel m’est apparu de loin : Je t’ai aimée d’un amour éternel ; c’est pourquoi je t’attire avec bonté. Je te bâtirai encore, et tu seras bâtie, vierge d’Israël ! Tu te pareras encore de tes tambourins, et tu sortiras dans la danse de ceux qui s’égaient ». Comme tout cela est beau. Le cœur en est saisi.
— Oui, on voit là l’amour immuable de Dieu. Ses dons et son appel sont sans repentance (Romains 11:29). Et cet amour est le même pour nous.
— Mais quand cela aura-t-il lieu ?
— Jérémie 30:24 nous le dit : « L’ardeur de la colère
de l’Éternel ne retournera pas, jusqu’à ce qu’il ait exécuté et accompli les
pensées de son cœur. À la fin des jours
vous le comprendrez ». C’est donc après que Dieu aura exécuté le jugement
sur les méchants, qu’il rétablira son peuple. Maintenant lis encore Ézéchiel 28:25-26.
— « Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel : Quand je
rassemblerai la maison d’Israël d’entre les peuples parmi lesquels ils seront
dispersés, et que je serai sanctifié en eux aux yeux des nations, alors ils
habiteront sur leur terre que j’ai donnée à mon serviteur Jacob : ils y
habiteront en sécurité ; ils bâtiront des maisons, et ils planteront des
vignes, et ils habiteront en sécurité, quand j’aurai exécuté des jugements
sur tous ceux qui les méprisaient,
tout autour d’eux ; et ils sauront que je suis l’Éternel, leur Dieu ».
— Il y a encore bien d’autres passages qui montrent que Dieu n’oublie pas son peuple, et qu’il veut accomplir les promesses faites à son serviteur David. « Tout Israël sera sauvé », dit l’apôtre Paul, « selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion ; il détournera de Jacob l’impiété » (Romains 11:26). Nous avons encore à lire les promesses qui concernent David. Lis pour cela 2 Samuel 7 depuis la fin du verset 11.
— « L’Éternel t’annonce que l’Éternel te fera une maison ». Que veut dire cela ? Dieu voulait-il bâtir une maison où David habiterait ?
— Non. Une maison ici signifie une postérité. Les versets suivants te le feront comprendre.
— « Quand tes jours seront accomplis et que tu dormiras avec tes pères, je susciterai après toi ta semence qui sortira de tes entrailles, et j’affermirai son royaume. Lui, bâtira une maison à mon nom ; et j’affermirai le trône de son royaume pour toujours. Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils : s’il commet l’iniquité, je le châtierai avec une verge d’hommes et avec des plaies des fils des hommes ; mais ma bonté ne se retirera point de lui, comme je l’ai retirée d’avec Saül que j’ai ôté de devant toi. Et ta maison et ton royaume seront rendus stables à toujours devant toi, ton trône sera affermi pour toujours. Nathan parla ainsi à David, selon toutes ces paroles et selon toute cette vision ». Peux-tu m’expliquer ce que je viens de lire ?
— Certainement, mais d’abord on peut remarquer que tout ce que l’Éternel promet à David doit arriver après sa mort. C’est comme pour Abraham. Dieu lui promet qu’il donnera le pays de Canaan à sa postérité, mais quant à lui-même, dans ce pays, il n’a pas un pouce de terre (Actes 7:5). Les hommes de Dieu ont à marcher par la foi, et nous verrons plus tard combien David est reconnaissant de ces promesses. Mais tu comprends bien quel est le fils que l’Éternel promet à David.
— C’est Salomon, n’est-ce pas ? C’est lui qui bâtit un temple magnifique à l’Éternel.
— Tu as raison. Salomon, dans les premières années de son règne, aima l’Éternel et l’Éternel l’aimait (2 Sam. 12:24 ; 1 Rois 3:3). Il lui donna la sagesse, des richesses et une grande gloire. Mais l’Éternel dit que, s’il commettait l’iniquité, il serait châtié. Dieu le répéta plus tard à Salomon lui-même, en lui disant que si lui ou ses descendants et Israël se détournaient du droit chemin, ils seraient rejetés ainsi que la maison que Salomon aurait bâtie (1 Rois 8:6-9). Et qu’est-ce qui arriva ? Salomon fut le tout premier à se détourner de l’Éternel pour adorer des idoles. Ses descendants, à quelques exceptions près, ainsi qu’Israël, l’imitèrent. Et ils furent châtiés et chassés de leur terre.
— Qu’est ce que Dieu veut dire par ces paroles : « Je le châtierai avec une verge d’hommes et avec des plaies des fils des hommes » ?
— Cela signifie que l’Éternel se servirait d’hommes pour punir Israël et ses rois, mais sans les détruire tout à fait. Par exemple, le roi d’Assyrie qui envahit le pays d’Israël était la verge de la colère de Dieu contre son peuple (És. 10:5). Et les plaies dont il est parlé sont les fléaux qui frappent les hommes, tels que la guerre, la famine, les maladies qui sévirent contre Jérusalem (Éz. 14:21). Mais avec tout cela, la maison de David, sa postérité, ne devait pas disparaître comme celle de Saül qui ne fournit plus de rois. L’Éternel avait fait à David des promesses qui devaient s’accomplir malgré les péchés de ses descendants et de son peuple. C’est ce que le prophète Ésaïe rappelle quand il adresse son magnifique appel à Israël au chapitre 55:3. Lis-le.
— « Inclinez votre oreille et venez à moi ; écoutez, et votre âme vivra : et je ferai avec vous une alliance éternelle, les grâces assurées de David ». Quand est-ce donc que cela s’accomplira ? Nous avons lu : « J’affermirai le trône de son royaume pour toujours ». Et nous ne voyons pas de trône en Israël.
— Cela est accompli. Il y a un autre fils de David, plus grand que Salomon qui a déjà paru (Mat. 12:42).
— C’est le Seigneur Jésus, n’est-ce pas ?
— Oui. C’est à Lui qu’appartiennent les promesses d’un heureux avenir certain et durable pour Israël. C’est ce que, depuis David, les prophètes n’ont cessé d’annoncer. L’apôtre Paul le rappelle quand il prêche l’évangile dans la synagogue d’Antioche de Pisidie (Act. 13:34).
— Peux-tu me dire quelques-unes des prophéties qui se rapportent au Seigneur Jésus comme Fils de David ?
— Eh bien, lis par exemple Ésaïe 9:6-7.
— « Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule ; et on appellera son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix. À l’accroissement de [son] empire, et à la paix, il n’y aura pas de fin, sur le trône de David et dans son royaume, pour l’établir et le soutenir en jugement et en justice, dès maintenant et à toujours ».
— Lis encore en Ésaïe, chapitre 11 versets 1, 2 et 10.
— « Et il sortira un rejeton du tronc d’Isaï, et une branche de ses racines fructifiera ; et l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel… Et, en ce jour-là, il y aura une racine d’Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples : les nations la rechercheront, et son repos sera gloire ».
— Les versets intermédiaires décrivent la félicité qui règnera sur la terre quand le Fils de David, le Seigneur Jésus, aura pris les rênes du gouvernement. Mais lis encore dans Jérémie 23:5-6.
— « Voici, les jours viennent, dit l’Éternel, et je
susciterai à David un Germe juste ; et il régnera en roi, et prospérera,
et exercera le jugement et la justice dans le pays. Dans ses jours Juda sera
sauvé et Israël demeurera en sécurité ; et c’est ici le nom dont on
l’appellera : L’Éternel notre
justice
».
— Cela se rapporte à ces temps heureux où l’Éternel rétablira Juda et Israël dans leur pays. Ézéchiel aussi a parlé du grand Fils de David. Lis au chapitre 34:23-24.
— « Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David : lui les paîtra, et lui sera leur pasteur. Et moi, l’Éternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d’eux ».
— David était mort depuis longtemps quand Ézéchiel prononça ces paroles. Le prophète parle de Celui dont David était le type, du Seigneur Jésus qui se nomme lui-même le Berger des brebis (Jean 10:11, voyez aussi Hébreux 13:20).
— Oui, et je me rappelle un peu ce que l’ange a dit à Marie, en Luc 1:31-33. « Et voici, tu concevras dans ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom Jésus. Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume ».
— Le Seigneur Jésus était en effet de la famille de David, comme nous le voyons par les généalogies en Matthieu et Luc, et par conséquent héritier du royaume d’Israël. Il avait droit à ce trône. Lorsqu’il entre à Jérusalem, les foules l’acclament ainsi : « Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le royaume de notre père David, qui vient » (Marc 11:9-10). Mais son peuple ne l’ayant pas reconnu, son royaume maintenant n’est pas de ce monde (Jean 8:36-37). Le temps vient où « Le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ est venu, et il régnera aux siècles des siècles » (Apocalypse 11:15).
— Et, n’est-ce pas, les apôtres dans le Nouveau Testament, parlent aussi du Seigneur Jésus comme fils de David ?
— Oui, l’apôtre Pierre et l’apôtre Paul, en prêchant l’évangile aux Juifs, leur rappellent les promesses faites à David (Actes 2:30-36 ; 13:23, 33-34). Lis Romains 1:3.
— « Touchant son Fils né de la semence de David, selon la chair » (Romains 1:3).
— Dans l’épître aux Hébreux, l’Esprit Saint applique au Seigneur Jésus les paroles de Nathan relatives au descendant de David : « Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils », Hébreux 1:5. Et à la dernière page de la Bible, nous est encore rappelée la promesse de l’Éternel à David. C’est le Seigneur Jésus lui-même qui parle et dit : « Moi, je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin » (Apocalypse 22:16). Dieu est fidèle. David, comme le dit l’apôtre Pierre, « est mort », mais il a cru Dieu, et a vu d’avance par la foi, ce descendant glorieux que Dieu lui avait annoncé. À la fin de sa carrière, il le célèbre comme Celui qui dominera en justice et dans la crainte de Dieu ; qui sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève dans un ciel sans nuages (2 Samuel 23:3-4). Aussi, après avoir entendu de la bouche de Nathan les merveilleuses paroles de l’Éternel, David « entra et s’assit devant l’Éternel », pour Lui rendre grâces. C’est une belle prière qui montre combien le cœur du roi était rempli de reconnaissance.
— Voudrais-tu me la dire ?
— Je t’en dirai volontiers quelques paroles, et tu pourras la lire tout entière dans ta Bible. David commença ainsi : « Qui suis-je, Seigneur Éternel ! et quelle est ma maison, que tu m’aies amené jusqu’ici ? Et encore cela a été peu de chose à tes yeux, Seigneur Éternel ! et tu as même parlé de la maison de ton serviteur pour un long avenir. Est-ce là la manière de l’homme, Seigneur Éternel ? … C’est à cause de ta parole, et selon ton cœur, que tu as fait toute cette grande chose ». David attribue, non à quelque mérite de sa part mais à la seule bonté de l’Éternel, toutes les bénédictions qui lui sont promises. Il prend sa vraie place en disant : « Qui suis-je » ? et c’est ce qu’il nous faut aussi faire. Tout ce que Dieu nous donne est pure grâce de sa part ; nous ne méritons rien.
— Dieu a aussi parlé pour nous d’un long avenir. Jésus reviendra nous prendre et nous serons toujours avec Lui.
— Oui, c’est une heureuse perspective. David rappelle ensuite ce que Dieu a fait pour Israël, « seule nation sur la terre que Dieu soit allé racheter, afin qu’elle lui soit un peuple, et pour se faire un nom à lui-même », « ton peuple, que tu t’es racheté d’Égypte, des nations et de leurs dieux » (2 Samuel 7:23). Le cœur de David n’oubliait pas la manière merveilleuse dont l’Éternel avait délivré son peuple d’Égypte. L’Écriture rappelle toujours à Israël cette rédemption accomplie par le bras puissant de son Dieu. Il ne devait jamais l’oublier.
— C’est comme nous. Il faut toujours nous souvenir de ce que Jésus a fait pour nous sauver.
— Certainement, et la parole de Dieu nous rappelle toujours que nous sommes sauvés par la grâce. Mais David, après avoir parlé du passé, contemple aussi ce que Dieu réserve à Israël dans l’avenir : « Tu t’es établi ton peuple Israël pour peuple, à toujours ; et toi, Éternel, tu es devenu leur Dieu ». David ne doute pas que la parole de l’Éternel ne s’accomplisse, et cependant, chose remarquable, il prie pour que Dieu fasse ce qu’il a promis. Il dit : « Et maintenant, Éternel Dieu ! confirme pour toujours la parole que tu as prononcée touchant ton serviteur et touchant sa maison, et fais comme tu as dit ».
— Mais si Dieu lui avait promis, il pouvait compter sur sa parole. Pourquoi donc David demande-t-il que Dieu le fasse ?
— David lui-même donne la réponse : « Car toi, Éternel des armées, Dieu d’Israël, tu as révélé à ton serviteur, disant : Je te bâtirai une maison ; c’est pourquoi ton serviteur a trouvé son cœur pour te faire cette prière…Tes paroles sont vraies, et tu as dit ce bien à ton serviteur. Et maintenant, qu’il te plaise de bénir la maison de ton serviteur ». Il sait que les paroles de l’Éternel sont vraies, il en désire ardemment l’accomplissement. Nous savons, par exemple, que Jésus a promis de revenir nous prendre ; nos cœurs resteront-ils indifférents à cette promesse ? Non, mais nous dirons : « Amen ; viens, Seigneur Jésus » (Apocalypse 22:20). Dieu a dit : « Je ne te laisserai point ; je ne t’abandonnerai pas » (Hébreux 13:5). Est-ce une raison pour ne pas l’invoquer dans nos besoins ? Au contraire. C’est parce que nous connaissons la vérité des paroles de Dieu et sa fidélité que nous pouvons prier avec confiance.
Bonne Nouvelle 1894 n° 1 pages 8 à 14.
— Après que David eut reçu de Dieu la merveilleuse promesse de son glorieux descendant, Christ, dont le trône sera établi à jamais en Israël, David, rempli de courage et de foi, continua l’œuvre de roi guerrier à laquelle l’Éternel l’avait appelé. Il devait subjuguer les ennemis du peuple d’Israël.
— On voit en effet David combattre contre eux dès le commencement de sa carrière. Il débuta en remportant la victoire sur le géant Goliath. C’était un homme extrêmement brave, il ne craignait rien.
— Sais-tu où il puisait sa force et son courage ?
— Il avait confiance en son Dieu. Il le dit dans un psaume : « Par toi, je courrai au travers d’une troupe, et, par mon Dieu, je franchirai une muraille » (Ps. 18:29).
— Ce furent encore les Philistins, ces ennemis constants du peuple d’Israël, que David attaqua d’abord. Il les vainquit et s’empara de leur capitale qui était comme le frein par lequel tout le pays était tenu. Depuis ce moment, les Philistins restèrent assujettis à leur puissant vainqueur. Les Moabites étaient d’autres ennemis d’Israël. Au commencement du livre des Juges, il est raconté qu’ils avaient réduit les Israélites en servitude.
— Et Éhud les délivra (Juges 3:12-26).
— David ayant vaincu les Moabites, les rendit tributaires. Ils lui apportèrent des présents. Ce fut ensuite le tour des rois syriens qui occupaient le pays au nord-est de Canaan. C’était Hadadézer, roi de Tsoba, aidé par les Syriens de Damas. Ils formaient une puissante armée avec des cavaliers et des chariots de guerre. Mais David les frappa, mit des garnisons dans la Syrie de Damas, de sorte que les Syriens lui furent asservis et lui apportèrent des tribus. Et à qui David devait-il toutes ces victoires ?
— À l’Éternel. Sans Lui, comment aurait-il pu vaincre tant d’ennemis ? C’est comme nous. Nous n’avons aucune force pour vaincre ni Satan ni nos mauvaises pensées. Mais Dieu est pour nous, et en nous confiant en Lui nous sommes toujours vainqueurs.
— Tu as raison. C’est ce qui est exprimé pour David par ces belles et simples paroles qui montrent le soin de Dieu envers son serviteur : « Et l’Éternel sauvait David partout où il allait ». Il semble que l’on voit l’Éternel, le Tout puissant, suivre partout David, et quels que fussent les dangers, étendre sur lui le bouclier invulnérable de sa force glorieuse.
— Cela me fait encore souvenir de ce beau passage où il est dit que nous sommes « gardés par la puissance de Dieu, par la foi » (1 Pierre 1:5).
— Sauvé partout par l’Éternel, David pouvait s’écrier en voyant ses ennemis tomber devant lui : « Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel, notre Dieu » (Psaume 20:7). Parmi le butin fait par David sur Hadadézer se trouvaient des boucliers d’or qu’il apporta à Jérusalem, et dans les villes appartenant à ce roi il prit une grande quantité d’airain. Ces victoires de David lui gagnèrent l’amitié de Tohi, roi de Hamath, contrée située entre le Liban et une autre chaîne de montagnes nommée l’Anti-Liban. Ce roi avait eu à soutenir des guerres continuelles contre Hadadézer, et ayant appris que David l’avait battu, il envoya son fils Joram au roi d’Israël pour le féliciter. Joram était porteur pour David de vases d’or, d’argent et d’airain. David consacra à l’Éternel et accumula à Jérusalem tous ces trésors pris sur tous les ennemis d’Israël, en vue de ce temple que son successeur devait construire à l’Éternel.
— C’est bien beau de voir David penser ainsi à l’Éternel et de réserver tout pour Lui.
— Oui, ce fut la préoccupation de sa vie. Nous verrons plus tard ce qu’il dit à ce sujet quand il fut arrivé au terme de ses jours. David poursuivit le cours de ses victoires en frappant les Édomites dans un endroit appelé la vallée du Sel. C’était Abishaï, le frère de Joab et l’un des fidèles compagnons de David qui commandait l’armée.
— C’est Abishaï qui accompagna David, une nuit, dans le camp de Saül. Celui-ci dormait et Abishaï voulait le tuer, mais David ne le lui permit pas. Il ne voulait pas faire de mal à son ennemi.
— Cette victoire sur les Édomites les assujettit à David qui mit des garnisons dans leurs villes. Ainsi tous les ennemis d’Israël étaient vaincus, et Israël possédait le territoire que l’Éternel avait promis à Abraham de donner à ses descendants. Lis Genèse15:18.
— « En ce jour-là, l’Éternel fit une alliance avec Abram, disant : Je donne ce pays à ta semence, depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate ». David put alors se reposer.
— Oui, il eut un temps de répit. Régnant sur tout Israël, il gouvernait son peuple avec justice, entouré des hommes fidèles qui l’avaient suivi autrefois dans ses épreuves et qui partageaient maintenant sa gloire. Nous avons là un type du Seigneur Jésus. Lis en Matthieu 19 :27-28 ce qu’Il dit à ses apôtres.
— « Alors Pierre, répondant, lui dit : Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ; que nous adviendra-t-il donc ? Et Jésus leur dit : En vérité, je vous dis que vous qui m’avez suivi, — dans la régénération, quand le fils de l’homme se sera assis sur le trône de sa gloire, vous aussi, vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ». Quel beau moment ! Quel encouragement ! Voir Jésus dans sa gloire, régnant sur tout Israël et sur toutes choses, et les apôtres partageant sa gloire ! Mais nous, n’aurons-nous pas aussi une part dans cette gloire ?
— Certainement, mais non pas celle des apôtres qui ont été les compagnons de Christ, et ont partagé ses épreuves durant sa vie ici-bas.
— Quels étaient les compagnons de David associés à son gouvernement ?
— Tu en connais déjà quelques-uns. Il y avait d’abord Joab, neveu de David, qui était le chef de l’armée. Ensuite Josaphat, fils d’Akhilud. Il est seulement nommé dans ce passage. C’est lui qui rédigeait les chroniques, c’est-à-dire les faits importants du règne de David. Les rois en orient tenaient à avoir un registre, une sorte de journal, de ce qui se passait sous leur gouvernement. Ainsi le roi Assuérus, une nuit où il ne pouvait dormir, se fit apporter le livre d’annales des chroniques qu’on lut devant lui (Esther 6:1). Il est aussi parlé plusieurs fois des chroniques des rois d’Israël ou de Juda (1 Rois 15:31 ; 20:46). C’était donc une charge importante que celle de chroniqueur. On retrouve des espèces de chroniques en Égypte dans les hiéroglyphes, et à Babylone dans les nombreuses inscriptions gravées sur la pierre ou sur des briques. Après ces officiers, il y avait les chefs religieux. C’étaient les sacrificateurs Tsadok et Akhimélec, le fils d’Abiathar.
— Je croyais qu’il n’y avait qu’un seul souverain sacrificateur.
— C’est vrai. Mais il nous faut nous souvenir qu’au temps de David, les choses n’étaient pas encore toutes en ordre. Tandis que l’arche était à Jérusalem, le tabernacle était à Gabaon. Et nous avons vu que Tsadok restait avec les autres sacrificateurs de sa famille à Gabaon pour offrir les holocaustes continuels sur l’autel d’airain (1 Chroniques 16:39-40). Il est possible que l’autre sacrificateur, Abiathar, ou son fils Akhimélec, restait à Jérusalem auprès de l’arche. Aaron eut deux fils : Éléazar, l’aîné, et Ithamar. Ce fut Éléazar qui succéda à Aaron d’après l’ordre de l’Éternel (Nombres 20:23-28), et après lui ce fut son fils Phinées à qui l’Éternel, comme récompense de sa fidélité, promit la sacrificature perpétuelle (Nombres 25:10-13). Mais au temps des Juges, sans que l’Écriture nous dise à quel moment ni pour quelle raison, la souveraine sacrificature passa dans la branche d’Ithamar (1 Chroniques 24:3). Akhimélec était le fils d’Abiathar qui lui-même était arrière petit fils d’Héli. La suite des descendants d’Héli est la suivante : Héli, Akhitub (1 Sam. 14:3), Akhija ou Akhimélec, celui que Saül fit mourir (1 Sam. 21:11-12) et Abiathar (1 Sam. 21:20). Au temps de David, il y avait donc deux sacrificateurs, l’un descendant d’Éléazar, c’était Tsadok, et l’autre descendant d’Ithamar, c’était Abiathar ou son fils Akhimélec. Il faut aussi se rappeler qu’Abiathar avait suivi David dans toutes ses épreuves.
— Y avait-il encore d’autres compagnons de David ?
— Oui, il y avait Séraïa qui était scribe ou secrétaire du roi, et Bénaïa, chef des Kéréthiens et des Péléthiens. Ce Bénaïa était un des plus vaillants hommes de guerre de David. Quelques-uns de ses exploits nous sont racontés à la fin du second livre de Samuel.
— Qui étaient les Kéréthiens et les Péléthiens ?
— C’étaient des guerriers qui formaient la garde spéciale du roi. Les Kéréthiens étaient particulièrement les exécuteurs des jugements du roi : ils mettaient à mort les criminels. Bénaïa, leur chef, en fut parfois chargé (1 Rois 2:25, 28-34, 46). Les Péléthiens, dont le nom signifie « coureurs », portaient les ordres du roi. Enfin les nombreux fils de David étaient les principaux officiers de sa maison.
— Sais-tu à quoi me font penser ces Kéréthiens et ces Péléthiens ? Cela me rappelle que le Seigneur est entouré de ses anges puissants qui sont ses messagers et exécutent ses jugements.
— En effet. Plusieurs passages nous le disent, et quand le Seigneur viendra, ils exécuteront la vengeance (Psaume 103:20 ; 2 Thessaloniciens 1:7-8). Mais de nos jours, nous sommes heureux de savoir qu’ils sont des messagers qui servent en faveur des héritiers du salut (Hébreux 1:14).
Bonne Nouvelle 1894 n° 2 pages 26 à 34
— David, victorieux de ses ennemis, établit l’ordre dans son royaume et régna avec justice et droiture sur tout Israël. Ce devait être un beau spectacle, une image de ce qui existera d’une manière parfaite quand le Seigneur Jésus règnera sur son peuple. Mais il y a quelque chose qui surpasse en beauté l’ordre et la justice, et que l’on voit en David dans ce chapitre. C’est la bonté et la générosité du cœur. Quand David fut bien établi dans son royaume, il se souvint des temps passés, de Saül et de Jonathan. Il avait toujours respecté en Saül l’oint de l’Éternel, même quand Saül cherchait sa vie.
— Je me rappelle de ces deux occasions où David aurait pu le tuer et ne le fit pas. Il avait un cœur généreux et sans haine (1 Samuel 24 et 26). David aimait Jonathan, et Jonathan aimait David comme son âme. Ils s’étaient juré une amitié inébranlable (1 Samuel 18:1 ; 20:12-17).
— David, devenu roi, n’avait pas changé de sentiments envers Saül et Jonathan ; sa prospérité ne les lui avait pas fait oublier, ni ce qu’il avait promis. C’est ainsi que Jésus ne nous oublie pas. David dit donc : « Y a-t-il encore quelqu’un qui soit demeuré de reste de la maison de Saül ? Et j’userai de bonté envers lui à cause de Jonathan ». Quelle différence entre cette manière d’agir et celle du monde ! Quand un roi est mis à la place d’un autre, il bannit tout ce qui reste de la famille de cet autre, et souvent confisque leurs biens. On voit même dans l’histoire plus d’un exemple où les membres de la famille déchue sont mis à mort. David, au contraire, cherche, pour lui faire du bien, quelqu’un de la famille du roi qui l’avait tant persécuté.
— Et y avait-il quelqu’un envers qui David pût accomplir son bon désir ?
— Oui. L’Éternel donna cette joie à son serviteur. David apprit qu’il y avait un serviteur de la maison de Saül, nommé Tsiba. Il le fit chercher et lui demanda : « N’y a-t-il plus personne de la maison de Saül ? Et j’userai envers lui d’une bonté de Dieu ».
— Quelle singulière expression.
— Elle signifie, comme tu peux le comprendre, une très grande bonté, et aussi une bonté semblable à celle de Dieu. David voulait, en effet, faire beaucoup de bien à celui que l’on trouverait de la maison de Saül, mais nous devons nous rappeler que ce quelqu’un était de la famille de son pire ennemi. Et n’est-ce pas ainsi que Dieu a agi envers nous qui, par nature, étions ses ennemis, envers le monde qui a crucifié son fils, et auquel cependant il fait annoncer la bonne nouvelle de la réconciliation ? (Colossiens 1:21-22 ; Romains 5:10 ; 2 Corinthiens 5:19-20).
— Et c’est pour l’amour de Jésus que Dieu nous fait ainsi du bien, de même que David voulait en faire à cause de Jonathan. Tsiba put-il satisfaire David ?
— Oui, et d’une manière admirable qui montrait bien que la main de Dieu était là. « Tsiba dit au roi : Il y a encore un fils de Jonathan, perclus des pieds ».
— Comme David dut être heureux de savoir que c’était le fils de son ami Jonathan !
— Sans doute, et c’est d’autant plus remarquable qu’il y avait d’autres fils de Saül, ainsi que nous le verrons plus tard. N’est-ce pas aussi très frappant que la bonté de David eût à s’exercer envers quelqu’un de si infirme qu’il ne pouvait marcher ?
— Sait-on comment cette infirmité lui était survenue ?
— Oui, tu peux le lire en 2 Samuel 4:4, et en même temps tu apprendras le nom de ce fils de Jonathan.
— « Et Jonathan, fils de Saül, avait un fils perclus des pieds ; il était âgé de cinq ans lorsque le bruit touchant Saül et Jonathan vint de Jizreël ; et sa nourrice l’emporta, et s’enfuit ; et il arriva que, comme elle se hâtait de fuir, il tomba et devint boiteux ; et son nom était Mephibosheth ». C’est quand Saül et Jonathan furent tués par les Philistins que cela arriva, n’est-ce pas ? Pauvre Mephibosheth ! Et où était-il ?
— C’est ce que demanda David à Tsiba. Celui-ci répondit : « Voici, il est dans la maison de Makir, fils d’Ammiel, à Lodebar ». Et aussitôt David le fit chercher. Lodebar était un endroit situé en deçà du Jourdain dans le pays de Galaad, et assez loin de Jérusalem (2 Samuel 17:27).
— Mephibosheth dût être bien surpris en voyant les messagers du roi, et peut-être eut-il peur et pensa-t-il que c’était pour le faire mourir ?
— C’est bien possible, car Méphibosheth ne connaissait pas le cœur du roi David et son désir de lui faire du bien. Mais il y a dans cette histoire quelque chose qui ressemble à la nôtre. Ne sommes-nous pas des pécheurs, ennemis de Dieu et éloignés de Lui, et ne faut-il pas qu’il nous fasse chercher par ses messagers, les prédicateurs de la bonne nouvelle ? Et n’arrive-t-il pas souvent que l’on est surpris et effrayé quand la parole de Dieu nous amène en sa sainte présence ? Le pécheur qui ne connaît pas la bonté de Dieu à son égard, est d’abord rempli de crainte car il voit en Dieu un juge qui le punirait justement.
— Mais Mephibosheth fut bientôt rassuré. Il apprit que David ne lui voulait pas de mal, mais du bien.
— Certainement. Lorsque Mephibosheth arriva devant David, il tomba sur sa face et se prosterna. Sans doute son cœur était bien agité. Il se demandait ce que le roi allait dire. Mais ce qu’il entendit ne fut pas une voix sévère, ce fut une voix qui l’appela avec douceur par son nom : « Mephibosheth ! » Et il dit : « Voici ton serviteur ». Il s’humilie devant David, de même que le pécheur doit aussi le faire devant le Dieu saint, digne de tout respect et d’adoration. Et comme David comprenait bien le sentiment de crainte qu’éprouvait Mephibosheth, il ajoute aussitôt ces bonnes paroles : « Ne crains point, car certainement j’userai de bonté envers toi à cause de Jonathan, ton père ».
— Comme cela rappelle les paroles du Seigneur Jésus à Pierre quand ils étaient ensemble dans la barque. Pierre aussi s’était prosterné devant Jésus et lui avait dit : « Retire-toi de moi, je suis un homme pécheur ». Et le Sauveur le rassure de suite en lui disant : « Ne crains pas » (Luc 5:8-11). Et c’est aussi ce qu’il nous dit quand nous sommes troublés parce que nous croyons que nous sommes pécheurs. Comme Il est bon !
— L’amour de Dieu pour nous est tel qu’il ne veut pas que nous ayons de la crainte (1 Jean 4:16-18). Nous le voyons bien dans l’histoire du fils prodigue. Le père, qui représente Dieu, se jette au cou de son fils et le couvre de baisers (Luc 15:20). Comment le fils aurait-il avec cela la moindre crainte ? L’amour parfait, celui de Dieu pour nous, chasse la crainte.
— Et David dit à Mephibosheth que certainement il lui fera du bien à cause de Jonathan. Il pouvait donc être bien sûr de la parole de David. Et nous pouvons être bien sûrs que Dieu nous pardonne et nous fera du bien pour l’amour de Jésus.
— Tu as raison. Mephibosheth par lui-même ne méritait rien de la part de David, de même que nous ne méritons rien de la part de Dieu. Mais David fait encore plus pour Mephibosheth. Il ajoute : « Je te rendrai tous les champs de Saül, ton père, et tu mangeras continuellement le pain à ma table ». Ainsi le roi enrichit le fils de Jonathan et l’admet à sa table, le rapprochant ainsi de lui, comme quelqu’un de sa famille. N’usa-t-il pas ainsi d’une bonté divine ? C’est ce que fait le Seigneur pour le pauvre pécheur qu’il a sauvé. Il ne nous donne pas des biens terrestres, mais nous enrichit des trésors célestes de sa grâce, de son amour, de sa paix et de sa joie. Et puis il nous rapproche de Dieu. Nous devenons ses enfants bien-aimés qui vivent en sa présence.
— Que d’enseignements nous donne la parole de Dieu ! Que dit Mephibosheth en entendant la parole du roi ? Il devait être rempli de reconnaissance pour tant de bonté.
— Sans doute. Mais le sentiment qui dominait chez lui, c’était celui de son indignité. Il se prosterna de nouveau devant le roi et dit : « Qu’est ton serviteur, que tu aies regardé un chien mort tel que moi » ? C’est une expression qui nous semble bien étrange, mais par laquelle Mephibosheth voulait dire avec force qu’il n’était rien et se sentait tout à fait indigne de tout ce que David faisait pour lui. C’est ainsi que le fils prodigue, dans les bras de son père, disait : « Je ne suis pas digne d’être appelé ton fils ». Rappelons-nous que plus nous sentirons notre indignité devant Dieu, plus nous apprécierons sa grâce. La pauvre pécheresse en pleurs aux pieds de Jésus à cause de ses péchés, appréciait l’amour du Sauveur et l’aimait beaucoup, tandis que l’orgueilleux Simon restait froid devant Lui (Luc 7:36-50).
— Mephibosheth aussi aimait sans doute David.
— Oui. Mais l’amour se montre par des actes, bien plus que par des paroles, 1 Jean 3:18. Mephibosheth, plus tard, eut l’occasion de montrer son amour pour David. Celui-ci ajoute encore à tout ce qu’il avait fait pour le fils de son ami. Tsiba avait quinze fils et vingt serviteurs. Le roi le fit venir et lui dit : « Tout ce qui appartenait à Saül et à toute sa maison, je le donne au fils de ton seigneur ; et tu cultiveras pour lui la terre, toi et tes fils et tes serviteurs, et tu en apporteras [les fruits], et le fils de ton seigneur aura du pain à manger ; et Mephibosheth, fils de ton seigneur, mangera continuellement le pain à ma table ». Tsiba répondit : « Ton serviteur fera selon tout ce que le roi, mon seigneur, a commandé à son serviteur ». Et David insista encore sur la place d’honneur que Mephibosheth aurait auprès de lui. « Mephibosheth », dit-il, « mangera à ma table comme un des fils du roi ». Ainsi David adoptait pour son fils le fils de son ami si tendrement aimé. Il lui donnait une place parmi ses propres enfants.
— Comme on voit bien le cœur tendre de David. Et c’est ainsi que Dieu nous traite. « Nous sommes tes enfants » dit un beau cantique. Mais il est dit : « Le fils de ton seigneur aura du pain à manger ». Puisqu’il mangeait à la table du roi, il ne manquait de rien.
— Cela signifie que David voulait que Mephibosheth fût riche, dans l’abondance, pour tenir son rang de prince et être honoré comme tel. Voilà pourquoi il lui donne des terres et des serviteurs pour les faire valoir et lui en donner les fruits. Mais Mephibosheth tenait plus à l’affection de David qu’à toutes ses richesses. Ainsi le croyant tient plus à l’amour de Jésus que même à toute la gloire du ciel.
— Cela me fait penser à deux choses. La première est qu’il est dit que les anges servent « en faveur de ceux qui vont hériter du salut », Hébreux 1:14 ; et la seconde que Dieu nous comble de richesses et nous revêt de la plus belle robe, celle de sainteté et de justice pour que nous soyons dignes de sa maison.
— C’est vrai. Ce sont des choses qui ne sont pas visibles aux
yeux du monde, mais que le croyant connaît et dont il jouit par la foi dans son
cœur. Mais Mephibosheth représente aussi le résidu juif de la fin qui sera
sauvé, enrichi et mis à la place d’honneur parmi les nations quand le Seigneur
reviendra. Cela sera visible pour tous (Ésaïe 52:9-10). La dernière chose qui
nous est dite dans notre chapitre touchant Mephibosheth est aussi bien belle.
Mephibosheth était donc dans la faveur du roi, habitant la ville sainte de
Jérusalem. Il était riche et honoré, il avait des serviteurs et même une
famille car il nous est dit qu’il avait un fils nommé Mica, mais l’Écriture
ajoute comme dernier trait : « Il
était boiteux des deux pieds
». Tout ce que David avait fait pour lui
ne l’empêchait pas d’être une pauvre créature infirme et dépendante. Il ne
pouvait rien faire seul, comme nous le verrons plus tard. Eh bien ! Nous
sommes tels aussi. Bien que Dieu ait pardonné au croyant tous ses péchés, qu’il
l’ait enrichi de ses bénédictions et ait fait de lui son enfant, le croyant
reste toujours en lui-même un être faible, sans force et dépendant. Il ne peut
rien sans la puissance grâce du Seigneur (2 Corinthiens 3:5 ; Jean 15:5).
Il reste boiteux des deux pieds.
Bonne Nouvelle 1894 n° 3, pages 41 à 47
— Ce chapitre nous raconte une histoire bien différente de celle de Mephibosheth. Te souviens-tu de lui ?
— Oh ! oui. David usa envers lui d’une bonté de Dieu bien qu’il fût de la famille de Saül, son ennemi, et il fit cela pour l’amour de Jonathan.
— Mephibosheth méritait-il quelque chose de David ?
— Non, ce fut une pure grâce de la part de David de combler Mephibosheth de biens.
— Maintenant encore la bonté de David est mise au jour dans un
but différent, mais elle fut mal comprise. « Et il arriva, après cela, que
le roi des fils d’Ammon mourut ; et Hanun, son fils, régna à sa place. Et
David dit : J’userai de bonté
envers Hanun, fils de Nakhash, comme son père a usé de bonté envers moi ».
David se sert des mêmes paroles que lorsqu’il pensait à faire du bien à la
famille de Saül. Mais peux-tu me dire quel sentiment il y avait dans le cœur de
David en cette occasion ? Pourquoi voulait-il user de bonté envers
Hanun ?
— C’est le père de Hanun qui avait été bon pour lui. David avait de la reconnaissance.
— C’est cela, et c’est une belle qualité que la reconnaissance, le souvenir des bienfaits que l’on a reçus de quelqu’un, qui fait qu’on le remercie constamment dans son cœur et qu’on lui témoigne, lorsqu’on le peut, qu’on ne les oublie pas. Comment nomme-t-on le contraire de la reconnaissance ?
— C’est l’ingratitude. Et c’est très vilain d’être ingrats.
— Tu as bien raison. Envers qui avons-nous à être reconnaissants ?
— Envers nos chers parents qui prennent soin de nous avec tant d’amour, qui se donnent tant de peine pour nous, et aussi envers nos professeurs.
— Oui, et il y a peu de personnes, on peut dire, envers qui nous n’ayons à être reconnaissants, car nous recevons des services d’un grand nombre. Mais n’as-tu pas oublié quelqu’un à qui, par-dessus tout, nous avons à témoigner de la reconnaissance ?
— Oui. C’est Dieu de qui nous tenons toutes choses, nos parents, la nourriture, le vêtement, et ce qui vaut mieux que tout, il nous a donné son Fils pour nous sauver, et il nous promet son ciel. C’est envers Lui que nous avons sujet d’être reconnaissants.
— Et c’est ce que l’apôtre nous recommande lorsqu’il nous dit : « Soyez reconnaissants » (Colossiens 3:15). Comment pouvons-nous montrer notre reconnaissance ?
— N’est-ce pas d’abord en remerciant ?
— Oui, et c’est pourquoi il nous est recommandé à l’égard de Dieu de lui rendre grâces en toutes choses (Éphésiens 5:20). Mais crois-tu que ce soit tout que de dire merci à ceux qui nous font du bien ?
— Non, nous avons à les aimer et à nous efforcer de faire pour eux tout ce que nous pouvons.
— Oui, la reconnaissance vraie s’exprime par le dévouement à la personne qui nous a fait du bien. Et c’est ce qui plaît au Seigneur.
— J’ai bien peur d’être souvent très peu reconnaissante, et même ingrate soit envers vous soit envers ce bon Sauveur qui a tant fait pour me sauver, et envers Dieu qui me donne tout ce que j’ai.
— Notre cœur naturel est un cœur ingrat, et nous avons beaucoup à déplorer de céder si facilement à ses penchants. Mais nous avons une nouvelle vie qui aime le Seigneur, et nous avons le Saint Esprit pour remplir nos cœurs de reconnaissance et de dévouement. Écoutons ce guide divin qui nous parle dans l’Écriture de l’amour de Jésus et, comme pour les disciples d’Emmaüs, nos cœurs brûleront au-dedans de nous (Luc 24:32). Maintenant, continuons notre histoire.
— Peux-tu me rappeler de quelle manière le père de Hanun avait été bon envers David ?
— Nous l’ignorons. L’Écriture ne nous en dit rien. Ce fut probablement lorsque David était persécuté par Saül. David, ayant donc appris la mort de Nakhash, envoya des messagers à Hanun avec des paroles de consolation. Hanun, qui était sans doute jeune, aurait dû être reconnaissant de ce qu’un grand et puissant roi comme David condescendît à lui témoigner sa sympathie dans son deuil et lui envoyât des messagers pour le consoler. Et peut-être y eût-il été sensible, et eût-il reçu les messagers avec honneur et remercié David s’il eût été seul. Mais il prêta l’oreille à des insinuations perfides. « Et les chefs des fils d’Ammon dirent à Hanun, leur seigneur : Est-ce, à tes yeux, pour honorer ton père que David t’a envoyé des consolateurs ? N’est-ce pas pour reconnaître la ville, et pour l’explorer, et pour la détruire, que David t’a envoyé ses serviteurs ? »
— C’était bien mal à ces chefs d’avoir ces mauvaises pensées, et de soupçonner ainsi David.
— C’est vrai, mais c’est là un des penchants naturels de notre mauvais cœur. Il suppose le mal chez les autres parce qu’il est lui-même plein de malice et de méchanceté. Mais le cœur rempli de l’amour de Dieu ne pense point ainsi (1 Corinthiens 13:5). Il faut que nous ayons bien soin de ne pas juger les motifs des autres. C’est ce que le Seigneur Jésus nous recommande (Matthieu 7:1). Et au lieu de supposer de mauvais motifs, il faut nous réjouir du bien partout où nous le voyons.
— Hanun écouta-t-il ce que les chefs lui disaient ?
— Oui, malheureusement. Il était jeune et sans doute irréfléchi, et il ne se contenta pas de ne point recevoir les messagers de David, il les traita de manière outrageuse. « Il fit raser la moitié de leur barbe, et fit couper leurs vêtements par le milieu jusqu’au bas des reins, et les renvoya ». Il témoigna ainsi son mépris pour eux et pour le roi qui les avait envoyés, les traitant comme des esclaves et les livrant à la risée de son peuple. En Orient, la barbe est encore considérée comme un précieux ornement naturel indiquant la dignité de l’homme. Les esclaves étaient rasés, et se raser était un signe de deuil. Voyez Ésaïe 7:20 ; 15:2 ; Jérémie 41:5. Arracher la barbe était un châtiment et un signe d’opprobre (Ésaïe 50:6). Enfin les vêtements longs étaient l’apanage des hommes libres, les esclaves les portaient courts.
— David dut être bien fâché en apprenant ce qu’on avait fait à ses messagers.
— Certainement. De nos jours encore, insulter un ambassadeur est un cas de guerre entre deux nations. Mais pour David, le cas était plus grave car il était le roi élu pour gouverner le peuple de Dieu. Ainsi, en outrageant les messagers de David, Hanun outrageait l’Éternel lui-même et se déclarait son ennemi. Que pouvait et devait faire David ?
— Il devait châtier ce malheureux Hanun, et pour cela lui faire la guerre.
— Tu as raison, et c’est ce qui eut lieu. Mais la conduite de Hanun et des chefs des Ammonites nous fournit quelques leçons. David est le type du Seigneur Jésus. Et que fait le Seigneur Jésus, Lui le Roi de gloire, à l’égard des pauvres pécheurs ?
— Il leur envoie aussi des messagers, ce sont ses serviteurs qui prêchent l’évangile, la bonne nouvelle.
— Et ces serviteurs sont des « ambassadeurs pour Christ » (2 Corinthiens 5:20), qui supplient les pécheurs d’être « réconciliés avec Dieu » en croyant en Jésus qui a été fait péché pour nous, et à échapper ainsi au jugement. Que devraient donc faire ceux à qui ce message est envoyé ?
— Le recevoir avec reconnaissance envers Dieu qui est si bon.
— Et n’y a-t-il pas quelqu’un qui cherche à empêcher les pécheurs d’écouter et de recevoir le message de Dieu, de même que les chefs d’Ammon empêchèrent Hanun de recevoir celui de David ?
— C’est Satan, n’est-ce pas ?
— Oui. Il est dit que, lorsque la parole est prêchée, il vient pour l’enlever de peur qu’en croyant le pécheur ne soit sauvé (Luc 8:11-12). Et pour arriver à ses fins, il emploie toutes sortes de ruses. Quelquefois il cherche à persuader que l’on est encore bien jeune pour s’occuper du salut de son âme, et qu’on aura tout le temps plus tard. Souvent il veut faire croire que, si l’on devient un croyant, toute la vie sera rendue triste. Chez d’autres, il vient avec de fausses pensées sur la miséricorde de Dieu qui, à la fin, recevra le pécheur. Mais, surtout chez ceux qui sont jeunes, il cherche à profiter de leur insouciance, de leur irréflexion et de leur légèreté. Et alors, au lieu d’écouter le message divin, on pense à tout autre chose. N’est-ce pas rejeter et mépriser les messagers de Dieu que de ne pas les écouter ?
— Je pense que oui, et c’est bien grave. Cela me fait penser au passage où le Seigneur Jésus dit : « Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé » (Matthieu 10:40).
— Et on peut ajouter aussi celui-ci : « Celui qui vous écoute, m’écoute ; et celui qui vous rejette, me rejette ; et celui qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé » (Luc 10:16).
— Combien cela est sérieux de penser qu’il y a tant de pauvres pécheurs que Dieu voudrait consoler et rendre heureux, et qui le rejettent en n’écoutant pas ses messagers. À quel danger ils s’exposent !
— Oui, et souvent les hommes ont fait plus que de ne pas écouter les ambassadeurs de Dieu. Ils les ont traités avec mépris comme Hanun le fit, et les ont outragés et même tués. Nous le voyons dans les Actes des apôtres (4:3, 21 ; 5:18, 40 ; 7:54-60, etc.) et Paul le rappelle dans ses épîtres (2 Timothée 2:9 ; 1 Corinthiens 4:9-13, etc.). De nos jours encore, les chers serviteurs de Dieu sont plus d’une fois assaillis par des moqueries ou sont calomniés. Il faut nous souvenir d’eux dans nos prières pour que Dieu les soutienne, et demander aussi pour les pécheurs que Dieu les convertisse à Lui en écoutant l’évangile.
Bonne Nouvelle 1894 n° 4 pages 68 à 76
— La dernière fois, n’est-ce pas, nous avions parlé de l’ingratitude de Hanun, le roi des Ammonites, à qui David avait témoigné sa sympathie à l’occasion de la mort de son père, et Hanun avait traité outrageusement les messagers de David.
— Oui, c’est bien cela. Et c’est souvent de cette manière que les pécheurs, à qui Dieu témoigne sa bonté, ont traité les serviteurs de Christ qui leur annonçaient l’évangile, méprisant ainsi la grâce qui leur était offerte. Les messagers de David étaient très confus de ce qui leur était arrivé. Ils craignaient peut-être que le roi ne les accuse d’avoir mal accompli leur mission. Mais David ne leur adressa aucun reproche. Il leur fit seulement dire : « Habitez à Jéricho jusqu’à ce que votre barbe ait poussé », c’est-à-dire jusqu’à ce que soit effacé tout signe du honteux traitement que vous avez subi, et « alors vous reviendrez ». Ils devaient revenir et reprendre leur service auprès de lui. Ils furent ainsi consolés en voyant qu’ils n’avaient pas perdu la faveur du roi, bien qu’ils n’eussent pas réussi dans leur mission. C’est ainsi que le Seigneur console ses serviteurs quand les pécheurs n’ont pas voulu les recevoir et se moquent d’eux. Lorsque l’apôtre Paul fut maltraité par les Juifs qui auraient voulu le tuer parce qu’il leur annonçait la grâce de Dieu envers les nations, et qu’il fut jeté en prison, le Seigneur, la nuit suivante, se tint près de lui et lui dit : « Aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent, à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome » (Actes 23:11). Le Seigneur ne lui fait aucun reproche, mais lui fait comprendre qu’il le regarde toujours comme son fidèle et bien-aimé serviteur, bien qu’on n’ait pas reçu sa parole.
— Le roi David ne vengea-t-il pas ses messagers ? Fit-il la guerre à ces méchants Ammonites ?
— Ce furent les Ammonites eux-mêmes qui commencèrent. Leur conscience leur parla, non pour les amener à se repentir mais pour leur montrer dans quelle fâcheuse situation ils s’étaient mis. « Ils virent qu’ils s’étaient mis en mauvaise odeur auprès de David ». Ils eurent peur et se préparèrent à se défendre. Mais comme ils ne se fiaient pas en leurs seules forces pour résister à David et à sa vaillante armée qui avaient déjà remporté tant de victoires, ils cherchèrent des alliés chez les anciens ennemis de David, « des Syriens de Beth-Rehob et des Syriens de Tsoba », et d’autres encore.
— David fut-il effrayé de voir tant de nations se réunir contre lui ?
— Non, David savait que l’Éternel était avec lui. Il disait : « Mais toi, Éternel ! tu es un bouclier pour moi … Je n’aurai pas de crainte des myriades du peuple », Psaume 3:3, 6. Lorsqu’il apprit que les Ammonites et leurs alliés se préparaient à lui faire la guerre, il rassembla toute l’armée, les hommes vaillants d’Israël, et les envoya contre ses ennemis sous la conduite de Joab qui était le neveu de David, et avait été établi chef de l’armée (2 Samuel 8:16).
— Oui, et le courageux Abishaï était son frère.
— Joab rencontra les Ammonites à Médeba, ville située sur la frontière de la tribu de Ruben. Ils s’étaient rangés en bataille devant la ville. Mais par une ruse de guerre et pour s’assurer la victoire, ils avaient fait cacher les Syriens dans la campagne. Ceux-ci devaient tomber par derrière sur les Israélites, une fois la bataille commencée.
— Cela me fait penser aux ruses du diable pour nous surprendre et nous faire tomber dans le mal.
— En effet. Nous avons à combattre contre un ennemi très rusé. Tandis que notre attention est portée d’un côté pour repousser une tentation, par exemple la paresse ou la gourmandise ou la médisance ou la légèreté, il cherchera à nous entraîner dans des pensées d’orgueil, de satisfaction de nous-mêmes.
— Que faut-il faire alors ?
— Le Seigneur nous le dit : « Veillez donc, priant en tout temps » (Matthieu 26:41, Luc 21:36). « Veillez pour prier », dit aussi l’apôtre Pierre, et nous trouvons encore quantité d’autres exhortations à la vigilance (1 Pierre 4:7 ; Colossiens 4:2, etc.). Il nous faut être comme une sentinelle, toujours éveillée et en garde contre toute attaque du « lion rugissant » qui rôde autour de nous et « comme un maître de maison » qui, averti qu’un voleur doit venir, veille pour ne pas se laisser dépouiller (1 Pierre 5:8 ; Matthieu 24:43). Joab était un général habile et vigilant. Il s’aperçut bientôt de la ruse de l’ennemi qui voulait l’attaquer par devant et par derrière. Aussitôt il dressa son plan de bataille. Pour faire face à tout, il partagea son armée en deux corps. Il se mit à la tête du premier, composé des hommes de toute l’élite d’Israël, pour combattre les Syriens qu’il estimait sans doute les plus redoutables des ennemis. Il les avait peut-être déjà combattus avec David (chap. 8:3-6). Il donna le commandement du reste de l’armée à Abishaï, son frère, pour s’opposer aux Ammonites.
— C’était un plan très sage, n’est-ce pas ?
— Oui. Joab était un homme de guerre vaillant et expérimenté mais, hélas, on ne peut dire que ce fut un homme de Dieu, malgré de belles apparences et une sorte de piété qu’il montra en quelques circonstances. Tel est le discours qu’il adressa à Abishaï avant la bataille. Il lui dit : « Si les Syriens sont plus forts que moi, tu me seras en aide ; et si les fils d’Ammon sont plus forts que toi, je t’aiderai. Sois fort, et fortifions-nous à cause de notre peuple et à cause des villes de notre Dieu ; et que l’Éternel fasse ce qui est bon à ses yeux » (1 Chron. 19:12-13).
— Quelles belles paroles ! On y voit beaucoup de zèle et dévouement pour le peuple de Dieu.
— Sans doute, et nous pouvons en tirer d’utiles leçons. Qu’apprenons-nous des premières paroles de Joab : « Tu me seras en aide … Je t’aiderai » ?
— Il nous faut nous entraider dans nos difficultés, ne pas être égoïstes et ne pas laisser les autres se tirer d’affaire comme ils le peuvent quand nous sommes en état de les secourir. Joab et Abishaï étaient frères. L’un n’aurait pas voulu laisser l’autre en danger.
— Très bien. Et cela est vrai surtout dans la vie chrétienne qui est un combat. C’est en nous encourageant l’un l’autre au bien et en priant l’un pour l’autre (Héb. 10:25 ; Col. 3:16 et 4:12), que nous pouvons nous entraider. Si tu vois quelqu’un avoir de la peine pour résister à une tentation, pour vaincre sa paresse ou son obstination ou quelqu’autre défaut, il faut, non se moquer de lui ou d’elle, mais l’encourager et prier le Seigneur Jésus de l’aider et de le soutenir. Mais il y a aussi une autre leçon dans ce que dit Joab à son frère.
— N’est-ce pas quand Joab lui dit : « Sois fort, et fortifions-nous à cause de notre peuple et à cause des villes de notre Dieu » ?
— Oui, cela nous enseigne à avoir à cœur le bien du peuple de Dieu et à y travailler de toutes nos forces. Si Joab et Abishaï n’avaient pas été courageux et fermes pour combattre, les Ammonites et les Syriens les auraient vaincus et auraient pris les villes d’Israël. Et en combattant avec énergie, ils combattaient pour Dieu car le pays d’Israël et ses villes Lui appartenaient.
— Et nous, comment pouvons-nous combattre pour le peuple de Dieu, pour l’Église ?
— C’est par la prière. Il nous faut demander à Dieu qu’il garde et soutienne ses serviteurs qui annoncent sa Parole, et qu’il bénisse tous ses enfants, afin qu’ils Lui soient fidèles et ne se laissent pas vaincre par Satan.
— C’est là ce qu’Épaphras, fidèle serviteur de Christ, faisait pour les Colossiens. Paul dit de lui : « Épaphras qui est des vôtres, esclave du Christ Jésus, vous salue, combattant toujours pour vous par des prières, afin que vous demeuriez parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu » (Colossiens 4:12). Paul aussi combattait pour les saints dans ses prières, et il demandait que les saints prient pour lui (Colossiens 1:9 et 4:3 ; Éphésiens 1:16 ; Philippiens 1:9 ; Romains 15:30-31). Et enfin, peux-tu me dire quelle est la troisième leçon ?
— Il dit : « Que l’Éternel fasse ce qui est bon à ses yeux ». Cela ne montre-t-il pas la soumission à la volonté de Dieu quoiqu’il puisse arriver ?
— En effet. Et il est bien vrai que, quand nous avons accompli notre devoir, nous pouvons en laisser les résultats à Dieu. Il fait ce qu’il trouve bon de notre travail. Par exemple, lorsqu’un serviteur de Dieu a été appelé à annoncer l’évangile quelque part, il laisse à Dieu d’agir comme il Lui semble bon. Peut-être l’ouvrier du Seigneur ne verra pas le fruit se son labeur. N’importe, il a travaillé pour son Maître.
— Tu as dit que Joab n’était pas un homme de Dieu, comment cela est-il possible ?
— Tout en disant de belles paroles, il n’agissait pas selon Dieu et faisait le mal sans en avoir de remords. Il était ambitieux et vindicatif, et voulait à tout prix garder sa haute position. Ainsi il tue Abner de peur que celui-ci ne devienne chef de l’armée et aussi pour venger son frère Azaël qu’Abner avait tué pour sa défense ; plus tard, pour une raison semblable, il met à mort Amasa. Plus tard encore, il soutiendra Adonija qui voulait se faire roi au détriment de Salomon que Dieu avait choisi (2 Samuel 3:26-27 ; 20:8-10 ; 1 Rois 1:5-7). Tu vois donc que l’on peut avoir de belles paroles dans la bouche et pas de vraie piété dans le cœur. Joab aimait peut-être sincèrement son pays. Il était, comme l’on dit, un bon citoyen, un zélé patriote. Mais cela peut exister sans qu’il y ait dans le cœur rien pour Dieu.
— Cela est bien sérieux. Je me rappelle un passage où Jésus dit qu’il y en a qui l’auront appelé : « Seigneur, Seigneur », et auxquels il dira : « Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (Matthieu 7:22-23).
— Oui, rien n’est plus triste et plus odieux au Seigneur qu’une profession de religion sans que le cœur appartienne à Dieu.
— Et quel fut le résultat de la bataille ? Les Ammonites et les Syriens furent vaincus parce qu’ils s’étaient attaqués au peuple de Dieu et à son roi, n’est-ce pas ?
— En effet. Ce ne fut pas à Joab ni à Abishaï que l’Éternel regarda, mais à David, son élu, et à Israël, le peuple qu’il aimait (Psaume 89:19-20 ; 135:4). Les Syriens s’enfuirent devant Joab, et les Ammonites, ayant vu la défaite de leurs alliés, tournèrent aussi le dos devant Abishaï et rentrèrent dans la ville. Après cette victoire, Joab revint à Jérusalem.
— Hanun était bien puni de sa faute. Est-ce qu’il se repentit et fit des excuses à David ?
— Non, car nous verrons plus tard que la guerre recommença contre lui. Mais auparavant, David eut encore à soutenir une forte lutte contre les Syriens qui avaient cependant été battus deux fois. Hadarézer, roi de Tsoba, rassembla une troisième fois les Syriens sur lesquels il régnait, et ceux avec lesquels il était allié. C’était une armée formidable, à la tête de laquelle il plaça Shobac, le chef de son armée. À cette nouvelle, David lui-même assembla tout Israël, passa le Jourdain et vint à Hélam où il rencontra les Syriens. Le roi élu de Dieu remporta une grande victoire. Sept cents chars de guerre des Syriens furent détruits, quarante mille cavaliers perdirent la vie, et Shobac lui-même fut tué. Alors les Syriens firent la paix avec David et furent ses serviteurs, et ils n’aidèrent plus les Ammonites.
— On voyait bien que l’Éternel était avec David.
— Oui, aussi pouvait-il dire : « L’Éternel est pour moi, je ne craindrai pas ; que me fera l’homme … Toutes les nations m’avaient environné ; au nom de l’Éternel, certes je les ai détruites » (Psaume 118:6, 10). Ici se termine la première partie de l’histoire de David, roi sur tout Israël. C’est une période brillante et glorieuse, où tous ses ennemis sont mis sous ses pieds. Il préfigure ainsi le Seigneur Jésus qui, à la fin, triomphera aussi de tous ses ennemis (Psaume 110, Hébreux 1:13 ; 10:12-13). La seconde partie de la vie de David nous présentera un tableau bien différent. Nous y verrons ses tristes fautes et son repentir, le châtiment qui l’atteint, mais aussi la grâce qui le restaure.
Bonne Nouvelle 1894 n° 5, pages 84 à 91
— Nous avons maintenant à nous entretenir d’une bien triste période de l’histoire de David. Ce ne furent pas des épreuves qui lui survinrent de la part de ses ennemis, il se montra lui-même son propre ennemi en péchant très gravement contre Dieu. Et il eut à subir, durant presque tout le reste de sa vie, les tristes suites de son péché.
— Je suis toujours très étonnée de voir ces saints hommes de Dieu commettre des péchés et souvent de grands péchés.
— Cela nous apprend une très grande vérité, bien humiliante. C’est que notre cœur naturel reste toujours le même, rusé et malin, toujours prêt au mal (Jérémie 17:9). C’est ce que la parole de Dieu appelle la chair, et l’apôtre Paul dit : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (Romains 7:18).
— Mais quand on est converti, le cœur n’est-il pas changé ?
— Non. Jusqu’à la mort, le cœur naturel reste le même, parce que « ce qui est né de la chair est chair », a dit le Seigneur Jésus (Jean 3:6). Quand on a été converti, on reçoit de Dieu une nouvelle nature, on est né de l’Esprit Saint (Jean 3:3, 5). Et cette nouvelle nature aime Dieu et les choses de Dieu, et déteste le mal. Celui qui est ainsi né de nouveau trouve auprès de Dieu la force pour résister à la mauvaise nature qui voudrait toujours suivre son penchant au mal car « la chair ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Romains 8:7). Il nous faut donc veiller et prier ; en demeurant ainsi près de Dieu, le mal ne nous touche pas (1 Jean 5:18). Le diable peut bien nous tenter, mais il nous est dit de lui résister et il s’enfuira loin de nous (Jacques 4:7). Il n’est pas du tout nécessaire que l’enfant de Dieu pèche ; il ne doit pas pécher (1 Jean 2:1).
— Si nous pensions toujours au Seigneur Jésus qui nous aime tant, nous ne voudrions rien faire qui l’offense.
— En effet. Si les hommes de Dieu, comme Abraham, Moïse, David et d’autres, sont tombés dans le péché, c’est qu’ils ont perdu le sentiment de la présence de Dieu, et alors le cœur naturel a pris le dessus. Dieu a voulu conserver dans sa parole le souvenir de leurs fautes pour nous avertir afin que nous évitions les pièges où ils sont tombés (1 Corinthiens 10:11-12). Mais il y a eu un homme, un seul, qui a repoussé toutes les tentations, qui n’a jamais péché, en qui il n’y avait point de fraude. Sais-tu qui c’est ?
— Oui, c’est Jésus. Il a toujours été obéissant à Dieu depuis qu’il était enfant jusqu’à sa mort (Hébreux 4:15 ; 2 Corinthiens 5:21 ; Luc 2:40:51-52 ; Philippiens 2:8).
— Il est ainsi le parfait modèle que, petits ou grands, nous avons à imiter. Maintenant venons-en à la triste histoire du péché de David. Te souviens-tu de la dernière guerre que David eut à soutenir ?
— Oui, ce fut contre les Syriens qui avaient aidé les Ammonites. Et David remporta une grande victoire. Mais tu as dit que la guerre contre les Ammonites n’était pas terminée.
— C’est vrai. « Et il arriva, au retour de l’année, au temps où les rois entrent en campagne », c’est-à-dire quand la saison fut redevenue favorable, « que David envoya Joab, et ses serviteurs avec lui, et tout Israël ; et ils détruisirent les fils d’Ammon et assiégèrent Rabba », la capitale. « Mais David resta à Jérusalem » (2 Samuel 11:1). Ce fut pour David le commencement du mal. Sa place de roi d’Israël était avec son peuple. Au lieu de combattre à sa tête contre les ennemis d’Israël, il préféra rester tranquillement à Jérusalem, dans l’oisiveté, jouissant du repos et de ses richesses royales, tandis que l’armée d’Israël endurait toutes les fatigues et les dangers de la guerre. Est-ce ainsi qu’a fait le Seigneur Jésus ?
— Non. Il est le capitaine de notre salut et il a marché à la rencontre de Satan et de la mort pour nous délivrer de leur puissance (Hébreux 2:14-15).
— Oui, et c’est ce que David avait fait en d’autres occasions, par exemple quand il combattait Goliath, exposant sa vie pour Israël. Mais maintenant « il resta à Jérusalem ». L’Écriture dit cela comme un reproche. C’est que, quand on néglige le devoir de sa position et que l’on est oisif, on n’est pas près de Dieu et alors Satan trouve accès près de nous. Il vient pour nous tenter, et on n’a pas la force de le repousser.
— C’est bien vrai. Quand on se laisse aller à ne rien faire et qu’on a cependant son travail ou ses leçons à faire, il nous vient toutes sortes de mauvaises pensées.
— Un jour, vers le soir, David s’abandonnait ainsi à l’oisiveté sur la terrasse de son palais. Il se leva de son lit de repos et regarda autour de lui. Et ses yeux tombèrent sur une femme très belle qui se lavait. Bien qu’il eût déjà pour femmes Abigaïl, Akhinoam et bien d’autres encore (2 Samuel 3:4-5 ; En ce temps-là, avoir plusieurs femmes était une chose tolérée), il conçut le désir d’avoir encore celle-ci à cause de sa beauté. Sais-tu comment on nomme ces désirs d’avoir les choses qui frappent nos sens ?
— Je crois que c’est la convoitise, n’est-ce pas ?
— Oui, et ce fut la convoitise qui entra dans le cœur d’Ève après qu’elle eut écouté le diable et qui la conduisit au péché. Lis Genèse 3 verset 6.
— « Et la femme vit que l’arbre était bon à manger, et qu’il était un plaisir pour les yeux, et que l’arbre était désirable pour rendre intelligent ; et elle prit de son fruit et en mangea ».
— Tu vois qu’elle a commencé par regarder et voir la beauté et la bonté du fruit défendu. Il lui a semblé désirable. La convoitise est ainsi entrée dans son cœur et elle a désobéi à Dieu. C’est le chemin que suit le mal quand on ne veille pas et qu’on ne reste pas près de Dieu. Lis encore Jacques 1:14-15.
— « Mais chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise ; puis la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort ».
— Voilà ce qui arriva au malheureux David. Il s’informa pour savoir qui était cette femme et apprit qu’elle se nommait Bath-Shéba et était femme de Urie, le Héthien, un des fidèles guerriers de David, nommé parmi ses plus vaillants hommes (2 Samuel 23:39), et qui était alors avec Joab au siège de Rabba.
— Oh, mais alors David ne pouvait pas la prendre pour femme !
— Non, certainement. Il ne devait pas le faire. C’était un crime que l’on nomme adultère et qui, selon la loi de Moïse entraînait la mort (Lévitique 20:10 ; Jean 8:4-5 ; Exode 20:14). Mais David n’écouta que sa passion et, oubliant Dieu et sa loi et son devoir envers Urie, il prit Bath-Shéba.
— Mais Urie, que dit-il de cette action si coupable ?
— Urie l’ignorait car David avait agi en secret, mais il aurait pu l’apprendre. Alors David ajouta un autre péché à son crime. C’est ce qui arrive bien souvent : on commet une faute pour en couvrir une autre. Nous le savons tous : pour cacher notre désobéissance ou notre paresse, nous employons la tromperie et le mensonge.
— C’est bien vrai. Un jour, tu m’avais défendu d’aller me promener avec une de mes compagnes. Mais elle me disait que ce ne serait que pour quelques minutes et j’y suis allée. Quand tu m’as demandé pourquoi je revenais si tard, j’ai répondu que j’avais été retenue à l’école. Oh ! comme j’ai été malheureuse ensuite ! Je n’osais plus te regarder, et le soir je ne pouvais pas m’endormir. Je n’ai été soulagée qu’après t’avoir dit ma désobéissance et mon mensonge. Combien j’ai pleuré !
— Oui, et le Seigneur dans sa grâce s’est servi de cela pour te faire du bien. Tu as compris que c’était contre Dieu que tu avais péché, et pas seulement envers moi. Tu es venue à Jésus et Dieu t’a pardonné tes péchés. Mais voici ce que fit David. Il ordonna à Joab de lui envoyer Urie ; et quand celui-ci fut venu, il le renvoya à Joab avec une lettre contenant ces paroles : « Placez Urie sur la première ligne au fort de la bataille, et retirez-vous d’auprès de lui, afin qu’il soit frappé et qu’il meure ».
— C’est affreux. David voulait faire croire qu’il n’était pour rien dans cette mort, que c’était un accident de guerre. Mais au fond c’était lui qui tuait Urie. Il agissait avec perfidie et ruse. Combien cela était méchant !
— Nous voyons là ce qu’est le cœur naturel de l’homme, menteur et meurtrier comme son maître Satan.
— Joab obéit-il à David ?
— Joab était un homme sans scrupules qui ne craignait pas de mettre à mort ceux qui lui déplaisaient, comme nous l’avons vu. Il ne s’étonna pas sans doute de voir David agir comme lui, et il obéit. Le brave Urie, dévoué à son roi et à son peuple, tomba dans le combat avec plusieurs autres Israélites. Quel triste exemple David donna à Joab en cette occasion ! Rien n’est plus douloureux comme de voir un enfant de Dieu jeter, par son péché, l’opprobre sur le nom de son Seigneur et donner lieu aux incrédules de dire : Il ne vaut pas mieux que nous.
— David autrefois était tombé dans plusieurs fautes comme, par exemple, quand il alla chez les Philistins. On pouvait peut-être l’excuser alors à cause de la détresse où il se trouvait, mais ici il n’avait pas d’excuse possible.
— Non, aucune. L’âme de David s’était éloignée de Dieu et était privée de la lumière de sa présence. Il était sous l’emprise du mal. Quelle triste et terrible position ! Nous voyons bien l’état où il était lorsque Joab envoya et lui rapporta tous les faits du combat en ajoutant : « Des serviteurs du roi sont morts, et ton serviteur Urie, le Héthien, est mort aussi ». Au lieu d’être affligé, David répondit froidement au messager, faisant dire à Joab de ne pas s’en inquiéter. « L’épée dévore tantôt ici, tantôt là ». Et probablement que dans son cœur David était content de savoir Urie mort, afin de pouvoir prendre tout à fait sa femme.
— C’est bien affligeant ! Mais la femme d’Urie, que dit-elle de la mort de son mari ? Ne fut-elle pas bien triste ? Comment pouvait-elle aimer David ?
— David l’avait entraînée dans son crime. Elle y avait consenti. Elle était aussi coupable que lui, mais la position de David le rendait plus responsable. Il aurait dû donner l’exemple de l’obéissance à la loi de Dieu.
— Je comprends. Si quelqu’un voulait m’entraîner à faire quelque chose de mal, je ne devrais pas l’écouter.
— Certainement non. Il faudrait faire comme Joseph qui répondit à la femme de son maître : « Comment pécherai-je contre Dieu » (Genèse 39:9).
— Ainsi Bath-Shéba consentit à être la femme de David ?
— Oui. Seulement, par convenance et pour que le monde ne se doutât de rien, elle pleura son mari. Mais quand les jours de deuil furent passés, David la prit ouvertement pour sa femme et la fit venir dans sa maison. Et après un certain temps il lui naquit un fils de Bath-Shéba.
— Comment David pouvait-il être heureux après avoir commis deux si grands péchés ? Sa conscience ne les lui reprochait-elle pas ?
— Quand on s’est éloigné de Dieu, le cœur s’endurcit et la conscience n’est plus écoutée. Il n’y a que Dieu qui puisse tirer de ce triste état. L’Éternel avait vu tout ce qui était arrivé, « et la chose fut mauvaise à ses yeux ». Il ne pouvait pas laisser passer cela et le temps vint où, dans sa compassion et sa justice, il parla à David.
Bonne Nouvelle 1894 n° 6, pages 103 à 109
— Nous avons vu l’horrible péché que David avait commis et que cette chose fut mauvaise aux yeux de Dieu. Et il ne pouvait en être autrement car Dieu hait le mal.
— Mais David ne se repentit-il pas ?
— Il se repentit, mais pas immédiatement. Il s’écoula au moins une année avant qu’il ne fût amené à s’humilier devant l’Éternel.
— Il devait être bien malheureux !
— Assurément David ne pouvait pas être heureux car il ne jouissait pas de la faveur de Dieu, et il l’exprime dans le Psaume 32 aux versets 3 et 4. Lis-les.
— « Quand je me suis tu, mes os ont dépéri, quand je rugissais tout le jour, car jour et nuit ta main s’appesantissait sur moi ; ma vigueur s’est changée en une sécheresse d’été ». Mais, si David n’était pas heureux, il devait savoir pourquoi. Comment donc n’a-t-il pas tout de suite confessé son péché, et n’a-t-il pas demandé à Dieu de lui pardonner ?
— C’est que l’orgueil de notre cœur naturel nous empêche de nous reconnaître coupables et d’avouer nos fautes. Ensuite, nous savons très bien que le Dieu juste punit le mal, on craint donc le châtiment et on cherche à oublier et, pour cela, on cherche à s’étourdir dans les occupations ou les plaisirs. C’est sans doute ce qui arriva à David.
— Comment peut-on sortir de ce triste état ?
— Il faut que Dieu intervienne et mette son doigt sur la plaie. Et il le fait par sa parole. Lis les quatre premiers versets de notre chapitre et tu verras de quelle manière touchante et saisissante à la fois l’Éternel parla à David pour agir sur sa conscience et briser son cœur si longtemps insensible.
— « Et l’Éternel envoya Nathan à David », c’est le prophète, n’est-ce pas, que l’Éternel lui avait déjà envoyé pour lui faire de si magnifiques promesses quand David voulait bâtir un temple (2 Samuel 7).
— Oui. Les prophètes étaient la bouche de l’Éternel, aussi bien pour annoncer la bénédiction que pour exhorter et reprendre (Jérémie 1:9-10).
— David dût être saisi et troublé quand il vit entrer l’homme de Dieu, comme lorsque je n’avais pas été sage et que tu venais vers moi.
— C’est bien probable. Quand on a quelque chose sur la conscience, on est mal à l’aise en la présence de personnes qui désapprouveraient notre conduite. Continue ta lecture.
— « Et il vint vers lui, et lui dit : Il y avait deux hommes dans une ville, l’un riche, et l’autre pauvre. Le riche avait du menu et du gros bétail en grande quantité ; mais le pauvre n’avait rien du tout qu’une seule petite brebis, qu’il avait achetée, et qu’il nourrissait, et qui grandissait auprès de lui et ensemble avec ses fils : elle mangeait de ses morceaux et buvait de sa coupe, et elle couchait dans son sein, et était pour lui comme une fille. Et un voyageur vint chez l’homme riche ; et il évita de prendre de son menu ou de son gros bétail pour en apprêter au voyageur qui était venu chez lui, et il a pris la brebis de l’homme pauvre, et l’a apprêtée pour l’homme qui était venu vers lui ». C’est une parabole, n’est-ce pas, comme celles que le Seigneur Jésus disait à ceux qui l’écoutaient afin de les instruire. Je crois la comprendre. L’homme riche, c’est le roi David. Et le pauvre, c’est Urie à qui David avait pris sa femme.
— C’est bien cela. David était le roi et juge sur Israël, et Nathan venait de la part de Dieu lui proposer cette parabole afin que David, en jugeant entre l’homme riche et le pauvre, fût amené à se juger lui-même.
— David le comprit-il ?
— Non. Nous sommes naturellement enclins à voir et à juger sévèrement les fautes des autres, et à passer par-dessus les nôtres. Nous sommes semblables à ces gens dont parle le Seigneur, qui voient un fétu dans l’œil de leur voisin et ne s’aperçoivent pas de la poutre qui est dans leur propre œil (Matthieu 7:3). Il en fut ainsi de David. Il fut rempli de colère contre le méchant riche et dit à Nathan : « L’Éternel est vivant que l’homme qui a fait cela est digne de mort ! Et il rendra la brebis au quadruple, parce qu’il a fait cette chose-là et qu’il n’a pas eu de pitié » (2 Samuel 12:5-6).
— Et David ne vit pas qu’il se condamnait lui-même, n’est-ce pas ?
— Non, pas encore. Alors le messager de l’Éternel, plein d’une
sainte hardiesse, lui dit ces paroles solennelles : « Tu es cet homme
», amenant ainsi le
roi coupable devant son péché et devant Dieu.
— Comme David dû être saisi ! C’était comme un coup de tonnerre.
— Oui, et Dieu agissait ainsi dans son amour qui veut pousser le pécheur à la repentance afin de le sauver (Romains 2:4). Nathan continua en rappelant à David combien l’Éternel avait été bon envers lui. Puis il ajouta : « Pourquoi as-tu méprisé la parole de l’Éternel, en faisant ce qui est mauvais à ses yeux » ? David connaissait bien la parole de l’Éternel, la loi de Moïse et les commandements qui défendent le meurtre et l’adultère (voyez par exemple le Psaume 19 où David parle si admirablement de la perfection de la loi). Et il avait méprisé cette parole ! Il avait agi comme ceux qui ne la connaissent pas, mais il était bien plus coupable qu’eux, car il savait ce qu’elle défend. Cela ne nous dit-il pas aussi quelque chose de bien sérieux ?
— Oh, oui. Nous avons maintenant toute la parole de Dieu, et nous sommes bien plus coupables encore si nous la méprisons en ne faisant pas ce qu’elle nous dit (Luc 12:47-48).
— Nathan continua encore à parler à David. Celui-ci pouvait croire que son péché n’était connu de personne, sauf peut-être de Joab. Et voilà que Nathan lui fait voir que tout est connu : « Tu as frappé avec l’épée Urie, le Héthien ; et sa femme, tu l’as prise pour en faire ta femme, et lui, tu l’as tué par l’épée des fils d’Ammon » (2 Samuel 12:9. Nous voyons bien là ce que dit l’apôtre en Hébreux 4 versets 12 et 13. Lis ce passage.
— « Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire ». Ce sont des paroles bien sérieuses.
— Le premier coup de cette épée de la Parole devait montrer à
David son ingratitude
. L’Éternel
l’avait comblé de biens. Le second coup lui montrait la grandeur de son péché
. Il avait mal agi malgré la connaissance
qu’il avait de la volonté de Dieu. Il avait méprisé
sa parole. Le troisième coup lui apprenait que son double péché était devant l’Éternel
à qui rien n’est caché
, et qui avait vu l’arrêt de mort du fidèle Urie
dans la lettre de David à Joab. Et enfin, Nathan porta à David un quatrième
coup de cette redoutable épée en lui annonçant le jugement
de Dieu. « Et maintenant, l’épée ne s’éloignera pas
de ta maison, à jamais », lui dit le prophète. « Je susciterai de ta
propre maison un mal contre toi ». Nous verrons plus tard comment
s’accomplit cette terrible menace. David devait voir des meurtres dans sa
propre famille, et quelqu’un des siens devait commettre le même péché
d’adultère en prenant les femmes de David. Mais, chose plus affreuse et
humiliante encore pour le cœur de David, Nathan ajoute de la part de
l’Éternel : « Tu l’as fait en secret, et moi, je ferai cette chose-là
devant tout Israël et devant le soleil » (2
Samuel 12:12). Tel était le jugement de Dieu et le sombre avenir placé
désormais devant David, au lieu de la paix et de la joie dont il jouissait,
même au milieu de ses épreuves, quand il était fidèle ! Quelle chose
terrible que le péché ! D’autant plus terrible quand il est commis par
quelqu’un qui connaît Dieu. Dieu ne peut pas tenir le coupable pour innocent,
et il nous est dit qu’il est un feu consumant, c’est-à-dire qu’Il juge le mal (Hébreux
12:29 ; Deutéronome 4:23-24). Combien ne doit-il pas être craint !
Combien nous devons redouter de l’offenser !
— David ne fut-il pas saisi de frayeur et ne s’humilia-t-il pas en reconnaissant son grand péché ?
— Nous verrons la prochaine fois l’effet produit sur lui par la parole de l’Éternel.
Bonne Nouvelle 1894 n° 7 et 8, pages 125 à 134:148 à 154
— Nous sommes restés, dans l’histoire de David, au moment où Nathan vient de lui annoncer le terrible jugement de Dieu. Comment David reçut-il ce message ?
— La parole de Dieu est comparée à un marteau qui brise le roc (Jérémie
23:29), et aussi à une épée qui transperce. Sous les coups répétés de ce
marteau, le cœur de David fut brisé et l’épée de la Parole atteignit sa
conscience. Il vit l’horreur de sa faute, et s’écria : « J’ai péché
contre l’Éternel ». Remarque bien cette parole. C’est contre l’Éternel
qu’il reconnaît avoir péché parce qu’il avait
transgressé ses commandements. La moindre faute que nous commettons en pensées
ou en actes est contre Dieu.
— David s’humilie enfin et confesse son péché. Il devait être bien soulagé.
— Je le pense. Mais ce n’est pas tout. David n’ajoute rien à sa confession. Il attend la sentence que l’Éternel prononcera sur lui. Il savait bien que la loi prononçait la peine de mort contre son double crime. Que pouvait-il dire ? Mais il y avait autre chose que la loi, quelque chose qui vient du cœur de Dieu. Sais-tu ce que c’est ?
— C’est le pardon. Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il vive (Ézéchiel 33:11).
— Tu as raison. Si la grâce, l’amour de Dieu envers des coupables, n’existait pas, nous qui sommes tous pécheurs nous péririons. « Vous êtes sauvés par la grâce », dit l’Écriture (Éphésiens 2:8). Mais comment Dieu qui est juste peut-il ne pas punir des pécheurs ?
— Jésus a souffert et est mort à la place des pécheurs, et c’est à cause de Lui que Dieu peut nous pardonner (Romains 3:24).
— Tu dis bien, et c’est en cela que paraît le grand amour dont Dieu nous a aimés (Éphésiens 2:4).
— Ainsi Dieu pardonna à David ?
— Oui. Nathan lui déclara de la part de Dieu que l’Éternel avait fait passer son péché et qu’il ne mourrait point.
— Comment Dieu pouvait-il pardonner à David puisque le Seigneur Jésus n’était pas encore venu mourir pour les pécheurs ?
— Dieu nous l’explique dans un passage de l’épître aux Romains (chapitre 3 versets 25-26). Il savait dès l’éternité que l’homme pécherait et, dès l’éternité aussi, il avait préparé un moyen de Salut. Son Fils bien-aimé devait venir et être une victime pour le péché. Lis 1 Pierre 1v 19-20, Tite 1:2. C’est à cause de ce sacrifice qui devait être accompli que Dieu pouvait supporter les péchés et faire grâce aux pécheurs repentants avant la venue du Seigneur Jésus.
— Mais David ne pouvait pas savoir cela.
— Non, mais il croyait Dieu qui lui donnait l’assurance de son
pardon. C’est ainsi qu’Abraham fut aussi justifié (Romains 4:3-5), et c’est
aussi de cette manière que le pécheur est sauvé maintenant. C’est en croyant
Dieu : « Vous êtes sauvés par grâce, par la foi
» (Romains 5:12).
— Nous avons à nous confier simplement en Dieu. Combien cela est précieux pour nous de connaître son amour et sa miséricorde ! David n’était-il pas bien heureux après que l’Éternel lui eût dit qu’il ne mourrait pas ?
— Oui, il exprime son bonheur dans un beau psaume. Mais il y en a un autre dans lequel il dit sa profonde douleur d’avoir offensé l’Éternel, son Dieu, qui l’avait comblé de tant de bénédictions. On peut y voir combien sa repentance est vraie et sérieuse, et comme il se juge devant Dieu. Lis les quatre premiers versets du Psaume 51.
— « Use de grâce envers moi, ô Dieu ! selon ta bonté ; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions. Lave-moi pleinement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché. Car je connais mes transgressions, et mon péché est continuellement devant moi. Contre toi, contre toi seul, j’ai péché, et j’ai fait ce qui est mauvais à tes yeux ; afin que tu sois justifié quand tu parles, trouvé pur quand tu juges ».
— Tu vois quelle douleur David éprouvait, quel besoin de la grâce et du pardon il ressentait. C’est là, sans doute, ce qui remplissait de plus en plus son cœur à mesure que les paroles de Nathan se faisaient entendre. Le verset 5 nous apprend que David reconnaissait aussi qu’il était pécheur de nature. « Voici, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et dans le péché ma mère m’a conçu », dit-il. C’est une triste vérité. Nous naissons tous pécheurs, ayant le péché en nous. C’est l’héritage que tous les hommes tiennent d’Adam, Romains 5:12, et c’est de ce fond de notre être que viennent tous les péchés (Matthieu 15:19). Quel bonheur d’avoir Jésus qui nous sauve du péché et de nos péchés (Romains 6:2, 6, 11 ; Colossiens 2:13) ! Mais David ne connaissait pas cela. Il savait que Dieu prend plaisir à un cœur vrai, qui ne cache rien, et il confessait sa faute. Il savait que Dieu est miséricordieux, plein de compassion et qu’il peut pardonner (Psaume 130:4), et, dans l’angoisse de son cœur, il l’implore avec insistance pour être pardonné, lavé et purifié. Lis le verset 7.
— « Purifie-moi du péché avec de l’hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige ». Que veut dire David en demandant d’être purifié avec de l’hysope ?
— L’hysope était une petite plante qui poussait sur les vieilles murailles. Le cèdre est le symbole de la grandeur humaine, l’hysope de la petitesse (1 Rois 4:33). On s’en servait pour faire des aspersions, spécialement dans la purification du lépreux, et aussi celle d’un homme qui s’était rendu impur en touchant un corps mort. Dans la Pâque, on aspergeait le linteau et les poteaux de la porte avec un bouquet d’hysope trempé dans le sang de l’agneau pascal (Exode 12:22). Pour la purification du lépreux, on l’aspergeait sept fois avec le passereau vivant, du bois de cèdre et de l’hysope plongés dans le sang du passereau égorgé (Lévitique 14:2-7, voyez aussi Nombres 19:6 et 18, et Jean 19:29). David se considérait sans doute comme souillé par la lèpre du péché, et rendu impur par le meurtre qu’il avait commis, et il demande à Dieu de le purifier intérieurement, dans son âme, de même que le lépreux et l’homme impur étaient purifiés extérieurement. Dieu seul pouvait le faire.
— C’est le sang de Jésus Christ qui nous purifie de tout péché, n’est-ce pas ? (1 Jean 1:7).
— Sans doute. Nous savons cela, mais David ignorait cette précieuse vérité. Seulement il avait confiance dans les compassions de Dieu.
— Être plus blanc que la neige aux yeux de Dieu, comme c’est dit au verset 7 du Psaume 51 est bien beau. Ne plus avoir aucune tache de péché sur soi, de sorte que nous plaisions à Dieu. C’est quand nous avons été lavés dans le sang de Christ que nous sommes tels, n’est-ce pas ? (Apocalypse 1:5). Et je me rappelle aussi que ceux qui sont devant le trône et devant l’Agneau sont vêtus de longues robes blanchies dans son sang (Apocalypse 7:9 et 14). Comme l’on aimerait y être déjà.
— Nous y serons bientôt. En attendant, demandons au Seigneur d’être du nombre de ceux qui, lavés de leurs péchés, prennent soin de marcher purement dans ce monde (Apocalypse 3:4-5 ; 2 Corinthiens 6:17 ; 7:1). Maintenant continuons notre Psaume qui exprime si bien les sentiments de David et ceux de toute âme vraiment repentante. Lis le verset 8 du Psaume 51.
— « Fais-moi entendre l’allégresse et la joie, afin que les os que tu as brisés se réjouissent ». David était bien malheureux jusqu’à ce que Dieu lui eût pardonné.
— Oui, et il en est ainsi pour tout enfant de Dieu qui a fauté. Tant qu’il n’est pas rentré dans la communion de son Père céleste, il n’y a pas de bonheur pour lui. David continue à supplier Dieu d’ôter son péché de devant ses yeux : « Cache ta face de mes péchés, et efface toutes mes iniquités », dit-il. Il voudrait que le Dieu juste et saint ne regardât point à ses fautes parce qu’il sait qu’elles ne peuvent que provoquer son jugement et empêcher David de jouir de la clarté de sa face. David sait bien aussi qu’il a un cœur naturel rusé et malin qui ne peut que l’entraîner au mal, et il adresse à Dieu cette prière : « Crée-moi un cœur pur, ô Dieu ! et renouvelle au dedans de moi un esprit droit ». Un cœur pur est un cœur qui est tout entier pour Dieu, un esprit droit est celui qui ne cherche point de détours pour cacher ses fautes. Mais c’est Dieu qui seul peut créer en nous ce cœur et cet esprit. Lis à ce sujet Éphésiens 2:10 ; Romains 12:2 et comparez Tite 3:5.
— Ah ! David se souvenait de ce qu’il avait fait pour cacher son grand péché.
— Oui, et il se rappelait comment son cœur s’était laissé aller à une affection coupable. Et en y pensant, il sentait que, si Dieu le traitait selon ses mérites, il le bannirait de sa présence. C’est pourquoi David dit : « Ne me renvoie pas de devant ta face, et ne m’ôte pas l’esprit de ta sainteté. Rends-moi la joie de ton salut » (Psaume 51:12).
— Pauvre David ! Comme il souffrait ! Mais c’était bon pour lui, n’est-ce pas ?
— Oui, et il lui était bon de sentir toute l’amertume du péché afin qu’ensuite il pût apprécier la grandeur de la grâce de Dieu. Et voici que, maintenant son crime odieux se dresse devant ses yeux. « Ô Dieu ! » s’écrie-t-il, « délivre-moi de la coulpe du sang, ô Dieu, Dieu de mon salut ! » De quel sang voulait-il parler ?
— De celui d’Urie, cet homme innocent qu’il avait fait périr.
— L’image de ce brave serviteur mourant par son ordre sous l’épée des Ammonites se présentait à lui. Quelle chose terrible !
— David n’aurait-il pas pu offrir un sacrifice pour son péché ? Dans le Lévitique, nous avons vu que si un homme avait péché, il devait sacrifier un jeune taureau ou un agneau.
— Il n’y avait point de sacrifice pour ce dont David s’était rendu coupable. La peine prononcée était la mort et David le savait. Aussi dit-il : « Tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, autrement j’en donnerais ; l’holocauste ne t’est point agréable. Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. Ô Dieu ! tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié ». Tout ce que David pouvait offrir était une vraie repentance.
— Mais David trouva enfin la paix, n’est-ce pas ?
— Oui. Il crut la parole que Dieu lui adressa par la bouche de Nathan : « L’Éternel a fait passer ton péché » (2 Samuel 12:13). Et alors son cœur fut mis au large, il connut la joie du salut et exprima le bonheur qu’il ressentit dans un beau psaume. Lis Psaume 32 versets 1, 2 et 5.
— « Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, [et] dont le péché est couvert ! Bienheureux l’homme à qui l’Éternel ne compte pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude. Je t’ai fait connaître mon péché, et je n’ai pas couvert mon iniquité ; j’ai dit : Je confesserai mes transgressions à l’Éternel ; et toi, tu as pardonné l’iniquité de mon péché ».
— Le Psaume 51 est la douloureuse confession de son péché, et celui-ci exprime que l’Éternel lui a tout pardonné, et qu’il jouit de nouveau de la présence de Dieu. Quelle joie dans ce pauvre cœur qui avait été si brisé ! Il en est de même pour nous. Quand nous croyons la déclaration de Dieu que nous sommes justifiés par le sang de Jésus (Romains 3:24-25), nous sommes en paix avec Dieu, et nous jouissons du même bonheur que David. C’est ce que Paul déclare (Romains 4:6). Et l’apôtre Jean dit aussi : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Mais si David avait reçu le pardon, il devait cependant ressentir la douloureuse conséquence de son péché.
— Mais Dieu, lui ayant pardonné, ne se souvenait plus du péché de David, n’est-ce pas ?
— Il y a un sage et juste gouvernement de Dieu envers les saints comme envers tous les hommes. Selon les lois de ce gouvernement, il y a toujours des conséquences à une faute commise, bien que la grâce souveraine de Dieu puisse faire servir ces conséquences au bien des saints. Quand tu as commis une faute et que tu viens le confesser à ton père ou à moi, nous te pardonnons. Mais tout en te pardonnant, nous sommes souvent obligés de te punir d’une manière ou d’une autre afin de te corriger de cette faute. Il en est de même dans le gouvernement de Dieu. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée…Il nous discipline pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté » (Hébreux 12:6 et 10). Il y a aussi une autre raison pour laquelle Dieu châtia David. Lis dans 2 Samuel 12 les versets 13 et 14. Tu y verras aussi de quelle manière David fut frappé.
— « Et David dit à Nathan : J’ai péché contre l’Éternel. Et Nathan dit à David : Aussi l’Éternel a fait passer ton péché : tu ne mourras pas ; toutefois, comme par cette chose tu as donné occasion aux ennemis de l’Éternel de blasphémer, le fils qui t’est né mourra certainement ». L’Éternel ne voulait pas que les méchants puissent dire qu’Il était injuste et qu’Il passait par-dessus le mal sans le punir.
— C’est bien cela. L’Éternel veut toujours que sa sainteté soit maintenue aux yeux de tous. Le petit enfant n’avait rien fait, mais ce n’était pas un malheur pour lui de mourir : il était recueilli auprès de Dieu sans avoir connu le mal. Et pour David, cela lui était plus sensible que toute autre peine qui l’eût frappé car il avait un cœur sensible et il aimait son enfant. « L’Éternel frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David ; et il fut très malade ». Bien que la sentence de mort ait été prononcée, David supplia Dieu pour l’enfant. Dans sa douleur, il jeûna et se coucha sur la terre nue. En vain ses serviteurs voulurent le consoler. David qui connaissait les compassions de Dieu espérait toujours que sa prière serait exaucée et que l’enfant vivrait. Mais l’Éternel avait parlé et ne pouvait révoquer sa sentence. Il y a un cas semblable où l’Éternel, malgré l’affection qu’il portait à un de ses serviteurs, ne voulut pas lui accorder sa requête. Il s’agit de Moïse.
— Ah ! oui. Dieu lui avait dit qu’il n’entrerait pas en Canaan parce qu’il n’avait pas glorifié l’Éternel devant le peuple, et quand plus tard Moïse demanda avec instance d’entrer dans le bon pays, l’Éternel lui dit : « Ne me parles plus de cette affaire » (Nombres 20:12 ; Deutéronome 3:23-28).
— Le septième jour, l’enfant mourut, et les serviteurs de David craignaient de lui annoncer cette triste nouvelle après l’avoir vu si affligé quand l’enfant vivait encore. Mais David, voyant ses serviteurs se parler tout bas entre eux, devina ce qui était arrivé et leur dit : « L’enfant est-il mort » ? Et ils répondirent : « Il est mort ». Alors « David se leva de terre, et se lava et s’oignit, et changea de vêtements ; et il entra dans la maison de l’Éternel et se prosterna ». Ensuite, étant rentré chez lui, il demanda qu’on lui servît à manger.
— Ses serviteurs durent être bien surpris de sa réaction.
— Devant l’étonnement de ses serviteurs, David leur dit : « Tant que l’enfant vivait encore, j’ai jeûné et j’ai pleuré, car je disais : Qui sait : l’Éternel me fera grâce, et l’enfant vivra ? Mais maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Pourrais-je le faire revenir encore ? Moi, je vais vers lui, mais lui ne reviendra pas vers moi ».
— Cela ne m’empêche pas de trouver bien étrange ce que David fait et dit.
— En agissant ainsi, David reconnaît la volonté de Dieu qui est toujours bonne et parfaite, et il s’incline devant elle. C’est ce qu’il aurait dû faire dès le début, en confessant qu’il avait bien mérité le châtiment. Maintenant il dit avec soumission : « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait » (Psaume 39:9). C’est un fruit de l’épreuve. Ensuite David exprime son espérance. L’enfant est bien où il est, et David ira le rejoindre dans le repos. N’est-ce pas là aussi, avec plus de certitude, les sentiments que nous devons avoir quand Dieu retire à Lui quelqu’un que nous aimons ?
— Oui. Nous avons à voir en cela la volonté de Dieu et l’adorer. Et nous devons aussi penser au bonheur de ceux qui s’en vont auprès du Seigneur, où nous irons aussi.
— Te souviens-tu de ce que l’apôtre Paul écrivait aux Thessaloniciens ?
— Oui, il leur dit de ne pas s’affliger quand quelqu’un des leurs mourait, comme s’ils n’avaient pas d’espérance. Ensuite il leur parle de la résurrection de ceux qui s’étaient endormis en Christ, et il dit que « nous les vivants » irons avec eux à la rencontre du Seigneur, quand il viendra et nous appellera tous (1 Thess. 4:13-18).
— David ne connaissait pas cette merveilleuse révélation ; mais il savait que l’Éternel ne le laisserait pas dans le sépulcre, et il sera avec son enfant au nombre des ressuscités dans la glorieuse journée que nous attendons (Psaume 16:10). Bien que ce psaume s’applique à Christ, nous y voyons aussi une expression de l’espérance des anciens saints. Tu peux encore lire Ésaïe 25:8 ; 26:19. Nous voyons ensuite dans l’histoire de David une nouvelle preuve des richesses de la grâce de Dieu. Le roi avait été bien affligé d’abord, puis il s’était soumis à la volonté de Dieu qui lui avait retiré son enfant. Et maintenant l’Éternel, pour les consoler et les assurer de sa bonté, donne à David et Bath-Shéba un autre fils. N’est-ce pas que c’était leur dire d’une manière touchante qu’Il avait mis en oubli leur affreux péché ? Il retire à Lui l’enfant qui le leur aurait toujours rappelé, et leur donne un fils qui sera le témoin de sa grâce envers eux. Aussi David nomma-t-il cet enfant Salomon.
— C’est le grand roi qui bâtit le temple, le fils que l’Éternel avait promis à David, n’est-ce pas ?
— Oui, et il est le type du Seigneur Jésus dans son règne de
paix. Son nom, qui veut dire pacifique
,
annonce ce que serait son règne, et en le lui donnant, David rend aussi le
témoignage que maintenant il est en paix avec Dieu. Mais l’Éternel y ajoute une
précieuse déclaration. Lis le verset 25.
— « Et l’Éternel l’aima ; et il envoya par Nathan le prophète, et l’appela du nom de Jedidia, à cause de l’Éternel ». Que veut donc dire ce nom ?
— Il signifie : « bien-aimé de l’Éternel ».
— Quel beau nom. Cela rappelle aussi que Jésus, dont Salomon était le type, est le Fils bien-aimé de Dieu. David était heureux maintenant. Combien l’Éternel avait montré de miséricorde envers lui. Il lui pardonna ses péchés et lui donna ce qui pouvait réjouir son cœur.
— C’est ainsi que Dieu agit avec nous. Il nous sauve, puis il nous enrichit des dons de sa grâce. Mais l’Éternel avait prononcé d’autres paroles de jugement contre David à cause du meurtre d’Urie et nous en reparlerons plus tard. Ce chapitre 12 se termine en nous rapportant la défaite totale des Ammonites.
— Tu m’avais dit que la guerre contre eux avait continué. Est-ce David qui remporta la victoire ?
— Non, ce fut Joab. Il assiégeait la ville royale, la capitale, où le roi s’était retiré, et il la réduisit à la dernière extrémité, de sorte qu’elle était déjà comme prise. Mais avant de s’en emparer, il envoya des messagers à David pour l’inviter à venir achever la conquête.
— Pourquoi fit-il cela ?
— Avec tous ses grands défauts, Joab avait un vrai attachement pour le roi David. Il ne voulait pas lui ravir une partie de sa gloire. Il dit donc à David : « Et maintenant, assemble le reste du peuple, et campe contre la ville et prends-la, de peur que moi je ne prenne la ville, et qu’elle ne soit appelée de mon nom », c’est-à-dire de peur qu’on ne m’en attribue la gloire. David vint donc avec une armée et prit la ville après de derniers combats. Il s’empara de la couronne que le roi des Ammonites portait sur sa tête. Elle était en or, enrichie de pierres précieuses, et on la mit sur la tête de David. Il emmena aussi de la ville une grande quantité de butin. Mais une chose triste à dire, c’est que David traita les malheureux Ammonites avec une rigueur, on peut même dire une cruauté, que certainement l’Éternel ne lui avait pas commandée.
— Que leur fit-il. Les fit-il mourir ?
— Oui. En ce temps-là, c’était le sort souvent réservé aux vaincus ; et nous voyons que l’Éternel avait ordonné aux Israélites d’exterminer ainsi les peuples cananéens. Mais David fit périr les Ammonites dans de cruels supplices. Il les mit, nous est-il dit, sous la scie, sous des herses et des haches de fer, et en brûla dans des fours à briques. Jamais Dieu n’ordonna de telles choses.
— D’où vient donc que David se montra si barbare ?
— Nous pouvons penser que cela fut aussi une suite de son péché qui avait agi sur son caractère et son esprit. Il pensait peut-être de cette manière, par un zèle outré contre les ennemis d’Israël, plaire à l’Éternel qu’il avait offensé par son grand péché. Nous avons maintenant à voir une douloureuse partie de la vie de David.
Bonne Nouvelle 1894 n° 9 et 10, pages 166 à 171:187 à 192
— Nous avons à nous entretenir d’un temps très douloureux par lequel David eut à passer. Il avait déjà tant souffert avant de parvenir à la royauté. Mais alors, il souffrait comme un homme juste persécuté par un méchant roi, tandis que maintenant il va souffrir à cause de ses fautes. Le châtiment, que lui avait annoncé le prophète Nathan, ne l’avait pas encore atteint (Relisez chapitre 12:10-12). Et chose plus douloureuse que toutes, c’est de sa propre famille, de ses fils, que vont lui venir à présent toutes ses afflictions. Sans doute David, qui avait pris plusieurs femmes et avait eu un grand nombre d’enfants (2 Samuel 3:1-5), ne sut pas maintenir parmi eux une sage discipline et se montra faible envers eux. Ils devinrent ainsi, sous la main de Dieu, les instruments dont Il se servit pour châtier son pauvre serviteur. À la fin de sa vie, David le reconnaît avec douleur (2 Samuel 23, début du verset 5).
— Mais, en se conduisant mal, les fils de David n’en étaient pas moins coupables.
— Certainement, aussi le jugement de Dieu les atteignit-il. Notre histoire nous fera voir de très tristes côtés du cœur naturel de l’homme. L’aîné des fils de David se nommait Amnon, et avait pour mère Akhinoam dont le nom seul nous a été conservé. Un jour Amnon traita sa sœur Tamar de la façon la plus outrageante, une belle jeune fille dont la mère Maaca, fille de Talmaï roi de Gueshur, était une autre femme de David. Tamar avait un frère, Absalom, aussi fils de David, qui ressentit très vivement l’injure faite à sa sœur par Amnon. Mais il dissimula son ressentiment et ne lui en dit rien pour le moment. Seulement il garda contre Amnon une haine profonde et attendit le moment propice pour se venger.
— Le roi David n’apprit-il point ce qui avait eu lieu, et ne dit-il rien à Amnon ?
— Il fut très irrité quand il entendit parler de toutes ces choses, mais il ne semble pas qu’il ait infligé aucun châtiment à Amnon. Et cependant, la loi de Moïse prononçait un jugement sévère sur une faute telle que celle qu’Amnon avait commise.
— C’est en cela que David fut faible, n’est-ce pas ?
— Oui. Comme roi, David devait rendre la justice, même contre son propre fils, et, s’il l’avait fait, il aurait peut-être prévenu les tristes circonstances qui eurent lieu. Deux ans plus tard, à l’occasion de la tonte de ses brebis, Absalom fit un festin comme c’était l’usage, et y convia le roi David et tous ses fils. David ne voulut point venir : « Non, mon fils », dit-il à Absalom, « nous n’irons pas tous, et nous ne te serons pas à charge », et il bénit son fils.
— Pourquoi David bénit-il son fils en cette occasion ?
— C’était sans doute pour lui témoigner son affection, et lui montrer qu’il lui savait gré de son invitation. En même temps, c’était le recommander à l’Éternel.
— Absalom devait être heureux de cette bénédiction.
— Oui, il l’aurait été si son cœur n’avait pas été plein de mauvaises pensées de haine et de vengeance. Absalom était un jeune homme qui n’avait aucune crainte de l’Éternel dans son âme. Voyant que son père refusait de venir, il lui dit : « Si tu ne viens pas, que mon frère Amnon, je te prie, vienne avec nous ». C’était comme pour lui faire honneur puisque Amnon était l’aîné. David, ayant peut-être quelque crainte, répondit d’abord : « Pourquoi irait-il avec toi » ? Mais Absalom le pressa tant qu’enfin David consentit, et Amnon alla avec tous les autres fils de roi.
— J’ai bien peur pour Amnon. Le voilà au pouvoir d’Absalom. N’est-ce pas une chose très triste que de conserver ainsi de la haine dans son cœur ?
— C’est bien vrai, mais nous avons là un des traits caractéristiques du cœur naturel de l’homme. Il hait celui qui l’a offensé et n’a d’autres pensées que de se venger de lui. Combien cela est différent de l’esprit de Christ « qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas d’outrage » (1 Pierre 2:23), et qui dit dans sa parole de ne pas nous venger nous-mêmes, Romains 12:19, et encore : « Faites du bien à ceux qui vous haïssent » (Matthieu 5:44). Voilà donc Amnon et tous les autres fils du roi à table chez Absalom, et se réjouissant du festin que celui-ci leur faisait. Tout à coup, au moment le plus gai de la fête, les serviteurs d’Absalom se jettent sur le malheureux Amnon et le tuent. Leur maître leur avait dit : « Quand le cœur d’Amnon sera gai par le vin, et que je vous dirai : Frappez Amnon, alors tuez-le », et l’ordre fut ponctuellement exécuté. Ainsi Amnon, qui n’avait pas eu pitié de sa sœur Tamar quand elle le suppliait, fut aussi mis à mort sans pitié. La joie du festin fut changée en deuil ; les autres fils du roi, frappés de terreur, s’enfuirent.
— C’est une scène terrible. Un frère qui fait égorger son frère sous ses yeux.
— C’est bien l’œuvre du diable, meurtrier dès le commencement (Jean 8:44), comme aussi Amnon avait suivi les suggestions du diable en donnant libre cours à ses passions. Tout cela nous montre de quoi est capable le cœur de l’homme livré à lui-même (Lisez Romains 3:15-18 ; ce qui se passe entre Absalom et Amnon en est l’illustration). Et combien il est triste de voir ces choses se passer dans la famille d’un homme de Dieu ! Mais c’était le commencement de l’accomplissement de la parole de L’Éternel : « L’épée ne s’éloignera pas de ta maison, à jamais, parce que tu m’as méprisé, et que tu as pris la femme d’Urie, le Héthien, pour qu’elle fût ta femme… et lui, tu l’as tué » (2 Samuel 12:10 et 9). « On ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Galates 6:7).
— David dut être bien affligé en apprenant cette nouvelle !
— Il le fut d’autant plus que le premier bruit qui parvint jusqu’à lui fut : « Absalom a frappé tous les fils du roi, et il n’en reste pas un seul » (2 Sam. 13:30). C’est ce qui arrive bien souvent parmi les hommes : on exagère les choses. David, dans sa grande douleur, déchira ses vêtements et se coucha par terre, et ses serviteurs firent comme lui, partageant sa peine. Mais il y avait là un neveu de David, nommé Jonadab, ami d’Amnon, mauvais ami car il avait insinué le mal qu’Amnon avait fait à Tamar. Ce Jonadab, fils de Shimha, frère de David, comprit bien vite ce qui était arrivé, et dit à David : « Que mon seigneur ne pense pas qu’on ait tué tous les jeunes hommes, fils du roi, car Amnon seul est mort ; car cela a eu lieu par l’ordre d’Absalom, qu’il avait arrêté dès le jour qu’Amnon humilia Tamar, sa sœur ». Et en effet, quelques instants après arrivèrent tous les fils du roi et, en revoyant leur père, ils pleurèrent avec lui très amèrement.
— Ce Jonadab ne semble pas avoir eu un bien beau caractère. Après avoir conseillé le mal à Amnon, et prévu ce qui arriverait, il n’a pas l’air du tout ému de la mort de son malheureux ami.
— Hélas ! C’est ce que l’on voit même dans le monde des enfants. Un tel engage quelque fois un camarade à désobéir, mentir ou prendre quelque chose qui ne lui appartient pas, et s’il leur arrive du mal, il pense froidement : Tant pis pour eux ; moi, cela ne me regarde pas.
— Nous ne devons pas écouter les mauvais conseils.
— Non. Le sage Salomon a dit : « Si les pécheurs cherchent à te séduire, n’y acquiesce pas » (Proverbes 1:10).
— Que fit le roi à Absalom en apprenant le meurtre qu’il avait commis ?
— Il ne put rien lui faire car Absalom s’enfuit auprès de Talmaï, roi de Gueshur, son grand-père, et il resta là trois ans. Ce triste récit nous montre combien une seule faute apporte quelquefois l’amertume dans toute une vie, et le reste de l’existence de David le montre. C’est pourquoi il nous faut demander au Seigneur : « Garde aussi ton serviteur des péchés commis avec fierté ; qu’ils ne dominent pas sur moi : alors je serai irréprochable, et je serai innocent de la grande transgression » (Psaume 19:13). Absalom s’enfuit donc et resta trois ans auprès de son grand-père. Pendant ce temps, David s’était consolé de la mort d’Amnon, et son cœur soupirait après Absalom qu’il aimait beaucoup.
— Cela semble étrange. Comment David pouvait-il oublier ce qu’Absalom avait fait ?
— Le cœur d’un père aime ses enfants malgré leurs fautes, et est toujours enclin à leur pardonner. Mais il faut que ce soit sans faiblesse, et si l’enfant mérite un châtiment, il doit le subir.
— Penses-tu que David fût faible envers ses enfants ?
— Je le crois. Toute cette histoire nous le montre. David semble avoir eu pour Absalom une affection toute particulière.
— Cela m’étonne aussi car j’aurais cru qu’il devait aimer surtout le jeune Salomon, le bien-aimé de l’Éternel. Qu’est-ce qui le faisait tant aimer Absalom ?
— Absalom était d’une beauté remarquable. « Dans tout Israël il n’y avait pas d’homme beau comme Absalom et si fort à louer pour sa beauté ; depuis la plante de ses pieds jusqu’au sommet de sa tête, il n’y avait point en lui de défaut » (2 Samuel 14:25). Sa chevelure abondante ajoutait encore à sa beauté. Or bien souvent la beauté attire le cœur des parents qui sont, hélas, parfois trop enclins à avoir pour un tel enfant une grande indulgence, une indulgence funeste. Ce fut peut-être le cas de David à l’égard d’Absalom.
— Mais ce n’est pas bon, n’est-ce pas ?
— Certes non. Quand on a cette fâcheuse indulgence de ne pas reprendre les enfants et de ne pas les corriger, on laisse leurs défauts s’enraciner. Les parents qui agissent ainsi préparent de grandes douleurs pour eux-mêmes et pour leurs enfants. Ceux-ci deviennent indépendants et intraitables. Nous en verrons l’exemple dans Absalom et David. Absalom vérifia cette parole du sage : « Un fils insensé est un chagrin pour son père » (Proverbes 17:25).
— Comment Absalom fit-il pour revenir auprès de son père ? Lui demanda-t-il pardon ?
— Nous ne voyons rien de semblable à de l’humiliation chez ce fier jeune homme. Ce fut Joab qui s’aperçut de désir qu’avait David de faire revenir Absalom : « Joab, fils de Tseruïa, s’aperçut que le cœur du roi était pour Absalom » (2 Samuel 14:1), et il se servit d’une femme habile qu’il fit venir pour persuader David de faire rentrer Absalom. D’après elle, puisque Dieu n’avait point ôté la vie à Absalom, David aurait tort de ne point le rappeler auprès de lui. Le roi reconnut bien que c’était Joab qui avait tout arrangé, et lui dit qu’il eût à faire revenir Absalom. Joab en fut bien content, il s’en alla chercher Absalom à Gueshur et le ramena à Jérusalem. Mais David refusa de voir son fils coupable et dit : « Qu’il se retire dans sa maison, et qu’il ne voie point ma face ». C’est ce qui eut lieu, et pendant deux ans Absalom resta dans sa maison sans voir le roi.
— Pourquoi Joab tenait-il tant à ce que Absalom revînt à Jérusalem ?
— Joab, comme tu le sais, était un homme du monde, sans crainte de Dieu. Pour lui qui avait tué Abner en trahison et pour se venger de ce que celui-ci avait tué son frère Hasaël en légitime défense, le crime d’Absalom n’en était pas un. Il s’était vengé, voilà tout, pensait Joab. Et puisque David désirait que son fils revînt, pourquoi ne pas lui donner ce plaisir. Ensuite Joab était ambitieux. Il pensait peut-être que, David venant à mourir, Absalom serait roi et il voulait se ménager sa faveur. Hélas ! Tous ses plans furent renversés, comme nous le verrons, car ils n’étaient pas selon Dieu. Dieu n’était pas dans les pensées de Joab.
— Pourquoi David ne voulut-il pas voir Absalom après lui avoir permis de revenir ?
— Absalom n’avait manifesté aucun repentir de son crime. Il n’avait pas demandé, en s’humiliant, de pouvoir retourner à Jérusalem. Et quand son père l’y eut rappelé, il ne fut pas touché de sa bonté et n’implora pas son pardon. Comment David aurait-il pu recevoir un tel orgueilleux ?
— Cela me fait penser au fils prodigue de Luc 15. Quel contraste avec Absalom ! Il sentait sa misère dans le pays éloigné, et quand il revient vers son père, c’est avec un cœur brisé et repentant. Il confessait son péché. Alors son père le reçoit et lui accorde son pardon.
— Oui, et c’est ainsi que le pécheur doit aussi revenir vers Dieu, s’il veut trouver grâce. C’est en s’humiliant et en confessant son péché. Il est écrit : « Celui qui cache ses transgressions ne prospérera point, mais celui qui les confesse et les abandonne obtiendra miséricorde » (Proverbes 28:13). Mais Absalom ne confessa point sa faute et n’abandonna point ses mauvaises pensées. Aussi combien sa fin fut misérable !
— Que fit-il donc à Jérusalem puisque David ne voulait rien avoir à faire avec lui ?
— Il aurait bien voulu voir le roi car c’était une très grande humiliation pour lui d’être tenu à l’écart. Mais son cœur orgueilleux ne voulait pas s’abaisser à demander pardon. Et comme il avait une propre volonté indomptable, il chercha un moyen d’arriver à ses fins. Pauvre Absalom ! Il ignorait ce que la parole de Dieu dit : « L’orgueil va devant la ruine, et l’esprit hautain devant la chute » (Proverbes 16:18). Il en fit la douloureuse expérience.
— Quel moyen employa-t-il donc pour se faire recevoir par le roi ?
— Il pensa que, puisque Joab l’avait aidé à revenir à Jérusalem, il parlerait aussi à David en sa faveur. Il envoya donc deux fois chercher Joab, mais celui-ci ne voulut point venir. Alors Absalom, pour l’y forcer, ordonna à ses serviteurs de mettre le feu à un champ d’orge appartenant à Joab.
— Quel singulier moyen !
— Oui, mais il réussit. Tu peux voir en cela la volonté sans frein d’Absalom, qui ne recule devant rien pour accomplir ce qu’il a résolu. C’est le caractère du cœur naturel de l’homme influencé par Satan : « Remplis de toute injustice, de méchanceté, de cupidité, de malice, — pleins d’envie, de meurtres, de querelles, de fraude, de mauvaises mœurs » (Romains 1:29-30). Joab, irrité sans doute, vint demander à Absalom : « Pourquoi tes serviteurs ont-ils mis le feu à mon champ ? » (2 Samuel 14:31). Absalom répondit : « Voici, j’ai envoyé vers toi, disant : Viens ici, et je t’enverrai vers le roi, pour [lui] dire : Pourquoi suis-je venu de Gueshur ? il serait bon pour moi d’y être encore ». Et Absalom dit encore à Joab : « Maintenant, que je voie la face du roi ; et s’il y a de l’iniquité en moi, qu’il me fasse mourir ». Tu vois par ces paroles qu’Absalom était loin de reconnaître le crime qu’il avait commis en tuant son frère.
— En effet il était bien endurci et orgueilleux. Que fit Joab ?
— Il alla rapporter le tout à David. Celui-ci cédant à son cœur paternel, se tint pour satisfait. Il fit venir Absalom qui se prosterna devant le roi, et le roi le releva et le baisa. Absalom était arrivé à ses fins, il était rétabli dans la faveur de son père, sans avoir confessé son péché. David n’aurait-il pas dû se souvenir qu’après le meurtre d’Urie, l’Éternel n’avait pas fait passer son péché que lorsqu’il l’avait reconnu ? N’aurait-il pas dû exiger avant tout qu’Absalom confessât son crime, un crime que la loi de Dieu défend positivement quand elle dit : « Tu ne tueras point » (Exode 20:13), et contre lequel elle prononce la peine de mort (Genèse 9:6 ; Nombres 35:33) ?. David agit avec faiblesse, et bientôt les conséquences s’en firent sentir. L’Éternel voyait tout, et ne pouvait laisser le coupable impuni. Il ne le tient pas pour innocent, comme le fit David (Exode 34:7). Il laissa la méchanceté d’Absalom avoir son cours, et ce fut le douloureux châtiment de David. Mais à la fin, Dieu le juste Juge frappa le fils orgueilleux devenu le fils rebelle.
Bonne Nouvelle 1894 n° 11, pages 206 à 212
— L’histoire d’Absalom devient de plus en plus triste. Elle renferme une leçon bien propre à faire réfléchir les fils désobéissants et rebelles à leurs parents. Mais on y trouve aussi un sérieux avertissement pour les parents qui se montrent faibles envers leurs enfants. Tu te rappelles qu’Absalom était rentré à Jérusalem et avait été accueilli par David sans s’être vraiment humilié et repenti de son crime. Cela ne fit qu’accroître son orgueil et le conduisit finalement à se révolter contre son père et à vouloir être roi à sa place.
— Quelle horrible chose ! Il n’avait donc ni respect ni affection pour son père ?
— Non, et c’est là un des caractères du cœur naturel, qui se manifeste quand rien ne vient s’y opposer. « Hautains … désobéissants à leurs parents … ingrats, sans affection naturelle » (Romains 1:30-31 ; 2 Timothée 3:2), voilà ce que dit l’Écriture et ce que nous voyons en Absalom. Et vouloir s’élever, occuper le premier rang — être ambitieux — a été un des premiers péchés dans lequel l’homme est tombé et dont la racine, dès ce moment, a été dans notre cœur naturel. Écoutant la voix de Satan, Ève et Adam ont voulu être comme Dieu (Genèse 3:5-6). Depuis on a toujours vu des hommes qui ont cherché à être les premiers et à dominer les autres, et qui n’ont reculé devant rien pour y arriver. Et à la fin, quand l’iniquité sera venue à son comble sur la terre, « l’homme de péché » paraîtra, « le fils de perdition, qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu » (2 Thess. 2:4). Absalom, voulant renverser son père de son trône, est un type de ce Méchant qui, à la fin des temps, usurpera la place de Christ. C’est celui que la parole de Dieu nomme l’Antichrist, qui nie le Père et le Fils (1 Jean 2:22).
— C’est bien terrible. Mais y aura-t-il vraiment des personnes qui croiront ce Méchant ?
— Oui. Ceux qui n’auront pas cru la vérité, c’est-à-dire qui n’auront pas obéi à l’évangile du Seigneur Jésus Christ, qui n’auront pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, seront séduits par les ruses et les mensonges de l’homme de péché qui viendra avec la puissance de Satan (2 Thessaloniciens 2:9-12), dans un appareil de gloire qui éblouira les hommes (Apocalypse 13:1-3, 7). Comme nous le verrons, c’est ainsi qu’Absalom entraîna après lui, dans sa révolte, la plus grande partie du peuple d’Israël.
— Mais nous ne serons plus sur la terre quand viendra cet homme de péché, n’est-ce pas ? Cela fait frissonner rien que de penser à lui. Je crois qu’il sera terrible à voir.
— Nous ne serons plus ici-bas. L’Église, composée de tous les rachetés, aura été ravie pour être auprès du Seigneur (1 Thessaloniciens 4:17 ; Apocalypse 3:10-11). Et quand à ta pensée que l’homme de péché sera terrible à voir, rappelle-toi que Satan, pour séduire, se transforme en ange de lumière (2 Corinthiens 11:14). Ainsi aux yeux charnels des hommes, cet Inique n’aura rien de repoussant. Satan est trop habile pour ne pas choisir pour ses instruments ce qui peut attirer et éblouir les hommes qui n’ont pas Dieu devant eux. C’est ainsi qu’Absalom joignait à l’habileté de l’esprit une beauté de corps et de figure si excellente que l’Écriture dit qu’il n’y avait point de défaut en lui. C’est une beauté semblable qui avait autrefois distingué Saül et lui avait obtenu les suffrages du peuple. Lui aussi fut l’ennemi de David. Mais continuons notre histoire. Pour arriver à ses fins, Absalom commença par s’entourer d’un train royal. Il se procura des chars et des chevaux, et il eut comme gardes cinquante hommes qui couraient devant lui pour faire écarter le peuple sur son passage. C’est ce qui distinguait en Orient les personnages d’un haut rang. Absalom agissait ainsi pour frapper les yeux du peuple.
— David ne savait-il donc rien de tout cela ?
— Il est bien probable que David ne l’ignorait pas. Mais comme je te l’ai dit, David était un père faible, et sa grande affection pour Absalom l’empêchait de le contrarier. Pauvre David, il travaillait contre lui-même, et Absalom n’en devint que plus audacieux. Pour gagner le cœur du peuple, il n’hésita pas à jeter le blâme sur le roi son père, et à faire croire qu’il ne rendait pas bien la justice. C’est ainsi que Satan commença par jeter dans le cœur d’Ève un doute quand à la bonté de Dieu.
— Comment Absalom put-il faire penser au peuple que David n’était pas juste dans ses jugements ?
— Le cœur de l’homme est toujours disposé à écouter et à recevoir le mal qu’on dit des autres, et aussi à penser qu’on lui fait tort. C’est en flattant cette disposition qu’Absalom s’insinua dans les affections des Israélites. Ceux qui avaient quelque différend en Israël avaient coutume de venir auprès du roi afin qu’il le réglât, et il faisait justice et droit à tout son peuple. Dans le Deutéronome, nous voyons que ceux qui avaient un différend devaient le porter devant le sacrificateur ou le juge ; mais ensuite, le Seigneur prévoit le cas où un roi serait établi (Deutéronome 17:8-20). Absalom se levait de grand matin et se tenait sur le chemin de la porte où se rendaient les jugements. Puis, quand venait un homme qui allait vers le roi pour que celui-ci décidât dans sa cause, Absalom l’arrêtait et s’informait d’où il venait et pour quelle raison. Sur sa réponse, Absalom lui disait : « Tes affaires sont bonnes et justes », il flattait ainsi celui à qui il parlait, puis il continuait « mais tu n’as personne pour les entendre de la part du roi » (2 Samuel 15:3), c’est-à-dire le roi n’a établi personne pour écouter ta cause, afin de lui en parler et de te faire justice. C’était blâmer son père et son roi, et lui manquer du respect qui lui était dû à ces deux égards. Combien cet esprit d’irrévérence est répandu de nos jours ! Combien il y a d’enfants qui oublient à cet égard les préceptes de la sainte parole de Dieu ! Plusieurs passages recommandent d’honorer ses parents. Te les rappelles-tu ?
— Dans les dix commandements que Dieu donna au peuple d’Israël, il y a celui-ci : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l’Éternel, ton Dieu, te donne » (Exode 20:12). Et aussi celui-ci : « Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste. Honore ton père et ta mère, (c’est le premier commandement avec promesse), afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre » (Éphésiens 6:1-3)
— Et il y a encore bien d’autres passages de l’Écriture qui insistent sur ce devoir capital dont le Seigneur Jésus a donné l’exemple (Luc 2:51), et dont le mépris appelle la malédiction de Dieu (Deutéronome 27:16) sur les rebelles. Absalom ne se bornait pas à dénigrer la manière dont son père gouvernait ; il se vantait lui-même comme étant meilleur et plus juste. Et Absalom disait : « Que ne m’établit-on juge dans le pays ! Alors tout homme qui aurait une cause ou un procès viendrait vers moi, et je lui ferais justice » (2 Samuel 15:4). C’était clairement dire que David ne faisait pas justice, contrairement à la réalité et à ce dont Dieu a rendu témoignage (2 Samuel 8:15). Il arrive aussi trop souvent de nos jours que les enfants orgueilleux croient en savoir plus que leurs parents et veulent agir à leur guise. Et dans le monde, c’est en se vantant eux-mêmes et prétendant établir des lois ou un gouvernement meilleurs que les ambitieux cherchent à arriver à leurs fins et causent souvent des révolutions. Hélas ! Absalom et ceux qui suivent ses traces oublient que « l’orgueil va devant la ruine, et l’esprit hautain devant la chute » (Proverbes 16:18).
— C’est bien triste de voir un fils de David agir ainsi. Absalom devait pourtant avoir quelque connaissance de Dieu et de ses commandements.
— Sans doute, et nous le verrons ; mais il n’avait pas la crainte de Dieu dans son cœur. Ne voit-on pas de nos jours bien des enfants, des jeunes gens et des jeunes filles qui ont la connaissance de ce que Dieu demande d’eux et qui n’en sont pas moins orgueilleux et insoumis ? Pourquoi ? C’est qu’ils ne craignent pas Dieu. Mais achevons le récit de ce qu’Absalom faisait pour se faire bien voir du peuple. La coutume était que, pour saluer quelqu’un d’un rang supérieur on se prosternait devant lui. C’est ce que faisaient ceux qui se présentaient devant Absalom parce qu’il était fils du roi. Mais lui tendait la main à ceux qui s’approchaient ainsi de lui, les relevait et les embrassait, de sorte que l’on disait sans doute de lui : « Voyez, il n’est pas fier », et ainsi il acquérait ce que l’on nomme la popularité, c’est-à-dire la faveur du peuple : il gagnait les cœurs et les détournait du roi David.
— Mais n’est-ce pas une bonne chose que de ne pas être fier ?
— Sans doute. Nous ne devons être ni fiers ni orgueilleux. Mais quand Dieu a placé quelqu’un dans uns position supérieure, il doit garder son rang, tout en étant affable, accueillant et bienveillant, et nous devons nous comporter envers une telle personne avec le respect dû à la position que Dieu lui a donnée. L’apôtre dit : « Craignez Dieu, honorez le roi » (1 Pierre 2:17). Et nous voyons les serviteurs de Dieu donner l’exemple de ce respect (Luc 1:3 ; Actes 26:25). On l’oublie beaucoup de nos jours où un grand nombre affectent de mépriser l’autorité, contrairement aux prescriptions de la parole de Dieu (Romains 13:1-7 ; Jude 8 ; 2 Pierre 2:10). Le mépris des autorités est un signe des derniers temps). Nous verrons, dans la suite de l’histoire d’Absalom, les résultats de sa conduite habile et rusée.
Bonne Nouvelle 1895 pages 7 à 14
— Nous allons voir comment Absalom, ayant gagné par ses flatteries les cœurs du peuple, arriva à ce qu’il désirait.
— Oui, et c’était bien triste, car il voulait devenir roi à la place de son père. C’est une chose affreuse. Je ne comprends pas qu’une telle pensée fût entrée dans son cœur. David avait été si bon pour lui.
— C’est un des fruits du péché. Pour satisfaire son ambition ou d’autres penchants de son cœur, l’homme foule aux pieds tout ce qu’il y a de plus sacré. Ne voyons-nous pas que même le Seigneur Jésus fut trahi par Judas ? Et ce n’était pas pour une couronne, mais pour trente pièces d’argent ! Et Dieu ne s’est-il pas montré envers nous d’une plus grande bonté que David envers son fils, et cependant combien les hommes sont ingrats envers Lui ! Continuons notre histoire. Plusieurs années s’écoulèrent durant lesquelles Absalom prépara les voies à ses desseins. Quand il crut le moment venu, il vint vers David et lui dit : « Je te prie, que je m’en aille et que j’acquitte à Hébron mon vœu que j’ai voué à l’Éternel. Car ton serviteur voua un vœu, quand je demeurais à Gueshur, en Syrie, disant : Si l’Éternel me fait retourner à Jérusalem, je servirai l’Éternel » (2 Samuel 15:7-8).
— C’étaient de belles paroles ; mais il ne disait pas vrai, n’est-ce pas ?
— Non, ce fils dénaturé joignait à son manque d’affection, à sa cruauté, à sa ruse, l’hypocrisie la plus noire. Le mensonge ne lui coûtait pas. S’il avait vraiment eu la crainte de l’Éternel dans son cœur, il n’aurait pu agir comme il le faisait, car « par la crainte de l’Éternel on se détourne du mal » (Prov. 16:6).
— Et qu’est-ce que David répondit à Absalom ? Ne soupçonna-t-il rien ? Absalom, je me rappelle, avait déjà usé de belles paroles quand il voulut tuer son frère Amnon.
— Non, David ne soupçonna rien. Il aimait son fils et était certainement heureux de le voir se tourner vers l’Éternel pour le servir. Rien ne réjouit plus le cœur des parents pieux que de voir leurs enfants désirer obéir au Seigneur. Ce fut donc avec joie que David dit à Absalom : « Va en paix » (2 Sam. 15:9). Hélas ! Loin d’aller servir l’Éternel, avec la paix dans le cœur, il allait préparer une guerre impie contre son père et remplir d’amertume le cœur de celui-ci. « Un fils insensé », dit le sage « est un chagrin pour son père » (Prov. 17:25 ; 19:13, 26). Pour écarter les soupçons, et aussi pour se donner une bonne apparence, Absalom invita deux cents hommes de Jérusalem à l’accompagner à Hébron, mais il ne les avait pas mis dans le secret de ses desseins, et ils allèrent avec lui dans la simplicité de leur cœur. Dès qu’il fut arrivé à Hébron, Absalom jeta le masque.
— Pourquoi avait-il choisi cette ville ? N’est-ce pas là que David avait été établi roi ?
— En effet ; et c’est peut-être pour cela qu’Absalom la choisit. Et puis Hébron était au cœur de la tribu de Juda, et ce méchant fils espérait bien rallier autour de lui les hommes de cette tribu, en même temps que ceux de tout le reste du peuple. De là il envoya des émissaires dans toutes les tribus d’Israël pour dire : « Quand vous entendrez le son de la trompette, dites : Absalom règne à Hébron » (2 Sam. 15:10). Et la conjuration devint puissante ; une foule croissante de ceux qui avaient été séduits par ses flatteries et ses caresses se joignit à lui. Même le conseiller intime de David, Akhitophel, qu’Absalom avait fait chercher, se rendit à son appel.
— Qui était cet Akhitophel ?
— C’était le grand-père de Bath-Shéba, la femme de David, la mère de Salomon (comp. 2 Sam. 23:34 ; 11:3 et 15:12). Il était donc alors un vieillard et un homme dont on estimait hautement la sagesse et les conseils, de sorte que ce qu’il disait était estimé comme si « l’on se fut enquis de la parole de Dieu » (2 Sam. 16:23). Mais cette sagesse, quand il se fût détourné de David, l’oint de l’Éternel, ne fut plus qu’une sagesse terrestre, dont l’apôtre Jacques dit qu’elle est animale et diabolique (Jacques 3:15).
— C’était une très vilaine chose que de trahir son roi et de se joindre à un fils rebelle et méchant, n’est-ce pas ?
— Certainement. Il déshonorait ses cheveux blancs qui « sont une couronne de gloire s’ils se trouvent dans la voie de la justice » (Prov. 16:31). Mais Akhitophel marchait dans la voie de l’injustice qui conduit à la mort, comme nous le verrons. Voilà donc Absalom établi roi, en révolte ouverte contre son père, le roi choisi par Dieu. Comme on voit bien là l’esprit de Satan, autrefois ange de lumière, mais qui, dans son orgueil, s’est révolté contre Dieu et est devenu prince des ténèbres, et ne cherchant que le mal (És. 14:12-14 ; Éph. 6:12 ; lisez Ézéchiel 28 où la beauté primitive de Satan et sa chute par orgueil sont présentées sous figure du roi de Tyr). Quel contraste avec Jésus, le Fils de Dieu obéissant, qui ne veut rien tenir que de son Père et qui attend le royaume, après avoir repoussé Satan qui lui offrait de le faire roi sur toutes choses, si seulement Jésus lui rendait hommage (Luc 4:5-8).
— Est-ce que David n’envoya pas ses vaillants hommes de guerre pour châtier ce fils ingrat et rebelle ?
— Non. David ne voulut pas commencer la guerre, et d’ailleurs il comprit d’où venait ce coup terrible. Il se souvint du jugement que Dieu avait prononcé contre lui à cause de son péché et se soumit. Absalom était coupable, très coupable, et il porta aussi la peine de son crime, mais Dieu se servait de sa méchanceté comme d’une verge pour frapper David. Nous voyons cela plus d’une fois dans les voies de Dieu. Le roi d’Assyrie était la verge pour frapper Israël coupable, mais Dieu punit aussi le roi d’Assyrie à cause de son orgueil (És. 10:5-16). On vint dire à David : « Les cœurs des hommes d’Israël suivent Absalom » (2 Sam. 15:13).
— Ce dut être bien pénible pour lui de voir ce peuple l’abandonner ainsi, car je me rappelle que, dans cette même ville d’Hébron, les anciens d’Israël était tous venus l’établir roi (2 Sam. 5:1-3).
— Sans doute, David dut bien souffrir de cet abandon. Mais il comprit tout de suite qu’ayant tout Israël avec lui, Absalom marcherait sans tarder sur Jérusalem pour s’emparer de sa personne. Afin d’épargner à son malheureux fils un nouveau crime, et ne pas entrer directement en conflit avec lui, le vieux roi prit le parti de fuir. « Levez-vous », dit-il à ses serviteurs, « et fuyons, car nous ne saurions échapper devant Absalom. Hâtez-vous de vous en aller, de peur qu’il ne se hâte, et ne nous atteigne, et ne fasse tomber le malheur sur nous, et ne frappe la ville par le tranchant de l’épée » (15:14). Il comprenait maintenant la méchanceté et la dureté de cœur d’Absalom et savait qu’il n’épargnerait personne.
— Comme le cœur de David devait saigner en se voyant obligé de se sauver de devant son fils ! Et il ne pensait pas tant à lui-même qu’à ses serviteurs et au peuple de Jérusalem. C’était bien touchant de sa part. Il était comme un berger qui pense d’abord à ses brebis.
— Oui, et il souffrait d’autant plus qu’il aimait ce fils rebelle. C’est comme le Seigneur Jésus, quand il était rejeté par son peuple qu’il aimait et qui méconnaissait son amour et voulait le faire mourir.
— Que firent les serviteurs de David ? S’en allèrent-ils avec lui ?
— Ils lui restèrent fidèles et sortirent avec lui et dirent : « Selon tout ce que choisira le roi, notre seigneur, voici tes serviteurs » (15:15). Et ce dut être une consolation pour lui. C’est ainsi que les apôtres avaient persévéré avec le Seigneur dans toutes ses épreuves (Luc 22:28). David ne laissa dans sa maison que dix de ses femmes pour la garder. Il pensait qu’Absalom épargnerait ses pauvres femmes sans défense, et je pense aussi qu’il avait la confiance que, d’une manière ou d’une autre, l’Éternel le ramènerait. « Tous ses serviteurs marchaient à ses côtés », tandis qu’il sortait de Jérusalem ; il avait à ses côtés « tous les Keréthiens, et tous les Peléthiens », dont je t’ai parlé. Outre cela, six cents Guitthiens, venus de Gath avec lui, le suivaient aussi, ayant à leur tête Itthaï (v. 18).
— Qu’est-ce que c’est que les Guitthiens ?
— Des habitants de la ville de Gath, dans le pays des Philistins.
— Mais c’était des païens, comment se trouvaient-ils avec David ?
— Cela ne nous est pas dit, mais il arrivait parfois que de pauvres païens se joignait au peuple d’Israël et apprenaient à connaître l’Éternel. David, tu te le rappelles, avait séjourné à Gath, chez le roi Akis. Plus tard, il avait remporté plus d’une victoire sur les Philistins, de sorte que ceux-ci le connaissaient et le respectaient comme un vaillant capitaine. Il lui avait été ainsi facile d’enrôler cette troupe d’élite qui le suivit fidèlement. Mais quand le roi les vit, il dit à Itthaï : « Pourquoi viendrais-tu, toi aussi, avec nous ? Retourne-t’en, et demeure avec le roi [il voulait dire Absalom] ; car tu es étranger, et de plus tu as émigré dans le lieu que tu habites. Tu es venu hier, et aujourd’hui je te ferais errer avec nous çà et là ? Et quant à moi, je vais où je puis aller. Retourne-t’en, et emmène tes frères. Que la bonté et la vérité soient avec toi ! » (v. 19-20).
— Ce sont des paroles bien touchantes. Il me tarde de savoir la réponse d’Itthaï. Je crois la deviner : il ne voulut pas quitter David.
— En effet. Sa réponse fut très belle et honore David : « L’Éternel est vivant, et le roi, mon seigneur, est vivant, que dans le lieu où sera le roi, mon seigneur, soit pour la mort, soit pour la vie, là aussi sera ton serviteur » (v. 21). Ainsi, tandis que le propre fils de David chassait son père et menaçait sa vie et que presque tout Israël se rangeait contre son roi, un étranger lui était fidèle jusqu’à la mort.
— Ce dut être pour David une grande consolation et un encouragement que Dieu lui donnait. Cela me fait souvenir d’un passage qui m’a toujours paru très beau. C’est quand Jésus dit à ses disciples, après que d’autres l’aient abandonné : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? », et que Pierre répond : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6:67-68).
— C’est vrai ; ce sont les paroles d’un véritable dévouement et d’un cœur qui aime Jésus. Quand on le connaît vraiment, on désire lui demeurer fidèle. C’est ce qui lui est agréable, et il exhorte le chrétien à lui garder sa fidélité. « Sois fidèle jusqu’à la mort », lui dit-il, « et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2:10). Nous savons qu’il y a eu un grand nombre de chrétiens qui ont préféré mourir plutôt que de renoncer à Christ. Mais ce que nous avons à remarquer encore, c’est qu’un pauvre Gentil se montre attaché au roi David, lorsque presque tout le peuple le rejette. Cela nous rappelle que les Juifs n’ayant pas voulu recevoir Jésus, la grâce de Dieu s’est tournée vers les païens qui, eux, ont cru à l’Évangile. Le roi dit à Itthaï : « Va et passe » (2 Sam. 15:22). Et Itthaï, avec toute sa bande de guerriers emmenant aussi leurs enfants, alla avec David. Nous verrons une autre fois, si le Seigneur le permet, d’autres exemples de dévouement au roi David. Pour nous, demandons à Dieu qu’il nous donne de demeurer attachés de cœur et en dépit de tout à Jésus dont David, dans ses afflictions, est le type.
Bonne Nouvelle 1895 pages 21 à 29
— La conduite et les paroles d’Itthaï sont bien belles. Bien qu’étranger, il voulut accompagner David dans sa grande et douloureuse épreuve. Est-ce qu’il y en eut d’autres qui lui furent fidèles et qui nous sont nommés ?
— Oui. Les sacrificateurs Tsadok et Abiathar vinrent aussi avec tous les lévites portant l’arche de l’alliance de Dieu. Mais David ne jugea pas bon que l’arche le suivît dans sa triste fuite. Il dit à Tsadok : « Reporte l’arche de Dieu dans la ville ; si je trouve grâce aux yeux de l’Éternel, alors il me ramènera, et me la fera voir, elle et sa demeure. Et s’il dit ainsi : Je ne prends point de plaisir en toi ; — me voici, qu’il fasse de moi ce qui sera bon à ses yeux » (2 Samuel 15:26).
— Pourquoi David ne voulut-il point que l’arche de Dieu l’accompagnât ?
— David avait établi une demeure pour l’arche à Jérusalem ; c’était le trône de Dieu dans la ville que Dieu avait choisie (1 Chron. 15 et 17 ; Psaume 132). Il n’était pas convenable que le trône de Dieu accompagnât David et lui fût associé dans l’humiliation où il se trouvait réduit comme châtiment de son péché. David le sentait, et pour rien au monde, il n’aurait voulu associer à la honte, pour lui-même, la gloire de l’arche de son Dieu qu’il révérait si profondément. Mais on voit en même temps la confiance de David en l’Éternel : « Si je trouve grâce aux yeux de l’Éternel, alors il me ramènera », dit-il ; et puis sa soumission touchante : « Qu’Il fasse de moi ce qui sera bon à ses yeux ». Si nous avons fauté et que Dieu nous châtie, faisons comme David. Ne perdons pas confiance en Dieu car il ne cesse jamais de nous aimer, et soumettons-nous à ce qu’il juge bon pour nous. Cherche et lis Hébreux 12:5-6 et 9 ; 1 Pierre 5:6-7, et tu verras ce qui nous est dit à ce sujet.
— « Vous avez oublié l’exhortation qui s’adresse à vous comme à des fils : Mon fils, ne méprise pas la discipline du Seigneur, et ne perds pas courage quand tu es repris par lui ; car celui que le Seigneur aime, il le discipline, et il fouette tout fils qu’il agrée ». — « De plus, nous avons eu les pères de notre chair pour nous discipliner, et nous les avons respectés ; ne serons-nous pas beaucoup plutôt soumis au Père des esprits, et nous vivrons ? » — « Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu ».
— Voilà ce que David faisait, s’attendant à Dieu, et Dieu l’éleva quand le temps de l’épreuve eut pris fin. Il renvoya donc à Jérusalem les deux sacrificateurs avec l’arche, en leur recommandant de lui envoyer « dans les plaines du désert » où il attendrait, des nouvelles d’Akhimaats, fils de Tsadok, et de Jonathan, fils d’Abiathar.
— Qu’est-ce que c’étaient que ces plaines du désert ?
— C’était sans doute le désert de Juda, le long du Jourdain, là où autrefois David avait fui de devant Saül, et maintenant c’était devant son propre fils !
— Pauvre David ! Comme il devait souffrir !
— Oui. Il souffrait dans son cœur à cause de l’ingratitude et de la méchanceté d’Absalom. Il souffrait en se disant qu’il avait été un père faible envers ce fils rebelle. Il souffrait au souvenir de son péché qui attirait sur lui ce châtiment. Aussi, en montant la montée des Oliviers, il pleurait, « et il avait la tête couverte » en signe d’affliction et de deuil, « et il marchait nu-pieds » comme marque d’humiliation. « Et tout le peuple qui était avec lui montait, chacun ayant sa tête couverte, et en montant ils pleuraient » (2 Samuel 15:30).
— Ce devait être déchirant ; mais comme c’est beau de voir le peuple s’associer à la douleur de son roi !
— Ils étaient un avec lui dans son affliction. C’est à cela que se reconnaît la vraie affection, on pleure avec ceux qui pleurent et c’est encore une leçon pour nous, Romains 12:15. Nous ne devons pas être égoïstes, mais ressentir les peines des autres et y prendre part. C’est comme dans une famille : si l’un des membres de la famille souffre ou est dans l’opprobre, tous le sentent. David poursuivait donc son douloureux chemin en s’éloignant de Jérusalem, lorsqu’on vint lui apprendre la trahison d’Akhitophel. « Il est parmi les conjurés avec Absalom », lui dit-on. C’était un dangereux ennemi de plus. Que fallait-il faire ? Qu’y a-t-il de plus sûr quand nous sommes exposés aux attaques de l’ennemi ?
— Il faut prier Dieu.
— C’est ce que fit David. « Éternel ! », dit-il, « rends vain le conseil d’Akhitophel ». Akhitophel était près d’Absalom un conseiller habile et rusé. Mais Dieu annule la sagesse des sages du monde, et il le fit pour David en réponse à sa prière. Mais, si la défection de son conseiller fut un nouveau coup dur pour David, Dieu lui donna aussitôt après une consolation. Étant parvenu au sommet de la montée, le roi « se prosterna devant Dieu ». Il n’oubliait pas Celui qui avait toujours été son Rocher, son lieu fort, celui qui le délivrait (Psaume 18:1-2). Bien loin que l’affliction lui cachât Dieu, ou le portât au murmure, elle le rapprochait de Lui. S’il pouvait dire : « Éternel ! combien sont multipliés mes ennemis, et sont nombreux ceux qui s’élèvent contre moi. Beaucoup disent de mon âme : Il n’y a point de salut pour lui en Dieu », il pouvait ajouter : « Mais toi, Éternel ! Tu es un bouclier pour moi ; tu es ma gloire, et celui qui élève ma tête » (Psaume 3:1-3).
— Quelle consolation l’Éternel lui donna-t-il ?
— Hushaï, son ami, vint à sa rencontre, la tunique déchirée et de la terre sur la tête en signe d’affliction. Il montra ainsi la vérité de ces paroles du sage : « L’ami aime en tout temps » (Proverbes 17:17), et « il est tel ami plus attaché qu’un frère » (Proverbes 18:24). David dut éprouver bien du soulagement en voyant ce cœur fidèle en dépit de tout.
— Cela ne nous rappelle-t-il pas le Seigneur Jésus ? Quand Judas le trahissait et que l’on complotait contre Lui, Marie le reconnut comme Roi et le Fils de Dieu en répandant du parfum sur sa tête et sur ses pieds (Matthieu 26:6-7 ; Jean 12:1-3). Le cœur du Seigneur devait être bien réjoui de voir l’amour de sa servante.
— Bien que David eût beaucoup aimé garder son fidèle ami près de lui, il le renvoya à Jérusalem auprès d’Absalom, en lui disant : « Comme j’ai été autrefois serviteur de ton père, maintenant aussi je serai ton serviteur, — alors tu annuleras pour moi le conseil d’Akhitophel ». Et il demanda à Hushaï de lui faire savoir ce qui se passerait par les deux fils des sacrificateurs Tsadok et Abiathar. Hushaï fit comme David lui avait dit.
— Cela m’étonne. Ce n’était pas droit d’agir ainsi et de tromper Absalom. Tu m’as dit qu’il ne faut jamais faire du mal pour qu’il en arrive du bien.
— Tu as tout à fait raison. Certains hommes prétendent que la fin justifie les moyens, c’est-à-dire que, pourvu que l’on arrive à un bon résultat, peu importe comment. Mais ce n’est pas selon Dieu qui aime la vérité et la droiture (Psaume 37:27-28). Il aurait été bien préférable que David se fût entièrement et simplement confié en l’Éternel pour annuler le conseil d’Akhitophel comme il le lui avait demandé, sans vouloir y concourir par un mensonge. Te rappelles-tu de quelqu’un qui eut recours à une tromperie pour faire réussir le dessein de Dieu ?
— Je pense que tu veux parler de Jacob qui trompa Isaac pour s’assurer la bénédiction que Dieu lui avait promise. Mais Jacob eut à souffrir beaucoup des suites de son mensonge.
— Tu as raison. Mais dans le cas de David, comme nous le verrons, Dieu eut compassion de lui, ce qui ne veut pas dire que ni lui, ni Hushaï eurent raison. Mais il est frappant de voir par le récit suivant, comment David fut trompé à son tour. Et tout cela nous montre la triste histoire du cœur de l’homme.
— Je me rappelle que Laban trompa aussi Jacob. Mais qu’arriva-t-il à David ?
— Quand lui et le peuple eurent un peu dépassé la montée, Tsiba, le serviteur de Méphibosheth, vint à leur rencontre avec des provisions et des montures.
— Quelle bonne chose ! Ils devaient en avoir bien besoin après une longue marche. C’était une bonté de Dieu.
— Sans doute. De la part de Dieu, c’était une grâce, car Dieu se sert même des actions des méchants pour faire le bien de ses saints (Rom. 8:28, voyez Gen. 50:20) ; mais de la part de Tsiba, c’était un moyen de se faire bien voir du roi, au détriment de son maître, comme tu vas le voir. David dit à Tsiba : « Que veux-tu faire de cela ? » — « Les ânes sont pour la maison du roi », répondit Tsiba. — « Et où est le fils de ton seigneur ? », dit encore David. — « Voici, il est demeuré à Jérusalem », répondit le trompeur, « car il a dit : Aujourd’hui la maison d’Israël me rendra le royaume de mon père » (2 Samuel 16:2-3).
— Ce n’était pas possible que Méphibosheth fût ingrat à ce point, lui envers qui Dieu avait était si bon.
— En effet, les paroles de Tsiba n’étaient que mensonge et calomnie, comme nous le verrons. Mais David le crut et agit avec une regrettable précipitation. Il donna à Tsiba tous les biens de Méphibosheth, sans chercher à savoir s’il ne jugeait point mal ce fils de Jonathan. Plus tard, Méphibosheth fut justifié de cette calomnie et nous verrons son beau caractère de dévouement à David ressortir avec plus de force.
— Tsiba aimait les richesses et non son maître ; voilà ce que je vois.
— Oui ; et c’est un grand mal qui entraîne dans bien des péchés. Pour trente pièces d’argent, Judas vendit son divin Maître. Aussi le Seigneur dit-il : « Gardez-vous de toute avarice » (Luc 12:15), et l’apôtre écrit : « C’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent » (1 Tim. 6:10). Après Tsiba qui montre ce mauvais trait du cœur naturel, nous en voyons un autre chez un homme nommé Shimhi, de la tribu de Benjamin et de la famille de Saül. Tandis que le roi, entouré de ses vaillants hommes de guerre et suivi du peuple, poursuivait son triste chemin, cet homme se mit à jeter des pierres contre David et ses serviteurs, en proférant contre le roi des injures et des malédictions. C’était de toutes manières un grand crime, car David était l’élu de Dieu qui autrefois avait toujours épargné la vie de Saül et fait du bien à sa maison.
— Cela devait indigner les fiers guerriers de David. Est-ce qu’ils ne le firent pas taire ?
— Ils l’auraient bien voulu. Le fidèle Abishaï, toujours aux côtés du roi dans la mauvaise fortune, dit à David : « Pourquoi ce chien mort maudit-il le roi, mon seigneur ? Laisse-moi passer et lui ôter la tête ». Mais David dit : « Voici, mon fils qui est sorti de mes entrailles, cherche ma vie, combien plus maintenant ce Benjaminite ! Laissez-le, et qu’il maudisse ! car l’Éternel le lui a dit » (2 Samuel 16:9, 11). Il voulait dire que l’Éternel permettait ce nouvel outrage. « Peut-être l’Éternel regardera mon affliction, et l’Éternel me rendra le bien pour la malédiction qui tombe aujourd’hui sur moi » (v. 12). Nous voyons là la touchante soumission de David, et comme il accepte l’humiliation qui lui est infligée.
— Oui, la conduite de David est bien belle, mais veux-tu que je te dise ce que cela me rappelle ?
— Sans doute ; j’aime à connaître toutes tes pensées.
— Eh bien, cela m’a fait souvenir que Pierre, comme Abishaï, voulut défendre le Seigneur, tira l’épée et coupa l’oreille de l’esclave du souverain sacrificateur. Mais Jésus le guérit (Luc 22:49-51). Et Jésus fit plus encore : il pria pour que son Père pardonnât à ceux qui le crucifiaient (Luc 23:34).
— Oui, et Jésus dit aussi à Pierre : « Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ? » (Jean 18:11). Il acceptait tout de la main de son Père ; mais il était parfait dans toutes ses voies, et tandis que David souffrait à cause de son propre péché, Lui, Jésus, acceptait de souffrir pour nous.
Bonne Nouvelle 1895 pages 41 à 48
C’est une chose pénible de continuer l’histoire d’un fils dénaturé comme Absalom, rebelle et révolté contre son père et son roi. Mais dans ces récits, la parole de Dieu nous donne de précieux enseignements. Elle nous montre, par des exemples, jusqu’où va la méchanceté du cœur naturel, et parle ainsi à notre conscience. Qu’est-ce qui a conduit Absalom à une telle iniquité ? C’est l’esprit d’indépendance, d’égoïsme, de vengeance et d’orgueil. Prenons garde qu’il ne se trouve quelque chose de semblable en nous. Il faut que les enfants, en particulier, se souviennent toujours qu’ils ont à rendre à leurs parents le respect, et l’obéissance prompte et sans réserve que la parole de Dieu leur recommande, et dont Jésus a donné l’exemple. Mais continuons notre histoire. Tandis que le vieux roi, avec ses amis fidèles, s’éloignait tristement de Jérusalem, Absalom, suivi d’une foule d’Israélites, entrait dans cette ville avec son méchant conseiller Akhitophel. L’étonnement d’Absalom fut grand lorsqu’il vit arriver devant lui Hushaï, l’ami de David, criant : « Vive le roi ! vive le roi » ! « Pourquoi n’es-tu pas allé avec ton ami ? », dit-il (2 Sam. 16:17). Et Hushaï répondit : « Comme j’ai servi devant ton père, ainsi je serai devant toi » (v. 19).
— Je me rappelle que cela avait été convenu entre David et Hushaï ; mais ce n’était pas une chose droite, et nous ne devons jamais faire du mal pour qu’il arrive du bien. C’est bien ce que tu m’as dit ?
— Oui, et je suis heureuse que tu t’en rappelles. Absalom ne suivait pas ce qui est dit dans le psaume premier : « Bienheureux l’homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants « (v. 1). Au contraire, il dit à Akhitophel, cet homme plein de haine contre David : « Donnez un conseil sur ce que nous ferons » (2 Sam. 16:20). Et Akhitophel lui suggéra une action abominable à l’égard de son père. C’était de prendre pour lui les femmes de David, que celui-ci avait laissées à Jérusalem. Et Absalom, sans honte et sans remords, commit ce crime qui, dans la pensée d’Akhitophel, devait creuser un abîme entre le père et le fils.
— Nathan, le prophète, avait annoncé cela à David après le grand péché qu’il avait commis, n’est-ce pas ?
— Oui, mais cela ne justifie pas Absalom. Ainsi nous avons, en tout cela, les faits et les actes du cœur dépravé de l’homme, et cela chez un fils envers son père. Quelle triste scène ! Mais Dieu voyait tout, et allait intervenir pour mettre un terme à l’iniquité et faire tomber les méchants dans leurs propres pièges (Ps. 5:10 ; 7:15, 16). Akhitophel, poursuivant ses desseins de haine contre David, proposa à Absalom de prendre pour lui douze mille hommes pour poursuivre David cette même nuit, avant que le roi et le peuple n’eussent pu se reposer. Il dit : « Tout le peuple qui est avec lui s’enfuira, et je frapperai le roi seul » (2 Sam. 17:2).
— Oh ! Comment Absalom pouvait-il supporter d’entendre parler de tuer son père ? C’est affreux.
— Oui. Mais une fois dans la voie du péché, sait-on où on s’arrêtera ? Un Judas, séduit par l’avarice, livre bien le Fils de Dieu. Le conseil perfide d’Akhitophel était bon pour perdre David, mais « L’Éternel avait décrété d’annuler le bon conseil d’Akhitophel, pour que l’Éternel fît venir le mal sur Absalom » (v. 14). Le moment était venu d’exercer le jugement sur ces méchants (lisez les Psaumes 11 et 7:11-13). Dieu permet ainsi que les impies poursuivent pendant un temps leurs voies d’impiété, mais il est écrit que « Le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exécuter le jugement contre tous » (Jude 14-15). Et c’est ce qui arrivera.
— J’aimerais bien savoir comment le conseil d’Akhitophel ne fut pas suivi, lui que l’on estimait si sage.
— Absalom et les anciens d’Israël l’avaient trouvé bon, mais Absalom eut l’idée de demander l’avis de Hushaï. On le fit venir, et il dit : « Le conseil qu’Akhitophel a donné cette fois n’est pas bon ». « Tu connais ton père et ses hommes, que ce sont des hommes vaillants…et ton père est un homme de guerre : il ne passera pas la nuit avec le peuple ». « Et il arrivera que, si quelques-uns tombent dès le commencement, quiconque l’apprendra, dira : Il y a une déroute parmi le peuple qui suit Absalom » (2 Samuel 17:7-9). Et il conseilla à Absalom de réunir tout le peuple d’Israël, de se mettre lui-même à leur tête et d’écraser ainsi David et sa petite troupe sous la supériorité du nombre. Absalom et les hommes d’Israël dirent : « Le conseil de Hushaï, l’Arkite, est meilleur que le conseil d’Akhitophel » (v. 14). Aussitôt Hushaï avertit les sacrificateurs Tsadok et Abiathar de ce qu’Akhitophel et lui avaient conseillé à Absalom. « Et maintenant » leur dit-il, « envoyez promptement, et avertissez David, en disant : Ne passe pas la nuit dans les plaines du désert, et ne manque pas de passer plus avant, de peur que le roi ne soit englouti, et tout le peuple qui est avec lui » (v. 16).
— En quoi le conseil d’Hushaï était-il meilleur pour David que celui d’Akhitophel ?
— C’est qu’il empêchait David d’être pris à l’improviste et lui donnait le temps de s’éloigner, de rassembler ses hommes autour de lui et de préparer sa défense. Les sacrificateurs envoyèrent donc leurs fils Jonathan et Akhimaats à David pour l’avertir et David et ses gens s’empressèrent de passer le Jourdain durant la nuit. Ils vinrent ainsi à Mahanaïm. Te souviens-tu d’avoir déjà trouvé ce nom dans l’Écriture ?
— Non.
— Eh bien, lis au chapitre 32 de la Genèse, au verset premier.
— « Et Jacob alla son chemin. Et les anges de Dieu le rencontrèrent ; et Jacob dit, quand il les vit : C’est l’armée de Dieu. Et il appela le nom de ce lieu-là Mahanaïm ».
— Ce mot veut dire « deux armées ou camps ». Il y avait le camp de Jacob, composé non pas de guerrier mais de femmes, d’enfants et de ses serviteurs. Ils étaient faibles et Jacob avait bien besoin d’être assuré que « l’armée de Dieu » était avec lui, que Dieu le protégeait, surtout au moment où il apprenait qu’Ésaü venait à sa rencontre avec quatre cents hommes.
— Et David, en arrivant là, pouvait se rappeler que l’Éternel délivra Jacob, et se dire qu’il le délivrerait aussi.
— Je pense que tels furent en effet les sentiments de David. Il les exprime dans un Psaume : « Éternel ! combien sont multipliés mes ennemis, et sont nombreux ceux qui s’élèvent contre moi. Beaucoup disent de mon âme : Il n’y a point de salut pour lui en Dieu. Sélah. Mais toi, Éternel ! tu es un bouclier pour moi ; tu es ma gloire, et celui qui élève ma tête » (Ps. 3:1-3). Et dans un autre, il dit : « L’ange de l’Éternel campe autour de ceux qui le craignent, et les délivre » (Ps. 34:7).
— Combien on est heureux quand on a dans son cœur l’assurance que Dieu nous garde ! On ne craint rien.
— Tu as raison ; et si nous connaissons vraiment Dieu, nous aurons cette confiance. Mais pour en revenir à David, c’est une chose bien frappante de voir qu’à Mahanaïm, des messagers de Dieu vinrent aussi à sa rencontre.
— Comment ? Dieu lui envoya-t-il des anges ?
— Non pas des anges du ciel, mais des messagers d’amour, comme nous pouvons tous l’être pour ceux qui sont dans le besoin et l’épreuve. Écoute plutôt : « Comme David arrivait à Mahanaïm, Shobi, fils de Nakhash, de Rabba des fils d’Ammon, et Makir, fils d’Ammiel, de Lodebar, et Barzillaï le Galaadite, de Roguelim, amenèrent des lits, et des bassins, et des vases en poterie, et du froment, et de l’orge, et de la farine, et du grain rôti, et des fèves, et des lentilles, et des grains rôtis, et du miel, et du caillé, et du menu bétail, et des fromages de vache, pour David et pour le peuple qui était avec lui, pour qu’ils en mangeassent, car ils dirent : Le peuple a faim, et il est fatigué, et il a soif dans le désert » (2 Samuel 17:27-29).
— Je comprends qu’ils étaient des messagers que Dieu envoyait à David pour le consoler et aux siens pour les consoler et les fortifier. Cela était très beau. Ils lui étaient fidèles.
— Tels nous devrions être envers les disciples du Seigneur. Si nous aimons Jésus, nous aimerons ceux qui appartiennent à Jésus, c’est-à-dire les enfants de Dieu, et nous ferons pour eux ce qui est en notre pouvoir. Tu te souviens que même un verre d’eau froide donné au nom du Seigneur aura sa récompense.
— Oui, et je désire beaucoup être aussi utile, quand je le puis, pour l’amour du Seigneur Jésus. Je suis sûr que David fut bien consolé en voyant arriver ces amis et ce qu’ils lui apportaient.
— Et parmi ceux-là nous pouvons remarquer Shobi, fils de Nakhash, qui n’était pas Israélite mais Ammonite, et dont le père avait déjà autrefois montré de la bonté envers David (2 Sam. 10:2).
— Je voulais te demander ce que fit Akhitophel lorsqu’il vit son conseil rejeté.
— Sa fin fut des plus tristes et montra d’un côté qu’il n’avait pas la crainte de l’Éternel dans son cœur, et d’un autre le terrible jugement de Dieu qui tombe sur ceux qui s’attaquent à son oint. Le malheureux Akhitophel, soit par dépit, soit qu’il vit bien qu’Absalom marchait à sa ruine et craignant la colère de David, rentra dans sa ville et s’étrangla.
— C’est terrible ! Mais ne trouves-tu pas que sa fin ressemble à celle de Judas qui avait trahi le Seigneur Jésus ? Akhitophel avait trahi son roi.
— Oui, l’un et l’autre se précipitèrent dans l’éternité et allèrent rencontrer le jugement. Mais Judas était bien plus coupable car il avait connu toute la puissance et la grâce et l’amour de Jésus. David n’était qu’un homme qui avait commis bien des fautes. Quoiqu’il en soit, le rejet du conseil d’Akhitophel avait été une réponse à la prière de David (cf. chap. 15:31), et le commencement de sa délivrance. L’Éternel allait continuer à agir en sa faveur, bien qu’il dût encore passer par beaucoup d’exercices de cœur. Sans se laisser arrêter par la mort de son conseiller, Absalom se mit à la poursuite de David, passa le Jourdain avec son armée, à la tête de laquelle il avait mis Amasa, parent de Joab, et vint camper au pays de Galaad, prêt à combattre son propre père.
— Quelle dureté de cœur !
— C’est vrai. Mais que dire des hommes qui, dans un temps à venir, combattront contre l’Agneau ; de cet homme qui, avec le faux prophète, assemblera ses armées pour marcher audacieusement contre Dieu et son Christ (Apoc. 17:14 ; 19:19) ? Absalom et Akhitophel étaient comme des ombres quand ils s’opposaient à David. Il y a toujours guerre entre Satan et Christ (Ex. 17:16) ; Amalek est la figure de la puissance de Satan. Mais il est écrit : « l’Agneau les vaincra, car il est Seigneur des seigneurs et Roi des rois, et ceux qui sont avec lui, appelés, et élus, et fidèles » (Apoc. 17:14). Ainsi David, comme nous allons le voir, fut avec ses fidèles compagnons, vainqueur de ses ennemis.
Bonne Nouvelle 1895 pages 61 à 68
— Tu m’as dit que des amis de David étaient venus à sa rencontre lui apporter des provisions. C’était bien bon de leur part, mais que faisait Absalom ?
— Il se préparait à combattre son père, se confiant sans doute dans le grand nombre de ses guerriers.
— Mais David en avait aussi, n’est-ce pas, et de bien braves, j’en suis sûre ?
— Oui. Il avait d’abord tous ses anciens et fidèles compagnons, puis un grand nombre d’autres s’étaient rendus vers lui pendant qu’Absalom rassemblait tout Israël. C’est en cela que le conseil d’Hushaï était bon. Il donnait à David le temps de se préparer à la défense. Mais quelle cruelle nécessité d’avoir à se défendre contre son propre fils ! David organisa donc son armée ; « Et David passa en revue le peuple qui était avec lui, et il établit sur eux des chefs de milliers et des chefs de centaines » (2 Sam. 18:1), c’est comme nous dirions des colonels et des capitaines. Puis il donna le commandement supérieur à Joab, à Abishaï et à Itthaï. Le premier était un grand et habile général, le second un compagnon fidèle et courageux du roi depuis le commencement et le troisième l’étranger dévoué à David. Le roi pouvait compter sur eux. Mais lui ne voulait pas rester en arrière. Il dit au peuple : « Certainement je sortirai moi aussi avec vous » (v. 2).
— David ne craignait-il pas de rencontrer son fils dans le combat ?
— David avait deux raisons pour vouloir aller avec son peuple. D’abord il estimait que, comme roi, il devait partager ses périls, et ensuite il espérait, si Absalom était en danger d’être tué, qu’il pourrait le sauver ; car il aimait toujours ce fils rebelle. La suite de l’histoire le montre. Mais l’Éternel ne permit pas que le père et le fils fussent mis en présence dans une circonstance aussi douloureuse pour David.
— Comment cela se fit-il ?
— Les guerriers de David ne voulurent pas que le roi exposât sa vie ; elle leur était trop précieuse. Puis ils ajoutèrent qu’il était bon que le roi restât dans la ville pour leur porter secours, si c’était nécessaire.
— On voit combien ils aimaient David et lui étaient dévoués.
— David resta donc, mais il recommanda instamment à Joab, Abishaï et Itthaï d’user de douceur envers son fils. Tout le peuple entendit le roi donner ces ordres aux chefs.
— C’est bien ce que tu me disais : il aimait toujours Absalom et espérait toujours, je crois, qu’il se repentirait. Cela me fait penser à la patience de Dieu qui ne veut pas que le pécheur périsse, mais qu’il se repente et vive (Éz.18:23 ; 2 Pi. 3:9).
— Tu as raison ; mais il y en a qui s’endurcisse jusqu’au bout et qui périssent. Tel fut le sort d’Absalom. Les deux armées se rencontrèrent et la bataille s’engagea dans la forêt d’Éphraïm et sur toute la surface du pays où elle se trouve. Le peuple d’Israël fut battu par les serviteurs de David et le carnage fut grand… vingt mille hommes périrent ; mais dit l’Écriture, « la forêt dévora en ce jour plus de peuple que n’en dévora l’épée » (2 Sam. 18:8).
— Comment cela se fit-il ? Le sais-tu ?
— Un passage que je vais te lire dans le récit d’un voyageur te le fera comprendre. « Il est intéressant », dit-il, « de savoir que la région où se livra la bataille est encore couverte de ces forêts de gros chênes entremêlés de fourrés épais et de buissons épineux croissants sur d’âpres rochers et sur les flancs de précipices dangereux où les hommes de l’armée rebelle d’Absalom, fuyant en désordre, furent précipités avec les chevaux, s’écrasant les uns contre les autres et trouvant là une mort certaine ».
— Je comprends maintenant. La forêt, au lieu d’être pour eux un asile, causa leur perte. Ils avaient suivi un fils rebelle et trouvèrent leur châtiment. Cela était juste, n’est-ce pas ? Mais c’était bien terrible.
— C’était en effet le jugement de Dieu contre ceux qui s’attaquaient à son oint (lisez Ps. 3:6-8). Et tu te rappelles que je t’ai dit que telle sera la fin de ceux qui, dans un temps à venir, suivront la bête et le faux prophète et combattront contre Christ. Ils périront aussi (lisez Apoc. 19:19-21).
— Oui. Mais j’ai hâte de savoir ce que devint le malheureux Absalom.
— La bataille était perdue, Absalom se trouva en face des gens de David victorieux. Il s’enfuit aussi dans la forêt. Il était monté sur un mulet qui s’engagea sous les branches entrelacées d’un grand térébinthe. Et la tête d’Absalom se prit dans le térébinthe ; peut-être cette abondante chevelure dont il était fier et qui ajoutait à sa beauté le retint-elle. Il demeura donc suspendu entre le ciel et la terre, et le mulet passa outre. Le voyageur, dont je t’ai cité quelques lignes, écrit aussi : « Je comprends maintenant parfaitement comment Absalom put être pris dans les rameaux serrés d’un chêne. Les puissantes branches de ces arbres s’étendent si près du sol que l’on peut à peine se tenir sous elles, et le mulet épouvanté cherchant à se frayer un passage, les cheveux et la tête du fils rebelle s’y trouvèrent enlacés d’une manière inextricable ».
— Quelle terrible position pour Absalom ! Comme il devait se repentir de tout le mal qu’il avait fait !
— Nous pouvons l’espérer, mais il ne nous en est rien dit. Son châtiment final seul est rapporté. Un homme le vit et vint le dire à Joab. « Pourquoi », lui dit celui-ci, « ne l’as-tu pas abattu là par terre ? Et c’eût été à moi de te donner dix [pièces] d’argent et une ceinture » (2 Sam. 18:11). Et l’homme répondit : « Et quand je pèserais dans ma main mille [pièces] d’argent, je n’étendrais pas ma main sur le fils du roi ; car à nos oreilles le roi t’a commandé, à toi, et à Abishaï, et à Itthaï, disant : Prenez garde, qui [de vous] que ce soit, au jeune homme Absalom » (v. 12). Mais Joab répondit : « Je ne m’attarderai pas ainsi devant toi » (v. 14). Et il prit trois javelots et en perça le cœur du malheureux jeune homme, suspendu encore vivant au milieu du térébinthe. Puis les dix serviteurs qui accompagnaient Joab achevèrent de le mettre à mort.
— Cruel Joab ! Il avait pourtant été ami d’Absalom. Qu’est-ce qui le porta à commettre une telle action après que le roi lui avait recommandé d’user de douceur ?
— Rien ne nous est dit de ses motifs. Peut-être pensait-il que tant qu’Absalom vivrait, David ne serait pas tranquille dans son royaume. Quoi qu’il en soit, sans le savoir et mû sans doute par des pensées charnelles, il fut, dans la main de l’Éternel, l’instrument pour punir un fils coupable. Tu sais ce qui est dit dans les Proverbes, relativement aux enfants rebelles. « L’œil qui se moque d’un père et qui méprise l’obéissance envers la mère, les corbeaux du torrent le crèveront et les petits de l’aigle le dévoreront » (Prov. 30:17). Et la loi de Moïse dit : « Et celui qui frappera son père ou sa mère sera certainement mis à mort » (Ex. 21:15 ; lisez aussi Deut. 21:18-21). Telle était la peine que Dieu voulait qu’on infligeât à celui qui avait méprisé ses parents, ou avait manqué à ce qu’il leur devait au point de les frapper ; or Absalom avait été encore plus loin dans cette voie de rébellion et de violence ; il ne pouvait échapper au juste jugement de Dieu toujours juste dans son gouvernement.
— Mais, ce n’est plus ainsi que les méchants sont punis maintenant.
— Nous ne sommes plus sous la loi de Moïse, c’est vrai. Mais rappelle-toi que les pensées de Dieu ne changent jamais. Son gouvernement reste toujours le même. Un enfant méchant, désobéissant et rebelle est à ses yeux aussi odieux et coupable maintenant qu’autrefois et, s’il ne se repent, le châtiment divin est suspendu sur sa tête et l’atteindra sûrement d’une manière ou d’une autre, ici-bas ou, ce qui est plus terrible encore, dans la vie à venir. Dans l’épître aux Romains, parmi les péchés dont les hommes se rendent coupables se trouve la désobéissance aux parents et la juste sentence de Dieu, dit l’apôtre, est que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort (Rom. 1:30-32). « Et penses-tu », dit encore Paul, « que tu échapperas au jugement de Dieu ? » (Rom. 2:3). Les enfants désobéissants et rebelles devraient peser ces paroles si solennelles car « on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7). Absalom en est un sérieux exemple.
— Combien nous devons être attentifs aux enseignements et aux commandements de la parole de Dieu ! Mais comment faire avec ce méchant cœur que nous portons en nous et qui nous pousse toujours plus au mal ?
— Ne te souviens-tu pas de la petite poésie de « la Bonne Nouvelle » ? :
« Mon enfant, le Seigneur t’aime :
S’il te montre que ton cœur
N’a rien de bon en lui-même,
Jésus te rendra vainqueur.
— Je veux le Lui demander. Mais je pense au pauvre David. Ne fut-il pas bien affligé de la mort de son fils, et fâché contre Joab ?
— Nous en parlerons plus tard. Terminons d’abord ce qui concerne Absalom lui-même. Celui-ci étant mort, Joab fit sonner la trompette pour rappeler le peuple et les empêcher de poursuivre les vaincus. Il arrêta ainsi un vrai carnage inutile. Joab se montrait toujours habile. Il ne voulait pas exciter chez le peuple d’Israël des sentiments hostiles à David. Quant à Absalom, ils le prirent « et le jetèrent dans la forêt, dans une grande fosse, et élevèrent sur lui un très-grand monceau de pierres » (2 Sam. 18:17). Telle fut la sépulture du fils coupable.
— Pourquoi le traita-t-on ainsi et ne le mit-on pas dans un tombeau comme fils de roi ?
— Il n’en était pas digne à cause de sa trahison et de sa rébellion envers son père. La sépulture qu’on lui donna était celle d’un criminel. Voici encore, à ce sujet, un passage du voyageur dont je t’ai parlé : « le grand monceau de pierres élevé sur la fosse où Absalom avait été jeté, ne le fut pas en l’honneur du fils du roi, mais en signe de détestation du crime affreux du traître. Dans toute la contrée, on trouve de ces monceaux de pierres moins grands, mais de la même espèce et ayant la même signification. C’est une coutume générale de nos jours encore, lorsqu’on passe l’un des endroits où un meurtrier fameux a été enterré, d’y jeter une pierre. Je vis mon guide descendre de cheval, cracher sur un monceau et y ajouter sa pierre. — Là gisait, dit-il, un brigand qui avait infesté cette route et commis plusieurs meurtres ». Pauvre Absalom ! De son vivant, il avait fait élever dans la vallée du roi, au Nord de Jérusalem, une stèle ou pierre en forme de colonne pour perpétuer la mémoire de son nom, « car », disait-il, « je n’ai pas de fils ». Et jusqu’aux jours de l’écrivain sacré, on l’appela le monument d’Absalom. Mais que pouvait rappeler ce monument de son orgueil ? Son péché et sa ruine. Combien elle est vraie cette parole du sage : « L’orgueil va devant la ruine, et l’esprit hautain devant la chute » (Prov. 16:18). « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne [la] grâce aux humbles » (Jacq. 4:6).
Bonne Nouvelle 1895 pages 81 à 86
Voici maintenant comment David apprit la défaite d’Israël et la mort de son malheureux fils. Akhimaats, fils de Tsadok le sacrificateur, était un des messagers qui portaient les nouvelles à David. Il se trouvait avec Joab, et il lui dit : « Laisse-moi courir et porter au roi la nouvelle que l’Éternel lui a fait justice de la main de ses ennemis » (2 Sam. 18:19). Mais Joab ne voulut pas qu’un fils de sacrificateur annonçât à David la mort de son fils. Il aimait mieux que ce fût un étranger, et il envoya un homme que l’Écriture nomme le Cushite, c’est-à-dire l’Éthiopien. Cependant, quand celui-ci fut parti et comme Akhimaats insistait encore pour aller aussi dire au roi ce qui était arrivé, Joab le lui permit et le jeune homme courut par le chemin de la plaine et dépassa même le Cushite.
— C’était pourtant une bien triste nouvelle qu’il voulait annoncer, et on n’aime pas ordinairement en être le porteur. Pourquoi donc Akhimaats tenait-il tant à porter un si douloureux message ?
— C’était sans doute à cause de son zèle pour la cause de David, mais comme nous le voyons, il ne lui dit rien de la mort d’Absalom. « David était assis entre les deux portes », attendant les nouvelles. Tu te rappelles que les entrées des villes étaient des constructions massives, des espèces de tours, avec une porte du côté de la ville et un du côté de dehors. Entre deux se trouvait un passage sur lequel s’ouvrait un escalier qui conduisait à une chambre au dessus du passage. Sur le toit en terrasse de la porte se tenait, en temps de guerre, une sentinelle. Celle-ci annonça qu’elle voyait un homme seul courant vers la ville. Et David dit : « S’il est seul, il y a des nouvelles dans sa bouche ». Et un instant après, la sentinelle annonça un autre messager. Le premier était Akhimaats qui, arrivant devant le roi, s’écria : « Paix ! » et, se prosternant, ajouta : « Béni soit l’Éternel, ton Dieu, qui a livré les hommes qui avaient levé leurs mains contre le roi, mon seigneur » ! Mais le cœur du pauvre père n’était rempli que d’une seule pensée : c’était son fils, tout coupable qu’il était. « Y a-t-il paix pour le jeune homme Absalom ? » demanda-t-il tout anxieux.
— Comme on comprend bien que son cœur devait être inquiet. Que répondit Akhimaats ?
— Il cacha la vérité que, sans doute, il n’avait pas le courage de dire, craignant de porter au roi un coup aussi douloureux. « J’ai vu », dit-il, « un grand tumulte lorsque Joab envoya le serviteur du roi et ton serviteur ; et je ne sais ce qu’il y avait ».
— Akhimaats aurait mieux fait d’écouter Joab. Il n’aurait pas été dans le cas de dire un mensonge, n’est-ce pas ?
— Oui, et nous voyons en cela qu’il y a toujours du danger à vouloir faire sa propre volonté, et c’est ce à quoi les jeunes gens sont bien enclins.
— Il fallait pourtant que David apprît la triste réalité.
— Sans doute, et cela ne tarda point. Le Cushite arriva à son tour et dit : « Que le roi, mon seigneur, reçoive une bonne nouvelle, car l’Éternel t’a aujourd’hui fait justice de la main de tous ceux qui s’étaient levés contre toi ». Aussitôt le roi demanda : « Y a-t-il paix pour le jeune homme Absalom » ? Et le Cushite dit : « Que les ennemis du roi, mon seigneur, et tous ceux qui se sont levés contre toi pour le mal, soient comme ce jeune homme » ! Le roi comprit ce que cela voulait dire et, très ému, « il monta à la chambre au dessus de la porte et pleura, et en allant il disait : Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! Fussé-je mort à ta place ! Absalom, mon fils, mon fils » !
— Oh ! Combien il l’aimait ! Cela navre le cœur quand on pense à cette douleur de David. Et cependant Absalom n’avait montré envers son père que dureté et méchanceté, il ne l’aimait pas. Mais je m’étonne que, dans son affliction, David ne se tourne pas vers Dieu pour le prier.
— On aimerait, en effet, entendre David dire dans cette occasion comme dans un de ses beaux psaumes : « Je suis resté muet, je n’ai pas ouvert la bouche, car c’est toi qui l’as fait » (Psaume 39:9). Qui pouvait le consoler sinon l’Éternel seul ? Il comprenait sans doute qu’Absalom avait subi le juste châtiment de son crime, mais son cœur de père n’en souffrait pas moins, surtout quand il pensait que, s’il n’avait pas été faible dans son affection pour Absalom, celui-ci ne se serait pas conduit comme il l’avait fait, et n’aurait pas trouvé la mort dans sa révolte. Quelle leçon pour les parents ! C’est quelque chose de bien sérieux que le saint et juste gouvernement de Dieu.
—Je pense aussi que David n’aurait pas dû souhaiter être mort à la place d’Absalom. Ce méchant fils aurait été un bien piètre roi.
— C’était l’expression de sa vive affliction. Quand on aime profondément, on est prêt à donner sa vie pour ceux que l’on aime. Moïse et Paul auraient voulu être anathèmes pour leur peuple, et Jésus qui nous aime n’est-il pas mort pour nous ? (Exode 32:32 ; Romains 9:3 ; Jean 10:15 ; 15:13). Mais l’amour de David pour son fils était aveugle. Absalom était une idole pour lui, et l’Éternel le lui ôta. Il n’aurait pas permis qu’Absalom, le rebelle, régnât sur son peuple.
— Joab ne fut-il pas bien affligé en voyant la douleur de David ? Ne regretta-t-il pas d’avoir tué Absalom ?
— L’Écriture ne nous dit rien de tel. Joab était un homme de guerre au cœur dur, sans pitié ; en même temps, il était un politique habile qui estimait avoir agi dans l’intérêt de David en le délivrant d’un dangereux ennemi. On peut dire à sa louange qu’il se montra toujours un serviteur dévoué du roi, mais jaloux de la position qu’il occupait auprès de lui comme chef de l’armée. Au lieu d’être affligé, il fut au contraire très fâché de voir David exprimer publiquement sa douleur de la perte de son fils. Le peuple, en revenant de la bataille, apprit comment David menait deuil sur son fils. De sorte que, au lieu de se réjouir, le peuple fut tout affligé. Sa victoire fut changée en deuil. Il sympathisait avec son roi.
— C’était bien, n’est-ce pas ? Il nous est dit de pleurer avec ceux qui pleurent.
— Oui, mais Joab voyait les choses sous un autre angle. Il pensait que David aurait dû être reconnaissant envers ceux qui avaient exposé leur vie pour lui dans la bataille, et c’était vrai. Il vint donc auprès de David et lui dit : « Tu as aujourd’hui rendu honteuse la face de tous tes serviteurs, qui ont aujourd’hui sauvé ta vie, et la vie de tes fils et de tes filles, et la vie de tes femmes, et la vie de tes concubines, en ce que tu aimes ceux qui te haïssent, et que tu hais ceux qui t’aiment, car tu as montré aujourd’hui que tes chefs et tes serviteurs ne te sont rien ; et je sais aujourd’hui que, si Absalom vivait et que, nous tous, nous fussions morts aujourd’hui, alors cela serait bon à tes yeux » (2 Samuel 19:6).
— C’était un langage bien dur.
— Oui, mais c’était vrai. Que David fût affligé, on le comprend ; mais Joab et les autres serviteurs du roi avaient droit à sa reconnaissance, et il les oubliait pour ne penser qu’à ce fils ingrat. Joab engagea donc David avec force à témoigner sa gratitude au peuple, à parler au cœur de ses serviteurs, et il y ajouta une terrible menace : « Je jure par l’Éternel que si tu ne sors, pas un homme ne demeurera cette nuit avec toi ». Il voulait dire qu’il entraînerait toute l’armée avec lui loin de David.
— Quel homme terrible que ce Joab !
— Oui, mais nous voyons bien cependant qu’il avait à cœur le bien de David. Il voulait que le peuple lui restât attaché. David se rendit donc au conseil de Joab et s’assit devant la porte où le peuple vint et se présenta devant le roi. Ainsi se termina cette triste partie de la vie de David. Il dut se rappeler avec une profonde amertume, pendant tous ces jours, ce que le prophète Nathan lui avait annoncé comme châtiment de son péché : « L’épée ne s’éloignera pas de ta maison. Je susciterai de ta propre maison un mal contre toi ». Dieu est juste, il est « un feu consumant » (Hébreux 12:29). Il châtie ses enfants s’ils sont désobéissants. Mais il est un Dieu fidèle. Il avait choisi David et, bien que celui-ci eût appelé sur lui le châtiment de Dieu, l’Éternel se souvenait de sa parole : « Ton trône sera affermi pour toujours » (2 Samuel 7:16), et il le délivra de ses ennemis. Et c’est ainsi que Dieu agit aussi maintenant pour nous. S’il nous châtie pour nos manquements, nous avons à nous soumettre et à nous humilier sous sa puissante main (Jacques 4:6-7 ; 1 Pierre 5:6).
Bonne Nouvelle 1895 n° 6 pages 111 à 118
— Absalom étant mort, les tribus d’Israël, qui l’avaient suivi dans sa révolte, se repentirent en se souvenant que David autrefois les avait délivrées du joug des Philistins, et elles pensèrent à le faire revenir.
— Les Israélites n’auraient jamais dû oublier ce que David avait fait pour eux.
— C’est vrai ; mais tel est, hélas, notre cœur naturel. Nous sommes portés à nous laisser séduire par de belles apparences, comme ce fut le cas des Israélites, et nous devenons ingrats envers ceux qui nous ont fait du bien et nous aiment véritablement. C’est le cas d’enfants à l’égard de leurs parents, et bien souvent de chrétiens à l’égard de Dieu.
— Les tribus firent-elles savoir à David leur désir de l’avoir de nouveau pour leur roi ?
— Non, pas tout de suite. Mais David en entendit parler, et il envoya dire aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar d’engager les hommes de Juda à venir le chercher, et c’est ce qu’ils firent. Mais ce ne fut pas une chose heureuse, elle attira à David une nouvelle épreuve.
— Pourquoi donc ?
— David montrait ainsi une sorte de préférence pour la tribu de Juda, ce qui blessa les autres Israélites. Bien qu’étant de la tribu de Juda, il avait été oint roi sur tout Israël. Et devinerais-tu qui fut une des premiers à venir à la rencontre du roi ?
— C’est peut-être Méphibosheth ?
— Non, nous parlerons de lui tout à l’heure. Mais tu sais qu’il était boiteux. C’est Shimhi qui, avec mille hommes de la tribu de Benjamin, vint au devant de David et de ses serviteurs. Tsiba se trouvait là aussi, accompagné de ses quinze fils et de vingt serviteurs.
— Quoi ? Le méchant Shimhi, qui avait tellement outragé David, ose se présenter devant lui ! Ne craignait-il pas la colère du roi ? Et comment David l’accueillit-il ?
— Shimhi pensait qu’en venant se soumettre à David, il obtiendrait plus facilement son pardon. Il se prosterna devant le roi, reconnut son péché, et pria David de ne pas s’en souvenir et de lui pardonner. En entendant cela, Abishaï, frère de Joab, toujours dévoué au roi, aurait voulu dire qu’on fît mourir Shimhi car, dit-il, « il a maudit l’oint de l’Éternel ».
— Brave Abishaï, n’est-ce pas ?
— Oui, mais il n’entrait pas dans les pensées de David. Celui-ci comprenait qu’en ce jour où il reprenait possession de son royaume, après cette dure et pénible épreuve que son péché lui avait attirée, il fallait être plein de grâce. Comme l’Éternel lui avait pardonné, ainsi il pardonna à Shimhi et lui jura qu’il ne le ferait pas mourir.
— C’est bien beau de la part de David. Cela me rappelle un passage que nous avons appris récemment. C’est celui-ci : « Vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même » (Colossiens 3:13). Mais c’est quelquefois bien difficile. Comment faire pour chasser le ressentiment ?
— Eh bien, le verset que tu as cité te le dit : « Comme le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même ». Pense combien de fois et de combien de manières tu as offensé ce bon Sauveur, et il t’a toujours pardonné et il t’aime toujours. Ne veux-tu pas faire comme lui et aimer ceux qui t’offensent ? Loin de ne plus vouloir leur parler, tâche de leur rendre quelque service, dis-leur une douce parole et ton ressentiment s’en ira.
— Merci. J’ai pensé encore à une autre chose. Abishaï m’a rappelé quand Jacques et Jean voulaient faire descendre le feu du ciel sur les Samaritains parce qu’ils n’avaient pas reçu le Seigneur, et celui-ci les avait fortement repris (Luc 9:51-56). Jacques et Jean ne comprenaient pas la pensée du Seigneur Jésus, n’est-ce pas ? Il était venu pour sauver et non pas perdre.
— Tu as raison. Ils avaient bien à cœur l’honneur de leur Maître, mais ne comprenaient pas qu’il met sa gloire à pardonner et à sauver. Quant à Tsiba, c’était un homme habile, aimant le gain et désireux de conserver ce que David Lui avait donné des biens de Méphibosheth. Celui-ci vint au devant du roi aussi vite que son infirmité le lui permit. Ce ne fut donc que près de Jérusalem qu’il put rencontrer David. L’absence du roi et ses épreuves avaient été pour Méphibosheth un temps de douleur et d’afflictions profondes. En signe de deuil, il avait entièrement négligé le soin de sa personne : « Et il n’avait pas soigné ses pieds, et n’avait pas fait sa barbe, et n’avait pas lavé ses vêtements, depuis le jour que le roi s’en était allé, jusqu’au jour où il revint en paix ». Et il faut bien remarquer qu’il n’avait pas craint de donner ces témoignages publics de son affection pour David alors qu’Absalom était maître de Jérusalem. On voit donc combien Tsiba l’avait calomnié. Méphibosheth avait un cœur plein de reconnaissance et d’amour pour David, et ce fut pour lui un bonheur de revoir celui qui l’avait autrefois cherché, épargné, et lui avait donné une place à sa table.
— Ce que tu viens de dire de Méphibosheth me rappelle ce que le Seigneur Jésus disait à ses disciples avant de les quitter. C’est qu’ils seraient dans la tristesse quand ils ne le verraient plus, mais qu’ensuite il les reverrait et qu’alors ils se réjouiraient et que personne ne leur ôterait leur joie (Jean 16:19-22).
— En effet. Le cœur des disciples fut rempli de joie quand ils virent le Seigneur ressuscité au milieu d’eux. Et le Seigneur ne pouvait plus leur être ôté par la mort. Et nous possédons aussi cette joie, bien que nous ne voyions le Seigneur que par la foi (Jean 20:20 ; Romains 6:9 ; 1 Pierre 1:8). Mais notre joie n’est pas celle du monde.
— Mais nous le verrons bientôt autrement, quand il viendra nous prendre pour que nous soyons toujours avec lui dans le ciel (1 Jean 3:2). Je pensais à cela quand tu disais que David avait cherché et épargné Méphibosheth et qu’il lui avait donné une place à sa table. Le Seigneur Jésus nous a aussi cherchés et sauvés, et nous donne une bonne place auprès de lui. Et alors, quand il reviendra, nous serons si heureux de le voir ! David ne fut-il pas aussi heureux de voir Méphibosheth, comme le Seigneur sera heureux de nous avoir auprès de lui ?
— David n’était qu’un homme, et il pensait à ce que Tsiba lui avait dit ; au lieu de témoigner de l’affection à Méphibosheth, il lui demanda : « Pourquoi n’es-tu pas allé avec moi, Mephibosheth » ? C’était un reproche.
— Cela dut faire beaucoup de peine à Méphibosheth.
— Sans doute, mais il ne proféra aucune plainte. Il se contenta de dire au roi que Tsiba l’avait trompé et l’avait calomnié. Il ne s’arrêta pas à se justifier longuement. « Mais le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu : fais donc ce qui est bon à tes yeux ». Il n’y avait dans le cœur du pauvre boiteux qu’admiration, reconnaissance et dévouement à l’égard de David. Sans doute faisait-il allusion au don que David avait fait à Tsiba de toutes ses terres, car le roi dit : « Toi et Tsiba, partagez les champs ».
— Mais ce n’était pas juste. Tout appartenait à Méphibosheth.
— C’est vrai, mais Méphibosheth ne se souciait pas de cela. Une seule chose occupait son cœur, c’est que David était de retour et qu’il pourrait encore vivre auprès de lui. « Qu’il prenne même le tout, puisque le roi, mon seigneur, est revenu en paix dans sa maison ». Comprends-tu comment cela s’applique à nous ?
— Pour nous Jésus, dont David est un type, doit être plus précieux que tous les biens de la terre.
— Tu as raison, et voici ce que dit l’apôtre Paul à ce sujet : « Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur » (Philippiens 3:8).
— Est-il encore raconté quelque chose de Méphibosheth ?
— Non. Sa courte mais touchante histoire est terminée. Il est heureux auprès du roi. C’est ainsi que la nôtre se terminera aussi, quant à la terre, à la venue du Seigneur Jésus. Mais celle de David continue. Le vieux Barzillaï, cet homme très riche qui avait reçu et entretenu le roi à Mahanaïm, l’accompagna jusqu’à l’autre côté du Jourdain. Le roi aurait voulu reconnaître sa générosité et son dévouement en l’emmenant à Jérusalem, afin qu’il y vécût près de lui, honoré à sa cour. Que penses-tu que fit Barzillaï ?
— Je ne sais. D’un côté, je suis sûre qu’il aurait été heureux de vivre près du roi qu’il aimait, mais d’un autre côté, il était bien vieux et les vieillards aiment la tranquillité. Grand-père ne désire pas qu’il y ait trop de bruit ni de mouvement autour de lui. Et sans doute que dans le palais de David il y avait souvent beaucoup d’allées et venues.
— C’est vrai, et de plus les vieillards n’aiment pas le changement. Mais tu vas voir, par sa réponse, la sagesse et la délicatesse de Barzillaï. Il dit au roi : « Combien seront les jours des années de ma vie, pour que je monte avec le roi à Jérusalem ? Je suis aujourd’hui âgé de quatre-vingts ans ; puis-je distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais ? Ton serviteur peut-il savourer ce que je mange et ce que je bois ? Puis-je encore entendre la voix des chanteurs et des chanteuses ? » Barzillaï ne se faisait pas d’illusion sur ses infirmités, ni sur le peu de temps qui lui restait à vivre. À quoi lui aurait-il servi d’aller dans le palais du roi ? Et il y ajoute cette belle parole : « Et pourquoi ton serviteur serait-il encore à charge au roi, mon seigneur ? » Il ne pouvait plus servir activement David, et il ne voulait pas qu’avec toutes ses graves occupations comme roi, il eût encore à se soucier d’un vieillard infirme. Barzillaï ne pense pas à lui-même. Il a été dévoué et reste encore dévoué au roi, à l’oint de l’Éternel. Quelle belle figure de vieillard ! « Pourquoi », dit-il encore, « le roi me donnerait-il cette récompense ? » Ce qu’il a fait envers David était son devoir, il l’a accompli d’un cœur désintéressé. Il ne veut pas de récompense. Et il ajoute : « Que ton serviteur, je te prie, s’en retourne, afin que je meure dans ma ville, auprès du sépulcre de mon père et de ma mère ». C’était le désir de tout Israélite d’être enterré près des siens (voyez Genèse 47:30 ; 49:29-31). Et l’Éternel prononce comme un châtiment contre quelqu’un qu’il ne serait pas après sa mort déposé dans le sépulcre de ses pères (1 Rois 13:22).
— Il me semble que j’aurais bien aimé ce bon vieillard. Mais David ne fut-il pas peiné de voir que Barzillaï ne voulait rien recevoir de lui ?
— Barzillaï ne désirait rien pour lui-même mais il avait un fils nommé Kimham, et il demanda au roi de le prendre avec lui. David fut tout heureux de cette demande, et il dit à Barzillaï : « Kimham passera avec moi, et je lui ferai ce qui sera bon à tes yeux ; et tout ce que tu voudras de moi, je te le ferai ». David était reconnaissant, et en se séparant du vieillard, il l’embrassa et le bénit. Ainsi se termina cette touchante entrevue. Kimham s’en alla avec le roi. Il bénéficia auprès de celui-ci de ce que son père avait fait pour David. De même, Dieu n’oublie pas et bénit les enfants des parents chrétiens.
Bonne Nouvelle 1895 n° 7 pages 129 à 137
— Nous avons dit que David ne faisait pas une chose heureuse en faisant demander aux hommes de la tribu de Juda de venir le chercher. Quelques-uns des autres tribus se joignirent à eux, mais l’ensemble des hommes d’Israël vint se plaindre au roi et aux hommes de Juda. « Pourquoi », dirent-ils au roi, « nos frères, les hommes de Juda, t’ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi, et à sa maison, et à tous les hommes de David avec lui ? » (2 Samuel 19:41).
— David n’avait-il pas le droit de faire ce qu’il voulait ?
— Sans doute. Mais rappelle-toi qu’il vaut mieux laisser de côté notre droit plutôt que de blesser les autres. Écoute ce que disait l’apôtre Paul à propos de chrétiens faibles qui pensaient devoir s’abstenir de certains aliments. Pour ce qui le concernait, il était « persuadé dans le Seigneur Jésus, que rien n’est souillé par soi-même » et que « toutes choses sont pures » ; il était donc libre de faire comme il voulait. Mais « si, à cause d’une viande, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour ». Et plus loin, il dit encore : « Il est bon de ne pas manger de chair, de ne pas boire de vin, et de ne [faire aucune chose] en laquelle ton frère bronche, ou est scandalisé, ou est faible » (Romains 14:21). Il écrivait aussi aux Corinthiens : « Si la viande est une occasion de chute pour mon frère, je ne mangerai pas de chair, à jamais, pour ne pas être une occasion de chute pour mon frère » (1 Corinthiens 8:13). Nous voyons ainsi qu’il nous faut éviter tout ce qui pourrait blesser les autres, quand même nous aurions le droit de le faire.
— Qu’est-ce que David répondit aux hommes d’Israël ?
— Cela ne nous est pas rapporté, mais les hommes de Juda dirent : « C’est parce que le roi m’est proche ; et pourquoi y a-t-il chez toi cette colère à cause de cela ? Avons-nous mangé quelque chose qui vînt du roi, ou nous a-t-il fait des présents » ?
— C’était vrai, n’est-ce pas ?
— Oui, mais ce n’était pas le moment de le rappeler. David était bien de la tribu de Juda, mais il était roi sur tout Israël, et sous ce rapport, tous les Israélites avaient les mêmes droits à son affection, à ses soins. Il n’avait à favoriser personne. Et les hommes de Juda, en parlant comme ils le faisaient, semblaient se mettre au-dessus des autres. Si nous avons plus qu’eux, de qui cela nous vient-il ? N’est-ce pas de Dieu ? C’est ce que l’apôtre nous enseigne. « Qu’as-tu, que tu n’aies reçu ? Et si aussi tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu » (1 Corinthiens 4:7 ; voyez aussi Romains 12:3 ; Phil. 2:3).
— La prétention des hommes de Juda d’être plus près du roi que les autres me rappelle aussi les fils de Zébédée qui voulaient avoir les premières places auprès du Seigneur Jésus dans la gloire. Et les autres apôtres furent fâchés contre eux (Marc 10:35-37).
— Et te rappelles-tu ce que le Seigneur leur dit ?
— C’est que celui qui voudrait être le premier devait s’abaisser et être le serviteur de tous. C’est ce que Jésus a fait. Mais, peux-tu me dire ce que firent les hommes d’Israël ?
— Ils furent très blessés de cette réponse hautaine, et répondirent non moins fièrement et aussi pour se faire valoir : « J’ai dix parts au roi, et aussi en David j’ai plus que toi ; et pourquoi m’as-tu méprisé » ? C’est-à-dire, David nous appartient dix fois plus qu’à vous puisque nous sommes dix tribus. Et ils ajoutèrent qu’ils avaient parlé les premiers de ramener le roi.
— C’est vrai mais ils ne l’avaient pas fait.
— Quoiqu’il en soit, ces paroles n’étaient pas faites pour adoucir les hommes de Juda. Orgueil contre orgueil n’est pas un moyen de s’entendre. C’est comme si deux enfants se disputaient et que l’un dise : « Moi, je suis plus sage que toi », et l’autre : « Mais moi je suis plus savant ». On n’arrive ainsi qu’à s’aigrir les uns contre les autres. C’est ce qui eut lieu. Les hommes de Juda répondirent plus durement encore à ceux d’Israël. Quelle triste chose ! Si les uns et les autres avaient pensé davantage à leur roi et moins à eux-mêmes, leur dispute aurait bientôt pris fin. Les hommes de Juda auraient dit : « Nous sommes frères, nous l’avons ramené pour vous comme pour nous. Venez, servons-le fidèlement ensemble », et ceux d’Israël se seraient apaisés. « Une parole douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère » (Proverbes 15:1). Voilà ce dont il faut se rappeler.
— Les hommes d’Israël répondirent-ils encore aux hommes de Juda ?
— Non, leur patience était à bout, et l’orgueil de ceux de Juda
eut une très grave conséquence. Il y a toujours des hommes méchants prêts à
tirer profit des querelles, et surtout il y a le Méchant par excellence, Satan,
toujours aux aguets pour jeter le trouble et la division chez le peuple de Dieu.
« Et il se rencontra là un homme de Bélial, son nom était Shéba, fils de
Bicri, Benjaminite ; et il sonna de la trompette, et dit : Nous
n’avons point de part en David, ni d’héritage dans le fils d’Isaï. Chacun à sa
tente, Israël ! » Et tous les hommes d’Israël se séparèrent de David
et suivirent Shéba (2 Samuel 20:1-2). Bélial veut dire scélérat
et s’applique à Satan (voyez 2 Cor. 6:15). Mais les hommes
de Juda restèrent fidèles à leur roi et le conduisirent à Jérusalem. C’est
ainsi que, lorsque les chrétiens ne veillent pas, s’enorgueillissent, se
disputent et oublient le Seigneur pour penser à eux-mêmes, le diable vient et
cause parmi eux des divisions (voyez 1 Corinthiens 1:10-12 ; 4:6). On
s’attache alors à un homme au lieu de s’attacher à Christ.
— Shéba réussit-il à se faire roi ?
— Il n’en eut pas le temps. David le fit poursuivre. Mais avant d’aller plus loin, il nous faut noter que, pour une raison difficile à comprendre, David avait ôté le commandement de l’armée à Joab et l’avait donné à Amasa qui auparavant était chef de l’armée d’Absalom. Cet Amasa était aussi neveu de David et cousin de Joab.
— Peut-être David était-il très fâché contre Joab parce que celui-ci avait tué son fils. Mais Joab se laissa-t-il ainsi prendre le commandement ? C’était un homme si rude et si fier.
— Tu verras ce qu’il fit. Il ne se révolta pas contre David. Il ne dit pas comme d’autres l’auraient fait : « Puisque le roi m’ôte le commandement, je vais aller avec mes hommes de guerre me joindre à Shéba ». Non, il était attaché à David, et c’est un beau trait de son caractère. Amasa, quant à lui, manqua de zèle ou d’habileté, peut-être voulut-il favoriser secrètement Shéba qui avait pour lui dix tribus, et il tarda à exécuter le commandement du roi. Alors David dit à son fidèle Abishaï qui était toujours avec lui : « Shéba, fils de Bicri, nous fera plus de mal qu’Absalom. Toi, prends les serviteurs de ton seigneur, et poursuis-le, de peur qu’il ne trouve des villes fortes, et qu’il ne se dérobe à nos yeux » (2 Samuel 20:6). Aussitôt Abishaï réunit les hommes de Joab, c’est-à-dire une troupe de guerriers serviteurs de Joab, et sans doute Joab était avec eux ; il prit aussi les Kéréthiens et les Péléthiens qui composaient la garde de David, et tous les hommes vaillants qui étaient à Jérusalem, et ils se mirent à la poursuite de Shéba.
— C’est bien de voir ces hommes toujours fidèles à David, dans toutes les circonstances et prêts à le servir. C’est ainsi, n’est-ce pas, que nous devons être fidèles au Seigneur Jésus, et constamment disposés à faire promptement ce qu’Il nous commande ?
— Oui, demandons-lui de Lui être toujours dévoués, quand même tous ne montreraient que de la tiédeur à son service.
— Et Amasa, si lent à servir David, que faisait-il ?
— Comme il revenait, il rencontra à Gabaon, à environ dix kilomètres de Jérusalem, Abishaï et son armée. Joab vint au devant d’Amasa pour le saluer, et comme il s’avançait vers lui, son épée tomba. Il la ramassa et, la tenant dans sa main gauche, il saisit de la droite la barbe d’Amasa pour le baiser, en lui disant : « Te portes-tu bien, mon frère ? » et, au même instant, il lui plongea son épée dans le ventre et le frappa à mort.
— Quel homme cruel et sanguinaire que ce Joab ! Il avait déjà tué Abner. Il est vrai que c’était pour venger son frère Asçaël, mais Amasa ne lui avait rien fait.
— Joab était un homme ambitieux et sans crainte de l’Éternel. Il voulait garder sa position comme chef de l’armée, et pour cela un meurtre ne l’effrayait pas. Il manifestait ainsi un des caractères que la parole de Dieu assigne aux méchants : « Leurs pieds sont rapides pour verser le sang » (Romains 3:15).
— Mais Joab avait-il une raison pour commettre ce meurtre ?
— Très souvent, le méchant trouve une raison pour justifier le mal qu’il veut faire. Joab se disait peut-être : « Amasa n’est pas capable de conduire l’armée ; il trahira peut-être David puisqu’il s’était autrefois mis du côté d’Absalom ; et maintenant il ne s’est pas du tout pressé d’obéir au roi ». Joab pouvait raisonner ainsi. Quoiqu’il en soit, il reprit avec Abishaï le commandement de l’armée et ils poursuivirent sans relâche Shéba. Celui-ci passa à travers tout le pays d’Israël, et vint enfin se réfugier dans une ville forte nommée Abel-Beth-Maaca, tout au nord du pays. Joab vint l’assiéger et la pressa vivement. Toute l’armée sapait la muraille pour la faire tomber. Mais une femme de la ville qui, par sa sagesse et sa prudence, avait une grande influence, vit le danger que couraient les habitants si la ville était prise. Elle vint sur la muraille et demanda à parler à Joab. Celui-ci vint et la femme lui dit : « Moi, je suis paisible [et] fidèle en Israël ; toi, tu cherches à faire périr une ville et une mère en Israël ; pourquoi veux-tu engloutir l’héritage de l’Éternel ? » Joab répondit : « Loin de moi, loin de moi, de vouloir engloutir et détruire ! … Un homme de la montagne d’Éphraïm, qui a nom Shéba, fils de Bicri, a levé sa main contre le roi, contre David ; livrez-le, lui seul, et je m’en irai de devant la ville. Et la femme dit à Joab : Voici, sa tête te sera jetée par la muraille ». Et elle vint vers le peuple avec toute sa sagesse et lui parla et le persuada de se défaire de Shéba. Les gens de la ville pensèrent qu’il valait mieux qu’un seul périsse plutôt qu’eux tous. Ils coupèrent la tête à Shéba et la jetèrent à Joab qui se retira. Ainsi périt celui qui avait osé s’élever contre l’oint de l’Éternel.
— C’était une chose sérieuse de s’attaquer à David.
— En effet. David pouvait avoir commis des fautes et même de très graves, et Dieu le châtiait à cause de cela. Mais il était le roi choisi de Dieu, et s’élever contre lui c’était s’élever contre l’Éternel. Absalom et Shéba sont des exemples qui nous font voir que Dieu a puni ceux qui osaient se rebeller contre David. Mais, combien il est plus solennel encore de se révolter contre le Seigneur Jésus ! Tous ceux qui le font périront certainement. Il est écrit : « Baisez le Fils, de peur qu’il ne s’irrite et que vous périssiez dans le chemin, quand sa colère s’embrasera tant soit peu. Bienheureux tous ceux qui se confient en Lui ! » (Psaume 2:12). Et il est dit aussi que ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ subiront le châtiment d’une destruction éternelle (2 Thessaloniciens 1:8-9).
— C’est bien sérieux. Combien on est heureux de s’être confié au Seigneur Jésus, et d’être ainsi assuré que l’on ne périra pas. Joab demeura-t-il chef de l’armée malgré son nouveau crime ?
— Oui. « Joab retourna à Jérusalem vers le roi », est-il dit. Mais si David ne lui fit rien, l’Éternel avait tout vu dans la vie de cet homme de sang, et le moment viendra où il trouvera la punition qu’il méritait. Car l’Éternel est juste et ne peut laisser le mal impuni. David était maintenant rétabli définitivement à Jérusalem, bien que lui et le peuple eussent encore à passer par plusieurs épreuves. Il avait pour chef de l’armée Joab ; le fidèle et dévoué Bénaïa, homme plein de bravoure qui s’était distingué par de grands exploits, était chef des Kéréthiens et des Péléthiens. C’est lui qui exécutait les jugements qui frappaient les grands coupables. Adoram était établi pour faire rentrer les tributs ; c’était le ministre des finances. Puis il y avait Josaphat qui rédigeait les chroniques du règne de David, c’est-à-dire les évènements qui avaient lieu. Sheva était le secrétaire du roi ; Tsadok et Abiathar étaient les sacrificateurs, et Ira dirigeait la maison du roi. Ainsi tout était de nouveau en ordre autour du roi, et pour le gouvernement de son peuple.
Bonne Nouvelle 1895 n° 8 pages 148 à 156.
— La dernière fois, nous avons vu comment David était rentré à Jérusalem et y régnait paisiblement, après avoir établi ses principaux officiers sur les affaires du royaume. On est heureux de voir David en repos.
— En effet. Toute cette histoire de la révolte d’Absalom est profondément triste. Nous y avons vu bien des manifestations de la méchanceté naturelle du cœur. Quant à David, dans ces cruelles épreuves, il s’était humilié sous la puissante main de Dieu (1 Pierre 5:6). Il les avait reçues et subies comme le châtiment dû à son péché, comme le prophète le lui avait annoncé (2 Samuel 12:7-12). Et en effet, c’est reposant pour le cœur et consolant de voir la réalisation de cette parole que, si Dieu châtie les siens, « il ne garde pas sa colère à toujours » (Psaume 103:9). Mais cela ne veut pas dire que David n’eut plus d’épreuves à supporter. Les enfants de Dieu en ont tout le long de leur vie. Elles ne sont pas toujours des châtiments qu’ils se sont attirés pour leurs fautes ; mais Dieu les permet pour exercer leur foi, leur patience et leur confiance en Dieu. Vois 1 Pierre 1:6-7 ; Jacques 1:12 ; Hébreux 12:7, 10-11 ; et la grande épreuve d’Abraham, Genèse 22.
— Quelles furent donc les épreuves qui frappèrent David quand il était bien tranquille dans son palais ?
— D’abord ce fut une famine qui, trois ans de suite, désola le pays. Tu comprends combien cela devait être douloureux pour David, qui aimait tant son peuple, de le voir souffrir de la faim. C’était d’autant plus extraordinaire et éprouvant que, sous David, le peuple à son exemple servait l’Éternel. Or Dieu avait promis que, si Israël était fidèle, il le bénirait et lui donnerait tout en abondance (Deutéronome 28:1-14).
— Il y avait peut-être quelque mal caché parmi le peuple. On a vu que, à Jéricho, lorsque Acan avait désobéi en prenant du butin sans que personne ne le sût, les Israélites furent battus par leurs ennemis.
— Tu as raison. Mais comment David pouvait-il savoir s’il y avait un interdit, c’est-à-dire quelque chose de mal en Israël ?
— En demandant à l’Éternel, n’est-ce pas ?
— Oui, et c’est ce que fit David. Mais il aurait dû le faire plus tôt. Il aurait dû se demander tout de suite pourquoi l’Éternel frappait son peuple, et il aurait épargné la famine à son peuple. Quand une épreuve vient à frapper un enfant de Dieu, il doit chercher devant Dieu la raison pour laquelle Dieu la lui envoie. Quoi qu’il en soit, David rechercha la face de l’Éternel qui lui dit : « C’est à cause de Saül et de sa maison de sang, (c’est-à-dire cruelle et souillée de sang), parce qu’il a fait mourir les Gabaonites » (2 Samuel 21:1). Te rappelles-tu l’histoire des Gabaonites ?
— Oui. Ils avaient eu peur des enfants d’Israël quand ceux-ci entrèrent dans le pays de Canaan, et ils avaient fait semblant de venir d’un pays très éloigné pour faire alliance avec eux. Et Josué n’avait pas consulté l’Éternel, et lui et les anciens d’Israël firent la paix avec eux et s’engagèrent par serment à ne pas les faire mourir. Et ensuite ils apprirent que les Gabaonites les avaient trompés et demeuraient près d’eux. Alors Josué leur dit qu’ils seraient à toujours serviteurs des enfants d’Israël, coupeurs de bois et puiseurs d’eau (Josué 9). Mais nous n’avons pas vu dans l’histoire de Saül qu’il avait voulu faire du mal aux Gabaonites.
— C’est vrai. Le fait ne nous est rapporté qu’ici. Saül, dans un faux zèle et s’imaginant peut-être servir Dieu, poursuivit et tua plusieurs des Gabaonites. Il voulait les détruire malgré le serment fait par Josué de les épargner. Saül ne possédait pas la vraie sagesse qui consiste, non pas à suivre ses propres pensées, mais à se laisser conduire par Dieu et sa parole.
— Deux choses m’étonnent. D’abord c’est que, si longtemps après la mauvaise action de Saül, Dieu la rappelle, et ensuite que le châtiment tombe sur le peuple tout entier.
— Dieu gouverne toutes choses, Il est saint et juste et ne peut laisser le mal impuni. Quelque soit le moment où le péché a été commis, tôt ou tard le châtiment divin l’atteindra. Il y a un gouvernement de Dieu sur les nations en général, et l’histoire nous montre que les iniquités des rois ou des peuples trouvent leur punition. Il y a un gouvernement de Dieu sur les individus. « Ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Galates 6:7). Ce ne sera pas impunément, par exemple, qu’un enfant aura été rebelle et désobéissant à ses parents. Dieu le trouvera tôt ou tard. Et cela est vrai aussi des enfants de Dieu. S’ils ne marchent pas fidèlement, ils en subissent les conséquences. Nous voyons cela dans l’histoire de Jacob et celle de David. Mais Israël était tout spécialement sous le gouvernement de l’Éternel. Il était son Dieu et son Roi. La terre d’Israël, qui était celle de l’Éternel, avait été souillée par le sang innocent des Gabaonites, et le serment de les épargner, fait au nom de l’Éternel, avait été violé. Il fallait une expiation. En attendant, pour montrer aux Israélites le mal qui avait été commis au milieu d’eux et qui subsistait devant Dieu, Dieu leur retirait sa bénédiction. Il voulait un peuple saint. Quand il châtie les siens, c’est pour les rendre participants de sa sainteté (Hébreux 12:10).
— C’est bien sérieux. Combien nous devons faire attention à nous-mêmes.
— Oui, il nous faut veiller et prier afin que nous soyons gardés du mal.
— Que fit David quand il eut entendu la réponse de l’Éternel ?
— Il fit venir les Gabaonites et leur dit : « Que ferai-je pour vous, et avec quoi ferai-je expiation, de sorte que vous bénissiez l’héritage de l’Éternel », c’est-à-dire le pays et le peuple d’Israël. Les Gabaonites répondirent : « Il ne s’agit pas pour nous d’argent ou d’or à l’égard de Saül et de sa maison, ni qu’on fasse mourir personne en Israël… qu’on nous livre sept hommes de ses fils, et nous les pendrons devant l’Éternel à Guibha, la ville de Saül ».
— Cela semble bien cruel. Les fils de Saül n’avaient peut-être pas participé à la mauvaise action de Saül.
— Ils ne l’avaient peut-être pas fait effectivement, mais ne s’y étaient pas opposés, n’avaient rien fait pour faire voir qu’ils le désapprouvaient et, Saül une fois mort, ils n’avaient pas cherché à expier son crime. L’Éternel dit : « Saül et sa maison de sang », ce qui montre bien qu’il les considérait tous comme responsables. Or la loi de Moïse demandait que le sang versé soit expié par le sang (Nombres 35:17, etc. ; vois aussi Genèse 9:6). Aussi David accorda-t-il aux Gabaonites leur demande. Seulement il ne leur livra pas Méphibosheth, fils de Jonathan, à cause du serment qu’il avait fait à Jonathan (1 Samuel 20:14-15).
— Cela me rappelle ce beau passage : « Vous avez été rachetés non par des choses corruptibles, de l’argent ou de l’or, mais par le sang précieux de Christ (1 Pierre 1:18-19). Nous étions bien coupables et avions mérité la mort et le jugement ; rien au monde ne pouvait nous en racheter, mais le Seigneur Jésus s’est livré pour nous et a souffert à notre place. Combien Il nous a aimés ! Peux-tu me dire quels furent les sept malheureux fils de Saül qui furent livrés aux Gabaonites ?
— Il y eut cinq fils d’une fille de Saül et deux fils que Saül avait eus d’une femme nommée Ritspa. Les sept furent pendus et moururent aux premiers jours de la moisson. Leur vie fut tranchée de même que les épis mûrs, quand la nature était dans sa splendeur.
— On ne peut s’empêcher de frémir en pensant aux terribles conséquences du péché, à cette mort qui règne partout sur la terre.
— C’est en effet douloureux, mais le chrétien connaît Jésus qui a vaincu la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile. Et nous savons que le temps viendra où la mort ne sera plus (2 Timothée 1:10 ; Apocalypse 21:4). En présence du triste sort des fils et petit-fils de Saül, subissant la peine de leur péché, nous voyons un trait bien touchant d’amour et de dévouement. Ritspa, la vieille mère, le cœur sans doute déchiré de douleur de la mort de ses deux fils, quitta sa demeure et vint dresser contre le rocher une sorte de tente auprès des cadavres qu’elle couvrit aussi. Et là, veillant sans cesse, elle empêchait les oiseaux voraces de se poser sur eux, et de nuit le bêtes féroces de toucher aux restes de ceux qu’elle aimait.
— C’est en effet bien touchant. Pourquoi ne les avait-on pas enterrés une fois qu’ils furent morts ? Il me semble me rappeler que celui qui avait été pendu devait être enterré le jour même (Deut. 21:22, 26).
— C’est vrai, mais peut-être plusieurs choses prescrites par la loi étaient-elles oubliées, et nous pouvons bien penser que les Gabaonites les ignoraient, eux qui n’étaient pas du peuple d’Israël. Mais quand David apprit ce que Ritspa avait fait, son cœur généreux en fut touché. Il se souvint que Saül et Jonathan n’avaient pas été enterrés dans le sépulcre de leurs pères, mais que leurs os étaient encore à Jabès de Galaad (1 Samuel 31:8-13). Il alla donc chercher leurs restes, les réunit aux os de ceux qui avaient été pendus, et on les enterra tous dans le sépulcre de Kis, père de Saül. C’est ainsi que David honora une dernière fois l’homme qui l’avait haï et tant persécuté, mais à l’égard duquel lui, David, ne montra jamais que du respect et de l’affection parce qu’il était l’oint de l’Éternel. Le péché de Saül envers les Gabaonites étant expié, Dieu fut propice au pays.
— David fut-il alors tout à fait tranquille ?
— Non. Les Philistins, les ennemis acharnés du peuple d’Israël, attaquèrent de nouveau et plusieurs combats furent livrés contre eux. Dans l’un d’eux, David, étant fatigué, courut un grand danger. Un géant comme Goliath l’attaqua et le serra de près. Mais le vaillant et fidèle Abishaï, toujours près de son roi, le secourut et tua le géant. Alors les hommes de David lui jurèrent, en disant : « Tu ne sortiras plus avec nous pour la guerre, et tu n’éteindras pas la lampe d’Israël ».
— Que voulaient-ils dire par là ?
— David était le chef, le conducteur, le guide du peuple. Il les éclairait de sa sagesse et de ses conseils. Sans lui ils étaient comme des brebis qui ont perdu leur berger. Ils ne voulaient donc pas qu’il s’exposât à être tué. Ils aimaient leur roi. Pour nous, nous avons Jésus, le grand capitaine de notre salut, qui ne peut être tué. Il est descendu dans la mort pour nous, mais maintenant ressuscité, « Il est vivant aux siècles des siècles » (Apocalypse 1:18). En Lui nous avons une lumière qui ne peut être éteinte. Dans trois autres rencontres, trois géants, dont l’un était le frère de Goliath, furent tués par les guerriers de David dans des combats singuliers. Les noms de ces vaillants hommes d’Israël nous ont été conservés dans le livre de Dieu. Ils sont inscrits là comme au tableau d’honneur. L’un se nommait Sibbecaï, un autre était Elkhanan et le troisième était Jonathan fils de Shimha, frère de David. L’adversaire de ce dernier était un homme extraordinaire. Outre sa haute taille, il avait six doigts à chaque main, et six orteils à chaque pied. Fier de sa force, il outrageait Israël, mais Jonathan le tua.
— Les Philistins se fiaient à ces géants pour effrayer et mettre en fuite les Israélites, n’est-ce pas ? Mais maintenant ceux-ci n’avaient plus peur des géants comme au temps de Saül.
— Et sais-tu pourquoi ? C’est qu’ils avaient à leur tête David, le roi choisi de Dieu, l’homme selon son cœur, qui le premier avait frappé le géant Goliath et montré que l’Éternel donne la victoire à son peuple quand celui-ci se confie en Lui. Comprends-tu ce que cela nous apprend ?
— Jésus a vaincu notre grand ennemi, Satan, et maintenant, en nous confiant en notre Sauveur, nous sommes aussi vainqueurs du diable. Un verset nous dit : « Nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Hébreux 2:14 ; Romains 8:37).
— Tu dis bien. Satan ne peut rien contre celui qui reste auprès du Seigneur. Il nous est dit aussi : « Résistez au diable et il s’enfuira de vous » (Jacques 4:7). Et pour cela, il nous faut veiller et prier, demeurer ferme dans la foi (1 Pierre 5:8-9).
Bonne Nouvelle 1895 n° 9 pages 162 à 172
— David passa par une dernière épreuve. Un nouveau châtiment tomba sur le peuple d’Israël, et ce qui dut être bien douloureux pour le roi, c’est que lui-même en fut la cause.
— Cela m’étonne beaucoup. David aimait tant son peuple qui était le peuple de l’Éternel. Comment cela arriva-t-il ?
— Après qu’il eut été délivré de ses ennemis (2 Samuel 22:1), David ne veilla pas sur lui-même et Satan, l’ennemi de Dieu et de son peuple, toujours aux aguets pour nous faire tomber, en profita pour inspirer au roi une mauvaise pensée, une pensée d’orgueil. Il savait bien que la faute du roi aurait aussi de fâcheuses conséquences pour Israël. Il est dit que Satan se leva contre Israël et incita David à dénombrer le peuple. Alors « la colère de l’Éternel s’embrasa de nouveau contre Israël » (2 Samuel 24:1), comme cela avait eu lieu à l’occasion des Gabaonites.
— Quel mal y avait-il à dénombrer le peuple ? Je me rappelle que Moïse le fit deux fois (Nombres 14 et 26).
— C’est vrai, mais le fit-il de son propre mouvement ou pour tirer gloire de ce que le peuple était très nombreux ?
— L’Éternel le lui avait ordonné.
— Tu vois donc la grande différence. L’un le fit pour obéir à Dieu, et l’autre en suivant la pensée d’orgueil que Satan mettait dans son cœur, pour pouvoir dire : « Voyez quel grand nombre de guerriers j’ai dans mon armée ; à quel peuple nombreux je commande ! » David devait mieux savoir et ne pas chercher à se glorifier ainsi, lui qui dit dans un psaume : « Ceux-ci font gloire de leurs chars, et ceux-là de leurs chevaux, mais nous, du nom de l’Éternel, notre Dieu » (Psaume 20:7).
— Comment David s’y prit-il pour dénombrer le peuple ? Quand les Israélites campaient dans le désert, autour du tabernacle, par tribus et familles, ils n’étaient pas très éloignés les uns des autres et ce devait être assez facile de les compter. Mais maintenant qu’ils étaient répandus dans tout le pays de Canaan, ce n’était pas si aisé.
— Non, sans doute. Pour faire ce dénombrement, David fit venir Joab et les chefs de l’armée car c’étaient les hommes propres à la guerre dont on comptait le nombre, et il dit à Joab : Parcours, je te prie, toutes les tribus d’Israël depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, et qu’on dénombre le peuple, afin que je sache le nombre du peuple ». Mais Joab répondit : « Que L’Éternel, ton Dieu, ajoute au peuple cent fois autant qu’il y en a, et que les yeux du roi, mon seigneur, le voient ! Mais pourquoi le roi, mon seigneur, prend-il plaisir à cela ? Pourquoi le châtiment en viendrait-il sur Israël ? »
— Je suis étonnée de ce qu’il parle ainsi. Il n’était pourtant pas un homme pieux.
— C’est vrai, mais Joab était un homme avisé, sage selon le monde, et qui avait toujours voulu le bien de David. Il jugeait que la chose que désirait celui-ci n’était pas bonne, et il avait pu remarquer que toutes les fois que le roi avait agi sans consulter Dieu, il en était résulté de fâcheuses conséquences. Voilà pourquoi il lui répugnait d’obéir à la parole de David.
— N’aurait-il pas dû refuser de faire ce que le roi commandait ?
— Je pense qu’il n’y avait pas en Joab assez de crainte de l’Éternel pour s’opposer davantage à David. Il aurait dû lui dire de consulter l’Éternel, mais ses motifs étaient tout humains, et il ne le fit pas. Ainsi « la parole du roi prévalut sur Joab », et Joab et les chefs de l’armée partirent pour dénombrer le peuple. Ce fut un travail considérable car ils ne revinrent à Jérusalem qu’au bout de neuf mois et vingt jours, et encore Joab n’avait compté ni Benjamin ni Lévi, tant la chose lui était désagréable.
— Avaient-ils trouvé que le nombre du peuple était bien grand ?
— Très grand. Le nombre des hommes pouvant aller à la guerre, sans doute depuis l’âge de vingt ans, montait de un million trois cents à un million cinq cents mille. C’était plus du double du nombre de ceux qui entrèrent autrefois en Canaan (Nombres 26:51), et cela fait supposer que le pays était extrêmement peuplé.
— David fut-il satisfait en entendant le rapport de Joab ?
— Non, au moins pas longtemps. Ce qu’il avait fait déplut à Dieu et David se sentit repris dans son cœur. C’est ainsi que, quand un enfant de Dieu s’est laissé aller à penser ou faire quelque chose de mal, sa conscience le met mal à l’aise. David vit qu’il avait eu tort d’agir sans l’ordre de Dieu, d’avoir cédé à un mouvement d’orgueil. « J’ai grandement péché », dit-il à l’Éternel, « en ce que j’ai fait cette chose ; et maintenant, fais passer, je te prie, l’iniquité de ton serviteur, car j’ai agi très follement ».
— Et Dieu lui pardonna, n’est-ce pas ? Dieu a dit qu’à celui qui confesse son péché, il le lui pardonne (Proverbes 28:13 ; 1 Jean 1:9).
— Oui, Dieu pardonne dans son infinie bonté, au pécheur qui se repent et confesse ses fautes : David le savait bien, vois le Psaume 32. Mais selon le juste gouvernement de Dieu en Israël, il ne pouvait échapper aux conséquences de la faute qu’il avait commise. Il en fut de même après le meurtre d’Urie (2 Samuel 12:13-15). Aussi nous lisons : « Et le matin, quand David se leva, la parole de l’Éternel vint à Gad, le prophète, le voyant de David, disant : Va, et parle à David : Ainsi dit l’Éternel : Je t’impose l’une de ces trois choses ; choisis-en une, et je te la ferai. Et Gad vint vers David, et lui rapporta cela, et lui dit : La famine viendra-t-elle sur toi sept ans dans ton pays ; ou veux-tu fuir trois mois devant tes ennemis, et qu’ils te poursuivent ; ou y aura-t-il trois jours de peste dans ton pays ? Sache maintenant, et vois quelle parole je rapporterai à celui qui m’a envoyé ».
— Quelle terrible alternative ! Combien il devait être en perplexité !
— Il l’était, en effet. « Je suis », dit-il, « dans une grande détresse. Que nous tombions, je te prie, dans les mains de l’Éternel, car ses compassions sont grandes ; et que je ne tombe point dans la main des hommes ».
— Que voulait-il dire par là ?
— Il désirait que le châtiment vînt directement de la main de Dieu, d’un Dieu toujours miséricordieux, et qui se laisse fléchir par les prières. Fuir devant ses ennemis était, pour ainsi dire, une atteinte à la gloire du Dieu d’Israël, et être exposé de nouveau à la famine, qui déjà auparavant avait sévi pendant trois ans, c’était pour le peuple une lente agonie. L’Éternel envoya donc la peste sur le peuple. Durant ces trois jours, l’ange destructeur moissonna 70000 de ces hommes propres à la guerre, qui faisaient l’orgueil du roi. Quelle douleur pour David ! L’ange de l’Éternel, ayant semé la mort et le deuil depuis Dan jusqu’à Béer Shéba, ce même territoire qu’avait parcouru Joab pour dénombrer le peuple, il vint à Jérusalem pour la détruire. Comme déjà il avait commencé son œuvre de destruction, l’Éternel eut compassion du peuple. Jérusalem n’était-elle pas la ville qu’il avait choisie, la ville où était le mont Sion où l’Éternel avait commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité ? Vois le Psaume 133:3. L’Éternel dit à l’ange : « Assez ! Retire maintenant ta main ». L’ange était alors près de l’aire d’un certain Ornan ou Arauna, le Jébusien, qui foulait du froment avec ses quatre fils.
— Pourquoi est-il appelé le Jébusien ?
— Je pense qu’il était un des anciens habitants du pays, un Cananéen par conséquent, qui demeurait dans la ville de Jébus, ancien nom de Jérusalem (1 Chroniques 11:4). Ornan et ses fils virent l’ange avec son épée de destruction, et ils se cachèrent.
— Ils craignaient pour leur vie, n’est-ce pas ? Mais les Israélites, dans les différentes tribus, virent-ils aussi l’ange qui les frappait ?
— Cela ne nous est pas dit et je ne le pense pas.
— L’ange fit-il mourir Ornan et ses fils ?
— Non. Ils furent au bénéfice de la parole de grâce que l’Éternel avait dite à l’ange : « Retire ta main ». De plus, Dieu voulait accorder à Ornan une grande faveur. David et les anciens d’Israël étaient dans le deuil à cause de cette grande plaie, et s’étaient couverts de sacs en signe d’affliction lorsque, tout à coup, « David leva ses yeux, et vit l’ange de l’Éternel se tenant entre la terre et les cieux, ayant en sa main son épée nue étendue sur Jérusalem ».
— Ce devait être terrible à voir ! C’était comme l’épée du jugement, n’est-ce pas ?
— Oui, aussi David et les anciens effrayés tombèrent-ils sur leurs faces. Et David sentit alors plus profondément le péché qu’il avait commis et qui attirait sur Israël une si grande calamité. La vue des conséquences du péché devrait remplir nos âmes de crainte. L’épée du jugement est suspendue sur la tête de tout pécheur qui n’a pas cru en Jésus et qui n’a pas la vie éternelle (Jean 3:35). Et ce jugement est un jugement éternel (Hébreux 6:2). Dans sa douleur David dit à l’Éternel : « N’est-ce pas moi qui ai commandé de dénombrer le peuple ? C’est moi qui ai péché et qui ai mal agi ; mais ces brebis, qu’ont-elles fait ? Éternel, mon Dieu, je te prie, que ta main soit sur moi et sur la maison de mon père, mais qu’elle ne soit pas sur ton peuple pour le frapper » (1 Chroniques 21:17).
— Mais l’Éternel avait déjà dit à l’ange de suspendre ses coups.
— C’est vrai. La grâce, dans le cœur de Dieu, précède toujours la pensée et le mouvement du cœur de l’homme. Il en est ainsi pour notre salut. Lis à ce propos 2 Timothée 1:9.
— « Qui nous a sauvés et nous a appelés d’un saint appel, non selon nos oeuvres, mais selon son propre dessein, et sa propre grâce qui nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles ».
— C’est-à-dire avant que le monde fût, dans sa grâce Dieu se proposait de faire ce qu’il fallait pour nous sauver. Mais les hommes n’en savaient rien avant que le Seigneur Jésus fût venu nous faire connaître ce dessein d’amour (2 Timothée 1:10). De même David ignorait ce que Dieu avait dit à l’ange, et il s’offre lui-même aux coups du jugement à la place de son peuple.
— Cela rappelle le Seigneur Jésus mettant sa vie pour ses brebis (Jean 10:11, 15).
— En effet. Mais ici David était coupable, tandis que le Seigneur Jésus, sans péché, a pris sur Lui nos péchés afin de les expier par ses souffrances et par sa mort. Cela fait une immense différence. Cependant l’Éternel eut égard à la prière de David. Il lui fit connaître que sa grâce avait agi et que ses compassions, sur lesquelles David avait compté, avaient écarté l’épée du jugement.
— Quel signe l’Éternel lui donna-t-il ?
— Le même prophète Gad, qui avait annoncé à David le châtiment, vint lui dire de la part de l’Éternel d’élever un autel dans l’aire d’Ornan, là où lui était apparu l’ange avec l’épée nue, et d’y offrir un holocauste.
— Pourquoi David devait-il y offrir un sacrifice ?
— C’est seulement par l’offrande d’un sacrifice que le pécheur peut s’approcher de Dieu. David s’était offert, il est vrai, mais Dieu n’avait point pris sa vie. Il dit lui-même dans un psaume : « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Psaume 49:7). En devenant un homme, le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, lui seul, a pu donner sa vie en rançon pour plusieurs (Matthieu 20:28). Mais avant sa venue, celui qui voulait s’approcher de Dieu devait immoler une victime. C’était un type du sacrifice parfait de Christ « qui s’est offert lui-même à Dieu sans tache » (Hébreux 9:14). Le roi David, accompagné de ses serviteurs, alla donc trouver Ornan qui, les voyant venir, sortit et se prosterna devant lui, le visage contre terre. Et il dit : « Pourquoi le roi, mon seigneur, vient-il vers son serviteur ? Et David dit : pour acheter de toi l’aire, pour bâtir un autel à l’Éternel, afin que la plaie soit arrêtée de dessus le peuple ».
— Mais n’était-elle pas déjà arrêtée ?
— Oui, dans la pensée de Dieu, et effectivement. Mais Dieu ne l’avait point dit à David, ni ne lui en avait donné aucune assurance. Et David, qui savait avoir péché comme il le confesse, comprenait qu’un sacrifice était nécessaire. Il en est de même maintenant. Un pécheur peut être convaincu de sa culpabilité et confesser ses péchés, mais cela ne les efface point. Le sang de Jésus Christ, seul, purifie de tout péché (1 Jean 1:7).
— Ornan consentit-il à vendre son aire ?
— Non seulement cela, mais il dit au roi : « Prends-la pour toi, et que le roi, mon seigneur, fasse ce qui est bon à ses yeux. Vois, je donne les bœufs pour l’holocauste, et les traîneaux à fouler pour le bois, et le froment pour le gâteau ».
— Quel brave cœur ! On voit qu’il était tout dévoué à David.
— Et en honorant David, l’oint de l’Éternel, il honorait l’Éternel lui-même. C’est ainsi que le Seigneur Jésus disait à ses disciples : « Celui qui vous reçoit, me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé » (Matthieu 10:40). David n’accepta pas le don généreux qu’Ornan voulait lui faire. Il lui répondit : « Non, car certainement je l’achèterai pour son plein [prix] en argent ; car je ne prendrai pas pour l’Éternel ce qui est à toi, pour offrir un holocauste qui ne coûte rien ». Et il lui paya le prix que ces choses valaient. Ornan, le Jébusien, n’en eut pas moins le mérite devant l’Éternel de son offre généreuse, et nous pouvons être sûrs que l’Éternel en tint compte car il est un Dieu juste qui rend à chacun selon son œuvre : « Avec celui qui use de grâce, tu uses de grâce » (Psaume 18:25), est-il dit. Quel honneur pour ce pauvre Cananéen, qui était en dehors du peuple de Dieu, d’avoir son nom conservé dans le livre saint, comme exemple de dévouement ! Peux-tu me nommer deux personnes dans l’Ancien Testament qui, sans être Israélites, se montrèrent dévouées au peuple de Dieu ?
— Oui, ce sont Rahab de Jéricho et Ruth la Moabite.
— Tu as bien dit. Il est à désirer que nous ayons ce même cœur pour le Seigneur Jésus, que nous soyons à Lui sans partage, et que nous puissions dire avec la vieille femme dont tu as lu l’histoire : « Mon cœur, mon âme, mon corps, tout est à Lui ». Et David bâtit donc là « un autel à l’Éternel, et offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités, et invoqua l’Éternel ; et il lui répondit par le feu des cieux sur l’autel de l’holocauste ».
— C’est ainsi que David eut l’assurance que son péché lui était pardonné, n’est-ce pas ? C’était une réponse magnifique, comme une voix qui lui parlait du ciel.
— Oui, et il nous est dit : « Et l’Éternel parla à l’ange, et il remit son épée dans son fourreau ». Jusqu’alors elle était restée nue et menaçante. Comprends-tu ce que cela veut dire ?
— Le sacrifice que David avait offert donna satisfaction à Dieu et détourna le jugement de dessus le peuple. C’est ainsi que Jésus s’est offert pour nous sur la croix, afin que nous ne soyons pas exposés au juste jugement de Dieu, n’est-ce pas ? Et Lui-même nous dit que celui qui croit ne vient pas en jugement (Jean 5:24).
— C’est bien cela. La réponse de Dieu pour nous, ce qui nous assure qu’il a accepté le sacrifice de Christ, est la résurrection du Seigneur (Romains 4:25), son ascension glorieuse et le don de l’Esprit Saint (Actes 2:32, 33, 36). L’Éternel dès lors fut propice au pays, et la plaie fut arrêtée de dessus Israël. Et depuis ce moment, « David, voyant que l’Éternel lui avait répondu dans l’aire d’Ornan, le Jébusien, y sacrifia », au lieu d’aller sur le haut lieu de Gabaon où était le tabernacle et l’autel des holocaustes, élevés par Moïse au désert. Nous verrons plus tard sur quel emplacement se trouvait l’aire d’Ornan où la grâce se manifesta, et ce que devint cet endroit.
— Pourquoi David offrit-il aussi des sacrifices de prospérité ?
— Les sacrifices de prospérité étaient offerts soit à la suite d’un vœu que l’on avait fait, ou comme offrande volontaire, ou comme action de grâces (Lévitique 7:16, 11-15). David n’avait-il pas lieu de rendre grâces de ce que l’Éternel avait agréé son holocauste et arrêté la plaie ?
— Oh, certainement !
— Et c’est ainsi que nous avons à rendre grâce à Dieu pour toutes choses, mais surtout pour le don ineffable qu’Il nous a fait de son Fils (2 Corinthiens 9:15).
Bonne Nouvelle 1895 n° 10 et 11, pages 186 à 194, 203 à 212
— Nous voici presque au terme de la vie agitée de David. Il a subi une dernière épreuve, châtiment d’une faute. Mais dans cette épreuve, il a reconnu une fois de plus la grâce et la miséricorde de Dieu. Et maintenant, à cette occasion même, il va manifester ce qui avait toujours occupé son cœur, une œuvre à faire qu’il n’avait cessé d’avoir en vue au milieu de toutes les traverses et les labeurs de sa vie, mais que lui-même ne devait pas accomplir. Sais-tu ce que c’était ?
— Je crois le deviner. Après avoir amené l’arche à Jérusalem, David désirait beaucoup bâtir un temple pour la recevoir, mais l’Éternel lui envoya le prophète Nathan pour lui dire que ce ne serait pas lui, mais son fils qui construirait un temple (2 Samuel 7 ; 1 Chroniques 17). David pensait à cela, n’est-ce pas ?
— Oui. Et en premier lieu, il devait choisir le lieu où le temple serait élevé, et il comprit que c’était à l’endroit où l’Éternel lui avait fait voir sa grâce miséricordieuse. Peux-tu me dire quel lieu c’était ?
— Je n’en vois point d’autre que le lieu où il vit l’ange de l’Éternel, et où le prophète lui dit de dresser un autel et d’y sacrifier, et où le feu du ciel descendit sur l’holocauste. C’est l’aire d’Ornan, le Jébusien.
— Tu as bien deviné. En parlant de ce lieu, David dit : « C’est ici la maison de l’Éternel Dieu, et c’est ici l’autel pour l’holocauste d’Israël ». Mais un autre fait remarquable se rattache à cet endroit dans l’histoire du peuple de Dieu. Pour trouver ce fait, il faut remonter à près de 900 ans en arrière, au temps d’Abraham. Te rappelles-tu le fait le plus frappant du caractère de ce patriarche ?
— C’était sa foi car il est « le père de ceux qui croient » (Romains 4:11).
— Et sa foi se manifestait par l’obéissance. Les œuvres qu’il accomplit et par lesquelles sa foi fut rendue manifeste, ainsi que le dit Jacques 2:22, étaient des œuvres d’obéissance, une obéissance entière et prompte. Dis-moi maintenant quelle fut la grande preuve d’obéissance à Dieu qu’Abraham a donnée ?
— C’est lorsqu’il a conduit son cher fils unique Isaac sur une montagne pour le sacrifier. Il nous est dit que, quand l’Éternel lui eut dit de le faire, il se leva de bon matin et partit aussitôt (Genèse 22:1-3). C’était bien beau d’être ainsi prêt à sacrifier son fils, et combien c’était douloureux !
— En effet, et c’est là le fait dont je parlais. Peux-tu me dire le nom de la montagne où Abraham offrit Isaac ?
— C’est le mont Morija.
— C’est cela. Eh bien ! L’aire d’Ornan était sur cette montagne, et c’est là que l’Éternel voulait que son temple fut élevé (2 Chroniques 3:1). N’est-ce pas bien frappant ? Sur cette montagne, Abraham avait offert un bélier à la place de son fils, lorsque l’Ange de l’Éternel avait arrêté son bras prêt à frapper Isaac. Là, l’Éternel avait juré à Abraham une bénédiction sans condition pour sa postérité, et de plus, il lui avait dit qu’en « sa semence », c’est-à-dire Christ, toutes les nations seraient bénies (Genèse 22:18 ; Galates 3:16). Et maintenant nous voyons Dieu, se souvenant de ses promesses, faire grâce à David, épargner son peuple, en donner l’assurance en agréant l’holocauste offert par le roi, et désigner ce lieu comme celui où s’élèverait un temple à son nom. Le temple élevé par Salomon a été détruit ; celui qui le remplaça l’a été aussi à cause des péchés d’Israël, mais les promesses faites à Abraham et à David s’accompliront (1 Chroniques 17:11-14). Un nouveau temple s’élèvera, où l’Éternel demeurera au milieu des fils d’Israël à toujours (Ézéchiel 43:4-7).
— Ce sera quand les Israélites se seront convertis à Jésus, n’est-ce pas ?
— Oui. Le temple que David voulait bâtir et que son fils érigea, fut d’une magnificence et d’une splendeur bien grandes, mais n’a fait que préfigurer celui qui s’élèvera dans les temps à venir, et où toutes les nations viendront adorer (Zacharie 14:16). De même, David et son fils ne sont que les types de Christ qui règnera alors sur son peuple. Sais-tu qui est ce fils de David qui devait lui succéder et bâtir la maison de l’Éternel ?
— C’est Salomon dont il est dit que l’Éternel l’aima (2 Samuel 13:24).
— C’est lui, en effet, bien qu’il ne fût pas l’aîné. Mais l’Éternel, dans sa grâce, l’avait choisi à l’exclusion des aînés, comme autrefois Jacob à la place d’Ésaü, Éphraïm à la place de Manassé. David, sachant donc que l’Éternel avait désigné Salomon pour être roi après sa mort, s’était dit : « Salomon, mon fils, est jeune et délicat, et la maison à bâtir pour l’Éternel doit être très grande en renom et en beauté dans tous les pays ; ainsi je préparerai pour elle ce qu’il faut ». Et David le prépara en abondance avant sa mort.
— C’est une pensée bien touchante. Il veut faire tout ce qu’il peut pour cette entreprise à l’honneur de son Dieu et pour en faciliter l’exécution à Salomon.
— Ce fut avec un zèle, un dévouement et une persévérance bien remarquables que David fit tous les préparatifs pour l’érection de la maison de son Dieu. Salomon n’eut plus qu’à mettre en œuvre ce qui avait été préparé, et ainsi il ne fallut pas autant de temps pour bâtir le temple. David fit donc appeler Salomon, et voici ce qu’il lui dit : « Mon fils, j’ai eu à cœur de bâtir une maison pour le nom de l’Éternel, mon Dieu ; mais la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Tu as versé beaucoup de sang, et tu as fait de grandes guerres ; tu ne bâtiras point une maison à mon nom, car tu as versé beaucoup de sang sur la terre devant moi. Voici, un fils te naîtra ; lui, sera un homme de paix ; et je lui donnerai du repos de tous ses ennemis tout à l’entour ; car son nom sera Salomon, (ce qui veut dire ‘pacifique’). Et en ses jours je donnerai paix et tranquillité à Israël ».
— C’est vrai. Comment David, au milieu de toutes ses guerres et aussi de toutes ses épreuves, aurait-il pu trouver le temps de bâtir le temple ?
— En effet. Et David continue à raconter la parole de l’Éternel : « Lui, bâtira une maison à mon nom ; et il me sera pour fils, et moi je lui serai pour père ; et j’affermirai le trône de son royaume sur Israël pour toujours ». Et il ajoute : « Maintenant, mon fils, que l’Éternel soit avec toi, et te fasse prospérer ; et tu bâtiras la maison de l’Éternel, ton Dieu, selon ce qu’il a prononcé à ton sujet ».
— C’était seulement avec le secours de l’Éternel, et si l’Éternel était avec lui, que Salomon pouvait mener l’œuvre à bonne fin, n’est-ce pas ?
— Oui. Et il en est ainsi de nous. C’est Dieu qui produit en nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir (Philippiens 2:13), et notre capacité pour faire quoi que ce soit vient de Lui seul. Mais il y avait une autre chose, une condition nécessaire pour que Salomon pût accomplir le grand dessein que David avait formé. C’étaient la fidélité et l’obéissance envers l’Éternel dans sa marche, et pour cela il avait besoin de sagesse et d’intelligence. « Seulement », continue David, « que l’Éternel te donne de la sagesse et de l’intelligence, et qu’Il t’établisse sur Israël, et pour garder la loi de l’Éternel ton Dieu. Alors tu prospéreras, si tu prends garde à pratiquer les statuts et les ordonnances que l’Éternel commanda à Moïse pour Israël ». Il y a pour nous des paroles toutes semblables, et j’en suis très frappée. Nous n’avons pas à bâtir un temple comme Salomon, mais nous avons comme lui à être obéissants si nous voulons travailler pour Dieu. Lis Colossiens 1:9 et 10.
— « C’est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons ouï parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne oeuvre, et croissant par la connaissance de Dieu ». C’est vrai que ces paroles ressemblent beaucoup à ce que David dit à Salomon. J’ai bien besoin de sagesse pour connaître la volonté de Dieu, pour Lui plaire en tout ce que je fais ; et j’ai besoin pour cela qu’il me fortifie car je suis souvent tentée de mal faire.
— Eh bien ! Il faut demander tout cela à Dieu comme Paul le demandait pour les Colossiens. Mais écoute ce que David ajoute : « Fortifie-toi, et sois ferme ; ne crains point, et ne t’effraie point ». Et c’est ainsi que l’apôtre disait aux Colossiens : « Étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire ». Quelle force, quelle puissance il y a en Dieu, n’est-ce pas ? Eh bien ! Cette force est à nous. Paul disait aussi aux Éphésiens : « Fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Éph. 6:10). Nous sommes sans force en nous-mêmes, mais la force du Seigneur est à nous, Il est notre force. « Je puis toutes choses », disait le même apôtre, « en Celui qui me fortifie » (Philippiens 4:13). Et autrefois David s’écriait : « Je t’aimerai, ô Éternel, ma force ! » (Psaume 18:1). Nous pouvons donc avancer sans crainte dans notre chemin, en marchant dans l’obéissance. Après avoir ainsi exhorté son fils, David lui fit l’énumération de ce qu’il avait amassé pour la maison de l’Éternel. Cela devait aussi contribuer à rassurer Salomon qui aurait pu s’effrayer devant la grandeur de l’ouvrage. C’est ainsi que le Seigneur nous fait connaître, par Sa parole, les immenses ressources de sa grâce pour que nos cœurs soient toujours tranquilles en le servant, quelles que soient les difficultés qui se présentent.
— Qu’est-ce que David avait préparé ?
— Il dit à Salomon : « Voici, dans mon affliction », c’est-à-dire au milieu de toutes les épreuves qui m’ont affligé, et elles furent nombreuses, « j’ai préparé pour la maison de l’Éternel de l’or, cent mille talents, et de l’argent, mille milliers de talents, et de l’airain et du fer, sans poids, car il est en abondance ; et j’ai préparé du bois et des pierres ; et tu y ajouteras. Et tu as avec toi beaucoup d’ouvriers, des tailleurs de pierres, des maçons, et des charpentiers, et toute espèce d’hommes experts en tout ouvrage ; l’or, l’argent, et l’airain, et le fer, sont sans nombre : lève-toi, et agis, et l’Éternel sera avec toi ».
— Où David pouvait-il avoir trouvé tout cet or, cet argent, cet airain et ce fer sans nombre ? Y avait-il des mines dans le pays de Canaan ?
— Il ne semble pas, sauf de fer et d’airain (Deutéronome 8:9). Mais c’était la gloire des rois en ces temps-là d’amasser de grands trésors. Or David avait fait de nombreuses guerres, et en avait rapporté un grand butin pris aux rois et aux nations vaincues. Quelquefois des rois lui envoyaient de riches présents. Et toutes ces richesses, il les consacrait à l’Éternel pour le dessein qu’il avait en vue (vois 2 Samuel 7:6-12 ; 12:30). Quant au bois de cèdre, les Sidoniens et les Tyriens, dont le roi était ami de David, lui en amenèrent en quantité (1 Rois 5:1).
— Ceci nous montre l’affection de David pour l’Éternel, son Dieu. Dans les dangers auxquels il s’exposait en combattant les ennemis d’Israël, il pensait à la gloire de l’Éternel, et il se disait : ‘Le butin que je fais n’est pas pour moi, il est pour mon Dieu’. Quel beau dévouement !
— Oui. Mais le dévouement de Christ pour nous sauver est encore plus beau. Pour nous sauver à la gloire de son Dieu, Il a donné sa vie ; plus beau aussi le dévouement des serviteurs du Seigneur qui, avec Paul, peuvent dire : « Mais je ne fais aucun cas de ma vie, pourvu que j’achève le service que j’ai reçu du Seigneur Jésus » (Actes 20:24). David fit encore une chose pour aider Salomon dans l’accomplissement de la grande tache qu’il avait devant lui. Il y intéressa tous les chefs du peuple auxquels il commanda d’être en aide à son fils Salomon. Il leur dit : « L’Éternel, votre Dieu, n’est-il pas avec vous, et ne vous a-t-il pas donné du repos tout à l’entour ? Car il a livré en ma main les habitants du pays, et le pays est soumis devant l’Éternel et devant son peuple. Maintenant, appliquez vos cœurs et vos âmes à rechercher l’Éternel, votre Dieu ; et levez-vous, et bâtissez le sanctuaire de l’Éternel Dieu, pour amener l’arche de l’alliance de l’Éternel et les ustensiles du sanctuaire de Dieu dans la maison qui sera bâtie pour le nom de l’Éternel ». Combien ces paroles du vieux roi, qui avait combattu si souvent à leur tête, devaient toucher le cœur de ces chefs du peuple et les disposer à faire tout leur possible pour soutenir le jeune roi qui remplacerait bientôt son père. Ainsi David avait tout préparé, les matériaux, les ouvriers, et les cœurs des chefs. Maintenant nous aurons à voir ce qu’il fit pour le service à accomplir dans la maison de Dieu.
— Tu as dit que tu me montrerais une application bien belle de ce qui regarde David et Salomon.
— Oui. Nous avons vu que David était un type du Seigneur Jésus, pas seulement dans ce qu’il a souffert, mais aussi comme libérateur de son peuple. C’est pour délivrer Israël qu’il livra tant de combats où il fut vainqueur, à commencer par le géant Goliath.
— De même que David a été persécuté par Saül qui voulait le tuer, ainsi Jésus a été l’objet de la haine des Juifs qui cherchaient à le faire mourir. Puis, comme David a combattu les ennemis au péril de sa vie pour délivrer Israël, ainsi Jésus a vaincu Satan et la mort pour nous affranchir de leur puissance. Mais le Seigneur n’a pas seulement exposé sa vie, Il l’a donnée (Colossiens 2:14-15 ; Hébreux 2:14-15).
— Tu as raison. Dans son amour pour nous, le Sauveur est descendu dans la mort (Galates 2:20 ; Éphésiens 5:2 ; Apocalypse 1:5). C’est ainsi qu’il pouvait nous délivrer. Comme un général d’armée pénètre au cœur du pays ennemi et, au risque de sa vie, va donner l’assaut à la dernière forteresse, ainsi Jésus est allé dans le domaine de Satan s’emparer de sa forteresse qui était la mort. « Par la mort, il a rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable ». En mourant sur la croix, Jésus a aussi expié nos péchés et nous a donné la vie. Mais ce que David a fait pour délivrer Israël, est aussi un type de ce que Jésus fera dans l’avenir pour sauver le résidu de ce peuple. David, bien que oint pour roi, a longtemps été caché et souffrant au milieu d’Israël, persécuté qu’il était par Saül, et ensuite il est monté sur le trône. Ainsi Jésus, dans sa vie ici-bas, a été caché, comme inconnu au milieu de son peuple bien qu’il fût roi (Jean 18:37), et il a beaucoup souffert de la part des principaux du peuple. Mais plus tard, le Seigneur apparaîtra en gloire et sauvera le résidu fidèle d’Israël qui attendra sa venue. Il détruira alors tous ses ennemis (Jérémie 23:5-6 ; Ésaïe 4:2).
— Et pour Salomon ?
— Salomon est aussi un type du Seigneur Jésus, non pas comme roi guerrier et triomphant, ainsi que le fut David, mais comme roi pacifique : c’est ce que signifie son nom. Salomon, comme nous le verrons, s’est assis sur le trône de David et a régné dans une paix profonde, sans avoir à soutenir une seule guerre. Sous son règne, Israël a joui de l’abondance et de la prospérité la plus grande ; chacun habitait « en sécurité sous sa vigne et sous son figuier ». C’est ainsi que Jésus, après avoir triomphé de ses ennemis et délivré son peuple à la fin, s’assiéra sur son trône de gloire, et son règne sur Israël et sur toutes les nations sera un règne de justice et de paix durant mille années. Lis le Psaume 72 qui, bien que s’appliquant au règne de Salomon, s’étend dans sa portée jusqu’à celui de Christ.
— Cela n’a-t-il pas une signification pour nous ?
— Je le crois. Jésus ayant triomphé sur la croix, et nous ayant affranchis du péché, de la mort, du jugement et de Satan, établit la paix dans le cœur du croyant, et le fait jouir des bénédictions célestes (Éphésiens 1:3-7). Il est ainsi pour nous le vrai David et le vrai Salomon. Cependant il ne faut pas oublier que nous avons toujours à combattre nos ennemis invisibles, les puissances de méchanceté (Éphésiens 6:12), mais cela ne doit pas troubler notre paix, ni nous empêcher de jouir des bénédictions que Dieu, notre Père, nous a données en Christ et que Satan ne peut nous enlever. Ensuite, David ayant préparé tous les matériaux du temple, au prix de ses combats et de ses travaux, c’est Salomon qui le bâtit. Il en est de même pour l’Église qui est la maison, le temple du Dieu vivant (1 Timothée 3:15). Par ses souffrances et par sa mort, Jésus a tout préparé. Ceux qui croient en Lui et ainsi sont sauvés, deviennent des pierres vivantes dont il bâtit son Église (Matthieu 16:18 ; 1 Pierre 2:4-5).
— Pourquoi l’Église est-elle le temple de Dieu ?
— C’est parce que Dieu y habite. De même qu’il était venu dans le tabernacle et plus tard dans le temple que Salomon bâtit (Exode 29:43-46 : c’est la promesse ; 40:34-35 : c’est l’accomplissement ; vois 1 Rois 8:10-11) ; de même au jour de la Pentecôte, Dieu par le Saint Esprit vint faire sa demeure dans l’Assemblée, ou l’Église (Actes 2:1-4 ; Éphésiens 2:21-22 ; 1 Corinthiens 3:16-17). Mais chaque chrétien, individuellement, est aussi le temple de Dieu parce que le Saint Esprit habite en lui (1 Corinthiens 6:19). Combien cela est sérieux et doit nous porter à éviter toute souillure ! Mais en même temps, c’est bien doux et consolant car si Dieu a bien voulu demeurer en nous, c’est pour que nous jouissions de sa présence et de sa communion (Jean 14:23). Remarque comme le Seigneur rattache ici l’obéissance à l’amour et à la communion avec Dieu. C’est un pauvre amour que celui qui ne conduit pas à l’obéissance. Comment un enfant désobéissant pourrait-il être heureux près de son père ? Et c’est pour que rien n’entrave cette jouissance que l’apôtre nous dit : « N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu » (Éphésiens 4:30), par des pensées, des paroles ou des actes contraires à la sainteté et à la volonté de Celui qui habite en nous. Reprenons maintenant notre histoire. D’abord je voudrais encore te dire qu’outre l’or et l’argent provenant du butin fait par David et des présents qui lui avaient été offerts, il y avait ce que Samuel déjà, puis Saül, Abner et Joab avaient consacré à l’Éternel (1 Chroniques 26:26-28). Quand David eut préparé tous les matériaux du temple, il s’occupa d’une autre chose, du service qu’il faudrait y accomplir et des serviteurs qui le feraient. Te rappelles-tu quelle est la tribu qui avait été mise à part pour le service du tabernacle dans le désert ?
— C’est celle de Lévi.
— Eh bien ! C’est dans cette tribu aussi que David, s’attachant à la parole de Dieu, prit ceux qui devaient faire le service du temple. « Il assembla tous les chefs d’Israël, et les sacrificateurs, et les Lévites. Et on dénombra les Lévites, depuis l’âge de trente ans et au-dessus ; et leur nombre, par tête, par homme, fut de trente-huit mille ».
— David avait été puni pour avoir dénombré le peuple. Ne craignait-il pas de dénombrer les Lévites ?
— Non, il y avait une très grande différence entre ces deux cas. Le dénombrement du peuple avait été fait pour satisfaire l’orgueil de David ; celui des Lévites était pour le service de l’Éternel. Il était nécessaire pour que David sût comment les répartir dans leurs diverses fonctions. Elles n’étaient pas les mêmes que dans le désert. Te rappelles-tu ce que nous avions dit de ces fonctions ?
— Les fils de Kéhath avaient la charge de toutes les choses saintes qui étaient dans le tabernacle et le service qui s’y rattachait. Et c’étaient eux qui portaient ces choses pendant la marche. Les fils de Guershom devaient porter les tapis et les couvertures qui composaient le tabernacle, le rideau de la porte du parvis et les tentures de ce dernier. Et les fils de Mérari devaient porter toute la charpente du tabernacle et du parvis, ainsi que les soubassements des piliers. Et pour aider les fils de Guershom et de Mérari, on donna aux premiers deux chariots et aux autres quatre, parce qu’ils avaient des choses très lourdes à transporter (Nombres 3, 4 et 7).
— C’est bien cela. Mais le temple étant une demeure fixe, il n’y avait plus lieu de faire le même service que dans le désert où on allait d’un lieu à un autre (1 Chroniques 17:5). C’est ce que dit David : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, a donné du repos à son peuple, et il demeurera à Jérusalem pour toujours ; et les Lévites aussi n’auront plus à porter le tabernacle, ni tous les ustensiles pour son service » (1 Chroniques 23:25-26). Alors il les partagea en trois classes. Les uns étaient établis pour tout ce qu’il y avait à faire dans le temple : « Leur place était à côté des fils d’Aaron pour le service de la maison de l’Éternel, pour veiller sur les parvis et les chambres, et sur la purification de toutes les choses saintes, et l’œuvre du service de la maison de Dieu : pour les pains à placer en rangées — les pains de proposition, au nombre de douze, qui se plaçaient en deux rangées sur la table qui était dans le lieu saint en face du chandelier d’or (Exode 25:23-30 ; Lévitique 24:5-9) — et la fleur de farine pour le gâteau et les galettes sans levain, et ce qui se cuit sur la plaque, et ce qui est mêlé avec de l’huile, et toutes les mesures de capacité et de longueur ; et pour se tenir là chaque matin, afin de célébrer et de louer l’Éternel, et de même chaque soir ; et pour être de service pour tous les holocaustes qu’on offrait à l’Éternel, aux sabbats, aux nouvelles lunes, et aux jours solennels ».
— Ils avaient beaucoup à faire !
— En effet, mais ils étaient nombreux ; 24000 des Lévites avaient cette charge. La seconde classe était celle des portiers, au nombre de 4000. Ils gardaient les issues de la maison de Dieu. Enfin une troisième classe, elle aussi de 4000 Lévites, était celle des chantres qui louaient l’Éternel avec la voix et des instruments de musique. À la tête de ceux-ci étaient Asaph, Héman et Jéduthun, dont il est parlé dans les Psaumes. Les 6000 lévites restants étaient intendants et juges.
— Cette grande multitude de Lévites devait-elle toujours rester à Jérusalem pour le service du temple ?
— Non. Les Lévites avaient des villes et des terres autour de ces villes, dans les différentes tribus d’Israël (Josué 21). C’est là qu’ils habitaient. Mais David les distribua en sections qui venaient à tour, chaque sabbat, faire leur service durant une semaine (1 Chroniques 9:25 ; 2 Rois 11:9). Il en était de même pour les chantres qui étaient partagés en 24 classes, ainsi que les sacrificateurs selon leurs chefs de famille. Chaque classe de ces derniers exerçait à tour la sacrificature. Les chantres avaient à leur tête des maîtres experts au nombre de 288. Ceux-ci étaient de service 12 par 12, pour diriger les autres chantres. Te rappelles-tu un passage du Nouveau Testament qui fait allusion à cela ?
— Je pense que c’est lorsqu’il est question de Zacharie, le père de Jean le baptiseur. Il était du rang ou de la classe d’Abija, la huitième classe.
— C’est bien cela. N’est-il pas bien intéressant de voir, après tant de siècles, après la captivité et tant de maux dont souffrirent les Juifs, que l’on avait conservé ce que Dieu avait établi ? Il y a une autre allusion aux 24 classes de sacrificateurs. Elles sont la figure de ce que nous voyons dans le ciel, en Apocalypse 4, car tout se tient dans la parole de Dieu.
— On voit dans le ciel, autour du trône de Dieu, 24 autres trônes sur lesquels sont assis des anciens, avec des couronnes d’or et des robes blanches.
— Ce sont les saints ressuscités et glorifiés à la venue de Christ. Leurs couronnes d’or indiquent la royauté, et les robes blanches leur sacrificature. Au chapitre 4 nous les voyons rendre hommage à Dieu en jetant sur son trône leurs couronnes d’or qu’ils tiennent de Lui et, au chapitre 5, ils offrent comme sacrificateurs des parfums à l’Agneau Rédempteur. Ce sont les 24 chefs de la sacrificature céleste, et ils la représentent tout entière.
— Comme cela est beau ! Nous y serons, n’est-ce pas ?
— Oui. Les croyants forment déjà une sainte sacrificature, une sacrificature royale. Nos sacrifices sont des sacrifices spirituels d’actions de grâces et de louanges, et comme sacrificateurs nous sommes appelés aussi à annoncer les vertus de Jésus et à faire le bien (1 Pierre 2:5, 9 ; Hébreux 13:15-16). En ce qui concerne les fonctions des Lévites, les uns servaient, les autres gardaient les portes, et les derniers louaient le Seigneur. Eh bien ! N’est-ce pas aussi ce que nous avons à faire ? Servir Dieu dans notre vie entière (Romains 12:1 et 11), garder avec soin les portes de notre cœur pour que rien d’impur n’y entre (Proverbes 4:23), et louer notre Dieu, « chantant de notre cœur au Seigneur » (Colossiens 3:16 ; Éphésiens 5:19).
— Et nous avons aussi à adorer Dieu, n’est-ce pas ?
— Oui. C’est comme sacrificateur que le chrétien entre par la foi en la présence de Dieu pour l’adorer et le bénir. Certains Lévites, dont les noms sont conservés dans le livre de Dieu, avaient une charge plus importante, celle de garder les trésors consacrés à Dieu. Et ici nous avons encore une leçon pour nous. Il y a des trésors bien plus précieux que l’or, l’argent et les pierres de prix. Ce sont ceux qui sont contenus dans la parole de Dieu. Elle est comparée à un dépôt qui nous est confié, à un trésor renfermant des choses anciennes et des choses nouvelles. Nous avons à veiller pour n’en rien laisser perdre (2 Timothée 1:14 ; 1 Timothée 6:20 ; Matthieu 13:52). Après avoir tout réglé pour le service de la maison de Dieu, David régla aussi l’ordre de sa maison et de son royaume en instituant des intendants et des chefs. Nous avons à nous souvenir de cela. Dieu est un Dieu d’ordre ; dans son service, dans sa maison, dans les assemblées (1 Corinthiens 14:33 et 40), il veut l’ordre et non la confusion. Il en est de même dans notre vie privée, dans nos maisons et sur nos personnes. L’ordre est une partie de la vraie beauté et doit régner aussi dans nos cœurs. Le mal se cache dans le désordre.
B.N. 1895 n° 12 pages 226 à 235, et 1896 n° 1 pages 8 à 15
— Lorsque David eut assemblé tous les matériaux pour le temple, et réglé ce qui concernait le service divin, ainsi que l’ordre de sa maison et de son royaume, il réunit à Jérusalem tous les chefs d’Israël, avec tous les hommes forts et vaillants, et il leur dit : « J’avais dans le coeur de bâtir une maison de repos pour l’arche de l’alliance de l’Éternel, et pour le marchepied des pieds de notre Dieu ; et j’ai fait des préparatifs pour bâtir. Mais Dieu me dit : Tu ne bâtiras pas une maison à mon nom, car tu es un homme de guerre et tu as versé le sang ».
— Pourquoi David appelle-t-il le temple « une maison de repos pour l’arche de l’alliance de l’Éternel », et que veut-il dire par « le marchepied des pieds de notre Dieu » ?
— Tu dois te rappeler que, jusqu’à ce que David l’eût transportée en Sion, l’arche n’avait pas eu de demeure fixe. Elle avait accompagné les Israélites dans le désert puis, en Canaan, elle avait été à Silo, ensuite chez les Philistins, puis dans la maison d’Abinadab, ensuite chez Obed-Édom, d’où David l’avait fait porter sur la montagne de Sion et l’avait placée sous une tente. Tu vois donc qu’il n’y avait pas eu un lieu de repos pour l’arche. Le désir de David était de lui bâtir une demeure stable d’où elle ne serait plus transportée, là où Dieu avait montré sa grâce en arrêtant le bras de l’ange destructeur. Et quant à ta seconde question, tu sais que l’arche était le trône de l’Éternel. Il y était assis au-dessus des chérubins (1 Samuel 4:4 ; Psaume 99:1), et ainsi elle était regardée aussi comme le marchepied sur lequel reposaient ses pieds. Le roi Salomon se fit faire un trône d’or avec un marchepied y attenant, faisant ainsi partie du trône (2 Chroniques 9:18).
— Pourquoi les guerres que David avait faites étaient-elles un empêchement à ce qu’il bâtit le temple ?
— D’abord David n’aurait pas eu le loisir, durant ses guerres, de s’occuper d’un si grand ouvrage et, devenu vieux, ce n’était plus le moment. Mais outre cela, l’érection du temple ne convenait pas à un temps de jugement. Il marquait le temps de la grâce, de la paix et de la bénédiction, ce qui ne s’accorde pas avec les combats et le sang versé. C’était à Salomon, le « pacifique » qui n’eut à livrer aucun combat, qu’il appartenait d’accomplir cette œuvre glorieuse, après que tout ait été préparé par les travaux, les peines et les luttes de David.
— David était-il heureux de ce que son fils ait été choisi pour faire une si belle chose ?
— Sans doute. Rien ne peut rendre les parents plus heureux que de voir leurs enfants employés dans le service du Seigneur. David continua à parler au peuple en disant : « L’Éternel a choisi Salomon, mon fils, pour s’asseoir sur le trône du royaume de l’Éternel sur Israël. Et il m’a dit : Salomon, ton fils, c’est lui qui bâtira ma maison et mes parvis ».
— Dirigé ainsi par l’Éternel, David ne pouvait se tromper.
— C’est vrai, mais il en est ainsi de nous. Dieu nous conduit
par sa parole, et par son Esprit qui nous fait comprendre sa parole. Il s’agit
simplement pour nous d’être obéissants. David aurait peut-être aimé mettre sur
le trône un autre de ses fils qui lui aurait semblé plus propre que le jeune
Salomon à gouverner le royaume. Mais Dieu savait mieux que David ce qui
convenait, et David fait simplement ce que Dieu a dit. Agissons comme lui et
écoutons maintenant les exhortations qu’il adresse à son peuple et à
Salomon : « Gardez et recherchez tous
les commandements de l’Éternel, votre Dieu, afin que vous possédiez ce bon
pays, et que vous le fassiez hériter à vos fils après vous, à toujours ».
Pour jouir de la bénédiction de Dieu, il faut être obéissant. Le Seigneur
disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole,
et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre
demeure chez lui » (Jean 14:23). La bénédiction pour Israël obéissant,
c’était la possession du pays ; la nôtre est plus précieuse, nous
possédons Dieu lui-même dans nos cœurs. Mais si nous sommes désobéissants, nous
ne pouvons pas jouir de sa présence ; au contraire, elle nous rend
malheureux. David adressa ensuite à Salomon des recommandations précieuses et
remplies d’enseignements, non seulement pour lui qui était jeune mais pour tous
ceux qui sont jeunes comme lui : « Et toi, Salomon, mon fils, connais
le Dieu de ton père, et sers-le avec un cœur parfait et avec une âme qui y
prenne plaisir ; car l’Éternel sonde tous les cœurs et discerne toutes les
imaginations des pensées ».
— Pourquoi David lui dit-il : « Connais le Dieu de ton père » ? Salomon ne connaissait-il pas Dieu ?
— Salomon avait sans doute appris par son père qu’il y avait un
Dieu, le Dieu d’Israël, dont le nom était l’Éternel et qui avait opéré de
grandes choses pour son peuple. Mais savoir qu’il y a un Dieu Tout-puissant,
bon et sage, ce n’est pas le connaître. David, non seulement savait qu’il y
avait un Dieu, l’Éternel, le Créateur et le possesseur des cieux et de la
terre, mais il connaissait sa bonté, sa miséricorde, sa fidélité et sa
patience, parce qu’il les avait éprouvées durant sa vie. Il s’était approché de
Dieu et Dieu lui avait parlé, et il aimait Dieu qui l’avait gardé et soutenu
dans ses épreuves. Il savait dans son cœur qui était Dieu, un Dieu saint et
juste, qui même châtie ceux qu’il aime ; et il adorait sa Majesté et sa
grandeur. Dieu était pour lui son
Dieu. Il s’écriait dans l’effusion de son cœur : « Ô Dieu ! tu es mon Dieu ; je te cherche au point du jour ;
mon âme a soif de toi, ma chair languit après toi, dans une terre aride et
altérée, sans eau, pour voir ta force et ta gloire, comme je t’ai contemplé
dans le lieu saint. Car ta bonté est meilleure que la vie ; mes lèvres te
loueront » (Psaume 63:1-3). Voilà ce que c’est que de connaître Dieu. On
le connaît dans son cœur, on ne reste pas froid et indifférent devant
Lui ; on n’est heureux qu’avec Lui.
— Alors c’était pour que Salomon goûtât aussi combien Dieu est bon.
— Oui. Les parents qui connaissent Dieu dans leur cœur et qui savent le bonheur que l’on trouve auprès de Lui, ont pour unique désir, et demandent ardemment au Seigneur, que leurs enfants Le connaissent aussi, et cela d’autant plus que c’est la puissante sauvegarde contre le mal. Te rappelles-tu ce que David recommandait encore à son fils ?
— Il lui dit de servir Dieu d’un cœur parfait et avec une âme qui y prenne plaisir. Cela veut dire que Salomon devait servir l’Éternel de tout son cœur, n’est-ce pas ? Et je pense que si on connaît vraiment Dieu, on l’aimera et on voudra le servir. Mais qu’est-ce que cela veut dire de servir Dieu avec un cœur parfait ?
— Servir Dieu, servir l’Éternel, signifie Lui rendre l’honneur et le culte qui lui sont dus, de même que servir les faux dieux veut dire les adorer. Ainsi Josué dit aux Israélites : « Servez l’Éternel en intégrité et en vérité ; et ôtez les dieux que vos pères ont servis » (Jos. 24:14). Et servir d’un cœur parfait ou intègre, veut dire servir l’Éternel Lui seul (1 Samuel 7:3-4), sans aucun mélange d’idolâtrie, car il y eut des personnes qui voulaient associer le culte des idoles au culte de l’Éternel, Juges 17. Salomon, hélas, ne se souvint pas pendant toute sa vie de l’exhortation de son père.
— Et nous, nous avons aussi à servir Dieu d’un cœur parfait, n’est-ce pas ?
— Oui. Les jeunes gens surtout sont exposés à se laisser entraîner par le monde, et Satan cherche à les persuader qu’ils peuvent bien s’amuser sans pour cela cesser de servir Dieu. Mais le seigneur Jésus a dit : « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon », c’est-à-dire Dieu et le monde (Matthieu 6:24). Et l’apôtre Jean nous avertit ainsi : « N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde : si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jean 2:15). Un cœur parfait est donc un cœur qui est tout entier pour le Seigneur, qui veut en toutes choses ne servir que Lui seul. Et c’est seulement en servant ainsi Jésus que l’on est vraiment heureux. Un cœur partagé est toujours misérable. Qu’est-ce que David ajoutait à cette exhortation ?
— Servir Dieu avec une âme qui y prit plaisir. C’est-à-dire qui soit heureuse de servir Dieu ; être heureux quand on va au culte pour chanter ses louanges, pour le prier et entendre sa parole, au lieu de le faire avec répugnance et de s’y ennuyer. C’était ce que je ressentais autrefois et voilà pourquoi je n’y prenais pas plaisir.
— Tu dis bien. Quand on connaît vraiment Dieu, ce n’est pas une obligation pénible de le servir ; on ne le regarde pas comme un devoir qui vous est imposé. C’est un privilège dont on jouit. On est heureux de se trouver près de Dieu et de l’adorer en Lui rendant grâces pour tout son amour et sa bonté. David avait fait cette expérience. Son bonheur était de s’approcher de Dieu. Écoute ce qu’il dit dans un psaume : « J’ai demandé une chose à l’Éternel, je la rechercherai : [c’est] que j’habite dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, pour voir la beauté de l’Éternel et pour m’enquérir diligemment [de lui] dans son temple…Je sacrifierai dans sa tente des sacrifices de cris de réjouissance ; je chanterai et je psalmodierai à l’Éternel » (Psaume 27:4-6). Voilà quelqu’un qui prenait plaisir à servir Dieu. Il n’était pas comme ceux qui accomplissent leurs devoirs religieux, comme l’on dit, par routine ou comme une servitude pénible, voulant par là éviter l’enfer et tâcher d’aller au ciel. Ceux qui connaissent vraiment Dieu, qui savent combien il les aime et qu’il a donné son Fils pour les sauver, sont tout heureux de se réunir avec les enfants de Dieu et de dire avec eux : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui nous a bénis de toute bénédiction » (Éphésiens 1:3). Mais continuons d’examiner ce que David dit de plus à Salomon. Il lui donne un motif pour servir Dieu avec un cœur parfait et en y prenant plaisir. C’est : « Car l’Éternel sonde tous les cœurs et discerne toutes les imaginations des pensées ».
— Combien cela est sérieux de se dire que Dieu voit même ce que sont nos pensées et tout ce que nous avons dans le cœur ! Comme on craindrait de faire quelque chose de mal si on y pensait davantage !
— En effet. Ici c’est comme si David avait dit à Salomon : « Prends garde de servir Dieu seulement extérieurement et des lèvres, car Dieu verrait que ton cœur n’est pas avec Lui, et ton culte ne lui serait pas agréable ». C’est ce que le Seigneur disait aux Pharisiens en les blâmant : « Hypocrites ! Ésaïe a bien prophétisé de vous, disant : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi ; mais ils m’honorent en vain » (Matthieu 15:7-9). Dieu veut notre cœur, il veut « la vérité dans l’homme intérieur » (Psaume 51:6) ; il demande que notre service envers Lui provienne d’un cœur droit.
— Je suis troublée à l’idée que Dieu discerne toutes les imaginations qui viennent de notre esprit et tous les sentiments de nos cœurs. Il y en a souvent de mauvais, qui arrivent sans qu’on s’y attende. Que faut-il faire ?
— Salomon aurait pu dire la même chose que toi, et David y répond par ces paroles : « Si tu le cherches, il se fera trouver de toi ». Si nous sommes sincèrement désireux de servir Dieu du cœur et de Lui plaire et si, dans notre faiblesse, nous cherchons son secours, il se fera trouver et nous donnera la force pour chasser les pensées légères et les sentiments mauvais qui naîtraient en nous. Lis ce qu’écrit Paul aux Philippiens : « Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4:6-7).
— Tu vois par là comment nous pouvons être gardés en paix dans nos pensées et dans nos cœurs. C’est en exposant tout à Dieu. Dès qu’une mauvaise pensée ou un sentiment coupable te viennent, il faut te tourner vers Dieu, et penser au Seigneur Jésus. Quand nous sommes occupés de Lui, nous n’avons rien à craindre, Satan s’enfuit et nous sommes en paix. Par exemple, si une de tes camarades te dit une parole désagréable et que tu éprouves un sentiment d’irritation, pense à Jésus, si doux et si patient pour supporter les injures, et le mauvais sentiment disparaîtra. Les mauvaises pensées ne trouvent plus de place dans l’âme qui est occupée de Jésus. Lis Philippiens 4:8. Quand ces bonnes choses occupent nos pensées, il n’y a point de place pour les mauvaises.
— David dit-il quelque chose de plus à Salomon ?
— Oui, et quelque chose de très sérieux. Après lui avoir dit que s’il cherchait l’Éternel, il le trouverait certainement, David ajoute : « Mais si tu l’abandonnes, il te rejettera pour toujours ». Dieu ne peut marcher avec celui qui lui tourne le dos. En parlant de personnes qui, après avoir connu la vérité, l’abandonneraient, l’apôtre Paul cite ces paroles de l’Éternel : « Si quelqu’un se retire, mon âme ne prend pas plaisir en lui » et « C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Hébreux 10:38 et 31). Salomon fit cette triste expérience. Mais si nous nous confions humblement en Dieu, il est puissant pour nous garder jusqu’à la fin (Jude 24). Ensuite David dit à son fils pour l’encourager : « Vois maintenant, que l’Éternel t’a choisi pour bâtir une maison qui fût son sanctuaire. Fortifie-toi, et agis ».
— C’était un grand honneur pour Salomon d’avoir été choisi pour une si grande et si belle œuvre, n’est-ce pas ?
— Sans doute. Et parce que Dieu l’avait choisi, il pouvait compter sur son secours, se fortifier dans cette pensée, et agir, tout jeune qu’il était, et tout faible qu’il pouvait se sentir. Salomon aurait pu penser : « Je suis bien reconnaissant envers l’Éternel qui m’a choisi pour une telle œuvre, malgré ma jeunesse, et je suis bien aise que mon père ait rassemblé tous les matériaux nécessaires, mais comment saurai-je la forme que doit avoir la maison de l’Éternel et quels sont les ustensiles nécessaires pour le service » ?
— C’est vrai ; mais peut-être David le lui dit-il ?
— En effet. Mais comment David le savait-il ?
— Eh bien, je crois que Dieu le lui a fait connaître. Je me
rappelle que, quand Moïse construisit le tabernacle au désert, Dieu lui en
avait montré un modèle sur la montagne (Exode 25:40 ; 26:30). Et tout fut
fait comme l’Éternel l’avait commandé à
Moïse
(Exode 39:1, 5, 7, 21, 26, 29, 31, 32, etc.), et Il lui avait dit en
détail comment tout devait être fait. N’a-t-il pas instruit David de la même
manière ?
— En effet. Ni Salomon, ni David, ne pouvait savoir ce qui convenait à la maison de l’Éternel, ni quelle devait en être la forme, mais David donna à Salomon « le modèle de ce qu’il avait par l’Esprit », c’est-à-dire de ce que l’Éternel lui avait fait connaître par son Esprit. Le plan du temple, l’ordre du service, le poids et la forme des ustensiles, « Tout cela, [dit David], toute l’œuvre du modèle, il m’en a, par écrit, donné l’intelligence, par la main de l’Éternel sur moi » (1 Chroniques 28:19). Et quand nous avons parlé du tabernacle, je t’ai dit que dans l’Église, qui est maintenant la maison de Dieu sur la terre (1 Timothée 3:15), tout doit aussi être réglé selon ce qui est dit dans la parole de Dieu, et non selon les pensées des hommes.
— Mais dans notre vie aussi, tout doit être conforme à la volonté de Dieu, n’est-ce pas ?
— Oui. C’est pour cela que l’apôtre Paul demandait à Dieu pour les chrétiens de Colosses qu’ils soient « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d’une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards » (Col. 1:9-10). Et c’est ce que nous avons à demander aussi pour nous.
— Salomon dut être bien content d’apprendre que Dieu avait ainsi réglé tout ce qu’il avait à faire pour le temple. En suivant exactement le modèle que David lui donnait, il ne pouvait pas s’égarer.
— Non, et nous ne nous égarerons pas non plus si nous suivons strictement ce que la parole de Dieu nous enseigne (Ps. 119:9, 105). Après avoir dit à Salomon que l’Éternel lui avait montré le modèle de tout ce qu’il aurait à faire, David put ajouter avec plus de force : « Fortifie-toi, et sois ferme, et agis ; ne crains point, et ne t’effraye point ». Tu comprends que le jeune Salomon pouvait se dire : « Que suis-je, moi, pour accomplir un si grand ouvrage ? Et combien cela est sérieux : c’est la maison de l’Éternel, tout doit y être parfait ». Il aurait eu raison. L’apôtre Paul disait, en parlant de l’œuvre du service pour le Seigneur : « Et qui est suffisant pour ces choses » (2 Cor. 2:16). Et encore : « Non que nous soyons capables par nous-mêmes de penser quelque chose comme de nous-mêmes ». Mais il ajoutait : « mais notre capacité vient de Dieu » (3:5). Et le Seigneur lui disait : « Ne crains point, mais parle et ne te tais point, parce que je suis avec toi » (Actes18:10). Et c’est là ce que dit encore David à Salomon : « Ne t’effraye point ; car l’Éternel Dieu, mon Dieu, sera avec toi : il ne te laissera point et ne t’abandonnera point, jusqu’à ce que soit achevé tout l’ouvrage du service de la maison de l’Éternel ».
— C’est bien encourageant, en effet. Je me rappelle que l’Éternel dit la même chose à Josué, après la mort de Moïse, avant que les Israélites entrassent en Canaan (Jos. 1:5-6, 9).
— Oui. Dieu agit ainsi avec tous ses serviteurs. Ils sont faibles et ne pourraient par eux-mêmes accomplir la tâche qu’il leur assigne, mais Lui, le Tout-puissant, leur donne l’assurance qu’Il est avec eux jusqu’à la fin (Matt. 28:18, 20), et alors ils peuvent dire comme Paul : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (Phil. 4:13). Et il en est de même pour chacun de nous, car qu’elle soit petite ou grande, nous avons tous une tâche à remplir pour le Seigneur.
— Quel bonheur de le savoir toujours avec nous ! David dit-il encore autre chose à Salomon ?
— Non. Il s’adresse maintenant à toute la congrégation en disant : « Salomon, mon fils, le seul que Dieu ait choisi, est jeune et délicat, et l’ouvrage est grand, car ce palais n’est point pour un homme, mais pour l’Éternel Dieu » (1 Chroniques 29:1).
— David disait cela pour engager la congrégation à aider Salomon dans le grand ouvrage qu’il avait à faire, n’est-ce pas ?
— Oui, et nous voyons l’importance que David y attachait. Ce palais à construire n’était pas pour un puissant roi de la terre, mais pour le Roi des rois, l’Éternel des armées. Et David voulait y intéresser tous les Israélites. Il leur rappelle tout ce qu’il avait amassé de trésors pour le temple, puis il ajoute : « Et de plus, dans mon affection pour la maison de mon Dieu, je donne pour la maison de mon Dieu, de ce que j’ai d’or et d’argent m’appartenant en propre…trois mille talents d’or, d’or d’Ophir, et sept mille talents d’argent épuré ». C’était une valeur considérable. David, qui aimait l’Éternel, désirait Lui montrer son affection en faisant ce qu’il pouvait pour ériger une maison digne de Lui. Il dit ensuite : « Et qui sera de franche volonté pour offrir aujourd’hui à l’Éternel » ? Il ne voulait pas être seul à faire quelque chose pour son Dieu, il désirait que son peuple s’y associât.
— Ils voulurent sûrement suivre l’exemple du roi.
— Oui, les chefs et les officiers du roi offrirent volontairement pour le service de la maison de Dieu une somme considérable en or, argent, airain, fer et pierres précieuses.
— Je me rappelle qu’il en fut de même au désert quand on construisit le tabernacle. Tout le peuple vint apporter des offrandes, et les femmes en outre filèrent du coton et du poil de chèvre. Ils furent si pleins de bonne volonté que Moïse dut leur dire de cesser d’apporter. Les princes des tribus offrirent aussi de riches présents (Exode 35 ; Nombres 7). C’est ainsi qu’il nous faut avoir un cœur ouvert afin de donner pour le service de Dieu, n’est-ce pas ?
— Oui. Mais ce n’est plus pour élever un temple ou un tabernacle. Le vrai temple et le vrai tabernacle sont maintenant l’Église, composée des vrais croyants qui adorent Dieu en esprit et en vérité (Éphésiens 2:19-20 ; Jean 4:21-24). Mais nous avons à exercer la libéralité envers les pauvres et les nécessiteux, et pour subvenir aux besoins des serviteurs du Seigneur (Hébreux 13:16 ; 1 Corinthiens 9:13-14 ; 2 Corinthiens 8 et 9 ; Galates 6:6 ; Marc 14:7).
— Dorcas faisait beaucoup d’aumônes et des vêtements pour les pauvres veuves, et les chrétiens d’Antioche envoyaient des dons à ceux de Jérusalem qui étaient pauvres. Je me rappelle aussi que les Philippiens avaient envoyé à l’apôtre Paul, par Épaphrodite, un secours quand il était prisonnier à Rome (Actes 9:36-39 et 11:27-33 ; Philippiens 4:10, 15-18).
— C’était le même mobile qui faisait agir David et les chefs du peuple, et les chrétiens. C’était le cœur désireux de servir Dieu. Mais continuons. « Le peuple se réjouit », en voyant les chefs et les principaux offrir leurs dons à l’Éternel, « volontairement, d’un cœur parfait », sans arrière pensée ; « et aussi le roi David en eut une grande joie ». Nous voyons aussi que l’apôtre Paul était heureux de voir la libéralité des chrétiens, et l’apôtre Jean l’était pareillement quand il rencontrait un cœur généreux envers les serviteurs de Dieu (2 Jean 5-8). L’exemple de David et son exhortation avaient agi sur les chefs du peuple. Nous avons un exemple de dévouement, plus grand et plus parfait, celui que Paul proposait aux Corinthiens pour les encourager à donner : « Vous connaissez », dit-il, « la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis » (2 Corinthiens 8:9). Mais David savait d’où venait toute cette promptitude à donner, ces sentiments généreux. C’était l’Éternel qui inclinait les cœurs. Aussi, rempli de reconnaissance, « David bénit l’Éternel aux yeux de toute la congrégation ». Veux-tu les lire ?
— « David dit : Béni sois-tu, Éternel, Dieu d’Israël notre père, de tout temps et à toujours ! À toi, Éternel, est la grandeur, et la force, et la gloire, et la splendeur, et la majesté ; car tout, dans les cieux et sur la terre, est à toi. À toi, Éternel, est le royaume et l’élévation, comme Chef sur toutes choses ; et les richesses et la gloire viennent de toi, et tu domines sur toutes choses ; et la puissance et la force sont en ta main, et il est en ta main d’agrandir et d’affermir toutes choses. Et maintenant, ô notre Dieu, nous te célébrons, et nous louons ton nom glorieux. Et qui suis-je, et qui est mon peuple, que nous ayons le pouvoir d’offrir ainsi volontairement ? car tout vient de toi ; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons. Car nous sommes étrangers devant toi, et des hôtes, comme tous nos pères ; nos jours sont comme l’ombre, sur la terre, et il n’y a pas d’espérance de demeurer ici bas. Éternel, notre Dieu, toute cette abondance que nous avons préparée afin de te bâtir une maison pour ton saint nom, est de ta main, et tout est à toi. Et je sais, ô mon Dieu, que tu sondes le cœur, et que tu prends plaisir à la droiture : moi, dans la droiture de mon cœur, j’ai offert volontairement toutes ces choses ; et maintenant, j’ai vu avec joie que ton peuple qui se trouve ici t’a offert volontairement. Éternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac, et d’Israël, nos pères, garde ceci à toujours dans l’imagination des pensées du cœur de ton peuple, et dirige leurs cœurs vers toi. Et donne à mon fils Salomon un cœur parfait, pour garder tes commandements, tes témoignages et tes statuts, et pour tout faire, et pour bâtir le palais que j’ai préparé » (1 Chroniques 29:10-19). Quelle magnifique prière ! C’est si beau d’entendre David louer l’Éternel pour sa grandeur et sa majesté. Et j’ai été touchée de ce qu’il demande pour son fils Salomon. Il en avait besoin, jeune comme il l’était. Et je sais que les parents chrétiens demandent pour leurs enfants qu’ils aient un cœur parfait pour Le servir.
— Oui, nos chers enfants sont toujours l’objet de nos prières. Et nous savons que Dieu exauce les demandes que les parents font pour leurs enfants. Tu as vu, dans la prière de David, sa profonde reconnaissance envers l’Éternel pour ce qu’il a pu faire, et comment il reconnaît que tout ce que Lui et son peuple offrent, vient de Dieu. Il en est ainsi pour nous, non seulement quand nous donnons pour les pauvres et pour le service du Seigneur, car cela vient de Lui, mais aussi quand nous offrons nos louanges au Seigneur. C’est l’Esprit Saint qui les produit dans nos cœurs. Et David reconnaît aussi notre faiblesse. Nous ne sommes que des êtres d’un jour, voyageurs, étrangers ici-bas, semblables à une ombre qui passe (Jacques 4:14). Oh ! Comme cela devrait nous attacher aux choses qui ne passent pas, aux biens célestes et éternels (2 Corinthiens 4:16-18) ! Quand David eut fini d’épancher son cœur devant l’Éternel, il dit à toute la congrégation : « Bénissez l’Éternel, votre Dieu ». Et toute la congrégation bénit l’Éternel, le Dieu de leurs pères. Puis le lendemain, ils offrirent des sacrifices et des holocaustes à l’Éternel, et ils mangèrent et burent devant l’Éternel ce jour-là avec une grande joie. Et ils établirent Salomon pour roi pour la seconde fois, vois le verset 1 du chapitre 23, et Tsadok pour sacrificateur. Ainsi se terminèrent ces beaux jours de fête.
— L’histoire de David est-elle terminée ?
— Non, il y eut encore, avant sa mort, un fait qui dût l’affliger et que nous verrons la prochaine fois.
B.N. 1896 n° 2 pages 22 à 28
— Tu as dit que David avait encore eu un sujet de chagrin avant sa mort. David n’était-il pas alors bien avancé en âge ?
— Oui, David était devenu très vieux, et tellement faible qu’il ne pouvait se réchauffer. Pour le servir et le soigner avec douceur et activité, on avait mis auprès de lui une belle jeune fille nommée Abishag. Bath-Shéba, sa femme, mère de Salomon, était aussi devenue vieille et ne pouvait pas rendre à David tous les services nécessaires.
— Pauvre David ! Lui qui était si actif ! Ce devait lui être bien pénible de ne plus pouvoir aller et venir comme autrefois.
— Sans doute, c’était une épreuve. La vieillesse est toujours accompagnée de l’affaiblissement du corps et souvent d’infirmités qu’il faut apprendre à supporter. Mais l’Éternel, qui avait été avec David durant toute sa vie, était aussi avec lui dans son vieil âge. David avait dit au temps de sa force : « Ne me rejette pas au temps de ma vieillesse ; ne m’abandonne pas quand ma force est consumée…Et aussi, jusqu’à la vieillesse et aux cheveux blancs, ô Dieu ! ne m’abandonne pas » (Psaume 71:9 et 18). Et certainement, Dieu avait exaucé sa prière. Rien n’est beau comme un vieillard qui, couronné de cheveux blancs, marche avec la sagesse due à l’expérience, se confie en Dieu et est en exemple aux plus jeunes. La parole de Dieu exhorte ceux-ci à les honorer : « Tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard », dit l’Éternel (Lévitique 19:32). Et combien cette exhortation n’a-t-elle pas plus de force pour des enfants envers leurs parents quand ceux-ci sont devenus âgés ? Vois Proverbes 13:22.
— Les fils de David respectaient-ils sa vieillesse ?
— Malheureusement non. L’un d’eux, Adonija, choisit ce temps où David était vieux et sans force pour vouloir être roi.
— C’était comme Absalom, alors. Ne savait-il donc pas que l’Éternel avait choisi Salomon puisque David l’avait déclaré à tout le peuple ?
— Sans doute, mais Adonija n’avait de respect ni pour l’Éternel ni pour son père. Il avait été habitué à ne suivre que sa volonté. Il est dit : « David ne l’avait jamais chagriné ». C’était un tort de la part de David, mais cela n’excusait nullement Adonija. Il se disait probablement : Mon père est vieux et faible, mon frère Salomon est trop jeune pour s’opposer à moi et d’ailleurs, ne suis-je pas son aîné ?
— Et il ne pensait pas au chagrin qu’il causerait à son père ?
— Non, il n’avait d’autre idée que de satisfaire son ambition. Il était égoïste, et les égoïstes ne se soucient pas des autres. Adonija espérait d’autant plus réussir que Joab et Abiathar, le sacrificateur, s’étaient mis de son parti.
— C’est vraiment surprenant. Ils avaient toujours été fidèles à David.
— C’est vrai, mais c’étaient des hommes ambitieux. Ils voyaient David près de sa fin et pensaient que, s’ils aidaient Adonija à monter sur le trône, ils occuperaient une place éminente dans son royaume, tandis que Salomon ne leur devait rien. Ils croyaient sans doute aussi que le peuple les suivrait, comme autrefois il avait suivi Absalom. En réalité ils ne craignaient pas Dieu et se révoltaient contre Lui, puisque c’était par sa volonté clairement exprimée que Salomon devait être roi. Ni le sacrificateur Tsadok, ni Bénaïa le chef des vaillants hommes de David, ni Nathan le prophète, n’entrèrent dans ce complot. Pour mener à bonne fin son dessein, Adonija fit un grand festin à En-Roguel, près de Jérusalem, et y convia tous les fils du roi excepté Salomon. Joab et Abiathar s’y trouvaient et il invita aussi des hommes de Juda et des serviteurs de David ; là on l’acclama comme roi.
— Est-ce que personne n’en avertit David ?
— Nathan le prophète vint dire à Bath-Shéba, la mère de Salomon, ce qui se passait et elle alla le rapporter au roi. Tandis qu’elle parlait avec lui, Nathan arriva et dit au roi : « Ô roi, mon seigneur, as-tu dit : Adonija régnera après moi, et lui s’assiéra sur mon trône ? Car il est descendu aujourd’hui, et a sacrifié des bœufs et des bêtes grasses, et du menu bétail en abondance, et a invité tous les fils du roi, et les chefs de l’armée, et Abiathar, le sacrificateur ; et voilà, ils mangent et boivent devant lui, et disent : Vive le roi Adonija ! … Est-ce de la part du roi, mon seigneur, que cette chose a lieu ? »
— David dut être bien surpris et affligé de cela. Il se rappelait sans doute la révolte d’Absalom.
— C’est possible. Mais ici il avait un ordre positif de Dieu qui avait désigné Salomon pour régner. Aussi David, soumis à la parole de l’Éternel, agit avec promptitude et énergie. Il fit venir Tsadok, Nathan et Bénaïa et leur dit : « Prenez avec vous les serviteurs de votre seigneur, et faites monter Salomon, mon fils, sur ma mule, et faites-le descendre à Guihon, [c’est un endroit près de Jérusalem, à l’ouest de la ville], et que Tsadok, le sacrificateur, et Nathan, le prophète, l’oignent là pour roi sur Israël, et vous sonnerez de la trompette, et vous direz : Vive le roi Salomon ! Et vous monterez après lui ; et qu’il vienne et qu’il s’asseye sur mon trône ; et lui régnera à ma place ». Il fut fait comme David l’avait ordonné. Tout le peuple qui avait vu Salomon sur la mule du roi, accompagné de Tsadok, Nathan, Bénaïa et ses guerriers, s’était mis à leur suite et criait : « Vive le roi Salomon ! » Puis tous montèrent après Salomon à Jérusalem, au son de la flûte, se réjouissant et poussant des acclamations si puissantes qu’il semblait que la terre dût se fendre.
— Cela ne fait-il pas penser au moment où Jésus viendra pour régner suivi d’un cortège d’anges et de saints ? Un verset de cantique dit :
« Il vient, Il vient du séjour de la gloire,
Christ, le Sauveur, qui mourut sur la croix ;
Et tous les saints, proclamant sa victoire,
Feront cortège au puissant Roi des rois ».
Mais, pendant ce temps, que faisaient Adonija et ceux qui étaient avec lui ?
— Comme ils terminaient leur repas, ils entendirent le son de la trompette et les acclamations du peuple. « Pourquoi ce bruit de la ville en tumulte ? » dit Joab. Et comme il parlait encore, Jonathan fils d’Abiathar arriva. « Entre », lui dit Adonija, « car tu es un vaillant homme, et tu apportes de bonnes nouvelles ». – « Oui », répondit Jonathan, « mais le roi David, notre seigneur, a fait Salomon roi. Et le roi a envoyé avec lui Tsadok, le sacrificateur, et Nathan, le prophète, et Benaïa, fils de Jehoïada, et les Keréthiens, et les Peléthiens, et ils l’ont fait monter sur la mule du roi ; et Tsadok, le sacrificateur, et Nathan, le prophète, l’ont oint pour roi à Guihon ; et, de là, ils sont montés en se réjouissant ; et la ville est en tumulte. C’est là le bruit que vous avez entendu. Et aussi Salomon est assis sur le trône du royaume ; et les serviteurs du roi sont aussi venus pour bénir le roi David, notre seigneur, disant : Que ton Dieu fasse le nom de Salomon plus excellent que ton nom, et rende son trône plus grand que ton trône ! Et le roi s’est prosterné sur son lit. Et le roi a aussi dit ainsi : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui a donné aujourd’hui quelqu’un qui fût assis sur mon trône, et mes yeux le voient ! »
— Ainsi Salomon était déjà roi du temps de David. Que dit Adonija après avoir entendu Jonathan ?
— Rien, mais tous les invités furent saisis de peur et s’enfuirent. Adonija lui-même, tremblant de frayeur et craignant que Salomon le fit prendre et mettre à mort, se réfugia auprès des cornes de l’autel des holocaustes et en saisit les cornes, comme pour se placer sous la protection de l’Éternel.
— Cela me représente la frayeur qui saisira les méchants à la venue du Seigneur.
— Oui. De même qu’Adonija et ses invités se réjouissaient quand la fatale nouvelle vint les surprendre, ainsi quand les hommes diront : « Paix et sûreté », une ruine subite tombera sur eux, 1 Thess. 5:3.
— Salomon fit-il mourir Adonija ?
— Non. Quelqu’un vint dire à Salomon : « Voici, Adonija craint le roi Salomon ; et voici, il a saisi les cornes de l’autel, disant : Que le roi Salomon me jure aujourd’hui qu’il ne fera pas mourir son serviteur par l’épée. Et Salomon dit : S’il est un homme fidèle, pas un de ses cheveux ne tombera en terre ; mais si du mal est trouvé en lui, il mourra ». Sur l’ordre de Salomon, Adonija quitta l’autel et vint se prosterner devant le roi, le reconnaissant ainsi pour son seigneur. Et Salomon lui dit : « Va dans ta maison ».
— L’histoire d’Adonija est bien différente de celle d’Absalom. Celui-ci avait soulevé tout le peuple contre David, et il y eut des combats, et finalement Absalom fut tué. Dans le cas d’Adonija, il n’y a point à combattre, tout se passe tranquillement, et le peuple est avec Salomon.
— C’est vrai. Dieu avait permis la révolte d’Absalom comme châtiment du péché de David, mais le fils rebelle est aussi puni. David eut, pour ainsi dire, à combattre et souffrir jusqu’à la fin. Il est le type de Christ souffrant. Mais Salomon était prince de paix. Il ne convenait pas qu’il y eût des guerres sous son règne. Si l’Éternel permit le complot d’Adonija, c’est pour manifester ce qu’il y avait au fond du cœur de plusieurs, tels que Joab et Abiathar, afin qu’au temps propre ils reçoivent le châtiment qu’ils méritaient et que David n’avait pu infliger. Adonija est placé sous la responsabilité de rester soumis à Salomon. Celui-ci est le type de Jésus, Roi de paix (Hébreux 7:2. Mais l’Écriture nous apprend que, lorsque le Seigneur sera assis sur son trône après avoir mis ses ennemis sous ses pieds (Hébreux 10:13), il exécutera encore des jugements contre des insoumis. David ne vécut pas bien longtemps après cela. Et nous verrons la prochaine fois les paroles qu’il prononça avant sa fin.
B.N. 1896 n° 3, pages 45 à 52
— Nous allons voir maintenant les dernières paroles de David avant sa fin. Lis les premiers versets de 1 Rois 2.
— « Et les jours de David s’approchèrent de la mort ; et il commanda à Salomon, son fils, disant : Je m’en vais le chemin de toute la terre ; fortifie-toi, et sois un homme ». Que voulait-il dire par là ? Est-ce parce que Salomon était très jeune ?
— Oui mais, par ces paroles, David exhortait Salomon à être courageux et ferme pour bien gouverner son royaume et servir fidèlement l’Éternel. L’apôtre Paul adresse aux chrétiens une exhortation semblable : « Veillez, tenez ferme dans la foi ; soyez hommes, affermissez-vous » (1 Corinthiens 16:13). Nous n’avons pas à gouverner un royaume, mais nous rencontrons tous des tentations et, pour les vaincre, il nous faut être courageux et fermes. Quand par exemple des camarades veulent entraîner un enfant au mal, il doit savoir résister et dire non. « Résistez au diable », est-il dit, « et il s’enfuira de vous » (Jacques 4:7). Continue à lire.
— « Et prends garde à ce qui doit être observé devant l’Éternel, ton Dieu, en marchant dans ses voies, en gardant ses statuts, et ses commandements, et ses ordonnances, et ses témoignages, comme il est écrit dans la loi de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce que tu fais et où que tu te tournes ».
— Nous voyons que, pour marcher fidèlement devant Dieu, Salomon devait s’attacher à la parole de Dieu, à ce qui est écrit. C’est aussi ce que nous avons à faire. Te rappelles-tu un beau passage qui dit aux jeunes gens comment leur conduite pourra être bonne ?
— Je crois que c’est : « Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? Ce sera en y prenant garde selon la parole » (Psaume 119:9).
— C’est bien cela. L’apôtre Paul écrivait aussi à Timothée, son enfant bien-aimé : « Dès l’enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus » (2 Timothée 3:15). Ainsi pour qu’un enfant soit rendu sage et marche dans la voie du salut, il faut qu’il connaisse les saintes lettres, c’est-à-dire la parole de Dieu. C’est pour cela que j’ai tant à cœur, comme bien d’autres parents à l’égard de leurs enfants, de lire avec toi cette sainte parole et de te l’expliquer. Mais penses-tu qu’il suffise d’écouter et de comprendre ce que nous lisons ?
— Oh, non ! Il faut croire au Seigneur Jésus et mettre en pratique ce que la parole de Dieu nous dit (Luc 11:28 ; Jacques 1:22).
— Oui, c’est ainsi qu’on sera vraiment sage à salut. Salomon, s’il gardait ce qui est écrit, devait jouir de la bénédiction de Dieu dans tout ce qu’il ferait et partout où il irait. Il en est ainsi de nous. Si notre cœur est attaché à la parole de Dieu, nous sommes heureux dans tout ce que nous faisons et où que nous allions, car nous sentons que Dieu est avec nous (Jean 14:23). Après avoir ainsi dit à Salomon comment il devait se conduire, David lui rappelle qu’étant assis sur le trône pour exercer la justice et le jugement, il aurait à punir deux grands coupables qui jusqu’alors avaient échappé au châtiment. C’étaient Joab, meurtrier d’Abner et d’Amasa, et Shimhi qui avait maudit David, l’oint de l’Éternel. D’un autre côté, David recommande à Salomon d’user de bonté envers les fils de Barzillaï, ce vieillard qui avait accueilli et servi le roi quand celui-ci fuyait devant Absalom. David, ayant ainsi tout réglé à l’égard de ce que devait faire Salomon, prononça encore quelques paroles prophétiques bien belles. Lis 2 Samuel 23:1-7.
— « Et ce sont ici les dernières paroles de David. David, le fils d’Isaï, a dit, et l’homme haut placé, l’oint du Dieu de Jacob, et le doux psalmiste d’Israël, a dit ».
— Tu vois d’abord les titres que David prend. Il est « le fils d’Isaï », il se souvient de son humble origine quand il n’était qu’un jeune berger inconnu que ses frères méprisaient. Mais l’Éternel l’avait haut placé. Il était l’oint du Dieu de Jacob pour régner sur son peuple.
— Cela nous rappelle le Seigneur Jésus. Il a été ici-bas dans l’humilité, et Il est maintenant dans la gloire.
— Oui, Dieu l’a haut élevé et Lui a donné un nom au dessus de tout nom (Philippiens 2:5-11). Ensuite David était « le doux psalmiste d’Israël ». Dieu lui avait donné de composer ces beaux psaumes que l’on chantait en Israël à la louange et à la gloire de l’Éternel, et que dans l’avenir le peuple de Dieu chantera encore. Maintenant, continue à lire.
— « L’Esprit de l’Éternel a parlé en moi, et sa parole a été sur ma langue. Le Dieu d’Israël a dit, le Rocher d’Israël m’a parlé ».
— David ne parlait pas de son propre fonds. C’est l’Esprit de l’Éternel, Dieu lui-même qui parle par sa bouche. David a ici le caractère de prophète, et il annonce en termes magnifiques ce qui concerne quelqu’un qui doit venir, c’est-à-dire le Seigneur Jésus. Le Dieu d’Israël et son Rocher, Celui qui ne change pas dans ses desseins, qui tient toujours ses promesses, sur qui on peut s’appuyer comme sur un roc inébranlable, et qui fera un jour triompher Israël, son peuple, révèle à David Celui qui règnera et par qui la pleine bénédiction sera répandue sur la terre. Tu le verras en lisant plus loin.
— « Celui qui domine parmi les hommes sera juste, dominant en la crainte de Dieu, et il sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève, un matin sans nuages : par sa clarté l’herbe tendre [germe] de la terre après la pluie ».
— C’est bien le Seigneur Jésus, Lui le seul juste dominateur ; c’est Lui quand il établira sur la terre son règne de justice et de paix, comme l’annonce David dans le beau Psaume 72. Quelle magnifique image l’Esprit de Dieu emploie pour décrire ce règne ! Ne nous semble-t-il pas voir cette scène délicieuse ? C’est, après la sombre nuit, dans un ciel pur, par un matin sans nuages, le soleil se levant sur la fraîche rosée et réjouissant toute la nature avant que ses rayons ne soient devenus brûlants. Ainsi se lèvera sur cette pauvre terre Christ, le Soleil de justice qui porte la santé dans ses ailes, Malachie 4, quand le temps sera venu. Rien ne viendra obscurcir l’éclat de sa gloire qui se répandra de toutes parts et dans les cœurs, chassant les ténèbres que Satan et le péché faisaient peser sur les hommes. De même que, sous la chaleur bienfaisante du soleil, l’herbe tendre verdit après la pluie et pousse, ainsi le cœur s’épanouira et chantera de joie sous l’action de la grâce du Seigneur. C’est le temps de bénédiction merveilleuse que décrit le prophète Ésaïe au chapitre 11. Lis-le.
— « Et il sortira un rejeton du tronc d’Isaï, et une branche de ses racines fructifiera ; et l’Esprit de l’Éternel reposera sur lui, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de connaissance et de crainte de l’Éternel. Et son plaisir sera la crainte de l’Éternel ; et il ne jugera pas d’après la vue de ses yeux, et ne reprendra pas selon l’ouïe de ses oreilles ; mais il jugera avec justice les misérables, et reprendra avec droiture les débonnaires de la terre ; et il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et par le souffle de ses lèvres il fera mourir le méchant. Et la justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité, la ceinture de ses flancs. Et le loup habitera avec l’agneau, et le léopard couchera avec le chevreau ; et le veau et le jeune lion, et la bête grasse, seront ensemble, et un petit enfant les conduira. La vache paîtra avec l’ourse, leurs petits coucheront l’un près de l’autre, et le lion mangera de la paille comme le bœuf. Le nourrisson s’ébattra sur le trou de l’aspic, et l’enfant sevré étendra sa main sur l’antre de la vipère. On ne fera pas de tort, et on ne détruira pas, dans toute ma sainte montagne ; car la terre sera pleine de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer. Et, en ce jour-là, il y aura une racine d’Isaï, se tenant là comme une bannière des peuples : les nations la rechercheront, et son repos sera gloire ». Combien ce sera beau ! Quel temps heureux ! On voudrait y être.
— Nous aurons mieux. Nous serons avec le Seigneur dans la gloire du ciel. Mais nous jouirons de le voir glorifié sur la terre, régnant sur l’univers et la terre entière bénie par Lui. Lis maintenant la suite des paroles de David.
— « Quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu, cependant il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée, car c’est là tout mon salut et tout mon plaisir, quoiqu’il ne la fasse pas germer » (2 Samuel 23:5). Que veut dire David par ces paroles : « quoique ma maison ne soit pas ainsi avec Dieu » ?
— Après avoir contemplé la gloire de Celui qui dominera un jour avec justice sur les hommes, David fait un triste retour sur sa vie passée et il se dit : Ce n’est pas ainsi que j’ai dominé. En effet, sa maison avait été remplie de déshonneur, tant par son propre péché que par la conduite licencieuse et insubordonnée de ses fils qui avaient été pour lui une source de grands chagrins. Mais alors il se tourne vers Dieu dont la fidélité est immuable, et il dit que malgré toutes ses fautes, Dieu a établi avec lui une alliance éternelle qui ne manquera en rien. David ne regarde plus à lui-même, car il n’y trouverait que misère, mais à Dieu en qui est tout son salut et son plaisir. Dieu seul sauve, et Lui seul peut vraiment rendre nos cœurs heureux. Nous avons à apprendre la même leçon que David. Lis maintenant les versets 6 et 7.
— « Mais les fils de Bélial sont tous comme des épines qu’on jette loin, car on ne les prend pas avec la main, et l’homme qui les touche se munit d’un fer ou d’un bois de lance ; et ils seront entièrement brûlés par le feu sur le lieu même ». Qui sont ces fils de Bélial ?
— Ce sont les méchants. David a vu d’avance le Seigneur dominant avec justice, et il voit aussi le résultat de sa venue pour les méchants. Ils seront jugés et détruits comme des épines qui sont consumées par le feu, et qui ne sont bonnes que pour cela.
— Ce sera bien terrible !
— Oui, mais la parole de Dieu, en maints endroits, nous parle du sort terrible qui attend ceux qui ne veulent pas se soumettre à Dieu. La dernière prophétie de l’Ancien Testament, qui annonce le lever du Soleil de justice, place cela sous nos yeux. « Car voici, le jour vient, brûlant comme un four ; et tous les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour qui vient les brûlera, dit l’Éternel des armées, de manière à ne leur laisser ni racine, ni branche » (Malachie 4:1). Telle sera la fin de ce monde. Combien n’est-il pas important, maintenant que c’est le temps de la grâce, de se réfugier auprès de Jésus ! Nous sommes ainsi arrivés à la fin de la vie et du règne de David qui, malgré ses fautes, fut l’homme selon le cœur de Dieu, aimant l’Éternel, et qui est le type du Seigneur Jésus, qui dans les prophètes est quelquefois appelé de son nom (Ézéchiel 34:23-24 ; 37:24-25). « Et David s’endormit avec ses pères ; et il fut enterré dans la ville de David. Et les jours que David régna sur Israël furent quarante ans : à Hébron il régna sept ans, et à Jérusalem il régna trente-trois ans. Et Salomon s’assit sur le trône de David, son père ».