Auteur inconnu. Tiré des éditions « Publications évangéliques, 04 BP 700, Cotonou, Bénin) et adapté Bibliquest.
Table dans matières abrégée :
1 - Pratiques qui dénaturent le christianisme
2 - Le légalisme comporte deux aspects :
4 - Ces deux religions ne peuvent être conciliées — Rôle de la loi
5 - L’homme a inlassablement cherche à les concilier — Luc 5:36-39
Table des matières détaillée :
1 - Pratiques qui dénaturent le christianisme
2 - Le légalisme comporte deux aspects :
3.1 - Religion de Caïn et ce qui la caractérise
4 - Ces deux religions ne peuvent être conciliées — Rôle de la loi
5 - L’homme a inlassablement cherche à les concilier — Luc 5:36-39
5.1 - Nouvel habit, vieil habit
5.2 - Vin nouveau, vin vieux – nouvelles outres, vieilles outres
5.3 - Vin nouveau, vin vieux – Le vieux est meilleur
6.2 - La loi comme règle de vie : le mélange grâce / loi détruit la base du christianisme
6.3 - Actualité de ce mélange loi/grâce : la religion de la chair et celle de l’Esprit
6.4 - En quoi cette déviation est grave. Le cas des Galates
7.1 - Ils se plaçaient sous des ordonnances
7.2 - Pratique de la circoncision – Col. 2:11-15
7.3 - Respect du sabbat – Col. 2:16-17
7.4 - Culte des anges – Col. 2:18
7.5 - Pratiquer des abstinences, de l’ascétisme – Col. 2:20-23
7.6 - Mort avec Christ : une réalité à pratiquer – Rupture avec le monde
7.7 - Les Colossiens : formes religieuses et principes judaïques sont sans valeur
7.8 - Les Galates : adopter des éléments judaïques est comme un retour au paganisme
8.1 - On ne peut garder une vérité qu’en la pratiquant
8.2 - La religion du monde ne veut pas de la mort avec Christ
8.3 - Ordonnances et mise en avant du moi
8.3.3 - Pourquoi les gens se soumettent aux ordonnances
8.4 - Mort avec Christ, une question de foi
8.5 - Culte digne de Dieu et rituel imposant
8.6 - Tendance constante à retourner au judaïsme
9.1 - La propagation du légalisme
9.2 - Les conséquences du légalisme
9.3 - Comment résister au légalisme
Nous avons cherché à mettre en évidence ce qui caractérise le christianisme. Cette étude devrait suffire pour que chacun puisse répondre à la question : mon christianisme est-il biblique dans ses principes ? Pourtant, très souvent, nous ne voyons bien l’importance des choses que lorsqu’elles sont mises en contraste avec ce qui les dénature. Pour cette raison, nous allons voir plusieurs aspects pratiques de ce qui aujourd’hui dénature le christianisme. Dans cet article nous voulons aborder sous un angle plus général, les principes légalistes qui conduisent à ces pratiques. Dans d’autres articles, nous prendrons quelques cas pratiques particuliers.
Essayons de définir le légalisme et d’en dégager les conséquences. En un mot, le légalisme est le souci de respecter scrupuleusement la lettre d’une loi et les formes qu’elle prescrit, sans que le cœur et la conscience soient réellement engagés devant Dieu. Spirituellement, il conduit à observer certains commandements de la parole de Dieu, en les séparant de leur portée morale ; on en vient automatiquement à négliger le jugement, la miséricorde et la fidélité (Matt. 23:23). Mais nous ne disons pas, par là, que le croyant n’est pas tenu de pratiquer intégralement la Parole de Dieu ! Nous insistons ici sur le fait, qu’en la pratiquant, il doit le faire avec intelligence spirituelle et engagement de cœur, pour le Seigneur qu’il désire honorer.
1. En rapport avec le salut, le légalisme substitue les œuvres de l’homme au don de la grâce et de la foi, seul moyen de salut que Dieu donne (Gal. 2:16 ; Éph. 2:8,9). C’est, comme nous allons le voir, la religion de Caïn.
2. Dans la vie chrétienne, le légalisme remplace la piété et la communion avec Christ par des règles destinées à tranquilliser la conscience. La vraie liberté chrétienne est perdue. C’est cet aspect qui nous intéresse particulièrement.
Rappelons que, dans ce qui va suivre, nous n’envisagerons pas l’homme dans la position du Juif par rapport à la loi de Dieu, mais l’homme comme chrétien, sous la grâce, tout autant en ce qui concerne son salut qu’en ce qui concerne sa marche.
Quant au vocabulaire, nous utiliserons le mot religion dans son sens général le plus courant, c’est-à-dire en désignant par ce mot aussi bien ce qui nous relie à Dieu que ce que l’homme peut faire pour chercher à atteindre ce but.
Si l’on demandait, combien le monde
contient de religions
, on
en dresserait sans doute une longue
liste. Mais, de fait, il n’y a jamais eu dans le monde que deux religions
et
ces deux religions sont en opposition directe l’une avec l’autre. La première
est la religion de la chair.
Elle propose d’accomplir des oeuvres, des
rites pour obtenir la faveur de Dieu. La seconde : la religion de
l’Esprit
, propose un salut gratuit reçu par la foi. La première de ces
religions est aussi vieille sur la terre que le péché
de l’homme ;
la seconde date de la rédemption,
déjà entrevue en Genèse 3 lorsque Dieu
revêt Adam et Ève de peaux. Par conséquent, on les
trouve toutes deux à l’origine de notre histoire.
Dès le début, elles sont personnifiées dans les actes de deux hommes, Caïn et Abel. Il nous suffit de les considérer un moment pour découvrir les caractères de leurs religions et voir qu’elles sont inconciliables.
Commençons par Caïn :
sa religion, celle de la
chair, offre trois traits distinctifs :
1. Elle prétend que l’homme pécheur est capable d’acquérir une justice qui le fasse agréer de Dieu. Elle ne doute pas que l’homme, malgré la chute, soit capable de faire le bien. Elle pense qu’en le faisant, il pourra être reçu et reconnu de Dieu comme juste. Notons immédiatement que ce principe ne prend pas en compte que :
a) La justice de Dieu doit nécessairement condamner le pécheur.
b) La justice de Dieu lui est offerte en Christ pour le justifier.
2. Elle ignore totalement l’état de ruine de l’homme
.
Elle cherche du bien dans l’homme pour le présenter à Dieu. Pour elle, l’homme
est pécheur sans doute ; bien fou qui le nierait, mais il n’est pas irrévocablement
perdu.
3. Elle ignore l’état du monde.
Elle ne sait pas que le
monde est aux yeux de Dieu une chose maudite qui n’a plus à faire ses preuves et
sur laquelle son jugement définitif est déjà prononcé.
Ces trois choses : méconnaissance de Dieu, de l’homme et du monde se rencontrent chez Caïn. Injuste, il pense que Dieu doit avoir égard à son offrande et le recevoir, sur un pied de justice, en vertu de ses efforts sérieux. Séparé de Dieu par le péché, il a assez de confiance en lui-même pour se présenter devant Dieu avec les résultats de son travail. Il vient apporter à Dieu les fruits d’un sol maudit, comme si ce monde pouvait être devant Dieu ce qu’il était avant la chute.
En contraste avec la religion de Caïn, nous trouvons celle d’Abel
qui n’a aucun trait commun avec la première. Elle n’est basée ni sur l’homme
qu’elle estime pécheur et perdu, ni sur l’énergie et les ressources qu’il peut
offrir, mais sur un sacrifice
(Dieu lui-même en avait fourni un pour
revêtir Adam et Ève coupables). Elle est donc basée :
1) sur la grâce
qui accepte le sacrifice,
2) sur la foi
qui en saisit la valeur, qui l’offre à Dieu
et permet au pécheur de s’approcher de Lui comme étant pleinement justifié
de
tout péché.
Voilà ce qui est à la base de la religion de l’Esprit qui évolue dans les choses invisibles, seule base reconnue de Dieu. Dans tout cela ni l’homme, ni la chair n’ont aucune part quelconque, comme l’épître aux Galates nous le prouve abondamment.
Nous y reconnaissons ce que nous avons vu dans des articles précédents concernant le christianisme véritable qui se caractérise par :
1° La fin du vieil homme
pour introduire le nouvel
homme.
Devant Dieu, il ne reste que le dernier, l’homme ressuscité avec
Christ. C’est absolument définitif et complet.
2° La fin de la chair :
je suis crucifié. Il ne
reste que l’Esprit comme ayant une valeur devant Dieu : « Ceux qui
sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises
»
(Gal. 5:24).
3° La fin de la loi,
dans ce sens que ne s’adressant qu’à
la chair pour la réprimer, elle n’a plus de raison d’être pour acquérir une
justice : « Christ est fin de loi, en justice à tout croyant
»
(Rom. 10:4). Cela ne signifie pas que le chrétien laisse libre cours à la
chair.
4° La fin du monde moral.
Nous sommes « retirés
du présent siècle mauvais
» ; mais le ciel et la gloire nous
appartiennent avec Jésus (Gal. 6:14). Le monde, lui, est réservé pour le
jugement.
Mais, entre ces deux contrastes
absolus, n’y a-t-il pas lieu d’introduire un troisième élément qui les
concilie ? La religion de la chair, Dieu ne l’a-t-il pas approuvée en
donnant la loi
au peuple d’Israël ? Il est vrai que Dieu a donné
une religion à l’homme non régénéré, mais précisément pour mettre en pleine
lumière ce qu’est la ‘chair’ en l’homme, placée dans les meilleures conditions
de culture possibles. Jamais la ruine de l’homme n’aurait été prouvée, jamais
son incapacité à acquérir une justice devant Dieu n’aurait été démontrée
pleinement, jamais la foi comme seul moyen d’être justifié n’aurait été établie
sans l’épreuve de la loi.
Qu’a fait l’homme sous la loi ? Il a montré que son état était désespéré ainsi que celui du monde. Après avoir enfreint la loi, il a rejeté Christ seul moyen de salut. Jamais la nécessité de naître et d’être vivifié par l’Esprit, la chair ne servant de rien (Jean 3:5 ; 6:63), n’auraient été proclamées, si la loi n’avait pas été donnée.
La loi était parfaite, sainte, bonne, divine dans sa nature, juste dans toutes ses exigences ; — il n’y avait pas une trace de péché en elle, mais la chair en l’homme, à qui elle était donnée comme une mise à l’épreuve, la rendait parfaitement inutile comme moyen de venir à Dieu et d’acquérir une justice devant Lui. Elle était « faible par la chair » (Rom. 8:3). La loi est donc donnée, non comme règle à la chair, mais pour lui fermer la bouche, pour que tout le monde soit « coupable devant Dieu », pour apporter à l’homme la connaissance du péché et le rendre conscient qu’il est infiniment pécheur, pour produire la colère, pour faire mourir ; en un mot pour tuer la vie de l’homme et non pour le sauver.
Il s’agissait de prouver, et cela ne pouvait l’être par aucun
autre
moyen, que l’homme dans la chair ne peut pas s’approcher de Dieu. La
loi ne suppose pas a priori l’homme perdu :
elle va le prouver, —
ni l’homme incapable d’une justice
: elle lui donne le moyen de
montrer cette capacité, s’il la possède, en lui disant : « Fais cela
et tu vivras ». Voilà aussi pourquoi elle ne dévoile pas d’emblée l’état
du monde. Cet état ne peut être manifesté que par la longue histoire d’un
peuple placé sous la loi, en présence de tous les appels de Dieu et finalement
en présence d’un Sauveur.
Il est intéressant de voir comment le Seigneur illustre le changement apporté par sa venue. Nous le trouvons en particulier dans deux paraboles : celle du vieil et du nouvel habit et celle du vin et des outres. Elles se placent justement après des questions concernant l’observation du jeûne par les disciples de Jean et non par ceux du Seigneur.
Lisons-les en Luc 5:36-39 : « Personne ne met un
morceau d’un habit neuf à un vieil habit ; autrement il déchirera le neuf
et aussi la pièce prise sur le neuf ne s’accordera pas avec le vieux. Et
personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement le vin
nouveau rompra les outres, et il se répandra, et les outres seront
perdues ; mais le vin nouveau doit être mis dans des outres neuves, et
tous les deux se conservent.
ET IL N’Y A PERSONNE
QUI AIT BU DU VIEUX, QUI VEUILLE AUSSITÔT DU NOUVEAU ; CAR IL DIT :
LE VIEUX EST MEILLEUR
».
Ces paraboles nous montrent de façon frappante comment la
présence de Jésus a introduit une situation d’un caractère tout nouveau. Elle
indique le plaisir que Dieu trouve à revêtir l’homme d’un habit entièrement
nouveau et complet en soi. Le vieil habit représentait tout ce dont les hommes
avaient été pourvus par le judaïsme sous l’ancienne alliance. Le prophète
Jérémie avait annoncé que Dieu conclurait une nouvelle alliance avec son
peuple. En Hébreux 8 où cette prophétie nous est rapportée il est ajouté :
« En disant : ‘une nouvelle’, il a rendu ancienne la
première : or ce qui devient ancien et qui vieillit, est près de
disparaître
». Le vieil habit n’avait apporté à l’homme ni justice ni
salut… Tout ce dont Dieu s’était plu à revêtir Israël, bien qu’il contînt les
ombres des choses à venir, n’en apportait pas la substance.
Le nouvel habit implique que Dieu se propose de donner quelque chose de tout nouveau à l’homme. Mais cette chose est complète en soi, il ne faut pas en prendre une partie pour l’ajouter à l’ancien système. Personne ne ferait cela dans le domaine des choses matérielles, dit le Seigneur. Pourtant, le christianisme d’aujourd’hui tel que nous le voyons autour de nous, est en grande partie le judaïsme d’autrefois dans lequel on a implanté des termes chrétiens. On a pris un morceau de l’habit neuf pour le coudre sur le vieux, mais cela ne s’accorde pas. À un système qui exclut l’homme dans la chair, on ne peut emprunter aucun élément pour l’associer à un système qui était prévu pour l’homme dans la chair.
Mais, si le vêtement représente ce qui couvre l’homme comme un
tout suffisant dans le nouvel ordre que le Seigneur a introduit à sa venue, le
vin représente la joie, la bénédiction – et les outres représentent l’homme
lui-même. Pour la joie et la bénédiction de l’homme, Jésus Christ nous a fait
connaître Dieu comme Père ; il nous fait connaître la grâce. Mais pour
jouir de ces choses, il faut être un homme nouveau. Le vin nouveau nécessite
des outres neuves, il faut être né de nouveau par la foi au Seigneur Jésus. En
Romains 8, l’apôtre dira aux croyants : « Vous n’êtes pas dans la
chair, mais dans l’Esprit
» (v. 9). C’est une situation toute
nouvelle, même si la chair est toujours là. Cette parabole aussi nous enseigne
qu’on ne peut pas introduire les bénédictions chrétiennes dans le système
juif… ce serait perdre le vin nouveau ainsi que les vieilles outres qui se
rompent. « Personne
», nous dit la Parole n’aurait une telle
pensée pour ce qui concerne les choses matérielles. Pourtant n’est-ce pas ce
que nous voyons autour de nous ? Comment cela se fait-il ? Nous en
avons l’explication dans ce qui suit.
Luc 5:39 nous place devant un fait déconcertant. Il nous dit
que, ayant goûté à la grâce pour notre salut nous risquons fort d’être
incapables de l’apprécier vraiment ou même d’en oublier le caractère. Le risque
alors est de revenir à l’ancien système, au système légal. On trouve que le vin
vieux est meilleur ! Peut-être direz-vous, j’échappe à cela. La Parole
dit : personne
, tellement l’homme est porté au légalisme
naturellement. Nous avons donc à considérer nos voies et nos cœurs et y
dénicher toute trace de l’ancien système… Si nous ne le faisons pas, qu’en
résulte-t-il ? Tout est perdu : le vin nouveau et les vieilles
outres. Tenons bien compte d’un avertissement aussi sérieux afin de ne pas être
insensiblement entraîné de ce côté-là.
Le légalisme (la loi mêlée aux choses que le Christ a apportées) dont nous voulons nous occuper, prend évidemment place dans la religion de la chair et non dans celle de l’Esprit.
Après la religion de Caïn et la loi de Moïse, il y a une troisième forme de cette religion de la chair, que le Seigneur a annoncée en donnant les paraboles que nous venons de lire. C’est un véritable chef-d’œuvre de Satan pour tromper l’homme. Nous allons parler d’elle : l’épître aux Galates nous en entretient tout du long, c’est pourquoi nous allons aborder cette épître.
Le piège dans lequel les Galates
étaient en train de tomber et qui les avait déjà partiellement atteints, était
le commencement de cette nouvelle forme de la religion de la chair ; c’est
le christianisme, comme religion, que nous connaissons si bien aujourd’hui.
Lors de leur conversion, les Galates, comme tous les croyants sous la grâce, avaient reçu l’Esprit en vertu de la foi au Seigneur Jésus : « Christ… auquel aussi ayant cru », est-il dit, « vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse » (Éph. 1:13). Leur religion n’était donc pas la religion de la chair mais celle de l’Esprit. Ils avaient été délivrés de l’esclavage du péché pour être introduits dans la pleine liberté des enfants de Dieu. Ils avaient reçu, par la foi, Christ comme leur Sauveur. Ils étaient sauvés par la grâce. La foi en Christ avait été leur point de départ pour entrer dans tous leurs privilèges. Ils étaient enfants de Dieu, jouissant de la liberté de la grâce, et la gloire de leur Sauveur leur était assurée pour l’avenir.
Mais cette scène si belle et si simple avait bientôt changé. Des docteurs attachés au judaïsme, adversaires acharnés d’une grâce sans mélange, étaient venus leur enseigner qu’ils devaient ajouter quelque chose à ce qu’ils avaient reçu par le ministère de l’apôtre Paul. Ces assemblées de Galatie, sorties des nations païennes qui n’avaient pas connu la loi, se doutaient bien peu que c’était la religion de la chair qu’on venait leur proposer d’ajouter à la religion de l’Esprit. « Ayant commencé par l’Esprit », dit l’apôtre, « achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (Gal. 3:3).
Les docteurs attachés au judaïsme ne contestaient pas la grâce, mais parlaient de perfectionner le chrétien par la loi. C’était en même temps un moyen de rester attachés au passé, de ne pas rompre avec la chair, de retenir la loi comme règle de vie et de ne pas tourner le dos au monde. La loi, donnée de Dieu, devenait l’instrument de Satan pour détourner le chrétien de Dieu et de Christ. Un peu d’observances cérémonielles… c’était si peu ! Les chrétiens d’entre les Juifs n’avaient-ils pas fait, ne faisaient-ils pas encore ces choses ? Quelques fêtes : où était le mal ? La circoncision : n’était-ce pas une affaire de fraternité plus étroite, pour se rattacher plus intimement aux frères juifs ?
De fait, ce mélange détruisait la base même du christianisme. Il devenait la base d’un système nouveau qui, après avoir rétabli le vieil homme, n’acceptait plus sa condamnation complète, ni la mort, ni la crucifixion de la chair, ni l’anéantissement de la justice humaine, ni la condamnation définitive du monde.
Ce système, si modeste dans ses premières manifestations a fleuri depuis : il est la religion d’aujourd’hui. Il versera même bientôt dans l’incrédulité complète, car nous sommes à la veille de l’apostasie annoncée par 2 Timothée et 2 Pierre. Mais actuellement, dans les systèmes de religion humaine, on ne trouve jamais ce qui caractérise la religion de l’Esprit :
• la fin de l’espoir en homme et en sa justice,
• la fin de l’espoir de dompter la chair ou de l’améliorer et
• la fin de l’espoir en un monde où la justice règne par l’homme…
Quand il en a compris la portée, un chrétien fidèle ne peut faire autre chose qu’en sortir. La religion de l’Esprit connaît ces choses et s’en sépare, car elle est basée sur une tout autre connaissance : « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17). Voilà pourquoi toute l’épître aux Galates, en plein accord avec l’épître aux Romains, est remplie de ces sujets :
1) la justice divine ;
2) l’homme entièrement mis de côté ;
3) la loi sans force,
4) le monde jugé ;
5) un nouvel homme, un second homme introduit : l’homme en Christ, avec lequel le premier homme n’a moralement aucun point commun.
L’apôtre explique aux Galates que, ne pas reconnaître ces vérités, était l’abandon même du christianisme, et voilà pourquoi cette épître est si sévère, quoiqu’elle exprime les douleurs profondes d’un amour rempli d’angoisse et qui va jusqu’à mettre en doute la présence de la vie divine chez les Galates (4:19). Il n’y a rien de tel que de faire de la loi une règle de vie, pour éveiller l’esprit de propre justice dans celui qui a confiance en soi, et l’esprit de doute et de désespoir dans les âmes plus hésitantes ; c’est exactement l’opposé des voies de la grâce pour les uns comme pour les autres. L’apôtre affirme que même le seul fait d’introduire maintenant le principe des ordonnances implique le renoncement à la vérité fondamentale de la mort et de la résurrection (c’est-à-dire du christianisme), car elles supposent des hommes vivants dans le monde et non pas morts et ressuscités en Christ. Il se peut que ceux qui sont ainsi entraînés ne mesurent pas la portée de ce qu’ils font, mais l’Ennemi qui les induit en erreur le sait parfaitement. Agir ainsi, c’est revenir à des manières de faire qui étaient propres à un temps préparatoire, retourner à la chair et au monde ; c’est en fait abandonner les privilèges glorieux de Christ.
Comme les Galates, les Colossiens
étaient des chrétiens issus pour la plupart de milieux païens. Ces croyants ne
s’étaient pas égarés dans le légalisme au point de placer les chrétiens sous
les dix commandements comme règle de vie, mais ils se plaçaient sous des
ordonnances. L’apôtre ne s’attarde pas ici, comme dans l’épître aux Galates,
sur les conséquences, à savoir que si nous nous plaçons à quelque degré que ce
soit sous la loi nous sommes tenus d’accomplir celle-ci tout entière. Mais il
montre que c’est renier Christ tel que nous le connaissons
que de
consentir à retourner à la loi, quelle que soit sa forme, ordonnances ou
autres. C’est aussi insensé que si des adultes se faisaient un mérite de
retourner aux disciplines de leur enfance ou à des jouets pour
récompense !
Nous voyons, plus spécialement au ch.2, que, sous l’influence de la philosophie (sagesse de l’homme) ils voulaient :
1) pratiquer la circoncision,
2) observer des jours et même des sabbats,
3) instaurer un culte aux anges ;
4) pratiquer des abstinences (ascétisme) qui n’étaient que des commandements d’hommes.
Il est évident que, dans la manière d’agir des Colossiens, le rite de la circoncision (v. 11) comme symbole, pouvait avoir une portée beaucoup plus spirituelle que sa pratique en adoptant simplement la loi comme règle de vie. Ils pouvaient prétendre que la circoncision n’était imposée que comme emblème de ce que nous avons en Christ, un signe extérieur de grâce spirituelle.
Mais le pas était fatal car s’ils admettaient ce signe, c’était :
1) un retour aux ombres de l’Ancien Testament, de la loi, alors que l’objet même qui produit l’ombre, Christ, était venu ; — c’était aussi :
2) un abandon de la grâce pour revenir au principe de la loi.
Certes, les Israélites avaient eu la circoncision avant Moïse ; elle était alors spécialement liée à la promesse de Dieu faite à Abraham (Gen. 17). Pourtant, bien qu’à l’origine elle ait existé avant que la responsabilité de la nation envers la loi ait été engagée à Sinaï, la circoncision a été par la suite si intimement liée à la loi qu’on ne peut séparer l’une de l’autre. Recevez la circoncision maintenant, et vous aurez beau ne pas vous placer vous-mêmes sous la loi, c’est elle qui vous placera sous tout son système et vous séparera, en principe, de Christ comme Tête céleste, exalté après avoir accompli la rédemption.
Ainsi, s’il y avait une ordonnance qui, plus que toute autre,
pouvait symboliser la promesse et la grâce, c’était bien la circoncision ;
pourtant l’apôtre est si catégorique, qu’il dit aux Galates que l’admettre,
c’était se placer sous l’obligation d’accomplir toute la loi. Dans l’épître aux
Colossiens, il va plus loin ; il montre comment cela contredit et met de
côté l’œuvre de Christ ainsi que notre association avec lui dans laquelle cette
œuvre nous introduit devant Dieu. C’est pourquoi il donne à connaître ici
quelle sorte de circoncision nous avons déjà en tant que chrétiens ; il
s’agit d’une opération divine et non pas humaine : « Christ
…en qui aussi vous avez été circoncis d’une circoncision
qui n’a pas été faite de main, dans le dépouillement du corps de la chair par
la circoncision du Christ
» (Col. 2:11).
Ensuite, (à partir de 2:13), l’apôtre s’applique à placer devant
les saints de Colosses leur condition autrefois sans Christ et maintenant avec
Christ. « Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes… il vous
a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes
»
(Col. 2:13). La vie même que nous avons reçue comme croyants est le signe que
nos fautes sont ôtées. Que Dieu nous ait vivifiés de la vie de Christ, implique
qu’il nous a pardonné toutes nos fautes. Tout était contre le croyant
autrefois ; mais la possession de la vie dans un Sauveur ressuscité
atteste nécessairement qu’à celui qui croit, tout est pardonné avec justice.
L’apôtre déclare que cette alliance légale leur était contraire
et n’introduisait, comme nous le savons, que la condamnation, les ténèbres et
la mort. Qu’est-ce que Christ a fait à l’égard de cette obligation ? Il
l’a effacée, enlevée du chemin. Voulez-vous, comme les Colossiens, l’introduire
à nouveau ? Christ l’a clouée à sa croix — expression d’un triomphe entier
sur ce qui nous condamnait. « Ayant dépouillé les principautés et les
autorités, il les a produites en public, triomphant d’elles en la croix
»
(2:15). La victoire de Christ ne s’arrête pas à cette libération de ce qui nous
était contraire dans les ordonnances. Toutes les puissances du mal ont été
« dépouillées » par son triomphe, à la croix.
Nous arrivons maintenant à l’application pratique de ce triomphe
de la croix. « Que personne donc ne vous juge en ce qui concerne le
manger ou le boire, ou à propos d’un jour de fête ou de nouvelle lune, ou de
sabbats, qui sont une ombre des choses à venir ; mais le corps est du
Christ
» (Col. 2:16-17). Un chrétien qui connaît la victoire de Christ pour
nous n’aurait certainement pas l’idée de retourner à ces formes élémentaires.
Tenez ferme votre place actuelle en Christ, agissez en conformité avec elle.
Quant au manger ou au boire ou aux ordonnances relatives à l’année, au mois et
à la semaine (et l’apôtre prend un soin particulier à ne pas parler seulement
de jour de fête ou de nouvelle lune, mais de sabbats) souvenez-vous que ces
choses ne font que préfigurer la réalité qui ne se trouve réellement qu’en
Christ seul. En fait, ces temps et saisons indiquent avant tout ce que Dieu
donnera bientôt à son peuple. La nouvelle lune était un type remarquable
d’Israël renouvelé après avoir disparu de même que le sabbat préfigurait le
repos dont Dieu jouira encore et qu’il partagera avec les siens. Toutefois,
qu’il s’agisse des sacrifices de prospérités, des libations ou des fêtes en
général, tout cela est l’ombre des choses à venir ; mais le corps est du
Christ ; le corps, c’est-à-dire la chose même qui a produit l’ombre. Cela,
nous le possédons. Le Juif avait l’ombre, et il aura bientôt, par la grâce de
Dieu, les choses à venir sous la nouvelle alliance. À nous, dès à présent, est
donné « le corps », la substance même : Christ. Il est ici question des
fêtes religieuses juives, et le jour du Seigneur n’a rien affaire avec le judaïsme ;
il n’est pas seulement en dehors de ce système, mais en contraste avec lui…
cette question est traitée dans un article à part : « Le dimanche ou
le sabbat. »
Le jour du Seigneur est aussi distinctement une institution chrétienne que la Cène du Seigneur. Il est très important de voir que Dieu a honoré ce jour de résurrection et de grâce. Lorsque les hommes sont radicalement relâchés ou qu’ils commencent à s’écarter du Seigneur, un des premiers symptômes est l’indifférence quant à ce jour de dimanche. Nous devrions avoir des consciences exercées à son sujet, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi envers ceux qui dépendent de nous, soit dans nos maisons, soit au-dehors. Il est de toute importance que le sentiment de liberté et de grâce qui nous convient ne prenne pas même l’apparence de relâchement ou d’égoïsme.
Le v. 18 va plus loin et montre une espèce d’intrusion dans ce qui est invisible, due au contact avec la philosophie. Les Orientaux se livraient à d’innombrables spéculations sur les anges. Il est vrai que ces êtres existent ; mais c’est le fait de s’ingérer dans de tels sujets qui est si mauvais. Ils ont affaire avec nous, mais non pas nous avec eux : notre relation est avec Dieu. Il semblait raisonnable de déduire que si les anges avaient affaire avec nous, nous devions avoir affaire avec eux ; et puisque eux avaient directement accès à Dieu, pourquoi n’aurions-nous pas recours à eux dans nos rapports avec Lui ? Ce n’était pas une pensée illogique. Il y avait une grande apparence d’humilité en tout cela, comme c’est souvent le cas dans les systèmes faux. Le culte des anges paraissait d’autant plus légitime qu’on n’employait pas à leur égard les termes réservés au culte divin. Mais quelle qu’en soit la forme, l’apôtre en parle sévèrement.
Qu’est-ce donc qui en fait une erreur si grave ? C’est la
mise de côté de Christ qui est le Chef de tout et par conséquent qui est
au-dessus des anges. Christ est celui qui détermine notre relation devant
Dieu ; et pour tous nos besoins par rapport à Dieu, nous avons Christ, le
grand souverain sacrificateur. Ainsi, mettre les anges à cette place est un
double déshonneur fait à Christ. Celui qui s’adonnait à de telles spéculations
était « enflé d’un vain orgueil par les pensées de sa chair
».
Se livrer à ces pensées pouvait paraître une bonne chose, toutefois cela
portait préjudice non seulement à la jouissance que l’âme avait de Christ, mais
aussi à Sa nature et à Sa gloire. « Et ne tenant pas ferme le chef,
duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des
liens, croît de l’accroissement de Dieu
» (v. 19).
C’étaient de faux docteurs qui privaient ainsi les saints de leur bénédiction. De tels hommes cherchent toujours instinctivement à s’insinuer parmi les enfants de Dieu, que leur simplicité sans méfiance expose à être entraînés par eux. Le culte des anges était l’une des formes où le mal se laissait apercevoir et manifestait son caractère de mensonge. Le Saint Esprit est venu ici-bas pour glorifier Christ, non pas les anges. Quiconque va au-delà de ce que dit l’Écriture, à la recherche des anges, ne tient certainement pas ferme le Chef.
Note Bibliquest : tout ce qui a été dit sur le culte des anges, s’applique au culte de Marie et des saints.
Maintenant (v. 20), si nous sommes « morts
avec
Christ », comment s’appliquent pour nous les : « Ne prends
pas, ne goûte pas, ne touche pas
» ? De telles injonctions
disparaissent complètement, parce que si je suis déjà et réellement mort avec
Christ, je suis en dehors de cette sorte de langage et d’idées. L’ancien
système religieux pour l’homme dans la chair est entièrement mis de côté pour
le chrétien ; un tel système contredit en effet le fondement sur lequel le
chrétien se tient, il contredit son propre baptême (Rom.6). En Christ, le
chrétien est mort au monde. Aussi, un chrétien qui se compromet avec la
religion du monde, perd-il invariablement le sentiment de sa mort avec Christ,
ainsi que celui du jugement véritable du monde et de l’homme. Recourir à la loi
est le seul moyen par lequel il est possible au monde de prendre un caractère
religieux, et, en fait, à travers tout effort à l’accomplir, de se faire agréer
par l’homme comme tel. Ce n’est rien d’autre qu’abandonner Christ mort et
ressuscité, même si telle n’est pas l’intention.
L’apôtre semble faire allusion ici au système général de restrictions humaines en matière religieuse, plutôt qu’à quelque partie particulière de l’Ancien Testament. Lorsqu’un homme meurt, il laisse derrière lui ses biens, son rang, son confort, sa réputation, son énergie, ce qui constituait sa raison de vivre. C’est ce que fait d’emblée le chrétien, en vertu de la mort et de la résurrection de Christ : grande vérité selon laquelle il est appelé à agir pendant qu’il est encore sur la terre. En Christ, il est maintenant mort au monde.
Beaucoup de chrétiens ignorent totalement cette vérité, soit en tant que privilège dont ils peuvent jouir, soit en tant que réalité à pratiquer. Pour eux la pensée d’être mort et ressuscité avec Christ n’est que pur mysticisme, et ils s’estiment trop humbles et respectueux pour la considérer ou la peser ! Cela ne signifie pas qu’ils n’ont pas la vie de Dieu. Ce n’est pas la même chose, car cela était assurément vrai des croyants de l’Ancien Testament, avant que la position d’être mort et ressuscité avec Christ n’ait été donnée. Voilà le grand changement que la mort et la résurrection de Christ ont introduit.
Il est ainsi évident qu’être mort avec Christ fait sortir une
personne non seulement du monde, en esprit, mais de tout le système de sa
religion ; ainsi « si
vous êtes morts avec Christ aux
éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde,
établissez-vous des ordonnances
» (Col. 2:20). Telle avait été la
condition des hommes, dans la position la meilleure, avant Christ. Ils en
étaient pour ainsi dire aux anciens éléments qui avaient eu leur place et
avaient été mis à l’épreuve, mais maintenant, le Fils de Dieu étant venu et
nous ayant révélé Celui qui est vrai, c’est la substance et la plénitude de la
vérité que nous connaissons en connaissant Christ. L’œuvre de Christ reçue
par la foi qualifie maintenant le croyant pour cette place où les choses
vieilles sont passées et toutes choses faites nouvelles. « Pourquoi,
comme si vous étiez encore en vie dans le monde
», est une expression
des plus remarquables. Elle montre que nous ne sommes pas fidèles à notre
position, ni à Christ, si nous nous comportons comme des hommes vivants dans le
monde. Nous avons une vie nouvelle, la vie de Celui qui est mort et
ressuscité ; et cela nous a introduits maintenant dans la condition de
mort à tout ce qui est du monde. Ainsi, quant à la religion du monde, le
chrétien en a, en principe, aussi réellement fini avec elle que Christ lui-même
après sa mort. Notre Seigneur, depuis l’accomplissement de son œuvre sur la
croix, a-t-il eu affaire avec les jeûnes et les fêtes des Juifs ? En aucune
manière, et nous, j’entends les vrais chrétiens, ne le devons pas non plus. Le
temps du support pour les Juifs (*) devenus
chrétiens a pris fin depuis longtemps ; il n’y a plus aujourd’hui la
moindre excuse pour la chrétienté.
(*) note Bibliquest : il s’agit de support des pratiques juives, et non pas d’une quelconque question d’antisémitisme ni d’une question de support des personnes en tant que telles. On voit ce support des pratiques juives au début des Actes et dans l’épître de Jacques. L’épître aux Hébreux appelle à ce que ce support prenne fin.
J’admets que la grande masse des chrétiens ne veut rien entendre d’une telle rupture avec le monde ; et ainsi ceux qui voient en elle une vérité fondamentale du christianisme sont sérieusement mis à l’épreuve. Ont-ils, en grâce, accepté à cause de Lui d’être traités de fanatiques, de fous, d’orgueilleux, de durs, d’étroits, remettant ces calomnies et d’autres encore à Celui qui les aime et qui connaît la fin dès le commencement ? Revenir aux éléments du monde est, redisons-le, en contradiction pratique évidente avec notre mort avec Christ.
Les Colossiens étaient en danger de tomber dans ce piège. Ils ne
voyaient pas pourquoi, comme chrétiens, ils devraient abandonner ce qui
semblait assez largement pratiqué parmi les Juifs ou les Gentils. Ils
désiraient tenir ferme la vérité de Christ, mais conserver ou adopter en même
temps des formes religieuses qui avaient été observées autrefois. Non, dit
l’apôtre, c’est Christ et rien que Christ qui est tout notre bien, nous
n’avons besoin de rien d’autre. Christ est tout. Rien n’est aussi exclusif que
Christ et sa croix, et pourtant qu’y a-t-il d’aussi grand ? « En
Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement
» (Col. 2:9)
Mais il a été rejeté. Dès lors, les formes et les principes judaïques ont perdu
toute leur ancienne valeur.
Dans l’épître aux Galates, l’apôtre emploie un langage encore
plus fort. Il accuse ceux qui observeraient des jours, des mois, des temps, des
années, de retourner au paganisme. « Mais alors, ne connaissant pas
Dieu, vous étiez asservis à ceux qui, par leur nature, ne sont pas dieux
»
(c’était leur ancienne condition en tant que Gentils), « mais
maintenant, ayant connu Dieu… comment retournez-vous de nouveau aux faibles
et misérables éléments auxquels vous voulez encore derechef être
asservis ?
» (4:8-9). Les Galates pensaient qu’emprunter à la loi
améliorait la simplicité première de l’évangile. Combien peu ils
s’attendaient au reproche apostolique, qu’il est aussi mauvais pour les
chrétiens d’adopter des éléments judaïques que de retourner à
l’idolâtrie ! En fait, il est démontré désormais que c’est le même
principe ; telle est la lumière dans laquelle la croix de Christ place ces
éléments du monde. Bientôt, on verra un étrange amalgame non seulement
entre les Églises ainsi nommées, mais entre la chrétienté et le judaïsme.
Mais si la fin doit être telle, la tendance largement répandue est déjà de « vivre dans le monde » ; cela signifie que le cœur est ici-bas, que l’on s’est installé dans la religion du monde. Un chrétien, au contraire, est quelqu’un qui appartient au ciel. C’est ce qu’on renie pratiquement, et notamment le fait d’être mort avec Christ, si l’on accepte ces éléments judaïques. La seule manière sûre de juger de toute chose est d’introduire Christ. La question ici est : quelle est la position de Christ quant à la religion du monde ? Lorsqu’il vivait ici-bas, il allait sans doute au temple, reconnaissant et pratiquant la loi (bien qu’il fût réellement le Fils unique du Père) car Dieu la reconnaissait ; il n’avait pas encore abandonné Israël, l’homme, la terre et toutes les choses d’ici-bas. Mais où est Christ maintenant et comment y est-il allé ? Encore une fois, on ne peut ni avoir ni garder la vérité sans la pratiquer ; et Dieu ne veut pas que nous la possédions autrement. Il donne un témoignage ; la lumière brille ; mais la vérité ne remplit une âme que si elle agit sur elle ; sinon la lumière qui est à l’intérieur devient ténèbres, et alors combien grandes sont ces ténèbres ! Peut-on hésiter à qualifier de profondément incohérent un homme qui, après avoir déclaré comprendre ce que c’est qu’être mort avec Christ, persisterait néanmoins dans la religion du monde ? C’est plus qu’un manque d’intelligence. Ceux qui paraissent avoir la vérité, mais refusent de s’y conformer, deviendront bientôt les ennemis de cette vérité qu’ils ne suivent pas.
La religion du monde a affaire avec cette création ; elle appartient à ces choses dont on peut dire : « Ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas ». Prenez le principe des édifices consacrés, des lieux saints, des objets sacrés, toutes choses destinées à périr par l’usage ; elles sont toutes en rapport avec le monde ; et la chair est capable d’y trouver satisfaction. Si nous ne nous savions pas associés à Christ mort et ressuscité, notre culte ne serait qu’une espèce d’accommodation du judaïsme, qui était la religion d’un peuple « en vie dans le monde ».
Maintenant, au contraire, toutes ces choses sont entièrement jugées dans la croix comme étant inimitié contre Dieu ; et les chrétiens sont appelés à ne rien avoir à faire avec elles. Il y a une bénédiction merveilleuse à réaliser la place où nous met la mort de Christ. Elle en a entièrement fini avec tout ce qui est « en vie dans le monde », avec tout ce qui a de la valeur aux yeux des gens du monde.
Vivre dans le monde (religieusement parlant), revêt deux grandes
formes, l’une superstitieuse
, l’autre séculière
, le « moi » étant
nécessairement à la base des deux. On voit dans des Églises la forme
séculière
en matière de religion ; leur seule idée est d’être
confortablement installées, même dans la dévotion. La pensée d’adorer Dieu a
disparu. On n’a aucune notion de ce que c’est que d’être mort avec Christ. Un
danger plus grand peut-être se trouve dans l’autre forme, la superstition
,
parce qu’elle a une belle apparence d’humilité, de piété et de révérence.
Être mort et ressuscité avec Christ nous délivre des deux. Mais ceux qui sont vraiment et d’une manière si merveilleuse délivrés par la mort et la résurrection avec Christ ont à éviter tout reproche de légèreté et de négligence. Se comporter d’une manière inconvenante n’est nulle part plus affligeant que là où la position chrétienne est connue et où l’on se place sur le terrain de l’Église de Dieu.
L’apôtre nous donne ensuite un échantillon de ce que sont ces ordonnances. Ce n’est pas la puissance de l’Esprit de Dieu révélant les choses de Christ, mais une mise en avant du « moi », d’un caractère généralement négatif. Telle était autrefois la manière d’agir de la loi avec la chair dans un monde mauvais. La foi est maintenant en droit de regarder à Christ dans les cieux.
« Choses qui… ont bien une apparence de sagesse en dévotion volontaire et en humilité, et en ce qu’elles n’épargnent pas le corps, ne lui rendant pas un certain honneur, (mais elles sont en fait) pour la satisfaction de la chair » (Col. 2:23). Ce n’est pas la volonté de Dieu, mais celle de l’homme imaginant ses propres moyens de plaire à Dieu. Tout cela se revêt d’une apparence de grande humilité et cultive l’ascétisme. C’est exactement ce qu’a fait une certaine philosophie en déniant la place propre de nos corps. De quelle manière remarquable le Nouveau Testament ne fait-il pas au contraire ressortir la vraie importance du corps ! Il proclame, par exemple, que nos corps sont le temple du Saint Esprit. Cette vérité est de toute importance et, étant elle-même une conséquence de la rédemption, elle constitue le vrai fondement de la morale chrétienne. « Livrez… vos membres à Dieu, comme instruments de justice… ». Présentez « vos corps en sacrifice vivant… » (Lire Rom. 6).
L’esprit philosophique à Corinthe avait pour principe que le corps n’avait pas d’importance pourvu que l’esprit fût sain. L’apôtre insiste alors sur le fait que le corps est le temple du Saint Esprit (1 Cor. 6:19, 20). À cela s’ajoute la vérité de la résurrection du corps, et pas seulement de la survivance de l’âme. Mais si même le corps est tombé sous l’empire du péché, c’est là que se trouve la puissance du Saint Esprit qui habite en chaque croyant.
Vous ne pouvez réformer la chair, vous ne pouvez améliorer la volonté ; le vieil homme doit être jugé, renié, traité comme une chose vile ; toutefois le corps est, dès maintenant, devenu le temple du Saint Esprit. Adam, avant la chute, avait un corps, une âme et un esprit ; mais dès sa chute, il acquit une volonté propre — le désir d’avoir ses propres voies. C’est là une chose que nous devrions toujours traiter comme mauvaise, et nous devrions nous juger nous-mêmes si en quelque manière nous la laissons agir. Qu’est-ce qui peut donner à l’homme une aussi grande puissance contre cette volonté propre, sinon Christ connu dans sa pleine grâce en délivrance ? Comme il est dit de l’épée prise à Goliath, « il n’y en a point de pareille » (1 Sam. 21:9). Si je suis mort et ressuscité avec Christ, où est le vieil homme ? Il n’existe pas aux yeux de Dieu ; aussi ne devons-nous pas tolérer qu’il se montre à la vue des hommes.
Le premier but de la religion du monde est de corriger la chair et d’améliorer le monde. L’esprit humain se glorifie le plus par des efforts ascétiques. Négliger son corps peut être en même temps un moyen d’enfler la chair. C’était une idée païenne, le but des philosophes. Ils croyaient volontiers que l’âme était sainte, même si le corps ne l’était pas, certains soutenant que l’âme venait de Dieu et le corps du diable. Ce fut l’origine d’un mal effroyable tendant à la destruction de toute moralité. N’y a-t-il pas en Christ une réponse à tous ces égarements de l’esprit humain ? En recevant la vérité en Lui, vous avez ce qui anéantit le but de Satan, mais le Saint Esprit seul, si j’ose m’exprimer ainsi, nous la fait réaliser. C’est dans la mesure où nous en jouirons qu’il en résultera un abondant fruit de la justice, qui est par Jésus Christ à la gloire et à la louange de Dieu.
Nous avons considéré la mort avec Christ et ses conséquences par rapport au danger qui menaçait les saints de Colosses, et, partant de là, la condamnation d’un mal dans lequel Satan cherchait à les ramener. Mais l’effet de cette mort avec Christ était surtout vu sous son côté négatif.
Pourquoi des gens comme eux étaient-ils soumis à des ordonnances ? Ils ne devaient pas l’être, car en Christ ils étaient morts aux éléments du monde et ils n’avaient, par conséquent, rien à faire avec les ordonnances. Celles-ci pouvaient bien convenir à des hommes en vie dans le monde, mais elles ne pouvaient s’appliquer à des hommes morts.
En général, de nos jours, on a recours aux ordonnances avec de bonnes intentions, dans le but de parer aux manquements, d’aiguiser l’appétit spirituel… ce n’est pas un rejet de Christ, mais l’adjonction de compléments pour ‘aider’ la foi ou les sentiments, que l’on met à côté de Christ. Il n’en reste pas moins que c’est mettre les chrétiens dans une contradiction flagrante avec leur position en Christ.
Il est triste de remarquer que souvent les croyants trouvent plus de satisfaction à se soumettre à des lois, des règlements, qu’à l’Esprit de Dieu, car ils en retirent quelque chose pour la chair (Col. 2:23). Mais pour marcher par l’Esprit, il me faut veiller toujours à être occupé du Seigneur, à chercher auprès de lui le secours dont j’ai besoin en fuyant tout ce qui peut faire naître en moi les convoitises de la chair ; sinon elles auront tôt fait de réapparaître, en me séparant du Seigneur. Je dois aussi juger devant Dieu chacun de mes actes et les mobiles qui me font agir. Il n’en découle aucune satisfaction pour la chair mais la conscience de mon imperfection… par contre je puis me réjouir dans le Seigneur en tout temps (Phil. 4:4).
Maintenant le chrétien est mort en vertu de la croix de Christ. C’est là entièrement une question de foi. Le croyant a encore sa vie naturelle ; s’il n’est pas occupé de Christ — qui est sa vraie vie — il est aussi enclin qu’un autre à voir revivre de vieilles pensées et de vieilles habitudes. Mais maintenant le chrétien est considéré comme un homme mort, oui, mort au monde sous ses meilleurs côtés, même au monde religieux. La plus haute manifestation à laquelle puisse prétendre la nature, est de ne pas prendre, de ne pas goûter, de ne pas toucher. Telle est la seule manière de remporter la victoire, victoire qui en fait n’en est pas une, mais seulement l’abstention de certaines choses, ou un système de contraintes de la chair. C’est en contraste absolu avec le principe chrétien. Il recherche la victoire de la grâce. Car la mort du Christ l’a délivré de tout ce principe de la nature qui consiste à ne pas prendre, ne pas goûter, ne pas toucher… C’est là non seulement un principe judaïque, mais aussi la religion naturelle de l’homme. Ce n’est qu’ainsi que les hommes du monde essaient de s’abstenir du mal. Le christianisme n’évite pas seulement le mal en nous et autour de nous, mais applique la mort à tout. Christ est mort par rapport à tout et le chrétien devrait se savoir mort par rapport à tout ce qui est du monde qu’il soit moral ou religieux, grossier ou raffiné, intellectuel ou inculte.
Avant que Christ ne vienne, Dieu avait établi un système d’ordonnances. Jusqu’à ce que par grâce, ils passent par une révolution totale, ceux qui étaient formés à cette école ne comprenaient rien des traits distinctifs du christianisme. Son caractère leur était caché. Les Juifs n’avaient aucune notion de la ruine absolue de la chair, ils n’avaient qu’un faible sentiment du péché, une pauvre compréhension de la grâce de Dieu, comme nation ils étaient placés sous la loi, sous le sacerdoce lévitique, sous des sacrifices extérieurs, sous des ordonnances charnelles. Tout cela faisait bien partie des choses dans lesquelles ils avaient à marcher ; de grandes vérités étaient cachées sous ces images rudimentaires. La chrétienté a repris les choses qui se justifiaient pour un Juif, mais qui maintenant sont appelées des éléments du monde, ce qu’elles sont en réalité. Elles n’étaient pas considérées comme telles tant que Dieu agissait à l’égard d’Israël. C’était cependant ce dont le monde est capable. Elles sont traitées maintenant comme des éléments du monde, mais il n’en était pas ainsi avant la mort de Christ.
Beaucoup de personnes pensent par exemple, qu’il n’est pas possible d’avoir un culte digne de Dieu sans un édifice sacré et sans des cérémonies appropriées ; et que plus le bâtiment est beau, plus le rituel imposant, plus, pensent-elles, le culte sera agréable à Dieu. Eh bien ! tout cela fait partie des éléments du monde. D’autres pensent qu’on ne peut pas avoir la Cène du Seigneur sans un ministre ordonné pour l’administrer… L’Assemblée de Dieu n’a point une telle coutume. L’apôtre rejette le système tout entier. Les écrits du Nouveau Testament qui révèlent l’Église, excluent tout cela. Non seulement ce n’est pas une chose bonne, mais toute pensée et toute voie semblables sont mauvaises, car elles sont opposées à la croix et à la gloire céleste de Christ.
La grande erreur de la chrétienté a toujours été de retourner aux ordonnances. Le système juif a pris fin avec la croix de Christ, sa résurrection et son ascension. La relation du chrétien avec Christ est dès lors fondée sur l’œuvre de la croix qui a déchiré le voile du Temple et anéanti le système juif. C’est pourquoi il est dit : « Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1).
« Le légalisme est une chose extrêmement trompeuse, et, ce qui le rend si dangereux, c’est qu’il a une très belle apparence aux yeux des hommes. En réalité, il éloigne le cœur de Christ et donne de la nourriture au pauvre « moi ». De plus, ne pensons pas qu’une vraie sainteté puisse se développer sur un terrain légal. Ce n’est que là où la grâce est comprise et réalisée qu’il y aura un joyeux accroissement de l’homme intérieur, une transformation en l’image de Celui que nous pouvons contempler à face découverte à la droite de Dieu.
Il est vrai qu’il est possible d’abuser de la grâce, et même de la tourner en débauche. Hélas ! de quoi l’homme n’est-il pas capable ? Mais s’il y a de la droiture dans l’âme, la grâce opérera toujours une séparation du mal beaucoup plus réelle et complète que ne saurait le faire un esprit légal » (R. B. étude sur l’épître aux Galates).
Dans la vie chrétienne, le légalisme remplace la piété et la communion avec Christ par des règles destinées à soulager la conscience. La vraie liberté chrétienne est ainsi perdue.
Le chrétien légaliste, occupé de lui et non de Christ, désire mériter la faveur de Dieu, plutôt que de jouir de sa grâce qui nous tient dans l’humilité. La peur du jugement des autres (Gal. 2:11-14) et le désir de dominer conduisent aussi au légalisme. Une conscience coupable se soumet à des ordonnances légales pour se justifier à ses propres yeux et devant les autres.
Collectivement, en face du sommeil spirituel, d’un enseignement défectueux de la parole de Dieu ou du désordre, la tendance légaliste sera de créer des ordonnances, plutôt que de prêcher Christ et la grâce (Éph. 5:14 ; 1 Cor. 2:2).
L’épître aux Galates indique trois moyens par lesquels le légalisme peut se propager parmi les chrétiens :
épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus» (Gal. 2:1-7).
Le piège qui guette chacun est de résister à la chair par la chair, et, pour échapper au légalisme, de tomber dans le laxisme. Pour trouver et garder l’équilibre entre ces deux dangers, la Parole nous donne les enseignements nécessaires à la fois pour notre conduite personnelle et pour notre vie collective.
1. Pour la vie personnelle : Le jugement de soi-même dans la présence de Dieu (Ps.139:23, 24), nous gardera dans l’humilité et dans la droiture.
2. Pour la vie collective : Dans les temps de déclin, le
remède est de prêcher la grâce du commencement. Alors que toute forme
d’autorité est aujourd’hui contestée dans le monde, la tendance parmi les
chrétiens pourrait être de tout remettre en cause. La Bible nous invite à
distinguer entre la tradition
des hommes qui annule en pratique la
parole de Dieu (Marc 7:13), et la coutume
dans la vie des assemblées de
Dieu (1 Cor. 11:16). La première est à rejeter, tandis que le respect de la
seconde est une preuve de soumission au Seigneur car elle est consignée dans sa
Parole pour notre instruction.
Si l’homme, qu’il soit né de nouveau ou non, réunit les idées de devoir et de péché, sans saisir la portée du pardon divin, il demeure dans l’esclavage. On ajoute alors des règles humaines pour soulager la conscience. On établit des formes pour créer la piété, là où manquent la communion avec Dieu et la jouissance de sa grâce. C’est à cela que le christianisme risque d’être réduit.
D’un autre côté, l’absence de règle (Gal. 6:16), et la remise en cause de tout principe moral détruisent la liberté chrétienne.
Le chemin droit entre
ces deux dangers est celui de la justice et de la droiture (Prov. 4:18), dans
la jouissance de l’amour de Dieu et dans l’humble soumission à sa volonté (Rom.
6:22 ; 8:35). Car nous avons été « élus selon la préconnaissance
de Dieu le Père… pour l’obéissance… de Jésus Christ
» (1 Pierre 1:2).