Philippe l’évangéliste

Auteur inconnu

The Christian’s Friend : 1898


1 - [Un modèle instructif]

2 - [Qualités initiales]

2.1 - [Honnêteté]

2.2 - [Plein de l’Esprit Saint]

2.3 - [Plein de sagesse]

3 - [Dépendance dans la prière]

4 - [Rapports entre l’évangéliste et ses frères et l’assemblée]

4.1 - [Selon Actes 6]

4.2 - [Pour la gloire de Christ]

4.3 - [Selon Jean 20]

4.4 - [Selon Éph. 4]

4.5 - [Selon plusieurs exemples ultérieurs du livre des Actes]

5 - [Se garder des mauvaises associations]

5.1 - [La communion de la mort du Seigneur]

5.2 - [Correspondance entre l’instrument utilisé par Dieu et ce qu’il annonce]

5.3 - [Prudence pour reconnaître les résultats]

5.4 - [La conscience n’est pas un guide suffisant. Il faut de l’intelligence spirituelle]

6 - [Obéissance]

7 - [Courir après les âmes]

8 - [Faire comprendre]

9 - [Prêcher ou annoncer Jésus]

10 - [Cercle familial de l’évangéliste]

11 - [En résumé]


1 - [Un modèle instructif]

En Actes 21:8, Philippe est appelé « Philippe l’évangéliste ». Nous sommes donc fondés à le prendre comme exemple d’un évangéliste selon Dieu, et nous pouvons nous attendre à trouver des principes utiles concernant l’œuvre de l’évangile dans le peu de ce qui est rapporté dans le livre des Actes au sujet de ce serviteur honoré de Christ.

Le nom de Philippe signifie « qui aime les chevaux » ; mais la grâce qui a gagné son cœur, et la valeur précieuse qu’il a trouvée en Christ comme Sauveur, l’ont poussé à vouloir faire goûter à d’autres la même grâce, de sorte qu’au lieu d’être quelqu’un « qui aime les chevaux », il est devenu quelqu’un « qui aime les âmes ». Heureux changement ! Il est mentionné pour la première fois en Actes 6 où, en raison de la nécessité qu’on s’occupe de la distribution de l’aide aux veuves, sept hommes devaient être choisis par les saints et mis à part par les apôtres pour cette tâche.


2 - [Qualités initiales]

Trois qualités devaient caractériser ceux qui seraient choisis. Premièrement, ils devaient être « honnêtes », deuxièmement « pleins de l’Esprit Saint » et troisièmement « sages » (Actes 6:3). S’il est seulement dit qu’Étienne était plein de foi et du Saint-Esprit, je pense que nous pouvons conclure que les six autres répondaient, dans leur mesure, à ce qui était requis par les apôtres. C’est pourquoi, en considérant le caractère personnel de Philippe, nous pouvons dire à juste titre qu’il était un homme honnête, guidé par l’Esprit de Dieu et empreint de sagesse.


2.1 - [Honnêteté]

L’honnêteté est donc la première caractéristique de Philippe. Ce terme est sans aucun doute à prendre dans un sens large, qui recouvre la vie professionnelle et domestique, ainsi que ce qu’est le serviteur au sein du peuple du Seigneur. La fidélité dans les choses temporelles est une qualité essentielle d’un serviteur de Christ. « Si donc vous n’avez pas été fidèles à l’argent injuste, qui vous confiera les vraies richesses ? Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ? » (Luc 16:11-12). Quant aux biens temporels, ils nous sont confiés en tant qu’intendants : ce n’est pas à un intendant infidèle que l’Esprit de Dieu remettra les vraies richesses célestes, qui sont la part des saints ; c’est pourquoi l’expression « avoir un bon témoignage » se trouve avant « plein de l’Esprit Saint » en Actes 6:3. J’insiste particulièrement sur ce point auprès des jeunes frères, car le nom du Seigneur a été beaucoup déshonoré par du zèle déplacé de ceux qui négligent leurs devoirs domestiques ou professionnels pour distribuer des tracts ou prêcher l’Évangile.

En Israël, il était pourvu à l’entretien des lévites par la dîme des gens du peuple. Si nous considérons les lévites comme représentant ce que nous sommes en tant que serviteurs du Seigneur, et les gens du peuple comme ce que nous sommes dans notre vie domestique et professionnelle, nous voyons combien est lourde de conséquences notre fidélité à la maison et dans le domaine des affaires. En marchant avec Dieu dans la vie quotidienne, l’âme se forme, de sorte qu’au lieu que la famille et les affaires soient un obstacle, le Seigneur peut s’en servir pour rendre Ses serviteurs plus efficaces dans Son travail, car la discipline de la vie quotidienne est l’occasion d’apprendre davantage de Sa grâce et de Sa fidélité.


2.2 - [Plein de l’Esprit Saint]

La deuxième caractéristique d’un vrai serviteur est d’être animé par l’énergie de l’Esprit Saint. C’est souvent une leçon longue et difficile à apprendre que la seule puissance pour l’œuvre du Seigneur est la puissance de l’Esprit de Dieu. L’impuissance qui consiste à s’en remettre à Dieu pour tout ce qui est nécessaire est ce qui donne de la force à un serviteur de Christ. L’éloquence naturelle, les capacités mentales, les moyens charnels peuvent faire appel à l’intelligence de l’homme, et couronner le prédicateur d’un succès extérieur ; mais la seule puissance pour atteindre le cœur et la conscience, la seule puissance pour accomplir quoi que ce soit pour Dieu, c’est la puissance de l’Esprit de Dieu. Ce que l’on a, ou ce que l’on est, en tant qu’homme dans la chair, si l’on s’appuie dessus, ne peut qu’entraver l’œuvre de Dieu. Pierre et Jean, qui étaient « des hommes sans instruction et du commun », n’ont pas empêché Dieu d’agir puissamment par leur moyen ; et pour Saul de Tarse, le fait d’avoir été élevé aux pieds de Gamaliel, n’a pas aidé en soi ; il pouvait dire : « Car celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat des circoncis, a opéré de même en moi à l’égard de ceux des nations » (Gal. 2:8). C’était la même puissance dans les deux cas, et il n’y en a pas d’autre.

L’Esprit est ici-bas pour exalter Christ, et Il agit sur la base du fait que l’homme dans la chair a été judiciairement soustrait à l’œil de Dieu à la croix. Par conséquent, chercher à amener au service du Seigneur le premier homme, ou quoi que ce soit lié à cet homme, c’est faire obstacle à l’Esprit de Dieu. Il y a une sphère où les forces naturelles ont leur place légitime. Un étudiant utilise son intelligence naturelle pour préparer ses examens ; un ouvrier utilise sa force physique dans son labeur quotidien ; et tous deux peuvent être utilisés pour la gloire de Dieu. Mais dans l’œuvre du Seigneur — dans les choses spirituelles — la seule vraie puissance est celle de l’Esprit de Dieu, et Sa puissance est pleinement suffisante à tout.


2.3 - [Plein de sagesse]

La troisième qualité mentionnée en Actes 6:3 est d’être « plein de sagesse ». Tous ceux qui, dans une certaine mesure, s’occupent d’âmes, doivent ressentir le besoin d’une sagesse divine, afin que le bon message soit donné au bon moment. Deux choses sont essentielles à cet effet : « la parole de Dieu et la prière ». En Ésaïe 50:4, nous lisons : « Le Seigneur Dieu m’a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las ; Il me réveille chaque matin, Il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne ». C’est ainsi que l’Esprit de Christ voulait parler dans le prophète, et combien cela est devenu une réalité divine dans la vie de notre Seigneur béni, quand Il s’occupait des âmes dans le besoin, apportant la parole appropriée au cœur et à la conscience, selon les conditions de ceux auxquels Il s’adressait. N’avons-nous pas besoin d’avoir les oreilles divinement ouvertes pour entendre comme des élèves, afin qu’en étudiant la Parole, elle puisse être vivante et opérante dans nos âmes, et que nous puissions découper droit cette Parole de vérité ? Combien il a été fait de tort à des âmes par le mauvais usage de passages tels que Jean 5:24, infiniment précieux dans leur contexte, mais faussés lorsqu’ils sont sortis de leur contexte et appliqués à des âmes dont le besoin est en réalité le pardon des péchés, et non directement la vie éternelle. Une sorte de paix mentale peut être atteinte, mais une âme mise ainsi en paix mentalement ne peut pas grandir. Le fondement du pardon, de la justification et de la paix, comme dans Romains 3, 4 et 5, n’a pas été posé, et l’œuvre de l’Esprit dans cette âme a donc été entravée par le manque d’intelligence spirituelle de l’évangéliste. Il est d’une importance vitale d’étudier chaque partie de l’Écriture dans son cadre divin, et l’Esprit de Dieu peut faire l’assemblage du tout dans l’âme. La parole de Dieu est ce qui équipe complètement l’homme de Dieu pour toute bonne œuvre, et son étude patiente est le seul moyen de se familiariser avec la vérité que Dieu nous a donnée dans Sa parole.


3 - [Dépendance dans la prière]

En plus de la formation du serviteur par la Parole bien comprise, il est nécessaire qu’il dépende de Dieu dans la prière. Jacques 1:5 nous dit : « Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il demande à Dieu, qui donne libéralement et qui ne fait pas de reproches ». La parole de Dieu et la prière, voilà l’ordre divin. Dieu nous parle d’abord dans Sa Parole ; et lorsque nous la lisons, et que nous apprenons à connaître un tant soit peu les buts de Son amour, cela nous amène à nous agenouiller dans une prière intelligente : c’est l’esprit de dépendance qu’on trouvait en perfection dans le Seigneur Jésus en tant qu’homme ici-bas, et qui se trouvait aussi dans une grande mesure chez l’apôtre Paul, et d’autres qui travaillaient en prières nuit et jour. Si nous étions davantage dans la prière quant à notre faible service pour le Seigneur, en nous appuyant sur Dieu pour les âmes, nous serions mieux capables d’accrocher les âmes pour Dieu dans la puissance de l’Esprit.


4 - [Rapports entre l’évangéliste et ses frères et l’assemblée]

4.1 - [Selon Actes 6]

La dernière chose que nous pouvons considérer en Actes 6 est que Philippe avait la confiance de ses frères. Cela se voit dans le fait qu’ils l’ont choisi comme l’un des sept mis à part pour s’occuper des veuves.


4.2 - [Pour la gloire de Christ]

La gloire de Christ est l’objectif que Dieu voudrait que chaque ouvrier ait devant lui ; mais c’est dans l’assemblée, qui est Son corps, que Christ doit être manifesté — moralement maintenant, comme dans Colossiens 3:10-15, et réellement dans l’avenir, comme dans Éphésiens 1:22-23. C’est pourquoi nous pouvons dire que l’assemblée n’est pas seulement le lieu d’où part l’évangéliste, mais c’est aussi celui en vue duquel il travaille.


4.3 - [Selon Jean 20]

En Jean 20, le Seigneur avait rassemblé les Siens autour de Lui, une nouvelle compagnie dans un nouveau lieu et une nouvelle relation ; et c’est à partir de Lui-même, au milieu de cette compagnie, qu’Il a envoyé Ses disciples dans le monde, comme le Père L’avait envoyé, Lui, dans le monde. Il avait quitté la scène de l’affection divine ; et maintenant, ayant amené Ses disciples dans le cercle de l’affection divine ici-bas (l’assemblée), Il les envoyait avec la charge d’administrer le pardon des péchés, dans un monde qui était sous la mort et le jugement ; avec cela, l’Esprit était donné comme Esprit de vie pour les soutenir dans ce monde.


4.4 - [Selon Éph. 4]

De même, en Éphésiens 4, nous trouvons que l’évangéliste est un don pour l’Église, au même titre que le pasteur et le docteur (ou enseignant), et donc, je le répète, l’assemblée est le point de départ, et en un sens, elle est aussi le but ; car l’évangéliste ne travaille pas simplement pour que des âmes soient sauvées de la colère, mais en vue du corps dans lequel Christ doit être manifesté.

C’est pourquoi, au lieu que les évangélistes et les docteurs travaillent sur des lignes différentes et en vue de buts différents, ils travaillent, selon Dieu, pour un objectif commun, étant tous donnés de la même manière « pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ » (Éph. 4:12-13).


4.5 - [Selon plusieurs exemples ultérieurs du livre des Actes]

Ainsi, s’il est vrai que le serviteur est responsable devant son Maître de la manière dont il travaille et du lieu où il travaille, il est également responsable de ne pas compromettre la communion dans laquelle il se trouve avec les saints. Et si chaque serviteur est individuellement sous le contrôle du Seigneur, il ne peut cependant pas agir comme une unité isolée, mais il doit peser comment, où et avec qui il travaille, afin de ne pas compromettre l’assemblée d’où il vient. Ainsi, lorsque Philippe travaillait en Samarie, il restait évidemment en communion avec l’assemblée de Jérusalem d’où il venait, et il ne mettait pas en question le droit des apôtres à envoyer Pierre et Jean sur les lieux de son travail ; et d’autres ont déjà remarqué que Pierre, en Actes 11, ne met pas en question le droit de l’assemblée de demander une explication sur la manière dont il avait travaillé dans le cas de Corneille. Paul et Barnabas, eux aussi, en Actes 13:1-4, partent d’Antioche, étant recommandés par leurs frères, et en Actes 14:26, ils reviennent rendre compte de leurs travaux. Et quand ils repartent d’Antioche pour une autre tournée missionnaire, en Actes 15:36-41, nous constatons que Paul et Silas furent « recommandés par les frères à la grâce de Dieu ». Mais, comme nous pouvons le déduire du silence de l’Écriture, Barnabas et Marc ont navigué jusqu’à Chypre sans cette communion qui a encouragé les autres sur leur chemin. Il n’est pas difficile de discerner, à partir de l’histoire ultérieure, lesquels des deux étaient dans la ligne de l’Esprit de Dieu.


5 - [Se garder des mauvaises associations]

5.1 - [La communion de la mort du Seigneur]

En nous tournant vers Actes 8:4-5, nous voyons que Philippe était identifié à un Christ rejeté ; il était l’un de ceux que la persécution avait dispersés, et cela est une indication qu’il était consciemment dans la communion de la mort du Seigneur — ce qui est montré moralement à la Table du Seigneur (1 Cor. 10), et ce qui est, selon Dieu, le lien commun de la communion chrétienne, et ce à quoi, en tant que rassemblés au nom du Seigneur, nous donnons une expression en nous réunissant pour rompre le pain chaque premier jour de la semaine.

Celui que nous confessons comme Seigneur a quitté cette scène par la mort, un signe de « désaveu des hommes ». Il incombe donc à quiconque prononce le nom du Seigneur de se retirer de l’iniquité ou injustice. L’iniquité en 2 Tim.2 a une portée ecclésiastique, mais son application est sans aucun doute plus large. Tout système religieux qui agit comme si Christ était honoré et accepté dans le monde est sans aucun doute dans l’iniquité ou injustice, dans la négation de la vérité du christianisme, et constitue un moyen pour faire excuser l’infidélité à Christ. Un soi-disant serviteur recevrait-il les honneurs d’un monde qui a rejeté son Maître ? Imaginez un serviteur « trônant » là où son maître a été « crucifié » ! Voilà de l’iniquité, et le serviteur du Seigneur doit se retirer de l’iniquité. La mort de Christ a coupé les Siens d’avec cette scène et d’avec tout système de religion qui, en principe, nie son rejet ici-bas ; de sorte que se retirer de l’iniquité et se purifier des vases à déshonneur est le seul moyen de devenir un vase sanctifié et propre à l’usage du Maître. C’est une chose que d’être un simple instrument, et c’en est une autre que d’être un vase en état d’être utilisé par le Maître.


5.2 - [Correspondance entre l’instrument utilisé par Dieu et ce qu’il annonce]

Le fait qu’un homme soit utilisé par Dieu ne prouve en rien que sa position ou ses méthodes de travail soient correctes. Cela ne prouve pas non plus qu’on peut s’associer avec lui. Dieu pouvait faire parler un âne avec une voix d’homme pour réprimander Balaam, et Dieu est souverain et peut utiliser n’importe quel instrument comme il Lui plait. Mais il veut des vases adaptés à Son usage à Lui. Or un tel vase porte en lui-même la vérité, et il est formé par la vérité qu’il est utilisé pour transmettre aux autres. C’est pourquoi, comme on l’a souvent dit, ce que nous sommes est beaucoup plus important que ce que nous faisons. Dieu voudrait former par Son Esprit le vase pour porter le don qui lui a été accordé ; c’est ainsi qu’en 1 Corinthiens 12 nous avons les dons établis dans l’assemblée, au chapitre 13 le vase formé dans la nature divine (l’amour), et au chapitre 14 nous avons des instructions quant à l’exercice correct de ces dons.


5.3 - [Prudence pour reconnaître les résultats]

Si donc le serviteur doit se retirer de l’iniquité et se purifier des vases à déshonneur, il y a une autre instruction importante en 1 Timothée 5:22, à savoir : « N’impose pas les mains précipitamment à qui que ce soit ». Autrement dit, ne vous identifiez subitement à personne ; et dans les œuvres du Seigneur, combien il est manifestement incompatible avec tous les principes divins de rechercher l’aide et l’appui de ceux qui, même s’ils sont chrétiens, sont encore identifiés avec ce dont nous nous sommes séparés, c'est-à-dire l’iniquité. Agir ainsi, c’est non seulement se compromettre en tant que serviteurs du Seigneur, mais aussi compromettre le cercle de croyants dans lequel nous nous trouvons.


5.4 - [La conscience n’est pas un guide suffisant. Il faut de l’intelligence spirituelle]

Pour recevoir une couronne, le serviteur doit faire ses efforts selon les règles ; c’est la fidélité, et non le succès, qui lui vaudra le « Bien fait » du Maître à la fin. Beaucoup affirment que « le serviteur doit avoir la liberté de conscience », ce qui est vrai, mais n’y a-t-il pas un danger à mettre la conscience à la place de l’Écriture ? La conscience n’est pas un guide, ni même une sauvegarde, si elle n’est pas gouvernée par la Parole de Dieu. Il existe dans l’Écriture une soumission pieuse à ceux qui sont au-dessus de nous dans le Seigneur (Héb. 13:17). L’indépendance d’action est diamétralement opposée à tous les principes du christianisme.

Si nous revenons à Actes 8, nous voyons Philippe prêcher avec intelligence spirituelle. Aux Samaritains, qui n’étaient pas exactement des païens, mais qui, selon Jean 4:25, attendaient le Messie, il prêche Christ ; tandis qu’à l’eunuque païen, qui n’avait aucun lien avec le Seigneur en tant que Messie, il prêche Jésus. Cela confirme ce que nous avons déjà remarqué quant au besoin de sagesse spirituelle, afin de donner le message approprié à ceux avec qui nous parlons.


Nous pouvons aussi remarquer que Philippe est soutenu par la puissance divine en Samarie, et que de nombreux captifs de Satan sont libérés ; cela nous rappelle les « jeunes gens » de 1 Jean 2, qui, grâce à la parole de Dieu qui demeure en eux, ont vaincu le méchant.


6 - [Obéissance]

Au verset 26 de Actes 8, nous voyons l’obéissance d’un vrai serviteur du Seigneur. Il a été utilisé pour faire une grande œuvre en Samarie, mais Philippe se rend compte qu’il n’a pas été laissé ici-bas pour faire de grandes choses, mais pour être à la disposition de son Seigneur ; il n’est pas guidé par les circonstances, mais par le Seigneur. L’œuvre puissante en Samarie est abandonnée, et Philippe, sur l’ordre de son Seigneur, se retrouve dans un désert. Étant dans un chemin d’obéissance, l’Esprit est libre pour l’utiliser ; en effet, si la puissance de l’Esprit est la seule puissance pour l’œuvre du Seigneur, ce n’est que dans la voie de l’obéissance que cette puissance peut se réaliser. Étant dans cette voie, l’Esprit dit à Philippe : « Va, joins-toi à ce char » ; et non seulement Philippe est dans la voie de l’obéissance, et dans la puissance du Saint-Esprit, mais il est aussi dans l’énergie de l’affection divine. On peut faire le rapprochement avec Luc 15, où le père court à la rencontre du prodigue ; ici, le serviteur, à l’unisson avec le cœur de Dieu, court porter à l’âme assoiffée la bonne nouvelle du salut.


7 - [Courir après les âmes]

Frères bien-aimés, savons-nous ce que c’est que de courir après les âmes pour le Christ ?

Nous pouvons dire : « L’évangile est prêché, qu’ils viennent et l’entendent » ; ou bien : « Dieu peut les sauver et les faire entrer sans nous ». Mais que dit l’Écriture ? « Comment prêcheront-ils, s’ils ne sont pas envoyés ? Comme il est écrit : Qu’ils sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, et qui portent la bonne nouvelle de bonnes choses ! » (Rom. 10:15). Voyez aussi Matthieu 22:9 : « Allez donc par les chemins ». Et encore Actes 26:17 : « Je t’ai délivré du peuple et des nations vers lesquels je t’envoie ». Si vous parcourez les Écritures, vous constaterez que le principe constant est que l’évangéliste va vers les gens avec la bonne nouvelle ; c’est pourquoi ses pieds sont décrits comme étant beaux. Limiter notre prédication aux salles dans lesquelles nous nous réunissons pour rompre le pain serait étranger à tout l’enseignement de l’Écriture ; et pire même, cela donnerait une sorte de sainteté ecclésiastique au bâtiment, ramenant ainsi le christianisme au niveau du judaïsme.


Une citation : « Quelle a donc été la vie de ce Jésus, l’homme de douleurs et d’affliction ? Une vie d’activité dans l’obscurité, faisant pénétrer l’amour de Dieu dans les coins les plus cachés de la société, là où les besoins étaient les plus grands » (JND).


D’autre part, le serviteur ne doit pas seulement tenir compte du caractère et de l’association de ceux avec qui il travaille, mais aussi du caractère et de l’association morale des bâtiments dans lesquels il invite les pécheurs à venir l’écouter. Un manque de soin pieux à cet égard pourrait non seulement conduire le serviteur lui-même à être identifié avec le mal, mais aussi à compromettre sa communion avec les saints. Si nous faisons du gain des âmes notre objectif, nous risquons d’oublier ce qui est dû au Seigneur et ce qui est dû aux saints.

Mais si le Seigneur Lui-même est l’objectif de nos âmes, l’assemblée qui est si chère à Son cœur le sera aussi pour nous ; et celui qui connaît quelque chose de ce cercle où brillent les affections divines, et où Christ, au milieu de la compagnie sacerdotale, proclame le nom du Père, celui-là ne manquera pas d’exercer un soin pieux dans son service, afin que le lévite puisse effectivement servir le sacrificateur, et qu’ainsi le Seigneur ait la part qui Lui est due (selon des expressions figuratives utilisant les images de l’Ancien Testament).


8 - [Faire comprendre]

Revenant à notre chapitre de Actes 8, nous pouvons noter trois autres points dans le ministère de Philippe. Premièrement, « il ouvrit la bouche ». Cela peut sembler peu important, mais je pense qu’on tirera une leçon pratique de rapprocher Néhémie 8:8 et 1 Corinthiens 14:9. « Ils lisaient dans le livre, dans la loi de Dieu, distinctement, et ils en donnaient le sens, et ils faisaient comprendre lorsqu’on lisait » : Si vous ne prononcez pas des paroles faciles à comprendre, comment saura-t-on ce qui a été dit ? Il n’est certes pas nécessaire de faire preuve d’éloquence, ni de prononcer des phrases bien élaborées ; cependant, les deux passages cités nous montrent que le serviteur a la responsabilité de parler distinctement et simplement. Si précieuse que soit la vérité présentée, elle ne peut servir à l’édification, si les destinataires n’entendent ni ne comprennent ce qui est dit.


9 - [Prêcher ou annoncer Jésus]

Le deuxième point est qu’il « lui prêcha Jésus », non pas des doctrines ou des théories, mais un Sauveur vivant, aimant et personnel. Philippe n’avait aucune difficulté avec son texte ; il avait appris que Christ est l’esprit de l’Écriture, et c’est pourquoi, à partir du passage que l’eunuque lisait, il prêcha Jésus (Actes 8:35), le sujet de la bonne nouvelle de Dieu. L’eunuque, ayant sans doute déjà fait l’expérience de la puissance souveraine de Dieu dans la nouvelle naissance, était prêt à recevoir le Sauveur qui lui était prêché, et il désire alors être identifié à la mort de Celui dont la vie avait été enlevée de la terre ; c’est pourquoi Philippe l’introduit dans le cercle chrétien par le baptême.


Le dernier point du chapitre est que Philippe est remplacé par Celui qu’il prêche, de sorte que lorsqu’il est emporté par l’Esprit, son converti peut poursuivre son chemin en se réjouissant sans lui, tout comme les deux disciples de Jean le Baptiseur qui entendirent Jean parler et qui suivirent Jésus.


10 - [Cercle familial de l’évangéliste]

Nous avons un autre aperçu de Philippe dans Actes 21:8-9, où il est vu dans le cercle familial en train de recevoir le peuple du Seigneur, ce qui nous permet de conclure que le foyer n’était pas négligé par ce serviteur de Christ très utilisé. Nous constatons également que ses filles faisaient partie du peuple du Seigneur.


11 - [En résumé]

En reprenant ainsi l’histoire de Philippe pour illustrer certains principes liés à l’Évangile, nous devons nous rappeler qu’une grande partie de ce que nous avons illustré n’est apparue dans l’Écriture qu’après la conversion de Paul, à qui l’administration de l’Évangile a été confiée, de même que celle du mystère. L’évangile de Paul commence avec Christ dans la gloire et implique la fin de l’homme dans la chair devant Dieu. Lorsque l’âme comprend cela, le serviteur doit nécessairement s’en remettre à la puissance de l’Esprit, seule capable d’accomplir quoi que ce soit pour Dieu.


Nous vivons une époque d’agitation et d’excitation, et nous risquons toujours d’être affectés par le caractère des choses qui nous entourent. Nous devons être davantage avec Dieu pour savoir toujours mieux ce que c’est de nous attendre tranquillement à Lui, afin d’éviter d’être emportés par le courant de l’activité purement charnelle dans l’œuvre du Seigneur. — L.H.F