ISBN 2 - 900319 - 03 - X
Devrions-nous parler en langues ?
Les langues dans
les épîtres du Nouveau Testament
Conclusion
parler en langues ?
Cette question s'impose à tout chrétien qui réfléchit
au phénomène des langues - lequel a depuis longtemps bien dépassé
les limites des cercles pentecôtistes, et s'est répandu dans presque
chaque secteur de la chrétienté professante. Ne correspondant
pas à une organisation structurée, ni à une uniformité
de principe et de pratique, ce phénomène n'est pas facile à
définir. Les plus absolus parmi ses adeptes prétendent que parler
en langues (c'est-à-dire utiliser des mots inintelligibles pour autrui)
est la seule preuve certaine que quelqu'un a reçu le Saint Esprit ; ceux
qui ne parlent pas en langues ne seraient donc pas des chrétiens, dans
le plein sens du mot. D'autres, plus modérés, admettent que parler
en langues est seulement l'un des dons spirituels, et par conséquent
tous les chrétiens n'en feraient pas l'expérience.
En toute équité, il faut dire qu'un bon nombre de
ceux qui parlent en langues affirment se rattacher au Seigneur Jésus
comme Sauveur, et à la Bible comme la Parole inspirée de Dieu.
Pourtant on peut trouver de ces personnes parmi les protestants libéraux,
comme aussi dans les églises catholiques romaines, voire dans des religions
non chrétiennes. Parfois même des personnes qui ne se préoccupent
ni de Dieu, ni de religion, se plaisent à rechercher des sensations psychiques
par une expérience de langues.
On peut de même trouver un grand nombre d'opinions et d'attitudes
diverses parmi ceux qui s'opposent au phénomène des langues. Certains
psychologues estiment que c'est une pratique qui conduit à des désordres
émotionnels et même à des dépressions. Parmi les
chrétiens évangéliques, se font souvent jour des sentiments
contradictoires à l'égard de ces manifestations : quelques-uns
les ridiculisent ; d'autres les craignent ; d'autres encore sont troublés
par une question secrète : « Ai-je perdu l'occasion d'une expérience
vitale dans mon christianisme ? La plénitude du Saint Esprit fait-elle
défaut dans ma vie ? »
Beaucoup de croyants sont convaincus qu'une bonne partie de ces
cas résulte d'une activité de Satan et de ses agents. Tel écrivain
l'appelle : « une nouvelle manifestation de la ruse de Satan où
le moi domine et substitue une excitation factice à des valeurs spirituelles
réelles ; un fort besoin d'émotions psychiques vient ainsi remplacer
la méditation de la Parole de Dieu, et devient un obstacle à la
croissance et à la maturité ».
Une question d'importance vitale, pour tout chrétien qui
désire connaître et suivre la parole de Dieu, est celle-ci : « Jusqu'à quel point l'expérience de langues surnaturelles telles
que la Bible les rapporte, est-elle comparable à l'expérience
des milieux charismatiques ? » Considérer de près et comparer
les textes de l'Ecriture qui traitent de ce sujet nous aidera à répondre
à cette question.
Pourquoi les langues ?
Nous commençons notre étude en citant le seul
verset de toute la Bible qui spécifiquement nous présente le motif
du don des langues : « Les langues sont pour signe, non à ceux qui
croient, mais aux incrédules » (I Cor. 14,
22). Nous examinerons
ce verset en détail plus loin. Pour l'instant, je vous invite simplement
à le garder en vue, tandis que nous considérons les divers textes
qui font référence aux langues dans le Nouveau Testament. Vous
serez étonnés de la beauté et de l'exactitude de la parole
de Dieu en voyant combien tous ces textes concordent. Dans chaque cas mentionné,
le don des langues fournissait un signe aux incrédules.
Encore un mot sur la signification du mot « langues »,
traduction d'un mot grec « glossa », qui a trois acceptions dans
l'Ecriture :
1. la langue comme un organe de la parole : Marc 7,
33.
2. un langage : Apocalypse 5,
9.
3. le don surnaturel de parler d'autres langues sans les avoir
apprises : 1 Corinthiens 12,
10.
Dans ces lignes nous nous occupons de la troisième signification,
que nous retrouvons dans les textes suivants :
Marc 16,
17 :« … ils parleront de
nouvelles langues ».
Après avoir confié à ses disciples la mission
de prêcher et de baptiser dans le monde entier, le Seigneur Jésus
mentionne certains signes qui accompagneraient ceux qui croiraient. L'un d'eux
était : « Ils parleront de nouvelles langues ». En d'autres
mots, ils recevraient le pouvoir de parler des langues qu'ils n'avaient pas
apprises.
- Les premiers chapitres des Actes mentionnent certains signes par lesquels
Dieu rendait témoignage aux apôtres lorsqu'ils commençaient
à répandre l'Evangile, spécialement parmi les Juifs. Il
accréditait ce petit groupe d'hommes « illettrés et du commun » comme les instruments par lesquels il introduisait une chose toute nouvelle
au milieu d'un monde hostile. Le vieux vin du judaïsme était remplacé
par le vin nouveau du christianisme. Par le moyen de signes, Dieu marquait le
premier pour le jugement, et mettait son sceau sur les messagers du second.
On pourrait poser la question suivante : Les prédicateurs
de l'Evangile aujourd'hui n'ont-ils pas besoin de signes qui les accompagnent ? La déclaration de Paul aux Thessaloniciens nous donne la réponse :
« Notre évangile n'est pas venu à vous en paroles seulement,
mais aussi en puissance, et dans l'Esprit Saint, et dans une grande plénitude
d'assurance, ainsi que vous savez que nous avons été parmi vous
pour l'amour de vous ». Si nous, chrétiens, recommandions l'Evangile
que nous prêchons par la vie que nous menons, nous n'aurions besoin d'aucun
autre appui extérieur devant un monde qui nous observe. Dieu veut opérer
en puissance pour le salut des perdus, et nous n'avons pas à perdre du
temps et de l'énergie pour réactiver les signes et les miracles
qu'il avait trouvé bon d'utiliser pour l'introduction du christianisme.
Actes 2,
1-12 : « Et ils furent tous remplis de
l'Esprit Saint, et commencèrent à parler d'autres langues, selon
que l'Esprit leur donnait de s'énoncer ».
Au jour de la Pentecôte, le Saint Esprit est venu selon la
promesse de Christ, et a baptisé tous les croyants pour être un
seul corps. Ils ont tous été remplis du Saint Esprit et ont commencé
à parler d'autres langues. Comme résultat de ce signe spécial,
des Juifs de toutes nations sous le ciel, entendant les disciples parler dans
leur propre langage, « étaient hors d'eux-mêmes, et en perplexité,
disant l'un à l'autre : Voici, tous ceux-ci qui parlent ne sont-ils pas
des Galiléens ? et comment les entendons-nous, chacun dans son propre
langage, celui du pays dans lequel nous sommes nés ? »
Pierre saisit cette occasion pour annoncer l'Evangile, et trois
mille personnes crurent.
On peut cependant remarquer que Pierre n'a pas prêché
dans une langue spéciale. Dieu s'est simplement servi de cette occasion
pour, par le signe des langues, accréditer ses serviteurs envers ces
Juifs. Ceci est en harmonie avec Marc 16,
17, Hébreux 2,
3-4
et 1Corinthiens 14,
22.
Actes 2,
41-47 : « Ceux donc qui reçurent
sa parole furent baptisés… et ils persévéraient… »
Aucune mention n'est faite que ces trois mille Juifs qui ont cru
à cette occasion aient parlé en langues, quoiqu'ils aient fait
bien d'autres choses qui indiquaient une croissance spirituelle et la joie dans
le Seigneur.
On peut dire de même des cinq mille qui ont cru selon que
cela nous est rapporté en Actes 4,
4. Plus loin, au verset 31
de ce même chapitre, lorsque les disciples, ayant prié, ont été
remplis du Saint Esprit et annonçaient la Parole de Dieu avec hardiesse,
aucune mention n'est faite de parler en langues.
Il en est de même des croyants ajoutés au Seigneur,
en Actes 5,
14, - des disciples qui se multipliaient beaucoup en Actes
6,
7, des convertis de Samarie en Actes 8,
- et de l'eunuque d'Ethiopie
dans le même chapitre. Il n'est jamais mentionné qu'aucun d'eux
ait parlé en langues.
Actes 9,
1-22 : « … Recouvre la
vue et sois rempli de l'Esprit Saint ».
La conversion du grand apôtre Paul mérite une mention
spéciale. La Parole ne dit pas qu'il ait parlé en langues à
cette occasion, quoiqu'il ait recouvré la vue et ait été
rempli du Saint Esprit. Nous comprenons cependant par 1Corinthiens 14,
8
que Paul parlait en langues. Nous y reviendrons dans un moment.
En Actes 9,
42, aucune allusion au parler en langues n'est
faite à propos de ceux qui croyaient au Seigneur Jésus à
Joppé, quoique la résurrection de Dorcas leur eût, de toute
évidence, fait grande impression.
En résumé, avez-vous remarqué que
dans les neuf premiers chapitres des Actes, les langues ne sont mentionnées
que dans une seule circonstance, lors de la Pentecôte, au chapitre 2
? Pourtant à bien des occasions l'Evangile a été présenté
avec puissance ! Plusieurs personnes qui ont cru en Christ sont dites avoir
été remplies du Saint Esprit. L'assemblée de Dieu était
en pleine croissance, tandis que les croyants faisaient l'expérience
de :
la puissance dans la communion, Actes 2,
46-47
la puissance dans la prière, Actes 4,
23-31
la puissance pour résoudre les problèmes,
Actes 7,
1-7
la puissance pour rendre témoignage, Actes 8,
4-5
la puissance dans la marche pratique, Actes 9,
31
Et tout cela sans qu'il soit fait mention de langues ! Il
est bien triste qu'aujourd'hui certains chrétiens semblent ne pas attacher
d'importance à ces textes, pourtant simples, et soient convaincus qu'ils
ne peuvent pas expérimenter une puissance spirituelle dans leur vie,
à moins qu'ils « parlent en langues ». A tous ceux-là
je voudrais dire, en toute humilité : Demeurez en Christ et vous porterez
beaucoup de fruit, car votre force est en lui, pas dans des expériences.
Séparés de lui, vous ne pouvez rien faire (voir Jean 15,
1-7).
Actes 10,
34-48 : « … Ils les entendaient
parler en langues et magnifier Dieu » (v. 46). Pour la deuxième
fois le livre des Actes nous parle de croyants parlant en langues, pourquoi
dans ce chapitre ? Dieu s'était servi de Pierre le jour de la Pentecôte
pour présenter aux Juifs un Sauveur ressuscité et glorifié.
Il utilise maintenant le même instrument pour présenter le même
Sauveur aux Gentils réunis dans la maison de Corneille.
Mais pour quelle raison Dieu a-t-il donné des langues à
cette occasion ? En quelle manière étaient-elles un signe pour
les incrédules ?
Il n'était pas facile à Pierre de se rendre chez
des Gentils. Dieu a dû se révéler à lui dans une
vision spéciale pour faire tomber ses préjugés juifs (Actes
10
). Mais « ceux de 1a circoncision » à Jérusalem
n'avaient pas eu cette vision. Ils disputaient avec Pierre, lui reprochant d'avoir
fait ce qui était illégal pour un Juif : entrer chez des hommes
incirconcis, et manger avec eux. Pierre, invoquant le témoignage de ceux
qui l'avaient accompagné à la maison de Corneille, se mit alors
à leur expliquer son attitude, et conclut : « Si donc Dieu leur
a fait le même don qu'à nous qui avons cru au Seigneur Jésus
Christ, qui étais-je moi, pour pouvoir l'interdire à Dieu" ? (Actes 11,
17).
Quel en fut le résultat ? - « Ayant ouï ces choses,
ils se turent et glorifièrent Dieu disant : Dieu a donc en effet donné
aux nations la repentance pour la vie ! » Ne pouvons-nous pas en conclure
que le signe miraculeux des langues, comme à la Pentecôte, avait
fourni à des esprits attardés dans leurs préjugés,
la preuve que Dieu faisait tomber les barrières qui séparaient
les hommes ? Il renversait la sentence de Babel, amenant Juifs et Gentils à
être unis en un seul corps, et mettait ainsi de côté le judaïsme.
Il devait être réservé à l'apôtre Paul d'exposer
en détail cette grande vérité (voir 1Cor. 12
et
Eph. 2
), mais le signe (des langues) en donnait déjà une
idée.
Actes 13,
48-52 : « … Tous ceux
qui étaient destinés à la vie éternelle crurent…
Et les disciples étaient remplis de joie et de l'Esprit Saint ».
Antioche de Pisidie avait été témoin des travaux de Paul
et de Barnabas, au début de leur premier voyage missionnaire. La Parole
avait été largement rejetée par les Juifs, mais bien des
Gentils s'étaient tournés vers le Seigneur. Il n'est point fait
mention qu'aucun d'entre eux ait parlé en langues, quoiqu'ils aient été
remplis du Saint Esprit.
Les immenses travaux de Paul durant ses trois voyages sont rapportés
dans le reste du livre des Actes. Bien des lecteurs se sont étonnés
qu'aucune des personnes converties par le moyen de son ministère n'ait
parlé en langues (du moins autant que le texte biblique en fasse état)
avec une seule exception :
Actes 19,
1-6 : « … L'Esprit Saint
vint sur eux et ils parlèrent en langues et prophétisèrent ». Les circonstances entourant cette troisième et dernière
occasion où les langues sont mentionnées dans le livre des Actes,
sont très différentes des deux premières. A Jérusalem,
cadre de la Pentecôte, le don des langues avait été un signe
pour la multitude des Juifs qui s'y trouvaient rassemblés. Seule une
famille et ses invités avaient été témoins de la
seconde occasion dans la maison de Corneille à Césarée,
mais Dieu s'en était servi comme d'un signe pour les esprits juifs remplis
de préjugés. Nous nous trouvons maintenant à Ephèse
- la capitale renommée de l'Asie, gardienne du temple de Diane, centre
cosmopolite de commerce, religion, culture et gouvernement. Pourquoi les langues
sont-elles de nouveau mentionnées justement là ?
Considérons d'abord dans ses grandes lignes l'oeuvre du
Seigneur à Ephèse. Bien des personnes y acceptèrent l'Evangile.
De fait Paul y reste au moins deux ans ; Ephèse devient un centre à
partir duquel « tous ceux qui demeuraient en Asie ouïrent la parole
du Seigneur, tant Juifs que Grecs » (Actes 19,
10). La ville est
témoin des miracles remarquables accomplis par les mains de Paul, mais
aussi de la défaite humiliante de ces Juifs exorcistes qui avaient essayé
d'imiter la puissance de Dieu. Là s'élèvent les flammes
consumant les livres de magie et d'occultisme, d'une valeur de cinquante mille
pièces d'argent, que brûlaient les nouveaux convertis. Il s'y déchaîne
aussi la colère terrible des artisans païens qui risquaient d'être
frustrés de leur gagne-pain, ainsi que les cris et le tumulte d'une cité
en folie. Et pourtant, dans une telle ville, « la parole du Seigneur croissait
et montrait sa force ».
Au milieu de ces multitudes qui se tournaient vers le Seigneur
et donnaient de telles preuves d'une véritable conversion, l'Ecriture
ne parle que de douze hommes qui aient parlé en langues ? Notons quelques
détails à propos de ces douze hommes :
1. Ils avaient été baptisés du baptême
de Jean.
2. Avant leur conversation avec Paul, ils ignoraient que le Saint
Esprit avait été donné.
3. Après leur baptême au nom du Seigneur Jésus,
Paul leur impose les mains, le Saint Esprit vient sur eux, et ils parlent en
langues.
Comment le fait que ces douze parlaient en langues était-il
un signe pour les incrédules ? La réponse devient claire si nous
pensons au récit complet. Dans une ville composée d'adorateurs
païens de Diane, de Juifs orthodoxes, d'adeptes de la magie tant parmi
les Juifs que les gentils, Dieu par ce signe mettait en évidence ces
douze hommes qui s'étaient tournés vers Jésus Christ. Il
donne encore des signes supplémentaires par les miracles remarquables
opérés par l'apôtre Paul en guérison et en exorcisme.
L'effet cumulatif a été puissant pour établir le christianisme
et dépouiller de leur influence et le judaïsme et le paganisme.
Mais n'est-il pas significatif que Paul ne fasse aucune mention
de l'importance, de la nécessité, ou de la continuation d'aucun
de ces dons -signes, lorsqu'il parle aux anciens d'Ephèse dans Actes
20,
17-35 ? ou lorsqu'il écrit l'épître aux Ephésiens,
quelques années plus tard ? L'Esprit de Dieu le conduit plutôt
à occuper les coeurs et les esprits des vérités précieuses
de Christ qui ont une valeur durable et constante. Le témoignage de Dieu
avait été établi, et les dons-signes n'étaient plus
nécessaires.
Les langues dans les épîtres du Nouveau Testament
Une seule épître parle de langues : la première
de Paul aux Corinthiens. Considérons soigneusement ses enseignements
à ce sujet. Souvenons-nous cependant que ces chrétiens de Corinthe
n'étaient pas des croyants modèles, remplis de l'Esprit, lorsque
Paul leur écrivait. L'épitre est pleine de répréhensions
et de corrections parce que :
- il y avait parmi eux des disputes et des divisions (1,
10-
13) ,
- ils étaient charnels et marchaient comme les hommes (3,
1-5) ;
- ils s'estimaient « sages dans ce siècle »
(3,
18-23) ;
- ils « s'enflaient pour l'un contre un autre », se
considérant « sages en Christ… forts et en honneur » (4,
6-2 1) ;
- ils ne se préoccupaient pas de graves désordres
au milieu d'eux (5
) ;
- ils avaient des procès entre eux et se causaient mutuellement
des torts (6
) ;
- ils avaient besoin d'être corrigés quant aux relations
sexuelles et matrimoniales (6
et 7
) -,
- ils usaient de la connaissance pour s'enorgueillir, sans avoir
des égards pour les frères plus faibles (8
) ;
- ils étaient en danger de fornication spirituelle et d'idolâtrie
(10
) ;
- il y avait parmi eux du désordre à la table du
Seigneur, avec comme conséquence que plusieurs étaient malades
ou faibles, et que d'autres s'étaient endormis (11
).
Bien sûr, tous n'étaient pas coupables de toutes ces
choses. Mais nous mentionnons ces inconséquences parce qu'elles formaient
comme un arrière-plan qui aide à saisir la raison des instructions
de Paul au sujet des langues dans les chapitres 12
à 14
.
Il est conduit à corriger leur abus des langues, comme il avait corrigé
leurs autres abus dans les chapitres précédents. Pourquoi les
Corinthiens attachaient-ils une telle importance aux langues, alors qu'elles
paraissent n'avoir posé aucun problème pour les Philippiens, les
Colossiens, les Thessaloniciens, et la multitude des chrétiens dans les
autres endroits ? Les passages que nous allons considérer jetteront de
la lumière sur cette question.
1 Corinthiens 12
: « A l'un est donné,
par l'Esprit… à un autre, diverses sortes de langues ; et à
un autre, l'interprétation des langues… » (v. 10). Examinons
d'abord l'opération de l'Esprit de Dieu en relation avec les manifestations
spirituelles, y compris le don des langues :
1. Lui seul amène quelqu'un à confesser vraiment
Jésus comme Seigneur.
2. Il donne une diversité de dons de grâce pour
le bien commun du corps de Christ et pour accomplir ce que Dieu se propose.
Romains 12
et Ephésiens 4
enseignent de même cette
importante vérité que les dons spirituels n'ont pas pour premier
but la bénédiction, l'édification ou la mise en évidence
de la personne à qui ils sont confiés.
3. Il distribue des dons de grâce « à chacun
en particulier comme il lui plaît ». Des gens sincères peuvent
prier et supplier, et même essayer certains exercices particuliers pour
acquérir des dons, mais Dieu justement ne les donne pas de cette manière.
Il a en vue le corps de Christ dont chaque chrétien est un membre. Il
a « placé ces membres - chacun d'eux -dans le corps, comme il
a voulu » (v. 18). « Il place des dons dans l'assemblée » selon sa souveraineté (v. 28-31). Imaginez par exemple que dans
votre propre corps le pied soit plein de jalousie envers l'oeil, ou que la main
désire être une oreille. Ou figurez-vous certains membres disant
aux autres : « Nous n'avons pas besoin de vous ». Quelle absurdité,
soit dans le corps humain, soit dans le corps de Christ ! Nous avons à
prendre soin les uns des autres, à être en aide les uns aux autres,
mais aussi à être satisfaits de la place et de la sphère
que Dieu a confiées à chacun de nous. Bien sûr nous n'avons
pas à « négliger » le don de grâce qui est en
nous, mais à le « ranimer » (1 Tim. 4:
14 et 2 Tim.
1:
6). Cette dernière exhortation confirme que c'est ce que nous
avons déjà reçu que nous sommes appelés à
ranimer et à utiliser.
Sans doute sommes-nous appelés à « désirer
les dons de grâce plus grands » (l Cor. 12,
31 ; 14,
1).
Mais les Corinthiens les convoitaient parce qu'ils étaient charnels,
sectaires, se recherchant eux-mêmes, désirant faire valoir à
leur propre avantage leurs dons et leurs capacités. Aussi l'apôtre
insiste-t-il sur la prééminence de l'amour. S'il les engage à
désirer les dons spirituels plus grands, ce n'était pas pour se
mettre en valeur eux-mêmes, mais en vue de l'édification du corps
du Christ et le bien de l'assemblée.
Résumons l'enseignement de 1 Corinthiens 12
à
propos des langues :
1. C'était un don de grâce confié par le Saint
Esprit, selon sa propre volonté, à quelques membres du corps de
Christ.
2. Ce n'était pas la preuve que quelqu'un avait été
baptisé par le Saint Esprit, puisque « … nous avons tous été
baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps » (v. 13),
et
3. Tous ne parlaient pas en langues, de même que tous n'étaient
pas apôtres, prophètes ou docteurs.
1 Corinthiens 13
: « L'amour ne périt
jamais… Y a-t-il des langues ? Elles cesseront… » (v. 8). Ce chapitre
13
n'est pas un poème de l'amour, simplement glissé là
sans rapport avec les enseignements qui précèdent et qui suivent.
Au contraire, il met en évidence que l'amour est le facteur primordial
dans nos relations les uns avec les autres et dans l'usage des dons spirituels.
Les langues, la prophétie, la connaissance des mystères, même
la foi et la bienfaisance, sont vides et sans valeur, sans l'amour.
Remarquez comment la description de l'amour dans les versets 4
à 7 s'applique à l'usage des dons de grâce :
« L'amour use de longanimité ; il est plein de bonté… » - Je n'utiliserai pas les dons que j'ai reçus comme une massue
pour mettre les autres frères sur la forme !
« L'amour n'est pas envieux… » - Je ne serai pas
jaloux des dons qui ont pu être confiés à d'autres et pas
à moi.
« L'amour ne se vante pas, il ne s'enfle pas d'orgueil… » -Je ne vais pas me hisser sur un pavois spirituel, au-dessus des autres
chrétiens, parce qu' « ils n'ont pas ce que j'ai » !
« L'amour n'agit pas avec inconvenance… » -Je ne
perdrai pas le contrôle de mes émotions dans l'usage des dons reçus.
« L'amour ne cherche pas son propre intérêt… » - Je chercherai le bien du corps de Christ plutôt que mon avantage
personnel.
« L'amour ne s'irrite pas, il n'impute pas le mal… »
- Je ne réagirai pas aux provocations réelles ou imaginaires des
autres en leur attribuant de mauvaises intentions.
« L'amour ne se réjouit pas de l'injustice, mais se
réjouit avec la vérité… » - La vérité
telle qu'elle est en Jésus sera le point central de ma communion et de
ma joie avec d'autres chrétiens.
Au verset 8, l'apôtre dit que « les langues cesseront ». Ont-elles déjà cessé ? Nous pourrons mieux répondre
à cette question en examinant le chapitre 14
et le but pour lequel
ce don avait été confié. Ici l'accent n'est pas mis sur
l'époque ou la manière dont les langues cesseront mais plutôt
sur la précieuse vérité que « l'amour ne périt
jamais », en contraste avec les prophéties qui auront leur fin,
les langues qui cesseront, la connaissance qui aura sa fin. Tout ce qui est
« en partie » dans la connaissance et la prophétie (le v.
9 ne parle plus des langues) aura sa fin lorsque ce qui est parfait sera
venu. Lorsque nous serons avec Christ dans la gloire, nous ne verrons plus « au travers d'un verre obscurément », mais face à face : nous
ne connaîtrons plus « en partie », mais à fond, comme
nous avons été connus.
Puissent nos vies être toujours mieux contrôlées
et motivées par l'amour - la plus grande des choses qui « demeurent ».
1 Corinthiens 14
: « Les langues sont pour
signe, non à ceux qui croient, mais aux incrédules… »
(v. 22).
A plus d'une reprise dans ce chapitre, Paul met en contraste les
langues et la prophétie, soulignant la valeur de cette dernière
pour le peuple de Dieu. Pourquoi ? Parce que « celui qui prophétise
parle aux hommes pour l'édification, l'exhortation et la consolidation…
celui qui parle en langues s'édifie lui-même » (v. 3 et 4).
(A noter qu'ici le don de prophétie n'est pas l'annonce de l'avenir,
mais plutôt la présentation de la pensée de Dieu répondant
aux besoins actuels des croyants).
Quelqu'un qui parle en langues n'édifie pas l'assemblée,
à moins qu'il y ait un interprète. De même prier en langues
est sans valeur pour ceux qui ne peuvent en saisir le sens et y ajouter leur
amen. En contraste avec la folie de prononcer des mots que personne ne comprend,
Paul donne quelques principes essentiels sur la manière de s'exprimer,
et il nous faut y prendre garde si nous souhaitons « être abondamment
doués pour l'édification de l'assemblée » :
1. rendre un son distinct (v. 7),
2. « prononcer un discours intelligible » (V. 9),
3. utiliser des mots qui aient un « sens » pour celui
qui nous écoute.
En fin de compte Paul établit le contraste entre les langues
et la prophétie en relation avec le but pour lequel elles sont données.
Les langues sont un signe pour les incrédules, la prophétie, un
signe à ceux qui croient, Voilà qui est simple et clair, et le
deviendra encore plus si nous considérons la suite un peu en détail.
Le but des langues
Gardant en vue l'exhortation de Paul au verset 20, « …
pour la malice, soyez de petits enfants, mais dans vos entendements, soyez des
hommes faits », tâchons de comprendre objectivement les versets
21 et 22.
Le verset 21 contient une citation d'Esaïe 28
qui est
essentielle pour discerner le but des langues : « C'est en d'autres langues
et par des lèvres étrangères que je parlerai à ce
peuple ; et même ainsi, ils ne m'écouteront pas, dit le Seigneur ». Ainsi il y en avait qui parlaient en langues du temps d'Esaïe ! Qui étaient-ils et pourquoi parlaient-ils en langues étrangères ?
Dieu a eu recours à différents moyens pour s'adresser
à son peuple Israël, mais celui-ci n'a pas voulu écouter.
Il leur a parlé avec patience, « commandement sur commandement,
ligne sur ligne », afin qu'ils puissent entrer dans le repos et le rafraîchissement
qu'il avait en vue pour eux ; mais ils n'ont pas voulu entendre. Alors Dieu utilise
la langue d'un autre peuple pour leur parler, la langue des Assyriens qui envahiront
et désoleront leur pays. Quand ils entendront cette langue étrangère
dans leur village et leur ville, ils sauront alors que le jugement est proche.
Considérons de nouveau 1 Corinthiens 14,
22 « de sorte que les langues sont un signe non à ceux qui croient, mais aux
incrédules… ». De même que la langue étrangère
des Assyriens était un signe de la part de Dieu, du temps d'Esaïe,
pour annoncer à Israël le jugement qui allait venir, de même,
pouvons-nous penser, les langues nouvelles que parlaient les disciples de Christ
devenaient, pour Israël, un signe du jugement qui allait fondre sur eux
à l'époque apostolique. Et ce jugement est-il venu ? L'histoire
nous rapporte la terrible destruction de Jérusalem par les légions
de Titus en l'an soixante-dix. A l'égard des Juifs, le signe des langues
pour les incrédules a été pleinement accompli, de même
qu'il l'avait été du temps d'Esaïe.
D'une façon générale on peut aussi penser
qu'une fois la Parole de Dieu, la Bible, complétée, il n'était
plus besoin de langues comme signes pour les incrédules. La Parole elle-même
déployait sa puissance par l'action du Saint Esprit dans les consciences
et les coeurs (Rom. 1,
16).
Notons aussi que dans les épîtres postérieures
aux Actes et à 1 Corinthiens, on ne trouve aucune allusion au fait de
parler en langues. La chose n'est même plus mentionnée.
Sans doute Dieu pourrait-il donner à l'un de ses serviteurs,
dans des circonstances particulières, d'annoncer l'évangile dans
une langue à lui inconnue, pour que ses auditeurs étrangers puissent
l'entendre, comme ce fut le cas en Actes 2
. Nous n'avons pas connaissance
de cas où cela se soit produit, mais peut-être y en a-t-il ?
Cherchons à résumer ce que la Parole de Dieu nous dit à propos des langues, à la lumière du but précis pour lequel elles ont été données. Ainsi nous pourrons essayer de répondre à la question posée au début de ces lignes : « Devrions-nous parler en langues ? »
1. Nous comprenons maintenant pour quelles raisons Paul insistait sur le fait que l'objet des langues n'était pas qu'elles fussent utilisées dans les assemblées des croyants. Et si quelqu'un y parlait dans une langue que personne ne comprenait, un interprète était nécessaire.
2. Nous comprenons aussi pourquoi Paul parlait en langues plus
qu'eux tous (I Cor. 14,
18). Grand missionnaire comme il l'était,
l'apôtre avait l'habitude, dans chaque ville où il se rendait,
d'aller d'abord vers les Juifs, et sans doute Dieu s'est-il servi plus d'une
fois de ce signe au milieu d'eux. Ou peut-être a-t-il pu annoncer l'évangile
dans des langues à lui inconnues, afin que ses auditeurs étrangers
le comprennent (cf. Actes 2
).
3. Nous comprenons aussi pourquoi Paul fait des reproches à ceux qui ne comprenaient pas le but des langues et en faisaient un mauvais usage. Ils cherchaient à acquérir ce don pour l'utiliser pour leur édification personnelle, leur propre mise en valeur, « prononçant des mystères » ; ou bien ils en abusaient pour atteindre une sorte d'extase spirituelle. Les dons spirituels doivent être utilisés dans le but pour lequel Dieu les a donnés, et Dieu a donné les langues comme signe aux incrédules.
4. Nous comprenons aussi pourquoi Paul dit : « N'empêchez pas de parler en langues ». C'était un mot d'avertissement à ceux qui auraient pu réagir contre l'abus des langues en en interdisant l'usage légitime. Jusqu'à ce que le jugement de Dieu tombe sur Israël en l'an soixante-dix, les langues continueraient à être, pour les incrédules parmi eux, un signe de ce jugement prochain.
5. Nous avons une meilleure compréhension aussi des trois
cas de langues mentionnés dans les Actes. Il y a sans doute eu d'autres
occasions où Dieu a donné ce signe, mais il lui a plu de rappeler
seulement ces trois : l'une au centre du judaïsme à Jérusalem
(Actes 2) ; l'autre en rapport avec l'introduction du christianisme, amenant
Juifs et gentils en un seul corps et par conséquent la mise de côté
du judaïsme (Actes 10 et 11) ; la troisième dans la ville cosmopolite
d'Ephèse, peut-être comme un exemple de la manière dont
Dieu donnait ce signe pour les incrédules répandus dans l'empire
romain.
L'importance très restreinte donnée aux langues dans
le livre des Actes est en harmonie avec l'enseignement de la première
épître aux Corinthiens. C'était un don de l'Esprit, comme
un signe pour les incrédules ; mais il ne constituait d'aucune manière
l'évidence de la réception du Saint Esprit par un croyant ; ni
une expérience à rechercher par ceux qui désiraient une
puissance spirituelle ou leur propre édification. Quand nous pensons
à ce que Dieu a jugé bon de nous révéler au sujet
des langues dans sa précieuse Parole, rendons-lui grâces de nous
avoir dit ce que nous avions besoin de connaître et d'avoir tu ce que
nous n'avions pas besoin de savoir.
6. Notre souhait profond et notre exhortation pour ceux qui
ont été troublés jusqu'ici par cette question des langues,
sont exprimés en Colossiens 3, 1-3:
« Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ,
cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à
la droite de Dieu , pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles
qui sont sur la terre, car vous êtes morts, et votre vie est cachée
avec le Christ en Dieu ».
G. St.
(traduit de l'anglais)