Truth & Testimony, vol. 11 n°2, 2009. PARENTING. — Quatre articles des auteurs suivants : Edwin N. Cross + Norman Anderson + R.K. Campbell + d’après J.C. Ryle [ajouts bibliquest entre crochets].
Table des matières abrégée :
1 - La tâche parentale et son exercice
2 - Les mères — Juges 5:1-9 ; Jean 19:25, 26, 27 ; 2 Jean
Table des matières détaillée :
1 - La tâche parentale et son exercice
2 - Les mères — Juges 5:1-9 ; Jean 19:25, 26, 27 ; 2 Jean
3.1 - « Ne provoquez pas vos enfants »
3.2 - Le maintien des affections
3.5 - Discipline et avertissements du Seigneur
3.7 - L’importance des besoins spirituels
4.2 - Élevez votre enfant avec beaucoup de tendresse, d’affection et de patience.
4.3 - Élevez vos enfants avec la conviction que beaucoup dépend de vous
4.4 - Élevez votre enfant avec le souci permanent et primordial de son âme
4.5 - Élevez vos enfants dans la connaissance de la Bible
4.6 - Habituez-les à la prière
4.7 - Habituez-les au zèle et à la régularité de participation aux assemblées chrétiennes
4.8 - Élevez-les dans les habitudes de la foi
4.9 - Habituez-les à l’obéissance
4.10 - Habituez-les à toujours parler la vérité
4.11 - Habituez-les à toujours racheter le temps
4.12 - Élevez-les en craignant constamment d’être trop indulgent
4.13 - Faites-leur se souvenir continuellement comment Dieu élève Ses enfants
4.14 - Élevez-les en pensant continuellement à l’influence de l’exemple que vous donnez
4.15 - Élevez-les dans le souvenir continuel qu’ils ont une nature pécheresse
4.16 - Élevez vos enfants dans le souvenir continuel des promesses de l’Écriture
4.17 - Finalement, élevez-les en priant continuellement pour que tout ce que vous faites soit béni
Edwin Norman Cross
Truth and Testimony 2009, vol. 11, n° 2, p. 29-33
« Voici les fils sont un héritage de l’Éternel, et le fruit du ventre est une récompense » (Ps. 127:3).
Ce numéro de Truth & Testimony est spécialement destiné aux parents chrétiens qui prennent à cœur le commandement biblique d’élever leurs enfants « sous la discipline et les avertissements du Seigneur ». Une grande partie de l’héritage reçu des générations précédentes pour l’éducation pieuse des enfants et leur préparation à une vie sainte, a été perdue ; Dieu veuille nous aider à le retrouver et nous réveiller à la notion d’un foyer vraiment chrétien où la piété est manifeste chez tous ceux qui s’y rattachent. Les éditeurs de ce magazine sont tous des parents et connaissent les nombreux exercices et combats pour élever des enfants pour le Seigneur dans un monde mauvais. Nous et nos familles sommes soumis à beaucoup de pressions. Nous et nos épouses avons appris quelque chose de la grâce de Dieu en rapport avec la tâche de l’éducation des enfants, et nous continuons à apprendre. Ce n’est pas que nous ayons eu de la réussite, mais il s’agit de stimuler l’exercice et d’encourager à s’aider mutuellement dans les questions difficiles. Nous avons tous besoin du soutien, de la communion et des prières de nos frères. Quelques-uns de nos lecteurs sont célibataires, et d’autres des couples sans enfants ; d’autres sont grands-parents. Votre intérêt plein de sympathie sera une aide pour les autres. Ce numéro de magazine est une humble contribution dans ce but. Si vous estimez qu’il peut être utile à d’autres, transmettez ces articles et répandez ainsi le profit qu’on peut tirer de ces pages.
La tâche parentale est peut-être le rôle le plus important qu’a à remplir un couple marié s’il lui a été donné la bénédiction d’avoir des enfants. Il doit procurer aux enfants une sphère où on apprend l’obéissance, le respect et la révérence, la modestie et la diligence. Un parent doit promouvoir les droits du Seigneur Jésus dans le foyer. Le père doit représenter à ses enfants le cœur du Père, manifestant à la fois Sa tendresse et Son droit à être obéi. Ce déploiement d’un comportement approprié, fera voir à l’enfant quelque chose des voies de Dieu envers Ses propres enfants, et lui dira en pratique qui est Dieu et quelle est Sa volonté pour eux. Cette atmosphère fournit l’occasion d’amener les enfants au Seigneur, et pour eux, de se convertir à Dieu et d’apprendre à Le connaître comme leur Dieu à eux et comme leur Sauveur personnel.
Au foyer il doit y avoir une discipline effective, y compris les punitions pour un mauvais comportement. La discipline ne sert à rien s’il n’y a pas un prompt résultat. Il ne sert à rien de faire des menaces de punition si elles ne sont pas exécutées avec soin et effectivement. Un enfant a sa propre volonté, et celle-ci se manifeste tôt dans sa jeune vie. Ce n’est pas à un nouveau venu dans le foyer d’établir les règles du foyer, mais il a à apprendre, déjà dans sa prime jeunesse, qu’il doit se soumettre à l’ordre, aux dispositions et à l’autorité des parents. Bien sûr cette question est un sujet d’exercices dans la prière et un souci sous le regard de Dieu. On posera sûrement la question : « Quelle sera la règle du jeune garçon, et que devra-t-il faire ? » (Juges 13:12). S’il y a une atmosphère d’amour et de tendresse jointe à des mesures effectives, cela portera bientôt du fruit. L’éducation modèle des enfants ne va pas se trouver dans le monde, ni dans ses conseillers, ni dans ses « exemples vécus » de gens inconvertis. Les responsabilités des pères et des mères sont clairement données dans l’Écriture. Ce sujet est développé dans l’article d’un autre auteur de ce magazine [« Le foyer chrétien » de R.K.C.], mais ce qu’on peut en retenir, en bref, est ceci : « Que le mari conduise bien ses enfants et sa propre maison » (1 Tim. 3:12), et « l’ancien doit être irréprochable, mari d’une seule femme, ayant des enfants fidèles qui ne soient pas accusés de dissipation, ou insubordonnés » (Tite 1:6). « Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Éph. 6:4). « Pères, n’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés » (Col. 3:21). Paul parle aussi d’être comme « une nourrice (qui) chérit ses propres enfants » (1 Thes. 2:7), et quant à aux veuves qu’elles aient « le témoignage d’avoir marché dans les bonnes œuvres… ayant élevé des enfants… et s’étant appliquées à toute bonne œuvre », et l’apôtre ajoute « … Je veux donc que les jeunes [veuves] se marient, aient des enfants, gouvernent leur maison, ne donnent aucune occasion à l’adversaire de tenir des mauvais propos » (1 Tim. 5:9, 10, 14). À Timothée l’apôtre parle de « la foi sincère… qui a d’abord habité dans ta grand’mère Loïs et dans ta mère Eunice, et j’en suis persuadé, en toi aussi » (2 Tim. 1:5).
Il doit y avoir de l’équité dans le traitement de la famille : pas de favoritisme pour l’un ou l’autre des frères et sœurs. Les enfants doivent se sentir pareillement aimés, appréciés et chéris. Quand Jacob a montré de la partialité envers Joseph [Gen. 37], cela a conduit à des troubles sans fin dans son foyer. Élever des enfants requiert la plus grande diligence avec de la constance. Je dois ajouter que nous pouvons faillir, mais quand des erreurs de jugement ou des fautes importantes sont faites dans une action en discipline ou dans l’éducation, alors il est bon que les parents le confessent à l’enfant et ensemble avec l’enfant à Dieu. Ceci est très important, et maintient une saine relation entre l’enfant et les parents.
Un foyer déterminé pour le Seigneur et pour Son témoignage est quelque chose de vital. C’est par excellence l’endroit pour développer l’amour de l’enfant envers les choses de Dieu et envers ce qui est cher au cœur de Christ. Y a-t-il de la cohérence entre l’enseignement et la pratique ? Si ce n’est pas le cas, les enfants verront le caractère à double face de leurs père et mère, et ils le verront beaucoup plus clairement que les chrétiens que nous rencontrons chaque semaine dans les réunions d’assemblée. Une participation irrégulière aux réunions ne sert pas à grand-chose ; il faut établir de bonnes habitudes pour nous et nos familles. L’assemblée a besoin que nous soyons présents à autant de réunions que possible. Il est essentiel de démontrer que la présence aux réunions est une priorité pour nous. Si ce n’est pas le cas, ne nous étonnons pas si ensuite nos enfants font passer d’autres choses avant les intérêts du Seigneur.
J’ai entendu une fois un prédicateur âgé parler d’une question qu’on lui avait déjà posée : « Quand est-ce qu’il faut commencer à parler du Seigneur aux petits enfants ? » Il avait répondu : « Dès qu’il a deux oreilles ! » Je suis favorable à amener les enfants aux réunions des enfants de Dieu dès que possible, — surtout dans les localités où le nombre de participants est petit. Mais alors, je pense que la mère a une responsabilité spéciale de prendre en charge les enfants pour que le père puisse assumer sa part de responsabilité dans le service public dans l’assemblée. Si le père fait sauter son enfant sur ses genoux au lieu de se concentrer sur l’exercice de son rôle dans l’assemblée, ce ne sera pas un bon exemple à ses fils ou aux autres garçons ou jeunes gens qui, une fois grands, prendront place à leur tour parmi les enfants de Dieu, comme nous l’espérons.
Une autre question est à peser soigneusement : c’est l’ordre chez les enfants dans les réunions. On entend dire parfois des remarques du genre : « celles-ci peuvent être tellement pénibles pour eux », mais ce genre de remarques sert à camoufler l’insuffisance d’habileté des parents. Comment « amuser » les enfants dans les réunions pour les garder tranquilles ?! C’est un vrai problème, mais nous avons été dans cette situation auparavant, et nous avons aussi entendu les conseils pieux de ceux qui avaient été pères avant nous ; c’est pourquoi j’ose faire quelques suggestions pour aider. Tout premièrement, chers pères et mères, n’apportez pas une boîte pleine de jouets bruyants qui vont s’entrechoquer, couiner et troubler les saintes convocations solennelles des saints [Lév. 23:4, 37]. Si vous le faites, c’est comme si vous disiez à votre enfant : « continue à jouer avec ces choses, la réunion n’est pas pour toi ! ». Je sais que ce n’est pas votre pensée, mais c’est le message que vous passez à l’enfant. Je n’ai pas d’objection à ce que les plus jeunes apportent un petit ours pour les consoler, ou que les plus grands apportent un livre d’images bibliques ; mais, s’il vous plait, ne faites pas ronfler des moteurs et ne déchirez pas du papier, etc.
C’est une bonne chose de faire participer les enfants dès qu’ils en sont capables, à la vie et au déroulement des réunions. Quand un cantique est indiqué, qu’ils se joignent au chant commun, et qu’ils apprennent à tenir leur cantique comme les grands. Quand la Sainte Bible est lue, qu’ils sachent qu’il leur faut cesser de lire leurs lectures et écouter les paroles les plus bénies qu’on puisse entendre. C’est bien ce que l’apôtre Paul voulait, puisqu’il a été conduit par le Saint Esprit à s’adresser aux enfants dans ses lettres destinées à être lues publiquement dans les assemblées (Éph. 6:1 et Col. 3:20). Il est clair qu’il y avait des enfants dans les réunions de son temps et qu’ils étaient censés faire attention à ce qui se déroulait. Bien sûr il y a des périodes de silence et de réflexion lors des réunions, et il est bon d’enseigner les enfants comment se conduire pendant ces moments-là. Les parents et tous les frères et sœurs de l’assemblée ont besoin de sagesse et de patience. Nous savons bien que là où il y a des brebis, il y a des agneaux, et là où il y a des agneaux, on entend des bêlements. Mais les agneaux ne doivent pas troubler l’ordre selon Dieu de l’assemblée par un bruit excessif qui perturbe.
Il y a un test pratique qui mesure l’efficacité de l’éducation de l’enfant. Comment nos enfants se comportent-ils quand ils sont loin du foyer ? Tout d’abord, sont-ils courtois et gentils dans leurs relations avec les étrangers ? Se conduisent-ils correctement avec les plus âgés comme avec les jeunes, avec les autorités comme avec les misérables ? Ont-ils été bien préparés à vivre en chrétiens dans un monde hostile ? Ce qu’ils ont appris de leurs parents est-il transposé dans leur vie personnelle ? Veulent-ils être à leur tour des parents exemplaires, élevant leurs enfants pour le Seigneur ?
Ce points sont à considérer, et nécessitent des réponses. Avons-nous donné à nos enfants un héritage convenable, une explication complète et crédible des choses qui sont reçues parmi nous avec une pleine certitude [Luc 1:1] ? Ont-ils été instruits dans la Bible, ont-ils appris à l’aimer, à en mémoriser des portions ? ont-ils appris les chœurs et les cantiques ? L’amour pour le Seigneur et pour ce qui Lui est précieux a-t-il été implanté chez eux ? Si oui, il y aura une suite de ce qu’ils ont appris…
Norman Anderson
Truth & Testimony 2009, vol. 11, n° 2, p. 33-35
Les cœurs de mères sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais. C’est dans un temps de désordre et de bouleversement que Debora est venue au premier plan. Dans son cantique [Jug. 5] elle rappelle les jours plus heureux quand les conducteurs en Israël et le peuple étaient portés de bonne volonté [Jug. 1:1] — les jours heureux du témoignage de Dieu ! Mais quel changement ensuite ! Le rejet de l’autorité s’infiltrait ; marcher en public devenait dangereux (Juges 5:6). Il n’y avait pas de crainte de Dieu devant les yeux des gens (Rom. 3:8). Les chefs avaient disparu (Jug. 5:7). On pratiquait l’idolâtrie [Jug. 5:8]. De nos jours nous sommes exhortés : « Petits enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5:21). Qu’est-ce une idole ? Tout ce qui prend la place de Dieu dans nos affections !
Les conflits étaient une preuve de leur faiblesse (Juges 5:8) : y avait-il un bouclier ou une pique parmi les quarante milliers en Israël ? Leurs moyens de défense étaient anéantis ; ils étaient désarmés ! Alors Debora chanta… [Jug. 5:3], « je me suis levée, une mère en Israël » (Juges 5:7). Voilà ce dont nous avons besoin aussi aujourd’hui : des mères avec un cœur pour le témoignage de Dieu ; des mères qui bénissent le Seigneur ; des mères qui sentent les choses avec Dieu.
Quelle place a la mère dans un foyer ! Combien elle a à faire avec les enfants. Le père, normalement, passe moins de temps avec eux que la mère, laquelle, normalement et selon l’Écriture, est à l’œuvre à la maison. Quelle responsabilité et quel privilège d’avoir de tels liens de famille étroits dans les tendres années de formation. Quelle occasion pour des mères pieuses de poser un bon fondement chrétien selon l’Écriture chez leurs enfants.
Notre Seigneur saint et toujours plein de grâce, quand Il était suspendu sur la terrible croix, a démontré la perfection de Son humanité quand, voyant Sa mère se tenant là en compagnie du disciple qu’Il aimait, Il a mis le sceau de Son approbation sur le caractère béni de la relation naturelle en disant : « Femme voilà ton fils ! » « Puis Il dit au disciple : Voilà ta mère. Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui » (Jean 19:26, 27). Quelle considération bénie de notre Seigneur ! Oh vous, jeunes croyants qui avez des mères croyantes, chérissez-les, écoutez leurs avertissements, car elles savent ce qui est le meilleur pour vous. « Écoute, mon fils, l’instruction de ton père, et n’abandonne pas l’enseignement de ta mère ; car ce sera une guirlande de grâce à ta tête, et des colliers à ton cou » (Prov. 1:8, 9).
Ceci nous amène à considérer la seconde épître de Jean, qui est probablement la dernière parole de l’Écriture au sujet d’un foyer. Quelle bienséance dans l’approche de Jean dans cette lettre s’adressant à une mère, peut-être une veuve, car il est évident qu’elle avait la charge de la maison (2 Jean 10) : « L’ancien à la dame élue et à ses enfants » qui marchent dans la vérité. Quelle insistance est mise ici sur la vérité ! « L’entrée de tes paroles illumine, donnant de l’intelligence aux simples » (Ps. 119:130).
Combien une telle mère avait besoin de l’aide divine pour conduire correctement ses enfants ! (2 Jean 3). C'est pourquoi Jean lui souhaitait premièrement la « grâce », ce sentiment de l’immense faveur de Dieu qui a ouvert la révélation grandiose de l’ère chrétienne, d’une part « Jésus Christ venu en chair » et d’autre part « la doctrine de Christ » — autrement dit, premièrement Christ descendu puis remonté au ciel, et secondement la révélation de la vérité du Père et du Fils — en vérité la vie éternelle ! Il n’y a absolument aucune raison pour que les sœurs ne bénéficient pas de la pleine lumière sur les choses profondes de Dieu, ni n’en profitent — autrement comment enseigneraient-elles la vérité à leurs enfants ?
Après la grâce vient la « miséricorde » (2 Jean 3) : dans le tourbillon de la vie journalière avec les soucis de famille et les occupations du foyer, la mère a besoin de cette qualité bénie d’égards et de considération qui lui arrive dans toutes les embrouilles et pressions de la vie journalière, pour la fortifier et la soutenir et l’armer dans le chemin.
Ensuite Jean souhaite la « paix ». Oh ! la tranquillité et la sérénité de la mère qui connait la faveur de Dieu et en jouit, et qui a le secours de Sa miséricorde ; et notez bien, « de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ » (2 Jean 3) — tout ce que notre Sauveur est comme Seigneur et comme Tête [du corps]. Voilà ce que le bien-aimé apôtre Jean désirait pour cette mère, et avec cela la conscience de tout l’attrait et la douceur contenus dans le précieux nom de Jésus, « le Fils du Père, dans la vérité et dans l’amour » (2 Jean 3), cet amour qui est le lien de tout [Col. 3:14]. Tout cela est l’atmosphère bénie de la famille divine.
Voilà donc l’équipement qu’on demande pour une vraie « mère en Israël » de nos jours où la vie de famille se dégrade, et où l’intervention de l’état s’accroit, — à quoi se rajoute le terrible accroissement de la délinquance juvénile, la tragédie des enfants livrés à eux-mêmes, et la vague de vandalisme et de violence qui balaye tout. Nous avons ici le rempart pour retenir ces choses d’entrer dans le foyer chrétien : la grâce, la miséricorde, la paix, la vérité avec l’amour, dans un monde de plus en plus sans amour.
Puisse chaque mère, et chaque père aussi, « s’aimer l’un l’autre » (2 Jean 5). « Et c’est ici l’amour, que nous marchions selon ses commandements » (2 Jean 6). Puissions-nous nous rappeler toujours que l’obéissance à la vérité est la preuve de l’amour dans la vérité.
Extrait et condensé du ch. 5 (point 6.4 à 6.11) du « Foyer chrétien » de R.K.Campbell.
« Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur » (Éph. 6:4).
Il y a deux choses ici. Les pères ne doivent pas provoquer leurs
enfants à la colère en se montrant trop durs, déraisonnables ou inconstant dans
l’exercice de l’autorité presque absolue qui leur appartient. Ils ont à les
traiter avec une vraie bonté paternelle, comme avec l’amour et la tendresse d’une
mère, et d’un autre côté, ils ne doivent pas oublier de les élever « dans la
discipline et sous les avertissements du Seigneur ». Ces deux choses sont de
toute importance et donneront au père le juste équilibre nécessaire. Car les
pères sont enclins à être soit trop durs, soit trop indulgents. L’union de la fermeté
et de la discipline
avec la bonté
et l’amour
convient à un
vrai père. Mais nous insisterons d’abord sur le premier point de notre
exhortation.
L’Esprit de Dieu rappelle aux pères qu’ils ne sont pas seulement
responsables d’exercer l’autorité dans leurs familles, mais qu’ils doivent
prendre garde à la manière
et à la méthode
selon lesquelles elle
est exercée. Dieu tient les pères pour responsables à la fois de la manière
dont ils dirigent, et du principe lui-même. La chair, même chez un père chrétien,
a tendance à être despotique. Aussi Dieu, dans sa tendre sollicitude pour les
petits, enjoint : « Pères, ne provoquez pas vos enfants (à la colère) ».
Les enfants ont une sensibilité aiguë et délicate, et les pères doivent tenir compte de leurs sentiments et de leurs dispositions. Sans jamais céder sur ce qui est dû au Seigneur, ils doivent se souvenir de la faiblesse des petits et ne pas les charger plus qu’ils ne peuvent supporter, de peur qu’ils ne soient découragés et ne soient poussés à regimber. Combien facilement les enfants sont découragés, surtout de suivre les voies droites du Seigneur, et combien la sagesse et le tact seront nécessaires aux pères dans toutes leurs relations avec leurs enfants.
À cet égard, on a écrit à juste titre ceci à propos de Col. 3:21: « Les pères [doivent être] doux, afin que les affections des enfants ne se refroidissent pas et qu’ainsi ils n’en viennent pas à chercher dans le monde un bonheur qu’ils devraient trouver dans le sanctuaire du cercle domestique, formé de Dieu comme sauvegarde pour ceux qui grandissent dans la faiblesse ».
Il est de toute importance que les chaudes affections soient cultivées et l’intimité maintenue entre les pères et leurs enfants, surtout lorsque les enfants grandissent et sont exposés aux influences du monde, et que la distance s’établit facilement entre les cœurs des enfants et des parents. Tout en ne négligeant pas une ferme discipline, les parents, les pères particulièrement, devraient saisir chaque occasion de manifester de l’amour à leurs enfants et de gagner ainsi leur affection filiale et leur confiance. Montrez-leur par des actes qu’ils sont aimés, mais en même temps que l’autorité des parents doit être respectée. Ces deux points sont de toute importance.
Les parents devraient être des amis pour leurs enfants afin qu’ils soient gardés dans le cercle domestique et ne cherchent pas leur satisfaction dans des compagnies mondaines. Cela est très important, car de nombreux jeunes gens disent qu’ils ont manqué dans leur jeunesse de cette amitié confiante. Les pères devraient encourager leurs enfants à venir à eux avec tous leurs problèmes et ils devraient prêter un bienveillant intérêt à leurs difficultés. C’est de leur père et non de camarades douteux que les garçons devraient apprendre ce qui concerne les mystères et les fonctions de la vie et recevoir les informations nécessaires et recherchées quant aux questions sexuelles. Pères, ne négligez pas cet important devoir envers vos fils, car s’ils ne les apprennent pas de vous, ces choses leur seront enseignées fâcheusement dans le langage le plus vulgaire. Les mères devraient pareillement instruire leurs filles, se souvenant que « prévenir vaut mieux que guérir ».
Les pères et des mères doivent garder leurs propres cœurs jeunes, de façon à entrer dans les pensées de leurs enfants et prendre intérêt à leurs aspirations et plaisirs légitimes. Lorsqu’il en est ainsi, les enfants en général ne cherchent pas à sortir du cercle domestique pour se divertir. Ils connaissent tant de bons moments au sein de la famille qu’ils sont satisfaits là. Les pères ne doivent pas oublier de procurer des occupations et des jeux sains à leurs enfants et les encourager à apprendre des choses pratiques, se souvenant que les mains oisives deviennent de bons outils pour Satan. De telles distractions peuvent être mises à disposition de différentes manières à la maison ; et les enfants, en grandissant, resteront attachés au foyer et à la famille.
Les parents qui se sont assuré l’affection et la confiance de leurs enfants, les trouveront disposés alors à écouter leurs exhortations et leurs paroles de répréhension, aussi bien que la lecture et l’exposé de la vérité divine. Ils les recevront de leurs parents, aimés et estimés, qu’ils savent sages et réfléchis.
D’un autre côté, les pères qui dirigent leurs enfants dans un esprit légal et leur présentent la vérité divine de la même manière — imposant la vérité comme un joug de fer sur leurs jeunes cous — ne font que les repousser et risquent de provoquer dans leurs cœurs la révolte ainsi que la résistance aux vérités divines. C’est l’une des raisons pour lesquelles de nombreux enfants, de parents chrétiens conséquents par ailleurs, manifestent lorsqu’ils sont grands opposition et hostilité à tout ce qui a trait à la « religion ». Les cœurs des enfants, comme ceux des hommes en général, doivent être attirés et gagnés, et la conscience atteinte par la vérité divine. Tout le travail de la conscience sans le travail du cœur risque d’être vain. La présentation de la vérité dans l’amour (Éph. 4:15) accomplira les deux par la puissance de l’Esprit.
Si nous revenons à la seconde partie de l’exhortation aux pères en Éph. 6:4, nous avons l’importante injonction d’élever les enfants « dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur ». Comme nous l’avons déjà remarqué, les enfants d’un croyant sont dans une position de bénédiction et de privilège, distincte du monde dont Satan est le prince. Le père chrétien devrait alors reconnaître cette position de privilège dans laquelle ses enfants sont introduits, et les élever sous le joug de Christ, dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur. La position chrétienne doit caractériser l’éducation qu’il donne à ses enfants. Il les traite comme élevés pour le Seigneur, et les éduque comme le Seigneur Lui-même le ferait. Si nous ne pouvons pas rendre nos enfants propres pour le ciel, ni les y introduire, nous pouvons par la foi les élever pour le ciel et Dieu se plaira à bénir l’éducation fidèle de ceux qu’il a donnés.
Le terme original traduit ici par « discipline » signifie « éducation, instruction, correction » et cela implique aussi la nourriture spirituelle. Voilà ce que ce terme embrasse ; et ce que les pères (les mères également) sont exhortés à faire, c’est de les nourrir, les éduquer et les discipliner sous les avertissements du Seigneur.
Tandis que la première partie d’Éph. 6:4 met les pères en garde contre une attitude trop dure et exigeante, cette seconde partie de l’exhortation leur rappelle leur responsabilité d’élever leurs enfants dans la discipline et sous les solennelles exhortations et instructions du Seigneur. Cela garantit contre l’autre extrême qui consiste à être trop indulgent avec les enfants et à leur laisser faire leur propre volonté. Les pères sont responsables d’élever leurs enfants pour le Seigneur, nourrissant leurs cœurs de la précieuse parole de Dieu et plaçant sur leurs consciences la discipline et les exhortations du Seigneur. Cela implique l’enseignement des sentiers dans lesquels le Seigneur voudrait que nous marchions, et la correction pour toute désobéissance.
Combien il est bon de remplir les cœurs et esprits des enfants des vérités de la Parole ! Il est très important d’instruire les enfants, même inconvertis, dans les Écritures et de les entraîner à les bien connaître. Cela équivaut à préparer soigneusement un feu afin qu’une seule étincelle suffise pour l’enflammer. « Nourri dans les paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as pleinement comprise » (1 Tim. 4:6), pouvait écrire Paul au jeune Timothée. Dès l’enfance, il connaissait les saintes lettres, qui peuvent rendre sage à salut par la foi qui est dans le Christ Jésus (2 Tim. 3:15). Son père était un Grec, peut-être un inconverti, et ses fidèles grand-mère et mère lui avaient enseigné les précieuses vérités des Saintes Écritures dès son enfance. Les mères jouent en effet un rôle important dans ce travail d’instruction des enfants dans les Écritures, mais nous nous occupons maintenant plus particulièrement de la responsabilité qu’ont les pères de veiller à ce qu’ils soient ainsi nourris.
Un commandement clair et pressant était donné à ce sujet aux
pères en Israël en Deut. 6:6-9 et 11:18-21: « Et ces paroles, que je te commande
aujourd’hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils
, et tu
en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le
chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras ; et tu les lieras
comme un signe sur ta main, et elles te seront pour fronteau entre les yeux, et
tu les écriras sur les poteaux de ta maison et sur tes portes ».
Quel magnifique tableau du foyer ! Le père gardant les paroles de Dieu dans son cœur, et les ayant toujours devant ses yeux, les inculquant à ses enfants, faisant de cette Parole le sujet de conversation dans la maison et l’ayant sur sa porte pour le témoignage public. Si la parole de Dieu doit être appréciée par les enfants, elle doit être estimée d’abord par le père et par la mère et habiter dans leurs cœurs, de sorte que les enfants voient que les Écritures leur sont chères. Envoyer les enfants à l’école du dimanche pour recevoir un enseignement biblique est une très bonne chose, mais cela ne décharge pas les parents de leur responsabilité de les instruire dans les Écritures à la maison.
Beaucoup de pères et de mères sont tellement occupés par les affaires et les choses matérielles qu’ils prennent peu ou point de temps pour lire ou méditer les Écritures pour leurs propres besoins spirituels et ceux de leurs enfants. Ils donnent ainsi à leurs enfants l’impression que les choses matérielles sont de la plus haute importance et que les choses spirituelles ne sont qu’accessoires. Est-il étonnant que de tels enfants, en grandissant, se tournent vers le monde et aient peu de goût pour la parole de Dieu ? Nous pouvons être si occupés à subvenir aux besoins matériels de nos enfants et à nous faire une place dans ce monde, que nous en oublions les besoins essentiels de l’âme de nos enfants, leur consacrant peu ou pas de temps pour leur présenter les sujets spirituels. Ce n’est pas là élever les enfants dans la discipline du Seigneur.
Enseigner la parole de Dieu à ses enfants et veiller à leurs besoins spirituels est l’un des devoirs les plus importants d’un père. Quelle tristesse que ce soit souvent celui qu’il néglige le plus ! Nous devons prendre le temps de lire la Bible avec nos enfants, de prier avec eux, de tirer des leçons spirituelles des choses de la vie naturelle et des faits divers journaliers, de leur donner la parole nécessaire pour leur âme au moment opportun. Si nous désirons qu’ils soient sauvés et croissent dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ, nous devons y contribuer et les nourrir de la parole de Dieu.
Il arrive même qu’un père soit si occupé à enseigner la Parole à d’autres et à se dépenser pour ce qu’il considère comme le service de Christ, qu’il néglige son premier devoir, celui de nourrir spirituellement sa femme et ses enfants et de s’occuper d’eux comme il convient. Servir le Seigneur commence à la maison, dans le cercle de la famille. Nous devons veiller à « garder notre propre vigne » avant de nous constituer gardiens des vignes d’autrui (Cant. 1:6).
Tout père chrétien devrait dresser un autel familial dans sa
maison, autrement dit réunir chaque jour les siens pour la lecture de la Bible,
la prière et peut-être le chant d’un cantique, si cela est possible. C’est là
la responsabilité du père comme sacrificateur dans sa maison, et si le père
manque, la mère devrait s’en charger. Parents, ne négligez pas ce service si
important de l’adoration en famille. Ne laissez rien l’entraver. Vous ne pouvez
élever vos enfants pour le Seigneur sans cet autel familial. Il ne suffit pas
que vous, vous priiez et lisiez les Écritures et que de leur côté les vôtres en
fassent autant. Vous devez lire la Parole avec
votre famille et prier avec
eux. Qu’ils vous voient à genoux et entendent votre voix s’élever vers Dieu
pour eux, afin qu’ils sachent quel est le désir de votre cœur à leur égard. « La
mémoire de la prière d’un père est l’ancre de salut de plus d’un enfant tenté »
a-t-on écrit à juste titre.
Ployez ensemble les genoux et invoquez la bénédiction du Seigneur sur vous en tant que famille, et sur chacun individuellement, et remerciez-le pour les bénédictions et les grâces familiales. Le verset de Jér. 10:25 montre que Dieu n’attend pas seulement que les individus invoquent son Nom, mais aussi les familles. Un écrivain d’autrefois disait : « Une famille sans prières est comme une maison sans toit, ouverte et exposée à toutes les tempêtes du ciel ». Et encore : « La prière familiale ferme la porte aux dangers la nuit, et l’ouvre aux grâces le matin ».
Adapté — d’après J. C. Ryle
Truth & Testimony 2009, vol.11, n° 2, p. 41-68
« Élève le jeune garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point » (Prov. 22:6).
Je suppose que la plupart des chrétiens connaissent bien le texte ci-dessus. Son expression est probablement familière à vos oreilles, comme une vieille mélodie. Il est probable que, bien des fois, vous l’avez entendu ou lu, que vous en avez parlé, que vous l’avez cité — n’est-ce pas ?
Mais, après tout, combien on regarde peu le fond de ce texte ! La doctrine qu’il contient ne parait guère connue, et on peut craindre que le devoir qu’il met devant nous soit rarement pratiqué. Lecteur, ce que je dis n’est-il pas vrai ? On ne peut pas dire que le sujet est neuf. Le monde est vieux, et nous avons l’expérience d’environ 6000 ans pour nous aider. Nous vivons dans des jours où il y a de partout un grand zèle pour l’éducation. On entend parler de nouvelles écoles créées de toutes parts. On parle de nouveaux systèmes et de nouveaux livres pour les jeunes, en tous genres et pour tous les goûts. Et malgré tout cela, la grande majorité des enfants n’est manifestement pas élevée comme il faudrait, car quand ils arrivent à l’âge adulte, ils ne marchent pas avec Dieu. À quoi est dû cet état de choses ? La vérité toute simple est qu’on ne tient pas compte du commandement du Seigneur figurant dans notre texte, et du coup, la promesse du Seigneur qui s’y rattache ne se réalise pas.
Lecteur, puisse ces choses sonder profondément votre cœur. Supportez qu’un serviteur vous donne une parole d’exhortation sur la bonne éducation des enfants. Croyez-moi, le sujet est un de ceux qui devrait toucher à fond toutes les consciences et amener chacun à se poser la question : « Est-ce que je fais ce que je peux dans ce domaine ? »
Ce sujet nous concerne presque tous. Il n’y a guère de foyer qui ne soit pas touché. Parents, infirmières, enseignants, oncles, tantes, frères, sœurs, — tous y ont quelque intérêt. Il n’y a guère personne, je pense, qui ne puisse influencer quelque parent dans la conduite de sa famille ou influer sur l’éducation de quelque enfant par ses suggestions ou ses conseils. J’ai le sentiment que chacun de nous peut faire quelque chose, soit directement soit indirectement, et je souhaite réveiller chacun pour s’en souvenir.
C’est un sujet, aussi, sur lequel tous ceux qui sont concernés sont en grand danger de manquer à leur devoir. C’est par-dessus tout un sujet où les gens voient les fautes de leur voisin plus clairement que les leurs. Ils élèvent souvent leurs enfants justement dans la voie qu’ils dénoncent à leurs amis comme dangereuse. Ils voient les pailles dans les familles des autres et méconnaissent les poutres chez eux. Ils ont l’œil perçant comme l’aigle pour détecter les fautes de tous côtés, et restent aveugles comme des chauves-souris sur les erreurs fatales qui se passent journellement chez eux. Ils sont sages quant à la maison de leur frère, mais insensés quant à leur propre chair et leur propre sang. Nous avons spécialement besoin de nous méfier de notre propre jugement à cet égard. Vous ferez bien de garder ceci à l’esprit. (*)
(*) Je ne peux m’empêcher de remarquer qu’il n’y a guère de sujets sur lequel les gens sont aussi têtus que celui de leurs enfants. À maintes reprises, j’ai été stupéfait de la lenteur de parents chrétiens, habituellement sensitifs, à admettre que leurs propres enfants puissent être fautifs et mériter un blâme. Il y a beaucoup de gens à qui il est plus facile de parler de leurs péchés que d’un tort quelconque commis par leurs enfants.
Venons-en maintenant à quelques points d’éducation correcte. Dieu le Père, Dieu le Fils, Dieu le Saint Esprit veuille bénir ces quelques mots, et en faire une parole de saison pour chacun. Ne les rejetez pas parce qu’ils sont carrés et simples ; ne les méprisez pas parce qu’ils ne contiennent rien de nouveau. Soyez certains que si vous élevez vos enfants pour le ciel, il restera des traces qui ne seront pas vite oubliées.
Souvenez-vous que les enfants naissent avec des tendances nettes vers le mal, et par conséquent si vous les laissez choisir par eux-mêmes, ils feront certainement le mauvais choix. La mère ne peut pas dire ce que sera son petit enfant une fois adulte : petit ou grand, faible ou fort, sage ou insensé. Il peut avoir l’un ou l’autre de ces caractères ou pas du tout, on n’en sait rien ; mais il y a une chose dont la mère peut être certaine, c’est qu’il aura un cœur corrompu et pécheur. Il est naturel pour nous de faire ce qui n’est pas bon. « La folie » dit Salomon « est liée au cœur du jeune enfant » (Prov. 22:15) ; « … le jeune garçon abandonné à lui-même fait honte à sa mère » (Prov. 29:15). Nos cœurs sont comme la terre sur laquelle nous marchons ; laissez-là en friche et vous êtes sûr qu’elle portera des mauvaises herbes. Si vous voulez agir sagement avec votre enfant, vous ne devez pas le laisser guidé par sa propre volonté. Pensez pour lui, jugez pour lui, agissez pour lui, juste comme vous le feriez pour un estropié ou un aveugle ; mais par pitié, ne l’abandonnez pas à ses goûts et ses tendances indociles. Ce qu’il aime et souhaite, n’est pas ce qu’il faut suivre. Il ne sait pas encore ce qui est bon pour son esprit et son âme, pas plus que pour son corps. Vous ne le laissez pas décider ce qu’il mange ou boit, ni comment il s’habille. Soyez cohérent et agissez avec son esprit de la même manière. Élevez-le dans la voie qui est selon l’Écriture et qui est juste, et non pas selon ses fantaisies.
Si vous ne vous faites pas à l’idée de ce premier principe de l’éducation chrétienne, c’est inutile de continuer à lire cet article. La propre volonté est presque la première chose qui apparait dans les pensées de l’enfant ; et c’est la première chose à laquelle il faut résister.
Je ne veux pas dire que vous devez le gâter, mais je veux dire que vous devez lui faire voir que vous l’aimez.
L’amour doit être le fil d’argent qui court à travers toute votre conduite. La gentillesse, l’affabilité, la grande patience, le support, la sympathie, la volonté de partager les troubles de l’enfant, la promptitude à prendre part aux joies enfantines — voilà les cordons qui aident le mieux à diriger l’enfant ; voilà les pistes à suivre pour trouver le chemin de son cœur. La plupart des gens, même adultes, sont plus faciles à tirer qu’à diriger. Il y a dans tous nos cœurs ce qui fait prendre les armes contre la contrainte ; nous nous hérissons et nous raidissons le cou à l’idée même d’une obéissance forcée. Nous sommes comme de jeunes chevaux aux mains du dresseur : maniez-les gentiment et faites grand cas d’eux, et bientôt vous pourrez les guider juste avec un fil ; si vous faites usage de rudesse et de violence, il vous faudra des mois pour en devenir maîtres, si tant est que vous y arriviez.
Les esprits des enfants sont coulés sur le même moule que les nôtres. Les manières dures et sévères glacent et repoussent. Elles ferment les cœurs, et vous vous fatiguerez à en trouver la porte. Mais faites-leur seulement voir des sentiments d’affection envers eux ; faites-leur voir que vous désirez réellement les rendre heureux et leur faire du bien ; que, si vous les punissez, c’est en vue de leur profit, et que vous donneriez tout pour nourrir leurs âmes — faites-leur voir tout cela, et ils seront bientôt tout à vous, j’en suis sûr. Mais il faut les solliciter avec bienveillance si l’on veut gagner leur attention. La raison même nous apprend cette leçon. Les enfants sont des créatures faibles et tendres, et comme tels ils ont besoin de traitement patient et réfléchi. Il faut les manipuler avec délicatesse, comme des machines fragiles, de peur qu’un toucher rugueux ne fasse plus de mal que de bien. Ils sont comme de jeunes plantes qui ont besoin d’un petit arrosage, souvent mais pas beaucoup chaque fois.
Nous ne devons pas tout attendre d’un coup. Il faut nous rappeler ce que sont les enfants et leur enseigner ce qu’ils sont capables de supporter. Leurs esprits sont comme un morceau de métal qu’on ne forge ni ne rend utile d’un coup, mais seulement par une succession de petits coups. Leurs intelligences sont comme des vases à col étroit, dans lesquels on verse le vin de la connaissance progressivement, sinon une grande partie est gaspillée et perdue. « … Commandement sur commandement, commandement sur commandement ; ligne sur ligne, ligne sur ligne ; ici un peu, là un peu » (És. 28:10), voilà notre règle. La pierre à aiguiser fait son action lentement, mais les multiples frottements amènent le tranchant à être très fin. En vérité il y a besoin de patience dans l’éducation d’un enfant, faute de quoi rien ne peut être fait.
Rien ne peut compenser l’absence de tendresse et d’amour. Un serviteur peut parler de la vérité comme elle est en Jésus [Éph. 4:21], de manière claire, énergique, irréfutable — mais s’il en parle sans amour, peu d’âmes seront gagnées. Pareillement il faut placer vos enfants en face de leur devoir, les commander, les menacer, les punir, les raisonner, — mais si votre manière d’agir manque d’affection, votre travail sera entièrement vain.
L’amour est un des grands secrets d’une éducation réussie. L’irritation et la dureté peuvent effrayer, mais elles ne persuadent pas l’enfant que vous avez raison ; et s’il vous voit souvent sortir de vos gonds, vous cesserez bientôt d’être respecté. Un père qui parle à son fils comme Saül le fit à Jonathan (1 Sam. 20:30) ne peut pas s’attendre à conserver une influence sur l’esprit de son fils.
Faites de gros efforts pour garder l’affection de votre enfant. C’est dangereux si votre enfant a peur de vous. Tout vaut mieux que la réserve et la froideur entre votre enfant et vous ; or cela fait suite inévitablement à la peur. La peur met fin à la liberté de comportement ; la peur conduit aux cachoteries ; la peur sème une semence d’hypocrisie et mène à beaucoup de mensonges. Il y a toute une mine de vérité dans les paroles de l’apôtre Paul aux Colossiens : « Pères, ne provoquez pas [n’irritez pas, version Darby] vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés » (Col. 3:21). N’oubliez pas ce conseil.
La grâce est le plus fort de tous les principes. Voyez la révolution que la grâce opère quand elle pénètre le cœur d’un pécheur invétéré ; combien elle renverse les forteresses de Satan, culbute des montagnes, comble des vallées, redresse ce qui est tordu, et crée un homme nouveau tout entier. En vérité, rien n’est impossible à la grâce.
La nature aussi est très forte. Voyez-la combattre contre les choses du royaume de Dieu ; elle combat toutes les tentatives d’avancer en sainteté ; elle mène une guerre incessante en nous jusqu’à notre dernier souffle. La nature effectivement est forte.
Mais après la nature et la grâce, sans aucun doute, il n’y a rien de plus puissant que l’éducation. Les habitudes prises très tôt font tout avec nous, si Dieu le permet. Nous sommes faits, ce que nous sommes par éducation. Notre caractère prend la forme du moule dans lequel nos premières années sont coulées.
Nous dépendons dans une vaste mesure de ceux qui nous élèvent. Nous recevons d’eux telle couleur, tel goût, tel préjugé qui nous colle au corps plus ou moins toute notre vie. Nous adoptons le langage de nos nourrices et mères et nous apprenons à le parler presque sans s’en rendre compte ; nous adoptons, sans rien remettre en cause, quelques-unes de leurs manières, de leurs coutumes et de leurs pensées. Le temps seul montre combien nous devons aux impressions du début de nos vies et combien de choses en nous portent la trace de la semence semée aux jours de notre enfance par ceux de notre entourage.
Tout ceci est l’une des dispositions de miséricorde de Dieu. Il donne à vos enfants un esprit qui reçoit des impressions comme de l’argile humide. Il leur donne au départ de la vie d’être disposés à croire ce que vous leur dites, et à prendre pour certain ce que vous leur conseillez, et à se fier à votre parole plutôt qu’à celle d’un étranger. En bref, Il vous donne une occasion en or pour leur faire du bien. Veillez à ce que cette occasion ne soit pas négligée ou gaspillée. Une fois qu’on l’a laissée nous échapper, elle est partie pour toujours. Prenez garde contre la misérable illusion dans laquelle certains sont tombés, de croire que les parents ne peuvent rien pour leurs enfants, qu’on doit les laisser à eux-mêmes et attendre que la grâce agisse en restant tranquillement assis. Ces personnes ont pour leurs enfants des désirs du genre de ceux de Balaam : ils voudraient qu’ils meurent de la mort des hommes justes, mais ils ne font rien pour qu’ils vivent de leur vie. Ils désirent beaucoup, et n’ont rien. Et le diable se réjouit de voir ce genre de raisonnements, comme il se réjouit toujours de voir ce qui excuse l’indolence et encourage à négliger les moyens à mettre en œuvre.
Certes vous ne pouvez pas convertir votre enfant. Je sais bien que ceux qui sont nés de nouveau, sont nés non pas de la volonté de l’homme, mais de Dieu [Jean 1:13]. Mais je sais aussi que Dieu dit expressément : « Élève le jeune enfant selon la règle de sa voie » (Prov. 22:6) ; or Il n’impose jamais un commandement à l’homme sans lui donner la grâce pour l’accomplir. Et je sais aussi que notre devoir n’est pas de rester immobile et de discuter, mais d’aller de l’avant et d’obéir. C’est justement quand nous allons de l’avant que Dieu nous rencontre. Le chemin de l’obéissance est le chemin dans lequel Il donne la bénédiction. Nous avons seulement à faire comme il a été commandé aux serviteurs des noces de Cana, — à savoir de remplir les vases avec de l’eau, — et c’est en sûreté qu’on peut laisser le Seigneur transformer l’eau en vin.
Ces petits sont, sans aucun doute, précieux à vos yeux ; alors si vous les aimez, pensez souvent à leur âme. Aucun intérêt particulier ne devrait faire le poids pour vous vis-à-vis de leur intérêt éternel. Rien en eux ne devrait vous être aussi cher que ce qui ne mourra jamais. Le monde avec toute sa gloire passera ; les collines se fondront (Amos 9:13), les cieux s’enrouleront comme un livre (És. 34:4), le soleil cessera de briller ; mais l’esprit qui demeure dans ces petites créatures que vous aimez tant survivra à eux tous. Cependant, qu’ils vivent dans le bonheur ou la misère (pour parler selon l’homme), cela dépend de vous.
Cette pensée devrait être une priorité pour vous dans tout ce que vous faites pour vos enfants. À chaque étape que vous abordez à leur égard, dans chaque plan et chaque arrangement qui les concerne, n’oubliez pas de poser cette question majeure : « Comment cela affectera-t-il leur âme ? ».
L’amour des âmes est l’âme de tout amour. Chouchouter, dorloter et gâter votre enfant comme si ce monde était son seul sujet d’intérêt, comme si cette vie était le seul temps de bonheur, voilà qui n’est pas du vrai amour, mais de la cruauté. C’est traiter l’enfant comme une bête de la terre qui n’a qu’un monde auquel s’intéresser, et rien après la mort. C’est lui cacher cette vérité grandiose qu’il devrait apprendre dès l’enfance, à savoir que l’objectif final de sa vie est le salut de son âme.
Un vrai chrétien ne doit pas être esclave de la mode s’il veut élever son enfant pour le ciel. Il ne doit pas se contenter de faire les choses simplement parce que c’est la coutume dans le monde ; de les enseigner et les instruire dans certaines voies simplement parce que c’est l’habitude ; de leur permettre de lire des livres d’un genre douteux simplement parce que tout le monde les lit ; de les laisser prendre des habitudes de tendance douteuse simplement parce qu’on fait comme cela aujourd’hui. Le vrai chrétien doit avoir l’œil sur l’âme de ses enfants. Il n’a pas à avoir honte d’entendre son éducation qualifiée de singulière et étrange. Qu’est-ce que ça fait, si des gens le disent ? Le temps est raccourci ; la figure de ce monde passe (1 Cor. 7:29, 31). Celui qui a élevé ses enfants pour le ciel plutôt que pour la terre, pour Dieu plutôt que pour l’homme, c’est lui le parent qui sera appelé sage à la fin.
Vous ne pouvez pas forcer vos enfants à aimer la Bible, je vous l’accorde. Seul le Saint Esprit peut donner un cœur qui fasse ses délices de la Parole. Mais vous pouvez faire que vos enfants soient familiers avec la Bible ; et soyez sûrs qu’ils ne peuvent pas être familiers trop bien ou trop tôt avec ce livre béni. Une connaissance approfondie de la Bible est le fondement de toute vue claire en matière religieuse. En général celui qui est bien fondé dans la Bible ne sera pas ballotté et emporté çà et là par tout vent de nouvelle doctrine (Éph. 4:14).
Tout système d’éducation qui ne met pas en premier la connaissance de l’Écriture, est dangereux et malsain. Vous avez besoin d’être soigneux sur ce point justement parce que maintenant le diable rôde et que l’erreur abonde. Certains parmi nous donnent à l’église l’honneur qui est dû à Jésus Christ. Certains utilisent les sacrements comme sauveurs et comme passeports pour la vie éternelle. Certains remplissent les esprits de leurs enfants par de misérables historiettes au lieu de l’Écriture de vérité. Mais, si vous aimez vos enfants, que la simple Bible soit tout dans l’éducation de leurs âmes, et ramenez les autres livres à la seconde place. Ne veillez pas tant à ce qu’ils soient forts en connaissance, mais plutôt forts dans les Écritures. C’est là l’éducation que Dieu honorera. Le Psalmiste dit de Lui : « Tu as exalté ta parole au-dessus de tout ton nom » (Ps. 138:2) ; et je pense qu’Il donne une bénédiction spéciale à tous ceux qui s’efforcent de magnifier Sa parole parmi les hommes.
Veillez à ce que vos enfants lisent la Bible avec révérence
.
Éduquez-les à y voir non pas la parole des hommes, mais ce qu’elle est en
vérité, la Parole de Dieu écrite par le Saint Esprit Lui-même : tout y est
vrai, tout y est profitable, et capable de nous rendre sages à salut par la foi
qui est dans le Christ Jésus (2 Tim. 3:15).
Veillez à ce que vos enfants lisent la Bible régulièrement
.
Éduquez-les à La regarder comme la nourriture journalière de leur âme, comme
une chose essentielle pour la bonne santé journalière de leur âme. Je sais bien
que, quant à vous, vous ne pouvez pas faire de cela mieux qu’une forme, mais on
ne peut pas dire la masse de péchés qu’une simple forme peut restreindre
indirectement.
Veillez à ce qu’ils lisent toute la Bible
. Vous n’avez
pas à vous abstenir de leur présenter certaines doctrines. N’allez pas vous imaginer
que les doctrines principales du christianisme sont incompréhensibles pour les
enfants. Les enfants comprennent beaucoup plus la Bible que nous ne le
supposons.
Parlez-leur du péché, de sa culpabilité, de ses conséquences, de sa puissance, de son caractère vil ; vous trouverez qu’ils peuvent en comprendre quelque chose.
Parlez-leur du Seigneur Jésus Christ et de Son œuvre pour notre salut : l’expiation, la croix, le sang, le sacrifice, l’intercession. Vous découvrirez que, dans tout cela, il y a quelque chose à leur portée.
Parlez-leur de l’œuvre du Saint Esprit dans le cœur de l’homme : comment Il change, renouvelle, sanctifie et purifie. Vous verrez bientôt qu’ils peuvent vous suivre en quelque mesure dans cela. En bref, je pense que nous n’avons pas idée à quel point le petit enfant peut assimiler la longueur et la largeur du glorieux évangile. Ils voient beaucoup plus de ces choses que nous ne le supposons. (*)
(*) Quant à l’âge où l’instruction religieuse d’un enfant doit commencer, il n’y a pas de règle générale. Chez certains enfants, l’esprit semble ouvert beaucoup plus rapidement que chez d’autres. Il est rare qu’on commence trop tôt. Il y a des exemples merveilleux de ce à quoi peuvent arriver des enfants déjà à trois ans.
Remplissez leurs esprits de l’Écriture. Faites que la Parole demeure en eux richement. Donnez-leur la Bible, toute la Bible, déjà quand ils sont jeunes.
La prière est la vraie respiration de vie de l’âme. C’est l’une des premières preuves que quelqu’un est né de nouveau. Au jour où le Seigneur a envoyé Ananias à Saul, Il lui a dit : « Voici, il prie » (Actes 9:11). Il avait commencé à prier, et c’était une preuve suffisante.
La prière fut la marque distinctive des enfants de Dieu au jour où commença une vraie séparation entre eux et le monde : « Alors on commença à invoquer le nom de l’Éternel » (Gen. 4:26).
La prière est la particularité de tout vrai chrétien aujourd’hui. Ils prient pour dire à Dieu leurs besoins, leurs sentiments, leurs désirs, leurs craintes ; et ils pensent réellement ce qu’ils disent. Le chrétien de nom peut répéter des prières, voire même de bonnes prières, mais cela ne va pas plus loin.
La prière est un tournant dans l’âme d’un homme. Tant que nous ne nous sommes pas mis à genoux, notre ministère est inutile et notre travail est vain. Jusque-là il n’y a pas d’espoir pour vous.
La prière est un grand secret de la prospérité spirituelle. Quand il y a beaucoup de communion personnelle avec Dieu, votre âme va croître comme l’herbe après la pluie ; quand il n’y en a guère, tout est au point mort, et c’est à peine si votre âme sera maintenue en vie. Montrez-moi un chrétien qui grandit, un chrétien qui va de l’avant, un chrétien fort, un chrétien florissant, et je suis sûr que c’est quelqu’un qui parle souvent avec son Seigneur. Il demande beaucoup et il a beaucoup. Il dit tout à Jésus, et ainsi il sait toujours comment agir.
La prière est le moteur le plus puissant que Dieu ait placé entre nos mains. C’est la meilleure arme à utiliser dans toutes les difficultés, et le plus sûr remède dans tous les troubles. C’est la clé qui ouvre le trésor des promesses, et la main qui attire la grâce et le secours au moment du besoin. C’est la trompette d’argent que Dieu nous commande de sonner dans toutes nos nécessités, et c’est le cri auquel Il a toujours promis de répondre, ainsi qu’une mère pleine d’amour quand elle entend la voix de son enfant.
La prière est le moyen d’accès le plus simple à Dieu. Il est à la portée de tous : malades, vieillards, infirmes, paralytiques, aveugles, pauvres, ignorants — tous peuvent prier. Il ne sert à rien de prétendre qu’on manque de mémoire, qu’on manque d’instruction, qu’on manque de livres, qu’on manque de formation théologique dans ce domaine. Tant que vous avez une langue pour exprimer l’état de votre âme, vous pouvez et vous devez prier. Ces paroles : « vous n’avez pas parce que vous ne demandez pas » (Jacques 4:2) seront une terrible condamnation pour beaucoup au jour du jugement.
Parents, si vous aimez vos enfants, faites tout ce qui est en votre pouvoir pour leur donner l’habitude de la prière. Montrez-leur comment commencer. Dites-leur quoi dire. Encouragez-les à persévérer. Faites-leur penser, s’ils deviennent négligents ou paresseux pour prier. Que ce ne soit pas votre faute, en tout cas, s’ils n’invoquent jamais le nom du Seigneur. Rappelez-vous que la prière est la première étape qu’un enfant est en mesure de parcourir. Longtemps avant de savoir lire, vous pouvez lui enseigner à s’agenouiller à côté de sa mère et à répéter de simples paroles de prière et de louange qu’elle met dans sa bouche. Et comme les premières étapes de toute entreprise sont toujours les plus importantes, ainsi la manière dont votre enfant prie, est un point qui mérite votre attention la plus vigilante. Peu nombreux sont ceux qui se rendent compte de tout ce qui en dépend. Vous devez faire attention à ce qu’ils ne se mettent pas à dire les prières de manière hâtive, bâclée et irrévérente.
Vous devez vous garder de laisser la supervision de cette question à d’autres, ou de faire trop confiance à votre enfant s’il est laissé à lui-même. Je ne peux pas féliciter une mère qui ne vérifie jamais elle-même cette partie si importante de la vie quotidienne de l’enfant. S’il y a une habitude que votre main et votre œil doivent contribuer à former, il est bien certain que c’est l’habitude de la prière. Si vous n’entendez jamais vous-même votre enfant prier, vous êtes fort à blâmer. Vous n’êtes guère plus sage que l’autruche décrite par Job : « Elle abandonne ses œufs à la terre et les chauffe sur la poussière, et elle oublie que le pied peut les écraser et la bête des champs les fouler ; elle est dure avec ses petits comme s’ils n’étaient pas à elle ; son labeur est vain, sans qu’elle s’en émeuve » (Job 39:17-19).
L’habitude de prière est celle dont nous rappelons le plus longtemps. Bien des hommes âgés peuvent dire comment faisait leur mère pour les faire prier aux jours de leur enfance. D’autres choses se sont probablement effacées de leurs pensées : le bâtiment où ils rendaient culte, le prédicateur qu’ils entendaient prêcher, leurs compagnons de jeux, — tout cela peut sortir de la mémoire sans laisser de traces. Mais vous trouverez souvent qu’il en va tout autrement des premières prières. Ils sont souvent capables de dire où ils s’agenouillaient, ce qui leur était enseigné de dire, et même l’allure de la mère dans ces moments-là. Cela arrive tout frais dans les pensées comme si c’était hier.
Lecteur, si vous aimez vos enfants, je vous supplie de ne pas laisser passer le temps des semailles de l’habitude de la prière sans progresser. Si vous apprenez quelque chose à vos enfants, la moindre des choses est l’habitude de la prière.
Parlez-leur du devoir et du privilège de se joindre aux prières de l’assemblée chrétienne. Dites-leur que partout où les enfants de Dieu se rassemblent, le Seigneur Jésus y est présent d’une manière spéciale, et que ceux qui s’absentent doivent s’attendre, comme l’apôtre Thomas, à manquer une bénédiction. Dites-leur l’importance d’écouter la prédication de la Parole, et son rôle pour convertir, sanctifier et édifier les âmes. Dites-leur comment l’apôtre Paul nous enjoint de ne « pas abandonner le rassemblement de nous-mêmes, comme quelques-uns ont l’habitude de le faire » (Héb. 10:25), mais de nous exhorter l’un l’autre, et de nous pousser l’un l’autre à ne pas manquer d’y participer, et cela d’autant plus que nous voyons le jour approcher.
C’est déjà mauvais, dans une assemblée ou église, quand ceux qui participent à la table du Seigneur ne sont que des personnes âgées, et que les jeunes hommes et jeunes femmes s’en détournent. Mais c’est encore plus mauvais quand on ne voit aucun enfant dans les réunions sauf ceux qui viennent à l’École du Dimanche et qui sont obligés d’y participer. Qu’aucune de ces fautes ne pèse sur votre maison. Vous qui êtes leurs parents et leurs amis, vous devriez veiller à ce qu’ils vous accompagnent.
Ne les laissez pas grandir avec l’habitude de trouver de vaines excuses pour ne pas venir aux réunions. Faites-leur comprendre clairement que tant qu’ils sont sous votre toit, la règle de la maison, pour tous ceux qui sont en bonne santé, est d’honorer le jour du Seigneur.
Certains disent qu’il est inutile d’insister pour que les enfants viennent aux réunions parce qu’ils ne peuvent pas comprendre. Je ne voudrais pas que vous écoutiez de tels propos. Je ne vois pas de pareilles doctrines dans l’Ancien Testament. Quand Moïse alla devant le Pharaon (Exode 10:9), il dit : « Nous irons avec nos jeunes gens et avec nos vieillards, nous irons avec nos fils et avec nos filles… car nous avons à célébrer une fête à l’Éternel ». Quand Josué a lu la Loi (Josué 8:35), il est dit : « Il n’y eut pas une parole de tout ce que Moïse avait commandé, que Josué ne lût devant toute la congrégation d’Israël, et les femmes, et les enfants, et l’étranger marchant au milieu d’eux ». Exode 34:23 dit : « Trois fois l’an, tout mâle d’entre vous paraîtra devant la face du Seigneur, l’Éternel, le Dieu d’Israël ». Et quand j’arrive au Nouveau Testament je trouve que les enfants sont mentionnés comme participants aux actes religieux publics aussi bien que dans l’Ancien Testament. Quand Paul a quitté pour la dernière fois les disciples à Tyr, il est dit (Actes 21:5) : « Et tous nous accompagnèrent avec femmes et enfants jusque hors de la ville ; et nous étant mis à genoux sur le rivage nous priâmes ».
Samuel aux jours de son enfance, parait avoir servi l’Éternel quelque temps avant de Le connaître réellement. « Et Samuel ne connaissait pas encore l’Éternel, et la parole de l’Éternel ne lui avait pas encore été révélée » (1 Sam. 3:7). Il y eut un temps où les apôtres eux-mêmes ne semblent pas avoir compris tout ce que le Seigneur disait : « Or ses disciples ne comprirent pas d’abord ces choses ; mais quand Jésus eut été glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses étaient écrites de lui » (Jean 12:16).
Parents, confortez vos pensées par ces exemples. Ne soyez pas abattus de ce que vos enfants n’en voient pas la pleine valeur maintenant. Seulement habituez-les à assister régulièrement aux réunions, et mettez cela dans leurs pensées comme un devoir élevé, saint et solennel, et le jour viendra où ils vous béniront de l’avoir fait.
Je veux dire par cela que vous devriez les élever de manière à croire ce que vous dites. Vous devez essayer de leur faire éprouver de la confiance dans votre jugement, et du respect de vos opinions comme étant meilleures que les leurs. Vous devez les habituer à penser que, quand vous dites que quelque chose est mauvais pour eux, cela doit être réellement mauvais, et quand vous dites que c’est bon pour eux, cela doit être réellement bon ; qu’en bref, votre connaissance est meilleure que la leur, et implicitement qu’ils peuvent se fier à votre parole. Enseignez-leur à éprouver que ce qu’ils ne savent pas maintenant, ils le sauront probablement plus tard, et qu’ils soient satisfaits de savoir qu’il y a une raison et un besoin pour tout ce que vous leur demandez de faire.
En effet, qui peut décrire le bonheur d’un réel esprit de foi ? Ou plutôt, qui peut dire la misère que l’incrédulité a déversée sur le monde ? L’incrédulité a conduit Ève à manger du fruit défendu. Elle a douté de la vérité de la Parole de Dieu : « Tu mourras certainement » (Gen. 2:17). L’incrédulité a fait que l’ancien monde a rejeté l’avertissement de Noé et a péri dans le péché. L’incrédulité a maintenu Israël dans le désert ; c’est l’incrédulité qui leur a barré l’entrée dans le pays promis. L’incrédulité a conduit les Juifs à crucifier le Seigneur de gloire ; ils n’ont pas cru la voix de Moïse et des prophètes qui leur étaient lues chaque jour. Et l’incrédulité est le péché qui domine le cœur de l’homme jusqu’à maintenant : incrédulité à l’égard des promesses de Dieu, incrédulité à l’égard des menaces de Dieu, incrédulité à l’égard de notre condition de pécheur, incrédulité quant aux dangers qui nous guettent, incrédulité dans tout ce qui va à contre-sens de l’orgueil et de la mondanité de nos mauvais cœurs. Cher lecteur, il ne sert à pas grand-chose d’éduquer vos enfants si vous ne les éduquez pas dans l’habitude d’avoir la foi au premier abord : la foi en la parole de leurs parents, la confiance que ce que leurs parents disent doit être juste.
Certains voudraient qu’on n’exige rien des enfants qu’ils ne puissent comprendre, et qu’on devrait expliquer et donner une raison pour tout ce qu’on désire qu’ils fassent. Je vous mets en garde solennellement contre une telle idée. Je vous le dis clairement, je pense que c’est un principe malsain et pourri. Sans doute il est absurde de faire un mystère de tout ce que vous faites, et il y a beaucoup de choses qu’il est bon d’expliquer aux enfants pour qu’ils puissent voir que c’est raisonnable et sage. Mais les élever avec l’idée qu’ils ne doivent se fier à rien, que malgré leur intelligence faible et imparfaite ils doivent savoir clairement les pourquoi et les raisons de chaque pas qu’ils font, voilà bien une erreur terrible et qui aura probablement les pires effets sur leurs esprits.
Raisonnez avec votre enfant dans certaines circonstances, si vous y êtes disposés ; mais n’oubliez jamais (si vous l’aimez réellement) de faire qu’il garde toujours à l’esprit qu’après tout il n’est qu’un enfant, qu’il pense comme un enfant, qu’il comprend comme un enfant, et qu’il ne doit pas s’attendre à connaître tout de suite la raison de tout. Placez devant lui l’exemple d’Isaac au jour où Abraham le prit pour l’offrir en sacrifice au Mont Morija (Gen. 22). Il ne posa à son père qu’une question, « … où est l’agneau pour l’holocauste ? » ; et la seule réponse qu’il obtint fut : « Dieu se pourvoira de l’agneau ». Comment, où, d’où, de quelle manière, par quels moyens, — rien de tout cela ne fut dit à Isaac, mais la réponse donnée fut suffisante. Il crut que c’était bien parce que son père l’avait dit, et il en fut content. Dites à vos enfants, aussi, que nous devons tous commencer par être des élèves, que dans tous les domaines de la connaissance il y a un alphabet à maîtriser, que le meilleur cheval du monde a besoin un jour qu’on le fasse plier, et que le jour viendra où l’enfant verra la sagesse de son éducation. Mais entre-temps, si vous dites qu’une chose est juste, il faut que cela lui suffise ; il doit vous croire et être content.
Parents, s’il y a un point important dans l’éducation, c’est bien celui-ci. Je vous supplie par l’affection que vous avez pour vos enfants, de vous servir de tous les moyens pour les élever dans une habitude de foi.
Voilà un but qui mérite tous les efforts possibles. Aucune habitude, je pense, n’a sur nos vies une influence pareille à celle-ci. Parents, soyez déterminés à faire que vos enfants vous obéissent quoiqu’il vous en coûte de troubles et quoiqu’il leur en coûte de pleurs. Qu’il n’y ait pas de mises en question, de raisonnements, de contestations, de renvois à plus tard, de répliques. Quand vous leur donnez un commandement, faites-leur voir clairement que vous voulez qu’il soit exécuté.
L’obéissance est la seule réalité. C’est la foi visible, la foi agissante et la foi incarnée. C’est ce qui teste la réelle qualité de disciple parmi les enfants de Dieu. « Vous êtes mes amis, si vous faites tout ce que moi je vous commande » (Jean 15:14). L’obéissance devrait être la marque d’enfants bien élevés qui font tout ce que leurs parents leur commandent. Où est, en effet, l’honneur enjoint par le cinquième commandement, si les pères et les mères ne reçoivent pas une obéissance de bon cœur, de bon gré et tout de suite ?
Toute l’Écriture est en faveur d’une obéissance très tôt. Abraham fut loué, non seulement parce qu’il allait éduquer sa famille, mais parce qu’« il commanderait à ses fils et à sa maison après lui » (Gen. 18:19). Il est dit du Seigneur Jésus Christ Lui-même, qu’étant jeune il était soumis à Marie et à Joseph (Luc 2:51).
Observez combien Joseph a obéi sans réserve à l’ordre de son père Jacob (Gen. 37:13). Voyez comment Ésaïe parle comme d’une chose mauvaise quand « le jeune garçon usera d’insolence contre le vieillard » (És. 3:5). Notez comment l’apôtre Paul nomme la désobéissance aux parents comme l’un des signes fâcheux des derniers jours (2 Tim. 3:2). Notez comment il signale cette grâce de requérir l’obéissance comme une chose qui doit orner un ministère chrétien : « conduisant bien sa propre maison, tenant ses enfants soumis en toute gravité » ; et encore : « Que les serviteurs soient maris d’une seule femme, conduisant bien leurs enfants et leurs propres maisons » (1 Tim. 3:4, 12). Et encore, un ancien doit être quelqu’un « ayant des enfants fidèles qui ne soient pas accusés de dissipation, ou insubordonnés » (Tite 1:6).
Parents, souhaitez-vous voir vos enfants heureux ? Prenez soin, alors, de les éduquer à obéir quand on leur parle, et à faire comme il leur a été commandé. Croyez-moi, nous ne sommes pas faits pour vivre en indépendants. Même les hommes libres en Christ ont un joug à porter : ils « servent le Seigneur Christ » (Col. 3:24). Les enfants ne peuvent pas apprendre trop tôt que dans ce monde où nous sommes, nous ne sommes pas prévus pour y gouverner et nous ne sommes jamais mieux à notre vraie place que quand nous savons obéir à nos supérieurs. Enseignez-leur à obéir tandis qu’ils sont jeunes, sinon ils s’aigriront contre Dieu toute leur vie durant, et ils s’épuiseront à l’idée vaine d’être indépendants de Son contrôle.
Cher lecteur, ce conseil n’est que trop nécessaire. Beaucoup de gens aujourd’hui laissent leurs enfants choisir et penser pour eux-mêmes bien avant d’en être capables, et ils excusent même leur désobéissance, comme si elle n’était pas à blâmer. À mes yeux, un parent qui cède toujours et un enfant qui choisit toujours son propre chemin, c’est une vision des plus pénibles ; pénible parce que je vois que l’ordre établi de Dieu est inversé, et parce que je sens avec certitude la conséquence que le caractère final de l’enfant sera la propre volonté, l’orgueil et l’arrogance. Ne vous étonnez pas que les hommes refusent d’obéir à leur Père qui est dans les cieux si vous leur permettez, quand ils sont enfants, de désobéir à leur père qui est sur la terre.
Parents, si vous aimez vos enfants, que l’obéissance soit une devise et un mot d’ordre continuellement devant leurs yeux.
Parler la vérité est beaucoup moins commun dans le monde que nous sommes disposés à le penser, à première vue. Toute la vérité, et rien que la vérité, est la règle d’or que beaucoup feraient bien de garder à l’esprit. Le mensonge et la prévarication [manquement aux obligations] sont des péchés anciens. Le diable est le père des deux ; il a trompé Ève par un mensonge effronté, et depuis la chute c’est toujours un péché contre lequel les enfants d’Ève ont besoin d’être sur leur garde.
Pensez seulement combien de faussetés et de tromperies il y a dans le monde ! Combien d’exagérations ! Combien d’ajouts fait-on à un simple récit ! Combien de choses sont omises quand les dire ne sert pas les intérêts de celui qui parle ! Combien peu nombreux, autour de nous, ceux dont nous pouvons dire que nous nous fions sans hésiter à ce qu’ils disent ! En vérité les anciens Perses étaient sages en leur génération : un point majeur dans l’éducation de leurs enfants était de leur apprendre à parler la vérité. Quelle preuve terrible de la nature pécheresse de l’homme qu’il soit même nécessaire de mentionner ce point !
Chers lecteurs je voudrais que vous remarquiez combien il est souvent parlé dans l’Ancien Testament de Dieu comme le Dieu de vérité. Cela semble être mis spécialement en avant comme un aspect prépondérant du caractère de Celui à qui nous avons à faire. Il ne s’écarte jamais de la ligne droite. Il a horreur du mensonge et de l’hypocrisie. Essayez de faire garder cela continuellement à l’esprit de vos enfants. Insistez auprès d’eux en tout temps que « moins que la vérité » est un mensonge. Être évasif, trouver des excuses et exagérer sont à mi-chemin de ce qui est faux, et doivent être évité. Encourageons-les en toute circonstance à être droits, et à parler la vérité, quoi qu’il leur en coûte.
J’insiste sur ce sujet non pas simplement pour le bien du caractère de vos enfants dans le monde, bien que je pourrais m’appesantir beaucoup là-dessus. J’insiste plutôt pour vous réconforter et pour vous aider dans toutes vos relations avec eux. Vous trouverez en effet que c’est une aide puissante de pouvoir toujours vous fier à ce qu’ils disent. Cela contribue à prévenir l’habitude de cacher les choses, laquelle prévaut malheureusement quelquefois parmi les enfants. La franchise et la droiture dépendent beaucoup de la manière dont les parents ont traité ces sujets durant notre enfance.
L’oisiveté est le meilleur ami du diable. C’est le plus sûr moyen de lui donner une occasion de nous causer du tort. Un esprit oisif est comme une porte ouverte, et si Satan n’y entre pas lui-même, il peut certainement jeter par elle de quoi susciter de mauvaises pensées dans nos âmes.
Aucune créature n’est jamais censée être oisive. Le service et le travail sont la portion attribuée à toute créature de Dieu. Les anges dans le ciel travaillent ; ils sont des esprits administrateurs du Seigneur pour faire Sa volonté. Adam, au Paradis, avait du travail ; il était chargé de cultiver le jardin d’Éden et de le garder. Les saints rachetés dans la gloire auront la tâche de chanter les louanges et la gloire de Celui qui les a achetés. Et l’homme, faible et pécheur, doit avoir à faire quelque chose ici-bas, sinon son âme sombrera bientôt dans un état malsain. Nous devons avoir nos mains pleines et nos esprits occupés de quelque chose, sinon notre imagination se met vite à fermenter et à faire des dégâts.
Or ce qui est vrai pour nous, l’est aussi pour nos enfants. Malheur à l’homme qui n’a rien à faire ! Les Juifs considéraient l’oisiveté comme un péché positif ; c’était une loi chez eux que tout homme devait élever son fils à quelque commerce utile. Ils avaient raison ; ils connaissaient le cœur de l’homme mieux que plusieurs d’entre nous.
L’oisiveté a fait de Sodome ce qu’elle était. « Voici, c’est ici l’iniquité de ta sœur Sodome : orgueil, abondance de pain, et insouciant repos » (Éz. 16:49). L’oisiveté est pour beaucoup dans le terrible péché de David avec la femme d’Urie. 2 Sam. 11 nous dit que Joab était parti en guerre contre les fils d’Ammon, « mais David resta à Jérusalem ». N’était-ce pas de l’oisiveté ? C’est alors qu’il vit Bath-Shéba, et l’étape suivante a été sa chute terrible et misérable.
En vérité je crois que l’oisiveté a davantage conduit au péché que la plupart des autres habitudes qu’on peut nommer. Je ressens qu’elle est la mère de beaucoup des œuvres de la chair ; la mère de l’adultère, de la fornication, de l’ivrognerie, et de beaucoup d’autres œuvres des ténèbres que je n’ai pas le temps de nommer. Réfléchissez en conscience si ce que je dis n’est pas la vérité. Vous êtes oisif, et immédiatement le diable vient frapper à la porte pour entrer.
Il n’est pas étonnant que toutes les choses autour de nous dans le monde semblent enseigner la même leçon. Ce sont les eaux dormantes qui deviennent stagnantes et impures ; les flots torrentueux sont toujours clairs. Si vous avez une machine à vapeur, il faut la faire marcher sinon elle est vite hors d’usage. Si vous avez un cheval, il faut lui faire faire de l’exercice, et il n’est jamais aussi bien que quand il a un travail régulier. Si vous voulez être en bonne santé quant au corps, il faut faire de l’exercice. Si vous restez assis sans bouger, votre corps va sûrement s’insurger à la longue. Et il en est de même avec l’âme. L’esprit actif est une cible difficile à atteindre par le diable. Essayez d’être toujours occupé de manière utile, et votre ennemi aura de la peine à trouver de la place pour semer l’ivraie. Cher lecteur je vous supplie de faire sentir ces choses à vos enfants de manière à ce qu’ils y pensent. Enseignez-leur la valeur du temps et essayez de leur apprendre l’habitude d’en faire bon usage. J’ai de la peine à voir des enfants ne rien faire de ce qu’ils ont dans les mains. J’aime les voir actifs et travailleurs, mettant tout leur cœur à l’ouvrage, que ce soit leurs leçons quand c’est le temps d’apprendre, ou des amusements quand c’est le temps de jouer.
Si vous les aimez bien, faites que l’oisiveté soit comptée comme un péché dans votre famille.
C’est le point spécial par-dessus tous les autres sur lequel vous avez grand besoin d’être sur vos gardes. Il est naturel d’être tendre et affectueux envers ce qui est votre chair et votre sang ; or c’est justement l’excès de cette tendresse et de cette affection qui est à craindre. Faites attention que cela ne vous rende pas aveugle à l’égard des fautes de vos enfants, et sourd à tous les conseils qu’on vous fait. Faites attention de ne pas fermer les yeux sur une mauvaise conduite pour éviter d’avoir la peine d’infliger une punition ou une correction.
Je sais bien que la punition et la correction sont des choses désagréables. Rien n’est plus déplaisant que de faire de la peine à ceux qu’on aime et de les faire pleurer. Mais tant que les cœurs sont ce qu’ils sont, il est vain, en règle générale, de supposer que les enfants peuvent être élevés sans correction.
Gâter est un mot très expressif, et malheureusement très significatif. Or la manière la plus directe de gâter des enfants, c’est de les laisser mener leur propre chemin, de leur permettre d’agir à tort, et de ne pas les punir pour cela. Sauf à vouloir la ruine de l’âme de vos enfants, c’est justement ce qu’il ne faut pas faire, malgré la peine qu’il peut vous en coûter.
Vous ne pouvez pas dire que l’Écriture est muette sur ce sujet : « Celui qui épargne la verge hait son fils, mais celui qui l’aime met de la diligence à le discipliner » (Prov. 13:24). « Corrige ton fils tandis qu’il y a de l’espoir » (Prov. 19:18). « La folie est liée au cœur du jeune enfant ; la verge de la correction l’éloignera de lui » (Prov. 22:15). « Ne manque pas de corriger le jeune garçon ; quand tu l’auras frappé de la verge, il n’en mourra pas. Tu le frapperas de la verge, mais tu délivreras son âme du shéol » (Prov. 23:13, 14). « La verge et la répréhension donnent la sagesse, mais le jeune garçon abandonné à lui-même fait honte à sa mère ». « Corrige ton fils, et il te donnera du repos et procurera des délices à ton âme » (Prov. 29:15, 17).
Combien ces textes sont forts et énergiques ! Quelle tristesse qu’ils semblent presque inconnus dans beaucoup de familles chrétiennes ! Les enfants ont besoin de répréhension, mais on ne leur en donne guère ; ils ont besoin de correction, mais elle n’est guère appliquée. Et cependant ce livre des Proverbes n’est ni périmé ni inadapté pour les chrétiens. Il est donné par inspiration de Dieu, et est profitable. Il est donné pour notre instruction, autant que les épîtres aux Romains ou aux Éphésiens. Sûrement le croyant qui élève ses enfants sans faire attention à ses conseils se prétend plus sage que ce qui est écrit, et il est grandement dans l’erreur.
Pères et mères, je le dis clairement, si vous ne punissez jamais vos enfants quand ils sont fautifs, vous leur faites un grand tort. Je vous avertis que c’est l’écueil sur lequel, de tout temps, les saints de Dieu ont trop fréquemment fait naufrage. Je serais trop heureux de vous persuader d’être sage à temps, et de vous en garder. Voyez le cas d’Éli. Ses fils Hophni et Phinées se rendaient vils et il ne les a pas retenus. Il ne leur fit pas plus qu’une répréhension tiède et anodine, alors qu’ils auraient dû être blâmés sévèrement. En bref, il a honoré ses fils plus que Dieu. Et quel en fut le résultat ? Il vécut pour entendre annoncer la mort de ses deux fils à la guerre, faisant descendre ses cheveux gris avec douleur dans le tombeau (1 Sam. 2:22-29 ; 3:13 — Gen. 42:38 ; 44:31).
Voyez aussi le cas de David. Quelle histoire douloureuse que celle de ses fils et de leurs péchés ! L’inceste d’Amnon, le meurtre d’Absalom et sa rébellion orgueilleuse, les intrigues ambitieuses d’Adonija. Subir de pareils cas venant de sa propre maison, quelles blessures amères pour un homme selon le cœur de Dieu. N’y avait-il aucune faute de son côté ? Il n’y a pas de doute à cet égard. On en trouve la trace dans le récit d’Adonija en 1 Rois 1:6 : « Et son père ne l’avait jamais chagriné, en disant : Pourquoi fais-tu ainsi ? ». Voilà la base de tous les égarements. David a été un père trop indulgent, un père qui laissait ses enfants suivre leur propre voie ; et il a récolté ce qu’il a semé.
Parents, je vous supplie, pour l’amour de vos enfants, soyez en garde contre trop d’indulgence. Votre premier devoir est de réfléchir à leurs intérêts réels, et non pas de passer leurs fantaisies et de satisfaire à leurs penchants ; vous avez à les « élever », non pas à vous plier à eux ; à agir pour leur profit, non pas à leur complaire.
Vous ne devez pas laisser libre cours aux désirs et caprices qui passent par la tête de vos enfants, même si vous les aimez beaucoup. Vous ne devez pas les laisser supposer que leur volonté est tout, et qu’il suffit de désirer quelque chose pour l’avoir. Je vous prie, n’idolâtrez pas vos enfants, de peur que Dieu doive les emporter et briser votre idole, justement pour vous convaincre de votre folie.
Apprenez à dire « non » à vos enfants. Montrez-leur que vous êtes capables de refuser tout ce que vous pensez ne pas être bon pour eux. Montrez-leur que vous êtes prêts à punir la désobéissance, et que quand vous parlez de punition, ce n’est pas une menace en l’air, mais que vous êtes prêts à l’exécuter. Ne menacez pas trop. Les gens menacés continuent à vivre sans autre, les fautes simplement menacées sont ignorées. Punissez rarement, mais effectivement et à bon escient. Des punitions fréquentes et légères sont un mauvais système.
Faites attention à ce que les petites fautes ne passent pas inaperçues, en se disant « ce n’est qu’une peccadille ». Il n’y a pas de petites choses dans l’éducation des enfants ; tout est important. Les petites mauvaises herbes ont besoin d’être arrachées autant que les autres. Laissez-les seulement, et elles seront bientôt grandes. Cher lecteur, s’il y a quelque point qui méritent votre attention, celui-ci en est un. Il vous donnera du trouble, je le sais. Mais si vous n’acceptez pas ce trouble avec vos enfants quand ils sont jeunes, ils vous donneront du trouble quand ils seront grands. Choisissez ce que vous préférez.
La Bible nous dit que Dieu a un peuple élu, une famille dans ce monde. Tous les pauvres pécheurs qui ont été convaincus de péché et qui se sont enfuis vers Jésus pour avoir la paix, forment cette famille. Tous ceux d’entre nous qui croyons réellement en Christ pour le salut, sont membres de cette famille. Or Dieu le Père est toujours en train d’éduquer les membres de cette famille pour leur séjour éternel avec Lui dans le ciel. Il agit comme un vigneron qui taille ses vignes afin qu’elles portent plus de fruit. Il connait le caractère de chacun de nous : nos vices, notre faiblesse, nos infirmités particulières, nos carences spéciales. Il connait nos œuvres et où nous demeurons, qui sont nos compagnons de vie, et quelles sont nos épreuves, nos tentations et nos privilèges. Il sait toutes ces choses, et les dispose toutes pour notre bien. Dans Sa providence, Il envoie à chacun de nous exactement ce dont nous avons besoin pour porter le maximum de fruits : Il sait la quantité de lumière du soleil que nous pouvons supporter, la quantité de pluie et de choses amères et de choses douces qu’il nous faut. Chers lecteurs, si vous voulez élever vos enfants avec sagesse, notez bien comment Dieu le Père éduque les Siens. Il fait toutes choses bien ; le plan qu’Il adopte est forcément bon.
Voyez toutes les choses que Dieu ne donne pas à Ses enfants. Peu nombreux sont ceux qui n’ont jamais eu de désirs que Dieu a dû refuser. Souvent on voulait acquérir quelque chose ou on voulait arriver à quelque chose, et voilà toujours quelque barrière faisait obstacle. C’est comme si Dieu plaçait cette chose hors de notre portée, et disait : « Ceci n’est pas bon pour toi ; il ne te le faut pas ». Moïse désirait extrêmement traverser le Jourdain et voir le bon pays de la promesse, mais son désir ne lui a jamais été accordé.
Voyez, aussi, comment souvent Dieu mène les Siens par des voies qui nous paraissent obscures et mystérieuses. Nous ne pouvons pas voir le sens de tout ce qu’Il fait à notre égard ; nous ne pouvons pas voir les raisons du sentier que nos pieds foulent. Quelquefois tant d’épreuves nous assaillent, tant de difficultés nous environnent, que nous ne sommes pas capables de découvrir leur pourquoi. C’est comme si notre Père nous prenait par la main dans un lieu obscur, et nous disait : « Ne pose pas de questions, suis-Moi ». Il y avait une route directe d’Égypte à Canaan, cependant Israël n’y a pas été conduit, mais a tourné à travers le désert. Ceci semble dur quand on y passe : « le cœur du peuple », nous est-il dit « se découragea en chemin » (Exode 13:17 ; Nb. 21:4).
Voyez aussi, combien Dieu châtie souvent les Siens par des épreuves et des afflictions. Il leur envoie des croix et des déceptions ; Il les jette bas par la maladie ; Il les dépouille de leurs biens et de leurs amis ; Il les change d’une position à une autre ; Il les visite avec des choses très douloureuses pour la chair et le sang. Et quelques-uns d’entre nous ont défailli bien bas sous les fardeaux qui les accablaient. Nous nous sommes sentis pressés au-delà de notre force, et nous avons presque murmuré sous la main qui nous châtiait. Paul, l’apôtre, avait une écharde dans la chair qui lui avait été donnée, quelque épreuve corporelle amère sans doute, bien que nous ne sachions pas exactement ce que c’était. Mais nous savons ceci : il a supplié trois fois le Seigneur pour qu’Il l’ôte, et cependant elle n’a jamais été ôtée (2 Cor. 12:8, 9).
Maintenant, cher lecteur, malgré toutes ces choses, avez-vous jamais entendu parler d’un seul enfant de Dieu qui ait pensé que son Père ne le traitait pas avec sagesse ? Non, je suis sûr que vous ne l’avez jamais entendu. Les enfants de Dieu voudraient toujours vous dire qu’à long terme, c’était une chose bénie qu’ils n’aient pas eu leur propre chemin, et que Dieu a fait pour eux bien mieux que ce qu’ils auraient pu faire. Oui ! et ils pourraient aussi vous dire que les opérations de Dieu leur ont procuré plus de bonheur que ce qu’ils auraient jamais obtenu eux-mêmes, et que Ses voies, si obscures certaines fois, sont des voies agréables et des sentiers de paix [Prov. 3:17].
Je vous demande de prendre à cœur la leçon que les voies de Dieu envers les Siens sont censées vous enseigner. Ne craignez pas d’éloigner de votre enfant tout ce que vous estimez lui être nuisible, quels que soient ses désirs personnels. C’est là la manière de Dieu. N’hésitez pas à lui commander ce dont il ne voit pas la sagesse pour le moment, et de le guider dans des voies dont il ne voit pas la raison. Le plan de Dieu fait comme cela.
Ne vous retenez pas de le châtier et de le corriger toutes les fois que vous voyez que la santé de son âme le requiert, même si c’est douloureux pour vos sentiments propres ; et rappelez-vous que les remèdes pour l’esprit ne doivent pas être rejetés parce qu’ils sont amers. Le plan de Dieu fait comme cela.
Et par-dessus tout n’ayez pas peur qu’un tel plan d’éducation rende votre enfant malheureux. Je vous mets en garde contre cette illusion. Suivre cette idée, c’est la route certaine pour conduire au malheur, c’est toujours suivre son propre chemin. Avoir nos volontés réfrénées et rebutées est une chose bénie pour nous ; cela nous fait apprécier les sujets de joie quand ils arrivent. Être l’objet de tolérance perpétuelle est le moyen d’être rendu égoïste ; or les gens égoïstes et les enfants gâtés sont rarement heureux.
Cher lecteur ne soyez pas plus sage que Dieu ; élevez vos enfants comme Lui élève les Siens.
L’instruction, les conseils et les commandements ne seront guère profitables s’ils ne sont pas appuyés par le modèle de votre propre vie. Vos enfants ne croiront jamais que vous êtes sérieux et que vous souhaitez réellement qu’ils vous obéissent tant que vos actions contredisent vos conseils. Un archevêque sage disait : « Donner à vos enfants une bonne instruction et un mauvais exemple, c’est leur faire signe de la tête pour leur montrer le chemin du ciel, et en même temps les prendre par la main pour les conduire sur le chemin de l’enfer ».
Nous nous rendons peu compte de la force et de la puissance de l’exemple. Personne ne peut vivre dans l’isolement complet dans ce monde ; nous sommes toujours en train d’influencer d’une manière ou d’une autre ceux de notre entourage, soit pour le bien soit pour le mal, soit pour Dieu soit pour le péché. Ils observent nos voies, ils remarquent notre conduite, ils voient notre comportement ; alors ce qu’ils voient que nous pratiquons, ils supposent à bon droit que nous le pensons juste. Je crois que l’exemple n’est jamais aussi puissant que dans le cas des relations parents / enfants.
Pères et mères, n’oubliez pas que les enfants apprennent davantage par les yeux que par les oreilles. Aucune école ne marquera aussi profondément leur caractère que le foyer de chez eux. Les meilleurs maîtres d’école n’imprimeront pas sur leurs esprits autant que ce qu’ils saisissent à vos côtés chez vous. Chez les enfants, l’imitation est un principe beaucoup plus fort que la mémoire. Ce qu’ils voient a un effet beaucoup plus fort sur leurs pensées que ce qu’on leur dit.
Faites attention à ce que vous faites devant un enfant. Il y a un dicton qui dit : « Celui qui pèche devant un enfant, pèche doublement ». Efforcez-vous plutôt d’être une lettre vivante de Christ lisible par ceux de votre famille, — et lisible clairement. Soyez un exemple de révérence pour la Parole de Dieu, de révérence dans la prière, de révérence pour le jour du Seigneur. Soyez un exemple dans vos paroles, dans le tempérament, dans le zèle, dans la tempérance, dans la foi, dans l’amour, dans la gentillesse, dans l’humilité. Ne pensez pas que vos enfants pratiqueront ce qu’ils ne vous voient pas faire. Vous êtes leur image modèle et ils copieront ce que vous êtes. Vos raisonnements et vos discours, vos commandements sages et vos bons conseils, — tout cela ils peuvent ne pas le comprendre, mais ils peuvent comprendre votre vie.
Les enfants sont de prompts observateurs ; ils perçoivent très vite certaines sortes d’hypocrisie ; ils discernent très vite ce que vous pensez en réalité, et ce que vous ressentez ; ils sont prompts à adopter vos manières et vos opinions. Tel père, tel fils : c’est ce qu’on constate souvent.
Rappelez-vous la parole que César avait l’habitude de dire à ses soldats dans les batailles : Il ne disait pas « allez de l’avant », mais « venez ». Il doit en être ainsi pour vous dans l’éducation de vos enfants. Ils apprendront rarement les habitudes qu’ils vous voient mépriser, ou les chemins où vous ne marchez pas. Celui qui prêche à ses enfants ce qu’il ne pratique pas, fait un travail qui n’avance jamais. Les parents qui essaient d’éduquer sans donner un bon exemple construisent d’une main et détruisent de l’autre.
Je mentionne brièvement ce point pour ne pas s’attendre à autre chose que ce qu’annonce l’Écriture. Ne vous attendez pas à ce que les pensées de vos enfants soient comme une feuille de papier blanche, ni qu’il ne vous arrivera jamais rien de fâcheux si vous n’utilisez que des moyens justes. Soyez conscient que cela ne se passe pas ainsi. Il est effectivement pénible de voir tant de corruption et tant de mal dans le cœur du jeune enfant, et combien cela porte très tôt des fruits. Les colères violentes, la propre volonté, l’orgueil, l’envie, la maussaderie, la passion, la paresse, l’égoïsme, la tromperie, la ruse, la fausseté, l’hypocrisie, une terrible aptitude à apprendre ce qui est mauvais, une pénible lenteur à apprendre ce qui est bon, la facilité à prétendre n’importe quoi pour avoir gain de cause — il faut vous attendre à voir ces choses, au moins en partie, chez ceux qui sont votre chair et votre sang. Elles jailliront par petits bouts très tôt ; on s’étonne de voir ces choses surgir presque naturellement. Les enfants n’ont pas besoin d’école pour apprendre à pécher.
Il ne faut pourtant pas se décourager ni être abattus par ce qui se manifeste. Ne pensez pas que c’est étrange et extraordinaire que ces petits cœurs soient si pleins de péchés. C’est simplement l’héritage que nous a laissé notre père Adam, un héritage qui nous appartient à tous ; c’est la nature déchue avec laquelle nous entrons dans ce monde. Que plutôt cela vous rende diligent à user de tous les moyens qui vous paraissent les meilleurs pour aller à l’encontre du mal, par la grâce de Dieu. Que cela vous rende toujours plus soigneux, pour autant que cela dépende de vous, pour garder vos enfants hors des chemins de la tentation.
N’écoutez jamais ceux qui vous disent que vos enfants sont bons et bien élevés et que l’on peut se fier à eux. Pensez plutôt que leurs cœurs sont inflammables comme des allumettes. Au mieux il ne manque qu’une étincelle pour faire jaillir la corruption. Les parents prennent rarement assez de précautions. Souvenez-vous de la corruption originelle et naturelle de votre enfant et soyez vigilants.
Je cite cela aussi brièvement, pour mettre en garde contre le découragement. Vous avez une promesse claire en votre faveur : « Élève le jeune garçon selon la règle de sa voie ; même lorsqu’il vieillira, il ne s’en détournera point » (Prov. 22:6). Pensez au privilège d’avoir une pareille promesse. Les promesses étaient les seules lumières d’espoir qui réchauffaient les cœurs des patriarches avant que la Bible soit écrite. Énoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, ont tous vécu sur quelques promesses et ont prospéré dans leurs âmes. Les promesses sont des élixirs qui, de tout temps, ont soutenu et fortifié les croyants. Celui qui a un texte clair comme appui n’a jamais de raisons d’être abattu. Pères et mères, quand vos cœurs défaillent et que vous êtes prêts à abandonner, relisez cette parole des Proverbes et prenez courage.
Pensez à Celui qui promet. Ce n’est pas la parole d’un homme qui peut mentir ou se repentir ; c’est la parole du Roi des rois qui ne change jamais. A-t-Il dit, et ne fera-t-Il pas ? aura-t-Il parlé, et ne l’accomplira-t-Il pas ? [Nomb. 23:19]. Aucune chose n’est trop difficile pour Lui [Gen. 18:14 ; Job 42:2 ; Jér. 32:17,27]. Les choses qui sont impossibles aux hommes, sont possibles à Dieu. Cher lecteur, si nous ne tirons aucun profit de la promesse sur laquelle nous insistons, la faute en revient à nous et pas à Lui.
Pensez aussi à ce que la promesse contient, avant de refuser d’en tirer un encouragement. Elle parle d’un certain temps quand une bonne éducation portera du fruit : « quand il vieillira ». Sûrement, il y a là une consolation. Vous pouvez ne pas voir de vos propres yeux le résultat d’une éducation soigneuse, mais vous ne savez pas quels fruits bénis pourront jaillir longtemps après que vous serez mort et disparu. La manière de Dieu n’est pas de donner tout, tout de suite.
« Jette ton pain sur la face des eaux », dit l’Esprit, « car tu le trouveras après bien des jours » (Eccl. 11:1). Beaucoup d’enfants, je ne doute pas, se lèveront et béniront leurs parents pour la bonne éducation reçue, alors qu’ils n’ont jamais donné aucun signe d’en avoir tiré profit durant la vie de leurs parents. Allez de l’avant par la foi, et soyez sûr que votre travail ne sera pas vain. Élie s’est courbé trois fois sur l’enfant de la veuve avant qu’il revive [1 Rois 17:21]. Prenez son exemple, et persévérez.
Sans la bénédiction du Seigneur, vos meilleurs efforts ne produiront pas de bien. Il a les cœurs de tous les hommes dans Sa main ; à moins qu’Il ne touche les cœurs de vos enfants par son Esprit, vous vous fatiguerez en vain. Arrosez donc avec des prières incessantes la semence que vous semez dans leur esprit. Le désir du Seigneur d’entendre nos prières est beaucoup plus fort que notre désir de prier ; Il est bien plus prêt à donner les bénédictions que nous à les demander — mais Il aime qu’on L’implore pour en avoir. Je mets cette question de la prière devant vous comme le couronnement et le sceau de tout ce que vous faites. Je suspecte que l’enfant de beaucoup de prières est rarement rejeté.
Considérez vos enfants comme Jacob considérait les siens ; il dit à Ésaü « Ce sont les enfants que Dieu a donnés à ton serviteur » (Gen. 33:5). Pareillement considérez Joseph quand il dit à son père : « Ce sont mes fils, que Dieu m’a donnés ici » (Gen. 48:9). Comptez les fils comme le Psalmiste : « les fils sont un héritage de l’Éternel … une récompense » (Ps. 127:3). Et demandez au Seigneur, avec une sainte hardiesse, qu’Il soit plein de grâce et miséricordieux envers ceux qui sont Ses dons. Notez comment Abraham intercède pour Ismaël parce qu’il l’aimait : « Oh, qu’Ismaël vive devant toi ! » (Gen. 17:18). Voyez comment Manoah parle à l’ange au sujet de Samson, « Quelle sera la règle du jeune garçon, et que devra-t-il faire ? » (Juges 13:12). Observez avec quelle tendresse Job prenait soin de l’âme de ses enfants : « Job se levait de bonne heure le matin et offrait des holocaustes selon leur nombre à tous, car Job disait : Peut-être mes fils ont-ils péché et ont-ils maudit Dieu dans leurs cœurs. Job faisait toujours ainsi » (Job 1:5). Parents si vous aimez vos enfants, allez et faites de même. Jamais vous ne citerez trop souvent leurs noms devant le trône de grâce.
Et maintenant, cher lecteur, en conclusion, laissez-moi encore insister une fois de plus auprès de vous si vous voulez élever vos enfants pour le ciel, sur la nécessité et l’importance de se servir de tous les moyens en votre pouvoir.
Je sais bien que Dieu est souverain et que Dieu fait toutes choses selon le conseil de Sa volonté. Je sais que Roboam était le fils de Salomon, et Manassé le fils d’Ézéchias et les parents pieux n’ont pas toujours des descendants pieux. Mais je sais aussi que Dieu est un Dieu qui opère par des moyens, et je suis sûr que prendre à la légère les moyens que j’ai mentionnés rendra peu probable que vos enfants tournent bien.
S’il n’y a pas d’éducation permanente à la maison, j’ai tout lieu de craindre que ça finira mal pour l’âme de vos enfants. La maison est le lieu où les habitudes se forment ; la maison est le lieu où les fondements du caractère sont posés ; la maison donne des pré-orientations à nos goûts, à ce que nous aimons et à nos opinions. Veillez, je vous prie qu’il y ait une éducation soigneuse à la maison.
Pères et mères, je vous adjure solennellement devant Dieu et le Seigneur Jésus Christ, prenez toute les peines pour élever vos enfants dans le chemin où ils doivent marcher. Je ne vous adjure pas simplement par amour pour l’âme de vos enfants ; je vous adjure pour votre propre consolation et votre paix future. En vérité c’est votre intérêt d’agir ainsi. En vérité votre propre bonheur en dépend dans une grande mesure. Les enfants ont toujours été l’arc qui a tiré les flèches les plus aigües qui ont percé le cœur de l’homme.
Les enfants ont mixtionné (préparé par mélange) les coupes les plus amères que l’homme ait jamais eu à boire. Les enfants ont été la cause des pleurs les plus tristes que l’homme ait jamais versé. Adam a pu vous le dire ; Jacob a pu vous le dire ; David a pu vous le dire. Il n’y a pas de douleurs sur la terre comme celles que des enfants ont causées à leurs parents. Oh ! tenez-en compte, de peur que votre propre négligence ne vous accable de misère dans votre âge avancé. Tenez-en compte de peur que vous ne pleuriez sous les mauvais traitements d’enfants ingrats aux jours où votre œil s’obscurcira et où la force naturelle faiblira.
Si jamais vous souhaitez que vos enfants soient des bénédictions et non pas des malédictions, des joies et non pas des tristesses, des Juda et non pas des Ruben, des Ruth et non pas des Orpa ; si vous ne voulez pas, comme Noé, avoir honte de leurs actions, ni, comme Rebecca, être lassé de la vie à cause d’eux ; si tout cela est votre désir, rappelez-vous à temps de mon conseil : élevez-les dans le bon chemin tandis qu’ils sont jeunes.
Quant à moi, je conclurai en faisant monter ma prière à Dieu pour tous ceux qui lisent ces lignes : que vous soyez enseignés de Dieu pour sentir la valeur de votre âme. C’est là une raison pour laquelle le baptême est trop souvent une simple forme, et que l’éducation chrétienne est méprisée et dédaignée. Trop souvent les parents ne sentent pas les choses pour eux-mêmes, et par suite ne les sentent pas pour leurs enfants. Ils ne réalisent pas la différence immense entre la vieille nature et la nouvelle, et du coup ils se contentent de laisser les enfants livrés à eux-mêmes.
Que le Seigneur vous enseigne que tout ce qui est péché est abominable, et que Dieu le hait. Alors, je sais que vous mènerez deuil sur les péchés de vos enfants, et que vous vous efforcerez de les arracher comme des tisons hors du feu.
Que le Seigneur vous enseigne combien Christ est précieux, et combien Il a fait une œuvre puissante et complète pour notre salut. Alors j’ai confiance que vous mettrez tout en œuvre pour amener vos enfants à Jésus afin qu’ils vivent par Lui. Que le Seigneur vous enseigne à quel point vous avez besoin du Saint Esprit pour renouveler et sanctifier vos âmes.
Que le Seigneur vous accorde ceci, et j’ai alors bon espoir qu’effectivement vous éduquerez bien vos enfants ; élevez-les bien pour cette vie, et élevez-les bien pour la vie à venir ; élevez-les bien pour la terre, et élevez-les bien pour le ciel ; élevez-les bien pour Dieu, pour Christ et pour l’éternité.