par J. G. BELLETT
Table des matières :
1 - CHAPITRE PREMIER — Son existence éternelle et sa divinité.
3 - CHAPITRE 3 — Sa dépendance.
4 - CHAPITRE 4 — « Élevé dans la gloire »
5 - CHAPITRE 5 — Sa domination sur toutes choses
6 - CHAPITRE 6 — Il remet le royaume
« Le Fils unique qui est dans le sein du Père » (Jean 1:18).
Rien n’est plus à redouter que les raisonnements
dans les choses où les affections
doivent nous animer ; rien de plus dangereux que
d’abandonner le domaine de la puissance vivante pour la région des spéculations
ou des théories. Les mystères de Dieu sont eux-mêmes tous de la plus haute
valeur pratique, pour fortifier dans le service, consoler dans l’épreuve, ou
élargir la communion de l’âme.
L’apôtre Paul parle de lui-même et de ses compagnons de service comme étant des « serviteurs de Christ », et des « administrateurs des mystères de Dieu ». Nous aussi, dans notre mesure, nous sommes appelés à être des serviteurs pratiquement et personnellement actifs et dévoués en tout, patients, diligents et utiles dans les labeurs. Mais nous devons aussi être des « administrateurs des mystères », gardant pures et inviolées les vérités révélées de Dieu. Les raisonneurs de ce siècle peuvent ne pas les recevoir : la croix leur est une folie, et les « chefs de ce monde », les philosophes qui se disent sages, n’ont pas connu « la sagesse de Dieu en mystère ». Toutefois ce mystère ne doit leur être concédé en aucune manière. L’administration nous en a été confiée, et ce qui est requis d’un administrateur, c’est qu’il soit fidèle (1 Cor. 4:1-2).
Maintenir la gloire personnelle du Fils de Dieu et y rendre
témoignage, est une partie importante de cette haute et sainte administration.
L’apôtre Jean le fait avec un soin jaloux. Lorsqu’il s’agit des judaïsants ou
d’autres faux docteurs qui corrompaient la vérité, Paul les combat par divers
arguments. Dans l’épître aux Galates, où il défend la simplicité de l’évangile,
il mêle aux raisonnements les plus serrés et les plus pressants, des appels
pleins de tendresse et des supplications
ardentes. Mais, dans les
épîtres de Jean, tout est péremptoire. Il écarte sommairement et tient à
distance tout ce qui n’est pas de cette « onction de la part du Saint » qui fait
connaître le Fils,
aussi bien que le
Père, qui n’admet pas qu’aucun mensonge vienne de la vérité, et qui dit
nettement : « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père ».
Cette diversité de procédés dont use l’Esprit Saint dans sa sagesse a son importance, et nous devons y faire attention. L’observation des jours ou l’abstention des viandes étaient des choses qui, en réalité, dépréciaient la pleine gloire et la liberté de l’évangile. Toutefois il fallait les supporter (Rom. 14). Mais la dépréciation de la Personne du Fils ne saurait être tolérée ; nous ne pouvons à cet égard passer un décret d’indifférence.
Un simple voyage d’Égypte en Canaan n’aurait pas constitué un vrai pèlerinage. Plusieurs avaient parcouru cette route sans être des étrangers et des pèlerins de Dieu. Les fatigues et les difficultés inhérentes à la traversée d’un désert aride et sans chemin frayé, n’en auraient pas fait un pèlerinage divin ou céleste. Il ne suffit pas d’une vie de labeurs et de renoncement poursuivie même avec ce courage moral qui convient à ceux qui, pour Dieu, sont étrangers sur la terre. Pour faire de ce voyage celui du Dieu d’Israël, il fallait que l’arche fût au milieu des pèlerins, portée par un peuple que le sang avait racheté d’Égypte, et qui se dirigeait vers Canaan dans la foi en la promesse.
Telle était la vocation des enfants d’Israël dans le désert. Ils avaient à suivre l’arche, à l’accompagner et à la sanctifier. Leur faiblesse a pu se trahir et attirer sur eux, de plus d’une manière et en plus d’une occasion, le châtiment et la discipline ; mais du moment qu’ils abandonnaient l’objet direct de leur vocation, tout était perdu. C’est ce qui arriva. En face de l’arche de Jéhovah, ils portèrent le tabernacle de Moloch et l’étoile de Remphan, et, en conséquence, leurs pas furent tournés vers Babylone ou Damas (Amos 5; Act. 7).
Et quelle est l’arche qui, maintenant, est au milieu des saints pour les conduire sûrement, saintement et à la gloire de Dieu, à travers le désert de ce monde ? N’est-ce pas le nom du Fils de Dieu ? Quel est le mystère confié à notre administration et à notre témoignage, sinon celui-là ? « Celui qui demeure dans la doctrine (la doctrine de Christ), celui-là a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises oeuvres » (2 Jean 9-11). Les saints doivent élever un mur de séparation entre eux et ce qui déshonore Christ.
Arrêtons-nous pour considérer, pendant quelques moments, la personne du Seigneur Jésus comme Fils de Dieu, et s’il daigne lui-même nous assister, le sujet de notre méditation sera en bénédiction pour nos âmes.
Nous sommes baptisés « au nom du Père, et du Fils, et du Saint
Esprit ». Ces paroles renferment la déclaration formelle
du mystère de l’essence
divine,
la Trinité, le Fils y
étant
reconnu comme une personne divine, aussi bien que le Père et le Saint Esprit.
Ce mystère — le Père, le Fils et le Saint Esprit, trois
Personnes dans l’unité de la gloire ou de l’essence divine — est présenté dans
d’autres parties des Écritures, d’une manière différente et à un point de vue
plutôt moral.
Elles le montrent dans
sa grâce et sa puissance, et dans son application à nos besoins, à notre vie et
à notre édification. C’est ce que l’on voit spécialement dans l’évangile de
Jean, qui n’énonce pas ce mystère sous la forme précise qu’il a dans les
paroles du baptême, mais qui le place devant l’intelligence des saints, le
présente à nos affections, à nos consciences, et le met en notre possession
dans la foi et la communion.
C’est ainsi qu’au v. 14 du premier chapitre de Jean, on
entend les saints interrompre, pour ainsi dire, l’histoire des gloires de
Jésus, et sceller de leur témoignage cette grande vérité « La Parole devint
chair ». Dans la ferveur qui convenait à un tel moment, le courant de leurs
pensées est comme brisé. Après avoir commencé à parler de la Parole devenue
chair, avant d’avoir achevé leur témoignage, ils proclament (dans une
parenthèse) sa gloire personnelle
qu’ils
disent avoir vue — « la gloire comme d’un Fils unique de la part du Père ». Et
bientôt après (v. 18), il est parlé de ce Fils unique comme étant « dans le sein
du Père » — paroles profondément précieuses pour nos âmes (*).
(*) Il est prwtotokoV ou premier-né en différents sens — et sous ce rapport nous sommes en relation avec Lui : il est prwtotokoV ou premier-né parmi plusieurs frères. Mais il est aussi monogenh, ou Fils unique. Comme tel il est seul.
Le Seigneur, sans doute, est appelé
« le Fils de Dieu », à différents points de vue. Il est nommé ainsi comme né de
la vierge Marie (Luc 1:35). Il est dit Fils de Dieu par un décret
divin, comme aussi en résurrection (Ps. 2:7, Act. 13:33;
Rom. 1:4). Cela est et demeure vrai, bien que d’autres révélations nous soient
données quant à sa filiation divine. Il est le Fils, et cependant il a reçu
le nom de Fils (Héb. 1:1-5).
Matthieu et Marc ne font mention pour la première fois de sa relation avec Dieu
comme Fils, qu’à son baptême. Luc va plus loin, il parle de lui comme Fils du
Très-haut avant sa naissance dans ce monde. Mais Jean remonte plus haut encore,
jusque dans l’incommensurable et ineffable distance de l’éternité, et nous
l’annonce comme Fils dans le sein du Père.
Sans doute, tous ne le discernaient pas avec la même clarté ; il y avait chez ceux qui s’adressaient à lui différentes mesures de foi touchant sa Personne. Lui-même, par exemple, reconnaît que la foi du centurion qui saisissait sa gloire personnelle, dépassait ce qu’il avait trouvé en Israël. Mais tout cela n’affecte en rien ce que nous apprenons touchant sa Personne, savoir qu’il était le Fils « dans le sein du Père », ou « la vie éternelle qui était auprès du Père », et qui nous a été manifestée.
Nous ne devons pas, bien-aimés, toucher à ce précieux mystère. Craignons d’obscurcir la lumière de cet amour, dans lequel nos âmes sont invitées à marcher en poursuivant leur chemin, vers le ciel. Et — si j’ose exprimer cette pensée plus douce et plus profonde — craignons d’admettre aucune confession de foi (ou plutôt d’incrédulité) qui priverait le sein de Dieu de ses éternelles et ineffables délices, qui nous dirait que notre Dieu n’a pas connu de toute éternité, la joie d’un Père, et que notre Seigneur ne goûtait pas de toute éternité, la joie d’un Fils quand il reposait dans le sein du Père.
Si dans l’essence divine, il y a des Personnes, comme nous
savons qu’il y en a, ne devons-nous pas aussi reconnaître qu’il existe entre
elles des relations ? Le Père, le Fils et le Saint Esprit ne sont-ils pas
révélés à notre foi, le Fils engendré et le Saint Esprit procédant du Père ?
Assurément. Les Personnes dans cette gloire ne sont pas indépendantes
l’une de l’autre, mais en relation
l’une avec l’autre. Et ce n’est pas dépasser notre
mesure que de dire que le grand architype de l’amour, le précieux modèle ou
l’original de toute affection de relation, se trouve dans cette relation entre
les Personnes divines.
Pouvons-nous accepter cette pensée d’incrédulité qu’il n’y a pas
de Personnes
dans l’essence divine,
et que le Père, le Fils et le Saint Esprit ne sont que différentes
manifestations de la même Personne ? La substance
même de l’évangile en serait détruite. Et cette autre pensée d’incrédulité
que ces Personnes divines ne sont pas en relation entre elles, jetterait une
ombre sur l’amour
révélé dans
l’évangile.
On me demandait un jour si le « sein du Père » n’avait existé
qu’au jour où le petit enfant naquit à Bethléhem. À cette question, je réponds
avec une entière assurance : Certainement le sein du Père a existé de toute
éternité. Il était l’habitation éternelle dont jouissait le Fils, et où il
était l’ineffable délice du Père. C’est « la retraite cachée de l’amour », a dit
quelqu’un, « de l’amour ineffable
plus
élevé que la gloire, car la gloire peut être révélée, mais non pas cet amour ».
Il est insondable.
L’âme peut n’avoir pas été exercée touchant ces vérités, mais
les saints ne peuvent admettre qu’on les nie. L’âme n’ose livrer ce mystère aux
pensées des hommes. La foi défend ce terrain contre « la philosophie et les
vaines déceptions ». Les Juifs même réfutent la difficulté que plusieurs
trouvent à l’admettre. Ils comprenaient qu’affirmer être Fils de Dieu,
comme le faisait le Seigneur, c’était se dire égal à
Dieu. Dans leur pensée, se dire Fils, bien loin d’impliquer qu’il s’agissait d’une
Personne secondaire ou inférieure, affirmait l’égalité.
Dans une autre occasion, ils accusent Jésus de
blasphème, disant qu’il se faisait Dieu
parce
qu’il revendiquait sa relation de Fils avec Dieu, son Père (Jean 5, 10). C’est
ainsi que les Juifs, à plus d’une reprise, réfutent cette misérable difficulté
que soulèvent l’incrédulité et les vaines déceptions des hommes. Ils étaient
assez sages pour ne pas vouloir soumettre au prisme des raisonnements humains
la lumière où Dieu habite.
« Personne ne connaît le Fils si ce n’est le Père », est une
parole qui doit arrêter nos raisonnements, et la déclaration que la vie
éternelle nous a été manifestée, pour que nous ayons communion avec le Père et
le Fils (1 Jean 1: 2), exprime distinctement l’ineffable mystère du Fils
comme étant une Personne dans
l’essence divine, comme étant « la vie éternelle » auprès du Père. Il est aussi
écrit : « Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître ».
Et je le demande, quel autre que Dieu peut faire connaître Dieu ? En un certain
sens, on peut définir
Dieu. Mais le
coeur de l’Église ne saurait se contenter de ces définitions, bien que la
sagesse du monde ne connaisse rien d’autre. Il nous faut une connaissance ou
une révélation de lui-même que lui seul
peut
donner. Le Fils dans le sein du Père, le Fils qui a fait connaître Dieu,
peut-il donc être autre qu’une Personne divine ?
Rien ne saurait répondre à tout ce que l’Écriture nous dit de ce
grand mystère, sinon la foi en ceci : le Père et le Fils sont dans la gloire de
l’essence divine, et, quoique égaux en gloire, il y a entre eux cette relation
de Père et de Fils. « Celui qui était auprès de Dieu au commencement, éternel
comme Dieu, Dieu lui-même, était aussi le Fils de Dieu », a dit quelqu’un ; puis
il ajoute : « Dieu permet que plusieurs choses restent des mystères, en partie,
je le pense, afin d’éprouver de cette manière l’obéissance de nos esprits,
car il demande de nous cette
obéissance d’esprit, tout autant que celle en action. Cette sujétion de l’esprit
à Dieu est une partie de la
sainteté, et c’est une chose que l’Esprit de Dieu seul peut donner. Lui seul
est capable de calmer et d’humilier ces puissances intérieures de l’esprit qui
s’élèvent et osent juger des choses de Dieu, refusant de recevoir ce qu’elles ne
comprennent pas ; désobéissance et orgueil qui n’ont leurs pareils que dans la
désobéissance et l’orgueil de Satan ». Garantie sainte et bien à propos pour nos
âmes ! « Qui est le menteur », demande l’apôtre, « sinon celui qui nie que Jésus
est le Christ ? » Et immédiatement après, il ajoute : « Celui-là est l’antichrist
qui nie le Père et le Fils », et encore : « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus
le Père », paroles bien sérieuses que l’Esprit Saint nous donne. Comment
aurions-nous la connaissance du Père sinon par le Fils et dans le Fils ? Le Père
peut-il être connu autrement ? C’est pourquoi il est écrit : « Quiconque nie le
Fils, n’a pas non plus le Père ? » Je puis dire : « Abba, Père », dans l’esprit
d’adoption ; — un poète a pu dire « Car aussi nous sommes sa race » ;—mais Dieu
n’est pas connu réellement comme le Père
,
si le Fils n’est pas reconnu comme étant dans la gloire de l’essence divine.
Nous avons l’assurance, sous la sanction de l’autorité divine,
que si l’onction que nous avons reçue demeure en nous, nous demeurerons dans le Fils
et dans le Père.
Le Fils peut-il être honoré comme le Père (Jean 5:23), s’il
n’est pas reconnu comme étant dans l’essence divine ? La foi en lui ne consiste
pas à croire qu’il est un Fils de Dieu, ou Fils de Dieu comme né de la vierge,
ou comme ressuscité d’entre les morts, bien que ce soient des vérités qui le
concernent. La foi en lui est la foi en sa propre Personne. Je ne puis pas
appeler Jésus « Fils de Dieu », sauf dans la foi en sa relation divine
comme Fils. L’intelligence qui
nous a été donnée, l’a été, « afin que nous connaissions le Véritable », et comme
étant « dans le Véritable, savoir dans son
Fils
Jésus Christ ». À cela l’apôtre ajoute : « Lui est le Dieu véritable et
la vie éternelle ».
« La vérité », dans le sens que lui donne la seconde épître de
Jean, n’est-elle pas « la doctrine du Christ », ou l’enseignement de l’Écriture
touchant la personne de Christ
? Et la
vérité de la relation de Fils dans l’essence divine n’y est-elle pas renfermée ?
Oui, car il y est dit : « Celui qui demeure dans la doctrine, celui-là a le Père et le Fils ».
Et la
porte doit être fermée contre ceux qui n’apportent pas cette doctrine du Christ
— la même épître parlant de lui comme du « Fils du Père », paroles qui ne
sauraient s’appliquer à lui comme né de la vierge par l’opération du Saint
Esprit.
Mais de plus, l’amour de Dieu peut-il être compris selon l’Écriture, si la divinité du Fils n’est pas reconnue ? Cet amour ne tire-t-il pas son caractère de cette doctrine même ? N’est-ce pas sur ce fondement-là que nos coeurs sont touchés et attirés ? « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Et encore : « En ceci est l’amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima, et qu’il envoya son Fils pour être la propitiation pour nos péchés ». Et auparavant, l’apôtre avait dit : « En ceci a été manifesté l’amour de Dieu pour nous, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui,… et nous avons vu et nous témoignons que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde ».
Cet amour ne perdra-t-il pas immédiatement son incomparable
gloire, si la vérité de la divinité éternelle du Fils est mise en question ? Que
répondraient nos âmes à celui qui nous dirait que ce n’est pas son propre
Fils que Dieu n’a point
épargné, et a livré pour nous tous ? Combien cela dessécherait le coeur
d’apprendre que Celui que Dieu a ainsi livré (voy. Rom. 8:32), n’était son Fils
que comme né de la vierge, et que ces paroles : « Il n’a pas épargné son propre
Fils », se rapportent à ce qui en lui est humain,
et non à ce qui est divin.
Prenons bien garde d’amoindrir la portée de la précieuse parole
de Dieu, pour l’accommoder aux préjugés de l’homme. Était-ce avec son
serviteur, ou avec un étranger, ou avec quelqu’un qui fût simplement né dans sa
maison, qu’Abraham se rendait à Morija ? Était-ce avec un fils d’adoption, ou
bien avec son propre fils, son fils même, son fils unique qu’il aimait ? Nous
savons comment répondre à ces questions. Et je ne sais pas comment je pourrais
parler du Fils
de Dieu qui m’a aimé
et qui s’est livré lui-même pour moi, si je ne le recevais point par la foi
comme le Fils dans le sein du Père, le Fils dans la gloire de l’essence divine.
Le Fils est le Christ. Dieu, dans la personne de son Fils, a
entrepris pour nous toute l’oeuvre officielle,
toute l’oeuvre pour laquelle était nécessaire un Christ, oint de Dieu. Il
l’a fait dans la personne de Jésus. En conséquence, nous disons : « Jésus Christ,
le Fils de Dieu ». Le Fils unique, le Christ, Jésus de Nazareth, sont une même
personne. Mais c’est dans sa gloire
personnelle et essentielle,
dans son
office,
et dans l’humanité qu’il a
prise,
que nous le voyons sous ces noms différents.
Nous pouvons suivre son merveilleux sentier depuis la gloire
jusqu’à ce qu’il hérite de toutes choses. Quelles découvertes, bien-aimés, nous
faisons touchant sa Personne ! Lisez ce que disent de lui les passages suivants :
Prov. 8:23-31; Jean 1: 1-3, Éph. 1:10; Col. 1:13-22; Héb. 1:1-3, 1 Jean 1: 2;
Apoc. 3:14. Méditez sur sa Personne, telle qu’elle vous est présentée dans ces
glorieuses Écritures. Laissez-les vous pénétrer de leurs diverses lumières pour
voir Celui en qui vous vous confiez, Celui qui a tout quitté pour vous, Celui
qui a foulé, et foule encore, un tel sentier — et dites-moi si vous pouvez vous
séparer de Lui
ou de ce sentier ?
Il était dans le sein du
Père — il était là la vie éternelle auprès du Père, Dieu, et cependant auprès
de Dieu. En conseil il était alors établi, avant le commencement de la
poussière du monde. Ensuite, il fut le Créateur de toutes choses dans leur
beauté et leur ordre primitifs ; puis, dans leur état de péché et de ruine, le
Réconciliateur de toutes choses, et bientôt, dans leur réunion en un, il sera
l’Héritier de toutes choses. Notre foi le contemple ainsi, et parle ainsi de
lui. Nous disons : Il était dans les conseils éternels, dans le sein de la
vierge, dans les afflictions de ce monde, dans la résurrection d’entre les
morts ; il est couronné dans le ciel de gloire et d’honneur, et sera, avec toute
autorité et louange, Héritier et Seigneur de toutes choses.
Admettez qu’il n’était pas dans le sein du Père de toute
éternité, puis demandez à votre âme si elle n’a rien perdu de l’intelligence et
de la joie de ce précieux mystère, déroulé ainsi devant elle d’éternité en
éternité. Je ne puis comprendre un saint soutenant une telle chose, et je ne
pourrais consentir à me joindre à une confession de foi, disant de mon Père
céleste qu’il n’a pas donne son propre
Fils
pour moi.
Quelle bénédiction il y aurait pour nous — Si nous étions capables de suivre cette pensée — de contempler le Seigneur tout du long de ce sentier jusqu’au trône de la gloire !
Et j’ajouterai : à chaque
pas de sa course nous le voyons, objet dans le coeur de Dieu des mêmes et
parfaites délices ;
toute sa joie à la fin, autant qu’au commencement, bien
qu’avec ce privilège et cette gloire, qu’il
faisait ses délices d’une manière bienheureuse et merveilleusement variée.
L’Écriture
nous permet de suivre cette précieuse pensée. Nous ne parlons pas de cette joie
que le Fils avait dans le sein du Père de toute éternité. Nous ne le pourrions
pas. Le sein du Père était « la retraite
cachée
de l’amour » — et la joie qui accompagnait cet amour est aussi
inexprimable que lui-même.
Mais lorsque son Bien-aimé fut établi comme centre de toutes les opérations divines et fondement de tous les conseils de Dieu, il était encore les délices de Dieu. C’est dans cette position et dans ce caractère, que nous le voyons au chap. 8 des Proverbes (v. 22-31). Dans ce merveilleux passage, la Sagesse, ou le Fils, est vue comme l’origine, l’auteur et le soutien de toutes les oeuvres et de tous les conseils divins ; établi selon les desseins de Dieu avant que le monde fût, ainsi que nous le présentent plusieurs passages du Nouveau Testament (Voy. Jean 1: 3; Éph. 1:9-10; Col. 1:15-17).
En tout cela, il peut dire de lui-même : « J’étais alors à côté de lui son nourrisson, j’étais ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui ».
Et lorsque l’accomplissement du temps est arrivé, le Fils de Dieu vint dans le sein de la vierge. Qui peut dire ce mystère ? Il est réel, mais nul ne peut le sonder. C’est un autre moment de joie et une nouvelle occasion de la faire naître ; des anges viennent proclamer le mystère et l’annoncer aux bergers dans les campagnes de Bethléhem.
Alors, sous une nouvelle forme, le Fils de son amour commença une autre carrière. À travers les souffrances et dans son service comme Fils de l’homme, on le voit sur la terre, mais toujours et sans mélange les délices ineffables du Père, comme dans les siècles cachés de l’éternité. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouve mon plaisir » ; « voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir », telles sont les paroles du Père, exprimant sa joie immuable en suivant les pas de Jésus sur cette terre souillée.
Or cette même voix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir », se fit entendre une seconde fois sur la sainte montagne, au jour de la transfiguration, de même qu’on l’avait entendue à son baptême sur les rives du Jourdain. La transfiguration était le gage et la figure du royaume, de même que le baptême était l’entrée dans son ministère et son témoignage. Mais le sein du Père jouit toujours des mêmes délices là où se trouve le Fils, soit que son regard le suive le long du sentier solitaire ou, comme serviteur Jésus traversa un monde souillé, soit qu’il le contemple sur les hauteurs où, comme Roi de gloire, il dominera sur le monde millénaire.
Ce sont ses délices
en
lui, délices parfaites et toujours les mêmes d’éternité en éternité. Aucun
arrêt, aucune interruption, dans la joie de Dieu en lui, bien qu’elle soit
variée — joie immuable dans sa plénitude et sa profondeur, quelles que soient
les occasions qui la font naître. Celui qui la cause est toujours et en tout le
même, et telle est aussi la joie. Elle ne connaît pas différentes mesures,
bien que les sources
en soient diverses.
Or ce Jésus fut sans souillure dans tout son sentier d’éternité en éternité ; aussi saint dans le sein de la vierge, que dans le sein du Père ; aussi pur et sans tache à la fin de son voyage ici-bas, que lorsqu’il le commença ; aussi parfait comme serviteur, que comme Roi ; une perfection infinie caractérisant le tout, et le bon plaisir du Père reposant en toutes choses sur lui.
Si seulement l’âme était pénétrée de la pensée que ce précieux
Seigneur (contemplé soit où
il est,
soit tel
qu’il est) est le même qui,
de toute éternité, était dans le sein du Père, si cette pensée était retenue
avec force par la puissance du Saint Esprit, plus d’une tendance dans notre
esprit qui maintenant le souille, serait arrêtée. Celui qui était dans le sein
de la vierge, est le même qui était dans le sein du Père ! Quelle pensée !
L’Éternel des armées, assis sur son trône haut et élevé, comme Ésaïe le vit,
Celui que les séraphins ailés adoraient, était Jésus de Galilée ! Aussi pur
comme Homme
qu’il l’était comme Dieu
— sans tache dans le vase humain, comme il l’était dans le sein éternel — aussi
immaculé au milieu des souillures du monde, que lorsqu’il était tous les jours
les délices du Père, avant que le monde fût ! Quelle ineffable pensée !
Si l’âme est pénétrée de ce mystère, bien des pensées qui surgissent dans notre esprit, trouveront immédiatement leur solution. Qui oserait, en présence d’un semblable mystère, parler légèrement, comme plusieurs l’ont fait ? Que sa gloire apparaisse à l’âme, et, comme les séraphins, nous nous voilerons la face, et tels que Moïse, nous ôterons les sandales de nos pieds.
Les divins raisonnements de la première épître de Jean montrent,
je le pense, que nos vues touchant le Fils de Dieu affectent la communion de
l’âme. Car, dans cette épître, l’amour
est
manifesté dans le don du Fils, et nous demeurons dans l’amour. Si donc j’estime
que le Père en donnant le Fils, n’a fait don que de la semence de la vierge,
l’atmosphère dans laquelle je demeure est obscurcie. Mais si ce don est pour
moi celui du Fils qui, de toute éternité, est dans le sein du Père, mon
sentiment de l’amour s’élève, et avec lui le caractère de ce en quoi je
demeure. C’est ainsi que la communion de l’âme est affectée par notre
appréciation du Fils. En conversant avec les saints, on peut voir, il est vrai,
que plusieurs, à cause de la simplicité de leur foi, bien que n’ayant qu’une
faible mesure de vérité, en jouissent plus que d’autres qui en ont une plus
considérable. Mais cela ne touche en rien les pensées et les raisonnements de
l’Esprit dans cette épître. Il reste toujours vrai que l’amour
est ce en quoi nous demeurons,
et notre communion tirera son caractère de la manière dont nous
apprécierons l’amour. Et pourquoi, je le demande, chercherions-nous à affaiblir
la jouissance de la communion, et ainsi notre jouissance en Dieu ? Le mal gît en
ceci — si j’ose parler pour d’autres — c’est que nous nous soucions trop peu
des choses précieuses que nous avons en Lui.
Le Fils, le Fils unique, le Fils du Père, s’est « anéanti
lui-même », afin d’accomplir le bon plaisir de Dieu, en servant de misérables
pécheurs. Mais le Père souffrira-t-il que les pécheurs, pour qui toute cette
humiliation a été endurée, en prennent occasion pour déprécier le Fils ? Cela ne
peut être, comme nous le dit Jean 5:23. Jésus avait déclaré que Dieu était son Père, «
se faisant ainsi égal à Dieu
».
Mettrions-nous en question que Dieu l’ait soutenu dans sa
déclaration ? Que font donc ceux qui nient que le Fils soit dans l’essence
divine ? Le Père n’acceptera pas l’honneur qu’on voudrait lui rendre, si, en
même temps, il n’est pas rendu au Fils, car « celui qui n’honore pas le Fils,
n’honore pas le Père qui l’a envoyé ».
L’Esprit fut donné aux disciples par Jésus ressuscité, lorsqu’il
souffla en eux (Jean 20). Le Saint Esprit procéda alors de lui, et ainsi l’Esprit
fut (*).
Mais dira-t-on pour cela, qu’il n’était pas auparavant dans l’essence divine ?
Jamais un saint n’aura cette pensée. Il en est ainsi du Fils.
L’Esprit Saint vint sur Marie ; la puissance du Très-haut la
couvrit de son ombre, et c’est pourquoi la sainte chose qui naquit d’elle fut
appelée Fils de Dieu. Mais cela ne touche en rien la vérité qu’auparavant il
était le Fils dans l’essence divine.
(*) Voyez Jean 7:39 (Note
du trad).
Considérons encore la première épître
de Jean. Il s’adresse aux pères, aux jeunes gens et aux petits enfants. Les « pères »
sont ceux qui ont « connu Celui
qui est dès le commencement ». Ils demeurent dans « la doctrine de Christ » et ont
« le Père et le Fils ». L’onction de la part du Saint est puissante en eux, si je
puis m’exprimer ainsi. Ils ont écouté avec un profond recueillement d’âme, la
déclaration du Père par le Fils (Jean 1:18). Ayant vu le Fils, ils ont aussi vu
le Père (Jean 14: 7-11). Ils gardent les paroles du Fils et du Père (Jean
14:21-23). Ils savent que le Fils est dans le Père, eux dans le Fils et le Fils
en eux. Ils ne sont pas orphelins (Jean 14:18-20).
Les « jeunes gens »
sont
ceux qui ont « vaincu le méchant », celui qui agit dans le monde en niant le
mystère du Christ (1 Jean 4: 1-6) Mais ils ne sont pas établis dans la pleine
puissance de ce mystère, comme les pères le sont et ils ont besoin
d’exhortations. L’apôtre les avertit donc contre tout ce qui appartient au
monde parce qu’ils ont déjà vaincu cet esprit qui, dans le monde, s’oppose à
Christ.
Les « petits enfants »
sont
ceux qui ont « connu le Père ». Mais ils ne sont que de petits enfants ; ils ont
donc besoin d’être enseignés et exhortés. Leur connaissance du Père a quelque
chose qui manque de maturité, et qui n’est pas aussi liée que celle des pères
avec la connaissance du Fils, de « Celui qui est dès le commencement ». L’apôtre
les met donc en garde contre les antichrists, les décrivant comme s’élevant
contre « la vérité » ou « la doctrine du Christ ». Il leur dit que « celui qui nie
le Fils, n’a pas non plus le Père », que si l’onction qu’ils ont reçue demeure
en eux, ils demeureront sûrement dans le Fils et dans le Père, et que la maison
de Dieu porte ce caractère qu’aucun de ceux qui ne goûtaient pas cette onction,
ne pouvait y rester. Il leur rappelle que la promesse que le Fils a promise,
est la vie éternelle. Et enfin, il les exhorte à demeurer dans ce que cette
onction enseigne, afin qu’eux, les apôtres, ne soient pas couverts de honte au
jour de l’apparition du Fils.
Tout ce précieux passage des Écritures traite donc de la Personne du Fils,
ou de « la doctrine
du Christ ». C’est leur progrès dans cette
vérité, leur relation avec
elle,
et non leur caractère général de
chrétien,
qui les distingue comme pères, jeunes gens, et petits enfants.
Ces exhortations ont donc en vue le grand sujet de toute l’épître, c’est-à-dire
le Fils de Dieu.
En effet, c’est lui
qui la caractérise d’un bout à l’autre. C’est le sang du Fils
qui purifie. Nous avons un avocat auprès du Père, et qui
est-il, sinon le Fils ?
C’est dans le Fils
que l’onction que nous avons reçue
nous fait demeurer. C’est le Fils
qui
a été manifesté pour détruire les oeuvres du diable. C’est dans le nom du Fils
qu’il nous est dit de croire. C’est
le Fils
qui a été envoyé pour
manifester ce qu’est l’amour. C’est la foi dans le Fils
qui donne la victoire sur le monde. C’est touchant le Fils
qu’est le témoignage de Dieu. C’est
dans le Fils
que nous avons la vie.
C’est le Fils
qui est venu pour nous
donner une intelligence, et c’est en lui
que
nous sommes. C’est le Fils
qui est le
Dieu véritable et la vie éternelle. Nous trouvons tout cela dans cette épître,
et ainsi c’est le Fils
qui est le
grand objet qu’elle nous présente. L’apôtre distingue les pères, les jeunes
gens et les petits enfants, selon
leur
relation avec cet objet ; d’après la
mesure selon laquelle leurs âmes le saisissent.
Ainsi tout, dans cette
épître, se trouve être conséquent d’une manière divine et précieuse.
Jean, dans le même écrit, parle beaucoup d’amour et de justice,
comme ce qui découle
nécessairement du fait que nous sommes nés de Dieu, et en est la preuve. Mais,
en même temps il parle d’une vraie ou d’une fausse confession de Christ.
Considère-t-il les premières choses comme pratiques
et vivantes,
et les autres comme spéculatives ?
Il ne nous autorise en
rien à faire cette distinction. Toutes sont traitées comme ayant le même
caractère, et il nous fait connaître que l’exercice de l’amour et la pratique
de la justice ne compléteraient pas le témoignage d’une âme née de Dieu, sans
la connaissance et la confession du Fils.
Si, dans la vision, Ésaïe avait pu suivre le sentier de Jésus parcourant les villes et les villages de son pays natal, dans quelle adoration perpétuelle n’aurait-il pas été ? Il avait vu sa gloire. Il l’avait contemplé sur son trône haut et élevé, les pans de sa robe remplissant le temple et les séraphins se voilant la face, en reconnaissant en Jésus la gloire de la Déité. Ésaïe « vit sa gloire, et parla de lui » (Jean 12, Ésa. 6). Et nous avons besoin de la voir ainsi par la foi — la foi dans le Fils, la foi en Jésus, la foi en son Nom ; nous avons besoin de saisir sa Personne, d’avoir le sentiment de sa gloire, cachée derrière un voile plus épais que l’aile d’un séraphin, le voile d’un Galiléen humble et rejeté du monde.
En terminant, rappelons-nous ce que dit le Seigneur touchant les serviteurs qui ont à donner aux autres la nourriture dans le temps convenable (Matt. 24; Luc 12). Ils doivent avoir soin de ne pas corrompre cette nourriture. Ils ont à « paître l’assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils », dit un apôtre. « Paissez le troupeau de Dieu qui est avec vous », dit un autre. Et l’Assemblée de Dieu et le troupeau de Dieu doit croître de « l’accroissement de Dieu ». Merveilleuses paroles !
Veillons, bien-aimés, sur les tentatives de l’ennemi pour
corrompre la nourriture des esclaves du Seigneur. Les enseignements de Jean
touchant le Fils de Dieu,
et ceux de
Paul touchant l’Assemblée de Dieu,
sont
la nourriture qui convient au temps actuel,
et nous ne devons pas accommoder au goût et aux raisonnements des hommes la
nourriture que Dieu a mise en réserve pour ses saints. La manne doit être
recueillie telle qu’elle vient du ciel, et apportée au camp des voyageurs pour
les nourrir du pain des anges.
« Et maintenant, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés » ; telles sont les paroles de Paul, bien applicables aussi de nos jours.
« Et la Parole devint chair, et habita au milieu de nous ».
Dans l’histoire de la chair et du sang qui nous est donnée dans les Écritures, nous apprenons que, par le péché la mort est entrée dans le monde. Pour tous ceux qui sont représentés comme étant en Adam, la sentence était : « Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement ». Mais touchant la semence de la femme qui n’était pas ainsi représentée, il avait été dit au serpent : « Tu lui briseras le talon ». La mort de cette semence devait avoir un caractère aussi particulier que sa naissance. Selon celle-ci, il devait être la semence de la femme, et dans sa mort, avoir son talon brisé. Quand les temps furent accomplis, Celui qui avait été promis naquit « de femme ». Le Fils de Dieu, Celui qui sanctifie, participa à la chair et au sang ; il devint « la sainte chose » qui naquit de Marie.
La mort avait-elle aucun droit sur lui ? Non, aucun. Selon l’alliance éternelle, il devait avoir le talon brisé, mais la mort n’avait aucun droit sur sa chair et son sang. Dans cet Être béni, il y avait, si j’ose ainsi l’exprimer, la capacité de répondre au dessein divin, que son talon serait brisé ; mais en aucune manière il n’était exposé à la mort.
Sous l’alliance éternelle, pour accomplir le dessein de Dieu et selon son propre bon plaisir divin, il s’était livré lui-même, disant : « Voici, Je viens ». En vue des grandes fins que Dieu se proposait : déployer sa gloire et donner la paix au pécheur, il avait pris « la forme d’esclave ». Au temps convenable, il fut « fait à la ressemblance des hommes », et étant « en figure comme un homme », il poursuivit sa course d’humiliation volontaire « jusqu’à la mort de la croix » (*) (Philippiens 2).
(*) C’est ce qu’il n’aurait pu faire, s’il n’eût été égal à
Dieu. En effet, toute créature, tout être moindre que Dieu, est déjà serviteur
de son Créateur. Un Juif
pouvait être le serviteur volontaire
d’un autre Juif — un serviteur dont l’oreille avait été percée (Ex. 21). Mais
aucune créature ne saurait
être
serviteur volontaire
de Dieu, parce
que toute créature est déjà tenue d’être telle, à cause de sa relation avec
Dieu comme Créateur.
C’est ainsi que nous le voyons durant toute sa vie. Il voile sa gloire, « la forme de Dieu » sous celle « d’esclave » ; il ne cherchait pas la gloire de la part des hommes. Il honorait le Père qui l’avait envoyé et non pas lui-même. Il ne voulait pas se faire connaître. Il ne voulait pas se montrer au monde. C’est ce que nous lisons de lui. Tout cela convenait à la « forme » qu’il avait prise, et nous en trouvons la parfaite illustration dans les récits des évangiles.
Sous cette forme humble, qui cache celle de Seigneur de la terre et de la mer, il consent à payer le tribut. On le lui demande, ou au moins on demande à Pierre : « Votre Maître ne paie-t-il pas les didrachmes ? » Le Seigneur déclare sa liberté de le faire ou non, mais de peur de scandaliser, il paie pour lui et pour Pierre. Mais quel était celui qui se soumettait ainsi au tribut ? C’était Celui duquel il est écrit : « La terre appartient à l’Éternel, et tout ce qu’elle contient ». Et, en effet, il commande à un poisson de la mer de lui apporter la pièce d’argent même qui lui était nécessaire et qu’il fait donner aux préposés à l’impôt (Matt. 17).
Quel exemple frappant de ce qu’est le précieux mystère de la
piété ! Celui qui était « en forme de Dieu », et qui « ne regardait pas comme un
objet à ravir d’être égal à Dieu », se servant des trésors du grand abîme et
commandant comme étant toutes à lui
,
aux créatures formées par la main de Dieu, Celui-là avait pris la forme d’un
« esclave ! » Quelle gloire nous voyons briller à travers le nuage, en considérant
cette circonstance passagère et aussi vulgaire ! Tout se passait entre le
Seigneur et Pierre, mais c’était une manifestation de la « forme de Dieu » cachée
sous la « forme d’esclave », de quelqu’un qui était soumis à la puissance
humaine. Tout ce que la terre contient lui était tributaire, au moment même où
il consentait à être tributaire des hommes. Dans une autre occasion, le convive
sans apparence qui se trouvait à un festin de noces, faisait les frais de la
fête, non seulement comme s’il eût été « l’époux », mais comme le Créateur de
tout ce qui y était servi. Là encore, « il manifesta sa gloire, et ses disciples
crurent en lui ».
Il est aussi écrit de lui : « Il ne contestera pas et ne criera pas ; et personne n’entendra sa voix dans les rues » ; il ne voulait pas briser le roseau froissé, mais plutôt se retirer. Et c’était parce qu’il avait pris « la forme de serviteur », comme le dit le passage de l’Écriture que cite l’évangile : « Voici mon serviteur que j’ai élu » (Matthieu 12).
Tous ces incidents montrent d’une manière significative quelle était sa voie. « Montre-nous un signe du ciel », disaient les pharisiens (Matt. 16). C’était une nouvelle tentation placée devant lui pour l’engager à s’élever lui-même, comme lorsque Satan cherchait à lui persuader de se précipiter du haut du temple, ou lorsque les siens lui disaient : « Montre-toi au monde toi-même ». Mais que répond le parfait serviteur ? Il ne sera pas donné d’autre signe que celui de Jonas — un signe d’humiliation, un signe que le monde et le prince de ce monde remporteraient en apparence et pour un moment, un avantage sur lui, au lieu d’un signe qui aurait frappé de terreur et réduit au silence le monde forcé de se soumettre à lui.
Elles sont d’une excellence et d’une beauté exquises, ces traces du parfait serviteur de Dieu. David et Paul se tenant, pour ainsi dire, de chaque côté de sa Personne, comme Moïse et Élie sur la sainte montagne, reflètent l’image de Celui qui, comme serviteur, se cachait lui-même. David avait frappé le lion et l’ours, et Paul fut ravi au troisième ciel — mais ni l’un ni l’autre ne parlèrent de ces faits. Ces actes étaient de brillants reflets du parfait serviteur. Mais David et Paul comme d’autres mentionnés dans l’Écriture, ou ceux que nous rencontrons parmi les saints, sont trop loin du grand Modèle pour que nous puissions le mesurer. Il cachait « la forme de Dieu » sous « la forme d’esclave ». C’est lui qui avait été la force de David quand celui-ci frappa le lion et l’ours, et il était le Seigneur de ce ciel où Paul fut ravi, mais il était ici-bas sous la forme de quelqu’un qui n’avait pas « où reposer sa tête ».
Il en est de même au sommet, puis au pied de la sainte montagne. Au sommet, durant un moment fugitif, il se montre à ses élus comme le Seigneur de gloire. Redescendu dans la plaine, il était seulement Jésus, défendant à ses disciples de dire à personne la vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme eût été ressuscité d’entre les morts (Matt. 17).
Observez-le encore dans la nacelle sur le lac durant l’orage. Il était là comme un travailleur fatigué auquel le sommeil était doux. Telle était la forme dans laquelle il se manifestait. Mais sous ce voile était « la forme de Dieu ». Il se lève, et comme Celui « qui a rassemblé le vent dans le creux de ses mains, et qui a serré les eaux dans un manteau » (Prov. 30:4), il reprend le vent, et dit à la mer : « Fais silence, tais-toi ! » (Marc 4).
C’est dans les pleines et diverses gloires du Jéhovah d’Israël, que notre Jésus passe parfois devant nous. Autrefois, le Dieu d’Israël avait commandé aux créatures du grand abîme, et « un grand poisson » avait été préparé pour engloutir Jonas, et être pour lui un tombeau pendant le temps fixé. De même, en son temps, Jésus se montra le Seigneur de « cette mer grande et vaste » et de tout ce qu’elle contient, et commanda à une multitude de poissons de se rassembler dans le filet de Pierre (Luc 5). « Les animaux, les petits avec les grands », qui s’ébattent dans les eaux, reconnaissaient dans les premiers temps comme dans de plus rapprochés, la voix de Jéhovah — Jésus.
Ainsi le Dieu d’Israël, comme Seigneur de tout ce que la terre aussi bien que la mer contiennent, se servit facilement d’une ânesse muette pour réprimer la folie du prophète. Et il se montre encore plus dans ce caractère, lorsque l’arche dut être ramenée du pays des Philistins. Le Dieu d’Israël fit éclater sa puissance sur ce que la nature a de plus fort, en obligeant les jeunes vaches attelées au char qui portait l’arche, à se diriger, sans se détourner ni à droite ni à gauche, vers Beth-Shémesh sur les frontières d’Israël, en dépit des fortes résistances de tous leurs instincts naturels.
Plus tard, le Seigneur Jésus agit en affirmant de la manière la
plus frappante la même gloire et la même puissance du Dieu d’Israël. Lui, la
vraie arche, avait aussi à retourner en son lieu, Le moment vint, dans la suite
de son histoire, où, comme l’arche aux jours de Samuel, il devait être
transporté de la place où il était dans ce monde. Il avait à visiter Jérusalem
entouré de sa gloire. Il était nécessaire
que, comme Roi de Sion, il entrât dans la cité royale, et il prend un ânon,
le petit d’une ânesse, pour lui rendre ce service. Il le fait, dans la
conscience de sa dignité et de ses droits comme Seigneur de toute la terre. Le
possesseur de l’ânon écoute ce message : « Le Seigneur en a besoin », et
contrairement à la nature, en opposition à tout ce que le coeur de l’homme
aurait pu dire touchant son droit, « il l’envoie aussitôt ».
Ainsi Jésus brillait de la gloire qui caractérisait
le Dieu d’Israël. Le voile pouvait être épais et il
l’était. C’était Jésus de Nazareth, le charpentier, le fils du charpentier
(Matt. 13:55; Marc 6:3), mais si épais que fût le voile, la gloire qu’il
couvrait était infinie. C’était la gloire de Jéhovah dans toute sa plénitude,
toute la divine splendeur que ses rayons brillants venaient affirmer et
exprimer. « Il n’a pas regardé comme un objet à ravir d’être égal à Dieu », bien
qu’il se soit « anéanti lui-même ». La foi saisit cette gloire voilée, et le
coeur la garde et l’entoure comme d’une muraille de feu. « Qui est monté dans
les cieux, et qui en est descendu ? Qui a rassemblé le vent dans le creux de ses
mains ? Qui a serré les eaux dans un manteau ? Qui a établi toutes les bornes de
la terre ? Quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le sais ? »
(Prov. 30:4). Nous n’essaierons pas de le dire — mais comme Moïse, tandis que
Jésus passe, nous nous prosternerons et adorerons (Ex. 34).
Qu’ils sont beaux ces exemples dans lesquels l’Écriture nous montre la forme d’esclave cachant la gloire de Dieu ! Ils ont le même caractère et la même signification, j’ose le dire, ces cas dans lesquels il semble s’abriter du danger, ou mettre en sûreté sa vie. Et c’est toujours pour l’âme une tâche précieuse et bénie de découvrir ainsi sa beauté et sa gloire cachées aux yeux des hommes. Mais plusieurs qui, à aucun prix, ne voudraient ternir sa gloire, sont encore inaptes à la saisir, et souvent se trompent sur la manière dont elle se manifeste, ou sur la forme qu’elle prend.
Le Fils vint dans le monde en contraste complet avec l’homme qui
est encore à venir, et devant lequel, comme il est écrit, « la terre tout
entière sera dans l’admiration » (Apoc. 13:3). Jésus aussi le dit lui-même :
« Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre
vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez ». En accord avec ce
principe, quand sa vie était menacée, il n’étonnait pas le monde par quelque
acte qui commandât l’admiration : au contraire. Il s’était anéanti lui-même. Il ne
voulait être ni quelqu’un ni quelque chose. Il refusait absolument d’être grand
aux yeux des hommes — admirable et glorieux contraste avec celui « dont la plaie mortelle avait été guérie »,
de
sorte que toute la terre frappée d’étonnement l’adorait, et dont l’image avait
reçu la vie et la parole, afin que tous, petits et grands, reçussent sa marque
sur leur front.
Le Fils de Dieu offrait un parfait contraste avec tout cela. Il
vint au nom de son Père, et pas en son propre nom. Il avait la vie en lui-même.
Il était égal à Dieu, duquel il est écrit « qu’il possède seul l’immortalité »,
mais il cachait cette splendeur de la
gloire divine
sous la forme de quelqu’un qui semblait protéger sa vie par
les moyens les plus ordinaires et les plus méprisés. Cette pensée nous serait
précieuse, si nous avions seulement des coeurs disposés à adorer. Celui qui
viendra bientôt en son propre nom pourra recevoir par l’épée une blessure
mortelle et cependant vivre, de sorte que le monde en sera dans l’étonnement,
mais le Fils de Dieu fuit en Égypte.
Manquerions-nous d’intelligence spirituelle au point de ne pas
voir de telles choses ? La vue de sa gloire est-elle tellement voilée qu’elle
doive nous être imposée ? S’il en est ainsi, que le Seigneur veuille nous
supporter, et qu’il daigne nous donner de la voir. Car sous ce voile se trouve
une gloire qui, semblable aux flammes de la fournaise des Chaldéens, aurait pu
détruire en un instant tous ses ennemis. En effet, à la fin, quand le moment
fut venu, la puissance des ténèbres devait avoir son heure, les serviteurs de
cette puissance, en présence de la gloire du Seigneur, « reculèrent et tombèrent
par terre », nous montrant que, si Jésus fut saisi par eux, il était un captif
entièrement volontaire,
de même que
plus tard il fut une victime volontaire (*).
(*) Lorsque je me rappelle qui il était — la semence de la femme, le Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, quand je me rappelle aussi que la mort, sous quelque forme qu’elle se présentât, n’avait aucun droit sur lui, je ne puis avoir d’autre pensée que celle-ci qu’il était une victime volontaire. Envisagé comme étant dans la chair et le sang qu’il avait pris, la mort n’avait aucun droit, parce qu’en lui, il n’y avait point de péché ; envisagé dans sa Personne, la mort ne pouvait pas le toucher, à moins qu’il ne la rencontrât selon l’alliance éternelle. Ainsi l’âme se refuse absolument à admettre la pensée qu’il sauvait sa vie dans le sens ordinaire du mot.
En rapport avec ce que je viens de
dire, contemplons-le dans l’occasion à laquelle j’ai déjà fait allusion (Matt.
12:14-15). Le Seigneur craignait-il
en
ce moment la colère des pharisiens, et croyait-il devoir mettre sa vie en
sûreté ? Je ne le pense pas. Il prenait une position qui convenait parfaitement
au sentier admirable qu’il suivait comme serviteur, ne cherchant point à
s’acquérir un nom honoré dans le monde, mais, à travers l’humiliation et la
mort, un nom tel que les gentils pussent se confier en lui, et que les pauvres
pécheurs fussent sauvés par la foi en ce nom.
Considérez-le dans un autre moment, quand l’épée d’un Hérode le menaçait une seconde fois. Comment le Seigneur agit-il devant ce danger et le domine-t-il ? C’est dans la conscience que, en dépit de toute la ruse du roi, et dût Hérode y a jouter la violence, lui, Jésus, suivrait jusqu’au bout le chemin qui lui était tracé, accomplirait son oeuvre, puis serait consommé. Et cette consommation dont il parle, devait venir, nous le savons, non du fait qu’Hérode ou les Juifs l’auraient emporté sur lui, mais de ce qu’il se livrerait lui-même pour devenir le chef de notre salut et serait « consommé par les souffrances ». Et dans la même occasion, le Seigneur dit que, bien que comme prophète, il dût mourir à Jérusalem, c’était afin que Jérusalem comblât la mesure de ses péchés, car il était le Dieu de Jérusalem qui, pendant tant de siècles de patience et d’amour l’avait supportée, avait plaidé avec elle, mais qui bientôt, exerçant le jugement, la laisserait désolée (Luc 13:31-35).
Je le répète : que de gloires étaient voilées sous l’humble forme de Celui que menaçait la colère d’un roi, et qui avait à rencontrer le mépris et l’inimitié de son peuple !
Je voudrais encore relever un ou deux incidents plus frappants que ces derniers. Considérons le Seigneur dans sa propre ville, aux premiers jours de son ministère. Nous y voyons le même grand principe. Pour moi, le bord escarpé de la montagne sur laquelle Nazareth était bâtie n’est pas un lieu où la vie de Jésus fût en danger, mais ce que le faîte du temple avait été pour lui (Voy. Luc 4:9, 29). Le diable n’avait pas la pensée que le Seigneur se donnerait la mort en se précipitant, du haut du temple. Il le tentait comme autrefois il avait tenté la femme dans le jardin. Il voulait l’induire à se glorifier lui-même, et, si j’ose dire ainsi, à se faire semblable à Dieu, comme il l’avait dit à Ève. Il cherchait à corrompre en Christ les sources secrètes, comme il l’avait fait en Adam, et à mettre en mouvement un des principaux ressorts — « l’orgueil de la vie ». Mais Jésus garda la forme de serviteur. Il ne voulut pas se précipiter lui-même, mais rappela avec soumission cette parole : « Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu ».
Il en fut ainsi sur la montagne de Nazareth. Le lieu d’où l’on voulait précipiter Jésus n’était pas plus élevé que le faîte du temple. Jésus ne courait pas plus de danger en un endroit que dans l’autre. Il serait arrivé sain et sauf au pied de la montagne comme au bas du temple. Mais comment aurait été accomplie l’Écriture qui annonce qu’il ne chercherait point sa gloire ? Lui donc, « passant au milieu d’eux, s’en alla ». Il se retira sans être remarqué ni connu, restant sous sa forme de serviteur, et manifestant sa grâce dans les pensées de ses saints.
Nous n’osons pas dire qu’il sauva ainsi sa vie. Une telle pensée est contraire à la gloire de sa personne, « Dieu manifesté en chair ». Dans les jours de sa chair, Jésus était constamment rafraîchi dans son coeur, lorsque la foi découvrait sa gloire cachée sous le voile. Quand le Fils de David, ou le Fils de Dieu, ou le Jéhovah d’Israël, ou le Créateur du monde, était discerné par la foi sous la forme de Jésus de Nazareth, Jésus se réjouissait en esprit. Et maintenant aussi, nous pouvons le dire, lorsqu’il est présenté de nouveau à nos pensées sous la forme de serviteur, il se réjouit dans les saints contemplant sa gloire derrière le nuage.
La « fuite » en Égypte, comme nous pouvons la nommer, pendant les jours du jeune enfant de Bethléhem, est un incident d’une beauté spéciale. Nous nous rappelons qu’au temps de Moïse, les enfants d’Israël en Égypte étaient comme un buisson au milieu du feu ; mais à cause de la sympathie et de la présence du Dieu de leurs pères, le buisson n’était pas, consumé. Jéhovah était au-dessus du Pharaon ; celui-ci aurait voulu détruire le peuple, mais Jéhovah le gardait et le faisait multiplier au coeur même du pays du Pharaon. Et cela s’opérait « non par force, ni par pouvoir », car Israël ne valait pas plus qu’un buisson, un buisson de ronces, qu’une étincelle aurait consumé. Mais le Fils de Dieu était dans le buisson. C’était là le secret. Il était avec Israël en Égypte, comme plus tard dans la fournaise avec Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et, bien que le buisson fût en feu, et que la fournaise fût chauffée sept fois plus qu’à l’ordinaire, l’odeur du feu n’avait point passé sur eux.
« Grande vision », en effet, que celle que Moïse contempla — le buisson en feu qui ne se consumait pas — vision telle qu’il se détourna pour la voir. Et nous pouvons encore, dans le même esprit que Moïse, nous détourner et visiter le même lieu. Lisons Ex. 1-15, et regardons encore cette vision merveilleuse ; comment le buisson était en feu sans être consumé, comment ce faible buisson d’Israël fut gardé sain et sauf au milieu de la fournaise d’Égypte, parce que le Fils de Dieu était là.
Que l’ardeur du feu fût augmentée de plus en plus, il ne pouvait l’emporter. Et comment enfin Israël quitta-t-il l’Égypte ? De la même manière que les trois jeunes hommes sortirent de la fournaise que Nebucadnetsar avait fait chauffer. Ce fut en triomphe, sans que rien fût brûlé, sinon les liens qui les enchaînaient. Pharaon et son armée périrent dans la mer Rouge, tandis qu’Israël en sortait sous la bannière de l’Éternel.
Mais Israël en Égypte jouissant des sympathies
du Fils de Dieu, était-il plus en sécurité que Jésus, « Dieu
manifesté en chair ? » Le buisson israélite aurait-il été à l’épreuve de la
fournaise d’Égypte, et la chair de Jésus dans son humiliation, lorsque Dieu
lui-même était manifesté dans cette chair, n’aurait-elle pas été inattaquable,
malgré l’inimitié complète de l’homme, la haine d’un roi, l’envie des scribes
et la rage de la multitude ? Tout le mystère du buisson en feu et non consumé,
est là. Israël ne pouvait pas souffrir au delà de ce que Dieu avait prescrit, à
cause des sympathies
du Fils de Dieu ;
Jésus ne pouvait pas être touché au delà de ce qu’il voulait, parce qu’il était
l’incarnation
du Fils de Dieu.
« J’ai appelé mon Fils hors d’Égypte », était vrai de Jésus comme d’Israël. Jésus et Israël étaient, chacun dans leur jour, des buissons en feu mais non consumés — faibles en apparence et au jugement des hommes, mais inattaquables. Tous deux eurent leurs douleurs dans cette Égypte du monde, mais leur vie est à l’abri de toute atteinte ; Israël à cause des sympathies dont il jouissait, Jésus à cause de ce qu’il était dans sa Personne.
Était-ce donc pour sauver sa vie que le petit enfant fut conduit en Égypte ? Israël autrefois quitta-t-il l’Égypte pour échapper à la mort ? Shadrac et ses compagnons sortirent-ils de la fournaise pour que leur vie fût à l’abri ? La vie d’Israël était en sûreté en Égypte comme hors d’Égypte. Les trois jeunes gens juifs étaient aussi peu touchés par le feu dans la fournaise que dehors. Israël quitta l’Égypte pour rendre témoignage à la gloire de Jéhovah, son Sauveur, il en fut de même des trois jeunes hommes en Chaldée ; et de la même manière, et pour la même fin, le petit enfant fut conduit hors de la Judée loin de la colère du roi Hérode. Le Fils de Dieu avait pris la forme de serviteur. Il n’était pas venu en son propre nom, mais au nom de son Père. Il s’était anéanti lui-même, il avait pris cette humble forme d’esclave, et c’est comme tel qu’il commença sa course, tandis qu’il était encore « petit enfant ». Il fut ainsi, parmi d’autres humiliations, obéissant même jusqu’à fuir en Égypte, comme pour sauver sa vie de la colère du roi, et c’était pour la gloire de Celui qui l’avait envoyé.
Nous devons être attentifs à ne pas prendre occasion de ces exemples de sa vie de parfait serviteur, pour déprécier sa Personne. Il était inattaquable. Jusqu’à ce que son heure fût venue et qu’il fût prêt à se livrer lui-même, les capitaines et leurs cinquantaines devaient tomber avant de pouvoir le saisir ; mais lui, avant cette heure, il s’abaissait, et s’abaissait encore, allant en Égypte dans une occasion, et ensuite d’un village à un autre, — Fils de l’homme, méprisé et rejeté.
Traiterons-nous avec un esprit insouciant et léger ce mystère de
l’assujettissement volontaire du Fils de Dieu ? Lèverons-nous avec irrévérence
le voile qui le couvre ? Et c’est ce que l’on ferait si l’on voulait se servir
des exemples que j’ai cités et d’autres semblables, pour démontrer que la
condition de chair et de sang que le Seigneur avait prise, était assujettie à la mort.
Ce serait vouloir
lever le voile d’une main irrespectueuse et inhabile. Et ce serait plus encore.
Nous lui porterions un double déshonneur. Nous déprécierions sa Personne dans
des actes qui manifestent sa grâce et son amour infinis pour nous, son
assujettissement et son dévouement à Dieu.
On dit cependant de nos jours que la nature, ou la violence, ou
un accident, auraient pu porter atteinte à la vie du Seigneur Jésus, et causer
sa mort comme à nous. Une telle pensée, je le demande, ne rattache-t-elle pas
le péché à sa Personne ? On dira que ce n’est pas ce que l’on entend. C’est
possible, mais en réalité, ce n’est pas autre chose, car dans l’histoire de
l’homme que trace l’Écriture inspirée (et notre sagesse ne doit pas aller au
delà de ce qui est écrit), la mort ne s’attache à lui que par le péché. Si la
chair et le sang dans la Personne de Jésus étaient exposés à mourir, ou si, par
leur nature et leur condition, ils étaient sujets à la mort (sauf lorsque, dans
sa grâce, il s’est livré lui-même), ne seraient-ils pas rattachés au péché ?
Est-ce ainsi que Christ est devant l’âme ? Cette suggestion le traite comme
quelqu’un qui est exposé
à mourir. Il
n’aurait alors jamais pu entreprendre d’accomplir tout ce que comporte la forme
de serviteur — l’obéissance jusqu’à la mort. À part ce qu’il avait entrepris
dans ce caractère de serviteur, il n’était assujetti à rien.
Il y a, dans la pensée que nous combattons, quelque chose qui
fait craindre que « les portes du hadès » ne tentent de nouveau d’assaillir le
Roc sur lequel l’Église est fondée, je veux dire la Personne du Fils de Dieu.
Et si l’on cherche à la justifier sous le prétexte que l’on a voulu faire ainsi
ressortir la réelle humanité du Seigneur, l’excuse elle-même doit d’autant plus
éveiller nos soupçons. Est-ce simplement l’humanité que j’ai dans la Personne de
Christ ? N’est-ce pas infiniment plus, savoir Dieu manifesté en chair ? Il ne
pourrait être mon Sauveur à moi, s’il n’était pas le compagnon de Jéhovah.
Chaque créature doit au Créateur tout ce qu’elle peut lui rendre. Celui-là seul
qui ne regardait pas « comme un objet à ravir d’être égal à Dieu », a pu prendre
la forme de serviteur — tout
autre est
déjà serviteur, ainsi que
nous l’avons dit. Aucune créature ne peut sans rébellion vouloir faire au delà
de ce qu’elle est obligée de faire. Personne n’était qualifié pour être garant
de l’homme, si ce n’est Celui qui, sans prétention, revendiquait le droit
d’être égal à Dieu et par conséquent d’être indépendant.
La vraie humanité en Adam était susceptible de pécher ; le fait
le prouve. Nous pouvons affirmer avec plus de certitude qu’Adam avait la
capacité de pécher
que la capacité de
mourir.
Son histoire démontre la
première chose, mais ne nous permet pas d’affirmer la seconde, car il nous est
dit que la mort est entrée par le péché. Par nature, il y avait en lui la
capacité de pécher mais il ne nous est pas dit qu’il y eût la capacité de
mourir.
Si donc quelqu’un, pour démontrer la vraie humanité de Christ,
voulait suggérer qu’il y avait en lui la capacité ou la possibilité de pécher,
que lui dirions-nous ? Je laisse la réponse à ceux qui connaissent Jésus. Soyons
sûrs que le diable est derrière tous ces assauts contre le Roc de l’Église,
qui est la Personne
du Fils de Dieu (
Matt. 16:18). Car son oeuvre, son témoignage, ses
souffrances, sa mort même, ne seraient absolument rien pour nous, s’il n’était
pas Dieu. Sa Personne
donne sa valeur
à son sacrifice, et c’est ainsi qu’elle est notre Rocher. Ce fut une confession
de sa Personne, faite par un disciple qui, à ce moment, était ignorant de son
oeuvre et de son sacrifice, qui conduisit le Fils de Dieu à parler de lui-même
comme du Roc sur lequel son Assemblée serait bâtie, et aussi à annoncer cette
vérité ou ce mystère contre lequel les portes du hadès, la force et la
subtilité, devaient déployer tous leurs efforts. C’est ce qui eut lieu dès le
commencement, et ce qui a encore lieu maintenant. La pleine gloire de « Dieu
manifesté en chair », a été, dans les temps passés, obscurcie par les Ariens et
les Sociniens, au moyen de raisonnements plus ou moins spécieux et faux. Plus
récemment, la nature morale
de
l’homme Christ Jésus, « sur toutes choses, Dieu béni éternellement », a été
assaillie par l’Irvingisme, ternie et souillée autant que la pensée mauvaise de
l’homme pouvait le faire. Plus récemment encore, les relations
dans lesquelles Jésus se trouve auprès de Dieu, et les expériences d’âme
par lesquelles il
fut exercé, ont été l’objet des spéculations de l’esprit humain, et maintenant,
sa chair et son sang,
le « temple de
son corps », a été profané. Mais il est aisé de voir dans toutes ces attaques le
même dessein — celui de déprécier la
gloire du Fils de Dieu.
D’où vient cela ? Nous le savons. Et d’où viennent
l’énergie et la puissance qui s’y opposent ? Le
Père
est jaloux de la gloire de son Fils ; il la maintient contre tout ce
qui tend à la déprécier, que les attaques soient grossières ou subtiles. Lisez,
bien-aimés, les paroles du Seigneur aux Juifs dans le chap. 5 de Jean. Là est
découvert ce secret, que bien que le Fils se soit abaissé lui-même, et, comme
il le dit, ne puisse « rien faire de lui-même », le Père veille à ce que par là,
il ne soit en rien déshonoré, ni déprécié — il veille sur les droits, sur tous
les droits divins du Fils, et le déclare par ces paroles qui dénotent son soin
jaloux pour la gloire de son Bien-aimé : « Celui qui n’honore pas le Fils,
n’honore pas le Père qui l’a envoyé ».
La patience dans l’enseignement, la patience envers ceux qui sont simplement ignorants est assurément la voie divine, la voie de l’Esprit de grâce. C’est celle que suivait lui-même le Seigneur : « Je suis depuis si longtemps avec vous et tu ne m’as pas connu, Philippe ? » disait-il. Mais permettre ou tolérer la moindre chose qui porte atteinte à Christ, n’est pas cette voie divine. Les écrits de Jean nous le prouvent — ils sont la portion la plus solennelle des oracles de Dieu si particulière et précieuse à la fois, parce qu’elle traite de la gloire personnelle du Fils. Et ils me semblent montrer que ceux qui voudraient souiller cette gloire, ou qui seraient insoucieux de la maintenir, n’ont à attendre que peu de miséricorde, si même aucune.
J’ajouterai que d’autres faits dans l’histoire du Seigneur, tels que la faim, la soif et la fatigue, ne peuvent être allégués pour soutenir la pensée que, dans la chair et le sang auxquels il participait, il fut sujet à la mort. Le Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair, n’était exposé à rien. Aucune chose en dehors du jardin d’Éden n’était sa portion. Il avait soif et était fatigué lorsqu’il s’assit au puits de Sichar. Il dormait dans la nacelle après une journée de service pénible. Mais tout ce qu’il connut de ces choses, dans ce lieu de ronces et d’épines, de douleurs, de peines et de labeurs, il le connut et l’endura seulement pour accomplir ce qui convenait à la forme de serviteur qu’il avait prise.
Quand les Juifs s’adressaient à lui, l’Homme de douleurs, il leur apparaissait comme âgé de près de cinquante ans. Ce que j’apprends de ce fait, c’est seulement combien il avait supporté de labeurs dans le service qu’il accomplissait pour notre bénédiction et pour la gloire de son Père. J’y vois la réalisation de ce qui est écrit : « Son visage était défait plus que celui d’aucun homme », à cause de tout ce qu’il endura pour nous et de la contradiction des pécheurs, mais non pas, dans la moindre mesure, l’effet du déclin causé par l’âge, comme si ce déclin pouvait s’attacher à lui.
Les Juifs sont plus d’une fois, dans l’Écriture, accusés d’avoir
été ses meurtriers (Act. 2:36; 3:15; 7:62), et c’est avec justice. Nous sommes
tous sous la même condamnation. C’est le crime
de meurtre
qui pèse sur nous.
Dans un sens entièrement judiciaire, ils livrèrent et mirent à mort le Juste ;
ils furent ses meurtriers. Et cependant, si étrange que cela semble à la
raison, ce que nous lisons est parfait aux yeux de la foi : « Personne ne me
l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et
j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce commandement de mon Père ». Il
était libre
et cependant assujetti
à un commandement. Chose
étrange, je le répète, pour la raison et l’incrédulité, mais parfaite pour la
foi.
Le Fils de Dieu mourut sur la croix, ou les mains iniques de
l’homme l’avaient cloué, et selon le dessein éternel et la grâce de Dieu. C’est
là qu’il mourut, et il mourut parce qu’il était là. L’Agneau fut immolé.
Qui voudrait contredire ce fait ?
Des mains iniques l’ont mis à mort, et Dieu s’est pourvu de lui comme d’un
Agneau pour son autel. Qui oserait toucher à un mystère si précieux et si
nécessaire pour nous ? Et cependant l’Agneau s’est livré lui-même en sacrifice.
Ce ne furent ni l’épuisement causé par les souffrances, ni les douleurs de la
crucifixion qui amenèrent sa mort. Il laissa sa vie de lui-même. En signe qu’il
était en pleine possession de la vie qu’il laissait, — « il cria d’une forte
voix », puis « rendit l’esprit ». Le récit ne nous permet pas d’avoir une autre
pensée, ni, ajouterai-je, les affections des saints qui l’adorent. Pilate
s’étonna qu’il fût déjà mort ; il avait peine à le croire et eut à s’en assurer.
Le temps qui s’était écoulé depuis la crucifixion n’était pas suffisant pour
avoir amené la mort ; aussi les jambes des deux autres crucifiés avec Jésus,
furent-elles brisées. Mais lui était déjà mort. Pilate dut faire une enquête et
s’en assurer par des témoins oculaires. La vérité que nous maintenons
interprète ainsi seule le sens strict et littéral du récit. Nos âmes devraient
bénir Dieu de nous avoir présenté un tel tableau de son Agneau immolé, de notre
Sauveur crucifié par des meurtriers, et mourant pour nous. Mettons-nous de côté
le récit qui nous le montre comme l’Agneau immolé,
ou faisons-nous taire le cantique qui, dans le ciel, célèbre ce mystère,
lorsque nous disons que l’Agneau immolé a laissé de lui-même sa vie ? L’histoire
du Calvaire qu’a tracée le Saint Esprit affirme cette pensée ; ce que nous
soutenons interprète seul le récit strict des faits. Jésus était libre
et cependant assujetti à un commandement.
La foi saisit tout cela.
Et selon ce mystère, quand l’heure fut venue, comme nous le lisons : « Ayant
baissé la tête, il remit son esprit » (Jean 19:30). Il reconnaissait le
commandement qu’il avait reçu, et cependant de lui-même il donnait sa vie ; obéissant
jusqu’à la mort, c’était
cependant lui qui laissait sa vie.
La foi n’a aucune difficulté à comprendre ces choses — et même elle saisit que c’est en cela seul que consiste le vrai et parfait mystère. Il mourut selon les conseils éternels, auxquels il se soumit volontairement, étant le « Compagnon » de « l’Éternel des armées ».
Mais, ainsi que nous l’avons déjà dit à sa louange, le Fils de Dieu sur la terre cachait toujours sa gloire — la forme de Dieu — sous la forme de serviteur. Sa gloire avait été reconnue dans toutes les sphères de la domination de Dieu. Les démons, les corps et les âmes des hommes, la mort et le sépulcre, les bêtes des champs et les poissons de la mer, le blé et le vin, reconnaissaient sa puissance. Lui seul, si j’ose le dire, n’y prétendait pas, car son sentier ici-bas était de voiler sa gloire. Il était « le Seigneur de la moisson », mais il se montrait comme un des ouvriers dans le champ ; il était le Dieu du temple, et le Seigneur du sabbat, mais se soumettait aux attaques et aux défis d’un monde incrédule.
Tel était le voile ou la nuée sous lesquels sa gloire se retirait. Et c’est ainsi, comme nous l’avons déjà dit, qu’il agissait dans les diverses occasions où sa vie était menacée. Sous des formes méprisées, il cachait sa grandeur. Parfois, la faveur du commun peuple le mettait à l’abri (Marc 11:32; 12:12; Luc 20:19) ; d’autres fois, il se retirait lui-même, ou d’une manière ordinaire ou d’une manière plus miraculeuse (Luc 4:30; Jean 8:59; 10:39), d’autres fois encore, l’ennemi ne pouvait mettre la main sur lui, parce que son heure n’était pas venue (Jean 7:30; 8:20) ; et dans une occasion remarquable, comme nous l’avons vu, la fuite en Égypte l’éloigna de la colère d’un roi qui cherchait sa vie.
En toutes ces choses, du commencement à la fin, ce que nous
voyons, c’est le Seigneur de gloire s’effaçant comme quelqu’un qui vient au nom
d’un autre, et non en son propre nom. Toutefois il était « le Seigneur de
gloire » et « le Prince de la vie ». Il était un captif volontaire,
ainsi que nous l’avons remarqué, et tout à la
fin, il fut une victime volontaire. «
Il
a donné sa
vie en rançon pour
plusieurs » (*)
(*) Le Fils s’est placé lui-même sous le commandement du Père, en vue de la gloire de Dieu dans notre salut (Jean 10:18; 12:49), et maintenant le Père nous donne un commandement : c’est de rendre tout honneur divin au Fils ; en d’autres termes, de marcher dans la vérité de sa Personne (Jean 5:23; 1 Jean 3:23; 2 Jean 4-6).
En d’autres jours, l’arche de
l’Éternel était tombée entre les mains des ennemis. Elle fut prise par les
Philistins à la bataille d’Ében-Ézer. Là, Dieu « livra à la captivité sa force,
et sa magnificence dans les mains de l’ennemi », mais elle était inattaquable.
En apparence, c’était une chose faible, faite de bois et d’or ; mais sa présence
troublait les incirconcis et frappait leurs dieux, leurs personnes et leurs
terres. Elle était toute seule, sans aide aucune, au milieu d’ennemis enivrés
de leur victoire ; pourquoi donc ne la mirent-ils pas en pièces ? L’écraser
contre une pierre semblait chose facile, et elle eût été détruite. Elle les
gênait, et semblait pourtant à leur merci. Pourquoi donc ne pas s’en débarrasser ?
Ils ne le pouvaient pas.
L’arche
parmi les Philistins était un autre buisson dans les flammes et qui ne se
consumait pas. Elle semblait être à la merci des incirconcis, mais elle était
inattaquable. Les Philistins pouvaient l’envoyer d’Asdod à Gath, et de Gath à
Ékron ; mais aucune main ne pouvait la toucher pour la détruire (Voyez 1 Sam.
4-6) (*)
Il en était ainsi de la vraie arche — du Fils de Dieu, Dieu manifesté en chair. Il pouvait être comme le jouet des incirconcis pendant un temps, Pilate l’envoyant à Hérode, et Anne à Caïphe ; la multitude le conduisant à Pilate, et Pilate le livrant à la multitude ; mais sa vie était en dehors de leur atteinte. Il était le Fils de Dieu, et bien que manifesté en chair, il était toujours le Fils comme dans l’éternité. Par quelques douleurs qu’il eût passé, quelques fatigues qu’il eût endurées, la faim, la soif, les labeurs, en toutes ces choses il accomplissait ce qui convenait à la forme de serviteur qu’il avait prise. Mais il était le Fils qui avait « la vie en lui-même », l’arche inviolable, le buisson ne pouvant être consumé, même au milieu des flammes dévorantes de la haine sans mélange du monde. Tel était le mystère.
Mais en disant cela, en continuant cette méditation avec quelque satisfaction dans mon âme et aussi quelque profit, j’en ai la confiance, il n’y a rien que j’aimerais autant que d’éprouver les sentiments de tout vrai Israélite, au jour où l’arche de Dieu revint du pays des Philistins. Il aurait eu le coeur rempli de joie et d’adoration ; il aurait mis tous ses soins à s’assurer que ce grand événement avait eu lieu, en effet, même s’il eût vécu loin de la scène. Comme tout Israélite, de quelque tribu qu’il fût, ce fait le concernait profondément — que l’arche eût été délivrée, qu’elle ne fût plus maniée par les mains des incirconcis, ni envoyée par eux d’une de leurs cités à une autre. Mais une fois convaincu de cela, il devait veiller à ne pas la toucher, à ne pas regarder dedans, de peur de pécher comme les Bethshémites, lorsqu’elle fut revenue de chez les Philistins.
Nous devons, j’en ai la ferme
conviction, repousser ces pensées sur la condition mortelle
du corps de notre précieux Seigneur. Toutes ces paroles et
ces spéculations ressemblent à la manière profane dont les mains des Philistins
incirconcis se portaient sur l’arche. Et nous avons à montrer l’erreur
de ces pensées, en même temps
que leur irrévérence.
Rien que la
pleine délivrance de l’arche des mains des ennemis, et son retour vers nous, ne
doit nous satisfaire. Mais un autre devoir nous incombe. Nous n’avons pas à la
manier, ou à la scruter, comme si c’était un objet ordinaire. Nous ne devons
pas nous étendre en paroles à cet égard, car « dans la multitude
des paroles la transgression ne manque pas ». On ne doit
se permettre aucune considération d’ordre physique sur un tel sujet, quand même
elle serait saine et ne pourrait être contredite. Ce n’est point là la voie de
l’Esprit de Dieu, ni de sa sagesse. Le corps du Seigneur était un temple,
et il est écrit : « Vous révérerez
mon sanctuaire : moi, je suis l’Éternel ».
Si quelqu’un refusait de suivre ces
spéculations, et au lieu d’y répondre,
les
repoussait, je n’aurais rien à dire. Il peut y avoir chez plus d’une âme un
saint sentiment qui la porte à refuser de s’ingérer dans ce qui doit toujours
être au-dessus de nous, au delà de la portée de qui que ce soit, et de ce que
l’Écriture présente. Je me rappelle les paroles : « Ne réponds pas au sot selon
sa folie, de peur que toi aussi, tu ne lui ressembles ». Mais ces spéculations
sur la Personne du Fils de Dieu tirent leur origine d’autre part. L’arche est
tombée en des mains incirconcises, et ce que j’ai pris sur moi d’écrire, est un
essai de la recouvrer. Mon désir est de la faire descendre, avec tout le
respect et la sainteté qui conviennent à l’âme en accomplissant ce service, du
« chariot neuf » où la pensée humaine l’a placée (1 Chr. 13:7).
J’ajouterai que toute la question actuelle peut profiter à l’âme. Quelque repoussante que fût la carcasse du lion, elle dut fournir autrefois du miel, agréable au goût et propre à nourrir (Juges 14). Paul eut à s’occuper de la tâche pénible de défendre la doctrine de la résurrection contre plusieurs d’entre les saints à Corinthe ; mais comme de la carcasse du lion, il en sortit une nourriture salutaire. Car non seulement il présente la défense de la doctrine elle-même, mais devant son âme se déroulent les diverses gloires qui appartiennent à ce mystère. Il lui est donné par l’Esprit de voir la résurrection dans son ordre, ou à ses différentes époques, l’intervalle qui les sépare, et ce qui se fait dans chacune d’elles, selon les dispensations divines, la scène qui doit succéder à la dernière de ces époques, et aussi la grande ère de la résurrection des saints dans toute sa puissance et sa magnificence, avec le cri de triomphe qui l’accompagne (1 Cor. 15). Là était le miel, et encore du miel tiré de la carcasse d’un lion, car telle est la controverse entre frères.
Mais comme il est écrit (car il en est encore ainsi, dans la grâce abondante et invariable de Dieu) : « De celui qui dévorait est procédée la nourriture, et du fort est sortie la douceur ».
« Non
point à nous, ô Éternel, non point à nous, mais à ton nom donne gloire, ni
cause de ta bonté, à cause de ta vérité ».
« Je me confierai en lui » (Héb. 2:13).
Quel moment que celui où le Seigneur calma la fureur du vent sur la mer de Galilée ! Que cette scène dut être belle et merveilleuse pour ceux qui en furent les témoins, et combien elle le serait encore pour nous maintenant, eussions-nous, pour y penser, des coeurs sensibles aux gloires de Christ ! On peut parler de la force nécessaire des principes ou des lois de la nature, et du cours absolu des choses ; mais assurément, la première loi de la nature est qu’elle obéisse à son Créateur. Et ici (voir Marc 4), en un clin d’oeil, la mer de Galilée sentit la présence et répondit à la parole de Celui qui, à son gré, change le cours de la nature, ou par un signe la bouleverse tout entière.
C’était Jésus Jéhovah. C’était le Dieu à qui autrefois le
Jourdain et la mer Rouge avaient obéi : « Qu’avais-tu, mer, pour t’enfuir ; toi,
Jourdain, pour retourner en arrière ? Vous, montagnes, pour sauter comme des
béliers ; vous, collines, comme des agneaux ? Devant
la face du Seigneur, tremble, ô terre
! » (Ps. 114). La réponse est là, soit
que nous écoutions la voix de la mer Rouge aux jours de l’exode, ou celle de la
mer de Galilée aux temps de l’évangile la présence de Dieu, tel est le secret.
« Il a parlé, et la chose a été ».
Quand le soleil et la lune s’arrêtèrent au milieu des cieux, il
est dit que l’Éternel écouta la voix d’un homme. Josué parla à l’Éternel, et
l’Éternel combattit pour Israël. La chose était tout à fait merveilleuse ;
l’Esprit Saint qui la rapporte la caractérise ainsi : « Cela n’est-il pas écrit
dans le livre de Jashar ? Et le soleil demeura au milieu des cieux, et ne se
hâta point de se coucher, environ un jour entier. Et il n’y a point eu de jour
comme celui-là, ni avant ni après, où l’Éternel écoutât la voix d’un homme »
(Josué 10). Mais Jésus agit immédiatement, et de lui-même et sans que
l’écrivain sacré en fasse une chose merveilleuse. Tout l’étonnement manifesté
vient des coeurs mal préparés
et incrédules
des disciples qui ne
connaissaient pas la gloire du Dieu d’Israël. Mais sous l’enseignement de l’Esprit
qui prend de ce qui est à Christ et nous l’annonce, nous, bien-aimés, devrions
mieux la comprendre, comme aussi mieux la discerner, soit à la mer Rouge, dont
les eaux se fendirent pour laisser passer Israël, soit au Jourdain qui retourna
en arrière, soit aux vagues calmées du lac de Galilée.
Mais à la mer Rouge, nous voyons plus touchant Jésus, que le fait de fendre les eaux.
La nuée qui apparut à Israël aussitôt qu’il eut été racheté par le sang en Égypte, la nuée qui l’accompagna à travers le désert, était le guide du camp. Mais elle était aussi le voile qui couvrait la gloire. Tel était le mystère admirable qui se trouvait au milieu d’Israël. Ordinairement c’était une gloire cachée, parfois elle était manifestée, mais elle était toujours là — le guide et le compagnon d’Israël, mais son Dieu aussi. Celui qui était assis entre les chérubins, marcha à travers le désert devant les pas d’Éphraïm, de Benjamin et de Manassé (Ps. 80). La gloire demeurait dans la nuée pour conduire Israël, mais elle était aussi dans le sanctuaire, et ainsi, tandis que, sous sa forme humble et voilée, elle guidait le camp, elle réclamait les honneurs divins du sanctuaire.
Or tel était Jésus, « Dieu manifesté en chair », — habituellement voilé sous la forme de serviteur, mais toujours, pour la foi et l’adoration des saints, Celui qui ne regardait pas comme un objet à ravir d’être égal à Dieu, et parfois se manifestait en grâce et en autorité divines.
En approchant de la mer Rouge, Israël avait besoin de protection.
La nuée accomplit ce service
de miséricorde. Elle vient se placer entre les Égyptiens et le camp, obscurité
pour les uns, lumière pour les autres, de sorte qu’ils n’approchèrent point les
uns des autres de toute la nuit. Quand enfin, le matin, l’Éternel, dans la
colonne de nuée, regarda l’armée des Égyptiens, il la mit en désordre. C’est
ainsi que, dans une occasion semblable, Jésus agit comme le firent alors la
nuée et la gloire. Il se place entre ses disciples et ceux qui les poursuivent :
« Si c’est moi que vous cherchez », dit-il, « laissez aller ceux-ci ». Il les
abrite comme autrefois par sa présence. Il regarde comme autrefois à travers la
nuée qui voile sa gloire, et jette le trouble parmi la troupe ennemie. « Jésus
leur dit : C’est moi. Quand donc il leur eut dit : C’est moi, ils reculèrent et
tombèrent par terre ». Il montra cette fois encore que son bras n’était pas
raccourci. Avec la même facilité et la même autorité que le Dieu d’Israël agit
au passage de la mer Rouge, Jésus agit au jardin de Gethsémané (Ex. 14, Jean 17).
Les dieux d’Égypte s’inclinèrent devant lui à la mer Rouge, comme les dieux de
Rome à Gethsémané, et quand il sera manifesté une seconde fois au monde, il
sera dit : « Que tous les anges de Dieu l’adorent ».
Il y a plus. La suite de l’histoire des fils d’Israël montre
qu’ils eurent besoin d’être réprimandés
et
avertis,
aussi bien que protégés ;
d’être disciplinés aussi bien
que rachetés. C’est ce que nous voyons, lorsqu’ils quittent la mer Rouge pour
entrer dans le désert. Mais la gloire cachée dans la nuée opéra cette oeuvre
divine pour eux, tout comme elle fit la première. Dans toutes les occasions où
ils provoquèrent la sainteté de l’Éternel, aux jours de la manne, des espions
et de l’affaire de Coré, comme aux eaux de Meriba, la gloire se montre dans la
nuée en témoignage du ressentiment divin (Ex. 16, Nomb. 14, 16, 20). Il en
était de même de Jésus. Attristé (comme l’était la gloire dans la nuée) de la
dureté de coeur ou de l’incrédulité des disciples, il donne quelque signe,
quelque expression de sa puissance divine, et, en même temps, leur adresse des
paroles de répréhension. C’est ainsi que, dans l’occasion à laquelle j’ai fait
allusion, lorsqu’il était avec ses disciples au milieu de la tempête il leur
dit : « Pourquoi avez-vous peur ? » puis il reprit le vent et dit à la mer : « Fais
silence ! » Il agit de même à maintes et maintes reprises, lorsque les disciples
montrent leur ignorance et leur incrédulité touchant sa Personne. Par exemple,
il dit à Philippe, dans une occasion remarquable : « Je suis depuis si longtemps
avec vous, et tu ne m’as pas connu, Philippe ? Celui qui m’a vu, a vu le Père ;
et comment toi, dis-tu : Montre-nous le Père ? » N’était-ce pas là ce que
ressentait la gloire cachée dans la nuée ?
Assurément, nous sommes là en face du même mystère. Le Seigneur
était encore là pour confondre la désobéissance ou l’incrédulité d’Israël. La
gloire se montrait dans la nuée comme aux jours dont j’ai parlé plus haut ; les
formes sous lesquelles se manifestait la puissance divine correspondaient
exactement. La nuée était la chose habituelle ;
la gloire qu’elle cachait se
manifestait de temps à autre,
mais était toujours
là. Celui qui guidait et accompagnait le camp était aussi
le Seigneur du camp. Et tout cela n’est-il pas Jésus en mystère ? La gloire
était le Dieu d’Israël (voy. Ézé. 43:4; 44:2), et Jésus de Nazareth était le
Dieu d’Israël ou la gloire (Comp. Ésa. 6:1; Jean 12:41). Le Nazaréen voilait
une lumière, ou manifestait dans la chair une gloire qui, dans sa propre
plénitude, était « inaccessible » à l’homme.
Il est beau de voir Moïse refuser
la gloire, mais Jésus la cachait.
Moïse,
« devenu grand, refusa d’être appelé le fils de la fille du Pharaon », et ce fut
une belle victoire remportée sur le monde. Nous aimons à être honorés, à faire
valoir autant que possible ce que nous sommes, et même à nous élever plus que
nous n’en avons le droit, si les hommes sont disposés à se faire illusion en
notre faveur. Moïse sut s’abaisser lui-même dans le palais du roi d’Égypte, et
ce fut une victoire signalée de la foi sur le cours et l’esprit du monde. Mais
Jésus fit davantage. Il n’avait, il est vrai, ni serviteurs, ni courtisans à
enseigner, car il fut étranger aux palais. Mais les habitants de la pauvre
Nazareth le connaissaient comme « le fils du charpentier », et il voulut bien
porter ce nom. La Gloire des gloires, le Seigneur des anges, le Créateur des
bouts de la terre, le Dieu des cieux, était caché sous cette humble désignation
qu’il acceptait sans rien dire.
L’Esprit Saint, en Héb. 2, nous ouvre les sources de ce grand mystère.
La grâce
de Dieu voulait se répandre,
— précieuse pensée ! — et la louange
de
Celui « pour qui et par qui sont toutes choses », réclamait, pour ainsi dire, le
mystère (Voy. Héb. 2:9-10). Là, ces choses nous sont dites ; là, nous voyons ces
sources abondantes d’où découlent le grand dessein et l’opération de Dieu, le
mystère ineffable de la rédemption par l’humiliation du Fils de Dieu qui doit
imprimer son caractère à l’éternité. La grâce divine cherchait à se satisfaire
elle-même et la gloire divine voulait se déployer d’une manière parfaite. Tout
sort de ces deux sources. Celui qui sanctifie a participé à la chair et au
sang ; il a passé par la mort ; comme ses frères, il a enduré les tentations, à
part le péché, il a connu les relations avec Dieu, les expériences dans son âme
et les sympathies pour les saints ; il a su ce qu’était la vie de la foi sur la
terre avec ses larmes et ses supplications adressées à Celui qui pouvait le
sauver de la mort, et, dans le ciel, la vie d’intercession. Il avait tout ce qui
était nécessaire pour être une victime parfaite et un sacrificateur accompli :
la capacité pour secourir et la dignité pour purifier. Toutes ces choses, ainsi
que la résurrection, l’ascension, l’attente présente et le royaume et les
gloires à venir, ont leur origine et leur source dans la grâce et la gloire
divines.
C’est en vue de toutes ces choses que le Fils de Dieu a pris sa
place ici-bas. Il a été dépendant, obéissant, plein de foi, de confiance et
d’espérance ; il a été affligé, souffrant, méprisé, crucifié et enseveli ; il a
passé par tout ce que nécessitait le grand et éternel dessein de Dieu. Pour
cela il s’est anéanti, mais tout ce qu’il a fait était infiniment digne de sa Personne.
La parole qu’il prononçait
au commencement : « Que la lumière soit, et la lumière fut », n’était pas plus
digne de lui que ne l’étaient les prières et les supplications qu’il offrait
« avec de grands cris et avec larmes », durant les jours de sa chair. Il n’aurait
jamais pu être associé à rien qui fût indigne de la divinité, bien qu’il se
trouvât entièrement et à tous ses dépens, dans les conditions et les
circonstances où l’avaient amené notre culpabilité et sa grâce qui s’en
chargeait pour l’ôter.
Le petit enfant dans la crèche était la même Personne que celui qui fut cloué sur la croix. C’était Dieu manifesté en chair. Et c’est en gardant le plein sentiment de cette gloire que nous pouvons parler de lui, comme s’étant humilié et abaissé depuis le premier jusqu’au dernier moment du chemin qu’il a suivi sur la terre. Dans la crèche, il fut adoré par les bergers et acclamé par les anges. Les mages de l’Orient, conduits par Dieu, vinrent lui apporter leurs hommages. Siméon aussi, dans cette première période de la vie de Christ, l’adore dans le temple, et, chose étrange, dont rien ne peut rendre compte, sinon la lumière de l’Esprit Saint, dont il était rempli, il bénit la mère et non point l’enfant. Il le tenait dans ses bras, et il aurait semblé naturel que dans cette occasion il eût béni l’enfant. Mais non, car celui qu’il tenait dans ses bras n’était pas un faible enfant qu’il avait à recommander aux soins de Dieu : c’était le Salut de Dieu. C’est dans ce caractère glorieux, au moment où il était dans toute la faiblesse de la nature humaine, que Siméon l’élevait dans ses bras et se glorifiait en lui. « Le moindre est béni par celui qui est plus excellent ». Ce n’était pas à Siméon de bénir Jésus, mais sans lui faire tort et sans rien usurper, il pouvait bénir Marie.
Anne, la prophétesse, reçut Jésus dans le même esprit. Avant cela, alors qu’il n’était pas encore né, il fut adoré, j’ose le dire, par l’enfant qui tressaillit de joie dans le sein d’Élisabeth, à l’ouïe de la salutation de Marie. De même aussi, avant qu’il fût conçu, l’ange Gabriel le reconnaît comme le Dieu d’Israël, devant la face duquel devait marcher le fils de Zacharie ; et Zacharie lui-même, par l’Esprit Saint qui l’animait, le célébrait comme le Seigneur, le Dieu d’Israël, et comme « l’Orient d’en haut ».
L’obéissance et l’abnégation parfaites, une soumission qui
n’appartenait qu’à lui, est donc ce que l’on voit dans chaque acte et à toutes
les époques de la vie du Seigneur. Et comment Celui envers qui il était rendu,
estimait-il ce service ? Comme né
dans
ce monde, circoncis, baptisé
et oint
de l’Esprit Saint, comme serviteur,
comme affligé
et crucifié,
puis
comme ressuscité,
il a passé ici-bas
sous le regard de la faveur de Dieu. Dans le secret du sein de la vierge, dans
les solitudes de Nazareth, dans l’activité et le service au milieu des villes
et villages d’Israël, dans le suprême sacrifice de lui-même sur la croix, et
ensuite dans la fraîcheur de la nouvelle vie de résurrection, cet homme
« merveilleux » a été l’objet des délices divines — parfait, sans tache,
renouvelant, mais plus parfaitement, la joie que le coeur de Dieu éprouva dans
l’homme, lorsque celui-ci fut créé à son image, et faisant plus qu’annuler le
repentir divin d’avoir fait l’homme sur la terre (Genèse 6).
Sa Personne prêtait à tout son service et à son obéissance, une
gloire qui leur donnait une valeur infinie. Ce n’est pas simplement parce qu’il
accomplissait volontairement
ce
service et cette obéissance. Il y avait quelque chose de beaucoup plus grand ;
c’est ce que communiquait la Personne
elle-même,
« l’homme qui est mon compagnon, dit l’Éternel des armées ». Qui peut peser ou
mesurer une telle gloire ?
Nous connaissons bien cela dans ce qui a lieu parmi nous — je
veux dire dans son genre.
Plus celui
qui nous sert est élevé en dignité — en dignité personnelle —
plus est grande la valeur que nos pensées attribuent
à son service. Et cela est juste, parce qu’il y a plus d’abnégation et de
dévouement que si le service est rendu par un inférieur ; et notre coeur saisit
instinctivement que c’est vraiment notre avantage qui est en vue, ou que la
satisfaction de nos désirs et de nos besoins est l’objet de la pensée de celui
qui sert. Le service
ne nous fait pas
oublier la personne.
Il en est ainsi
dans le précieux mystère sur lequel nous méditons. Le service et l’obéissance
de Jésus étaient parfaits, sans mélange et infiniment dignes de toute
acceptation.
Mais au delà de la qualité
du fruit, il y avait la Personne qui le produisait, et cela lui donnait,
comme nous l’avons dit, une valeur et une gloire ineffables.
La même valeur qui rendait inestimables les services de sa vie
ici-bas, caractérisa aussi sa mort. Ce fut sa Personne qui donna tout son prix
à sa mort ou à son sacrifice, comme ce fut sa Personne qui répandit une gloire
toute spéciale sur sa vie entière d’abaissement et d’obéissance volontaires. Et
le bon plaisir
que trouvait Dieu dans
cette dernière, était aussi parfait que son acceptation
judiciaire
de la première. La foi contemple plusieurs symboles — tels que,
par exemple, celui du voile déchiré — comme exprimant le souverain délice que
Dieu trouvait dans chaque
acte de la
vie de Jésus (*). Oh ! que nous eussions des
yeux pour voir et des oreilles pour entendre, tandis que nous suivons les voies
de Jésus de la crèche à la croix ! Mais que nous les voyions ou non, elles
demeurent dans tout ce qu’elles ont d’ineffable. Le bon plaisir de Dieu
reposait au delà de tout ce que la pensée peut concevoir, sur tout ce qu’il
faisait et tout ce qu’il était, à travers sa vie d’obéissance. Ainsi qu’on l’a
dit : « La sagesse divine est la voie de notre salut par Jésus Christ, « Dieu
manifesté en chair », destiné à glorifier l’état d’obéissance. Dieu a rendu cet
état incomparablement plus aimable, plus désirable et plus excellent, qu’il
n’aurait jamais apparu dans l’obéissance de tous les anges dans le ciel et de
tous les hommes sur la terre, y eussent-ils persévéré, en ce que son Fils, le
Fils éternel, y est entré, et a pris sur lui la forme ou la condition de
serviteur pour Dieu ».
(*) Je parle du voile déchiré comme du symbole de l’acceptation divine.
L’obéissance de Christ dans sa
vie, ne pouvait déchirer le voile ; il fallait sa mort.
Ces pensées touchant les voies de Jésus sont fortifiantes. Son sentier de service et de soumission à Dieu prend à nos yeux son caractère spécial ; l’obéissance a été glorifiée dans sa Personne et a été manifestée dans toute son ineffable beauté et dans tout ce qu’elle a de désirable, de sorte que nous pouvons dire non seulement que le bon plaisir de Dieu en lui s’est toujours maintenu dans sa plénitude, mais qu’il va au delà de la pensée de toute créature intelligente.
« La forme
d’esclave », en lui, était tout autant une réalité que « la forme de Dieu » ; une
réalité qu’il avait aussi vraiment prise,
que l’autre était une réalité essentielle,
intrinsèque
en sa Personne. Étant ainsi, « en forme d’esclave », ses voies
étaient celles d’un serviteur, de même qu’étant Fils, ses gloires et ses
prérogatives étaient celles de Dieu. Il priait — il passait des nuits entières
en prière. Il vivait par la foi, modèle parfait du croyant, ainsi qu’il nous
est dit qu’il est « le chef et le consommateur de la foi ». Dans la souffrance,
il prenait Dieu pour son refuge. En présence de ses ennemis, « il se remettait à
celui qui juge justement ». Il ne faisait pas sa propre volonté, toute parfaite
qu’elle fût, mais la volonté de Celui qui « l’avait envoyé ». Dans toutes ces
voies et d’autres semblables, il manifestait « la forme d’esclave » ; elle était
vue et connue en lui d’une manière parfaite. C’était une grande et vivante
réalité. Du commencement jusqu’à la fin, la vie de ce Serviteur fut la vie de
la foi.
Dans l’épître aux Hébreux, nous sommes enseignés à considérer
Jésus comme « l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession » ; et
aussi comme « le chef et le consommateur de la foi » (3:1; 12:2-3). Dans le
premier passage, il est placé devant nous pour le soulagement de nos
consciences et comme notre ressource dans les moments de tentation ; dans le
second, il nous est présenté pour encourager nos coeurs à vivre de la même vie
de foi. Comme « apôtre et souverain sacrificateur de notre confession », il est
seul ; comme « chef et consommateur de la foi », il est associé à une grande nuée
de témoins. Dans le premier cas, il agit pour
nous ; dans le second, il va devant
nous.
Mais même quand il va devant
nous
dans le combat et la vie de la foi, il y a à le distinguer de ceux qui suivent
ce sentier. Le Saint Esprit nous appelle à contempler le Chef et le
Consommateur de la foi d’une manière dont il ne parle pas quand il s’agit des
autres. Il parle de ceux-ci comme nous environnant,
mais nous invite à fixer les yeux sur
lui.
Ce fut « la contradiction de la part des pécheurs contre lui-même », qui fit de la vie de Jésus une vie d’épreuve et de foi. Ces paroles ne peuvent s’appliquer d’une manière particulière qu’à lui seul. D’autres engagés comme lui dans le combat de la foi, ont eu à subir les moqueries cruelles et les coups ; ils ont été égorgés par l’épée, ont été éprouvés par les liens et par la prison, ont enduré les tortures, et ont dû chercher leur refuge dans les cavernes de la terre. Ils ont souffert toutes ces choses par l’inimitié de l’homme. Mais il n’est point parlé de leur combat dans les termes qui s’appliquent à Jésus. Il n’est pas appelé « la contradiction de la part des pécheurs contre eux-mêmes ». Ces expressions ont une force et une élévation qui ne conviennent qu’à la vie de foi que Jésus a menée et dans laquelle il a combattu.
Combien parfaits sont tous les détails, souvent les plus minutieux, que l’Esprit, dans sa sagesse, nous donne dans la Parole ! Le Ps. 16 nous décrit Jésus dans cette vie de la foi. Là, le Fils de Dieu est quelqu’un en qui « la foi est l’assurance des choses qu’on espère, et la conviction de celles qu’on ne voit pas », comme en Héb. 12:2-3. Il jouit de la portion actuelle d’un homme sacerdotal. Il s’est toujours proposé l’Éternel devant lui, et sait que, comme il est à sa droite, lui ne sera pas ébranlé. Il attend aussi les plaisirs qui sont à la droite de Dieu, et la joie de sa présence sur une autre scène que celle de ce monde.
Le Ps. 116 est le couronnement de sa vie de foi, en résurrection, en joie et en louange ; et l’apôtre, « dans le même esprit de foi », peut attendre de partager la même joie de résurrection avec son divin Seigneur et Précurseur (2 Cor. 4:13-14).
« Je me confierai en lui », c’est là, on peut le dire, ce qu’exprime toute la vie de Jésus. Mais sa foi était de l’or, de l’or pur, rien que de l’or. Éprouvé par la fournaise, il en ressortait tel qu’il y était entré, car il n’y avait aucun alliage. Les saints, au contraire, ont à être purifiés dans la fournaise. Il faut que l’impatience, ou l’égoïsme, ou les murmures, soient réduits au silence, comme on le voit dans les Ps. 73 et 77. Job fut vaincu : il fut atteint par le trouble et il faillit, bien que souvent il eût fortifié les mains défaillantes et soutenu par ses paroles ceux qui tombaient. « Les plus forts », a dit un ancien écrivain, « sont souvent ceux qui se montrent les plus faibles ». Pierre s’endort au jardin de Gethsémané, puis, au prétoire, il ment et blasphème. Mais il y a eu un homme dont la valeur précieuse au delà de toute expression, a été manifestée dans la fournaise chauffée sept fois.
Lisez le magnifique chap. 22 de Luc. Contemplez-y Jésus à
l’heure de l’épreuve de la foi. Tout d’abord, il se trouve en présence de la douleur qui l’attend,
puis nous le
voyons avec ses disciples,
ensuite
avec le Père,
et enfin avec ses ennemis ;
remarquez, bien-aimés,
combien tout cela est indiciblement parfait ; contemplez la valeur sans mélange
de sa foi quand elle est éprouvée par le feu. Mais la vie entière
de Jésus était la vie et l’obéissance de la foi. D’un côté,
c’était assurément la vie du Fils de Dieu sous « la forme d’esclave »,
s’abaissant lui-même jusqu’à la mort bien qu’il fût en « forme de Dieu », et
qu’il ne regardât point « comme un objet à ravir d’être égal à Dieu » ; mais de
l’autre, c’était la vie de la foi : « Je me confierai en lui ». « Je me suis
toujours proposé l’Éternel devant moi ; parce qu’il est à ma droite, je ne serai
point ébranlé ». Telles étaient les expressions par lesquelles il exhalait les
sentiments de son âme, et dans notre mesure, nous célébrons sa vie de foi en
chantant :
Témoin fidèle au sein de l’infidélité
Et dans la nuit pure lumière,
Tu proclamais le nom du Père
Et ton plaisir était sa sainte volonté.
À toute cette précieuse vie de foi et de dépendance répondirent les soins et la protection de Dieu : « Celui qui habite dans la demeure secrète du Très haut logera à l’ombre du Tout-puissant » (Ps. 91). La foi de Celui qui servait sur la terre était parfaite, et parfaite aussi la réponse de Celui qui habitait dans les cieux.
La sollicitude de Celui qui veillait sur lui fut incessante, depuis le sein de sa mère
jusqu’à son tombeau.
L’Esprit l’avait autrefois déclaré par la bouche des
prophètes : « C’est à toi que je fus remis dès la matrice ; tu es mon Dieu dès le
ventre de ma mère ». « Tu m’as donné confiance sur les mamelles de ma mère ». Et à travers tout, cette sollicitude ne se
lassa point
. « Tu maintiens mon lot… Même ma chair reposera en assurance.
Car tu n’abandonneras pas mon âme au shéol, et tu ne permettras pas que ton
saint voie la corruption ». Ces secours, ces soins, cette vigilance de la part
du Père, que nous voyons dans l’histoire de Jésus, étaient tout pour lui. Ils
s’exercèrent envers lui, dans la nuit même où l’Ange avertit Joseph de fuir en
Égypte. C’était la joie ineffable du Père en cette heure d’étendre sa main pour
protéger son Fils, Celui qui gardait cet
Israël,
ne sommeillait point alors.
Mais tout ce que nous venons de dire, bien loin d’être
incompatible avec les divines prérogatives de sa Personne, en tire son
caractère spécial. La gloire de cette relation, de la joie et du bon plaisir du
Père qui en étaient la conséquence, est perdue, du moment que la Personne de
Jésus n’est pas défendue et honorée. Si grande était la dignité de la Personne,
que son entrée
dans cette relation
était un acte d’anéantissement de sa part. Au lieu de ne commencer sa carrière
de dépendance qu’au moment de la fuite en Égypte ou quand il était dans la
crèche, il avait pris « la forme d’esclave » en conseil, avant que le monde fût,
et comme conséquence, il fut « trouvé en figure comme un homme ». Tous ses actes
et tout son service, du commencement à la fin, furent les voies de quelqu’un
qui s’est anéanti lui-même. Car il était aussi réellement « Dieu manifesté en
chair », lorsqu’il allait en Égypte, porté dans les bras de sa mère, que
lorsqu’en Gethsémané, dans la gloire et la puissance de sa Personne, il se
présenta à ses ennemis venus « pour dévorer sa chair, mais qui ont bronché et
sont tombés » (Ps. 27). Il était aussi réellement Emmanuel comme enfant à
Bethléhem, qu’il l’est maintenant à la droite de la Majesté dans les cieux (*). Tout du sein de Marie à la croix, ne fut autre
chose que l’abaissement de lui-même. Douter de cela, c’est méconnaître sa Personne.
Mais en contemplant ce glorieux mystère sous un autre aspect nous avons à voir
dans la position que Jésus avait prise, les tendres soins, et la constante et
parfaite sollicitude du Père envers lui. Ce sont là des points de vue, ou des
caractères différents sous lesquels les évangélistes présentent le Seigneur,
comme nous le savons. Il était l’objet des soins du Père, et cependant le
compagnon de Jéhovah, et nous pouvons considérer son sentier dans la lumière
pure dont la sollicitude et la vigilance divines l’entourent, aussi bien que le
contempler dans cette lumière plus brillante et cette gloire très excellente
dans laquelle ses droits et ses prérogatives comme Fils de Dieu nous le
présentent. S’il était dans cette relation de dépendance, qu’il avait prise
selon les conseils éternels, d’autre part, toutes les créatures, terrestres ou
célestes, angéliques ou humaines, dans tout l’univers, se trouvent envers lui
dans cette même relation, c’est-à-dire dépendantes de lui.
(*) Je ne veux pas dire que, lors du voyage en Égypte, « le jeune enfant » exerçât une volonté. Ce serait aller au delà de ce que dit l’Écriture. Mais cet acte, comme tout ce qu’il a fait de Bethléhem au Calvaire, a porté le caractère de l’obéissance volontaire de quelqu’un qui s’abaisse lui-même.
C’est à cause de ces divers faits
également vrais qu’il pouvait dire, d’une part : « Détruisez ce temple, et en
trois jours je le relèverai », et que, d’un autre côté, l’Esprit Saint disait de
lui que Dieu l’avait ramené d’entre les morts. Ses ennemis qui cherchaient sa
vie tombent à ses pieds, lorsqu’il dit : « C’est moi », et cependant, sa foi
parfaite reconnaît les soins parfaits et la protection de Dieu, quand il
prononçait ces paroles : « Ne puis-je pas maintenant prier mon Père, et il me
donnera plus de douze légions d’anges ? » Il pouvait, d’un seul attouchement,
guérir l’esclave du souverain sacrificateur dont Pierre avait coupé l’oreille
droite, et dans la même nuit avoir son front saignant sous la couronne
d’épines. Parfait dans la position d’humiliation qu’il avait prise, il
demandait à ses disciples leur sympathie, et disait : « N’avez-vous pu veiller
une heure avec moi ? » et quelques heures après, dans un moment bien plus sombre
en un sens, il se montre comme étant au-dessus de la compassion des filles de
Jérusalem qui pleuraient sur lui, et honore la foi d’un malfaiteur mourant, en
lui promettant le paradis avec lui. Car dans l’éclat de la gloire dont il
resplendit, même au moment de son plus profond abaissement, il fait savoir aux
pécheurs que ce n’est pas la compassion
des
hommes que ses douleurs recherchent, mais leur foi
—
qu’il ne demande
pas qu’avec les émotions humaines ils
sentent ce qu’est cette heure,
mais que, dans la foi de leurs coeurs et
pour la pleine paix de leur conscience, ils
soient bénis par cette heure —
qu’il désire non qu’on s’apitoie
sur ses souffrances à la croix, mais que l’on s’appuie
sur elle, et que, tout en étant
un symbole de faiblesse, sa croix est la colonne même qui soutient
éternellement la création de Dieu.
C’est ainsi que, sous diverses formes, mais qui s’harmonisent entre elles, nous apprenons à connaître la vie du Fils de Dieu. Une forme est-elle moins réelle, parce que l’autre est vraie ? Les larmes de Jésus sur Jérusalem étaient tout à fait réelles, comme s’il n’y avait eu dans son coeur rien d’autre que le chagrin d’un Seigneur et Sauveur rejeté par un peuple incrédule et rebelle ; et cependant sa joie en contemplant les desseins de la sagesse et de la grâce divines avaient la même réalité sans mélange, sans partage. Le « Malheur à toi, Chorazin », et ensuite le « Je te loue, ô Père », étaient des sentiments également vivants et vrais dans l’âme de Jésus. Rien ne manquait à la réalité de chacun d’eux, et ainsi « la forme d’esclave », avec tous ses parfaits résultats, et la « forme de Dieu », dans toutes les gloires qui lui appartiennent, étaient également des mystères réels et vivants dans la même Personne.
N’est-il pas à propos, tandis que nous repassons soit les actes de sa vie, soit les secrets de son amour et de sa vérité, de faire de temps en temps comme Moïse, de nous « détourner » pour contempler plus attentivement sa Personne ? Faire ainsi, est un des traits de l’obéissance de la foi. « La crainte de l’Éternel est pure » — mais il y a une crainte qui n’est pas tout à fait pure, parce qu’il s’y mêle un certain esprit de servitude et d’incrédulité. C’est de là que peut venir le refus de se détourner pour contempler ces grandes visions. Le « mystère » est là, je l’accorde, et il est « grand ». C’était une vision grande et mystérieuse que celle vers laquelle Moïse se détourna pour la voir — mais, ses sandales ôtées de ses pieds, il put regarder et écouter. Ne l’eût-il pas fait, il s’en serait allé sans avoir goûté la bénédiction. Mais il écouta jusqu’à ce qu’il eut découvert que Celui qui se nomme « JE SUIS » était dans le buisson, et que c’était le Dieu d’Abraham. Lieu étrange pour qu’une telle gloire s’y enfermât ! Cependant il en était ainsi : le Dieu Tout-puissant se trouvait dans le buisson.
Gravissons le Calvaire et contemplons là le « Berger frappé » ; et si nos yeux sont ouverts, ne découvrirons-nous pas en lui, l’homme qui est le Compagnon de l’Éternel des armées ? (Zac. 13). Et si nous nous mêlons à la foule qui entourait le siège judiciaire de Pilate à Jérusalem, qui verrons-nous sous les traits de cet homme souillé par les crachats, accablé d’outrages et de railleries, si ce n’est Celui qui autrefois dessécha la mer Rouge et revêtit de ténèbres les cieux de l’Égypte ? (Ésa. 50:3, 6).
Je le demande, quand j’aurai ainsi contemplé ces grandes choses,
quand, par la lumière de l’Esprit dans les prophètes, j’aurai fait ces
merveilleuses découvertes, me hâterai-je de me retirer ? Où irai-je pour trouver
des sources plus rafraîchissantes pour mon âme ? Si ma foi découvre, dans ce
Jésus affligé et insulté au milieu des courtisans d’Hérode et des officiers
romains, le Dieu qui, dans les jours anciens, remplit la terre de Cham des
signes de sa puissance, ne dois-je pas m’arrêter sur cette montagne de Dieu, et
comme Moïse, me détourner pour voir et écouter ? Cette vue serait-elle trop
grande pour moi ? Non, je ne puis croire que ce soit la pensée de l’Esprit. En
contemplant ces grandes choses, je dois réprimer toute liberté d’esprit qui
dépasserait les bornes — mais s’y arrêter pour adorer n’est pas transgresser.
Je parle de principes,
non d’expériences.
Les exercices du coeur
sur ce sujet sont ternes et froids, et, si je puis parler pour d’autres, le mal
est, non pas que nous arrêtons trop notre pensée sur le mystère de la Personne
du Fils de Dieu, mais que nous la laissons trop vite s’égarer sur d’autres
objets.
Cette glorieuse Personne sera « la merveille éternelle et l’ornement de la création de Dieu ».
Plusieurs reconnaissent, d’une manière générale, l’humanité et la divinité dans la Personne de Christ. Mais nous avons aussi à reconnaître sa gloire pleine, parfaite et sans tache, de l’une comme de l’autre. Ni l’âme ou l’homme moral ni le temple de son corps ne doivent être profanés. Nous avons à défendre et à honorer l’homme tout entier (*). Et quoique la relation dans laquelle Jésus se trouvait avec Dieu, les soins qu’elle comportait et l’obéissance qu’elle impliquait, soient des objets bien dignes d’attirer la vue de notre âme, cependant nous ne verrons pas juste et ne pourrons contempler cette position de Jésus dans ce qu’elle a de glorieux, si nous oublions en quelque manière que ce soit la Personne qui s’y trouvait.
(*) Un des martyrs du temps de Marie (reine d’Angleterre)
écrivait de sa prison : « Il a fait toutes choses, a acheté toutes choses, et a
payé chèrement pour tout : avec son propre corps immaculé,
il a déchargé nos corps du péché, de la mort et de
l’enfer ; et avec son précieux sang il a payé entièrement notre rançon une fois
pour toutes et pour toujours ».
Les divins enseignements de l’épître aux Hébreux, entre autres choses, nous montrent que l’efficacité de la sacrificature de Christ dépend entièrement de sa personne. C’est ce que nous trouvons essentiellement dans les sept premier chapitres. Quel merveilleux écrit !
Il faut que notre sacrificateur soit un homme,
capable de secourir ses frères, ayant été tenté comme eux.
C’est pourquoi nous devons voir notre grand souverain sacrificateur traversant
les cieux après avoir passé par les
souffrances et les douleurs de la scène d’ici-bas.
Mais en lui aussi, nous
avons besoin de trouver le Fils,
parce
que dans aucun autre, participant à la chair et au sang, il n’y avait « la
puissance d’une vie impérissable ». C’est pourquoi Melchisédec représente la
Personne, aussi bien que les vertus, les dignités, les droits et l’autorité du
véritable sacrificateur de Dieu (voyez Héb. 7:1-3), ainsi que nous lisons de
lui : « Sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours,
ni fin de vie, mais assimilé au Fils de Dieu, il demeure sacrificateur à
perpétuité ».
Quelle connaissance tout ceci nous donne « du souverain sacrificateur de notre profession ! » Il vint du ciel dans la pleine gloire personnelle du Fils, et au temps convenable, il remonta au ciel y portant la vertu de son sacrifice pour le péché, et ces compassions et cette sympathie qui viennent en aide aux saints !
La foi apprend à connaître tout ce sentier de Jésus. Elle reconnaît en lui le Fils, tandis qu’il habitait en chair au milieu de nous, et quand sa carrière d’humiliation et de souffrance eut pris fin ici-bas, la foi confesse comme glorifié dans le ciel, l’homme qui a été rejeté et crucifié, car c’est la même Personne : Dieu manifesté en chair ici-bas, l’Homme caché là-haut dans la gloire. C’est ce qui nous est dit de lui-même et de sa voie bénie et merveilleuse : « Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été vu au monde, a été élevé dans la gloire » (*)
(*) Il était en réalité vrai homme et vrai Dieu en une Personne.
Tout
dépend de ce « grand mystère ».
Sans lui, la mort de la croix ne serait rien, comme tout ne serait rien sans
cette mort.
Sous la forme de Dieu, il était
vraiment Dieu ; sous la forme de serviteur, il était vraiment serviteur. Il ne
regardait pas « comme un objet à ravir d’être égal à Dieu », exerçant toutes les
prérogatives divines, et se servant avec une pleine autorité de tous les
trésors, de toutes les ressources divines ; et cependant il s’est anéanti
lui-même et est devenu obéissant. Cela nous dit le secret. Tout ce qui apparaît
dans l’histoire
est expliqué par le mystère.
Nous trouvons encore ici la
gloire dans la nuée. Celui qui accompagnait le camp d’Israël, « en détresse dans
toutes leurs détresses », était le Seigneur du camp. La gloire qui traversait le
désert, en suivant Israël dans ses campements, était la gloire qui demeurait
entre les chérubins dans le Saint des saints.
Mais les paroles qui suivent dans ce passage (Phil. 2:5-11), nous invitent à nous y arrêter encore un peu : « C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé ». De nouvelles merveilles se découvrent à nous dans ces paroles. Qu’est-ce qui pouvait élever Jésus ? pourrions-nous demander. Avant d’entrer dans sa carrière de « souffrances » et de « gloires » — les gloires qui devaient suivre ces souffrances — il était en lui-même infiniment grand et béni. Rien ne pouvait personnellement l’exalter, étant comme il l’était, « le Fils ». Sa gloire était divine, ineffable et infinie. Aucuns honneurs autres ne pouvaient accroître sa gloire personnelle ; et cependant nous le voyons poursuivre un sentier qui le conduit encore à la gloire et à l’honneur.
Mystère étrange et d’une beauté exquise ! Encore plus étranges et
excellentes sont, nous pouvons le dire, ces gloires nouvelles et acquises, et
dans un sens les plus précieuses pour lui. L’Écriture nous autorise à parler de
la sorte, comme elle nous révèle bien des traits de sa grâce que le coeur
n’aurait jamais pu concevoir. Si nous comparons les choses divines aux choses
humaines, comme aussi l’Esprit le fait pour nous instruire, ce dont je parle se
voit parmi les hommes. Que quelqu’un d’une haute naissance, un prince, un fils
de roi, acquière des honneurs, quoique ces honneurs ne puissent lui procurer un
rang personnel plus élevé que celui qu’il occupe, ils seront pour lui ses
distinctions les plus chères, et formeront dans l’estime des autres les
matériaux choisis de son histoire. Nous comprenons tous cela. Or dans
l’ineffable et précieux mystère de Christ, il en est ainsi du Fils de Dieu.
Selon les conseils éternels, il s’est mis en avant pour le combat, et les
honneurs qu’il a acquis, les victoires qu’il a remportées ou qu’il doit encore
remporter, diront sa joie durant l’éternité. Ils formeront la lumière dans
laquelle il sera connu, et les caractères dans lesquels il sera célébré à
jamais, bien que personnellement, il habite « la lumière inaccessible, qu’aucun
homme n’a vu, ni ne peut voir ». C’est là ce qu’il estime : Jéhovah-Jiré,
Jéhovah-shalom, Jéhovah-tzidkenu, Jéhovah-nissi, sont des noms qui rappellent
tous des honneurs qu’il a acquis
(*). Combien leur valeur prévaut pour lui selon les
voies ineffables de sa grâce infinie ! En Exode 3, il communique son nom personnel
à Moïse, en disant du milieu
du buisson : « Je suis celui qui suis ». Mais ensuite, lui faisant connaître aussi
le nom qu’il s’est acquis,
il se
proclame « le Dieu d’Abraham, et le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob », et à ce
nom qu’il s’est acquis, il ajoute : « C’est là mon nom éternellement, et c’est là
mon mémorial de génération en génération », paroles qui nous disent avec force
combien il estimait cette gloire qu’il a acquise dans ses actes de miséricorde
envers de pauvres pécheurs. Dans le tabernacle aussi, comme dans le temple, où
son nom
était inscrit, c’était celui
qu’il avait acquis, et non pas son nom personnel,
qui était écrit et lu. Les mystères de sa maison ne parlaient pas de ses
attributs essentiels, toute-puissance, toute-science, éternité, ni d’autres
gloires semblables, mais ils proclamaient Celui en qui la miséricorde se
glorifie vis-à-vis du jugement, et qui avait découvert un chemin pour ramener à
lui ceux qui étaient bannis de sa présence.
(*) Nous rappelons que ces noms signifient : « L’Éternel y
pourvoira » (Genèse 22) ; « l’Éternel de paix » (Juges 6) ; « l’Éternel notre
justice » (Jérémie 23) ; « l’Éternel mon enseigne » (Exode 17) (Note du trad).
Tout cela assurément rend témoignage
du prix qu’il attache au nom qu’il a
gagné dans son service pour nous.
Mais « Dieu est amour », nous explique tout
et nous révèle le secret. Si les manifestations sont excellentes et
merveilleuses, les sources cachées qui sont ouvertes en lui, nous donnent la
clef de tout.
Nous avons à le connaître comme « né sous la loi », aussi bien que
nous le connaissons dans sa gloire personnelle, bien au dessus de toute loi.
Toute sa vie a été la vie d’un homme obéissant. Et ainsi, le Dieu sur toutes
choses, le Jéhovah d’Israël, et le Créateur des extrémités de la terre, était
aussi l’Homme Christ Jésus. Il était Jésus de Nazareth, oint du Saint Esprit,
allant de lieu en lieu en faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient
opprimés par le diable, car Dieu était avec lui. C’est sous ces divers aspects
que nous le voyons et que nous lisons sa merveilleuse histoire. Il communiquait
le Saint Esprit, et il
était lui-même oint
du Saint Esprit.
Le Fils vint participer à la chair et au sang. Ainsi le voulait
la grâce des conseils éternels, ainsi le requéraient nos besoins. Il fut trouvé
« en figure comme un homme ». Il fut exercé dans une vie d’entière dépendance de
Dieu, et subit une mort qui (entre autres vertus) était en entière soumission à
Dieu. C’était sa place selon l’alliance éternelle, et, dans cette place, il
agit et souffrit d’une manière parfaite. De là le service et les afflictions,
les cris et les larmes, les labeurs et les douleurs du Fils de l’homme sur la
terre. Mais plus encore — même maintenant qu’il est dans le ciel, c’est, dans
un sens, la même vie. Une promesse lui a été faite, il en attend là-haut
l’accomplissement : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes
ennemis pour marchepied de tes pieds », lui fut-il dit quand il monta en haut,
et, dans la foi et l’espérance en cette promesse, il a pris sa place dans les
cieux : « Il s’est assis à la droite de Dieu, attendant
désormais
jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses
pieds ». L’espérance répondait à la promesse et se trouvait dans le coeur de
Jésus lorsqu’il montait au ciel et s’asseyait à la droite de Dieu, de même que,
sur cette terre où nous sommes, il fut Celui qui croyait, qui espérait, qui
obéissait et servait. Plus tard, dans ces voies de gloire à venir, ne sera-t-il
pas encore assujetti ? « Toute langue confessera qu’il est Seigneur », mais ne
sera-ce pas « à la gloire de Dieu le Père » ? Et quand il aura remis le royaume,
n’est-il pas dit : « Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui
a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous ».
Et dans ces mêmes régions de gloire à venir, où il sera assujetti à Celui qui a mis toutes choses sous ses pieds, sa grâce trouvera ses délices à servir ses saints, comme il est écrit : « Il se ceindra, et les fera mettre à table, et s’avançant, il les servira » ; et encore : « Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux. Ils n’auront plus faim et ils n’auront plus soif, et le soleil ne les frappera plus, ni aucune chaleur, parce que l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra, et les conduira aux fontaines des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ».
(1 Timothée 3:16)
Aux jours d’autrefois, les anges avaient désiré regarder de près dans les choses qui concernent Christ (1 Pierre 1:12). Leur désir fut exaucé, quand les choses elles-mêmes furent manifestées et accomplies. Dans les évangiles, nous les voyons, en effet, témoins oculaires de ce qu’ils avaient longtemps souhaité de contempler. Ils eurent le privilège d’avoir leur place dans l’histoire de Christ — dans « le mystère de la piété » — « Dieu manifesté en chair », et d’en jouir, de même qu’autrefois ils avaient eu cette place dans le sanctuaire. Là, il est vrai, tout était pour l’usage et le bien des pécheurs. Les autels, la cuve, le propitiatoire, étaient tous ordonnés en vue de nous. L’activité et la grâce de la sacrificature dans la maison de Dieu étaient pour les pécheurs ; mais les chérubins établis dans le sanctuaire contemplaient ces merveilles, et plongeaient leurs regards dans les plus profonds mystères.
Il en fut de même au jour où les types trouvèrent leur réalisation, au jour des choses célestes elles-mêmes, quand « Dieu fut manifesté en chair ». Alors aussi tout était pour le service et le salut des pécheurs. Dieu ainsi manifesté devait être « prêché parmi les nations » et « cru au monde » ; mais, en même temps, c’était pour être « vu des anges ».
Ainsi la place qu’ils occupaient dans le sanctuaire, ils la prennent dans le grand mystère lui-même. Ils en sont les témoins oculaires — ils le regardent et le contemplent avec autant d’intensité et d’intérêt que les chérubins dans le saint des saints. « Les chérubins étendaient les ailes en haut, couvrant de leurs ailes le propitiatoire ; et leurs faces étaient l’une vis-à-vis de l’autre, les faces des chérubins étaient tournées vers le propitiatoire ». Tels ils sont vus dans l’histoire de Christ, lui la vraie arche.
L’ange du Seigneur vient avec son message céleste, annoncer aux bergers de Bethléhem la naissance de Jésus. Mais dès qu’il a accompli sa mission, il y a soudain avec lui « une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant Gloire à Dieu dans les lieux très hauts ; et sur la terre paix, et bon plaisir dans les hommes ». Plus tard quand le temps d’un autre grand événement est arrivé, et que « Dieu manifesté en chair », est ressuscité d’entre les morts pour être bientôt après « élevé dans la gloire », les anges sont encore là. Marie de Magdala se tient près du sépulcre et se baisse pour y regarder, « et elle voit deux anges, vêtus de blanc, assis un à la tête, et un aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché ». Puis, au moment solennel de l’ascension nous les retrouvons, instruisant les « hommes galiléens », des voies à venir de Celui qui venait d’être élevé dans le ciel.
Que nous dit ce regard des anges tourné vers le propitiatoire ? L’hymne de louanges de l’armée céleste dans les champs de Bethléhem ne faisait pas partie du message apporté aux hommes, c’était un acte d’adoration envers Dieu. Ils n’instruisaient pas les bergers, et même ne s’adressaient pas à eux d’une manière formelle, mais ils exhalaient le ravissement que causaient à leurs esprits la pensée de Celui qui venait de naître. Il en est de même au sépulcre. Quand Marie apparaît, ils ont, il est vrai, une parole de sympathie pour elle ; mais ils étaient là avant son arrivée, et ils y auraient été alors même qu’elle n’y fût pas venue. Ils étaient là, placés comme les chérubins qui, sur l’arche, tournaient leurs regards vers le propitiatoire ; ils étaient l’un à la tête et l’autre aux pieds à l’endroit où le corps de Jésus avait été couché.
Quelles saintes contemplations ! « Dieu a été manifesté en chair —
a été vu des anges ». Avec quelle ardeur, bien-aimés, devrions-nous désirer de
contempler, de louer et d’adorer ainsi ! Nous avons lieu de nous humilier et de
nous affliger à cause de tout ce qui nous manque sous ce rapport. Nous aurions
besoin d’être attirés plus que nous ne l’avons été par ces choses
merveilleuses. Nous nous sommes souvent plus arrêtés à considérer la lumière
de la connaissance des dispensations
divines, qu’à ressentir la
chaleur
émanant des mystères de
Bethléhem, du jardin et du mont des Oliviers, mystères révélés aux anges ravis.
Et ainsi nous avons perdu, oui, beaucoup perdu de cette communion intime qui a
caractérisé autrefois le sentier et l’esprit d’autres saints. C’est pourquoi,
considérant l’état de choses autour de nous et parmi nous, j’ai désiré
contempler avec vous cette grande vision — l’objet glorieux placé devant nos
yeux, l’adorable Personne toujours la même, « Dieu manifesté en chair », suivi
par la foi de la crèche à la croix ; de la croix à la résurrection dans le ciel
où il est à présent, et de là, plus tard, dans les siècles à venir.
Le Saint Esprit, d’une manière que nous nous arrêterons à
considérer pendant un moment, se plaît dans sa grâce à nous aider dans la
contemplation de cette vision de la foi, en déroulant soigneusement devant nous,
pour ainsi dire, les anneaux
qui
relient entre elles les différentes étapes de ce merveilleux voyage, depuis
« Dieu manifesté en chair », jusqu’à « élevé dans la gloire ». Comme nous l’avons
vu précédemment, le Saint Esprit, par le ministère de l’apôtre Jean, révèle ou
proclame tout spécialement le lien qui existe entre « Dieu » et « la chair », dans
la personne de Jésus. C’est ce que nous trouvons au commencement de son
évangile et de son épître. Toutes les Écritures d’ailleurs, selon leurs divers
caractères, supposent ou expriment cette vérité aussi bien que Jean. Mais c’est
un autre anneau : celui qui unit « Dieu manifesté en chair », et « la gloire », ou
le ciel, qui fera maintenant
le sujet
de notre méditation. Avec les évangélistes et les anges, nous passerons de
Bethléhem au jardin du sépulcre, et au mont des Oliviers.
L’évangile de Matthieu rend témoignage d’une manière générale à la résurrection. L’ange auprès du sépulcre l’atteste ; les femmes retournant à la ville saisissent les pieds du Sauveur ressuscité, et les disciples le rencontrent sur la montagne en Galilée.
Marc parle de plusieurs apparitions du Seigneur après sa résurrection. D’abord, il se montre à Marie de Magdala ; puis aux disciples qui étaient en chemin, et enfin aux onze, comme ils étaient à table.
Luc insiste davantage sur les preuves
que Jésus donna à ses disciples pour leur montrer que
c’était lui-même, et non un autre, qui était de nouveau au milieu d’eux. Il
mange devant eux ; il leur montre ses mains et ses pieds percés ; il leur dit de
le toucher, parce qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme ils voyaient qu’il
avait ; et enfin, il leur fait voir par les Psaumes et les prophètes, qu’il
devait en être ainsi.
Jean, dans le style qui lui est particulier, joint son
témoignage à celui des autres évangélistes. Dans son évangile, tout ce qui se
rapporte au Seigneur est puissance et victoire, et au sépulcre il en est de
même. Lorsque les disciples y viennent, ils voient les linges à terre, et le
suaire qui avait été sur la tête du Seigneur, plié en un lieu à part. Point
d’apparence de désordre, nul indice d’effort ni de lutte, aucun signe qui
indiquât que quelque chose de difficile se fût accompli là. Tout s’y présente
comme trophée et témoin de la victoire, plutôt que comme marque de l’ardeur et
de la violence du combat. « Gloire, gloire au Vainqueur
qui a été immolé », est la voix qui sort de la tombe,
telle qu’elle est ouverte devant nous par Jean. Et si le lieu du triomphe nous
parle ainsi, le Seigneur agit ensuite de la même manière. Il ne donne pas de sa
résurrection les mêmes preuves qu’en Luc ; des signes aussi sensibles,
que c’est lui-même qui est de nouveau au milieu d’eux.
Il ne mange pas avec eux, comme nous le voyons dans ce dernier évangile ; le
poisson cuit et le rayon de miel qu’il prend devant ses disciples, ne sont pas
rappelés comme montrant avec évidence que c’est lui qui est devant eux. C’est
dans des régions plus élevées, pour ainsi dire, que la vérité de sa
résurrection est rapportée. Il l’atteste aux coeurs
et aux consciences
de
ses disciples. Sa voix venant frapper l’oreille de Marie, lui dit qui il était,
parce que le coeur de Marie était familier avec ce nom sortant de la bouche de
son Seigneur ; et il montre à ses disciples ses mains et son côté percés, afin
de parler de paix à leurs consciences par l’assurance du sacrifice accepté, de
sorte que, du secret et des profondeurs de l’âme de l’un d’entre eux s’échappe
le cri d’une entière conviction : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Ainsi les évangélistes nous conduisent au jardin du sépulcre pour nous montrer Christ ressuscité. Mais le mont des Oliviers a aussi ses témoins — les témoins de l’ascension de Jésus, comme ils l’ont été de sa résurrection.
Cependant, ni Matthieu, ni Jean, n’en parlent. L’évangile de Matthieu se clôt, quand le Seigneur est encore sur la montagne en Galilée. Jean ne nous conduit ni à Béthanie, ni au mont des Oliviers. Dans une action figurative, comme je le pense, après que les disciples eurent dîné en sa présence sur le bord de la mer de Galilée, il leur donne à entendre qu’il va dans la maison de son Père, et qu’ils l’y suivront ; mais ce n’est pas l’ascension elle-même, ce n’est pas la scène à Béthanie, ce n’est pas la translation effective du Seigneur de la terre au ciel.
Marc affirme le fait de l’ascension du Seigneur en ces termes : « Le Seigneur donc, après leur avoir parlé, fut élevé en haut dans le ciel, et s’assit à la droite de Dieu ». Ici le fait — le moment même de l’ascension — est indiqué. Mais c’est tout. C’est simplement l’élévation dans le ciel de Celui à qui appartenaient tous les droits et les honneurs qui l’attendaient là-haut. Mais il n’y a point de communion en esprit de la part des disciples avec cet événement. Marc ne nous dit même pas d’une manière positive si les disciples en furent les témoins oculaires.
Luc nous donne bien davantage. Dans son évangile, l’ascension du Seigneur est contemplée par les yeux et les coeurs d’hommes qui y avaient — et ils le sentaient — leur propre et immédiat intérêt personnel : « Et il les mena dehors jusqu’à Béthanie, et levant ses mains en haut, il les bénit. Et il arriva qu’en les bénissant, il fut séparé d’eux, et fut élevé dans le ciel. Et eux, lui ayant rendu hommage, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie. Et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu ».
Ainsi, comme homme ressuscité, du milieu d’une foule de témoins
qui pouvaient attester qu’il était bien leur Jésus, il atteint les cieux. Et
bien qu’une nuée le recevant, l’emportât de devant leurs yeux, ils savaient
qu’il était au delà, dans les lieux très hauts, toujours le même Jésus.
Jésus, qui avait mangé avec eux dans les
jours où il était ici-bas au milieu d’eux, avait mangé avec eux dans les jours
de sa résurrection ; Jésus, qui avait autrefois amené des multitudes de poissons
dans leurs filets, l’avait aussi fait après sa résurrection ; Jésus qui, dans le
lieu désert, avait béni les pains et les leur avait donnés, venait de le faire
de la même manière ; et c’était lui qui maintenant, à leur vue, montait au ciel.
Combien distinctement, bien que d’une manière variée, tous les pas de ce
merveilleux voyage sont retracés pour nous, par le même Esprit, dans les
évangiles. C’est toujours la même Personne bénie que nous avons devant nos
yeux, à Bethléhem, dans le jardin de la résurrection et sur la montagne de
l’ascension. Manifesté en chair, le Fils poursuit sa course de Bethléhem au
Calvaire. Ressuscité d’entre les morts, avec ses mains et son côté gardant
l’empreinte des blessures qui lui avaient été faites sur la croix, il se fait voir
à ses disciples durant quarante jours ; puis, avec les mêmes mains et le même
côté blessés, il monte au ciel. Après, comme avant sa résurrection, il leur
donne ses enseignements ; il leur confie un message et un ministère ; il les
connaît et les appelle par leurs noms ; puis enfin, tandis qu’ils le regardaient
s’en allant au ciel, comme s’ils l’avaient perdu pour toujours, les anges leur
apparaissent pour leur dire que ce même Jésus avait encore d’autres voies à
accomplir à leur égard : « Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici en
regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel,
viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel ».
Et c’est là le secret ou le principe de toute religion divine. C’est « le mystère de la piété ». Rien ne ramène l’homme à la connaissance et à l’adoration de Dieu, si ce n’est l’intelligence et la foi de ce mystère, par l’Esprit. C’est la vérité qui forme et remplit la maison de Dieu : « Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire ».
Gardons-nous, bien-aimés, constamment et d’une manière vivante, cette adorable Personne devant les yeux de notre coeur ? Il a passé ici-bas à travers les fatigues et les douleurs de la vie, il est mort sur la croix ; il est sorti ressuscité des profondeurs du sépulcre et est monté s’asseoir au plus haut des cieux. Les anneaux sont formés et ne seront jamais brisés, bien qu’ils unissent ce qu’il y a de plus élevé avec ce qu’il y a de plus abaissé. L’Esprit Saint les place devant nous, tels qu’il les a formés, et les maintient devant nos yeux avec délices. Avec quel souffle divin, dans les Ps. 23 et 24, il transporte le prophète de la vie d’abaissement, de foi, de dépendance et d’espérance, que Jésus a vécu ici-bas dans les jours de sa chair, aux jours de son entrée comme « l’Éternel puissant dans la bataille », « l’Éternel des armées », « le Roi de gloire », dans « les portes éternelles », de sa Jérusalem millénaire !
Sommes-nous aussi, en esprit, sur ce chemin avec lui ? Et posons
à nos âmes cette autre question, bien propre à nous humilier de nouveau :
Sommes-nous, en vivante et réelle puissance, avec notre Seigneur dans la
période actuelle
de ce mystérieux
voyage ? Car, dans ce monde, il est encore le Christ rejeté. À
quel degré sommes-nous, en esprit, avec lui comme tel ?
Comprenons-nous ce pauvre ;
persévérons-nous
avec lui dans ses tentations ? (Ps. 41:1; Luc 22:28). « Hommes et femmes
adultères, ne savez-vous pas que l’amitié du monde est inimitié contre Dieu ? »
Jésus n’était pas davantage quelqu’un
dans
le monde après
sa résurrection qu’il
ne l’avait été avant. La résurrection ne fait quant à cela aucune différence.
Le monde n’était pas plus pour lui alors qu’il ne l’avait été aux jours où,
comme nous le savons, il n’avait pas où reposer sa tête. Il le laissa alors
pour le ciel, comme il l’avait auparavant laissé pour le Calvaire. Lorsqu’il
naquit, la crèche de Bethléhem le reçut ; maintenant, ressuscité d’entre les
morts, le ciel l’a reçu. Né dans ce monde, il se proposa lui-même à la foi et à
l’acceptation d’Israël, mais Israël ne voulut pas de lui. Ressuscité, il fut de
nouveau présenté à Israël par les apôtres, mais Israël le refusa de nouveau —
et Jésus est encore l’étranger
ici-bas.
Le temps actuel est encore celui où il est rejeté. Bien qu’il fût l’Homme
ressuscité, il était solitaire sur la route de Jérusalem à Emmaüs, comme il
l’avait été dans son chemin de Bethléhem au Calvaire. Mais, bien-aimés, est-ce
dans ce caractère que vous et moi, nous nous sommes joints à lui dans ce
chemin ?
Plus d’une pensée serait trop grande et trop élevée pour nous, si nous n’étions pas formés pour la recevoir selon la méthode de la sagesse divine : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez les supporter maintenant », dit notre divin Maître, et c’est ainsi que sa « débonnaireté » nous « agrandit » (2 Sam. 22:36). Nous sommes préparés pour recevoir de lui de plus grandes communications. Jésus peut annuler les distances, de même qu’il peut mettre un frein aux oppositions. Sur le lac de Galilée, il marchait sur les eaux agitées ; puis, dès qu’il entre dans la nacelle, elle prend terre au lieu où ils allaient (Jean 6:18-21).
Lorsque les rayons de cette gloire cachée viennent à percer la
nue et entrent dans l’âme, comme ils sont les bienvenus ! Et qu’avons-nous à
faire, sinon à ouvrir toutes les avenues de notre âme pour laisser entrer
Jésus ? La foi écoute.
Le Seigneur
voulait que la pauvre Samaritaine au puits de Sichar l’écoutât simplement, du
commencement à la fin. Elle peut parler et elle parle, en effet, mais ce
qu’elle dit ne fait que rendre témoignage de ce fait que l’intelligence, la
conscience et le coeur, étaient ouverts aux paroles du Seigneur.
Et lorsque le vase tout entier fut ouvert, Jésus le
remplit de lui-même.
C’est cette attitude recueillie de la foi, que nous désirons garder plus simplement, et surtout en nous occupant de ces sujets si saints et si profonds.
Nous avons brièvement retracé, d’après les évangiles, les liens qui unissent les diverses parties de ce grand mystère, les moments de transition dans le chemin suivi par notre Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu. En d’autres termes, nous avons été avec les anges et avec les disciples à Bethléhem, au jardin du sépulcre et au mont des Oliviers.
En entrant immédiatement après dans le livre des Actes, on est frappé de voir que ce qui remplit la pensée des apôtres et forme le grand thème de toutes leurs prédications, c’est que Jésus, Jésus de Nazareth, l’homme rejeté et crucifié ici-bas, est maintenant dans le ciel. Pierre rattache d’abord et constamment toute la grâce et la puissance qui (aux jours de son témoignage) se déployaient du ciel au milieu du peuple juif, au fait de l’ascension de Jésus de Nazareth.
Après la descente du Saint Esprit, le jour de la Pentecôte, la
prophétie de Joël devient proprement et naturellement, je dirai même
nécessairement, le texte des discours de Pierre. Mais en le développant, il y
trouve et y montre Jésus de Nazareth, le crucifié. Il annonce que l’Homme qui
récemment avait été approuvé de Dieu au milieu d’eux par des miracles et des
signes était maintenant dans le ciel, et que, comme étant le Dieu
dont il est parlé dans cette
prophétie, il avait répandu le Saint Esprit promis. De plus, l’apôtre déclare
que ce même Jésus était le Seigneur
que
la prophétie mentionne, Celui dont le nom
était maintenant pour le salut,
mais
dont le jour
serait bientôt pour le jugement.
Tel est le discours et
l’exhortation de Pierre sur le texte de Joël. C’est l’Homme qui maintenant est
dans le ciel, qu’il trouve et annonce dans toutes les parties de ce magnifique
oracle.
Si Jean voit Jésus sur la terre dans la plénitude de sa gloire sans tache, Pierre voit dans le ciel, dans le lieu de toute grâce, du salut et de la puissance, le Fils de l’homme, le Nazaréen, autrefois méprisé et rejeté ici-bas.
Dans le chapitre suivant, c’est Jésus de Nazareth — le nom couvert de mépris et d’opprobre parmi les hommes — c’est Jésus, maintenant glorifié en haut, dont Pierre parle et par lequel il agit. Le mendiant boiteux à la « belle porte » du temple est guéri par la foi en ce nom, et ensuite l’apôtre annonce que le ciel a reçu et gardera ce même Jésus jusqu’au temps où sa présence, quand il reviendra, apportera avec elle le rafraîchissement et le rétablissement de toutes choses. Sommé par les gouverneurs du peuple, dans le chapitre suivant, de dire par quelle puissance ils avaient opéré ce miracle, Pierre proclame ce même Jésus de Nazareth, le méprisé, comme étant la pierre rejetée ici-bas par ceux qui bâtissaient, mais devenue, dans le ciel, la maîtresse pierre du coin.
C’est là le nom et le témoignage — soit que nous voyions les
apôtres en face de la puissance du monde, ou au milieu des douleurs des enfants
des hommes, c’est leur unique pensée — en cela consiste tout leur art, leur
vertu et leur force. Et aussitôt après leur déclaration devant le sanhédrin,
c’est ce même nom de Jésus qui est le fondement de leur confiance en la
présence de Dieu et par lequel ils se présentent devant lui. L’homme faible aux
yeux du monde, le « saint serviteur Jésus », contre lequel se sont élevés Israël
et les gentils, Hérode et Pilate, les rois de la terre et les gouverneurs, et
qu’ils ont rejeté, est Celui en qui ils espèrent devant Dieu. Ils savent que
Jésus est maintenant dans le sanctuaire. Ils le connaissent là, comme
auparavant ils l’avaient connu devant les hommes. Et remarquez les manières
variées dont ils emploient ce nom. Remarquez l’assurance
avec laquelle ils le présentent à ceux qui sont dans le
besoin, la hardiesse
avec laquelle
ils le défendent devant le monde, et la tendresse
de coeur avec laquelle ils s’appuient sur ce nom devant Dieu. Le lieu où
ils ont ainsi parlé à Dieu en ce nom est ébranlé, et ils sont tous remplis de
l’Esprit Saint. Toute puissance est reconnue dans le ciel comme appartenant à
ce nom. Comme auparavant toute puissance en avait découlé ici-bas. C’est par ce
nom que le mendiant à la porte du temple avait été guéri, et le souffle
puissant d’en haut vient ébranler le lieu où ce nom avait été invoqué. Il y a
plus ; le monde et l’enfer même, sont émus en l’entendant, car les principaux
sacrificateurs et les sadducéens sont remplis d’indignation et font jeter dans
la prison publique ceux qui rendent témoignage à ce nom. En même temps, Pierre
établit pleinement la faiblesse et l’humiliation de Jésus qu’il avait ainsi, à
diverses reprises, proclamé être élevé au plus haut des cieux. Cela est un
trait frappant de ces premières prédications. Jésus a été mis à mort, dit Pierre,
couvert d’opprobre, livré, renié, saisi, crucifié, tué, pendu au bois. Il
emploie sans restriction ces expressions, et semble se glorifier dans le nom
méprisé de « Jésus de Nazareth ». Il l’a constamment sur ses lèvres. Dans son
style puissant et plein de vie, sous l’onction nouvelle de l’Esprit Saint, il
rappelle et énumère toutes les formes de douleurs et d’ignominie que le « Prince
de la vie, le Saint et le Juste », a endurées et portées dans son coeur, dans
son corps, dans les circonstances où il se trouvait ici-bas au milieu des
hommes. C’est là Celui en qui il se glorifie dans tous ces chapitres qui
retracent son ministère des premiers jours auprès des Juifs (Actes 2-5). Et
cependant, Celui dont il vient de parler ainsi, en termes qui décrivent son
profond abaissement, il le proclame comme étant l’homme des desseins de Dieu :
« Seigneur et Christ ». Un homme dans le ciel qui était le Seigneur de David, la
semence d’Abraham qui avait été suscitée pour bénir, le prophète promis,
semblable à Moïse, qui était monté en haut, voilà la parole que Pierre prêchait
avec hardiesse.
De même que cette onction
de
l’Esprit Saint conduit Pierre à rendre témoignage à l’Homme dans le ciel, à
Jésus de Nazareth renié ici-bas, mais maintenant exalté en haut, ainsi peu de
temps après, Étienne, rempli
de
l’Esprit Saint, rend le même témoignage (chap. 7). Pierre parle
de Jésus dans le ciel ; Étienne le voit là. L’apôtre le
proclame sans crainte, le martyr le voit sans un nuage : « Mais lui, plein de
l’Esprit Saint, et ayant les yeux arrêtés sur le ciel, vit la gloire de Dieu,
et Jésus debout à la droite de Dieu ; et il dit : Voici, je vois les cieux
ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ».
C’est ainsi que l’Esprit Saint place Jésus, élevé dans le ciel,
sur les lèvres et le présente aux yeux de ses différents témoins. Mais il est
précieux d’ajouter que Jésus dans le ciel était une aussi grande réalité pour
Pierre que pour Étienne, bien que Pierre ne connût le mystère que sous l’onction
seulement, tandis qu’Étienne
le connaissait étant ravi par l’Esprit. Puissent nos âmes, bien-aimés, le
connaître davantage dans la même puissance ! Puissions-nous en jouir dans la
lumière de l’Esprit Saint maintenant, comme nous en jouirons dans une vision
plus claire durant l’éternité !
Telle est la première prédication dans les Actes, après que le grand lien a été formé entre « Dieu » et la « chair » (*), et entre « Dieu manifesté en chair », et le « ciel ». Mais quelle vaste et merveilleuse scène est ainsi placée devant les yeux de la foi pour notre bénédiction, notre lumière et notre joie. Nous voyons les liens entre le ciel et la terre, entre Dieu et les pécheurs, entre le Père et la crèche de Bethléhem, entre la croix du Calvaire et le trône de la Majesté dans les lieux très hauts. La pensée de l’homme aurait-elle jamais pu former une semblable scène ; aurait-elle pu jamais y atteindre ? Mais elle est là devant nous, une grande réalité actuellement et pour l’éternité. « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est aussi le même qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplit toutes choses ». L’Esprit avait révélé le Dieu de gloire dans le petit enfant de Bethléhem, et maintenant, quand toute puissance et toute grâce sont manifestées du ciel par l’effusion de l’Esprit Saint, la guérison des souffrances des hommes, le salut des pécheurs, la promesse des jours de rafraîchissement et de rétablissement, tout se trouve et est proclamé être dans et par l’Homme glorifié dans le ciel. Quels divins mystères ! Combien ils surpassent toutes les conceptions du coeur ! « Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » demandait le Seigneur dans les jours de son humiliation ; et la seule vraie réponse était : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Et lorsqu’au temps où les apôtres prêchaient, on leur demande : « Par quelle puissance, ou par quel nom avez-vous fait ceci ? » la réponse divine est : « C’est par le nom de Jésus de Nazareth, que vous, vous avez crucifié, et que Dieu a ressuscité d’entre les morts : c’est par ce nom que cet homme est ici devant vous, plein de santé ».
(*) Ici, comme en d’autres endroits où il parle de Christ devenu
homme, l’auteur entend par la « chair », l’humanité (Note du trad).
C’est Jésus, toujours le même, l’Unique. Il a laissé son mémorial dans « les parties les plus basses de la terre », et l’a porté avec lui en haut, « au-dessus de tous les cieux ». Il remplit toutes choses. Dieu a été ici-bas, l’Homme est là-haut. La foi avait saisi autrefois que Dieu était sur la terre dans sa pleine gloire, le Fils unique parmi les enfants des hommes, et de même la foi saisit maintenant que l’Homme est dans le ciel, ayant passé là de la scène d’ici-bas où il fut dans le mépris, l’opprobre, la faiblesse et l’humiliation. Oui, la foi s’empare de ce mystère que c’est lui, le même, l’unique — que Celui qui est monté est Celui qui est descendu, que Celui qui est descendu est aussi le même qui est monté.
Quelqu’un a dit : S’il était glorieusement propre à accomplir
tous les actes et les devoirs de son office de Médiateur, c’est à cause de
l’union de ses deux natures dans la même Personne. Celui qui fut conçu et qui
naquit de la vierge était Emmanuel, Dieu manifesté en chair : « Un enfant nous
est né ; un Fils nous a été donné,… et on appellera son nom : Merveilleux,
Conseiller, Dieu Fort, Père du siècle, Prince de paix ». Celui qui parlait aux
Juifs, comme un homme n’ayant pas encore trente ans, était « avant qu’Abraham
fût » (Jean 8). L’oeuvre parfaite et complète dans chaque acte de sa charge de
Médiateur, en tout ce qu’il fit, en tout ce qu’il souffrit, en tout ce qu’il
continue à accomplir, est l’acte et l’oeuvre de sa Personne tout entière.
Tel est le mystère. La foi le saisit avec une pleine assurance
et écoute avec intelligence et joie cette parole : « Justifié en Esprit, prêché
parmi les nations, cru au monde ». Dieu, bien que manifesté en chair, fut
justifié en Esprit. Tout en lui était gloire morale
parfaite ; tout, pour la pensée et l’acceptation divines,
était infiniment et ineffablement juste. Nous,
nous avons besoin d’une justification en dehors de nous, accomplie par un
autre. Rien en nous ne peut se justifier par soi-même ; en lui
, tout
le pouvait. Pas
un mot, pas un soupir, pas un mouvement qui ne fût une offrande agréable, un
parfum de bonne odeur : « Il était sans tache aussi bien comme homme, qu’il
l’était comme Dieu ; aussi pur au milieu des souillures du monde, que lorsqu’il
faisait chaque jour les délices du Père avant que le monde fût ». La foi
reconnaît cela, sans qu’un nuage vienne l’obscurcir. Elle sait aussi que les
travaux et les douleurs, la mort et la résurrection de cet Être béni, « Dieu
manifesté en chair, justifié en Esprit », n’étaient pas pour lui-même, comme
s’il en eût besoin, mais pour les pécheurs, afin que sa précieuse histoire pût
être « prêchée parmi les nations », et « crue au monde ». Dans le sacrifice qu’il a
accompli, dans la justice qu’il a opérée et introduite, il est présenté aux
pécheurs, même les plus éloignés, quels qu’ils soient, près ou loin, Juifs ou
gentils, afin qu’ils se confient en lui, et soient assurés par lui de leur
justification.
Le temps manquerait pour suivre et contempler dans la parole de
Dieu, tout ce qui se rapporte a ce mystère ; je voudrais seulement ajouter que,
parmi toutes les épîtres, qui viennent après le livre des Actes, celle aux
Hébreux le présente à nos âmes d’une manière prééminente. « Reçu dans la
gloire », est la voix qui se fait entendre d’un bout à l’autre de ce divin
oracle. Oh ! que notre âme eût en puissance ce dont notre esprit jouit en
écoutant cette voix ! Je ne puis
écrire sinon avec ce sentiment, et ne voudrais
pas écrire sans le confesser.
Chaque chapitre de cette merveilleuse épître, chaque phrase de
l’argumentation de l’apôtre, présente à nos regards Jésus monté au ciel.
Elle s’ouvre par cela tout à coup et directement. Elle semble nous imposer ce sujet d’une
manière pour ainsi dire abrupte.
Et cela certes est bienvenu à l’âme. Le
Fils, le resplendissement de la gloire de Dieu, l’empreinte de sa substance,
est contemplé, après avoir fait la purification des péchés, assis à la droite
de la Majesté dans les hauts lieux, héritier là d’un nom plus excellent que les
anges, possédant un titre au trône qui demeure aux siècles des siècles, et
occupant en haut la place de la dignité et de la puissance, jusqu’à ce que ses
ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds.
Le second chapitre nous présente le même objet sous un autre aspect. Celui qui sanctifie ayant condescendu à participer à la chair et au sang, à n’avoir pas honte d’appeler frères ceux qui sont sanctifiés, à prendre en main leur cause, est ensuite, dans l’humanité qu’il a prise, considéré comme remonté dans le ciel pour y accomplir pour nous tous les services d’un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur. Et l’épître est tellement remplie de cette pensée, que le même chapitre nous la présente une seconde fois, en nous montrant, dans le Ps. 8, cet « homme, fait un peu moindre que les anges », mais maintenant « couronné de gloire et d’honneur ».
Les chapitres qui suivent (3 et 4), forment comme une parenthèse se rapportant aux enseignements précédents ; mais cependant Christ y demeure toujours placé de la même manière devant nos yeux. Nous le voyons ici sur la terre, tenté comme nous en toutes choses, à part le péché ; mais ayant traversé les cieux, il est là, dans le sanctuaire, Jésus, le Fils de Dieu, afin que nous trouvions grâce et que nous soyons aidés au moment opportun.
Dans le sujet de la sacrificature, traité dans les chap. 5, 6 et 7, nous avons encore devant nous le Seigneur monté en haut. Le Fils est déclaré être sacrificateur « élevé plus haut que les cieux ». Il était descendu du ciel afin de naître de la tribu de Juda, et afin d’être consommé (*) dans les jours de sa chair ici-bas, mais étant remonté en haut, il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent.
(*) « Consommer », ou « rendre parfait », c’est, dans l’épître aux
Hébreux, faire tout ce qui est nécessaire pour initier à un office (Note du trad).
Il en est de même dans le grand sujet traité ensuite — celui des alliances (chap. 8 et 9). Dès le début, nous voyons Jésus « assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, ministre des lieux saints et du vrai tabernacle que le Seigneur a dressé, non pas l’homme », ministre et médiateur d’une meilleure alliance.
Et dans le chapitre suivant, où la victime est la pensée dominante, comme l’avaient été la sacrificature et les alliances dans les chapitres précédents, c’est encore le même Jésus monté au ciel que nous avons sous les yeux (Chap. 10). C’est Celui qui pouvait dire : « Voici, je viens ! » qui, révélé comme ayant sanctifié les pécheurs dans le corps qui lui avait été préparé sur la terre, est ensuite monté aux cieux, nous ouvrant le chemin pour entrer en pleine liberté dans les parvis des plus hauts lieux, dans la sainte et ravissante présence de Dieu.
C’est ici que se termine la partie doctrinale de l’épître, nous montrant sous ses caractères différents et sous des aspects divers, la même admirable et glorieuse Personne, le Fils de Dieu monté au ciel.
Mais si riche et abondante est cette épître en traitant ce
sujet, si fidèle est-elle à retenir la même pensée, que la doctrine ayant été
exposée, nous retrouvons dans les exhortations pratiques le même grand mystère
— Christ dans les cieux. Jésus, « le Chef et le Consommateur de la foi », à la
fin de sa vie de foi ici-bas, est vu dans
le ciel
: « Fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi,
lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant
méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu ». Ainsi, nous le
voyons dans le ciel sous ce nouveau caractère — la vie de foi l’y a conduit,
ainsi que tout ce qu’il a fait et souffert pour nous en grâce divine. Et c’est
là qu’il brille aux yeux de la foi ; et eussions-nous de l’intelligence pour le
discerner et un coeur pour en jouir, nous saurions que le ciel lui-même
resplendit d’une beauté et d’une gloire qui lui étaient inconnues avant que
Jésus y fût entré, revêtu de tous ses caractères conquis et acquis sur la terre
pour nous pécheurs.
Et voici le mystère : le Fils a participé à la chair et au sang ; il a ainsi pris en main la cause de la semence d’Abraham, et ensuite cette Personne adorable a été reçue dans le ciel. « Dieu a été manifesté en chair — a été élevé dans la gloire ». Heureuse et bénie est cette occupation de l’âme qui cherche, comme nous l’avons fait, a découvrir les liens mystérieux qui unissent ces deux points extrêmes ; liens formés pour ne pouvoir jamais être brisés, bien que reliant ensemble des choses séparées par des distances que nulle pensée d’une créature ne saurait mesurer. L’Esprit Saint les place devant nous, tels qu’il les a formés pour la gloire et les délices divines, selon les conseils éternels de Dieu. « La Parole devenue chair » de Jean, est ce « quelque chose de bon » venu de Nazareth (Jean 1). L’Emmanuel de Matthieu était le petit enfant couché dans la crèche et adoré à Bethléhem (Matt. 1; Luc 2). Au milieu du trône se voit un Agneau comme immolé (Apoc. 5). Dans la Personne de Celui dont les lèvres parlaient avec une sagesse qui s’adaptait aux choses journalières de la vie humaine, nous trouvons Celui qui, dans le secret de la Déité en trois Personnes, avait été établi comme le fondement de toute voie divine (Prov. 8). Dans le buisson d’Horeb, se trouvait le Dieu d’Abraham ; dans la nuée au désert, c’était la gloire ; l’homme ayant une épée nue en sa main près de Jéricho, était le Chef de l’armée de l’Éternel ; l’étranger qui visitait Gédéon dans son aire et Manoah dans son champ, était le Dieu à qui seul est dû l’hommage de toute la création. Ce sont là quelques-uns des témoins qui montrent comment, en grâce infinie et pour le bon plaisir et la gloire de Dieu, les choses les plus basses et les plus élevées sont unies ensemble : « Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel ».
Avec quelle beauté exquise cette pensée de l’apôtre écrivant aux
Éphésiens, surgit devant le coeur renouvelé : « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce,
sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? » Les
dignités et les offices dont il est revêtu, les services qu’accomplit et rend
Celui qui est monté au ciel, sont d’un caractère si éminent, qu’ils nous disent
que Celui qui était descendu avait déjà été dans le ciel au-dessus de toutes
choses, ainsi qu’il est écrit : « Celui qui vient du ciel est au-dessus de tout ».
La dignité et la
grandeur de sa Personne sont renfermées dans ce mystère : Il est monté et il est
descendu. Le passage d’Éph. 4:8-9 semble l’indiquer, et l’épître aux Hébreux en
développe pleinement les raisons. En effet, elle nous dit qu’avant de monter au
ciel, il avait accompli l’oeuvre de la purification des péchés, qu’il avait
détruit celui qui avait le pouvoir de la mort et délivré ses captifs ; qu’il
avait été consommé comme auteur du salut éternel pour ceux qui lui obéissent
(Chap. 1, 2, 5). C’est dans ces caractères qu’il est monté en haut, et
maintenant qu’il s’y trouve, il remplit le vrai sanctuaire dans les cieux, le
tabernacle que Dieu a dressé et non point l’homme, et il est là pour nous
assurer un héritage éternel (Chap. 8, 9).
Qui aurait pu s’élever dans une telle gloire et une telle puissance, sinon Celui qui avait déjà été dans le ciel, « au-dessus de tout » ? « Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu ? » Les offices qu’il remplit nous disent qui il est. Ses souffrances, sa faiblesse et son humiliation même, nous disent la gloire divine de sa Personne.
Mais il est dit aussi : « Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses ». Cela nous dit l’étendue sans bornes de sa souveraineté, de même que ce qui est mentionné auparavant nous avait révélé la dignité de sa Personne. Dans ses oeuvres, dans ses allées et ses venues, dans ses triomphes, il a visité et parcouru les régions les plus élevées et les plus basses. Il a été sur la terre, dans les parties inférieures de la terre. Il a été dans le sépulcre, le domaine du pouvoir de la mort. Il est maintenant dans les plus hauts cieux, au-dessus des principautés et des puissances. Ses royaumes et l’étendue de sa domination sont ainsi placés devant les yeux de notre foi. Ni le faîte du temple, ni le sommet le plus élevé de la plus haute montagne, n’auraient pu offrir une telle vue. Mais la foi la contemple. « Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses ».
Tel est le mystère. C’est le même Jésus, Emmanuel, le Fils
unique, et cependant Celui qui a participé à la chair et au sang, qui a pris la
postérité d’Abraham. Mais ici, je me sens appelé à le dire : nous ne devons pas
confondre les deux natures dans cette Personne glorieuse et bénie. Je m’incline
avec foi devant cette vérité que Celui qui sanctifie a participé à la chair et
au sang. Je reconnais de toute mon âme la vraie humanité de sa Personne ; mais
ce n’était pas une humanité imparfaite ;
elle
n’était en aucune manière dans la condition ou sous les résultats du péché.
Mais je demande en même temps : N’y aurait-il pas dans l’esprit de plusieurs, à
l’égard du mystère de la Personne de Christ, quelque incrédulité inconsciente
et cependant réelle ? L’indivisibilité
de
sa Personne dans toutes les périodes et les transitions de sa glorieuse et
mystérieuse histoire, est-elle bien gardée devant les yeux de l’âme ?
Combien je désirerais la grâce de pouvoir me réjouir des termes
dans lesquels l’Esprit Saint parle, et proclamer « l’Homme Christ Jésus ! » L’homme
qui est ressuscité est le gage
de notre résurrection (1 Cor. 15:20). L’homme
monté au ciel, nous donne la pleine assurance que nos intérêts sont à
chaque instant sauvegardés devant Dieu dans le ciel (1 Tim. 2:5). L’homme
qui doit revenir bientôt du
ciel, sera la joie et la sécurité du royaume à venir (Ps. 8) Le mystère de l’homme obéissant, mort, ressuscité, monté
au ciel et en revenant,
supporte peut-on dire, tout le conseil de Dieu.
Mais, je le répète, l’âme doit garder avec soin l’unité de sa Personne.
L’oeuvre parfaite et complète de Christ dans chaque acte de son ministère, dans
tout ce qu’il a fait, dans tout ce qu’il a souffert, dans tout ce qu’il
continue à accomplir, est l’oeuvre de sa Personne tout entière. Oui, certes, et
toute sa Personne était sur la croix, comme partout ailleurs. La Personne était
la victime et dans cette Personne était le Fils, « sur toutes choses Dieu béni
éternellement ». Il remit son esprit, bien que mourant sous le jugement de Dieu
contre le péché, et bien que crucifié, mis à mort par les mains d’hommes
iniques. Et cela est une grâce infinie.
C’était Lui,
bien-aimés,
Lui-même,
du commencement à la fin.
Il traça lui-même son mystérieux sentier, mais il le traça seul, sans être aidé
par personne. Nul autre que lui, « Dieu manifesté en chair », n’eût pu le faire.
Le Fils devint l’Agneau pour être immolé sur l’autel ici-bas, et ensuite
l’Agneau qui avait été immolé a atteint la place de gloire au-dessus de tous
les cieux. C’est la gloire de cette
Personne
qui donne son efficacité à toute son oeuvre. Les services et les
douleurs ne seraient rien, la mort, la résurrection et l’ascension ne seraient
rien, si Jésus n’était pas Celui qu’il est. Sa Personne est le Rocher, et c’est
pourquoi son oeuvre est parfaite. Là est le mystère des mystères. Mais il ne
nous est pas présenté pour que nous le discutions, il est placé devant nous
comme l’objet de notre foi, de notre confiance, de notre amour et de notre
adoration.
Dieu et l’homme, le ciel et la terre, sont ensemble devant les
pensées de la foi dans ce grand mystère. Dieu a été ici-bas, sur la terre, et
il y a été en chair ; et l’Homme glorifié est en haut dans le ciel. Ce sont les
liens entre ces grands objets que j’ai cherché à considérer en détail ; et cet
exercice de l’âme est bien propre à rendre réels
et à rapprocher
de nos coeurs le
ciel et l’éternité. Les distances morales sont infinies, mais les distances
elles-mêmes ont disparu maintenant. La nature humaine, envahie par les
convoitises et la mondanité, rend difficile à l’âme d’entrer dans ces choses,
mais la distance en elle-même n’est rien. Jésus, après être monté dans le ciel,
se montra « en un moment, en un clin d’oeil » à Étienne, hors de la cité des
Juifs ; et dans un intervalle de temps tout aussi rapide, il resplendit sur le
chemin de Saul de Tarse, alors que celui-ci se rendait de Jérusalem à Damas.
Nous n’avons pas aujourd’hui de telles manifestations de la gloire, mais sa
proximité et sa réalité sont garanties et confirmées à nos âmes, par la vue de
ces grands mystères.
Le royaume à venir ne sera-t-il pas la manifestation des résultats de ces liens mystérieux qui unissent le ciel et la terre ? Tous deux, de différentes manières, en seront les témoins et les célébreront. « Que les cieux se réjouissent et que la terre s’égaye ». L’Église, une avec l’Homme exalté et glorifié, sera en haut, au-dessus des principautés et des puissances. L’échelle que vit Jacob, sera établie, le Fils de l’homme sera le centre aussi bien que le soutien de tout ce système à venir de gloire et de gouvernement. Les nations n’apprendront plus la guerre. Le bois de Juda et celui d’Éphraïm seront un, et un seul roi sera leur roi à tous deux. « Et il arrivera, en ce jour-là, que j’exaucerai, dit l’Éternel, j’exaucerai les cieux, et eux exauceront la terre, et la terre exaucera le froment et le moût et l’huile, et eux exauceront Jizreël ». Qu’est-ce que tout cela, sinon un fruit béni que l’on recueillera dans les jours du royaume à venir, fruit de ces liens qui ont déjà été formés, comme nous l’avons vu ? Les germes et les principes de toutes ces manifestations dans les cieux et sur la terre, parmi les anges, les hommes, toutes les créatures, et la création elle-même, se trouvent à Bethléhem, au jardin du sépulcre et au mont des Oliviers.
Puissent nos consciences et nos coeurs apprendre cette leçon ! Puissions-nous, associés plus intimement aux anges dans les champs de Bethléhem et au sépulcre de Jésus, contempler ces liens mystérieux dont nous avons parlé ! Ou encore, avec le même coeur que les disciples sur la montagne des Oliviers, arrêter nos regards sur ce glorieux lien qui se formait entre Jésus et les cieux (Voyez Luc 24:44-52). Semblables à Israël, ils célébraient alors la fête des prémices (Lév. 23:9-14). Jésus, les vraies prémices, venait d’être recueilli, et lui, leur divin Maître, leur avait expliqué le mystère de cette première gerbe cueillie, c’est-à-dire la signification de sa résurrection. Ils contemplaient alors ce glorieux moment. Ils fixaient leurs regards sur leur Seigneur ressuscité qui montait au ciel, et ils célébraient la fête comme avec un sacrifice d’holocauste : « Eux, lui ayant rendu hommage, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie ».
Assurément, nous pouvons dire : « Le mystère de la piété est grand : Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire ».
Il a été reçu glorieusement ou en gloire, aussi bien que dans la gloire. Il est entré dans la lumière des plus hauts cieux, mais il y est entré glorieux lui-même ; et il est là, dans le corps de sa gloire, modèle de ce que seront les nôtres. L’humanité réelle est là, dans les plus hauts cieux, mais elle y est glorifiée. Et, bien que glorifiée, c’est cependant la vraie nature humaine. Jésus est au ciel, revêtu du même corps que celui qu’il avait ici sur la terre, quand il marchait au milieu des hommes. C’est cette « sainte chose », formée directement par le Saint Esprit dans le sein de la vierge. C’est là le « Saint » qui, bien que couché dans le tombeau, n’a point senti la corruption. C’est là ce corps qui fut offert pour nous, et dans lequel il porta nos péchés sur le bois. Cette nature humaine dans laquelle il souffrit toutes sortes d’insultes, d’ignominies, de mépris et de misères, est maintenant assise pour toujours dans une gloire ineffable. Le corps qui autrefois fut percé, et nul autre, est celui que tout oeil verra. Ce tabernacle ne sera jamais abattu. La Personne de Christ qui comprend sa nature humaine sera l’objet éternel et divin de la gloire, de la louange et de l’adoration. Sa position actuelle est celle de la gloire la plus élevée, de l’exaltation au-dessus de toute la création de Dieu, et au-dessus de tout nom qui se nomme ou qui peut être nommé.
Il a été « élevé dans la gloire », avec l’amour ineffable et l’acceptation sans limites et sans réserve de Dieu le Père, après avoir opéré et accompli le dessein de sa grâce dans la rédemption des pécheurs.
Il a été reçu en triomphe ayant emmené captive la captivité et dépouillé les principautés et les puissances, et il s’est assis à la droite de la Majesté dans les lieux très hauts, toute autorité lui étant donnée dans le ciel et sur la terre.
Il a été reçu en haut comme le Chef de son corps, l’Église, de sorte que de la plénitude de la Déité, qui habite en lui corporellement, elle « croisse de l’accroissement de Dieu », par le Saint Esprit qui nous a été donné.
Il a été reçu en haut comme dans un temple, où il paraît pour nous en la présence de Dieu, assis là comme ministre du vrai tabernacle, faisant continuellement intercession pour nous, et en cela, comme en d’autres voies de grâce, servant dans son corps devant le trône.
Il a été élevé et est entré comme notre précurseur dans la maison du Père, pour y préparer une place pour les enfants, afin que là où il est, lui, nous, nous y sayons aussi.
Et de plus, s’il s’est assis dans le ciel, c’est comme quelqu’un qui attend. Il attend, en effet, le moment où il viendra à la rencontre de ses saints dans les airs, afin qu’ils soient avec lui pour toujours. Il attend jusqu’à ce qu’il vienne apporter à la terre des temps de rafraîchissement par sa présence. Il attend jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds.
Notre affection est bien froide et notre énergie bien petite,
mais en principe je ne sache rien qui soit digne de ces visions de la foi, si
ce n’est cet esprit de dévouement
qui
peut dire avec Paul : « Je sais être abaissé, je sais aussi être dans
l’abondance », et cet esprit de désir
qui
s’élance vers lui et dit : « Viens, Seigneur Jésus », viens promptement.
Bien-aimés, notre Dieu a ainsi lui-même uni sa divinité à l’humanité qu’il a prise, par des liens qui ne peuvent jamais être rompus, et que le délice et la gloire qu’il y trouve, aussi bien que son conseil et sa force, rendent sûrs et stables pour toujours. Nous les avons contemplés, ces liens, mystérieux et précieux à la fois. Lui-même les a formés, lui-même les constitue, la foi les saisit, et, établi sur le Rocher des siècles, le pécheur croyant se repose en paix et en sécurité.
De toute mon âme, je dis : Puissent ces méditations aider à rendre plus réels et plus rapprochés de nous ces objets de la foi ! Elles seront sans valeur, si elles ne tendent pas à le glorifier dans nos pensées, à le donner, lui, avec une fraîcheur et une force nouvelles à nos coeurs.
Plus près de Toi, mon Dieu,
Toujours plus près de Toi.
Que ce soit le soupir de nos âmes jusqu’à ce que nous le voyions ! Amen.
« Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds » (Hébreux 2:8).
En lisant le commencement de l’évangile de Luc, on est frappé d’y trouver et d’y sentir la profonde et vive expression de l’intimité qui existe entre le ciel et la terre. Ce sont les besoins et la faiblesse de l’homme qui ouvrent les portes du ciel ; mais une fois ouvertes, elles le sont largement.
Zacharie et Élisabeth « étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et dans toutes les ordonnances du Seigneur, sans reproche ». Ils étaient de la famille sacerdotale, de la postérité d’Aaron. Mais ce ne fut pas leur justice qui ouvrit pour eux le ciel ; ce furent leurs besoins et leurs infirmités. Élisabeth était stérile, et tous deux étaient fort avancés en âge ; et la raison de leur réelle bénédiction était là, dans leur douleur et leur faiblesse. Pour la femme stérile et le mari sans enfants, Gabriel vient avec une promesse du ciel. Mais ainsi que je l’ai dit, le ciel une fois ouvert, il l’est largement. Les anges sont tout activité et joie ; peu importe que ce soit le temple dans la royale et sainte cité, ou un village reculé de la Galilée méprisée, Gabriel est prêt à se rendre dans l’un ou dans l’autre. La gloire de Dieu éclate dans les champs de Bethléhem, tout autant qu’au milieu des armées célestes. Le Saint Esprit remplit de sa divine lumière et de sa puissance les vaisseaux élus, et le Fils lui-même devient un homme. Le ciel et la terre sont très rapprochés l’un de l’autre. L’activité et la joie commencées en haut, sont ressenties et trouvent leur réponse sur la scène d’ici-bas. Les bergers, les femmes favorisées de Dieu, le vieux sacrificateur, et l’enfant dans le sein de sa mère, partagent le saint enthousiasme du moment, et les saints qui attendaient voient s’accomplir leurs désirs.
Je ne sache pas de passages des Écritures qui présentent ce caractère avec plus de beauté (Luc 1, 2). C’est comme en un moment, en un clin d’oeil, qu’une transition bénie s’accomplit :
« Le ciel descend pour saluer nos âmes ».
La terre apprend de la bouche de ces merveilleux témoins qu’en vérité la porte des cieux lui était toute grande ouverte. L’intimité la plus profonde accompagnait les services de la grâce. L’ange appelle par leurs noms Zacharie et Marie, et en leur parlant nomme aussi Élisabeth. Le coeur comprend immédiatement ce langage.
Nous pouvons bénir le Seigneur qui nous fait connaître ces
choses, et nous le bénirions, sans doute, si nous marchions avec plus de
simplicité et de foi, dans le sentiment de la proximité
et de la réalité
du
ciel.
Jacob et Étienne, chacun dans son jour, virent de la même
manière le ciel s’ouvrir devant eux, et il leur fut donné de connaître
l’intérêt personnel qu’ils y avaient. Jacob contemple une échelle dressée, dont
le sommet pénètre dans les cieux tandis que le pied repose sur la terre, à l’endroit
même où il était couché. C’était un lieu méprisable et déshonoré, témoin à la
fois de son péché et de sa misère. Mais là
se trouvait l’échelle, et la voix du Seigneur qui trônait dans sa gloire
au-dessus de ce lieu, parle à Jacob de bénédiction, de sécurité, d’héritage, et
lui promet de le conduire.
De même, Étienne voit aussi le ciel ouvert et en contemple la
gloire ; mais le Fils de l’homme est debout
à la droite de Dieu. Le martyr apprenait ainsi, comme l’échelle l’avait dit
au patriarche, que lui et les circonstances où il se trouvait en ce moment
même, occupaient les pensées du ciel.
Il en était ainsi, selon les mêmes voies, dans ces jours
éloignés où vivaient Jacob et Étienne éloignés l’un de l’autre comme ils le
sont dé nous. Mais l’intervalle des temps ne fait aucune différence. La foi
voit les mêmes cieux ouverts maintenant
et
apprend comme les hommes d’autrefois, que ces cieux sont à nous. Elle apprend
qu’il existe des liens entre eux et nous, dans les circonstances où nous
sommes. L’oeil de la foi a une échelle devant lui, le ciel est ouvert, et il y
contemple « l’Homme Christ Jésus », le Médiateur de la nouvelle alliance, le
grand souverain Sacrificateur, l’Avocat auprès du Père, Celui qui sympathise et
qui est aussi notre Précurseur dans ces régions de gloire.
Jésus est monté en haut, et la foi reconnaît que ce qu’il accomplit actuellement dans les cieux est entièrement « pour nous ». Il se souvient là de nos besoins, aussi bien que de nos douleurs. Les souffrances de Jacob étaient celles d’un homme repentant, celles d’Étienne, d’un martyr, mais le ciel de Jacob était aussi celui d’Étienne.
Cela n’est pas tout. La foi connaît un autre mystère dans le ciel. Elle sait que, si le Seigneur a pris là sa place dans ces divers caractères de grâce envers nous, il l’occupe aussi comme Celui que l’homme a méprisé et que le monde a rejeté. C’est aussi ce que la foi saisit dans les cieux où le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, est maintenant assis.
Jésus mourut sous la main de Dieu.
Son âme fut mise en oblation pour le péché. « Il plut à l’Éternel de le
meurtrir », et il ressuscita comme Celui qui était mort de cette manière : sa
résurrection rendant témoignage de l’acceptation de son sacrifice. Il monta
ensuite au ciel dans le même caractère, afin d’y poursuivre le dessein de grâce
que Dieu avait en vue dans cette mort et dans cette résurrection.
Mais le Seigneur Jésus mourut aussi sous la main de l’homme,
c’est-à-dire que la main
méchante de l’homme eut sa part dans cette mort, tout autant que celle de la
grâce infinie de Dieu. Il fut rejeté par « les cultivateurs », haï du monde,
chassé, crucifié et tué. C’est là un autre caractère de sa mort. Et sa
résurrection et son ascension sont selon ce caractère aussi des parties de
l’histoire de Celui que le monde a rejeté. En effet, sa résurrection est le
gage du jugement du monde (Actes 17: 31), et son ascension l’a placé dans
l’attente du jour ou ses ennemis seront mis comme marchepied de ses pieds (Héb.
10:13).
Ces distinctions nous font comprendre les différents aspects sous lesquels la foi, à la lumière de la Parole, considère Jésus monté en haut. Elle le voit là, dans la grâce de sa sacrificature, intercédant pour nous ; et, en même temps, attendant le jugement de ses ennemis.
L’évangile proclame le premier
de ces mystères, c’est-à-dire la mort du Seigneur Jésus sous la main de Dieu
pour nous, et sa résurrection et
son ascension, dans un caractère en harmonie avec cette mort. Et c’est dans cet
évangile que nous pouvons à bon droit nous glorifier comme étant celui de notre
parfait salut (*). Mais en se glorifiant dans
le premier de ces mystères, on pourrait oublier le second.
Ce serait une sérieuse lacune dans l’âme d’un saint et
dans le témoignage de l’Église. Car si ce grand fait, la mort du Seigneur sous
la main de l’homme,
est oublié sur la
terre, il n’est sûrement pas oublié dans le ciel. Ce mystère n’est pas, il est
vrai, le mobile de l’action qui se passe actuellement
dans le ciel ; ce qui l’est, c’est la mort de la Victime
et les intercessions du sacrificateur en vertu de cette
mort. Mais ce sera la mort du divin
martyr,
la mort du Fils de Dieu par la main de l’homme,
qui caractérisera bientôt l’action qui aura lieu dans le
ciel.
(*) Quand on prêche l’évangile, le péché que l’homme a commis
en mettant à mort le Seigneur de
gloire, doit certainement être toujours mis en évidence, mais c’est la mort du
Seigneur comme Agneau de Dieu
qui est
le fondement de la grâce publiée par l’évangile. C’est ce que je veux dire ici.
Ces distinctions sont nettement et
clairement tracées et maintenues dans l’Écriture. Le ciel, tel qu’il nous est
ouvert dans l’Apocalypse, est un ciel tout autre que celui qui nous est
présenté dans l’épître aux Hébreux. Les pensées, les actions, les occupations,
diffèrent entièrement, tout autant que la mort du Seigneur Jésus considérée
comme perpétrée par la main de l’homme, c’est-à-dire par nous,
diffère de cette mort venant de la main de Dieu,
c’est-à-dire accomplie pour nous.
Les
mêmes objets s’y trouvent, mais dans des relations différentes.
Par exemple, nous voyons dans le ciel de l’épître aux Hébreux et dans le ciel de l’Apocalypse, un trône et un temple, mais le contraste entre eux est très soigneusement maintenu. Dans l’épître aux Hébreux, le trône est un trône de grâce, et nous y trouvons et obtenons tout ce que requièrent nos peines et nos besoins du temps présent. Dans l’Apocalypse, c’est un trône de jugement devant lequel et autour duquel sont les agents et les instruments de la colère et de la vengeance. Dans les Hébreux, le sanctuaire ou le temple est occupé par le Souverain Sacrificateur de notre profession, le Médiateur d’une meilleure alliance, servant là en vertu de son propre et très précieux sang. Dans l’Apocalypse, le temple retentit des sons et resplendit des lumières qui annoncent le jugement. Des éclairs, des voix et des tonnerres, en accompagnent l’ouverture. C’est le temple vu par le prophète, rempli de fumée, et dont les fondements des seuils sont ébranlés, en signe que le Dieu auquel appartient la vengeance était là dans sa gloire (Ésa. 6).
La vue que nous avons du ciel dans l’Apocalypse est donc très
solennelle. C’est le lieu où la puissance se prépare des instruments pour le
jugement. Les sceaux sont ouverts, les trompettes retentissent, les coupes sont
versées, mais c’est comme introduction à quelque terrible calamité sur la
terre. L’autel qui est là n’est pas celui de l’épître aux Hébreux, celui où la
sacrificature céleste mange du pain de vie, mais c’est l’autel qui fournit le
feu du châtiment pour la terre. Et là aussi, il y a guerre,
et à la fin il s’ouvre ce ciel devant Celui dont le nom est
« la Parole de Dieu », qui est vêtu d’un vêtement teint dans le sang, et de la
bouche duquel sort une épée aiguë à deux tranchants, afin qu’il en frappe les
nations.
Assurément, c’est là le ciel sous un nouveau caractère, et le
contraste avec celui des Hébreux est très solennel. Ce n’est pas le ciel tel
que la foi le saisit maintenant,
un
sanctuaire de paix rempli des provisions et des témoignages de la grâce, mais
un ciel qui nous apprend que, bien que le jugement soit pour le Seigneur une
oeuvre inaccoutumée, cependant c’est son oeuvre au temps convenable. Car le
ciel, dans ses diverses phases, est le lieu du témoignage de la grâce,
du jugement
et de la gloire.
C’est
maintenant le ciel de la grâce ; il deviendra le ciel du jugement au temps qui
commence en Apocalypse 4, et se continue durant toute l’action du livre,
jusqu’à ce qu’aux chap. 21 et 22, il devienne le ciel de la gloire.
L’âme doit s’accoutumer à cette sérieuse vérité, que le jugement
précède la gloire ; je parle ainsi par rapport à l’histoire de la terre ou du
monde. Car pour ce qui est du croyant, il est passé de la mort à la vie ; pour
lui, il n’y a pas de condamnation ; il ne ressuscite pas pour le jugement, mais
pour la vie. Mais il doit savoir que, dans la suite de l’histoire divine de la
terre ou du monde, le jugement précède la gloire. Le royaume sera vu dans l’épée ou «
la verge de fer », avant
d’être contemplé dans le sceptre.
L’Ancien
des jours est assis en vêtements blancs sur un trône de flammes de feu, avec
les livres ouverts devant lui, avant que le Fils de l’homme vienne jusqu’à lui
avec les nuées des cieux pour recevoir la domination (Ps. 2; Dan. 7).
Ces leçons sont très clairement enseignées et distinguées dans
les Écritures. Dans la période qui s’ouvre en Apocalypse 4, c’est Christ rejeté par l’homme,
et non pas Christ accepté de Dieu pour des pécheurs,
qui
est devenu l’objet et la pensée du ciel. Et en conséquence, des préparatifs
sont faits pour venger sur le monde les torts qu’y a soufferts le Seigneur
Jésus, et pour revendiquer ses droits sur la terre. En d’autres termes, c’est
le ciel commençant cette série d’actes qui doit établir le Seigneur dans son
royaume après le jugement de ses ennemis.
Mais tout ceci nous montre de nouveau, selon la pensée dominante
de ces méditations sur « le Fils de Dieu », que c’est la même
Personne qui est gardée devant nous, pour être connue de nous,
dans toutes les phases ou périodes du même grand mystère. À quelque point que
nous soyons arrivés, nous marchons toujours dans la compagnie du même
Jésus. En effet, ces distinctions,
que j’ai déjà fait remarquer, nous disent qu’il a été reçu dans le ciel, et
qu’il y est maintenant assis dans les caractères mêmes sous lesquels il avait
été auparavant connu et manifesté sur la terre. Car il a été ici-bas comme
Celui qui accomplissait parfaitement la grâce de Dieu envers nous pécheurs, et
comme Celui qui endura dans toute sa plénitude l’inimitié du monde. Or c’est
sous ces deux caractères, comme nous l’avons vu, qu’il est assis dans le ciel.
Mais il ne se hâte point de revêtir ce second caractère, ou d’apparaître agissant dans le ciel comme Celui qui a été méprisé sur la terre. Il retarde, pour ainsi dire, le moment d’entrer dans le ciel de l’Apocalypse. Et dans ce trait de son caractère, en différant l’heure du jugement, en demeurant encore dans le lieu de la grâce, il dévoile à nos yeux une très douce expression du coeur que la foi nous a appris à connaître. C’est ainsi que, lorsqu’il était ici-bas, il approchait à pas lents de Jérusalem comme le Dieu de jugement. Il disait à la cité coupable : « Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes », avant de prononcer ces paroles : « Voici, votre maison vous est laissée déserte ». Il s’attardait dans les plaines, visitant chaque cité et chaque village du pays, dans son patient service de grâce avant de s’asseoir sur la montagne des Oliviers pour annoncer le jugement et la désolation de Sion (Matt. 24:1). Et maintenant, de Celui qui s’avançait ainsi lentement sur la route qui le conduisait au lieu d’où il prononçait le jugement, il est écrit : « Il est patient envers vous ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (*) (2 Pierre 3).
(*) L’expression « Fils de l’homme » caractérise sa Personne, lorsqu’il est présenté dans sa gloire judiciaire comme aussi lorsqu’il s’agit de sa domination sur la terre (Voyez Ps. 8; Jean 5:27; Matt. 19:28).
Ainsi, nous avons devant nous la même
Personne, avec le même caractère, soit que nous la considérions comme il était
sur la terre, soit comme il est maintenant dans le ciel, une seule et même
Personne, moralement la même, malgré les changements de scène et de condition.
« La grâce qui était en Christ dans ce monde est la même qui est en lui
maintenant dans le ciel ». Paroles consolantes et propres à encourager ! Comme
nous devrions savoir réellement que nous parlons selon la vérité, quand nous
disons : « Je le connais ! »
Nous l’avons
contemplé dès le commencement. Nous l’avons vu descendant du ciel, prenant
naissance dans le sein de la vierge, couché dans la crèche ; il traversa ensuite
la terre revêtu d’une gloire parfaite, complète, sans souillure, bien que
voilée ; il mourut et fut enseveli ; il ressuscita et retourna au ciel, et comme
nous l’avons déjà envisagé, la foi le voit là, Lui que la foi avait connu pour
avoir vécu ici-bas, lui-même, le ministre et le témoin de la grâce de Dieu
envers l’homme, Celui qui a porté pleinement l’inimitié de l’homme contre Dieu,
et qui cependant est le Dieu qui diffère le jugement.
Mais je dois faire remarquer quelque chose de plus, touchant le même
Jésus, quelque chose qui est encore
plus immédiatement en rapport avec le sujet de ma présente méditation.
Lorsque le Seigneur Jésus était ici-bas, il attendait son
royaume. Il se présenta lui-même à la fille de Sion, comme étant son Roi, le
Fils de David. En entrant dans la cité, « débonnaire et monté sur une ânesse »,
il se manifestait comme Celui que les prophètes avaient autrefois annoncé.
Autrefois son étoile, l’étoile du royal enfant de Bethléhem, était apparue en
Orient, appelant les gentils à venir au Fils de David, dans la ville de David.
Mais il ne trouva point ce qu’il attendait alors : « Il vint chez les siens, et
les siens ne l’ont pas reçu ». Toutefois il emporta avec lui dans le ciel cette
même pensée, ce même désir de son royaume : « Un homme noble s’en alla dans un
pays éloigné, pour recevoir un royaume ». Il pense à son royaume, maintenant
qu’il est assis sur le trône du Père, comme il y pensait et l’attendait
lorsqu’il était ici-bas. Et, je le répète ici, combien, sous ce beau caractère
de roi, nous sommes gardés en communion avec le même
Jésus. Il fut autrefois sur la terre, il est maintenant dans
le ciel ; mais, où que ce soit, nous le connaissons comme le même Seigneur, un
dans sa Personne, un dans ses desseins et ses désirs, bien que les lieux et les
conditions changent. Il était roi d’Israël ici-bas, et, avec désir, réclamait
son royaume ; mais ses concitoyens le lui ayant refusé, il l’a reçu dans le
ciel. Au temps convenable, au jour de la joie de son coeur, il reviendra pour
l’administrer ici-bas où d’abord il était venu le chercher. « Je voyais dans les
visions de la nuit, et voici quelqu’un comme un Fils d’homme vint avec les nuées
des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de
lui. Et on lui donna la domination, et l’honneur, et la royauté, pour que tous
les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une
domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne
sera pas détruit ».
C’est là aussi l’hommage que nous rendons au même Jésus, et le coeur l’apprécie lorsque nous y pensons. Mais il y a un autre trait de cette identité qui surpasse de beaucoup tout ce que nous avons fait remarquer.
Lorsqu’il était ici-bas, il désirait être connu de ses disciples ; il désirait que leurs regards, pauvres pécheurs qu’ils étaient, découvrissent quelques rayons de ses gloires cachées. Il se plaisait de même à communiquer à la foi les trésors de sa grâce. La foi qui comptait sur lui sans réserve, la foi qui en simplicité avait recours à lui en toute occasion, la foi qui subsistait, bien que repoussée ou traitée avec une apparente froideur, cette foi-là lui était précieuse. Le pécheur qui s’attachait à lui, malgré le mépris du monde, ou qui se confiait en lui sans être soutenu ou encouragé par d’autres, recevait de lui l’accueil le plus bienveillant. L’âme qui, en liberté, recherchait sa présence, qui désirait entrer en communion avec lui, assise à ses pieds ou penchée sur son sein, pouvait obtenir de lui ce qu’elle voulait, ou, comme Abraham lorsqu’il intercédait, pouvait demeurer avec lui aussi longtemps qu’il lui plaisait.
Il désirait l’union avec ses élus ; une union complète, personnelle, et permanente, prêt comme il l’était à partager avec eux le nom que le Père lui avait donné, l’amour dans lequel il était auprès du Père, et la gloire dont il était héritier.
Il recherchait la sympathie ; il soupirait après la communion, dans ses joies comme dans ses douleurs. Or nous ne saurions en aucune manière apprécier la souffrance de son coeur lorsqu’il ne la rencontrait pas. C’était pour lui un sentiment bien plus profond, nous pouvons le dire, que lorsque se présentant pour réclamer un royaume, il ne le recevait pas. Quelle douleur dans ces paroles : « Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi ! » N’y voyons-nous pas l’expression d’un coeur solitaire ?
Il y a plus encore. Il se proposait, lorsqu’il était ici-bas, de partager son trône avec les siens. Il ne voulait pas être seul ; il voulait faire part à ses élus des honneurs et de l’héritage qui lui appartenaient, de même qu’il aurait voulu qu’eux, en sympathie avec lui, comprissent et partageassent ses joies et ses douleurs.
Et maintenant — mystère excellent et merveilleux qui nous le fait entendre — tout cela est ou sera réalisé pour lui dans l’Église et par l’Église. L’Église est appelée à répondre aux désirs du Seigneur Jésus en toutes ces choses, à être pour lui tout ce que son coeur demandait, soit à présent par le Saint Esprit, soit bientôt dans le royaume. Elle est appelée à entrer maintenant, en esprit, dans ses pensées et dans ses affections, ses joies et ses douleurs, et ensuite à resplendir dans sa gloire et à s’asseoir sur son trône.
Quel mystère ! L’Église à qui le Saint Esprit a été donné pour
demeurer en elle, et qui est destinée à s’asseoir, glorieuse elle-même, dans
l’héritage de la possession du Seigneur, l’Église est la réponse à ces désirs les plus profonds
du coeur de Jésus, le
Fils de Dieu, dans les jours de sa chair. Je le répète : Quel mystère ! Nous
pouvons bien admirer ces harmonies qui nous parlent du même
Jésus, de sa Personne, toujours la même dans les différentes
parties de ses voies merveilleuses. Lorsqu’il était ici-bas, il cherchait et
réclamait un royaume, et désirait les sympathies de ses saints. Mais son peuple
n’était pas préparé à reconnaître sa royauté, ses saints n’étaient pas capables
d’entrer dans cette communion. Toutefois, il reçoit maintenant un royaume dans
le ciel, et il reviendra l’administrer ici-bas. Il commence maintenant, par
l’Esprit Saint qui demeure dans ses élus, à trouver cette communion qui sera
pleinement réalisée pour lui au jour où ils auront atteint la perfection. Le
royaume sera sa gloire et sa joie. Il est appelé « la joie du Seigneur », car il
sera dit à ceux qui le partageront avec lui : « Entre dans la joie de ton
Seigneur ». Mais la communion dans laquelle l’Église sera avec lui, lui sera
bien plus précieuse. C’était ici-bas son désir le plus intense ;
ce sera bientôt sa plus riche
jouissance. Ève était pour Adam bien plus que la
domination sur toutes choses.
Avons-nous, bien-aimés, assez de puissance dans nos âmes pour nous réjouir dans la pensée que le coeur du Seigneur Jésus sera ainsi satisfait ? Nous pouvons découvrir et retracer les joies diverses qui l’attendent au jour de ses épousailles, au jour des délices de son coeur ; mais avons-nous la capacité, en esprit, de faire davantage ? Il est humiliant d’avoir à adresser de semblables questions à notre âme, nous pouvons le dire en toute sincérité.
Le royaume et l’Église seront au Seigneur.
Le royaume lui appartiendra à plus d’un titre. Il le prendra en vertu de l’alliance, ou
selon les
conseils existants en Dieu, avant la fondation du monde. Il l’obtiendra par son droit personnel,
car lui, le Fils de
l’homme, n’a jamais perdu l’image de Dieu, et il ne le pouvait pas, parce que,
tout en étant Fils de l’homme, il était le Fils du Père. Il ne la perdit
pas, et l’ayant conservée, la
domination lui appartient à titre personnel, selon les premiers grands décrets
de puissance et de gouvernement formulés ainsi : « Et Dieu dit : Faisons l’homme à
notre image, selon notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de
la mer, et sur les oiseaux des cieux, et sur le bétail, et sur toute la terre,
et sur tout animal rampant qui rampe sur la terre ». Il prendra aussi le royaume
en vertu de son obéissance,
ainsi que
nous le lisons : « Étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même,
étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix. C’est
pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus, se ploie tout genou ». Sa mort
aussi lui donne un titre au royaume, car nous lisons encore :
« En lui, toute la plénitude s’est plue à habiter, et, par lui, à réconcilier
toutes choses avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par
lui, soit les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux ».
Et la croix, où il subit la mort, portait, sans qu’il eût été permis d’en
effacer une seule lettre, maintenues intactes par la puissante main de Dieu,
ces paroles : « Celui-ci est Jésus, le Roi des Juifs ».
Ainsi la domination appartient au Fils de l’homme en vertu de
l’alliance, par le titre personnel qu’il y a, par son titre de service ou
d’obéissance, et par celui d’achat que sa mort lui a donné. Je puis y ajouter
aussi, par droit de conquête, car les jugements qui lui fraieront le chemin au
trône et qui retrancheront du royaume tous les scandales et ceux qui commettent
l’iniquité, seront exécutés, comme nous le savons, par sa main puissante.
« Portes, élevez vos têtes ! et élevez-vous, portails éternels, et le Roi de
gloire entrera. Qui est ce Roi de gloire ? L’Éternel fort et puissant, l’Éternel
puissant dans la bataille
». Quelles
solides fondations sont ainsi posées pour la domination du Fils de l’homme !
Combien chaque titre contribue à l’honneur et à la gloire de son nom. Ainsi que
nous le voyons en Apoc. 5, personne dans le ciel, ni sur la terre, ne pouvait
prendre le livre, si ce n’est l’Agneau qui avait été immolé, le Lion de la
tribu de Juda. Mais aussitôt qu’il s’avance, Celui qui est assis sur le trône,
le lui laisse prendre de sa main, et alors l’Église dans la gloire, les anges
et toutes les créatures dans les différentes parties des vastes domaines de la
création, exaltent en triomphe les droits et les titres de l’Agneau. Et si son
droit est ainsi assuré, scellé comme il l’est par des milliers et des milliers
de témoins, s’il est merveilleux aussi, tels seront la puissance et le royaume
que maintient ce droit. Tout le grand dessein de Dieu dans le gouvernement de
toutes choses revit et est rétabli en Christ, le Fils de Dieu, « le Seigneur
venu du ciel », aussi bien que le « Fils de l’homme ». Nous pouvons dire que si
« toutes les promesses de Dieu sont oui en lui, et amen, en lui », de même toutes
les destinées de l’homme sous le gouvernement de Dieu sont « oui et amen » en
lui.
La domination fut donnée à Adam. À Noé fut confié le gouvernement. Abraham fut établi père de plusieurs nations. À David appartint le jugement et à Salomon la royauté. Mais en Christ toutes ces gloires seront réunies et brilleront ensemble. En lui et sous lui, se fera « le rétablissement de toutes choses ». Il portera « plusieurs diadèmes », et plusieurs noms lui sont donnés. Son nom de « Seigneur », dans le Ps. 8, n’est pas son nom de « Roi », dans le Ps. 72. La gloire qui appartient à chacun est spéciale. Les couronnes sont différentes, mais l’une et l’autre sont à lui. Il est également « Père d’éternité » ; Roi et cependant Père, le Salomon et l’Abraham de Dieu. En lui tout sera béni, et cependant devant lui, tout genou fléchira. L’épée aussi est à lui, et « la verge de fer », aussi bien que le sceptre de justice. Il jugera comme David et régnera comme Salomon.
Comme Fils de David,
il prend en main la puissance pour l’exercer dans une certaine sphère de
gloire. Comme Fils de l’homme,
il
exerce la puissance dans une sphère de gloire bien plus vaste. Il vient dans sa
propre gloire, dans la gloire du Père et dans la gloire des saints anges. Comme
Homme ressuscité,
il prend aussi la
puissance. Nous le voyons en 1 Cor. 15:23-27. Et ce caractère s’exerce aussi
dans une sphère spéciale. Il foule aux pieds la mort, le dernier ennemi. Et
comme tout le reste, il est convenable et parfait à sa place, qu’au temps voulu
ce soit l’Homme ressuscité qui abolisse la mort.
Des scènes diverses de gloire l’entoureront, et des caractères
variés de gloire s’attacheront à sa Personne. Le caractère même du royaume
consistera en ceci : il sera rempli des
gloires de Christ,
gloires variées, mais s’harmonisant et se fondant toutes
ensemble. La croix nous a déjà présenté un exemple de cette oeuvre parfaite. Là
se sont rencontrées « la bonté et la vérité ». Là Dieu se montra « juste » et
cependant « justifiant » le pécheur. Il en sera dans les jours à venir de la
puissance, comme autrefois dans les jours de la faiblesse. De même que la bonté
et la vérité, la justice et la paix, se sont rencontrées et embrassées, ainsi
l’autorité et le service, la bénédiction et le gouvernement, un nom de toute
majesté et de toute puissance, et cependant un nom qui descendra d’en haut
« comme une pluie fine sur l’herbe tendre », seront connus et appréciés ensemble.
Il y aura la domination universelle de l’homme sur l’étendue entière des
oeuvres de Dieu, les honneurs du royaume dans le gouvernement de toutes les
nations, avec la présence du Père d’éternité pour répandre et maintenir partout
la bénédiction. « On appellera son nom Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père
du siècle, Prince de paix ».
Tout tend vers l’établissement de cette bénie et glorieuse
seigneurie et suprématie du Fils de Dieu, bien que, pour plusieurs, ce soit à
travers des océans de tribulations, et à travers le jugement complet de ce
« présent siècle mauvais ». Dieu conduit à ce dénouement, et l’homme ne peut
l’empêcher, quoiqu’il cherche à fixer la terre sur ses fondements actuels,
refusant de voir qu’ils sont vermoulus, que la terre et toutes les choses en
elle, vont être dissoutes, et que Christ seul en soutient les colonnes. « Le
faisceau des vivants », comme le disait celle qui reconnaissait la gloire de
David au temps de son abaissement, est un faisceau ferme, compact et sûr, parce
que le Seigneur est en lui, de même qu’autrefois il était dans le buisson
ardent. Mais en dehors de ce faisceau faible et méprisé dans les pensées de
l’homme, et semblable à un buisson d’épines sans valeur, tout est chancelant,
et les temps approchent qui le feront connaître comme un fait historique
à ceux qui ne veulent pas ou
ne cherchent pas à l’apprendre en esprit
dans
la vigilance et la prière.
L’épée et le sceptre de ce jour de puissance à venir sont seuls
dans leurs gloires respectives.
Nulle autre épée, nul autre sceptre, n’est et ne peut leur être semblables.
L’épée doit être « enivrée dans les cieux » (Ésa. 34:5). Quelle expression ! Le
soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang ; les puissances des cieux
seront ébranlées, l’obscurité sera sous ses pieds, et les épaisses nuées du
ciel l’accompagneront au jour où l’épée sera tirée pour le carnage. Sa
puissance foulera la cuve de l’indignation et de la colère du Dieu le
Tout-puissant. Tout ce qui est haut et élevé, les principautés et les
puissances qui régissent les ténèbres de ce monde, la bête et son prophète, les
rois, les capitaines et les hommes puissants, aussi bien que le dragon, le
serpent ancien, qui est le diable et Satan, sont parmi les ennemis qui
sentiront le poids de cette épée — « l’armée d’en haut, en haut, et les rois de
la terre, sur la terre ». Les sources
aussi
bien que les agents du mal seront sondées et visitées par la lumière et la
puissance de l’épée redoutable du Seigneur.
N’est-elle pas unique
dans
sa gloire ? L’épée de Josué ou celle de David auraient-elles pu opérer de
semblables conquêtes ? Les principautés des ténèbres auraient-elles cédé devant
elles ? La mort et l’enfer s’y seraient-ils soumis ? « Tireras-tu le Léviathan
avec un hameçon ? » Mais « Celui qui l’a fait lui a fourni son épée ».
Dans quelles mains donc cette épée doit-elle être placée pour
subjuguer de telles armées ? Son emploi même dans ce jour de puissance, comme
tout le service du Seigneur, dans la faiblesse ou dans la force, nous dit quel
est le vainqueur. Qu’il agisse ou qu’il souffre, il y a par lui, touchant lui,
et autour de lui, une lumière brillante et une divine puissance qui s’affirment
elles-mêmes. Nous les avons retracées et admirées, quoique bien faiblement, et
nous voulons encore les proclamer et les adorer. Les victoires de ce Dieu des
combats ont toujours eu, en d’autres temps, ce même caractère de grandeur.
Autrefois, comme aujourd’hui, elles révélaient sa Personne et sa gloire, ainsi
qu’il est écrit : « L’Éternel est un homme de guerre ; l’Éternel est son nom
». La guerre qu’il conduit — l’Esprit Saint le
déclare — révèle sa souveraineté, sa gloire, son Nom, sa Personne. Les dieux
d’Égypte, comme ceux des Philistins et de Babylone, sentiront le poids de sa
main. Dagon tomba « la face contre terre, devant l’arche de l’Éternel » ; « Bel
s’est affaissé, Nebo se courbe ». Ce sont les faits opérés par la même main.
Et tel qu’est l’épée, tel est le sceptre. Celui de Salomon n’en était qu’une ombre bien légère, et devant lui s’éclipsent la domination donnée à Adam et le gouvernement confié à Noé.
Le monde entier
lui
sera assujetti ; la création
aussi
bien que les nations. «
Chantez à
l’Éternel un cantique nouveau ; chantez à l’Éternel, toute la terre ! Chantez à
l’Éternel, bénissez son nom, annoncez de jour en jour son salut ! Racontez parmi
les nations sa gloire, parmi tous les peuples ses oeuvres merveilleuses ». Sous
l’ombre de ce sceptre et à la lumière de ce trône de gloire, habiteront d’un
bout de la terre à l’autre les nations justes et de bonne volonté. Il y aura
une alliance entre les hommes et les bêtes des champs. Le désert aussi se
réjouira. Le boiteux sautera comme un cerf et la langue du muet chantera. Le
soleil de ce royaume ne se couchera pas, et la lune ne se retirera pas, car
l’Éternel en sera la lumière perpétuelle. On ne fera point de tort et on ne
détruira pas dans toute la sainte montagne de Dieu, car la terre sera remplie
de la connaissance de la gloire de l’Éternel.
Israël revivra ; les os secs seront rappelés à la vie. Les deux bois de Juda et d’Israël seront rapprochés de nouveau pour ne faire qu’un. La cité sera appelée : « L’Éternel est là ». Du pays, il sera dit : « Cette terre qui était désolée est devenue comme le jardin d’Éden ». Et de nouveau elle sera saluée en termes qui parleront de ses saintes dignités : « L’Éternel te bénisse, demeure de justice, montagne de sainteté ! »
Les gentils seront amenés à une intelligence saine, la raison leur reviendra. Le monde insensé, bien que formé par Lui, ne l’avait pas connu. Les rois et les gouverneurs de la terre s’élevèrent contre l’Oint de l’Éternel. Ils regimbèrent contre les aiguillons, trahissant ainsi l’excès de leur folie. Mais ils recouvreront l’intelligence. On reconnaîtra dans ce qui arriva à Nebucadnetsar un mystère non moins qu’un fait historique. La raison fut rendue à celui que représentait la tête d’or, le grand chef de la puissance gentile. Il la retrouva après que les sept années de folie — juste châtiment de son orgueil — eurent passé sur sa tête, et qu’il eut reconnu et confessé que les cieux dominent. Et c’est ainsi que bientôt le monde, cessant de renier dans sa folie son Créateur, le reconnaîtra et le confessera avec un sentiment aussi profond qu’avait été autrefois son incrédulité insensée. Car « des rois fermeront leur bouche en le voyant », en signe de profonde adoration. « Le coeur de bête » leur sera ôté, et il leur sera donné « un coeur d’homme » (Dan. 7). Il ne leur sera plus reproché d’être au-dessous du « boeuf qui connaît son possesseur », ou de « la cigogne qui connaît sa saison », et « de la tourterelle, de l’hirondelle et de la grue, qui prennent garde au temps où elles doivent venir », mais ils voleront « comme les colombes vers leurs colombiers ». « Voici, ceux-ci viendront de loin ; et voici, ceux-là, du nord et de l’ouest, et ceux-ci, du pays de Sinim ».
Les oeuvres de la main de Dieu, aussi bien qu’Israël et les nations, se réjouiront sous le même sceptre. « Le loup habitera avec l’agneau, et le léopard couchera avec le chevreau ». Le sol lui-même connaîtra de nouveau les bienfaits de « la pluie de la première et de la dernière saison », et le travail du divin laboureur. « Tu as visité la terre, tu l’as abreuvée, tu l’enrichis abondamment : le ruisseau de Dieu est plein d’eau. Tu prépares les blés, quand tu l’as ainsi préparée ».
Quel sceptre que celui du Seigneur ! N’est-il pas, de même que l’épée, unique dans sa gloire ? Quel sceptre lui fut jamais semblable ? La puissance a-t-elle jamais pu être en une main pareille à la sienne ? Ce qu’Adam a perdu sur la terre, ce qu’Israël a perdu dans la terre d’élection et de la promesse, ce qu’Abraham a perdu dans sa semence dégradée, rejetée et dispersée, ce que la maison de David a perdu dans le trône, ce que la création elle-même a perdu à cause de celui qui l’a assujettie à « la servitude de la corruption », — tout sera réuni et maintenu et manifesté, par la présence et la puissance du Fils de l’homme en son jour.
« Le Fils » seul pouvait prendre un tel royaume. L’efficacité du
sacrifice accompli, comme nous l’avons déjà vu en méditant sur ce divin sujet,
repose sur la Personne de la victime ; de même, le sanctuaire est rendu agréable
et accessible par la Personne du souverain sacrificateur et du Médiateur qui le
remplit et y exerce ses fonctions ; et ainsi, les gloires et les puissances du
royaume à venir, ne peuvent être déployées, exercées et administrées que par la
même Personne. Le Fils de Dieu accomplit son service dans la condition la plus
humble ou la plus élevée, dans la pauvreté et dans la richesse, dans l’honneur
et dans le déshonneur, comme le Nazaréen et comme le Bethléhémite, sur la terre
et dans le ciel, dans le monde des gloires millénaires, à la fois terrestres et
célestes ; mais tout ce service, du commencement à la fin, et quels que soient
les phases ou les changements de ce grand mystère, nous dit qui il
est. S’il n’eût pas été sur la croix la même
Personne glorieuse qu’il était
il ne pourrait l’être davantage maintenant qu’ii est assis sur le trône du
Père. La foi ne s’occupe pas du lieu où
elle le voit, ni du chemin où
elle le
suit ; elle a devant elle le même radieux Objet ineffablement précieux, et sent
douloureusement toute parole qui, même inconsciente, porterait atteinte à sa
gloire.
Mais nous avons encore à contempler d’autres gloires de ce royaume à venir qui lui appartient.
« Le second homme est venu du ciel », et son apparition doit être accompagnée d’une gloire à laquelle la domination de Salomon ne saurait être mesurée. Oui, en la présence de Celui qui « est venu du ciel », les gloires les plus brillantes de Salomon seront surpassées. « La lune rougira, et le soleil aura honte ; car l’Éternel des armées régnera en la montagne de Sion et à Jérusalem, et devant ses anciens, en gloire ». Dans ce royaume, il y aura des choses célestes, aussi bien que des choses terrestres restaurées. Adam possédait le jardin d’Éden dans toute sa riante beauté et son abondance de fruits. Outre cela, l’Éternel Dieu venait y marcher avec lui. Noé, Abraham, et d’autres encore, dans les jours des patriarches, avaient de riches troupeaux et du bétail, et Noé avait reçu la puissance et la suprématie sur la terre. Mais, privilège bien plus grand, ils étaient visités par les anges, et même le Seigneur des anges venait s’entretenir avec eux dans des visions, ou sous leur tente. La terre de Canaan était un bon pays, riche et agréable, un pays de lait, d’huile et de miel ; mais de plus, la gloire s’y trouvait, et le témoignage de la présence divine y demeurait entre les chérubins.
Il en sera de même, en ces jours à venir où se manifestera la
puissance du Fils de Dieu. Le ciel fera resplendir sur la scène une gloire
toute nouvelle et toute spéciale, aussi certainement qu’autrefois l’Éternel
Dieu se promenait dans le jardin d’Éden, aussi certainement que les anges
montaient et descendaient, dans la vision du patriarche, ou que la présence
divine se trouvait dans le sanctuaire à Jérusalem, au pays de la promesse. Or
non seulement ces visites divines à la terre se renouvelleront, non seulement
la gloire se manifestera du ciel, mais tout revêtira un caractère nouveau et
merveilleux. La terre recevra le témoignage de ce mystère étrange et excellent,
c’est qu’elle-même, du sein de sa poussière et de son asservissement, a donné
une famille aux cieux, famille qui, resplendissante de gloire, reviendra la
visiter, bienvenue plus que les anges, et qui, avec l’autorité et la puissance
qui lui sont destinées, sera au-dessus d’elle pour gouverner et pour répandre
la bénédiction. « Car ce n’est point aux anges qu’il a assujetti le monde habité
à venir dont nous parlons ; mais quelqu’un a rendu ce témoignage quelque part,
disant. Qu’est-ce que l’homme
que tu
te souviennes de lui ? »
Quels liens nous voyons entre ce qu’il y a de plus élevé et ce qu’il y a de plus abaissé ! « Le second homme est venu du ciel ». La sainte cité descendra du ciel, ayant la gloire de Dieu, et en sa présence sera administré le gouvernement du royaume ou la puissance sur la terre. Que seront en comparaison, la souveraineté d’Adam et la gloire du règne de Salomon ?
Dans la scène qui eut lieu sur la sainte montagne, et qui est décrite en Matt. 7, et lors de la royale visitation faite ii la sainte cité, en Matt. 21, ce jour de la puissance du Fils de Dieu, ce « monde à venir », est vu en mystère et dans les lieux célestes, et sur la terre. La gloire céleste brille sur la sainte montagne ; Jésus est transfiguré. Son visage resplendit comme le soleil, ses vêtements deviennent blancs comme la lumière et Moïse et Élie apparaissent en gloire avec lui. De même, à l’occasion de son entrée royale dans la cité sainte, l’humble Jésus, mais toujours le même Jésus, prend un caractère glorieux. Il se montre comme Seigneur de la terre et de tout ce qu’elle contient, et comme le Fils de David reçu en triomphe. Ici, sur la route qui conduit de Jéricho à Jérusalem, on le voit, en un moment mystique, revêtu de ses droits et dignités terrestres, comme en un autre moment semblable, il était apparu, « à l’écart sur une haute montagne », dans sa gloire personnelle et céleste.
Ces occasions solennelles présentaient, chacune dans sa propre
sphère, une transfiguration,
bien
qu’autre soit la gloire céleste et autre la gloire terrestre. Mais dans ces
deux circonstances différentes, Jésus fut glorifié, sorti pour un instant du
sentier d’humiliation qu’il parcourait, lui, le Fils de Dieu, abaissé, brisé,
rejeté. Les deux grandes régions du monde millénaire se sont alors déroulées
devant nous en vision ou en mystère. Ce n’étaient que des ombres passagères,
bientôt perdues pour nous, mais ce qu’elles présentaient et ce dont elles
étaient le gage, demeurera dans toute sa splendeur et sa force durant le jour
de gloire qui approche. Car ce jour de lumière, ce monde de bonheur, sera
rempli des gloires du Fils de Dieu. C’est cette
plénitude
qui lui donnera son caractère et sa valeur, comme nous l’avons
dit précédemment. Chef de la famille ressuscitée, ou soleil de la gloire
céleste, il sera alors Seigneur de la terre et de sa plénitude, Roi d’Israël et
des nations. D’une manière étrange et mystérieuse, dans ce système de gloires
diverses, toutes choses seront unies ensemble, « les parties les plus basses de
la terre », et ce qui est « au-dessus de tous les cieux ». « Dieu a été manifesté
en chair — reçu dans la gloire ». Le « second homme » n’est rien moins que le
Seigneur « venu du ciel » (*).
(*) La puissance de bonheur et de joie du monde millénaire reçoit aussi de frappants témoignages. Pierre, sur la sainte montagne, parle de la joie qu’il partageait avec ses compagnons, en sorte qu’il aurait voulu rester là avec eux pour toujours, s’il eût été possible. Mais ce n’était pas lui qui parlait, c’était la puissance de ce lieu qui parlait en lui. De même, sur la route royale de Jéricho à Jérusalem, le possesseur de l’âne se soumet avec une entière promptitude aux droits du Seigneur de la terre, et les multitudes du peuple d’Israël exaltent le Fils de David ; les palmes dans leurs mains, leurs vêtements étendus sur le chemin, proclament leurs hommages et leur joie comme en une fête des Tabernacles. Mais ici encore, à proprement parler, ce n’était pas eux qui agissaient et parlaient mais la puissance des circonstances au milieu desquelles ils se trouvaient.
Quels mystères ! Quels conseils de Dieu touchant les fins de la création, cachés dans la profondeur des siècles avant les commencements de cette création ! Puissent les affections de nos coeurs être réveillées par ces méditations ! Puissent-elles nous conduire à adorer ! Le Fils qui est de toute éternité dans le sein du Père, fut dans le sein de la vierge, participant avec les enfants à la chair et au sang ; comme Fils de l’homme Dieu manifesté en chair, il traversa les âpres sentiers de la vie humaine, les achevant par la mort sur la croix ; il laissa le tombeau pour la gloire, les parties inférieures de la terre pour monter au-dessus de tous les cieux, et il va revenir sur la terre revêtu de ses dignités, entouré de louange, dans tous les droits, les honneurs et l’autorité d’une grandeur et d’une splendeur ineffables, pour remplir le monde à venir de joie et de bonheur.
Or avant que cette scène de gloire — le monde à venir — puisse être inaugurée selon les voies de Dieu, il faut qu’un autre mystère s’accomplisse. L’Église doit être introduite dans les cieux, comme son Seigneur l’a déjà été.
Le sentier de l’Église à travers le monde est celui d’un
étranger qui passerait inaperçu. « Le monde ne nous connaît point, parce qu’il ne
l’a point connu ». Et comme son passage sur
la terre n’attire point l’attention, il en sera de même à son départ
de la terre. Tout ce qui la
concerne est le fait d’une étrangère ici-bas. Et comme le monde qui l’entoure
ne connaît pas l’Église, et ne sera pas témoin de l’acte
de sa translation au ciel, elle-même en ignore le moment.
Mais nous savons que ce lien
entre nous et les cieux sera formé avant que le royaume, ou « le monde à venir »,
soit manifesté. Car les saints seront les compagnons du Roi dans son royaume
lors des premiers actes
qu’il
accomplira, c’est-à-dire quand il prendra l’épée du jugement pour purifier la
scène où s’exercera le règne de la paix et de la justice. Il l’a promis : « Celui
qui vaincra, et celui qui gardera mes oeuvres jusqu’à la fin, je lui donnerai
autorité sur les nations ; et il les paîtra avec une verge de fer ».
« Je lui donnerai l’étoile du matin ». Cela ne nous donne-t-il pas l’idée d’un lien, d’une action commune ?
Le soleil est dans les cieux le luminaire qui regarde directement la terre, les intérêts et les actes des enfants des hommes. Le soleil domine sur le jour, la lune et les étoiles ont domination sur la nuit. Mais l’étoile du matin n’est pas nommée dans ce système : « Il a fait la lune pour les saisons ; le soleil connaît son coucher. Tu amènes les ténèbres, et la nuit arrive : alors toutes les bêtes de la forêt sont en mouvement ; les lionceaux rugissent après la proie, et pour demander à Dieu leur nourriture… Le soleil se lève : ils se retirent, et se couchent dans leurs tanières. Alors l’homme sort à son ouvrage et à son travail, jusqu’au soir ». L’étoile du matin n’a aucune place dans ces arrangements. Les enfants des hommes se sont couchés et, par la divine miséricorde, goûtent un doux sommeil, tandis que l’étoile du matin orne le firmament.
Le temps pendant lequel le soleil brille est le nôtre.
Je veux dire que le soleil est le
compagnon de l’homme.
Mais l’étoile
du matin n’appelle pas l’homme à son travail. Elle apparaît à une heure qui lui
est propre : ce n’est pas le jour et ce n’est pas la nuit. Celui qui devance
l’aube l’homme qui est debout avant le soleil, le veilleur qui a passé la nuit,
la voient seuls.
Le soleil, selon le langage et les pensées de l’Écriture, est
pour le royaume. «
Celui qui domine
parmi les hommes », est-il écrit, « sera juste, dominant en la crainte de Dieu,
et il sera comme la lumière du matin, quand le soleil se lève » (2 Sam. 23:3-4,
voyez aussi Matt. 13:43; 17:2-5).
Je le demande donc : N’y a-t-il pas pour nous une lumière qui brille avant celle du royaume ? N’y a-t-il pas dans les cieux des signes qui annoncent les temps et les saisons ? Ces astres n’ont-ils pas des voix ? L’étoile du matin apparaissant à son heure solitaire, n’est-elle pas un mystère, aussi bien que le soleil se levant avec puissance sur la terre ? N’est-elle pas dans les cieux le signe de Celui dont l’apparition n’est pas pour le monde, mais pour son peuple, attendant : un Seigneur qui vient bientôt et qui n’est pas de la terre ? L’espérance d’Israël, peuple terrestre salue « l’Orient d’en haut » (Luc 1:78) — mais l’Église tourne les yeux vers l’étoile du matin. « Je suis la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin. Et l’Esprit et l’épouse disent : Viens » (Apoc. 22:16-17).
Tout est à nous ; mais parmi toutes
ces choses glorieuses, l’étoile du matin est pour notre transfiguration à l’image
de Jésus, et le soleil levant
pour le jour de notre puissance avec
Jésus.
Comme ces liens mystérieux sont admirablement formés, comme ces merveilleuses voies se retracent et se poursuivent du commencement à la fin, d’éternité en éternité. Nous ne les perdons jamais de vue, l’intérêt que nous y prenons n’est jamais diminué, non, pas même dans le moment le plus sacré, le plus intime. Dans la suite de nos méditations sur le glorieux sentier du Fils de Dieu, nous venons de contempler dans les cieux un astre qui précède la lumière de l’aurore, astre que Jésus, le Fils de Dieu, parmi ses autres gloires, réclame comme étant lui-même, et veut partager avec ses saints : « Je lui donnerai l’étoile du matin ».
Et lorsque l’Étoile du matin aura brillé pendant le temps de sa courte apparition, le soleil se lèvera à son heure : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père ». Et ce sera « un matin sans nuages : par sa clarté l’herbe tendre germe de la terre après la pluie ». « Que les cieux se réjouissent, et que la terre s’égaie ; que la mer bruie, et tout ce qui la remplit ; que les champs se réjouissent, et tout ce qui est en eux ! Alors tous les arbres de la forêt chanteront de joie devant l’Éternel ; car il vient, car il vient pour juger la terre ». Scènes qui, dans leur réalité, dépassent tout ce que l’imagination de l’homme peut concevoir.
Quelqu’un a dit : « La foi a un monde qui lui est propre ».
Assurément nous pouvons le dire, après avoir contemplé le Fils de Dieu dans son
abaissement profond et son exaltation suprême, reliant ensemble les choses les
plus élevées et les plus basses, et les introduisant toutes dans la splendeur
de son royaume, — oui, la foi a un monde à elle. Puissions-nous avoir dans nos
âmes la puissance pour y marcher ! Mais cette puissance réside dans le sérieux
et la ferveur de la foi, et cette ferveur n’est autre que la simplicité et la
réalité de la foi. David et Abigaïl marchaient dans ce monde de la foi, quand ils
se rencontrèrent au désert de Paran. Selon les apparences et dans l’estime des
hommes, David à ce moment n’était que le jouet des méchants, errant dans les
cavernes et les antres de la terre. Il aurait consenti, pour un morceau de
pain, à être le débiteur d’un homme riche. Mais la foi découvrait en David
quelqu’un d’autre. Aux yeux d’Abigaïl, tout était nouveau. À cette heure bénie,
bien qu’invisible à d’autres, à cette heure où les saints de Dieu se
rencontraient au désert, le royaume était manifesté en esprit. Le désert de
Paran était le royaume dans la communion de pensées des saints. Le fugitif dans
le besoin, poursuivi et persécuté, était à ses propres yeux, comme à ceux
d’Abigaïl, le Seigneur du royaume à venir, l’Oint du Dieu d’Israël. Abigaïl se
prosterne devant lui comme devant son roi, et lui, avec la grâce d’un roi,
« accueille avec faveur sa personne ». Les provisions qu’elle apportait, son
pain, son vin, ses gâteaux de raisins secs et de figues, n’étaient pas
l’expression de sa libéralité envers David, dans le besoin, mais le tribut
qu’un sujet porté de bonne volonté apportait à David, son roi. Elle s’estimait
elle-même trop heureuse et trop honorée d’être la servante des serviteurs du
roi. C’est ainsi que, par la foi, dans cette circonstance si belle, elle
entrait dans un autre monde, et témoignait qu’en effet « la foi a un monde qui lui est propre ».
Ce monde-là avait, pour le
coeur d’Abigaïl, une importance infiniment plus grande que tous les avantages
que lui présentait la maison de son opulent mari. Le désert avait pour elle
plus de charmes que les champs et les troupeaux du mont Carmel. Son esprit s’y
abreuvait de ces joies que sa foi avait découvertes dans les pures, bien que
distantes, régions de la gloire.
Heureux sommes-nous, bien-aimés, lorsque nous avons la même
puissance pour entrer et demeurer dans le monde qui nous appartient en propre.
N’était-ce pas un tel monde que possédait Noé, lorsqu’il bâtit une arche qui
semblait faite pour la terre et non pour les eaux ? Abraham n’avait-il pas aussi
ce monde en vue, lorsqu’il quittait son pays, sa famille et la maison de son
père ? N’était-ce pas aussi ce même monde qui occupait la pensée de Paul, quand
il disait : « Notre bourgeoisie est dans les cieux, d’où aussi nous attendons le
Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre
abaissement en la conformité du corps de sa gloire ? » N’avons-nous pas tous un
monde qui nous est propre, quand, par la foi, nos âmes ont accès « à cette
faveur dans laquelle nous sommes » ? Cette grâce ou cette faveur est actuellement
la demeure paisible et heureuse de la conscience
lavée et purifiée ; elle est aussi la demeure lumineuse de l’espérance
qui de là contemple « la
gloire de Dieu », et s’en réjouit (Rom. 5:1-2). Ce sont des choses faiblement
connues, si j’ose parler pour d’autres comme pour moi, mais elles sont à nous.
Et au milieu de toute cette infirmité dont nous avons conscience, notre foi n’a
qu’à glorifier le Fils de Dieu, car jouir de lui plus profondément est le
progrès le plus divin.
En terminant cette méditation dans laquelle, selon notre faible
mesure, nous avons contemplé « le monde à venir », je voudrais ajouter qu’il y a
peu de choses qui doivent occuper nos coeurs dans le jour actuel, comme la rejection de Christ.
La chose est
naturellement à sa place, car aussi certainement qu’il doit être glorieux
dans le monde, il est
maintenant rejeté
dans ce « présent
siècle mauvais ».
On l’oublie aisément ; le dieu de ce monde veut qu’il en soit
ainsi, et il y travaille. Il y a de grands perfectionnements dans la société et
une civilisation très raffinée — des progrès sociaux, intellectuels, moraux et
religieux, mais tout cela n’a pour résultat que de faire oublier un Christ qui n’est pas de ce monde.
Mais la foi
contemple un Jésus rejeté et un monde jugé. La foi sait que si la maison a été
« vidée, balayée et ornée », elle n’a pas changé de maître, mais a été seulement
rendue plus propre à servir ses desseins.
Erreur fatale, bien-aimés, que de songer à cultiver et à orner le monde actuel pour le Fils de Dieu !
Si David, dans une occasion, ne recherche pas la pensée de Dieu
relativement au transport de l’arche, il fut ignorant aussi de cette même
pensée, en voulant bâtir pour l’arche une maison de cèdre. Il cherchait à
donner à l’Éternel une demeure permanente dans un pays incirconcis et souillé.
Il se trompait grandement, ne connaissant pas la pureté
de la gloire de l’Éternel. Il en est ainsi de ceux qui
veulent unir le nom du Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu, à la terre telle
qu’elle est maintenant, ou aux royaumes du siècle présent. Quelle que soit leur
droiture et la sincérité du désir de leur coeur, comme dans le cas de David,
nous répétons encore avec une profonde conviction qu’ils errent grandement, ne
connaissant pas la pureté
de la
gloire du Seigneur. C’est un enseignement que nous avons besoin de saisir avec
une puissance croissante. Le Fils de Dieu est encore un étranger sur la terre.
Il ne la revendique pas, mais il veut en retirer un peuple qui y soit pour un
temps étranger avec lui, au milieu des vanités et des ambitions qui, à chacune
de ses époques, constituent l’histoire de ce monde.
« Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations. Et moi, je vous confère un royaume, comme mon Père m’en a conféré un ».
« Alors le Fils aussi sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses » (1 Cor. 15:28).
C’est pour l’âme une chose heureuse et fortifiante, de se rappeler avec une foi vivante que le même Jésus qui fut autrefois sur la terre, est maintenant dans le ciel et que nous le connaîtrons pendant l’éternité. Si nous gardons cette pensée dans notre coeur et notre mémoire, chaque trait de sa vie ici-bas nous apparaît dans une nouvelle lumière, et nous sentons et reconnaissons que nous avons à méditer dans les évangiles une page plus merveilleuse, et en un sens plus heureuse et plus bénie aussi, que nous n’avions pensé.
Aux jours où il séjourna parmi nous, tout était une réalité pour
lui ; tout était vivant et personnel. Il ne s’arrêtait pas à la surface.
Lorsqu’il guérissait une blessure ou une douleur, en un sens, il la ressentait.
« Lui-même a pris nos langueurs et a porté nos maladies ». Son esprit buvait aux sources
aussi bien qu’aux eaux qui en
découlaient, car non seulement ses joies, ses douleurs, ses craintes étaient
réelles, mais il entrait dans le caractère tout entier de chaque incident qui
les faisait naître. Il connaissait le langage muet de l’âme affligée qui le
touchait dans la foule, et comprenait toute la signification de cet attouchement.
Il éprouvait une joie profonde devant la foi de ce gentil qui voyait à travers
le voile épais de son humiliation, et découvrait la gloire divine qui brillait
sous ce voile. De même son coeur était rafraîchi par la hardiesse de foi de la
pécheresse qui, à travers le nuage épais
de
ses propres péchés et de sa honte, saisissait la grâce divine qui pouvait tout
guérir (Voyez Luc 7). Il comprenait l’empressement avec lequel Zachée courait
en avant de la foule et montait sur le sycomore, et il connaissait les
méditations de Nathanaël sous le figuier. Il entendait les disputes des
disciples entre eux sur la route de Jérusalem, il les entendait dans le tumulte
des convoitises qui s’agitaient en eux, avant qu’elles éclatassent en querelles
au dehors. Il connaissait l’amour aussi bien que la confiance en soi-même qui
poussait Pierre a venir vers lui en marchant sur les eaux.
Assurément, quand nous lisons la merveilleuse histoire de Jésus,
nous avons, en gardant ces faits dans notre souvenir, à l’y chercher lui-même
en tout, soit que nous pensions
à la main qui accomplit les oeuvres, soit que nous suivions les traces des
pieds qui foulèrent ce sentier. Alors chacun de ses actes, chacune de ses
paroles produira sur nous une impression toute nouvelle, et quels progrès bénis
ne ferons-nous pas ? Ne serons-nous pas édifiés dans le sens le plus élevé du
mot, si nous acquérons une connaissance plus réelle d’un Jésus vivant et
personnel ? Dans les jours où nous sommes, bien-aimés, il y a une tendance à
oublier sa Personne, à le perdre de vue au milieu du témoignage rendu d’une
manière si étendue à son oeuvre.
On
peut relever le plan des régions de la doctrine, pour ainsi dire, comme avec la
règle et le niveau, au lieu de les contempler avec un coeur rempli d’admiration
et d’adoration, comme étant le lieu où se manifestent les gloires du Fils de
Dieu. Et cependant, c’est là ce qu’il apprécie en nous. Il nous a faits personnellement
les objets dont son
coeur s’occupe, et il désire être l’objet du nôtre.
N’est-ce point là, en un sens, « la pierre du faîte » ? Ce désir personnel de Christ à notre égard, ne domine-t-il pas toutes ses voies de grâce ? L’élection, la prédestination, le pardon l’adoption, la gloire et le royaume, n’ont-ils pas leur unique couronnement dans ce désir de Christ de faire de nous un objet pour lui-même ? Assurément, c’est là ce qui est au-dessus et au delà de tout, une plénitude plus riche et plus élevée que toute autre chose. L’adoption et la gloire, la réception dans la famille et une part dans le royaume, seraient incomplètes, s’il n’y avait pas aussi ce mystère — le Fils de Dieu trouvant en nous un objet désirable. Il renferme toutes les autres oeuvres et tous les conseils de la grâce, et ainsi les dépasse tous.
L’Esprit prend plaisir à parler de l’oeuvre
de Christ, et à l’apporter au coeur et à la conscience
dans toute sa valeur et sa suffisance. Nous ne pourrions subsister un seul
moment, si cette oeuvre n’avait pas été tout juste ce qu’elle a été, selon les
conseils et les plans de Dieu. Mais l’oeuvre du Seigneur Jésus peut être un
sujet important pour l’âme, tandis que lui-même reste à l’arrière-plan, et
c’est une grande perte.
Ces méditations sur le Fils de Dieu qui maintenant touchent à leur terme, me suggèrent une autre pensée.
Quand nous considérons les parties les plus profondes et les plus distantes des voies de Dieu, nous avons parfois le sentiment que c’est trop pour nous, et nous cherchons à nous soulager du poids de cette grandeur, en revenant à des vérités plus élémentaires et plus simples. Il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi. Si nous avions mieux pénétré le sens de ces mystères plus avancés, nous saurions que nous n’avons pas besoin de nous retirer de leur contemplation pour éprouver du soulagement, puisqu’ils ne sont en réalité que des expressions différentes et plus profondes de la même grâce et du même amour que nous avons appris à connaître dès le commencement. Ils ne sont qu’un flot plus abondant de la même rivière coulant dans un lit plus large, précisément parce qu’elle est plus éloignée de sa source.
Jusqu’à ce que nous ayons cette assurance dans notre âme, nous
sommes mal préparés à penser à ces vérités. Si nous craignons qu’en contemplant
les gloires,
nous abandonnions les affections,
nous faisons tort à la
vérité et à nos âmes. Il n’en est nullement ainsi. Plus les gloires se
déploient pleinement, plus se révèlent les richesses de la grâce. La naissance
d’une rivière à sa source, quand nous l’embrassons d’un seul coup d’oeil, sans
effort, présente assurément un charme particulier ; mais lorsqu’elle devient,
sous nos yeux, un fleuve puissant, avec ses courants et ses bords variés, nous
comprenons beaucoup mieux pourquoi elle a commencé à couler. C’est cependant
toujours la même eau, et nous trouvons le même plaisir à remonter jusqu’à sa
source ou à redescendre le long de ses divers canaux. Lorsqu’en esprit nous
atteignons « les nouveaux cieux et la nouvelle terre », nous nous trouvons avec
la même glorieuse Personne, et jouissant de la même grâce illimitée que nous
avons apprise et connue dès le commencement.
Que, par la grâce de Dieu, le fruit de ces méditations soit la même
Personne réelle
pour l’âme, et rapprochée
d’elle : « Jésus Christ le même, hier, aujourd’hui, et éternellement » ; ce
qu’il est dans sa propre gloire et ce qu’il est pour nous.
Aux jours d’autrefois, il y eut des manifestations du Fils de
Dieu. Dans ces apparitions, tantôt sa gloire était voilée,
tantôt elle se montrait sans
voile.
Pour Abraham, à la porte de sa tente, pour Jacob à Peniel, pour
Josué sous les murs de Jéricho, comme pour Gédéon et Manoah, un voile couvrait
sa gloire, et la foi, dans une mesure plus ou moins grande, pénétrait au delà
et discernait Celui que ce voile cachait. À Ésaïe, à Ézéchiel, à Daniel, le
Fils de Dieu apparut dans une gloire sans voile, et la grâce trouva le moyen de
leur en faire supporter la splendeur (Ésa. 6; Ézé. 1; Dan. 10).
Mais, avec ou sans voile, sa Personne demeurait la même. Lorsqu’il eut participé à la chair et au sang, sa gloire était aussi voilée, et la foi avait à la découvrir comme au temps d’Abraham et de Josué ; puis, après qu’il fut monté au ciel, il apparut à Jean dans une splendeur de gloire telle que la grâce dut intervenir, comme dans le cas d’Ésaïe et de Daniel, pour que l’apôtre pût en supporter la présence (Apoc. 1).
A cet égard, les temps et les saisons ne font aucune différence.
Il est vrai que jusqu’à ce que la plénitude fût venue, le Fils n’était pas « né
de femme ». Alors il devint « Celui qui sanctifie », participant à la chair et au
sang, comme les enfants y avaient eu part (Héb. 2:14), mais ce ne fut qu’à ce
moment qu’il devint de la semence d’Abraham : « Il dut, en toutes choses, être
rendu semblable à ses frères ». Pour que cela eût lieu, il fallait le moment
fixé, « la plénitude des temps », les jours de la vierge de Nazareth. Mais les
manifestations du Fils de Dieu, dans les jours qui précédèrent, étaient les
prémices de ce grand mystère, qu’au temps convenable, Dieu enverrait son Fils,
né de femme. Elles étaient, si j’ose dire, les ombres préfigurant ce qui devait
venir. Or je voudrais faire observer, comme étant plein d’intérêt pour nos
âmes, que ces ombres étaient
merveilleusement exactes.
Elles montraient d’avance, sous des formes à la
fois de gloire et de grâce, les voies de Celui qui plus tard séjourna ici-bas et
traversa la terre dans un amour humble, dévoué, plein de sympathie, et qui
maintenant est assis glorifié dans le ciel, Fils de l’homme, pour toujours.
Il y a du charme pour l’âme à suivre et à étudier ces ressemblances et ces préfigurations exactes. Si, dans l’aire d’Ophra, nous voyons une gloire voilée, il en est de même au puits de Sichar ; si nous contemplons la splendeur d’une gloire sans voile sur les rives du fleuve Hiddékel, nous la retrouvons dans l’île de Patmos. Le Fils de Dieu apparut aux regards d’Abraham, comme un voyageur marchant pendant la chaleur du jour, et c’est ainsi qu’il se montre aux disciples sur la route d’Emmaüs, quand le jour était sur son déclin. Il participe au repas qu’Abraham lui avait préparé, « un veau tendre et bon », comme il mange « d’un poisson cuit et d’un rayon de miel », au milieu des disciples à Jérusalem. Dans les jours de sa résurrection, il revêt des formes diverses, afin de répondre, en grâce divine, aux besoins du moment, comme il l’avait fait autrefois, se montrant soit comme un étranger, soit comme un visiteur ; apparaissant simplement comme « un homme de Dieu », à Manoah et à sa femme, ou comme un chef d’armée, à Josué près de Jéricho.
Or c’est là, comme j’ai désiré le montrer dans ces méditations,
ce qui est d’un prix infini, de voir Jésus toujours le même,
si près
de nous,
si réel
pour nous. Nous avons besoin
que nos yeux soient purifiés, pour qu’ils s’habituent à contempler avec bonheur
un ciel, tel que celui où Jésus
se
trouve. Ne sera-ce rien, ô mon coeur, de passer l’éternité avec Celui qui,
regardant en haut, rencontra les yeux de Zachée dans le sycomore, et qui fit
tressaillir son âme de joie, en laissant tomber son nom de ses lèvres ; avec
Celui qui, sans une parole de reproche, remplit le coeur convaincu et vivifié
d’une pauvre pécheresse samaritaine, et le fit déborder de joie et de liberté ?
Ce qui nous manque, c’est une foi simple et enfantine, car nous ne sommes pas à
l’étroit en
lui, et il n’y a rien qui
lui
soit plus précieux qu’un coeur croyant.
Cela le glorifie plus que même
le service qui lui sera rendu durant l’éternité.
La nature ne peut entrer dans ces choses. Il faut pour que cette
foi et cette confiance existent, l’oeuvre intérieure et le témoignage du Saint
Esprit. La chair se trouve accablée. Elle ne peut jamais, ainsi que le dit
l’apôtre, « atteindre à la gloire de Dieu ». Lorsqu’Ésaïe fut placé en présence
de la gloire de Dieu, il ne put en supporter l’éclat. Il se souvint de ses
souillures et s’écria : « Malheur à moi ! je suis perdu ». Tout ce qu’il avait
devant lui était la gloire, tout ce qu’il sentait en lui-même était son
indignité et l’incapacité où il était de subsister devant elle. C’était la nature
en lui, qui sous l’action de la
conscience, de même qu’Adam dans le jardin d’Éden, cherchait à être délivrée de
la présence de Dieu. L’homme naturel, chez le prophète, ne savait pas découvrir
l’autel qui se trouvait sur la même scène que la gloire. Il n’apercevait pas ce
qui pouvait parfaitement lui donner une tranquillité et une assurance entières,
et le rendre propre, tout pécheur qu’il fût en lui-même, à la présence de la
gloire dans toute sa splendeur. La chair ne saurait arriver à cette
connaissance. Le messager de l’Éternel des armées la donne, l’applique aussi,
et le prophète aussitôt se trouve à l’aise, en possession d’une pureté ou d’une
sainteté qui sont à la hauteur du « Saint des saints » lui-même, et de la
splendeur de son trône.
L’Esprit agit en nous au-dessus de la nature, oui, en
contradiction même avec elle. La nature en Ésaïe, comme en chacun de nous, est
confondue devant les choses d’en haut, incapable d’y élever ses regards —
l’Esprit nous attire intérieurement et nous conduit en liberté au-dessus de la
terre. Lorsque Siméon est amené par l’Esprit en présence de la gloire, il s’en
va rempli à la fois de confiance et de joie. Il prend l’enfant Jésus dans ses
bras. Il ne demande pas à la mère de le lui permettre ; il ne se sent débiteur à
personne du précieux privilège qu’il possède d’embrasser « le salut de Dieu »,
que ses yeux contemplaient. Par l’Esprit, il avait découvert l’autel,
et dès lors la gloire
n’était pas au-dessus de sa
portée (Ésa. 6; Luc 2).
Ces choses sont vraies aujourd’hui, aussi vraies qu’aux jours d’Ésaïe et de Siméon. L’Esprit nous mène dans un sentier que la chair n’a jamais foulé. La chair reste à part, saisie de frayeur, ou bien fait entendre des paroles de blâme quand la foi est en pleine liberté. Nous ferons bien de nous rappeler ces voies si différentes de la nature et de la foi, afin d’être consolés, réjouis et encouragés, lorsque nous contemplerons encore le Fils de Dieu, et que nous méditerons sur les mystères et les conseils de Dieu qui se rapportent à lui.
Nos méditations ont suivi le Seigneur depuis l’éternité où il était dans le sein du Père, jusqu’aux jours à venir du royaume millénaire. Nous avons contemplé les diverses phases de son abaissement et de son élévation, et indiqué les liens qui rattachent entre elles les différentes parties de ce grand mystère, c’est-à-dire les moments de transition dans les époques de ce merveilleux voyage. L’Écriture — notre unique guide — ne nous permet guère de le suivre plus loin. Les Psaumes et les Prophètes ouvrent la porte du royaume à venir, et l’ouvrent toute grande ; mais ils ne nous conduisent pas beaucoup au delà. Tout au plus nous laissent-ils entrevoir qu’il y a des régions plus lointaines, sans jamais nous les faire contempler.
Il est parlé à diverses reprises du royaume à venir comme étant éternel dans sa durce. Cela est exact, je n’ai pas besoin de le dire, mais dans ce sens qu’il ne sera remplacé par aucun autre royaume. Comme Daniel le dit : « Ce royaume ne passera point à un autre peuple ». Il ne peut pas plus être transféré que la sacrificature du même Christ, le Fils de Dieu. Il doit durer autant que la royauté, continuer aussi longtemps que l’autorité « ordonnée de Dieu » existera ; car il ne cessera pas, tant que Celui « à qui toute autorité a été donnée », aura encore à opérer quelque oeuvre au moyen de cette puissance. Mais en son temps, le royaume aura accompli tout ce à quoi il doit servir, et alors il prendra fin.
Le Psaume 8 nous fait entrevoir ce mystère, la cessation ou la remise du royaume. Il célèbre la domination du Fils de l’homme, au jour de sa puissance, sur les oeuvres de la main de Dieu. Mais, comme nous le fait comprendre le commentaire inspiré de ce passage en 1 Cor. 15:27-28, ce Psaume renferme l’indication que ce jour de puissance doit faire place à un autre ordre de choses.
Nous avons aussi des indications morales
concernant ce même mystère. Par exemple, le siècle futur
doit être, comme nous l’avons vu, un royaume,
le temps où un sceptre gouvernera, et comme tel, doit prendre fin. Un
sceptre pourrait-il être le symbole de l’éternité
divine,
de l’éternité de la présence de Dieu ? Un sceptre peut exercer sa
prérogative de puissance pendant un temps, mais selon l’Écriture, ce ne
pourrait être le symbole de notre éternité en la présence bénie de Dieu. On
peut à peine dire qu’Adam ait tenu un sceptre. Il avait la domination, mais
était-elle exactement celle d’un roi ? À lui appartenaient plutôt la seigneurie
et l’héritage, mais non un royaume. Ce n’était pas une autorité royale, bien
qu’il y eût la plus entière soumission de la création envers lui, et l’ordre le
plus parfait. Dans la suite des voies de Dieu et selon sa sagesse, il n’exista
pas de royaume durant un longtemps. Ces pensées nous font voir que,
lorsqu’arrive le temps d’un royaume, l’autorité d’un sceptre, ou l’exercice du
pouvoir royal, un tel état de choses ne saurait être final ou éternel. Ce n’est
pas là, me semble-t-il, que s’arrêteront des pensées spirituellement ou
scripturairement exercées à l’égard de Dieu et de ses voies. Un sceptre
de justice n’est pas une notion
aussi élevée ou aussi éternelle qu’un lieu où la justice habite,
et c’est ce que confirme l’Écriture (2 Pierre 3:13).
Une autre indication morale de la même vérité, c’est que le
royaume à venir sera un état de choses imparfait.
Nous n’avons pas besoin de déterminer jusqu’à quel point la puissance
sera nécessaire et devra
s’exercer, mais elle sera là, prête à se faire sentir. Comme nous l’avons dit,
les prophètes contemplent et décrivent largement ce royaume dans sa force, son
étendue, sa durée, sa gloire, sa félicité et la paix qui y régnera ; mais le mal
et la douleur s’y trouveront, bien qu’avec l’autorité pour réprimer l’un et des
ressources pour soulager l’autre.
Ce fait ne nous indique-t-il donc pas moralement que cet ordre de choses doit céder la place à un meilleur ? Il y a plus : le royaume est une chose déléguée, un ministère, et comme tel, selon la pensée scripturaire et divine, il implique une responsabilité, une fonction dont il faut rendre compte. Mais ici, bien-aimés, nos âmes sont de nouveau invitées à s’occuper de Jésus, du Fils le Dieu lui-même.
Sous le caractère dont je viens de parler, son royaume est
semblable à ce qu’a été, dans le passé, son temps d’humiliation sur la terre,
et actuellement sa sacrificature dans le ciel. Chez le Seigneur, dans un sens
général, tout a été, est, et sera un ministère.
Il vint sur notre terre pour faire la volonté de Dieu, et lorsqu’il l’eût
accomplie, il se livra lui-même en sacrifice par un dernier acte d’obéissance.
Sa séance actuelle dans les cieux est aussi un ministère. Comme souverain
sacrificateur établi là, il est « fidèle à Celui qui l’a établi, comme Moïse
aussi l’a été dans toute sa maison ». Il en sera de même de son royaume à venir
et de sa puissance. Ce sera, comme tout le reste, un ministère. Bien que ce
doive être une chose nouvelle,
qui ne
lui avait pas encore été confiée auparavant, une chose glorieuse et excellente
— ce n’en sera pas moins un ministère. Comme tel, il viendra un temps où il
faudra en rendre compte et le remettre en d’autres mains. Un tel mystère
remplirait nos âmes de béatitude si nous avions la foi et les affections
nécessaires pour en jouir. Car, selon ces voies merveilleuses, l’assujettissement et l’obéissance à Dieu —
que
l’homme qui n’est que poussière, rejette et lui refuse — reçoivent, à cause de
la gloire ineffable de la Personne qui s’y soumet, une valeur telle, que
l’obéissance ininterrompue et complète de toutes les créatures n’aurait pu y
atteindre. C’est là une précieuse vérité que l’âme perd dans la mesure où
l’ennemi la prive d’une juste appréciation de ce qu’est la Personne du Fils.
Le Fils lui-même trouve ses délices à être le serviteur ou
l’administrateur de la volonté de Dieu, en grâce ou en gloire, en humiliation
ou en puissance. Et quand nous considérons, dans un esprit d’adoration, qui
est Celui qui passe par toutes ces
phases, nous comprenons que ces divers changements de circonstances et de
conditions, soit basses, soit élevées, ne sont rien en réalité. Dans un sens,
qu’est-ce qui pourrait élever une telle Personne ? Serait-ce la gloire et un
royaume ? La foi n’a pas plus de peine à reconnaître en lui l’administrateur de
la puissance, de la domination, et des honneurs royaux, quand il viendra
s’asseoir sur son trône, qu’elle n’en a a le voir traverser comme serviteur le
sentier d’ici-bas, dans la faiblesse et l’humiliation. De telles distances, en
un sens, ne sont rien lorsqu’il s’agit du Fils. Dans un autre sens, nous le
savons, la distance entre ces différentes positions est immense ; car il est
entré dans la douleur au temps convenable, de même qu’il entrera dans la joie
quand le moment en sera venu. Comme nous l’avons dit, pour lui, tout a été,
tout est, tout sera réel,
et par
conséquent, la distance est immense. « L’homme de douleurs » prendra la « coupe du
salut ». Ne sera-ce rien ? Tout genou se courbera devant Celui qui a été méprisé
et rejeté, insulté et raillé, et toute langue confessera son nom. Mais à
travers tout, la Personne reste la même, Dieu et homme en un seul Christ. La
foi accepte donc qu’ayant été, dans les jours de son humiliation, le ministre
de la volonté et de la grâce du Père, il sera encore l’administrateur du
royaume du Père, dans les jours de son exaltation et de sa force.
L’Écriture nous le fait connaître en plus d’un passage. « Quand
je recevrai l’assemblée », dit Christ en anticipant le royaume, « je jugerai avec
droiture ». Il reconnaît ainsi que, dans le royaume, il aura cette place
d’administrateur. De même, il dit que le
temps pour lui de recevoir le royaume et le moment de la répartition des
récompenses et des honneurs du royaume,
n’est pas entre ses mains, mais
dans celles du Père (Marc 13:32; Matt. 20:23). En ce jour-là, toute langue
assurément confessera que Jésus Christ est Seigneur, mais ce sera « à la gloire
de Dieu le Père ». Lui-même le nomme le royaume de « son Père ».
Il sera oint
pour
l’administrer, de même qu’il fut oint pour son ministère dans les jours de sa
chair (Voyez Ésa. 11:1-3; 61:1-2).
Il y a plus ; il sera dépendant
de Dieu durant le jour de sa puissance, ainsi qu’il l’a déjà été, ou comme
il le fut autrefois, en son jour de douleur et de faiblesse. C’est pourquoi
nous lisons : « On priera pour lui continuellement » — de même que Salomon, le roi
en type, plaça le royaume qu’il avait reçu sous les soins du Dieu d’Israël, par
un acte public d’intercession (Voyez Ps. 72 et 2 Chr. 6).
Tout nous indique ainsi moralement
que le royaume doit être remis à Dieu, car tout nous montre qu’il est une
chose déléguée et à administrer ; et cette indication morale, comme nous l’avons
dit, est confirmée par la citation du Ps. 8, et le commentaire divin qui en est
fait en 1 Cor. 15. Tout
pour Christ
est assujettissement et service : les jours royaux de puissance, les jours de
renoncement et de douleur, ainsi que les jours célestes du ministère
sacerdotal.
De même que « Christ ne s’est pas glorifié lui-même pour être
fait souverain sacrificateur », mais que « celui-là l’a glorifié qui lui a dit :
Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré », ainsi nous pouvons dire
qu’il ne s’est pas non plus glorifié lui-même pour être fait Roi, mais que
celui-là l’a glorifié qui lui a dit : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que
j’aie mis tes ennemis pour marchepied de tes pieds ». « Je voyais dans les
visions de la nuit, et voici, quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les
nuées des cieux, et il avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher
de lui. Et on lui donna
la
domination, et l’honneur, et la royauté ».
Tel est l’établissement du royaume à venir de Christ. Et ainsi,
c’est une chose déléguée
qui, reçue
des mains d’un autre, doit en son temps être remise. Le Fils sera certainement
trouvé fidèle là où tous les autres ont manqué. Des hommes, il est écrit : « Dieu
se tient dans l’assemblée de Dieu ; il juge au milieu des juges ». Mais du Fils,
il est dit : « Ton trône, ô Dieu, est pour toujours et à perpétuité ; c’est un
sceptre de droiture que le sceptre de ton règne. Tu as aimé la justice et haï
la méchanceté ; c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie
au-dessus de tes compagnons » (Héb. 1; Ps. 45 et 82). Tout cela nous montre que
le Seigneur Jésus ne tient le royaume que comme une administration qui lui est
confiée pour un temps. Que ce soit l’épée
ou le sceptre
qu’il tienne entre
ses mains ; qu’il agisse comme David ou comme Salomon, il sera également fidèle.
Quand il sortira pour exercer le jugement ou pour combattre les batailles de
l’Éternel, ce sera vrai de lui, comme il est dit : « Le Seigneur, à ta droite,
brisera les rois au jour de sa colère », et encore : « Venez, voyez les actes de
l’Éternel, quelles dévastations il a faites sur la terre ! » Et ce sera encore
vrai quand il s’assiéra sur le trône, ou gouvernera le royaume en paix : « Je
marcherai dans l’intégrité de mon coeur, au milieu de ma maison », dit Christ le
Roi. Et de lui, il est dit à Jéhovah : « Il jugera ton peuple en justice et tes
affligés avec droiture ». Mais je le répète, tout cela suppose un pouvoir
délégué, bien que confié à une main spéciale.
De même que la mort du Seigneur a accompli autrefois pour toujours l’oeuvre pour laquelle il la subissait, et que sa sacrificature céleste s’exerce maintenant, jour après jour, d’une manière parfaite, ainsi son royaume accomplira tout ce qui le concerne. Et alors, tout étant accompli, il déposera son sceptre, et le royaume prendra fin, ainsi qu’il est écrit : « Ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père… alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous ».
« Que Dieu soit tout en tous ». Oui, Dieu, par le Fils, a fait les mondes. Et quand les mondes et les siècles auront achevé leur course et accompli leur oeuvre, quand les dispensations auront manifesté les conseils, les oeuvres et les gloires qui leur étaient assignés — le Fils, comme Celui en qui toutes ces choses étaient fondées et par qui elles étaient ordonnées, sera lui-même assujetti à Celui qui lui avait assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
C’est remettre la charge confiée ; c’est la sujétion de Celui sous les pieds duquel toutes choses avaient été mises, à Celui qui les lui avait assujetties. Quand à la Personne, bien différente de la charge, elle est éternelle. Le Fils est dans la gloire de l’essence divine, de même que le Père et le Saint Esprit.
La Personne
est le
mystère des mystères que nous contemplons. Lorsque nous pensons à Christ dans
la réalité de ce qu’il est, tout l’éclat même du royaume à venir n’est qu’un
voile jeté sur Sa gloire inhérente. La splendeur du royaume pourrait-elle
déployer ce qu’il est en lui-même ? Les honneurs du royaume de Salomon et même
de tous les royaumes du monde, ne voileraient-ils pas la gloire du Fils, aussi
réellement que les outrages du prétoire de Pilate ou la couronne d’épines et
l’opprobre du Calvaire ? Le fait d’être né à Bethléhem comme fils de David, aux
acclamations des anges, est-il la mesure de sa gloire personnelle, plus que le
nom de Nazarénien ? La foi discerne le Serviteur dans les jours d’exaltation
comme dans les jours d’abaissement et de douleurs. Il a servi comme Serviteur ;
il sert comme Sacrificateur ; il servira comme Roi.
Ce mystère que nous contemplons ici, est le lien des liens ; dans la foi à ce mystère, toutes les distances et tous les intervalles disparaissent. Le ciel et la terre, Dieu et l’homme, Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés, les choses les plus élevées et les plus abaissées, sont associées l’une à l’autre pour la gloire de Dieu et pour notre bénédiction.
Quels anneaux ! quels mystères et quelles harmonies ! Quels
conseils touchant les fins de la création dans les âges cachés de l’éternelle
et divine Sagesse avant que le monde fût ! « Si vaste que soit la course tracée
par l’Écriture, c’est toujours un cercle,
et sous cette forme parfaite, elle revient au point d’où elle est partie.
Le ciel qui avait disparu, au chap. 3 de la Genèse, reparaît dans les derniers
chapitres de l’Apocalypse. L’arbre de vie se trouve de nouveau près du fleuve
d’eau vive, et il n’y a plus de malédiction.
Les différences même de formes sous lesquelles reparaît le
royaume céleste sont profondément caractéristiques. Elles montrent non
seulement que tout a été reconquis, mais retrouvé sous une forme plus
glorieuse, parce que c’est par le Fils
que
cette restauration est accomplie. Ce n’est plus le paradis, mais la Jérusalem
céleste ; ce n’est plus le jardin produisant son fruit spontanément et sans
labeur, comme il convenait au bonheur de l’homme dans son état d’innocence,
c’est la cité, plus somptueuse, plus magnifique, plus glorieuse, mais en même
temps le résultat de labeurs et de souffrances ; édifiée pour être une
habitation plus splendide et plus durable, mais formée de pierres qui, d’après
le modèle de la « maîtresse pierre du coin, élue et précieuse », ont été, chacune
en son temps, laborieusement taillées et péniblement équarries pour occuper la
place qui leur était destinée ».
Ayant ainsi atteint le moment où le royaume est remis, nous sommes arrivés aux confins du « nouveau ciel et de la nouvelle terre ». Les cieux et la terre de maintenant auront été la scène sur laquelle le Fils a exercé son action et auront rendu témoignage de ses perfections en grâce et en gloire, en humiliation et en puissance, dans ses ministères comme Serviteur, Sacrificateur et Roi, dans la vie de la foi et dans la seigneurie sur toutes choses. Puis, quand le Fils aura été ainsi manifesté, dans la faiblesse et dans la force, sur la terre et dans le ciel, de la crèche jusqu’au trône, comme Nazaréen et Bethléhémite, comme Agneau de Dieu et Oint, comme Seigneur sur toutes choses, selon tout ce à quoi il était prédestiné dans les conseils éternels, alors les cieux et la terre d’à présent auront accompli tout ce qu’ils avaient à faire. Lorsque tout ce qui manifeste le Fils aura été déployé, ils auront fini leur temps. Ils passeront, et l’âme qui les a contemplés accomplissant leur service, sera préparée à entendre cette parole du prophète de Dieu : « Je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés ».
Mais comme nous l’avons dit précédemment, l’Écriture — notre
seul guide — ne nous donne pas la liberté de suivre le Seigneur plus loin que
le royaume. L’Esprit Saint en passant et occasionnellement, nous donne
cependant quelques caractères des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Ésaïe
nous dit que l’on ne se souviendra plus du premier ciel et de la première terre
quand la nouvelle création sera introduite, montrant ainsi combien celle-ci
surpassera la première en excellence. Il dit aussi que les nouveaux cieux et la
nouvelle terre subsisteront devant Dieu (*),
suggérant ainsi la pensée que c’est l’état éternel. Paul dit qu’après que le
royaume aura été remis au Père, Dieu sera « tout en tous », voulant dire par là,
je pense, qu’alors tout pouvoir délégué, tout ministère, même ce qui a été
remis entre les mains du Fils, auront pris fin, comme ayant accompli le dessein
pour lequel ils avaient été établis. Pierre parle des nouveaux cieux et de la
nouvelle terre comme étant la demeure
de
la justice, et transporte ainsi notre pensée au delà de l’époque où la justice
tient le sceptre
, où elle règne.
(*) Les passages d’Ésaïe 65 et 66, auxquels l’auteur fait allusion, se rapportent à l’état millénaire. Voici ce que nous lisons dans les « Études sur la Parole » : « Jéhovah introduira alors un ordre de choses entièrement nouveau, dans lequel la vérité de ses promesses sera reconnue, et les choses précédentes totalement oubliées — il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre, nouveaux non pas par rapport à un changement physique, mais l’ordre moral sera entièrement nouveau. Ce ne sera pas seulement un nouvel ordre de choses sur la terre que la puissance du mal dans les cieux pourra gâter, comme dans les jours précédents ; l’état des cieux lui-même sera nouveau. Nous apprenons ailleurs que Satan en sera précipité et que son pouvoir dans le ciel aura pris fin pour toujours ».
Un autre auteur encore a dit : « La vraie clef de ce passage (Ésa. 66:17-19) est que le changement des choses présentes qui a été annoncé, a son point de départ au commencement du jour du Seigneur et n’est complet que lorsque ce jour fait place à l’éternité… Ainsi il est dit déjà maintenant du chrétien en Christ : « Les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles », tandis qu’en fait, cela ne sera complètement exact que lorsqu’il sera transformé à l’image de Christ à sa venue. Ainsi le commencement du jour du Seigneur sera aussi un commencement d’accomplissement de la promesse des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, quand Jéhovah « crée Jérusalem pour être une jubilation, et son peuple une joie ». Mais l’accomplissement entier n’aura lieu qu’à la fin du jour millénaire, lorsqu’à la lettre, toutes choses seront faites nouvelles, les cieux et la terre de maintenant n’étant pas seulement ébranlés, mais dissous. Alors la mer n’est plus, et un ciel nouveau et une terre nouvelle apparaissent, où la justice habite, et où Dieu sera tout en tous. Le Nouveau Testament parle naturellement du plein résultat final renfermé dans la prophétie (2 Pierre 3; Apoc. 21). Le prophète juif s’arrête aux bénédictions qui sont l’aurore de ce jour, et dont jouiront Israël, son pays et sa capitale ».
Mais Jean, dans l’Apocalypse (chap. 21), est plus explicite : « Et je vis », dit-il, « un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés, et la mer n’est plus ». Puis il ajoute, en parlant de ce nouvel état de choses : « Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ; et la mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées ». Combien cela est précieux ! Les premières choses sont passées ; les larmes sont passées, la mort est passée, douleurs, cris et deuil ne sont plus. Il ne reste aucune trace des choses précédentes où le péché et la mort avaient imprimé leur sceau. La terre millénaire avec toutes ses bénédictions, est loin de répondre à un ordre de choses aussi élevé, car le péché et la mort s’y trouvent encore (Ésa. 65). « Les premières choses sont passées ». Ce n’est pas que nous devions perdre quoi que ce soit de ce qui nous a été donné ou communiqué selon ses conseils de grâce et de gloire, par le ministère du Fils et par les opérations de l’Esprit. Rien de ce que nous avons reçu dans le cours des dispensations divines ne sera perdu pour nous. Cela ne se pourrait pas. Même les rafraîchissements de l’Esprit que nous goûtons en passant, et que troublent si souvent les mouvements de la chair ne sont pas perdus pour nous. Ils sont le témoignage de ce qui est éternel dans son essence même. De même on jouira, dans ses plus éclatants résultats, de toute la sagesse si diverse de Dieu, qui a été déployée dans les différentes dispensations. Elle est essentiellement éternelle, et ne peut être perdue pour nous. Ces manifestations de Dieu dans sa sagesse, dans sa puissance, dans sa grâce et dans sa gloire, se sont montrées et déployées dans la suite des siècles, et ont rencontré la lutte et l’opposition sur la scène de notre monde gâté, ruiné et dégradé. Mais dans les nouveaux cieux et sur la nouvelle terre, tout conflit aura disparu, et ces manifestations seront connues dans leurs complets, glorieux et triomphants résultats.
Devant Celui qui est assis sur le « cheval blanc »,
les pouvoirs apostats de « ce présent siècle mauvais »
sont frappés à l’heure du plus entier développement de leur orgueil et de leur
audace, et le Seigneur avec ses saints règne en justice sur la terre durant
l’âge millénaire. Devant Celui qui est assis sur le grand trône blanc,
le ciel et la terre d’à présent s’enfuient et
disparaissent, et Celui qui est assis sur le trône dit : « Voici, je fais toutes
choses nouvelles ». Ce sont assurément des choses distinctes, d’une haute
signification, et indiquant le développement successif des conseils et des
voies de Dieu.
Ce ne sera plus sur la terre nouvelle, le sceptre
de la justice, mais son
habitation ;
et par conséquent, ce ne sera pas le trône
du Fils, mais le tabernacle
ou l’habitation de Dieu. Ce n’est plus l’autorité
divine s’exerçant sur la scène,
mais l’habitation
de Dieu sur une scène heureuse et nouvelle.
Ce ne sera plus la terre sur laquelle a coulé le sang de Christ,
la terre, sépulcre de milliers de générations : ce sera une nouvelle
terre. Ce ne seront plus ces cieux revêtus « de noirceur »
et auxquels « un sac est donné pour couverture », desquels les tonnerres, le vent
de tempête et le déluge sont descendus, pour opérer l’oeuvre de jugement et
porter témoignage de la juste colère de Dieu : ce sera un ciel nouveau.
Celui qui aura soif
boira
de la fontaine d’eau de la vie ; celui qui vaincra
héritera de toutes choses (Apoc. 21:6-7). Caractères bénis qui distinguent
les saints, mais souvent bien peu réalisés ! Mais bénis et précieux cependant,
lorsque nous lisons ce qu’ils sont et que nous y pensons — soupirer après le
Dieu vivant, et vaincre au milieu de ce monde mauvais !
Je ne voudrais ajouter que peu de paroles Nous ne devons pas
faire de spéculations, là où nous ne pouvons donner des enseignements positifs.
Nous ne devons pas écouter ce que nous n’apprenons pas du Seigneur.
Sa Parole écrite est la règle des pensées de tous ses
saints, bien que quelques-uns se soient plus largement que d’autres, mis en
possession de cette Parole par l’Esprit Saint. Nous devons tous connaître la
règle commune, et chacun de nous doit aussi connaître sa mesure personnelle
dans l’Esprit. Je voudrais donc m’arrêter ici, ajoutant seulement une pensée
qui m’a été en bénédiction : c’est que, bien que nous ne puissions discerner ces
régions lointaines, nous pouvons y croire et les espérer avec confiance, ou
plutôt nous confier en Celui qui en est le Seigneur. Nos coeurs peuvent être
assurés qu’elles seront tout ce qu’ils désirent, tout ce que demanderont les
nouvelles conditions où nous nous trouverons. Le ciel a toujours été ce qui
répondait aux besoins de la terre. Au commencement, le soleil a été établi pour
dominer sur le jour, et la lune et les étoiles pour dominer sur la nuit. Ils
étaient alors placés dans le ciel, parce qu’ils satisfaisaient à ce qu’il
fallait à la terre. Mais il n’y avait pas d’arc-en-ciel dans la nuée, parce que
la terre n’avait pas besoin d’un signe et d’un gage que, si Dieu agissait
encore en jugement, il épargnerait la terre. Le jugement était alors chose
inconnue. Mais lorsque la conscience eut été réveillée, que le jugement fut
compris et redouté, quand Dieu fut connu comme un Dieu juste
par les actes qu’il avait accomplis, et que la terre eut
besoin d’être assurée que, dans sa colère, il se souviendrait d’avoir
compassion, alors dans le ciel apparut le gage de cette miséricorde, déployé au
front même des nuées, signe du jugement.
Ainsi le ciel a déjà été changé, ou s’est revêtu d’une manière
nouvelle, selon les besoins variés de la terre ; et le passé est une garantie
pour l’avenir, bien « qu’un ciel nouveau et une terre nouvelle » doivent être
révélés. Mais je puis ajouter que la terre millénaire,
en son jour, connaîtra la même fidélité du ciel envers elle. Elle y verra
le sanctuaire de la gloire, comme la foi y contemple maintenant le sanctuaire
de la paix, et la cité céleste de cet âge-là sera vue descendant du ciel, dans
le caractère même qu’elle devra avoir pour satisfaire aux besoins des nations
de la terre et de leurs rois, qui se réjouiront en elle et lui apporteront leur
gloire et leur honneur. Le Dieu du ciel et de la terre, dans son infinie et
infatigable bonté, poursuivant toujours sans dévier et d’une manière constante
ses voies d’ancienneté, se montrera toujours fidèle en bénissant ses créatures.
« Tout ce qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d’en haut, du
Père des lumières, en qui il n’y a pas de variation ou d’ombre de changement ».
Les nouveaux cieux et la nouvelle terre raconteront à jamais l’histoire de
cette bonté variée et inépuisable.
Ce dont nous avons besoin, c’est de posséder l’heureuse foi qui rend réelles pour l’âme toutes ces grandes et précieuses vérités. La maison du Père n’est plus à une distance effrayante pour nous. Nous en sommes approchés, et nous y entrons avec une sainte et heureuse hardiesse par le sang de Jésus. Notre pensée n’aurait jamais pu concevoir un amour tel que celui du Père, de notre Père. Mystérieux amour qui nous amène tout près de lui !
Puissent ces méditations nous aider à connaître cette proximité et la réalité des choses précieuses qui appartiennent à la foi. Amen.