Bremicker E.A.
Table des matières abrégée :
Table des matières détaillée :
3.1 - Annoncé 300 ans à l’avance
4.1 - Une vie de justice pratique
4.2 - Une vie sur les traces de ceux qui nous ont précédés
5.2 - Purification et séparation
5.3 - Travail à la maison de Dieu
5.4 - La valeur de la parole de Dieu
5.8 - Pas de marche en solitaire
6.1 - Treize années de silence
6.3 - Besoin de se mettre en valeur
Cette brochure traite d’un des personnages les plus intéressants de l’Ancien Testament.
Le récit biblique de la vie de Josias et de ses réformes, de son zèle et de son humiliation devant Dieu, de son retour, de son obéissance et, finalement, de sa désobéissance à la parole de Dieu ne manque pas de toucher le lecteur.
Nous, chrétiens du début du 21e siècle, sommes interpellés par la ferveur et la fidélité de cet homme. L’auteur nous les présente très clairement dans cet exposé. On est étonné de constater combien l’histoire de ce roi pieux, qui date de plus de 2500 ans, est encore actuelle. L’auteur tire continuellement des parallèles intéressants et utiles pour la vie de la foi. L’histoire de Josias comporte ainsi un message pour les croyants de notre temps.
Que le Seigneur bénisse la lecture de ces pages !
Josias vivait il y a plus de 2500 ans. Pourtant son histoire est actuelle et contient un message même pour le temps dans lequel nous vivons. Lorsque Josias devint roi sur Juda, Dieu avait déjà prononcé le jugement qui allait venir sur son peuple. La désobéissance et l’idolâtrie étaient si largement répandues en Juda et Benjamin que Dieu était prêt à exercer son jugement. Les prédécesseurs de Josias — son grand-père Manassé et son père Amon — étaient des hommes méchants. Dieu ne trouvait aucun plaisir en eux. Amon est tombé dans une conspiration, de sorte que Josias est devenu roi alors qu’il n’était qu’un enfant de huit ans. A-t-il suivi le même chemin que ses pères ? Non, Josias a fait ce qui plaisait à Dieu. Il a régné trente et un ans à Jérusalem. Dans l’ensemble, sa vie a été une vie d’obéissance et de réformes, une vie de retour à la volonté de Dieu.
L’histoire de Josias — comme tout l’Ancien Testament — a été écrite pour notre instruction. Josias a vécu à la fin d’une époque : c’est cela qui rend ce récit si actuel pour nous. La fin du royaume de Juda était arrivée. Dieu avait annoncé le jugement. Pourtant, dans les voies de Dieu envers son peuple terrestre, à la fin de ce temps, Josias a été suscité, un roi qui recherchait la volonté de Dieu, et qui l’appliquait aussi à sa vie pratique. N’est-ce pas actuel ? Qu’est-ce qui caractérise notre époque ? Nous n’avons pas besoin d’un grand discernement spirituel pour constater que nous vivons aussi un temps « de la fin ». Ce sont les derniers jours, que l’apôtre Paul appelle, et avec raison, des « temps fâcheux » (2 Tim. 3:1). Le jugement est prononcé sur une chrétienté infidèle, qui ne porte plus qu’extérieurement le nom de Christ, et sera sans doute bientôt exécuté. Après l’enlèvement des vrais croyants dans le ciel, le Seigneur la vomira de sa bouche (Apoc. 3:10, 11, 16). Voulons-nous nous résigner devant un tel avenir ? Josias ne l’a pas fait et nous n’avons pas à le faire non plus. Comme alors Dieu a suscité un réveil, il peut encore aujourd’hui en produire dans la vie de croyants. L’histoire de Josias relate un tel réveil, qui a commencé dans sa vie personnelle et qui a eu des conséquences pour le peuple. Les rapprochements entre l’histoire de Josias et notre temps sont manifestes.
Quelles ont été les caractéristiques du travail de réforme et du réveil sous Josias ? Josias s’est incliné devant la parole de Dieu. Il n’en a pas seulement pris connaissance, mais il en a tiré des conséquences. Celles-ci touchaient trois domaines :
Réalisons-nous combien ces pensées, reportées dans notre temps, sont actuelles ? Sommes-nous prêts à être conséquents, selon notre connaissance de la parole de Dieu ? Sommes-nous disposés à changer notre vie quand nous sentons que Dieu s’adresse à nous ? Sentons-nous notre responsabilité pour le peuple de Dieu, spécialement en ce qui concerne le culte ? Dans l’affirmative, la vie de Josias sera pour nous d’une part une aide et un encouragement, mais d’autre part un véritable défi.
Malheureusement, nous ne voyons pas que des aspects positifs dans la vie de Josias. La parole de Dieu nous dépeint une image réaliste et objective de cet homme. Il a bien commencé, vivant dans l’obéissance, mais a fini dans la désobéissance, suivant sa propre volonté. Là où il s’était montré fort, l’épreuve l’a fait tomber. Dans son jeune âge, il était dépendant et obéissant. Au terme de sa vie, il a cru pouvoir agir en se passant du conseil et de l’aide de Dieu, et a connu une triste fin. Cela aussi nous interpelle.
Dans les pages qui suivent, nous désirons considérer un peu la vie et l’œuvre de cet homme. Nous nous baserons sur le récit inspiré de 2 Chroniques 34 et 35. Nous n’en ferons pas une analyse détaillée verset par verset, mais tirerons de l’histoire de Josias quelques principes pour notre vie. Nous adopterons la division suivante :
1. L’ascendance de Josias
2. Les caractères de Josias
3. La réforme de Josias
4. La fin de Josias
5. Un résumé divin
Le roi Josias fait partie des hommes de la Bible que Dieu a annoncés par une parole prophétique avant leur naissance. Déjà au début de la royauté en Israël et en Juda, Dieu avait parlé de Josias. Jéroboam, le premier roi du royaume des dix tribus, s’était détourné de Dieu et avait dressé des veaux d’or tant à Béthel qu’à Dan. Par là il voulait empêcher le peuple d’aller à Jérusalem, pour y adorer Dieu. La première pierre de l’idolâtrie était posée. La parole de Dieu le dit clairement : « Cela devint un péché » (1 Rois 12:30).
Dieu n’a pas laissé son peuple et le roi sans avertissement. Un prophète vint de Juda à Béthel par la parole de l’Éternel pour parler contre l’autel : « Autel, autel ! ainsi dit l’Éternel : Voici un fils naîtra à la maison de David ; son nom sera Josias, et il offrira sur toi les sacrificateurs des hauts lieux qui font fumer de l’encens sur toi, et on brûlera sur toi des ossements d’hommes » (1 Rois 13:2). Nous avons donc des déclarations précises concernant ce roi qui allait venir :
En Josias cette prophétie divine a été réalisée.
Nous pouvons en tirer une première instruction pratique pour nous : Dieu tient ses promesses ! Il s’est passé environ trois cents ans avant que vienne Josias, mais il est venu. La parole divine s’est accomplie très précisément.
Il n’en va pas autrement aujourd’hui : Dieu nous a aussi donné des promesses et nous pouvons nous reposer entièrement sur elles. Dieu tient ses promesses. Il y en a que nous voyons même se réaliser sous nos yeux ; par exemple, il a promis de nous aider dans nos difficultés, ou d’être au milieu des siens quand ils sont réunis en son nom, et nous en faisons l’expérience. L’accomplissement d’autres paroles est encore futur pour nous. Pensons seulement à la promesse du retour de notre Seigneur. N’est-il pas beaucoup plus que Josias ? Assurément ! Douterions-nous donc qu’il reviendra ? Certainement pas.
La parole de Dieu a prédit qu’il y aurait des hommes qui douteraient justement de cette promesse, et s’en moqueraient (2 Pierre 3:4). C’est pourquoi il nous dit : « Le Seigneur ne tarde pas pour ce qui concerne la promesse, comme quelques-uns estiment qu’il y a du retardement ; mais il est patient » (2 Pierre 3:9). Dieu est patient, mais cela ne change rien au fait que, finalement, ce qu’il a dit arrivera. Nous pouvons y compter.
Quand nous considérons l’histoire de la réforme de Josias, et nous rappelons qu’il était déjà engagé pour les choses de Dieu dans son tout jeune âge, nous nous posons forcément la question : Mais quels parents ce jeune homme a-t-il donc eus ? Nous constatons quelque chose d’étonnant : ni son père ni son grand-père n’étaient des hommes qui craignaient Dieu, bien au contraire. Tous les deux ont fait ce qui était mauvais à ses yeux. Manassé a régné pendant cinquante-cinq ans. Le jugement divin à son égard est terrible : « Il fit outre mesure ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, pour le provoquer à colère » (2 Chron. 33:6). Même s’il s’est repenti sur le tard, le temps de son règne a été un chapitre bien triste de l’histoire des rois de Juda. Son fils Amon, le père de Josias, a été encore plus loin, et il est dit de lui : « Amon multiplia son péché » (2 Chron. 33:23). Il ne lui a été donné que deux ans de règne. Ensuite il a été victime d’une conspiration.
Josias est né alors que Manassé était encore roi Il était âgé de six ans lorsque son père est monté sur le trône. Ce règne ne doit pas l’avoir beaucoup marqué, mais son père ne peut guère avoir eu une bonne influence sur lui. Comment donc Josias a-t-il pu faire ce qui était bon aux yeux de l’Éternel ? La réponse nous amène à un principe important : Seule l’opération de la grâce de Dieu conduit un homme à se tourner vers le Seigneur Jésus. Ceci est aussi valable pour les enfants et les jeunes qui ont des parents croyants. Sans la grâce de Dieu, aucun de ces enfants de croyants ne serait amené au Seigneur Jésus. La grâce sauve les enfants de parents impies, comme elle sauve ceux de parents qui craignent Dieu. C’est indiscutablement un grand privilège pour un enfant de grandir dans une famille où l’on recherche la volonté de Dieu, mais ce n’est pas une garantie de salut. La grâce de Dieu doit également opérer son œuvre tout entière dans un tel cœur pour qu’il se tourne vers le Seigneur Jésus.
On ne peut pas et on ne doit pas faire de pronostic sur ce que seront les enfants en regardant aux parents. Des parents impies peuvent avoir un enfant pieux (voir Amon et Josias), de même des parents fidèles peuvent avoir un enfant impie (voir Ezéchias et Manassé). On ne peut pas hériter de la grâce de Dieu.
Ne tirons toutefois pas de fausses conclusions de ce principe. Nous autres, parents, portons la pleine responsabilité de nos enfants. Nous ne pouvons pas nous retrancher derrière la grâce de Dieu et l’utiliser comme excuse facile pour élever nos enfants dans le relâchement et l’indifférence. Le principe de la responsabilité est valable aussi bien que le principe de la grâce. En tant que parents, nous avons une responsabilité. Si nos enfants ne suivent pas le Seigneur Jésus, nous devons nous demander en quoi nous avons manqué. D’un autre côté, nous n’avons aucun droit de nous féliciter si nos enfants marchent avec le Seigneur. Dans ce cas, nous pouvons remercier Dieu de tout notre cœur, et magnifier sa grâce.
Mais gardons-nous de chercher un mérite en nous- mêmes.
Josias a donc grandi dans un environnement qui n’était pas caractérisé par la crainte de Dieu, du moins du côté de son père. Nous trouvons le nom de sa mère Jedida en 2 Rois 22:1, et le nom d’un grand-parent (Adaïa). Ce n’est sûrement pas un hasard. Nous pouvons à juste titre nous demander si cette mère n’a pas eu une influence positive sur son fils. Cette pensée en tout cas vient à l’esprit. Même si la responsabilité de l’éducation des enfants est premièrement confiée au père, ne sous-estimons pas l’influence de la mère sur leur développement. Les mères peuvent être une bénédiction pour leurs enfants, comme elles peuvent leur porter préjudice par leur comportement. De nos jours, les enfants passent justement les premières années de la vie — au cours desquelles ils sont le plus réceptifs — sous l’influence particulière de leur mère. De là l’importance du comportement et de l’exemple de cette dernière.
Avant la description détaillée de l’œuvre de réforme de ce roi, Dieu nous montre trois caractères qui ont marqué toute sa vie (2 Chron. 34:2) :
Quelles leçons pouvons-nous en tirer ?
Josias a fait ce qui était droit aux yeux de l’Éternel. Il était conscient que Dieu voyait tous ses faits et gestes, et il s’est efforcé de lui plaire. Cette caractéristique est en contraste avec ce que nous lisons à maintes reprises dans le livre des Juges : « Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux ».
Dans quel temps vivons-nous ? Si nous considérons avec réalisme l’évolution dans la chrétienté, il ne nous est pas difficile de reconnaître que la plupart des hommes qui se disent chrétiens vivent selon leur propre volonté. La volonté de Dieu paraît contrariante et n’est donc généralement plus respectée. On ne tient plus compte de ce que dit la parole de Dieu, ou alors on l’arrange pour qu’elle corresponde finalement à notre propre volonté.
Comment expliquerions-nous sinon que l’on accepte par exemple, Bible à la main, l’homosexualité comme une disposition donnée de Dieu, et qu’on célèbre même à l’église des mariages de couples de même sexe ?
Mais nous ne voulons pas laisser nos pensées vagabonder ou chercher des exemples extrêmes. La question se pose à vous et à moi : Sommes-nous prêts à rechercher la volonté de Dieu pour notre propre vie ? Sommes-nous prêts à faire ce qui est droit aux yeux de notre Seigneur ? Dans le langage du Nouveau Testament, c’est une vie de justice pratique qui met les appréciations personnelles en accord avec les pensées de Dieu. Cette question vise directement notre vie quotidienne, personnelle ou en commun. Quels sont les domaines dans ma vie, dans ma famille où je préfère agir selon ma propre volonté, sans rechercher celle de Dieu ? La volonté de Dieu me gêne-t-elle ? Ou y a- t-il des comportements que je n’aimerais pas modifier, parce que je m’y suis trop habitué ?
Cette question se pose également dans notre vie collective, comme assemblée locale. Sommes-nous prêts à faire ce qui est droit aux yeux du Seigneur, ou avons-nous peut-être souscrit à des principes qui correspondent à notre volonté et nos conceptions propres ? Souvent la dérive commence en apparence par des bagatelles. C’est pourquoi nous voulons apprendre de Josias à rechercher en toutes choses la volonté de Dieu et aussi à agir en accord avec elle.
Josias a suivi les traces de son ancêtre David. Celui-ci était un homme selon le cœur de Dieu. Sa vie a-t-elle été exempte de fautes ? Bien au contraire. La parole de Dieu nous montre les côtés forts de cet homme, sans pour autant dissimuler ses faiblesses. Ce qui a caractérisé David, l’homme selon le cœur de Dieu, c’est le fait qu’il a, par la confession, toujours retrouvé le chemin qui le ramenait à son Dieu. Josias a pris exemple sur David, ayant trouvé en lui quelque chose qu’il valait la peine d’imiter.
Ne connaissons-nous pas aussi de ces hommes et de ces femmes que nous pouvons prendre comme modèles, des hommes et des femmes spirituels, qui ne vivent peut-être plus depuis longtemps, mais ont laissé des traces bénies derrière eux ? Il ne s’agit pas ici de marcher à la suite de personnes, et d’accepter tout ce qu’elles ont dit, écrit ou fait. Chaque génération écrit sa propre histoire. Chaque génération vit dans un environnement différent. Chaque génération fait ses propres expériences. Mais nous devons aussi prendre pour nous ce principe : « Ce que tu as hérité de tes pères, conquiers-le afin que tu le possèdes ». Nous ne pouvons pas vivre de la foi de nos prédécesseurs, mais nous pouvons pourtant en profiter et apprendre d’elle. Le Nouveau Testament nous y exhorte même : « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et, considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi » (Héb. 13:7). Il n’est donc pas du tout question de « vénérer » ces conducteurs (quoique nous ayons à les estimer, et notamment à retirer beaucoup de bien de leurs écrits), ni même de les copier, mais il s’agit de voir ce qu’a produit la grâce de Dieu en eux. C’est précisément cela que nous pouvons et devons prendre comme modèle.
Josias est le seul homme de Dieu de l’Ancien Testament dont il est rendu témoignage qu’il ne s’écarta ni à droite ni à gauche. Était-il un homme qui faisait des compromis boiteux ? Cherchait-il toujours le juste milieu ? Voulait-il ne choquer personne, mais contenter chacun ? Son histoire démontre bien le contraire. Josias n’a pas recherché des compromis faciles, ni un moyen terme. Il a mis de l’ordre d’une manière radicale, et cela n’a sans doute pas toujours plu à tout le monde. Le fait qu’il ne s’est écarté ni à droite ni à gauche nous montre qu’il était un homme équilibré et pondérateur. Conséquent dans l’application de la parole de Dieu à sa vie, il évitait en même temps toute forme d’extrémisme.
Remarquons qu’il ne nous est pas dit expressément de quoi il ne s’est pas écarté, ni à droite ni à gauche. Mais nous savons que Dieu avait à plusieurs reprises exhorté son peuple à ne s’écarter ni à droite ni à gauche de ses commandements (Deut. 5:32 ; 17:11, 20 ; 28:14). Pour nous il s’agit de ne pas nous écarter de la parole de Dieu, mais de l’appliquer d’une manière claire et décidée dans notre vie. Nous en écarter peut signifier que nous retranchons quelque chose du message de la parole de Dieu, ou alors que nous lui ajoutons quelque chose. Ces deux dangers ne sont-ils pas aujourd’hui particulièrement d’actualité ? Ne sommes-nous pas vite enclins à tomber dans un extrême ou dans l’autre ? Si nous relativisons la parole de Dieu, en déclarant que certaines parties se rapportant à notre vie pratique ne sont pas valables, nous sommes en danger d’être indifférents et tolérants à l’égard du mal, et d’aboutir à une fausse liberté. Si nous ajoutons quelque chose à la parole de Dieu, nous devenons légalistes. Libéralisme et légalisme sont souvent deux pôles opposés. Qu’il nous est facile d’incliner d’un côté ou de l’autre, et de chercher en outre à entraîner des frères et sœurs avec nous !
L’apôtre Paul met en
garde les croyants de la Galatie contre ces deux extrêmes. Ils étaient en
danger de s’éloigner de la vraie liberté, et cela dans les deux
directions décrites ci-dessus. L’apôtre les avertit tout
d’abord de ne pas se mettre sous un joug de servitude, de ne pas se laisser
asservir. Cela s’était produit chez les Galates parce qu’ils allaient plus loin
que ce que Dieu leur disait, et c’est finalement du légalisme (Gal. 5:1). Mais
ensuite l’apôtre leur montre le danger opposé. Ils ne devaient pas non plus
utiliser leur liberté chrétienne comme une occasion pour la chair (Gal. 5:13).
Agir ainsi a pour conséquence de retrancher quelque chose de la parole de Dieu
et de rendre indifférent et superficiel.
N’avons-nous pas besoin, dans notre temps où les avis divergent de plus en plus, de frères et de sœurs équilibrés et pondérateurs ? Ne voulons-nous pas, nous aussi, être de ceux qui suivent leur chemin, marchant « au milieu des sentiers de juste jugement » (Prov. 8:20) ? L’extrémisme, quel qu’il soit, n’est pas de Dieu. Ce dont nous avons besoin, c’est d’appliquer résolument toute la parole de Dieu à tous les domaines de notre vie. Quelqu’un a dit une fois à ce sujet, de manière très appropriée : « Nous devrions être ouverts à tout ce qui vient de Dieu, et fermés à tout ce qui ne vient pas de lui ».
Les actes du roi Josias nous sont décrits de manière détaillée. Cela nous permet de distinguer assez clairement les différentes étapes de sa vie. À l’âge de huit ans, il devient roi. À seize ans, il commence à chercher Dieu. À vingt ans, il ôte les idoles de son royaume. À vingt-six ans, il commence son travail à la maison de Dieu, qu’il fait purifier et réparer. Au cours de ces travaux, on retrouve la loi de Dieu. Son contenu frappe profondément le roi. Il s’humilie lui-même et incite le peuple à renouveler son alliance avec Dieu. Après tout cela, la Pâque est célébrée, comme elle ne l’avait pas été depuis les jours de Samuel.
Suit un long silence dans l’histoire de Josias. Le récit divin saute treize ans de son règne. Il se termine par la triste fin de ce grand homme, tué au cours d’une guerre dans laquelle il s’est engagé volontairement.
Tout cela est très riche en enseignements pour nous. En appliquant ce récit à nous et à notre temps, nous voulons laisser parler les événements, et en tirer des principes qui ont une grande importance pour notre vie pratique.
« Et la huitième année de son règne, lorsqu’il était encore un jeune garçon, il commença de rechercher le Dieu de David, son père » (2 Chron. 34:3). Un adolescent de seize ans commence à s’intéresser à Dieu, bien plus, il commence à le rechercher. Pouvons-nous rechercher Dieu ? En Romains 3:11 nous lisons : « Il n’y a personne qui recherche Dieu ». Comment se fait-il alors que Josias le recherche ? Nous apprenons ici un principe important dans la façon d’agir de Dieu envers les hommes. Celui qui commence une œuvre dans un homme, c’est toujours Dieu. Dans une conversation avec un des plus grands théologiens de son temps, le Seigneur Jésus dit : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son » (Jean 3:8). Dieu agit par son Esprit dans les hommes. La question est de savoir si l’homme répond à cette action ou non. Nous pouvons nous ouvrir à Dieu, mais nous pouvons aussi nous fermer. Josias n’a pas laissé passer la chance de sa vie. Il s’est ouvert à Dieu, et a commencé à le rechercher.
Nous pouvons faire une application de cette circonstance à la conversion d’un homme. Dans le langage du Nouveau Testament, nous avons là un jeune homme de seize ans qui, par conviction personnelle, se décide pour Dieu. À l’âge de seize ans, on commence à être responsable de sa vie, et à entrevoir dans une certaine mesure les conséquences de ses actions. À seize ans, on devient un jeune adulte, qui prend des décisions importantes de manière autonome. Chacun ne devrait-il pas se demander premièrement s’il a déjà pris la décision la plus importante de sa vie ? Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas ou qu’on ne devrait pas se convertir plus jeune. Bien au contraire, plus tôt on le fait, mieux cela vaut. Il n’est non plus jamais trop tard pour une personne âgée de se convertir. Mais chaque jeune adulte devrait se poser sérieusement la question : Suis-je en règle avec Dieu ?
Les jeunes s’intéressent à beaucoup de choses. Le monde des adultes se présente à eux avec toutes sortes d’activités dans lesquelles ils sont prêts à s’engager, et pour lesquelles il faut fournir un grand effort. Le monde professionnel aussi s’ouvre avec ses exigences. Il y a des orientations à prendre. Il faut donc déterminer ses priorités. Sommes-nous tous au clair quant à la décision la plus importante de notre vie ? Nous sommes-nous tous tournés vers Dieu ? Il n’y a rien dans la vie qui ait une portée plus grande. La conversion est un événement d’une importance décisive. Notre histoire aux yeux de Dieu ne commence vraiment qu’à ce moment-là.
Par la conversion on se détourne consciemment de sa vie passée, et en même temps on se tourne vers Dieu. C’est une décision que chacun doit prendre personnellement pour soi. Même les enfants ou les jeunes qui ont été élevés dans des familles croyantes ont besoin dans leur existence de ce jour « J », où ils prennent cette décision. Je m’adresse très directement à chacun de vous : Vous ne pouvez pas vivre de la foi de vos parents ou de vos grands-parents. Même une apparence pieuse ne sert à rien. Vous pouvez avoir suivi l’école du dimanche, avoir assisté dimanche après dimanche à des réunions chrétiennes, chanter dans le chœur de l’assemblée, vous engager dans des activités pour les jeunes, et faire une quantité d’autres choses. Si vous ne vous êtes pas décidé résolument pour le Seigneur Jésus, vous ne vous êtes pas rapproché d’un pas de Dieu. Remerciez-le s’il vous a donné des parents croyants qui vous ont envoyé à l’école du dimanche. Remerciez Dieu d’avoir la possibilité d’aller aux réunions dimanche après dimanche. Mais n’en restez pas là. Pensez à Josias. Il a commencé à rechercher Dieu personnellement. C’est cela qui est décisif. Dieu ne se laisse trouver que dans la personne de son Fils. Celui qui a le Seigneur Jésus a trouvé Dieu, il le connaît même tout autrement que Josias l’a connu. Il le connaît comme son Père dans le Seigneur Jésus. Ne différez plus cette décision si importante. Il y a aussi un « trop tard ». Alors l’occasion est manquée pour toujours, il ne reste plus que le jugement éternel.
La conversion est le point de départ de la vie chrétienne. Elle fait penser au coup de feu qui marque le début d’une compétition. Ainsi l’apôtre Paul compare à plusieurs reprises notre vie à une course. Le départ est bien sûr important, car sans lui la course ne peut avoir lieu. Mais, dans des circonstances normales, aucun coureur ne songerait à interrompre sa course juste après le départ. Il donnera tout pour atteindre le but, si possible le premier. Pourquoi, nous chrétiens, nous comportons-nous souvent tout autrement ? Nous nous contentons d’être sauvés et d’échapper au jugement éternel. Et pour le reste, nous essayons de tirer le plus possible profit de ce monde.
Josias a pensé différemment. À l’âge de vingt ans il a commencé à mettre de l’ordre, et cela de façon approfondie. Dans son royaume il y avait toutes sortes de choses qui ne répondaient pas aux pensées de Dieu. Nous avancerions peut-être aujourd’hui comme excuse que c’étaient de vieux problèmes qu’il avait hérités de ses pères. Jérusalem, Juda, de même que l’ancien territoire des dix tribus étaient pleins d’idolâtrie. Les racines de ce mal remontaient au roi Salomon, qui avait commencé, vers la fin de sa vie, à servir des dieux étrangers. Depuis ce temps-là, le culte des idoles a toujours été présent en Juda et en Israël. Il y avait donc lieu pour Josias de faire table rase de tout cela et de ne pas se résigner. Nous lisons : « Et la douzième année, il commença de purifier Juda et Jérusalem des hauts lieux, et des ashères, et des images taillées, et des images de fonte » (2 Chron. 34:3). Les versets 4 à 7 donnent ensuite une description détaillée de cette première activité de Josias, entreprise dans son entourage immédiat.
Notre vie aussi doit connaître une telle œuvre de purification. À notre conversion, nous ne sommes pas devenus parfaits et sans faute. Au contraire, nous constatons bientôt que notre vieille nature (la chair) n’a pas changé. C’est pourquoi nous avons sans cesse besoin de cette purification personnelle. Ce n’est pas un acte unique, mais un processus permanent. Chez Josias, cette purification était une condition pour la suite de sa réforme. Si nous voulons être à la disposition de Dieu, il est aussi important pour nous de nous éprouver à sa lumière, par la lecture régulière de l’Écriture, pour voir s’il y a dans notre propre vie quelque chose qui nous souille, et que nous devons rejeter.
Ces idoles, que Josias a repoussées si énergiquement, à quoi nous font-elles penser ? Peut-être sommes-nous trop vite enclins à imaginer que de telles idoles n’existent plus au 21e siècle. Ne nous trompons pas ! Malgré toutes les prétendues lumières, nos pays christianisés sont sur la meilleure pente pour retomber dans l’idolâtrie. Celui qui s’informe tant soit peu des idéologies venues d’Extrême-Orient, et de ce que, par exemple, le mouvement du Nouvel-Age veut nous faire croire, ne peut que constater avec frayeur à quelle nouvelle idolâtrie beaucoup d’hommes s’adonnent. Nous en trouvons des traces dans les domaines les plus divers, notamment dans la médecine, dans d’autres branches de la science, la culture, la musique, l’économie, la politique. Ces domaines, en soi « neutres », sont employés comme vecteurs de cette idéologie occulte. Bien des points peuvent nous paraître naïfs et inoffensifs. Mais soyons attentifs. Satan commence toujours par un petit rien. Et avant que nous n’en ayons vraiment pris conscience, il nous tient fermement. En particulier quand il s’agit d’occultisme, les premiers pas semblent souvent complètement anodins et sans danger. C’est la raison pour laquelle nous devons être spécialement vigilants.
L’évolution annoncée ne doit d’ailleurs pas nous étonner outre mesure. Les lecteurs de la Bible savent que, après l’enlèvement des croyants auprès du Seigneur Jésus, ce monde connaîtra le déploiement le plus terrible d’idolâtrie que Satan ait jamais mis en scène. Un homme surgira, s’assiéra dans le temple à Jérusalem et prétendra être Dieu (2 Thess. 2:4). C’est de l’idolâtrie au plus haut degré. Aujourd’hui nous pouvons manifestement en discerner les ombres. Nous avons donc bien besoin d’avoir les yeux ouverts et un cœur vigilant pour ne pas nous achopper aux pierres que Satan veut placer sur notre chemin.
La purification
effectuée par Josias nous fait encore penser à un autre principe important, que
nous retrouvons tout au long de la Bible, le principe de la séparation du mal.
Se mêler au monde, c’est ouvrir une porte à l’idolâtrie. Les peuples qui
entouraient Israël étaient idolâtres et Satan use depuis longtemps de la ruse
suivante : mélanger le peuple de Dieu avec ses voisins et leurs principes,
leurs manières d’agir et leur idéologie. De nos jours encore, Satan utilise
cette ruse ancienne avec succès. C’est pourquoi l’apôtre Paul nous
avertit : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les
incrédules ; car quelle participation y a-t-il entre la justice et
l’iniquité ? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres ?
et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec
l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les
idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a
dit : « J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai, et je serai
leur Dieu, et eux seront mon peuple ». « C’est pourquoi sortez du
milieu d’eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est
impur, et moi, je
vous
recevrai » ; « et je
vous serai pour père, et vous
, vous
me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant » (2
Cor. 6:14-18).
Une alliance avec le monde conduit facilement à l’idolâtrie qui nous souille. Nous devrions nous en garder. Ce mélange peut être relatif à des choses visibles, extérieures. Cette manière de s’adapter au monde vient en général vite au grand jour. En revanche, l’association avec les principes ou les façons de penser de ce monde est bien plus subtile. Il s’agit de choses invisibles. En Romains 12:2 nous sommes exhortés : « Ne vous conformez pas à ce siècle ». Cette disposition n’est-elle plus de saison ? Est-elle dépassée ? En aucun cas ! Nous rapportons souvent ce passage exclusivement à des choses extérieures ; ce n’est pourtant pas par hasard qu’il continue en parlant du renouvellement de l’entendement (c’est-à-dire de l’intelligence et des pensées). Ce dont il s’agit ici, c’est de discerner « quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite ». Notre manière de penser, comme chrétiens, est influencée par le monde, sans peut-être que nous le voulions ou le remarquions. Cela commence déjà à l’école pour les enfants et se poursuit tout au long de la vie.
Que convient-il de faire ? Devons-nous nous retirer du monde ? Certains l’ont pensé et sont allés s’enfermer dans des couvents. Mais cela ne peut pas être la solution. Nous avons des tâches dans ce monde et sommes laissés comme témoins. Nous sommes dans le monde, mais pas du monde. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une séparation claire des principes de ce monde, réalisée en nous tournant en même temps vers le Seigneur Jésus. Si nous nous retirions du monde sans nous tourner vers le Seigneur Jésus, notre vie n’aurait ni but ni substance. Mais un tel état ne pourrait pas durer, car nous ne pouvons pas vivre dans un « vide ». En revanche si la pensée de notre Seigneur et Sauveur nous remplit, les principes de ce monde ne trouveront ni point d’attache ni place dans notre vie.
Les idoles dans l’Ancien Testament prenaient à Dieu la place qui lui revenait. Au lieu d’adorer Dieu, on servait des idoles. Pouvons-nous faire une application à notre temps et à nos circonstances ? Je le crois. L’apôtre Jean nous met en garde : « Enfants, gardez-vous des idoles » (1 Jean 5:21). Le Seigneur Jésus aimerait avoir la prééminence dans notre vie. Il doit en toutes choses tenir la première place. Notre relation avec lui doit déterminer et régler toutes nos autres relations. Mais n’y a- t-il pas ici ou là dans ma vie quelque chose qui veut lui contester la première place ? En quoi les idoles peuvent-elles consister dans la vie d’un adolescent de seize ans ? Peut-être le sport, ou la musique ? Et dans la vie d’un jeune adulte de vingt ans ? Peut-être la voiture, la mode ? Quelles peuvent être les idoles dans la vie d’une personne de trente ans ? La carrière professionnelle, la famille ? Qu’est-ce qui peut devenir des idoles dans la vie d’un quinquagénaire ? Le jardin, l’aménagement de sa maison ? Nous l’avons sûrement remarqué : il ne s’agit pas de savoir si quelque chose est bien ou mal. Tous les exemples mentionnés ne représentent pas forcément quelque chose de mauvais en soi, pour autant que cela ne prenne pas la première place dans ma vie. Dans le monde on dit que le mieux est souvent l’ennemi du bien. Ainsi les choses de ce monde, en soi innocentes, peuvent se transformer pour nous en idoles si elles deviennent plus importantes que le Seigneur Jésus, ou si nous les pratiquons sans être en communion avec lui.
Que faire si, en exerçant le jugement de nous- mêmes, nous constatons des manquements ? Suivre l’exemple de Josias et nous repentir. Ce que Josias a fait n’a pas été entrepris extérieurement et à la légère. Il n’a pas seulement poli la surface, mais il est allé au fond des choses. Ainsi nous devrions écarter tout ce qui d’une manière ou d’une autre nous éloigne du Seigneur Jésus. Cela nous amènera à nous tourner vers lui et à nous consacrer à lui. C’est le but d’une séparation véritable et biblique. Quelqu’un a dit une fois qu’une séparation qui ne nous conduit pas vers le Seigneur est toujours une fausse séparation.
Alors que le jeune roi avait vingt-six ans, il a entrepris de nouvelles mesures de réforme (2 Chron. 34:8-13). Cette fois ses actions dépassaient son entourage direct et l’administration de son royaume pour s’étendre aussi à la maison de Dieu à Jérusalem. Josias a vu que cette maison était dans un triste état. Bien des choses avaient été négligées dans les années passées, et s’étaient de ce fait délabrées. De plus certains éléments s’y étaient introduits qui n’avaient rien à y faire et qui souillaient la maison. Josias a donc fait purifier et réparer la maison de Dieu.
Le comportement du roi semble être une preuve de sa croissance intérieure. Il ne s’est pas seulement tourné vers Dieu, faisant de l’ordre dans son cercle personnel, mais il reconnaît maintenant qu’il y a aussi ce qui concerne la maison de Dieu. Cela nous amène à réfléchir et à comprendre que nous sommes aussi responsables de ce qui se passe dans la maison de Dieu.
Que signifie pour nous la maison de Dieu, et comment pouvons-nous la purifier et la réparer ? Chaque lecteur attentif de la Bible remarquera que le sujet de la « maison de Dieu » est repris dans toute la Bible. Cette maison nous parle toujours de l’habitation de Dieu. Dans l’Ancien Testament il y a eu d’abord le tabernacle, puis le temple à Jérusalem. Dans les deux cas, il s’agissait d’habitations matérielles. Dans le Nouveau Testament, Dieu n’habite pas dans une maison faite de mains, mais dans une maison spirituelle. Cette maison spirituelle se compose de tous les croyants qui habitent sur la terre. Ils sont « un temple saint », « une habitation de Dieu par l’Esprit » (Éph. 2:21, 22). Par cette image de la maison, Dieu ne nous présente rien d’autre que l’Assemblée de Dieu.
Le Nouveau Testament mentionne cette maison sous deux aspects. D’une part il nous est dit que le Seigneur Jésus est celui qui la bâtit (Matt. 16:18). À ce point de vue, elle est sans tache et parfaite. D’autre part, la maison est aussi placée devant nous en rapport avec la responsabilité de l’homme, c’est-à-dire que ce sont les hommes qui bâtissent (par exemple 1 Cor. 3:10 et suivants). Et là nous pouvons faire une application pour nous de l’Ancien Testament, car nous y trouvons des exemples pratiques qui illustrent ce qui est présenté comme doctrine dans le Nouveau Testament. Si nous avons devant les yeux cet aspect pratique de notre responsabilité en relation avec la maison de Dieu, nous voyons clairement en combien de points nous nous sommes trompés. On ne peut dès lors pas parler de perfection. Des éléments et des comportements ont été introduits, qui n’ont rien à faire dans cette maison. Il y a des brèches et des fissures. Le besoin de purification et de restauration est urgent.
Sommes-nous disposés à nous engager de tout notre cœur dans ce service ? Sommes-nous prêts à intervenir pour la gloire de notre Dieu ? Prenons un exemple. Un des traits caractéristiques principaux de la maison de Dieu dans l’Ancien comme dans le Nouveau Testament est la sainteté (Ps. 93:5). Cela commence bien sûr dans la vie personnelle, c’est-à-dire en moi-même. Mais il y a plus que la purification et la sainteté individuelles. Il y a aussi la responsabilité et la sanctification collectives. Dans la maison de Dieu je suis lié à d’autres croyants, et de ce fait la manière dont ils se comportent ne peut en aucun cas me laisser indifférent. Peut-être des personnes qui n’ont pas la vie de Dieu, mais seulement une profession extérieure, ont-elles même été introduites ? L’enseignement de 2 Timothée 2 nous montre que la maison de Dieu, vue sous l’angle de la responsabilité, doit être comparée maintenant à une « grande » maison humaine, dans laquelle il n’y a pas que des vases d’argent et d’or, mais aussi des vases de bois et de terre. Il s’y trouve des vases à honneur et des vases à déshonneur. Pour être un vase à honneur, utile au maître de la maison, il faut se retirer de l’iniquité et se purifier des vases à déshonneur (v. 19, 21, 22). Cette purification demande de l’énergie spirituelle.
S’engager pour la maison de Dieu n’est pas toujours une voie facile. Dans ce contexte, lisons le livre du prophète Aggée, et laissons-nous enseigner par son message. Il s’agit aussi d’engagement pour la maison de Dieu. Les Juifs revenus de Babylone avaient bien commencé cette œuvre, mais s’étaient arrêtés pour s’occuper de la construction de leurs propres maisons. Par le prophète, Dieu pose une question sérieuse à son peuple : Qu’est-ce qui tient la première place dans leur vie ? Dieu n’a rien contre le fait que nous nous aménagions une belle maison, que nous nous achetions une voiture, ou que nous partions en vacances. C’est même lui qui nous donne ces bienfaits. Mais la question est de savoir quelle place tout cela occupe dans notre vie. Ces choses nous sont-elles plus importantes que le travail pour la maison de Dieu ? Si tel est le cas, quelque chose n’est pas en ordre. Il est alors urgent que nous nous arrêtions pour considérer tranquillement nos voies et peut-être fixer de nouveau nos priorités. Il se peut que cela entraîne des renoncements, qu’il faille y consacrer du temps, mais nous aurons certainement l’approbation et la bénédiction du Seigneur. Josias fut amené, par son engagement pour la restauration de la maison de Dieu, à faire une découverte qui allait avoir un impact immense sur sa vie. Nous pouvons, nous aussi, faire de telles découvertes.
La Bible relate divers réveils parmi le peuple de Dieu des jours anciens. De même l’histoire de 1’Église en comporte plusieurs. Nous constatons qu’aucun réveil ne ressemble à un autre. À la fin du temps des rois de Juda, nous en voyons deux, un sous Ézéchias et un sous Josias. Le réveil sous Ézéchias a été caractérisé par la confiance absolue en Dieu et en ses promesses. Sous Josias, nous trouvons aussi cette confiance, mais elle n’est pas la première caractéristique. L’époque de Josias a plutôt été marquée par la soumission inconditionnelle du roi à la parole de Dieu. Le livre de la loi nouvellement retrouvé est le point central de l’histoire de cet homme.
La loi, dont chaque roi devait se faire une copie (cf. Deut. 17:18), avait été perdue. Il ne s’agissait naturellement pas d’un livre imprimé, tel que nous les connaissons aujourd’hui, mais d’un rouleau manuscrit. Pour être reproduite et distribuée, la loi de Dieu devait être copiée avec peine à la main. Pourquoi ce rouleau de la loi avait été perdu, nous ne le savons pas. On pourrait en chercher la raison dans l’histoire des prédécesseurs de Josias, qui n’avaient pas donné d’importance à la parole de Dieu dans leur vie, et ainsi n’en avaient pas pris soin. Il se pourrait aussi que des Juifs pieux aient caché le rouleau dans le temple. Dans tous les cas, il s’était perdu et le roi n’y avait pas eu accès jusque-là.
La redécouverte du rouleau de la loi a été un événement décisif dans la vie de Josias. Il était un homme pieux, mûr spirituellement. Mais maintenant, une nouvelle lumière jette son éclat sur sa vie et il reconnaît combien de choses doivent être changées au plus vite. Josias est prêt à laisser cette lumière éclairer chaque recoin de sa vie, et à en tirer les conséquences pour lui personnellement, comme pour son peuple.
Reportons ces faits à notre temps. Nous vivons dans un pays chrétien ; chaque jour des bibles sont imprimées, vendues et distribuées. La plupart des ménages en possèdent au moins une, souvent même plusieurs. Nous ne pouvons en fait même pas nous représenter ce que cela signifie de ne pas avoir de bible. La situation de base est donc différente. Josias aimait Dieu, mais ne connaissait pas sa Parole. N’est-ce pas souvent le contraire chez nous ? Nous connaissons la parole de Dieu (en tout cas quant à son texte), mais qu’en est-il de notre amour pour Dieu ? Il ne s’agit pas en premier lieu de la connaître de fait, mais la question décisive est celle-ci : Avons-nous découvert la Bible, la parole de Dieu pour nous personnellement ? Il ne sert à rien d’avoir la bible sur une étagère, couverte de poussière. Il ne sert non plus à rien de l’avoir sur notre table de nuit, ou même sur notre bureau. Et cela ne sert pas davantage de la prendre une fois par semaine, le dimanche, pour les réunions chrétiennes. La question déterminante est de savoir si nous la laissons nous parler personnellement, si nous la lisons, en étant prêts à mettre en pratique dans la vie journalière ce que nous avons lu.
Cette disposition faisait défaut chez le peuple au temps du prophète Ézéchiel. Dieu en a pris connaissance et a dit à son prophète ces paroles sérieuses : « Et ils viennent vers toi comme vient un peuple, et ils s’asseyent devant toi comme étant mon peuple ; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent pas ; car de leur bouche ils disent des choses agréables… Et voici, tu es pour eux comme un chant agréable, une belle voix, et quelqu’un qui joue bien ; et ils entendent tes paroles, mais ils ne les pratiquent nullement » (Ézéch. 33:31, 32). Il me semble que ces paroles peuvent facilement nous être appliquées. Nous lisons la parole de Dieu, nous l’entendons — mais y conformons-nous nos actions, la prenons-nous au sérieux pour notre vie ?
Nous trouvons chez les Thessaloniciens un exemple encourageant à ce sujet. Cette assemblée était formée uniquement de personnes nouvellement converties. La parole de la prédication était venue à eux et Paul peut rendre témoignage d’eux qu’ils l’avaient premièrement reçue, deuxièmement acceptée et troisièmement qu’elle opérait dans leurs vies (1 Thess. 2:13). Réfléchissons un peu à ce que ces trois étapes signifient pour nous. Tout commence par la réception de la parole de Dieu, soit par l’ouïe, soit par la vue. Nous l’entendons ou nous la lisons. Ensuite cela va plus loin. Nous l’acceptons. La parole de Dieu ne doit pas rester bloquée dans la tête, mais elle doit atteindre le cœur. Dieu ne prend pas plaisir à une simple connaissance intellectuelle. La tête ne peut être qu’un canal. Le but est dans tous les cas notre cœur C’est de cela qu’il s’agit. Le Seigneur désire avoir nos affections. Ce n’est que lorsque nous les lui donnons que peut se réaliser la troisième étape, c’est-à-dire l’effet de la parole de Dieu dans notre vie. Il faut que la Parole nous touche, produise quelque chose en nous, qui puisse se voir au-dehors. Dieu nous juge non pas selon nos connaissances de la Bible, mais selon la manière dont nous manifestons dans nos vies et mettons en pratique ce qu’il nous montre par sa Parole. C’est ce qu’entend l’apôtre Jean par l’expression « marcher dans la vérité » (2 Jean 4).
Trois hommes ont été mis en présence du livre de la loi dans l’histoire de Josias. Le sacrificateur Hilkija, le scribe Shaphan et Josias le roi. En y regardant de plus près, nous constatons que les deux premiers n’ont probablement pas attribué la même valeur au rouleau trouvé que le jeune roi. Il n’est certainement pas faux de penser que ce sacrificateur et ce scribe étaient de fidèles hommes de Dieu, qui en outre pouvaient bien être plus âgés que le roi. Hilkija et Shaphan avaient une tâche importante en relation avec le travail de la maison de Dieu, et tout nous dit qu’ils l’ont accomplie loyalement. Mais nous ne voyons pas que la découverte de la loi de Dieu ait eu un effet aussi profond sur eux que sur Josias. Hilkija, celui qui l’a trouvée, la remet simplement à Shaphan. Ce dernier l’apporte au roi, mais a d’abord d’autres communications à faire, qui lui paraissent plus importantes (2 Chron. 34:14-18). Le travail de la maison de Dieu et le financement de ce travail avaient visiblement la priorité pour lui. C’est de cela qu’il parle. Il était actif et énergique. Oserions-nous porter un jugement à cet égard ? Laissons les faits tels que Dieu nous les décrit. Chacun peut lire pour soi entre les lignes. Mais ce que nous voulons apprendre de Josias, c’est qu’il n’était pas seulement pieux et actif, mais que la parole de Dieu retrouvée était pour lui de la plus grande importance.
Remarquons la réaction du jeune roi face au rouleau de la loi retrouvé. Il ne se fâche pas ni ne commence à rejeter la faute sur d’autres. Il ne se met pas à argumenter ou à discuter. Il ne demande pas non plus si le rouleau trouvé est bien la loi de Dieu, ayant une signification pour lui, le roi. Il n’essaie même pas de mettre immédiatement la parole de Dieu en pratique par des manifestations extérieures. Non, le roi rentre premièrement en lui-même. Nous lisons ces mots simples — et pourtant si saisissants — « Et il arriva, quand le roi entendit les paroles de la loi, qu’il déchira ses vêtements » (2 Chron. 34:19). La parole de Dieu l’a touché et a provoqué en lui des sentiments profonds. Par la prophétesse Hulda, Dieu nous accorde de lire dans le cœur de Josias à cette occasion. Son cœur est devenu sensible, il s’est humilié, il a pleuré (v. 27).
Voulons-nous retirer une leçon pour nous de cette attitude ? Que faisons-nous quand nous constatons que Dieu nous montre par sa Parole quelque chose qui n’est pas en ordre chez nous ? Est-ce que nous commençons à discuter et à nous défendre ? Ou est-ce que nous ne nous sentons pas concernés ? Pensons-nous d’abord à d’autres chez qui (à notre avis) ce défaut est peut-être encore plus grave ? Ou osons-nous même mettre en doute sur certains points l’actualité de la parole de Dieu, en la relativisant (par le raisonnement : C’est Paul qui a écrit cela, et c’était valable à cette époque, mais plus maintenant) ? Toutes ces réactions sont possibles, et ne relèvent pas seulement de l’imagination. Peut-être nous plongeons-nous tout de suite dans une grande activité, pour impressionner notre entourage ?
Quand la parole de Dieu doit faire bouger quelque chose dans notre vie, elle commence toujours par le cœur. Nous pouvons le voir en Josias. Au début il y a toujours l’humiliation personnelle sous la volonté de notre Seigneur. C’est la preuve que je prends la parole de Dieu vraiment au sérieux pour moi personnellement. Quand je me place sous l’autorité de l’Écriture, je commence à trembler. Cela n’a rien à voir avec de la peur, mais c’est le désir de ne pas prendre Dieu et sa Parole à la légère. Dieu lui-même dit : « Mais c’est à celui-ci que je regarderai : à l’affligé, et à celui qui a l’esprit contrit et qui tremble à ma parole » (És. 66:2). Dieu prend connaissance d’une telle attitude. De même il n’oublie pas les larmes qui sont peut-être versées. Il connaît nos sentiments et nous aidera pour la suite.
De nos jours nous n’avons pas besoin de déchirer nos vêtements, mais nous devrions expérimenter l’état de cœur que Josias exprimait par cet acte. C’est la condition préalable pour prendre la parole de Dieu véritablement au sérieux, et nous soumettre à elle dans l’obéissance. Cette sincérité du cœur, ce désir d’obéir au Seigneur en toutes choses et dans tous les domaines de la vie n’a rien à voir avec le légalisme. Le légalisme est assurément un mal de notre temps et il ne trouve jamais l’approbation du Seigneur. Mais qualifier de légalisme une attitude d’obéissance est également un grand mal. Accuser les autres de légalisme est souvent lié à un manque d’obéissance dans ma vie personnelle. Parce que je veux élargir un peu mon chemin, je reproche à ceux qui désirent continuer à prendre la parole de Dieu au sérieux d’être légalistes. L’obéissance à la parole de Dieu est un devoir permanent ; mais cette obéissance donne la liberté et rend heureux. Josias a recherché de tout son cœur l’obéissance à Dieu dans sa vie, et a connu des années heureuses.
À la lecture de l’histoire de Josias, on pourrait peut-être se demander : Pourquoi au fond cet homme s’est-il humilié ? Avait-il personnellement fait quelque chose de mal ? Dieu ne nous relate rien de tel dans sa vie jusqu’à ce moment-là. Et pourtant son humiliation était appropriée. Nous apprenons ici qu’il y a deux côtés à l’humiliation. Premièrement l’humiliation concernant nos propres péchés, ceux que nous avons commis personnellement. Nous en trouvons un exemple en Manassé, le grand-père de Josias (2 Chron. 33:12). Dieu a serré cet homme de si près qu’à la fin, sous la pression des circonstances, il s’est effondré et s’est beaucoup humilié. En revanche, l’humiliation de Josias concernait une faute commune, collective, dont la responsabilité remontait même à ses ancêtres. Josias se savait uni au peuple de Dieu. Il connaissait la faute de ce peuple, auquel il appartenait, et il la faisait sienne.
Nous trouvons aussi un bel exemple de cet aspect de l’humiliation en Esdras le scribe (chap. 9 et 10). Personnellement il était tout à fait innocent du péché du peuple. Mais trois points importants, et qui nous parlent, nous sont rapportés à son sujet. Premièrement Esdras s’est humilié à cause de l’infidélité du peuple (Esdras 9:4). Deuxièmement il s’est agenouillé et a prié Dieu (9:5ss.) et troisièmement il s’est levé de sa prière et a agi (10:5ss.). Ce comportement, nous le retrouvons chez Josias. Il a mené deuil, prié, et agi.
Demandons-nous maintenant si nous connaissons vraiment cette humiliation. Parfois nous sommes plus enclins à pleurer sur des péchés commis personnellement que sur des choses dont nous ne nous sentons pas directement responsables. Nous faisons pourtant partie du peuple de Dieu, et sommes donc aussi responsables, aux yeux de Dieu, de l’état de ce peuple. Nous ne pouvons pas simplement nous soustraire à ce devoir moral. Nous avons aussi une responsabilité pour nos frères et sœurs. Nous parlons peut-être volontiers de cette humiliation, tout en pensant être bien meilleurs que les autres. On peut « disséquer » avec précision l’état du peuple de Dieu et en parler, mais quand on présente la situation, les points relevés sont justement ceux dans lesquels les autres se sont mal comportés. Une telle « humiliation » sur les péchés d’autrui sonne peut-être bien à l’oreille ; toutefois en réalité ce n’est pas une humiliation, mais exactement le contraire. Souvenons-nous que l’humiliation et l’humilité sont proches parents.
La conséquence immédiate de l’humiliation est de nous amener à rechercher Dieu et ses pensées. Josias voulait s’informer concernant ce qu’il avait lu dans le livre de la loi et qui l’avait ainsi jeté à terre. Nous pourrions peut-être nous demander pourquoi il a agi ainsi. La loi de Dieu n’était-elle pas tout à fait claire ? Dieu n’y avait-il pas fait connaître ses pensées d’une manière sans équivoque ? En fait, Josias avait d’une part pris connaissance des commandements, ordonnances et défenses de Dieu, mais d’autre part il avait lu aussi ce qui arriverait si l’on n’obéissait pas à la volonté de Dieu. Il savait que la colère divine était annoncée dans la loi et devait atteindre celui qui ne se soumettait pas à ces commandements. Pourquoi alors encore rechercher Dieu ?
Nous apprenons par cela que Josias, dans son humiliation, avait confiance en Dieu. La loi (en admettant qu’il s’agisse ici des cinq livres de Moïse) disait clairement ce que Dieu attendait. Elle parlait aussi du jugement. Mais la loi déclarait également que Dieu attend la repentance. Dieu est un Dieu patient et miséricordieux.
Il y a là un enseignement pour nous. Dieu nous a donné sa Parole. Nous y trouvons sa volonté pour notre vie. Mais Dieu ne s’en tient pas là. Il nous a encore donné la possibilité de prier. Quoique connaissant la volonté de Dieu, nous pouvons lui parler par la prière. La parole de Dieu et la prière ne peuvent être séparées. Dieu nous parle et nous pouvons lui parler. C’est merveilleux. Appliquons cela à la conversion. Que penserions-nous d’un homme qui reconnaît simplement tout ce que Dieu dit de lui, c’est-à-dire qu’il est pécheur, que de ce fait il mérite le jugement de Dieu et qu’il va au- devant de la perdition, mais aussi que Dieu lui offre le salut par le Seigneur Jésus pour qu’il échappe au jugement ? Celui qui en reste là n’est pas plus avancé. Recevoir ce que Dieu dit dans sa Parole pousse l’homme à des exercices de cœur et à mener deuil dans la prière. Il s’adresse à Dieu, et alors il reçoit le pardon.
Le même principe est valable pour tout réveil dans notre vie chrétienne. Dieu révèle à notre cœur quelque chose qui n’est pas en ordre. Nous nous voyons à la lumière de la Bible et nous nous tournons naturellement vers Dieu dans la prière, pour lui en parler. Un serviteur du Seigneur a dit avec raison : « Toute humiliation est produite par la parole de Dieu et jette l’homme dans les bras de Dieu ». Ce principe général est valable chaque fois que des hommes se voient dans la lumière de la parole de Dieu, qu’ils soient croyants ou non.
Peut-être qu’en lisant la Bible un verset nous atteindra comme une flèche en plein cœur et nous fera discerner une erreur dans notre vie. Bien que nous voyions peut-être tout de suite clairement ce que Dieu attend de nous maintenant et ce que nous devons faire, nous en parlerons avec Dieu — si nous sommes dans un bon état.
Josias envoie le sacrificateur Hilkija et quelques autres personnes de confiance chez une prophétesse pour demander la volonté de Dieu. En cela nous constatons d’une part que cet homme de l’Ancien Testament n’avait pas, comme nous aujourd’hui, l’accès direct au trône de la grâce. Nous pouvons nous adresser directement à notre Dieu et Seigneur et n’avons pas besoin d’un « intermédiaire ». D’autre part ce comportement de Josias nous donne aussi un enseignement : Josias était jeune et cherchait conseil auprès d’autres personnes qui avaient une plus grande expérience et pouvaient l’aider dans sa vie de foi. Connaissons- nous — surtout si nous sommes encore relativement jeunes — de ces frères et sœurs qui sont prêts à nous aider ? Et sommes-nous disposés à nous laisser aider ? Dieu place dans notre entourage des frères et sœurs qui ont fait avec le Seigneur des expériences dont nous pouvons certainement bénéficier. Bien sûr chacun doit vivre sa propre vie de foi, mais nous pouvons très bien recourir à l’aide des frères et sœurs que Dieu nous donne. Inversement les plus âgés s’examineront, pour savoir s’ils sont capables et prêts à aider les plus jeunes qui ont des questions et ne voient pas clair sur un point ou l’autre. Pour cet échange de pensées, il faut une relation de confiance, faite de compréhension, à laquelle les deux parties peuvent contribuer également.
Relevons encore que Dieu donne sa réponse par l’intermédiaire d’une femme. Ce fait nous montre d’une part (comme en Juges 4) que le peuple de Dieu se trouvait dans un état général de très grande faiblesse. D’autre part il est un encouragement pour les sœurs. Dans certaines situations, les sœurs ont une vision plus claire de la volonté de Dieu que les frères, et peuvent être des aides. Au temps de Josias, il y avait aussi des prophètes (par exemple Jérémie, qui était cependant encore très jeune). Le Nouveau Testament délimite très clairement le cadre de l’activité des sœurs. Cela ne change rien au fait que des sœurs peuvent (et devraient) avoir une intelligence profonde des pensées de Dieu, et qu’il leur est permis de venir en aide à d’autres.
La réponse de la prophétesse Hulda nous conduit à un principe très important en rapport avec les voies de Dieu envers ses enfants. Remarquons que le message qu’elle donne à Josias comporte deux parties. Dans un premier temps, elle parle, de manière plutôt impersonnelle, de « l’homme qui vous a envoyés vers moi » (2 Chron. 34:23). C’est à lui qu’est annoncé le jugement mérité par les actions méchantes du peuple de Dieu. Le jugement de Dieu devait atteindre Jérusalem, car elle avait abandonné Dieu et fait fumer l’encens à d’autres dieux. Ensuite la prophétesse parle personnellement. Elle s’adresse directement de la part de Dieu au « roi de Juda qui vous a envoyés » (2 Chron. 34:26). Cette partie du message respire la grâce et la miséricorde de Dieu, car il a parfaitement discerné l’humiliation de Josias.
Si nous faisons l’application à ce qui nous concerne, nous voyons d’un côté le gouvernement de Dieu et de l’autre côté sa grâce. Il y a un gouvernement de Dieu dans la vie des croyants. L’apôtre Paul l’exprime ainsi : « Ne soyez pas séduits ; on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7). Nous ne pouvons pas limiter cette déclaration aux incrédules. L’application à des croyants est sérieuse, et nous ne voulons pas nous y soustraire. Dans le gouvernement de Dieu envers nous, nous portons les conséquences de nos actes. Mais la grâce de Dieu est aussi là. Il savait exactement que, dans cette situation, Josias avait besoin de consolation et d’encouragement. C’est pourquoi Josias a entendu ces paroles de Dieu pleines de miséricorde. Le jugement annoncé allait venir (et il est venu peu de temps après), mais il ne toucherait pas Josias. Celui-ci ne verrait pas la misère qui allait tomber sur Jérusalem, mais il mourrait en paix avant. Ainsi nous aussi nous pouvons toujours avoir recours à la grâce de Dieu. Elle est inépuisable. Pourtant nous devons nous garder de la prendre comme prétexte pour défier Dieu. Là aussi nous avons la parole de Paul : « Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? — Qu’ainsi n’advienne ! » (Rom. 6:1).
L’humiliation de Josias et la réponse que Dieu lui donne ne restent pas sans conséquences visibles. Le roi ne s’est pas satisfait de ce que Dieu lui accorde sa grâce pour lui-même. Rassuré, il aurait pu se reposer, sachant que si le jugement de Dieu venait de manière certaine, lui-même en serait épargné. Josias ne reprend pas sa vie, tranquille et content. Au contraire, il développe d’autres activités. Nous voyons qu’il sent désormais sa responsabilité envers le peuple, et veut le ramener à l’alliance de Dieu. Jusque-là il s’était engagé seul dans une large mesure, c’est-à-dire il avait agi pour lui-même. Maintenant il comprend qu’il est uni à son peuple. Il prend l’initiative et les autres suivent.
Tout cela est riche en enseignements pour nous. Nous savons par les écrits prophétiques du Nouveau Testament comment la chrétienté doit évoluer et quelle sera la fin du témoignage chrétien sur la terre. Le jugement est annoncé et il ne reste que peu de temps avant que le Seigneur vomisse de sa bouche l’église impie (Apoc. 3:16). Que faisons-nous de cette certitude ? Nous y sommes-nous habitués ? Sommes-nous résignés ? Nous livrons-nous avec indifférence à nos occupations journalières en nous rassurant par la pensée que ce jugement ne nous concerne pas ? Ou préférons-nous peut-être même vivre en chrétien solitaire sans nous inquiéter de ce qui se passe autour de nous ? Nous avons une double responsabilité. D’une part envers les hommes perdus, qui n’ont pas encore entendu et encore moins reçu la Parole de la croix. Mais d’autre part — et c’est ce côté que nous avons ici — envers les croyants dont le cœur ne brûle pas, ou plus, pour le Seigneur.
L’exemple de Josias doit nous encourager. Il ne se pose pas la question de savoir si Dieu veut encore donner un réveil, ni si ses forces suffiront pour ramener le peuple à l’alliance. Il ne pèse pas le pour et le contre, se demandant si cela en vaut la peine… Non, Josias agit. Il place la Parole devant le peuple.
Le vrai christianisme comprend un aspect individuel et un aspect collectif. Chaque chrétien a une relation personnelle avec son Seigneur et peut s’en réjouir. Mais il est tout aussi vrai que Dieu nous a mis ensemble et que, par conséquent, nous pouvons — et devons — marcher ensemble. Pour ce chemin collectif nous avons besoin de moteurs qui entraînent les autres. Sommes-nous prêts à être de tels moteurs… ou à le devenir ? Nous savons bien que le jugement vient. Nous savons également que ce ne sera jamais notre tâche de réformer la chrétienté dans son entier, ni même le monde. Dieu parle aujourd’hui comme autrefois à l’individu. Nous n’avons donc ni à taire, ni à accepter avec résignation que le jugement vient sur l’ensemble. À la fin du temps de la grâce, nous pouvons faire une chose : présenter la parole de Dieu.
Josias a fait en sorte que tous ceux qui étaient en Juda et à Jérusalem entendent la parole du livre de l’alliance (2 Chron. 34:30). Il a été dit à Timothée : « Prêche la parole, insiste en temps et hors de temps, convaincs, reprends, exhorte, avec toute longanimité et doctrine » (2 Tim. 4:2). Cette exhortation est aussi pour nous. Nous avons à apporter le message de Dieu tant aux incrédules qu’aux croyants. Les incrédules doivent l’entendre pour être conduits à la nouvelle naissance, les croyants pour être ramenés aux principes de base de la Bible.
Josias fait encore un pas de plus. Il ne s’inquiète pas seulement de faire entendre la Parole aux habitants de Juda et de Jérusalem, il veut également restaurer leur relation avec Dieu. « Et il fit entrer dans l’alliance tous ceux qui se trouvaient à Jérusalem et en Benjamin » (2 Chron. 34:32). Cette alliance nous parle de la relation du peuple avec son Dieu. Le prophète Jérémie, contemporain de Josias, pouvait dire au peuple : « Défrichez pour vous un terrain neuf » (Jér. 4:3). C’est aussi important pour nous. Notre relation avec Dieu devrait toujours être fraîche et intense. Chaque fois que quelque chose s’est intercalé, nous devons réactiver cette relation. Nous ne pouvons bien sûr pas perdre la qualité d’enfants de Dieu, mais nous n’en réalisons plus la jouissance pratique et la joie.
De plus, Josias ne désire pas seulement une restauration extérieure. Il sait combien il est important que le cœur et l’âme soient impliqués (2 Chron. 34:31). Un réveil opéré par le Seigneur n’est pas effectué dans la tête. Nous pouvons être reconnaissants envers notre Dieu s’il nous a donné la capacité de penser de manière claire et logique pour saisir sa Parole. Mais cela n’est ni une condition ni une garantie de la qualité de notre relation avec lui. Le terrain neuf est défriché non pas dans la tête, mais bien dans le cœur et dans l’âme, c’est- à-dire dans notre être intérieur. Nos cœurs doivent brûler d’amour pour le Seigneur et s’attacher à lui.
Le livre du prophète Jérémie nous montre que le réveil aux jours de Josias n’a malheureusement pas été très profond (cf. Jér. 3:10 par exemple). Pourtant Josias y a mis toute l’application possible. Pour lui, il en valait la peine même si seul un petit nombre de personnes retournaient réellement à Dieu de tout leur cœur. Il n’en est pas autrement aujourd’hui. Abandonnerions-nous pour autant ? Non, aucun effort n’est vain quand il s’agit de faire brûler des cœurs pour le Seigneur. À la fin de l’économie chrétienne, nous avons devant nous non pas une cause, mais une personne : notre bien- aimé Seigneur.
Nous en sommes maintenant à la fin du temps de réforme de Josias. La Pâque est célébrée. C’est une Pâque particulière. Le chroniqueur, sous l’inspiration divine, la caractérise en ces termes : « On n’avait point célébré en Israël de Pâque semblable depuis les jours de Samuel, le prophète ; et aucun des rois d’Israël n’avait célébré une Pâque comme celle que firent Josias, et les sacrificateurs… » (2 Chron. 35:18).
Le fait que Josias célèbre la Pâque nous montre d’abord qu’il a continué à progresser intérieurement. Il ne s’est pas contenté de ce qu’il avait atteint, mais il comprend maintenant que Dieu a des exigences et attend de son peuple qu’il lui apporte quelque chose. C’est pourquoi il est dit expressément dès le commencement du récit qu’il s’agissait d’une Pâque célébrée « à l’Éternel » (2 Chron. 35:1).
Avant de tirer des enseignements pour notre temps de cet épisode de la vie de Josias, regardons brièvement quelle est la signification de la Pâque. Pour cela il nous faut différencier avec soin deux choses. Premièrement nous devons voir la portée directe de la Pâque pour Israël, et l’application que nous pouvons en faire pour nous. Secondement nous devons distinguer entre la Pâque célébrée en Égypte pour la première fois (Ex. 12), et les célébrations faites ensuite par le peuple de Dieu dans le désert et dans le pays. Pour le peuple d’Israël la Pâque en Égypte était le commencement d’un nouvel ordre de choses. Dieu voulait délivrer son peuple de l’esclavage du Pharaon et la Pâque en était le point de départ. Alors que le jugement arrivait sur le pays d’Égypte, les Israélites se trouvaient à l’abri du sang de l’agneau pascal. Dieu leur avait donné la Pâque en tant que souvenir de leur sortie d’Égypte et de la délivrance opérée par lui, comme statut perpétuel (Ex. 12:24). Ils devaient la célébrer chaque année (Lév. 23:5).
En rapport avec nous, nous pouvons distinguer trois aspects de la Pâque :
Qu’y avait-il de si particulier à la Pâque sous Josias ? De nombreuses Pâques avaient été célébrées pendant les règnes des rois de Juda. Le fait en lui-même n’a donc rien de très particulier. Ce qui la caractérise est d’une part le moment et d’autre part la manière dont elle a été célébrée. En ce qui concerne le moment, c’est la fin du temps des rois de Juda. Peu d’années plus tard le jugement devait s’exécuter. Et justement à un tel moment la Pâque est célébrée comme elle ne l’a été sous aucun autre roi. Nous voyons là un principe important en même temps qu’un grand encouragement. Quoique nous vivions à la fin du temps du témoignage chrétien, il ne convient pas de dire que tout ne fait qu’aller automatiquement de mal en pis. C’est une grâce particulière de Dieu que, même dans les jours les plus sombres, presque à la fin du temps de la grâce, nous puissions agir selon ses pensées en rapport avec la cène du Seigneur et jouir des bénédictions qui y sont liées.
Pourquoi Josias s’est-il donné tant de peine pour cette Pâque ? Ici aussi nous voyons en lui un homme qui ne se résignait pas. Un commentateur de la Bible a écrit il y a déjà plus de cent ans : « Si Josias avait été influencé par l’esprit et les principes de notre temps, il n’aurait certes pas cherché à célébrer la Pâque. Il se serait croisé les bras… » Et nous ? Vaut-il encore la peine, dans les jours de la fin où nous vivons, de rechercher la volonté de Dieu en rapport avec la fraction du pain ? Assurément cela vaut la peine ! Les pensées de Dieu n’ont pas changé et il nous donne encore aujourd’hui la possibilité de célébrer le mémorial, comme il l’a institué au commencement. Nous n’avons tout simplement pas le droit d’avancer l’excuse que tout est si faible et va de mal en pis. L’histoire de Josias est là pour nous encourager.
En considérant la manière dont Josias et le peuple célèbrent la fête, nous pouvons également apprendre bien des choses.
Tout d’abord il est frappant de lire — et nous voyons là de nouveau une caractéristique de Josias — que tout a été exécuté selon les prescriptions que Dieu avait données par Moïse (2 Chron. 35:4, 6, 12, 13). On a tenu compte de la parole de Dieu et on l’a respectée. En cela Josias est allé plus loin que, par exemple, Ézéchias, qui a aussi célébré une grande Pâque. Ézéchias l’a célébrée le quatorzième jour du deuxième mois (2 Chron. 30:15). Dieu avait donné cette possibilité en cas d’impureté (Nomb. 9:9-11), mais la pensée de Dieu était en fait que la Pâque soit célébrée le premier mois (mois d’Abib) (cf. Deut. 16:1). De même pour la fraction du pain, Dieu a donné des instructions claires. Il n’a rien laissé à notre imagination fertile quant à la manière de nous rassembler pour nous souvenir de notre Seigneur. Sommes-nous prêts à nous soumettre aux pensées de Dieu, ou croyons-nous mieux savoir ? C’est le repas du Seigneur et aussi la table du Seigneur. C’est lui qui décide. Il s’attend à ce que nous nous réunissions pour rompre le pain, mais il compte aussi que nous le fassions selon ses pensées. Combien l’obéissance de Josias nous parle !
Deuxièmement, nous trouvons ici la pensée de la sainteté. Malgré les nombreuses dispositions déjà prises, la purification de la maison de Dieu et le renouvellement de l’alliance par le peuple, Josias invite les lévites qui allaient sacrifier la Pâque à la sainteté (2 Chron. 35:3-6). Visiblement, il y accorde beaucoup d’importance. Sur ce point les pensées de Dieu n’ont pas non plus changé. Est-ce que nous connaissons encore quelque chose de cette sainteté qui est liée à la table du Seigneur ? Nous sommes une sainte sacrificature et avons été rendus capables d’exercer une sacrificature spirituelle dans le sanctuaire. Mais cela ne suffit pas, car le Seigneur attend aussi que nous paraissions devant lui dans la sainteté pratique. Cette sainteté se rapporte d’une part à notre propre marche individuelle, et d’autre part à nos associations.
Troisièmement, nous remarquons la libéralité (2 Chron. 35:8). Le Seigneur ne nous force pas à nous réunir pour nous souvenir de lui et pour rompre le pain. De même dans l’adoration liée à la table du Seigneur, il n’y a pas de contrainte, mais il attend de la spontanéité. Le Seigneur Jésus dit à la femme au puits de Jacob : « Le Père en cherche de tels (adorateurs) qui l’adorent » (Jean 4:23). Le Père n’ordonne pas l’adoration, mais il la cherche. Cette pensée ne touche-t-elle pas notre cœur ? Voulons-nous peut-être le laisser chercher en vain ? Voulons-nous refuser l’invitation de notre Seigneur : « Faites ceci en mémoire de moi » ? Combien de temps allez-vous encore le faire attendre ?
Quatrièmement, nous voyons que la fête de la Pâque n’était pas limitée aux habitants de Juda et de Jérusalem. Il nous est rapporté expressément qui a célébré la fête : « Josias, et les sacrificateurs et les lévites, et tout Juda et Israël, qui s’y trouvèrent, et les habitants de Jérusalem » (2 Chron. 35:18). La Pâque n’était pas seulement une fête du souvenir, mais elle était en même temps un symbole de l’unité du peuple de Dieu. Nous retrouvons ces deux aspects dans la fraction du pain. Nous le rompons d’une part en souvenir de notre Seigneur et de son œuvre (1 Cor. 11:24) et d’autre part comme expression de l’unité de tous les enfants de Dieu (1 Cor. 10:17). Quand nous nous réunissons à la table du Seigneur pour rompre le pain, nous le faisons sur le terrain de l’unité du peuple de Dieu. N’est-ce pas, précisément dans un temps de séparation et de déchirement, une possibilité magnifique de rendre témoignage de l’unité qui lie ensemble tous les enfants de Dieu ?
Nous pouvons bien nous représenter la joie des fils d’Israël au temps de Josias. Ils ont pensé à ce qui s’était passé en Égypte, et se sont réjouis de célébrer la fête du souvenir comme Dieu le voulait. Nous pouvons aussi réaliser cette joie chaque fois que nous pensons à l’œuvre de notre Rédempteur à la croix. Nous n’oublions pas l’existence de bien des sujets d’affliction, mais ne laissons pas la tristesse nous ravir la joie que nous éprouvons en nous réunissant pour rompre le pain. Le Seigneur nous donne, précisément dans les derniers jours, la possibilité d’annoncer sa mort comme il désire que nous le fassions. Mais pour cela, il faut que nous connaissions ses pensées et soyons prêts à les mettre en pratique. Venir le dimanche à la table du Seigneur n’est alors pas pour nous le simple accomplissement d’un devoir, mais nous y sommes conduits par le désir toujours renouvelé de nos cœurs.
Josias a trouvé le chemin tracé par Dieu pour lui apporter ce qui lui revient. L’avons-nous aussi trouvé ?
« Après tout cela » (2 Chron. 35:20), c’est ainsi que commence le récit divin concernant la fin de Josias. On aimerait presque sauter ce paragraphe et ne pas prendre connaissance de l’égarement de ce grand homme de Dieu. Pourtant Dieu veut aussi nous parler par cette triste circonstance. Quand Dieu écrit l’histoire, nous en avons ici encore une preuve manifeste, il le fait toujours de manière réaliste. La Bible ne nous parle pas de héros qui n’auraient eu aucun défaut. Même des hommes comme Abraham, Isaac, Josué, David et bien d’autres ont connu des périodes ou en tout cas des épisodes dans leur vie où ils n’ont pas agi en accord avec leur Dieu. Si Dieu nous en parle, ce n’est certainement pas pour que nous jugions ces hommes, mais pour que nous en tirions des leçons pour nous. Si nous cherchons la perfection, nous ne la trouverons que dans la vie de notre Seigneur. Lui seul ne s’est pas écarté, même dans la plus petite mesure, du chemin qu’il suivait pour la gloire de son Père.
Ce qui rend la vie de Josias si tragique, c’est le fait qu’à la fin il est soudain tombé. Adolescent, il a commencé à rechercher Dieu ; jeune homme, il a vécu une vie de foi active et a motivé d’autres personnes, mais à l’âge mûr il est tombé. Un bon départ, une bonne suite, mais une triste fin — c’est ainsi qu’on pourrait résumer sa vie. Une vie que Dieu a pu employer se termine de manière tragique. Cela doit nous faire réfléchir.
Nous avons vu Josias comme un homme de réformes. Sa vie de foi a commencé alors qu’il avait seize ans. Pendant dix ans, Dieu nous révèle de manière détaillée ce qui a motivé ce jeune homme. Le sommet de ses réformes a sans doute été la Pâque qui a été célébrée sous son règne. À ce moment-là, Josias avait vingt-six ans. Ensuite, nous lisons soudain : « Après tout cela ». Josias est mort dans la trente et unième année de son règne, c’est-à-dire à l’âge de trente-neuf ans. Si nous faisons le calcul, il y a, entre la fête de la Pâque et les mots « après tout cela », un intervalle de treize ans. On a l’impression que Dieu passe simplement par-dessus ces treize ans de la vie de Josias.
Treize ans de silence ! Est-ce que Josias n’a rien fait pendant ce temps ? N’a-t-il rien entrepris ? Nous n’avons pas de réponse claire à cette question. Ce que nous pouvons dire, c’est que Josias n’a rien fait que Dieu ait eu à nous rapporter. Nous voyons en cela un principe important que nous retrouvons assez souvent dans la Bible. Dieu nous parle par ce qu’il dit, mais parfois aussi par ce qu’il ne dit pas. Les enseignements ne se voient pas toujours au premier coup d’œil. Il nous faut quelquefois, même si cela demande un effort, creuser un peu, lire entre les lignes, et méditer sur ce que Dieu ne nous dit justement pas. Pourquoi, par exemple, n’est-il pas parlé d’un autel dans la vie d’Abraham quand il était en Égypte (Gen. 12:9-20) ? Ou pourquoi n’est-il pas fait mention d’une prière de David quand il s’est enfui chez Akish, le roi des ennemis d’Israël (1 Sam. 27 à 29) ? Le silence de Dieu nous parle — également dans la vie de Josias.
Que veut dire ce silence ? Y a-t-il dans nos vies aussi des périodes au sujet desquelles Dieu n’a rien à dire, qui sont sans valeur pour Dieu, car il n’y trouve pas de fruit pour lui ? Dieu cherche du fruit dans notre vie, c’est-à-dire qu’il aimerait voir en nous quelque chose des caractères magnifiques de son Fils. C’est Dieu qui juge ce qui est du fruit pour lui, personne d’autre. Aux yeux des hommes, il peut y avoir beaucoup de choses qui paraissent bonnes, mais ce qui compte, c’est l’appréciation de Dieu.
Comment se déroule notre vie ? Peut-être avons- nous bien commencé, nous sommes-nous engagés pour Dieu, mais ensuite relâchés et tournés vers d’autres choses. Peut-être certaines choses que nous avons faites par conviction sont-elles ensuite devenues de la routine. Les jeunes s’enthousiasment souvent vite pour une chose ou l’autre, alors qu’avec l’âge l’engouement se relâche. Il peut en être autrement dans la vie spirituelle. Le sage Salomon dit : « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4:18). La lumière resplendissante peut être comparée avec la jeunesse d’un homme. Le temps de la jeunesse ressemble à un matin radieux où le soleil se lève dans sa force. Mais tout n’est pas là. Une vie pour Dieu est une vie qui resplendit toujours plus jusqu’à ce que le plein jour soit établi. Chez Josias il en a été ainsi jusqu’au moment où la lumière éclatante s’est soudain assombrie. Qu’en est-il de moi et de vous ?
Josias avait trente-neuf ans quand il s’est engagé sans nécessité dans la guerre contre le pharaon Neco. Il n’était plus un jeune homme, mais n’était pas encore vieux. À trente-neuf ans on est normalement au zénith de sa vie, au milieu de sa vie. La fin de Josias nous parle sans doute à chacun, mais laissons-nous particulièrement interpeller, nous qui en sommes au milieu de notre vie. Comment s’est passée notre vie jusqu’ici ? Comment avons- nous commencé ? Qu’avons-nous atteint ? Avons- nous eu du succès dans ce monde, en avons-nous encore ? Avons-nous fait carrière ? Avons-nous une famille intacte ? Ce sont quelques questions que nous pouvons méditer. Mais demandons-nous aussi : Qu’avons-nous été pour le Seigneur ? Peut- être y a-t-il eu des périodes dans le passé où nous nous sommes plus occupés de lui et de ses intérêts, plus engagés pour lui ? Peut-être y a-t-il de jeunes frères et sœurs qui nous sont en exemple ? Encore une fois, ces questions méritent d’être pesées tranquillement, pour que chacun personnellement y trouve une réponse.
Une autre pensée nous vient en relation avec ces treize années. Nous nous demandons ce qu’il est advenu du travail de réforme de Josias. Ses effets n’étaient-ils plus visibles ? Vraisemblablement ils l’étaient encore, car le dernier verset de 2 Chroniques 34 nous dit : « Pendant tous ses jours [de Josias] , ils ne se détournèrent pas de l’Éternel ». C’était le côté extérieur. L’attitude intérieure du peuple nous est présentée dans le prophète Jérémie. Il nous montre ce qui en était réellement : « Et même, avec tout cela, sa sœur, Juda la perfide, n’est pas revenue à moi de tout son cœur, mais avec mensonge, dit l’Éternel » (Jér. 3:10). Ce passage place les jours de Josias sous une lumière significative. En réalité Josias a dû être un homme solitaire. La grande masse du peuple ne l’a suivi qu’extérieurement. On ne peut (malheureusement) pas parler d’un retour national. Josias pouvait être un modèle, il était aussi à même, pour ce qui concernait les choses extérieures, de donner des ordres et des indications, mais il n’était pas en son pouvoir de changer les cœurs. Nous voyons ainsi une réforme qui a continué extérieurement pendant ces treize années aussi, sans qu’elle soit accompagnée d’une vie intérieure. Et même Josias, le réformateur, semble avoir changé pendant ces treize ans.
À quelle application sommes-nous conduits par cette pensée ? Les réformes du roi devaient se manifester dans le peuple. Dieu éprouve, Dieu teste. C’est aussi valable pour nous. Nous faisons partie d’une génération qui a reçu un grand héritage spirituel. Beaucoup de vérités de la parole de Dieu ne nous sont pas inconnues. Mais « hériter » ne suffit pas. Toute la joie que nous procure ce que nous avons reçu de nos pères spirituels ne doit pas nous faire oublier la responsabilité liée à cet héritage. La question est de savoir si nous avons ces vérités dans notre tête seulement ou aussi dans notre cœur. La vérité de Dieu ne change pas. Si quelque chose change, c’est nous. Devons-nous voir ces treize ans de la vie de Josias comme un temps de mise à l’épreuve de la part de Dieu ? Quel enseignement pouvons-nous en tirer ? Ce qui a caractérisé Josias, c’est qu’il avait reconnu la valeur et l’autorité de la parole de Dieu. Il s’était incliné devant cette Parole. Il était dépendant. L’indépendance n’est-elle pas le grand problème de notre temps ? Combien nous sommes enclins à relativiser la parole de Dieu, quand nous devrions nous laisser sonder ! Le manque de dépendance conduit soit à la propre volonté, soit à la routine. Nous connaissons ces deux problèmes aujourd’hui. En suivant notre propre volonté, nous pouvons abandonner des vérités de la Parole qui nous ont été précieuses par le passé, et pour lesquelles nous avons même combattu. Mais nous pouvons également nous en tenir par habitude à ce que nous avons repris de nos pères. Les deux choses sont fausses. Dieu recherche une foi pleine de fraîcheur, il désire des cœurs engagés. Prenons un exemple : La présence du Seigneur au milieu des siens nous fait-elle encore une profonde impression, ou ne venons-nous aux réunions « que » par habitude ? Nous sommes-nous tellement habitués à notre programme que tout nous est devenu de la routine ? La présence du Seigneur ne sera une réalité chaque fois nouvelle pour nous que si nous sommes là de tout notre cœur. Dieu voit le cœur. Il ne juge pas seulement la forme extérieure, mais regarde avant tout les motifs intérieurs.
Le peuple d’Israël a mené plus d’une guerre. Parfois les Israélites étaient attaqués et devaient se défendre. D’autres fois ils étaient les attaquants. Il y a eu des guerres dans lesquelles Dieu était avec eux, d’autres où Dieu devait être contre eux. Pourtant parmi celles qui nous sont relatées dans la parole de Dieu, il semblerait qu’il n’y a pas eu de guerre aussi inutile et insensée que celle entreprise alors par Josias contre le pharaon Neco, bien que nous ne connaissions naturellement pas les motifs de Josias. L’arrière-plan historique de cette circonstance n’est pas clair. Il se peut que le pharaon ait voulu faire la guerre à la puissance mondiale assyrienne en déclin. Il se peut aussi que cette attaque ait été dirigée contre la puissance mondiale babylonienne qui commençait à monter. Quoi qu’il en soit, sans raison apparente pour nous, Josias s’est engagé dans ce conflit et a recherché le combat, malgré les avertissements du pharaon, un païen. Josias, qui avait eu par le passé une intelligence si profonde des pensées de Dieu, semble avoir entre-temps perdu sa capacité de discernement.
En lisant ce récit, nous pouvons penser à deux passages des Proverbes, écrits par Salomon bien des années avant le temps de Josias :
« C’est la gloire d’un homme que de s’abstenir des contestations, mais chaque fou s’y engage » (Prov. 20:3).
« Il saisit un chien par les oreilles, celui qui, en passant, s’emporte pour une dispute qui n’est pas la sienne » (Prov. 26:17).
Ces paroles nous parlent aussi à nous. Nous croyons souvent devoir combattre, alors que Dieu nous demande de fuir. Il y a bien des situations où nous avons à résister à Satan, notamment quand il nous attaque pour nous ravir nos possessions spirituelles. Mais dans la plupart des cas il nous faut fuir, spécialement quand Satan veut utiliser les séductions de ce monde pour nous faire tomber. Combattre dans de telles situations nous amène forcément à la défaite. L’exemple bien connu de Joseph peut être rappelé. Seule sa fuite courageuse l’a préservé de tomber dans le péché sexuel.
On peut réfléchir aux motifs qui ont poussé Josias à faire cette guerre. Nous ne trouvons pas de réponse directe dans la parole de Dieu. Mais en lisant un peu entre les lignes, on pourrait se demander si Josias voulait paraître quelque chose dans le monde. Il s’engage dans les événements politiques de son temps, alors que peut-être cela ne le concernait pas du tout. Ni lui ni son peuple n’étaient dans ce cas menacés par les intentions guerrières des Égyptiens.
Le besoin de se faire valoir est un mal qui revient tout au long de la Bible. Nous avons une série d’exemples que Dieu nous a donnés comme avertissements. Pensons à Lot qui croyait voir sa place dans le conseil de la ville pécheresse de Sodome. Pensons aussi à Saül qui recherchait l’honneur devant son peuple. Pensons à Nebucadnetsar qui s’est élevé dans sa fierté et est tombé si bas. Là aussi nous pouvons nous souvenir d’une parole du sage Salomon : « L’orgueil va devant la ruine, et l’esprit hautain devant la chute » (Prov. 16:18). Ces paroles n’ont du reste rien perdu de leur validité aujourd’hui.
Si nous en faisons l’application pour nous, nous pourrions aussi nous demander : Quels buts poursuivons-nous ? Voulons-nous être quelqu’un dans ce monde, voulons-nous paraître ? Peut-être professionnellement. Cherchons-nous à nous hisser de toutes nos forces et sans égards pour les autres vers le haut, en partant du principe « charité bien ordonnée commence par soi-même » ? Ou serions-nous peut-être tentés de nous mêler de la politique du monde ? Nous pouvons le faire avec les meilleures intentions, pourtant c’est faux. Nous ne sommes pas citoyens de cette terre. C’est le monde qui a rejeté notre Seigneur et l’a cloué à la croix. Nous ne pouvons donc pas avoir un rôle à jouer dans la politique de ce monde, que ce soit sur un plan local, national ou international. Mais cela devient plus grave encore si nous cherchons à être considérés dans le monde religieux. Le monde religieux était tout aussi responsable de la mort du Seigneur que le monde politique. Ainsi cette « partie » du monde ne peut en aucun cas être l’endroit où doit se déployer notre activité.
On peut aussi trouver ce besoin de se mettre en avant dans la vie d’une assemblée locale. Aspirons-nous peut-être à une des places en vue ? Voulons-nous être parmi les premiers ? Jean parle dans sa troisième épître de Diotrèphe, un homme « qui aime à être le premier parmi eux » (3 Jean 9). Quel triste témoignage en fait ! Soyons plutôt occupés de notre Seigneur qui s’est abaissé volontairement et a pris la dernière place. La pensée qui a été en lui devrait nous caractériser (Phil. 2:5-8), il n’y aurait alors pas ce genre de problèmes. Il a aussi enseigné ses disciples à ne pas chercher la première place. Au contraire il disait : « Quiconque s’élève, sera abaissé ; et celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14:11). Ce dont nous avons besoin pour cela aussi c’est de la « simplicité quant au Christ » (2 Cor. 11:3).
Le besoin de se mettre en avant peut avoir été le motif extérieur de Josias pour aller au combat. Mais qu’en était-il au-dedans de lui ? Ne devons-nous pas dire que Josias était devenu indépendant et même désobéissant ? Nous ne trouvons aucune parole de Dieu lui enjoignant de faire cette guerre, ni aucune prière de Josias demandant s’il devait se mêler de cette guerre ou non. Josias agit visiblement comme bon lui semble. Alors Dieu lui barre le chemin. Par un souverain païen il adresse à Josias une parole claire : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, roi de Juda ? Ce n’est pas contre toi que je viens aujourd’hui… et Dieu m’a dit de me hâter. Désiste- toi de t’opposer à Dieu, qui est avec moi, afin qu’il ne te détruise pas » (2 Chron. 35:21). Pourtant Josias n’écoute pas Dieu. C’est de la désobéissance et les conséquences sont amères.
Dieu éprouve son serviteur. Il l’éprouve en cela même où s’étaient manifestés autrefois les points forts de sa foi. Quelques années plus tôt, une soumission sans compromis à la parole de Dieu caractérisait encore Josias. La parole de Dieu l’avait jeté à terre et poussé dans les bras de Dieu. Ici, elle ne fait visiblement plus aucun effet sur lui. Il ignore complètement le message de Dieu. Il se peut qu’il n’ait simplement pas voulu croire que Dieu s’adressait à lui par le moyen du pharaon. Mais cela ne change rien au fait qu’il est devenu indépendant et désobéissant.
La désobéissance est sans aucun doute une caractéristique de notre temps. L’obéissance compte de moins en moins dans notre société. Et nous, croyants, ne sommes pas à l’abri d’une telle attitude. Mais les pensées de Dieu ne changent pas pour autant. Il attend de nous obéissance et soumission à sa Parole. Et Dieu nous éprouve aussi pour voir si notre obéissance se manifeste. Il est bien facile de parler de l’obéissance ou d’écrire à ce sujet. C’est plus difficile de la pratiquer. Nous pensons au premier couple qui a été mis à l’épreuve dans un environnement si favorable, et est tombé dans la désobéissance. Nous pensons à nous-mêmes qui sommes souvent mis à l’épreuve dans tant de petites choses et désobéissons. Mais alors, pensons à notre Seigneur qui a connu la situation la plus extrême qu’on puisse imaginer. Il n’est pas tombé dans la désobéissance, au contraire, il est le seul qui est « devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2:8). Cette obéissance nous remplit d’admiration. C’est lui que nous pouvons prendre pour modèle !
Remarquons aussi en passant que Dieu utilise un incrédule pour avertir son serviteur et lui adresser une parole. Dieu a diverses possibilités pour nous parler et nous diriger. Les croyants de la période du Nouveau Testament ont la parole de Dieu complète et cette Parole est une lampe à notre pied et une lumière pour notre chemin. Par l’Esprit qui habite en nous, Dieu nous rend attentifs à sa Parole, et cela de manière très concrète selon les situations. Mais il se peut aussi que Dieu nous parle par une circonstance ou une autre. C’est néanmoins particulièrement sérieux quand il doit employer des incrédules pour rendre ses enfants attentifs. Ce n’est absolument pas déplacé que Dieu se serve d’incrédules comme ses porte- parole. Nous nous souvenons par exemple de Balaam ou de Caïphe qui tous deux ont eu quelque chose à dire de la part de Dieu. Dans l’histoire de Josias, c’est un roi païen que Dieu utilise. Et ce roi ne parle pas d’une manière toute générale, mais il s’adresse très concrètement à Josias. Toutefois ce dernier ne perçoit pas cette indication, et il persévère dans sa désobéissance.
Une autre caractéristique de Josias est certainement l’obstination qu’il démontre. Il ressemble à l’homme dont Salomon a pu dire : « II conteste contre toute sagesse » (Prov. 18:1). On imagine presque un petit enfant qui, malgré toutes les explications des parents, dit : « Je ne veux pas ! » L’avertissement de Dieu donné par la bouche du pharaon était plus que clair, mais Josias en est resté à son projet. Il voulait la guerre et rien ne l’a retenu.
Quand il était jeune il se laissait former par la parole de Dieu. Il était disposé à se remettre en question et à se laisser corriger. A trente-neuf ans il a visiblement perdu cette faculté. Peut-être a-t-il pensé pouvoir prendre lui-même la bonne décision grâce à son expérience ?
Dans le monde on parle de l’obstination due au grand âge, et dans bien des cas c’est certainement justifié. Mais on peut aussi devenir obstiné et manquer de discernement quand on est jeune. Ce danger devient d’autant plus grand avec l’expérience de la vie qu’on acquiert. Même l’expérience de nombreuses années au service pour le Seigneur peut, si nous n’y prenons pas garde, nous amener à persister dans notre idée, et à ne plus nous incliner devant la parole de Dieu. Dieu peut nous rendre attentifs à cet état par le moyen d’un frère ou d’une sœur. Mais si nous pensons que ce frère ou cette sœur a beaucoup moins d’expérience que nous, nous serons exposés à ne pas l’écouter. Cette tendance à toujours croire mieux savoir que les autres ne peut en aucun cas être une qualité produite par Dieu. Nous devrions être sensibles et le rester, et accepter d’être corrigés lorsque c’est nécessaire. La propre volonté et l’obstination de Josias l’ont finalement conduit à la mort.
Il y a encore une chose qui nous frappe en lisant cet épisode, c’est le déguisement de Josias. Que signifiait cette mascarade ? Pourquoi ce jeu de cache-cache ? L’Ancien Testament nous en donne plusieurs exemples. En Genèse 38, nous trouvons l’histoire saisissante de Tamar, la belle-fille de Juda. Sous un déguisement, cette femme trompée et déçue par Juda a ouvert la voie à un péché terrible. En 1 Samuel 28 nous voyons le roi Saül se déguiser pour aller chez une femme qui évoque les esprits. De lui, il est expressément dit : « Et Saül se déguisa et revêtit d’autres vêtements… » (1 Sam. 28:8). Le roi Achab aussi s’est déguisé pour pouvoir, comme Josias, aller au combat sans être reconnu (1 Rois 22:30). En tout cas pour Tamar et Saül, le déguisement était lié à un péché notoire. Tamar s’est adonnée à la prostitution, et Saül, à l’occultisme, pratiques clairement opposées aux pensées de Dieu. Tous deux voulaient consciemment faire quelque chose de contraire à la volonté de Dieu et se sont déguisés à cet effet. Ils abandonnaient leur propre identité pour en prendre une autre.
Dans le cas d’Achab comme de Josias, le motif principal du déguisement était qu’ils voulaient ne pas être reconnus. Les ennemis ne devaient pas savoir qu’ils étaient le roi et commandant de l’armée. Voulaient-ils aussi se cacher devant Dieu ? Achab avait entendu la parole de Dieu selon laquelle il mourrait, et Josias devait bien se douter que Dieu ne serait peut-être pas pour lui.
Dans ce contexte, il peut être intéressant de lire dans le livre du prophète Sophonie que le Seigneur punira les princes et les fils du roi, « … et tous ceux qui se vêtent de vêtements étrangers » (Soph. 1:8). Pouvons-nous faire une application de ces choses sur le plan spirituel ? Le vêtement parle souvent dans la parole de Dieu de notre témoignage, de ce que l’on voit de nous extérieurement. Porter des vêtements étrangers pourrait donc signifier que nous ne nous comportons pas comme nous devrions. Nous usons de dissimulation et ne révélons pas notre identité réelle. De cette manière nous pouvons paraître aux yeux des hommes. Nous côtoyons des incrédules pendant des années, par exemple au travail ou à l’école, et personne n’a remarqué que nous sommes des enfants de Dieu. Ou alors nous nous déguisons seulement un moment peut-être, pour faire quelque chose que nous savons ne pas être bien. Une mascarade parfaite. Personne n’en sait rien — sauf Dieu. Nous ne pouvons pas lui en conter. Il prend aussi connaissance de cette sorte de jeu de cache-cache.
Permettez encore une application. Nous pouvons aussi nous déguiser quand il s’agit de montrer ce que Dieu nous a confié. Le chemin de la séparation et de l’obéissance selon les pensées de Dieu nous serait-il devenu trop étroit ? Nous ne nous sentons plus à l’aise dans ce que le Seigneur nous a donné, parce que nous cherchons un cercle d’action plus large. Nous sommes alors peut-être en danger de sortir de notre identité, de ce qui, une fois, a eu du prix et de l’importance pour nous. Si pour ces raisons nous atténuons certaines choses, nous sommes bien sur le chemin du déguisement. L’œil de Dieu voit toujours les choses telles qu’elles sont en réalité. C’est pourquoi nous devrions faire attention de ne pas non plus porter de vêtements étrangers à l’égard des hommes.
La fin de Josias vient de manière abrupte. Il n’avait que trente-neuf ans, un homme au sommet de sa vie, qui doit mourir par sa faute. Nous comprenons bien que tout Juda et Jérusalem aient mené deuil sur lui et que Jérémie ait fait des lamentations. Ils ont perdu un roi qui, malgré sa défaillance à la fin de sa vie, leur avait toujours appris à suivre leur Dieu.
Quel souvenir de cet homme voulons-nous garder ? Toute son histoire est sans aucun doute écrite pour l’instruction des enfants de Dieu, même les circonstances de sa mort. Mais le résumé divin à la fin de son histoire touche le cœur et devrait être pesé sérieusement. Dieu n’en reste pas seulement à la conduite malheureuse de Josias, mais il parle de ses « actions pieuses », et souligne qu’il les a faites « conformément à ce qui est écrit dans la loi de l’Éternel » (2 Chron. 35:26). Son œuvre de réforme a réjoui le cœur de Dieu. C’étaient de bonnes actions qui ne sont pas oubliées. Son obéissance à la parole de Dieu était manifeste. Il a agi selon ce que Dieu avait dit.
À quoi en sommes-nous aujourd’hui, individuellement ou collectivement ? Il est dit à l’assemblée à Philadelphie : « Tu as gardé ma parole » (Apoc. 3:8). C’est très important : garder veut dire aimer, estimer et agir. Nous avons là un défi que nous pouvons relever chaque jour jusqu’à ce que nous ayons atteint le but et que la course de la foi soit arrivée à son terme. Agissons comme l’apôtre Paul : « Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3:14). Voilà une vie dont Dieu peut faire quelque chose.