Christian Briem
Traduit de l'allemand
Les sous-titres (de deuxième rang) ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
2 - Des principes, non des règles
5 - S’éloigner de ce qui est pervers
6 - Comment le Saint Esprit opère — pas de démocratie
Table des matières détaillée :
1.1 - Danger de superficialité
1.2 - Relations entre assemblées — Séparations — Début de fraction du pain
2 - Des principes, non des règles
2.1 - Des principes, non pas des règles
2.2 - Quand un principe faux se cache derrière un système de rassemblement
3.2 - Le Bon Berger qui fait sortir les brebis
3.3 - Instruction par rapport à Babylone
3.4 - 2 Timothée 2 et la grande maison
5 - S’éloigner de ce qui est pervers
5.1 - Par rapport à des individus — Romains 16:17-18
5.2 - Par rapport à des rassemblements
5.3 - Cas inverse : communion établie
6 - Comment le Saint Esprit opère — pas de démocratie
6.2 - Gouvernements ; ceux qui sont à la tête
6.4 - Cléricalisme ? Qui participe à l’administration ?
7.3 - Acceptation des jugements d’assemblées
8.1 - Ne pas ignorer les autres membres du corps
8.3 - Obligation de rester dans une assemblée ?
8.4 - Privilèges et responsabilité
Nous vivons dans des jours sérieux, les derniers du temps de la grâce. La Parole de Dieu les appelle « des temps fâcheux » (2 Tim. 3:1). Satan a réussi, par notre infidélité, à causer beaucoup de mal, non seulement dans la chrétienté en général, mais aussi parmi nous, les croyants, en particulier. Parallèlement à une mondanité indéniable et une superficialité spirituelle s’est développé au milieu de nous un esprit de libéralisme et d’indifférence, à l’égard duquel le Seigneur nous avertit dans la lettre à Laodicée.
Avec un tel arrière-plan, il n’est pas étonnant — même si nous devons le déplorer — que non seulement des individus, mais aussi des groupes entiers ou des assemblées entières aient adopté des conceptions fausses au sujet du rassemblement des croyants, de sorte qu’il est devenu nécessaire de se séparer d’eux. On a alors posé la question : trouvons-nous dans les Saintes Écritures des exemples d’assemblées se séparant d’une ou de plusieurs assemblées, c’est-à-dire ne la (les) reconnaissant plus comme étant en communion à la table du Seigneur avec elle ?
Nous répondons tout de suite : non, il n’existe pas de tel exemple (d’ailleurs les exemples pour la vie pratique d’assemblée en général sont eux aussi rares). Mais nous ne trouvons pas non plus d’exemples dans la Parole qu’une assemblée est « reçue » en communion. Ainsi nous ne devons pas supposer, par exemple, que les croyants d’Antioche n’ont commencé la fraction du pain, le plus grand privilège commun des chrétiens, que lorsque Barnabas vint vers eux (Actes 11). S’ils étaient chrétiens, ce privilège leur appartenait, et certainement ils l’ont exercé sans invitation particulière, de quelque côté qu’elle vienne. Il n’en avait pas été autrement pour les chrétiens de Jérusalem (Actes 2:42 et suivants). Il n’existait que ce seul « terrain » de communion chrétien, et les premiers chrétiens l’occupaient. Tous les autres hommes étaient ou Juifs ou païens ; et ils n’avaient aucune part à ce privilège.
Aujourd’hui, la scène chrétienne est devenue beaucoup plus difficile ; aussi, pour nous conduire, Dieu, selon sa sagesse, ne nous a pas donné dans la Parole un ensemble de règles et d’exemples, mais des principes divins qui couvrent chaque situation. Nous aurions trop facilement agi selon un schéma pour résoudre les problèmes sans être exercés intérieurement. Ces principes se rattachent habituellement à des situations particulières qui ont existé. Les situations elles-mêmes peuvent être passées, mais les principes demeurent. Prenons un exemple, qui touche aussi notre sujet, pour illustrer ce point.
Les
croyants à Corinthe pensaient avoir la liberté d’aller au temple des idoles et
de manger les sacrifices offerts aux idoles, parce qu’ils savaient que les
idoles ne sont rien. Sur ce dernier point ils avaient raison, mais leur manière
d’agir était tout de même fausse. Pourquoi ? Ils violaient — sans le
savoir il est vrai — deux principes divins
, que l’apôtre Paul leur expose :
Derrière
les sacrifices aux idoles se trouvaient des démons, et si les Corinthiens
allaient dans le temple et y mangeaient de tels sacrifices, ils étaient en
communion avec les démons (1 Cor. 10).
Il était et il est impossible, moralement impossible, de participer à la
table du Seigneur et
à la table des démons. Il est vrai que ce danger
particulier ne peut guère se présenter pour nous aujourd’hui, mais les
principes qui viennent d’être rappelés gardent leur valeur, et il s’agit d’en
faire une application juste aux problèmes qui se posent actuellement. Quand
bien même nous ne pouvons pas caractériser de « tables de démons »
des rassemblements de croyants qui ne se trouvent pas sur un terrain
scripturaire (cela serait absurde et fanatique), nous devons toutefois examiner
sur quel fondement ils se réunissent, quel système se cache derrière. Si le
système, l’ordre qui y règne est faux, parce qu’on admet, par exemple, une
pratique d’admissions « large », je me fais un avec l’erreur qui se
trouve là en y allant et en participant [à la table]. Qu’il soit possible, par
une participation extérieure, même par une simple salutation, d’entrer en
communion avec un mal que l’on ne commet pas soi-même, nous est aussi montré
par 2 Jean verset 11. Qu’on l’admette ou non, qu’on l’ait voulu ou non, cela
est secondaire : c’est ainsi que Dieu le voit.
Le
chemin et la ressource de Dieu dans les jours de ruine est la séparation
de ce qui n’est
pas selon ses pensées. Si, malgré l’existence du mal, nous ne voulons pas
perdre la présence du Seigneur, la séparation du mal est le seul chemin. Nous
trouvons ce principe dans l’Ancien comme dans le
Nouveau Testament — un principe qui conduit à l’unité quand on le suit.
Lorsque
le peuple d’Israël s’était corrompu et était tombé dans l’idolâtrie, Moïse prit
la tente d’assignation et la tendit pour lui « hors du camp, loin du camp ».
« Et il arriva que tous ceux qui cherchaient l’Éternel
sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp » (Exode 33:7).
Ainsi Moïse, le serviteur de Dieu, conduisait les fidèles au dehors du camp.
Dans ce temps là, mauvais, le chemin de la vérité, pour tous ceux qui
cherchaient l’Éternel, était hors du camp
. C’est là, et non pas dans le camp, que
Dieu pouvait parler face à face avec Moïse, comme un homme parle avec son ami
(verset 11).
Et que faisait le « bon berger » avec ses brebis, lorsque la « bergerie » d’Israël était envahie de toute sorte de mal ? A-t-il entrepris de la réformer ? C’est bien ce que les hommes ont toujours essayé de faire : réformer, améliorer ce qui est tombé en ruine. Non, le Seigneur Jésus devint pour elles la « porte » pour sortir de la « bergerie », du système juif corrompu. Il appelle ses propres brebis par leur nom et « les mène dehors » (Jean 10:3). C’est ce qu’il fait aussi aujourd’hui avec les siens : Il les mène loin de ce qui n’est pas ou n’est plus selon Lui. Il est lui-même l’autorité pour cela, la « porte ».
Si nous faisons maintenant un grand saut dans le Nouveau Testament et allons directement à son dernier livre, l’Apocalypse, il est dit là au résidu croyant des derniers jours à l’égard de « Babylone », la « grande prostituée » et la « demeure des démons » : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez pas à ses péchés… » (chapitre 18, verset 4). C’est le même principe, dans des circonstances complètement différentes. En l’appliquant aujourd’hui, nous ne transformons pas en « Babylone » ceux dont nous nous séparons. Il est absurde de soutenir cela. Le principe de la séparation du mal demeure immuable, qu’il s’agisse de la « bergerie » ou de « Babylone » ou des faux systèmes actuels dans la chrétienté.
Si nous passons aux épîtres du Nouveau Testament nous rencontrons le même principe. Le côté de l’homme du sceau dans 2 Timothée 2 est : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (verset 19). L’« iniquité » [ou injustice] est tout ce qui est en contradiction avec Dieu et avec sa volonté révélée. Si l’iniquité ne peut pas être éloignée, celui qui veut être fidèle doit s’en séparer.
Pour
illustrer cela, l’apôtre Paul prend l’image d’une grande maison, dans laquelle
il y a différents vases, qui sont distingués les uns des autres de deux
manières : selon le matériau
et selon l’usage
. L’appel consiste maintenant à se
séparer des « vases à déshonneur », en s’en éloignant — non pas
seulement de leur doctrine, mais des vases, des personnes
elles-mêmes.
Le fait que, en agissant ainsi, on devient soi-même un « vase à honneur »
(verset 21), témoigne clairement que n’avons pas à voir dans les « vases à
déshonneur » seulement les simples professants, mais également tous les
croyants qui sont souillés par le mal de quelque nature qu’il soit, ou qui sont
associés avec quelque chose qui déshonore le nom du Seigneur. Les croyants
peuvent donc aussi être des « vases à déshonneur », et cela lorsqu’ils
sont en relation avec l’injustice. Et c’est la responsabilité personnelle de
chacun individuellement de s’en séparer. L’expression « Si quelqu’un
» met d’ailleurs clairement en
évidence que tous
les chrétiens sont
concernés, pas seulement des serviteurs particuliers du Seigneur (comme on le
prétend souvent). Chacun
est tenu d’agir ainsi.
L’injonction
ici se rattache certes à ce que l’apôtre Paul écrivait à Timothée, afin qu’il
sache « comment il faut se conduire dans la maison de Dieu » (1
Timothée 3:15) — dans un temps (et c’est le point de vue de la seconde
épître
à Timothée), où l’expression extérieure de l’Assemblée
est bien éloignée des pensées de Dieu.
Le complément encourageant donné par le verset 22 met en lumière que, malgré la forme d’expression personnelle (« quelqu’un », « mais toi »), il s’agit aussi d’une affaire collective : « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Si Timothée se purifiait des vases à déshonneur et poursuivait la justice, la foi, l’amour, la paix, il en trouverait d’autres qui ont fait et font la même chose. S’écarter de l’injustice — qu’il s’agisse d’individus ou d’assemblées entières — ne conduit pas à l’isolement, mais est une obligation pour ceux qui veulent maintenir l’ordre dans la maison de Dieu et invoquer le Seigneur d’un cœur pur. Cela peut de fait signifier que l’on doive refuser la communion à une voire à plusieurs assemblées.
2
Timothée 2 présente un principe général
qui inclut toute forme d’injustice.
L’injustice peut revêtir diverses formes et prendre des dimensions différentes,
et il est donc tout à fait logique qu’il en aille de même du retrait vis-à-vis
de l’iniquité que la Parole impose.
Si maintenant un groupe de frères et sœurs ou une assemblée locale se place par la doctrine et la pratique sur un terrain qui n’est plus en accord avec l’Écriture, que faut-il faire ? Comme il a déjà été mentionné dans l’introduction, le Nouveau Testament ne donne pas beaucoup d’exemples pour la vie collective des assemblées. Mais en considérant des passages comme Romains 15:4 ; 1 Corinthiens 10:6-11 et 2 Timothée 3:16 (« Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner… ») nous ne pouvons pas nous empêcher de croire que l’Ancien Testament nous propose aussi des exemples et des conseils pour notre sujet. Nous voulons maintenant examiner quelques-uns de ces conseils dans l’Ancien et le Nouveau Testament.
Une
indication quant à la distance à prendre par rapport à un rassemblement local
peut être discernée en Lévitique 14, quand il est parlé d’une maison qui est
tout entière atteinte d’une plaie de lèpre
. Elle devait être démolie (verset 45). Mais ce que je voudrais
souligner ici, c’est la prudence, la circonspection et le soin avec lesquels l’affaire
était d’abord examinée par le sacrificateur. Nous avons à apprendre de cela qu’un
pas selon 2 Timothée 2 ne peut en aucun cas être fait d’une manière légère et
précipitée ; il ne doit être franchi que quand tous les moyens et tous les
efforts, pour ôter l’iniquité, sont restés sans résultat.
Nous
retirons une directive supplémentaire du chapitre 21 de Deutéronome : en
règle générale c’est aux assemblées avoisinantes
que revient le devoir
de s’occuper des problèmes d’une assemblée. Il est vrai que nous ne trouvons
pas dans le Nouveau Testament l’expression « assemblée avoisinante »
de sorte que je n’insisterais pas trop sur cette pensée. Si les assemblées
avoisinantes sont trop faibles ou ne sont pas disposées à répondre à leur
devoir, des assemblées plus éloignées devront alors s’en charger. Le corps de
Christ ou la maison de Dieu ne se limite pas à la circonscription d’une ville
ou à la frontière d’un pays.
En outre, il me semble que Matthieu 18 à partir du verset 15 nous offre une aide précieuse. Évidemment il s’agit là du péché d’un frère contre un autre frère ; mais les principes donnés du Seigneur peuvent certainement aussi être appliqués plus largement. L’effort devait d’abord porter à régler la chose dans un cercle restreint, à « gagner » le ou les autres. Quand cela n’aboutissait pas, deux ou trois témoins devaient « établir » le fait. Ici le Seigneur ne parle déjà plus seulement de « gagner » : l’affaire prenait un caractère plus solennel. Mais si l’on ne les écoutait pas non plus, alors il fallait le dire à l’assemblée : c’est-à-dire le mal devenait maintenant public, il était mis sur la conscience de l’assemblée. Nous avons là une procédure qui est digne de toute notre attention. Mais si on ne voulait pas non plus écouter l’assemblée, la rupture était inéluctable.
Nous
trouvons en Romains 16 un exemple relatif à l’application pratique du principe
de 2 Timothée 2. La question qui est traitée ici peut être formulée ainsi :
Que faire si ce que l’apôtre Paul avait annoncé d’avance aux anciens à Milet se
confirmait, et que d’entre les croyants ou d’entre les surveillants mêmes se
levaient des hommes qui annoncent des doctrines perverses « pour
attirer
les disciples après eux
» (Actes 20:30) ? La directive de l’apôtre Paul en Romains
16 nous donne la réponse : « Or je vous exhorte, frères, à avoir l’œil
sur ceux qui causent les divisions et les occasions de chute par des choses qui
ne sont pas selon la doctrine que vous avez apprise ; et éloignez-vous
d’eux
. Car ces sortes de
gens ne servent pas notre seigneur Christ, mais leur propre ventre ; et
par de douces paroles et un beau langage, ils séduisent les cœurs des simples »
(verset 17 et 18).
Le
nom du Seigneur peut souvent être sur les lèvres de ces hommes, mais il manque
la véritable soumission au Seigneur et à Sa Parole. Leurs paroles peuvent être
très belles, mais elles doivent être mesurées par rapport à la doctrine des
apôtres. Si ce que ces docteurs apportent est contraire à la doctrine
que
nous avons apprise, il en résultera inévitablement des divisions et des
occasions de chute
; car
il se trouvera des personnes pour partager leurs conceptions et se joindre à eux.
Les divisions qui en résulteront alors révèlent très distinctement que leurs
auteurs et leurs acolytes, malgré tout le zèle qu’ils peuvent montrer, servent
en réalité leurs propres intérêts (« leur propre ventre ») et non pas
ceux du Seigneur. Les enfants de Dieu devaient s’éloigner
de tels
hommes, même si les séducteurs et leurs adeptes avaient leur place parmi les
croyants, comme c’était manifestement le cas à Rome. Le sectarisme est de l’injustice
et les sectes sont les œuvres de la chair (Galates 5:20). Nous devons nous
éloigner d’eux et de leurs protagonistes.
Selon 2 Timothée 2:19 à 22 ce principe subsiste aussi lorsque toute une assemblée est entraînée sur un faux terrain. Alors d’autres assemblées, de préférence les assemblées environnantes — comme nous l’avons déjà vu — devront se charger de l’affaire.
En
règle générale, ce seront des frères qui ont du discernement
et qui
jouissent de la confiance des frères et sœurs locaux qui s’occuperont d’une
autre assemblée. Si tous les efforts pour redresser les frères et sœurs d’une
localité échouent, et si le fondement pour continuer la marche ensemble fait
complètement défaut, alors il ne reste rien d’autre à ces assemblées qu’à en
prendre note, et finalement à s’éloigner d’eux, même si ce pas est très
douloureux.
Cela
ne signifie évidemment pas une exclusion
de cette assemblée. Par la
présence du Seigneur au milieu d’elles, des assemblées locales ont bien l’autorité
de lier et de délier dans le cas de personnes individuelles (Matthieu 18:18 à
20) qui font partie de leur rassemblement local, et il est tout à fait clair qu’en
Matthieu 18 le Seigneur parle de l’assemblée dans une localité particulière.
Cependant, des assemblées locales ne peuvent admettre ni exclure une autre assemblée.
Elles n’ont aucune autorité pour cela.
Si maintenant, à la suite de tristes développements, les frères et sœurs d’une assemblée locale se détournent de ce qu’ils avaient eux-mêmes une fois confessé, ils ne sont alors pas « mis hors de communion » par qui que ce soit, mais ils se sont eux-mêmes mis hors de communion. Ils ont de fait abandonné eux-mêmes le terrain commun qu’ils avaient jusque-là reconnu et accepté. Alors ce ne sont pas ceux qui tiennent ferme les principes des Saintes Écritures qui provoquent une séparation, mais ceux qui les abandonnent.
Pour
rendre cela encore un peu plus compréhensible, il est peut-être utile de s’occuper
du cas inverse, du cas positif, qui heureusement s’est déjà produit souvent.
Supposons que, par le travail de quelques missionnaires dans un pays lointain,
un certain nombre de personnes viennent à la foi au Seigneur Jésus. À un moment
donné elles auront le désir de rompre le pain. Si les conditions requises sont
remplies, qui pourrait leur refuser la communion à la table du Seigneur ?
Mais comment procéder, d’un point de vue purement pratique, pour éviter la
formation d’un groupe indépendant
?
Eh bien, quelques frères dignes de confiance viendront de près ou de loin et, comme représentants des assemblées de leur localité ou de leur pays, exprimeront la communion avec ces frères et sœurs ! Dans un tel cas, ces frères ne « dressent » pas « la table du Seigneur » en cet endroit. Cela le Seigneur lui-même le fait. Il ne s’agit pas non plus de l’« admission » de ce groupe de croyants. Ni des frères, ni des assemblées locales ne peuvent admettre d’autres assemblées. Mais des assemblées locales peuvent discerner et reconnaître un ou plusieurs groupes de croyants comme étant sur le même terrain scripturaire. Cela peut aussi se produire, comme remarqué plus haut, par le moyen de quelques frères, non toutefois sans les assemblées locales, comme nous l’avons vu.
Les chapitres 8 et 11 des Actes présentent de beaux exemples d’une telle manière de procéder.
Pour
contrecarrer la tendance qui se répand aujourd’hui de faire de plus en plus de
l’assemblée un instrument démocratique, parlementaire, j’indiquerai encore un
certain nombre de passages qui montrent comment Dieu veut voir sa volonté
réalisée
dans son Assemblée. Sous la direction et la puissance de l’Esprit
Saint, cette volonté doit être mise en avant pour la protection du troupeau par
des hommes qu’Il a qualifiés à cet effet. Cela n’a
rien à faire avec le fait de dominer, comme nous le montre 1 Pierre 5, verset
3. Il s’agit du maintien des droits de Dieu face au mal. On pourrait bien aussi
employer pour cela le terme « administration ».
Les
passages qui suivent montrent clairement deux points : premièrement qu’il
existe
une telle administration
ou une fonction de direction ; et deuxièmement qu’elle n’est pas confiée à
tous
les croyants.
Dieu
a donné des « surveillants » à son troupeau, afin qu’ils veillent
aux
dangers intérieurs et extérieurs et qu’ils paissent
son assemblée (Actes
20:28-30). Prendre
soin
de l’assemblée
de Dieu, telle est la tâche bénie mais pas facile de surveillant (1 Timothée 3:5).
Pierre
parle des « anciens » dans un sens général et entend par là simplement
des frères plus âgés, des hommes mûrs, en contraste avec les plus jeunes (1
Pierre 5:1-5). Ils sont appelés à
paître
et à surveiller
le troupeau de Dieu. Les plus jeunes,
en revanche, doivent être soumis
aux plus âgés.
Parmi
plusieurs autres dons, Dieu a donné aussi des « gouvernements
» (ou le fait de conduire, des
directions, des administrations) (1 Corinthiens 12:28).
Dans
la description des différents dons de grâce en Romains 12, on trouve aussi
celui dont il est dit qu’il « est
à la tête
», et
il lui est enjoint de conduire soigneusement (verset 8).
En
1 Thessaloniciens 5, verset 12, il est aussi fait
mention de ceux qui sont à la tête
des saints dans le Seigneur et qui
les avertissent
. Ils doivent
être connus
et estimés
très-haut en
amour. Et en 1 Timothée 5, il est également parlé d’anciens qui président
dûment
(verset 17) — l’assemblée naturellement. Bien conduire sa propre maison est, à
cet égard, une des conditions fondamentales pour celui qui aspire à exercer le
service d’ancien (1 Timothée 3:4-5). Ce sont là deux domaines d’activité, mais
avec la même manière de procéder.
Depuis
le début, on a trouvé dans l’assemblée ceux qui « tenaient la première place
parmi les frères »
(Actes 15:22), ceux « qui
étaient considérés comme étant des colonnes
» (Galates 2:9). En Hébreux 13, il est donné comme signe
distinctif des conducteurs qu’ils « ont annoncé la parole de Dieu »
(verset 7) ; et un peu plus loin suit alors l’exhortation : « Obéissez
à vos
conducteurs et soyez soumis
;
car ils veillent
pour vos âmes, comme ayant à rendre compte » (verset 17).
Attirer
l’attention sur les relations entre ces passages ne signifie pas donner raison
au cléricalisme sous quelque forme que ce soit. Ce dernier est de fait tout
aussi condamnable que la rébellion contre l’autorité donnée de Dieu. Nous ne
devrions pas non plus donner place à la pensée que les « anciens »
agiraient dans une complète indépendance des frères ou de l’assemblée, ou même
contre ces derniers. Ils agissent pour
eux, comme les représentant.
Il
en est également ainsi dans des passages comme Romains 16:17 ; 1 Thessaloniciens 5:14 et 2 Thessaloniciens
3:6-15 où chaque fois, les « frères » sont exhortés à faire quelque
chose de précis. Naturellement, il faut entendre par « frères » toute
l’assemblée de l’endroit en question : tout l’ensemble des frères doit
agir ainsi. Mais cela ne veut certainement pas dire que chacun,
individuellement, se trouve aussi dans la disposition spirituelle pour exercer
directement lui-même le service nécessaire dans le cas particulier. Les « simples »
en Romains 16 ne sont justement pas
en mesure d’avoir l’œil sur d’autres
et leur doctrine. Le Saint-Esprit aura, pour cela,
des instruments appropriés et toute l’assemblée se soumettra à l’Esprit Saint et à ce qu’Il dit. C’est
le cas normal. Ou est-ce que quelqu’un croit, en toute sincérité, que « réprimander
ceux qui marchent dans le désordre » est une tâche qui incombe à n’importe
quel enfant de Dieu si jeune et si inexpérimenté soit-il ? Ici aussi le Saint-Esprit saura utiliser les instruments appropriés qui
possèdent, pour ce service difficile, le poids moral nécessaire. Mais tous
les
frères et sœurs s’uniront à ce service et dans ce sens tous
se
conforment à l’exhortation donnée. Il n’en est pas autrement pour ce qui
concerne le fait de « noter » quelqu’un qui marche dans le désordre
(2 Thessaloniciens 3).
Un
passage remarquable de Deutéronome 17 souligne ce qui vient d’être dit. Lorsqu’en
Israël survenait entre deux parties une affaire « trop difficile à juger »
on devait monter au lieu que l’Éternel avait choisi. « Et
tu viendras vers les sacrificateurs, les Lévites, et vers le juge qu’il y aura
en ces jours-là, et tu rechercheras, et ils te déclareront la sentence du
jugement. Et tu
agiras conformément à la sentence
qu’ils
t’auront déclarée, de ce lieu que l’Éternel aura
choisi, et tu prendras garde à faire selon tout ce qu’ils t’auront enseigné. Tu
agiras conformément à la loi qu’ils t’auront enseignée, et selon le droit qu’ils
t’auront annoncé ; tu ne t’écarteras, ni à droite ni à gauche, de la
sentence qu’ils t’auront déclarée. Et l’homme qui agira avec fierté, n’écoutant
point
le sacrificateur qui se tiendra là pour servir l’Éternel
ton Dieu, ou le juge
, cet
homme là mourra, et tu ôteras le mal du milieu d’Israël » (versets 9 à
12). Cette instruction nous montre deux choses : ici aussi c’étaient les
sacrificateurs, les Lévites, le juge qui déclaraient une sentence — un jugement
qui correspondait aux pensées de Dieu. Et tous devaient agir conformément à
cette sentence. Dieu ne tolérait aucune indépendance en Israël.
Le
Nouveau Testament ne reconnaît pas plus des assemblées locales indépendantes
les unes des autres. L’exemple de Actes 15 le prouve de la manière la plus
claire. Même si la manière de procéder comme telle ne peut pas être répétée
aujourd’hui, les principes demeurent les mêmes. Et qu’apprenons-nous de ce
chapitre remarquable ? Que Dieu ne permet aucune indépendance entre
assemblées
. Il s’agissait
de savoir si les croyants des nations devaient être circoncis et garder la loi
de Moïse (versets 1 et 5). Bien que l’assemblée à Antioche, où surgit la
question, ait été en bon état, et alors que l’apôtre Paul et Barnabas s’y trouvaient en ce moment, Dieu ne permit pas
que cette question soit résolue par eux. Ils durent se rendre à Jérusalem, et c’est
là qu’elle fut réglée. De cette manière l’unité fut gardée et une rupture en
deux blocs différents, une de tendance judaïque et l’autre de tendance grecque,
fut évitée.
L’unité
pratique parmi les croyants du début est soulignée encore par le fait que, par
la suite, Paul et Timothée passèrent par les villes où il y avait des
assemblées, et leur remirent les ordonnances établies par les apôtres et les
anciens qui étaient à Jérusalem
(Actes 16:4). Tout était simple alors : on s’inclinait
volontairement devant ces ordonnances ! Serons-nous dès lors étonnés de la
constatation qui suit : « Les assemblées donc étaient affermies dans
la foi et croissaient en nombre chaque jour » ?
Et que voyons-nous de nos jours ? Certes nous n’avons plus d’apôtres et des ordonnances d’un tel genre ne peuvent plus être établies. Mais nous avons le Seigneur — et lui au milieu de ceux qui se réunissent en son nom. N’est-il pas alors douloureux de voir tant de cas où l’on oppose aujourd’hui son propre jugement à des jugements d’assemblées (je ne dis pas « décisions ») ? Ce n’est rien d’autre que de l’indépendance. Le résultat ne peut être qu’une progression dans la ruine. C’est à cela que conduit toujours l’esprit d’indépendance.
Il
est vain d’argumenter que les membres du corps ne sont dépendants que de
Christ, la tête. Cela n’est qu’un aspect de la vérité. Dieu a aussi fait les
membres du corps de Christ dépendants les uns des autres
. Il suffit de lire le douzième
chapitre de la première épître aux Corinthiens ! « L’œil ne peut
pas
dire à la main : Je n’ai pas
besoin de toi » (verset 21). Les membres individuels avaient besoin les
uns des autres, et les assemblées individuelles avaient besoin les unes des
autres. Ils étaient liés ensemble, ils représentaient ensemble le seul corps de
Christ. Pouvait-il, et peut-il se trouver la moindre indépendance dans cet
organisme divin ?
En
outre, l’assemblée est aussi la maison de Dieu
, la colonne et le soutien de la vérité (1 Timothée 3:15). Le
même « règlement de maison » divin s’applique dans chaque « pièce »,
dans chaque endroit de cette maison. Et si, dans une affaire, par son
opération, plusieurs assemblées parviennent à un certain jugement, ne
correspond-il pas à l’ordre qu’il a institué, que toutes les assemblées
reconnaissent ce jugement ? Ainsi, ignorer des lettres, relatives à une
affaire, envoyées par des assemblées, ou en cacher l’existence à l’assemblée
locale représente une sévère violation de cet ordre. N’est-ce pas précisément
ce que faisait Diotrèphe, même si dans son cas, il s’agissait
d’un rejet de l’autorité apostolique
(3 Jean 9) ?
Aujourd’hui on utilise souvent l’argument que le jugement de frères et d’assemblées pourrait être faux. Certes elle peut l’être, mais en règle générale, cela demeure un cas d’exception qu’on ne devrait pas invoquer constamment pour être à un jugement qui ne plaît pas. La Parole de Dieu part toujours du cas normal (voir les nombreux passages que nous avons cités précédemment) et nous devrions aussi partir de ce principe là : que le jugement de ceux qui se sont occupés d’une affaire correspond aux pensées de Dieu et a été produit par Son Esprit. Constamment mettre en doute des jugements ne trahit rien d’autre qu’un esprit d’indépendance et d’orgueil. En revanche, si un jugement devait s’avérer vraiment faux, il doit être revu.
Contre
le fait de s’éloigner d’assemblées on utilise aussi l’argument que le Seigneur
ne demande pas aux fidèles à Sardes de quitter cette assemblée mais qu’Il considère Sardes comme une
assemblée. À cela il
faut répondre que, dans les lettres aux sept assemblées, il n’est pas question
du tout de discipline des assemblées, mais que nous y trouvons le Seigneur
lui-même — marchant au milieu des sept lampes d’or — qui juge leur état et agit
à l’égard de ces assemblées en conséquence. De plus, du point de vue historique
, le mal était en ce temps plus ou
moins en germe seulement ou à son commencement, même si le Seigneur prévoyait
son plein déploiement et, par conséquent, parlait comme il le faisait. Dans une
vue prophétique
, il
esquisse une image des différents états et époques de l’Église,
de la chrétienté, et il est évident que nous ne pouvons ni ne devons quitter le
christianisme. Mais lors de la présentation d’un système religieux méchant
comme « Babylone », nous entendons également dans le livre de l’Apocalypse l’appel clair du Seigneur : « Sortez
du milieu d’elle, mon peuple ».
Que le Seigneur nous aide à maintenir ses droits dans un temps où beaucoup font ce qui est bon à leurs yeux ! Qu’il veuille aussi nous donner les sentiments qui conviennent au fait que nous l’avons si gravement déshonoré ! Et n’oublions pas la sainteté de Celui qui est au milieu de nous ! Au grand privilège de sa présence est liée aussi une responsabilité solennelle.
Cependant quelle bénédiction lorsque nous allons notre chemin dans la conscience de notre dépendance de la Tête et de notre dépendance les uns des autres ! La dépendance et l’obéissance sont des principes moraux qui sont de Dieu et ils conduisent nécessairement à l’ordre et à la paix. L’indépendance et la désobéissance sont, en revanche, des principes inspirés du diable. Ils sont destructifs au plus haut degré.