Briem Christian (ajouts bibliquest entre crochets ; des détails de traduction de la Bible sont aussi ajoutés)
Traduit de l’allemand de Antworten auf Fragen zu Biblischen Themen, p.460
1 - [Un changement de mots en Matt. 22]
5 - hyperétes [Assistant, huissier]
Pour désigner les esclaves de Dieu
et serviteurs du
Seigneur
, on trouve dans le Nouveau Testament toute une série d’expressions
auxquelles nous voulons prêter attention dans l’ordre.
Dans la parabole du « Roi qui fit des noces pour son fils » (Matt.
22), le Seigneur Jésus utilise deux de ces expressions, et il est instructif de
comprendre pourquoi le Seigneur change d’expression au cours de la parabole.
Dans la première partie de la parabole, où il est question d’envoyer les
serviteurs pour appeler les invités aux noces, Il parle des esclaves
du Roi
et dit :
« Il envoya ses esclaves pour convier les invités aux
noces ; mais ils ne voulurent pas venir. Il envoya encore d’autres esclaves…
Et ces esclaves-là, étant sortis, s’n allèrent par les chemins
» (Matt.
22:3,4,10).
Mais lorsqu’il s’agit de l’exécution du jugement sur celui qui se trouvait parmi les invités sans vêtement de noces, le Seigneur la décrit par ces paroles :
« Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-le, pieds
et mains, emportez-le et jetez-le dans les ténèbres du dehors
» (Matt. 22:13).
Pourquoi le Seigneur change-t-il le terme de ‘serviteur’
en celui ‘d’esclave
’ dans cette parabole ? Certainement parce qu’Il
veut faire comprendre que ceux auxquels est confié le message de la grâce, ne
sont pas utilisés pour exécuter le jugement. Par le terme
« serviteurs », Il fait manifestement référence à des anges, qui sont
toujours les exécuteurs du jugement, comme on peut également le voir en Matt.
13 et dans l’Apocalypse. L’importance ici ne réside donc pas tant dans les mots
eux-mêmes que plutôt dans le changement des mots utilisés.
Intéressons-nous maintenant aux expressions elles-mêmes. Le mot grec pour ‘esclave’ est ‘doúlos’, qui signifie ‘esclave, valet, serviteur’ et qui est dérivé du verbe ‘doulóo’ = ‘asservir, réduire en esclavage’. En 1 Corinthiens 9:19, ce verbe est traduit par ‘asservir’. doúlos’ = « esclave, valet » indique donc la relation du serviteur vis-à-vis de son maître, auquel il est entièrement soumis.
Paul aimait se qualifier d’esclave de Jésus Christ
(Rom. 1:1)
et d’esclave de Dieu
(Tite 1:1). En Galates 1:10, il dit : « Si je
voulais encore complaire aux hommes, je ne serais pas esclave
(doúlos) de
Christ
». Il appelle également Epaphras un esclave, esclave du christ Jésus
(Col. 4:12), et en Éphésiens 6:6, il exhorte ceux qui étaient littéralement des
esclaves ou serfs (cf. Éph. 6:8) à servir leurs maîtres terrestres non pas sous
leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes, mais comme esclaves (doúlos)
de Christ
. Outre Jacques et Jude (Jacq. 1:1 ; Jude 1), Pierre aussi se
dit esclave de Jésus Christ
(2 Pierre 1:1), et dans sa première lettre,
il nous exhorte tous à nous montrer esclaves de Dieu (2:16). En fait, quel
privilège d’être un esclave de Dieu, un esclave de Jésus Christ !
Le deuxième mot est ‘diákonos’ = ‘serviteur’ (cf diacre). Il est
dérivé d’un mot qui signifie ‘se hâter’. La différence de sens entre ‘doúlos’
et ‘diákonos’ est ainsi tout à fait claire : le premier mot met l’accent
sur la relation de dépendance et la soumission du ‘doúlos’ au maître ; le
second met en avant l’idée de servir en faveur de quelqu’un et considère le
serviteur en relation avec son œuvre
.
Ce mot ‘serviteur’ est utilisé de manière spirituelle dans le
Nouveau Testament dans une multitude de relations que nous ne pouvons qu’évoquer
ici. Ainsi, en Romains 15:8, Christ Lui-même est appelé « serviteur
de la circoncision ». Le Seigneur Jésus n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir
(diakonéo) et donner Sa vie en rançon pour beaucoup (Matt.
20:28). Lui, le grand serviteur, veut que Ses disciples soient animés du même
esprit, et qu’ils soient les serviteurs les uns des autres (Matt. 20:26) :
« Le plus grand parmi vous sera votre serviteur
» (Matt. 23:11).
Ensuite, les serviteurs du Seigneur sont également désignés par
cette belle expression : ceux qui prêchent
la Parole et annoncent l’Évangile.
« Qui donc est Apollos, et qui est Paul ? Des serviteurs
par lesquels
vous avez cru » (1 Cor. 3:5). L’apôtre Paul s’est toujours efforcé de ne donner
aucun scandale en aucune affaire, « afin que le service ne soit pas blâmé, mais
qu’en toutes choses nous nous recommandions comme serviteurs de Dieu
» (2
Cor. 6:3.4). En Colossiens 1, Paul décrit les deux sphères du ministère (service)
qui lui était confié par les expressions ‘serviteur de l’Évangile’ (Col. 1:23)
et ‘serviteur de l’assemblée’ (Col. 1:25). Timothée aussi serait un bon serviteur
du Christ Jésus
s’il présentait aux frères les enseignements de l’apôtre (1
Tim. 4:6). D’ailleurs, le Seigneur Jésus désigne tous ceux qui Le suivent comme
étant Ses serviteurs
: ils seraient là où Lui, le Seigneur, se
trouve (Jean 12:26).
En 1 Timothée 3, à partir du verset 8, le terme ‘serviteurs’ est
appliqué aux frères qui revêtaient une fonction dans l’assemblée locale. Leur
ministère (service) portait davantage sur des choses extérieures plutôt que sur
la prédication de la Parole ; et même si les frères mentionnés en Actes 6
ne sont pas appelés serviteurs ou diacres, ils étaient occupés à « servir aux
tables ». Dans la salutation de l’apôtre au début de l’épître aux Philippiens, ce
groupe de diacres est clairement distingué des ‘saints’ d’une part et des ‘anciens’
d’autre part. En Matthieu 22:13, les anges
sont appelés serviteurs
.
Ils sont des serviteurs de la providence de Dieu. En Matthieu 13, le Seigneur
Jésus les appelle aussi ‘moissonneurs’.
Enfin, en Romains 16, 1, nous avons un bel exemple où une sœur
,
Phoebé, est appelée servante de l’assemblée qui est à Cenchrée
. Cela ne
signifie évidemment pas qu’elle y prêchait publiquement. Le v. 2 indique
clairement que son service était de nature extérieure : elle avait été une
aide à beaucoup, y compris l’apôtre Paul lui-même. Quel beau service aussi pour
des sœurs ! D’une manière générale, des passages comme Romains 12:7 et 1
Pierre 4:11 montrent que le ‘service’ ne signifie pas toujours le service de la
parole (Actes 6:4), mais qu’il s’en distingue carrément.
Après avoir étudié les deux principales expressions utilisées dans l’Écriture pour désigner les serviteurs de Dieu et du Seigneur (doúlos, diákonos), nous allons maintenant aborder d’autres termes.
Dans le langage courant, le terme ‘pais’ désigne un enfant, un garçon, un jeune homme, un garçon de courses. Par exemple, ce mot est utilisé pour désigner le serviteur du centurion de Capernaüm (Matt. 8:6,8,13 ; Luc 7:7). Ici, cette expression exprime sans aucun doute une certaine relation de confiance. Cependant, les gens de la cour d’un souverain, comme en Matthieu 14:2 les ‘serviteurs’ d’Hérode, sont également appelés de cette manière. Mais pour désigner un serviteur de Dieu, ‘pais’ n’apparaît que huit fois dans le Nouveau Testament, une fois pour Israël (Luc 1:54), deux fois pour David (Luc 1:69 ; Actes 4:25). Les cinq autres occurrences se rapportent au Seigneur Jésus, le vrai et parfait serviteur de Dieu.
« Voici mon serviteur (pais) que j’ai choisi, mon
bien-aimé, celui en qui mon âme a trouvé son plaisir
» (Matt. 12:18).
« Le Dieu d’Abraham et d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos
pères, a glorifié Son serviteur (pais) Jésus
» (Actes 3:13 ;
voir aussi v. 26).
« Car en effet dans cette ville, contre ton saint serviteur
(pais) Jésus, que tu as oint, se sont assemblés aussi bien Hérode que Ponce
Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël
» (Actes 4:27 ; voir
aussi v. 30).
Même s’il a plu au Seigneur Jésus, le Seigneur de gloire, d’occuper,
par une grâce ineffable, la position de serviteur de Dieu, le Saint Esprit
veille jalousement sur la gloire de Sa personne : jamais Il n’est appelé ‘esclave’
(doúlos) de Dieu. Paul et d’autres apôtres peuvent porter ce titre à juste
titre — et ils aimaient se qualifier d’esclaves de Jésus Christ
’ — mais
le Seigneur Jésus, aussi bas qu’Il se soit abaissé, n’est jamais un ‘doúlos’,
un esclave de Dieu.
Le mot ‘hyperétes’ désigne à l’origine quelqu’un qui est ‘sous
le gouvernail’. Il exprime donc une position subalterne et désigne l’assistant
,
le serviteur qui est sous la main d’un maître, d’une personne de rang
supérieur. Celui qui ‘était de service’ à la synagogue (Luc 4:20), les huissiers
du palais du souverain sacrificateur (Matt. 26:58 ; Marc 14:54) et les
serviteurs (huissiers) des pharisiens et des principaux sacrificateur (Jean 7:32 ;
19:6) sont appelés ainsi. Mais le Seigneur Jésus donne aussi ce nom à Ses
disciples :
« Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de
ce monde, mes serviteurs (hyperétes) auraient combattu pour que je ne
sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici
»
(Jean 18:36).
Quelle belle expression aussi que celle de ‘ministres (ou :
serviteurs, hyperétes) de la Parole’ en Luc 1:2 : ces hommes étaient
soumis, dans leur ministère, à l’autorité de la Parole de Dieu ! Cela
devrait en effet caractériser tous les serviteurs du Seigneur. De même, le
Seigneur Jésus glorifié était apparu à Saul pour le désigner comme serviteur
(hyperétes) et témoin (Actes 26:16) ; et en 1 Corinthiens 4:1, l’apôtre
Paul se désigne, lui et ses collaborateurs, également par ce mot : « qu’on
nous tienne pour des serviteurs
(hyperétes) de Christ et des
administrateurs des mystères de Dieu ».
Le mot ‘therápon’ n’apparaît qu’une seule fois dans le Nouveau Testament, en Hébreux 3:5,6 :
« Et Moïse a bien été fidèle comme ministre (therápon) dans toute sa maison — en témoignage de ce qui devait être dit par la suite — mais Christ, comme Fils, sur Sa maison ; et nous sommes Sa maison ».
Le mot principal ‘therápon’ = ‘serviteur’ est dérivé du verbe ‘therapeúo’,
qui signifie ‘servir, être au service, traiter amicalement, soigner, guérir’.
Contrairement à ‘doúlos’ = ‘esclave’, le mot ‘therápon’ = ‘serviteur’ implique
une certaine liberté et dignité de service. Cependant, le point dont il est
question ici est de présenter la différence entre Moïse et le Seigneur Jésus. Même
si la dignité de Moïse était grande, il n’était qu’un serviteur dans
la
maison de Dieu, tandis que le Seigneur Jésus est Fils
, Fils sur
sa maison. Lorsque le soleil se lève, même les étoiles les plus brillantes
pâlissent.
Nous avons déjà considéré un certain nombre de termes grecs pour ‘serviteur’. Il ne nous reste plus qu’à en ajouter un, qui n’est certes pas très fréquent dans le Nouveau Testament, mais qui n’est pas sans importance quant au sens et à la beauté.
Le terme ‘leitourgós’ désignait un serviteur public
,
quelqu’un qui occupait un poste public ou remplissait une fonction officielle,
qui avait donc à certains égards un caractère représentatif. Cela ressort déjà
de l’étymologie du mot : il est composé de deux parties, dont la première
signifie ‘concernant le peuple’ et la seconde ‘œuvre, service’. Leitourgós’
représentait donc à l’origine un serviteur pour le peuple
.
Ce mot était souvent utilisé pour désigner les hommes au service militaire, les serviteurs du roi, ainsi que les serviteurs du temple. Nous avons un exemple de ces deux significations dans le Nouveau Testament.
En Romains 13:4, les autorités séculières établies par Dieu sont
appelées deux fois ‘serviteurs
de Dieu’, et chaque fois, le Saint Esprit
utilise le mot dont nous avons déjà parlé : ‘diákonos’. Les autorités sont
données par Dieu pour maintenir les mœurs et l’ordre sur la terre. Et parce qu’elles
sont Ses instruments à cet égard, le Saint Esprit n’hésite pas à attribuer ce
titre noble aux autorités séculières — un titre qui souligne encore plus la
nécessité de leur être soumis (Rom. 13:1,2). Mais ce n’est pas tout : au v.
6, les différents hommes particuliers du gouvernement sont appelés ‘leitourgoí
de Dieu’ pour souligner leur caractère officiel. Les traducteurs ont rendu cela
soit par ‘les fonctionnaires
de Dieu’ (version Elberfelder allemande)
soit par ‘ministres’ (version Darby française) :
« Car c’est aussi pour cela que vous payez des impôts, car ce
sont les fonctionnaires / ministres de Dieu qui s’emploient constamment à
cela
» (Rom. 13:6).
Quelle accumulation remarquable d’expressions distinctes pour
les gouvernants de ce monde ! Ne sommes-nous pas enclins, à notre époque,
à oublier que les hommes en position élevée et les organes exécutifs du
gouvernement sont des fonctionnaires de Dieu
?
L’autre exemple — celui d’un serviteur du temple
— nous
amène, cependant au sens figuré, à la personne et au service élevé de notre
Seigneur et Sauveur Lui-même. En Hébreux 8:2, Celui qui est notre souverain
sacrificateur est appelé ‘ministre (leitourgós) des lieux saints et du vrai tabernacle’.
En conséquence, le v. 6 parle du ‘ministère’ (leitourgeía ; cf. notre ‘liturgie’)
plus excellent qu’Il a maintenant obtenu. Quelle que soit la nature de ce
ministère, l’utilisation de ces mots met en évidence de façon très belle son
caractère officiel de service divin
, ainsi que la dignité sacerdotale
de Celui qui l’exerce. En effet, le Seigneur Jésus donne à chaque service ou
ministère, à chaque fonction, un accomplissement et une dignité parfaits !
Dans le même sens figuré en Romains 15:16, l’apôtre Paul se qualifie
de ‘ministre (leitourgós) du Christ Jésus envers les nations’, et il relie à
cela le service (ministère) sacerdotal
, car il poursuit : « … exerçant
la sacrificature
dans l’évangile de Dieu, afin que l’offrande des
nations soit agréable, étant sanctifiée par l’Esprit Saint
».
L’apôtre s’était vu confier par le Seigneur un ministère public dans les choses divines, un service qu’il exerçait, au sens figuré, comme un prêtre ou sacrificateur. De même qu’Aaron avait autrefois offert les Lévites en offrande à l’Éternel à la place des premiers-nés des fils d’Israël (Nombres 8:5-14), de même l’apôtre Paul, par son ministère dans l’évangile de Dieu, offrait les croyants des nations comme offrande à Dieu. En effet, les croyants des nations sont une offrande tirée du monde pour Dieu, « une sorte de prémices de Ses créatures » (Jacq. 1:18).
Dans la suite du ch. 15 de l’épître aux Romains, l’apôtre
revient sur son ministère public (leitourgeía), mais y joint maintenant une
autre idée : « Maintenant, je vais à Jérusalem, étant occupé au service
(leitourgeía) des saints. Car la Macédoine et l’Achaïe ont trouvé bon de
subvenir, par une certaine contribution, aux besoins des pauvres parmi les
saints qui sont à Jérusalem
» (Rom. 15:25,26).
Par ‘service des saints’, il fait évidemment référence au service se rattachant à un don qui avait fait l’objet d’une collecte par les croyants de Macédoine et d’Achaïe pour les pauvres de Jérusalem. Nous retrouvons la même idée et le même processus en 2 Corinthiens 9:12, où le même mot est utilisé : « le service (ou administration ; diakonía) de cette charge (leitourgeía ; charge selon la version Darby française ; ministère selon la version Elberfelder allemande) ».
Cela nous amène à un dernier passage, dans l’épître aux Philippiens. Les croyants fidèles de Philippes avaient fait apporter un don à l’apôtre en prison à Rome pour soulager sa détresse. Leur envoyé (grec apóstolos) était le dévoué Épaphrodite, qui avait frôlé la mort en accomplissant sa mission. L’apôtre attribue à ce fidèle serviteur toute une série de titres d’honneur. Parmi eux, il y a celui-ci : ‘ministre (leitourgós) pour mes besoins’ (Phil. 2:25).
Ce serviteur de Dieu, dont nous n’entendons rien de plus, qui n’était probablement pas un orateur doué, ni un grand docteur ou évangéliste, se trouve à ce point de vue aux côtés du grand apôtre. Il avait mis sa vie en jeu pour combler ce qui manquait au service (leitourgeía) des Philippiens vis-à-vis de l’apôtre (Phil. 2:30), et l’apôtre n’hésite pas à lui attribuer le titre de serviteur public officiel.
Combien il est beau que ce service des croyants à Philippes soit
considéré comme un service de Dieu
: Non seulement au v. 30, mais
déjà au v. 17, le mot grec ‘leitourgeía’ désigne le ‘service’ ! L’apôtre
considère son propre service [v. 17], jusqu’au don de sa vie, comme simplement une
‘libation’, mais en outre il considérait le service de leur foi comme un ‘service
de Dieu’. Qu’est-ce qui peut ressembler davantage à la grâce de Dieu, et même au
Seigneur Jésus Lui-même ?