Charles Henry Mackintosh – [ajouts bibliquest entre crochets]
CHM, La vie et le temps de David — Truth & Testimony 2020-3 p. 130
Table des matières :
1 - [Saül remplacé par David, l’homme selon le cœur de Dieu]
2 - [Samuel menant deuil suite à l’échec de la royauté de Saül]
3 - [La foi s’empare du propos de Dieu et s’appuie sur Ses ressources]
4 - [Objections au chemin de la foi soulevées par les pensées humaines]
5 - [Dieu ne regarde pas à l’apparence extérieure, mais Il regarde au cœur]
6 - [L’instrument choisi par Dieu est méconnu et méprisé par l’homme]
Saül avait été mis de côté dans le gouvernement de Dieu ; il avait été pesé dans la balance et trouvé manquant de poids (Dan. 5:27), son royaume allait lui être retiré, et un homme selon le cœur de Dieu était sur le point d’être intronisé à la gloire de Dieu et pour la bénédiction de son peuple.
« Et l’Éternel dit à Samuel : Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que moi je l’ai rejeté pour qu’il ne soit pas roi sur Israël ? » (1 Sam. 16:1). Ces paroles nous font entrer dans le secret de la douleur de Samuel à l’égard de Saül durant la longue période où il a été séparé de lui. Dans le dernier verset du ch. 15 nous lisons : « Et Samuel ne vit plus Saül jusqu’au jour de sa mort, car Samuel menait deuil sur Saül ». C’était naturel. Il était profondément affecté dans son cœur à cause de la triste chute de cet homme malheureux. Il avait une fois suscité en Israël le cri de « Vive le roi ! (God save the king) » (1 Sam. 10:24). Bien des yeux, pleins d’enthousiasme, avaient reposé sans aucun doute sur ce bel homme, « homme d’élite » (1 Sam. 9:2), et maintenant tout cela avait disparu. Saül était rejeté, et Samuel se sentait contraint de prendre une position d’entière séparation de lui comme quelqu’un mis de côté par Dieu. C’était le second personnage chargé de fonction que Samuel avait eu à dépouiller de ses habits de fonction : il avait été chargé d’adresser à Éli des terribles nouvelles au début de sa carrière ; et maintenant à la fin de sa carrière, il avait été appelé à délivrer aux oreilles de Saül l’annonce du jugement divin sur le cours de sa vie.
Cependant Samuel était appelé à entrer dans les pensées de Dieu à l’égard de Saül. La communion avec Dieu nous conduira toujours à être d’accord avec Ses voies. La sentimentalité peut pleurer sur une grandeur déchue, mais la foi saisit la grande vérité que le conseil infaillible de Dieu subsistera, et qu’Il fera tout ce qui lui plait. La foi ne peut pas verser de larmes sur Agag mis en pièces devant l’Éternel, ni continuer à mener deuil sur un Saül rejeté, — parce qu’elle suit toujours son cours en harmonie avec Dieu et Ses voies. Mais il y a une grande différence entre la nature et la foi ; la nature s’asseye pour pleurer, tandis que la foi se lève et remplit une corne d’huile d’onction.
Il est bon de peser ce contraste. Nous sommes tous enclins à nous laisser entrainer simplement par les sentiments, ce qui est souvent vraiment dangereux. En effet, dans la mesure où c’est issu de la nature, cela doit suivre un courant différent des pensées de l’Esprit de Dieu. Or le remède le plus efficace contre l’action de la simple sentimentalité est une conviction forte, profonde, pénétrante et persistante de la réalité du propos de Dieu. En contraste avec cela, la sentimentalité dessèche et meurt, tandis que la foi vit et s’épanouit dans l’atmosphère du propos de Dieu. C’est ce qu’enseigne de façon impressionnante le premier verset de 1 Sam. 16 : « Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que moi je l’ai rejeté pour qu’il ne soit pas roi sur Israël ? Remplis ta corne d’huile, et va ; je t’enverrai vers Isaï, le Bethlehémite ; car j’ai vu parmi ses fils un roi pour moi ».
Oui la douleur humaine doit s’épancher jusqu’à ce que le cœur trouve du repos dans les riches ressources du Dieu bienheureux. Les vides que les évènements humains laissent dans le cœur ne peuvent être comblés que par la puissance de la foi en cette précieuse parole : « J’ai vu », c’est-à-dire « j’ai pourvu ». Ceci règle tout. Cela sèche les larmes, allège la douleur et remplit les vides. Dès l’instant où l’esprit se repose sur la ressource de l’amour de Dieu, un point est mis à toutes les plaintes. Puissions-nous tous connaître la puissance et les applications variées de cette vérité ; puissions-nous savoir ce que c’est d’avoir nos larmes séchées et notre corne remplie de la conviction des ressources de sagesse et de grâce de notre Père.
C’est une bénédiction rare ; il est difficile de s’élever complètement au-dessus de la région des pensées et des sentiments humains. Même chez Samuel, on le voit répliquer au commandement divin, et manifester de la lenteur à suivre le chemin de la simple obéissance. L’Éternel lui dit « va », et Samuel dit : « comment irai-je ? ». Question étrange ! Cependant combien elle manifeste pleinement la condition morale du cœur humain. Samuel avait mené deuil sur Saül, et maintenant qu’il lui est dit d’aller et d’oindre quelqu’un à sa place, il répond « comment le pourrais-je ? ». Or il est tout à fait certain que la foi ne dit jamais cela. Il n’y a pas de mot tel que « comment » dans le vocabulaire de la foi. Non — dès que le commandement divin trace le chemin, la foi le prend en obéissant de bon gré, sans tenir compte des difficultés.
Cependant, l’Éternel dans Sa tendre miséricorde, répond à Son serviteur dans sa difficulté : « Et l’Éternel dit : Tu prendras avec toi une génisse, et tu diras : Je suis venu pour sacrifier à l’Éternel » (1 Sam. 16:2). Ainsi avec une corne pleine et un sacrifice, il se met en route vers la ville de David, là où un jeune homme obscur et inconnu est en train de paître quelques brebis dans le désert.
Parmi les fils d’Isaï, il semblerait qu’il y ait eu quelques très beaux spécimens de la nature — parmi lesquels Samuel aurait fait son choix pour succéder à la couronne d’Israël s’il avait été laissé à l’exercice de son propre jugement (1 Sam. 16:5-10). Il est très remarquable, dans ce chapitre, de trouver Samuel se méprendre tellement et si souvent. Le deuil qu’il mène pour Saül, son hésitation à aller oindre David et son erreur sur Éliab, tout cela montre beaucoup de méprise sur les voies de Dieu. Combien est solennelle la Parole de l’Éternel : « Ne regarde pas son apparence, ni la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté ; car l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:7). Il y a une très grande différence entre l’apparence extérieure et le cœur. Même Samuel était enclin à se faire piéger par l’apparence, si l’Éternel n’était intervenu en grâce pour lui enseigner la valeur du cœur.
« Et Samuel dit à Isaï : Sont-ce là tous les jeunes gens ? Et il dit : Il reste encore le plus jeune, et voici, il paît le menu bétail. Et Samuel dit à Isaï : Envoie, et fais-le amener ; car nous ne nous placerons point autour de la table, jusqu’à ce qu’il soit venu ici. Et il envoya et le fit venir. Or il avait le teint rosé, avec de beaux yeux, et était beau de visage. Et l’Éternel dit : Lève-toi, oins-le ; car c’est celui-là » (1 Sam. 16:11-12). Le plus jeune ne pouvait pas être choisi, pensait Isaï. L’homme ne peut pas comprendre les voies de Dieu. L’instrument précis dont Dieu est sur le point de se servir est méconnu et méprisé par l’homme. « Lève-toi, oins-le ; car c’est celui-là ». Voilà la réplique parfaite de Dieu aux pensées d’Isaï et de Samuel.