G. André
« Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de Son Fils Jésus Christ, notre Seigneur, est fidèle »
1 Cor. 1:9
« Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ »
1 Jean 1:3
« Si nous marchons dans la lumière… nous avons communion les uns avec les autres »
1 Jean 1:7
Table des matières abrégée :
1 - Introduction — Qu’est-ce que la communion ?
2 - La communion du Père et du Fils
3 - La communion avec le Seigneur
5 - La communion dans le service
Table des matières détaillée :
1 - Introduction — Qu’est-ce que la communion ?
2 - La communion du Père et du Fils
2.3 - Dans sa vie sur la terre
3 - La communion avec le Seigneur
3.2 - Mêmes pensées, affections, buts
3.2.2 - Demeurer en lui (Jean 15:4 à 8)
3.2.5 - Être glorifiés avec lui
3.3 - Cette communion est-elle possible ?
3.3.1 - Quels en sont les moyens ?
4.1 - Notre part commune (Éph. 4:4-6)
4.2 - Mêmes pensées, affections, buts (Phil. 2:2 ; 3:16)
4.2.1 - Les relations individuelles
4.2.3 - Les relations collectives
5 - La communion dans le service
La communion chrétienne a un double aspect :
une part communeavec le Père et avec son Fils Jésus Christ, fruit de notre association avec eux ». (H. R.)
a) Christ nous révèle le Père, il nous donne une part avec lui dans l’amour du Père. Nous avons ainsi communion avec le Fils au sujet du Père. « Personne ne vit jamais Dieu », déclare Jean 1:18 ; mais, chose extraordinaire, « le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître ». La même pensée se retrouve en Matthieu 11:27 : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler ».
b) Mais aussi le Père nous a donné son Fils pour que nous ayons part avec lui à l’objet de ses délices : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Matt. 17:5). Bien des personnes ont vu le Seigneur Jésus sur la terre ; pour les uns il était un prophète, pour d’autres le charpentier, pour d’autres encore le Nazaréen ; mais les quelques-uns dont les yeux du cœur ont été éclairés par la grâce de Dieu et par la foi, ont pu dire : « Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père » (Jean 1:14).
Ainsi, nous pouvons avoir communion avec le Père au sujet du Fils. Ce privilège remplissait tellement le cœur de l’apôtre Jean qu’à la fin de sa vie il écrivait : « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons afin que vous aussi vous ayez communion avec nous : or, notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie » (1 Jean 1:3-4).
communauté de pensées, d’affections, un même cœur pour les mêmes objets ». C’est la jouissance en commun de la même personne, de la même œuvre, du même amour.
Cette communauté de pensées est, pour le croyant, tout d’abord « verticale », avec le Seigneur Lui-même, individuelle ou collective ; elle est aussi « horizontale », c’est-à-dire entre enfants de Dieu : dans les relations fraternelles, dans le service du Seigneur, et surtout collectivement, quant à Christ et à son œuvre.
Sujet insondable ! Nous ne pouvons l’aborder qu’avec un esprit de révérence et d’adoration. Pourtant, à plus d’une reprise, la Parole, dans une mesure, nous le révèle, afin que nos cœurs en soient remplis.
Genèse 22 nous en donne une illustration. Montant à Morija, le Père et le Fils « allaient les deux ensemble ». L’agneau devient l’objet de leur entretien. Celui qui viendra n’a pas encore été manifesté, mais la foi l’entrevoit, et dans cette scène, figure des réalités futures, une conclusion s’impose à nouveau : « Ils allaient les deux ensemble ». Communion du Père et du Fils au sujet de l’œuvre qui s’accomplirait un jour.
À quatre occasions, la Parole nous dit que « Le Père aime le Fils », relation d’amour, communion intime dans le sein de la divinité.
À trois reprises, s’ouvre dans la Parole comme « une fenêtre » sur ce qui a pris place « avant la fondation du monde ».
Dans sa prière en Jean 17, le Seigneur Jésus dit : « Père… tu m’as aimé avant la fondation du monde » (v. 24). Hors du temps, avant que nous existions, éternellement, « le Père aime le Fils ».
Au sein de cette communion bienheureuse, la conception de la rédemption se précise. L’Agneau est « préconnu dès avant la fondation du monde » (1 Pierre 1:20).
Les rachetés, qui seront les objets de ce salut merveilleux, sont « élus en lui avant la fondation du monde » (Éph. 1:4).
Dans cette gloire que le Fils occupait « auprès du Père avant que le monde fût », (Jean 17:5) a été préordonnée « la sagesse de Dieu en mystère… avant les siècles pour notre gloire » (1 Cor. 2:7). La grâce que le Fils devait révéler un jour « nous a été donnée dans le Christ Jésus avant les temps des siècles » (2 Tim. 1:9) ; en lui a été révélée « la vie éternelle que Dieu… a promise avant les temps des siècles » (Tite 1:2).
Le psaume 40 exprime prophétiquement la décision du Fils, afin d’accomplir ce qui était écrit de lui « dans le rouleau du livre » des conseils éternels de Dieu : « Voici je viens ». Quels mots emploie-t-il pour indiquer cette venue ? — « Tu m’as creusé des oreilles » (v. 6) ! Obéissance parfaite de Celui dont l’oreille, lorsqu’il parcourra les sentiers de la terre, sera « ouverte chaque matin pour écouter comme ceux qu’on enseigne » (Ésaïe 50:4). Oreille qui, plus tard, sera « percée », comme en Exode 21, celle du serviteur qui, par amour pour son maître, sa femme et ses enfants, voulait le rester à toujours.
Dans cette éternité bienheureuse, où le Fils était auprès du Père, selon Proverbes 8 comme son « nourrisson », se précise aussi la communion qui les unit dans la création. Il était simultanément son « artisan » (Prov. 8:30, voir la note) : « Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses » (Romains 11:36). « Toutes choses ont été créées par lui et pour lui » (Col. 1:16). Dans cette joie de la communion qui unissait le Père et le Fils, « la partie habitable de sa terre » (Prov. 8:31) occupait une grande place.
Mais le moment arriva où le Fils unique qui est dans le sein du
Père (expression de relation), l’a fait connaître. Jésus le dit lui-même :
« Moi je procède
de Dieu et je viens de lui, car je ne suis pas venu
de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé
» (Jean 8:42). Il
fallait l’incarnation pour que notre communion avec le Père et avec son Fils
devienne possible.
Dans le mystère de la divinité, le Fils est « sorti
d’auprès du Père, il est venu
dans le monde » (Jean 16:28). Mais
c’était tout autant la volonté du Père qu’il vienne : le Père l’a envoyé
.
« Tu es mon Fils », dit la voix divine, qui ajoute : « Moi je
t’ai aujourd’hui engendré » (Héb. 5:5).
Amour pur, insondable, être du Dieu suprême,
Qui pour se révéler donna le Fils lui-même,
Dans ce monde envahi par la nuit du péché.
Nos yeux ont pu te voir, et nos mains t’ont touché.
H. R.
Nous retrouvons l’expression « le Père aime le Fils » pendant la vie du Seigneur sur la terre (Jean 5:20). Il n’était pas comme un être indépendant du Père, un autre dieu qui agissait de son propre chef (J.N.D.) Il y avait parfaite unité entre eux : « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10:20) ; mais aussi parfaite dépendance, dans la position d’humanité que le Fils avait prise : « Le Fils ne peut rien faire de lui-même à moins qu’il ne voie faire une chose au Père » (Jean 5:19).
Jésus pouvait dire : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 4:34). Toute sa joie était d’accomplir cette volonté : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29). Cette dépendance s’exprimait dans la prière, comme nous le trouvons dans l’évangile de Luc à sept occasions particulières. Communion bienheureuse avec le Père, s’exprimant par chaque acte, chaque parole, chaque attitude du Fils sur la terre. Il démontrait par son obéissance son amour pour le Père (Jean 14:31). À douze ans déjà, il voulait être « aux affaires de son Père » (Luc 2:49). Il chasse les marchands du temple, parce qu’ils faisaient « de la maison de son Père » une maison de trafic. Dans cette obéissance, il jouissait de la communion constante de son Père, qui ne l’avait pas « laissé seul », expression que l’on retrouve tant de fois dans l’évangile de Jean.
Entre le Père et le Fils sur la terre, il y avait communication de pensées. Ainsi, en Jean 12:27-28, lorsque l’âme du Sauveur est troublée et qu’il demande à son Père de le délivrer de cette heure, mais surtout de glorifier son nom, la voix du ciel répond : « Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai de nouveau ».
Le chemin de l’Agneau devait aboutir à la croix : « À cause de ceci, le Père m’aime, c’est que moi, je laisse ma vie » (Jean 10:17).
À Gethsémané, Jésus ne pouvait pas ne pas ressentir l’horreur de ce qui l’attendait, lui parfaitement saint : être fait péché à notre place ; pourtant, il peut dire et répéter, dans une même pensée avec son Père : « Mon Père, s’il n’est pas possible que ceci passe loin de moi sans que je le boive, que ta volonté soit faite » (Matt. 26:42).
Dans sa mort, il allait glorifier le Père, accomplir sa volonté ; et pourtant, ô mystère ! il a dû s’écrier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » L’épée s’était réveillée contre celui que l’Éternel appelle « mon berger », le Fils qui partageait une même pensée avec le Père envers le troupeau, « contre l’homme qui est mon compagnon », celui qui avait toujours joui de cette communion bienheureuse avec son Dieu. Il a été fait là malédiction pour nous (Zach. 13:7 ; Gal. 3:13).
Durant ces heures de ténèbres, le petit groupe de femmes qui était restées près de lui, « regardaient de loin ». Ne voulons-nous pas faire de même, sans chercher à soulever le voile que l’Esprit de Dieu a étendu sur l’abîme de ces heures insondables ?
Dans sa résurrection et sa glorification, le Fils reste l’objet immuable de l’amour du Père : « Le Père aime le Fils et a mis toutes choses entre ses mains » (Jean 3:35) ; il a été « ressuscité par la gloire du Père » (Romains 6:4) ; ayant « achevé l’œuvre que le Père lui avait donnée à faire », il a été glorifié « auprès de lui, de la gloire qu’il avait avant que le monde fût » (Jean 17:5). « Dieu lui a donné la gloire », confirme 1 Pierre 1:21. Le Fils mourant avait élevé sa plainte : « Mon Dieu, ne m’enlève pas à la moitié de mes jours ! » Et le Père de répondre : « Tes années sont de génération en génération… toi, tu es le Même, et tes années ne finiront pas » (Ps. 102:24, 27).
Associés à sa résurrection, nous avons été « transportés » dans le royaume du Fils de l’amour du Père (Col. 1:13). Nous pouvons déjà maintenant, rendant grâces au Père, anticiper, dans cette sphère bienheureuse, la communion qui sera notre part durant l’éternité.
— Ainsi, au-dessus
de nous, hors du temps, avant nous,
« le Père aime le Fils ».
Cet amour est descendu
vers nous : « Tu
les as aimés comme
Tu m’as aimé ». Et encore : « Comme
le Père m’a aimé, moi
aussi je vous ai aimés ». Du lieu très saint
où le Fils épanchait son cœur dans le cœur du Père, nous parvient l’écho de sa
prière : « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai
connaître, afin
que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en
eux » (Jean 17).
Objets d’un tel amour, ne voulons-nous pas ici-bas
en
jouir et en refléter quelque chose : « Demeurez dans mon
amour ». « Comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez
l’un l’autre » (Jean 15:9 ; 13:34).
« Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1 Jean 1:3)
« … afin que
votre joie soit accomplie » (v.
4)
La communion avec le Seigneur est la part la plus élevée de la vie chrétienne. Il ne saurait, en particulier, y avoir de culte sans elle. Le désir de tout croyant qui aime le Seigneur est certainement de la connaître, afin que, comme dit l’apôtre, sa « joie soit accomplie ».
Mais c’est aussi le désir de Dieu qui, de tout temps, a cherché la communion de sa créature. Il a créé l’homme « à son image » (Genèse 1:27) ; il partage avec lui la domination ; il insuffle en lui son esprit de sorte que l’homme devient une « âme vivante » ; il s’entretient avec lui… jusqu’à ce jour fatal où la voix de Dieu provoque chez l’homme la peur (Genèse 3:10) : par le péché, la communion a été rompue. Après le déluge, Dieu fait une alliance avec Noé ; mais l’orgueil de l’homme amène sa dispersion après Babel. Toute communion est détruite.
Le Dieu Tout-puissant appelle alors Abraham hors de son pays et de sa parenté et fait avec lui l’alliance des promesses. Abraham jouit de la communion de son Dieu. Il en devient « l’ami ». Les promesses s’accomplissent en Israël ; mais l’alliance du Sinaï, bilatérale, (Ex. 19:7-8) est bientôt rompue par le peuple. Pourtant, les expressions de Jérémie montrent la joie que, bien peu de temps, l’Éternel avait goûtée en son peuple : « Je me souviens de toi, de la grâce de ta jeunesse, de l’amour de tes fiançailles, quand tu marchais après moi dans le désert » (Jér. 2:2).
Pour que la communion puisse réellement s’établir, il faudra la « nouvelle alliance » pour Israël, alliance établie sur le sang de Christ, « le sang de la nouvelle alliance, versé pour plusieurs en rémission de péchés » (Matt. 26:28).
Le Fils du Père, descendu du ciel, est devenu le pain vivant « qui donne la vie au monde » (Jean 6:33). Il importe d’en « manger » afin d’avoir communion avec lui. Mais « le pain aussi que moi je donnerai c’est ma chair, laquelle moi je donnerai pour la vie du monde » (v. 51). Et Jésus d’ajouter : « Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle ». Sa chair meurtrie, son sang versé, sont la base éternellement sûre de toute communion ; pour jouir de ce précieux privilège, il faut spirituellement « manger » la chair et « boire » le sang de Christ : se nourrir en son âme d’un Sauveur mort, qui nous a donné la vie, et nous a rendus « participants de la nature divine » (2 Pierre 1:4).
La mort avec Christ est la « porte d’entrée » de la communion : être « identifiés » avec lui, littéralement faits une même plante avec lui (Rom. 6:5). Morts avec lui, nous avons aussi été vivifiés et ressuscités avec lui, et assis en lui dans les lieux célestes (Éph. 2 ; Col. 2 et 3). Les épîtres nous donnent le plein développement de la merveilleuse position que le Seigneur Jésus annonçait à ses disciples : « Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez… vous en moi et moi en vous » (Jean 14:19).
Par sa mort, il a aussi « rassemblé en un les enfants de
Dieu dispersés » (Jean 11:52). Sa mort et sa résurrection sont le
fondement de la communion individuelle ; elles sont aussi la base de toute
communion collective au sein de la famille de Dieu : « afin qu’eux
aussi soient un en nous
» (Jean 17:21).
Il en découle que, comme lui, nous ne sommes pas du monde, tout en étant, comme lui, envoyés dans le monde, de la haine duquel nous sommes aussi l’objet (Jean 17:14, 16 ; 15:19 à 20).
Tel est le fondement de la communion pour tout racheté, part bénie qui implique son union avec Christ mort et ressuscité. Cette communion de « position », saisie par la foi, il importe non seulement de la connaître, mais de la vivre.
Un croyant peut jouir avec reconnaissance des soins et de la providence de Dieu ; lui exposer ses divers besoins dans la prière ; l’écouter et lire attentivement sa Parole. Ce n’est pas encore la communion. Celle-ci est liée à la présence de Dieu, au sentiment actuel de cette présence. Plusieurs expressions de la Parole le soulignent.
Dès Genèse 5, nous trouvons un homme dont il nous est dit que pendant trois cents ans il « marcha avec Dieu » ; communion bienheureuse d’un Hénoc, qui reçut le témoignage d’avoir plu à Dieu. Suivre Christ implique la dépendance ; marcher avec lui fait entrer dans son intimité, tous les jours, au travers des diverses circonstances de la vie. C’est aussi parler avec lui, comme le faisait Moïse qui, pénétrant dans le sanctuaire, écoutait d’abord la Voix qui lui parlait de dessus le propitiatoire et ensuite, Lui parlait (Nomb. 7:80). Dans une autre occasion, son visage « rayonnait, parce qu’il avait parlé avec Lui » (Ex. 34:29).
En Hébreux 3:14, nous sommes devenus les « compagnons du Christ », « participants » (même mot en grec) de l’appel céleste, participants aussi de la discipline paternelle (12:8). En Jean 15:14, le Seigneur dit aux siens : « Vous êtes mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai ouï de mon Père » ; intimité avec lui dans ses pensées et celles du Père.
Avec ses amis, il veut partager sa paix : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » (Jean 14:27) ; — sa joie : « Je vous ai dit ces choses afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie » (15:11).
Marcher avec lui, comporte des rapports d’intimité avec notre Seigneur, comme un fils avec son père ; c’est aussi prendre son joug sur nous : aller du même pas que lui, pas plus vite, sans non plus rester en arrière. Et répondre à l’exhortation de Michée 6:8 : « Qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu ? »
Union vitale du cep et des sarments qui ne peuvent vivre séparés de lui. Par cette image, le Seigneur veut faire comprendre ce qu’il exprimait peu avant : « Vous en moi, et moi en vous ». L’apôtre, à son tour, peut dire : « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).
De cette union essentielle provient tout fruit, car
« séparés de moi, vous ne pouvez rien faire ». Il en découle aussi
cette part merveilleuse : « Demeurer dans son amour » (v. 9).
Quelle est la mesure de cet amour ? « Comme
le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés ».
Si dans la vie de quelqu’un, aucun fruit n’est manifesté, on peut bien se demander s’il demeure en Christ : « Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché ». Par contre : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait » (Jean 15:7) : il en découle l’assurance de l’exaucement d’une prière formulée dans la communion avec le Seigneur et en conformité avec sa Parole.
« Celui qui n’a pas épargné son propre Fils, nous dit
Romains 8:32, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes
choses avec lui
? » — « Dieu nous donne toutes choses
richement pour en jouir » (1 Tim. 6:17), pour en jouir avec Christ.
Ces « toutes choses » sont avant tout les choses d’en haut, auxquelles nous sommes exhortés à penser et sur lesquelles nous pouvons mettre notre affection (Col. 3:1 à 3) ; ce sont aussi tant de bienfaits que Dieu sème sur notre route, reçus avec reconnaissance, et dont la joie qu’ils procurent est d’autant plus réelle qu’elle est partagée avec le Seigneur.
Quel bonheur de se réjouir avec le Berger qui a ramené sa brebis perdue, avec la femme qui a retrouvé la drachme, avec le Père qui a recouvré son fils (Luc 15) ; communion d’amour avec Celui qui cherche et qui trouve.
Avec lui le croyant sera heureux aussi de veiller et de l’attendre. Lui-même attend avec patience le moment de venir chercher son église (2 Thess. 3:5). « Il est patient, ne voulant pas qu’aucun périsse » (2 Pierre 3:9). Il apprécie qu’en communion avec lui nous sachions aussi « garder la parole de sa patience » (Apoc. 3:10), en espérant le jour où nous serons accueillis dans les parvis célestes par « l’amour d’un Ami longtemps connu » (J. N. D.).
Être uni à un Christ rejeté et méprisé du monde ne peut qu’amener la souffrance. Opposition extérieure, persécutions que les croyants ont endurées, à travers les âges et encore aujourd’hui, combien pénibles ! (Rom. 8:17 ; 2 Tim. 2:12). Opposition intérieure, si paradoxale soit-elle, telle qu’un Paul l’a connue à Corinthe ou en Galatie (« Suis-je devenu votre ennemi en vous disant la vérité ? » Gal. 4:16). Comme le Seigneur a rencontré l’incompréhension de ses disciples, le croyant qui l’aime rencontrera parfois, lui aussi, celle de ses frères. À l’instar de son Maître, il souffrira dans un milieu hostile, dans un monde de péché avec toutes ses conséquences douloureuses. Pour ne pas chanceler, rappelons-nous l’exhortation de l’apôtre : « Considérez celui qui a enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même, afin que vous ne soyez pas las, étant découragés dans vos âmes » (Héb. 12:3).
Toute souffrance ne découle pas de l’opposition, elle peut venir, entre autres, de la maladie. Quel message les sœurs de Béthanie faisaient-elles transmettre à Jésus, en l’appelant au secours de Lazare ? — « Celui que tu aimes est malade » (Jean 11). Dans sa maladie et la souffrance qu’elle entraînait, Lazare était conscient de l’amour de son Seigneur. Quel secours nous recevons en introduisant Christ dans notre souffrance !
Au Psaume 23:4, la brebis doit traverser la vallée de l’ombre de la mort, endroit sombre où l’on ne voit peut-être plus clair ; mais une Présence la remplit : « Tu es avec moi ». Un bâton, une houlette, peuvent toucher la brebis inquiète et la rassurer. Et voilà qu’au sortir de la vallée, elle rencontre une table dressée, avec la nourriture dont elle va jouir dans la communion de son Berger.
Dans le deuil, quelle communion profonde le croyant peut vivre, avec Celui qui est entré en sympathie dans tout ce qui touche les siens. Marie ne va pas au sépulcre pour y pleurer. Elle va « aux pieds de Jésus » ; et que fait-il lui-même ? — « Jésus pleura ».
De la souffrance avec et pour Christ découle la gloire avec lui : « En tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu’aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport » (1 Pierre 4:13 ; 5:1). « Notre légère tribulation d’un moment opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire » (2 Cor. 4:17).
Elle est vitale, essentielle, mais elle peut être inconnue, ou méconnue, interrompue, ou mal réalisée.
Avant tout l’action du Saint Esprit
. Il est « un
autre consolateur ». Le Seigneur s’en étant allé, l’Esprit a été envoyé
pour rappeler toutes les choses que Jésus avait dites (Jean 14:26), et nous
amener à le voir, à le contempler dans sa vie, dans sa marche, à travers les
pages des évangiles
. — Il « rend témoignage de lui » (15:27) :
Les Actes
des apôtres nous montrent ce témoignage rendu au Seigneur
Jésus, par les disciples que le Saint Esprit avait qualifiés pour cela. — Puis,
il enseigne, il conduit dans toute la vérité. Il prend de ce qui est à Christ
pour nous le communiquer (Jean 16) : le Saint Esprit a inspiré les épîtres
pour nous faire entrer dans tous les résultats de l’œuvre de Christ, et nous
faire réaliser avec lui une communion profonde selon ses pensées.
Le Saint Esprit rend aussi témoignage « avec notre esprit » que nous sommes enfants de Dieu (Rom. 8:16). Il est un Esprit d’adoption par lequel nous crions : Abba, Père !
Par-dessus tout, il met en valeur la Parole
de Dieu et la
rend vivante, opérante, précieuse. En lisant un chapitre, comme on l’a écrit,
se demander si, dans ce chapitre, il y a :
Nous pouvons ainsi « Le connaître
Lui », entrer
dans ses pensées ; connaissance réciproque, selon Jean 10:14 :
« Je connais les miens et
je suis connu des miens comme
le
Père me connaît et moi je connais le Père ». La Parole nous apprend à
« éprouver ce qui est agréable au Seigneur » (Éph. 5:10) et à nous
« appliquer avec ardeur » à l’être (2 Cor. 5:9).
— Le psalmiste priait : « Mon cœur a dit pour
toi : « Cherchez ma face
. — Je chercherai ta face ô Éternel ! »
(Ps. 27:8). David instruisait Salomon : « Si tu le cherches, il se
fera trouver de toi » (1 Chron. 28:9). Il y faut le temps et l’énergie
nécessaires pour mettre de côté ce qui entraverait cette recherche de sa face.
« Je sais une chose », disait l’aveugle ; « je fais une
chose », écrivait l’apôtre ; « une seule chose est
nécessaire », affirmait Jésus.
La communion rencontre des obstacles. L’ennemi ne sait que trop bien les susciter. Notre Dieu est amour ; Il est aussi lumière, et demande la sainteté chez les siens.
L’un des plus grands obstacles est la volonté propre
opposée à celle de Dieu. Non qu’il faille dénigrer les aptitudes naturelles que
Dieu a pu nous confier, mais les mettre à la disposition du Seigneur. Qui
commande en moi ? — L’apôtre le résume en quatre mots : « Plus
moi, mais Christ ».
Cette volonté propre peut être ouvertement consciente de faire ce qui n’est pas selon la pensée de Dieu ; elle peut découler aussi d’une ignorance dont on est responsable ; ou de l’influence d’autrui, par laquelle on est si facilement entraîné. Trop souvent prévalent la nonchalance et le laisser-aller, dont la fiancée du Cantique des cantiques (5:2 à 3) nous donne l’exemple : elle trouvait trop pénible de se lever et de revêtir sa tunique alors que son bien-aimé frappait à la porte. Quand enfin, elle se décide à ouvrir, il avait passé plus loin !
Comment éviter que notre volonté propre vienne interrompre la communion souhaitée avec le Seigneur ? — « Il faut que Lui croisse et que moi je diminue ! » (Jean 3:30).
Des fautes non jugées
et non confessées sont bien souvent
un obstacle à l’action du Saint Esprit pour produire la communion avec Dieu,
fautes dont on ne s’est peut-être pas rendu compte, mais qui
« attristent » le divin Consolateur (Éph. 4:30). Des manquements
auxquels on n’a pas attaché d’importance ou — ce qui est plus grave — que
pendant longtemps on n’a pas voulu reconnaître, ni envers le Seigneur, ni
surtout envers ceux qu’on a lésés. La prière en est entravée :
« Quand vous ferez votre prière, si vous avez quelque chose contre
quelqu’un, pardonnez-lui, afin que votre Père aussi, qui est dans les cieux,
vous pardonne vos fautes ». Ésaïe 59:1 à 2, l’exprime ainsi :
« Voici, la main de l’Éternel n’est pas devenue trop courte pour délivrer,
ni son oreille trop appesantie pour entendre ; mais vos iniquités ont fait
séparation entre vous et votre Dieu, et vos péchés ont fait qu’il a caché de
vous sa face, pour ne pas écouter ».
Des compagnies qui L’excluent
, des amitiés que l’on
recherche, et qui tendent à nous mettre sous un joug mal assorti, sont aussi
des obstacles à la communion (1 Cor. 6:14) ; de même l’amour du monde,
incompatible avec l’amour du Père (1 Jean 2:15). Nous sommes dans le monde,
même « envoyés dans le monde » ; nos contacts sont fréquents ;
c’est bien autre chose, lorsque le cœur est engagé et qu’on l’« aime ».
Et qu’en est-il des « convoitises
qui font la guerre
à l’âme » (1 Pierre 2:11), dont l’apôtre nous exhorte à nous abstenir !
Éphésiens 5:11 souligne : « N’ayez rien de commun avec les œuvres
infructueuses des ténèbres ».
Enfin, le manque de temps
nous empêche bien souvent de
jouir de la communion avec le Seigneur, de la cultiver, et de lui permettre de
la restaurer. Trop de choses envahissent la vie, en plus du travail journalier ;
même dans l’œuvre du Seigneur, on peut se laisser absorber par l’activité ;
un coucher tardif, un sommeil insuffisant, restreindront au minimum les minutes
matinales à Ses pieds. À l’inverse « un peu de sommeil, un peu
d’assoupissement, un peu croiser les mains pour dormir,… et ta pauvreté
(spirituelle !) viendra comme un voyageur, et ton dénuement comme un homme
armé » (Prov. 24:33-34).
La communion a été interrompue. Faut-il se résigner à demeurer
dans cet état ? La Parole est très claire et simple : « Si
nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos
péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Nous pouvons
être assurés du pardon et de la purification, mais il faut avoir réalisé le
préalable : Si
nous confessons. C’est l’expérience du Psaume 32 et
du Psaume 51 ; David ne retrouve l’accès à la prière qu’après avoir fait
connaître son péché à l’Éternel (Ps. 32:5 et 6). À deux reprises il demande à
Dieu : « Efface… lave… purifie », puis ajoute :
« Rends-moi la joie de ton salut » ; il termine alors le psaume
sur une note de louange (Ps. 51).
Nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes pour une telle
restauration. « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père,
Jésus Christ le juste ; et lui est la propitiation pour nos péchés »
(1 Jean 2:1 à 2). Le Seigneur a illustré cette purification par le lavage des
pieds en Jean 13, où il dit à Pierre qui s’y opposait : « Si je ne te
lave, tu n’as pas de part avec moi
» (Jean 13:8). Les pieds
souillés devaient être lavés par le Seigneur lui-même, avant qu’il puisse
introduire ses disciples dans le sanctuaire des chapitres 14 à 16, et dans le
lieu très saint du chapitre 17, où il s’entretenait seul avec son Père.
Dieu se sert aussi de l’épreuve pour restaurer la communion. David l’a vécu à Tsiklag. Il avait décidé, « en son cœur », de s’enfuir chez les Philistins. Il y fait diverses expériences malheureuses. Pour finir, il trouve incendiée la ville que le roi Akish lui avait donnée ; ses ennemis avaient emmené captifs ses femmes et ses enfants, et ceux de ses compagnons. « David et le peuple qui était avec lui élevèrent leurs voix et pleurèrent jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de force en eux pour pleurer… Et David fut dans une grande détresse… Et David se fortifia en l’Éternel son Dieu » (1 Sam. 30:4 et 6). Dans son angoisse, ses pensées reviennent à son Dieu, la communion est rétablie. Il retrouve la force, consulte l’Éternel, et marche à la victoire.
Les frères de Joseph ont connu le même exercice. Plus de vingt
ans ont passé depuis qu’ils ont vendu leur frère. Joseph, type de Christ, les
fait passer par diverses épreuves qui travaillent leur conscience, jusqu’à ce
qu’il se dévoile à eux. Quel magnifique rétablissement de la communion,
lorsque, enfin, ils reconnaissent leur faute : « Il baisa tous ses
frères, et pleura sur eux ; et après cela
, ses frères parlèrent
avec lui » (Gen. 45:15). Auparavant, il y avait entre eux un interprète :
aucune intimité ne se réalisait ; après la confession, et la contrition
qui l’accompagne, ils retrouvent tout l’amour de leur cadet, et dans une
heureuse communion peuvent parler directement avec lui.
Au Psaume 84 encore, l’âme « désire et languit » ; lorsqu’elle se tourne vers les « autels » de l’Éternel, la communion est rétablie sur la base du sacrifice de Christ (autel d’airain) et de son intercession (autel d’or) ; l’accès au sanctuaire est retrouvé : « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront incessamment ».
« … afin que vous aussi vous ayez communion avec nous » (1 Jean 1:3)
Jésus est le lien qu’aucune distance ne peut rompre ni aucune proximité ne peut donner sans lui, et qui, béni soit son nom, durera à toujours (J.N.D.).
Dans la Genèse, la communion se réalisait individuellement et, dans une mesure, au sein de la famille. En Exode 12, nous avons un nouveau commencement qui conduit à la communion du peuple de Dieu, fondée sur la rédemption. On mange l’agneau rôti dans les maisons, à l’abri du sang placé à l’extérieur. Mais dans la suite on constate que cette communion se réalise à distance du sanctuaire. Il a fallu que « la Parole devienne chair », et que la Victime expiatoire traverse les trois heures de ténèbres, abandonnée de Dieu, pour aboutir à la résurrection, où Jésus envoie à ses frères le message merveilleux : « Je monte vers mon Père et votre Père ». La famille de Dieu est alors réellement constituée. Dans la contemplation de la personne de Christ, elle réalise la communion avec le Père et avec le Fils, et entre frères, dans une « joie accomplie » (1 Jean 1:1-4).
On a appelé la communion avec le Seigneur « verticale », tandis que la communion fraternelle est « horizontale », simples expressions pratiques, claires par elles-mêmes. Soulignant la valeur de cette communion fraternelle, Ecclésiaste 4:9 disait déjà : « Deux valent mieux qu’un… et la corde triple ne se rompt pas vite ». Mais la communion dans le Seigneur est beaucoup plus profonde que la simple amitié ; elle découle d’un fondement inaltérable pour le croyant :
L’unité de l’Esprit que nous sommes appelés à nous « appliquer à garder dans le lien de la paix » a, pour le racheté, un triple aspect. Elle se rattache à l’Esprit, au Seigneur, au Père (*).
(*) En général, on considère que le v. 5 inclut, outre les vrais
croyants, seuls compris dans le v. 4, ceux qui professent la foi chrétienne,
ont été baptisés et invoquent le Seigneur, sans toutefois avoir la vie. Le v.
6, contemplant Dieu comme originateur de « tous », embrasserait tous
les hommes (et même toutes les créatures), comme tirant tous leur existence de
lui ; mais seuls sont devenus « enfants de Dieu », en création
nouvelle, ceux qui ont cru au nom du Seigneur Jésus (Jean 1:12, 13). Dans les
considérations qui suivent, nous retenons seulement la part des vrais croyants
et le fondement de leur
communion
Tous les rachetés ont le même Père
et font partie de la
famille de Dieu : « À tous ceux qui L’ont reçu, il leur a donné le
droit d’être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom ;
lesquels sont nés, non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la
volonté de l’homme, mais de Dieu » (Jean 1:12-13). Par la nouvelle
naissance, nous entrons dans cette famille de Dieu, devenons ses enfants,
frères les uns des autres. Nous avons le privilège de dire : « Abba,
Père », parce que nous avons reçu l’Esprit d’adoption (Rom. 8:15). La
« paternité universelle de Dieu », telle que quelques-uns veulent la
faire découler d’Éphésiens 4:6, en appelant tous les hommes « enfants de
Dieu » — expression que, sans parler de Jean 1:12, les épîtres réservent
invariablement aux seuls rachetés (voir Rom. 8:14, 16, 17 ; Galates 3:28 ;
1 Jean 3:1, 2:10) — n’est certainement pas conforme à la révélation telle que
Dieu nous l’a donnée, et risque fort de conduire à la dangereuse doctrine de
l’universalisme, selon laquelle tous les hommes, croyants ou non, seraient
sauvés.
La « seule foi » est l’ensemble des vérités révélées,
dont se nourrit la foi personnelle qui s’attache au Seigneur Jésus
, à
son œuvre expiatoire, à sa mort et à sa résurrection dont le baptême est le
signe. Il ne saurait y avoir de communion avec quelqu’un qui n’accepte pas
l’œuvre rédemptrice de Christ sur la croix. Toute la vie du chrétien se déroule
« dans le Seigneur » : les relations parents-enfants (Éph. 6:1 ;
Col. 3:20) ; entre époux (1 Cor. 7:39) ; entre frères et sœurs dans
le rassemblement (Rom. 16:2) ; tout service est « dans le
Seigneur » (Col. 4:7, 17). En toutes choses, c’est lui qui est le Maître ;
dans les relations sociales : « leur Maître et le vôtre » (Éph. 6:9)
— bien plus encore dans le cadre chrétien et dans l’assemblée, où nous avons à
le reconnaître comme le même Seigneur de tous, le mien et le vôtre, avec la
responsabilité soit personnelle, soit collective qui en découle. Oserions-nous
dire comme Lot : « Non, Seigneur,… » (Gen. 19:18) ; ou
encore, à l’exemple de Pierre : « Non point, Seigneur… »
(Actes 10:14) ?
L’Esprit
unit tous les croyants en un seul corps (2 Cor.
12:13), corps qui comprend divers membres — diversité dans l’unité — et une
Tête glorifiée dans le ciel. Le corps de Christ n’est pas une organisation,
mais un organisme avec toute la variété de la vie. L’Esprit rend vivante
l’espérance du croyant : « L’Esprit et l’épouse disent :
Viens ».
Cette unité n’est pas à créer, à produire ; elle existe,
que nous la réalisions ou non ; elle est divine ; il importe de la garder
.
Par contre, nous ne sommes pas tous parvenus à « l’unité de la foi et de la connaissance » (Éph. 4:13) ; le but du ministère et des dons que le Seigneur a donnés pour l’édification du corps de Christ, est de nous y amener. La famille de Dieu se compose de petits enfants, de jeunes gens, de pères. On a parfois, quant à la course chrétienne, « un autre sentiment » ; cela ne nous empêche pas de marcher ensemble, en attendant que Dieu nous révèle sa pensée (Phil. 3:15). Il y aura toujours des progrès à faire ; « nous connaissons en partie ». Toute autre chose est l’erreur quant à la Personne et l’œuvre de Christ, et quant aux vérités fondamentales du christianisme, surtout lorsqu’une telle doctrine est enseignée publiquement par quelqu’un qui « mène en avant » (2 Jean 9, 10) ; dans ce cas la Parole est formelle : il faut se séparer, ne pas recevoir, rejeter.
Comment jouir ensemble de notre commune part ? Cette communion fraternelle, fondée sur la même vie, le même Père, le même Seigneur, le même Esprit, se traduit tant dans les relations privées que dans le rassemblement collectif. Elle n’est pas basée sur l’accord de mêmes idées, ou, comme dit le dictionnaire, sur une « croyance uniforme » ; parce que nous sommes un en Christ, nous avons communion les uns avec les autres ; dans la soumission à l’enseignement de l’Esprit par la Parole, il en découle petit à petit une même pensée.
La communion avec Dieu implique que nous gardions ses commandements (1 Jean 2:3) ; la communion avec Christ, que nous marchions comme lui a marché (v. 6) ; la communion avec nos frères dans la lumière se manifeste par l’amour, en ayant ensemble un même but : glorifier et servir le Seigneur dans une même pensée (Phil. 2:2 ; 3:16).
L’amitié dans le Seigneur est une merveilleuse expérience. Elle ne se borne pas au fait que l’un donne et l’autre reçoive, l’un enseigne et l’autre écoute ; mais les deux donnent et reçoivent, les deux s’entretiennent, les deux courent ensemble, les deux parlent l’un à l’autre des choses que le Seigneur a rendues précieuses à leur cœur. À deux ou à quelques-uns, prier ensemble comme Daniel et ses amis ; s’encourager l’un l’autre comme David et Jonathan ; s’édifier l’un l’autre chacun en particulier selon 1 Thessaloniciens 5:11 ; étudier la Parole ensemble… même en vacances !
« Le fer s’aiguise par le fer, et un homme ranime le visage de son ami » (Prov. 27:17). Encouragement et stimulation mutuels entre ceux qui, ensemble, aiment le Seigneur. Fidélité aussi : « l’ami aime en tout temps » ; même les blessures qu’il fait sont fidèles (Prov. 27:6) : « La douceur d’un ami est le fruit d’un conseil qui vient du cœur » (v. 9).
Partager ce que le Seigneur nous a donné ; regarder ensemble vers un même but ; aller d’un même pas à la maison de la prière, comme Pierre et Jean en Actes 3:1. Les disciples, admonestés par les sacrificateurs, reviennent « vers les leurs », partagent avec eux leurs craintes ; tous ensemble ils prient (Actes 4:23-24).
« Redressez les mains lassées et les genoux défaillants », nous dit Hébreux 12:12. Il y a des brebis malades, fatiguées, dans le troupeau du Seigneur ; d’autres pourraient s’égarer : l’admonestation seule ne les ramènera guère, mais : « Faites des sentiers droits à vos pieds, afin que ce qui est boiteux ne se dévoie pas, mais plutôt se guérisse ». Exemple d’attachement au Seigneur qui, dans l’exercice de la communion fraternelle, sera en aide aux autres. Ne pas abandonner non plus « le rassemblement de nous-mêmes comme quelques-uns ont l’habitude de faire », (les bancs vides n’ont jamais facilité la communion !) mais nous exhorter l’un l’autre et nous « exciter à l’amour et aux bonnes œuvres » (Héb. 10:24-25).
Cette communion fraternelle rencontre bien des obstacles
que l’ennemi est prompt à susciter.
« Si nous marchons dans la lumière… nous avons communion les uns avec les autres » (1 Jean 1:7), d’où il découle que si nous ne marchons pas dans la lumière, la communion est interrompue. On s’est irrité contre son frère (Matt. 5:22) ; on en est jaloux ; on en a médit, si même on ne l’a pas calomnié : un fossé se creuse. 1 Pierre 2, qui nous conduit à offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu, y met comme condition préalable de « rejeter… toutes médisances ».
Si un fossé s’est ainsi creusé entre frères, laisserons-nous les choses en l’état ? — Tout d’abord, si l’on se croit lésé, ne pas insister sur ses droits, ni imiter l’esclave auquel le Maître avait remis une dette de dix mille talents et qui étranglait son frère qui lui devait cent deniers, sans avoir « pitié de celui qui est esclave avec lui » (Matt. 18:28, 33). Si le cas le demande vraiment, prendre l’initiative d’aller voir son frère qui a péché contre nous, pour tâcher de le convaincre et de le gagner (Matt. 18:15). Si, au contraire, on se rend compte d’avoir soi-même mal agi envers son frère qui a ainsi « quelque chose contre nous », la Parole nous dit : « Va (toujours prendre l’initiative !), réconcilie-toi avec ton frère ; et alors viens et offre ton don » (Matt. 5:24).
Jacques 5:16 nous engage aussi à confesser nos fautes l’un à l’autre (confession réciproque et non unilatérale, qui implique une discrétion totale), et surtout à « prier l’un pour l’autre, en sorte que nous soyons guéris ». Que de « guérisons » seraient produites dans les familles, dans les relations privées, comme aussi dans les relations collectives dans les rassemblements, si l’on mettait cette exhortation en pratique !
Jean insiste à son tour là-dessus : « Si quelqu’un voit son frère pécher… il demandera pour lui » (1 Jean 5:16). Ne pas s’empresser d’aller raconter à d’autres le mal constaté, mais en faire un sujet de prière pour que Dieu intervienne.
Par-dessus tout, supporter et pardonner, et éviter les contestations entre frères (Gen. 13:8). À la fin d’une longue vie, un conducteur, qui avait beaucoup travaillé pour le Seigneur, laissait dans une lettre d’adieu à ses frères le verset suivant : « Vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même » (Col. 3:13). Support des caractères difficiles ; pardon des offenses personnelles ; patience envers tous !
Comme nous l’avons vu, l’apôtre exhorte, en conclusion du long chapitre qu’il écrit aux Corinthiens sur le mariage, à s’unir « dans le Seigneur » (1 Cor. 7:39). Ceci exclut toute union d’un croyant avec un incrédule.
De plus, comment jouir ensemble de la communion si l’on ne peut marcher dans le même sentier, « étant ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues » (1 Pierre 3:7) ?
Le but d’un vrai mariage chrétien n’est-il pas de vivre ensemble pour le Seigneur Jésus dans un même sentier, ayant les mêmes pensées, pouvant adorer ensemble, et servir ensemble chacun dans son cadre ; prier l’un pour l’autre, et ensemble L’attendre.
Souffrir à deux lorsque dans l’ombre
La lueur d’un espoir s’éteint,
Et dans la nuit lugubre et sombre,
Ensemble attendre le matin…
Attendre en paix le divin Maître,
Les yeux fixés sur l’Au-delà ;
Puis un jour, le voyant paraître,
Ensemble dire : Le voilà !
M. T.
L’apôtre insiste aussi sur « l’honneur » à porter à sa
femme, ce respect, cette courtoisie
de tous les jours dans la vie
conjugale. Elle est un vase plus faible qui demande considération
. Être
ensemble implique concorde
; prier ensemble : communion
.
« Demeurez avec elle selon la connaissance », ajoute l’apôtre, une connaissance
de la complexité du caractère féminin dans ses besoins affectifs et spirituels.
« Il la nourrit et la chérit », dit Éphésiens 5:29 : le mari est
responsable des besoins matériels du foyer, (quoique selon le cas l’épouse
puisse aussi y contribuer !), et surtout de ses besoins spirituels :
il apportera la nourriture des âmes dans le cadre de la famille.
Bel exemple d’Aquilas et Priscilla, unis dans l’hospitalité, dans l’œuvre du Seigneur, dans l’enseignement donné à domicile à ceux qui avaient besoin de faire des progrès dans la vérité, dans le service envers l’assemblée qui se réunissait dans leur maison ; ensemble ils avaient « exposé leur propre cou » en faveur de l’apôtre.
Le rassemblement au nom du Seigneur (zu meinem Namen hin ; to my name) a pour centre sa personne même et sa présence selon Matthieu 18:20. Il n’est pas la congrégation de personnes qui sont d’accord entre elles sur un certain nombre d’idées ou de doctrines. Mais chacune d’elles, enfant de Dieu par la foi, membre du corps de Christ par le Saint Esprit, attirée par le Nom et la personne du Seigneur, se retrouve en tant que tel autour de lui, comme faisant partie de son assemblée, de son église, même si tous ceux qui la composent ne sont pas présents. Il ne saurait y avoir d’occasion de communion avec le Seigneur, et de communion fraternelle, plus profonde.
Cette communion se traduit dans l’adoration en commun, dans la prière (Matt. 18:19), et dans le rassemblement pour l’édification basée sur la Parole de Dieu, quelle qu’en soit la forme (1 Cor. 14).
La louange en commun a pour base la déclaration du Seigneur ressuscité : « Je te louerai au milieu de la congrégation » (Ps. 22:22). La communion s’y réalise selon Romains 15:6 : « Que, d’un commun accord, d’une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ».
Ceux qui prient ensemble ne se sont pas « mis d’accord » sur tel ou tel sujet de prière, mais selon Matthieu 18:19, ils « sont d’accord », accord produit par le Saint Esprit (le verbe traduit par « sont d’accord » a donné en français le mot « symphonie »).
Dans la réunion de l’assemblée pour être nourrie, 1 Corinthiens 14 insiste que tout se fasse « pour l’édification », dans la dépendance du Saint Esprit, qui se sert de l’un ou de l’autre pour exprimer ce que le Seigneur veut donner pour le bien des siens, « afin que tous apprennent et que tous soient exhortés » (v. 31).
Éphésiens 4:12 souligne que les dons conférés par le Seigneur ont pour but « le perfectionnement des saints, l’œuvre du service, l’édification du corps de Christ ». Il faut reconnaître la diversité des dons de grâce ; ils ne se limitent certes pas au ministère de la Parole, et s’étendent jusqu’aux « aides » et à « l’exercice de la miséricorde » (Rom. 12:8). Deutéronome 19:14 enjoint de ne pas « reculer les bornes de son prochain » ; chacun a sa portion d’héritage ; chacun a reçu quelque don de grâce ; reculer la borne pour élargir son héritage, c’est empiéter sur celui d’autrui, ce serait restreindre le don des autres pour mieux faire valoir le sien ! (voir aussi 2 Cor. 10:13-16.)
La communion, dans le cadre du « corps de Christ », se traduit, entre autres, par « un égal soin les uns des autres » (1 Cor. 12:25). Ces soins les uns pour les autres incombent autant aux sœurs qu’aux frères ; ils se traduiront de manières très diverses, selon que chacun sera conduit par le Seigneur et aura à cœur de répondre à sa pensée ; ainsi dans une heureuse communion, tous en bénéficient.
La soumission les uns aux autres, dans la crainte du Christ
(Éph. 5:21), empêchera quiconque d’imposer sa propre pensée et amènera, dans
une recherche patiente de communion, à considérer les pensées de ses frères,
tout en étant ensemble soumis au Seigneur et se sentant devant lui, en sa
présence, afin de discerner sa pensée à lui.
L’intercession réciproque, selon Jacques 5:16, ou pour un frère qui a manqué, selon 1 Jean 5:16 (voir aussi Genèse 18:22-33), contribuera à rétablir et à maintenir la communion collective.
Mais par-dessus tout, comme dans les relations privées, support et pardon s’imposent : tout le service pastoral en découle : « Avertissez les déréglés, consolez ceux qui sont découragés, venez en aide aux faibles, usez de patience envers tous » (1 Thess. 5:14).
La cène du Seigneur reste l’expression suprême de la communion, communion du corps et du sang du Christ (1 Cor. 10:16), et communion les uns avec les autres : en participant tous à un seul et même pain, nous exprimons que nous formons avec tous les rachetés du Seigneur un seul corps (v. 17).
Mais l’ennemi ne manquera pas de susciter des obstacles
—
tout pratiques — à un tel rassemblement.
La Parole insiste beaucoup sur le danger de l’orgueil
spirituel
. Pas seulement celui d’un Diotrèphe « qui aime à être le
premier parmi eux », mais aussi cet esprit de domination qui peut si
facilement se glisser parmi ceux qui, d’autre part, ont été qualifiés pour le
ministère ou le service dans le rassemblement (1 Pierre 5:3, etc.). La
prétention d’en savoir plus que d’autres, la satisfaction de soi, fait dire à
Laodicée : « Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n’ai besoin de
rien » (c’est une tout autre attitude d’apprécier avec reconnaissance et
humilité tout ce que le Seigneur a pu nous faire saisir des vérités de sa
Parole, et de s’efforcer, par sa grâce, de les mettre en pratique).
Un autre obstacle à la communion est, selon Malachie 3:8 à 10,
de « ne pas apporter les dîmes
». La dîme matérielle pour
l’entretien des Lévites se traduit aujourd’hui par ce qu’Hébreux 13:16 appelle
« faire part de vos biens », afin, selon Galates 6:6, de faire
« participer à tous les biens temporels celui qui enseigne ». — Mais
l’exhortation va bien au-delà, et a toute sa portée dans le domaine spirituel.
Comment venir au culte avec des « corbeilles vides » (voir Deut.
26) ? Le frère qui exprime la louange de l’assemblée par la prière, ou l’indication
d’un cantique, n’a pas seulement lui-même à apporter les prémices ; tous
ceux qui sont réunis autour du Seigneur pour l’adoration veilleront à avoir des
cœurs qui aient été occupés de lui et aient ainsi quelque chose à présenter. Le
Saint Esprit saura certainement discerner ce qui est collectivement sur le cœur
de l’assemblée, et y faire donner expression par le frère dont il se servira
pour cela. Trois fois est répétée l’exhortation : « On ne paraîtra
pas à vide devant ma face » (Ex. 23:15, etc.).
Quant aux dons de grâce que le Seigneur peut avoir confiés,
l’apôtre est très clair : « Suivant que chacun
de vous a reçu
quelque don de grâce, employez-le
les uns pour les autres, comme bons
dispensateurs de la grâce variée de Dieu » (1 Pierre 4:10). Il en
résultera, non une mise en-avant de l’homme, mais « la gloire de Dieu par
Jésus Christ » (v. 11).
Si l’on n’apporte pas les dîmes, les serviteurs du Seigneur pourraient être dans le besoin (en Néhémie 13:10 sqq., les Lévites délaissés avaient fui chacun à son champ) ; et spirituellement parlant, il n’y aura pas de « nourriture dans ma maison » ; l’édification sera entravée.
Si la communion individuelle n’est pas cultivée avec le Seigneur et les uns avec les autres, comment la communion collective se réaliserait-elle dans le cadre du rassemblement ? D’où l’exhortation, déjà considérée, de veiller à « l’habitude » de l’abandonner ; perte pour le Seigneur, perte pour la communion collective, et pour soi-même.
L’ennemi, dans ses ruses, peut introduire le « levain » dans le rassemblement. Levain moral de 1 Corinthiens 5, « méchant » qu’il faut « ôter du milieu de vous-mêmes » ; levain doctrinal (Gal. 5:9), encore plus grave dans ses conséquences, dont la Parole nous montre dans divers passages comment, selon les cas, il faut se purifier et se séparer. Avant d’en arriver à cette extrémité, elle relève divers cas de « discipline paternelle » dont il importe d’user : en Galates 6:1, redresser celui qui s’est laissé surprendre par quelque faute ; en 1 Thessaloniciens 5:14, avertir les déréglés ; en 1 Timothée 5:20-21, dans le cas d’un ancien, fautif, le convaincre devant tous ; en Tite 1:11, « fermer la bouche aux vains discoureurs et séducteurs » ; « ne pas enseigner » en 1 Timothée 1:3 ; dans le cas de l’homme sectaire, ne le « rejeter » qu’après une première et une seconde admonestation (Tite 3:10).
Satan est le « loup qui ravit et disperse les brebis » (Jean 10:12). On ne lui échappe qu’en restant très près du Berger, et par conséquent d’autant plus près les uns des autres.
Les nombreuses exhortations de la Parole pour la marche chrétienne peuvent se résumer en quatre verbes : aimer, suivre, servir, attendre. L’amour de quelques femmes pour le Seigneur Jésus les avait amenées à la croix ; auparavant, en Galilée, elles « l’avaient suivi et l’avaient servi ». Le Seigneur lui-même a commencé à annoncer le « grand salut » ; ceux qui l’avaient entendu, marchaient sur ses traces, « Dieu rendant témoignage avec eux » (Héb. 2:3). Dans ce chemin nous sommes appelés à servir « en toute humilité » (Actes 20:19) ; « avec crainte » (Ps. 2:1) ; « avec joie » (Ps. 100) ; « de tout notre cœur » (1 Sam. 12:21) ; « en intégrité et en vérité » (Josué 24:14).
Aucun service pour le Seigneur n’est fructueux s’il ne découle d’une communion personnelle avec lui, qui le marque de son empreinte. Tout vrai serviteur reviendra sans cesse à la source, d’autant plus qu’il est appelé à donner davantage : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive… et des fleuves d’eau vive couleront de son ventre » (Jean 7:37-38).
Seul le sarment attaché au cep peut produire du fruit : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit ; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5). Sortant de sa réserve habituelle, Paul est amené à dire aux Corinthiens en parlant des apôtres qui eux aussi avaient été actifs dans l’œuvre du Seigneur : « J’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi » (1 Cor. 15:10). Cette grâce avait été la réponse de la bouche même de son Seigneur, qui n’exauçait pas la prière trois fois répétée pour que l’écharde fût retirée : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité ». Toute activité qui n’est pas le fruit de la vie intérieure tend à nous faire agir sans Christ, et à lui substituer le moi (J. N. D.).
Un appel individuel est à la base de tout service, un appel
venant du Seigneur, par les moyens qu’il choisit. « Ce n’est pas vous qui
m’avez choisi, mais c’est moi
qui vous ai choisis et qui vous ai
établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit
demeure » (Jean 15:16). En Ésaïe 6, après la vision de la gloire de
l’Éternel, Ésaïe est convaincu de son péché, ses lèvres sont purifiées ;
il peut alors répondre à la demande du Seigneur : « Qui enverrai-je,
et qui ira pour nous ? — Me voici, envoie-moi ».
Veillons à ne pas, pour imiter autrui, nous engager dans tel service parce que d’autres le font, ou parce que cela nous attire. Les bonnes œuvres sont « préparées à l’avance » afin que nous marchions en elles. Il nous incombe de les discerner, et de prendre conscience, sans fausse modestie, du service que le Seigneur nous confie ; il a du prix à ses yeux.
L’appel de Dieu n’est pas lié à la situation matérielle ou sociale, ni aux qualités naturelles (voir Gédéon, Amos, Jérémie), quoique le Seigneur puisse s’en servir (Matt. 25:15) : Pierre, habitué à jeter son filet dans la mer, devient pêcheur d’hommes ; le Seigneur n’appellera certainement pas à s’occuper d’enfants quelqu’un qui n’est pas doué pour cela. La première réaction à l’appel de Dieu est souvent la crainte, la défiance de soi. Tels un Moïse, un Jérémie, un Gédéon.
Le serviteur, appelé individuellement, est responsable aussi
personnellement, directement, envers son Maître : « Qui es-tu, toi
qui juges le domestique d’autrui ? Il se tient debout ou il tombe pour son
propre maître ; et il sera tenu debout, car le Seigneur est puissant pour
le tenir debout… Ainsi donc chacun de nous rendra compte pour lui-même à
Dieu » (Rom. 14:4, 12). En Marc 13:34, le Maître donne « à chacun son
ouvrage » pour le temps de son absence. Aussi, le serviteur a-t-il à
s’étudier « à se présenter approuvé à Dieu
» (2 Tim. 2:15).
Paul dit à Archippe : « Prends garde au service que tu
as reçu
dans le Seigneur afin que tu l’accomplisses » (Col. 4:17). Cette
responsabilité implique que le serviteur devra répondre un jour des talents qui
lui ont été confiés : « Longtemps après, le maître de ses esclaves
vient, et règle compte avec eux ».
L’appel et la responsabilité du serviteur sont individuels ;
toutefois la Parole nous montre très souvent une heureuse communion dans l’exercice
du service, qu’il s’agisse de porter l’évangile au près ou au loin, ou
d’enseigner et d’édifier, dans le particulier (1 Thess. 5:11), ou dans
l’assemblée, où plusieurs frères peuvent présenter la Parole (Actes 11:26 ;
15:32 ; 1 Cor. 14:29).
Les exemples abondent, surtout dans le Nouveau Testament. Le Seigneur envoie ses disciples deux à deux (Marc 6:7). Barnabas va chercher Saul à Tarse, et tous deux enseignent, dans l’assemblée, une grande multitude pendant un an tout entier. Ils vont ensemble porter aux anciens de Jérusalem les secours des disciples d’Antioche (Actes 11:25-30 ; 12:25). Plus tard l’Esprit Saint dit : « Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 11:25 ; 13:2) ; Barnabas accompagne ainsi Paul au cours de son premier voyage. Malgré le danger, ils entrent « ensemble » dans la synagogue d’Iconium (Actes 14:1). Lorsqu’ils se séparent, l’apôtre fait choix pour lui de Silas (15:40) ; plus tard, il « voulut » que Timothée aille avec lui (16:3).
Combien de frères ont été avec Paul dans son service itinérant (Actes 20:4-5), compagnons qu’il estimait et encourageait, les appelant « compagnons d’œuvre, compagnons d’armes, compagnons de services, mon associé ». Dans la majorité de ses épîtres, il s’adjoint l’un d’eux pour s’adresser à ses correspondants (sauf dans Romains, Galates, Éphésiens où l’autorité apostolique s’impose, et dans les épîtres personnelles). D’être à deux ou plusieurs implique aide et correction mutuelles. On apprend à apprécier le travail des autres, sans les critiquer, ou médire d’eux. Les services sont aussi complémentaires, vu la diversité des dons que le Seigneur accorde. Bien entendu, le Seigneur peut aussi envoyer un serviteur seul, tel Pierre, à quelques reprises, dans les Actes, ou Timothée à Éphèse (1 Tim. 1:3) ; tandis qu’en Macédoine, il allait avec Éraste (Actes 19:22), et à Philippes avec Épaphrodite ou peu après lui (Phil. 2:22, 23, 29).
L’Évangile de Jean nous donne un récit touchant de service accompli à deux pour le Seigneur lui-même. Pendant plus de trois ans, Nicodème avait pu méditer sur la nuit mémorable passée avec Jésus ; il se souvenait sans doute de la parole : « Il faut que le fils de l’homme soit élevé ». Il redoutait pourtant ses compatriotes (Jean 7:51-52) et ne se dévoilait pas. Par crainte des Juifs, Joseph d’Arimathée était lui aussi disciple en secret. Et voilà qu’au pied de la croix, tous deux, qui très probablement ignoraient que l’autre aussi aimait le Seigneur, se retrouvent pour un service commun. Nicodème apporte l’aloès et la myrrhe, types de l’amertume de la souffrance ; Joseph, qui a préparé le sépulcre, fournit les linges et le linceul ; les deux ensemble descendent le corps, l’enveloppent et le mettent dans ce tombeau où Jésus a été avec le riche dans sa mort.
Si, à bien des reprises, s’établit une communion bienvenue entre les serviteurs du Seigneur, il y a place aussi pour une communion tant de l’assemblée que de croyants individuels avec les serviteurs.
En Actes 13:2-3, on voit les conducteurs de l’assemblée d’Antioche prier et jeûner lors de l’appel de Barnabas et de Saul. Au retour de leur premier voyage, les deux réunissent toute l’assemblée pour raconter « toutes les choses que Dieu avait faites avec eux » (Actes 14:27). Ils font de même lors de leur montée à Jérusalem, causant une grande joie à tous les frères (Actes 15:3). À Jérusalem même, ils racontent « quels miracles et quels prodiges Dieu avait faits par leur moyen parmi les nations » (v. 12). Les assemblées s’associaient ainsi avec intérêt à l’œuvre que le Seigneur accomplissait au loin par le moyen de ses serviteurs. Par contre, l’assemblée n’est pas appelée à diriger, à télécommander les serviteurs. Il ne convient pas « d’enchaîner l’Esprit de Dieu » (J. N. D.).
Cette communion de l’assemblée pourra se manifester de bien des
manières. En Philippiens 1:5, Paul rappelle la part que ces croyants prenaient
à l’évangile « depuis le premier jour jusqu’à maintenant »,
c’est-à-dire dès leur conversion. Ils « combattaient ensemble
d’une
même âme » avec la foi de l’évangile (v. 27). Que de fois l’apôtre sollicite
les prières des assemblées pour son service. Pour prier avec intelligence, il
faut connaître les circonstances des serviteurs, nous associer à leurs
exercices et à leurs joies, comprendre la tension nerveuse que produit
l’ambiance dont ils peuvent être entourés, les interrogatoires policiers, les
investigations, les brimades ; se souvenir des ruses et des efforts de
Satan ; des épreuves aussi qui peuvent survenir dans des circonstances de
famille ; des dangers que les serviteurs courent. En Actes 12, toute
l’assemblée prie pour la libération de Pierre ; puis dans la nuit, ou très
tôt le matin, dans la maison de Marie, « plusieurs étaient assemblés et
priaient » (v. 12). Ce n’était pas toute l’assemblée, puisque Jacques et
les frères n’étaient pas là (v. 17). Et le Seigneur répond merveilleusement aux
prières de l’église et de ceux qui avaient eu à cœur de les poursuivre en
faveur de son apôtre.
Mais les serviteurs aussi prient pour les assemblées ; on en a l’exemple de Paul et des compagnons qu’il associe à sa prière, au début de beaucoup d’épîtres. Colossiens 1:9 et 4:12-13, montrent que Paul, Timothée et Épaphras joignaient leurs intercessions en faveur des Colossiens.
Quelle consolation Paul trouve, lorsque, las et découragé, après un long et pénible voyage, il s’approche de Rome où il avait tant souhaité venir, afin que « nous soyons consolés ensemble au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi, qui est dans l’autre » (Rom. 1:12). Un petit groupe de frères, a fait la longue marche depuis la Ville pour venir à sa rencontre au Forum d’Appius et aux Trois-Tavernes. Le prisonnier, enchaîné sans doute, avance lentement sur la route. Voilà qu’il aperçoit ceux qui l’accueillent. Quelle joie, quelle consolation ! « Et Paul, les voyant, rendit grâces à Dieu et prit courage » (Actes 28:15).
Jamais la muraille de Jérusalem ne se serait édifiée sans la collaboration et la communion de tous ceux qui y prirent part (Néhémie 3). Rappelant dans sa prière l’histoire de son peuple, Néhémie doit dire avec douleur : « Ils ne t’ont pas servi » (9:35). Quelle peine pour ce serviteur dévoué de constater lors de la construction de la muraille que certains « ne plièrent pas leur cou au service de leur Seigneur » (3:5).
Ceux qui craignent l’Éternel et parlent l’un à l’autre en Malachie 3:16 apprennent à discerner entre « celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas ».
Qu’en sera-t-il de nous ? Le Seigneur devrait-il dire, comme Job dans sa plainte : « J’ai appelé mon serviteur et il n’a pas répondu » ? (Job 19:16).
La communion avec le Père et avec le Seigneur Jésus doit être le but principal du croyant, car elle conditionne notre vie spirituelle tout entière. De cette communion procède une septuple bénédiction :
1. Notre marche, ainsi que notre service et notre témoignage pour le Seigneur, tirent d’elle leur force et leur fruit. « Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu’il ne demeure attaché au cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne demeuriez en moi » (Jean 15:4).
2. C’est la communion qui nous préserve des chutes et des erreurs quant à la marche et à la doctrine. En effet : « Si l’on a les yeux sur Christ, tout est facile : sa communion donne de la clarté et de la certitude » (J. N. D.).
3. La jouissance de la communion avec Christ nous maintient dans une vraie séparation du monde et de ses principes, car par elle nous réalisons pratiquement que nous ne sommes pas du monde, comme lui n’était pas du monde.
4. La communion nous garde dans la jouissance de l’amour, de la
paix et de la joie de Christ. « Demeurez dans mon amour
… Je vous
donne ma paix
… Que ma joie
soit en vous ».
5. La communion est la source la plus profonde du christianisme pratique, par l’intimité et la confiance dont, par elle, nous jouissons avec Christ : nous faisons tout avec Christ et pour Christ.
6. Elle est la condition de notre croissance spirituelle, car c’est d’elle que procède la connaissance de la volonté de Dieu et de la personne de Christ (Rom. 12:2 ; 2 Cor. 3:18).
7. En dirigeant nos affections sur Christ, la communion détache nos cœurs des choses visibles et les attache aux choses célestes, invisibles mais éternelles (2 Cor. 4:18).
Que le Seigneur nous accorde la grâce de réaliser, par la puissance du Saint Esprit, les conditions morales — vigilance, sanctification, jugement de nous-mêmes — qui nous permettront de jouir constamment de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ, et de posséder toutes les bénédictions qui en découlent.