André Georges
Table des matières :
3 - La Pâque — Ex. 12:1 à 13 ; Nom. 9:1 à 5 ; Lév. 23:5 ; Deut. 16:1 à 8
3.3 - La Pâque comme nourriture
4 - La fête des pains sans levain — Lév. 23:6 à 8 ; Nomb. 28:17 à 25 ; Deut. 16:3 à 4:8
4.2 - La marche de séparation du racheté
5 - La gerbe des prémices — Lév. 23:9 à 14 ; 1 Cor. 15:20
5.2 - La vie de résurrection du croyant
6 - La Pentecôte — Lév. 23:15 à 22 ; Nomb. 28:26 à 31 ; Deut. 16:9 à 12
7 - La fête des trompettes — Lév. 23:23 à 25
8 - Le jour des propitiations — Lév. 23:26 à 32 ; Lév. 16
8.2 - Les souffrances de Christ
9.1 - Quelle était l’ordonnance de la fête pour les Israélites ?
9.2 - Le huitième jour, le grand jour de la fête
9.3 - La fête des Tabernacles à travers les âges
9.4 - Le huitième jour, avant-goût du ciel
10 - Conclusion — Nombres 28 à 29
Les fêtes de l’Éternel,
telles que nous les présente Lévitique 23, étaient des « jours solennels »,
c’est-à-dire des temps fixés pour s’approcher
de Dieu, et présenter des sacrifices (v. 37). Dans la pensée divine, ce
n’étaient pas les fêtes du peuple, mais « mes » jours solennels, mis à part pour
Dieu et pour sa gloire. Lorsque la tradition et les rites leur auront ôté leur
vrai caractère au point que le Seigneur Jésus lui-même en sera exclu, elles
deviendront « les fêtes des Juifs » (Jean 5:1 ; 7:2).
Indépendamment de leur valeur historique comme ayant été célébrées effectivement en Israël, ces fêtes ont une signification typique et une portée prophétique. Nous ne ferons qu’effleurer celle-ci pour nous attacher à leur application à la vie chrétienne. D’ailleurs les voies de Dieu sont les mêmes, qu’il s’agisse de son peuple terrestre, de son peuple céleste ou du racheté individuellement. Le chrétien n’a plus à célébrer de fêtes rituelles (Col. 2:16, Gal. 4:10), mais celles de Lévitique 23 peuvent se considérer sous l’angle d’autant d’expériences spirituelles que le racheté est appelé à connaître plus d’une fois peut-être dans sa carrière.
Le sabbat
est mentionné à la
tête des jours solennels (Lév. 23:2 à 3) sans faire à proprement parler partie
des sept fêtes (v. 4). La première pensée de Dieu, c’est le repos (Gen. 2:2 à
3), non pas l’inactivité, mais la satisfaction profonde qu’il éprouve dans
l’accomplissement de son oeuvre. Dieu désire faire entrer les siens dans ce repos ;
mais pour jouir du repos en commun, il ne faut pas une seule pensée que l’on ne
puisse partager ensemble (J.N.D.). Première pensée de Dieu, le repos est de
fait la dernière en résultat, but et aboutissement de toutes ses voies. Il faut
tout le cycle spirituel des sept fêtes pour que son peuple soit amené dans son
propre repos, non plus un repos de création, mais le repos de la rédemption,
dans toute la satisfaction que Dieu a trouvée dans la personne et l’œuvre de
son Fils bien-aimé. Repos de l’église et du racheté lui-même dans le
ciel ; repos d’Israël sur la terre pendant le Millénium ; repos de la
création qui jouira de la liberté de la gloire des enfants de Dieu (Rom. 8:21).
Le péché a rendu impossible
la jouissance de ce repos pour l’homme sans la rédemption, d’où la nécessité de
la première fête, la Pâque,
fondement
de toutes les autres. Dieu a trouvé son repos absolu dans l’œuvre de Christ.
C’est lui qui voit le sang de l’agneau sur les montants et le linteau de la
porte. Pour nous, la base de tout repos est que Dieu apprécie l’œuvre de
Christ. Sans doute en faut-il l’appropriation personnelle pour être
sauvé ; chaque famille devait choisir un agneau, le tenir en garde,
l’égorger, en mettre le sang sur les portes, ayant foi en la promesse faite à
Moïse, qu’ainsi l’aîné serait épargné du jugement ; c’est le côté de
l’homme. Mais le fondement de tout repos, c’est que Dieu
a trouvé toute sa satisfaction dans l’oeuvre de la croix.
L’agneau de la Pâque devient la nourriture de la famille qui dans la maison est à l’abri de son sang. La Pâque elle-même deviendra le mémorial célébré chaque année en souvenir de la merveilleuse délivrance opérée une fois pour toutes ; ainsi en est-il de la cène pour le chrétien. La Pâque anticipait la croix ; la cène la commémore.
À la Pâque se liait
intimement la fête des pains sans levain
, qui durait sept jours. Dans la
Pâque elle-même, on trouve déjà les pains sans levain ; seul le Seigneur
Jésus a été sans levain, sans aucun péché ; le racheté, à l’abri du sang,
se nourrit de lui, Agneau de Dieu offert en sacrifice, mais aussi homme parfait
qui a pleinement glorifié Dieu dans la séparation absolue de tout mal. Mais de
plus, uni à Christ, le croyant est appelé à réaliser dans sa marche pratique,
tout le long de sa vie, cette séparation du mal si parfaitement manifestée en
Lui. De fait, la Pâque et les pains sans levain ne formaient qu’une fête (Luc
22:1). On ne peut pas dire : « J’ai cru au Seigneur Jésus, je suis sauvé »,
— et marcher comme les gens du monde !
La troisième fête, la gerbe des prémices
, ne pouvait se célébrer que « dans le
pays » (v. 10). L’Égypte nous parle du monde d’où le peuple de Dieu est
tiré ; le désert est ce que le monde est devenu pour le croyant :
lieu de combats et d’épreuves, mais aussi d’expériences nombreuses de la grâce
divine. Pour entrer dans le pays, dans la plénitude des bénédictions que nous
avons en Christ, il faut traverser le Jourdain, c’est-à-dire réaliser la mort
et la résurrection avec Lui. À la moisson, il fallait prendre du champ une première
gerbe pour la présenter à l’Éternel le lendemain du sabbat (v. 11). Type
frappant de Christ ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui sont
endormis (1 Cor. 15:20). Unis à un Christ ressuscité, nous sommes appelés à
marcher en nouveauté de vie. C’est le côté positif de la vie chrétienne.
Cinquante jours plus tard
venait la fête de la Pentecôte
, où une offrande nouvelle était
présentée à l’Éternel, le lendemain du septième sabbat. Ce premier jour d’une
nouvelle semaine nous parle de la descente du Saint Esprit (Act. 2), puissance
de la marche du croyant.
Une longue période s’écoulait
sans fête jusqu’au septième mois. N’en est-il pas souvent ainsi dans la vie
chrétienne ? On a été amené au Seigneur Jésus ; on a réalisé dans une
mesure la marche de séparation dans la joie d’une vie nouvelle conduite par le
Saint Esprit. Puis petit à petit ces choses, pourtant appréciées, ont perdu de
leur attrait ; on les a un peu négligées et insensiblement on s’est
peut-être endormi. Il faut que Dieu réveille. Au septième mois, le premier jour
du mois, le son des trompettes annonçait la fête de la Jubilation.
Par une action puissante de sa parole, par une épreuve
ou d’autres moyens encore, Dieu veut amener l’âme à une communion plus profonde
avec lui.
Mais si la grâce ramène et
restaure, cela ne peut avoir lieu sans un travail de conscience, dont nous
parle le jour des propitiations
(v. 27). Il faut être amené, dans la
mesure où nous le pouvons, à une appréciation beaucoup plus profonde, du péché
aux yeux de Dieu, des souffrances de Christ pour l’expier, et enfin, de la
valeur de son sang présenté dans le sanctuaire. L’âme s’en remet alors à Dieu,
en se reposant entièrement sur le sacrifice accompli depuis longtemps.
Peu de jours après
l’affliction de la fête des propitiations, venait la joie de celle des Tabernacles.
Joie et communion du
croyant demeurant en Christ. Joie et bénédiction d’Israël sous le sceptre du
Messie. Mais aussi, dans le huitième jour de la fête, avant-goût du ciel et
joie éternelle de tous les rachetés.
À toutes les fêtes étaient
liés des sacrifices, tout particulièrement des holocaustes, comme nous le
trouvons en Nombres 28 et 29, pour la plupart des jours solennels. Aucun
progrès spirituel réel ne peut être produit en dehors du sentiment que Christ
s’est offert à Dieu, qu’il a pleinement accompli Sa volonté, qu’il a cherché en
tout Sa gloire. Sans doute apprécions-nous ce qui a été fait pour nous, mais il
faut aller plus loin et plus profond pour saisir le culte dû à Dieu par les
rachetés qui bénéficient de ce que les fêtes représentent : « Vous prendrez
garde à me
présenter, au temps fixé, mon
offrande, mon
pain, pour mes
sacrifices par feu, qui me
sont une odeur agréable » (Nomb.
28:2).
Enfin Deutéronome 16 rappelle
les trois grandes fêtes, Pâque et pains sans levain, Pentecôte, Tabernacles. Ce
chapitre, donné en vue du temps où Israël serait « dans le pays », souligne le
rassemblement du peuple au lieu où l’Éternel mettrait la mémoire de son nom. La
Pâque était marquée par l’affliction ; la Pentecôte par la joie partagée
avec d’autres ; les Tabernacles par la joie complète : « Tu ne seras
que joyeux ». On s’approchait de Dieu et paraissait devant sa face, non pour
acquérir une bénédiction ou s’en faire un mérite, mais selon
la bénédiction reçue, pour rendre grâces et non pour obtenir.
Au cours de la longue histoire d’Israël, les fêtes ont été souvent oubliées, négligées, mal observées ; mais l’Esprit de Dieu se plaît à souligner les occasions où la Pâque ou la fête des Tabernacles ont été célébrées selon l’ordonnance, dans la joie d’une communion retrouvée avec l’Éternel. N’en est-il pas ainsi souvent dans notre vie ? Et s’il y a des moments particuliers où Dieu veut nous parler, restaurer nos âmes, leur faire faire des progrès spirituels, sachons écouter, nous humilier devant lui et, dans la contemplation de Christ et de son oeuvre, nous « appliquer à entrer dans le repos », qui nous a été acquis à si grand prix.
Dieu veut rassembler un peuple autour de lui dans le repos pour raconter Sa louange (És. 43:21) ; tout doit donc être mis au point pour que ce soit possible, non seulement en grâce, mais en justice, car Dieu est lumière autant qu’amour. C’est ce dont, en type, la Pâque va poser le fondement.
« Ce mois-ci sera pour vous le commencement des mois ». Quelque chose de tout nouveau allait être inauguré ; pour Dieu, ce qui avait précédé ne comptait pas. L’année civile continuerait à suivre son cours, mais une nouvelle année s’ouvrait, marquée par des relations avec Dieu sur une tout autre base. N’en est-il pas ainsi pour nous de la conversion et de la nouvelle naissance ? On peut être amené au Seigneur à douze ans, à vingt ans, à soixante ans, mais pour Dieu compteront seulement les années de la vie nouvelle : « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17).
Nous allons considérer quatre aspects de la Pâque :
a) le côté de Dieu, b) le côté du racheté, c) la Pâque comme nourriture, d) la Pâque comme mémorial.
Le péché a détruit tout repos pour l’homme et depuis la chute, comme le dit le Seigneur Jésus : mon Père travaille et moi je travaille. Pas de repos sans la rédemption, sans la Pâque, figure de l’œuvre parfaitement accomplie à la croix.
Dieu avait par devers lui son agneau : agneau préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté au temps propre ; c’est pourquoi Exode 12 ne parle jamais de plusieurs agneaux, alors que chaque famille devait en égorger un. Pour Dieu, il y a un seul Agneau : son Fils bien-aimé.
L’agneau devait être pendant quatre jours mis en garde, et ainsi prouvé sans défaut. Tenté en toutes choses comme nous à part le péché, le Seigneur Jésus n’a manifesté pendant sa carrière ici-bas que la perfection ; les quatre évangiles nous en rendent témoignage.
Même un agneau parfait, devenu objet d’affection pour ceux qui vivaient avec lui, ne pouvait les sauver : « C’est le sang qui fait propitiation pour l’âme » (Lév. 17:11). Cet agneau que l’on avait appris à aimer, il fallait l’égorger, plonger un bouquet d’hysope dans son sang et en asperger le linteau et les deux montants de la porte. Avec quelle anxiété le fils aîné devait suivre les gestes du chef de maison pour être bien sûr que tout était fait selon l’ordonnance divine et qu’ainsi, et ainsi seulement, il échapperait à la mort !
Mais
nous ne sommes pas appelés à apprécier le sang, c’est Dieu qui le fait : « Je
verrai le sang et je passerai par-dessus vous… L’Éternel verra le sang et il
ne permettra pas au destructeur d’entrer dans vos maisons pour frapper ». De
fait, quel sang l’Éternel voyait-il ? Non pas celui de l’agneau immolé ce
soir-là dans chaque famille d’Israël — sang qui ne pouvait ôter les péchés,
mais celui de son Fils bien-aimé qui coulerait à la croix du Calvaire.
La justice de Dieu devait frapper les Égyptiens qui rejetaient sa parole et ses oeuvres. Mais la justice de Dieu devait aussi épargner toute maison sur laquelle le sang de l’agneau avait été placé ; il n’aurait pas été juste de frapper, là où une victime avait déjà été immolée. Non seulement Dieu est amour en pardonnant, non seulement nous sommes sauvés par la grâce ; mais Dieu est juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus (Rom. 3:26) ; nous sommes sauvés par la grâce et sur le pied de la justice.
Pierre ajoutera : « Vous avez été rachetés… par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache ». Précieux non pas tellement pour nous, si vrai que ce soit, mais précieux avant tout pour Dieu qui seul peut estimer la valeur de ce sacrifice dans lequel il a trouvé tout son repos.
Dieu a tout fait, et c’est
lui qui a donné l’agneau ; il n’en reste pas moins que tout homme, pour
être sauvé, doit s’approprier personnellement l’œuvre de Christ : « Vous
prendrez chacun
un agneau ». Prendre
l’agneau, le tenir en garde, l’immoler, mettre son sang sur les portes et
rester ensuite à l’intérieur de la maison, était la responsabilité de la
famille. La sécurité
du fils
aîné venait du sang placé à l’extérieur ; ses sentiments n’y pouvaient
rien changer ; mais la certitude
d’être
épargné du jugement, venait de la foi en la parole de l’Éternel par Moïse. Bien
des âmes aujourd’hui sont en sécurité lorsqu’elles acceptent la mort du
Seigneur Jésus pour elles, mais restent dans la crainte tant qu’elles n’ont pas
mis toute leur foi en la parole de Dieu qui déclare avec la plus grande
netteté : « Qui croit au Fils a
la
vie éternelle… Celui qui entend ma parole et qui croit Celui qui m’a envoyé,
a la vie éternelle et ne vient pas en jugement ; mais il est passé de la
mort à la vie ». L’assurance du salut, la paix, viennent de la foi en la parole
de Dieu ; la sécurité éternelle de nos âmes est fondée sur l’œuvre de
Christ à la croix.
« Tout premier-né… est à
moi » (Ex. 13:2). Christ est mort pour tous afin que ceux qui vivent ne vivent
plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort » (2 Cor. 5:15). Une
vie nouvelle
a commencé pour le
racheté à la croix ; il est heureux d’être sauvé, lavé, purifié,
justifié ; qu’il n’oublie pas qu’il n’appartient plus à lui-même, mais à
Celui qui l’a acquis à si grand prix.
Dans une famille sur laquelle planait la mort, l’agneau a été introduit ; tout a changé, c’est maintenant la sécurité et la paix. Dans la nuit où passe le destructeur, on se nourrit de la victime rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères.
Sept fois dans l’institution de la Pâque (Ex. 12:1 à 11) il est parlé de « manger ». Croire au Seigneur Jésus n’est pas une simple adhésion intellectuelle à ce que la Parole nous dit de lui, ni une formule magique que l’on répète, comme d’aucuns le prétendent. Après avoir dit : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle », le Seigneur Jésus ajoute : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes ». Il ne s’agissait certainement pas de manger et boire physiquement sa chair et son sang (« Les paroles que moi je vous ai dites sont esprit et sont vie »). Mais pour avoir la vie, il faut spirituellement, dans nos âmes, de tout notre être, nous approprier et ce corps donné et ce sang versé du Seigneur Jésus, qui seuls ôtent les péchés. Manger sa chair et boire son sang n’est pas un acte rituel ; comme les aliments que nous mangeons deviennent partie intégrante de notre corps et finalement le constituent, de même notre âme doit par la foi, par l’intelligence, par le coeur, saisir ce que signifie l’oeuvre de la croix et l’accepter tout entière. Action accomplie une fois pour toutes à la conversion (Jean 6:52, aoriste) pour avoir la vie, mais aussi action continue (v. 55, présent) afin de demeurer en Lui.
L’agneau ne devait pas être à demi cuit ou cuit dans l’eau, mais rôti au feu. Gédéon ne l’avait pas compris, qui apportait la chair dans un panier, et le bouillon dans un pot. Que fait l’Ange de l’Éternel ? (Juges 6:20) « Prends la chair et les pains sans levain, et pose-les sur ce rocher-là, et verse le bouillon… et le feu monta du rocher et consuma la chair et les pains sans levain ». Christ a dû passer sous tout le jugement de Dieu. Rien ne lui a été épargné. « Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi ». La tête, et les jambes, et l’intérieur, tout devait subir le feu : intelligence, marche, sentiments intimes, les perfections de Christ en brillaient d’autant plus.
Les herbes amères accompagnaient le repas, avec les pains sans levain, pains d’affliction en Deutéronome 16. À la joie du salut se mêle le sentiment amer de ce que nos péchés ont coûté au Seigneur Jésus :
Oh ! comme ils ont pesé sur toi,
Seul, dans cette heure sombre,
L’abandon, l’angoisse et l’effroi
De nos péchés sans nombre !
Chacun avait part à l’agneau ; il y en avait assez pour tous, une portion complète pour chacun. Personne ne pouvait dire que sa part n’avait pas été prévue. Et pourtant plus tard, dans la parabole de Luc 15, le fils aîné refusera d’entrer et de participer au festin préparé par l’amour du père.
Quiconque aurait pénétré cette nuit-là dans la demeure d’un Israélite, aurait constaté que la famille était prête à partir ; ils étaient destinés à quitter l’Égypte, reins ceints, sandales aux pieds, bâton en main. Tout racheté du Seigneur Jésus est devenu, dans ce monde, un étranger dont la patrie est ailleurs. « C’est le trésor que j’ai trouvé dans son amour qui a fait de moi un pèlerin ici-bas » (J.N.D.).
Chaque famille ne mangeait
pas un
agneau, mais tous avaient part
à l’agneau, « dans les
maisons où ils le mangeront » (v. 7). L’unité
du peuple de Dieu s’exprime en ayant tous communion à un seul Agneau, devenu le
centre de ses affections et de son rassemblement.
La délivrance d’Égypte a été accomplie une fois pour toutes. La Pâque initiale ne devait pas être répétée ; jamais plus le sang ne serait mis sur les portes ; mais d’emblée l’Éternel avait déclaré : « Ce jour-là vous sera en mémorial… une fête à l’Éternel… un statut perpétuel ». D’année en année, la Pâque rappellerait au peuple qu’il était « sorti » d’Égypte (répété quatre fois en Deutéronome 16:1 à 8). D’année en année, le même agneau rôti au feu les rassemblerait et les ferait se souvenir du prix payé pour leur délivrance.
Nombres 9:1 à 14 nous montre
la Pâque comme mémorial au désert
. Au premier mois de la première année,
le peuple était sorti d’Égypte. Au premier jour du premier mois de la deuxième
année, le tabernacle avait été dressé, suivi de la dédicace de l’autel pendant
douze jours (Nomb. 7), les lampes du sanctuaire avaient été allumées, les
Lévites offerts. Pour la première fois, délivré du jugement de Dieu tombé sur
l’Égypte, et de la puissance du Pharaon dont la mer Rouge avait englouti
l’armée, le peuple, rassemblé autour du sanctuaire, allait célébrer le mémorial
de la Pâque.
Des hommes étaient
impurs ; exercés par leur état, ils avaient pourtant le désir de manger la
Pâque. En seraient-ils exclus ? La grâce allait y pourvoir. Purifiés selon
Nombres 19, ils pourraient célébrer la fête au deuxième mois. De même celui qui
serait en voyage au premier mois, figure d’un croyant qui s’est éloigné du
Seigneur, pourrait revenir sans tarder et au deuxième mois avoir part à
l’agneau. L’étranger même, qui désirait faire la Pâque, le pourrait à condition
d’être circoncis et de marquer ainsi son assimilation au peuple de Dieu. Par
contre, quel solennel jugement est prononcé sur « l’homme qui est pur et qui
n’est pas en voyage et qui s’abstient de faire la Pâque ». Il n’a pas présenté
l’offrande de l’Éternel
au temps
fixé : cet homme portera son péché. On ne prenait pas la Pâque pour
soi-même, mais pour Dieu, parce que Lui l’avait demandé.
Deutéronome 16:1 à 8, nous
donne les instructions pour le mémorial de la Pâque dans le pays.
L’accent est mis sur le lieu où l’Éternel aurait mis
la mémoire de son nom, seul endroit où la Pâque pouvait être célébrée. Josué
5:10 à 12, décrit la Pâque en Canaan, après la traversée du Jourdain et la
circoncision. Elle est accompagnée d’une nourriture nouvelle, vieux blé du pays
(Christ dans les conseils de Dieu), pains sans levain (perfection de sa marche)
et grain rôti (souvenir de ses souffrances). Quelle bénédiction d’être sortis
du monde, libres de tout esclavage et d’être entrés dans la réalité des
bénédictions divines.
À travers les siècles, la Pâque a sans doute été célébrée bien des fois, quoique la Parole ne nous en rapporte en tout que sept occasions, entre autres celles d’Ézéchias, (2 Chron. 30), et de Josias (2 Chron. 35), où l’énergie de la foi d’un homme amène un réveil, un retour à la Parole et le désir de célébrer le mémorial.
Mais un jour devait venir où le sacrifice dont la Pâque n’était que l’ombre, devait s’accomplir. Dans la nuit où il fut livré, nous entendons la voix du Seigneur Jésus parlant au cœur de ses disciples : « J’ai fort désiré de manger cette Pâque avec vous avant que je souffre… » À la fin du souper, le Seigneur institue un autre mémorial : « Prenez, mangez ; ceci est mon corps… ceci est mon sang ». Pour le chrétien, la cène dominicale a remplacé la Pâque. Parlera-t-elle moins à nos coeurs ? Nous en tiendrons-nous éloignés alors que la voix du Seigneur répète : « Faites ceci en mémoire de moi » ? Ne voulons-nous pas redire avec le prophète : « Le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir » ? (Ésaie 26:8).
Jeunes pères de famille qui
participez au mémorial de la mort du Seigneur, vous entendrez un jour une voix
enfantine dire : « Que signifie pour vous
ce service ? » (Ex.
12:26). Et avec émotion, avec affection, vous aurez l’inoubliable occasion de
faire vibrer dans de jeunes cœurs quelque résonance pour Celui qui nous a aimés
jusqu’à la mort.
Dans toute l’Écriture, la fête des pains sans levain est intimement liée à la Pâque. On ne saurait « croire » au Seigneur Jésus, puis continuer à vivre comme auparavant : « Notre Pâque, Christ, a été sacrifiée : c’est pourquoi célébrons la fête… avec des pains sans levain de sincérité et de vérité ». Le croyant est appelé à montrer dans une vie de séparation du mal qu’il appartient à Christ. Non seulement la Pâque elle-même devait être mangée avec des pains sans levain, mais toute la semaine qui suivait, figure de toute la vie du racheté, le levain devait être banni des « limites » d’Israël : vie individuelle, famille, collectivité. Enfin si la Pâque se célébrait « au lieu que l’Éternel ton Dieu aura choisi pour y faire habiter son nom », la fête des pains sans levain était observée dans les maisons.
Nous pouvons considérer cette fête sous un double aspect :
a) Christ seul sans levain,
b) la marche de séparation du racheté.
C’est de lui en effet, de son humanité et de sa vie parfaite que nous parlent les pains sans levain. Paul nous dit : « Il n’a pas connu le péché » (2 Cor. 5:21) ; Pierre affirme : « Il n’a pas commis de péché » (1 Pi. 2:22) ; et Jean souligne : « Il n’y a point de péché en lui » (1 Jean 3:5). En lui, rien qui ne fût parfait, aucune apparence qui dépassât la réalité, rien non plus qui fût en deçà de la volonté de Dieu. Combien il importe de se nourrir d’un tel Christ. Sept fois dans l’institution de la fête, en Exode 12:15 à 20, il est répété de « manger ».
Mais cette vie parfaite ne saurait être dissociée de sa mort et de son dévouement entier à Dieu. C’est ce que nous montre Nombres 28:17 à 25, où chaque jour de la fête des pains sans levain, il fallait offrir un holocauste avec son offrande de gâteau, accompagné d’un sacrifice pour le péché.
En Christ, le croyant est sans levain (1 Cor. 5:7). Il s’agit de le montrer pratiquement ; non pas marcher de manière à devenir des saints, mais « … comme il convient à des saints ». Rendre évident que nous sommes réellement « sortis d’Égypte ».
1 Cor. 5:7 à 8, nous en donne le principe, soit pour la marche individuelle, soit pour celle de l’assemblée. Le levain sous ses diverses formes doit être ôté. Le « vieux levain » : ce qui enfle, élève l’homme, ce qui reste en nous de notre manière d’être d’avant la conversion. La vieille nature sera toujours en nous dans ce monde : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes » ; mais nous avons à veiller, par la puissance du Saint Esprit, pour que les fruits ne s’en manifestent pas.
Le « levain de malice », c’est en particulier tout le mal que nous pouvons dire des autres, influence délétère dans une assemblée, qui se répand vite, contamine toute la masse et fait un tort considérable. Le « levain de méchanceté », c’est le mal, le tort que nous faisons à autrui.
Dans les évangiles, le
Seigneur Jésus parle du « levain des pharisiens » : l’orgueil religieux,
individuel ou collectif (« Je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le
reste des hommes… »), aussi l’hypocrisie. Le « levain des saducéens » :
c’est l’incrédulité, le doute jeté sur la Parole de Dieu, le rationalisme :
ils ne croyaient ni à la résurrection, ni aux anges, ni aux esprits. Le « levain
des hérodiens » consistait à vouloir plaire au monde pour s’y développer et
acquérir la faveur des grands du jour. Combien un peu
de levain de ces divers genres a vite fait lever toute
la pâte, plus rapidement qu’on ne
le croit.
Aussi sommes-nous exhortés à maintes reprises par la Parole à nous « purifier nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit », à « mortifier nos membres qui sont sur la terre », à « renoncer à toutes ces choses : colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses ». Marcher dans le jugement de soi-même, c’est sans retard, lorsque nous nous rendons compte que la chair a produit ses fruits, regarder à Dieu, confesser nos fautes, et d’accord avec Lui contre nous-mêmes, retrouver ainsi la joie de sa communion.
Mais il ne s’agit pas d’être sans cesse occupé du mal, même pour le juger ; la ressource véritable, est de se tourner vers le bien, de chercher les choses qui sont en haut et de mettre sur elles nos affections. L’oisiveté est un grand danger pour le chrétien ; si nous avons du temps libre, prenons garde de ne pas laisser l’ennemi en profiter pour corrompre nos pensées ; recherchons la face du Seigneur, ne manquons pas d’étudier sa Parole et d’accomplir tel service qu’il placerait devant nous.
La fête des pains sans levain, appliquée à la marche pratique des rachetés, est en quelque sorte le côté négatif de la vie chrétienne. Se contenter du négatif conduit au légalisme : ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas, ne va pas, ne lis pas… La pensée de Dieu est au contraire de nous occuper du bien, de son Fils, de la lumière. C’est ce que nous trouverons dans la fête des prémices.
La Pâque et la fête des pains sans levain pouvaient être célébrées dans le désert ; pour apporter à l’Éternel la gerbe des prémices, il fallait être entré « dans le pays ». La Pâque était sacrifiée le soir, au coucher du soleil, et mangée la nuit. Au matin, tout était terminé (Deut. 16:6 à 7). La gerbe des prémices était apportée à l’Éternel le lendemain du sabbat, à l’aube d’une nouvelle semaine. Après avoir répété sept fois dans son évangile « le soir étant venu » et aboutir au tombeau, Marc nous parle de ce nouveau jour, premier de la semaine, quand, de fort grand matin comme le soleil se levait, les femmes qui cherchaient Jésus le crucifié, ont appris qu’il était ressuscité.
Première de la moisson, cette gerbe des prémices nous parle en effet de Christ ressuscité, prémices de ceux qui se sont endormis (1 Cor. 15:20). La gerbe était « tournoyée » » devant l’Éternel, comme pour en présenter tous les aspects ; quel moment magnifique quand Christ ressuscité a été élevé dans le ciel et est entré dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle. La gerbe était offerte à l’Éternel « pour que vous soyez agréés ». Il a été ressuscité pour notre justification. Pour le monde, le Nazaréen n’était qu’« un certain Jésus mort », mais pour Paul, il était « vivant ». Le grain de blé tombé en terre est mort, et maintenant il porte beaucoup de fruit.
La résurrection de Christ est une vérité centrale de l’évangile ; c’est la consécration de la défaite de l’ennemi ; la démonstration publique de la victoire déjà remportée à la croix (Col. 2:15).
L’offrande de la gerbe était accompagnée d’un holocauste avec son offrande de gâteau et, pour la première fois dans le Lévitique, d’une libation de vin, symbole de la joie qui accompagne la résurrection.
Deux choses devenaient possibles après la présentation de la gerbe : une nourriture nouvelle (Lév. 23:14) et la moisson (Deut. 16:9).
Jusqu’à ce que le peuple eût apporté l’offrande des prémices, il ne pouvait manger ni pain, ni grain rôti, ni grain en épi. Au jour même de la résurrection, Jésus s’approche des deux disciples d’Emmaüs et leur explique, dans toutes les écritures, les choses qui le regardent. Que de merveilles ont fait brûler leur coeur ce jour-là. Leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, un Christ qui avait souffert et allait entrer dans sa gloire. Le vieux blé du pays (Josué 5) nous parle de Christ dans les conseils de Dieu ; le pain, de son humanité parfaite, nourriture de nos âmes (Jean 6) ; le grain rôti, de ses souffrances (Lév. 2:14) ; le grain en épi, de sa résurrection.
Depuis l’offrande des
prémices, la moisson se poursuivait pendant sept semaines (Deut. 16:9). En Jean
4, Jésus appelle les disciples à lever les yeux pour considérer les campagnes
déjà blanches pour la moisson. Mais il fallait sa résurrection pour que, au
long des siècles, fussent amassées dans le grenier céleste, les gerbes pour
lesquelles il allait donner sa vie. Que manque-t-il à la moisson
aujourd’hui ? N’est-ce pas, comme déjà au temps du Seigneur… les ouvriers ?
Quelle part y prenons-nous ? Avons-nous su discerner dans quelle partie du
champ le Seigneur désire que nous travaillions ? Pourquoi tel frère âgé
qui visite les assemblées dans un pays difficile ne trouve-t-il pas de jeune
ami disposé à le conduire dans sa voiture ? Pourquoi manque-t-on de jeunes
frères ou de jeunes soeurs pour enseigner les enfants qui vont à l’école du
dimanche ou ceux du dehors ? Que de malades se réjouiraient d’entendre un
résumé ou de recevoir une reproduction écrite ou magnétique des réunions !
Que de rassemblements où l’on apprécierait une nourriture simple, venant du
coeur, dirigeant les âmes vers le Seigneur ! Puissent les jeunes frères
auxquels Dieu accorde cette grâce, avoir vraiment à coeur de parler de Jésus
(« Ésaie vit
Sa gloire — il avait autour de vingt ans sans doute — et
il parla de Lui »).
Romains 6:4-11 nous montre
comment, ayant été identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa mort, nous
le serons aussi dans la ressemblance de sa résurrection. Ainsi nous pouvons nous
tenir pour morts au péché (côté négatif), mais pour vivants à Dieu dans le
Christ Jésus, et marcher en nouveauté de vie (côté positif). Comment le
réaliser ? Non seulement en le sachant, ce qui est pourtant fondamental,
mais en nous livrant nous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant faits vivants
. Colossiens 3 précisera : « Si
donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en
haut, pensez aux choses qui sont en haut ».
Cette première gerbe prélevée
dans le champ pour être offerte à Dieu, nous rappelle aussi un principe
pratique essentiel de la Parole. Les prémices sont pour
Dieu. Il y a
trois manières de donner. On peut donner « le tout », et quelques-uns ont répondu
à un tel appel, soit quant à leur temps ou leurs biens matériels. On peut
donner « les restes ». C’est hélas ! ce que font plusieurs, tel celui qui
voulait premièrement ensevelir son père, tel autre qui désirait prendre tout
d’abord congé de ceux qui étaient dans sa maison. Mais on peut aussi donner à
Dieu « les prémices », faire pour lui la première part, et à cela se lient
beaucoup de promesses. Proverbes 3 : « Honore l’Éternel de tes biens et des
prémices de tout ton revenu ; et tes greniers se rempliront d’abondance ».
Matthieu 6 : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et
toutes ces choses vous seront données par-dessus ». 1 Rois 17 : « Fais-moi
premièrement un petit gâteau, et apporte-le-moi, et après tu en feras pour
toi… Le pot de farine ne s’épuisera pas et la cruche d’huile ne manquera
pas ».
Donnerons-nous au Seigneur seulement les bribes de notre temps, ou bien la meilleure part du jour ? L’heure matinale pour la prière et la lecture de la Parole ? Si nous avons peu de temps, prierons-nous d’abord, ou seulement si l’ouvrage nous en laisse le loisir ? Le jour du Seigneur, penserons-nous avant tout aux examens qui approchent, ou aux prémices qu’Il demande ? Lui donnerons-nous seulement le reste de notre vie dont les hommes ne veulent plus, ou aurons-nous à cœur de servir le Seigneur dès notre jeunesse ?
« Qu’en toutes choses, Il tienne Lui la première place ».
La Pentecôte est la fête centrale des sept, l’aboutissement des trois premières. En un sens, les fêtes auraient pu s’arrêter là si l’Esprit de Dieu n’avait eu en vue la restauration future d’Israël, typifiée par les trois dernières ; de même dans la vie du croyant, la restauration est parfois si nécessaire.
La Pentecôte, ou fête des semaines, était célébrée cinquante jours après la fête des prémices. On peut penser que la gerbe était présentée le lendemain du sabbat qui suivait la Pâque ; la Pentecôte avait donc lieu dans la première moitié du troisième mois (lunaire).
Cet intervalle de cinquante
jours est plein d’instructions pour nous. Entre sa résurrection, son ascension
et la descente du Saint Esprit, le Seigneur a préparé ses disciples pour ce
grand événement. Non que, pour le croyant qui a reçu le plein évangile, il
s’écoule un temps entre le moment où il a cru au Seigneur Jésus et celui où il
reçoit le Saint Esprit (Éph. 1:13) ; mais dans l’expérience spirituelle,
les enseignements du Seigneur aux disciples ont aussi toute leur portée pour
nous. Ils devaient apprendre à connaître un Christ ressuscité,
ce qui n’a pas été sans autre. Il les a nourris
à Emmaüs, puis au bord du lac de
Galilée. À deux reprises, le premier jour de la semaine, il s’est présenté
comme leur centre
de rassemblement.
Il les a constitués témoins
pour lui : la fin de chaque évangile et
le début des Actes, sous des formes différentes, répètent le même appel. Enfin
il a été élevé dans la gloire
et
dorénavant leurs pensées le chercheront en haut, leurs affections ne seront
plus orientées vers la terre, mais dirigées là où Christ est assis à la droite
de Dieu. Dans la chambre haute, réunis ensemble, ils persévéreront dans la prière
d’un commun accord. Telle est la
position chrétienne qui se rattache non à un Christ mort, ni même à un Christ
ressuscité, mais à un Christ élevé dans la gloire et qui va revenir.
Une offrande de gâteau nouvelle
devait être en ce jour
présentée à l’Éternel, non une offrande représentant Christ, mais deux pains
cuits avec du levain, figure de l’Église sur la terre, tirée d’entre les Juifs
et d’entre les nations. Le levain, quoique n’étant plus actif, subsiste dans
les pains ; en contrepartie est offert un sacrifice pour le péché, que
l’on ne trouve pas, et pour cause, lorsque la gerbe des prémices est tournoyée
devant l’Éternel. Le Saint Esprit n’ôte pas le péché en nous. Il est la puissance
qui nous affranchit de la loi du péché : « Marchez par l’Esprit, et vous
n’accomplirez point la convoitise de la chair ». La chair produit des oeuvres
(Galates 5:19), le Saint Esprit, un fruit.
Deutéronome 16:9 à 12 nous
montre en type les effets de la présence du Saint Esprit. Le premier est
l’apport à l’Éternel d’une offrande volontaire
,
donnée selon
la bénédiction reçue.
Que nous sommes loin de la loi ! Dieu n’est pas un despote obligeant ses
sujets à se prosterner devant lui ; il est un Père et cherche des
adorateurs qui, par Jésus, lui apportent volontairement de leur cœur, en
reconnaissance de toute la bénédiction reçue (et non pour l’obtenir), le fruit
des lèvres qui bénissent son nom. Puis vient la joie : tu te réjouiras
devant l’Éternel ton Dieu, joie partagée par la famille, par les serviteurs,
par le Lévite, par l’étranger, par l’orphelin et la veuve dans leur affliction.
Combien cette communion des saints par le Saint Esprit est soulignée dans les
Actes, où si souvent nous retrouvons la joie. Enfin, tu te souviendras que tu
as été serviteur : ne pas oublier d’où nous avons été tirés, mais être
conscients aussi que : « Tu n’es plus esclave, mais fils ». Le Saint Esprit
produira l’obéissance dans la soumission à la Parole : « Tu garderas et tu
pratiqueras ces statuts ».
Nous sommes frappés avant tout en Lévitique 23, par la large place qu’occupent les sacrifices offerts en relation avec l’offrande nouvelle des deux pains. Dans aucune autre fête de ce chapitre, il n’en est mentionné ainsi en détail. Nous retrouvons l’holocauste, l’offrande de gâteau, le sacrifice de prospérités, le sacrifice pour le péché, — tous ces divers aspects de l’œuvre de Christ que les premiers chapitres du Lévitique ont développés en type. Dans aucune économie, il n’y a eu et il n’y aura une appréciation de l’œuvre de Christ par les rachetés, telle qu’elle est accordée maintenant à l’Église sous l’action du Saint Esprit (Jean 4:23). Le culte chrétien est le plus élevé que des hommes puissent jamais rendre à Dieu sur la terre. Combien il importe qu’un tel culte soit rendu par l’Esprit, dans sa dépendance, et non selon nos propres pensées, sous l’impulsion des sentiments, ou simplement selon la tradition. Pour être vraiment la bouche de l’assemblée dans le culte, il ne faut pas que l’Esprit soit entravé, ou qu’il y ait des interdits sur notre conscience. Une large participation active de ceux qui sont venus apporter leur corbeille au sanctuaire (Deut. 26) est à sa place, dans la liberté de l’Esprit, mais aussi dans sa dépendance continuelle.
La Pentecôte est liée à la moisson ; en Exode 23:16, elle est la fête de la moisson des premiers fruits. Quel début magnifique de la moisson pour le Seigneur le jour où le Saint Esprit est venu et où trois mille âmes ont été amenées. Cette moisson ne se termine pas avec le rassemblement de l’Église : Tu n’achèveras pas de moissonner les coins de ton champ et tu ne glaneras pas la glanure de ta moisson. D’autres seront amenés : résidu d’Israël, foule innombrable de la grande tribulation, tous ceux qui de coeur reconnaîtront le Roi, et participeront aux bénédictions millénaires.
Relevons encore quelques-unes
des opérations du Saint Esprit dans l’économie actuelle. Dans Jean 14:26, il
rappellera toutes les choses que le Seigneur avait dites aux disciples :
ce sont les évangiles. En Jean 15:27, il rendra témoignage de lui, témoignage
que rendront aussi les disciples : voilà les Actes.
De son vivant sur la terre, le Seigneur Jésus n’avait pu
tout révéler aux siens ; ils ne pouvaient encore le supporter
(16:12) ; quand l’Esprit serait venu, il les conduirait donc dans toute la
vérité : les épîtres
viendraient
compléter la révélation des évangiles et non la contredire, comme on se plaît à
le dire aujourd’hui dans certains milieux. Puis « Il vous annoncera les choses
qui vont arriver » : parties prophétiques des épîtres et l’Apocalypse
. Par-dessus tout, « celui-là me
glorifiera, car il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera ».
L’Esprit nous révèle Christ dans toutes les écritures et le rend précieux à nos
cœurs.
En Romains 8, il affranchit ; sa pensée est la vie et la paix ; il est l’Esprit d’adoption qui nous donne la conscience de notre position de fils du Père ; il est celui qui intercède pour nous. Il habite dans le croyant individuellement, dont le corps est le temple du Saint Esprit. Il habite dans l’assemblée et c’est par lui qu’elle est constituée corps de Christ (1 Cor. 12:13). L’Esprit et l’épouse disent : Viens. Il sera avec vous éternellement, dit enfin le Seigneur : dans le ciel, il glorifiera encore Celui qui sera le centre de tous les cœurs.
En attendant ce jour bienheureux, nous sommes appelés à marcher par l’Esprit, à être conduits par l’Esprit, à vivre par l’Esprit (Galates 5), à prier par le Saint Esprit (Jude), à rendre culte par l’Esprit (Phil. 3). Combien il faut prendre garde de ne pas attrister cet Hôte divin (Éph. 4:30), ni l’éteindre (1 Thess. 5:19). Onction sur le plus jeune croyant (roi et sacrificateur), il l’enseigne (1 Jean 2:27). Arrhes de l’héritage, il nous en donne l’assurance et l’avant-goût (Éph. 1:14). Sceau, il marque le racheté comme propriété de son Maître (Éph. 1:13). C’est par la foi que nous le recevons (Gal. 3:2, 14), non en fonction de notre marche. Par contre, nous sommes exhortés à être remplis de l’Esprit (Éph. 5:18) ; pour cela, il faut que notre être intérieur soit vidé de ce qui l’encombre et que, conscients de l’amour de Dieu, nous lui présentions nos corps en sacrifice vivant (Rom. 12:1 ; 6:13), laissant ainsi le Seigneur prendre, par son Esprit, possession de ce qui lui appartient déjà pour l’avoir acheté à si grand prix.
La Pâque avait lieu le quatorzième jour du premier mois. La gerbe des prémices était probablement présentée le lendemain du sabbat qui suivait la Pâque. La Pentecôte, cinquante jours plus tard, devait donc avoir lieu dans la première moitié du troisième mois. Suit une longue interruption jusqu’au septième mois où trois fêtes se succèdent rapidement.
Prophétiquement, nous avons vu l’Église dans les deux pains de la Pentecôte, mais en Lévitique 23:22, la moisson n’est pas encore achevée. Symboliquement l’Église a été enlevée ; il reste une bénédiction pour le pauvre (résidu d’Israël) et pour l’étranger (nations de la grande tribulation). Au septième mois, Dieu reprend alors ses relations avec Israël en produisant un réveil selon Ésaïe 18, qui doit conduire plus loin, à l’humiliation de Zacharie 12, afin de pouvoir enfin introduire le peuple dans la bénédiction millénaire des sept jours des Tabernacles. Ainsi prophétiquement, le septième mois est la « fin » de l’année de Dieu, l’aboutissement de ses voies.
Cette fête a aussi une application pour nous. Après avoir été amené au Seigneur Jésus et mis sa confiance en son sang qui purifie de tout péché, on a appris à marcher dans la séparation du mal, en nouveauté de vie ; on a saisi par la foi les bénédictions que le Saint Esprit apporte… le temps, les années ont passé ; les épines de la parabole montent peut-être et empêchent le bon grain de se développer comme il faudrait ; un peu de paresse amène le sommeil ; des habitudes s’implantent dans la vie ; une certaine lassitude. Il faut alors que Dieu réveille. Peut-être même n’y a-t-il pas déclin, seulement le fait que Dieu veut amener à de plus grands progrès spirituels.
Quoi qu’il en soit, par les moyens connus de Lui, Dieu nous réveille par la trompette de sa Parole pour nous ramener dans la lumière. C’est la seule fête qui ait lieu le premier jour du mois, à la nouvelle lune (Ps. 81:3). Un nouveau cycle commence, une nouvelle réflexion de la lumière de Christ. « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Éph. 5:14). « Connaissant le temps, que c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil… la nuit est fort avancée et le jour s’est approché » (Rom. 13:11 à 14). L’homme qui dort peut être extérieurement confondu avec les morts, mais il n’en possède pas moins la vie et a seulement besoin d’être réveillé. Quelle sera alors l’attitude divine ? Non pas des reproches, pourtant justifiés, mais « le Christ luira sur toi ».
Le réveil peut être individuel ; il peut être collectif, comme dans l’Église au « cri de minuit » de la parabole des vierges, ou pour Israël, plus tard, afin de le préparer à recevoir le Messie. En général, comme on le voit sous Ézéchias ou Josias, ou du temps de Zorobabel, d’Esdras ou de Néhémie, le réveil commence individuellement. Il ne s’agit pas de critiquer les autres ou le témoignage de l’assemblée, mais de se repentir d’abord soi-même, et de prendre sur soi l’humiliation que demande l’état des choses auxquelles on est mêlé (Néh. 1:7, Dan. 9:15). Joël 2:12 précise : « Encore maintenant, dit l’Éternel, revenez à moi de tout votre cœur, avec jeûne, et avec pleurs, et avec deuil ». Si nous sentons une baisse du niveau spirituel dans les divers rassemblements, un recul de la piété, considérons d’abord nos propres fautes et l’état de notre propre maison. Qu’en est-il de la lecture de la Parole en famille ? Même de la lecture matinale individuelle ? Alors qu’autour de nous Dieu travaille manifestement à réveiller les âmes dans la chrétienté, resterons-nous somnolents ? Sans doute, y a-t-il d’heureuses exceptions et des personnes, comme des rassemblements, auxquels le Seigneur fait la grâce de manifester le fruit de la vie divine d’une façon particulière. Il n’en reste pas moins que sans un esprit d’humilité, il n’y aura aucun réveil réel ni en nous-mêmes, ni dans nos maisons, ni dans le témoignage collectif.
Tout réveil véritable ne conduit pas d’abord à la joie, mais à l’affliction, au jour des propitiations, qui suivait de près la fête des trompettes.
Entrer beaucoup plus profondément dans ce qu’il en a coûté à Christ d’ôter le péché de devant Dieu, est le prélude à toute restauration. Reconnaître la ruine (Lév. 16:1) individuelle et collective, amène à une appréciation beaucoup plus grande de l’oeuvre de Christ et de son efficacité devant Dieu.
Sans examiner tous les détails du chapitre 16 du Lévitique, le cœur du Pentateuque, nous chercherons à y approfondir trois choses :
a) le péché,
b) les souffrances de Christ,
c) le propitiatoire.
Les herbes amères de la Pâque symbolisent la contrition de l’âme qui éprouve l’amertume d’avoir, par ses péchés, causé les souffrances de Christ. En rapport avec la Cène, nous sommes appelés à nous juger nous-mêmes. Mais ici, il s’agit d’un exercice encore plus profond. Pour Israël, ce sera Zacharie 12:10 à 14, Ésaie 53. Pour le chrétien, c’est avant tout la contemplation des souffrances de Christ, dans l’assurance que tout est accompli, qui amène les âmes à un sentiment plus pénétrant du sérieux du péché. C’est en contemplant la croix que nous découvrons la gravité du mal aux yeux de Dieu, tout en nous en remettant à Lui qui a accepté l’offrande. Plusieurs fois dans Lévitique 23 et Lévitique 16, il est répété : « Vous affligerez vos âmes ». Le Psaume 51 nous en montre la signification pour David. N’y a-t-il pas des occasions particulières dans la vie où, à la suite d’une faute, ou par l’action puissante de la Parole appliquée par l’Esprit à la conscience, nous éprouvons beaucoup plus profondément que jusqu’alors l’horreur du péché ? S’il a fallu que le Fils de Dieu même, celui qui n’a pas connu le péché, soit fait péché pour nous afin que nous devinssions justice de Dieu en lui, combien grave était ce péché, combien incompatible avec la nature divine !
Lévitique 16 nous présente deux séries de sacrifices : Aaron offrait pour lui-même et pour sa maison un jeune taureau pour le péché et un bélier pour holocauste. Il offrait, d’autre part, pour le peuple, deux boucs pour le péché et un bélier pour holocauste. On peut voir dans l’offrande pour Aaron et sa maison l’œuvre de Christ pour l’Église, tandis que le sacrifice pour le peuple nous parlerait plutôt de la portée de la croix pour Israël. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas le lieu ici de distinguer ces divers aspects, mais de considérer plutôt les souffrances de Christ dans ce chapitre.
Des deux boucs offerts pour le peuple, le bouc azazel était placé vivant devant l’Éternel, l’autre était immolé.
Sur la tête du bouc azazel
, le sacrificateur devait confesser toutes les iniquités des
fils d’Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés. Le bouc
était envoyé au désert et portait sur lui toutes leurs iniquités. Il s’en
allait seul dans cette terre inhabitée, où il allait mourir sous le jugement.
Azazel, le bouc qui s’en va, type extraordinaire de Christ prenant sur lui nos
fautes, les expiant sous le jugement de Dieu. Il est châtié à la place des
coupables : Nous avons tous été errants… et l’Éternel a fait tomber sur
lui l’iniquité de nous tous. Il a porté nos péchés en son corps sur le bois.
Mais pour que cela devienne une réalité pour chacun de nous, il faut avoir confessé ses péchés et avoir accepté que pour ces péchés-là, il a dû mourir.
Le bouc
du sacrifice pour le péché
était égorgé et son sang apporté au-dedans du voile. Le
sacrificateur était seul pour accomplir cet acte (v. 17) : personne ne
pouvait partager avec Christ l’accomplissement de l’œuvre propitiatoire de la
croix. Des consolateurs, il n’en a pas trouvé ; quand il criait vers le
ciel, aucune réponse ne lui était donnée. L’encens, type des perfections de Christ,
était placé dans l’encensoir sur le feu de l’autel, et la nuée en montait dans
le sanctuaire : le feu du jugement, toutes les souffrances de la croix,
n’ont fait, à ce moment d’angoisse inexprimable pour son âme, que manifester
plus pleinement ses perfections ; tout ce qui émanait de son cœur quand il
fut placé sous le jugement de Dieu, affections, sentiments, soumission,
confiance, tels qu’on les voit en particulier dans les Psaumes, s’élevaient
vers le ciel comme un parfum de bonne odeur (Ps. 22, 40, 69, etc.).
Si le sang et l’encens ne pouvaient être présentés que dans le sanctuaire, le corps de la victime était brûlé hors du camp, la peau, la chair, la fiente. Le jugement de Dieu est tombé entièrement sur Christ, quand il a souffert hors de la porte, loin de Dieu, privé de tout rapport avec son peuple. Rien ne lui a été épargné. Israël n’avait pas le droit de manger d’un tel sacrifice. Nous le pouvons (Hébreux 13:10 à 11), n’ayant plus aucune conscience de péché. Nous avons communion à une telle oeuvre.
À la Pâque, le sang sur les
portes était le fondement du salut. Dieu voyait le sang et épargnait le peuple.
Au jour des propitiations, le sang porté dans le sanctuaire permettait le
maintien des relations de l’Éternel avec son peuple. Mais le sang de taureaux
et de boucs, comme le dit l’épître aux Hébreux, ne pouvait jamais ôter
les péchés. De fait, le sens du mot propitiation dans l’Ancien Testament, est
de couvrir les péchés (Rom. 3:25, parlera du support des péchés précédents).
Mais Christ étant venu avec son propre sang, est entré une fois pour toutes
dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption éternelle.
Sur le couvercle d’or de l’arche, le propitiatoire, s’élevaient deux chérubins, exécuteurs du jugement de Dieu. Leur face était tournée vers le propitiatoire. Qu’y voyaient-ils ? Le sang de la victime qui y avait été apporté !
Le propitiatoire au lieu d’être le trône du jugement, devenait ainsi le lieu de rencontre de Dieu avec le croyant (Ex. 25:22). Christ est la propitiation pour nos péchés (1 Jean 2:2), mais il est aussi lui-même le propitiatoire (Rom. 3:25). Propitiation a été faite pour le péché, Dieu est glorifié, il est juste en pardonnant. Dieu désirait sauver (ce n’est pas précisément que le sang apaise un Dieu vengeur), mais il ne pouvait le faire en justice, si le châtiment n’avait été porté par un autre.
Hébreux 9 et 10, par
contraste, soulignent la valeur de l’œuvre de Christ ; non pas le sang de
boucs, mais Son propre sang
; — non pas un acte remémoratif de
péché, mais une rédemption éternelle ; — non pas des holocaustes, et des
sacrifices pour le péché, mais l’offrande du corps
de Jésus
Christ ; — non pas les mêmes sacrifices constamment répétés qui ne peuvent
jamais ôter les péchés, mais une parfaite Victime qui s’est offerte
elle-même : Christ qui, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés,
s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu.
Quels en sont les résultats ? — Par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés. Dieu ne se souviendra plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités. Ils ont maintenant une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints, dans la paix, purifiés d’une mauvaise conscience, le corps lavé d’eau pure. Ils s’approchent, non par obligation, mais parce qu’ils désirent se trouver dans le sanctuaire avec Celui qu’ils aiment, leur grand sacrificateur, là où il est.
Le jour des propitiations ne se terminait pas avec le sacrifice pour le péché, mais il aboutissait à l’holocauste (Lév. 16:24). Si Christ a tout fait pour nous, pour effacer nos fautes et nous amener à Dieu, son but suprême était la gloire de Dieu et l’accomplissement de sa volonté.
Le péché ôté, les fautes confessées, le pardon acquis, l’holocauste offert, — le chemin est ouvert pour la joie de la fête des Tabernacles.
Comme la fête des pains sans levain, celle des Tabernacles durait sept jours. Type du millénium et de la bénédiction terrestre d’Israël, nous l’appliquerons cependant à la vie du chrétien. La marche avec le Seigneur est, en effet, à la fois marquée par la séparation du mal, dont nous parle la fête des pains sans levain, et la joie de la communion avec lui, préfigurée par les Tabernacles.
Septième et dernière fête de l’année, elle commençait le quinzième jour du septième mois, peu après celle des trompettes et celle du grand jour des propitiations. Les travaux de la moisson et de la vendange étaient achevés : c’était le temps du repos. Le repos final, représenté spécialement par le huitième jour et son assemblée solennelle, nous l’atteindrons dans la maison du Père. Mais, en attendant, nous avons par l’Esprit Saint, hôte divin du croyant et arrhes de l’héritage, une jouissance anticipée de ce beau moment ; assis en Christ dans les lieux célestes, nous anticipons l’enlèvement et la gloire.
Le premier jour, ils devaient prendre du fruit de beaux arbres, des branches de palmiers et des rameaux d’arbres touffus et de saules de rivières. Ils s’en construisaient des huttes sous lesquelles ils allaient vivre sept jours, dans le repos et la joie du pays, mais aussi dans le souvenir de la traversée du désert où, pendant quarante années, les tentes des pères avaient été dressées sous l’ardeur du soleil.
À la fête des Tabernacles, l’Israélite pieux joignait certainement au souvenir du peuple en marche, celui du Dieu fidèle qui avait en grâce associé au pèlerinage d’Israël sa tente à Lui, le vrai tabernacle, jusqu’à l’arrivée dans le pays de la promesse.
À la Pâque, se mêlait toujours à la joie de la délivrance, le souvenir de l’esclavage en Égypte : une fois la fête célébrée, et comme sans communion entre eux, les Israélites retournaient en hâte à leurs tentes ; et là, pendant une semaine, ils mangeaient les pains sans levain. À la Pentecôte, le nom de l’Éternel était le centre de la joie du peuple qui l’entourait : c’était la joie dans la communion, réalisée pour nous par la présence du Saint Esprit. Mais, à la fête des Tabernacles, c’est la joie pure, la joie sans mélange, pendant un cycle complet de sept jours ; c’est même un commandement de se réjouir : « Tu ne seras que joyeux ». À cette fête de la joie, chacun a sa part : « Tu te réjouiras dans ta fête, toi et ton fils, et ta fille, et ton serviteur, et ta servante, et le Lévite, et l’étranger, et l’orphelin, et la veuve, qui sont dans tes portes » (Deut. 16:14). Personne n’est oublié ; les circonstances diverses de la vie quotidienne sont laissées derrière : ce n’est plus l’heure du service, ou de la solitude, ou des larmes. Tout doit, dans chacun, exprimer la joie qui seule a sa place à la fête.
Fête du souvenir, et fête de la joie, la fête des Tabernacles, était aussi celle du repos, dans l’accomplissement des promesses : « Car l’ Éternel ton Dieu, te bénira dans toute ta récolte et dans tout l’ouvrage de tes mains » (Deut. 16:15). C’est pourquoi elle ne pouvait être célébrée qu’après l’arrivée en Canaan. Les travaux de l’année étaient terminés : « Quand tu auras recueilli les produits de ton aire et de ta cuve… » (Deut. 16:13) (et non pas seulement de ton champ et de ta vigne) ; on avait battu dans l’aire le produit de la moisson ; de la cuve, on avait recueilli le vin de la joie ; on pouvait alors goûter pleinement le fruit d’un travail achevé.
Mais comment maintenir cette joie au cours de sept journées ? Il convenait de se présenter chaque jour devant l’Éternel avec une offrande : des taureaux, deux béliers, quatorze agneaux, un bouc en sacrifice pour le péché (Nombres 29). Si la perfection était presque réalisée dans ce qui était offert avec joie et volontairement à Dieu — treize jeunes taureaux — il y avait cependant un déclin dans cette offrande volontaire au cours des sept journées (treize, puis douze, puis onze… jeunes taureaux). Les deux béliers, témoignages de consécration à Dieu, se retrouvaient dans l’offrande de chacune des sept journées ; de même, les quatorze agneaux âgés d’un an, sans défaut, exprimant la perfection de l’œuvre rédemptrice. Mais chaque jour revenait aussi le sacrifice pour le péché ; nous ne sommes pas arrivés encore à la perfection de l’état éternel.
Les sept jours accomplis, la fête paraissait achevée ; il semblait que la vie terrestre devait recommencer. Mais, voici qu’au lendemain du sabbat du septième jour, au cours de la huitième journée, une assemblée solennelle devait être convoquée, de nouveaux sacrifices devaient être offerts : c’était le grand jour de la fête.
Le peuple ne pouvait saisir le sens profond de cette grande journée, la première d’une nouvelle semaine. Mais quelle solennité pour nous qui pouvons en comprendre le sens : jour de la résurrection, jour nouveau d’une semaine qui ne finit pas — « ils se mirent à faire bonne chère » — festin de la joie à la table du Père, jour d’un grand rassemblement qui se prolonge dans l’état éternel, jour où l’habitation de Dieu sera avec les hommes.
Arrivé en Canaan, Israël eut bien vite oublié qu’il avait été un peuple de voyageurs et d’étrangers. De fait, nous ne trouvons que trois fois la fête des Tabernacles célébrée selon l’ordonnance.
Tout d’abord, sous le règne de Salomon, au moment de la dédicace du temple : les ustensiles du lieu saint et l’arche sont enfin réunis dans la maison de Dieu que remplit la nuée : « Maintenant, Éternel Dieu ! lève-toi pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force » (2 Chron. 6:41). C’est la fin du tabernacle itinérant. Mais Salomon et son règne de paix ne furent qu’un échantillon bien éphémère du règne futur du véritable Fils de David.
Sous Esdras, l’autel rebâti, le culte rétabli, la fête fut de nouveau célébrée (Esdras 3:4), et les holocaustes offerts.
Sous Néhémie, nous la retrouvons, observée par un petit résidu revenu sur la terre d’Israël. Quel en fut le motif ? La lecture attentive du livre de la loi (Néh. 8:13 à 14) ; quelle leçon remarquable pour nous ! Ce livre n’avait pas été lu à la hâte, mais lentement, distinctement, en faisant comprendre ce qu’on lisait. Il avait été écouté attentivement, le peuple se laissant instruire, pour le traduire ensuite en actes. C’était le jour de la « Bible ouverte ».
Sous Ézéchias déjà, c’était le Livre qui avait ramené le peuple à célébrer la Pâque, telle qu’elle n’avait pas été fêtée « depuis les jours de Salomon » (2 Chron. 30:26). La lecture du Livre encore, aux jours du roi Josias, avait conduit le peuple à célébrer à nouveau la Pâque telle qu’on n’en avait pas eu de semblable « depuis les jours de Samuel le prophète » (2 Chron. 35:18).
Sous Néhémie, on était justement au septième mois, et l’on découvre dans le livre de la loi que c’est le moment où il convenait de célébrer la fête des Tabernacles. Rapidement, chacun court à la montagne chercher des branchages, et, sur son toit, dans sa cour, dans les parvis de la maison de Dieu, sur la place de la porte des eaux, sur la place de la porte d’Éphraïm, se dressent les tabernacles dans lesquels on va habiter avec joie pendant une semaine ; « les fils d’Israël n’avaient pas fait cela depuis les jours de Josué, fils de Nun, jusqu’à ce jour-là. Et il y eut une très grande joie » (Néh. 8:17).
Mais alors, pas de taureaux pour les holocaustes, pas de sacrifices à offrir. On reconnaît son infirmité et sa faiblesse ; on ne peut pas se présenter devant l’Éternel comme il conviendrait, mais on reste là devant Lui, et « chaque jour, depuis le premier jour jusqu’au dernier jour… on lut dans le livre de la loi de Dieu » (Néh. 8:18). « Et, au huitième jour, il y eut une assemblée solennelle selon l’ordonnance ».
En Néhémie, la fête des
Tabernacles était comme une anticipation
de
la résurrection nationale à venir. Dans l’Évangile (Matthieu 21, Marc 11, Jean
12), la fête est comme ébauchée
: des rameaux de palmiers sont jetés
sous les pieds du Seigneur quand il approche de la ville. Les foules le
reconnaissent comme Fils de David et Roi d’Israël. Mais la vraie fête des
Tabernacles ne pouvait être célébrée avant que Jésus eût donné sa vie.
Le moment viendra (Zacharie
14) où la vraie fête, la fête définitive
sera
célébrée dans le pays de Canaan, et les sauvés des nations monteront pour
prendre part à ces saintes et glorieuses solennités. Israël se reposera alors à
l’ombre de sa vigne et de son figuier, et toute la terre se réjouira sous le
règne du Prince de paix.
En attendant la réalisation future de ces heureux moments annoncé par les prophètes au peuple terrestre, l’Église peuple céleste, n’a-t-elle pas par la foi, déjà sur la terre, un avant-goût de cette joie future ?
En Jean 7, le Seigneur était monté en secret à la fête des Tabernacles, devenue la fête des Juifs, mais non plus la sienne. Ce ne pouvait être pour lui le temps du repos et de la gloire. Dans le désert, l’arche avait accompagné le peuple dans son pèlerinage, s’associant à ses vicissitudes, ou allant « devant eux, le chemin de trois jours, pour leur chercher un lieu de repos » (Nomb. 10:33). Les frères de Jésus auraient voulu qu’il montât avec eux à la fête. Mais il était venu en grâce, la Parole faite chair, habiter — dresser tabernacle — au milieu de nous.
Divin agneau de Pâque qui montait pour le sacrifice, c’était, pour lui, déjà le commencement du « chemin de trois jours » où il allait préparer pour les siens un « lieu de repos ».
Le huitième jour, la grande journée de la fête, Jésus se montre publiquement. Figure de ce qui devait arriver par sa mort et sa résurrection. Il s’adresse alors, non plus seulement aux Juifs, mais à quiconque a soif : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ». Dans le désert, le peuple avait pu se désaltérer à un rocher frappé, dont l’eau, qui n’avait jamais tari, avait entretenu sa vie : « Un rocher spirituel qui les suivait : et le Rocher était le Christ » (1 Cor. 10:4). Mais maintenant, comme la Samaritaine, tous ceux qui avaient soif, pouvaient s’approcher et, croyant en lui, recevoir l’eau de la vie de Celui qui seul peut la donner.
En Jean 4, c’est une eau qui jaillit en vie éternelle. Elle retourne en louange vers Jésus qui l’a donnée. Ici, l’eau coule comme des fleuves d’eau vive du sein du croyant qui s’en est désaltéré. La vie ainsi reçue de Lui pénètre jusqu’au plus profond de l’âme ; des effets bénis se répandent pour d’autres.
L’Esprit Saint peut seul produire ces fruits bénis, en occupant le racheté d’un Christ ressuscité et glorifié : « Il prend de ce qui est à lui pour nous le communiquer ». Arrhes de l’héritage, il procure au croyant un avant-goût du ciel en attendant la pleine manifestation de la gloire.
Tel le serviteur d’Abraham qui avait « tout le bien de son maître sous sa main », il entretient le cœur du racheté de Celui à qui le Père a donné « tout ce qu’il a » ; jusqu’au beau moment de la rencontre où il pourra enfin dire à l’épouse : « C’est mon Seigneur ».
Déjà pour nous a lui l’aurore
D’une félicité sans fin ;
Seigneur ! quelques instants encore
Et nous serons tous dans ton sein.
Ô jour heureux ! lorsqu’en ta gloire
Aux yeux des tiens tu paraîtras :
Avec le cri de la victoire,
Vers toi, Jésus, tu nous prendras.
Chacune des fêtes était accompagnée de sacrifices, comme nous le voyons entre autres dans ces deux chapitres. Autrement dit, à chacune des étapes importantes de la vie spirituelle est lié le sacrifice du Seigneur Jésus : à la Pâque, aux pains sans levain, à la gerbe et aux premiers fruits, aux trompettes, aux propitiations et aux Tabernacles.
Est-ce seulement dans les grandes occasions de la vie qu’il faut penser au Seigneur Jésus ? Le début de notre chapitre 28 donne la réponse : « Vous prendrez garde à me présenter, au temps fixé, mon offrande, mon pain, pour mes sacrifices par feu qui me sont une odeur agréable… C’est ici le sacrifice fait par feu que vous présenterez à l’Éternel : deux agneaux âgés d’un an, sans défaut, chaque jour, en holocauste continuel ; tu offriras l’un des agneaux le matin, et le second agneau, tu l’offriras entre les deux soirs ». C’est l’holocauste continuel, accompagné de son offrande de gâteau et de sa libation. Ainsi le « temps fixé » pour l’offrande de l’Éternel ne correspondait pas seulement aux grandes occasions, mais chaque jour l’odeur agréable de l’holocauste montait devant lui.
Si nous avions plus à cœur, chaque matin, chaque soir, de rendre grâces à Dieu pour le don du Seigneur Jésus, cela ne contribuerait-il pas beaucoup à nous maintenir réveillés, à nous conserver la joie de la communion ? Chaque matin, penser à Celui qui s’est offert ; chaque soir bénir Dieu parce qu’Il est venu, parce qu’Il s’est donné.
Tous les matins et tous les
soirs, l’agneau était offert en holocauste ; mais, le jour du sabbat,
« vous offrirez deux
agneaux âgés d’un an, sans défaut », avec leur
offrande de gâteau et leur libation. C’était l’holocauste du sabbat pour chaque
sabbat, outre l’holocauste continuel. Un jour par semaine, pour nous, le
premier jour, le dimanche, il y a un sentiment plus profond, plus particulier
pour le Seigneur Jésus qui s’est offert : deux agneaux en plus de
l’holocauste journalier.
Enfin, « au commencement de vos mois, vous présenterez en holocauste à l’Éternel deux jeunes taureaux, et un bélier, et sept agneaux âgés d’un an, sans défaut » (v. 11) ; voilà l’holocauste mensuel pour tous les mois de l’année. Ces mois de l’année étaient en quelque sorte parallèles au déroulement des fêtes. Ils correspondaient aux lunaisons. À chaque renouvellement de la lune, il fallait offrir un nouveau sacrifice. Dans un sens, la vie chrétienne devrait être une ligne en ascension continue, mais par nos faiblesses et nos infirmités, elle a aussi ses phases. Ombres et lumières, chutes et restauration, déclin et renouveau — chaque fois Dieu nous parle ; et lors de chaque expérience semblable, ne faut-il pas repenser au sacrifice offert à la croix ?
Le souvenir de l’œuvre accomplie au Calvaire n’est pas seulement pour les grands jours, pour les grandes fêtes ; il doit être devant les yeux de nos cœurs tous les jours de la vie, toutes les semaines, tous les « mois ».
Dans nos deux chapitres, l’accent est mis sur l’holocauste : le Seigneur Jésus pour Dieu. Sans doute, pensons-nous à son œuvre pour nous, aux résultats qu’il nous a acquis ; mais il convient de nous élever dans nos pensées et de parler souvent au Père du Bien-Aimé en qui il a trouvé tout son plaisir. Cela ne lui est-il pas dû par ceux qui jouissent de l’héritage et ont part aux bénédictions représentées par chacune des fêtes ?
On marchera ainsi de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois et d’année en année, vers le huitième jour éternel, où
Dans nos cœurs remplis de ta grâce,
Toi seul auras toute la place,
À toujours.