H. Rossier — Courtes méditations — n°4
ME 1921 p. 229-231
Le Psaume 22° décrit les trois phases d’une journée symbolique, remplie par la personne et l’oeuvre de notre bien-aimé Sauveur. La première phase est la nuit, vers. 1-21 ; la seconde est l’aurore, vers. 21-24 ; la troisième le plein midi, vers. 25-31.
Dans la première partie nous voyons le Christ, l’homme saint du Ps 16, l’homme juste du Ps. 17, abandonné de son Dieu, du Dieu saint (*) dans lequel il avait mis sa confiance. La nuit la plus épaisse s’est étendue sur le monde (Matt. 27:45) ; cet homme, l’homme parfait est comme rejeté dans les ténèbres du dehors. Devenu un pauvre être sans défense, il est accablé sous la souffrance la plus terrible, si aiguë que son coeur est comme de la cire, fondu au dedans de ses entrailles, et que son anéantissement ressemble à la poussière même de la mort. — Et cependant pas un instant sa confiance ne l’abandonne. Délivre-moi, s’écrie-t-il, au sein même de la détresse. « Délivre mon âme de l’épée », de l’épée du jugement brandie contre lui par la main de Dieu lui-même (Zach. 13:7). « Délivre mon unique de la patte du chien », de la troupe des hommes brutaux et violents, sans pitié, sans honte, sans pudeur, ameutés contre lui. « Sauve-moi de la gueule du lion », de Satan lui-même qui cherche à le dévorer. Tel est le tableau de l’expiation. Un seul Être pouvait comprendre et sonder cet abîme dans toute son horreur : Celui auquel s’adresse un de nos Cantiques en ces termes :
Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, Victime ;
Ton regard infini sonda l’immense abîme,
Et ton coeur infini, sous ce poids d’un moment,
Porta l’éternité de notre châtiment.
(*) Le mot El
, le Dieu fort en sainteté
(différent
d’Élohim le Dieu créateur) qui revient continuellement dans les Psaumes, est
fort souvent prononcé par Christ homme (voyez v. 1, 3, 10).
Il meurt, il a succombé entre
les cornes des buffles. Mais son Dieu lui répond, non pour le sauver de
la mort, mais du sein
de la mort, pour le tirer, en résurrection, hors
de la mort
. La rédemption est accomplie, la nuit est terminée, l’aurore se
lève à l’horizon (v. 21-24).
Quel contraste ! Devant
nos yeux s’ouvre un paysage merveilleux ! Le ciel est sans nuages, d’une
fraîcheur à nulle autre pareille, d’une pureté absolue ; la terre est
éclairée par la splendeur de l’aurore. « J’annoncerai ton nom à mes frères ».
C’est le ciel ! Le premier-né d’une famille céleste se présente avec elle dans
le ciel
devant son Dieu qui est leur Dieu, devant son Père qui est leur
Père. « Je te louerai au milieu de l’Assemblée » ; Il s’associe aussi avec
cette famille sur la terre
pour entonner le Cantique de délivrance que
lui seul connaît en entier, lui, le Ressuscité d’entre les morts ! Sa voix
trouve un écho dans le coeur et dans la bouche de tous ses bien-aimés.
Et voici maintenant le soleil
qui se lève (v. 25-31), un jour sans nuages, le soleil de justice avec la santé
dans ses ailes ! La terre est inondée de sa gloire comme le fond de la mer
des eaux qui la recouvrent. Une fête nouvelle est célébrée. C’est la fête des
tabernacles, la seule qui soit appelée l’assemblée solennelle, la fête du
huitième jour, la grande congrégation
(Lévit. 23:36 ; Ps. 40:9-10).
Son peuple l’a reconnu, les familles des nations se prosternent devant lui. Sa
louange s’élève de siècle en siècle de la terre jusqu’au ciel !
Cependant il y a mille fois
plus de fraîcheur dans l’étoile brillante du matin, dans le lever du jour, dans
le triomphe de la grâce
pour introduire la gloire céleste, que dans le
plein jour, dans le triomphe de la justice
pour établir la gloire
terrestre millénaire !