par Henri Rossier (1915)
Table des matières :
2 - Édom, son passé, son présent et son avenir
Tous les chrétiens, réellement soumis à la parole de Dieu, ne peuvent se tromper quant à l’avenir du monde religieux qui les entoure. Ils savent que la chrétienté marche à grands pas vers l’apostasie finale et vers le règne de l’Antichrist ; aussi, sentant le sérieux de leur témoignage, au milieu de cette ruine morale grandissante, ils ont de plus en plus le devoir de retenir « la simplicité quant au Christ » (2 Cor. 11:3), la doctrine qu’une âme fidèle, enseignée par l’Esprit de Dieu doit conserver, comme étant de Lui, en contraste avec l’enseignement des hommes.
Au sujet de cet enseignement, un enfant de Dieu, étranger aux
études scientifiques qui, du reste, obscurciraient son intelligence des livres
saints, plus souvent qu’elles ne l’éclaireraient, est bientôt convaincu, en
étudiant la Bible, que la seule clef pour l’ouvrir et la comprendre est son texte lui-même,
son texte intégral,
enseigné, reçu et compris par le Saint Esprit. La paléontologie,
l’ethnographie, les explorations scientifiques et les découvertes qu’elles
amènent, les recherches historiques, en un mot toutes les branches de la
science, si intéressantes qu’elles soient, n’éclairent
pas la parole de Dieu
. Si
elles
la confirment parfois, elles ne peuvent jamais, un seul instant, en infirmer la
valeur aux yeux du chrétien. Quand les découvertes de la science appuient les
choses qui nous ont été transmises « avec une pleine certitude » par les saintes
Écritures, le croyant se réjouit de voir réfutées les objections aux documents
sacrés, soulevées par les incrédules ; cependant, malgré l’aide qu’elles peuvent
lui apporter dans la lutte, elles ne sont jamais pour lui le commentaire
indispensable à la connaissance du saint Livre, mais, bien plus, elles
deviennent souvent un obstacle véritable pour le comprendre. Voici pourquoi :
les hommes de science ont la tendance
de
rabaisser la connaissance de la Bible au niveau de ce que la raison humaine
peut admettre. Même quand ils ne vont pas jusqu’au rationalisme proprement dit,
auquel cependant, en vertu de ses études, le théologien le plus orthodoxe, le
plus sincère dans sa foi, ne peut entièrement se soustraire, ils introduisent
un élément rationnel
dans
l’interprétation biblique.
Nous ne contestons nullement à la science son domaine propre. Nous ne méconnaissons pas la valeur des sciences ou disciplines purement scientifiques, excellentes à leur place. Nous estimons dignes d’estime les méthodes scientifiques, quand elles n’élèvent pas la prétention de contrôler et de juger la révélation de Dieu dans les saintes Écritures. Le chrétien est infiniment redevable, en particulier, aux divers hommes de science qui se sont appliqués à bien éditer les textes sacrés, à les traduire avec exactitude, à mieux connaître les langues dans lesquelles ont été écrits leurs originaux. Il accepte avec reconnaissance certains renseignements que l’exégèse biblique ordinaire met au service de la foi ; mais lui n’a qu’une source certaine : les Écritures ; qu’une ressource pour les comprendre : l’Esprit de Dieu. Pour le chrétien, c’est l’Esprit seul qui connaît les choses de Dieu, qui les enseigne et les communique, qui les fait recevoir et comprendre, indépendamment de toute science humaine ; c’est lui seul enfin qui nous rend capables de les exposer.
Le danger de la tendance
rationnelle
saute aux yeux quand il s’agit de la prophétie.
Des hommes, dirigés par le raisonnement humain, sont
bien obligés de reconnaître chez les prophètes l’annonce d’événements
historiques avant
leur
accomplissement, et ce fait est pour eux la plus étonnante expression de ce
qu’ils appellent l’inspiration ; mais ils ont à peine quelque soupçon d’une
vision prophétique des temps de la fin,
et
s’ils l’admettent, c’est pour attribuer aux prophètes un messianisme « plus ou
moins clair, selon les temps où ils vivaient », ou l’annonce d’un vague « règne
de Dieu », résultat graduel et triomphe final du christianisme sur le paganisme
dans le monde. C’est ainsi qu’ils interprètent d’habitude le règne de Dieu. Ils
refusent de voir que la Parole nous enseigne exactement le contraire, en nous
montrant que la venue du Seigneur pour enlever son Église dans le ciel, mettra
fin au christianisme
sur la terre, et
que la chrétienté apostate,
laissée
ici-bas, deviendra la grande Babylone, mère d’une idolâtrie d’autant plus
odieuse, qu’elle sera entée sur le tronc chrétien. Les nations païennes ne
pourront donc pas être converties par la chrétienté ; mais, par contre,
une multitude d’entre elles recevra l’Évangile
du royaume
(qui n’est pas l’Évangile de la grâce) par le ministère du
Résidu juif futur.
Ces mêmes hommes voient dans la prophétie de l’Ancien Testament
des événements maintenant
accomplis,
en sorte que, pour eux, l’histoire explique la prophétie : c’est une grave
erreur. Nous ne nions aucunement qu’il n’y ait un accomplissement historique
partiel des prophéties de l’Ancien Testament (et c’est même ce qui les
distingue de celles du Nouveau Testament qui nous introduit d’emblée dans les
temps de la fin), mais cet accomplissement partiel n’est jamais
le dernier mot de la prophétie, car ce serait, comme dit
l’apôtre, lui donner « une interprétation particulière » (2 Pierre 1: 20). C’est
un axiome élémentaire dans l’étude de la prophétie que, tout en ayant souvent
une réalisation partielle dans le passé, elle ne « s’interprète pas elle-même ».
On ne trouve pas son sens dans un passage isolé portant en lui-même sa propre
solution. Elle ne peut être comprise que selon la pensée de l’Esprit de Dieu
qui l’a dictée par la bouche « des saints hommes de Dieu ». Si elle nous parle de
ce qui est aujourd’hui
le passé,
jamais elle ne s’arrête là, et ne signale dans les événements prochains que des
analogies avec les choses à venir. Quelque perspective qu’elle ouvre devant
nous, la prophétie aboutit toujours
à
Christ. Elle annonce « la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ »
(2 Pierre 1: 16). En révélant d’avance « les souffrances qui devaient être la
part de Christ », elle proclame « les gloires qui suivront ». Et, comme les
jugements font partie des gloires de Christ, la prophétie nous les révèle
aussi : ils font connaître sa justice
aux
habitants du monde (Ésaïe 26: 9).
En parlant ainsi nous ne prétendons pas avoir défini le champ de la prophétie, mais avoir montré où elle aboutit toujours. De fait, le prophète commence par constater l’état moral d’Israël (et dans le Nouveau Testament de l’Église de Christ) ; et fait ressortir sa ruine totale et irrémédiable, malgré les appels pressants qui le poussent à la repentance ; il annonce les jugements qui atteindront ce peuple dans le présent et dans l’avenir, et la restauration finale d’un Résidu fidèle sous le sceptre glorieux de Christ. Quant aux nations, auxquelles Dieu a confié le pouvoir à la suite de la faillite de son peuple et qu’il emploie comme verge contre lui, le prophète montre leur jugement prochain, afin d’encourager la foi des fidèles ; mais, comme la restauration d’Israël n’aura lieu que lors du règne glorieux du Messie, le jugement des nations ne sera pleinement accompli que lors de l’établissement de ce règne.
La prophétie doit donc aboutir, comme nous l’avons dit, à la
puissance et à la venue de Christ dans son royaume. Le royaume est en effet son
but spécial. Elle n’est pas, comme dans le christianisme, la révélation des conseils célestes de Dieu quant à l’Église,
mais
celle de son royaume ici-bas et des voies
par lesquelles Il l’introduira.
Cela est si vrai que même le prophète Amos
qui, plus que tout autre prophète, ne parle que d’événements prochains et à
brève échéance, son sujet étant les voies du gouvernement actuel de Dieu envers
les hommes, Amos, dis-je, fait aboutir ces voies au jour de l’Éternel
(Amos 9: 11-15). Il mentionne sans doute ce
dernier brièvement, en quelques versets, mais cela suffit pour nous prouver que
le règne glorieux de Christ est le but final contemplé par le prophète.
Il en est de même pour le prophète Abdias, sujet de cette étude.
Les derniers mots de sa courte prophétie sont : « Le royaume sera à l’Éternel. »
Mais en outre Abdias présente une particularité commune à la plupart des
prophètes, sauf Amos. Un événement passé
n’y est que l’image et comme le prélude des événements futurs. Il
suffit
pour s’en convaincre de comparer Édom dans le premier chapitre d’Amos et dans
Abdias. Amos annonce, au sujet d’Édom (1: 11, 12), des événements qui eurent lieu
moins de deux siècles après sa prophétie, et ne va pas au-delà. Abdias,
contemplant un événement qui vient de se produire, la prise de Jérusalem par
Nébucadnetsar, y voit une analogie avec le rôle d’Édom dans les événements de
la fin qui précéderont l’établissement définitif du règne de Christ.
Ce dernier fait est absolument nié par les commentateurs dont
nous avons parlé, leur raison
s’opposant
à la réapparition, sur la scène du monde, de nations qui semblent aujourd’hui
complètement éteintes. C’est pourquoi, nous le répétons, les pensées de Dieu,
contenues dans sa Parole, et la prophétie en particulier, sont inexplicables
pour la raison humaine. Aussi les simples
sont bienheureux, car il est dit d’eux : « L’entrée de tes paroles illumine,
donnant de l’intelligence aux simples » (Ps. 119: 130). Qu’ils se laissent donc
enseigner par la Parole, et ne cherchent qu’en elle -seule la lumière pour la
comprendre : « En ta lumière, nous verrons la lumière » (Ps. 36: 9). Qu’ils ne
cherchent pas même à combler, par les sciences, les lacunes apparentes (mais
nullement réelles) de la parole de Dieu, ou à compléter ce sur quoi les
Écritures ont gardé le silence. Quand Dieu parle, qu’ils disent comme Samuel :
« Parle, Éternel, car ton serviteur écoute » (1 Sam. 3: 9) ; et, quand Dieu se
tait, qu’ils disent avec le Psalmiste : « Veille sur l’entrée de mes lèvres »
(Ps. 141: 3). Peut-être Dieu leur révélera-t-il la cause de son silence, quand
leur confiance en Lui aura été mise à l’épreuve et ils trouveront alors, dans
ce silence même, des instructions nouvelles. Enfin, qu’ils ne cherchent pas à
tout connaître, à tout expliquer à la
fois
. Les richesses de Christ se communiquent à nous graduellement par le
Saint Esprit qui nous révèle Dieu dans Sa Parole. Le mineur, poursuivant un filon
d’or, en rassemble graduellement le produit. Pour en acquérir beaucoup, il ne
doit pas perdre de vue le filon précieux qui, dans un moment d’inattention,
pourrait échapper à ses regards. Un jour, il est vrai, la récolte sera petite,
un autre jour, la découverte d’un riche lingot remplira le mineur de joie,
mais, qu’il découvre peu ou beaucoup, c’est toujours le même noble métal, dont
toute la valeur sera mise en lumière à la fin de l’exploitation. Il en est de
même pour nous, quand nous nous appliquons à étudier la Parole sous la
direction de l’Esprit Saint. En ne perdant jamais Christ de vue, nous ne nous
égarerons point. Toujours nous ferons quelque découverte nouvelle de Ses
gloires. Les unes auront un caractère plus étendu que d’autres, car les gloires
de Christ peuvent être célestes ou terrestres, mais les unes comme les autres
concourent à former l’incomparable couronne que Dieu veut poser un jour sur la
tête de son Bien-aimé, quand Il entrera dans son règne comme Fils de l’homme,
Roi d’Israël, Roi des nations et Roi de gloire.
« Ésaü c’est Édom. » Ainsi s’exprime à trois reprises le chapitre 36 de la Genèse. Le caractère de cette nation lui a été transmis par son père en traits ineffaçables. Voyons en quoi il consiste.
Ésaü n’a pas acquis le nom d’Édom à sa naissance. Dieu voulait
illustrer par lui, comme premier-né des jumeaux de Rebecca, l’un des grands
principes de son gouvernement. Ce principe était celui du libre choix de Dieu
selon l’élection de grâce. C’est pourquoi Dieu ne donne pas le droit d’aînesse
à Ésaü, le premier-né, mais le confère à Jacob de par son propos arrêté et son
arbitre souverain. Cette révélation du choix de Dieu n’était faite ni à Jacob,
ni à Ésaü, ni même à Isaac leur père, mais à Rebecca qui, avant la naissance de
ses fils, était allée consulter l’Éternel (Gen. 25: 22). C’est alors que Dieu
lui dit : « Le plus grand sera asservi au plus petit. » Dans cette sentence il
n’est question, en aucune manière, d’une malédiction prononcée contre Ésaü,
car, avant qu’ils fussent nés, ni l’un ni l’autre de ces enfants n’avait « rien
fait de bon ou de mauvais » (Rom. 9 :11) ; mais Dieu revendiquait ainsi son
droit de choisir les héritiers de la promesse. La malédiction ne fut prononcée
contre Ésaü que lorsque, au cours de sa longue histoire, Édom eut rejeté tous
les appels de la grâce (Mal. 1: 3). Au début, Dieu n’ôtait à Ésaü que
l’autorité sur son frère et le droit à l’héritage ; il ne lui enlevait pas,
même après son acte profane, des bénédictions accessoires. C’est pourquoi
Isaac, tout en conservant, contre ses désirs et sa volonté, la prérogative du
premier-né à Jacob, bénit aussi Ésaü, son frère. « Par la foi
Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à venir »
(Héb. 11: 20). Il restait à Ésaü une bénédiction réelle, quoique de beaucoup
moindre valeur que celle de son frère : « Son habitation devait être en la
graisse de la terre, et en la rosée des cieux d’en haut. Il devait vivre de son
épée et servir son frère », car ce qui était promis à Jacob : « Sois le maître de
tes frères » ne pouvait être révoqué. Seulement le patriarche ajoute : « Quand tu
seras devenu nomade tu briseras son joug de dessus ton cou » (Gen. 27: 39, 40).
Cette prophétie d’Isaac s’est accomplie. Toujours l’épée a dominé dans l’histoire d’Édom. C’est par l’épée qu’il s’empare de la montagne de Séhir et en extermine les Horiens qui l’habitaient avant lui (Gen. 36: 21) ; il bataille continuellement avec les fils d’Israël et même avec ses voisins immédiats, tels que Moab. Par l’épée il brise finalement le joug de Juda et s’en affranchit « jusqu’à ce jour » (2 Rois 8: 20-22) ; par l’épée il pille plus tard Jérusalem et s’empare des captifs de Juda (Ps. 137: 7; Amos 1: 11) ; par l’épée enfin il étend son territoire aux dépens de Juda et de Siméon, car à la longue, mû par sa haine et son ambition, il veut « s’attribuer le pays de l’Éternel comme une possession » (Ézéch. 36: 5). De là le nom d’Idumée, contrée qui s’étend bien au-delà de la montagne de Séhir (Marc 3: 7).
Ésaü est donc Édom, mais non pas au premier chapitre de son
histoire. Il acquiert ce nom quand il se montre profane
au sujet de son droit d’aînesse (Héb. 12: 16) qu’il croyait
lui appartenir (car, je le répète, la sentence de Dieu n’avait été révélée qu’à
Rébecca) et qui ne lui avait pas encore été enlevé par la ruse de Jacob. « Pour
un seul mets » il vendit ce droit, méprisa le don de Dieu et lui préféra la
satisfaction momentanée d’un besoin charnel. C’est ainsi qu’il se priva de la
bénédiction et fut rejeté,
non par le
fait de sa naissance, mais par son mépris des dons divins (Héb. 12: 17) ; et ce
fut alors
qu’il reçut le nom d’Édom,
allusion à cette parole : « Laisse-moi avaler de ce roux-là »
(Gen. 25:30).
Dès ce moment l’attitude profane d’Ésaü caractérise la nation
qui descend de lui, nation qui méprise les fils d’Israël et le Dieu qui en a
fait les objets de ses promesses. Un autre trait vient s’ajouter au premier. La
colère
d’Ésaü s’enflamme contre Jacob
dont la ruse a su profiter de son indifférence pour le don de Dieu. Cette
colère dégénère en une haine
meurtrière.
« Et Ésaü eut Jacob en haine, à cause de la bénédiction dont son père l’avait
béni. Et Ésaü dit en son coeur : Les jours du deuil de mon père approchent, et
je tuerai
Jacob, mon frère » (Gen. 27:
41). Ces desseins homicides, rappelant ceux de Caïn à l’égard d’Abel, furent
rendus vains par la prolongation des jours d’Isaac, dont la mort était, aux
yeux d’Ésaü, la limite jusqu’à laquelle il voulait reculer sa vengeance. Cela
explique aussi que la haine d’Ésaü ne se soit pas donné carrière quand les deux
frères se rencontrèrent après le passage du gué de Jabbok, et qu’il l’ait même
voilée sous des dehors généreux, malgré la présence inquiétante de ses quatre
cents hommes de guerre et son offre ambiguë d’en laisser une partie avec son
frère (Gen. 32: 6; 33: 15). Les deux frères avaient cent vingt ans quand ils
ensevelirent Isaac âgé de cent quatre-vingts ans (Gen. 35: 27-29). Dès lors, ne
pouvant vivre ensemble à cause de leurs nombreux troupeaux, — nouvelle preuve
de la bonne providence de Dieu qui délivrait ainsi Jacob d’une menace
perpétuelle, — il fallut qu’Ésaü se rendît dans le pays de Séhir, loin de Jacob
son frère (Gen. 36: 8). Toutefois, il habitait déjà avant cette époque une
partie du pays plat qui débordait de divers côtés dans la plaine (Gen. 14: 6),
et était appelé « le pays de Séhir, la campagne d’Édom » (Gen. 32: 3; 33: 1). Les
fils d’Ésaü s’emparèrent alors de la montagne
de Séhir, dont ils exterminèrent ou asservirent le peuple primitif, les Horiens
(Gen. 36: 20; 14: 6). Ce peuple, dont le nom vient, comme on le sait, de Hor,
caverne, était troglodyte. Édom, qui lui succéda, s’accommoda de ces demeures
creusées dans le roc, qui subsistent encore aujourd’hui (Jér. 49: 16; Abd. 3).
La montagne de Séhir, appelée aussi en Abdias « la montagne d’Ésaü » (Abd. 8, 9,
19, 21), située entre Élath, sur la langue orientale de la mer Rouge, et la
pointe méridionale de la mer Morte, devint ainsi le domaine principal et comme
la patrie d’Édom.
La jalousie, la haine d’Ésaü et sa soif de vengeance se transmirent à sa postérité. Amalek était un descendant direct d’Ésaü dont il était le petit-fils par Éliphaz (Gen. 36: 12). Son hostilité sans merci contre Israël éclata aussitôt que ce peuple quitta l’Égypte pour entrer en Canaan. Amalek est le type effrayant de la haine de Satan contre le peuple de Dieu, aussi l’Éternel déclare qu’il aura la guerre de génération en génération contre lui (Ex. 17: 16). Au moment de sa première attaque, Amalek occupait une partie des déserts de Paran et de Shur qui ferment l’accès de la Palestine au midi. Israël ayant pris possession de son héritage, l’Éternel attendit le moment où Saül serait oint comme roi pour lui ordonner la destruction d’Amalek ; mais Saül épargna Agag et le meilleur du menu et du gros bétail et Dieu lui fit dire par Samuel : « Parce que tu as rejeté la parole de l’Éternel, il t’a aussi rejeté comme roi » (1 Sam. 15: 9, 23). David, par contre, avant même de revêtir la royauté, combat Amalek et l’extermine (1 Sam. 27: 8-12; 30 : 1-20). Ce peuple fut anéanti ; au temps d’Ézéchias, son territoire fut, ainsi qu’une partie de la montagne de Séhir, occupé par la tribu de Siméon (1 Chron. 4: 42) ; mais plus tard, repris par Édom, il fut compris dans l’Idumée sous le joug romain (Marc 3: 7). Dans le livre d’Esther, nous assistons, chez Haman, l’ennemi implacable des Juifs, au dernier effort d’Amalek pour détruire le peuple de Dieu. Ce livre est un type de l’histoire prophétique d’Israël à la fin des temps (*). Aussi voyons-nous reparaître Amalek dans la confédération finale des peuples qui se liguent contre Israël (Ps. 83: 7).
(*) Voyez « Méditations sur le livre d’Esther », par H. R.
Les Édomites avaient des chefs ; ils eurent aussi des rois qui « régnèrent dans le pays d’Édom avant qu’un roi régnât sur les fils d’Israël » (Gen. 36: 31-39). Ce fut un roi d’Édom qui refusa le passage au peuple de Dieu (Juges 11: 17).
L’humeur batailleuse d’Édom, jointe à sa haine invétérée, le mit en conflit continuel avec Israël, et les victoires de ce dernier sur lui ne firent qu’exalter sa soif de vengeance et de meurtre. Cette méchanceté perpétuelle trouva sa rétribution. Saül défit Édom (1 Sam. 14: 47) ; David le battit dans la vallée du sel (1 Rois 11: 15, 16 ; 2 Sam. 8: 13, 14) et mit des garnisons dans son pays. Une seule fois Édom s’allia avec Israël et Juda, sous Joram et Josaphat, pour faire la guerre à Moab, alliance contre nature qui certes ne profita pas à Israël. Ce même Édom (les Maonites de la montagne de Séhir), allié à Moab et à Ammon, s’éleva plus tard contre Juda, son ancien allié, et fut détruit par l’Éternel, dans la vallée de Beraca devant Josaphat et son peuple (2 Chron. 20: 1, 10, 22). Sous le règne de Joram, les Édomites sont battus par ce roi, mais se révoltent de dessous sa main et se choisissent de nouveau un roi (2 Rois 8: 20). Ils gardent un demi-siècle leur indépendance (2 Chron. 21: 8) ; sont battus par le fidèle Amatsia (2 Rois 14: 7; 2 Chron. 25: 11, 12) ; se soulèvent contre Juda, sous l’impie Achaz et sont la verge de Dieu contre lui (2 Chron. 28: 17).
Enfin, mettant le comble à leur haine incessante, ils s’allient avec Babylone et les ennemis des Juifs, aux jours de la calamité de Juda et de Jérusalem (Jér. 49; Ézéch. 25: 35; Ps. 137: 7). À la suite de cette dernière transgression, les prophètes prononcent une malédiction sur Édom (Ésaïe 34: 9-11, 63: 1-6 ; Jér. 49 ; Lam. 4: 21 ; Ézéch. 25: 12-14 ; Amos 1) qui devient, à son tour, la proie de Nébucadnetsar, le dévastateur babylonien (Jér. 49: 22; cf. 48: 8, 32, 40). Telle est, selon l’Écriture, l’histoire d’Edom dans le passé.
* * *
Dans le présent
cette
histoire se résume en deux mots. Édom a
disparu
de la scène et on n’en retrouve plus aucune trace. Il a été
remplacé, au dire des historiens, par les Nabatéens que quelques-uns estiment
être les Nebaioth, descendants d’Ismaël et apparentés à Édom (Gen. 25: 13 ; 36:
3). Malgré toutes les recherches et dissertations des savants, « peu de points
des annales antiques de l’Orient restent, selon Lenormant, enveloppés d’aussi
épaisses ténèbres ». Nous mentionnons cette parole pour faire ressortir
l’incertitude de la science historique tant vantée, en regard des certitudes
absolues que les récits bibliques nous présentent. Quand il plaît à Dieu de se
taire, la sagesse de l’homme erre. L’histoire des temps qui précédèrent la
création de l’homme en est une des mille preuves ; l’histoire d’Édom, dans son
cadre si restreint qu’il semble facile de l’embrasser d’un coup d’oeil, en est
une autre. N’ayant aucune compétence pour aborder ces questions, quelque
intérêt qu’elles puissent présenter à la curiosité de l’homme, et notre seul
but étant d’édifier les enfants de Dieu sur la toute-suffisance des Écritures,
nous nous bornons à constater cette lacune. La Parole nous apprend que, dans le
passé, une tourmente a mis fin, à diverses époques, d’abord à l’existence des
dix tribus, puis à celle de tous les peuples qui enserraient les frontières de
la Palestine, tels qu’Édom, les Amalékites, Moab, Ammon, les Philistins. De ces
nations, les trois dernières, détruites autrefois par Nébucadnetsar, ont été et
semblent encore de nos jours, occupées par les « fils de l’Orient », les
Beni-Kedem, Arabes issus d’Ismaël (Ézéch. 25: 1-11; Gen. 29: 1; Job 1: 3; Juges
6: 3, 33; 7: 12; 8: 10) que Nébucadnetsar avait aussi conquis autrefois (Jér. 49:
28). Tous les peuples que nous avons mentionnés n’occupent plus la scène du
monde, mais la parole de Dieu va nous apprendre que, plongés dans le sommeil et
le silence, ils attendent le jour de leur résurrection nationale et celui de
leur jugement définitif. Ce jour se lèvera, et, pour nous le prouver, nous
allons voir succéder à la disette présente de renseignements, des documents authentiques, parce qu’ils sont divins,
concernant
l’histoire d’Édom au temps de la fin, histoire qui nous occupera dans l’étude
du prophète Abdias.
* * *
Nous venons de voir que le croyant possède, sur le passé d’Édom, un document certain, le livre de Dieu ; et que, Dieu gardant à dessein le silence sur le présent de ce peuple, l’on se trouve réduit à son égard à l’incertitude de la science humaine. Aussi le simple croyant en conclura que la sagesse consiste pour lui non pas à s’occuper du présent, au sujet duquel Dieu ne nous a rien révélé, mais à chercher dans la Parole ce qu’elle nous révèle au sujet de l’avenir. Quel est donc, selon l’Écriture, l’avenir d’Édom ?
Détail remarquable : tous les événements prophétiques des
derniers jours se rattachent à une résurrection
nationale
des peuples et des empires, si bien que l’on pourrait presque
dire à ce sujet, comme Paul : « Pourquoi, parmi vous, juge-t-on incroyable que
Dieu ressuscite des morts ? » Ce retour à la vie préparera le jugement définitif
de ces nations, en vue de l’établissement du royaume de Christ sur la terre,
seul royaume qui ne sera jamais ébranlé. La prophétie a toujours en vue ce
royaume terrestre ; le royaume céleste, dans lequel seront introduits les
saints glorifiés et l’Église, n’est pas proprement du domaine prophétique, sans
en être absolument exclu (voyez Apoc. 4: 5 ; 19 à 21) ; car les deux
sphères du royaume, la céleste et la terrestre, seront en communication
habituelle l’une avec l’autre.
Nous rencontrons donc, dans le domaine terrestre de la
prophétie, une résurrection de l’empire romain, jadis blessé à mort (Apoc. 13:
3; 17: 8) ; une résurrection nationale d’Israël (Ézéch. 37) ; une résurrection de
l’Assyrien (Daniel 11: 40-45 et tout Ésaïe) ; une résurrection de toutes
les nations, aujourd’hui
éteintes, et leur jugement final dans la vallée de Josaphat (Ps. 83; Joël 3). Édom
est du nombre de ces dernières (Joël
3: 19).
Beaucoup de commentateurs estiment que l’idée d’une résurrection
nationale est une erreur découlant du « littéralisme d’une certaine école », dont
ils méprisent les vues prophétiques comme contredisant le sens commun. De fait,
leur opposition découle de la manière même dont ils considèrent la Bible. Elle
est, disent-ils, une « série de documents » soumis à la critique comme une
« science historique » ; dangereuse affirmation qui ruine d’avance l’autorité
absolue et divine des Écritures. Si « toute Écriture est divinement inspirée » et
fait partie de la « parole de Dieu » qui est « la vérité », la vérité ne se
trouvera jamais du côté de ceux qui se permettent de critiquer cette
inspiration. Pour le simple croyant toute la question qui nous occupe se résout
à ceci : Que dit l’Écriture ? Parle-t-elle clairement de l’avenir du monde et des
nations ? S’il en est ainsi, le chrétien se soumet à son autorité. Mais cette
autorité ne suffit pas à la théologie actuelle qui sent le besoin de la
contrôler par l’autorité de la science,
érigeant
ainsi cette dernière en juge des pensées de Dieu. Devant une aussi monstrueuse
prétention, le croyant qui a trouvé la vie éternelle dans la parole de Dieu, et
dont la vie est entretenue journellement par cette même Parole, le croyant, dis-je,
ne tient aucun compte des doutes et des négations de cette science faussement
ainsi nommée et se contente de puiser la vérité dans la parole de Dieu.
La réapparition des nations aux derniers jours est intimement
liée à celle des dix tribus d’Israël,
dont
la restauration semble tout aussi, sinon plus impossible que celle d’Édom.
Quant à la tribu de Juda, multitude immense qui porte aujourd’hui les
caractères indélébiles de sa race parmi toutes les nations du globe,
d’innombrables passages des écrits prophétiques nous montrent qu’elle rentrera
dans son pays. Mais que sont devenues les dix tribus depuis leur transportation
par Shalmanéser, roi d’Assyrie ? (A.-C. 721.) Disparues ! Où donc ? Dans quels
pays ? Parmi quels peuples de la terre ? Obscurité complète ! Les recherches à
ce sujet n’ont cependant pas manqué : que de fois on les crut près d’aboutir…
ces espérances ont été déçues. Pas plus en Chine que dans aucun des pays dont
Dieu déclare qu’il les ramènera, on n’en a trouvé la moindre trace. Mais Dieu
sait où elles sont cachées ;
Il les voit et les retrouvera. Cela nous suffit.
Cette restauration des dix tribus, rentrant à la fin des jours dans leur héritage, nous est présentée dans une foule de passages des Écritures dont nous nous bornerons à citer quelques-uns.
Parlant des dix tribus, appelées constamment Éphraïm
et Israël,
le prophète Jérémie dit (chap. 31) : « Tu planteras encore
des vignes sur les montagnes de Samarie…
car il y a un jour auquel les gardes crieront sur la montagne d’Éphraïm :
Levez-vous, et nous
monterons à Sion, vers l’Éternel, notre Dieu » (v. 5, 6). « Éternel, sauve ton
peuple, le reste d’Israël
. Voici, je
les fais venir du pays du Nord, et je les rassemble des extrémités de la
terre… tous ensemble, une grande congrégation : ils retourneront ici. Ils
viendront avec des larmes, et je les conduirai avec des supplications ; je les
ferai marcher vers des torrents d’eaux par un chemin droit ; ils n’y
trébucheront pas ; car je serai pour père à Israël, et Éphraïm
sera mon premier-né » (v. 8, 9). « Il y a espoir pour ta fin,
dit l’Éternel » (à Rachel, mère de Joseph) « et tes fils reviendront dans leurs
confins » (v. 17). « J’ai très bien entendu Éphraïm
se lamentant : tu m’as corrigé et j’ai été corrigé comme un veau indompté ;
convertis-moi et je serai converti, car tu es l’Éternel, mon Dieu » (v. 18). Les
versets 21 à 26 de ce même chapitre montrent le rétablissement des captifs de Juda ; puis la réunion de la maison d’Israël
avec la maison de Juda
et la nouvelle alliance établie avec le peuple tout entier.
En És. 49, l’Éternel dit au Messie : « C’est peu de chose que tu
me sois serviteur pour rétablir les tribus
de Jacob
et pour ramener les
préservés d’Israël
. » Puis vient la description touchante de leur rentrée
dans le pays de leur héritage : « Voici, ceux-ci viendront de loin ; et voici,
ceux-là du Nord et de l’Ouest, et ceux-ci du pays de Sinim » (v. 6-13; 22-26).
Ézéch. 20: 34-38 décrit le retour des dix tribus, tout différent
de celui de Juda qui sera jugé dans son
pays,
tandis que les rebelles
d’Israël
seront jugés en chemin,
comme jadis
le peuple sorti d’Égypte dans le désert, et « n’entreront point dans la terre
d’Israël ».
Ézéch. 37 nous parle, par une image frappante, de la
résurrection nationale future du peuple de Dieu. « Ces os sont toute
la maison d’Israël » (v. 11), donc
aussi les dix tribus, c’est-à-dire Éphraïm, que l’Éternel rassemble de toutes
parts et fait entrer dans leur terre, pour que « Juda
et Joseph
» ne
fassent plus « qu’une seule nation » (v. 16, 17, 21, 22).
Zach. 10 dit : « Je rendrai forte la maison de Juda,
et je sauverai la maison de Joseph,
et je les ramènerai… et ceux
d’Éphraïm
seront comme un homme
fort… Je les sifflerai et je les rassemblerai… et je les ramènerai du pays
d’Égypte, et je les rassemblerai de l’Assyrie, et je les ferai venir au pays de
Galaad et au Liban, et il ne sera pas trouvé assez de place pour eux » (v.
6-12).
Terminons ces quelques citations par le remarquable passage
d’Ésaïe 11 qui nous servira de transition pour la réapparition d’Édom aux jours
de la fin sur la scène prophétique. Dans les versets 1 à 10 de ce chapitre,
nous trouvons le portrait du Messie, venant dans la plénitude de l’Esprit de
Dieu et introduisant ici-bas son règne de paix millénaire. « Et il arrivera, en ce jour-là,
que le Seigneur mettra sa
main encore une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera
demeuré de reste, de l’Assyrie, et de l’Égypte, et de Pathros, et de Cush, et
d’Élam, et de Shinhar, et de Hamath, et des îles de la mer. Et il élèvera un
étendard devant les nations, et rassemblera les
exilés d’Israël,
et réunira les
dispersés de Juda
des quatre bouts de la terre » (v. 11, 12). Alors les deux
nations seront réunies comme au début de leur histoire : « Éphraïm
ne sera pas rempli d’envie contre Juda,
et Juda ne sera pas l’adversaire d’Éphraïm » (v. 13). C’est
donc une scène entièrement future. Mais voici qu’avec le réveil de Juda et des
dix tribus, et leur formation en unité, leurs adversaires d’autrefois se sont
aussi réveillés : « Ils voleront sur l’épaule des Philistins
vers l’ouest, ils pilleront ensemble les fils de l’Orient : Édom
et Moab
seront la proie de leurs mains, et
les fils d’Ammon
leur obéiront » (v.
14).
Ce passage nous amène donc à la réapparition d’Édom aux derniers jours. Citons, au sujet de cette dernière, les passages suivants :
Nomb. 24: 17, 18. — Balaam annonce que, dans un temps futur,
« une étoile surgira de Jacob, et un sceptre s’élèvera d’Israël ». Cette
prophétie aurait été accomplie selon Matt. 2: 2, 7-10, si le peuple n’avait pas
crucifié son Messie. Elle s’accomplira plus tard, quand le Christ, jadis
rejeté, reprendra ses relations avec Israël et établira son règne sur la terre.
Alors se réalisera ce qui nous est dit ensuite : « Il transpercera les coins de
Moab, et détruira les fils de tumulte. Et Édom
sera une possession, et Séhir
sera
une possession… eux, ses ennemis ; et Israël agira avec puissance. » Rien de
pareil n’a eu lieu jusqu’à ce jour. Le sceptre de Christ ne s’est pas encore
élevé ; Israël n’a pas encore agi avec puissance et ne s’est pas encore emparé
d’Édom. Cet Édom, disparu aujourd’hui, devra donc renaître pour devenir « la
proie des mains d’Israël ».
Ps. 108: 7-11. — Dans ce chant de triomphe qui peut être aussi
bien placé dans la bouche du Messie, que dans celle d’Israël restauré, le
peuple étant de nouveau entièrement réuni (v. 8), le Psalmiste s’écrie : « Moab
est le bassin où je me lave ; sur Édom
j’ai
jeté ma sandale ; sur la Philistie je pousserai des cris de triomphe… qui me
mènera jusqu’en Édom
? » La réponse
est que ce sera Dieu,
qui avait
rejeté le peuple et n’était pas sorti avec ses armées. Donc, lors de la
restauration d’Israël, après sa longue réjection qui dure encore, Édom,
ainsi que toutes les nations
voisines, sera conquis par le peuple de Dieu.
Ps. 83: 6-8. — Ce Psaume est évidemment prophétique, comme du reste tous les Psaumes. Jamais la confédération des peuples dont il est question ici, et dont Édom a pris la direction, n’a eu lieu (*). C’est Édom, en effet, qui est placé à la tête de cette coalition dont le but est de « prendre possession des habitations de Dieu ». Assur se joint à eux plus qu’il ne les dirige, car cet Assyrien de la fin ne semble pas conduire en personne la première attaque contre Jérusalem, le premier siège futur de cette ville ; il se réserve pour l’invasion définitive, à son retour d’Égypte, et c’est alors qu’il « viendra à sa fin » (Dan. 11: 45). Rien de pareil à ce premier siège ne s’est encore passé dans l’histoire. Nous nous en sommes expliqués autre part (**). Ce que nous retenons ici, c’est qu’Édom reparaît à la fin des temps en compagnie de nations, aujourd’hui détruites comme lui, et qui chercheront à s’emparer de Jérusalem, car, sauf la présence d’Édom, la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar n’a aucun rapport quelconque avec ce qui nous est présenté ici.
(*) Pour donner une idée des difficultés dans lesquelles se débattent des commentateurs pieux, pour avoir méconnu le caractère prophétique des Psaumes, je cite l’un d’eux, à propos de ce passage. « Quand une coalition aussi universelle s’est-elle produite ? On peut hésiter entre deux époques, celle de Josaphat (2 Chron. 20) et celle des Macchabées (1 Macc. 5). Sous Judas Macchabée, les Juifs eurent en effet à lutter contre tous les peuples qui les entouraient, y compris les Tyriens, qui sans cela ne sont jamais nommés comme étant en état d’hostilité ouverte contre Israël ( ?). Mais, d’autre part, à cette époque, les Amalékites étaient détruits depuis longtemps (1 Chron. 4: 42, 43). Moab n’existait pas comme nation, enfin la mention de l’Assyrie serait étonnante à ce moment-là, puisque l’empire de Ninive était dès longtemps tombé, et si l’on voulait essayer de prendre le nom d’Assur comme une désignation du royaume de Syrie, on ne comprendrait pas qu’il fût placé en dernier lieu (v. 9) comme l’un des moins importants. Nous pensons donc plutôt qu’il s’agit de la formidable invasion racontée en 2 Chron. 20. Ce récit ne parle, il est vrai, que des Moabites et des Ammonites, auxquels s’était joint Édom. Ce sont ces peuples qui, dans notre Psaume, semblent être les promoteurs de la levée de boucliers (v. 9). Il faudrait admettre que leur armée comprenait des détachements de nomades ismaélites et amalékites, et que les Philistins et Tyr, sans avoir encore pris les armes, se disposaient à se joindre à la coalition. » Cette phrase nous semble être suffisante pour condamner tout un système d’interprétation qui méconnaît la portée de la prophétie, cherche à l’adapter à des événements passés et en oublie le but final, l’établissement en puissance du règne de Christ par les jugements.
(**) L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des degrés, par H. R. (p. 31).
És. 34: 1-8. — « La colère de l’Éternel est sur toutes les nations et sa fureur sur toutes leurs armées. » C’est la fin des temps, le jugement qui précède le règne de Christ (comp. v. 4 avec Apoc. 6: 13, 14). C’est en particulier l’épée descendant sur Édom, et « le sacrifice de Botsra », la destruction en Édom des armées de la grande confédération occidentale, une subversion comme celle du premier chapitre de la Genèse (comp. v. 11 avec Gen. 1: 2).
És. 63: 1. — « Qui est celui-ci qui vient d’Édom, de Botsra, avec
des habits teints en rouge, celui-ci, qui est magnifique dans ses vêtements,
qui marche dans la grandeur de sa force ? C’est moi, qui parle en justice,
puissant pour sauver. » Le Messie paraît ici, venant d’Édom
, de Botsra. C’est Lui qui exerce la vengeance et « d’entre les peuples,
pas un homme n’a été avec
Lui » (remarquez qu’Israël seul est excepté ici). Ce passage peut-il être
assimilé en quoi que ce soit à l’histoire passée d’Édom ? Les jugements de cette
nation ont toujours été exécutés par « les peuples » ; ils le sont ici par le
Seigneur lui-même. L’essai de spiritualiser une telle scène ne fait que prouver
l’incapacité de recevoir simplement l’enseignement de la Parole. Édom se
retrouvera donc à la fin des temps, au moment où le Seigneur exercera le
jugement terrible qui placera entre Ses mains les rênes du royaume.
Jér, 49: 7. — Au chap. 48, « les captifs de Moab sont rétablis par l’Éternel à la fin des jours ». De même au chap. 49: 6, les fils d’Ammon. Par contre Édom n’aura point de grappillages, car, comme nous le verrons en Abdias, il n’y aura « pas de reste de la maison d’Ésaü ». Donc ces trois peuples existeront à la fin des jours pour être jugés, mais les deux premiers ne seront pas totalement anéantis, tandis qu’Édom le sera.
Lament. 4: 21, 22. — La fille d’Édom boira la coupe et son iniquité sera visitée quand l’iniquité de la fille de Sion aura pris fin. Ces deux faits sont contemporains et il faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il s’agit ici d’un temps futur, et que Jérusalem porte encore aujourd’hui son iniquité et est foulée aux pieds des nations.
Ézéch. 25:12-24. — Tandis qu’Ammon et Moab sont livrés aux fils de l’Orient (c’est, comme nous l’avons vu, leur histoire passée), Édom, qui s’est vengé cruellement de la maison de Juda et s’est rendu fort coupable à son égard, tombera sous la vengeance de l’Éternel exercée par la main de son peuple Israël. Dans l’impossibilité d’adapter ce passage à l’histoire, les commentateurs admettent que cette prophétie « atteint jusqu’aux derniers temps. On verra alors la puissance du paganisme, représentée par Édom, crouler devant le règne de Christ sorti de Juda ». ( !) Une telle manière de commenter l’Écriture porte en elle-même sa condamnation. Comme le Seigneur est vu, en Ésaïe 34 et 63, exerçant la vengeance sur les armées rassemblées en Édom, sans aucun secours de la part des nations, par conséquent d’une manière entièrement différente de ce qu’il a fait dans le passé, ainsi il se servira d’Israël pour exercer la vengeance sur Édom lui-même.
Ézéch. 35 est d’un intérêt tout particulier pour le sujet qui
nous occupe, la réapparition d’Édom aux derniers jours. Il s’agit ici du « temps
de l’iniquité de la fin » où les fils d’Israël seront livrés à « la puissance de
l’épée, au temps de leur calamité » (v. 5). Or toute la prophétie nous fait
connaître l’apostasie des Juifs rentrés dans leur pays aux derniers temps, pour
y tomber sous le joug de l’Antichrist. Dans ce temps-là, Édom, comme nous
l’avons vu au Ps. 83, se met à la tête de la confédération des peuples qui,
favorisés par l’Assyrien futur, veulent « prendre possession des habitations de
Dieu » (v. 12). Édom dit : « Les deux nations et les deux pays seront à moi
, et nous les posséderons » (Ézéch.
35: 10). « Elles sont désolées ; elles nous sont données pour les dévorer » (v.
12.). Nous savons aussi qu’au moment de ce dernier effort des ennemis d’Israël,
le Seigneur manifeste sa gloire aux yeux du faible Résidu de Jérusalem, comme
un avant-goût du règne qu’il va établir (Zach. 14: 4), ce qui fait dire par le
prophète Ézéchiel à Édom : « Tu as dit : Les deux nations seront à moi… et l’Éternel y était
! » (v. 10). Cela rend
Édom doublement coupable de son « inimitié perpétuelle », aussi est-il retranché
à toujours : « Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai en désolation »
(v. 14).
Dan. 11: 41. — Quand le roi du Nord, l’Assyrien de la fin,
entrant en conflit avec l’Égypte (le roi du midi) envahit la terre d’Israël, « Édom,
Moab et les principaux des fils
d’Ammon échappent de sa main ». Cette prophétie ne se rattache en rien à des
événements présents. Il nous suffit de la citer ici, sans de plus amples
explications, pour montrer ce que nous désirons prouver, c’est que ces nations
subsisteront lors de la destruction de l’Assyrien, dernier acte qui précédera
l’établissement du royaume de Christ (v. 45). Tout cela est appliqué, par les
théologiens qui ne voient dans la prophétie que l’accomplissement d’événements historiques,
à une expédition problématique d’Antiochus contre Ptolémée Philométor !
Joël, dont la prophétie ne traite que du « jour de l’Éternel » (*), c’est-à-dire du jour de la fin, dit : « Édom
sera un désert désolé, à cause de
sa violence contre les fils de Juda, parce qu’ils ont répandu du sang innocent
dans leur pays. Mais Juda sera habité à toujours, et Jérusalem de génération en
génération » (3: 19, 20). Vision entièrement prophétique, concernant
l’établissement du règne, à la suite du jugement national des peuples dans la
vallée de Josaphat.
(*) Voyez « Le livre du prophète Joël », par H. R.
Mal. 1: 3-5. — Nous touchons ici à la fin de l’histoire d’Édom.
Quand toutes les tentatives de l’Éternel pour le ramener n’ont fait qu’attiser
sa haine, Dieu dit : « J’ai haï Ésaü. » Alors Dieu le juge définitivement.
Édom, dans sa rébellion perpétuelle, s’écrie : « Nous
sommes détruits, mais nous rebâtirons ce qui est ruiné. » Alors, la patience de
Dieu étant arrivée à son terme, Dieu dit, par le dernier prophète : « Ils bâtiront, mais moi je renverserai !
»
* * *
Toutes les citations que nous venons de faire et qui ont
peut-être lassé la patience de nos lecteurs, étaient nécessaires
pour prouver, sans hésitation possible, la résurrection
d’Édom dans l’avenir. Les événements prophétiques sont liés à ce principe de la
réapparition, au temps de la fin, de nations dès longtemps disparues. Puissent
ces explications suffire pour réduire à néant tout un système d’interprétation
prophétique qui fausse la parole de Dieu, en méconnaît l’autorité, ôte toute
portée aux événements de la fin, et détourne finalement les yeux de Christ et
de ses gloires, pour les reporter vers des événements passés sans portée morale
pour le coeur et pour la conscience.
En adressant ces lignes à mes frères en Christ sur lesquels ce
système exerce son influence, car je ne parle pas aux savants rationalistes et
incrédules, je les supplie de désapprendre ce qu’ils ont appris à cette école
et de revenir à la simplicité de la foi en l’autorité absolue des Écritures. S’ils
voient clair, en un point d’apparence aussi secondaire que celui dont nous
venons de nous occuper, ils auront les yeux ouverts sur d’autres points plus
importants et pourront mesurer le danger d’appliquer à l’étude de la parole de
Dieu les procédés de critique de l’homme. Hélas ! déjà les plus
respectables d’entre eux ne craignent pas de se féliciter que la doctrine de
« l’inspiration littérale soit morte de sa belle mort dans les milieux
théologiques ». Nous répondons à ces frères qu’ayant abandonné l’inspiration absolue
des Écritures (car
le mot « littéral » n’est qu’un trompe-l’oeil) leur piété n’est plus capable de
résister efficacement aux assauts de l’incrédulité moderne. Ils en gémissent,
mais ayant laissé s’ébrécher la lame de leur glaive qui est la parole de Dieu,
ils n’ont plus qu’une arme inutile quand il leur faudrait une épée à deux
tranchants.
* * *
Ce très long préambule nous permet d’aborder la prophétie d’Abdias. Elle va nous faire le tableau, proportionné à son cadre, du sort d’Édom aux derniers jours, et s’il nous a fallu, dans notre Avant-propos, anticiper largement sur ce que nous avons encore à dire, les quelques versets d’Abdias nous offriront de quoi contrôler, à bien des égards, ce que nous venons de présenter.
Les jugements
d’Édom et
des nations, tel est le sujet d’Abdias. N’oublions pas que les jugements ont
une immense importance pour l’avenir d’Israël. Si l’Église est sauvée
aujourd’hui par grâce, Israël, dans l’avenir, sera délivré par les jugements.
C’est pourquoi le Résidu fidèle dans les Psaumes en fait si souvent le sujet de
ses supplications. Les analogies continuelles évoquées par les prophètes entre
les jugements passés et les jugements à venir, font mieux comprendre le
caractère de ces derniers. À leur tour, les jugements futurs dirigent nos
regards vers la personne du Juge. Le Résidu d’Israël reconnaîtra en Lui l’homme
débonnaire qu’il avait rejeté jadis, l’Agneau de Dieu qui avait été livré pour
le péché de son peuple. Avec quel ravissement les fidèles verront alors, réunies
dans cette personne auguste, la majesté et la grâce, la débonnaireté et la
justice. « Tu es plus beau », diront-ils, « que les fils des hommes ; la grâce
est répandue sur tes lèvres ; c’est
pourquoi Dieu t’a béni à toujours. Ceins ton épée sur ton côté, homme vaillant,
dans ta majesté
et ta magnificence
; et, prospérant dans ta
magnificence, mène en avant ton char, à cause de la vérité,
et de la débonnaireté
et de la justice
; et ta
droite t’enseignera des choses terribles. Tes flèches sont aiguës — les peuples
tomberont sous toi, — dans le coeur des ennemis du Roi ! » (Ps. 45: 2-5.)
« La vision d’Abdias. — Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, touchant Édom. Nous avons entendu une rumeur de par l’Éternel, et un ambassadeur a été envoyé parmi les nations : Levez-vous ! et levons-nous contre lui pour la guerre » (v. 1).
La parole de Dieu ne nous renseigne pas sur la personne du
prophète Abdias, ni sur le temps exact
de
sa prophétie ; toute supposition à cet égard est donc inutile et ne petit
servir à l’édification des âmes. Ce que Dieu nous a révélé, voilà ce qu’il est
bon de retenir ; l’on ne saurait trop répéter cette vérité élémentaire, mais si
peu comprise. S’ils la mettent en pratique, les enfants de Dieu seront gardés
d’apporter leurs propres pensées à la Parole au lieu de se laisser enseigner
par elle. Que penserait-on d’un homme qui s’imaginerait ajouter quelque chose
au lac en y vidant sa cruche ? Ne ferait-il pas mieux de venir l’y remplir ?
Nos propres pensées pourront-elles jamais enrichir les Écritures ? Qu’Abdias
ait prophétisé, comme Jérémie, vers la fin du royaume de Juda, cela ne peut
faire aucun doute pour le chrétien animé de « l’esprit de sobre bon sens » (2
Tim. 1: 7). Il suffit de comparer le jugement d’Édom en Jér. 49: 7-22 avec la
prophétie d’Abdias qui a pour sujet la ruine finale de cette nation. Jérémie
emploie à peu près les mêmes termes que notre prophète : « J’ai entendu une
rumeur de par l’Éternel, et un ambassadeur a été envoyé parmi les nations :
Assemblez-vous, et venez contre lui, et levez-vous pour la guerre » (Jér. 49:
14). En présence de cette analogie, et d’autres encore que nous verrons au
cours de cette méditation, les commentateurs se donnent beaucoup de mal pour
savoir lequel de ces deux prophètes a copié
l’autre.
Question plus qu’oiseuse et sous laquelle, comme sous toute
investigation semblable, il n’est pas difficile de découvrir un esprit critique
hostile à l’inspiration plénière de la parole de Dieu. Le fait d’une copie est
possible, mais n’y a-t-il donc que cette alternative pour expliquer une telle
analogie ? Les mêmes hommes posent la même question au sujet des évangiles
synoptiques ; à quoi ont abouti leurs recherches ? L’esprit de l’homme s’y use,
et cela tourne toujours à sa confusion. Ce dont le chrétien est convaincu, c’est
qu’en Jérémie comme en Abdias, Dieu
lui
parle et qu’il n’a plus qu’à recevoir de Lui l’instruction spéciale contenue
dans chacun de ces prophètes.
Il est un trait caractéristique du prophète Jérémie auquel il
n’est pas fait allusion dans Abdias. Jérémie prédit, à brève échéance, la
destruction de Jérusalem, puis de toutes les nations, par Nébucadnetsar (Jér.
46-49), puis la destruction de ce grand empire par l’Éternel lui-même (chap.
50) ; il indique enfin les instruments, les Mèdes, par lesquels Dieu mettra historiquement
fin à cette puissance
(chap. 51). Le prophète Daniel a un autre point de vue : il décrit l’histoire
successive des quatre grands empires universels aussi longtemps que le pouvoir
sera confié aux nations ; cependant il montre aussi la chute simultanée
de ces pouvoirs pour faire
place au seul royaume « qui ne sera jamais détruit » (Dan. 2).
C’est la seconde alternative que l’on trouve en Jérémie. Pour
lui, le sort de tous ces empires est, dès le début, fixé définitivement par la
chute de Babylone, car elle a employé la puissance que Dieu a mise entre ses
mains pour l’exaltation d’elle-même et la multiplication sans fin de ses
idoles. Mais c’est elle qui exerce le jugement de Dieu sur toutes les nations
jusqu’au moment de sa chute finale. Dès le moment de sa chute historique, le
prophète nous conduit par-dessus
tous
les siècles intermédiaires jusqu’aux événements des derniers jours. C’est ainsi
qu’après avoir décrit le renversement de l’Égypte par Nébucadnetsar, Jérémie
nous dit : « Après cela
elle sera
habitée comme aux jours d’autrefois, dit l’Éternel » (46: 26) ; c’est ainsi
qu’après la destruction de Moab par le même monarque, il ajoute : « Je rétablirai
les captifs de Moab à la fin des jours
»
(48: 47) ; et de même pour les fils d’Ammon : « Après cela,
je rétablirai les captifs des fils d’Ammon » (49: 6).
Enfin, au sujet d’Élam, détruit par cette même épée de Babylone : « Il arrivera, à
la
fin des jours,
que je rétablirai les captifs d’Élam » (49: 39).
Il n’en est pas tout à fait de même d’Édom (49: 7-22). Jamais il ne sera rétabli ; telle est sa sentence définitive. Aussi, tout en décrivant son jugement par Nébucadnetsar qui « monte comme un aigle et vole et étend ses ailes sur Botsra » (cf. 48: 40), l’Esprit de Dieu nous fait assister aux événements de la fin qui accompagnent sa chute. De là l’analogie si frappante entre Jérémie et Abdias. Dans les deux cas la fin d’Édom aux derniers jours, sa subversion sans restauration possible aura lieu par ses alliés de jadis ; par les nations assemblées contre lui et sur son territoire ; par l’Éternel lui-même (si j’interprète justement le « lion qui monte de la crue du Jourdain » (49 :19, cf. 50: 44), choses que nous trouvons dans ces deux prophéties parallèles ; enfin par le peuple d’Israël, un fait que nous ne rencontrons pas dans Jérémie, mais dans Abdias.
Voyons à quelle circonstance le premier verset d’Abdias fait
allusion. Aucun événement historique ne correspond à ce que nous y lisons, mais
le Ps. 83 nous parle, comme nous l’avons déjà vu en exposant l’avenir d’Édom,
d’une confédération future des peuples qui entourent le territoire d’Israël.
Édom est à leur tête. L’Assyrien futur, le Gog de la prophétie, soutient et
favorise, si ce n’est en personne, ce complot qui a pour but d’exterminer le peuple de Dieu.
« Venez,
disent-ils, et exterminons-les de sorte qu’ils ne soient plus une nation et
qu’on ne fasse plus mention du nom d’Israël » (v. 4). « Ils ont dit : Prenons
possession des habitations de Dieu » (v. 12). À cette période des derniers
jours, Israël, rentré dans son pays, deviendra l’objet de la convoitise de
toutes les nations. Le roi du Nord, chef de la confédération assyrienne,
autrement dit Gog ou la Russie, se servira de cette coalition pour accomplir
ses desseins contre Jérusalem. En apparence et comme but avoué, Édom et ses
associés « servent de bras aux fils de Lot », c’est-à-dire à Ammon et à Moab dont
ils ont l’air d’embrasser et de revendiquer les intérêts par cette agression
commune. Mais Édom, dévoré d’ambition et de haine, se propose à part lui de
mettre lui-même la main sur l’héritage de l’Éternel. Il dit : « Les deux nations
(Juda et Israël) et les deux pays seront à moi et nous les posséderons. » « Elles
sont désolées », dit-il encore des montagnes d’Israël, « elles nous sont données
pour les dévorer » (Ézéch. 35: 10, 12). Le premier siège de Jérusalem et son
résultat partiel (Zach 14: 1, 2) semblent donner gain de cause à Édom (*). C’est alors qu’une réaction s’opère contre ses
orgueilleuses prétentions parmi les nations alliées qui les démasquent. « La
rumeur est de par l’Éternel » qui, selon la parole de Zacharie, « fera de
Jérusalem une coupe d’étourdissement pour tous les peuples d’alentour » et « une
pierre pesante pour tous les peuples » (Zach. 12: 2, 3). Les alliés d’Édom
envoient « un ambassadeur parmi les nations » pour les engager à se lever en
guerre contre Édom en les assurant de leur concours : « Levez-vous
et levons-nous
contre lui. » Quelles sont ces nations ? Nous savons d’après la prophétie que
l’Assyrien de la fin, après s’être emparé de la Palestine, prétend se
l’asservir ; que les Juifs, peuple apostat de l’Antichrist, font un pacte avec
l’empire d’Occident (la Bête et les dix rois) pour résister à cette invasion
(És. 28: 14-22) ; que pendant ce temps l’Assyrien, fondant comme une tempête
sur l’Égypte, entre d’abord dans « le pays de beauté » (la Palestine), « tandis
qu’Édom et Moab et les principaux des fils d’Ammon échappent de sa main » (Dan.
11: 41). Ces trois nations qui lui échappent sont précisément celles qui
poursuivent leurs intérêts particuliers à son détriment et cherchent à
contrecarrer ses vues sur la Terre sainte. Mais, comme nous venons de le voir,
leur accord ne dure pas longtemps. Toutes se tournent contre Édom qui s’était
mis à leur tête, et pour parer au danger dont son ambition les menace, cherchent
leur appui parmi les nations en leur offrant leur alliance : « Levez-vous et
levons-nous contre lui pour la guerre. » Ce plan réussit en apparence.
(*) Voyez sur ce sujet « L’histoire prophétique des derniers jours », par H. R.
« Voici, dit l’Éternel à Édom, je t’ai fait petit parmi les nations ; tu es fort méprisé. L’arrogance de ton coeur t’a séduit, toi qui demeures dans les creux du rocher, ta haute habitation ; toi qui dis dans ton coeur : Qui me fera descendre par terre ? Si tu t’élèves comme l’aigle, et que parmi les étoiles tu mettes ton nid, je te ferai descendre de là, dit l’Éternel. Si des voleurs, si des pillards de nuit venaient chez toi (comme tu es ruiné !), voleraient-ils plus que ce qui leur suffit ? Si des vendangeurs venaient chez toi, ne laisseraient-ils pas des grappillages ? Comme Ésaü est fouillé ! comme ses choses cachées sont mises à découvert ! » (v. 2-6). C’est dans des termes semblables que s’exprime Jérémie (49: 15, 16 et v. 9, 10). La dévastation est complète, le pillage organisé de manière à ne rien laisser à cette nation arrogante qui se confiait dans son territoire inaccessible.
« Tous tes alliés t’ont poussé à la frontière ; ceux qui étaient en paix avec toi t’ont trompé, ils ont prévalu contre toi ; ceux qui mangeaient ton pain ont mis un piège sous toi » (v. 7).
Au moment où Édom est près d’atteindre son but en s’annexant
l’héritage d’Israël, ses alliés se tournent contre lui et « le poussent à la
frontière », ce qui signifie, je pense, qu’il est refoulé jusqu’aux limites de
son propre pays. Il va y rencontrer les armées d’Occident, notoirement levées
pour s’opposer à l’occupation de Jérusalem par Édom, mais s’opposant tout aussi
résolument à cette occupation par Ammon, Moab et l’Assyrien. C’est ainsi que
« Jérusalem devient une coupe d’étourdissement pour tous
les peuples d’alentour » (Zach. 12: 2).
Le territoire d’Édom est, à ce moment-là, un point stratégique
de toute importance pour s’opposer à Gog (l’Assyrien) qui vient de se jeter sur
l’Égypte comme un torrent débordé (Dan. 11: 40-43), car Édom n’est pas confiné,
comme nous l’avons remarqué plus haut, à la « montagne de Séhir », mais comprend
aussi les territoires de l’Idumée dont l’occupation par les armées d’Occident
va couper à l’Assyrien le retour d’Égypte en Palestine, soit le long de la
Méditerranée, soit par la presqu’île du Sinaï. Le plan des armées d’Occident
peut être sagement conçu, mais elles ont compté sans l’Éternel.
C’est Lui qui, à leur insu, les a rassemblées en
Édom pour les anéantir. « Sa colère est sur toutes les nations et sa fureur sur
toutes leurs armées. » « Son épée descend sur Édom et sur le peuple qu’il a voué
à la destruction pour le jugement. » « Il a un sacrifice à Botsra et une grande
tuerie dans le pays d’Édom. » « Car c’est le jour de la vengeance de l’Éternel, l’année
des récompenses pour la cause de Sion »
(Ésaïe
34: 2-8). Ce jugement des armées des nations a lieu par l’Éternel seul : « Aucun homme des peuples
n’est
avec lui » quand « il vient d’Édom, de Botsra, avec ses habits teints en rouge »
(Ésaïe 63: 1-3) (*).
(*) Ce que nous présentons ici est le côté juif de la destruction des armées occidentales en Édom, par le Messie seul. En Apoc. 19: 11-16, nous le voyons, venant du ciel, suivi des saints célestes, et détruisant ces mêmes armées par l’épée aiguë à deux tranchants qui sort de sa bouche. Ces deux points de vue s’accordent parfaitement avec le caractère de la prophétie soit dans l’Ancien soit dans le Nouveau Testament.
Ce n’est qu’après l’anéantissement des armées de l’empire occidental, et la destruction de leurs chefs, la Bête et le faux prophète (Apoc. 19: 19-21) que le Seigneur détruit, sur la terre d’Israël, toute l’armée de l’Assyrien, remonté d’Égypte pour s’emparer, à son tour, de Jérusalem et de la Palestine (Dan. 11: 44, 45).
La destruction des armées occidentales en Édom n’est pas mentionnée dans la prophétie d’Abdias. Nous apprenons seulement qu’Édom lui-même est pillé et grappillé par ses alliés d’autrefois qui étaient en paix avec lui, et qu’il en est fait un grand carnage.
Édom s’est donc trompé dans ses plans, si astucieusement combinés, mais qui tournent tous à sa perte parce qu’il s’est attaqué à l’ancien peuple de Dieu et à la cité sainte au moment de leur restauration. À quoi lui servent maintenant ses sages si vantés ? « Il n’y a pas d’intelligence en lui ! N’est-ce pas en ce jour-là, dit l’Éternel, que je détruirai au milieu d’Édom les sages, et de la montagne d’Ésaü l’intelligence ? Et tes hommes forts, ô Théman, seront terrifiés, afin que chacun soit retranché de la montagne d’Ésaü par le carnage » (Abd. 8, 9).
On pourrait s’étonner que cette petite nation d’Édom, si insignifiante, même quand elle renaîtra dans l’avenir, joue un si grand rôle dans l’histoire de la fin des temps et devienne même l’objet unique d’une prophétie comme celle d’Abdias. La raison en est, qu’à part le caractère profane d’Édom, sa haine implacable contre le peuple de Dieu, ses ambitieux projets pour s’emparer par la violence de l’héritage d’Israël et de la ville du grand Roi — qu’à part tout cela, dis-je, Édom se trouve être le point central où se résoudra tout le conflit des derniers jours : lutte entre le roi du nord et le roi du midi (entre l’Assyrien Gog et l’Égypte) ; lutte entre les nations limitrophes d’Israël et Édom pour la possession de l’héritage de l’Éternel ; lutte entre la Bête romaine, l’empire occidental et Gog au sujet de la possession de Jérusalem et de la conquête de l’Égypte ; en un mot, toute l’histoire prophétique des derniers jours se concentre sur ce territoire, lorsque « Jérusalem est devenue une coupe d’étourdissement pour tous les peuples ». — Le noeud gordien d’Édom une fois tranché, l’avènement du Messie se lève comme une aube bienfaisante, messagère du soleil de justice. Tous ces événements de la fin ramènent nos pensées vers le conflit actuel (*) dont les principes ne diffèrent pas de ceux-là et qui pourrait être un acheminement vers des événements futurs, bien autrement redoutables.
(*) Première édition 1915.
« À cause de la violence faite à ton frère Jacob, la honte te couvrira, et tu seras retranché pour toujours » (v. 10).
« L’arrogance
de son
coeur » (v. 3) était le premier caractère d’Édom ; le second est la violence
faite à son frère. Le Seigneur,
quelque coupable qu’Israël ait été, n’oublie pas qu’il est l’objet de ses
promesses, et Dieu est fidèle à ce qu’Il a promis. Ce qui atteint son peuple
l’atteint Lui-même. Au temps de l’infidélité d’Israël, il avait dû cacher sa
face à la maison de Jacob, mais maintenant l’heure est venue où il pourra
reprendre ouvertement en main la cause de son peuple. Dans les derniers jours
d’Édom et lors du siège de Jérusalem par les nations, dont Édom était le chef,
la repentance est entrée dans le coeur du Résidu, « et en ce jour-là les sourds
entendront les paroles du livre, et les yeux des aveugles, délivrés de l’obscurité
et des ténèbres, verront » (És. 29: 1-8, 18). Alors la rétribution d’Ésaü,
jusque-là suspendue, pour laisser libre cours au jugement de Dieu sur son
peuple, cette rétribution s’abattra sur Édom. Il ne pourra plus être pardonné
aux ennemis de Jacob, l’élu de l’Éternel. Édom sera « retranché pour toujours ».
En effet, quelque
prophétie, touchant Édom, que l’on considère, l’Esprit de Dieu conclut toujours
qu’il ne restera rien d’Édom comme
nation.
Son territoire sera voué à une désolation perpétuelle : « Je te
réduirai en désolations perpétuelles et tes villes ne seront plus habitées ; et
vous saurez que je suis l’Éternel. Parce que tu as dit : Les deux nations et les
deux pays seront à moi, et nous les posséderons ; — et l’Éternel y était ; à
cause de cela, je suis vivant, dit le Seigneur, l’Éternel, que j’agirai selon
ta colère et selon ta jalousie, comme tu as agi à cause de ta haine contre eux ;
et je me ferai connaître parmi eux, quand je t’aurai jugé. Et tu sauras que
moi, l’Éternel, j’ai entendu tous tes outrages que tu as proférés contre les
montagnes d’Israël, disant : Elles sont désolées, elles nous sont données
pour les dévorer. Et vous vous êtes, de votre bouche, élevés contre moi, et
vous avez multiplié contre moi vos paroles ; moi, je l’ai entendu. Ainsi dit le
Seigneur, l’Éternel : Quand toute la terre se réjouira, je te réduirai en
désolation. Comme tu t’es réjouie sur l’héritage de la maison d’Israël, parce
qu’il a été désolé, j’en ferai de même envers toi ; tu seras une désolation,
montagne de Séhir, et Édom tout entier ; et ils sauront que je suis l’Éternel »
(Ézéch. 35: 9-15). Dieu a entendu ces cris de haine, ces outrages contre son
peuple, et « l’Éternel y était !
»
Comble de l’aveuglement d’Édom ! Au temps où Dieu détournait sa face de la
maison d’Israël, il a laissé libre cours à la haine d’Édom ; mais quand Il se
révèle de nouveau comme Sauveur aux yeux de son peuple repentant, le jugement
d’Édom ne peut plus être différé, car il combat contre le peuple de la
promesse, que l’Éternel lui-même défend ! (*)
(*) Il n’en est pas ainsi de nos jours, car les voies de l’Éternel interrompues aujourd’hui envers le peuple d’Israël, n’ont pas encore recommencé en vue de sa délivrance. Y a-t-il une nation dont l’Éternel épouse aujourd’hui la cause ? Il peut, selon ses voies, donner la suprématie ou un gain momentané à l’une ou à l’autre des nations en lutte, mais aucune n’a sa faveur. Toutes sont inexcusables et les plus inexcusables de toutes sont celles qui revendiquent le plus hautement le nom de l’Éternel en couvrant de ce nom leurs injustices.
Sur cette même désolation future, lisez encore Ésaïe 34: 9-17. Édom sera désormais le repaire de toute créature impure, dangereuse, mauvaise de la création. Quelque peu habitée que soit aujourd’hui cette contrée, son sort actuel n’est pas celui qu’Ésaïe nous décrit. Il nous faut « chercher dans le livre de l’Éternel » pour connaître son sort définitif. Pas une bête malfaisante n’y manquera : « L’un n’aura pas à chercher l’autre ; car ma bouche l’a commandé, et mon Esprit les a rassemblés. Et Lui a jeté le sort pour eux, et sa main leur a partagé le pays au cordeau : ils le posséderont pour toujours ; ils y habiteront de génération en génération. »
Dans les versets 11 à 14, le prophète Abdias développe les derniers griefs de l’Éternel contre Édom :
« Au jour où tu te tins vis-à-vis, au jour où des étrangers
emportaient ses richesses, et où des forains entraient dans ses portes et
jetaient le sort sur Jérusalem, toi aussi tu étais comme l’un d’eux. Mais tu
n’aurais pas dû regarder le jour de ton frère, le jour de son désastre
; et tu n’aurais pas dû te
réjouir au sujet des fils de Juda, au jour de leur destruction,
et tu n’aurais pas dû ouvrir ta bouche toute grande au
jour de la détresse
. Tu n’aurais pas
dû entrer dans la porte de mon peuple, au jour de leur calamité,
ni regarder, toi non plus, sa misère, au jour de sa calamité
; et tu n’aurais pas dû porter
la main sur ses richesses au jour de sa calamité ;
et tu n’aurais pas dû te tenir au carrefour pour exterminer ses réchappés,
et tu n’aurais pas dû livrer ceux des siens qui étaient demeurés de reste au
jour de la détresse. »
Il semble naturel d’appliquer ce passage à l’histoire passée de Jérusalem, au siège de cette ville par Nébucadnetsar, et nous ne voyons pas de raison qui s’oppose à cette interprétation. Dieu se souvient de la violence faite à la ville adultère, mais qui, dans ses conseils, reste toujours la bien-aimée. C’est de cette journée de Jérusalem que se souviennent les captifs, auprès des fleuves de Babylone, quand ils disent : « Éternel ! souviens-toi des fils d’Édom, qui, dans la journée de Jérusalem, disaient : Rasez, rasez jusqu’à ses fondements ! » (Ps. 137: 7). C’est à elle qu’il est fait allusion en Amos 1: 6, 11, 12 (*) et peut-être en Joël 3: 6. Cependant ce passage s’applique avec la même vérité au siège futur de Jérusalem, mentionné au Ps. 83, et au chap. 14: 1, 2 du prophète Zacharie : « Voici, un jour vient pour l’Éternel, et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat ; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité ; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville. » (**)
(*) Voyez « Le livre du prophète Amos », par H. R.
(**) Voyez encore pour d’autres passages « L’histoire prophétique des derniers jours », page 31, par H. R.
Que fait Édom tout le long de son histoire, aussi bien dans l’avenir que dans le passé ? Ce profane veut acquérir ce que Dieu lui a formellement refusé en conférant l’héritage à son frère Jacob, et il use de violence pour s’en emparer. Sans doute, Jacob avait été infidèle et avait mérité ce jugement, mais Édom qui, dans le passé, avait été la verge de Dieu contre Israël (2 Rois 8: 20) poursuit ses propres desseins, complètement étrangers à ceux de Dieu. Dieu pouvait-il révoquer ses promesses inconditionnelles ? Combien moins dans les jours de la fin, dont parlent Zacharie et d’autres prophètes, lorsque sous le poids des jugements, un Résidu amené à la repentance se tourne vers le Messie que le peuple avait jadis rejeté ? (Zach. 12: 8-14.)
Le passage compris entre les versets 11 et 14 d’Abdias peut donc
rappeler l’attitude d’Édom dans le passé historique et dans l’avenir
prophétique tel qu’il nous est révélé. Il semble même que l’allusion à ce
dernier soit ici au premier plan. Il est parlé dans ce passage du jour de la
calamité et du jour de la détresse
de
Jérusalem. Nous avons souvent fait remarquer que ce dernier mot, dans les
Psaumes et dans les prophètes, signifie habituellement, peut-être toujours, la
« grande tribulation » de la fin, appelée aussi la « détresse de Jacob ». Quoi
qu’il en soit, ce passage parle d’un jour passé au moment de la prophétie, et
que Dieu n’a pas oublié. Rien ne me touche plus que cette répréhension : « Tu
n’aurais pas dû ! » (*). Comme ces mots
résonnent miséricordieusement, au moment où le jugement va atteindre cette
nation endurcie ! « Tu n’aurais pas dû ! » Ah ! si tu n’avais pas mérité ce
jugement, combien j’aurais désiré t’épargner ! Rien ne montre davantage que
l’Éternel est lent à la colère, qu’il cherche et aurait désiré trouver quelque
sentiment de commisération, ne fût-ce qu’une ombre de pitié, chez les pires
ennemis de son peuple. Telle est la patience de Dieu, tel est le caractère de
Christ. Mais non, Édom avait poussé, jusqu’à ses dernières limites, la haine et
l’outrage. S’associant aux déprédations, se réjouissant de la calamité des fils
de Juda, ouvrant la bouche toute grande pour injurier et maudire son frère (cf.
Ps. 35: 21) ; s’emparant de la ville, pillant les biens, exterminant les
réchappés, vendant comme captifs ceux qui étaient demeurés de reste… Édom
n’aurait pas dû faire toutes ces choses ; maintenant il était trop tard !
(*) Combien cette version adoptée, du reste, par nos anciens traducteurs, est préférable à celle de certains traducteurs modernes !
Le même sentiment de pitié miséricordieuse envers Édom se retrouve dans un autre passage : l’oracle touchant Duma (Ésaïe 21: 11, 12). Aux versets 5-9 de ce chapitre d’Ésaïe, le Seigneur a mis une sentinelle à Jérusalem pour voir ce qui allait arriver. La sentinelle a une vision de la ruine de Babylone, indiquant que la fin de la domination confiée aux Gentils est proche. Cette vision est rapportée à Israël auquel elle est destinée. Voici qu’Édom se moque de ce que l’Esprit de Dieu annonce : « Sentinelle, dit-il, à quoi en est la nuit ? Sentinelle, à quoi en est la nuit ? » La sentinelle répond : « Le matin vient, et aussi la nuit. » Le matin qu’attend la foi d’Israël est près de paraître, mais aussi la nuit pour l’incrédule et le moqueur ! « Si vous voulez vous enquérir, enquérez-vous », ajoute la sentinelle ; la certitude du jugement ne manquera pas. Édom est donc inexcusable de ne pas avoir voulu s’enquérir. Alors il est dit : « Revenez, venez ! » Jusqu’au dernier moment Dieu laisse encore une porte ouverte à la repentance. Cette parole n’est-elle pas touchante ? Comme elle s’accorde avec celle d’Abdias : « Tu n’aurais pas dû… tu n’aurais pas dû ! » Devant le sort arrêté de Babylone, pourquoi t’être associé avec elle ? N’aurais-tu pas dû séparer ta cause de la sienne et comprendre que je reprends mes voies envers mon peuple et que la chute de l’empire confié aux Gentils ouvre une ère nouvelle de bénédictions pour Israël qui m’avait rejeté, mais qui maintenant « a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ? » (Ésaïe 40: 2.)
Voici l’ère des bénédictions qui s’ouvre pour le peuple. Cette
délivrance d’Israël ne peut avoir lieu que par un jugement définitif et sans
merci, à la suite du refus de toutes ces nations d’entendre les paroles de
grâce qui leur étaient offertes : « Car le jour de l’Éternel est proche, contre
toutes les nations : comme tu as fait, il te sera fait ; ta récompense retombera
sur ta tête » (v. 15). La calamité et la détresse
de Juda et de Jérusalem indiquent que le jour de l’Éternel
est proche. Le jour de l’Éternel signifie
partout, dans les prophètes, le jour du jugement qui précède l’établissement du
règne de Christ sur la terre. C’est « le jour du Seigneur » annoncé dans le
Nouveau Testament. Après s’être abattu sur Israël dans « la grande tribulation »
dont la chute de Jérusalem fait partie, il faut que ce jour atteigne les
nations (Édom en tête) qui ont fait souffrir, martyrisé, asservi, foulé aux
pieds l’ancien peuple de Dieu. Édom devient ainsi l’exemple de la chute des
nations dans « le jour de l’Éternel », comme Babylone est l’exemple de
l’effondrement de leur empire pour faire place à l’empire universel de Christ,
à la « grande montagne qui remplit toute la terre » (Dan. 2: 35). Ce jour
atteindra non seulement Édom, mais toutes
les nations ;
ce sera un jour de rétribution où il leur sera fait selon ce
qu’elles ont fait au peuple de Dieu. Édom aura pour récompense le jugement qui
l’écrasera, mais ce jugement est universel et la place qu’Édom y occupe sert
d’illustration à tout le reste (Ésaïe 34: 2; Abd. 15-17).
« Car, comme vous avez bu sur ma montagne sainte, toutes les nations boiront continuellement ; et elles boiront, et elles avaleront, et elles seront comme si elles n’avaient pas été » (v. 16; cf. Jér. 49: 12).
Ces nations s’étaient réjouies de leur victoire sur Jérusalem, oubliant qu’elles se trouvaient sur la montagne sainte de l’Éternel, qui n’avait jamais abandonné ses promesses, en dépit de la désobéissance de son peuple. Pour Dieu, Sion était toujours sa montagne sainte. Pouvait-il l’oublier, Lui qui voulait « oindre son Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté » ? Quelle profanation de venir s’enivrer au lieu même où le Roi de gloire allait se manifester, quand les portes élèveraient leur tête et que les portails éternels se hausseraient pour le laisser passer ! (Ps. 24). Édom et Babylone avaient bu là, mais Dieu leur préparait, ainsi qu’à toutes les nations, une boisson continuelle et sans répit. Elles boiraient, avaleraient, boiraient, avaleraient encore, la coupe de la colère de Dieu. Elles disparaîtraient, anéanties, comme si elles n’avaient jamais existé. « J’ai compris leur fin », dit le Psalmiste, lorsqu’il entre dans les sanctuaires de Dieu : « Certainement tu les places en des lieux glissants, tu les fais tomber en ruine. Comme ils sont détruits en un moment ! Ils sont péris, consumés par la frayeur. Comme un songe, quand on s’éveille, tu mépriseras, Seigneur, leur image, lorsque tu t’éveilleras » (Ps. 73: 17-20).
« Et sur la montagne de Sion il y aura délivrance ; et elle sera sainte, et la maison de Jacob possédera ses possessions » (v. 17).
Cette montagne que les nations, et particulièrement Édom le
« profane », avaient profanée, ne sera plus le lieu de l’esclavage et de la
captivité, mais le lieu de la délivrance. Alors il sera montré que Dieu peut la
parer de sainteté, malgré toutes ses souillures et celles dont les nations
l’avaient chargée. Comment Jérusalem, cet objet impur, peut-elle être rendue
sainte ? Par le sang de la Rédemption et de la même manière que chacun de nous
individuellement. Le vrai Israël sera racheté à toujours par le sang de
l’Agneau, comme le peuple fut jadis, en type, racheté d’Égypte. C’est aussi en
vertu du sang versé sur Sion, la montagne de la grâce, que la royauté sera
établie à Jérusalem. Alors « la maison de Jacob (Israël tout entier représenté
par Juda) possédera ses possessions. Alors se réalisera cette parole que David
met dans la bouche de Christ et dans la bouche d’Israël : « Sur Édom j’ai jeté
ma sandale… qui me mènera jusqu’en Édom ? Ne sera-ce pas toi, ô Dieu, qui
nous as rejetés, et qui n’es pas sorti, ô Dieu, avec nos armées ? » (Ps. 108:
9-11). En ce jour Israël possédera « ses possessions »,
rentrera pleinement dans son héritage et dans les confins que le Seigneur
lui avait assignés de tout temps (Jos. 1: 4).
« Et la maison de Jacob sera un feu, et la maison de Joseph, une
flamme ; et la maison d’Ésaü sera du chaume ; et elles y mettront le feu et la
dévoreront ; et il n’y aura pas de reste
de
la maison d’Ésaü, car l’Éternel a parlé » (v. 18).
On trouve ici la réunion future, prédite par une foule de
passages, des deux royaumes, divisés jadis à la suite de l’infidélité de
Salomon. Le bâton de Juda et le bâton de Joseph, autrefois séparés, ne sont
plus qu’un seul bois dans la main du Seigneur (Ézéch. 37: 15-17; Zach. 11:
7-14). La maison de Jacob (Israël représenté par Juda) la maison de Joseph
(Israël représenté par Éphraïm) auront une action commune. Elles dévoreront
Édom et n’y laisseront aucun Résidu.
C’est
le décret de l’Éternel contre ce peuple profane qui l’a méprisé, contre ce
peuple violent dont la haine envers son frère a voulu s’emparer de l’héritage
qui lui était refusé et contrecarrer le propos arrêté de Dieu selon l’élection
de grâce, à l’égard de Jacob. Cette victoire des fils d’Israël sur Édom nous
est décrite en Ésaïe 11: 13, 14. Toutes les nations seront pillées à leur tour
par le peuple de l’Éternel, Édom en premier lieu. En Jér. 49: les captifs
d’Ammon et de Moab, seront rétablis, mais rien de semblable n’aura lieu pour
Édom. Il en sera de même des Philistins, quoique peut-être à un moindre degré
(Amos 1: 8; Zach. 9: 7).
La destruction d’Édom par Israël, doit être distinguée du
jugement exercé sur lui par le Seigneur lui-même. En Ésaïe 34: 1-8, il verse sa
colère en Édom sur toutes les armées des nations, quoique Édom lui-même y ait
aussi sa part (v. 5). « C’est le jour de la vengeance de l’Éternel, l’année des
récompenses pour la cause de Sion » (v. 8). En Ésaïe 63: 1-6, il s’agit des
nations armées exterminées par lui seul
sur
le territoire d’Édom. « Le jour de la vengeance était dans mon coeur », dit le
Seigneur, « et l’année de mes rachetés était venue » (v. 4). En Apoc. 19: 11-16,
le Seigneur sortant du ciel ouvert, suivi des armées célestes, est seul
à frapper les nations avec l’épée à
deux tranchants qui sort de sa bouche. En Apoc. 14: 19, 20, la même vengeance
tombe sur le peuple juif apostat en Palestine. Tous ces jugements, c’est Lui
seul qui les exerce. Sa victoire sur les armées des peuples est suivie du
jugement de la vallée de Josaphat, exécuté par Lui seul, moisson et vendange à
la fois (Joël 3, cf. Apoc. 14: 14-20). Enfin en Matt. 25: 31-46, toutes les
nations sont assemblées devant le fils de l’homme, assis sur le trône de sa
gloire, et c’est de nouveau Lui seul
qui
les juge individuellement
selon la
manière dont elles ont traité ses frères juifs, messagers de l’Évangile du
royaume.
Le jugement d’Édom par les fils d’Israël est beaucoup plus
restreint. C’est de lui qu’il est dit : « J’étendrai ma main sur Édom, et j’en
retrancherai hommes et bêtes, et j’en ferai un désert depuis Théman, et,
jusqu’à Dedan, ils tomberont par l’épée, et j’exercerai ma vengeance sur Édom, par la main de mon peuple Israël »
(Ézéch.
25: 12-14). En Abdias, ce jugement a lieu exclusivement en vue de la possession de l’héritage
dont Édom avait
voulu s’emparer. Toutes les allusions aux Macchabées, répétées si souvent par
des commentateurs qui ignorent le but et la portée de la prophétie, tombent
entièrement devant ce fait. Par la vengeance, Israël tout entier recouvre son
héritage, quand le jour de l’Éternel se lève, et que le Messie intervient en
faveur de son peuple restauré. C’est ainsi que : « La maison de Jacob possédera
ses possessions »
et que « Ceux du midi posséderont
la montagne d’Ésaü, et ceux du pays plat les
Philistins ; et les fils d’Israël posséderont
la campagne d’Éphraïm et la campagne de Samarie ; et Benjamin possédera
Galaad » (v. 19).
Édom s’était emparé du midi, faisant partie du territoire de
Juda, lors de la calamité de ce dernier. Maintenant c’est Juda, — « ceux du
midi », — qui possède la montagne d’Ésaü, ce mont de Séhir que Dieu avait
défendu jadis à Israël de toucher, quand Édom s’opposait au passage du peuple
(Nomb. 20: 21), et que la patience de Dieu n’était pas encore arrivée à son
terme. L’Éternel avait autrefois prononcé certaines bénédictions sur ce peuple
par la bouche prophétique d’Isaac, mais maintenant le terme de ces bénédictions
était arrivé ; Édom était désormais la propriété de Juda, terrain, sans doute, à
jamais désolé, mais qui restait en la terre le témoin des jugements de Dieu
contre ses ennemis. D’autres nations participeront à la bénédiction d’Israël,
selon qu’il est dit : « Béni soit l’Égypte, mon peuple, et l’Assyrie l’ouvrage de
mes mains, et Israël mon héritage » (Ésaïe 19: 25) ; Édom ne sera jamais béni. Un
sort semblable échoit aux Philistins. Cet ennemi permanent d’Israël, habitant
son territoire et occupant ses limites, ne subsistera pas. Il fera partie du
territoire promis par l’Éternel à Josué et que ce dernier n’avait pas conquis
en entier (Jos. 11: 16, 17). « Ceux du
pays plat
posséderont les Philistins. » Ce terme semble comprendre Benjamin
et non pas Juda seulement car, selon la division du pays en Ézéch. 47 et 48, la
Philistie tombera en héritage à ces deux tribus. D’autre part, Benjamin
s’étendra, par-dessus le Jourdain, jusqu’au territoire de Galaad. Au reste,
dans ces versets, il n’est pas question proprement d’un partage, mais de
montrer que désormais tout ce qui s’opposait à la libre possession du pays a
disparu, et qu’Israël forme un tout englobant les territoires ennemis et se
rejoignant d’une manière ininterrompue aux tribus situées au-delà du Jourdain,
et dont la position séparée avait si souvent entravé la manifestation de
l’unité du peuple.
« Et les captifs de cette armée des fils d’Israël posséderont ce qui appartenait aux Cananéens jusqu’à Sarepta, et les captifs de Jérusalem, qui avaient été à Sepharad posséderont les villes du midi » (v. 20).
Le prophète continue à décrire ici la prise de possession du pays dans les limites autrefois ordonnées de Dieu. L’armée des dix tribus, transportée jadis, prendra possession du territoire de la Sidonie jusqu’à Sarepta au nord. Cette contrée appartenait jadis aux Cananéens et comprend le territoire de Tyr et le Liban. De même, le prophète Zacharie, parlant du retour des armées de Juda et d’Éphraïm, dit : « Je les ferai venir au pays de Galaad et au Liban, et il ne sera pas trouvé assez de place pour eux » (Zach. 10: 10). Enfin les captifs de Jérusalem qui avaient été à Sepharad (Sardes ?) posséderont les villes du Midi. Le retour de ces captifs est décrit dans un passage de Zacharie : « Quant à toi aussi (Sion), à cause du sang de ton alliance, je renverrai tes prisonniers hors de la fosse où il n’y avait point d’eau. Revenez à la place forte, prisonniers de l’espérance ! » (Zach. 9: 11, 12). C’est, suivant le même prophète, de cette transportation que l’Éternel formera les hommes forts qui combattront avec Lui et dont il fera son cheval de gloire dans la bataille.
Tout ceci n’est pas, comme en Ézéchiel, une description
détaillée du territoire qui échoit à chaque tribu, mais celle de l’extension du peuple,
en sorte que les
limites primitivement assignées par les décrets divins et qu’en vertu de son
infidélité il n’avait jamais atteintes, lui soient définitivement assurées par
la grâce de Dieu. Cette nouvelle conquête de Son héritage par les mains de son
peuple Israël, semble précéder la répartition du territoire entre les tribus,
et s’étend, comme on le voit dans ce passage, au Midi, à l’Occident, au Nord et
à l’Orient.
« Et des sauveurs monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Ésaü » (v. 21).
Quels sont ces sauveurs ? Zach. 12: 6-8, nous renseigne sur ce
point. Ce sont les chefs de Juda qui, après avoir dévoré à droite et à gauche
tous les peuples d’alentour (voyez aussi Michée 5: 5), deviennent les juges et
les législateurs des nations. « En ce jour-là », dit le prophète, « l’Éternel
protégera les habitants de Jérusalem, et celui qui chancelle parmi eux sera en
ce jour-là comme David, et la maison de David sera comme Dieu, comme l’Ange de
l’Éternel devant eux » (Zach. 12: 8). À la bataille succédera le gouvernement
des nations, exercé sur la terre par Juda le législateur, par Jérusalem, la
maison de David et « le prince » (Ézéch. 48: 21), sous le règne glorieux de
Christ. Ces sauveurs dont le centre du gouvernement sera Jérusalem jugeront « la
montagne d’Ésaü ». Cette dernière, seul objet du prophète Abdias, est mentionnée
seule ici, mais comme nous l’avons vu, ce prophète la considère comme le centre
et le représentant de toutes les nations, les réunissant aux jours de la fin
pour y subir leur jugement. Ce jugement ayant été exécuté, le centre du gouvernement
est établi désormais à Jérusalem dont
Édom avait dit : « Rasez, rasez jusqu’à ses fondements ! »
« Et le royaume sera à l’Éternel » (v. 21).
Après les événements préliminaires, énoncés dans cette prophétie : Édom trahi par ses alliés d’un jour, dont il espérait faire les instruments de son ambition ; sa dévastation par ces mêmes alliés qui appellent à leur aide les armées d’Occident ; la vengeance exercée sur Édom par les maisons désormais réunies de Juda et d’Israël ; le peuple de Dieu et les armées, captives autrefois, prenant possession de tout son héritage ; l’établissement du gouvernement des nations dans la ville du grand Roi, tout est prêt maintenant pour le recevoir. Le royaume de Christ ne s’établira pas soudainement, comme par un coup de théâtre, mais par une série d’actes déterminés à l’avance par la sagesse, la justice et la miséricorde de Dieu. Par ces actes l’Éternel atteint son but : l’oeuvre de repentance et de restauration dans le coeur de son peuple, les jugements sur les nations, dernier appel à leur conscience, et qui deviennent définitifs lorsque, la patience de Dieu ayant atteint ses limites, tous ses efforts ont glissé sans l’entamer sur le coeur endurci de l’homme.
L’aurore est près de paraître ; les derniers nuages se sont évanouis à l’horizon ; le soleil de justice va se lever sur les collines éternelles ; il se lève, il éclaire un paysage immense où tout est ordonné selon le coeur de Dieu, sous le sceptre du Fils de sa droite, où le mal, à peine manifesté, est aussitôt réprimé ; règne glorieux de mille ans tout rempli de la présence de l’Éternel et qui précédera le jour de Dieu, le jour des nouveaux cieux et de la nouvelle terre, où la justice habite !