[1° Partie : l’histoire prophétique]
par Henri ROSSIER
Note Bibliquest : Le traité original de l’auteur est en un seul livre ; pour la commodité de consultation électronique, il a été scindé en deux parties ; les sous-titres avec la table des matières ont été ajoutés par Bibliquest
Tables des matières :
1 - [Les PSAUMES : un livre prophétique]
3 - [Circonstances à la base des cinq livres des Psaumes]
4 - [Livre 5° des PSAUMES ; ses circonstances prophétiques]
6 - [Jérusalem ; ses deux sièges]
7 - [Résidu d’Israël, les 10 tribus]
8 - [Histoire d’Israël aux derniers jours]
Date de la première édition : 1909
Si l’on veut donner quelque enseignement sur une partie restreinte de l’un des livres saints, il est nécessaire de la rattacher, au moins par quelques explications, à l’ensemble du livre. En omettant cet exposé préliminaire, on courrait le danger de ne pas être compris, car il faudrait supposer chez les lecteurs des connaissances générales que la plupart d’entre eux ne possèdent pas.
Cette remarque frappe doublement quand il est question du sens
prophétique des Psaumes. Il faut de toute nécessité définir d’abord les circonstances
auxquelles ils font allusion, puis la portée de chacun des cinq livres qui les
composent, pour ne pas même parler des subdivisions de ces livres. C’est là que
gît la difficulté de ce petit travail, dont les éléments sont rassemblés depuis
nombre d’années ; et, bien que cette difficulté dépasse de beaucoup la faible
mesure de l’écrivain, il s’estimerait heureux de pouvoir faire partager à ses
frères un peu de l’intérêt que ce sujet a fait naître chez lui.
Les Psaumes sont un livre prophétique
d’un
caractère tout particulier. Sans doute, comme toute la parole de Dieu, ils ont
un but pratique et contiennent des trésors d’expérience et d’instruction morale
auxquelles, les unes après les autres, des générations de croyants puisent,
sans les tarir jamais ; mais, dans les Psaumes, les événements
prophétiques
qui ont trait à Israël, étant à la base de toutes les expériences de ce peuple,
sont à chaque instant sous-entendus,
et l’on en retrouve constamment la
trace. Les ignorer, serait s’exposer à faire une fausse application des Psaumes
pour le temps actuel, car les sentiments produits dans le coeur d’Israël par
les événements prophétiques sont souvent diamétralement opposés à ceux que la
grâce produit dans le coeur du chrétien.
Il est important de noter que, pour connaître ces événements,
nous ne pouvons nous borner aux Psaumes, car ils n’en sont pas l’exposé,
et
que nous sommes obligés de nous familiariser avec les prophètes proprement
dits.
Ces derniers nous révèlent tout ce qui concerne la personne du Messie, son oeuvre pour Israël en premier lieu, mais aussi pour les nations, ses souffrances et ses gloires, et, avec elles, la gloire par excellence du royaume futur qu’il établira sur la terre. Ils nous révèlent aussi les jugements exercés par le Christ pour établir ce royaume ; l’état du peuple et des nations qui les rend nécessaires ; les puissances sataniques qui sont à l’oeuvre pour s’opposer à l’établissement de la suprématie de Christ et à la restauration d’Israël, et leur destruction ; la formation d’un Résidu juif pieux au milieu de l’apostasie finale, les terribles tribulations que son témoignage lui attirera, puis sa restauration pour jouir en paix du royaume glorieux de Christ ; enfin la conversion d’une grande multitude de nations par la prédication de l’Évangile du royaume.
Les agents du mal, au temps de la fin, sont nombreux. C’est en
premier lieu Satan
qui les inspire ; il souffle au coeur des hommes
toute son hostilité contre le Christ, contre son peuple (le Résidu juif de la
fin) et son royaume, mais ses instruments principaux sont d’abord le faux
prophète ou Antichrist
,
« le méchant » ou « l’inique »,
reconnu par le peuple incrédule comme son roi ; puis le peuple juif apostat,
« les méchants », haïssant, comme aux jours de Jésus, tous ceux qui
reconnaissent le vrai roi et lui obéissent ; ensuite la puissance
impériale romaine
et le personnage
qui la
possède, la première Bête de l’Apocalypse, dont l’Antichrist s’est fait l’agent
et le représentant à Jérusalem ; enfin l’Assyrien
,
adversaire
des pouvoirs précédents, dernière puissance qui survit un moment à la
destruction de la Bête et de l’Antichrist, lors de l’apparition du Seigneur
sortant du ciel avec ses armées. Le livre de Daniel et celui de l’Apocalypse
nous renseignent longuement sur ces puissances malfaisantes, le premier en
rapport avec le peuple juif, le second avec la chrétienté apostate.
L’Assyrien
qui doit nous occuper
spécialement, car les circonstances des Cantiques des degrés se rapportent en
grande partie à ses entreprises, est le grand ennemi d’Israël mentionné dans le
livre d’Ésaïe. Il sera, au temps de la fin, le continuateur de l’Assyrien,
oppresseur du peuple de Dieu, que ce prophète et les livres historiques nous
font connaître. D’autres prophètes le mentionnent souvent, tels Ézéchiel et
Daniel, quelques-uns même exclusivement, parmi les puissances ennemies des
derniers temps.
À l’Assyrien se joignent les nations
,
soutenues
par lui, comme les dix rois seront soutenus par la Bête, chef de l’empire
romain ressuscité. D’autres nations, telles que Babylone, les Mèdes, Javan,
l’Égypte, etc., jouent un très grand rôle dans la prophétie, sans parler de
celles qui forment les hordes innombrables de l’Assyrien : Rosh, Méshec et
Tubal, la Perse, Cush, Puth, Gomer, Togarma et tous les rois du Nord, compris
sous le nom de Magog (Ézéch. 38; Jér. 25: 26). Mais nous ne parlons ici que des
nations environnant la Palestine
qui s’appuient sur
l’Assyrien et auxquelles nous reviendrons plus tard.
Nous l’avons dit, tous ces personnages prophétiques et les
événements dont ils sont les acteurs, sont comme sous-entendus
dans les
Psaumes. S’agit-il de la puissance du mal, ils forment comme la trame du livre,
sur laquelle sont tissés les expériences, la foi, les souffrances, les
craintes, les espérances, les supplications, les exercices d’âme et de
conscience, la repentance, les appels à Dieu contre les adversaires, et enfin
les actions de grâces et les alléluias du Résidu, motivés par la délivrance.
Parmi ces exercices d’âme, la première place est occupée par le Messie,
autrefois rejeté, maintenant seule ressource des enfants du royaume qui
l’avaient méconnu jadis. De là les nombreux Cantiques messianiques, formant çà
et là le pivot des autres Psaumes. C’est dans ces Cantiques que nous trouvons,
chose précieuse entre toutes, la révélation du coeur et des sentiments de
Christ, ce qu’il a été pour Dieu et pour ses bien-aimés (le Résidu fidèle), ce
qu’il a été en présence du peuple incrédule et méchant, et devant l’oppression
de l’Ennemi, ce qu’il a été sur la croix — la révélation des motifs parfaits
qui ont dirigé toute sa marche, enfin son oeuvre en faveur des siens. En
traversant la grande tribulation, le Résidu apprendra graduellement qu’en
toutes choses, sous la colère gouvernementale de Dieu et devant la
contradiction des méchants, le Messie a pris sa place, se substituant à lui
pour porter sa coulpe, mais aussi pour sympathiser à ses infirmités. Nous
disons le Résidu
,
parce que c’est lui, constamment nommé
dans les prophètes, qui parle tout du long des Psaumes, soit le Résidu de Juda
dans les deux premiers livres, soit le Résidu d’Israël dans le troisième, soit
enfin, dans le cinquième, Juda se rejoignant aux dix tribus pour ne plus former
qu’une seule nation, le nouvel Israël.
Nous trouvons donc dans les Psaumes, sans parler de leur
application morale qui est de tous les temps, des sentiments en grande partie
futurs, exprimés au sujet de circonstances prophétiques futures, et mis pour un
temps à venir dans la bouche de fidèles qui naîtront. Cela ne signifie
nullement que l’Esprit ne les rattache, comme du reste toute la prophétie, aux
circonstances et aux expériences de ceux qui les ont composés par inspiration.
Les Psaumes sont sortis des expériences et des circonstances d’un David ou d’un
Salomon, d’un Asaph ou des fils de Coré, etc., mais, notons-le bien, leur
portée dépasse toujours
les événements passés qui en ont été l’occasion,
car « aucune prophétie de l’Écriture n’est d’une interprétation particulière ».
Or, il n’y a que l’Esprit de Dieu qui puisse rattacher des révélations futures
à des événements actuels. L’on peut se figurer les pensées du Résidu, lorsque,
traversant les jours de la « grande tribulation », il trouvera dans ce livre ses
circonstances décrites et ses sentiments exprimés, ses expériences faites et
ses souffrances éprouvées par d’autres, mais avant tout, éprouvées en amour par
le Messie qu’il avait méconnu, car « dans toutes
leurs angoisses, il a
été en angoisse » — leurs pensées, disons-nous, quand ils trouveront une
expression parfaite donnée à leur cri ou à leurs louanges, par l’Esprit de ce
même Christ, mort pour les racheter, mais qui avait aussi porté d’avance leurs
douleurs et leurs langueurs.
Ayant établi ces faits généraux, nous ferons précéder notre
méditation sur les Cantiques des degrés d’un court exposé des circonstances
qui sont à la base des cinq livres des Psaumes et tout spécialement du
cinquième. Nous dirons ensuite quelques mots de l’Assyrien
prophétique, car sa personnalité, jointe au concours des nations
,
est sous-entendue dans le cinquième livre (occasionnellement aussi dans les
autres) dont les Cantiques des degrés font partie. En effet, ce livre envisage
surtout le peuple croyant, retrouvant son unité et son centre à Jérusalem après
que le Seigneur a abattu l’Assyrien, dernier oppresseur d’Israël.
Le premier livre
des Psaumes nous présente le
Résidu de Juda, pareil aux disciples qui entouraient le Messie avant la croix,
et leur tendant pour ainsi dire la main pour se rejoindre à eux par-dessus les
temps de l’Église. Ce Résidu s’est formé à Jérusalem, puis s’est multiplié dans
toute la Judée. Il monte avec la masse du peuple au temple rebâti et se trouve
ainsi en relation publique avec l’Éternel, le Dieu d’Israël. Il habite dans la
ville et dans le pays, mais au milieu d’un peuple incrédule et sous la
domination du « Méchant », c’est-à-dire de l’Antichrist, comme les Juifs, au
temps du Seigneur, sous la domination d’Hérode et sous le joug du César romain.
Ce livre fait continuellement allusion au Méchant et aux méchants, son peuple.
Il est en outre rempli du travail de conscience du Résidu sous le sentiment de
ses péchés et de la colère de Dieu.
Au deuxième livre
qui commence par les Psaumes des
fils de Coré et se termine par ceux de David, ce même Résidu de Juda est obligé
de fuir hors de la Judée, selon l’ordre donné en Matth. 24:15,16, et Marc
13:14, quand « l’abomination qui cause la désolation » aura été établie dans le
temple. Cette expression tirée de Dan. 12 :11 (et non pas de Daniel 11:
31, qui se rapporte à Antiochus Épiphane) signifie « l’idolâtrie, qui sera la
cause de la désolation » par l’Assyrien, envoyé comme jugement de Dieu sur le
peuple. Le Résidu laisse en arrière ceux des siens qui sont à Jérusalem et qui
continuent à y habiter jusqu’au retour du Messie, selon la parole de l’Éternel
à Jérusalem : « Je laisserai au milieu de toi un peuple affligé et abaissé, et
ils se confieront au nom de l’Éternel » (Soph. 3: 12). (Tout le passage
correspondant de Luc 21: 20-23, où il est question pour les disciples de « se
retirer du milieu de Jérusalem
» est en rapport immédiat avec la ruine de
cette ville par l’armée romaine, et non pas avec les temps de la fin). Le
Résidu se réfugie au milieu des nations. Quelles sont ces nations ? Cela ne
nous paraît pas être spécifié avec une parfaite certitude. Au reste, nous y
reviendrons plus tard. Ce qui est certain, c’est que la femme, le Résidu de
Judée, s’enfuit rapidement, selon Apoc. 12: 6, 14, au « désert », lieu préparé
par Dieu, où elle est nourrie pendant la dernière demi-semaine de Daniel [ch.9]
. Le pauvre Résidu a perdu en apparence sa
relation avec l’Éternel, le Dieu d’Israël, mais met sa confiance en Dieu,
de
là le mot Elohim, qui se rencontre 182 fois dans ce livre. C’est le
commencement de la « détresse pour Jacob » dont parle Jérémie (30: 7),
tribulation qui est mentionnée continuellement dans les Psaumes et dans les
prophètes. Cette détresse continue encore après le retour de ce même Résidu
dans son pays et ne se termine que lors de l’apparition du Christ pour délivrer
son peuple.
Au troisième livre
nous trouvons, non plus
le Résidu de Juda et les Psaumes des fils de Coré et de David, mais le Résidu
d’Israël
(les dix tribus) et les Psaumes d’Asaph. Ce Résidu, dispersé parmi
beaucoup de peuples, depuis sa captivité historique par l’Assyrien, ce Résidu,
non coupable de la mort du Messie, rentre dans son pays après la destruction de
l’Assyrien, dernier ennemi d’Israël, et lorsque la gloire du Messie sera déjà
manifestée en Sion. De là l’expression : « Après la gloire,
tu me
recevras », au Psaume 73, qui forme l’introduction du livre, et celle de Zach.
2: 8 : « Après la gloire
, il m’a envoyé vers les nations qui ont fait de
vous leur proie ». Ce troisième livre parle beaucoup plus de la grâce que de
Christ personnellement.
Le quatrième livre
est spécial. Il y est
moins question de circonstances prophétiques qui se puissent définir. Son sujet
est Israël, placé par le Dieu créateur au centre de sa création, comme objet de
son conseil, de sa providence et de son gouvernement. Israël, infidèle dans
cette position, puis infidèle sous la loi, est l’objet de la colère divine (Ps.
90). Le Messie vient alors remplacer Israël et devient lui-même ce centre (Ps.
91). Mais pour délivrer son peuple, il se substitue à lui sous la colère de
Dieu (Ps. 102). Il reçoit la récompense de son dévouement : la résurrection et
la gloire millénaire. C’est donc de l’ensemble du peuple
qu’il est question
dans ce livre. Nous trouvons à la fin la bénédiction de la terre sous la
protection de Jéhovah créateur (Ps. 104).
Au cinquième livre
enfin, nous trouvons le
Résidu de Juda qui s’était enfui au deuxième livre, ramené dans son pays où il
traverse les dernières épreuves de la grande tribulation, mais ramené pour être
finalement reformé en unité avec les dix tribus et ne plus faire qu’un peuple
avec elles. Le résultat de ce retour est l’asservissement de toutes les nations
liguées avec l’Assyrien, et qui entourent le pays d’Israël (Ps. 108 ; cf. Ps.
60). Cette unité d’Israël retrouvée, forme, comme nous le verrons dans les
Cantiques des degrés, un des traits caractéristiques du livre, mais les
souffrances qui y sont décrites sont celles du Résidu de Juda. Nous reviendrons
sur cette constatation. À sa rentrée, le Résidu trouve encore l’Assyrien
occupant le pays (Ps. 107: 39, 40), au moment où l’Antichrist et la Bête
romaine vont être ou ont été détruits par le Seigneur sortant du ciel avec ses
armées.
Mais reprenons avec quelque détail, en vue de notre étude
subséquente, ce livre cinquième et les circonstances
prophétiques qu’il
mentionne.
Les Psaumes 107 et 108 forment l’introduction et résument le contenu du livre.
Le Psaume 107 commence par la louange bien connue : « Célébrez
l’Éternel ! Car il est bon ; car sa bonté demeure à toujours ». Cette louange
caractérise partout, dans les Psaumes, l’aurore du Millénium. Elle célèbre
l’essence même du caractère de Dieu, dans toutes ses voies envers son peuple.
Le Psaume même résume ces voies, depuis la réjection du peuple juif, jusqu’à
son retour dans son pays au temps de la fin. Il est ramené comme nation vue
dans sa totalité (Jér. 30: 3), conduit à travers le désert, délivré de sa
prison et des portes de la mort, secouru sur la grande mer pour arriver au port
et trouver un repos apparent dans une ville habitable (v. 7), dans ses villes
rétablies (v. 36), dans le pays enfin, où il sème des champs et plante des vignes
qui lui rapportent du fruit. Mais il faut bien noter que Dieu n’a égard, dans
ses voies envers ce peuple, qu’aux rachetés
(v. 2), au cri desquels il a
répondu, tandis qu’à l’égard de la nation infidèle, il « restera tranquille » et
la livrera au jugement, selon Ésaïe 18: 3-6.
Ce sont les circonstances du Résidu de Juda qui sont mentionnées ici d’une manière particulière, comme du reste dans tous ces Psaumes. Le retour du Résidu dans son pays en compagnie du peuple incrédule, n’est pas la fin, mais au contraire le commencement de sa vraie tribulation. Rentré dans la terre d’Israël, il est accablé par « l’oppression, le malheur, et le chagrin » (v. 39). Les « nobles » sont méprisés et errent de nouveau dans le « désert où il n’y a pas de chemin », mais « le pauvre » est relevé de l’affliction et « des familles » sont données « comme des troupeaux ». Telle est l’histoire du Résidu de Juda, rentré dans son pays avec la masse du peuple, pour se former, de fait, comme témoignage, à Jérusalem et en Judée, puis errant dans le désert, puis enfin ramené de nouveau pour former un seul peuple avec les familles croyantes d’Israël.
Le Psaume 108, composé de la fin des Psaumes 57 et 60, est très
caractéristique. Tandis que le Psaume précédent décrit les souffrances du
Résidu juif seul, celui-ci nous présente l’ensemble des Résidus de Juda et
d’Israël, et célèbre les circonstances qui accompagnent leur restauration sous
le sceptre du Messie. Les ennemis subjugués sont les nations
qui
s’étaient liguées avec l’Assyrien et leur asservissement sous le règne de
Christ, établi désormais à la tête de ses bien-aimés,
du vrai Israël (v.
6).
Le Psaume 109 nous montre, ce que n’accentuaient pas les deux
Psaumes précédents, le jugement des adversaires, mais tout particulièrement du Méchant,
oppresseur du Résidu. Il faut que ce jugement sans miséricorde ait lieu
pour introduire, au Psaume 110, le règne glorieux de Christ. Ce Méchant était
Saül pour David, le traître Judas pour Christ (Actes 1: 20), et sera pour le
Résidu de la fin, l’Antichrist que ce Psaume a spécialement en vue.
Au Psaume 110, les souffrances de Christ, modèle de celles du
Résidu, sont suivies de l’exaltation du Messie à la droite de Dieu. Ressuscité,
comme Fils de Dieu, Fils de David, vrai Melchisédec, il tirera vengeance des
nations et du « Chef d’un grand pays », l’Assyrien
. Il enverra de Sion la
verge de sa force et la rosée de son nouveau peuple lui viendra du sein de
l’aube du jour.
Aux Psaumes 111 à 113, nous trouvons les Alléluias qui suivent
l’exaltation de Christ en vertu de ses souffrances. Au Psaume 111, ses oeuvres
sont célébrées, au Psaume 112, son caractère :
« Il est plein de
grâce, et miséricordieux, et juste », caractère auquel répond celui de ses
bien-aimés. Le résultat en est que la corne du juste « sera élevée en gloire ».
Le Méchant
(l’Antichrist) le verra, grincera des dents et se fondra. Le
désir des méchants,
ses associés, périra (v. 9, 10). Au Psaume 113, son nom
est exalté. Il élève le pauvre pour le faire habiter avec les nobles (cf.
107: 40, 41), et la femme stérile, tout Israël, habite en sécurité, joyeuse
mère de fils.
Les Psaumes 114 à 117 sont encore des Alléluias. Le Psaume 114
célèbre le Dieu de Jacob qui avait tiré hors d’Égypte Juda et Israël et qui,
comme il le fit jadis pour le rocher, a changé le coeur de son peuple en source
rafraîchissante (cf. 107: 35 ; És. 41: 18). Au Psaume 115, la maison d’Israël tout
entière,
jointe à la maison d’Aaron, la sacrificature, et à tous ceux qui,
parmi les peuples craignent l’Éternel, loue son nom. Au Psaume 116, le Christ
lui-même loue devant tout le peuple,
dans la terre des vivants et dans
les parvis de la maison de l’Éternel, au milieu de Jérusalem.
Enfin, au
Psaume 117, nous trouvons l’Alléluia de toutes les nations et de tous les
peuples.
Au Psaume 118, nous entendons le refrain habituel de l’aube du
règne de Christ, règne auquel aboutissent toutes les voies de Dieu envers son
peuple et ceux qui le craignent. Ici encore, nous retrouvons tout Israël, la
maison d’Aaron et ceux qui craignent l’Éternel. La part de Christ et du Résidu
dans la destruction des nations
est constatée aux versets 10 à 12.
Christ, la pierre rejetée, est enfin devenu la tête de l’angle. Le temple où
les saints bénissent, l’autel où ils sacrifient, sont rétablis.
Au Psaume 119, nous trouvons la loi écrite dans le coeur du
Résidu, à la suite de toutes ses souffrances : Avant qu’il fût affligé, il
errait (v. 67). Les orgueilleux et les méchants
jouent un rôle dans ce
Psaume.
C’est ici que viennent s’intercaler les Cantiques des degrés,
Psaumes 120 à 134, qui feront plus tard le sujet de notre étude, et les
Psaumes 135 et 136 qui en sont le complément nécessaire.
Une nouvelle série de Psaumes s’ouvre au Psaume 137, et va jusqu’au Psaume 145. Elle est extrêmement remarquable comme faisant pendant aux expériences de l’ensemble du peuple, décrites jusqu’ici. Ces Psaumes sont de David. Ils représentent l’histoire du Résidu de Juda, commençant à la captivité de Babylone et s’étendant, à travers les temps de la fin, jusqu’aux Alléluias qui terminent les Psaumes. Or, quand il s’agit de Juda, l’Antichrist ne peut être passé sous silence. Il est le méchant (139: 19 ; 140: 4, 8) ; ceux qui l’entourent, les ouvriers d’iniquité, les méchants (141: 9 ; 145: 20). Cependant d’autres personnages ou nations sont tout aussi explicitement mentionnés : l’homme mauvais et l’homme violent, les orgueilleux qui cachent un piège (140: 5 ; 141: 9 ; 142: 3), dernier trait qui peut se rapporter à l’Assyrien et à ses alliés (cf. 124: 7). L’Assyrien s’y trouve en personne ; c’est l’homme à mauvaise langue qui pense pouvoir s’établir dans le pays (140: 11).
Reprenons cette série en détail.
Au Psaume 137, Sion et Jérusalem sont l’objet principal contemplé par le Résidu de Juda, captif à Babylone. La supplication qu’il adresse à l’Éternel, c’est de le venger d’Édom. Cela nous reporte au rôle joué par les nations, dont nous parlerons plus tard. Édom est à leur tête et disait dans la journée de Jérusalem sous Nébucadnetsar : « Rasez jusqu’à ses fondements ». Édom sera exterminé jusque dans ses petits enfants. Il est dans les pensées de Dieu de ne lui laisser aucune postérité (Voyez Abdias ; Jérémie 49).
Au Psaume 138, Juda, par la bouche de David, parle et exprime la
louange. Il se prosterne vers
le temple. Il a crié, comme au Psaume 107,
et Dieu a répondu. Il célèbre le moment où, non seulement Israël, mais tous les
rois de la terre, exalteront l’Éternel. Dieu voit ceux qui sont en bas état. Il
achèvera ce qui concerne le Résidu et n’abandonnera pas les oeuvres de ses
mains.
Au Psaume 139, les bénédictions dont nous venons de parler ne peuvent avoir lieu sans que la conscience et le coeur du fidèle aient été éprouvés et sondés. Alors il apprend à haïr non pas ses propres ennemis, comme au Psaume 136, mais ceux de Dieu (v. 21) ; il n’a plus qu’un désir, c’est que l’Éternel trouve dans son coeur des voies de sainteté et de droiture. Le Méchant reparaît ici (v. 19).
On trouve au Psaume 140 tout le cortège des ennemis du Résidu : le méchant, l’homme violent, l’homme à mauvaise langue, ceux qui environnent les fidèles. Tous ces termes, comme nous l’avons vu, nous parlent de l’Antichrist, d’Édom, de l’Assyrien, des nations. Comme au Psaume 120: 4, des charbons ardents tomberont sur eux. Au milieu d’eux, le Résidu est affligé et pauvre.
Au Psaume 141, le Résidu est éprouvé au milieu du mal, dispersé à la gueule du shéol. Il s’agit, nous le pensons, de l’Antichrist (cf. És. 28: 15), mais ils ne sont pas engloutis. Au v. 9, nous trouvons, comme au Psaume 124: 7, le piège de l’oiseleur.
Au Psaume 142 (David dans la caverne), nous ne trouvons pas encore le Résidu à Jérusalem, mais nous le voyons rentré dans les limites de Juda, dans la terre des vivants. Dieu est son seul refuge ; il n’est pas de ceux qui, comme nous le verrons plus tard, se réfugient en Égypte.
Au Psaume 143, la détresse de Juda n’est pas terminée, mais il se trouve dans le pays, seulement avec les mêmes appréhensions que lorsqu’il s’était réfugié parmi les nations. Au v. 7, il fait les mêmes expériences (cf. 63: 1). Il est comme mort depuis longtemps, pareil aux fidèles qui, à Jérusalem, attendent la délivrance finale (cf. És. 29: 4).
Le Psaume 144, nous montre le Résidu de Juda engagé dans le
combat. Cela fait penser au combat des chefs de Juda contre les nations en
dehors de Jérusalem (Zach. 12: 6, et aussi Soph. 2: 9). « Éternel, abaisse tes
cieux et descends », rappelle ce qui se réalisera en Zach. 14: 4. Ils demandent
que l’Éternel les délivre « de la main des fils de l’étranger,
dont la
bouche profère la vanité et dont la droite est une droite de mensonge » (v. 7,
8, 11), ce qui ne peut avoir rapport qu’aux nations et à l’Assyrien. La
bénédiction qu’ils réclament correspond aux Cantiques des degrés 127: 3-5, et
128. Le v. 15: « Bienheureux le peuple, etc ». a trait à la nation réunie en un.
Au Psaume 145, nous trouvons le salut d’Israël, de ceux qui invoquent, aiment et craignent l’Éternel ; l’extermination des méchants et le royaume établi au siècle des siècles, ainsi que la bénédiction rendue par toute chair.
Les Psaumes 146 à 150 sont les magnifiques Alléluias de la fin.
En rapport avec les circonstances d’Israël, notons au Psaume
146, que « l’Éternel met en liberté les prisonniers, ouvre les yeux des
aveugles, relève ceux qui sont courbés, aime les justes, garde les étrangers,
affermit l’orphelin et la veuve, et confond la voie des méchants » (cf. És. 61:
1-3). L’Éternel, le Dieu de Sion,
régnera de génération en génération
(v. 8-10).
Au Psaume 147, il bâtit Jérusalem
et rassemble les exilés
d’Israël.
Le retour des dix tribus est ainsi clairement mentionné (v. 2).
Aux v. 12-14, Jérusalem
est affermie et fortement défendue. Les fils
sont bénis au milieu d’elle ; la paix règne clans ses confins.
Au Psaume 148, Israël, le peuple qui est près de l’Éternel,
composé de tous ses saints,
est exalté.
Au Psaume 149, les fils de Sion s’égayent en leur roi, les
saints se réjouissent de la gloire,
une épée à deux tranchants est dans
leur main pour exécuter la vengeance contre les nations
et des
châtiments au milieu des peuples, pour lier leurs rois et leurs nobles et
exécuter contre eux le jugement qui est écrit
(v. 2, 5, 6).
Le Psaume 150, enfin, contient la louange universelle.
À cet exposé des Psaumes, que nous ne pouvions abréger
davantage, il nous faut encore ajouter quelques mots sur l’Assyrien
de
la fin.
Nous avons déjà fait une remarque qui appartient à l’essence même de la prophétie. Les personnages ou les événements prophétiques se rattachent à des personnages, à des événements historiques et les continuent pour ainsi dire. Il n’y a que des esprits étrangers aux pensées de Dieu qui puissent le nier, car ce phénomène est constant dans tous les prophètes. Il suffit, entre une multitude d’exemples, de lire pour se convaincre de cette transition, les chapitres 7 et 8 d’Ésaïe et Daniel 11.
Un fait, tout aussi évident, c’est que la grande majorité des événements annoncés ne permet pas une interprétation limitée au passé. Il est important de l’affirmer en présence de l’incrédulité moderne qui, tantôt, voit dans les prophètes des écrits formés après coup, ou sciemment altérés, tantôt les rabaisse au rôle d’élucubrations patriotiques contemporaines.
Ce principe posé, revenons à l’Assyrien.
L’Assyrien de la fin est une puissance occupant l’ancienne
Assyrie ; seulement les limites géographiques de ce pays ont subi des
variations continuelles au cours d’une longue histoire, remplie de
soulèvements, de guerres et de conquêtes, et l’on aurait bien de la peine à
définir historiquement ses frontières changeantes, comme il est possible de le
faire pour l’empire romain. Les limites asiatiques de l’ancien empire turc
pourraient, en une certaine mesure, lui être assimilées. De fait, l’Assyrien de
la prophétie a des limites plus étendues que l’Assyrien historique. En outre,
il porte des noms divers, mais pas identiques. Le plus usité est Gog (Ézéch.
38: 39). C’est de Gog, dit Ézéchiel, que « parlaient les prophètes d’Israël » ;
or les prophètes d’Israël parlaient de l’Assyrien (Ézéch. 38: 17). Mais il est
aussi appelé « le roi du Nord ».
Par ce terme, il faut entendre un royaume
situé au nord de la Palestine, l’Asie mineure, qui appartint partiellement au
domaine changeant de l’Assyrien, puis devint le lot de Séleueus, l’un des
quatre généraux d’Alexandre et des Antiochus ses successeurs (Dan. 8: 21-24 ;
ch.11). Les divers chefs de cette famille sont appelés le roi du Nord, au
chapitre 11 de Daniel, lors de leurs conflits avec le roi du Midi (l’Égypte) et
la terre d’Israël, jusqu’à ce que son dernier représentant, l’Assyrien, trouve
sa fin sur les montagnes du « pays de beauté » (Dan. 11: 40-45).
Une quantité de peuples constituent sa puissance. En Ézéch. 38, les alliés de Gog sont Rosh, Méshec, Tubal, la Perse, Cush, Puth, Gomer, Togarma, quand il vient du fond du nord à la fin des jours. Nous trouvons une énumération semblable, quoique moins complète, en Ézéch. 32. On y voit, avec Assur, Élam, Méshec, Tubal, Édom, les princes du nord, les Sidoniens.
Le prophète Joël, parlant de l’invasion prophétique de l’Assyrien, l’appelle « Celui qui vient du nord » (Joël 2 :20), cependant « celui qui vient du nord » est, en d’autres passages, Babylone et aussi les Mèdes et les Perses (voyez tout le livre de Jérémie). En Dan. 8: 23-25, le roi du Nord est issu de l’empire d’Alexandre, « et sa puissance sera forte, mais non par sa propre puissance », c’est-à-dire qu’il aura le pouvoir de l’Assyrien ou de Gog, la Russie (Ézéch. 38: 2), comme soutien et sanction du sien.
À la fin des temps, l’Assyrien détruit l’Égypte, puis il est détruit lui-même lors de sa dernière attaque contre Jérusalem. Après cela, pendant le Millénium, l’Assyrie et l’Égypte reconnaîtront le Dieu d’Israël. Les trois nations seront alliées et établies comme une bénédiction au milieu de la terre (És. 19: 16-25).
Une autre puissance, appelée les Nations
, est souvent mentionnée
dans le conflit de la fin. Nous voyons, au Psaume 83, qu’elles trament
l’extermination d’Israël. Édom, comme au temps de Nébucadnetsar, occupe parmi
elles une place prépondérante. Les autres sont mentionnées à sa suite ; ce sont
les Ismaélites, Moab, les Hagaréniens, Guebal, Ammon, Amalek, la Philistie,
Tyr. Asaph ajoute qu’« Assur s’est joint à eux ». On le voit, il ne s’agit ici
que des nations qui entourent le territoire d’Israël, et non des hordes
innombrables qui font cortège à Gog (Ézéch. 38: 5, 6), et qui, nous serions
portés à le penser, pourront être grossies à la fin par les rois d’orient
d’Apoc. 16: 12 (*).
(*) Pour nous, cette question est plutôt posée que résolue. Les rois d’Orient pourraient former une entreprise à part ou même venir prêter, en apparence, leur appui à la Bête contre l’Assyrien.
Cette confédération des nations appuyée, plutôt moralement,
semble-t-il, par Assur ou Gog, constitue le parti qui s’élèvera à la fin des
temps, pour s’emparer de la Palestine et détruire Jérusalem. La pensée de
l’Assyrien est, avant tout, de mettre la main sur les richesses immenses
accumulées en Palestine par le retour des Juifs, depuis qu’ils habitent en
sécurité, avant la dernière demi-semaine de Daniel, dans les villes ouvertes
sous la domination de l’Antichrist (Ézéch. 38: 11, 12). Il semble que
l’Assyrien, adversaire de l’Antichrist et de la Bête romaine, trompe le peuple
qui habite en dehors de Jérusalem en l’assurant de son alliance. Cette
alliance, il la rompt ensuite pour accomplir son dessein (És. 33: 8), comme il
le fit jadis dans l’histoire d’Ézéchias (2 Rois 18: 14-17). Le but d’Édom
est
autre que celui de l’Assyrien. Poussé par sa haine constante contre Israël,
haine manifestée jadis lors de la destruction de Jérusalem par Nébucadnetsar
(Ps. 137: 7), il a, de plus, la pensée, en s’emparant de Juda et d’Israël, de
se constituer un royaume à lui en Palestine (Ézéch. 35: 10) (*).
(*) Il est à peine nécessaire d’insister sur le fait que ces nationalités, en apparence disparues, reprendront corps à la fin des temps.
Ces lignes datent de 1909. On sait que depuis lors l’empire turc s’est effondré, en 1918, et que sur toute la partie orientale de son territoire sont nés des États nationaux, devenus successivement indépendants. La Jordanie, la Syrie, le Liban, sans parler de l’Égypte au sud, enserrent le jeune État d’Israël, objet de leur hostilité commune. Autour d’eux, et partageant cette hostilité s’étendent l’Arabie saoudite et l’Irak, ce dernier occupant en gros l’emplacement de l’Assyrie et de la Babylonie antiques. D’autres mouvements de peuples peuvent se produire, mais quels que soient les changements que la carte politique est appelée à connaître encore, la renaissance de ces nationalités est significative. Note de la 3e édition.
Ces desseins sont contrecarrés par le peuple habitant Jérusalem.
Les méchants qui y dominent et qui ont fait un pacte
avec l’Antichrist,
contractent une alliance
avec la Bête romaine pour s’opposer à
l’Assyrien, appelé à diverses reprises le « fléau qui inonde », « le fleuve » (És.
8: 7), « la consomption décrétée » (És. 10: 22 ; 28: 2, 15, 17, 18 ; Dan. 9: 27) (*), mais leur dessein est réduit à néant (És. 28:
14-22). Le Seigneur, sortant du ciel
avec l’armée de ses saints,
détruira par son apparition les deux soutiens de Jérusalem, l’empereur romain
avec son armée, et l’Antichrist. Ensuite l’Assyrien sera détruit sur les
montagnes d’Israël (Dan. 11: 45), par la manifestation du Messie sur la
terre,
quand ses pieds se tiendront sur la montagne des Oliviers (Zach. 14:
4). Dans le même temps, les armées des nations seront détruites sur le
territoire d’Édom (És. 34: 1-8 ; 63: 1-6).
(*) En És. 8: 8, c’est l’Assyrien historique ; en Dan. 11: 22, le roi du Nord ou Antiochus Épiphane ; en Jér. 47: 2, Babylone.
Le point de mire de tout ce conflit est le Seigneur
lui-même
(Ps. 2: 1-3). C’est contre lui que Satan, précipité du ciel sur la terre,
soulève le monde entier, sachant qu’il a peu de temps. Ses instruments pourront
n’avoir qu’une conscience plus ou moins nette de son but, voilé par leurs vues
politiques. Satan seul, qui les conduit, s’en rend parfaitement compte (Apoc.
16: 13, 14 ; 19: 19).
Jérusalem
est le noeud de ce formidable mouvement des
peuples. Pendant la période de la fin, où la terre d’Israël est encore foulée
aux pieds par les nations, Jérusalem forme un rempart, en apparence solide, à
leurs empiétements. Jérusalem est gouvernée à ce moment-là par les suppôts de
l’Antichrist, semblables aux princes de Juda sous Sédécias (Jér. 38), des
hommes méchants, moqueurs et hypocrites qui défient la puissance du Nord en
comptant sur l’appui de l’Occident. La population apostate de Jérusalem se
confie en eux. Mais, au milieu d’eux, un témoignage collectif s’est formé dès
le commencement, fruit de l’enseignement des « sages » (Dan. 11: 33, 35 ; 12: 3,
10), un Résidu (*) opprimé et souffrant,
attendant le Messie et se confiant en Lui, le sûr fondement posé en Sion. Ce
témoignage s’étend à tout le pays de Juda. Les circonstances de ce Résidu de
Juda sont à chaque instant mentionnées dans les Psaumes et développées dans les
prophètes. D’abord, fuyant en masse, non pas hors de Jérusalem mais hors de la
Judée, la persécution de la Bête et de l’Antichrist, et se réfugiant, gardé par
la providence divine parmi les nations au désert (**)
(Matt. 24: 15-21 ; Apoc. 12: 14-16) ; une partie d’entre eux restant à
Jérusalem, pour y servir de témoignage au milieu de l’apostasie, et souffrant
dans ses conducteurs, les deux témoins d’Apoc. 11: 1-13, le martyre pour sa foi.
Les exilés de Juda rentreront dans leur pays, au bout de trois ans et demi, au
temps où la Bête et le faux prophète seront détruits, mais pour y trouver
encore l’Assyrien qui l’occupe. La partie du Résidu de Juda qui n’a pas quitté
Jérusalem, se retrouve dans cette ville lors des événements qui précèdent
immédiatement la destruction de l’Assyrien. Ces fidèles sont là pour attendre
le Messie quand déjà leurs frères, dans le pays de la promesse, lèvent les yeux
vers les montagnes d’où leur viendra le secours.
(*) Les lecteurs peu familiers avec la prophétie pourraient s’étonner de retrouver, à chaque instant, ce terme « Ie Résidu » sous notre plume. C’est que, de fait, il remplit toute la prophétie de l’Ancien Testament. Le Résidu est le reste fidèle du peuple, le noyau de l’Israël futur, les sauvés, les réchappés. Les termes hébreux Shear et aussi Shaar, Sheerith, Sarid, Yether, lui sont constamment appliqués.
(**) Quelles seront ces nations ? Il serait difficile de le définir exactement. Il semble certain que ce ne sont pas celles qui sont mentionnées au Ps. 83. Toutefois, en És. 16: 3-4, Moab devient le refuge des fugitifs de Juda contre le destructeur et l’oppresseur. Je penche à croire que Méshec et Kédar (Ps. 120: 5), aux confins de la Palestine, en feront partie. Les exilés trouveraient ainsi dans leur fuite précipitée un abri prochain au nord, à l’orient et au sud de leur pays. Plus loin, d’autres détails sur Méshec et Kédar.
Ici se place une des parties les plus difficiles de la
prophétie, celle du siège de Jérusalem
par les nations d’accord avec
l’Assyrien (*), puis par l’Assyrien en
personne.
(*) Je suis tenté de croire que le premier siège de Jérusalem a pour but et pour effet de faciliter l’invasion de l’Assyrien lors de ses entreprises sur l’Égypte (És. 28: 19; Dan, 11: 40-42).
Disons d’abord que le siège de Jérusalem par l’Assyrien ne peut,
en aucune manière, être confondu avec la prise et la destruction de cette ville
par Nébucadnetsar, suivie de la captivité de Juda. Le prophète Michée nous renseigne
à ce sujet. Nous y trouvons d’abord
la captivité de Juda à Babylone et
sa restauration (Mich. 4: 9-13), puis le Messie frappé avec une verge sur la
joue (5: 1, 2), enfin l’invasion de l’Assyrien et les circonstances qui
l’accompagnent (5: 5-9). En Ésaïe 13 et 14: 22, nous trouvons d’abord
la
destruction de Babylone, puis au chapitre 14: 24-27, celle de l’Assyrien dans
le pays d’Israël. Ces passages nous fournissent en même temps la preuve que
l’Assyrien de la fin n’est pas le même personnage que l’Assyrien historique. Ce
dernier, après avoir envahi Israël, puis Juda, assiégea Jérusalem avant que
Nébucadnetsar et l’armée de Babylone eussent assiégé et détruit la ville. Or, à
cette époque, Jérusalem n’a pas été prise ni saccagée par Sankhérib, comme par Nébucadnetsar,
et il n’a pas dressé de forts contre elle (És. 37: 33), comme cela arrivera
lors du siège par l’Assyrien futur (És. 29: 3).
Quant au siège de Jérusalem, à la fin des temps, la prophétie
mentionne incontestablement deux
sièges et les distingue avec clarté.
Ce sont d’abord les nations
, soutenues par l’Assyrien,
qui assiègent Jérusalem. Ce premier siège
où les nations jouent le rôle
capital, se termine par la prise et le sac de la ville, exactement le contraire
de ce qui arriva sous le règne d’Ézéchias. La moitié de la population est
emmenée captive, le reste du peuple n’est pas retranché de la ville (Zach. 14:
1, 2). Le sang des saints est répandu comme de l’eau autour de Jérusalem (Ps.
79: 3).
Cet événement est mentionné en divers passages.
En Ésaïe 28, Éphraïm et Juda sont envahis par l’Assyrien, comme cela eut lieu dans l’histoire, puis Jérusalem est assiégée. Les hommes qui y gouvernent ont fait une alliance avec la mort et un pacte avec le shéol (la Bête et le faux prophète) contre le fléau qui inonde (l’Assyrien). Ceux qui croyaient avoir fait leur abri du mensonge, ne seront pas à l’abri. L’Éternel posera une pierre précieuse (le Messie) comme fondement en Sion, et celui qui mettra sa confiance en elle ne sera pas confus (*).
(*) Il ne s’agit pas, dans ce passage, de la présence personnelle du Messie. C’est la révélation, au coeur des fidèles, de sa personne et de son intervention.
Avant que la Bête et ses armées aient pu porter secours à la ville, l’abri du mensonge sera balayé et la retraite cachée inondée ; le peuple impie de Jérusalem sera foulé aux pieds et pris. L’alliance de la nation avec la mort sera abolie, et son pacte avec le shéol ne subsistera pas. C’est le premier siège. Comme on le voit, il n’est nullement question ici de l’attaque de Jérusalem par Sankhérib, puisque la ville est prise et foulée aux pieds.
Deux autres passages ont été déjà mentionnés plus haut. En Joël 2, l’Assyrien, le roi du Nord, avec toutes les nations (Joël 3), se lève contre Jérusalem. La ville est prise et les ennemis s’y répandent. En Zach. 14: 1, 2, toutes les nations sont assemblées contre Jérusalem pour le combat. C’est à la suite de cela que le jugement doit les atteindre, mais auparavant la ville est prise et saccagée. La moitié de la population s’en va en captivité et « le reste du peuple », terme qui me semble inclure le Résidu de Jérusalem, n’est pas retranché.
Ce premier siège est encore mentionné dans les Psaumes. Au Psaume 74, l’ennemi est entré à Jérusalem, a saccagé le temple, ainsi que tous les lieux désignés pour le service de Dieu dans le pays. Au Psaume 79, qui décrit les mêmes circonstances, ce sont les nations qui sont cet ennemi. Elles ont mis Jérusalem en monceaux de pierres et ont versé le sang des saints tout autour de la ville. Au Psaume 83, nous trouvons ces mêmes nations soutenues contre le peuple de Dieu par l’Assyrien. L’Éternel répondra au cri de son peuple et les détruira.
La date approximative du premier siège peut être fournie par Dan. 9: 27. Ce passage nous dit que le prince qui viendra (l’empereur romain) confirmera une alliance avec la multitude à Jérusalem pour sept ans (une semaine), qu’à la demi-semaine il abolira le culte du vrai Dieu et protégera le culte idolâtre dans le temple. À cause de cela, un désolateur (l’Assyrien) sera suscité jusqu’à la fin des jugements sur Jérusalem. Ainsi le premier siège aura lieu vers la fin de la dernière demi-semaine de Daniel qui sera un temps de désolations et de bouleversements sans nom.
Sur le second siège
de Jérusalem, la
Parole n’est pas moins explicite. Lors de ce siège, Jérusalem, avec le Résidu
qui s’y trouve, n’est pas prise, mais délivrée, comme elle le fut sous
Ézéchias. L’Assyrien est l’instrument direct de ce siège. Il revient de
l’Égypte qu’il avait envahie, lorsque les nouvelles des événements qui ont eu
lieu en son absence sont parvenues à ses oreilles. Ces nouvelles « de l’Orient
et du Nord » (Dan. 11: 44), qui l’effrayent et le mettent en grande fureur, nous
paraissent être, pour une grande partie du moins, l’invasion de l’Assyrie par
les chefs de Juda (Mich. 5: 5, 6; Zach. 12: 6). Mais déjà la Bête romaine et
l’Antichrist ont été détruits. Au reste tous ces événements de la fin se
suivent de fort près.
Examinons maintenant les passages qui ‘ont trait au second siège.
En Ésaïe 10, l’Assyrien monte contre le peuple de l’Éternel qui habite
en Sion
(v. 24), c’est-à-dire le Résidu (v. 22). Comme autrefois le
Pharaon, il lève sur Israël son bâton à la manière d’Égypte. Dieu lèvera ce
même bâton sur lui, en frappant la mer et en délivrant son peuple. L’Assyrien
arrive, il menace de sa main la montagne de la fille de Sion, la colline de
Jérusalem (v. 32) ; il est détruit.
En Ésaïe 29, après la description du premier siège, au chapitre
28, nous trouvons le siège d’Ariel, le second siège de Jérusalem. À l’encontre
de Sankhérib (voyez 2 Rois 19: 32), l’Assyrien élève des forts
contre la
ville, mais lorsque Jérusalem est à l’extrémité, quand « humiliée, elle parlera
depuis la terre et que sa parole sortira sourdement de la poussière, et que sa
voix, sortant de la terre, sera comme celle d’un évocateur d’esprits, et que sa
parole s’élèvera de la poussière comme un murmure », Dieu dissipera l’Assyrien
et la multitude des nations (v. 4-8). Le Résidu seul avait cru à « la pierre
posée comme fondement en Sion » (28:16).
En Ésaïe 31: 4, 5, Jérusalem est défendue par l’Éternel descendant sur la montagne de Sion.
En Ésaïe 33, l’Assyrien, après avoir fait de belles promesses au
peuple, établi hors
de Jérusalem, « rompt l’alliance » (v. 8) comme cela
eut lieu historiquement sous Ézéchias (2 Rois 18: 13-17). C’est à ce moment
qu’il s’agit de placer l’alliance des membres de ce peuple incrédule avec
l’Égypte, relatée aux chapitres 30 et 31 du même prophète. Ils y envoient des
ambassadeurs, puis s’y enfuient à travers le désert, emportant leurs richesses.
L’ennemi les atteint, tandis que le Résidu qui mange le pain de détresse et
boit l’eau d’angoisse à Jérusalem, en s’attendant à l’Éternel, sera
certainement délivré. Les pécheurs dans Sion
(33: 14-19) tremblent ; les
saints y demeureront et verront le roi dans sa beauté. Ils ne verront plus
jamais l’Assyrien. Sion, la cité des assemblées solennelles, sera désormais une
demeure tranquille, une tente qui ne sera pas transportée.
En Ésaïe 59: 19, l’Assyrien vient comme un fleuve ; l’Éternel
lève l’étendard contre lui et le Rédempteur vient à Sion
et vers ceux
qui, en Jacob, reviennent de leur rébellion (le Résidu).
En Zacharie 12, toutes les nations sont rassemblées contre
Jérusalem. Les voies de Dieu ont amené ce rassemblement pour les détruire
toutes. Les chefs de Juda qui se trouvent hors de la ville sont un moyen,
employé de Dieu, pour dévorer les nations autour d’eux, comme ils avaient porté
la dévastation jusque sur le territoire de l’Assyrien (Mich. 5: 5) ; mais c’est
l’Éternel lui-même
qui délivrera son peuple de l’Assyrien (Mich. 5: 6),
et Jérusalem sera protégée par lui contre ce terrible fléau (Zach. 12: 8). La
manière dont l’Assyrien, Gog, périra, nous est révélée en Dan. 11, et en Ézéch.
38-39.
En Zacharie 14, la mention du second siège (v. 3-5), suit celle du premier (v. 1, 2). Le Seigneur se manifeste sur la terre en faveur de son peuple à Jérusalem, et anéantit lui-même les nations.
En Abdias (v. 17), il y a délivrance sur la montagne de Sion, et
Édom qui avait montré autrefois sa haine contre Israël, et espérait même
acquérir pour lui seul le territoire du peuple de Dieu (Ézéch. 36: 5), est jugé
« sans qu’il y ait aucun reste de la maison d’Ésaü » (v. 18). Pour en finir avec
Édom, on voit en Ézéch. 35, qu’à la fin
Édom pense faire sa proie des
deux nations, Juda et Israël (v. 10). Il cherche dans ce but avec Moab, Ammon
et d’autres, le soutien d’Assur (Psaume 83). Ce pourrait être la cause pour
laquelle le roi du Nord, venant dans « le pays de beauté » (Dan. 11: 41), ne met
pas la main sur ces trois nations (*). C’est
l’Éternel qui détruit, dans le carnage de Botsra, sur le territoire d’Édom, les
nations armées qui y sont rassemblées (És. 34: 5-17 ; 63: 1-6), mais Édom
lui-même tombe plus particulièrement par la main d’Israël (Ézéch. 25: 14).
(*) Mais il est plus probable qu’elles échappent à Assur parce qu’elles sont réservées à la vengeance d’Israël (És. 11: 14). En effet, ces trois nations apparentées à Israël sont exterminées par lui, au jour de la rétribution (Gen. 19: 37, 38) ; mais surtout Édom, fils d’Isaac selon la chair, le plus affreusement acharné des trois contre le peuple de Dieu, est réduit par le jugement en désolation perpétuelle (Éz. 25: 14; Jér. 49: 17; Abd. 18).
Ayant été témoin de la venue de Christ en puissance pour opérer la délivrance de Jérusalem, le Résidu de Juda et la maison de Lévi qui s’y trouvent se repentent sous l’action du Saint Esprit. Ils regardent vers Celui qu’ils ont percé (Zach. 12: 8-14 ; 13: 6 ; És. 63: 1-6).
Nous n’avons parlé jusqu’ici que de la
restauration du Résidu de Juda. Abordons en quelques mots celle du Résidu
d’Israël,
c’est-à-dire des dix tribus.
Il est bon cependant d’établir dès l’abord que la Parole nous
parle souvent de cette restauration dans son ensemble et comme d’un événement
collectif. Ainsi, en Jér. 16: 15, et 23: 7, 8, Israël, Juda surtout, sont
rassemblés du nord et de tous les pays où ils avaient été chassés. En Jérém.
50: 19-20, à la suite du jugement exécuté par Babylone, Israël, comme un tout,
revient à ses pâturages et il est pardonné. En Ézéch. 28: 25, 26, la maison
d’Israël est ramenée. En Ézéch. 34: 11-16, Israël, les brebis dispersées, est
rassemblé d’entre les peuples. Ézéch. 36: 24-28, nous parle du rassemblement de
tout le peuple, de son humiliation et des fruits, pour lui, de la nouvelle
alliance. En Ézéch. 39: 25-29, c’est un rassemblement général. Ils habitent en
sécurité ; l’Esprit est répandu sur eux. En Ésaïe 10: 21, le Résidu reviendra ;
c’est Jacob, tout Israël. Ésaïe 11 :11-16, est un passage caractéristique.
Le Résidu du peuple de l’Éternel sera acquis une seconde
fois, comme il
le fut une première quand il monta d’Égypte ; il n’est donc pas question du
premier retour de Juda sous Cyrus. Ils sont rassemblés de l’Assyrie, de
l’Égypte, de Pathros (Haute-Égypte), de Cush (Éthiopie), d’Élam (Perse), de
Shinhar (Chaldée), de Hamath (Syrie supérieure), et des îles de la mer (côtes
maritimes). Les exilés
d’Israël et les dispersés
de Juda sont
considérés comme ne formant qu’un tout et combattant ensemble les nations
(Philistins, Édom, Moab et fils d’Ammon). Ensuite, v. 15, vient un passage qui,
comme nous le verrons tout à l’heure, n’a trait qu’aux dix tribus. En Ésaïe 35:
10, le Résidu tout entier, ceux que l’Éternel a délivrés, retourne et vient à
Sion avec des chants de triomphe.
Mais un grand nombre de passages nous montrent les dix tribus rentrant de leur côté en Palestine. Cet événement n’a lieu qu’après l’anéantissement de la Bête et de l’Antichrist, puis de l’Assyrien, par la manifestation glorieuse de Christ. De là le terme « après la gloire », du Psaume 73: 24, et de Zach. 2: 8. L’annonce de cet événement a lieu par les émissaires du Résidu de Juda qui, dès la formation et la persécution de ce Résidu, vont porter la bonne nouvelle, appelée « l’Évangile du royaume », parmi les nations.
Les circonstances du retour des dix tribus nous sont décrites au Psaume 80 ; en Jérém. 31: 1-14 ; en Ésaïe 11: 15, 16; 27: 12, 13; 35: 5-10; 43: 1-7; 49: 9-24 ; 60: 4 ; Ézéch. 20: 34-38 ; Osée 11: 10, 11 ; Zach. 10: 7-12.
Alors les deux fractions du peuple retrouveront leur unité (Jérém. 3: 16-18 ; 31: 1 ; Ézéch. 37: 15-28), et l’Éternel fera avec son peuple une nouvelle alliance (Jér. 31: 31-34 ; Ézéch. 37: 26).
On verra, dans la suite, combien ces données, tout incomplètes qu’elles soient, influent sur l’intelligence du sens prophétique et moral des Cantiques des degrés, mais, pour plus de clarté, nous allons résumer, en y ajoutant quelques détails qui manquent dans l’exposé précédent, l’histoire d’Israël aux derniers jours (*).
(*) On remarquera que, dans les lignes qui suivent, nous évitons avec soin de donner une place aux événements de l’Apocalypse qui n’ont pas trait à la dernière demi-semaine de Daniel (ch. 11), ou au jugement des nations à la fin. Le but de la prophétie de l’Ancien et du Nouveau Testament diffère entièrement. Les anciens prophètes, sujets de notre étude, nous révèlent les conséquences de la ruine d’Israël et son jugement par les nations, suivi de sa restauration sous le règne du Messie. L’Apocalypse nous montre les conséquences de la ruine de l’Église, l’apostasie dans la chrétienté et dans le monde, son jugement, puis la part de la vraie Église, l’Épouse céleste dans le gouvernement du royaume glorieux de Christ sur la terre.
Après l’enlèvement des saints célestes à la venue du Seigneur qui clôt l’économie de la grâce, Dieu reprend ses voies envers Israël, interrompues pendant la dispensation actuelle.
Le peuple juif, Juda et Benjamin, actuellement dispersé parmi les nations, rentre en Palestine dans son incrédulité et y apporte une grande prospérité extérieure. Il y habite en sécurité, dans ses villes ouvertes, et y jouit de ses richesses (És. 18 ; Ézéch. 38), mais il se trouve encore sous l’oppression des gentils.
À Jérusalem, la méchanceté prévaut, mais dans cette ville un
témoignage collectif prend naissance (2 Rois 19: 31 ; És. 37: 32), et les
« sages » du peuple enseignent la multitude (Dan. 11: 33 ; 12: 3, 10). Ceux qui
les reçoivent sont appelés « les saints des lieux très-hauts » (Dan. 7: 18, 25) (*). Ce Résidu
fidèle est en butte à la
persécution et tombe pendant quelque temps par l’épée, la flamme, la captivité
et le pillage (Dan. 11: 33). Dieu les éprouve ainsi pour les purifier. Cette
persécution a la Bête romaine pour auteur (Dan. 7: 21, 25). Au milieu de ces
événements dont Jérusalem est le théâtre, le temple est rebâti par la
population ; le culte national rétabli est garanti pour sept ans par l’alliance
du peuple avec le Chef de l’empire romain qui a Rome pour capitale. La majorité
de la nation accepte l’Antichrist pour roi. Celui-ci, pasteur insensé, opprime
le peuple (Zach. 11: 15-17), prend un accroissement moral formidable, se donne
pour le Messie, nie le Père et le Fils, dispense la gloire et la domination, et
partage le pays aux méchants qui le reconnaissent (Dan. 11: 39), tandis que la
Bête romaine persécute les saints et « dit de grandes choses ».
(*) N’est-ce pas à cette période que se rapporte la prédication de l’Évangile du royaume dans les villes d’Israël ? On le voit en Matt. 10: 7, 23, tandis qu’au v. 42 cela s’étend aux nations (cf. Matt. 25: 31-46). Cet Évangile (Matt. 24: 14) est adressé aux nations après Israël. L’évangile en Israël a commencé dès la venue du Seigneur ici-bas.
La Russie, Gog, représentante de la confédération assyrienne, conduite par le roi du Nord qui possède l’Asie mineure, convoite les richesses de la Palestine et se prépare à l’envahir. Par ses flatteries, ses douces paroles et ses promesses, l’Assyrien gagne en Palestine un parti parmi les méchants du peuple.
Afin de résister à l’Assyrien, le peuple apostat de Jérusalem, aidé de l’Antichrist (*), a contracté, comme nous l’avons vu plus haut, une alliance avec le César romain (la Bête, chef de l’empire occidental avec sa confédération de dix rois) qui lui garantit son culte.
(*) Je ne crois pas qu’il soit jamais dit que l’Antichrist réside à Jérusalem. L’exemple d’Hérode qui en est un type pourrait servir à éclairer cette question. L’Antichrist vient à Jérusalem pour s’y faire adorer. Voyez à ce sujet Dan. 11: 39: « les forteresses » et au v. 31 « la forteresse » qui est Jérusalem. Nous ne trouvons aucune mention de sa présence dans la ville lors du premier siège, tandis que ses partisans la gouvernent.
Peu après ce temps-là, au commencement de la dernière demi-semaine de Daniel (*), la Bête romaine rompt l’alliance ; le sacrifice continuel offert à Dieu est ôté, l’idolâtrie est établie dans le temple où la Bête, sous les auspices de l’Antichrist, se fait adorer tandis que ce dernier s’y assied, se présentant lui-même comme Dieu.
(*) Le terme « à la demi-semaine » nous paraît signifier le commencement de la dernière semaine de Daniel, et non pas la fin de la première demi-semaine de l’alliance. Cette remarque a quelque importance, en ce qu’elle ne spécifie pas la durée de l’alliance avant sa rupture.
À ce moment-là, le Résidu qui habite la Judée, hors de Jérusalem, s’enfuit en hâte sur l’ordre du Seigneur et se réfugie, où il peut, parmi les nations qui environnent la Palestine (Apoc. 12: 14 ; Matt. 24: 15-21 ; Marc 13: 14-19) (*), tandis qu’un corps de témoins reste à Jérusalem où ses chefs ont à subir le martyre (**). C’est le commencement de la « détresse de Jacob » qui ne se terminera que par l’apparition du Seigneur (Jérém. 30: 7 ; Dan. 12: 1). Cette détresse est l’un des thèmes habituels des Psaumes.
(*) Il est tout à fait remarquable que Luc 21: 20-24, parlant du siège prochain de Jérusalem par l’armée romaine, exhorte le Résidu à fuir, non pas seulement la Judée, comme Matthieu et Marc, mais aussi Jérusalem. Joël 3: 1, montre clairement la distinction entre les captifs de Juda et de Jérusalem.
(**) Le nom des nations qui reçoivent le Résidu fugitif n’est pas mentionné d’une manière distincte. Tout nous porte à croire cependant que d’une part le désert d’Arabie, ou plutôt Kédar, qui forme la partie nord-ouest de la péninsule arabique et joint le sud de la Palestine, puis Méshec, qui la joint au nord et empiète sur la partie orientale de l’Asie Mineure, peut-être la Philistie, Soph. 2: 7, à moins qu’elle ne soit en partie la demeure du Résidu déjà rentré dans son pays (voyez Soph. 2: 9) ; enfin Moab, situé à l’est de la Palestine et désigné expressément comme la retraite cachée des fugitifs (És. 16: 3, 4), feront partie de ce « désert » où la femme, le Résidu de Juda, sera nourrie pendant les trois ans et demi qui forment la dernière demi-semaine de Daniel (Apoc. 12: 14). Édom ne fait pas partie de ces nations protectrices.
Les nations qui, à cette époque, jouent le rôle principal et
sont de connivence avec l’Assyrien, montent contre Jérusalem et l’assiègent en
dépit de son alliance avec la Bête et le faux prophète. La ville est prise et
saccagée ; le sang des saints (peut-être ce mot signifie-t-il simplement le
peuple) coule autour
de Jérusalem (Ps. 79). Les fidèles habitant la
ville mettent leur confiance en Celui qui va être établi comme une pierre
précieuse en Sion. La moitié du peuple est emmenée en captivité, le reste du
peuple est laissé dans la ville avec le Résidu qui y habite.
L’Assyrien a envahi la Palestine, à l’exception de Jérusalem. Il s’y établit, cherche à se concilier le peuple du pays en faisant alliance avec lui, et entraîne à l’impiété, par de douces paroles, ceux qui agissent méchamment envers la sainte alliance (Dan. 11: 32).
Au milieu de ces événements, la Bête et ses armées avec le faux prophète, se réunissent pour tenir tête à l’Assyrien et s’emparer de Jérusalem, cherchant en même temps à empêcher le vrai Roi de prendre possession de sa ville. Ils sont détruits par la venue du Fils de l’homme, sortant du ciel avec ses armées (Apoc. 19: 19, 20). Cette destruction a lieu dans le pays d’Édom, à Botsra (És. 34: 1-8 ; 63: 1-6).
Vers ce moment-là, le Résidu fugitif de Juda rentre dans son pays (fin de la dernière demi-semaine de Daniel), où il trouve l’Assyrien qui a envahi toute la contrée. Il fait opposition à celui-ci et établit des chefs pour le combattre.
Le peuple apostat qui habite la Palestine cherche à fuir en Égypte, croyant y mettre ses trésors à l’abri (És. 30: 6). Il n’échappe pas à la colère de l’Assyrien qui, après l’invasion de la Palestine, se jette sur l’Égypte et la met au pillage (Dan. 11: 40-43).
Pendant cet intervalle, les chefs de Juda sont victorieux. Ils portent la guerre jusque sur le territoire de l’Assyrien (Mich. 5: 5, 6; Zach. 10: 3-5).
À la nouvelle de ce qui se passe dans son royaume, l’Assyrien, ayant subjugué et dépouillé l’Égypte, revient en grande fureur, s’étend sur toute la largeur du pays d’Emmanuel, assiège Jérusalem et dresse des forts contre elle (Dan. 11: 44, 45).
Il est détruit sur les montagnes d’Israël, dès que le Seigneur a posé ses pieds sur la montagne des Oliviers (És. 31: 4-9; Zacharie 14: 3, 4). Ses armées s’exterminent en partie les unes les autres et sont en partie anéanties par l’Éternel (Ézéch. 28: 21-23).
Le Résidu habitant Jérusalem est préservé. Le reste de la population (*), frappé de terreur, s’enfuit à travers la montagne des Oliviers divisée, comme il le fit lors du tremblement de terre aux jours d’Ozias (Zach. 14: 4, 5; Amos 1: 1).
(*) C’est ainsi du moins que nous comprenons le mot « vous fuirez », au lieu de l’appliquer au Résidu, comme on le fait d’ordinaire. Les mots qui suivent : « L’Éternel, mon Dieu .. ». confirment cette manière de voir, outre l’effroi qu’une telle fuite indique. On retrouve le mot « vous » avec le même sens en Mal. 3: 5, en contraste avec le v. 4. De plus, nous voyons, quand la délivrance de Jérusalem a eu lieu, « toutes les familles qui seront de reste » se lamenter et se repentir (Zach. 12: 14).
Vers le même temps les nations
qui, soutenues par l’Assyrien, avaient pris part au premier
siège de Jérusalem, sont défaites. Cela n’a lieu que lorsque Israël et Juda
sont de nouveau réunis. Ils tombent ensemble sur les Philistins, pillent les
fils d’Orient, s’emparent d’Édom et de Moab et s’asservissent les fils d’Ammon.
Cependant Ammon et Moab gardent un Résidu sauvé, sans doute pour avoir donné
abri pendant sa fuite au Résidu de Juda (És. 11: 14). Édom, par contre, est
entièrement anéanti (voyez Abdias). Les apostats le sont par le Seigneur dans
le pays d’Israël (Apoc. 14: 18-20).
Le Résidu de Juda envoie des messagers vers les nations (Tarsis, Pul, Lud, Tubal, Javan et les îles lointaines) pour leur annoncer que la gloire du Messie est apparue et que le royaume va être établi (És. 66: 19). C’est ce qui est appelé : « Après la gloire » (Ps. 73: 24 ; Zach. 2: 8). Ces passages ont trait au moment où la gloire de l’Éternel est revenue à Jérusalem et à son temple (Éz. 43: 1-6 ; Ps. 102: 16). Une immense multitude d’entre les nations accepte, dès qu’il lui est proclamé, cet « Évangile du royaume » et se soumet au Roi (Matt. 24: 14 ; Apoc. 7: 9-17) (*).
(*) Il y a du reste d’autres agents que les messagers juifs : un service angélique dans ce but (Matt. 24: 30, 31; Zach. 2: 8).
À la suite des événements dont nous venons de parler, une partie des dix tribus d’Israël s’est mise en route pour rentrer en Palestine, du fond de l’Égypte et de l’Assyrie, à travers le désert. L’isthme de Suez est desséché, les bras du Nil refoulés pour laisser passer son peuple à pied sec (És. 11: 15 ; Soph. 3: 10 ; Zach. 10: 7-12 ; Os. 2: 14, 15). Les rebelles d’entre eux sont jugés en chemin, comme jadis le peuple sorti d’Égypte, et, sauf ceux qui se sont repentis, ne voient pas le pays de la promesse (Ézéch. 20: 30-44 ; És. 11: 12-16 ; 27: 12, 13).
Les nations, soumises à l’Évangile du royaume, ramènent l’autre partie du Résidu dispersé d’Israël. Ces deux parties ne rentrent dans leurs pays qu’« après la gloire ». Les navires de Tarsis sont les premiers à les rapatrier (És. 60: 1-9 ; 66: 20-21 ; 49: 8-12, 22).
Juda et Israël, réunis maintenant en un corps de nation (És. 11: 12), ne forment plus qu’un peuple, le nouvel Israël (Ézéch. 37: 15-28).
L’Égypte, l’Assyrie et Israël désormais unies, ne forment qu’un seul centre de bénédiction au milieu de la terre (És. 19: 16-25).
Les fils de l’étranger rebâtissent les murs de Jérusalem (És. 60: 10) ; la ville est réédifiée sur le monceau de ses ruines (Jér. 30: 18). Les fils d’Israël reconstruisent leurs villes (És. 61: 4) ; tout le pays est restauré (Ézéch. 36: 33-36).
Israël enterre pendant sept mois les restes des armées de l’Assyrien à Hamon-Gog et purifie ainsi le pays d’Israël (Ézéch. 39: 9-16).
Le temple, bâti par le Messie, est établi au centre du pays (*) (Ézéch. 40-44).
(*) Les nations ont leur part dans la construction du temple, comme jadis Hiram sous Salomon (Zach. 6: 12, 15; És. 60: 10-13).
La terre d’Israël est divisée entre les tribus (Ézéch. 47: 48).
Le Seigneur entre à Jérusalem comme roi de gloire, de justice et de paix, pour régner sur le nouvel Israël et établir son empire universel (Zach. 9: 9, 10).
Jérusalem devient le centre des nations, et le temple une maison de prière pour tous les peuples.
Le glorieux règne millénaire commence.