2° Partie : Les CANTIQUES des DEGRÉS
par Henri Rossier
Note Bibliquest : Le traité original de l’auteur est en un seul livre ; pour la commodité de consultation électronique, il a été scindé en deux parties ; les sous-titres entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières :
1 - Première série : Psaumes 120 à 122
1.5 - [Application pour les chrétiens]
2 - Deuxième série : Psaumes 123-125
2.2 - [Application pour les chrétiens]
2.4 - [Application pour les chrétiens]
2.6 - [Application pour les chrétiens]
3 - Troisième série. Psaumes 126 à 128
3.2 - [Application pour les chrétiens]
3.4 - [Application pour les chrétiens]
3.6 - [Application pour les chrétiens]
4 - Quatrième série — Psaumes 129-131
4.2 - [Application pour les chrétiens]
4.4 - [Application pour les chrétiens]
4.6 - [Application pour les chrétiens]
5 - Cinquième série. Psaumes 132-134
5.2 - [Application pour les chrétiens]
5.4 - [Application pour les chrétiens]
6 - Appendice : PSAUMES 135 et 136
Le titre « Cantiques des degrés » a exercé de tout temps la curiosité des commentateurs. Bien que notre but ne soit nullement de discuter leurs opinions ou d’en faire un sujet de controverse, nous les énumérons sommairement d’après un ouvrage récent (*), afin que nos lecteurs aient l’occasion de les contrôler.
(*) Dans le journal « Things to corne », 1907-1908. « The Songs of degrees ». Voir aussi : Thirtle, Old Testament Problems, 1907.
l° Les docteurs juifs, s’en référant au Talmud, enseignent que
ces quinze Psaumes étaient chantés sur les quinze degrés du temple, alors que
ni la Bible, ni l’histoire, ni la tradition, ne mentionnent ces quinze degrés.
Il est vrai que le prophète Ézéchiel, indiquant le plan du temple
millénaire,
mentionne sept degrés pour monter au parvis extérieur et huit
degrés (en tout quinze) conduisant au parvis intérieur (Ézéch. 40: 22, 31),
mais le temple d’Ézéchiel appartient à un temps futur et ne peut être comparé
au temple de Salomon.
2° Luther et quelques interprétateurs modernes pensent que ce terme signifie des Cantiques entonnés par un choeur se tenant sur des degrés ou sur quelque plateforme.
3° Calvin croit que ce terme a trait à la musique, et que ces Cantiques étaient chantés sur un ton plus élevé que les autres.
4° Un autre commentateur reporte ces Psaumes au jour où David fit monter l’arche à Jérusalem (2 Sam. 6: 12-14).
5° Un autre traduit ce terme par un « cantique très excellent » ou d’un degré supérieur.
6° Plusieurs savants allemands modernes (Gesenius, de Wette, Delitsch, Edersheim) donnent à ce terme une signification littéraire. Les « degrés » auraient trait à une gradation dans l’arrangement des lignes parallèles, arrangement selon lequel un mot ou une pensée d’une ligne est répété ou étendu dans la ligne suivante.
7° L’opinion la plus répandue est que ces Psaumes sont postérieurs à la captivité et se rapportent au retour des captifs remontant de Babylone à Jérusalem.
8° Une vue datant des premiers siècles de l’Église les présente comme chantés par le peuple, quand il montait trois fois par an à Jérusalem pour les fêtes, soit au temple de Salomon, soit au temple rebâti après la captivité, quoique la grande majorité de ces Psaumes ne fasse aucune allusion ni à ces fêtes, ni à ces pèlerinages. Nous ne mentionnerons que pour mémoire ceux qui voient dans ces Cantiques, comme dans tout l’Ancien Testament, des allusions à l’Église.
9° Les deux auteurs récents que nous citons au début de ce
chapitre voient dans les Cantiques des degrés un recueil composé en grande
partie par Ézéchias, ou emprunté par lui à David et à Salomon à la suite du
miracle des dix degrés
du cadran d’Achaz, et des quinze années
de
vie que l’Éternel accorda à ce roi. Ces Cantiques seraient remplis d’allusions,
soit à sa maladie, soit à ses circonstances, et en particulier au siège
historique de Jérusalem par Sankhérib.
Cette idée conduit les auteurs en question à chercher trop
visiblement dans ces Psaumes une adaptation à tous les détails de la vie
d’Ézéchias. Le résultat est que leur sens prophétique est passé par eux complètement
sous silence, alors que c’est, comme nous le verrons, le seul qui doive
être maintenu.
Il est évident pour nous qu’une partie des Cantiques des degrés pourrait
appartenir au temps d’Ézéchias, ce que semblerait confirmer les allusions à
l’Assyrien que ces Psaumes contiennent, et sur ce dernier point les auteurs
dont nous parlons ont vu juste, nous n’en doutons pas. Que même ces Cantiques
puissent avoir été écrits par Ézéchias, sauf, cela va sans dire, les cinq
Psaumes attribués par la Parole à David et à Salomon, cela pourrait paraître
plausible, mais nous ne voyons pas l’utilité d’une opinion qui est du reste
loin d’offrir la certitude ou l’importance que ses auteurs lui attribuent. Il
faut, comme on peut s’en apercevoir en parcourant soigneusement leurs écrits,
une singulière préoccupation pour appliquer le contenu de ces Psaumes à Ézéchias.
Ce qui les rapproche des temps historiques d’Ézéchias, ce sont les allusions à
l’Assyrien, et voilà ce qu’il faut retenir.
Si Dieu n’a pas jugé bon de placer le nom du pieux Ézéchias à la tête de ces Psaumes, ou d’autres encore qu’un des critiques mentionnés lui attribue, devons-nous mettre beaucoup d’importance à le constater ? Pas davantage, selon nous, que pour les Psaumes sans suscription qui ne sont pas attribués à David, mais qui cependant portent sa marque et, en quelque mesure, celle des circonstances où ils sont nés. Pour expliquer leur sens, rien ne nous autorise à remonter, comme pour les Psaumes intitulés « de David », et en particulier pour ceux où la suscription mentionne les événements qui leur ont donné naissance, aux circonstances du roi prophète. Si Dieu s’est tu à leur égard, ne devons-nous pas conclure que ces circonstances ne sont pas le sujet qu’Il place devant nos yeux ?
Insistons ici sur ce que nous avons dit au début de cet écrit,
c’est que les Psaumes sont un livre prophétique,
et ajoutons que leur
groupement n’a aucune ressemblance, comme on voudrait le faire croire, avec un
recueil dépendant de la volonté humaine, mais que ce groupement est aussi
immuable et divin que leur contenu. Tous ceux qui les ont étudiés sous une
direction autre que celle de leur raison ou de leur imagination, pourront
facilement s’en assurer. Qu’ils soient écrits par Ézéchias ou non, que leur
titre corresponde ou non aux degrés du cadran d’Achaz, ou leur nombre aux
années ajoutées à la vie du roi, il n’est nul besoin de ces suppositions pour
reconnaître l’Assyrien prophétique dans les Cantiques des degrés. Voici plus de
trente-cinq ans que l’auteur de ces lignes n’en doute pas, non sur la foi de
leur suscription, mais en vertu de leur substance même, jointe à l’étude du
cinquième livre des Psaumes et à celle des prophètes.
Quant aux Cantiques des degrés attribués à David, on nous dit
qu’Ézéchias les a intercalés dans son recueil, parce que leur contenu répondait
à ses propres circonstances. Nous disons que le Saint Esprit les a choisis et
leur a assigné leur place, ni plus ni moins qu’à toutes les autres séries de
Psaumes, quelle que soit la main employée pour les rassembler. Nous l’avons dit
autre part : les suscriptions des Psaumes sortent de la même inspiration que le
recueil lui-même. Non pas que beaucoup de Psaumes sans attribution ne puissent
être attribués à David, ce qu’autorise l’étude du texte, mais, qu’il plaise
à Dieu de taire le nom de l’auteur ou de le faire connaître, c’est sur ce qu’il
nous a fait connaître,
que nous devons asseoir nos convictions. Un seul
des Cantiques des degrés, le 127, est attribué à Salomon et nous verrons, à
l’occasion, le jour que cette attribution jette sur ce Psaume.
Faisons ici quelques remarques importantes qui semblent avoir été négligées par ceux qui se sont occupés des Cantiques des degrés.
La première, c’est que ces Cantiques sont des Cantiques de
Sion.
Sion est en effet le grand objet sur lequel toutes les pensées de ces
Psaumes se concentrent ; non pas que chaque
Cantique en parle, car,
comme nous le verrons, le développement graduel de ces Cantiques n’admet pas
une pareille uniformité, mais tout concourt, dans chacune de leurs séries, à la
paix de Jérusalem et toutes les épreuves du Résidu y aboutissent. La seule
série qui fasse exception à cette règle est celle qui traite exclusivement de
l’état moral, nécessaire chez le peuple, pour que cette paix puisse se produire
(Ps. 129-131).
La seconde remarque est que cette petite collection, d’un
caractère si particulier, suit une marche ascendante et graduelle
depuis
l’affliction, au milieu de Méshec et de Kédar, jusqu’à la pleine bénédiction
millénaire d’Israël restauré et retrouvant son unité comme peuple. Ce fait ne
peut être douteux ou rester à l’état de supposition.
La troisième remarque, tout aussi évidente, touchant la division
des Cantiques des degrés, nous a frappé depuis fort longtemps. On est en
droit de s’étonner que presque tous les auteurs l’aient omise. L’auteur des
articles parus dans « Things to come » l’a, par contre, nous sommes heureux de le
constater, fait ressortir avec clarté. Les Cantiques des degrés sont divisés
par séries de trois,
de manière à former cinq
séries. La
première, qui sert comme de préface au reste, se termine au Cantique 122, par
la demande, trois fois répétée, de la paix de Jérusalem.
La seconde
série se termine, au Cantique 125, par ces mots : « La paix soit sur Israël ». La
troisième série au Cantique 128, par ces mots : « La paix soit sur Israël ». La
quatrième série, toute spéciale, comme nous le verrons plus tard, se termine au
Cantique 131, par les mots : « Israël, attends-toi à l’Éternel, dès maintenant
et à toujours ». La cinquième série, enfin, au Cantique 134, par les mots : « Que
l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre, te bénisse de Sion », paroles qui
sont la réalisation de : « L’Éternel te bénira de Sion », au Psaume 128: 5. — La gradation
de chacune de ces diverses séries deviendra plus évidente au cours de notre
étude.
Chacune des cinq séries a un Psaume de David, remplacé dans la
troisième par un Psaume de Salomon. Cela a été remarqué par d’autres auteurs
chrétiens qui n’y ont vu qu’un arrangement symétrique sans valeur ; l’un
d’entre eux, auquel je fais plus spécialement allusion, ne croit pas à
l’authenticité de ces attributions. D’autres voient dans ce fait un choix
d’Ézéchias lui-même parmi les Psaumes inédits de David et de Salomon, choix qui
répondait aux circonstances du roi, auteur des Cantiques. Ces doutes et ces
suppositions offrent un danger réel, car, lorsque la raison
des croyants
entre dans les détails, en apparence les moins importants de la Parole, elle
ouvre, ou du moins entrouvre la porte à ceux qui jugent et discutent les
saintes Écritures, au lieu de s’y soumettre.
Il est une dernière remarque, dont la méconnaissance plonge
nécessairement les commentateurs dans un océan de confusion et de
contradictions. Ces Psaumes ne peuvent être expliqués,
ni par l’histoire
passée du peuple juif, ni par les événements du règne d’Ézéchias, ni par la
captivité de Babylone, ni par les fêtes religieuses d’Israël, quelque allusion
qu’ils puissent y faire occasionnellement. La plupart des circonstances dont
ils parlent dépassent de beaucoup ces allusions et ne se sont jamais
rencontrées dans l’histoire de ce peuple. Ainsi le séjour au milieu de Méshec
et des tentes de Kédar, la bénédiction qui suit le rétablissement de la
« captivité », le retour à Jérusalem restaurée et la paix qui en est la suite,
tout le contenu du Psaume 132, le peuple habitant en unité après sa dispersion,
le temple, sous le règne du Messie, et la bénédiction de Melchisédec, etc.,
etc. C’est que, comme nous l’avons dit au commencement de cette étude, les
sentiments exprimés dans ces Psaumes, aussi bien que les circonstances, sont
prophétiques, c’est-à-dire futurs, et n’ont trouvé qu’un accomplissement
partiel dans la vie des prophètes, quels qu’ils soient, auxquels ces paroles
furent inspirées, quoiqu’ils les donnassent en rapport avec certains événements
qu’ils traversaient et sentaient eux-mêmes profondément.
Passons maintenant à l’examen détaillé des Cantiques des degrés.
Nous avons montré plus haut que le Psaume 107, qui ouvre le
cinquième livre des Psaumes, parle du peuple ramené en totalité dans la terre
d’Israël ; seulement il n’exprime pas les sentiments de la nation
qui y
rentre dans l’incrédulité, mais ceux du Résidu
de Juda, rentré avec elle
dans le pays, afin d’y retrouver plus tard l’unité du vrai Israël.
Notre Psaume 120 rappelle, dès les premiers mots, le 107 : « À l’Éternel, en ma détresse, j’ai crié ; et il m’a répondu » (v. 1). Ce cri n’est-il pas semblable à celui-ci : « Ils crièrent à l’Éternel dans leur détresse, et il les délivra de leurs angoisses » ? (107: 6, 13, 19, 28.) À la suite de ces délivrances, la nation était rentrée dans son pays (107: 33-38). Le premier Cantique des degrés ne s’occupe point, comme le Psaume 107, des fidèles, mélangés avec la nation, mais du Résidu de Juda seul. Depuis sa rentrée dans le pays, il a dû fuir devant la persécution de l’Antichrist et de la Bête romaine. Il est accablé, comme on le voit au Psaume 107: 39, « par l’oppression, le malheur, et le chagrin .. ». errant « dans un désert où il n’y a pas de chemin » (v. 40). Maintenant, le moment est venu où il est sur le point de rentrer une seconde fois dans sa terre. Va-t-il y trouver le repos et la paix ? Non, car la tribulation, la détresse de Jacob n’est pas terminée. D’abord, « la lèvre menteuse » et la langue trompeuse ne sont pas encore extirpées d’Israël (v. 2). Ce terme dépeint le caractère de l’Antichrist et de ses adhérents. Les nombreux passages où on rencontre ces mots sont toujours en rapport avec le Méchant (l’Antichrist) et son peuple (*) .
(*) Lisez pour « la lèvre menteuse » : Ps. 31: 18; 59: 12; 109 : 2; És. 59: 3. Pour la « langue trompeuse ». Ps. 50: 19; 52: 4; Michée 6: 12; Soph. 3: 13. « La langue qui dit de grandes choses » est, par contre, toujours la Bête romaine. Voyez Ps. 12: 3; Dan. 7: 8, 11; Apoc. 13: 5. Nous trouvons ce qu’elle profère, en Dan. 7: 25.
La première pensée du Résidu est donc : « Éternel, délivre mon âme de la lèvre menteuse et de la langue qui trompe ». Il ajoute : « Que te donnera-t-on, et que t’ajoutera-t-on, langue trompeuse ? » Dieu répond : « Des flèches aiguës d’un homme puissant, et des charbons ardents de genêt ». Ces flèches aiguës du roi qui percent le coeur de ses ennemis, sont sur le point d’être tirées par Christ (Ps. 45: 5). La flèche est la figure du combat à distance ; le roi n’aura pas besoin de tirer l’épée qu’il a ceinte sur son côté, pour anéantir son ennemi, l’usurpateur de son royaume, quand il sortira du ciel avec ses armées. L’homme fort, la langue trompeuse qui a aimé toutes les paroles de destruction (Ps. 52: 1, 4), tombera alors sous les coups de « l’homme puissant ». Les « charbons ardents de genêt » sont l’intensité d’un feu qui ne s’éteint pas. Le Psaume 140 nous entretient de ce même personnage, le Méchant et de ceux qui l’entourent, quand il dit : « N’accorde pas… les souhaits du Méchant… Que des charbons ardents tombent sur eux ! » Son sort est donc fixé d’avance et va être exécuté au temps où le Résidu rentre dans son pays. Or il ne s’y retrouve qu’à la fin de la dernière demi-semaine de Daniel, au moment où la Bête et le faux prophète sont jetés dans le feu inextinguible.
Ce moment est donc sur le point d’arriver, mais une autre épreuve accable le fidèle : « Malheur à moi de ce que je séjourne en Méshec, de ce que je demeure avec les tentes de Kédar ». Il se remémore sa position actuelle. S’il va échapper à l’Antichrist, il séjourne avec un ennemi qui s’apprête à faire la guerre à Jérusalem. Cet ennemi qui convoite la Palestine, dont il a cherché à gagner le peuple à sa cause, le Résidu le connaît bien, lui qui séjourne encore en Méshec et en Kédar. Il sait que ces nations qui suivent l’Assyrien ou le soutiennent contre l’Antichrist, ne se contenteront pas de voir ce dernier disparaître. L’Assyrien, malgré ses belles paroles et son semblant d’alliance, lui et les nations qui le soutiennent, « haïssent la paix » et « sont pour la guerre », quand les pauvres saints opprimés ne cherchent que la paix. C’est alors qu’ils s’écrient : « Malheur à moi ! »
Quelle est cette puissance de Méshec ? Elle fait, à n’en pas douter, partie du domaine de Gog ou de l’Assyrien, puis du roi du Nord. Elle occupait la Cappadoce et une partie de l’Arménie. Ce n’est que beaucoup plus tard que Méshec essaima vers le Nord. Nous trouvons, en Ézéch. 38: 2, 3, que Gog est prince de Méshec. En Ézéch. 32: 26-28, Méshec fait partie de ceux qui sont couchés avec l’Assyrien dans le shéol.
Quant aux « tentes de Kédar », cette contrée faisait partie de l’Arabie (És. 21: 13-17 ; Jérém. 49: 28-33).
Méshec et Kédar étaient situées, l’une à la frontière nord de la Palestine, l’autre, à sa frontière méridionale ; cette dernière formait la partie septentrionale de la péninsule arabique. Nous pensons que ces deux noms, joints à celui de Moab, sont ceux de contrées où, pendant trois ans et demi, le Résidu fugitif trouve un abri (Apoc. 12 : 14). Mais, quoi qu’il en soit, ce n’est pas là que le Résidu rencontre la paix, désir exprimé si souvent dans les Cantiques des degrés (Ps. 122: 6, 7, 8 ; 125: 5 ; 128: 6).
Le résultat des circonstances malheureuses, décrites ici, est le cri auquel Dieu a répondu. Toute cette histoire est donc rappelée comme une histoire passée, mais aussi comme le début de tout ce qui va suivre.
Notons que ce Psaume ne nous parle pas du travail d’âme des fidèles, conscients de leurs manquements envers un Dieu qu’ils ont offensé. Nous rencontrerons plus tard ce sentiment concentré, pour ainsi dire, au Psaume 130, avec ses résultats au Psaume 131. Ici, nous trouvons plutôt les circonstances extérieures, une âme qui soupire après la paix et qui se trouve aux prises avec un monde qui veut la guerre. Cette pensée accable le fidèle qui, s’il réalise le jugement prochain de l’Antichrist, va se trouver encore aux prises avec le roi fourbe, au visage audacieux, qu’il a appris à connaître dans son exil, et qui prépare la guerre contre le Messie et contre Sion.
Dans son application morale, ce Cantique nous décrit le point de départ de toutes les expériences bénies du fidèle. Il ne trouve que tromperie chez ceux qui dominent, qu’hostilité chez le monde qui l’entoure, qu’angoisse en présence de leurs desseins. Sauf au premier verset, il n’y a pas un rayon de lumière sur le chemin du juste ; il prend connaissance du monde, du lieu obscur.
Combien son impression diffère des fausses espérances du christianisme de nos jours ! Celui-ci ne perd pas l’espoir d’améliorer l’homme et le monde, rêve un règne de paix par l’Évangile, cherche à l’amener par des congrès, des alliances, des publications ; il ne voit pas que, si le coeur du fidèle est pour la paix, le monde est pour la guerre. En face de cette situation, le chrétien ne peut que s’écrier : Malheur à moi !
On rencontre deux « Malheur à moi ! » dans la Parole. Le premier, celui d’un pécheur en présence de Dieu (És. 6: 5) ; le second, celui d’un saint en présence du monde. De part et d’autre, la situation est désespérée. Il nous est très utile d’avoir commencé notre carrière chrétienne par ces deux expériences, car, avec une seule d’entre elles, nous ne pouvons connaître en plein l’affranchissement. Nous verrons plus tard, au Psaume 130, l’âme réalisant, comme en Ésaïe 6, le jugement de Dieu sur elle, non pas sans la connaissance de la grâce. Seulement remarquons ceci : ne pas reconnaître que l’état moral du monde est sans espoir et que le jugement de Dieu doit l’atteindre entièrement, c’est n’avoir pas renoncé à l’essai de s’améliorer soi-même. Telle est donc la leçon fondamentale que nous donne le premier cantique des degrés. Sans ce premier degré, impossible de monter vers la bénédiction. Au lieu de s’élever vers les régions sereines où tout est paix, lumière et joie, l’âme continuerait à croupir dans les lieux ténébreux des pensées de l’homme !
La pression de l’adversité porte le fidèle, rentré sur la terre
d’Israël, à chercher son secours ailleurs qu’en lui-même ou autour de lui. Son
malheur doit finir ; n’a-t-il pas « tant
demeuré avec ceux qui haïssent
la paix ? » « J’élève », dit-il, « mes yeux vers les montagnes d’où vient mon
secours ». Ce mot peut être pris comme une demande : d’où vient mon secours ? ou
comme une affirmation. L’affirmation nous paraît préférable. Le croyant sait que
le Seigneur établit ce qu’il fonde, dans les montagnes de sainteté (Ps. 87: 1).
Il regarde vers Sion, car c’est de là que le Seigneur transmettra la verge de
sa force (Ps. 110: 2), vers Jérusalem, parce que des montagnes sont autour
d’elle, comme il le dira plus tard (Ps. 125: 2).
Mais Jérusalem n’est pas encore le centre manifeste du royaume
de Christ ; les méchants y dominent encore ; l’Assyrien qui occupe le pays
n’est pas détruit, en sorte que le secours ne peut pas venir maintenant de
Jérusalem. « Certainement », dit Jérémie, « c’est en vain qu’on s’attend aux
collines, à la multitude des montagnes ; certainement, c’est en l’Éternel,
notre Dieu, qu’est le salut d’Israël » (Jér. 3: 23). Il faut que l’âme s’élève,
à ce moment-là, des montagnes vers les cieux, pour rencontrer l’Éternel. Elle
sait alors, d’une manière certaine, que son secours vient directement d’auprès
de Lui. Elle l’invoque sous ces deux noms : l’Éternel (Dieu d’Israël, le Christ
dans l’Ancien Testament) et le Créateur des cieux et de la terre (*). Les angoisses du moindre des siens sur la terre
émeuvent les entrailles du Créateur. Mais le nom de l’Éternel
répété
particulièrement dans ce Psaume est celui qu’il prend dans ses relations avec
Israël. Il affirme ses rapports avec le Résidu, quand ils sont irrémédiablement
rompus avec son ancien peuple qui avait choisi l’Antichrist pour roi. Quelle
sécurité cela donne aux croyants éprouvés !
(*) Ce nom revient trois fois dans les Cantiques des degrés (121: 2; 124: 8; 134: 3). C’est, à la fois, le nom du Dieu d’Israël, en contraste avec les nations et leurs idoles (Jér. 10: 1-10, 11: 12; 51: 15-18; 2 Rois 19: 15; És. 37: 16; Ps. 115: 2-8, 15), et le nom millénaire de Christ régnant sur son peuple (És. 44: 24; 66: 22) et reconnu des nations (Ps. 136: 5, 6; 146: 6; 2 Chron. 2: 11, 12).
Au Psaume précédent, le fidèle a compris quel sera le jugement
du Méchant ; il apprend ici quels secours sont accordés au juste. Dès qu’il
fait appel à l’Éternel, il reçoit une réponse pleine de grâce, digne de gagner
toute sa confiance : « Il ne permettra point que ton pied soit ébranlé ; celui
qui te garde ne sommeillera pas » (v. 3). Dans les Psaumes, ces mots : « Il ne
sera pas ébranlé », sont dits, soit du juste, soit de Jérusalem, soit de la
terre à venir, mais avant tout de Christ (*) ;
mais l’on trouve dans notre Cantique une allusion évidente au Psaume 91, qui
nous parle exclusivement de Christ. Il est, dans ce Psaume, l’homme qui a
cherché pour son domicile le Dieu d’Israël, quand il cachait sa face à la
maison de Jacob, et, parce qu’il a eu cette confiance, toutes les promesses lui
appartiennent. « Aucun mal », lui est-il dit, « ne t’arrivera, et aucune plaie
n’approchera de ta tente ; car il commandera à ses anges à ton sujet, de te garder
en toutes tes voies : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que tu ne
heurtes ton pied
contre une pierre » (v. 10-12). S’il en est ainsi de
Christ, en sera-t-il autrement de ses bien-aimés ? Leur sort est lié à son
sort, leurs bénédictions dépendent des siennes. Ne les a-t-il pas associés à
Lui ? N’a-t-il pas dit : « Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés » ?
La sollicitude de Dieu envers Christ est donc le garant de sa bonté envers
Israël.
(*) Ps. 55:22; 62:2, 6; 112:6; 46:4, 5; 93:1; 104:5; 16:8; 21:7.
Remarquez la répétition du mot « garde ».
Des répétitions
semblables se rencontrent fréquemment dans les Cantiques des degrés, et leur
donnent même un cachet poétique particulier. On les trouve très souvent aussi
dans d’autres Psaumes, mais elles frappent peut-être davantage ici, à cause de
l’extrême brièveté de ces Cantiques. Il est, du reste, assez rare qu’un Psaume
quelconque ne contienne pas un mot
qui caractérise son contenu, même
quand sa répétition ne domine pas. Dans notre Cantique, le mot « garder » revient
six fois. C’est l’Éternel qui garde son peuple et qui l’assure de sa protection ; il veille toujours sur lui, sans sommeiller un instant ; bien plus, il est inséparable
d’Israël, « son ombre à sa main droite », non pas son ombre devant lui, ni
derrière lui, ce qui pourrait être, mais dans une position de continuelle
protection.
« Le soleil ne te frappera pas de jour, ni la lune de nuit » (v. 6). Jacob, le père du peuple, n’avait pas joui de cette promesse : « De jour, la sécheresse me dévorait, et de nuit, la gelée » (Gen. 31: 40) ; mais, au Psaume 91, cette promesse est faite à Christ : « Tu n’auras pas peur des frayeurs de la nuit, ni de la flèche qui vole de jour » ; et ici, dans notre Cantique, les calamités ne pourront pas plus détruire le Résidu, qu’elles n’ont détruit son Messie.
Bien plus, l’Éternel promet qu’il ne le gardera pas seulement
des dangers extérieurs, mais de tout mal
; il gardera son âme
et
lui donnera une pleine liberté pour le servir (sa sortie et son entrée), dès
maintenant et à toujours (v. 8).
En ce jour se réalisera pour le Résidu, par le moyen du Messie,
ce qui nous est dit de Lui, en Ésaïe 49: 8-13 : « En un temps agréé je t’ai
répondu, et au jour du salut je t’ai secouru ; et je te garderai,
et je
te donnerai pour être une alliance du peuple, pour rétablir le pays, pour faire
hériter les héritages dévastés, disant aux prisonniers : Sortez ! à ceux
qui sont dans les ténèbres : Paraissez ! Ils paîtront sur les chemins, et sur
toutes les hauteurs seront leurs pâturages. Ils n’auront pas faim, et ils n’auront
pas soif, la chaleur et le soleil
ne les frapperont pas ; car Celui qui
a compassion d’eux les conduira et les mènera à des sources d’eau. Et je ferai
de toutes mes montagnes un chemin, et mes grandes routes seront élevées. Voici,
ceux-ci viendront de loin ; et voici, ceux-là, du nord et de l’ouest, et
ceux-ci, du pays de Sinim. Exultez, cieux, et égaye-toi, terre ! Montagnes,
éclatez en chants de triomphe ! Car l’Éternel console son peuple et fera
miséricorde à ses affligés ! »
Le mot : « dès maintenant et à toujours », a trait ici à la protection
que Dieu fait éprouver à son peuple ; au Psaume 131, à l’attente d’Israël.
Lorsque je sais qu’il me gardera dès maintenant et à toujours, ne dois-je pas
l’attendre de même ? « L’Éternel gardera ta sortie et ton entrée ». En Deut. 28:
6, Dieu dit à son peuple : « Tu seras béni en entrant, et tu seras béni en
sortant » ; il fait dépendre cette promesse de la fidélité d’Israël et de son
obéissance au commandement de l’Éternel ; mais ici, il donne une assurance
complète, sur le pied de la grâce,
à la pauvre âme angoissée, en face du
pouvoir de l’Ennemi.
Quel privilège pour nous, chrétiens, d’apprendre de sa bouche que, quoi qu’il arrive, notre sort est lié à celui de Christ, et que Dieu ne peut pas plus nous abandonner qu’il n’abandonnera son Bien-aimé ! Dieu veut nous protéger dans nos circonstances (v. 3-6), dans notre âme (v. 7), et dans notre service (v. 8).
Un trait caractéristique de ce Psaume et d’un certain nombre
d’autres, c’est qu’il est une conversation, un échange de pensées et
d’assurances, entre Dieu et l’âme. Nous en rencontrons d’autres exemples dans
les Cantiques des degrés, ainsi les Cantiques 122, 132 et 134. Parfois, les
Psaumes auxquels je fais allusion ont jusqu’à trois interlocuteurs. Israël
parle ici, aux v. 1 et 2. L’Éternel répond au v. 3. Au v. 4, Israël semble se
parler à lui-même : « Voici, celui qui garde Israël ne sommeillera pas », et cette
pensée est très douce ; il s’assure, par la foi, de la précieuse promesse que
Dieu vient de lui faire. Alors l’Éternel ouvre le réservoir de son amour et
rafraîchit de ses eaux la pauvre âme souffrante qui se confie en Lui (v. 5-8).
Le Psaume 91, déjà cité, est un des exemples les plus remarquables de ce que
nous venons d’énoncer. Au v. 1, nous trouvons une sentence générale, sortie de
la bouche de l’Éternel, du Dieu qui, dans sa colère, avait détourné sa face
d’Israël (Ps. 90: 7-9). Malgré cette colère, il reste le Très-haut
et le
Tout-puissant
pour celui qui se confie en lui. Le v. 2 contient la seule
parole de Christ dans ce Psaume. Quand, du côté de l’homme, tout est ruiné,
le Seigneur recommence, en sa personne, l’histoire d’Israël. C’est dans l’Éternel
qu’il se confie. Ce seul mot : « Je me confierai en Lui » est le résumé,
souvent mentionné dans l’Ancien Testament, de toute la carrière de Christ, et
dans ce Psaume, il n’ajoute rien à cette parole, mais ce qui la rend si
merveilleuse, c’est qu’il vient occuper cette place de confiance, quand le
peuple est consumé par la colère et épouvanté par la fureur de l’Éternel, pour
avoir enfreint la loi (Ps. 90: 7). Aussi Dieu lui répond, v. 3 à 8, par toutes
les promesses. Aux v. 9 à 13, le Résidu parle à Christ et lui exprime la
conviction que Dieu est pour lui. Aux v. 14 à 16, Dieu reprend la parole, et
affirme aux oreilles du Résidu toute l’affection de son coeur pour son
Bien-aimé.
Nous appelons ces Psaumes, ainsi qu’un grand nombre d’autres,
des Psaumes de communion
. Rien de plus précieux, de plus élevé, que ces
rapports intimes de l’âme avec Dieu et avec Jésus ! « Notre communion », dit
l’apôtre, « est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ ».
Il est utile de rappeler que ce Cantique est un Psaume de David.
Les circonstances qui lui ont donné naissance ne nous sont pas rapportées. Nous
pouvons tout au plus conclure, d’après les premières paroles, que le roi était
à ce moment-là loin de Jérusalem. Nous avons dit plus haut que la méthode
critique qui veut rattacher ces Psaumes aux circonstances particulières de
l’écrivain, quand Dieu ne les spécifie pas,
est positivement dangereuse.
On perd ainsi facilement de vue le but pour lequel l’Esprit de Dieu a donné le
Psaume, en le rattachant à des événements historiques particuliers, au lieu d’y
voir les sentiments produits par l’Esprit, au sujet d’événements futurs.
Le temple n’existait pas sous le règne de David ; l’arche y habitait « sous des tapis » ; mais une fois, en 2 Sam. 12: 20, cet établissement temporaire est appelé « la maison de l’Éternel » (cf. Luc 6: 4). Le tabernacle même, à Silo, reçoit plus d’une fois ce nom (Jos. 6: 24 ; Jug. 18: 31 ; 1 Sam. 1: 7, 24 ; 3: 15). Ici, l’oeil du roi prophète considère cette maison, quand tout sera en ordre à Jérusalem pour recevoir le roi et que la détresse, mentionnée dans les Psaumes précédents, aura pris fin.
David, loin de Sion, se réjouit quand ceux qui l’entourent
disent enfin : « Allons à la maison de l’Éternel ». Il en sera de même de Christ,
à l’égard du vrai Israël ramené dans son pays, mais attendant encore que tout
soit prêt pour l’entrée glorieuse de son Roi dans la cité sainte. « Nos pieds »,
dit le prophète, « se tiendront
dans tes portes, Ô Jérusalem ». C’est donc
encore une espérance et pas un fait accompli. Appliquer cela, comme on l’a
fait, aux circonstances d’Ézéchias, n’a aucune raison d’être. Jamais il n’a été
chassé de Jérusalem ; il n’a jamais espéré d’y rentrer.
Faisons ressortir ici la gradation entre le Psaume 121 et celui
que nous avons sous les yeux. Au Psaume 121, le fidèle élève ses yeux vers les
montagnes. Il reçoit la réponse, avec la certitude d’être absolument gardé.
Maintenant, il regarde à Jérusalem même et à son temple, non pas seulement aux
montagnes qui entourent la ville, et cela, au moment où la sainte cité,
réédifiée et prête à recevoir le Roi, n’est pas encore rétablie comme centre du
gouvernement d’Israël ; mais sa foi est certaine d’y arriver et il n’a aucun
doute à ce sujet : « Nos pieds se tiendront dans tes portes ». « Nos
pieds » ; ce mot peut être la réponse des fidèles à la joie du coeur de Christ, voyant
leur désir d’aller à la maison de l’Éternel, mais il peut être mis aussi dans
la bouche de Christ, s’associant aux espérances du Résidu, comme il s’était
associé à ses souffrances. « Jérusalem, qui es bâtie comme une ville bien unie
ensemble en elle-même ! » Jérusalem est considérée ici comme correspondant
aux pensées de Dieu. C’est un organisme existant en unité et ayant, en
soi-même, ses conditions de croissance. Les tribus de Jah, l’ensemble du
peuple, montent là trois fois par an, « en témoignage à Israël », c’est-à-dire
selon l’ordonnance de Dieu à Israël, pour adorer (Ex. 23: 17 ; 34: 23 ; Deut.
16: 16 ; Ps. 81: 4, 5). Rien de semblable n’eut lieu sous David, encore moins
sous Ézéchias, chez l’un, parce que le temple, la maison de l’Éternel, n’était
pas édifié, chez l’autre, parce que les tribus étaient divisées. Les hommes qui
montèrent une fois à Jérusalem, sous Ézéchias, pour célébrer la Pâque,
n’appartenaient qu’à cinq des dix tribus, et encore ne s’étaient-ils pas
purifiés selon l’ordonnance de l’Éternel, pour faire la fête. Ce n’était donc
pas le témoignage tel qu’il avait été établi de Dieu pour Israël. Ce fait a eu
un accomplissement temporaire sous le règne glorieux de Salomon, type de celui
du Messie mais la pleine réalité de ce qui nous est dit ici : « C’est là
que montent les tribus, les tribus de Jah », est réservée pour le règne futur de
Christ. Quand la ville, la vierge d’Israël, sera bâtie sur le monceau de ses
ruines et le palais habité selon sa coutume, alors les gardes crieront sur la
montagne d’Éphraïm : « Levez-vous, et nous monterons à Sion, vers l’Éternel,
notre Dieu… Et ils viendront et exulteront avec chant de triomphe sur les
hauteurs de Sion » (Jér. 30: 18 ; 31: 4, 6, 12). Ici, ce moment, anticipé par la
foi, est près de se réaliser. Les croyants se mettent en route vers ce but ;
ils vont l’atteindre.
Un autre fait se lie, pour le fidèle, au rétablissement de
Jérusalem : elle est le siège de la royauté
. Non seulement le trône de
David s’y trouvait, mais l’Éternel avait dit au roi : « Ta maison et ton royaume
seront rendus stables à toujours devant toi, ton trône sera affermi pour
toujours » (2 Sam. 7: 16). David avait cru et reçu ce message avec actions de
grâces. C’est ainsi qu’il pouvait dire, et les croyants d’Israël avec lui :
« Car là sont placés les trônes de jugement, les trônes de la maison de David »
(v. 5). Sa foi voyait la suite des rois qui devaient lui succéder. Les « trônes
de jugement » sont les trônes sur lesquels la justice est rendue, que ce soit
pour faire droit au peuple, ou pour gouverner. Dans ce sens, il est dit au
Psaume 135 :14 : « L’Éternel jugera son peuple ». Lors de la gloire à venir,
ces trônes seront rétablis. « Alors », dit Jérémie, « entreront par les portes de
cette ville les rois et les princes assis sur le trône de David, montés sur des
chars et sur des chevaux, eux et leurs princes, les hommes de Juda et les
habitants de Jérusalem ; et cette ville sera habitée à toujours » (Jér. 17: 25).
Et plus loin : « Les rois qui sont assis à la place de David sur son trône
entreront par les portes de cette maison » (Jér. 22: 4).
Ces trônes de la maison de David n’excluent du reste pas la pensée d’une association à la domination de Christ, fils de David, qui caractérisera dans le temps à venir ceux qui entoureront le Messie, comme Jésus disait lui-même à ses disciples : « Vous serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ».
Au verset 6, nous trouvons une invitation du Seigneur : « Demandez la paix de Jérusalem ; ceux qui t’aiment prospéreront ». Ici, cette parole n’est pas encore réalisée, mais tout près de l’être. Les fidèles n’ont pas à rechercher la paix de ceux qui étaient exclus de la congrégation de l’Éternel, à cause de leur méchanceté a l’égard du peuple de Dieu. « Tu ne chercheras jamais leur paix, ni leur prospérité, tous tes jours », dit Moïse à Israël (Deut. 23: 6). Ce n’est pas non plus la paix de Jérusalem, en état de désobéissance et de révolte contre Dieu. Jérémie lui dit : « Qui aurait compassion de toi, Jérusalem, et qui te plaindrait ? et qui se détournerait pour s’enquérir de ta paix ? » (Jér. 15: 5). Non, il s’agit ici de la ville reconnue de Dieu, siège de la royauté du fils de David, centre du vrai culte de l’Éternel, quand va se lever l’aube de sa gloire. Aussi les fidèles répondent-ils immédiatement à cet appel : « Que la paix soit dans tes murs, la prospérité dans tes palais ! » (v. 7.) Les murailles, les palais de Sion sont maintenant réédifiés, pour que le prince de paix soit reçu dignement dans la capitale de son royaume.
Au verset 8, Christ reprend la parole : « À cause de mes frères et de mes compagnons, je dirai : Que la paix soit en toi ! » Ce dialogue entre le Messie et les fidèles, ayant Jérusalem pour sujet, est de toute beauté et caractérise, comme nous le disions du Cantique précédent, les Psaumes de communion. Il y a mutualité de sentiments à l’égard d’un objet commun. L’affection du Seigneur est liée à Jérusalem, à cause de son amour pour ses frères juifs, auxquels, après sa résurrection, il a révélé le nom de l’Éternel, selon cette parole du Psaume 22: « J’annoncerai ton nom à mes frères », les associant ainsi avec lui-même dans la jouissance de ses relations avec Dieu. Nous avons à peine besoin d’ajouter que les relations chrétiennes, quoique ayant la même source, la résurrection de Christ, sont bien plus étendues que celles-ci, car le Seigneur dit à Marie de Magdala : « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père.. ». relation que ses frères juifs ne pourront partager de la même manière que nous.
Ici, Christ ajoute : « À cause de mes compagnons
, je dirai
.. ». Tout en étant au-dessus d’eux et le premier d’entre eux, il les associe
avec lui, selon le Psaume 45: 7, et il ajoute : « À cause de la maison de
l’Éternel, notre
Dieu, je rechercherai ton bien » (v. 9). Il recherche le
bien de Jérusalem, non pas seulement parce qu’elle est liée à la paix et à la
joie de son peuple, mais parce qu’elle est inséparable de la maison de
l’Éternel, qu’il appelle « notre
Dieu ». Il s’associe ainsi, d’une manière
intime et merveilleuse, avec tous les siens, comme frères, compagnons et adorateurs !
Ici se termine la première série des Cantiques des degrés. On y
voit l’âme partir de l’oppression dans le pays de l’Ennemi, éprouver en route
les secours et les délivrances de l’Éternel, pour aboutir enfin en pleine paix
(mais seulement encore en espérance) à Jérusalem, la ville du grand roi, et au
temple de l’Éternel. Si près de leur réalisation, la foi du Résidu jouit
d’avance de ces trois choses : la justice de son trône, les bénédictions de sa
maison, l’ordre et la paix de la ville de Dieu. Tandis qu’au Psaume 120, l’âme
du fidèle cherchait en vain la paix dans le monde, elle se trouve ici, dans le
lieu où Dieu habite. Elle fait un pas de plus ; elle apprend à connaître et à
apprécier les bénédictions collectives
. Elle n’est plus isolée, comme au
Psaume 120, mais les fidèles, unis ensemble et avec Christ, peuvent dire : « Nos
pieds se tiendront dans tes portes ». Une seule chose manque encore à la
réalisation immédiate de leur espérance, la présence personnelle du roi de
gloire dont la voix s’est fait entendre à eux, en les appelant ses frères.
En quittant le point de vue prophétique pour considérer l’application de ce Psaume aux chrétiens, nous en voyons aisément la portée. L’Église, comme un corps, uni à sa tête glorieuse dans le ciel, a, selon les pensées de Dieu, toutes les conditions de croissance en elle-même. C’est un corps dont la source de vie est dans la tête, et qui, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure de fournissement, produit son accroissement (Éph. 4: 16). Malgré la ruine, les yeux de la foi voient l’Église ainsi, mais que sera-ce, quand ils la verront glorieuse dans son éternelle beauté ?
De plus, notre Jérusalem est une ville, non pas terrestre, mais
céleste. Nous y sommes venus
, comme il est dit en Héb. 12, mais nous n’y
sommes pas encore entrés
. Seulement nous réalisons par la foi que, d’un
moment à l’autre, nos pieds se tiendront dans ses portes. D’autre part, nous ne
voyons pas seulement Jérusalem comme une cité céleste où nous habiterons avec
le Dieu vivant, mais nous nous considérons comme en faisant partie, car elle
est aussi l’Épouse, la femme de l’Agneau. Nous la voyons, non pas telle que les
hommes l’ont faite, mais telle que Christ l’a bâtie. Nous souhaitons son bien,
et comment ne pas l’aimer, nous qui avons la pensée de Christ, si Christ l’a
aimée et s’est donné lui-même pour l’acquérir ?
Dans les trois Psaumes de cette série, le chrétien trouve, au sens moral, trois degrés d’expérience : d’abord, le sentiment de sa misère et son incapacité de résister au monde ; puis la sécurité que donne la faveur de Dieu, dont la grâce l’entoure ; enfin, la joie collective de l’assemblée et la communion avec Christ, la connaissance de la valeur de l’Église à ses yeux, et le désir que la paix soit avec elle.
La première série des Cantiques des degrés forme comme une sorte d’introduction exposant l’histoire générale du Résidu, depuis son séjour parmi les nations, jusqu’à sa rentrée à Jérusalem. Nous trouvons, dans les séries suivantes, l’histoire du Résidu en rapport avec Sion, d’où le terme « Cantiques de Sion » que nous avons donné à l’ensemble des Cantiques des degrés.
Nous trouvons donc d’emblée que, dans cette seconde série, les
circonstances ne sont pas identiques avec celles des Psaumes précédents. Cette
différence est marquée dès le premier verset du Cantique 123 : « J’élève mes
yeux vers toi, qui habites dans les cieux ». Au Psaume 121, le fidèle, entrant
dans son pays, envahi par l’Assyrien, regardait vers Jérusalem d’où venait son
secours ; mais Jérusalem n’était pas délivrée des méchants : Dieu seul, Créateur
du ciel et de la terre, pouvait le secourir. Au Psaume 123, nous trouvons
d’emblée ces mots : « J’élève mes yeux vers toi, qui habites dans les cieux ».
Pourquoi ? C’est que le fidèle, demeurant à Jérusalem même, comme nous allons
le voir, ne connaît que trop le manque de ressources qu’elle peut offrir et ne
songe pas à porter les yeux sur les montagnes qui l’entourent. Plus sa position
est difficile et semble sans issue, plus il est porté à se confier en Celui qui
est au-dessus de toute circonstance. Apprendre à se confier en Lui, c’est, en
même temps, apprendre la dépendance
: « Voici, comme les yeux des
serviteurs regardent à la main de leurs maîtres, comme les yeux de la servante
à la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux regardent à l’Éternel, notre Dieu,
jusqu’à ce qu’il use de grâce envers nous » (v. 2). Comme de pauvres esclaves
dépendent entièrement du bon plaisir de leur maître, ils regardent à l’Éternel,
leur Dieu, sachant qu’il a le droit de les rejeter, mais comptant qu’il aura
pitié d’eux et leur fera grâce, parce qu’ils connaissent son caractère. Ce
sentiment dépasse de beaucoup celui de son aide, exprimé au Psaume 121. Une
oeuvre, plutôt sous-entendue ici que formellement mentionnée, s’est produite
dans leur conscience, leur faisant comprendre que, si Dieu ne peut rien trouver
en eux qui l’engage à les secourir, sa grâce peut les délivrer.
« Use de grâce envers nous, ô Éternel ! use de grâce envers nous »
(v. 3). Ces mots nous reportent au chapitre 33 d’Ésaïe, où nous apprenons à
connaître les circonstances qui y ont donné lieu. Le Résidu est à Jérusalem, au
milieu des pécheurs qui y habitent. L’Assyrien, le fléau qui détruit, entoure
la ville. Alors le Résidu crie à l’Éternel, répétant les paroles de notre
Psaume : « Éternel, use de grâce envers nous : nous nous sommes attendus à toi.
Sois leur bras tous les matins, et notre salut au temps de la détresse ! » (v.
2.) L’Éternel « qui demeure en haut », répond au cri du Résidu et le délivre ; il
veut que Sion soit désormais remplie de droiture et de justice. Mais les
pécheurs qui se trouvent dans Sion ont peur, et le tremblement a saisi les
impies. Ils ne pourront séjourner dans le feu consumant ; les hommes pieux et
intègres, au contraire, seront préservés à travers cette ardente tribulation et
verront de leurs yeux « le roi dans sa beauté ». D’autre part, l’armée de
l’Assyrien, le peuple audacieux, le peuple au langage trop obscur pour
l’entendre, à la langue bégayante qu’on ne comprend pas, aura disparu pour
toujours (És. 33: 1-19). On trouve les mêmes circonstances dans notre Psaume.
Si le Résidu a affaire à l’Assyrien et peut dire : « Nos âmes sont, outre
mesure, rassasiées des insultes
de ceux qui sont à l’aise (*) », il est aux prises, dans la ville, avec les
méchants qui règnent et oppriment les justes, de là ce terme : « Nous sommes,
outre mesure, rassasiés de mépris… du mépris des orgueilleux » (v. 3, 4).
(*) Ce mot : « à l’aise » est, comme un auteur l’a noté, le même que 2 Rois 19: 28, et És. 37: 29, traduisent par insolence, en l’appliquant à l’Assyrien.
Entre ces deux écueils, l’Assyrien et le peuple de l’Antichrist, la frêle nacelle du Résidu ne sera-t-elle pas brisée ? Le Psaume suivant nous répondra.
L’application morale de ce Psaume aux circonstances du chrétien
est celle-ci : La scène des bénédictions de l’Assemblée a disparu de devant les
yeux du fidèle. Le mal règne sur le terrain même de l’Église : « Je sais où tu
habites, là où est le trône de Satan ». L’ennemi du dedans est tout aussi
terrible que celui du dehors, car de nos jours il y a déjà beaucoup
d’Antichrists. En apparence, tout est opposé aux vrais témoins de Christ. S’ils
gardent fidèlement leur témoignage ici-bas, ils sont outre mesure rassasiés de
mépris. Ne pouvant s’appuyer sur les bénédictions primitivement confiées à
l’Église, dont la ruine est déjà consommée, l’âme apprend à regarder à Dieu et
au Seigneur qui habite dans les cieux. Mais elle sait que la grâce
seule
peut la soutenir et qu’elle ne peut pas plus compter sur elle-même que sur des
bénédictions visibles. Elle dépend uniquement de Dieu, et, dans cette humble
dépendance, elle regarde à Lui, comme à Celui. auquel elle appartient en propre
et dont elle est l’esclave, n’ayant pour seule ressource que sa grâce. Dieu est
le maître, dit-elle, de faire de moi ce qu’il veut, mais je le connais ; il est
le Dieu de grâce. Pourquoi m’aurait-il acheté à grand prix, si c’était pour me
faire du mal ? Mais cette dépendance exige de la patience,
car Dieu,
pour éprouver notre foi, nous fait souvent attendre la réponse à notre cri.
Ce Cantique est de David. Rien ne nous autorise à le rapporter à
une circonstance particulière de la vie du roi prophète. Il pourrait
s’appliquer à la poursuite de Saül, quand l’Oint de l’Éternel était traqué
comme une perdrix sur les montagnes : ou aux lieux forts d’En-Guédi, ou à
la colline de Hakila, ou à la fuite hors de Jérusalem, devant Absalom. Il n’est
pas douteux qu’Ézéchias aurait
pu l’appliquer plus tard à ses
circonstances. Nous disons cela pour convaincre une fois de plus nos lecteurs
que ces suppositions ont une valeur plus que restreinte dans l’interprétation
des Psaumes.
Au Psaume 123, le fidèle, dans la détresse, regardait à l’Éternel, comptant qu’il userait de grâce envers lui en le délivrant. Notre Psaume suit le développement graduel de cette série, en célébrant la délivrance, après cet appel à la grâce. Il déclare en premier lieu que cette délivrance est due entièrement à ce que l’Éternel a pris en main la cause de son peuple : « N’eût été l’Éternel, qui a été pour nous .. ». ; à ce qu’il a tenu leurs intérêts comme les siens propres, faisant de leurs difficultés son affaire. Sans Lui, toute ressource était perdue pour eux en présence de leurs ennemis, mais ces persécutés misérables avaient de l’importance aux yeux du Créateur des cieux et de la terre ! Quel encouragement pour eux !
Les mots : « Qu’Israël le dise », sont, comme au Psaume 129: 1, un
appel à tout
le peuple, pour qu’il se souvienne de ces choses et les
proclame, car cette délivrance comprend et intéresse tout Israël. Si le Résidu
de Juda à Jérusalem se trouvait particulièrement en butte à leur haine et à
leurs attaques, c’est que ces puissances ennemies savaient bien qu’en
anéantissant la tribu royale, elles engloutissaient Israël tout entier. « N’eût
été l’Éternel, qui a été pour nous quand les hommes
se sont élevés
contre nous, alors ils nous eussent engloutis vivants, quand leur colère
s’enflammait contre nous ; alors les eaux nous eussent submergés ; un torrent
eût passé sur notre âme ».
Ce terme « les hommes », semble traiter la question d’une manière toute générale. En effet, on trouve dans la prophétie plus d’une occasion où le Résidu est en danger d’être englouti et submergé comme par un torrent. Au chapitre 12 de l’Apocalypse, nous voyons Satan, le dragon, sous la forme de la Bête romaine, persécutant la femme, l’Israël des conseils de Dieu, et, quand elle a fui dans le désert, lançant de sa bouche de l’eau, comme un fleuve, après elle, afin de la faire emporter par le fleuve. Ce soulèvement des peuples, dépendant de l’empire romain, contre le Résidu de Juda, s’enfuyant de la terre d’Israël, ne réussit pas, et Satan déçu revient en Palestine pour y persécuter ceux de Juda qui sont restés à Jérusalem, « le Résidu de la semence de la femme, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus », c’est-à-dire ceux qui, au milieu des méchants de Jérusalem, ayant les « deux témoins » à leur tête, représentent la loi de Moïse et l’Esprit prophétique d’Élie (Apoc. 12: 13-17 ; cf. 11 : 6).
La seconde occasion du débordement des eaux a trait à l’Assyrien. Il est appelé dans Ésaie : « les eaux du fleuve, fortes et grosses », le fleuve qui déborde (És. 8: 7, 8), « l’orage de puissantes eaux qui débordent », « le fléau qui inonde » (És. 28: 2, 15, 18). Nous avons vu, dans notre étude préliminaire que, pareil à l’Assyrien historique, il envahit la Palestine, puis fait le siège de Jérusalem (*). C’est, nous n’en doutons pas, à ce fait que notre Psaume se rapporte spécialement, car c’est à Jérusalem que se trouve le Résidu quand le torrent qui déborde, l’armée de l’Assyrien, cherche à l’engloutir. L’insolence, l’outrage et l’audace caractérisent dans la Parole cet ennemi du peuple de Dieu. Il est « le roi au visage audacieux », « dont le coeur s’exalte », « celui qui se lève contre le prince des princes », qui « outrage le Dieu vivant », et dont « l’insolence est montée aux oreilles de l’Éternel ». Il rencontre son châtiment, comme jadis Sankhérib, car, au moment suprême, Dieu intervient en faveur de son peuple. L’Assyrien disparaît, vient à sa fin, et il n’y a personne pour le secourir (Dan. 11: 45).
(*) Nous parlons du second siège de Jérusalem, le premier ayant eu lieu auparavant, par l’instrumentation des nations.
Mais n’oublions pas qu’au même moment il y a à Jérusalem d’autres eaux qui submergent le Résidu. L’orgueil caractérise spécialement ces « méchants » qui font partie du peuple incrédule. De là, pensons-nous, cette expression : « Alors les eaux orgueilleuses eussent passé sur notre âme » (v. 5). Ces deux partis, l’un au dehors, l’autre au dedans, constituent « les hommes » dont ce Psaume nous parle. Ils disparaissent, pour ainsi dire, au même moment, par l’intervention du Seigneur, comme nous l’avons vu dans l’introduction. De là cette expression de reconnaissance : Béni soit l’Éternel, qui ne nous a pas livrés en proie à leurs dents ! » quand déjà la gueule des ennemis s’ouvrait pour les déchirer et les engloutir.
« Notre âme est échappée comme un oiseau du piège des
oiseleurs
: le piège s’est rompu, et nous sommes échappés » (v. 7). On a
beaucoup trop insisté sur cette expression comme s’appliquant à Sankhérib d’une
manière exclusive, et sur la foi d’un document assyrien contemporain du siège
de Jérusalem sous Ézéchias (*). Le fait est
que ces mots se rencontrent plusieurs fois dans la Parole en rapport avec
d’autres ennemis que l’Assyrien. Ainsi, en Jér. 5: 26, les « méchants parmi
mon peuple »
(et c’est à eux que ce terme se rapporte habituellement dans
les Psaumes, comme « le Méchant » à l’Antichrist) épient les justes « comme
l’oiseleur qui se baisse, ils posent des pièges » pour y prendre des hommes. Au
Psaume 64: 5, ces mêmes méchants
s’entretiennent ensemble pour cacher
des pièges sur le chemin des fidèles. Au Psaume 140, où le Méchant
et
les méchants
sont en scène, il est dit, au v. 5 : « Les orgueilleux m’ont
caché un piège et des cordes, ils ont étendu un filet le long du chemin ; ils
m’ont dressé des lacets ». Au Psaume 141 : 9, 19: « Garde-moi du piège
qu’ils m’ont tendu (les méchants) et des lacets des ouvriers d’iniquité. Que
les méchants tombent dans leurs propres filets, tandis que moi je passe
outre
». Enfin, au Psaume 91: 3, il est dit, en parlant de Christ, que
l’Éternel le « délivrera du piège de l’oiseleur ».
(*) « J’enfermai (Ézéchias) lui-même dans Jérusalem, sa cité royale, comme un oiseau dans une cage ».
On le voit donc, ce terme « l’oiseleur » s’applique aussi bien à
l’Antichrist et à son peuple qu’à l’Assyrien, et même qu’à Satan. Il est donc
naturel de conclure que si le torrent qui submerge et les eaux orgueilleuses
qui débordent, ont trait à l’Assyrien et aux méchants qui dominent à Jérusalem,
l’oiseau échappé du piège de l’oiseleur est délivré à la fois de ces deux
puissances. Et, en effet, notre passage parle des oiseleurs,
c’est-à-dire
des deux grands ennemis du Résidu, et non d’un oiseleur isolé.
Au v. 8, les fidèles proclament que leur « secours est dans le
nom de l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre » (v. 8). Ce verset nous
rappelle le Psaume 121: 2, mais ici, c’est dans le nom
de l’Éternel que
leur secours se trouve. Quoiqu’il soit tout près de se manifester en gloire à
son peuple, les fidèles comptent encore sur son nom. Il ne s’est pas encore
révélé à eux sous son nom millénaire, comme le « Dieu Très-haut, possesseur des
cieux et de la terre ». De plus l’état d’âme du Résidu, décrit dans ce Psaume,
n’est pas encore celui qui le caractérisera sous le règne paisible du Messie.
Les chrétiens trouvent dans ce Psaume plus d’une parole qui atteint leurs coeurs et leurs consciences. « Qu’Israël le dise ! » Oui, tout ce qui touche à un membre du corps de Christ, soit en souffrance, soit en joie, atteint tous ses membres. Et de plus, n’est-il pas important de faire connaître, de proclamer, que le Seigneur est pour son peuple ? « Que dirons-nous donc à ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ? » Notre secours ne vient pas seulement de l’Éternel qui a fait les cieux et la terre, mais de Celui qui, ayant souffert étant tenté, est à même, comme un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur, de secourir ceux qui sont tentés. Il est encore caché à nos yeux ; nous le verrons bientôt ; mais, en attendant, notre secours est en son nom, et c’est son nom qui nous permet de réaliser sa présence au milieu de nous.
Notons, comme d’habitude, la marche ascendante de ce Cantique, en regard du précédent. La joie exubérante au moment où l’oiseau s’est échappé du piège des oiseleurs, n’est pas encore le calme et la paix qui suivent la délivrance. Ces derniers sentiments sont exprimés dans notre Psaume.
La scène est toujours à Jérusalem (v. 2). Les ennemis du dedans et ceux du dehors ont disparu. « Ceux qui se confient en l’Éternel sont comme la montagne de Sion, qui ne chancelle pas, qui demeure à toujours ». Nous assistons au moment où Jérusalem qui avait été si souvent détruite jusque dans ses fondements, foulée aux pieds des nations, puis enfin tombée au pouvoir de l’Antichrist, est restaurée sur une base inébranlable. Son nom, « montagne de Sion », le lieu où la royauté de David a été établie en grâce, le lieu où Christ, l’Oint de l’Éternel, est désormais reconnu comme roi (Psaume 2: 6), nous indique la cause pour laquelle Jérusalem peut demeurer à toujours. Sur le pied de sa responsabilité sous la loi, elle avait été ébranlée comme la montagne de Sinaï ; sur le pied de la grâce, comme montagne de Sion, elle ne chancelle pas et demeure à toujours, car « la bonté de l’Éternel demeure à toujours ». Tel sera le Cantique favori du Résidu restauré, tel est déjà le nôtre et pour l’éternité.
Les Cantiques des degrés, comme nous l’avons dit plus haut, sont des Cantiques de Sion. C’étaient peut-être ces Cantiques qu’on demandait au peuple captif auprès des fleuves de Babylone (Ps. 137: 3), et qu’il refusait de chanter, car l’heure de sa délivrance n’avait pas encore sonné. Ces chants ne pouvaient être entonnés qu’au retour dans la terre d’Israël, et leur caractère même implique ce retour. Jérusalem ! Oh ! comme ce nom, prononcé jadis par le peuple captif sur une terre étrangère, au milieu des larmes et des appels à la vengeance (Ps. 137: 4-7), remplit maintenant leur coeur d’une paisible joie ! « Jérusalem ! des montagnes sont autour d’elle, et l’Éternel est autour de son peuple, dès maintenant et à toujours » (v. 2.)
Au Psaume 121, ils élevaient leurs yeux vers les montagnes d’où
venait le secours ; ils voient maintenant ces montagnes autour d’eux. Ils sont
établis au centre de la puissance qui les a délivrés. Bien plus, l’Éternel est lui-même
ces montagnes qui les entourent, et ceux qui se confient en Lui sont
identifiés avec Jérusalem rétablie ; ils sont « comme la montagne de Sion ». La
grâce les rend inébranlables, car ils ne trouveraient rien en eux-mêmes
qui
pût les affermir ainsi. L’Éternel est autour de son peuple ; il l’enveloppe
tout entier, comme les montagnes enveloppent Jérusalem. De quelque côté qu’il
se tourne maintenant, Israël ne voit que l’Éternel, son seul horizon. L’Éternel
est autour des siens à Jérusalem, comme jadis à Dothan, autour d’Élisée. Nous
assistons ici au moment où le Seigneur, l’Éternel des armées, vient de dire :
« Mon peuple, qui habites en Sion, ne crains pas l’Assyrien » (És. 10: 24), où
les yeux du Résidu ne verront plus ce « roi au visage audacieux » (Dan. 8: 23),
et son peuple audacieux (És. 33: 19), mais « verront le Roi dans sa beauté » (És.
33: 17).
« Car le bâton de la méchanceté ne reposera pas sur le lot des justes ». L’allusion à l’Assyrien est évidente ; il a cherché à s’emparer du pays, sur lequel, comme dit Ésaïe, il a levé « son bâton à la manière d’Égypte », mais, ajoute le prophète, « le bâton de l’Éternel » sera en faveur de son peuple, comme jadis sur la mer Rouge, et c’est contre l’Assyrien lui-même, que Dieu le lèvera « à la manière d’Égypte » (És. 10: 24-26 ; 30: 31). Jamais l’Éternel ne permettra que le lot de son peuple demeure entre les mains des impies. « Afin que les justes n’étendent pas leur main vers l’iniquité » (v. 3). Si ce joug devait durer, les fidèles seraient en danger de l’accepter pour en tirer quelque avantage, car le roi fait « prospérer la fraude dans sa main » et « par la prospérité il corrompra beaucoup de gens » (Dan. 8: 25). Déjà le peuple infidèle, habitant le pays, avait, quoique sans profit, fait alliance avec lui (És. 33: 8), mais les justes seront gardés, quand même le peuple « se tourne de ce côté-là, on lui verse l’eau à plein bord » (Ps. 73: 10).
En accentuant le rôle de l’Assyrien, nous n’en excluons pas
d’autres personnages. Il est parlé ici, d’une manière générale, du « bâton de la
méchanceté ».
Le fait est que des puissances rivales se disputent la
possession du pays d’Israël qui, dans les desseins de l’Éternel, doit devenir
« le lot des justes ». L’Antichrist et ses gouverneurs, la Bête romaine, les
nations, Édom à leur tête, ont les mêmes prétentions que l’Assyrien : garder ou
conquérir l’héritage du peuple de Dieu.
Nous trouvons, au v. 4, quels sont les justes que Dieu reconnaît : « Éternel, fais du bien aux gens de bien et à ceux qui sont droits dans leur coeur ! » Ce verset correspond au remarquable passage d’Ésaïe 33: 14-17, qui caractérise les circonstances décrites par notre Psaume. « Les pécheurs ont peur dans Sion ; le tremblement a saisi les impies : Qui de nous séjournera dans le feu consumant ? Qui de nous séjournera dans les flammes éternelles ? Celui qui marche dans la justice, et celui qui parle avec droiture, celui qui rejette le gain acquis par extorsion, qui secoue ses mains pour ne pas prendre de présent, qui bouche ses oreilles pour ne pas entendre parler de sang et qui ferme ses yeux pour ne pas voir le mal, celui-là demeurera en haut : les forteresses des rochers seront sa haute retraite ; son pain lui sera donné, ses eaux seront assurées. Tes yeux verront le roi dans sa beauté ; ils contempleront le pays lointain ». Personne ne peut séjourner dans le feu consumant, ni dans les flammes éternelles, si ce n’est celui qui porte les caractères du vrai Résidu, mentionnés ici et dans tant d’autres passages. Le Résidu seul a été rendu capable de traverser le feu et les flammes de la grande tribulation, comme jadis les compagnons de Daniel dans la fournaise, pour arriver à la délivrance et jouir de la paix comme peuple de l’Éternel. Ce verset caractérise donc le vrai Israël si souvent appelé dans les Psaumes : « ceux qui sont droits de coeur ».
« Mais quant à ceux qui se détournent dans leurs voies tortueuses, l’Éternel les fera marcher avec les ouvriers d’iniquité » (v. 5). Il s’agit ici d’une partie du peuple qui se sépare par ses voies tortueuses de ceux qui sont « droits dans leur coeur ». On les voit, dans la prophétie, accepter le joug de l’Antichrist, ou se laisser séduire par les promesses de l’Assyrien. Tous seront compris dans le troupeau des ouvriers d’iniquité qui seront anéantis, et ils n’auront aucune part avec le peuple de Dieu.
Le Psaume se termine par ces mots : « La paix soit sur Israël ! »
Il ne s’agit plus, comme au Psaume 124, des réchappés seulement, mais de tout
le peuple, établi en paix. L’ennemi est détruit, l’héritage délivré des
oppresseurs, enfin et avant tout, le vrai Israël reconnu comme un peuple sur
lequel désormais la paix repose. La série précédente se terminait par la
demande de la paix sur Jérusalem
; ici, elle s’étend à tout le peuple, à
cette rosée de la jeunesse du vrai Roi, qui sort, fleur épanouie, du sein de
l’aube du jour.
L’application morale de ce Psaume est d’une richesse infinie.
Nous sommes « venus
à la montagne de Sion, et à la cité du Dieu vivant,
la Jérusalem céleste ». Nous n’avons pas à attendre, comme le Résidu, un temps
futur de gloire pour posséder cette bénédiction. La montagne de la grâce nous
appartient tout entière, la Jérusalem céleste, seulement en espérance. Notre
lot, notre héritage, sont encore futurs, mais déjà nous en avons les arrhes,
dans le Saint Esprit qui nous a été donné. Le caractère que Dieu reconnaît chez
ceux qui lui appartiennent, est la justice et la sainteté pratiques. Elles
découlent, sans doute, de la connaissance de l’oeuvre et de la personne de
Christ, mais la connaissance, sans la vie pratique, n’est rien ; la foi, sans
les oeuvres, est morte. Le service religieux sans tache devant Dieu le Père
consiste dans l’amour pratique : visiter les orphelins et les veuves dans leur
affliction — et dans la justice et la sainteté pratiques : se conserver pur du
monde.
« La paix soit sur Israël ! » Nos coeurs connaissent la paix. Justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu. La grâce et la paix sont sur nous et nous sont apportées chaque jour. La paix peut garder nos coeurs, le Dieu de paix être avec nous, quand nos pensées sont occupées du bien et que nos coeurs sont droits devant Dieu.
Les Psaumes 123 à 125 qui ont Jérusalem pour théâtre nous avaient amenés, depuis le cri : « Use de grâce envers nous », et la subite délivrance du Résidu, comme d’un oiseau échappé du piège, à son établissement définitif et inébranlable en Sion, après que la puissance des derniers ennemis avait été brisée.
Cette nouvelle série nous présente, au premier verset du Psaume 126, les captifs de Sion déjà rétablis : « Quand l’Éternel rétablit les captifs de Sion, nous étions comme ceux qui songent ».
C’est le Résidu captif à Jérusalem, dont la délivrance est célébrée ici. Le Psaume 124 décrit le moment où cette délivrance eut lieu ; notre Psaume la considère comme un événement passé. Il fait mention de l’heure où Jérusalem a été délivrée de l’ennemi du dedans, les méchants qui opprimaient les fidèles, et de l’ennemi du dehors, l’Assyrien qui l’assiégeait. Que cette « captivité de Sion » puisse s’appliquer historiquement au siège de Jérusalem par Sankhérib, nous ne le nions pas, mais nous répétons que le but, le vrai sens de ce Psaume, ni d’aucun Psaume, ne doit être cherché dans les circonstances du passé. Quoi qu’il en soit, la chose avait été si inattendue qu’elle leur paraissait comme un songe, après leur terrible tribulation. Aussi leur bouche était-elle « remplie de rire » et leur langue « de chants de joie » (v. 2). Les nations elles-mêmes avaient rendu témoignage aux grandes choses que Dieu avait faites pour son peuple (v. 3).
On trouve ici la réponse au désir de David, exprimé au Psaume 14: 7. « Oh ! si de Sion le salut d’Israël était venu ! Quand l’Éternel rétablira les captifs de son peuple, Jacob s’égayera, Israël se réjouira ».
Ce terme : « rétablira les captifs », ne signifie pas le retour
des captifs individuellement, mais le rétablissement dans la bénédiction, de ce
qui est appelé la « captivité ». De fait, ni le Résidu de Jérusalem, ni même le
Résidu juif qui avait dû fuir, puis était rentré en Judée, n’est une
« captivité » dans le sens ordinaire du mot. Les mots « rétablir les captifs » sont
littéralement « tourner la captivité
». On trouve cette expression en
Deut. 30: 3, où il est dit que, lorsque Israël, chassé parmi les nations, sera
retourné à l’Éternel, son Dieu, celui-ci « rétablira ses captifs (tournera sa
captivité) et aura pitié de lui ». En d’autres termes, il mettra fin à sa
dispersion,
pour amener sa restauration (*).
(*) La pensée exprimée par un auteur, que cette expression « tourner la captivité » n’a « aucun rapport avec une Captivité d’Israël à Babylone ou autre part » est inexacte. Si, en Job 42: 10, ces mots sont employés pour indiquer simplement que Dieu a rétabli l’ancien état de Job et a mis fin à son épreuve, d’autres passages nous montrent qu’il s’agit presque toujours de mettre fin à la dispersion du peuple pour le restaurer. En tout cas, cette expression ne s’applique pas à la captivité de Babylone, comme plusieurs l’ont pensé, qui ont bâti sur ce passage toute une interprétation erronée des Cantiques des degrés.
De même, en Jér. 30: 18 : « Voici, je rétablirai les captifs (je
tournerai la captivité) des tentes de Jacob, et j’aurai compassion de ses
demeures ». Les deux chapitres 30 et 31 de Jérémie tout entiers, nous parlent de
cette restauration. Elle comprend les deux parties du peuple : « Je rétablirai,
dit l’Éternel, les captifs de mon peuple Israël et Juda »
(Jér. 30: 3).
Ces deux parties, Israël ou les dix tribus, et Juda, n’auront pas la même
restauration, ni quant aux circonstances de celle-ci, ni quant à son époque,
mais ces chapitres nous parlent surtout des détails de la restauration des dix
tribus dispersées. Elle aura pour effet de réunir en un Israël et Juda, et
c’est ce que le terme « tourner la captivité » accentue particulièrement. Lisez
encore Ézéch. 16: 53-55 ; Jér. 33: 11 ; Ézéch. 29: 14 ; Soph. 2: 7 ; 3: 20 ;
Amos 9: 14 ; où l’expression « tourner la captivité » se rencontre.
Dans notre Psaume, les deux fractions du Résidu sont distinguées comme dans le passage de Jérémie (30: 3). D’abord, les « captifs de Sion », Juda déjà rétabli, comme nous l’avons vu au Psaume précédent, et rempli de joie et d’allégresse. Ce rétablissement n’a pas lieu seulement pour la fraction de Juda qui habite Jérusalem, mais pour celle qui, après sa fuite, était rentrée dans son pays. Toutes deux se sont réunies lors de l’anéantissement de l’Assyrien. Ensuite, au v. 4, nous trouvons la demande du rétablissement des captifs : « Ô Éternel ! rétablis nos captifs, comme les ruisseaux dans le midi ! » Le « midi » signifie, comme en Gen. 12: 9 et 13: 1, le désert au midi de Juda. Juda demande ici la restauration des dix tribus, pareille aux ruisseaux rétablis par Dieu dans le désert qu’elles auront à traverser. De même, en Jér. 31: 7, quand l’Éternel parle de rétablir Israël et de crier sur la montagne d’Éphraïm : Levez-vous, et nous monterons à Sion ! il ajoute : « Exultez d’allégresse au sujet de Jacob, et poussez des cris de joie à la tête des nations ; faites éclater la louange et dites : Éternel, sauve ton peuple, le reste d’Israël ». Les fidèles qui parlent dans notre Psaume, ne se contentent pas de jouir de leur propre délivrance ; il leur faut celle du « tout Israël » qui sera sauvé, c’est-à-dire du Résidu tout entier qui formera le peuple nouveau. Cette pensée de la formation définitive des douze tribus croyantes en unité devient toujours plus évidente, à mesure que nous avançons vers la conclusion des Cantiques des degrés.
À ce propos, il est utile de rappeler ici que s’il est vrai que la restauration de Juda et des dix tribus aura lieu dans un temps et en des circonstances différents, la plupart des passages des prophètes présentent le retour des captifs d’une manière générale et comme un ensemble. Il suffit, pour s’en convaincre, de relire les passages cités aux pages 30 et 31, puis ceux qui n’ont trait qu’au retour des dix tribus. Les passages qui ont trait au retour du Résidu de Juda, après sa fuite, doivent être surtout cherchés dans les Psaumes.
« Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie » (v. 5). Ce verset correspond à Jér. 31: 15-17. « Ainsi dit l’Éternel : Une voix a été ouïe à Rama, une lamentation, des pleurs amers, Rachel pleurant ses fils, refusant d’être consolée au sujet de ses fils, parce qu’ils ne sont pas. Ainsi dit l’Éternel : Retiens ta voix de pleurer et tes yeux de verser des larmes ; car il y a un salaire pour ton travail, dit l’Éternel ; et ils reviendront du pays de l’ennemi. Et il y a espoir pour ta fin, dit l’Éternel, et tes fils reviendront dans leurs confins ». Dans le passé, les dix tribus avaient été en hostilité ouverte contre Juda. Le roi d’Israël, Baësha, avait bâti Rama, sur l’extrême limite de Benjamin, pour empêcher toute communication entre Juda et Israël (1 Rois 15: 17). C’est là que le prophète fait pleurer Rachel, mère de Joseph (Éphraïm et Manassé, ou les dix tribus) et de Benjamin (toujours compté avec Juda). Ses enfants, emmenés en captivité par l’Assyrien, ont été anéantis. « Ils ne sont pas » ; rien ne reste à leur mère. Elle se lamente et verse des pleurs amers sur les fils qui lui sont ôtés. Mais l’Éternel la console et lui montre qu’il y aura « un salaire pour son travail » et « de l’espoir pour sa fin », que ses fils reviendront du pays de l’ennemi pour ne plus former qu’un peuple avec Juda. « Ils viendront avec des larmes, et je les conduirai avec des supplications ; je les ferai marcher vers des torrents d’eaux par un chemin droit ; ils n’y trébucheront pas ; car je serai pour père à Israël, et Éphraïm sera mon premier-né » (Jér. 31: 9).
Ce passage sur Rachel est cité en Matt. 2, lors du meurtre des petits enfants à Bethléhem. Pourquoi Bethléhem et non Rama ? Bethléhem était comme une figure de la ruine d’Israël, car c’était le lieu où Rachel avait été ensevelie (Gen. 35: 19). Ses enfants n’étaient plus, mais cette prophétie recevait, au temps du Seigneur, un accomplissement moral, parce que l’Éternel, au milieu de la désolation méritée d’Israël, recommençait l’histoire de ce peuple, « en appelant son fils hors d’Égypte ». C’est en vertu de ce que Christ, le nouvel Israël, a repris cette histoire quand tout était ruiné, et a porté ensuite la pénalité de la nation, que les dix tribus pourront être rétablies comme les ruisseaux dans le midi. De plus, l’affliction traversée et l’oeuvre intérieure produite dans leur coeur, par des larmes et des supplications, feront qu’ils pourront moissonner avec joie. Aussi, des deux côtés, pour Juda et pour Israël, les chants de joie seront la fin et le résultat de leur tribulation.
Le verset 6 : « Il
va en pleurant, portant la semence
qu’il répand ; il revient avec chant de joie, portant ses gerbes », accentue le
rôle du Christ dans cette restauration. Le Résidu est encouragé par la vue de
Celui qui l’a précédé. Lui
est allé en pleurant, portant la semence qui
devait produire la moisson ; eux
sont les gerbes qu’il porte avec chant
de joie quand il revient. Il porte du fruit en résurrection au delà de la mort.
La semence c’est lui-même, le grain de blé tombant en terre. Le fruit futur
c’est Israël, dont la résurrection nationale sera la conséquence de la mort et
de la résurrection de Christ. Oh ! combien les siens l’admireront alors ! Quel
semeur que Christ, dans ses douleurs et ses larmes, quel moissonneur, dans sa
joie ! Les ruisseaux desséchés du désert ont reçu la pluie de la dernière
saison ; ils reparaissent et coulent à pleins bords, comme s’ils n’avaient
jamais cessé de couler, produisant partout la fertilité et la vie. Il en sera
ainsi du Résidu.
Ce Psaume est le Cantique de la joie. Après les angoisses, les larmes et la détresse, Juda se réjouit avec Christ. Ils se réjouissent en commun, car l’un et l’autre ont été ceux qui sèment avec larmes. Christ se réjouit du fruit de son travail, et trouve sa joie, que dis-je ? son « chant de joie » dans la restauration de son peuple.
Comme du reste tous les Psaumes, celui-ci est inépuisable dans son application à nous-mêmes. Nous ne prétendons nullement la suivre, au delà de nos propres expériences très incomplètes et limitées.
Combien nous, chrétiens, qui connaissons l’affranchissement et
la joie, nous devrions désirer que tous nos frères aient la même part et
jouissent des mêmes précieux privilèges. Toutes nos bénédictions dépendent de
la mort de Christ. Il fallait que le grain tombât en terre pour porter du fruit
en résurrection. Le fruit immédiat de son oeuvre, c’est l’Église formée en
unité à la Pentecôte, par le don du Saint Esprit envoyé du ciel ; le fruit
futur sera la restauration d’Israël et sa formation comme un seul
peuple.
Combien l’unité de l’Église devrait nous être chère !
Ne l’est-elle pas pour Christ, Lui qui est mort pour réunir en un les enfants de Dieu dispersés ? Et pourrions-nous être indifférents à ce qui remplissait son coeur, quand il mourait, non pas seulement pour Israël, comme dans les Psaumes, mais pour l’Église, afin de la former en un seul corps, visible au monde et recommandant Christ par son témoignage ? Le monde ne devrait-il pas dire de nous, comme les nations futures le diront d’Israël : « L’Éternel a fait de grandes choses pour ceux-ci ! Quelles gerbes a portées Celui qui allait en pleurant, portant sa semence ! »
Le Psaume 127 est de Salomon, ce roi glorieux qui bâtit la maison de l’Éternel et régna en paix à Jérusalem après que tous les ennemis de David se furent soumis à son empire. Salomon est le type de Christ introduisant le peuple restauré (tel que le Psaume 126 nous le présente) sous un sceptre de justice et de paix, dans le repos du règne millénaire.
Nous trouvons dans ce Psaume trois choses qui sont l’oeuvre de Dieu, et auxquelles l’homme n’a aucune part : bâtir la maison, garder la ville, se procurer une postérité.
La première de ces choses est la maison
, le temple. Au
Psaume 122, David s’était réjoui d’y monter, alors qu’elle n’était représentée
à Jérusalem que par l’arche ; Salomon la bâtit de par l’Éternel, sur le plan de
l’Éternel, et c’est ainsi que Christ la bâtira pour son peuple. « Si l’Éternel
ne bâtit la maison, ceux qui la bâtissent y travaillent en vain » (v. 1).
L’homme avait essayé plus d’une fois de la bâtir. Il y eut le temple restauré
après la captivité de Babylone, puis le temple d’Hérode. De ce dernier, le
Seigneur dit : « Les jours viendront où il ne sera laissé pierre sur pierre qui
ne soit jetée à bas » (Luc 21: 6), et cette prophétie s’est accomplie à la
lettre. Puis il y aura le temple bâti par Israël, rentré dans l’incrédulité en
Palestine, et où l’Antichrist se fera adorer. Le Seigneur ne pourra le
reconnaître, mais, dans les commencements, nous voyons le Résidu, formé à Jérusalem,
s’en servir provisoirement, selon le Psaume 42: 4, jusqu’à ce que le sacrifice
et l’offrande aient cessé et que l’abomination qui cause la désolation soit
établie dans le lieu saint : alors cette maison sera renversée, et il sera
prouvé par sa destruction que ceux qui la bâtissaient y travaillaient en vain.
Enfin, le Seigneur lui-même bâtira pour son peuple un temple nouveau (Zach. 6:
12, 13), dont le modèle et l’emplacement sont décrits dans le prophète
Ézéchiel.
La seconde chose que l’homme ne peut faire, c’est de garder la
ville
. « Si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde veille en vain ;
c’est en vain que vous vous levez matin, que vous vous couchez tard, que vous
mangez le pain de douleurs » (v. 1, 2). Les hommes de la fin, pareils aux Juifs
du temps de Nébucadnetsar, aux Juifs du temps de Titus, prétendront garder la
ville, mais elle deviendra la proie des nations, lors du premier siège de
Jérusalem mentionné par la prophétie. Tous les efforts de l’Antichrist, tous
ceux du peuple incrédule, échoueront devant cette attaque. Ce sera en vain
qu’ils veilleront, qu’ils se lèveront matin et se coucheront tard, qu’ils
souffriront la famine ; la ville succombera.
Mais le psalmiste ajoute : « Ainsi, il donne le sommeil à son bien-aimé ». Son bien-aimé, « Jedid », fait sans doute allusion au nom donné à Salomon, Jedidiah (2 Sam. 12: 25). Au milieu de cette tourmente, les fidèles à Jérusalem peuvent dormir tranquilles. Leur Seigneur, le Bien-aimé, ne dormait-il pas dans la barque, entouré par les flots mugissants ? Ils n’imiteront pas la petite foi des disciples d’alors, leurs prédécesseurs dans le témoignage juif de la fin ; ils se reposeront comme leur Maître, eux le Résidu bien-aimé, objet du même amour que Lui. Ce même Résidu de la fin dit au Psaume 3 : « Je crierai de ma voix à l’Éternel, et il me répondra de sa montagne sainte. Je me suis couché, et je m’endormirai : je me réveillerai, car l’Éternel me soutient. Je n’aurai pas de crainte des myriades du peuple, qui se sont mises contre moi tout autour » (v. 4-6). Et au Psaume 4: « Je me coucherai, et aussi je dormirai en paix ; car toi seul, ô Éternel ! tu me fais habiter en sécurité » (v. 8). Et Jérémie, après avoir décrit la détresse de Jacob et les bénédictions qui la suivront, s’écrie . « Là-dessus je me suis réveillé, et j’ai regardé, et mon sommeil m’a été doux » (Jér. 31: 26). Le prophète dort pendant l’orage et se réveille pour voir l’aurore du règne de paix.
Il en sera de même, et à bien plus forte raison, lors du
deuxième siège de Jérusalem, spécialement mentionné dans ce Psaume, où
l’Assyrien sera détruit par la présence du Seigneur. « Ton coeur », est-il dit, « méditera
la crainte
; où est l’enregistreur ? où est le peseur ? où est celui qui
compte les tours ? » (És. 33: 18). Toutes ces précautions, tous ces moyens
humains de défense auront disparu devant « l’Éternel qui garde la ville ».
Une troisième chose, entièrement hors du ressort de l’homme,
c’est d’avoir une postérité
: « Voici, les fils sont un héritage de
l’Éternel, et le fruit du ventre est une récompense » (v. 3). C’est ainsi que
Sion, jadis stérile, verra ses fils accourir vers elle et dira en son coeur :
« Qui m’a enfanté ceux-ci ? Et moi, j’étais privée d’enfants et abandonnée,
captive et chassée ; et ceux-ci, qui les a élevés ? Voici, moi j’étais laissée
seule, — ceux-ci, où étaient-ils ? » (És. 49: 21). C’est ainsi que, levant les
yeux, elle les verra et sera rayonnante : « Ils se rassemblent tous, ils
viennent vers toi ; tes fils viennent de loin, et tes filles sont portées sur
les bras » (És. 60: 4). Le Résidu, jadis tant éprouvé, se multipliera à
l’infini, et ce sera une « récompense », une réponse à sa droiture et à sa
fidélité dans l’épreuve.
« Comme des flèches dans la main d’un homme puissant, tels sont les fils de la jeunesse » (v. 4). Cette famille nouvelle sera composée des jeunes fils d’Israël, alors que ce peuple semblait incapable, comme Abraham, d’engendrer des fils dans sa vieillesse. Une nouvelle ère commencera pour lui. Du sein de l’aurore viendra au Seigneur « la rosée de sa jeunesse » (Ps. 110: 3). Eux pourront tenir tête à l’ennemi, ils seront comme des flèches dans la main de Christ (Ps. 120: 4), de l’homme puissant qui anéantira par eux toute la force des méchants.
« Bienheureux l’homme qui en a rempli son carquois ! Ils n’auront pas honte quand ils parleront avec des ennemis dans la porte » (v. 5). Ils pourront désormais leur tenir tête, et les adversaires trouveront à qui parler. Cette élite ne sera pas confondue, quand l’ennemi se présentera à la porte. C’est ainsi qu’ils « voleront sur l’épaule des Philistins vers l’ouest, ils pilleront ensemble les fils de l’orient : Édom et Moab seront la proie de leurs mains, et les fils dAmmon leur obéiront » (És. 11: 14).
Les principes établis dans ce Psaume sont pour nous d’une grande importance, et tous les chrétiens devraient y être attentifs.
la maison de Dieu,à l’Assemblée, a été frappé de nullité du moment que cette tâche a été confiée à sa responsabilité. Alors les hommes se sont mis à se bâtir des « églises », chaque parti à sa convenance. Ce n’était pas la maison de Dieu. Que restera-t-il de leur travail ?
« la ville »,pour s’assurer une organisation durable, capable de résister aux mille causes de ruine qui l’assaillent. Tous ses efforts aboutiront à la faillite. Le système du monde, politique, civil et religieux, organisé par l’homme sans tenir compte de Dieu, devra tomber. Ce que Dieu a édifié demeurera seul et ne pourra être ébranlé.
repos; il n’y en a pas pour lui. « Les méchants sont comme la mer agitée, qui ne peut se tenir tranquille et dont les eaux jettent dehors la vase et la boue » (És. 57: 20).
la prospérité; il sera frappé de stérilité et d’impuissance. Il n’y a de force que dans la famille de Dieu, dans les fils qui sont un héritage de l’Éternel. La puissance terrible du monde et de Satan ne peut leur résister. Dans le combat chrétien, ils sont les flèches de Dieu pour anéantir la puissance des ténèbres.
Le Psaume 126 nous avait présenté les captifs rétablis dans la bénédiction ; le Psaume 127, la maison reconstruite et la ville préservée par l’Éternel, puis la formation d’un peuple nouveau, héritage de l’Éternel, au moment où la ruine atteint ceux qui comptent sur eux-mêmes pour échapper au jugement. Le Psaume 128 introduit la bénédiction finale de ceux qui craignent l’Éternel, quand Celui qui habite en Sion régnera.
« Bienheureux
quiconque
craint l’Éternel et marche dans ses voies ! » Ici, pour la seconde fois
(cf. 127: 5), dans les Cantiques des degrés, nous trouvons le mot « bienheureux »
(*). N’est-il pas remarquable que les Psaumes,
ce livre qui exprime les souffrances, les épreuves, la tribulation et la
détresse du Résidu, les Psaumes où le mot « affligé » et les expressions qui en
dérivent se répètent continuellement, ne tarissent pas sur le bonheur du
fidèle, sur sa « pleine satisfaction », car tel est le sens que ce mot comporte ?
(*) Ce mot : « Asherè » revient vingt-six fois dans les Psaumes, tandis qu’il ne se trouve que neuf fois dans tout le reste de l’Ancien Testament, si l’on excepte les Proverbes qui l’ont huit fois. Le mot correspondant en grec (Makarios) revient cinquante fois dans le Nouveau Testament, mais a, vingt-huit fois, rapport au Résidu d’Israël.
Le point de départ de ce bonheur est la connaissance de la rédemption (Ps. 32: 1, 2). Dès lors on le trouve dans la sainteté pratique (séparation du mal) et dans la recherche du bien (1: 1) ; dans la justice pratique (absence du péché dans nos voies) (106: 3) ; dans l’intégrité et l’obéissance à la Parole (119: 1, 2) ; dans la marche fidèle (84: 5 ; 128: 1) dans la crainte de l’Éternel (112: 1 ; 128: 1, 2) dans la confiance en Lui, caractère par excellence de Christ homme, sur lequel les Psaumes insistent (2: 12 ; 34: 8 ; 40: 4 ; 84: 12) ; dans la certitude de l’avoir pour secours en s’attendant à Lui (146: 5) ; dans l’intelligence de ce qu’est un Christ humilié (41: 1) dans la proximité de Dieu (65: 4) ; dans le culte et dans la louange en commun (84: 4 ; 89: 15) ; dans la jouissance de ses bénédictions (144: 15) ; dans celle d’être à lui comme son peuple (144: 15 ; 33: 12), et de voir la postérité des fidèles lui appartenir (127: 5) ; sous la discipline paternelle (94: 12) ; dans l’extermination finale de tous les méchants (137:8,9).
Tous ces passages ne nous prouvent-ils pas que l’homme ne trouve jamais le bonheur en lui-même, ni autour de lui, parce que son coeur est souillé par le péché et que le monde entier gît dans le Méchant ? Ce qui le rend malheureux, c’est le mal, et la vie humaine offre-t-elle autre chose ? « La vérité sur la vie », écrit un athée philosophe, « c’est le désespoir ». Où donc est le bonheur ? Nous venons de le voir, il est dans la connaissance de Dieu et de son amour, dans la connaissance de Christ et de son oeuvre, dans la possession d’une vie nouvelle et du Saint Esprit qui nous rendent capables de nous tenir devant Dieu, de l’adorer, d’avoir communion avec Lui et de marcher dans ses sentiers, avec l’humble confiance qui doit caractériser ceux qui Lui appartiennent.
Au premier verset de ce Psaume, Dieu parle aux fidèles :
« Bienheureux quiconque craint l’Éternel, et marche dans ses voies ! » En vertu
de ce caractère, la pleine bénédiction leur appartient. Le mot « craindre »
n’implique nullement l’idée de frayeur, mais le sentiment profond de la dignité
de l’Éternel qui a condescendu à nous introduire dans l’intimité de sa
présence. Un bonheur infini est attaché à cette crainte. Ici, dépassant les
limites juives, le prophète l’étend aux nations, de là le mot quiconque
.
Il embrasse tous
ceux qui craignent l’Éternel, de même que Rom. 10:
11-13, et Jean 3: 15, 16, comprennent tous ceux qui croient en Lui ou qui
invoquent son nom.
Au v. 2, il dit à ceux qui le craignent et marchent dans ses
voies : « Car tu mangeras du travail de tes mains ; tu seras bienheureux (*), et tu seras entouré de biens ». Ceux qui portent
les caractères du v. 1 sont pratiquement bienheureux, et non pas seulement
déclarés tels, comme au v. 1. Souvent la condition du croyant est d’être un
homme heureux sans s’en douter
, comme on peut être riche sans le savoir,
mais sa part, ici, est de jouir
de son bonheur et d’être entouré de
biens, ou proprement de « prospérer
». Au Psaume 122: 6, nous trouvons que
la prospérité accompagne ceux qui aiment Jérusalem ; elle appartient ici à ceux
qui craignent l’Éternel et suivent ses voies.
(*) C’est le même mot qu’au verset 1.
« Ta femme sera au dedans de ta maison comme une vigne féconde ;
tes fils seront comme des plants d’oliviers autour de ta table » (v. 3). Ici,
l’on voit paraître la vigne et l’olivier, symboles de l’Israël de Dieu et du
peuple des promesses. Comme vigne, le peuple n’avait porté que des grappes
sauvages et avait encouru la malédiction divine (És. 5 ; Jér. 2: 2) ; comme
olivier, ses branches avaient été retranchées à cause de son incrédulité (Jér.
11: 16), pour faire place aux nations (Rom. 11). Mais Dieu avait planté un cep
en place d’Israël, Christ, « l’homme de sa droite, le fils de l’homme qu’il
avait fortifié pour Lui », et il avait fait revivre son peuple en sa personne
(Ps. 80). Lui était aussi l’olivier vert dans la maison de Dieu (Ps. 52: 8) ;
en Lui se résumaient et se réalisaient toutes les promesses divines ; sur Lui
seul, le nouvel Israël pouvait se greffer. Cette bénédiction se réalisera pour
ce peuple : sa femme sera au dedans de sa maison comme une vigne féconde. Dieu
fera « habiter la femme stérile dans une maison, joyeuse mère de fils » (Ps. 113:
9). Ses fils seront assis à la table du festin qui représente la paix,
l’abondance spirituelle, l’union de toute la famille dans une commune joie.
Beau tableau des bénédictions millénaires, dans ce qu’elles auront d’intime
,
et envisagées comme conséquence de la piété du peuple fidèle : « Voici, ainsi
sera béni l’homme qui craint l’Éternel » (v. 4).
« L’Éternel te bénira de Sion. Et puisses-tu voir le bien de
Jérusalem tous les jours de ta vie, et voir des fils de tes fils ! (v. 5, 6).
De Sion, montagne de la grâce royale, l’Éternel bénira encore ce peuple, déjà
béni. Nous trouvons maintenant les bénédictions millénaires dans leur caractère
national
, en contraste avec les bénédictions intimes dont il vient
d’être question. Jérusalem est devenue le centre du peuple, centre de sa
prospérité, duquel toute bénédiction dépendra, point de départ du fleuve de
grâce qui arrosera de ses eaux tout Israël et coulera bien au delà de ses
limites. Au Psaume 122: 6, les fidèles demandaient la paix de Jérusalem. Ici,
ils la voient
. Tous les jours de leur vie, pendant le règne glorieux de
Christ, et se multipliant de génération en génération, ils verront le bien de
la ville élue.
« La paix (soit) sur Israël » (v. 6). Au Psaume 122, le désir de
la paix était restreint à Jérusalem ; le Psaume 125 exprime la certitude
qu’elle reposera
sur Israël ; dans notre Psaume, elle y est
et y
demeure, car il est dit proprement : « La paix sur Israël ». De fait, la
bénédiction ne peut s’étendre plus loin, et ce Psaume 128 clôt ce que l’on peut
appeler la première section
des Cantiques des degrés, où nous voyons, de
marche en marche, pour ainsi dire, une ascension constante, partant du malheur
de Méshec, pour aboutir à la pleine paix de Jérusalem et à la paix éternelle du
peuple de Dieu ! Et cependant de nouvelles bénédictions, non encore
mentionnées, l’attendent.
Puissent ces bénédictions intimes et générales être aussi les nôtres. Si nous avons à coeur l’Église, l’Assemblée de Dieu, et si nous marchons dans l’obéissance, nous serons certains de prospérer spirituellement.
Les deux dernières séries des Cantiques des degrés sont de la
plus grande beauté. Jusqu’ici, les Psaumes 120 à 128 nous avaient plutôt
présenté l’énumération des circonstances du juste au temps de la fin et comment
Dieu les fait aboutir toutes à la gloire de Sion et à la paix de son peuple.
Les Psaumes 129 à 131 qui composent la série suivante ont un caractère à part.
Ils interrompent, pour ainsi dire, la gradation habituelle, pour nous faire
assister aux exercices graduels de conscience
que les épreuves
produisent dans le coeur du Résidu. Ces exercices ont pour point de départ, au
Psaume 129, la souffrance d’Israël, opprimé dès sa jeunesse, tandis que le
Psaume 130 nous montre ce que l’épreuve produit dans la conscience et dans le
coeur du peuple.
Ce phénomène n’est point rare dans les Psaumes ; il se présente,
par exemple, d’une manière très remarquable au Psaume 139, faisant partie de la
série qui va du Psaume 137 au 145. Le Psaume en question décrit les exercices
d’âme par lesquels le croyant est formé, pour connaître l’Éternel et marcher
dans ses voies. Tels sont aussi les Psaumes 32, 51, 88. C’est dire qu’une restauration
véritable
ne peut avoir lieu sans une oeuvre intérieure,
qu’il
s’agisse d’Israël ou de toute âme en général.
Cette oeuvre laisse nécessairement ici à l’arrière-plan Sion et Jérusalem, car l’âme est occupée essentiellement à se mettre en règle avec Dieu. L’omission presque complète, sauf au Psaume 129: 5, de Jérusalem, est d’autant plus frappante, que Sion forme la trame de toutes les autres séries, et qu’elle va reparaître dans tout son éclat dans la série qui suit celle-ci. Les bénédictions si élevées des Psaumes 132 à 134, ne pourront avoir lieu que lorsque le travail de repentance et d’humiliation aura eu son cours ; cette vérité ressort d’une manière frappante en Zach. 12: 10-14, car, après la délivrance du Résidu, une humiliation générale précède la reprise de ses relations avec le Messie.
Pour ce qui concerne la condition extérieure
du Résidu et
ses relations avec Sion, elles ne peuvent dépasser ce qui nous est dit au
Psaume 128, car nous y voyons la bénédiction, la prospérité et la paix établies
à Jérusalem et sur tout Israël pour tous les jours de la vie du Résidu,
c’est-à-dire, pour le Millénium. La quatrième série va nous énumérer les
bénédictions individuelles,
qui sont le résultat du travail de
conscience produit par l’oppression d’Israël. Dans la cinquième série enfin
(Ps. 132-134), nous trouverons, comme suite à ce travail d’âme, des
bénédictions communes,
ayant avant tout un caractère intérieur et
moral.
Comme nous l’avons dit, l’oppression est le point de départ du Cantique 129 : « Ils m’ont souvent opprimé dès ma jeunesse — qu’Israël le dise ». La détresse (Ps. 120), le mépris avec les insultes (Ps. 123), les larmes (Ps. 126), avaient caractérisé le premier Psaume de chacune des séries précédentes. « Qu’Israël le dise » : Israël tout entier est invité à se souvenir de son histoire passée et à la raconter, comme au Psaume 124, il était appelé à dire ce que l’Éternel avait été en grâce pour lui.
Notre Psaume est donc une récapitulation des événements qui ont
eu lieu dès le commencement de l’histoire du peuple, dès sa jeunesse.
C’est
ainsi qu’Israël avait été esclave et opprimé en Égypte. Le peuple se rappelle
cette circonstance, sans mentionner la désobéissance en vertu de laquelle les
tribulations avaient continué à peser sur lui, comme on le voit pour Éphraïm,
en Jér. 31: 19. Ici, nous avons la jeunesse des douze tribus dès le pays
d’Égypte, sous l’oppression du Pharaon ; oppression qui n’est pas présentée
comme le résultat de la fidélité ou de l’infidélité du peuple. Cela fait penser
que ces mots : « Ils m’ont
opprimé », nous montrent qu’Israël a les yeux
fixés sur un autre personnage que lui-même, type de tout ce qu’il a enduré. Or,
quand il s’agit de cet autre, du Fils, du petit enfant né dans la crèche,
poursuivi par Hérode et appelé hors d’Égypte, y avait-il une cause à toute la
haine des hommes contre lui ? Pourquoi donc le Seigneur de gloire avait-il
consenti à devenir l’esclave de l’homme « dès sa jeunesse » ? (Zach. 13: 5).
N’était-ce pas parce que, poussé par un amour divin, il était venu se
substituer à cette nation coupable, portant le joug qui pesait sur elle et
résolu, coûte que coûte, à la sauver ?
« Ils m’ont souvent opprimé dès ma jeunesse cependant ils n’ont pas prévalu sur moi » (v. 2). Israël ne pourra dire ces paroles qu’à la fin des temps. Jusqu’à ce jour, ses oppresseurs ont prévalu contre lui, et il est foulé aux pieds des nations (Lament. 3: 27). Mais le personnage mystérieux qui, dans ce Psaume, semble personnifier Israël, peut prononcer ces paroles, car il est sorti ressuscité de dessous le joug de ses ennemis, et toute la puissance de Satan n’a pu l’empêcher d’aller s’asseoir à la droite de Dieu. Quand Israël le verra, témoin de la victoire qu’il a remportée, il pourra, seulement alors, s’exprimer de la même manière.
« Des laboureurs ont labouré mon dos ; ils y ont tracé leurs longs sillons » (v. 3). La charrue des nations a creusé sur ce peuple ses marques douloureuses. Regrettera-t-il toutes ses tribulations passées ? Ces cicatrices auront-elles pour résultat, comme le voudrait l’ennemi, de garder à toujours Israël aux galères ? Non point ! Entre les mains du grand Semeur qui passe dans ce champ labouré, toutes ces souffrances sont destinées à produire une moisson abondante.
« L’Éternel est juste ; il a coupé les cordes des méchants » (v. 4). L’Éternel est juste envers son peuple, parce qu’il est juste envers Christ. Le moment venu, il mettra fin lui-même à leur esclavage. Les nations et les peuples qui s’étaient élevés contre l’Éternel et contre son Oint, en disant : « Rompons leurs liens, et jetons loin de nous leurs cordes », seront alors un sujet de dérision pour l’Éternel. Le Seigneur s’en moquera (Ps. 2). Bien plus, il rompra les cordes dont eux-mêmes, les méchants, cherchaient à enchaîner le Résidu affligé ; allusion, nous le pensons, au peuple de l’Antichrist.
« Qu’ils soient couverts de honte, et se retirent en arrière, tous ceux qui haïssent Sion » (v. 5). Sion est le centre des assauts de l’ennemi, comme elle est l’objet vers lequel convergent les espérances des fidèles. L’Assyrien est de nouveau spécialement en vue dans ce passage. Selon Ésaïe 37: 22, le prophète envoie la parole contre Sankhérib, roi d’Assyrie. « La vierge, fille de Sion, te méprise, elle se moque de toi ; la fille de Jérusalem secoue la tête après toi ». Puis il ajoute que, sur l’ordre de l’Éternel, les habitants des villes fortes en Israël avaient été couverts de honte, qu’ils avaient été comme « l’herbe des champs et l’herbe verte, comme l’herbe des toits et la récolte flétrie avant qu’elle soit en tige » (v. 27; 2 Rois 19: 26; cf. És. 33: 16). Maintenant, le jour de la rétribution est venu. L’Assyrien recevra, avec ses acolytes, ce qu’il a fait à d’autres quand il était l’instrument des châtiments divins sur le peuple. « Qu’ils soient comme l’herbe des toits, qui sèche avant qu’on l’arrache, dont le moissonneur ne remplit pas sa main, ni le lieur de gerbes son sein » (v. 6, 7). Ceux qui, tels que l’Assyrien, haïssent Sion, seront pareils à l’herbe des toits qui n’a pas de racine, à l’herbe parasite qui n’est pas semée dans le champ de Dieu et ne peut fleurir, ni porter semence, à l’herbe qui échappe de la main du moissonneur quand il vient lier ses gerbes pour les loger dans ses greniers. Quel contraste avec le Psaume 126: v. 6, où le moissonneur qui allait en pleurant, revient avec chant de joie, portant ses gerbes ! On trouve à la moisson, de l’ivraie mêlée au bon grain ; la première est d’abord liée en gerbes pour être brûlée ; c’est le triage des méchants d’avec les bons. Mais on trouve aussi l’herbe des toits, ceux qui, tout en haïssant Sion, prétendent y faire leur demeure. Ils seront déçus ; le premier venu les arrachera sans rien garder dans sa main. Il n’y aura pas même une place pour eux parmi les glanures de la moisson.
« Et les passants ne disent pas : La bénédiction de l’Éternel soit sur vous ! nous vous bénissons au nom de l’Éternel ! » (v. 8). Quand les étrangers d’entre les nations verront les gerbes magnifiques de l’Éternel, ils prononceront la bénédiction de Dieu sur Israël, comme ils avaient dit auparavant : « L’Éternel a fait de grandes choses pour ceux-ci » (Ps. 126: 2).
En résumé, Israël considère plutôt ici les oppresseurs, les
méchants, en particulier l’Assyrien, ennemi de Sion, et leur sort. Il repasse
sa propre histoire dès sa jeunesse. À chaque période de cette histoire,
l’oppression continue. Mais il voit aussi un homme, le vrai Israël, non
coupable, que les nations pensaient dépouiller impunément, la brebis muette
entre les mains des tondeurs, l’Israël qui a souffert injustement, tandis qu’aucune
mention n’est faite ici d’Israël souffrant pour ses iniquités. Mais « l’Éternel
est juste ». On ne voit pas ici, comme au Psaume 124: 7, que « le piège s’est
rompu », mais on voit l’Éternel intervenir directement : « Il a coupé les cordes
des méchants ». Leurs desseins sont réduits à néant ; Israël est délivré ;
l’esclavage a pris fin ; les iniques subissent leur sort.
Quant à l’appréciation morale de ce Psaume, nous nous bornerons à observer que, quels que soient les divers buts de Dieu en permettant l’épreuve de son peuple, que ce soit jugement, châtiment, discipline, il est un but final que le grand moissonneur ne perd jamais de vue, en permettant que la lourde charrue des épreuves et des afflictions passe et repasse sur le dos des siens. Le bon grain ne peut lever que dans un sol labouré et retourné. C’est donc pour que nous portions beaucoup de fruit, toujours davantage, que le Seigneur nous éprouve. Qui voudrait se plaindre d’avoir souffert, quand la tentation nous a appris la patience et l’expérience, et a formé notre coeur pour l’espérance ? Ainsi Christ est glorifié, car Dieu n’a d’autre but, en nous éprouvant, que d’accomplir « tout le bon plaisir de sa bonté et l’oeuvre de la foi en puissance, en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié » en nous, et nous en Lui, « selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ » (2 Thess. 1 :11, 12).
Les Psaumes 130 et 131 vont nous présenter, comme résultat de nos afflictions, la connaissance de nous-mêmes, puis le changement moral que l’épreuve produit dans nos coeurs. Dans la série suivante (Psaumes 132 à 134), nous trouverons le résultat final et complet de toutes les afflictions de Christ ; le dessein de Dieu à son égard étant de réunir toutes choses en Christ, vrai David, vrai Aaron, vrai Melchisédec, et de faire dépendre toute bénédiction de Lui. Nous aurons l’occasion de revenir en détail sur ce dernier sujet.
En présence de l’oppression du Psaume 129, que feront les justes ? Auront-ils recours aux oppresseurs, pour obtenir d’eux quelque soulagement ? Plusieurs seraient tentés de le faire (Ps. 73: 10; 125: 3) ; le fidèle, au contraire, se tourne vers Dieu : « Je t’ai invoqué des lieux profonds, ô Éternel ! » (v. 1). C’est un cri bien autrement poignant que celui des Psaumes 120:1 et 123:1. L’âme est dans l’abîme de l’affliction, de la détresse morale, et comme couchée parmi les morts. Nous n’avons pas ici le spectacle d’un pécheur éloigné de Dieu et vivifié par la grâce, mais celui d’un saint vivant, englouti, comme Jonas, par les grandes eaux (Jonas 2: 3-6; Ps. 69: 2, 14; Lament. 3: 55), qui se réveille et se rend compte de sa position. Son cri montre qu’il possède la vie. Il invoque le Dieu d’Israël et ses paroles arrivent à leur adresse (Jon. 2: 8). Le Psaume 107, préface de notre livre, met en lumière cette vérité qu’en toute circonstance celui qui crie à l’Éternel dans la détresse est délivré de ses angoisses. Un seul homme, Celui qui est mort sur la croix, n’a pas reçu de réponse, tandis que ceux qui criaient à Dieu étaient entendus.
Les « lieux profonds » peuvent avoir des caractères très divers : ils seront pour Israël la détresse de Jacob, la mort imminente sous l’Antichrist et la Bête, l’attaque de l’Assyrien, mais, en tout cas, ils sont l’expression d’une situation désespérée où l’on est sur le point d’être englouti, et dont nul que Dieu n’est capable de nous sortir. Lui nous reste ; nous crions : « Seigneur ! écoute ma voix ; que tes oreilles soient attentives à la voix de mes supplications ! » (v. 2). Dieu se tait… S’il ne donne pas, comme au Psaume 127, une réponse immédiate c’est qu’il veut, par le séjour dans les lieux profonds, produire un résultat dans notre conscience.
Le v. 3, nous montre ce résultat « Ô Jah ! si tu prends garde aux iniquités, Seigneur, qui subsistera ? » L’âme se rend bien compte qu’elle implore le secours du Dieu qu’elle a offensé par ses iniquités ; et qui subsistera devant un tel Juge ? Devant lui, moi, pécheur, que vais-je devenir ? L’homme juge donc ici son état, comme pécheur, lui ôtant toute possibilité de se présenter devant Dieu et d’entrer en relation avec Lui.
« Mais il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (v.
4). Oh ! quelle découverte l’âme fait, à ce moment-là ! Le Dieu juge
est
le Dieu qui pardonne
! Si sa justice condamne le péché, elle justifie le
pécheur, car elle s’est mise au service de la grâce. Pauvre affligé, tu le
connais maintenant ! Si ton état te condamne, tu peux te confier pleinement en
son amour. Mais s’il te pardonne, c’est afin d’être craint
. Il ne passe
pas légèrement l’éponge sur tes péchés, et tu l’apprends — avec quelle crainte
— quand tu vois ce qu’il lui en a coûté et de quelle manière il a pu te
pardonner (Rom. 3: 24-26; Éph. 1: 7; Col. 1: 14).
Les quatre premiers versets de ce Psaume sont donc caractérisés par le sentiment du péché, uni à la connaissance de la grâce. Cette connaissance donne au travail de conscience sa vraie profondeur, car nous ne mesurons l’horreur de notre situation qu’à l’effort déployé par notre Sauveur pour nous en tirer. Elle produit en même temps la crainte, car Dieu ne nous pardonne pas parce qu’il lui importe peu que nous péchions de nouveau ; au contraire, son but en nous rachetant à si grand prix est que nous nous conduisions désormais avec crainte pendant le temps de notre séjour ici-bas (1 Pierre 1: 17-21).
Les précieuses expériences du commencement de ce Psaume
conduisent, dans les versets 5 à 8, à l’espérance
(cf. Rom. 5: 3, 4).
L’âme s’attend à l’Éternel. Cette attente, elle vient d’en éprouver les effets :
« J’ai attendu l’Éternel ; mon âme l’a attendu, et j’ai eu mon attente en sa parole »
(v. 5) ; car elle a reçu bien plus qu’une délivrance extérieure, comme lorsque
l’Éternel avait « coupé les cordes des méchants » ; elle a reçu une délivrance
morale par le pardon de ses péchés, et la parole de Dieu lui a apporté la
conviction de cette délivrance.
« Mon âme attend le Seigneur, plus que les sentinelles
n’attendent le matin, que les sentinelles n’attendent le matin » (v. 6).
Maintenant elle attend le Seigneur lui-même
. C’est ce qui arrivera au
Résidu. Sa joie ne sera accomplie que lorsque le Seigneur, dont l’oeuvre en sa
faveur lui sera déjà connue, se manifestera personnellement à lui dans sa
gloire, et qu’il le verra de ses yeux. Il en est de même aujourd’hui pour nous ;
la connaissance de son oeuvre a pour suite la connaissance de sa personne ; mais
une chose nous manque encore, c’est de le voir. De là, le désir et l’attente de
sa venue. Or, plus nous l’attendons, plus notre espérance croît en intensité ;
le désir devient un besoin pressant et constant : « plus que les sentinelles
n’attendent le matin, que les sentinelles n’attendent le matin ». Notre âme
n’est plus accablée par les ténèbres profondes qui pèsent sur le monde ; nous
savons que la nuit est fort avancée et que le jour est près de paraître. Tous
nos désirs se portent vers lui, car le lever du jour, c’est le Seigneur
lui-même.
« Israël, attends-toi à l’Éternel ; car auprès de l’Éternel est la
bonté, et il y a rédemption en abondance auprès de lui ; et lui rachètera Israël
de toutes ses iniquités » (v.7, 8). Le fidèle appelle maintenant le peuple tout
entier à faire les mêmes expériences que lui, à commencer par où lui a
commencé. Aucun passage de l’Ancien Testament ne correspond autant à l’Évangile
de la grâce que nous prêchons aujourd’hui. Cet Évangile se résume en ceci : Dieu
est amour :
« auprès de lui est la bonté ». Il est un Dieu sauveur :
« il
y a rédemption en abondance auprès de lui ». Il est un Dieu puissant
:
« il rachètera Israël de toutes ses iniquités ».
En un sens,
nous trouvons dans ce Psaume l’expression de
l’âme de Christ. Il a crié des lieux profonds et s’est attendu patiemment à
l’Éternel ; il a porté nos iniquités sous les yeux du Dieu juste et saint ; mais
ici, le Résidu proclame ces choses avec le sentiment humiliant de ses propres
péchés, tandis qu’aucune iniquité n’a été trouvée en Christ, alors qu’il
portait nos forfaits. Aussi a-t-il été délivré « à cause de sa piété », tandis
que le Résidu, tout pieux et intègre qu’il soit, est obligé de dire : « Si tu
prends garde aux iniquités, qui subsistera ? » sa seule ressource étant la rédemption
opérée par Christ.
Dans un Psaume tel que celui-ci, les expériences d’Israël et les nôtres se confondent nécessairement. Quoique nos circonstances diffèrent du tout au tout, le travail intérieur qui nous amène à la pleine connaissance du salut et à l’attente du Seigneur doit être analogue au leur, et c’est ce qui rend ce Psaume infiniment précieux pour tout coeur chrétien.
Au Psaume 131, nous trouvons encore d’autres progrès. Quand on se sent jugé en présence du Dieu saint et dans sa lumière (Ps. 130), le coeur est humble. « Éternel ! mon coeur n’est pas hautain, et mes yeux ne s’élèvent pas ; et je n’ai pas marché en des choses trop grandes et trop merveilleuses pour moi » (v. 1). Telle avait été sans doute l’expérience de David, auteur de ce Psaume, après qu’il eut eu à faire avec Dieu. (Voyez Ps. 35 et 51.) Mais ce passage rappelle particulièrement le Psaume 139, également composé par le roi prophète. Son âme, convaincue qu’elle ne peut échapper à Dieu, renonce une fois pour toutes à la prétention habituelle des sages parmi les hommes, qui est de chercher à se connaître soi-même : « Connaissance trop merveilleuse pour moi », dit-il au v. 6, « si élevée que je n’y puis atteindre ! » Dieu seul me connaît et m’aime malgré tout ; je m’en rapporte à sa connaissance, car la mienne, toujours incomplète, laisserait dans mon coeur des régions inexplorées, dans lesquelles mon orgueil naturel trouverait à se satisfaire. Tel que je suis, je ne puis être jugé, en réalité, que par Dieu lui-même.
Au v. 2, le coeur accepte, sans se plaindre, la volonté de Dieu :
« N’ai-je pas soumis et fait taire mon âme, comme un enfant sevré auprès de sa
mère ? Mon âme est en moi comme l’enfant sevré ». C’est une volonté d’amour,
semblable à l’amour d’une mère pour son nourrisson ; bien que pénible
extérieurement, elle est agréable au coeur, parce qu’elle provient d’un Dieu
qui nous aime. Si elle nous sèvre
en nous privant de la jouissance des
relations naturelles, comme un enfant du lait de sa mère, c’est pour nous
donner une nourriture plus solide, une nourriture spirituelle, un Christ
céleste, un aliment qui fait croître les êtres sevrés jusqu’à la stature des
hommes faits.
Pour ce qui concerne Israël, le progrès, dans ce passage, est
évident. Ses relations avec le Messie subsisteront, mais non plus telles que
les disciples juifs les avaient eues autrefois avec un Christ selon la chair.
C’est un Christ ressuscité qui se présentera comme le Sauveur et le Roi de son
peuple. S’il le prive de ses anciennes relations avec Lui, Israël ne pourra que
gagner à être auprès de son Messie glorieux. Le Psaume 130 nous a fait
connaître un Christ rédempteur, prêt à revenir, comme objet de l’espérance de
son peuple ; dans notre Psaume, il devient sa nourriture. Israël trouvera sa
satisfaction dans ces relations nouvelles, quoique privé des plus douces
relations que la terre puisse offrir dans le passé. Quand le lait manque, la
nourriture solide le remplace, mais, bien plus, la mère reste. L’enfant sevré
est « auprès de sa mère ».
L’amour de Dieu (la mère) n’en est que mieux
connu, mieux apprécié ; la joie et la prospérité du peuple s’en accroissent.
« Israël, attends-toi à l’Éternel, dès maintenant et à toujours ! »
(v. 3). Le résultat de toutes ces expériences est qu’Israël s’attend à Lui pour
les besoins de l’âme, comme au Psaume 130, pour la rédemption. Dans ses
épreuves, le coeur du fidèle a été affermi, a acquis une pleine certitude de
l’amour de Dieu. Il dit : « Israël, attends-toi à l’Éternel, dès maintenant et à
toujours ».
Il exhorte les autres, parce qu’il se fonde lui-même, pour
l’avenir, sur un amour intarissable dont il possède actuellement les preuves
absolues.
Ces trois versets nous présentent un beau tableau de la croissance
de l’âme, après sa délivrance des lieux profonds. L’humilité, la
soumission, l’affranchissement des liens naturels, devenus une servitude, enfin
une entière dépendance de Dieu. Que ce soit notre part à tous !
Ici se termine la description de l’état moral produit dans le coeur d’Israël, par toutes les voies de Dieu à son égard.
Lors de la consécration du temple, une partie de ce Psaume fut prononcée par Salomon. Le roi termine sa prière par ces mots : « Et maintenant, Éternel Dieu ! lève-toi pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force ! Que tes sacrificateurs, Éternel Dieu, soient revêtus de salut, et que tes saints se réjouissent en ta bonté ! Éternel Dieu, ne repousse pas la face de ton Oint ; souviens-toi de tes grâces, envers David, ton serviteur » (2 Chron. 6: 41, 42). Cependant la Parole se tait sur l’attribution de ce Cantique. Le fait est que nous pouvons en placer la première partie dans la bouche de David, la seconde dans celle de Salomon, la troisième, enfin, dans la bouche de l’Éternel, qui nous présente Christ, vrai David et vrai Salomon, comme la réponse à toutes les demandes et à tous les désirs du coeur des siens. Sa personne est placée au tout premier rang dans les Psaumes qui forment cette dernière série et sont le couronnement des Cantiques des degrés. Dans celui qui nous occupe, Christ est l’Oint, le vrai Roi, tandis que nous le verrons au 133, vrai Aaron, Souverain Sacrificateur, et au 134, vrai Melchisédec, roi de justice et de paix, réunissant dans sa personne la royauté dans sa plénitude et la sacrificature qui ne se transmet pas. Ainsi la collection tout entière des Cantiques des degrés se termine par la pleine manifestation de Christ dans la gloire de son royaume millénaire.
« Éternel, souviens-toi de David et de toutes ses afflictions !
Comment il a juré à l’Éternel, et fait un voeu au Puissant de Jacob : Si j’entre
dans la demeure de ma maison, si je monte sur le lit où je couche, si je
permets à mes yeux de dormir et à mes paupières de sommeiller, jusqu’à ce que
j’aie trouvé un lieu pour l’Éternel, des demeures pour le Puissant de Jacob ! »
(v. 1-5). Toutes les afflictions de David avaient pour but de trouver une
habitation pour le trône de Dieu. Il amena ce trône, l’arche, à Jérusalem, mais
ne put bâtir la maison, quoiqu’il en eût préparé tous les matériaux. Il pouvait
dire à la fin de sa carrière : « Voici, dans mon affliction,
j’ai
préparé » toutes ces choses pour la maison de l’Éternel (l Chron. 22: 14).
Aux v. 6 et 7, David raconte ce qu’il a fait pour l’arche. Ayant entendu parler d’elle à Éphrata (probablement Éphraïm où était le tabernacle de Silo), il l’avait trouvée dans les champs de Jaar (Kiriath-Jéarim, 1 Chron. 13: 5), et amenée à Jérusalem. Le trône de Dieu avait désormais une demeure, mais seulement « sous des tapis », et le peuple venait se prosterner devant lui, comme devant le marchepied des pieds de l’Éternel. (Cf. Ps. 99: 5; Lam. 2: 1; 1 Chron. 28: 2.)
Au v. 8, Salomon prend la parole, lors de la consécration du temple : « Lève-toi, Éternel ! pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force ! » Le repos mentionné par Salomon est une image imparfaite d’un repos encore à venir, car alors l’arche ne s’y retrouvera plus. « Et il arrivera », dit Jérémie, « que, quand vous aurez multiplié et fructifié dans le pays, en ces jours-là, dit l’Éternel, on ne dira plus : L’arche de l’alliance de l’Éternel ! Et elle ne montera plus au coeur, et on ne s’en souviendra pas, et on ne la visitera pas, et on ne fera plus cela » (Jér. 3: 16). Nous verrons plus bas ce qui la remplacera, mais ce passage nous présente, dans l’état d’imperfection, les désirs de Salomon, au moment où il semblait avoir trouvé une demeure définitive pour le Puissant de Jacob, pour le Dieu des patriarches qui avait délivré David de toutes ses afflictions, comme il avait jadis délivré Joseph (Actes 7: 10; Gen. 49: 24), comme il délivrera plus tard Israël (És. 60: 16).
Salomon présente sa requête à Dieu. l° Au sujet de la maison : « Lève-toi, Éternel, pour entrer dans ton repos, toi et l’arche de ta force ! » 2° Au sujet de la sacrificature : « Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice ». 3° Au sujet des saints : « Que tes saints chantent de joie ». 4° Au sujet de lui-même : « À cause de David, ton serviteur, ne repousse pas la face de ton Oint » (v. 8-10).
Au v. 11, l’Éternel répond d’abord à la dernière demande du roi
au sujet de lui-même : « L’Éternel a juré à David en vérité, il n’en reviendra
pas : Je mettrai du fruit de ton ventre sur ton trône. Si tes enfants gardent
mon alliance et mes témoignages que je leur enseignerai, leurs fils aussi
seront assis à perpétuité sur ton trône ». La première partie de cette réponse
est inconditionnelle
; l’Éternel a juré et il n’en reviendra pas. Pour
montrer l’immutabilité de son conseil, il est intervenu par un serment à David,
comme jadis à Abraham. La descendance de David occupera son trône ; car Dieu a
en vue son Christ, la postérité de David. La seconde partie de la réponse est conditionnelle :
si la descendance de David, selon la chair, garde l’alliance de la loi et
ses préceptes, elle sera établie à perpétuité sur son trône, à commencer par
Salomon lui-même. L’histoire de la royauté de Juda est là pour nous montrer
comment cette condition a été remplie.
Aux v. 13 à 18, nous trouvons la réponse complète et définitive
de Dieu aux aspirations du coeur de Salomon. Ici, nous entrons en pleine scène
de bénédictions millénaires, mais rappelons, en premier lieu, que ces
bénédictions sont basées sur le fait que l’Éternel se souvient de toutes les
afflictions du vrai David.
Tel est son point de départ, le seul fondement
sur lequel il puisse édifier la gloire à venir dont son peuple jouira. Sans ces
afflictions, il n’y aurait point de repos dans la gloire future, même
terrestre. Christ a cherché, au prix de ses souffrances, un repos pour
l’Éternel, Dieu d’Israël, et pour le Puissant de Jacob, Dieu des patriarches,
et a juré à l’Éternel qu’il le lui procurerait. Le serment du vrai David
s’accomplira aussi pleinement que celui de l’Éternel à David. Nous disons : le vrai
David, car hélas ! David, fils d’Isaï, a donné un triste épilogue à son
serment. À peine l’arche avait-elle été ramenée à Jérusalem, que David,
cherchant du repos pour lui-même, monta sur le lit où il couchait (2 Sam. 11:
2), inaugurant ainsi sa chute. Il n’en est pas de même de Christ ; comme son
Père il travaille jusqu’à maintenant, « ne permettant pas à ses yeux de dormir »,
et il ne « se reposera dans son amour » (Soph. 3: 17), que lorsqu’il aura atteint
son but.
Un des caractères du repos de l’arche était d’être inauguré après que les ennemis d’Israël avaient été dispersés (Nomb. 10: 35, 36), et c’est aussi ce qui caractérise ce Psaume. Le repos est introduit ; le peuple — roi, sacrificateurs et saints — exprime devant Dieu les désirs qui remplissent son âme, et l’Éternel y répond par la perfection millénaire.
À la demande de Salomon : « Lève-toi pour entrer dans ton repos,
toi et l’arche de ta force », Dieu répond en présentant Sion
, le grand
sujet des Cantiques des degrés, comme le lieu de son repos. Comme nous l’avons
vu, le peuple ne retrouvera pas l’arche, Sion la remplacera. L’Éternel lui-même
y habitera ; son trône sera mille fois au-dessus de celui qu’il occupait entre
les chérubins. « Car l’Éternel a choisi
Sion ; il l’a désirée
pour
être son habitation » (v. 13) ; tel est le libre choix de son amour. Certes, il
n’y avait rien dans le caractère de Sion qui pût attirer les désirs de Dieu,
mais ce qui la lui fait choisir, c’est qu’elle est l’endroit où sa grâce
a
établi la royauté. C’est pourquoi les yeux de Dieu ne se détournent jamais
d’elle. Sur la montagne de la grâce, il a édifié ses conseils éternels. Sion
les représente tous pour lui. Sur cette montagne fut dressée la croix, l’autel
de Morija, où la grâce se glorifia vis-à-vis du jugement. Elle reste à toujours
le lieu de sa bonté ; c’est là qu’il « rassasiera de pain ses pauvres » (v. 15).
Sion est le lieu de la puissance et de la victoire, celui de la paix et de la
justice, du salut et de la gloire ; le lieu de la sacrificature et de la
royauté ; le lieu de la louange et de la joie ; c’est là que Dieu a manifesté
toutes ses perfections, là qu’il habitera et se reposera à toujours !
Combien la demande de Salomon était inférieure à ces réponses ! Son regard pouvait embrasser le parvis de ce temple où l’arche avait enfin trouvé sa place ; les yeux de l’Éternel se reposent, non pas sur le temple, mais sur cette Sion dont il aime les portes plus que toutes les demeures de Jacob. Oui, certes, « des choses glorieuses sont dites de toi, cité de Dieu ! » (Ps. 87: 2, 3).
« Que tes sacrificateurs soient revêtus de justice et que tes saints chantent de joie », disait Salomon. Dieu répond : « Je revêtirai de salut les sacrificateurs de Sion ». C’est plus encore que la justice, c’est le salut millénaire dont ils hériteront devant toutes les nations (És. 61: 10). Il ajoute encore : « Ses saints exulteront en chantant de joie » (v. 16), d’une joie qui dépassera toutes les limites des désirs d’un coeur pieux (Jér. 31: 12). Ce sera la vraie fête des tabernacles dont il était dit : « Tu ne seras que joyeux » (Deut. 16: 15). Ce salut et cette joie sont intimement liés à la gloire de Sion, dont eux seront les saints et les sacrificateurs.
« À cause de David, ton serviteur », disait Salomon, « ne repousse
pas la face de ton Oint ». En 2 Chron. 6: 42, il s’exprime un peu différemment :
« Éternel Dieu, ne repousse pas la face de ton oint ; souviens-toi de tes
grâces,
envers David, ton serviteur ». Le sens de ce mot est : Souviens-toi
des bontés qui sont en toi
envers David, car ainsi tu ne peux repousser
ma face, la face de ton Oint. Il demandait que Dieu le reçût, lui, son oint,
non sur le pied de sa responsabilité, mais de sa bonté à Lui. Dieu lui répond,
non pas au sujet de David, ni de Salomon, mais au sujet de Christ.
En
Sion, Dieu « fera germer la corne de David », en Sion, il a « préparé une lampe à
son oint ». Ses ennemis seront rendus confus devant Lui ; ils seront « revêtus de
honte », comme ses sacrificateurs seront « revêtus de salut ». Il n’en sera pas du
Messie comme de la famille de David, dont il est dit : « Mais tu l’as rejeté et
tu l’as méprisé, tu as été courroucé contre ton oint. Tu as répudié l’alliance
de ton serviteur, tu as profané sa couronne jusqu’en terre » (Ps. 89: 38, 39) ;
non, car « sur Lui fleurira sa couronne » à jamais !
Résumons cet admirable Cantique. Nous y trouvons un ensemble de
bénédictions qui caractérisera le millénium. Sion, la montagne où Dieu a établi
en grâce la royauté de David, deviendra le centre béni du royaume. Christ, le
Roi, l’Oint de l’Éternel, y dominera en puissance, et son diadème fleurira sur
lui, témoin merveilleux du printemps éternel qu’il inaugurera. Le Résidu qui a
souffert, ces pauvres du troupeau, jadis méprisés, balayures du monde,
recevront une abondante nourriture et seront rassasiés de la main même de leur
Roi. Les saints,
ce peuple qui désormais partagera le caractère de
Christ (*), jouiront d’une joie sans mélange,
et les sacrificateurs, délivrés du péché et de toutes ses conséquences,
pourront servir le Seigneur et l’adorer en Sion pendant l’incomparable période
du règne de justice et de paix sur la terre.
(*) Le mot « Khasid » (saint, ou pieux), est appliqué à Christ (Ps. 16: 10; 89: 19) aussi bien qu’aux saints.
Transportez cette scène dans le ciel et vous pourrez, d’après ce Psaume, énumérer toutes les bénédictions de l’Église en présence de l’Agneau qui occupe le milieu du trône.
Le dessein final de Dieu est, comme nous l’avons vu
précédemment, de réunir en un
toutes choses dans le Christ. Les Psaumes
132 à 134 couronnement des Cantiques des degrés, nous présentent cette vérité
d’une manière très remarquable.
Le Psaume 133 célèbre l’unité retrouvée des douze tribus d’Israël, l’un des grands sujets du cinquième livre des Psaumes. La période où « le bâton Liens avait été brisé pour rompre la fraternité entre Juda et Israël », cette période a maintenant pris fin. Le retour de Juda et d’Israël convertis, dans leur pays, a inauguré le rassemblement du peuple, dont parle le prophète Ézéchiel (37: 16-22).
Maintenant David, auteur de ce Psaume, peut dire : « Voici, qu’il est bon et qu’il est agréable que des frères habitent unis ensemble ! » (v. 1). Le roi prophète avait pu avoir quelque avant-goût de cette bénédiction après la réunion des tribus à Hébron, mais son oeil prophétique ne s’en contente pas, et considère cette union, lorsqu’elle sera réalisée pour toujours et ne courra plus le danger de se dissoudre, à peine formée.
Mais on trouve ici une chose beaucoup plus précieuse que la
simple union des tribus : elles forment une unité
semblable aux rapports
extérieurs de la tête du souverain sacrificateur avec ses vêtements.
Quelque
précieuse qu’elle soit, cette unité n’est sans doute pas identique avec celle
de l’Église, unie par un seul Esprit, en un seul corps,
avec son chef
glorieux dans le ciel. Ici, nous avons plutôt l’unité morale des tribus
restaurées et leur communion avec le Christ. « C’est comme l’huile précieuse,
répandue sur la tête, qui descendait sur la barbe, la barbe d’Aaron, qui
descendait sur le bord de ses vêtements » (v. 2). Le Saint Esprit, représenté
par l’huile précieuse qui servait à l’onction d’Aaron, sera la source de
l’unité d’Israël. Cette huile, Aaron seul, en vertu de son caractère, était
digne de la recevoir, lors de sa consécration, sans accompagnement du sang,
symbole de l’expiation. Il en fut de même de Christ, lorsqu’au baptême de Jean,
l’Esprit descendit comme une colombe et demeura sur lui. Lorsque, d’autre part,
les sacrificateurs, fils d’Aaron, étaient aspergés d’huile et de sang, lors de
leur consécration (Ex. 29: 21), Aaron se plaçait au milieu d’eux et était
aspergé de la même manière, l’Esprit Saint indiquant ainsi que l’union avec le
chef de la famille sacerdotale ne pouvait avoir lieu qu’en vertu de
l’expiation.
Ici, l’oeuvre étant accomplie, l’onction répandue sur la tête d’Aaron, se communique jusqu’au bord de ses vêtements, à la partie la plus éloignée de la tête.
Pour avoir part à cette huile précieuse, il fallait être
sacrificateur. Elle était essentiellement destinée à la maison d’Aaron et aux ustensiles
du tabernacle ; on n’en pouvait verser « sur la chair de l’homme » (Ex. 30: 32,
33) ; c’était une huile sainte, ne pouvant entrer en contact qu’avec une nature
qui appartint à l’Éternel. Un étranger à la sacrificature n’y avait aucun
droit. Elle mettait entièrement à part Aaron et sa famille. Dans ce passage, le
peuple, le vrai Israël, le Résidu, est considéré comme faisant tout entier
partie
de la sacrificature (És. 61: 6). Ainsi se réalisera cette parole, promise au
peuple en Sinaï, sous condition d’obéissance et à laquelle il avait totalement
manqué : « Vous me serez un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Ex.
19: 6; cf. 1 Pierre 2: 9).
Au bord du vêtement du souverain sacrificateur étaient des clochettes alternant avec des grenades de bleu, de pourpre et d’écarlate (Ex. 28: 33-35). Les clochettes se faisaient entendre, lors de l’entrée et de la sortie du souverain sacrificateur, et lui servaient de témoignage quand il faisait son service dans le lieu saint. En un sens, ce sont les croyants eux-mêmes qui servent de témoignage, soit qu’ils appartiennent à Israël ou à l’Église. Lorsque le Seigneur apparaîtra en gloire, sortant du sanctuaire céleste, comme souverain sacrificateur selon le type d’Aaron, Israël en sera témoin et l’annoncera par l’Esprit ; de même que Christ, étant entré dans les lieux saints pour aller s’asseoir à la droite de Dieu, l’Église l’a annoncé et en rend encore témoignage par ce même Esprit envoyé du ciel.
Les grenades de bleu, de pourpre et d’écarlate représentent le fruit porté par la sacrificature, soit en rapport avec le ciel, que le bleu représente toujours — et ce fruit-là est plus spécialement la part du chrétien — soit en rapport avec la dignité de Christ comme Messie et avec le royaume (pourpre et écarlate), et ce fruit concerne plus particulièrement le peuple juif.
L’huile de l’onction du souverain sacrificateur coulera jusqu’au bord de ses vêtements, c’est-à-dire que le Saint Esprit donnera leur unité et leur puissance au témoignage et à l’oeuvre des saints d’alors, comme à ceux des saints d’aujourd’hui.
« Comme la rosée de l’Hermon, qui descend sur les montagnes de Sion » (v. 3). La bénédiction du v. 2, l’huile précieuse, était pour les frères ; la rosée de l’Hermon s’adresse au pays tout entier. Cette montagne, située à l’extrémité nord du pays d’Israël, le domine de ses 3000 mètres, seule montagne de cette région dont le sommet, dressé dans le ciel, garde sa neige toute l’année. L’Hermon attire par sa position la rosée du ciel qui descend jusqu’aux montagnes de Sion. Que sont-elles, ces montagnes, comparées à l’Hermon ? Elles dépendent de lui seul pour recevoir la pluie des bénédictions célestes. Il en sera de même, quand la présence glorieuse du Christ répandra cette rosée rafraîchissante sur son peuple et sur la cité bien-aimée.
Nous voyons donc dans ce Psaume l’unité de la sacrificature, l’unité de la famille d’Israël et de la nation sainte, rétablies. Est-il besoin d’ajouter que nous, chrétiens, nous avons déjà part, mais à un point de vue bien plus élevé, à toutes ces grâces (1 Pierre 2: 9) ?
Sion est devenue désormais le centre de la royauté et de la gloire millénaire, « car c’est là que l’Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l’éternité » (v. 3). Il ne s’agit plus ici, comme par le passé, d’un peuple selon la chair, en relation avec l’Éternel, relation qui ne lui a profité de rien, mais c’est l’union vivante d’un Israël nouveau avec Christ, établie pour l’éternité. Ce passage, et celui de Daniel 12: 2, sont les seuls de l’Ancien Testament qui parlent de vie éternelle, et encore ne s’agit-il, à proprement parler, que du « siècle des siècles », du règne de mille ans, bien que, cela va sans dire, le peuple des croyants terrestres, loin de mourir après le millénium, doive faire partie de la terre nouvelle où la justice habite.
Toute la série des Cantiques de Sion se termine par la bénédiction millénaire, ayant Sion pour siège et la maison de l’Éternel pour centre plus intime. Nous voyons, à la fin du prophète Ézéchiel, quelle place importante le temple occupe lors de la régénération d’Israël. « Voici, bénissez l’Éternel, vous, tous les serviteurs de l’Éternel, qui vous tenez durant les nuits dans la maison de l’Éternel ! » (v. 1). Quelque image de beauté que cette scène terrestre suggère, la bénédiction chrétienne, étant céleste, lui est bien supérieure. On trouve encore ici les nuits alternant avec les jours, bien que les nuits mêmes soient employées à se tenir dans la maison de l’Éternel, pour le bénir. La nouvelle Jérusalem, cité céleste, n’aura plus de temple, n’aura plus de nuit (Apoc. 21: 22 ; 22:5).
« Élevez vos mains dans le lieu saint, et bénissez l’Éternel » (v.
2). Il ne reste ici qu’un peuple de sacrificateurs et de Lévites servant
l’Éternel et le bénissant dans sa maison. Ce Psaume et le précédent rappellent
les relations d’Israël avec Dieu, décrites dans le Deutéronome : un peuple
réuni autour de l’Éternel, en rapport direct avec Lui, au lieu où il a fait
habiter son nom ; les sacrificateurs et les Lévites ne servant plus
d’intermédiaires entre le peuple et Dieu, mais s’employant au service de la
maison et à la louange. Seulement le caractère de cette louange correspond ici
à celui de la sacrificature de Melchisédec.
Lui, l’Éternel, dont le nom
revient cinq fois dans les trois versets de ce Psaume, est Celui qui conduit la
louange, et comme la bénédiction monte par Lui, de la bouche des siens dans le
temple, elle descend de Sion, le siège de son trône, sur tout son peuple, car
il est « sacrificateur sur son trône » (Zach. 6: 13). « Que l’Éternel qui a fait
les cieux et la terre, te bénisse de Sion ! » (v. 3). C’est Lui qui a fait les
cieux et la terre — ce nom revient trois fois dans les Cantiques des degrés.
C’est le nom du seul Dieu, en rapport avec la création, titre millénaire s’il
en fut, et proclamé tel, en contraste avec les dieux des nations (2 Rois 19:
15; És. 37: 16; Jér. 51, 15) ; nom semblable à celui dont Melchisédec bénit
Abraham (Gen. 14: 19), nom sous lequel Hiram, roi des nations, reconnaît le
Dieu d’Israël sous le règne glorieux de Salomon.
Mais la bénédiction du peuple part de Sion, car c’est là, sur la montagne de la grâce, qui demeure à toujours, que l’Éternel a trouvé son repos à perpétuité.
Ces deux Psaumes forment le complément indispensable des
Cantiques des degrés. Jusqu’ici la louange avait attendu « dans le silence en
Sion » (Ps. 65: 1) ; maintenant elle éclate, ou, plus exactement, nous en
trouvons les paroles
dans la bouche des serviteurs de l’Éternel que nous
avons vus, au Psaume 134, élevant leurs mains dans le lieu saint. « Louez le nom
de l’Éternel ; louez-le, serviteurs de l’Éternel, qui vous tenez dans la maison
de l’Éternel, dans les parvis de la maison de notre Dieu ! » (v. 1, 2). C’est
ainsi que parle notre Psaume, avec les mêmes expressions que le précédent.
« Louez Jah ! car l’Éternel est bon ; chantez des cantiques à la gloire de son nom ! car il est agréable » (v. 3). Au Psaume 147 :1, ses louanges sont bonnes et agréables ; au Psaume 133:1, l’unité d’Israël restauré est bonne et agréable. N’oublions pas que l’union des saints a autant de prix aux yeux de Dieu que la louange ; mais ici, dans notre Psaume, c’est lui-même et la gloire de son nom qui sont une chose bonne et agréable. Ces trois côtés de la bénédiction constitueront la jouissance terrestre et millénaire, mais, sous un aspect bien plus précieux encore, notre jouissance céleste, car l’assemblée universelle réunie autour du Seigneur pour l’adorer, et la communion ininterrompue avec le Père et avec le Fils, seront notre part durant l’éternité.
Les versets 5 à 12 relient les merveilles de sa création à
celles qu’il a accomplies pour Israël. Cette pensée est très précieuse. le Dieu
souverain, créateur et conservateur de toutes choses, est intervenu, à un
moment donné, en faveur de son peuple. Il a fait, non de sa création, mais
d’Israël, le but de toutes ses voies. Aucun objet n’avait pour lui pareille
importance, et cette pensée nous est présentée ici, comme si rien de notable ne
se fût passé entre la création et la délivrance d’Égypte. Pourquoi ? Parce que
sa souveraine grâce s’était « choisi Jacob, Israël, pour son trésor particulier »
(v. 4). Ce nom de Jacob comprend toujours les douze tribus considérées dans
leur ensemble et dans leur unité. Mais ce Jacob, nom de faiblesse du
patriarche, est le « trésor particulier » de l’Éternel ; c’est le Résidu, jadis
humilié et sans apparence, de Mal. 3: 17. Dieu conduit ce peuple bien-aimé
jusqu’à l’héritage de Canaan, mais ce n’est qu’en ce jour de louange et de
délivrance qu’il réalise la possession de cet héritage. La Canaan d’autrefois
avait été la scène de misères sans nom, de chutes et d’abominables idolâtries ;
dans la Canaan nouvelle, toutes les idoles sont jugées et leur néant reconnu,
comme si l’idolâtrie n’avait jamais fait partie de son histoire (v. 15-18), car
le nouvel Israël peut dire : « Éternel ! ton nom est à toujours ; Éternel ! ta
mémoire est de génération en génération » (v. 13). Sa « mémoire »
signifie
son nom, tel qu’il l’avait révélé autrefois aux patriarches, le nom du Dieu de
grâce, du Dieu puissant et fidèle à toutes ses promesses. C’est ainsi que, plus
tard, il s’est fait connaître par Moïse à son peuple opprimé en Égypte :
« L’Éternel, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le
Dieu de Jacob… c’est là mon nom éternellement, et c’est là mon mémorial
de
génération en génération » (Ex. 3: 15). Et ce même nouvel Israël peut dire
maintenant : « L’Éternel jugera (fera justice à) son peuple et se repentira en
faveur de ses serviteurs » (v. 14), car c’est sous ce caractère qu’il se fait
connaître à eux, en Deut. 32: 36, après que ses jugements ont eu leur cours.
Aux v. 19, 20, la maison d’Israël, les douze tribus restaurées,
forment un tout avec la sacrificature et la maison de Lévi, pour bénir
l’Éternel. Ce n’est plus comme en Zach. 12: 11-14, l’humiliation et la
repentance, quand, à Jérusalem, chaque famille se lamentera à part.
Cette
humiliation a précédé le moment joyeux et béni dont parle notre Psaume, et si
nous avions à la chercher dans les Cantiques des degrés, nous la trouverions au
Psaume 130:1-3.
Le privilège de bénir l’Éternel s’étend désormais à toutes les
nations, converties par l’Évangile du royaume : « Vous qui craignez l’Éternel,
bénissez l’Éternel ! » (v. 20). Au v. 21, l’Éternel, le Messie, habite maintenant
à Jérusalem et, comme au commencement du Psaume, la bénédiction monte vers Dieu
de son temple,
elle monte ici de Sion
vers l’Éternel, le Roi qui
habite à Jérusalem.
Au Psaume 136, nous retrouvons le même courant d’idées et
d’expressions, mais une pensée y est ajoutée, qui domine le Psaume tout entier : « Car sa bonté demeure à toujours ». Nous avons fait remarquer plus d’une fois
que cette expression est la louange prononcée à l’aube du millénium (*). Toutes les voies de Dieu envers son peuple et
envers sa création sont maintenant reconnues comme provenant d’une source
unique, de sa bonté qui demeure à toujours. En effet, sa bonté n’avait jamais
changé, mais, ce que le peuple ne pouvait reconnaître sous les jugements de
Dieu, il peut le constater au jour qui suit la délivrance. Israël avait changé,
mais Dieu reste immuable, et il le prouve en donnant enfin l’héritage à Israël,
son serviteur
(v. 22). Israël n’y entre pas seulement comme peuple
(voyez 135: 12), mais comme le serviteur de l’Éternel.
(*) Comme preuve de ce que nous avançons, lisez : Ps. 52: 8; 89: 2; 100: 5; 103: 17; 106: 1; 107: 1; 118: 1-4, 29; 138: 8; Jér. 33: 11; et, en type : 1 Chron. 16: 34, 41; 2 Chron. 5:13; 7: 3, 6; 20: 21; Esd. 3: 11.
Au v. 25, ce n’est pas seulement aux pauvres
du troupeau,
comme au Psaume 132: 15, mais. à toute chair
qu’il donne la nourriture.
Bien plus, il introduit dans le rassasiement millénaire, non seulement son
peuple et les nations jusqu’aux bouts de la terre, mais encore les créatures
animales. Au v. 26, Israël élève de la terre les yeux vers Lui et célèbre le
Dieu des cieux.
C’est ainsi que se terminent toutes les voies de Dieu. Il
n’assied pas son trône éternel sur le jugement, quoique le jugement soit le
moyen de l’établir, il l’assied sur sa bonté (Prov. 20: 28; És. 16: 5).
L’ensemble de ses rachetés proclame cette bonté, la voit à l’origine de tout ce
qu’il a fait, soit comme Créateur, soit comme juge, soit comme conducteur de
son peuple. Ils ne voient pas cette bonté seulement en gros ou en bloc, pour
ainsi dire ; ils la détaillent dans leurs louanges, car chaque fragment de ses
oeuvres ou de ses voies la proclame. C’est ainsi, par exemple, qu’ils célèbrent
non seulement le fait qu’il a établi les grands luminaires, mais aussi le
soleil, mais aussi la lune et les étoiles. C’est ainsi que sa bonté est la
cause, non seulement de l’extermination de puissants rois, mais aussi de Sihon,
roi des Amoréens, mais aussi d’Og, roi de Basan. Au v. 23, par rapport à leurs
ennemis, leur louange fait ressortir que c’est dans son bas état
que
l’Éternel s’est souvenu de son peuple. Comme cela exalte sa bonté qui demeure à
toujours ! Plus profonds étaient les lieux où ils gisaient, plus grand était
l’amour qui les en avait tirés. C’est ainsi que Dieu se glorifie. Il ne prend
pas les anges, des créatures restées dignes de Lui, mais la semence d’Abraham,
de pauvres êtres dégradés et perdus, qu’il sauve par la foi.
Toute la série des Cantiques de Sion se termine ici. Puissent-ils nous profiter, en élevant nos yeux vers l’espérance de la gloire de Dieu et en attachant nos coeurs à Christ, centre de toute cette gloire !