répandu
par Hamilton SMITH
(adapté de l’anglais)
3 - ASSURANCE DE L’AMOUR — Ch. 1:2 à 2:7.
4 - ÉVEIL DE L’AMOUR — Ch. 2:8 à 3:5
5 - COMMUNION DE L’AMOUR — Chap. 3:6 à 5:1
6 - RESTAURATION DE L’AMOUR — Chap. 5:2 à 6:12
7 - TÉMOIGNAGE et COMMUNION DE L’AMOUR — Ch. 6:13 à 8:4
8 - TRIOMPHE DE L’AMOUR — Chap. 8:5 à 14
« Pendant que le roi est à table, mon nard exhale son odeur » (Cant. des cant. 1:12).
Le nard dans l’Écriture typifie tout autre chose que l’encens. Ce dernier nous parle de ce que Christ est pour Dieu, des délices que le Père a trouvées dans l’oeuvre et la personne de son Fils bien-aimé. Et c’est cela qu’il nous est accordé, par grâce, d’offrir en parfum d’agréable odeur à Dieu.
Le nard, lui, suggère plutôt notre appréciation personnelle de Christ, sous l’action du Saint Esprit en nous. Un parfum de reconnaissance doit s’élever de notre coeur vers lui.
Quand nous sommes réunis autour du Seigneur, pour nous souvenir de lui, il s’assied en quelque sorte à Sa table. Notre adoration et notre louange ont-elles, pour lui, l’odeur du nard ?
G.V. Wigram écrit quelque part que « le péché a gâté notre appréciation du Cantique des cantiques ». Il nous fait perdre beaucoup des précieux enseignements de cette portion de la Parole de Dieu. Et pourtant nous pouvons apprendre dans le Cantique quelque chose de la douceur de notre union avec Christ et de l’intimité de notre relation avec lui.
Celle-ci se trouve personnifiée à travers tout l’Ancien Testament. Pensons aux épouses données à Adam, à Isaac, à Boaz et à d’autres. Quel grand jour pour eux que celui où ils reçurent celle qui était l’objet de toutes leurs affections ! Or le Seigneur recherche et apprécie les affections de ceux qu’Il a rachetés au prix de son sang versé à la Croix. Quand il vient au milieu des siens, fidèle à sa promesse, il désire respirer le parfum de notre amour pour lui (1 Jean 4:19).
Au chapitre 4:12-16, l’épouse est comparée à un jardin dans lequel se trouvent toutes sortes de parfums d’agréable odeur, « avec tous les principaux aromates ». L’époux a planté ce jardin pour la joie et la satisfaction de son coeur. Et si le vent de l’épreuve est appelé à souffler, c’est, dit-il, « pour que ses aromates s’exhalent ». Les parfums étaient là pour lui, il fallait qu’il puisse les respirer.
Souhaitons-nous répondre au désir de notre Seigneur ? Nous n’aimons pas le vent du Nord et nous cherchons à l’éviter par tous les moyens humains possibles … Mais l’apôtre écrit à propos des saints des assemblées de Macédoine : « Dans une grande épreuve de tribulation, l’abondance de leur joie et leur profonde pauvreté ont abondé dans la richesse de leur libéralité » (2 Cor. 8:2). C’était « un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (Phil. 4:18). Au chap. 11 de Jean, le vent du Nord avait soufflé avec violence sur la maison de Béthanie. Et malgré l’appel angoissé des soeurs de Lazare, « celui que tu aimes est malade », la venue du Seigneur se faisait attendre. La mort intervient, voici venu le jour de l’ensevelissement… et Il est toujours absent ! Mais celui qui fait la plaie est aussi celui qui la bande. Il pleure avec les siens, ému de divine sympathie et se manifeste bientôt comme la Résurrection et la Vie. Aussi quand, au chapitre 12, Il est à table avec eux, Marie est prête pour oindre les pieds de Jésus avec une livre de parfum de nard pur de grand prix. Quel rafraîchissement pour le coeur du Seigneur, si peu de temps avant la croix. « La maison fut remplie de l’odeur du parfum ».
Si, lorsque nous sommes réunis, un racheté a dans son coeur, un peu de ce précieux « nard » pour adorer le Seigneur, sans même peut-être qu’il prononce un seul mot, le culte peut en être imprégné.
La méditation que nous trouverons dans les pages suivantes est une adaptation de celle publiée sous le titre de « Song of Songs » par H.Smith ; puisse-t-elle contribuer à former des affections vives et pures pour Christ, dans la pleine reconnaissance de ses droits sur son Assemblée. « Celui qui a l’épouse est l’époux » (Jean 3:29).
Possède notre coeur :
Il est ton salaire ;
Tu l’acquis, Dieu Sauveur,
sur le mont Calvaire.
(Hymnes et Cantiques n° 31, Strophe 1)
Ph. Laügt.
« Le cantique des cantiques, qui est de Salomon » (Ch. 1:1)
Christ est le grand thème de toute l’Écriture. Le Saint Esprit se plait à y mettre partout en évidence les divers aspects de ses gloires. Ici, dans le Cantique des cantiques, son but essentiel est de présenter l’amour de Christ pour les siens.
Pour parler de cet amour, l’Esprit de Dieu se sert des relations nuptiales. Il nous révèle l’amour d’un époux glorieux pour une épouse de la plus humble origine, et les expériences variées par lesquelles elle passe pour mieux jouir de son amour.
L’époux est un roi, le grand Salomon ; l’épouse, une bergère appelée la Sulamithe. Le Cantique est essentiellement composé de dialogues entre l’époux et l’épouse. D’autres personnes sont mentionnées, comme par exemple les filles de Jérusalem, qui prennent parfois la parole. Il est aussi question des gardes qui font la ronde par la ville, de ceux qui sont sur la muraille, et de la « petite soeur ». Mais ces étrangers ne participent guère aux entretiens.
Ces dialogues nous révèlent à la fois l’amour infini, immuable de l’époux pour l’épouse, et les progrès de celui de l’épouse pour l’époux. Nous apprenons comment elle est progressivement établie dans une relation d’intimité avec l’époux, élevée de sa condition misérable jusqu’à partager le trône du roi, son glorieux époux.
Personne ne met en doute que cet époux soit une figure de Christ. Mais certains ont peut-être plus de difficulté à identifier l’épouse. Tout permet de penser qu’elle est le type d’Israël, le peuple terrestre de Dieu ; ou plus exactement, de ce résidu juif pieux qui, dans un temps encore à venir, représentera Israël. Les expériences de l’épouse évoquent celles que connaîtra ce résidu avant d’être finalement établi dans une relation bénie avec son Messie.
Cette image de l’époux et de l’épouse, souvent employée par les prophètes, fait ressortir l’intimité de la relation. Ésaïe peut dire : « De la joie que le fiancé a de sa fiancée, ton Dieu se réjouira de toi » (És. 62:5). Le Seigneur, parlant par la bouche d’Osée, et ayant en vue la restauration future d’Israël, déclare de la façon la plus touchante : « Je l’attirerai, et je la mènerai au désert, et je lui parlerai au coeur ». Puis, après avoir réveillé ses affections, il peut lui dire : « Je te fiancerai à moi pour toujours ; et je te fiancerai à moi en justice, et en jugement, et en bonté, et en miséricorde ; et je te fiancerai à moi en vérité ; et tu connaîtras l’Éternel » (Osée 2:14,19,20). Dans le Cantique des cantiques, nous assistons à toutes les expériences du désert, dont le Seigneur se sert pour parler au coeur de son peuple.
Les prophètes ont essentiellement en vue l’exercice de conscience qui conduira le résidu juif pieux à se repentir d’avoir rejeté et crucifié son Messie. Par contre, il est réservé au seul Cantique des cantiques d’entrer en détail dans les exercices de coeur des fidèles, à l’éveil de leurs affections, quand ils comprendront l’étendue de l’amour de Christ, amour qu’ils ont autrefois méprisé.
Accepter une telle interprétation suppose une certaine connaissance de l’histoire future d’Israël, à travers les prophéties de l’Ancien et du Nouveau Testament. Elles annoncent le retour des Juifs dans leur pays. Ils y rentreront dans l’incrédulité, avec l’espoir d’échapper ainsi aux persécutions et de trouver du repos. En réalité ils traverseront un temps d’affliction sans exemple dans l’histoire de l’humanité.
Serrés de près à l’extérieur par les puissances venues du Nord, ils seront opprimés à l’intérieur par la Bête (Apoc. 13:4). Ayant rejeté Christ, ils accepteront le pouvoir de l’Antichrist. Celui-ci « n’aura point égard au Dieu de ses pères… et il honorera un dieu que n’ont pas connu ses pères » (Daniel. 11:37-38). Avec l’abomination de la désolation placée dans le lieu saint, les Juifs tomberont dans l’idolâtrie la plus grossière ; leur dernière condition sera pire que la première !
Mais au sein de la nation apostate, apparaîtra un résidu dans le coeur duquel l’Esprit de Dieu travaillera. Ce résidu sera haï de toutes les nations, car il confessera le nom de Christ. Beaucoup seront mis à mort, d’autres scandalisés du fait des persécutions et l’amour de plusieurs sera refroidi. Mais Dieu interviendra et abrégera en leur faveur les jours de la grande tribulation (Rom. 9:28).
Ce résidu nous est présenté sous les traits de l’épouse, dans le Cantique des cantiques.
Mais si telle est l’interprétation prophétique de ce livre, bien des applications morales peuvent en être faites à l’Église, l’épouse céleste, ou même au croyant en particulier. N’y retrouve-t-on pas des principes d’après lesquels Dieu agit à l’égard de tout son peuple ? « Christ aime son Assemblée, il aime aussi son peuple terrestre, il aime l’âme qu’il attire à lui, de sorte que nous avons ici une application personnelle qui nous est très précieuse » (J.N.D).. C’est cette application au croyant que nous aurons essentiellement en vue dans les pages qui suivent.
Le Cantique peut se diviser en six strophes et leur sujet se résumer comme suit :
- Assurance de l’amour Chap. 1:2 à 2:7
- Éveil de l’amour Chap. 2:8 à 3:5
- Communion de l’amour Chap. 3:6 à 5:1
- Restauration de l’amour Chap. 5:2 à 6:12
- Témoignage de l’amour Chap. 6:13 à 8:4
- Triomphe de l’amour Chap. 8:5 à 8:14
La figure de l’époux et de l’épouse illustre les douces affections que Christ fait naître dans le coeur des siens. Il n’est rien de plus important que d’avoir nos affections attirées par lui. Nous sommes souvent humiliés du peu d’amour qui se manifeste parmi les enfants de Dieu, mais ce n’est, hélas, que la conséquence d’un manque d’amour pour le Seigneur lui-même. Et ce peu d’amour pour lui vient de notre faible appréciation de son amour à lui pour nous.
Ce qui donne au Cantique des cantiques toute sa valeur, c’est qu’il éveille notre amour en nous aidant à mesurer l’étendue de l’amour de Christ.
L’Écriture contient beaucoup d’autres chants. Les uns célèbrent la création ou parlent de victoire, les autres expriment la louange ou l’adoration. Mais le thème de ce cantique, c’est l’amour de Christ pour les siens. C’est pourquoi il est appelé le Cantique des cantiques.
L’épouse (v. 2-7).
Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! (v. 2).
Tout au début du Cantique, la voix de l’épouse se fait entendre. Et ses premières paroles traduisent son désir de recevoir un gage de l’amour de l’époux. Ce n’est certes pas là le langage de quelqu’un d’étranger ou d’indifférent, mais ce sont bien les paroles d’une personne qui, attirée par l’époux, soupire après une preuve de son amour personnel.
À la fin de cette première strophe, elle obtient la réponse attendue, et peut dire avec bonheur : « Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m’embrasse ». Elle aura d’autres leçons à apprendre, mais elle a désormais l’assurance et la connaissance de l’amour de l’époux.
Tel est le grand thème de ce premier cantique : La façon dont l’époux s’y prend pour confirmer son amour à l’épouse.
Ne pas avoir l’assurance de l’amour de Christ est, sans doute, étranger à la véritable expérience chrétienne. Et pourtant, au commencement de nos relations avec Dieu, nos âmes ne sont pas toujours affermies dans l’amour de Christ, de sorte que le langage de l’épouse ici correspond au besoin de plus d’un véritable enfant de Dieu. Goûter l’amour du Seigneur est le secret de toute vraie piété. Quand nous parcourons le récit de la vie de dévouement de l’apôtre Paul, les persécutions endurées, les périls affrontés et les privations traversées, nous nous demandons quel était le ressort caché d’une si remarquable carrière. Il nous donne lui-même la réponse : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). Telle était la source cachée de sa vie, un coeur gardé dans l’assurance de l’amour personnel de Christ. Pour que le coeur soit satisfait, il faut qu’il connaisse cet amour et en ait conscience.
Car tes amours sont meilleures que le vin (v. 2).
Tes parfums sont d’agréable odeur ; ton nom est un parfum répandu ; c’est pourquoi les jeunes filles t’aiment (v. 3).
La bien-aimée a appris la valeur de l’amour du roi et l’excellence de son nom, source d’une joie plus grande que celle du vin « qui réjouit le coeur de l’homme » (Ps. 104:15).
L’amour du Seigneur est meilleur que toutes les joies de la terre dont le vin est le symbole. Et son nom, quand il est révélé, est un parfum répandu. Nous voyons dans le chapitre 12 de l’évangile de Jean les conséquences bénies d’un parfum répandu à Béthanie. Jusqu’alors le parfum était enfermé dans le vase d’albâtre, mais maintenant il est répandu et « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jean 12:3).
Les prophètes avaient bien annoncé la venue de Christ et les noms qu’il porterait. Toutefois, de leur temps, le parfum de son nom restait, en quelque sorte, enfermé dans le vase d’albâtre. Mais quand la Parole devint chair et habita au milieu de nous, pleine de grâce et de vérité, alors fut révélé le nom de Jésus, parfaite expression de la douceur, de la débonnaireté, de la patience, de la sainteté et de l’amour.
Seules les « jeunes filles » (les vierges) c’est-à-dire ceux qui sont purs de coeur, connaissent le prix de son nom et apprécient son amour. « C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment ». Elles l’aiment à cause de son amour. « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19).
Tire-moi : nous courrons après toi. — Le roi m’a amenée dans ses chambres. — Nous nous égayerons et nous nous réjouirons en toi ; nous nous souviendrons de tes amours plus que du vin. Elles t’aiment avec droiture (v. 4).
Son amour sans prix, son nom excellent, produisent ce besoin d’avoir l’assurance de son amour, mais aussi d’être dans sa compagnie. Avec les jeunes filles, la bien-aimée demande : « Tire-moi : nous courrons après toi ».
L’amour dont elle est l’objet suscite le sien, et attirée, elle est prête à courir. L’époux la conduit dans le lieu secret de sa présence : les chambres du roi. Au temps convenable elle l’adorera, à sa table (v. 12) et plus tard elle jouira du repos de la maison du vin (2:4), mais elle doit d’abord être enseignée dans les chambres du roi. Dans cette retraite cachée, s’oubliant elle-même, elle trouve sa joie dans l’époux. Là, le roi est aimé d’un amour pur. « Elles t’aiment avec droiture ». Il en est ainsi lorsque Christ exerce son attrait puissant sur nos âmes. Il nous tire après lui, nous amène dans sa présence, afin que seuls avec lui, nous puissions nous oublier nous-mêmes dans la jouissance exclusive de sa Personne et de son amour.
Je suis noire, mais je suis agréable, filles de Jérusalem ! Comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon » (v. 5).
Le séjour dans les chambres du roi donne à l’épouse une juste estimation d’elle-même. Elle reconnaît devant les autres son véritable état. Nous pouvons employer le même langage et dire : « Je suis noire,… comme les tentes de Kédar ». Mais nous apprenons aussi ce que Sa grâce a fait de nous. Aussi, tout en reconnaissant notre méchanceté naturelle, nous pouvons ajouter, « mais je suis agréable… » comme les magnifiques tentures de Salomon. Ce sont des leçons que tout le peuple de Dieu doit apprendre. Amené dans la présence de Dieu, Job déclare : « Voici, je suis une créature de rien » (Job 39:37). Dans le sanctuaire, le Psalmiste reconnaît : « J’étais avec toi comme une brute » (Ps. 73:22). En présence de la gloire, Ésaie s’écrie : « Je suis un homme aux lèvres impures » (És. 6:5). Après avoir été admise dans les chambres du roi, l’épouse doit confesser : « Je suis noire ». L’âme ne connaîtra pas de repos, elle ne jouira pas de l’amour de Christ, aussi longtemps qu’elle n’aura pas appris dans les chambres secrètes du roi les trois grandes vérités suivantes :
- Son indignité naturelle.
- La beauté dont Sa grâce la revêt.
- La valeur infinie de Christ et de Son amour.
Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m’a regardée : les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m’ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à moi, je ne l’ai point gardée (v. 6).
Ayant vu le roi dans sa beauté et consciente de sa propre laideur, elle n’a aucun désir d’attirer l’attention. « Ne me regardez pas », dit-elle, « je suis noire ». Les épreuves traversées dans le monde, la persécution de la part de ses proches, le dur service dans les vignes des autres, sa négligence à l’égard de son travail, ont laissé des traces profondes.
Si nous découvrons aussi notre laideur, à la lumière des perfections de Christ, nous serons convaincus que nous ne pouvons être un modèle pour d’autres. Le souvenir de nos nombreux manquements à l’heure de la tentation, de notre lâcheté en présence de l’opposition des hommes, du temps perdu comme esclaves dans les vignes de ce monde, de notre négligence à assumer nos propres responsabilités, nous contraindra à dire avec l’épouse : « Ne me regardez pas ». Que de fois pourtant nos paroles, notre comportement trahissent au contraire la vanité de nos coeurs qui, pratiquement, suggèrent : regardez-moi ! Tout cet effort pour attirer l’attention des autres montre combien peu de temps nous avons passé dans les chambres du roi.
Dis-moi, toi qu’aime mon âme, où tu pais ton troupeau, où tu le fais reposer à midi ; car pourquoi serais-je comme une femme voilée (ou : qui se détourne) auprès des troupeaux de tes compagnons ? (v. 7).
L’épouse qui parlait aux filles de Jérusalem, se tourne maintenant vers celui qu’elle aime. Une question s’élève dans son coeur : comment le roi peut-il aimer quelqu’un d’aussi indigne qu’elle ? Par contre, elle n’a aucun doute sur les sentiments qui remplissent son propre coeur. Elle ne dit pas : Toi que mon âme devrait aimer, ni même : désire aimer, mais bien : « Toi qu’aime mon âme ». L’aimant, elle a le désir de se nourrir là où il se repose. Attirée par lui, elle n’a nulle intention de s’éloigner. Seul l’amour pour Christ remplissant notre coeur peut nous garder aussi de nous écarter (en hébreu « atah » : couvrir, voiler. À rapprocher de : « natah » : se détourner).
N’avons-nous pas chacun à confesser que trop souvent nous nous détournons, cherchant notre nourriture et notre repos dans les choses de la terre ? Nous sommes alors étonnés de faire si peu de progrès ! Pourtant il serait surprenant que nous fassions le moindre progrès, avec pour nourriture les « gousses » de ce pauvre monde. La philosophie, la science et la littérature ne devraient pas attirer et encore moins nourrir les âmes de ceux qui aiment Christ. Si nous disons en vérité, « Toi qu’aime mon âme », nous désirerons sûrement la nourriture céleste et le repos divin. L’appétit pour la nourriture spirituelle est le meilleur antidote contre l’attrait des choses de la terre.
L’époux (v. 8 à 11).
Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes ! sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux près des habitations des bergers (v. 8).
Nous entendons ici, pour la première fois, la voix de l’époux. Il s’adresse à la bien-aimée comme à « la plus belle parmi les femmes ». Quelque noire qu’elle puisse être à ses propres yeux, toute haïe et persécutée qu’elle soit par les autres, elle est à ses yeux « la plus belle entre les femmes ». Rien ne peut altérer l’estimation que Christ a des siens. Ni leurs manquements, ni la calomnie du monde ne changent le prix qu’ils ont pour lui. Il les voit toujours en vertu de l’efficace de son oeuvre et des conseils de sa grâce.
Si nous voulons savoir où trouver de la nourriture et du repos pour nos âmes, nous devons sortir sur les traces du troupeau. Christ a son troupeau et ses bergers dans ce monde. Le grand pasteur des brebis conduit son troupeau dans les verts pâturages.
Mais il y a une autre instruction pour l’épouse. Elle doit paître les chevreaux près des habitations des bergers et elle sera nourrie elle aussi. Nous avons ici comme une anticipation de la dernière scène de l’évangile de Jean et des paroles si touchantes du Seigneur à son disciple restauré, après sa terrible chute, « Suis-moi » et « Pais mes agneaux » (Jean 21:19,15). Pour nourrir les agneaux, nous devons suivre Christ et si nous le suivons, nous prendrons plaisir à les nourrir. Le secret pour trouver du repos et de la nourriture pour nos âmes, c’est de suivre Christ et de nourrir ses agneaux.
Je te compare, mon amie, à une jument aux chars du Pharaon (v. 9).
Tes joues sont agréables avec des rangées de joyaux ; ton cou, avec des colliers (v. 10).
Nous te ferons des chaînes d’or avec des paillettes d’argent (v. 11).
Comme une jument des chars du Pharaon, ornée de tous les atours de la royauté, ainsi l’épouse est revêtue de la beauté qu’Il a lui-même mise sur elle. Le Seigneur peut dire par la bouche d’Ézéchiel : « Je te parai d’ornements, et je mis des bracelets à tes mains et un collier à ton cou » (Éz. 16:11). Christ trouve son plaisir à révéler son amour aux siens. Il nous fait connaître ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment : « ce que l’oeil n’a pas vu, et que l’oreille n’a pas entendu, et qui n’est pas monté au coeur de l’homme » (1 Cor. 2:9). Il lui révèle aussi toute la gloire dont Il veut la revêtir. « Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4:17). Mais il reste une gloire future, dont les saints seront revêtus quand les noces de l’Agneau seront venues.
L’épouse (v.12 à 14) »
Pendant que le roi est à table, mon nard exhale son odeur (v.12).
Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe ; il passera la nuit entre mes seins (v. 13).
Mon bien-aimé est pour moi une grappe de henné dans les vignes d’En-Guédi (v. 14).
Les vives affections de l’époux suscitent une réponse immédiate de la part de l’épouse. Pendant que le roi est à table — belle figure de Christ au milieu des siens — l’adoration s’exprime en odeur agréable.
Cette scène nous présente Christ dans le repos, trouvant sa joie au milieu des siens. Ce n’est pas Béthanie avec sa tristesse mais Béthanie avec son festin. Moment béni où des coeurs qui l’aimaient lui firent « donc là un souper » (Jean 12:2).
Peu nombreuses furent les occasions où quelqu’un lui fit un souper dans ce triste monde. Dans la maison de Lévi, ce fut l’occasion pour Christ de bénir de pauvres pécheurs. À Béthanie il put goûter la communion avec les siens. Là, enfin, fut convié à un festin Celui qui avait dressé une table pour le monde entier.
C’était une bénédiction pour Marie de s’asseoir à ses pieds pour écouter sa Parole, de s’y jeter au jour de la tristesse et d’être consolée par ses larmes. Mais aucun nard n’a été alors répandu.
Il faut saisir le moment où le roi s’assied à sa table, dans l’intimité et dans une sainte communion avec les siens : il faut alors apporter le vase d’albâtre et en verser le précieux contenu sur le roi. La maison sera remplie de l’odeur du parfum.
Sa présence fait naître l’adoration des siens. Seule une âme libérée de ses tristesses, de ses soucis ou d’un service affairé, peut adorer en Sa présence.
Il est bon d’apprendre à ses pieds, mais apprendre n’est pas adorer. Il est doux d’être réconforté par ses larmes de sympathie, mais la consolation n’est pas l’adoration. À son école, je suis conscient de mon ignorance ; lorsqu’il me console, je pense à ma peine… Mais si nous dressons une table pour Christ, nous laissons de côté nos tristesses, notre ignorance, nos soucis journaliers. Lui seul captive nos esprits et retient nos affections ; remplis de Christ, nous adorons ; notre nard exhale son odeur.
Empruntant le langage de l’épouse, nous pouvons dire : Mon bien-aimé est pour moi un bouquet de myrrhe. La myrrhe parle de Christ, tout particulièrement en relation avec ses souffrances. Elle n’attire pas comme la fleur par sa beauté. C’est une résine précieuse en raison de sa suave odeur. Elle est invisible, renfermée dans un bouquet, mais l’on peut respirer son parfum. Tel était le bien-aimé pour l’épouse et tel est Christ pour le croyant. L’épouse ajoute : « Il passera la nuit entre mes seins ». Le croyant possède Christ comme un trésor précieux. Il le garde dans ses affections tout au long de la nuit, jusqu’à l’aube du jour éternel.
Plus loin l’épouse compare aussi l’époux à une grappe de henné dans les vignes d’En-Guédi, aussi belle que parfumée.
Nous avons besoin de Christ et c’est en contemplant à face découverte la gloire du Seigneur que nous serons transformés en la même image, de gloire en g loi re (2 Cor. 3:18)
L’époux (v.15)
Voici, tu es belle, mon amie ; voici tu es belle ! Tes yeux sont des colombes (v. 15).
C’est lui maintenant qui exprime les délices qu’il goûte dans l’épouse. Elle disait : « Je suis noire », il déclare : « Voici, tu es belle ! » Il ajoute : « Tes yeux sont des colombes ». La colombe se lamente et languit quand elle est séparée de son compagnon. Ézéchias, dans sa maladie pouvait dire : « Je gémissais comme une colombe » (És. 38:14). À ceux qui ont Christ pour seul objet il peut être dit : « Tes yeux sont des colombes ».
L’épouse (1:16 à 2:1).
Voici, tu es beau, mon bien-aimé ; oui tu es agréable ! oui, notre lit est verdoyant (v. 16).
Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris des cyprès (v. 17).
L’époux a déclaré, « Voici, tu es belle, mon amie ». Et l’épouse se complaît à répondre aussitôt, « Voici tu es beau, mon bien-aimé ». La beauté de l’épouse est le reflet de la sienne. Christ n’est-il pas plein de beauté ? Alors tel est aussi son peuple. La beauté du Seigneur, notre Dieu, est sur nous (Ps. 90:17, cf. note).
L’épouse ajoute, « Oui, tu es agréable ! » Certaines personnes sont belles sans être agréables, et d’autres agréables sans être belles. Christ est l’un et l’autre. Combien le roi est agréable au psalmiste quand il s’écrie, « Mon coeur bouillonne d’une bonne parole » ; et quelle beauté il a à ses yeux, quand il ajoute : « Tu es plus beau que les fils des hommes » (Ps. 45:1-2).
Nous chantons à juste
titre : « Seigneur, quand je pense à toi, à ta parfaite grâce, mon coeur
brûle au dedans de moi.. » (H. et C. n° 96, strophe 1). Mais il y a plus encore.
Le roi est beau
et agréable
, mais sa présence assure repos,
sécurité et protection. « Notre lit est verdoyant ». Il s’agit sans doute du lit
de table sur lequel l’époux et l’épouse s’accoudent quand ils prennent leur
repas.
Quand Christ prend sa place au milieu des siens, c’est comme une oasis au milieu de ce monde aride. Sa présence procure le repos.
Mais c’est « notre lit », le repos est partagé : « Je souperai avec lui, et lui avec moi » (Apoc. 3:20). « Les solives de nos maisons sont des cèdres, nos lambris des cyprès ». Les solives maintiennent la construction, la rendent sûre ; les lambris servent à l’orner.
Quel était l’atmosphère de la scène de Béthanie (Jean 12) ? Immédiatement avant, nous voyons les grands de ce monde consulter ensemble pour mettre à mort le Roi. Aussitôt après, Judas convient de le livrer pour trente pièces d’argent. Au dehors l’orage se prépare, à l’intérieur on trouve sécurité et abri devant la tempête qui s’élève. Quelqu’un, il est vrai, trouvera Marie fautive. Mais aussitôt la protection attentive du Seigneur se manifeste : « Laissez-la… ce qui était en son pouvoir, elle l’a fait » (Marc 14:6-8). Toute la puissance de l’ennemi ne saurait toucher celle au sujet de laquelle le Roi déclare, « Laissez-la ».
L’orage gronde sur ma tête
Je vois au ciel briller l’éclair
Je ne crains pas dans la tempête
Son aile me tient à couvert.
Dans ce paisible et sûr asile
De l’ennemi bravant l’effort,
Je savoure un bonheur tranquille
À l’ombre même du Dieu fort.
(H. et C. n° 192, strophe 2)
Je suis le narcisse de Saron, le lis des vallées (2:1).
Le roi a déclaré, « Tu es belle » et comme un écho la Sulamithe répond : « voilà ce que je suis ». La foi exprime ce qu’elle est, par grâce, aux yeux de l’époux, parfumée comme un narcisse et aussi belle qu’un lis des vallées.
Ce n’est pas une fleur transplantée dans quelque cité populeuse, sujet d’admiration des passants, mais un lis qui croît dans une vallée retirée pour charmer l’époux.
Il n’y a pas de présomption à accepter la place que Christ, par grâce, nous a donnée devant lui. Il y en aurait plutôt à dire, « Je suis indigne » alors que Christ déclare, « Tu es belle ». Le fils prodigue pouvait ainsi parler dans le pays éloigné. Mais tout est changé quand le père l’entoure de ses bras et le couvre de baisers ! En présence du roi, à sa table, emparons-nous des paroles de l’époux, non pour nous glorifier, mais pour magnifier la grâce de celui qui nous a revêtus de sa propre magnificence.
L’époux (v. 2).
Comme le lis entre les épines, telle est mon amie entre les filles (v. 2).
Dans sa réponse, le roi confirme ce que l’épouse vient de dire. Elle est bien ce lis des vallées, mais à l’arrière-plan poussent des épines qui en font ressortir la beauté. Dans la sombre vallée de ce monde, la plupart des hommes ne reflètent aucun des traits de la beauté de Christ. Ce sont des épines destinées au feu, qui ne sont pour lui qu’un sujet de souffrance. Mais les siens, ceux en qui il trouve ses délices, sont les excellents de la terre, tels des lis au milieu des épines. Christ les a sanctifiés, a mis sa beauté sur eux. Leur triste entourage fait ressortir leur beauté.
Pour acquérir ce lis, il a fallu que Christ descende dans cette vallée envahie d’épines. Plus encore, pour obtenir son Épouse, il a dû porter la couronne d’épines.
L’épouse (v. 3 à 7).
Comme le pommier entre les arbres de la forêt, tel est mon bien-aimé entre les fils ; j’ai pris plaisir à son ombre et je m’y suis assise ; et son fruit est doux à mon palais (v. 3).
La réponse de l’épouse est immédiate. Si elle est aux yeux du roi d’une beauté incomparable, Il est pour elle le bien-aimé, le seul parmi les fils des hommes en qui elle trouve du repos, de l’ombre et du fruit. Aussi le compare-t-elle au pommier, cet arbre à l’ombre dense et au fruit délicieux. Les arbres de la forêt peuvent paraître plus imposants. C’est ainsi que les hommes ont généralement plus d’estime pour leurs semblables que pour Jésus, l’homme humble et rejeté. La plupart des arbres de la forêt peuvent offrir un abri, mais ils sont sans fruit aucun. Les buissons au contraire produisent bien du fruit sauvage mais ils ne fournissent pas d’ombre.
Cet arbre seul répond à tous les besoins. Christ est l’arbre de vie. Tandis qu’il traversait la terre, il n’avait pas plus d’apparence qu’une racine sortant d’une terre aride, sans forme ni éclat (És. 53:2). Mais cet homme solitaire est le seul qui puisse offrir abri, rafraîchissement et repos dans ce monde aride et éprouvant.
Dans la nouvelle Jérusalem, déjà contemplée par la foi, l’arbre de vie s’élève au milieu de sa rue, au bord du fleuve d’eau vive. Là nous trouverons vraiment le repos, et comme l’épouse, nous dirons : « J’ai pris plaisir à son ombre et je m’y suis assise ; et son fruit est doux à mon palais ».
Il m’a fait entrer dans la maison du vin ; et sa bannière sur moi, c’est l’amour (v.4).
L’expérience de l’épouse
s’enrichit. Ses besoins ont été satisfaits, elle est maintenant amenée à la
pleine jouissance des grâces dispensées par le roi. Elle est introduite dans la
maison du vin pour goûter la plénitude de sa joie et le charme indicible de son
amour. Ce n’est plus « son ombre » ni « son fruit » mais lui-même.
Nous faisons la même expérience dans nos âmes. Nous nous asseyons à « l’ombre » de Christ et dans sa présence nous trouvons le repos de nos travaux, la délivrance du faix et de la chaleur du jour, le rafraîchissement et la nourriture pour nos âmes. Ces expériences ont leurs limites. Il en est de plus riches, de plus profondes, où n’entre aucune pensée de soulagement mais la seule jouissance de sa plénitude.
Christ veut nous délivrer des choses de la terre et nous faire entrer dans ses bénédictions célestes. Il veut que nous goûtions au rassasiement de joie et aux plaisirs qui sont à la droite de Dieu pour toujours, pour nous faire découvrir que sa bannière sur nous, c’est l’amour.
La bannière parle de vainqueur et de victoire remportée. L’amour de Christ a triomphé. Et qu’elle est grande, la victoire que Christ a remportée ! Ce n’est pas une victoire qui puisse être comparée à celle des tessons d’argile (És. 45:9) de ce monde, pauvres rois qui accèdent à leur trône en versant le sang des autres.
Ce puissant triomphateur a remporté la victoire au prix de son propre sang, en devenant lui-même la victime. La victoire acquise, il déploie sa bannière et sa bannière, c’est l’amour. C’est l’amour qui a fait de lui la victime volontaire, l’amour qui l’a soutenu dans son chemin ici-bas, l’amour qui l’a fait rester sur la croix. Aucun clou forgé par des hommes n’aurait pu retenir le Christ de Dieu sur la croix. Il fallait cet amour que beaucoup d’eaux n’ont pu éteindre et que des fleuves n’ont pu submerger.
L’amour divin, éternel, tout-puissant a remporté cette grande victoire. Il est gravé sur la bannière qui en rend témoignage.
Soutenez-moi avec des gâteaux de raisins, ranimez-moi avec des pommes ; car je suis malade d’amour (v. 5).
L’extase de la maison du vin est plus que l’épouse n’en peut supporter. Il y a des expériences spirituelles qui sont trop intenses pour les pauvres vases d’argile que nous sommes. N’en fut-il pas ainsi pour l’apôtre quand il fut ravi au troisième ciel ? Il entendit des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer. Certes, de telles expériences sont exceptionnelles dans la vie chrétienne, mais parfois le Seigneur peut accorder aux siens une perception si forte de son amour qu’ils sont contraints de s’écrier, comme ce chrétien sur son lit de mort : « Seigneur, c’est assez, retiens ta main, ton serviteur est un vase d’argile et ne peut en supporter davantage ».
Sa main gauche est sous ma tête, et sa droite m’embrasse (v. 6).
L’épouse demandait le soutien d’une puissance spéciale : telle est la réponse qu’elle reçoit. La bannière de l’amour est au-dessus d’elle et les bras de l’amour l’entourent. La soif exprimée au début du Cantique, est comblée. L’assurance et la pleine appréciation de l’amour de l’époux sont sa part. Quel bonheur pour le croyant que de trouver tous les désirs du nouvel homme satisfaits par l’amour de Christ.
Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles ou par les biches des champs, n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, jusqu’à ce qu’elle (*) le veuille (v. 7).
(*) note
de traduction dans la version Darby : ou
: qu’il ; littéralement
:
ne réveillez pas l’amour jusqu’à ce qu’il le veuille.
La strophe s’achève par un appel aux filles de Jérusalem pour qu’elles ne troublent pas le repos de l’amour. Le plus léger mouvement peut effaroucher les timides et sensibles gazelles ou les biches des champs. Ainsi le croyant, goûtant l’amour de Christ, peut redouter tout ce qui pourrait troubler son intimité avec son Sauveur.
L’épouse (v. 8, 9)
La voix de mon bien-aimé ! (v.8).
Ici l’expérience de l’amour dans la présence du roi appartient au passé. Au début de cette strophe l’épouse se repose dans sa maison. En l’absence de l’époux, elle est retournée chez elle. Ainsi Pierre dira, plus tard, en l’absence de Christ : « Je m’en vais pêcher ». Il retourne à l’occupation qu’il avait abandonnée pour suivre Christ. D’autres l’accompagnent, pour faire l’expérience que, « cette nuit-là ils ne prirent rien » (Jean 21:3).
L’épouse est éveillée par la voix de son bien-aimé qui annonce sa venue. Puis il est vu dans le lointain. Il s’approche, sautant sur les montagnes. Un peu plus tard, il se tient derrière le mur de la maison, puis il se montre à travers les treillis des fenêtres…
Que de fois dans l’histoire du peuple de Dieu, un temps de grande joie et de bénédiction est suivi d’une période de torpeur spirituelle. À la maison du roi succède la maison à treillis de l’épouse. La communion avec l’époux fait place aux pensées personnelles de l’épouse dans sa propre maison.
La fraîcheur première de l’église a vite disparu. Le temps n’est plus où « la multitude de ceux qui avaient cru était un coeur et une âme », où les saints étaient caractérisés par « une grande puissance » et « une grande grâce » (Actes 4:32, 33), où « tous les jours ils persévéraient d’un commun accord dans le temple ; et, rompant le pain dans leurs maisons,… prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu, et ayant la faveur de tout le peuple » (Actes 2:46, 47). Spirituellement parlant, ils étaient alors à la table du roi, dans la salle du festin. Mais cette fraîcheur première s’effaça et chacun se mit bientôt à chercher ses propres intérêts plutôt que ceux de Jésus Christ. De ce fait, une sorte de nuit spirituelle tomba sur les saints. Ils perdirent tout discernement de l’excellente grandeur de leur appel et se reposèrent à l’intérieur de leurs maisons dans les plaines de ce monde.
Ce qui est vrai de l’Église dans son ensemble, l’est aussi souvent, hélas, d’un croyant pris isolément. La fraîcheur initiale du premier amour passée, le jeune converti se satisfait trop fréquemment d’un niveau spirituel inférieur. Même si une activité routinière subsiste, le seul vrai motif de tout service, l’amour pour Christ, fait défaut. Scène riche en instruction pour nos âmes, à laquelle nous ferons bien d’être attentifs !
C’est la voix de l’époux qui
réveille les affections de l’épouse. Aussi endormie qu’elle puisse être, elle
reconnaît aussitôt la voix de son bien-aimé. Il en est de même pour les brebis
du Seigneur. Elles peuvent errer loin de lui, mais « elles connaissent sa voix »
(Jean 10:4). Pierre et ceux qui le suivent peuvent bien retourner à leur pauvre
vie de pêcheurs, mais la visite du Seigneur les réveille et ils discernent
aussitôt que c’est le Seigneur
(Jean
21:7). La voix de l’Esprit proclame qu’Il vient. Quelque chose pourrait-il
autant éveiller notre amour que l’annonce de Sa venue ? Rien ne peut
raviver davantage l’amour d’une épouse que d’apprendre le retour de son mari,
jusqu’alors retenu loin.
Les affections du résidu pieux d’Israël seront réchauffées par la glorieuse déclaration, « Ton Roi vient à toi » et « réjouis-toi avec transports, fille de Sion, pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! » (Zach. 9:9). Ainsi aussi, l’Église de Christ qui attend son Seigneur a ses affections réveillées par l’annonce de sa venue. Dans l’Apocalypse, lorsque Jésus lui-même déclare : « Oui, je viens bientôt », la réponse s’élève : « Amen, viens, Seigneur Jésus » (Apoc. 22:20).
Sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines (v.8).
Mon bien-aimé est semblable à la gazelle, ou au faon des biches (v.9).
L’élan qui porte le roi vers son épouse et lui fait surmonter tous les obstacles est comparé à l’énergie d’une gazelle ou d’un jeune faon, sautant de rocher en rocher sur les montagnes et les collines. Il se peut que l’épouse dorme, mais le roi, lui, ne dort pas. Il se peut qu’Israël dorme mais « Celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas » (Ps. 121:4).
À
quatre reprises (Apoc. 3:11 ; 22:7, 12, 20). le Seigneur dit à son Église, « Je viens bientôt ». Ce mot bientôt
(promptement, vite) ne
montre-t-il pas combien le Seigneur désire ce jour où il sera proclamé :
« Les noces de l’Agneau sont
venues ! » (Apoc. 19:7).
Le voici, il se tient derrière notre mur, il regarde par les fenêtres, il regarde à travers les treillis (v. 9).
Le roi attend maintenant, avec patience, près du mur de la maison. Puis il se montre à travers le treillis et attire l’épouse par sa beauté.
Christ agit de la même manière à l’égard des deux disciples désappointés, qui se rendaient à Emmaüs. Il leur parle en chemin et fait d’abord brûler leurs coeurs. Il se tient ensuite au seuil de leur maison comme un voyageur qui s’apprête à poursuivre. Il se révèle enfin, le temps, pour ainsi dire, d’un simple coup d’oeil à travers le treillis, et disparaît de devant eux.
Le Seigneur, aujourd’hui aussi, éveille d’abord nos affections languissantes en faisant pénétrer dans nos âmes sa voix douce et subtile. Puis avec une inlassable patience il attend, « se tient à notre porte » tout comme à celle du pauvre Laodicéen, attendant l’occasion de se révéler et d’attirer nos coeurs par sa beauté.
L’époux (v. 10 à 15).
Mon bien-aimé m’a parlé, et m’a dit : Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens ! (v. 10).
Jusqu’ici l’épouse ne faisait que percevoir le son de sa voix, mais maintenant elle saisit ses paroles et répète avec joie ce que dit son bien-aimé. Il ne veut pas rester plus longtemps séparé d’elle et l’appelle à sortir des sombres plaines hivernales, vers des lieux plus favorables, vers des scènes plus lumineuses. Il veut d’abord l’amener à se réveiller de son sommeil : « Lève-toi ». Puis il proclame combien elle est précieuse à ses yeux : « Mon amie, ma belle ». Enfin elle entend l’appel, clair, défini : « Viens », qui révèle le désir ardent de l’époux.
C’est ainsi que le Seigneur parle à son peuple aujourd’hui. Nous pouvons entendre sa voix nous dire : Lève-toi. Il cherche à nous arracher à la torpeur spirituelle qui nous tient courbés vers la terre. Il répète, « Levez-vous et allez-vous en ! car ce n’est pas ici un lieu de repos » (Michée 2:10). L’apôtre nous exhorte de Sa part, « connaissant le temps, que c’est déjà l’heure de nous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru » (Rom. 13:11).
Le Seigneur nous rappelle combien nous sommes précieux à ses yeux : « Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse » (Éph. 5:25-27). Ne sommes-nous pas confondus de l’entendre appeler encore son épouse, mon amie, ma belle, en dépit de toute sa froideur, de ses égarements et de ses chutes ?
Il nous invite à sortir de ce pauvre monde : « Vous n’êtes pas du monde, mais… moi je vous ai choisis du monde » (Jean 15:19). Bientôt nous entendrons sa voix nous dire : Lève-toi, nous appelant à sa rencontre en l’air.
Car voici l’hiver est passé, la pluie a cessé, elle s’en est allée (v. 11).
Les fleurs paraissent sur la terre, la saison des chants est arrivée, et la voix de la tourterelle s’entend dans notre pays (v. 12).
Le figuier embaume ses figues d’hiver, et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle et viens ! (v. 13).
Non seulement le roi convie l’épouse à sortir de sa maison mais il lui révèle un monde nouveau de bénédictions qu’aucun orage ni aucun vent d’hiver ne menacera jamais, où tout est joie pour l’oeil, musique pour l’oreille et ravissement pour le palais, le pays des fleurs et des chants, des figues et du vin nouveau, où seule manque encore la présence de l’Épouse, la femme de l’Agneau, pour parfaire la félicité de ce lieu. C’est pourquoi le roi termine par cet appel : « Lève-toi, mon amie, ma belle et viens ».
Quand le Seigneur rassembla autour de lui ses disciples, la nuit pendant laquelle il fut livré, il consola leurs coeurs troublés en leur révélant qu’il allait leur préparer une place dans la maison de son Père, au-delà du sombre hiver de ce monde. L’orage qui les menaçait allait éclater sur sa tête. Le Seigneur regarde au-delà des ténèbres et du jugement et dévoile à nos regards une nouvelle demeure où la foi sera changée en vue. Les fleurs apparaîtront, le temps des pleurs sera passé, la saison des chants sera arrivée, la voix de la tourterelle s’y fera entendre, lorsque les saints s’uniront pour chanter le cantique nouveau à la gloire de l’Agneau. Là vraiment les fruits du ciel seront notre nourriture, le vin nouveau notre breuvage.
Longue a été l’attente, grande la patience du Christ. Mais avant de quitter les siens, il leur a dit, « je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi » (Jean 14:3). Bientôt, l’hiver sera passé, le temps de l’attente aura pris fin. « Car encore très peu de temps et celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10:37).
Nous entendrons l’appel du Seigneur à son épouse :
« Lève-toi, mon amie, ma belle et viens ». Avec une telle perspective devant nous, le chant peut s’élever de nos coeurs.
Amis, prenons courage !
Bientôt va se lever
Un matin sans nuage :
À l’éternelle plage
Nous allons arriver.
Ici-bas les tempêtes,
Ici-bas les douleurs,
Nul repos pour nos têtes :
Où trouver des retraites
Pour abriter nos coeurs ?
Mais pour l’âme docile
Il est un heureux port ;
C’est le repos tranquille,
Un calme et sûr asile
À l’abri du Dieu fort.
(H. et C. n° 201, strophes 1, 2 et 3)
Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, dans les cachettes des lieux escarpés (v. 14).
En attendant ce glorieux avenir, l’épouse est encore au pays des hivers et des orages. Mais celui qui viendra la chercher est aussi celui qui la protège. Il compare son épouse à une colombe qui se tient cachée dans les fentes du rocher et y trouve un abri contre la tempête.
Aujourd’hui aussi, dans l’attente de la venue du Seigneur, son peuple a des ennemis à combattre et des tempêtes à affronter, mais la grâce lui a procuré un abri contre l’orage. Ainsi que nous pouvons le lire, « Il y aura un homme qui sera comme une protection contre le vent et un abri contre l’orage, comme des ruisseaux d’eau dans un lieu sec, comme l’ombre d’un grand rocher dans un pays aride » (És. 32:2). Quelle sécurité pour le peuple du Seigneur, vraiment comparable à la craintive colombe, que de se trouver dans la fente de ce rocher, frappé pour nous, l’homme Christ Jésus.
Nous pouvons nous écrier, en toute confiance : « Mon rocher, et mon lieu fort et celui qui me délivre ! Mon Dieu, mon rocher, en qui je me confie,… ma haute retraite ! » (Ps. 18:2)
En toi, Seigneur, je ne redoute
Aucun danger dans le désert.
Où tes pas m’ont frayé la route,
Ton amour me tient à couvert.
(H. et C. n° 80, strophe 3)
Montre-moi ton visage, fais-moi entendre ta voix ; car ta voix est douce et ton visage est agréable (v . 14).
À travers le treillis de la maison, le roi s’est révélé à l’épouse, il lui a parlé, mais cela ne suffit pas à son coeur. Il désire voir son visage et entendre sa voix. Sa voix est douce à son oreille et son visage est agréable à ses yeux.
Nous pouvons bien dire que le Seigneur ne se contente pas de révéler ses gloires à son peuple et de parler avec lui. Il attend ce jour où son peuple lui sera présenté en gloire, sans tache ni ride ni rien de semblable, parfait, dans toute la beauté dont Il l’a revêtu. Il lui tarde d’entendre ses rachetés unir leurs voix pour dire : « À Celui qui est assis sur le trône et à l’Agneau, la bénédiction et l’honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles » (Apoc. 5:13).
— Prenez-nous les renards, les petits renards qui ravagent les vignes, car nos vignes sont en fleur — (v. 15).
Le roi a exprimé son désir ardent de voir le visage de l’épouse et d’entendre sa voix ; mais, comme les renards, avec leurs petits, gâtent les vignes au moment où elles sont en fleur, ainsi fréquemment un mal, de nature secrète et subtile, est à l’oeuvre pour empêcher l’épouse de réjouir le roi.
Christ désire la compagnie de son peuple, il veut souper avec lui. S’asseoir à ses pieds, goûter la communion avec lui est la seule chose nécessaire. Il peut se dispenser de notre service affairé, mais il ne veut pas se passer de notre présence. Marie a rendu ce fruit agréable au Seigneur. Il n’en a pas été ainsi de Marthe, et combien souvent nous lui ressemblons ! Nous laissons par négligence quelque « renard » se glisser dans nos pensées, un renard que peut-être nous estimons inoffensif. L’orgueil, la cupidité, la malveillance, les murmures, l’agressivité, l’impatience, la jalousie, la vanité, la légèreté peuvent être tolérés sans être jugés. La communion est interrompue et notre vie devient stérile. Nous avons besoin de veiller diligemment contre les incursions de ces petits renards pour les chasser sans pitié dès qu’ils se montrent.
L’épouse (2:16 à 3:5).
Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui (v. 16),
Le roi a rendu une brève visite à l’épouse puis il est parti ; mais durant ce court entretien il a éveillé ses affections. C’est ainsi que le jour de sa résurrection, le Seigneur, dans une courte entrevue, a fait brûler des coeurs lents à croire (Luc 24:25-32).
Ici le roi avait captivé l’épouse par la description d’un pays de soleil et de fleurs, d’un pays de repos et de chants, d’un pays de joie et d’abondance. Il l’avait invitée à se lever et à l’accompagner dans cette heureuse patrie. Son amour s’est réveillé. Elle comprend son amour, son dévouement et s’écrie, « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui ».
Christ agit de la même manière envers les siens aujourd’hui. Il se révèle et nous dévoile tout ce que sa grâce s’est proposé à notre égard ; il nous dit combien il lui tarde de nous avoir avec lui, face à face, et d’entendre nos voix, lorsque le cantique nouveau s’élèvera. Il nous parle dans le chemin, fait brûler nos coeurs indolents et nous communique le sentiment profond qu’il est à nous et que nous sommes à lui. Ce n’est pas l’exposé sec d’une vérité mais la réalisation pratique de son amour.
qui paît parmi les lis (v. 16)
jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient (v. 17).
Le roi a déjà comparé l’épouse au lis. Il lui a révélé toutes ses pensées. Elle réalise qu’il trouve sa nourriture et son plaisir en elle. « Il paît parmi les lis ».
Christ, durant son absence, trouve aussi sa joie dans les siens. Il veut qu’ils contemplent sa gloire : « Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi » (Jean 17:24). Jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient, il trouve ses délices à venir vers les siens : « Je ne vous laisserai pas orphelins ; je viens à vous » (Jean 14:18). Le chrétien a vraiment une vie heureuse et un riche héritage, Christ ici-bas et pour l’éternité.
Tourne-toi ; sois semblable, mon bien-aimé, à la gazelle ou au faon des biches sur les montagnes de Béther (v. 17).
Tout le désir de l’épouse, c’est de recevoir d’autres visites du roi, semblable à ces gazelles ou à ces faons qui descendent la nuit des montagnes, pour se nourrir dans les plaines.
Ah ! puissions-nous apprécier chaque occasion où le Seigneur prend place au milieu des siens, pendant la traversée de ce monde ténébreux ! (Matt. 18:20).
Sur mon lit, durant les nuits, j’ai cherché celui qu’aime mon âme, je l’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé (3:1).
L’épouse a entendu parler du jour, elle attend l’aurore, mais elle est encore dans la nuit. La présence du roi apportera le jour ; son absence n’est-elle pas la nuit ? La présence de Jésus, ou son absence, ont pour nous les mêmes effets que pour l’épouse.
Elle a désormais de ferventes affections pour son bien-aimé. Elle a été réveillée de son sommeil et sur ses lèvres, à quatre reprises, revient cette expression :
« Celui qu’aime mon âme ».
Jusqu’ici l’époux était celui qui cherche. Mais maintenant l’amour fait de l’épouse une personne qui cherche à son tour.
Il en va de même d’un croyant
assoupi ou d’un pécheur endurci. Christ est d’abord celui qui cherche. Si le
Fils de l’homme n’était pas venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus, nous n’aurions jamais entendu
parler de ce publicain qui cherchait à voir Jésus (Luc 19:3). Si Jésus
lui-même ne s’était pas approché
des deux disciples affligés, sur le chemin d’Emmaüs, ils ne seraient pas
retournés aussitôt à Jérusalem, pour le trouver au milieu des siens.
Remarquons que c’est
précisément l’époux que l’Épouse cherche. Ce n’est ni l’aurore, ni la saison
des chants, ni le pays du bonheur. C’est une personne
qu’elle désire voir. Il est plus beau à ses yeux que le
plus merveilleux des pays, et meilleur que toutes les bénédictions qu’il
apporte.
Christ seul peut satisfaire
le croyant. Nous saluons avec joie la pensée que bientôt la dernière larme sera
essuyée, la tristesse passée pour toujours et le dernier ennemi vaincu. Mais
remplis d’amour, nous désirons avant tout Jésus
lui-même (
Luc 24:15,36).
Au brigand mourant, mais
sauvé par grâce, le Seigneur n’a pas seulement dit : aujourd’hui tu seras
dans le paradis, mais : « Aujourd’hui tu seras avec moi
dans le paradis » (Luc 23:43). Sans la présence de Christ,
la cité céleste avec sa muraille de jaspe, ses portes de perle et sa rue d’or
comme du verre transparent, serait sans valeur. Il y aura dans ce lieu des
chants d’allégresse, d’ineffables plaisirs, mais Christ est le thème du
cantique et la source de la joie. « L’Agneau est sa lampe » (Apoc.
21:23).
Il y a un autre enseignement à tirer de cet épisode. L’épouse n’obtient pas aussitôt l’objet de sa recherche. Elle doit, plus d’une fois, admettre : « Je ne l’ai pas trouvé ».
Ne cherche-t-elle donc pas la
personne qui convient ? Oui, sans doute. Mais elle cherche d’abord l’époux
d’une mauvaise manière.
Elle
dit : « Sur mon lit… j’ai cherché ». Elle le cherchait, mais en même temps
elle voulait conserver ses aises. Elle n’était pas de prime abord préparée à
renoncer à son confort pour trouver son bien-aimé.
Combien d’entre nous voudraient bien avoir Christ, si seulement ils pouvaient en même temps épargner la chair ! L’amour pour Christ nous pousse à le suivre, mais l’amour de nos aises nous retient. Nous le cherchons, en quelque sorte, sur notre lit, et dans ces conditions, nous ne le trouvons pas. Nous oublions que le Seigneur a dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix chaque jour, et me suive » (Luc 9:23).
Je me lèverai maintenant, et je ferai le tour de la ville dans les rues et dans les places ; je chercherai celui qu’aime mon âme. Je l’ai cherché, mais je ne l’ai pas trouvé (v.2).
La puissance de l’amour
triomphe chez l’épouse et elle
dit : « Je me lèverai maintenant et je ferai le tour de la ville ». Elle ne
cherche plus ses aises, mais elle se trompe à nouveau. Elle avait
cherché son bien-aimé d’une mauvaise manière, elle le cherche maintenant au mauvais endroit.
On ne saurait le
trouver dans les rues de la ville ni le long des routes « Il paît parmi les
lis ».
Nous pouvons tomber dans le même piège. Nous aimerions peut-être posséder Christ et suivre en même temps les chemins de ce monde. Mais nous ne saurions posséder Christ en épargnant la chair. Et il n’est pas davantage possible de Le posséder tout en nous installant dans le monde.
Si la croix rend témoignage à l’amour de Christ, amour plus fort que la mort, elle est aussi l’expression de la haine irréductible du monde à son égard, haine que sa mort même n’a pas assouvie. Rejeté par le monde, il a souffert hors de la porte et si nous désirons trouver Christ, nous devons « sortir vers lui, hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:12-13).
Les gardes qui font la ronde par la ville m’ont trouvée. Avez-vous vu celui que mon âme aime ? (v. 3).
Pour la troisième fois,
l’épouse échoue dans sa recherche. Elle avait cherché l’époux de la mauvaise
manière, elle l’avait cherché au mauvais endroit, elle s’adresse maintenant aux
mauvaises personnes.
L’affaire des
gardes, c’est de veiller au respect des lois et à l’ordre public. Ils peuvent
s’occuper de la justice, mais ils ne sauraient aider à la recherche de l’amour.
Lorsqu’il s’agit de « quelque injustice ou de quelque méchante fourberie », les Gallion de ce monde s’en occupent. Mais s’il s’agit d’amour
et de Jésus, alors ce sont, aux yeux du monde, uniquement « des questions de
paroles et de noms » et le monde ne peut pas être juge de ces choses (Act. 18:14-15). Et si, parfois, ils s’érigent en juges dans
ce domaine, ce n’est que pour persécuter ceux qui cherchent Christ. C’est donc
en vain que nous en appelons à un bras de chair, quoique les chrétiens, dès le
début, soient tombés dans ce piège, uniquement pour apprendre que les princes
de ce monde ont crucifié le Seigneur de gloire. Comme l’aveugle de Bethsaïda, avec sa vue partiellement recouvrée, nous sommes
portés à voir les hommes d’une manière qui est hors de proportion avec leur
importance réelle, « comme des arbres qui marchent » (Marc 8:24). Mais l’amour de
Christ veut nous amener, comme les disciples autrefois, à ne plus voir
personne, sinon Jésus seul
(Marc
9:8).
À peine avais-je passé plus loin, que j’ai trouvé celui qu’aime mon âme ; je l’ai saisi, et je ne l’ai pas lâché que je ne l’aie amené dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m’a conçue (v. 4).
Quand tous les obstacles sont surmontés — le lit, la ville, les gardes — il ne faut que peu de temps à l’épouse pour trouver son bien-aimé. Et quand elle l’a trouvé, elle le saisit et ne le lâche plus.
Le seul grand besoin du peuple de Dieu, dans les jours actuels c’est de manifester cette même énergie de l’amour qui, surmontant tous les obstacles, lie notre âme à Christ et ne le lâche plus. Mais hélas, en voyant l’apathie générale et le manque d’attachement à Christ, il nous faut crier avec Ésaie : « Il n’y a personne… qui se réveille pour te saisir » (És. 64:7).
Quand le Seigneur était sur la terre, il vint un moment où plusieurs de ceux qui professaient le suivre « se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui » ; mais les apôtres l’ont saisi et ne l’ont pas lâché. Le Seigneur leur a demandé : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » Ils répondirent : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6:66-68).
Durant l’absence du Seigneur, élevé dans la gloire, alors que l’amour de plusieurs se refroidit, que les mains se lassent, que les genoux défaillent, qu’à nouveau plusieurs se retirent et ne marchent plus avec lui, nous avons le besoin impérieux de nous stimuler l’un l’autre à le saisir et à ne pas le lâcher.
À la fin de la première strophe, l’époux amène l’épouse dans la maison du vin, mais ici l’épouse conduit l’époux dans la maison de sa mère. Pour l’épouse terrestre, la mère représente Israël (Apoc. 12). Le peuple terrestre de Dieu ne connaîtra pas la bénédiction tant qu’il ne donnera pas au Seigneur la place qui lui revient.
Pour les chrétiens, c’est la Jérusalem d’en-haut qui est leur mère à tous (Gal. 4:26). Si nous essayons de lier le nom de Christ et son autorité à ce monde, nos efforts seront vains. Pour le connaître et jouir de lui, il faut le considérer dans la scène céleste où il se trouve et à laquelle nous appartenons. Il ne peut être trouvé, nous l’avons vu, qu’en dehors du camp. La « maison de ma mère » nous enseigne que nous ne pouvons goûter sa présence qu’à l’intérieur du sanctuaire céleste.
Je vous adjure, filles de Jérusalem, par les gazelles ou par les biches des champs, n’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour, jusqu’à ce qu’elle le veuille (v.5).
La strophe s’achève, comme la première, par un fervent appel aux filles de Jérusalem, pour que rien ne vienne troubler l’intimité de l’époux et de l’épouse.
Tandis que la femme samaritaine est auprès de Jésus, au puits de Sichar, les disciples viennent. Et ils le prient : « Rabbi, mange. Mais il leur dit : Moi, j’ai de la viande à manger que vous, vous ne connaissez pas » (Jean 4:31, 32).
Si une âme s’approche, écoute Ses paroles, apprend à connaître Son amour, c’est d’un grand prix à ses yeux. Servir le Seigneur est hautement désirable. Mais il y a ce qui prend place avant le service, qui devrait avoir une grande valeur pour notre coeur : C’est la communion heureuse, paisible, ininterrompue avec lui. Soyons sans cesse aux aguets sur cette terre où tout est ruiné. Il faut peu de chose pour redescendre des hauts sommets. Notre plus fervent désir jusqu’à ce que l’aube se lève, ne sera-t-il pas que rien n’entrave plus la communion bénie qui lie notre âme à Jésus ?
Jésus, de ton amour
Viens remplir notre âme,
Et fais-la nuit et jour
Brûler de ta flamme.
Rédempteur précieux,
Maintenant dans les cieux,
Soumets tout notre coeur
À ton doux empire ;
Que pour toi seul, Seigneur,
Il batte, il soupire.
(H et C. n° 68, strophe 1)
Les filles de Jérusalem (v. 6).
Qui est celle-ci qui monte du désert, comme des colonnes de fumée, parfumée de myrrhe et d’encens et de toutes sortes de poudres des marchands ? (3:6).
Dans cette strophe, l’épouse ne se repose plus sur son lit, ce qui avait nécessité l’activité en grâce de l’époux pour stimuler son énergie et réveiller ses affections. Elle est plutôt présentée comme jouissant de l’amour et montant du désert pour partager bientôt les gloires du roi. Les filles de Jérusalem s’enquièrent : « Qui est celle-ci ? » ou « Qui est-elle ? » (autre traduction possible).
Cette scène présente un magnifique tableau d’Israël. L’Éternel pouvait dire : « J’ai trouvé Israël comme des raisins dans le désert ». Et encore : « Moi, je t’ai connu dans le désert, dans une terre aride » (Osée 9:10 ; 13:5). Il les avait tirés « avec des cordes d’homme, avec des liens d’amour » (Osée 11:4) pour les amener dans un pays ruisselant de lait et de miel. Mais ils se détournèrent de lui pour aller après des dieux étrangers.
Cependant Dieu mènera à
nouveau Israël au désert et lui parlera au coeur
et lui ouvrira « une porte d’espérance » qui le conduira aux gloires
du royaume du vrai Salomon (Osée 2:14-23).
L’Église aussi poursuit son voyage dans le désert avant d’atteindre le but, la gloire céleste. Cette admirable strophe nous présente le déroulement du pèlerinage.
Il n’est pas question ici des faiblesses ni des échecs. Le trajet est parcouru, en pleine harmonie avec la pensée de Dieu. Car le désert a ses privilèges aussi bien que ses privations.
Ici, le voyage se fait dans le palanquin du roi. En outre, les privations deviennent l’occasion de répandre une odeur agréable, tout comme le sentier de l’épouse est marqué par des colonnes de fumée, parfumée qu’elle est « de myrrhe et d’encens et de toutes sortes de poudres des marchands ».
On peut voir une signification spirituelle dans le fait que les poudres des marchands sont préparées avec des plantes ramassées dans le désert. Les expériences, les épreuves et les privations de notre voyage dans le désert, si elles sont reçues de la main de Dieu, deviennent une occasion pour que les grâces de Christ se développent. Elles peuvent dès maintenant monter en parfum d’agréable odeur, et seront trouvées « tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ » (1 Pier. 1:7).
C’est cet aspect que le Cantique des cantiques nous présente. Ce n’est pas le désert avec nos infirmités et les ressources de Dieu, comme dans l’épître aux Hébreux ; mais le désert avec ses épreuves et ses privilèges, comme dans l’épître aux Philippiens.
Paul a connu ces privations, mais il s’est grandement réjoui dans le Seigneur de ce que ses épreuves soient devenues l’occasion de produire les effets de la grâce de Dieu dans les saints, « un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (Philip. 4:18).
Nous pouvons, comme Paul, changer nos privations en privilèges, si nous savons voir dans chaque épreuve une occasion, donnée de Dieu, pour produire quelque grâce chrétienne.
Hélas, souvent, nos épreuves produisent seulement quelques fruits détestables de la chair : son irritation et sa violence, son envie et son orgueil, son impatience et ses murmures. Nous ouvrons la porte à la chair, laissant les circonstances du désert s’interposer entre nos âmes et Dieu.
Puissions-nous vraiment voir Dieu entre les circonstances et notre âme ! La foi, l’espérance et l’amour, la douceur d’esprit, l’humilité, la longanimité et la patience, seront le résultat de nos épreuves. Notre voyage à travers le désert sera comme parfumé devant Dieu « de myrrhe et d’encens, et de toutes sortes de poudres des marchands ».
Les amis de l’époux (v. 7 à 11).
Voici son lit, celui de Salomon ; soixante hommes forts l’entourent, d’entre les hommes forts d’Israël ; (v. 7).
tous tiennent l’épée et sont exercés à la guerre, ayant chacun son épée sur sa cuisse à cause des frayeurs de la nuit (v. 8).
Le lit -la litière- dans lequel l’épouse voyage à travers le désert est fourni par le roi.
De la même manière, le croyant n’a pas à voyager selon ses propres pensées, en s’appuyant sur ses propres ressources, mais avec les ressources que Dieu fournit. Cependant le voyage dans le désert, tout en développant les grâces chrétiennes, suppose aussi le combat chrétien. Nous avons besoin « d’hommes forts ». Paul exhorte Timothée à se fortifier « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus », mais il lui dit aussi : « Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 Tim. 2:1, 3).
Les soldats qui accompagnent la litière sont bien équipés. « Tous tiennent l’épée » ; ils sont « exercés » dans l’art de s’en servir ; et ils sont tous prêts à le faire, « ayant chacun son épée sur sa cuisse à cause des frayeurs de la nuit ».
De même le bon soldat de Jésus Christ est armé de « l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu » (Éphés. 6:17) Paul rappelle à Timothée que « toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim. 3:16).
Mais avoir l’Écriture ne suffit pas, il faut être exercé dans la manière de s’en servir. Timothée est exhorté à avoir « un modèle des saines paroles » et exposer « justement (ou : découpant droit) la parole de la vérité » (2 Tim. 1:13 ; 2:15).
Et il ne faut pas seulement
être exercé, mais prêt,
« ayant chacun
son épée sur sa cuisse ». Il en était ainsi du temps de Néhémie : « ceux qui
bâtissaient avaient chacun leur épée ceinte sur leurs reins » (Néh. 4:18). Il n’est plus temps de la ceindre au moment de
l’attaque. Nous devons être prêts à prêcher la Parole, à insister en temps et
hors de temps (2 Tim. 4:2).
Le roi Salomon s’est fait un palanquin de bois du Liban (v .9).
Il a fait ses colonnes d’argent, son dossier d’or, son siège de pourpre, son intérieur pavé d’amour par les filles de Jérusalem (v. 10).
À la description des hommes forts succède celle du palanquin qu’ils sont appelés à défendre. Ne voyons-nous pas dans les détails donnés à son sujet, une figure des grandes vérités fondamentales de la foi concernant la personne de Christ ?
Le bois de cèdre, incorruptible et parfumé, parle de sa parfaite humanité, les colonnes d’argent, de sa puissance en rédemption, l’or, de sa justice divine et la pourpre, de sa royauté. Enfin tout l’intérieur est « pavé d’amour » car s’il y a quelque chose au-delà de l’or, il n’y a rien au-delà de l’amour.
Telles sont les vérités vitales auxquelles l’ennemi s’attaque, que la chrétienté abandonne, mais qu’un bon soldat de Jésus Christ doit défendre avec énergie.
Sortez, filles de Sion, et voyez le roi Salomon, avec la couronne dont sa mère l’a couronné au jour de ses fiançailles, et au jour de la joie de son coeur (v. 11).
Jusqu’ici les filles de Jérusalem étaient occupées de l’épouse et du cortège nuptial. Elles considèrent maintenant le roi.
Notre voyage dans le désert, avec ses épreuves et ses combats, s’achèvera dans les gloires du royaume. Nous avons connu le Seigneur dans le désert de ce monde, avec la couronne d’épines. Nous allons bientôt le contempler, au jour des noces, avec la couronne de gloire. Il se présentera son peuple comme une épouse « glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable » (Éphés. 5:27). Ce sera vraiment le jour de la joie de son coeur quand « il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait » (És. 53:11).
L’époux (4:1 à 16).
Voici, tu es belle, mon amie ; voici tu es belle ! Tes yeux sont des colombes derrière ton voile ; tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres sur les pentes de la montagne de Galaad (v. 1).
Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, qui montent du lavoir, qui toutes ont des jumeaux, et pas une d’elles n’est stérile (v. 2).
Tes lèvres sont comme un fil écarlate, et ta bouche est agréable ; ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile (v. 3).
Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour y suspendre des armures ; mille boucliers y sont suspendus, tous les pavois des vaillants hommes (v. 4).
Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d’une gazelle, qui paissent parmi les lis (v. 5).
L’épouse trouve son plaisir à parler aux autres des gloires de l’époux. Lui se plait à insister sur les beautés et les perfections de son épouse, et à lui révéler ses pensées à son égard.
Il est précieux de parler aux autres des gloires de Christ. Mais pour que nos coeurs soient établis dans une paix et une joie inaltérables, il faut que nous entendions sa voix nous communiquer ses pensées à l’égard des siens. C’est ce qui donne un caractère extrêmement précieux à la prière de Jean 17.
Par deux fois le roi répète, « voici, tu es belle ». Mais il ne lui suffit pas de donner une appréciation d’ordre général au sujet de son épouse. Il s’attarde sur plusieurs traits de sa beauté.
Pour nous, ces divers traits mettent en évidence les grâces morales que Christ voit dans son peuple.
(1) Les yeux sont les fenêtres de l’âme, l’expression de son caractère et de sa condition morale. La comparaison avec des colombes met en évidence sa douceur, sa pureté et son affection pleine de dévouement, mais unie à la modestie, car les yeux sont derrière le voile.
(2) Les cheveux sont comparés au poil noir et lustré des chèvres, tel qu’un grand troupeau sur les pentes de Galaad peut en présenter le spectacle. L’Écriture se sert des cheveux comme d’un symbole de la soumission, de la séparation du monde et de la consécration à Dieu.
(3) Les dents, comparées à des brebis qui montent du lavoir, indiquent la pureté ; les jumeaux, l’harmonie de l’ensemble. Le fait qu’aucune d’entre elles n’est stérile, donne une idée de plénitude ; autant de qualités que Christ se réjouit de trouver dans les siens.
(4) Les lèvres semblables à un fil écarlate traduisent la bonne santé du corps, tout comme de saines paroles, desquelles les lèvres sont un symbole, montrent l’état du coeur, « car de l’abondance du coeur la bouche parle » (Matt. 12:34).
« La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (Jean 1:17), c’est pourquoi nous lisons à son sujet, « la grâce est répandue sur tes lèvres » (Ps. 45:2). De l’épouse, le roi peut dire, « ta bouche est agréable ». Si l’amour de Christ étreint notre coeur, sa louange sera sur nos lèvres, et la même grâce qui est répandue sur ses lèvres trouvera son expression sur les nôtres.
(5) Les joues et le front sont dans l’Écriture l’expression de la modestie ou de l’audace. Le prophète disait d’Israël : « Tu es obstiné… et ton front, d’airain » (És. 48:4). L’Éternel demande : « Avaient-ils honte, parce qu’ils avaient commis l’abomination ? » et la réponse vient aussitôt : « Ils n’ont eu même aucune honte, ils n’ont même pas connu la confusion » (Jér. 6:15 ; 8:12). En contraste, l’épouse est caractérisée par la modestie. Elle peut rougir de sorte que sa joue devient rouge « comme un quartier de grenade » mais « c’est derrière son voile ». Il y a une réelle modestie derrière le symbole extérieur de la soumission. Ce n’est pas une soumission extérieure et une rébellion intérieure.
La modestie, accompagnée de soumission est une précieuse qualité aux yeux de Dieu (Rom. 12:3 ; Tite 2:5).
(6) Le roi compare le cou de l’épouse, orné de pierres précieuses, à la tour de David, ornée, elle, de mille boucliers qui témoignent des victoires du fils d’Isaï.
Ainsi Christ sera bientôt « glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1:10).
(7) Les seins symbolisent les affections. L’illustration fournie par la gazelle est employée dans le même sens dans Prov. 5:19 pour montrer ce qui est agréable. Les jeunes faons présentent la fraîcheur des affections.
Aux yeux de Christ, les siens sont caractérisés par un amour fidèle et durable.
Jusqu’à ce que l’aube se lève, et que les ombres fuient, j’irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens (v. 6).
En attendant le jour où sa joie sera parfaitement accomplie, l’époux se retire « à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens ». L’épouse est encore dans le désert. Aussi bénies que soient les communications de l’amour le long du chemin, le jour des noces est encore à venir.
Durant notre voyage, c’est la nuit de l’absence de Christ. Il peut s’entretenir avec nous le long de la route, nous faire réaliser sa présence d’une manière bénie, mais selon les conseils de Dieu, il s’est rendu « à la montagne de la myrrhe et à la colline de l’encens » « jusqu’à ce que l’aube se lève et que les ombres fuient ».
Tu es toute belle, mon amie, et en toi il n’y a point de défaut (v. 7).
Aux yeux du roi, l’épouse est
« toute belle » et sans tache. Le
peuple de Dieu aussi, à la lumière du dessein de Dieu, est saint et
irréprochable devant lui en amour.
Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens du Liban avec moi ; regarde du sommet de l’Amana, du sommet du Senir et de l’Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards (v. 8).
Si pour un temps l’épouse est laissée au désert, si l’époux s’en va vers la montagne de la myrrhe, il désire être en tout cas l’objet exclusif de ses affections. « Viens avec moi », dit-il, « regarde du sommet de l’Amana ».
De la même façon, nous sommes appelés à chercher « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1). La terre ne peut offrir de sites plus magnifiques que ceux du Liban, de l’Amana, du Senir et de l’Hermon, mais des dangers se dissimulent dans les scènes terrestres les plus resplendissantes. Le lion a sa tanière, et le léopard rôde, dans les lieux les plus excellents de la terre. La plaine bien arrosée du Jourdain peut apparaître aussi belle que le jardin de l’Éternel, mais Sodome et Gomorrhe s’y trouvent. Prenons garde à ne pas regarder en arrière comme la femme de Lot. Détournons plutôt les yeux de la majesté des choses créées et portons-les au-delà, afin que nos affections s’attachent aux choses d’en haut et non à celles de la terre.
Tu m’as ravi le coeur, ma soeur, ma fiancée ; tu m’as ravi le coeur par l’un de tes yeux, par l’un des colliers de ton cou (v. 9).
Que de charme ont tes amours, ma soeur, ma fiancée !
Que tes amours sont meilleures que le vin, et l’odeur de tes parfums plus que tous les aromates ! (v. 10).
Tes lèvres, ma fiancée, distillent le miel ; sous ta langue il y a du miel et du lait, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban (v. 11).
Si l’époux désire les affections de l’épouse, c’est qu’il peut lui dire en toute vérité, « tu m’as ravi le coeur ». Il le lui répète deux fois.
C’est une bonne chose que nos affections appartiennent à Christ sans réserve, mais rien n’établit autant le croyant et ne le remplit d’une joie mêlée d’adoration comme de réaliser la joie que Christ trouve dans ses rachetés. Nos pensées à l’égard de Christ sont rares et mesquines, mais nous pouvons dire avec le psalmiste : « Tu as multiplié, toi, Éternel mon Dieu, tes oeuvres merveilleuses et tes pensées envers nous ; on ne peut les arranger devant toi… -elles sont trop nombreuses pour les raconter » (Ps. 40:5).
Il n’est pas étonnant que nous soyons ravis par Christ, mais c’est un grand sujet d’émerveillement que lui puisse l’être par les siens.
Que voyait donc le roi chez l’épouse qui puisse ainsi le transporter de ravissement ? À vue humaine, peu de chose. Un regard de ses yeux ou un collier de son cou. Mais ce regard était rempli d’amour et le collier parlait de la parure dont lui-même l’avait revêtue. « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19). Le regard des yeux est l’expression de l’amour et le collier au cou proclame que cet amour est le fruit du sien.
L’épouse avait déjà dit de l’époux, que ses amours étaient meilleures que le vin et que son nom était un parfum répandu. Maintenant l’époux se sert de la même figure, avec plus de force encore, pour exprimer les délices qu’il trouve dans l’amour de l’épouse.
Pour Christ, l’amour de son peuple ne peut se comparer à aucune des joies de la terre. Simon le pharisien a pu préparer pour le Seigneur un festin, peut-être somptueux. Mais celle qui n’avait pas été invitée, cette pécheresse dont le nom n’est pas donné, avait préparé pour le Seigneur un festin plus grand encore, « car elle a beaucoup aimé » (Luc 7:47).
Le Seigneur prête une attention particulière aux dispositions du coeur, elles ont plus de prix à ses yeux que nos travaux, quoiqu’il n’y ait pas d’amour véritable sans oeuvres.
Les lèvres, la langue, les vêtements, proclament aussi l’amour de l’épouse. Tout est un ravissement pour le roi.
Des méchants, il est écrit : « Il y a du venin d’aspic sous leurs lèvres » (Ps. 140:3), mais de son épouse, lui peut dire : « Sous ta langue il y a du miel et du lait ».
Les paroles qui tombent des lèvres des siens sont agréables au Seigneur. Leurs vêtements, symbole de la justice pratique des saints, ont l’odeur du Liban, du bois de cèdre qui parle de perfection humaine.
Tu es un jardin clos, ma soeur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée (v. 12).
Tes plants sont un paradis de grenadiers et de fruits exquis, de henné et de nard, de nard et de safran (v. 13), de roseau odorant et de cinnamome, avec tous les arbres à encens ; de myrrhe et d’aloès avec tous les principaux aromates (v. 14) ;
Une fontaine dans les jardins, un puits d’eaux vives, qui coulent du Liban (v. 15).
Le roi compare maintenant l’épouse à un jardin clos. Il fait ressortir ainsi combien elle est mise à part pour ses délices. Au milieu du désert aride, il a son jardin clos où, pour son agrément, il trouve des fontaines d’eau et des fruits agréables.
Dès le commencement, le propos de Dieu était d’avoir un jardin dans ce monde pour son propre plaisir. Dans ce but, il avait placé un jardin en Eden, du côté de l’Orient. On y trouvait des arbres qui étaient un plaisir pour les yeux, et dont le fruit était bon. Un fleuve arrosait ce jardin et coulait de là vers le monde environnant. Mais le péché est entré et le jardin gâté n’a produit que des ronces et des épines.
À nouveau, au cours des temps, le Seigneur a planté un jardin. Il a choisi Israël parmi les nations et l’a comparé à « une vigne sur un coteau fertile » (És. 5:1). Il « l’environna d’une clôture » (Marc 12:1) pour la séparer des nations. Il « en ôta les pierres, et la planta de ceps exquis… il s’attendait à ce qu’elle produirait de bons raisins », du fruit pour lui. Mais le péché, une fois encore, a gâté le jardin et il n’a produit que « des raisins sauvages » (És. 5:2). La vigne, laissée à l’abandon, est devenue un lieu d’élection pour les ronces et les épines (És. 5:6).
Aujourd’hui le Seigneur a son jardin sur la terre. L’apôtre peut dire de l’Assemblée : « Vous êtes le labourage de Dieu », et dans ce jardin, l’un plante et l’autre arrose, mais c’est Dieu qui donne l’accroissement (1 Cor. 3:6-9). Hélas, le jardin a été gâté, car pendant que les hommes dormaient, l’Ennemi a semé de « l’ivraie parmi le froment » (Matt. 13:25). Il en résulte que le peuple de Dieu, divisé et dispersé, n’offre plus, à nos yeux, que de faibles vestiges du jardin de Dieu.
Mais si nous nous tournons du peuple de Dieu vers la parole de Dieu, nous trouvons dans le Cantique des cantiques une belle description du jardin, tel qu’il plaît au Seigneur. Et, tandis que nous nous attardons dans son enceinte, nous réalisons combien peu nous répondons au désir du Seigneur !
Il faut d’abord nous souvenir
que ce jardin est un jardin clos
, ce qui nous parle de séparation, de
soins protecteurs et aussi de sanctification.
Pour Dieu ce monde n’est qu’un lieu aride, où Jésus est mort, mais ceux que le Seigneur appelle « les siens » s’y trouvent encore. Aussi, en écoutant les désirs que le Seigneur exprime dans la prière de Jean 17, nous entrons un peu dans la profonde signification spirituelle de ce jardin.
Ce jardin clos parle de séparation
du désert environnant, et
nous entendons le Seigneur dire au Père que les siens ne sont pas du monde
comme lui n’est pas du monde (Jean 17:14).
Le jardin est clos en vue de protéger des plantes délicates, et le
Seigneur prie pour que son peuple soit gardé du mal (v. 15). Enfin, le jardin
clos implique un lieu mis à part pour la joie de son propriétaire, et le
Seigneur exprime le désir que son peuple soit sanctifié (v. 17). Il veut avoir
une Assemblée dans ce monde, définitivement séparée du monde, préservée du mal
qui y règne et mise à part pour être, pour lui, un jardin clos.
Mais ce jardin clos est aussi
un jardin arrosé
. Israël sur son déclin est comparé à « un jardin qui n’a
pas d’eau » (És. 1:30). Toutefois, regardant à sa
restauration future, le même prophète peut dire : « Tu seras comme un
jardin arrosé, et comme une source jaillissante dont les eaux ne trompent pas »
(És. 58:11). Le jardin du roi a sa source fermée et
sa fontaine scellée. Il ne dépend pas du désert environnant pour son
approvisionnement, la source est à l’intérieur du jardin.
Le peuple de Dieu aussi a sa
source secrète à laquelle il s’abreuve : le Saint Esprit « que le monde ne
peut pas recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas » (Jean
14:17). Il est vraiment la source
mais elle doit être fermée. Il est
possible d’attrister le Saint Esprit au point de le réduire au silence. Combien
nos âmes sont desséchées, stériles, quand l’Esprit est éteint !
Nous avons besoin de garder la porte soigneusement fermée contre l’intrusion de la chair, de peur que les Philistins ne bouchent, une fois encore, les puits, comme après la mort d’Abraham (Gen. 26:18).
Cette source fermée est aussi
scellée
. Une source fournit une eau intarissable ; une fontaine,
une eau qui jaillit. Le Saint Esprit est une source inépuisable en nous ;
et répondant à tous nos besoins tout au long de la route, il est aussi dans le
croyant une fontaine « jaillissant en vie éternelle » (Jean 4:14). Ici la
fontaine est réservée au roi, elle est scellée.
En tant que source, le Saint Esprit répond à nos besoins ; comme fontaine, il est entièrement occupé de Christ et engage nos coeurs avec lui.
Le jardin du roi est fertile, ses plants forment « un paradis de grenadiers et de fruits exquis, … avec tous les arbres à encens ; de myrrhe et d’aloès, avec tous les principaux aromates ». Les plants peuvent varier en dimension et en beauté, en parfum et en fécondité, mais ils sont tous pour les délices du roi.
Dans le jardin du Seigneur, il n’y a pas deux rachetés semblables, mais tous contribuent à son plaisir.
Enfin le jardin est une source de bénédictions pour les régions d’alentour. C’est comme « un puits d’eaux vives, qui coulent du Liban », un fleuve d’eau vive qui coule vers les hommes qui périssent.
Il est bon pour nos âmes de nous attarder un moment dans le jardin du roi et de chercher à saisir la signification spirituelle des murs qui l’entourent, de la source qui l’arrose, des fruits et des aromates qui y poussent et des ruisseaux qui en sortent vers les pays arides d’alentour.
Nous avons besoin de toutes ces leçons, car notre service est souvent pauvre et incomplet. Nous sommes enclins à nous donner beaucoup de peine dans une partie du jardin, au détriment du reste.
Maintes fois, dans l’histoire du jardin du Seigneur, certains se sont tant affairés à l’entretien des haies et des fossés, qu’ils en ont négligé les fleurs et les fruits. De telles personnes ont presque entièrement limité leurs efforts à maintenir la séparation d’avec le monde et à exclure le mal du jardin du Seigneur. Ils n’ont eu que peu de temps pour prendre soin des âmes. Il en est résulté un jardin préservé certes des influences extérieures, mais dans lequel il y a peu de fruits pour le Seigneur et peu de bénédiction pour le monde environnant.
D’autres ont oublié de garder la source fermée. On a laissé la chair agir librement dans le jardin du Seigneur, si bien que le Saint Esprit a été attristé et empêché d’agir. Le jardin a cessé alors de produire son fruit précieux pour le Seigneur.
D’autres encore ont été tellement attirés par les fleurs et le fruit, qu’ils en ont négligé les clôtures et les fossés. Les murs d’enceinte sont tombés en ruine et le mal est entré par les brèches, de sorte que le jardin du Seigneur a été étouffé par les mauvaises herbes et qu’il est devenu stérile.
D’autres encore enfin ont été tellement absorbés par les ruisseaux qui coulent vers le monde, qu’ils ont négligé les plants qui grandissent à l’intérieur du jardin et ce jardin a cessé de produire du fruit à maturité pour le Seigneur.
Il faut nous rappeler que le jardin ne nous appartient pas, mais qu’il appartient au Seigneur.
Le roi peut dire dans le Cantique : « Mon jardin » (v. 16). S’il est clos, c’est pour le Seigneur. La source doit arroser son jardin ; les fruits exquis sont pour sa satisfaction. Si des ruisseaux d’eau vive coulent en dehors du jardin, ils y prépareront une pépinière de plants pour le jardin et témoigneront aussi des vertus vivifiantes des eaux que sa bonté offre à tous.
Ayant retenu de telles pensées, nous devrions veiller à éviter toute négligence qui rendrait le jardin du Seigneur improductif.
Réveille-toi, nord, et viens, midi : souffle dans mon Jardin, pour que ses aromates s’exhalent ! (v.16).
Le roi invite la froide bise du nord et le vent brûlant du sud à souffler dans son jardin, afin que les aromates s’exhalent.
Ainsi souvent le Seigneur appelle les vents contraires de ce monde à souffler sur les siens, pour produire en eux les fruits précieux de sa propre grâce. C’est toujours dans les temps de la plus ardente persécution que les plants de son jardin se sont le plus développés et ont le mieux prospéré.
L’épouse (v. 16).
Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange ses fruits exquis (v. 16).
L’épouse reprenant l’image employée par le roi, semble dire : si je suis un jardin, et si le roi voit dans son jardin un paradis de fruits exquis, alors que mon bien-aimé vienne et mange ses fruits exquis. Aux yeux de l’épouse, le jardin ne serait qu’un lieu sans intérêt sans la présence du roi. Que serait le ciel sans Christ ? le Paradis, sans le Seigneur ? l’Assemblée sur la terre, si lui-même n’en était le centre ?
Dans ce jardin clos où les disciples étaient assemblés le premier jour de la semaine, les portes du lieu, par crainte des Juifs, étant fermées, toute la bénédiction a découlé de ce que « Jésus vint, et se tint au milieu d’eux » (Jean 20:19).Un des disciples « n’était pas avec eux quand Jésus vint » (v.24). Il devait en éprouver une perte qui, dans un sens, a été définitive.
L’époux (5:1).
Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée ! J’ai cueilli ma myrrhe avec mes aromates, j’ai mangé mon rayon de miel avec mon miel, j’ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, amis ; buvez, buvez abondamment, bien-aimés ! (v. 1).
Avec quelle joie l’époux répond à l’invitation de l’épouse. Christ aime a être contraint par les sollicitations des siens. Les disciples d’Emmaüs le forcèrent, disant : « Demeure avec nous ». Avec quel empressement le Seigneur répond. « Il entra pour rester avec eux » (Luc 24:29)
Le roi, entré dans son jardin, en partage les fruits et dresse aussi une table, car il peut dire : « Mangez, amis ; buvez, buvez abondamment, bien-aimés ! » Nous pouvons préparer notre petit festin pour le Seigneur, comme dans la maison de Béthanie ; mais quelle abondance de biens il déploie, lui, à notre intention ! S’il a trouvé du plaisir au milieu des siens, sa présence aussi les a remplis de joie, car nous lisons : « Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur » (Jean 20:20).
Il trouve constamment ses délices à venir dans son jardin, à l’écart du désert de ce monde. Il soupe avec nous et nous avec lui, « jusqu’à ce que l’aube se lève, et que les ombres fuient ». Alors, enfin, nous serons assis au banquet des noces de l’Agneau dans la gloire céleste. Et nous ne sortirons plus jamais dehors.
L’épouse (v. 2)
Je dormais, mais mon coeur était réveillé. C’est la voix de mon bien-aimé qui heurte (v.2).
La fête nuptiale a pris fin ; le roi s’en est allé vers la montagne de la myrrhe et vers la colline de l’encens. Durant la nuit de son absence, l’amour de l’épouse s’est refroidi. Elle cherche ses aises dans sa propre maison. Avec quelle rapidité elle passe ainsi du festin en sa présence au sommeil en son absence !
Déjà précédemment, son amour s’était affaibli, mais il s’agit maintenant d’un déclin plus sérieux. Elle s’était reposée dans sa maison ; à présent elle y dort, mais d’un sommeil agité. « Je dormais » dit-elle, « mais mon coeur était réveillé ».
Comme celui de l’épouse, hélas, notre amour peut souvent se refroidir, même si nous avons connu et goûté la communion avec Christ. Les disciples sont passés du festin dans la chambre haute au sommeil dans le jardin des Oliviers. Nos sentiments peuvent changer aussi rapidement.
Mais un tel sommeil ne peut être que tourmenté. L’âme qui a goûté l’amour de Christ ne trouve pas de repos si elle se détourne pour chercher ses aises dans ce monde trompeur. Auparavant, elle était trop prise par Christ pour jouir du monde… et maintenant, elle est trop prise par le monde pour jouir de Lui.
L’amour de l’époux par contre
est immuable
. L’épouse peut dormir, mais son amour à lui ne connaît pas
de repos tant qu’il n’a pas réveillé ses affections endormies. Christ n’est
jamais fatigué, il se porte vers son Épouse avec la même fraîcheur que lorsque
Dieu nous a élus en lui avant la fondation du monde.
L’époux (v.2).
Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! car ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit (v. 2).
L’époux frappe à sa porte, cherche à se faire ouvrir. Tendrement il s’adresse à ses affections, il voudrait restaurer celle qui s’est éloignée. Son appel touchant, « Ouvre-moi » est l’expression des désirs de son coeur, qui brûle de remplir le sien. Il lui prodigue des termes d’affection, « ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ». Il aurait pu dire : Ton roi, ton ami, ton bien-aimé. Mais l’amour prend un autre chemin, plus propre à trouver le chemin de son coeur. Il lui rappelle tout ce qu’elle est à ses yeux. L’amour défaillant de l’épouse n’a pas changé les pensées de l’époux à son égard. Puis, comme un appel décisif, il lui parle de ses souffrances pour elle. Pour réveiller son amour, il a bravé la nuit, le froid, les ténèbres et la rosée.
Ne peut-on pas voir dans toute cette scène mystique le moyen que Christ emploie pour nous réveiller de notre indifférence et nous faire à nouveau goûter son amour ? Durant la nuit de son absence, nous pouvons chercher nos aises dans ce monde. Mais il nous aime trop pour nous laisser errer loin de lui. C’est une chose vraiment solennelle si le Seigneur doit nous dire, « dormez dorénavant et reposez-vous » (Matt. 26:45). Si nous errons, il nous suit de sa grâce qui restaure et frappe à notre porte. Quelle tristesse qu’il puisse arriver un moment où la porte lui est fermée, interdite, où notre tiédeur laodicéenne le contraint à dire : « Ouvre-moi ». Ces paroles sont touchantes. Si elles sont la preuve affligeante que nos affections se sont égarées, et que nos coeurs sont vides et insatisfaits, elles parlent aussi de Son amour inaltérable et de Son désir de remplir nos âmes de Sa Personne bénie. C’est comme s’Il disait : « vous vous êtes tournés vers d’autres objets, vous n’avez trouvé aucun repos, vos âmes dorment mais elles n’ont pas la paix, vos coeurs sont réveillés mais ils sont insatisfaits, maintenant ouvrez-moi ».
Mais Christ ne s’impose jamais à une âme. Il est tout prêt à entrer mais il faut que l’épouse lui ouvre la porte.
Peut-être gémissons-nous de notre peu d’amour pour Christ ? Il faut nous souvenir qu’Il veut nous remplir, si seulement nous ouvrons la porte et Le laissons entrer. Le loquet est de notre côté.
Ce qui peut réveiller nos affections assoupies, c’est de réaliser qu’en dépit de tous nos égarements, Il nous aime toujours.
Nous sommes émus d’entendre parler des souffrances que Christ a endurées pour nous. Son coeur a été brisé pour gagner le nôtre. Si nous nous sommes détournés vers d’autres objets, si notre amour s’est attiédi, il nous faut une vision nouvelle de Celui qui se tient à la porte et qui frappe. Écoutons sa voix qui nous supplie : « je veux tes affections, ouvre-moi. Je t’aime, j’ai souffert pour toi ».
L’épouse (v.3 à 8).
Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? (v. 3).
L’épouse ne reste pas insensible à cet appel touchant, mais elle se montre incapable de secouer sa paresse. Elle trouve plus facile de se dépouiller de sa tunique que de la revêtir, plus aisé d’ôter la ceinture de ses reins que de la ceindre. Répondre à cet appel demande de l’énergie et du renoncement. La recherche égoïste de ses aises a affaibli l’épouse. Par deux fois, elle s’interroge : « Comment » ? Elle a besoin d’apprendre que, laissée à elle-même, elle ne peut sortir de sa léthargie.
Si nos affections pour Christ se refroidissent et si, comme la bien-aimée, nous nous occupons de nos propres intérêts, nous pouvons être atteints et quelque peu émus par cet appel touchant et pourtant nous montrer incapables de secouer notre langueur spirituelle. Mais si nous ne pouvons pas restaurer nos âmes, lui le peut et il le fait. « Il restaure mon âme » (Ps. 23:3), c’est l’expérience du psalmiste.
Dans la scène suivante, nous voyons comment l’amour va opérer pour guérir notre abandon (Osée 14:4). C’est un chemin qui peut être douloureux pour la chair, mais dont l’issue est bénie.
Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui (v. 4).
L’époux avait parlé, maintenant il avance sa main vers l’épouse. Et cet appel silencieux enfin éveille un écho.
Ce fut aussi l’expérience de Pierre lors de sa chute, quand, au moment même de son reniement, le Seigneur se tournant, le regarda. Ce regard, plus persuasif que des paroles, semblait lui dire : « Tu m’as renié, mais je t’aime ». Et ce regard, tout comme la main de l’époux dans notre Cantique, commença le travail de restauration, car « Pierre, étant sorti dehors, pleura amèrement » (Luc 22:61-62). Quand nous avons manqué et que le Seigneur étend vers nous sa main blessée, preuve irréfutable de son amour invariable, cela nous laisse-t-il insensibles ?
Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, et de mes doigts, la myrrhe limpide, sur les poignées du verrou (v. 5).
J’ai ouvert à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé s’était retiré, il avait passé plus loin ; mon âme s’en était allée pendant qu’il parlait. Je le cherchai, mais je ne le trouvai pas ; je l’appelai, mais il ne me répondit pas (v. 6).
Cet appel a triomphé de la léthargie de l’épouse. Elle se lève pour ouvrir à son bien-aimé. La porte par laquelle il avait voulu entrer conservait le parfum de sa présence, mais il s’était retiré, cherchant par son absence à ranimer ses affections. Le moyen qu’il emploie se révèle efficace. L’épouse est maintenant entièrement réveillée, « je me suis levée … j’ai ouvert à mon bien-aimé … je le cherchai … je l’appelai », tel est son langage. Chaque expression manifeste le renouveau d’énergie de ses affections. Pour le moment c’est en vain, car il est parti et ne lui répond pas. Le bien-aimé a d’abord été celui qui cherche, mais il n’a pas reçu de réponse. Son amour s’est servi d’un autre moyen et l’épouse devient à son tour celle qui cherche sans recevoir de réponse. L’amour de l’époux a-t-il donc changé ? A-t-il abandonné son épouse ? Oh non, ce n’est pas l’amour, mais la façon de l’exprimer qui a changé. L’épouse doit apprendre que la communion de l’amour se perd aisément, mais ne peut être retrouvée qu’à travers des expériences humiliantes.
L’amour a agi de la même manière à l’égard des deux disciples « lents de coeur » sur le chemin d’Emmaüs. Ils s’éloignaient, mais le Seigneur les a suivis. Sa grâce qui restaure agit de telle manière sur leurs affections que ces coeurs remplis de tristesse ont été rendus brûlants. Quand il eut éveillé leurs affections, il « disparut de devant eux ». Il laisse derrière lui deux personnes qui au lieu de s’éloigner, le cherchent désormais. « Se levant à l’heure même », ils s’en retournent à Jérusalem. Ils trouvent Jésus au milieu des siens (Luc 22:25, 31, 33, 36).
Le Seigneur trouve son plaisir en ceux qui le cherchent et ils ne seront pas déçus, même s’ils doivent faire des expériences douloureuses avant d’être ramenés à la jouissance de son amour.
Les gardes qui font la ronde par la ville me trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m’ont blessée ; les gardes des murailles m’ont ôté mon voile de dessus moi (v. 7).
L’épouse a perdu la compagnie de l’époux, elle est ainsi exposée aux mauvais traitements des gardes.
Le rôle des gardes c’est de maintenir l’ordre dans la cité. Trouver l’épouse errant de nuit par la ville sans son époux est contraire à l’ordre et c’est à bon droit qu’ils la réprimandent. Ils l’ont blessée, « mais les blessures faites par un ami sont fidèles » (Prov. 27:6). D’autre part ceux qui gardent les murailles doivent protéger la ville des attaques de l’ennemi. Ils doivent absolument, dans l’accomplissement de leur devoir, faire les sommations d’usage à tous ceux qu’ils rencontrent, pour distinguer entre amis et ennemis. Ils sont donc fidèles à leur tâche en agissant ainsi à l’égard de la bien-aimée. Ils doivent s’assurer, en ôtant son voile, qu’elle est bien celle qu’elle affirme être.
Si nous nous égarons, nous nous exposons à être repris par ceux qui veillent sur nos âmes. Le Seigneur accomplit souvent son travail de restauration par le moyen de ses serviteurs. Paul ne faisait-il pas le travail d’un garde quand il eut cette contestation avec Barnabas au sujet de Marc ? Ne se conduisait-il pas comme le gardien de la muraille en résistant en face à Pierre, démasquant sa dissimulation et enlevant en quelque sorte son voile ? (Gal. 2:11).
Mais pour douloureuses que soient de telles expériences, elles opèrent la vraie restauration d’une âme sincère.
La rudesse des gardes réveille chez l’épouse des élans de coeur qu’elle ne peut cacher aux autres.
Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d’amour (v. 8).
Incapable de se taire, l’épouse adjure ceux qui l’entourent de dire à son bien-aimé, au cas où ils le trouveraient, qu’elle est malade d’amour. Elle suppose que tous savent de qui elle parle. Mais pour eux l’époux est un inconnu.
Les filles de Jérusalem (v. 9).
Ton bien-aimé qu’est-il de plus qu’un autre bien-aimé, ô la plus belle parmi les femmes ? Ton bien-aimé qu’est-il de plus qu’un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ? (v. 9).
Elles n’ont jamais connu l’intimité de l’amour avec l’époux, elles ne peuvent pas comprendre l’attrait qu’il exerce.
Mais ce n’est qu’une étape de plus dans le travail de restauration de l’épouse. Ses motifs doivent être scrutés. Son bien-aimé a-t-il plus de prix pour elle qu’un autre bien-aimé… ? ce n’est pas du tout évident aux yeux des autres. Elle a pris ses aises sans lui, et quand il a frappé à sa porte, elle n’a pas fait un mouvement pour la lui ouvrir.
Pierre professait un grand amour pour le Seigneur, quand il disait, « si même tous étaient scandalisés, je ne le serai pourtant pas, moi » (Marc 14:29).Mais Pierre a manifesté peu d’amour pour le Seigneur quand il s’est endormi dans le jardin, et il n’a montré aucun amour pour lui quand il l’a renié dans le palais du gouverneur. Il fallait, pour sa restauration, que Pierre fût sondé par la question trois fois répétée, « M’aimes-tu ? » (Jean 21:15-17).
L’épouse, en réponse à la question qui la sonde, va montrer la réalité de ses affections.
L’épouse (v. 10 à 16)
Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille (v. 10). Sa tête est un or très-fin ; ses boucles sont flottantes, noires comme un corbeau (v. 11) ; ses yeux, comme des colombes près des ruisseaux d’eau, baignés dans le lait, bien enchâssés (v. 12) ; ses joues, comme des parterres d’aromates, des corbeilles de fleurs parfumées ; ses lèvres, des lis distillant une myrrhe limpide (v. 13) ; ses mains, des rondelles d’or, où sont enchâssés des chrysolithes ; son ventre, un ivoire poli, couvert de saphirs (v. 14) ;
ses jambes, des colonnes de marbre blanc, reposant sur des socles d’or fin ; son port, comme le Liban, distingué comme les cèdres (v. 15) ;
son palais est plein de douceur et toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ! (v. 16).
L’épouse dévoile aux autres les perfections
de l’époux et au fur et
à mesure qu’elle pense à lui et à ses gloires, son coeur à nouveau bouillonne.
Si nous rendons témoignage des gloires et des perfections de Christ, nos affections pour lui ne pourront qu’être réveillées.
Cette glorieuse description ne peut que s’appliquer à Christ. Ce sont ses perfections qui passent devant nous. Lui seul est « blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille ». Quelque attrait que d’autres puissent avoir, aussi nombreux qu’ils puissent être, Il les éclipse tous.
L’or très-fin de la tête évoque sa majesté divine. Ses boucles flottantes et noires dénotent sa vigueur. Ni cheveux blancs ni décrépitude ne se verront jamais en lui. « Tes années sont de génération en génération ! » (Ps. 102:24).
Ses yeux, tels ceux des colombes, parlent de ses compassions ; baignés dans le lait, c’est l’image de la pureté. « Tu as les yeux trop purs pour voir le mal, et tu ne peux contempler l’oppression » (Hab. 1:13). « Bien enchâssés » parle de ce regard, devant lequel « toutes choses sont nues et découvertes » (Héb. 4:13).
Le monde n’a vu aucune beauté en Christ et l’a frappé sur la joue. Judas faisait semblant d’être attiré par Christ, mais c’était seulement pour le livrer par un baiser. Le croyant, lui, est émerveillé par la douceur de Celui qui a donné ses joues à ceux qui arrachaient le poil (És. 50:6), elles ressemblent à ces parterres de fleurs parfumées qui font naître l’admiration.
Ses lèvres sont comparées à des lis distillant une myrrhe limpide. Les lis suggèrent la pureté et la myrrhe limpide, la grâce. Ésaïe dut confesser qu’il était un homme aux lèvres impures, mais celles de Christ étaient pures. « Il n’y avait pas de fraude dans sa bouche » (És. 53:9). « La grâce est répandue sur tes lèvres », dit le psalmiste (Ps. 45:2). Des paroles de grâce sortaient constamment de sa bouche, semblables à une myrrhe limpide (Luc 4:22). La préconnaissance de ses souffrances et de sa mort permettait qu’elles soient prononcées.
Ses mains sont comparées à des rondelles d’or où sont enchâssées des chrysolithes. L’anneau est l’emblème de l’autorité (Gen. 41:42 ; Esth. 3:10) et la preuve du lien (Luc 15:22). L’homme a manifesté sa haine vis-à-vis de Christ en clouant à la croix ses mains qui n’avaient fait que le bien. Mais le croyant trouve sa joie à reconnaître que tout pouvoir est dans Ses mains et que celles-ci sont mues par l’amour.
Son ventre, ou son corps, est comparé à de l’ivoire poli couvert de saphirs. Allusion, sans doute, à ses profondes et tendres compassions (Jér. 31:20). La blancheur et le poli de l’ivoire peuvent être l’expression de la perfection de Christ, sans défaut et sans tache ; les saphirs, de son prix inestimable. L’apôtre Pierre rend témoignage de ces deux aspects de Christ dans ses épîtres. Il parle de Lui comme « d’un agneau sans défaut et sans tache » et ailleurs il écrit, « c’est donc pour vous qui croyez qu’elle a ce prix… la maîtresse pierre du coin », type de Christ — (1 Pierre 1:19 ; 2:7).
Ses jambes, comme des colonnes de marbre, reposent sur des socles d’or fin, ce qui nous parle de cette constance et de cette fermeté dans le but poursuivi qui ont toujours caractérisé le Seigneur Jésus. Le socle d’or fin suggère pour toutes ces choses un fondement de justice divine.
Son port est comparé au Liban, qui évoque l’excellence et la dignité de Christ.
Son palais est plein de douceur ; cette expression met en évidence toute la douceur des paroles de Christ.
« Toute sa personne est désirable ». Christ est parfait, tout entier désirable. Le croyant peut se reposer en lui avec une entière satisfaction.
Dans la statue du songe de Nebucadnetsar (Daniel 2), la tête était d’or pur, mais les pieds, eux, en partie de fer et en partie d’argile. Ici la tête de l’époux est comparée à de l’or très-fin, et ses jambes aussi, telles des colonnes de marbre, reposent sur des socles d’or fin. Il n’y a aucun défaut dans le Bien-aimé.
L’épouse, ayant achevé sa description, peut conclure : « tel est mon bien-aimé, tel est mon ami ». Et chaque racheté peut parler comme elle : Tous peuvent s’unir pour chanter :
Jésus, Fils Bien-aimé du Père,
Qui t’es abaissé jusqu’à nous,
À tous les enfants de lumière
Que ton saint nom est grand et doux
À toi, Jésus, nul n’est semblable,
Car toi seul es la vérité.
Tout, dans ta Personne adorable,
Est amour, grandeur et beauté.
(H. et C. n° 164, strophes 1 et 2)
Les filles de Jérusalem (6:1).
Où est allé ton bien-aimé, ô la plus belle parmi les femmes ? De quel côté ton bien-aimé s’est-il tourné ? et nous le chercherons avec toi (v. 1).
La description que vient de faire l’épouse fait naître une nouvelle question dans l’esprit des filles de Jérusalem et sa réponse va montrer le réveil de ses affections.
Si notre amour pour Christ s’est refroidi, ces deux questions : Qui est-il ? et Où est-il ? seront propres à réchauffer nos coeurs si vite tièdes et indifférents.
L’épouse (v. 2 à 3).
Mon bien-aimé est descendu dans son jardin, aux parterres des aromates, pour paître dans les jardins et pour cueillir des lis (v. 2).
Je suis à mon bien aimé, et mon bien-aimé est à moi ; il paît parmi les lis (v. 3).
L’épouse s’est étendue avec joie sur les perfections de l’époux. S’occuper ainsi de lui a si bien stimulé son intelligence qu’elle peut dire aussitôt où le bien-aimé se trouve. Elle l’avait cherché dans la ville, mais il ne s’y trouvait pas. « Mon bien-aimé » — dit-elle — « est descendu dans son jardin », un lieu embaumé où il peut se nourrir et cueillir des lis.
Personne dans ce monde ne peut apporter quoi que ce soit au coeur de Christ, si ce n’est « les siens » (Jean 13:1). En eux sont toutes ses délices, là seulement il trouve un parterre d’aromates. Le jardin du Seigneur est composé de tous ses bien-aimés et une âme en bon état sait parfaitement que c’est là qu’il peut être trouvé au milieu des siens. Quand les deux disciples d’Emmaüs furent restaurés, ils se levèrent à l’heure même et s’en retournèrent à Jérusalem où « il se trouva lui-même là au milieu d’eux » (Luc 24:36).
L’époux (v. 4 à 9).
Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, agréable comme Jérusalem, redoutable comme des troupes sous leurs bannières (v.4).
L’épouse se trouve enfin en présence de l’époux. Elle entend sa voix, ses premières paroles la surprennent : « Tu es belle, mon amie ».
Qu’y a-t-il de plus touchant pour un croyant qui s’est égaré et refroidi que d’être attiré à nouveau dans la présence du Seigneur, et là, de réaliser qu’en dépit de tous ses errements, il peut toujours dire : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi » ? Nous entendons ces paroles de grâce : « Tu es belle, mon amie ». Au moment précis où notre coeur se reproche d’avoir erré loin d’un tel Sauveur, à l’instant même où nous avons conscience d’être indignes d’un tel intérêt et d’avoir mérité un reproche, Lui nous accueille par une parole qui montre le prix que nous avons à ses yeux.
Le jour de la résurrection du Seigneur, alors que les siens étaient réunis, « Jésus vint, et se tint au milieu d’eux » (Jean 20:19). Quelques-uns d’entre eux avaient dormi à l’heure de son combat à Gethsémané. Tous l’avaient abandonné en présence de ses ennemis et s’étaient enfuis à l’heure de l’épreuve décisive. Quels reproches va-t-il leur faire en ce jour de victoire ? Pas un seul ! Ses premiers mots sont : « Paix vous soit » (Jean 20:19).
Ici l’époux continue à exprimer tout l’attrait qu’il trouve en celle qui lui a coûté si cher. Les plus belles cités de la terre, les plus beaux spectacles du monde servent à illustrer la beauté de l’épouse.
Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres sur les pentes de Galaad (v. 5) ; tes dents, comme un troupeau de brebis qui montent du lavoir, qui toutes ont des jumeaux, et pas une d’elles n’est stérile (v. 6) ;
ta joue est comme un quartier de grenade derrière ton voile (v. 7).
Les pensées de l’époux au sujet de l’épouse n’ont pas varié en dépit de ses errements. Il emploie les mêmes images que dans une précédente strophe (voir 4:1-3) pour décrire ses perfections. Elle est ainsi assurée qu’il n’y a rien de changé dans son coeur.
Il y a soixante reines et quatre-vingts concubines, et des jeunes filles sans nombre (v. 8) : ma colombe, ma parfaite, est unique ; elle est l’unique de sa mère, la choisie de celle qui l’a enfantée. Les filles l’ont vue, et l’ont dite bienheureuse ; les reines aussi et les concubines, et elles l’ont louée (v. 9).
L’époux ne parle plus à l’épouse, mais il parle d’elle. Il ne lui suffit pas de rassurer la bien-aimée, il la justifie devant les autres. Il faut que le monde entier sache qu’il l’a aimée, qu’elle occupe une place souveraine dans ses affections. Personne ne saurait lui être comparé. En révélant aux autres tout ce qu’elle est pour son coeur, il lui assure une louange universelle.
Ce sera la part d’Israël restauré, au milieu des nations, dans un temps à venir.
Bientôt l’Église aura fini son pèlerinage. Alors s’accomplira la promesse si touchante du Seigneur : « Je les ferai venir » (les ennemis) « et se prosterner devant tes pieds, et ils connaîtront que moi je t’ai aimé » (Apoc. 3:9).
C’est aussi la manière d’agir du Seigneur vis-à-vis d’une âme restaurée. Pierre, après sa chute, retrouve dans une entrevue secrète, la communion avec le Seigneur ; mais il est aussi reconnu et honoré publiquement comme son serviteur.
Les filles de Jérusalem (v. 10).
Qui est celle-ci qui apparaît comme l’aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, redoutable comme des troupes sous leurs bannières ? (v. 10).
De la bien-aimée, l’époux avait annoncé que les jeunes filles la diraient bienheureuse et que les reines la loueraient ; et voici qu’elles s’unissent pour célébrer ses gloires.
L’époux s’était servi des plus belles cités de la terre pour faire ressortir sa beauté. Les filles de Jérusalem la comparent maintenant aux astres les plus glorieux. Il n’y a plus trace de manquement, les jours d’égarement sont passés. L’épouse paraît, fraîche comme l’aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil.
L’époux (v. 11 à 12).
Je suis descendu au jardin des noisettes, pour voir la verdure de la vallée, pour voir si la vigne bourgeonne, si les grenadiers s’épanouissent (v. 11).
La strophe s’achève sur l’intérêt que l’époux porte au fruit du travail de son âme.
Notre bien-aimé est descendu dans la vallée de la mort pour acquérir son Épouse.
Comme l’épouse du Cantique, nous avons connu, durant notre voyage, la vallée de l’humiliation, mais, à la fin, Christ recueillera les fruits de cette vallée. Il prendra place dans son jardin, au milieu des siens et y trouvera un fruit doux à son palais.
Il est venu chercher du fruit au milieu de son peuple terrestre, et n’en a pas trouvé. Quand il viendra, au jour de sa gloire, en trouvera-t-il ? Les vignes bourgeonneront-elles, les grenadiers s’épanouiront-ils ? la réponse vient immédiatement !
Sans que je m’en aperçusse, mon âme m’a transporté sur les chars de mon peuple de franche volonté (v. 12).
Son peuple, de franche volonté, lui offre aussitôt la place glorieuse qui appartient au vainqueur. Ils le placent sur les chars ; ils disent, empruntant le langage des psaumes : « Prospérant dans ta magnificence, mène en avant ton char, à cause de la vérité et de la débonnaireté et de la justice » (Ps. 45:4).
Il y a eu un temps où l’épouse n’a pas reçu l’époux, mais il est maintenant accueilli avec acclamations. Il peut certes faire en sorte que son peuple soit loué par le monde entier mais c’est Lui qui est le vainqueur ! Israël restauré dira : « Il a fait ces choses » (Ps. 22:31).
L’église glorifiée jettera ses couronnes devant lui en disant : Seigneur, « tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été immolé » (Apoc. 5:9).
En des temps différents, par des moyens variés, le Seigneur sera transporté sur les chars de son peuple de franche volonté.
La strophe précédente s’achève sur une scène d’heureuse communion goûtée par l’épouse avec son époux, dans le jardin des noisettes.
Ici nous avons deux autres scènes. Dans la première, l’épouse est présentée aux filles de Jérusalem, revêtue de magnificence par le roi (6:13 à 7:5). Dans la seconde, l’époux et l’épouse s’occupent seulement l’un de l’autre (7:6 à 8:4). Restaurée, l’épouse devient un témoin vivant de l’amour de l’époux.
Le déploiement des beautés morales de Christ chez un croyant témoigne aussi des fruits de sa restauration. Cet état heureux ne peut être maintenu que par une marche de communion avec lui. Les hommes pouvaient discerner, par la conduite des disciples, qu’ils avaient été avec Jésus (Act. 4:13).
Les filles de Jérusalem (v. 13).
Reviens, reviens, Sulamithe ! reviens, reviens, et que nous te voyions (v. 13).
La scène s’ouvre avec les filles de Jérusalem. Elles ont déjà entendu des lèvres de l’épouse la belle description de l’époux, éveillant leurs affections à son sujet ; mais apparemment elle les a quittées pour rejoindre son bien-aimé au jardin des aromates. Maintenant, elles la prient de revenir, peut-être avec le secret désir d’en apprendre davantage au sujet de l’époux. Qui, mieux que l’épouse, pourrait en parler ?
Pour la première fois, elles lui donnent le nom de Sulamithe, probablement forme féminine de Salomon, reconnaissant ainsi sa relation intime avec l’époux.
L’épouse (v. 13).
Que verriez-vous dans la Sulamithe ? (v. 13).
En réponse à leur appel, l’épouse exprime sa surprise qu’elles désirent la regarder.
Les filles de Jérusalem (v. 13).
Comme la danse de deux bandes (v. 13).
On pourrait traduire, comme la danse de Mahanaïm. Allusion possible au jour où Jacob quitta la Mésopotamie pour aller au pays de la promesse, avec ses femmes, ses enfants, ses serviteurs et tous ses biens. En chemin « les anges de Dieu le rencontrèrent ; et Jacob dit, quand il les vit : C’est l’armée de Dieu. Et il appela le nom de ce lieu-là Mahanaïm » (Gen. 32:1-2). C’est-à-dire deux armées ou deux camps. L’armée du ciel et celle de la terre se rencontrèrent là.
Ainsi que l’a dit un autre : la danse parle de joie et de victoire (voir Ex. 15:20 ; 1 Sam. 18:6) et ces deux armées nous rappellent peut-être aussi les deux royaumes d’Israël si longtemps divisés, vus ici réunis à nouveau dans une commune joie dans le Seigneur, célébrant la victoire complète qu’il a remportée sur toute la puissance de l’Ennemi.
N’oublions pas que le monde considère notre marche. Nous voit-il marcher dans l’unité et dans la joie devant le Seigneur, ce qui est le fruit de la paix ? C’est une bonne chose si les autres peuvent reconnaître que nous avons été avec Jésus et en voir les conséquences.
Accédant à leur désir, l’épouse se présente devant elles dans toute sa beauté, et avec une grande joie, les filles de Jérusalem décrivent ses charmes.
L’époux (7:1 à 5).
Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince ! Les contours de tes hanches sont comme des joyaux, ouvrage des mains d’un artiste (7:1).
Ton nombril est une coupe arrondie, où le vin aromatique ne manque pas ; ton ventre, un tas de froment, entouré de lis (v. 2).
Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d’une gazelle (v. 3).
Ton cou est comme une tour d’ivoire ; tes yeux sont comme les étangs qui sont à Hesbon, vers la porte de Bath-Rabbim ; ton nez est comme la tour du Liban, qui regarde vers Damas (v. 4) ;
ta tête, sur toi, comme le Carmel, et les cheveux de ta tête, comme la pourpre. Un roi est enchaîné par tes boucles (v. 5).
L’épouse avait déjà, par ses paroles, rendu un brillant témoignage au roi. Maintenant c’est elle-même qui constitue un témoignage à toute la beauté dont le roi l’a revêtue. C’est le témoignage de la vie plutôt que celui des lèvres, de la marche plutôt que des paroles. Elle a été au jardin des aromates avec le bien-aimé, elle sort de sa présence portant sa beauté. Elle est saluée comme fille de prince, elle porte le sceau de la royauté. La grâce et la majesté royale caractérisent sa marche.
Autrefois aussi la face de Moïse brillait de la gloire de Celui dans la présence duquel il s’était tenu. Ce jour-là, tout Israël put voir les effets des relations d’un homme avec le ciel.
Plus tard Élisée vit Élie enlevé au ciel et, à son retour à Jéricho, les fils des prophètes reconnurent aussitôt que l’esprit d’Élie reposait sur Élisée (2 Rois 2:15). Ils n’avaient pas assisté à l’enlèvement, mais ils en discernaient les effets sur Élisée. Ils voyaient dans un homme sur la terre, l’esprit d’un homme qui était monté au ciel.
Étienne, plus tard encore, montra quelle bénédiction repose sur un homme qui, sur la terre, est en contact avec l’Homme qui est dans le ciel. « Lui, étant plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu » (Act. 7:55). Les hommes virent les effets d’une si glorieuse vision sur Étienne, un homme capable de prier pour ses meurtriers, reflétant sur la terre la grâce de Celui qui avait été élevé dans le ciel.
Ne désirerions-nous pas ressembler à ces hommes qui, sur la terre, étaient en relation avec le ciel ? Nous poursuivons notre chemin ici-bas ; le monde peut-il voir nos visages, comme celui de Moïse, rayonner de la joie de la présence du Seigneur ? Peut-on discerner en nous l’Esprit de Christ, tout comme Élisée était rempli de l’esprit d’Élie ? Avons-nous, avec l’Homme céleste, cette ressemblance morale qui caractérisait Étienne ?
Nos vies, notre conduite, doivent proclamer notre haute origine, manifester que nous sommes une sacrificature royale, un peuple acquis pour refléter les perfections de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière !
Hélas, nous savons si peu nous attarder un moment dans le jardin du Seigneur, pour y jouir de sa communion. Puis nous sortons de ce lieu sanctifié pour porter devant les autres le parfum de ses grâces et les caractères du ciel.
Il y a souvent de la légèreté
dans nos manières, de la dureté dans nos paroles, de la brusquerie dans notre
conduite vis-à-vis des autres. Voilà qui trahit combien peu nous avons été avec
Jésus
. Trop souvent, notre conduite est réglée par l’esprit de ce monde
plutôt que par la sagesse et la sainteté du ciel.
Il en était autrement pour la Sulamithe. Elle avait été dans la présence du roi ; elle parait, remplie de la joie que lui a procurée cette rencontre. Elle a été dans les mains d’un ouvrier habile, elle porte les ornements dont il l’a parée (Éz. 16:11). La beauté du roi est sur elle.
Les filles de Jérusalem décrivent l’épouse en se servant d’un langage comparable à celui de l’époux. Mais lui, la voyant d’en haut, commence par parler de ses yeux ; tandis qu’elles, la considérant depuis la terre, parlent d’abord de ses pieds et achèvent leur description par les cheveux de sa tête.
Par nature, il n’y a rien de sain dans l’homme ; depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, tout est blessure et meurtrissure et plaies vives (És. 1:6). Mais considérés selon notre origine spirituelle et céleste, comme la fille d’un prince, nous sommes « rendus agréables dans le Bien-aimé » (Éph. 1:6).
L’époux (7:6 à 9).
Que tu es belle, et que tu es agréable, mon amour, dans tes délices (v. 6) !
Ta taille ressemble à un palmier, et tes seins à des grappes (v. 7).
J’ai dit : Je monterai sur le palmier, je saisirai ses rameaux ; et que tes seins soient comme les grappes de la vigne, et le parfum de ton nez comme des pommes (v. 8), et ton palais comme le bon vin (v. 9).
Les filles de Jérusalem peuvent contempler l’épouse comme un objet digne d’admiration. Le roi, lui, non seulement admire, mais possède l’épouse.
Les jeunes filles en la voyant, s’exclament : « que tes pieds sont beaux ». Le roi dit : « que tu es belle », mais il ajoute : « que tu es agréable, mon amour, dans tes délices ! » Les figures employées traduisent deux pensées différentes. La considérant dans toute sa beauté, il la compare au palmier, tout à la fois gracieux et majestueux. Quand il pense à elle comme à un objet de délices, il établit une comparaison avec des grappes de raisin.
D’autres ne font que contempler et admirer cette beauté. Mais elle appartient au roi seul. Il trouve chez son épouse des affections comparables aux grappes de la vigne, des grâces qui rappellent l’odeur suave des pommes, des joies qui évoquent le bon vin.
Il en sera ainsi de l’épouse terrestre, dans un jour à venir. D’Israël restauré, Dieu pourra dire : « Je ferai de vous un nom et une louange parmi tous les peuples de la terre » ; mais du Seigneur lui-même, il est écrit : « Il se réjouira avec joie à ton sujet ; il se reposera dans son amour, il s’égayera en toi avec chant de triomphe » (Soph. 3:20-17). Le monde sera dans l’admiration, mais lui trouvera ses délices dans son épouse terrestre.
Son épouse céleste aussi sera manifestée en gloire devant l’univers surpris, mais Christ verra, lui, le fruit du travail de son âme et sera satisfait.
Bien des personnes peuvent voir et admirer les effets extérieurs de la restauration d’une âme ; mais le Seigneur seul trouve sa joie dans cette âme. Quand David confesse son péché, il demande : « Rends-moi la joie de ton salut », et il ajoute : « J’enseignerai tes voies aux transgresseurs ». Mais à la fin du même psaume, il peut dire : « Alors tu prendras plaisir aux sacrifices de justice, à l’holocauste, et au sacrifice qu’on brûle tout entier ». Il devient une bénédiction pour d’autres, mais, avant tout, un plaisir pour le Seigneur(Ps. 51:12, 13, 19).
L’épouse (7:9 à 8:4).
Qui coule aisément pour mon bien-aimé, et qui glisse sur les lèvres de ceux qui s’endorment (v. 9).
Je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi (v. 10).
L’épouse, quand elle entend l’époux exprimer les délices qu’il trouve en elle, ne peut garder le silence. L’époux compare au bon vin la joie qu’il a trouvée en elle ; elle ajoute immédiatement : « il coule aisément pour mon bien-aimé ». Dans le passé, ses affections ont pu s’égarer, mais maintenant restaurée, elle est tout entière à son bien-aimé. Autrefois elle s’était endormie sur son lit ; vaincue par la paresse, elle s’était montrée incapable de répondre à la voix de son bien-aimé ; mais toute la beauté dont son amour l’a revêtue a réveillé ses affections. Le bon vin a amené l’épouse, naguère endormie, à parler. Les paroles qu’elle prononce maintenant sont l’expression de l’expérience la plus élevée de son âme. À travers tous ses égarements et ses chutes, son coeur, affermi par la grâce, s’est exprimé avec une ferveur croissante.
Quand pour la première fois ses désirs à l’égard du bien-aimé se sont éveillés, la soif de son âme était de posséder l’objet de ses affections. Satisfaite, elle s’écrie : « Mon bien-aimé est à moi, et je suis à lui » (2:16). Mais plus elle a fait de progrès dans la connaissance de ses pensées, et plus elle est devenue consciente d’être l’objet de tout son intérêt. Cette pensée remplit son coeur, et l’amène à dire : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi » (6:3). Et quand, enfin, ses propres affections ont été ranimées, elle découvre que Son amour est inchangé. Au lieu de reproches, elle l’entend seulement exprimer le plaisir qu’il trouve en elle. Elle réalise pleinement qu’elle appartient à l’époux, objet de toutes ses affections. Avec ravissement, elle déclare : « Je suis à mon bien-aimé, et son désir se porte vers moi » (7:10).
Viens, mon bien-aimé, sortons aux champs, passons la nuit dans les villages (v. 11).
Nous nous lèverons dès le matin pour aller aux vignes ; nous verrons si la vigne bourgeonne, si la fleur s’ouvre, si les grenadiers s’épanouissent : là je te donnerai mes amours (v. 12).
Les mandragores donnent leur parfum ; et à nos portes il y a tous les fruits exquis, nouveaux et anciens : mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi ! (v. 13).
Toutes les voies du roi à
l’égard de son épouse ont pour résultat de l’amener à partager ses pensées, ses
désirs, ses affections. Il lui avait dit à plusieurs reprises : Viens
!
Elle s’était montrée lente à répondre, mais maintenant elle fait siennes ses
paroles et lui dit : « Viens, mon bien-aimé ». Elle souhaite jouir de sa
compagnie pour goûter la communion de l’amour. Elle déclare : « sortons…,
passons…, nous nous lèverons…, nous verrons… ». Elle ne voudrait plus jamais
être séparée de lui. Où qu’ils aillent, où qu’ils demeurent, quoi qu’ils
fassent, quoi qu’ils regardent, il faut qu’ils soient ensemble. Elle
ajoute : « Je te donnerai mes amours ». Dans le temps passé, ses affections
ont pu s’égarer sur d’autres objets, mais maintenant elles sont uniquement pour
lui.
L’apôtre Paul pouvait dire aussi : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).
Oh ! que tu fusses pour moi comme un frère qui ait sucé les mamelles de ma mère ! Si je te trouvais dehors, je t’embrasserais, sans qu’on m’en méprisât (8:1).
Je t’amènerais, je t’introduirais dans la maison de ma mère ; tu m’instruirais ; je te ferais boire du vin aromatisé, du jus de mes grenades (v. 2).
Sa main gauche serait sous ma tête, et sa droite m’embrasserait ! (v. 3).
Il ne suffit pas à l’épouse que son amour pour le roi s’exprime dans l’intimité. Elle désire que tous le connaissent. Oh ! que tu fusses pour moi comme un frère, dit-elle, que je puisse manifester mon amour devant tous, sans inconvenance.
Exprimer notre amour pour Christ dans un monde qui l’a rejeté, ne peut que nous attirer la haine du monde ; mais le moment vient où nous pourrons témoigner publiquement de notre amour pour lui, sans être méprisés.
Je vous adjure, filles de Jérusalem, pourquoi éveilleriez-vous, et pourquoi réveilleriez-vous mon amour, avant qu’elle le veuille ! (v. 4).
La strophe s’achève par une adjuration aux filles de Jérusalem pour qu’elles ne troublent pas l’heureuse communion de l’amour.
Les filles de Jérusalem (v. 5).
Qui est celle-ci qui monte du désert, s’appuyant sur son bien-aimé ? (v. 5).
L’épouse désirait pouvoir exprimer ouvertement son amour. Dans cette dernière strophe, son espérance est satisfaite. Elle est vue montant du désert, appuyée sur son bien-aimé, et les filles de Jérusalem s’enquièrent : « Qui est celle-ci ? »
L’épouse avait cherché et trouvé l’époux. Elle avait connu avec lui une douce mais secrète communion. Maintenant, enfin, elle est manifestée devant le monde en sa compagnie, mais appuyée sur lui. Les errances du désert ont pris fin, devant elle brille la gloire.
Il en sera ainsi d’Israël, l’épouse terrestre. Le Seigneur l’attirera et l’amènera au désert. Là, il lui parlera au coeur et quand elle sera restaurée, il dira : « Je te fiancerai à moi pour toujours » (Osée 2:14-23).
Quand le pèlerinage de l’Église dans le désert aura lui aussi pris fin, et que les noces de l’Agneau seront venues, elle sera manifestée comme associée avec Christ en gloire, telle une épouse ornée pour son mari. Nous l’exprimons avec joie dans le cantique :
Plus de nuit, plus de distance !
Ton épouse à ton côté,
Reflètera ta puissance
Et ta grâce, et ta beauté.
Fruit de ton amour suprême,
On la verra dans ce jour,
Environnée elle-même
De ton éternel amour.
(H. et C. n° 156, strophes 3 et 4)
Le Seigneur agit de la même manière vis-à-vis des croyants. Nous errons et nous tombons mais la grâce nous relève et nous rejette sur Christ, tout comme l’épouse est vue ici s’appuyant sur son bien-aimé. Nous faisons des chutes, comme Pierre, parce que nous comptons sur notre propre amour pour Christ ; mais, dans sa grâce compatissante, il nous relève et nous amène à nous appuyer sur son grand amour pour nous.
Quelle heureuse expérience que celle de Jean dont il est dit : « l’un d’entre ses disciples, que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus » (Jean 13:23). — Avec quelle lenteur nous apprenons la leçon de la dépendance ! Reconnaître notre néant et Sa plénitude, notre faiblesse et Sa puissance, et trouver ainsi toutes nos sources en Lui, est une chose difficile à cause de notre orgueil. Ce n’est pas facile d’apprendre que, pécheurs, nous ne pouvons rien apporter à Christ ; et que, croyants, nous devons tout recevoir de Lui. Ce sont ses propres paroles : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5). S’appuyer, c’est l’expression de la faiblesse qui s’attache à la force. Se pencher sur le sein de Jésus, c’est s’appuyer sur l’amour de Celui en qui habite toute la plénitude de la déité corporellement.
L’époux (v. 5).
Je t’ai réveillée sous le pommier : là ta mère t’a enfantée dans les douleurs, là celle qui t’a enfantée a été en travail (v. 5).
L’épouse a été amenée dans l’heureuse dépendance de l’amour de l’époux. Il convient de lui rappeler que toutes ses bénédictions, depuis qu’elle a été enfantée en infirmité, elle les doit au bien-aimé.
N’oublions jamais que nous
sommes débiteurs à la grâce de tout ce
que nous sommes et de tout ce que nous possédons. Qu’il s’agisse d’un croyant
tombé qui retrouve la communion et un service public ; d’Israël tombé et
rétabli dans une gloire terrestre ; ou de l’Église ruinée et
dispersée, manifestée dans la perfection de la gloire du ciel, tous
devront leur position à la grâce souveraine du Seigneur qui nous a
réveillés, fait sortir de notre avilissement et associésà
lui-même.
L’épouse (v. 6 à 8).
Mets-moi comme un cachet sur ton coeur, comme un cachet sur ton bras (v.6).
Appuyée sur son bien-aimé, réalisant que c’est à sa grâce qu’elle doit son existence, et que plus jamais elle ne pourra se confier dans son propre amour pour lui, elle s’exclame : « Mets-moi comme un cachet sur ton coeur, comme un cachet sur ton bras ».
Le nom des enfants d’Israël était gravé en ouvrage de lapidaire, en gravure de cachet sur les épaules et la poitrine du grand sacrificateur, figure de Christ (Ex. 28). Ils étaient ainsi constamment portés devant Dieu. Et la bien-aimée désire ici occuper cette place. Il a vraiment une place dans son coeur, mais la sécurité de l’épouse c’est d’en occuper une dans le sien.
C’est la place que Christ lui a donnée, quoique des âmes récemment converties puissent ne pas en être pleinement conscientes. Une âme restaurée peut dire : Je suis en sécurité. Mon nom est sur le coeur de Christ, j’ai une place dans ses affections, mon nom est gravé sur son bras, j’ai la protection et l’appui de son bras puissant.
Nous pouvons avoir confiance dans son coeur et dans son bras, si même nous ne pouvons en avoir aucune dans les nôtres. Nous n’épuiserons jamais l’amour de son coeur et il n’y a pas de limites à la puissance de son bras.
Car l’amour est fort comme la mort, la jalousie, cruelle comme le shéol (v. 6).
Sur l’amour de l’époux se fonde l’assurance de l’épouse, tout comme l’amour de Christ est la base de notre assurance. C’est un amour éprouvé, fort comme la mort.
La mort tient l’homme sous sa puissante étreinte ; toute force humaine n’est qu’un jouet pour elle ! Depuis la chute, l’homme et la mort ont soutenu un combat à outrance, mais la mort a toujours triomphé, jusqu’à ce qu’enfin l’amour, l’amour divin, soit descendu dans cette sombre vallée et soit entré en conflit avec la mort.
À la croix, l’amour est entré en lutte avec la mort et a triomphé ! La mort n’a pu vaincre l’amour de Christ. On peut dire que la mort lui a ôté la vie, mais n’a pu lui ôter son amour. L’amour a triomphé parce qu’il a consenti à mourir, pour pouvoir l’emporter sur la mort. La mort s’est en quelque sorte blessée à mort quand elle l’a fait mourir.
La jalousie est cruelle comme le shéol. Le shéol est impitoyable. Il engloutit le jeune homme, l’être le plus cher, le plus aimable ou le plus intelligent. La jalousie est sans pitié contre tout ce qui viendrait s’interposer entre l’épouse et son époux.
Le Seigneur doit passer avant qui que ce soit : « Celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi » (Matt. 10:37), dit-il. Son amour est si grand qu’il ne peut supporter que les affections de son épouse s’affaiblissent et qu’elle s’éloigne de lui. « Moi, le reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi » (Apoc. 3:19). C’est le tendre appel qu’il nous adresse tandis qu’il nous discipline pour notre profit, afin que nous rejetions tout ce qui lui cause du déplaisir. Il s’est donné lui-même pour nous acquérir. Il est en droit d’attendre que nous lui appartenions sans réserve.
L’apôtre portait les caractères de Christ et il écrit aux croyants : « je suis jaloux à votre égard d’une jalousie de Dieu ; car je vous ai fiancés à un seul mari, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste » (2 Cor. 11:2). Son amour pour le Seigneur et son amour pour les saints l’avaient rendu jaloux à la pensée que quelqu’un ou quelque chose pût venir s’interposer entre Christ et eux. Il n’avait aucune pitié pour celui qui, par de fausses doctrines, aurait voulu séduire les saints, et les éloigner de lui. « Quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème », dit-il par ailleurs (Gal. 1:8). Telle est la caractéristique d’un amour jaloux.
Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de Jah (v. 6).
L’amour porte en lui un feu consumant. Tel était l’amour du Sauveur qui ne pouvait supporter aucun déshonneur jeté sur le nom du Père. Quand il chasse les changeurs du temple, les disciples se souviennent qu’il est écrit de lui, « le zèle de ta maison m’a dévoré » (Ps. 69:9).
N’est-ce pas aussi la flamme impétueuse de cet amour qui soutenait Paul tout au long de sa vie remarquable ? Il se dépensait et il était entièrement dépensé pour les saints (2 Cor. 12:15), quittant maison et bien-être, affrontant faim et soif, froid et nudité, périls, persécution et mort, sous l’étreinte de l’amour de Christ (2 Cor. 5:14).
Ce zèle a dévoré la grande cohorte des martyrs et des saints persécutés. La flamme de l’amour qui brûlait dans leurs coeurs triomphait de celle des bûchers qui consumait leurs corps.
Beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre l’amour, et des fleuves ne le submergent pas (v. 7).
Rien ne peut éteindre l’amour divin. Le Seigneur Jésus a affronté beaucoup d’eaux, mais elles ne purent éteindre son amour. Il a bravé les fleuves, mais ils n’ont pu submerger son amour. À la croix « les fleuves ont élevé leur voix » (Ps. 93:3), mais ce ne fut que pour démontrer que l’amour divin est plus puissant que le bruit de beaucoup d’eaux. Là « les cordeaux de la mort m’ont environné, et les torrents de Bélial m’ont fait peur » dit le Seigneur (Ps. 18:4). Ils ne purent faire céder son amour. « Les eaux me sont entrées jusque dans l’âme » (Ps. 69:1) déclare-t-il, mais elles ne purent submerger l’amour qui était dans son coeur.
Toutes les vagues et tous les flots de Dieu sont passés sur lui (Jonas 2:4) sans éteindre son amour pour son épouse.
Son amour a triomphé et demeure. Nous pouvons chanter à juste titre : « À celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang… à lui la gloire et la force aux siècles des siècles ! Amen » (Apoc. 1:5-6).
Si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l’amour, on l’aurait en profond mépris (v. 7).
L’amour ne s’achète pas. Christ, il est vrai, a donné pour ainsi dire tous les biens de sa maison. Il a abandonné royaumes, trônes et couronnes, mais il a donné plus encore : « Jésus, qui s’est donné lui-même » (1 Tim. 2:6). Il a ainsi apporté la preuve de son immense amour, car « personne n’a un plus grand amour que celui-ci, qu’il laisse sa vie pour ses amis » (Jean 15:13). Et en retour de cet amour, Il s’attend à être aimé. Rien ne peut satisfaire l’amour de son coeur, sinon celui de nos coeurs. Nous pouvons offrir le travail de nos mains, notre argent, nos oeuvres de charité et même nos corps pour être brûlés, mais si l’amour fait défaut, tout cela sera sans valeur, méprisable.
L’amour de Christ fait naître l’amour. « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19).
Tel est l’amour dont nous sommes aimés :
- Un amour qui nous a donné place dans le coeur de Christ.
- Un amour qui nous a mis à l’abri de son bras puissant.
- Un amour fort comme la mort.
- Un amour jaloux, d’une jalousie de Dieu.
- Un amour qui brûle d’une flamme impétueuse.
- Un amour qui ne peut être éteint, et
- Un amour qui ne peut s’acheter.
Nous avons une petite soeur, et elle n’a pas encore de seins. Que ferons-nous pour notre soeur au jour qu’on parlera d’elle ? (v. 8).
Restaurée, heureuse dans l’amour de l’époux, l’épouse est libre pour penser à la bénédiction des autres.
Si d’abord l’épouse représente le peuple terrestre de Dieu, les Juifs restaurés et amenés dans la bénédiction par Christ, la petite soeur est une figure probable d’Éphraïm ou des dix tribus. Ils seront, nous le savons, amenés à goûter la même bénédiction, mais en passant par des expériences différentes. Leurs affections pour Christ ne se seront pas développées par les épreuves que les autres Juifs ont traversées et traversent encore. Mais pour Éphraïm aussi, le jour favorable est proche, le jour où l’on parlera de cette « petite soeur ».
Que fera-t-on pour elle alors ?
L’époux (v.9).
Si elle est une muraille, nous bâtirons sur elle une demeure d’argent ; et si elle est une porte, nous la fermerons avec une planche de cèdre (v.9).
Nous avons ici la réponse. Quand Israël sera à nouveau établi sur un fondement solide, comme une muraille, il sera un monument de la grâce rédemptrice : « Nous bâtirons sur elle une demeure d’argent ». Quand il deviendra une porte, c’est-à-dire quand son coeur s’ouvrira à Christ, il sera l’objet de sa protection et de sa sollicitude : « Nous la fermerons avec une planche de cèdre ».
Ces principes ne peuvent-ils pas s’appliquer à bien des personnes dont les affections pour Christ, comme dans le cas d’Éphraïm (Jér. 31), n’ont pas trouvé l’occasion de se développer ? Combien nombreux, hélas, sont ceux qui ressemblent à la petite soeur du Cantique ! Leur vie peut être, extérieurement, correcte. Aucun écart grave ne saurait leur être imputé. Ils n’ont jamais erré comme l’épouse, les gardes ne leur ont jamais ôté leur voile, ne les ont jamais frappés. Ils n’ont pas suivi quelque sombre vallée pour apprendre à se connaître et n’ont pas gravi les sommets de l’Amana ou de l’Hermon pour apprendre de quel amour est rempli le coeur de Christ. Leurs affections se ressentent de ce manque de connaissance pratique de Christ.
Que
doit-on faire pour eux ? Ils ont
besoin
d’être fermement établis dans leurs relations avec le Seigneur et
leurs coeurs doivent s’ouvrir à lui. Ils deviendront ainsi vraiment des témoins
de sa grâce rédemptrice pour leur entourage, et leurs coeurs seront un jardin
clos pour Christ.
L’épouse (v. 10 à 12).
Je suis une muraille, et mes seins sont des tours ; je fus alors à ses yeux comme celle qui a trouvé la paix (v. 10).
Par grâce l’épouse peut dire : « je suis une muraille ». Fermement établie dans ses relations avec l’époux, son affection est le secret de sa force et la mesure de son témoignage devant les autres.
Une tour est un lieu de refuge et un point de repère pour d’autres. Le croyant, dont les affections ont été attirées vers Christ, est quelqu’un qui a vraiment trouvé la paix. Marie, amenée par ses affections à se reposer aux pieds du Seigneur, était une personne qui à Ses yeux avait vraiment trouvé la paix, une paix qu’il ne permettait pas que l’on trouble. « Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée » (Luc 10:42).
Salomon avait une vigne à Baal-Hamon : il remit la vigne à des gardiens ; chacun devait apporter pour son fruit mille pièces d’argent (v. 11).
Baal-Hamon signifie « maître d’une multitude ». Ce passage anticipe le temps où Christ, le vrai Salomon, règnera sur toutes les nations. La terre deviendra une vigne féconde. Les rois sur la terre seront les gardiens de la vigne, ils jouiront des fruits mais ils seront soumis à Christ. Ils paieront le tribut, apportant pour ainsi dire mille pièces d’argent.
Ma vigne, qui est à moi, est devant moi. À toi, Salomon, les mille pièces ; et deux cents pour ceux qui en gardent le fruit (v. 12).
L’épouse a sa propre vigne. Israël restauré aura une place spéciale et ce peuple aussi, admettra joyeusement son assujettissement à Christ. Mais lorsqu’il reconnaîtra que tout appartient à Christ, la bénédiction coulera aussi vers d’autres. Tandis que Salomon reçoit mille pièces, les autres en obtiennent deux cents. Le parfum de grand prix, contenu dans le vase de Marie, fut entièrement répandu sur Christ, mais d’autres aussi purent l’apprécier puisque « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jean 12:3).
L’âme qui a fait l’expérience des sombres vallées et des sommets montagneux, des errances dans la ville et des délices du jardin, est amenée à se reposer sur l’amour éternel de Christ (v. 5). Elle en connaît un peu la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur (v. 6). Elle pense maintenant aux autres (v. 8, 9), reconnaît joyeusement que Christ aura l’autorité universelle (v. 10, 11) et elle tient en même temps tous ses biens à sa disposition (v. 12). Tel est le triomphe de l’amour de Christ.
L’époux (v. 13).
Habitante des jardins, les compagnons sont attentifs à ta voix ! Fais que je l’entende ! (v. 13).
Pour la dernière fois, l’époux fait entendre sa voix. Il trouve ses délices à reconnaître ce que son amour a produit. Les égarements de l’épouse appartiennent au passé, l’amour l’a conduite à habiter les jardins.
Quel bonheur quand, attirés par l’amour de Jésus, nous trouvons notre portion loin du monde, dans la compagnie des siens, dans le jardin du Seigneur. Ce n’est que de cette heureuse place que nous pouvons rendre vraiment témoignage aux autres. Mais il ne suffit pas au Seigneur que d’autres puissent entendre notre voix, comme témoins dans le sentier du Témoignage. Il désire lui-même entendre notre voix, comme adorateurs.
Immédiatement l’épouse répond, exprimant son ardent désir.
L’épouse (v. 14).
Fuis, mon bien-aimé, et sois semblable à une gazelle ou au faon des biches, sur les montagnes des aromates (v. 14).
Le désir de l’époux est satisfait. Il entend avec joie l’épouse dire : « Fuis, mon bien-aimé ». De telles paroles montrent clairement que l’amour a fait son travail dans le coeur de l’épouse. Il est rempli maintenant d’un amour que seule la présence de l’époux peut satisfaire, que seul son retour peut combler.
L’amour nous a aussi pris en charge, a supporté patiemment tous nos égarements, a restauré nos âmes, réveillé nos affections languissantes. Nous sommes dans la compagnie de Christ, dans son jardin, et là il nous ouvre les trésors de l’amour et nous fait savoir que notre Bien-Aimé va venir nous prendre. Le travail de l’amour dans nos coeurs est achevé quand, en réponse à Sa parole, « Oui, je viens bientôt », Il entend les siens répondre : « Amen ; viens, Seigneur Jésus » (Apoc. 22:20) !
Mais à travers larmes et peines
Ta voix nous arrive d’en haut,
Prélude aux délices prochaines,
Nous redisant : « Je viens bientôt ».
Et, cri d’amour et d’espérance,
La réponse de tes élus
Par l’Esprit Saint vers Toi s’élance :
« Amen, oh viens, Seigneur Jésus » !
(H. et C. n° 212, strophes 3 et 4)