HAMILTON SMITH
Table des matières abrégée :
2 - Vie et communion — Chap. 1-2:2
3 - Les traits caractéristiques de la vie divine (Chap. 2:3-11)
4 - Croissance dans la vie divine (Chap. 2:12-27)
5 - La vie éternelle manifestée dans les croyants — Chap. 2:28 à 3:23
6 - Demeurer en Dieu et Dieu en nous (Chap. 3:24-5:5)
7 - Les témoignages rendus au Fils (Chap. 5:6-12)
8 - Confiance en Dieu (Chap. 5:13-21)
Table des matières détaillée :
2 - Vie et communion — Chap. 1-2:2
2.1 - La vie éternelle manifestée en Christ (v. 1, 2)
2.2 - Les bénédictions de la vie éternelle (v. 3, 4)
2.3 - Le Dieu avec lequel nous pouvons avoir communion (v. 5-2:2)
3 - Les traits caractéristiques de la vie divine (Chap. 2:3-11)
4 - Croissance dans la vie divine (Chap. 2:12-27)
5 - La vie éternelle manifestée dans les croyants — Chap. 2:28 à 3:23
5.1 - Vie pratique en relation avec l’apparition de Christ (2:28-3:3)
5.3 - La réalisation pratique de l’amour et ses effets (v. 17-23)
6 - Demeurer en Dieu et Dieu en nous (Chap. 3:24-5:5)
6.3 - 1 Jean 4:7-11 — L’amour de Dieu pour nous
6.4 - 1 Jean 4:12-16 — L’amour de Dieu en nous
6.5 - 1 Jean 4:17-19 — L’amour de Dieu avec nous
6.7 - 1 Jean 5:1-5 — Caractères de celui qui appartient à la famille de Dieu
7 - Les témoignages rendus au Fils (Chap. 5:6-12)
8 - Confiance en Dieu (Chap. 5:13-21)
Le grand sujet de l’évangile et des épîtres de Jean est la vie. Toutefois ce qui les distingue, c’est que dans l’évangile nous voyons la manifestation parfaite de la vie éternelle en Christ, tandis que les épîtres présentent les fruits et les preuves de l’existence de cette vie dans les croyants.
Dans les épîtres, l’apôtre nous met en garde contre les antichrists et les faux prophètes, et parle du temps dans lequel il écrivait comme revêtant déjà les caractères de la « dernière heure ». Nous pouvons ainsi en conclure que ces épîtres sont parmi les derniers écrits du Nouveau Testament et que, lorsque Jean les rédigeait, la ruine de l’Église responsable avait déjà commencé.
D’où la grande importance de cette épître pour les croyants dans les derniers jours. Elle nous enseigne que dans un temps de ruine et malgré le fait que l’Église soit privée des manifestations de puissance extérieures qui la caractérisaient aux jours de la Pentecôte, le croyant individuellement peut encore revenir à ce qui est fondamental — la vie qui a été manifestée en perfection en Christ, dès le commencement. Ni la ruine de l’Église, ni la corruption de la chrétienté ne peuvent porter atteinte à ce qui est vrai en Christ. Ainsi la vie qui a été manifestée en lui, et qui a été communiquée au croyant, peut encore être vécue et produire ses fruits bénis, dans la puissance de l’Esprit.
Quelqu’un a dit très justement : « En me donnant la vie éternelle, Dieu m’a également donné une nature et une capacité de jouir de lui pour toujours ». Nous pouvons ajouter que ces épîtres établissent de la façon la plus claire que malgré toute la ruine de la profession chrétienne et la dispersion des enfants de Dieu, nous pouvons, dans la puissance de cette vie nouvelle, jouir dès maintenant de notre part éternelle, et de la communion tant avec le Père et le Fils que les uns avec les autres.
Le grand objet de la première épître de Jean est de présenter les traits caractéristiques et les bénédictions de la vie éternelle, de cette vie « qui était auprès du Père » de toute éternité, qui a été manifestée dans le temps en perfection en Jésus, la Parole de la vie, et qui a été communiquée aux croyants.
Le grand but de la présentation de cette vie et des bénédictions qu’elle comporte est, d’une part, de nous rendre capables de déceler toute fausse prétention à la possession de la vie et, d’autre part, de nous encourager à vivre cette vie. Hélas ! comme enfants de Dieu, nous sommes souvent bien peu exercés à connaître les bénédictions de la vie que nous possédons ou à vivre cette vie, nous contentant de savoir, sur la base de l’autorité des Écritures, que croyant au Fils de Dieu nous avons la vie.
Dans la première partie de l’épître — chapitres 1 à 2:2 — trois vérités principales sont placées devant nous :
Premièrement, les versets 1 et 2 présentent la vie éternelle manifestée en Christ.
Deuxièmement, les versets 3 et 4 développent les effets bénis de la vie éternelle, nous conduisant à la communion avec les Personnes divines et à une plénitude de joie.
Troisièmement, les versets 5 à 10 du chapitre 1 et les deux premiers versets du chapitre 2 nous instruisent d’abord quant à la nature sainte de Dieu avec qui la vie éternelle nous donne d’avoir communion ; ensuite quant au moyen par lequel les hommes pécheurs peuvent être introduits dans une telle bénédiction et par lequel les croyants peuvent être maintenus dans la jouissance de la vie, en communion avec le Père.
L’épître s’ouvre en nous ramenant au début du christianisme. « Ce qui était dès le commencement » est une expression caractéristique de l’apôtre Jean. Huit fois il emploie ces termes dans le cours de ses épîtres (1:1 ; 2:13, 14, 24 (deux fois) ; 3:11 ; 2 Jean 5 et 6). Ils se réfèrent au début du christianisme, dans la Personne de Christ sur la terre. Par cette épître, nous apprenons que, déjà dans les jours de l’apôtre, de nombreux docteurs antichrétiens s’étaient manifestés, niant la vérité du Père et du Fils. Et il y avait dans le monde des faux prophètes qui contestaient la divinité de Christ et refusaient d’écouter les apôtres. Pour préserver les vrais enfants de Dieu de ce mal qui attaque les fondements de notre foi, l’apôtre place devant nous ce qui est vrai en Christ, dès le commencement.
Ni la ruine de l’Église responsable, aussi grande qu’elle soit, ni le déclin de la chrétienté professante, aussi prononcé qu’il soit, ne peuvent un seul instant porter atteinte à la vérité telle qu’elle est présentée en Christ. Dans l’Église responsable, comme en nous-mêmes, il y a ruine et manquements, mais la vérité telle qu’elle a été manifestée en Lui, demeure dans son inaltérable perfection et conserve toute sa bénédiction. Face aux nombreux faux prophètes et aux fausses doctrines qui abondent dans la chrétienté, la seule grande ressource des fidèles sera d’écouter l’enseignement des apôtres ; ils seront ainsi à même de tenir ferme la vérité, telle qu’elle a été manifestée en Christ « dès le commencement ».
Dans ce passage important, nous apprenons donc que la vie nouvelle du croyant — la vie éternelle — a été manifestée dans une perfection absolue dès le commencement dans la vie de Christ sur la terre. De ce fait, elle ne peut pas connaître un développement plus avancé. On ne peut pas aller au-delà de la perfection. Il peut arriver et hélas ! il est arrivé, qu’on s’écarte de la vérité ; il y a alors la nécessité d’être ramené à ce qui a été exprimé en Christ dès le commencement pour que nous puissions avoir une vraie appréciation de la vie qui nous a été communiquée.
Ainsi l’épître s’ouvre en nous rappelant ce qui a été manifesté en Christ, la Parole de la vie. La vie éternelle ne nous a pas simplement été décrite par des déclarations doctrinales et abstraites ; elle a été vécue d’une manière parfaite dans une Personne, un Homme, que les apôtres ont vu de leurs yeux, qu’ils ont contemplé comme un Objet devant eux et que leurs mains ont touché. Cette Personne est appelée la Parole de la vie, car étant la Parole, elle exprimait parfaitement la vie.
Cette vie divine est appelée « vie éternelle » et il nous est dit qu’elle « était auprès du Père ». Nous apprenons ainsi que la vie éternelle est une vie qui appartient à l’éternité et que, étant auprès du Père, c’est une vie céleste. Cette vie éternelle qui avait sa demeure auprès du Père de toute éternité a été manifestée dans le temps quand le Fils — la Parole de la vie — devint chair.
Par grâce, comme enfants de Dieu, nous avons la vie, mais nos nombreux manquements altèrent la manifestation et la jouissance de cette vie. Nous ne pouvons voir et découvrir la perfection de la vie que nous avons qu’en regardant à Christ. Quelqu’un a dit : « Quand je tourne mes yeux vers Jésus, quand je contemple toute son obéissance, sa pureté, sa grâce, sa tendresse, sa patience, son dévouement, sa sainteté, son amour, l’absence complète chez lui de toute recherche de soi-même, je peux dire : Voilà ma vie… Il est possible que cette vie soit obscurcie en moi ; mais il n’en est pas moins vrai que c’est ma vie » (J.N.D.).
Ce que les apôtres avaient vu manifesté d’une manière si bénie en Christ, ils l’annoncent aux croyants, afin qu’ils puissent jouir avec eux des bénédictions de cette vie. La vie éternelle trouve son expression dans la forme la plus élevée de communion — la communion « avec le Père et avec son Fils Jésus Christ ». Les apôtres voudraient nous associer à eux, et les uns aux autres, dans la jouissance de cette communion avec le Père et le Fils. « Je sais », a dit quelqu’un, « quand je trouve mes délices en Jésus — en son obéissance, en son amour pour son Père et pour nous, son œil simple et son cœur parfaitement dévoué — que j’ai les mêmes sentiments, les mêmes pensées que le Père lui-même. En cela le Père trouve ses délices, et il ne peut que trouver ses délices en Celui en qui je trouve maintenant les miennes ; j’ai communion avec le Père. Il en est ainsi du Fils dans la connaissance du Père » (J.N.D.).
En outre, ces choses sont écrites afin qu’étant introduits dans cette communion, nous ayons une joie accomplie. Le psalmiste peut dire : « Ta face est un rassasiement de joie ». Nous apprenons ici qu’il est possible de goûter cette plénitude de joie qui sera notre part dans le ciel tandis que nous marchons dans le chemin qui conduit au ciel.
Qu’il soit devenu possible à un homme qui était autrefois un pécheur dans ses péchés d’avoir communion avec les Personnes divines, est une vérité merveilleuse qui suscite aussitôt la question : « Qui est le Dieu avec qui nous pouvons être en communion ? »
L’apôtre nous dit que Celui en qui la vie éternelle a été manifestée dans toute sa perfection est également Celui en qui Dieu a été parfaitement révélé — le Dieu avec lequel cette vie nous met en communion. Aussi peut-il écrire : « C’est ici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons, savoir que Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres ». Quand les apôtres considéraient Christ, ils avaient devant eux la révélation parfaite de tout ce que Dieu est. Ils voyaient la pureté parfaite de Christ et comprenaient que Dieu est lumière — sainteté absolue. Contemplant l’amour parfait de Christ, ils comprenaient aussi que Dieu est amour. Voilà les grandes vérités que l’apôtre développe dans l’épître — Dieu est lumière et Dieu est amour (4:8). La vie, la lumière et l’amour ont été parfaitement manifestés en Christ.
Mais la vérité quant à Dieu devient nécessairement le test de la réalité de notre profession. Dieu étant lumière, il s’ensuit que si nous disons avoir communion avec lui et que nous marchions d’une manière qui prouve que nous sommes dans l’ignorance totale de Dieu, nous professons quelque chose d’entièrement faux.
Aux jours de l’Ancien Testament, Dieu demeurait dans l’obscurité profonde. Certains attributs de Dieu étaient connus, mais la plénitude de sa nature n’avait pas encore été révélée. Elle ne l’a été que par la venue de Christ. Seule une Personne divine pouvait révéler une Personne divine. Aussi lorsque Christ devint chair, il put être dit : « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). Ainsi non seulement il est vrai que « Dieu est lumière », mais par la pleine révélation de Dieu en Christ, il est aussi dans la lumière. En outre, les croyants, bénéficiant de la pleine révélation de Dieu en Christ, ont été amenés des ténèbres et de l’ignorance de Dieu jusque dans sa merveilleuse lumière. Par conséquent, c’est maintenant leur privilège de marcher dans la lumière de Dieu pleinement révélé. Les résultats pratiques d’une marche dans la lumière suivent alors, à savoir :
Premièrement, nous avons communion les uns avec les autres. Dans la vie de tous les jours ici-bas, nous avons nos propres intérêts égoïstes ; mais « dans la lumière » de la pleine révélation de Dieu, nous avons des joies et des intérêts communs. Nous avons une communion dans la connaissance des Personnes divines, caractérisée par la vie, la lumière et l’amour. Cette communion demeure pour nous malgré tous les manquements de l’Église responsable. Le temps ne peut y porter atteinte et la mort ne nous la ravira pas. Le jour de la Pentecôte a donné une belle illustration de cette communion. Jérusalem était dans les ténèbres, mais ce jour-là, trois mille âmes sont venues à la lumière de Dieu révélé en Christ. Ils parlaient des langues différentes et étaient « de toute nation d’entre ceux qui sont sous le ciel », mais aussitôt ils jouirent d’une même communion, car nous lisons : « Ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres ».
Deuxièmement, dans la lumière nous apprenons à connaître l’efficace infinie du sang de Jésus Christ son Fils qui purifie de tout péché et nous rend ainsi parfaitement propres pour la lumière. Ce serait une chose terrible pour un pécheur que de paraître dans la lumière de Dieu pleinement révélé, si ses péchés n’étaient pas purifiés. Mais Celui qui a pleinement manifesté Dieu est mort pour nous rendre entièrement propres pour la présence du Dieu qu’il a révélé.
Troisièmement, dans la lumière, il y a la pleine mise en évidence de tout ce que nous sommes. Nous avons le péché en nous et nous avons commis des péchés. Si nous disons que nous avons atteint une perfection exempte de péché, nous nous séduisons nous-mêmes et prouvons que la vérité n’est pas en nous, car le péché est encore en nous. Si nous disons que nous ne péchons jamais, non seulement nous nous séduisons nous-mêmes, mais nous faisons Dieu menteur, car nous faillissons tous à plusieurs égards. Toutefois, dans les voies gouvernementales de Dieu envers ses enfants, « si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés ». Il ne nous est pas dit de demander pardon mais, comme enfants, de confesser les péchés qui doivent être pardonnés. Nous reconnaissons nos péchés devant le Père et non seulement il les pardonne, mais il nous purifie de la souillure qui en résulte.
Quatrièmement, le pardon des péchés du croyant est rendu possible par l’office d’avocat du Seigneur Jésus. Vu que le péché est en nous et que nous pouvons pécher, Dieu a pourvu à de riches ressources pour nous maintenir dans la communion. Mais ces choses nous ont été écrites afin que nous soyons préservés de pécher. L’enfant qui désobéit à son père ne cesse pas d’être un enfant ; et si nous péchons, nos relations d’enfants avec le Père subsistent, bien que notre communion avec le Père soit interrompue. Pour que le péché puisse être jugé et confessé et pour que la communion puisse être restaurée, le Seigneur Jésus agit comme notre Avocat — Celui qui nous représente et soutient parfaitement notre cause devant le Père.
Cet office d’avocat est fondé sur l’efficace immuable de l’œuvre expiatoire de Christ. Il s’est offert lui-même à Dieu sans tache, et en vertu de tout ce que Christ est et a fait, non seulement pour les Juifs mais pour le monde entier, Dieu peut proclamer le pardon à tous, justifier ceux qui croient, et les introduire en relation avec lui comme étant leur Père, relation que nul manquement de la part du croyant ne saurait annuler. Mais dans cette position d’enfants, si nous manquons, Jésus Christ est notre Avocat. Le Seigneur a exercé cet office d’avocat à l’égard de Pierre avant même qu’il ait failli. Il a pu dire à Pierre, sachant qu’il allait le renier : « J’ai prié pour toi ». Nous voyons le résultat de l’office d’avocat du Seigneur lorsque Pierre est amené à la repentance et est restauré.
Ainsi le fait d’être
dans la lumière de la pleine révélation de Dieu en Christ a pour conséquence
d’amener les croyants dans une communion
tout à fait indépendante des
choses terrestres ; de manifester l’efficace du sang qui purifie
;
de nous démontrer
que nous avons le péché en nous et que nous sommes
capables de pécher ; et de révéler
Christ comme notre Avocat, celui
qui intervient lorsque nous avons péché, afin de rétablir la communion
interrompue.
La première partie de l’épître présente la vie éternelle telle qu’elle a été manifestée en perfection en Christ sur la terre. Cette vie, communiquée au croyant, permet à celui qui la possède d’avoir communion avec les Personnes divines et de goûter ainsi une plénitude de joie.
Dans cette deuxième partie de l’épître, l’apôtre place devant nous les deux grands traits caractéristiques de la vie divine dans sa manifestation ici-bas — l’obéissance à Dieu et l’amour pour nos frères. La réalisation de ces deux dispositions ou l’absence de leur manifestation démontre si la profession de connaître Christ (v. 4), de demeurer en Lui (v. 6) et de marcher dans la lumière (v. 9) est une réalité ou non.
Être dans la lumière de la pleine révélation de Dieu et avoir communion avec Dieu, c’est Le connaître. La vraie connaissance de Dieu conduira à reconnaître qu’Il est souverain et que nous sommes ses créatures ; que, par conséquent, la soumission Lui est due. Nous sommes dépendants de Dieu et cette dépendance est traduite par la soumission ou l’obéissance. Si nous disons que nous connaissons Dieu et que nous marchions néanmoins dans la désobéissance à sa volonté, notre profession est mensongère, la vérité n’est pas en nous.
En outre, celui qui garde sa parole, en lui l’amour de Dieu est véritablement consommé. Le Seigneur Jésus, comme Homme, a marché dans une soumission et une obéissance parfaites à la volonté du Père. La volonté de son Père était le mobile aussi bien que la règle de chacun de ses actes et de chacune de ses paroles. Il pouvait dire : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29). Il en résultait qu’il connaissait parfaitement l’amour du Père et qu’il en jouissait constamment. Ainsi le Seigneur peut dire à ses disciples : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:10).
Si donc nous professons demeurer en lui et jouir de la communion avec le Père, nous devons alors marcher comme Christ a marché, faisant ainsi les expériences bénies de l’amour du Père dont il jouissait. Nous ne pouvons pas, tant que nous sommes ici-bas, être ce qu’il était, car il était sans péché ; mais notre privilège consiste à marcher comme lui a marché. Il n’a pas cherché à se plaire à lui-même, mais il faisait toujours les choses qui plaisaient au Père. Nous avons été élus pour l’obéissance, comme Christ a obéi, et pour marcher et plaire à Dieu (1 Pierre 1:2 ; 1 Thess. 4:1).
Ce que l’apôtre écrit aux croyants n’est pas un commandement nouveau, mais la parole qu’ils avaient entendue dès le commencement ; car il parle de la vie, caractérisée par l’obéissance et l’amour, qui a été manifestée dans une perfection absolue en Christ. Quiconque penserait pouvoir écrire quelque chose de nouveau au sujet de cette vie, prétendrait, bien à tort, donner de la lumière au-delà de celle qui a déjà été parfaitement manifestée en Christ.
La chose nouvelle, en fait, c’est que la vie qui a été exprimée en perfection en Christ, a été communiquée aux croyants, de sorte qu’il peut être dit : « Ce qui est vrai en lui et en vous ». La possibilité de vivre cette vie dans la communion avec les Personnes divines résulte du fait que Dieu a été pleinement révélé dans le Fils ; il est ainsi venu dans la lumière. Dieu ayant été révélé, les ténèbres et l’ignorance de Dieu qui caractérisaient le monde « s’en vont ». Lorsque le Soleil de justice se lèvera, le monde entier viendra dans la lumière. Tous connaîtront le Seigneur. Alors les ténèbres ne seront plus ; mais maintenant déjà, les ténèbres s’en vont, lorsque des hommes sortent du judaïsme et du paganisme et viennent dans la lumière de la révélation de Dieu dans le christianisme.
L’apôtre a mentionné l’obéissance comme l’un des deux grands tests pour savoir si la profession de connaître Dieu, donc d’être dans la lumière, est bien réelle. Il parle maintenant de l’amour comme d’un second trait qui caractérisera ceux qui sont véritablement dans la lumière. Il s’ensuit, d’une part, que celui qui hait son frère est dans les ténèbres ou l’ignorance de Dieu, malgré toute la profession qu’il puisse faire d’avoir la vie et d’être dans la lumière. D’autre part, celui qui aime son frère demeure dans la lumière et n’agira pas de manière à faire broncher son frère.
Un Juif faisait profession de connaître Dieu et ainsi d’être dans la lumière, et pourtant il haïssait et persécutait les chrétiens, prouvant qu’il n’était pas dans la lumière de Dieu révélée en Christ. Un tel homme est « dans les ténèbres, et il marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux ». Il ne s’agit pas simplement de quelqu’un qui est dans un état ténébreux, comme cela pourrait être le cas d’un vrai chrétien qui, se trouvant sous un nuage, entretient des pensées amères contre son frère ; mais cela suppose quelqu’un qui est dans « les ténèbres », c’est-à-dire dans un système dans lequel il n’y a pas de révélation de Dieu. « Les ténèbres », c’est l’absence de la révélation de Dieu ; c’est une expression employée en contraste avec « la vraie lumière » qui est la révélation de Dieu.
Nous avons donc ici les grands traits caractéristiques de la vie éternelle — l’obéissance et l’amour. En outre, le passage montre clairement que si nous possédons cette vie, et vivons cette vie :
Premièrement, nous serons amenés à la connaissance de Dieu le Père. Nous le connaîtrons (v. 3, 4).
Deuxièmement, connaissant le Père, nous marcherons dans l’obéissance à sa volonté (v. 3, 4).
Troisièmement, gardant ses commandements, nous jouirons pleinement de son amour (v. 5).
Quatrièmement, demeurant ainsi dans l’obéissance et l’amour, nous marcherons comme Christ a marché (v. 6).
Cinquièmement, marchant comme Christ a marché, nous nous aimerons les uns les autres (v. 10).
L’apôtre a parlé de la vie éternelle manifestée en perfection en Christ ; il a aussi placé devant nous les deux grands traits caractéristiques qui distingueront ceux qui possèdent la vie pendant qu’ils traversent ce monde — l’obéissance et l’amour. Dans la partie suivante de l’épître, l’apôtre montre que, bien que tous les croyants possèdent la vie, il y a toutefois une croissance dans la vie divine.
Il considère les croyants comme formant la famille de Dieu, et il se sert des relations de la vie ordinaire — pères, jeunes gens, petits enfants — pour présenter différents niveaux de croissance spirituelle dans la compréhension de la vérité et dans l’expérience chrétienne. Il n’emploie pas ces termes pour présenter des niveaux de la vie naturelle, mais bien des distinctions dans le développement spirituel. Une personne convertie à un âge avancé pourrait n’être spirituellement qu’un petit enfant, tandis qu’un croyant relativement jeune pourrait manifester les caractères spirituels d’un père. L’apôtre présente en outre les pièges particuliers auxquels les croyants sont exposés à ces différents degrés de maturité spirituelle.
Avant d’aborder les
différents niveaux de croissance spirituelle, l’apôtre parle de la bénédiction
qui est commune à toute la famille de Dieu. Il s’adresse à tous les croyants
comme étant des « enfants » : c’est là un terme de tendresse. Il
établit ensuite que le pardon des péchés est la grande bénédiction qui
caractérise chaque membre de la famille de Dieu. Sans cette bénédiction, ils ne
feraient pas partie de cette famille. L’apôtre n’écrit pas à des pécheurs afin
qu’ils soient pardonnés, mais à des croyants parce qu’ils sont pardonnés. De
plus, comme il va parler d’expériences et de progrès spirituels, il rappelle
aux croyants qu’ils sont pardonnés « par son nom
». Comme
croyants, il nous rappelle que nous ne sommes pas pardonnés en vertu de quelque
mérite humain ou de quelque expérience, aussi réelle soit-elle — car alors ce
serait par nous
. Nous sommes pardonnés à cause de la satisfaction que
Dieu a trouvée en Christ et en son oeuvre — « par son nom ». Le
Seigneur lui- même avait dit à ses disciples « que la repentance et la
rémission des péchés fussent prêchées en son nom
à toutes les nations »
(Luc 24:47). Pierre, en exécutant le mandat confié par le Seigneur, proclame
aux Gentils « que, par son nom
, quiconque croit en lui reçoit la
rémission des péchés » (Actes 10:43). Ainsi le pardon des péchés n’est pas
quelque chose que l’on doit atteindre ; il nous est annoncé par le
Seigneur Jésus, et est reçu par la foi en Christ (Actes 13:38, 39).
Ayant établi ce qui est commun à la famille de Dieu tout entière, l’apôtre distingue trois niveaux de croissance spirituelle, sous les termes de pères, jeunes gens et petits enfants. Il n’écrit pas aux « vieillards », jeunes gens et petits enfants. « Vieillards » ne saurait être une image appropriée pour présenter le niveau le plus élevé de développement spirituel, car le mot implique la faiblesse et le déclin. Il se sert du terme « pères » qui évoque la maturité et l’expérience acquise.
Les principaux traits de chacune de ces classes sont d’abord énoncés. Les pères connaissent Christ, celui qui est dès le commencement. Les jeunes gens sont caractérisés comme ayant vaincu le méchant. Les petits enfants connaissent le Père.
Dans le cours de la croissance naturelle, nous pouvons perdre, dans une grande mesure, les caractéristiques d’un stade antérieur. Il n’en est pas ainsi de la croissance spirituelle. Les jeunes gens ne cessent pas de connaître le Père parce qu’ils ont appris à vaincre le méchant ; les pères ne cessent pas de vaincre le méchant parce qu’ils ont appris à connaître Celui qui est dès le commencement.
En écrivant à chacune des classes, l’apôtre se sert des mots « parce que vous », montrant qu’il y avait un point commun entre lui-même et chacune des classes. Cela revenait à dire : Je vous écris parce que vous jouissez de ce dont je jouis. Les trois niveaux recouvrent tous les états spirituels du christianisme pratique. Celui qui posséderait tous ces traits serait un chrétien parvenu à son plein développement.
Pères
. Après avoir donné les principales
caractéristiques de chaque niveau de la croissance chrétienne, l’apôtre en
revient à chacun deux, et présente, dans le cas des jeunes gens et des petits
enfants, les dangers spéciaux qui les guettent. Quant aux pères, il n’a rien de
nouveau à ajouter ; il répète : « Vous connaissez celui qui est
dès le commencement ». On pourrait poser la question : « Est-ce
que les jeunes gens et les petits enfants ne connaissent pas
Christ ? » Certainement, ils connaissent Christ comme leur
Sauveur ; mais connaître Christ comme Celui qui est dès le commencement
implique que nous ne le connaissons pas seulement comme celui qui nous a sauvés
de nos péchés et du jugement, mais que notre maturité spirituelle nous a amenés
à discerner en Christ Celui qui est le commencement d’un monde de bénédiction
entièrement nouveau, selon les conseils du cœur du Père. « Dès le
commencement » a la force de « dès l’origine ». Connaître Celui
qui est dès le commencement, c’est saisir qu’avec la venue de Christ, il y a le
commencement d’une création entièrement nouvelle dans laquelle les choses vieilles
seront à jamais passées. Ceux qui connaissent Christ ainsi ne nourriront plus
l’espoir de réformer l’homme ou d’améliorer le monde. Ils regarderont au-delà
de ce monde et auront leurs pensées fixées sur les choses qui sont en haut.
Tous leurs espoirs seront concentrés en Christ. Ils sont parvenus à un niveau
de croissance où Christ est tout et en tous.
Jeunes gens
. Les petits enfants sont caractérisés par
la confiance dans l’amour du Père. Les jeunes gens ne perdent pas cette
confiance, mais, en plus, ils sont caractérisés par la force spirituelle pour
vaincre les assauts de l’ennemi. Dans la vie naturelle, les jeunes gens sont
confrontés au monde et doivent soutenir les luttes de la vie. De même, dans la
vie spirituelle, les jeunes gens sont ces croyants rendus capables de vaincre
le méchant par la vigueur spirituelle qui les distingue.
La source de leur force
pour vaincre est la parole de Dieu. Ils vainquent l’ennemi, non pas par la
raison humaine ou les capacités naturelles, ni par la sagesse enseignée par les
hommes, mais par la parole de Dieu ; et de plus, par la parole de Dieu demeurant
en eux
. Ce n’est pas simplement qu’ils saisissent intellectuellement la
parole de Dieu, ou qu’ils en ont meublé leur mémoire, mais elle forme leurs
pensées, s’empare de leurs affections et dirige leurs actions. Pour eux, la
Parole n’est pas un ensemble de dogmes auxquels on peut souscrire d’une manière
superficielle ou temporaire, sous l’influence d’un docteur. Elle est implantée
dans le cœur, comme étant la parole de Dieu et, par conséquent, elle est gardée
dans la foi en Dieu. Quelqu’un a dit : « Le vrai secret de la
capacité de se servir de la parole de Dieu contre le diable, c’est que la
parole de Dieu garde votre propre âme ».
Si la parole de Dieu
demeure en nous, elle deviendra notre guide en toutes circonstances et notre
arme dans chaque conflit. Certains ont pris la conscience comme guide et ont
été ainsi entraînés, avec la plus grande sincérité, dans les actes les plus
antichrétiens, même jusqu’à persécuter les saints de Dieu, comme Saul de Tarse.
Strictement, la conscience n’est pas un guide, mais un témoin
. Elle rend
témoignage en proportion de la lumière que nous avons. La vraie lumière et le
seul guide, c’est la parole de Dieu, et si nous avons cette lumière, la
conscience témoignera si notre marche est selon la lumière. La parole de Dieu
devient ainsi le critère déterminant pour toutes choses. Parfois nous pouvons
tester les choses en fonction de leur utilité apparente ou de leur succès
apparent. Nous ne découvrirons le vrai caractère d’une chose qu’en la
soumettant à la lumière de la parole de Dieu. Agir de la sorte, c’est
véritablement être soumis à Dieu et le diable n’a aucun pouvoir contre une
personne soumise. Nous vainquons ainsi le méchant.
Nous avons l’exemple le plus parfait de cette victoire dans notre Seigneur. Le diable a cherché à Le faire sortir de la place de dépendance de Dieu, de consécration à Dieu, et de confiance en Dieu. Le Seigneur a été victorieux en toutes circonstances, non pas en faisant usage de sa puissance divine, mais comme Homme parfait, dépendant, en se servant de la parole de Dieu. Dans chacune des tentations, le Seigneur a vaincu en disant : « Il est écrit ». En outre, la parole dont il se servait était la parole qu’il gardait. Il est inutile d’essayer de résister aux tentations du diable par une parole à laquelle nous n’obéissons pas nous-mêmes. Si nos pensées et nos paroles et nos voies sont gouvernées par la Parole, nous pouvons nous en servir efficacement contre le diable, et vaincre.
Les jeunes gens peuvent connaître les conflits avec le diable et sont en contact avec le monde. Comme la chair est encore en nous, le monde est un danger très réel. Nous sommes envoyés dans le monde comme témoins pour Christ, mais nous ne sommes pas du monde. Aussi nous sommes avertis de ne pas aimer le monde, ni les choses qui sont dans le monde. En outre, il nous est rappelé que « si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ». Nous pouvons, hélas ! être tenté par lui ou, dans un moment d’inattention, être vaincu par lui, mais la question déterminante est celle-ci : l’aimons-nous ? Une question solennelle pour tous ceux qui professent appartenir à la famille de Dieu et qui néanmoins paraissent être plus à l’aise en compagnie du monde que parmi les enfants de Dieu.
L’apôtre ne nous laisse aucun doute quant au caractère du monde dont il parle. Il ne se réfère pas au monde physique de la nature, mais à ce grand système établi par l’homme déchu, caractérisé par la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie.
Il a été remarqué que ces trois principes ont tous été introduits avec la chute de l’homme. Le diable a tenté Ève par la question : « Quoi, Dieu a dit ? » Si la parole de Dieu avait demeuré dans son cœur, elle aurait pu s’en servir pour vaincre le diable. Hélas ! ce n’était pas elle qui gouvernait ses pensées, aussi en la citant (ou en la citant de façon déformée), Ève fut non seulement sans puissance pour vaincre, mais elle tomba dans le piège des principes du monde. Elle « vit que l’arbre était bon à manger », et fut entraînée par la convoitise de la chair. De plus, elle vit « qu’il était un plaisir pour les yeux », et elle fut attirée par la convoitise des yeux. Enfin, elle vit « que l’arbre était désirable pour rendre intelligent » et l’orgueil de la vie, qui désire ardemment la connaissance, fut éveillé. Étant séduit par les principes du monde, Adam désobéit à Dieu et fut chassé du jardin. Le monde donc est un vaste système organisé par l’homme déchu pour assouvir les différentes convoitises de la chair, pour satisfaire l’œil et répondre aux formes variées de l’orgueil.
Dans ce monde, il n’y a rien qui soit du Père et il n’y a pas d’amour pour le Père. Au croyant, le Père a ouvert un autre monde, non pas caractérisé par la convoitise qui cherche sa propre satisfaction, mais par l’amour qui cherche le bien de son objet ; non pas un monde qui répond aux désirs des yeux, mais où Christ est le seul Objet de contemplation — « Nous voyons Jésus ». Ce n’est pas un monde conduit par l’orgueil de l’homme qui se glorifie de sa propre sagesse, mais c’en est un qui est caractérisé par l’humilité qui se plaît à s’asseoir aux pieds de Jésus pour apprendre.
En outre, le monde de l’homme est une scène qui passe, qui n’est que pour un temps. Malgré tout l’attrait que son aspect extérieur peut offrir en certaines occasions, il est dominé par le péché et l’ombre de la mort plane sur lui. Nous avons déjà remarqué que les ténèbres, ou l’ignorance de Dieu, s’en vont ; nous apprenons mainte nant que le monde qui demeure dans les ténèbres s’en va aussi. En contraste, ceux qui font la volonté de Dieu demeurent éternellement : ils appartiennent à un domaine sur lequel l’ombre de la mort ne viendra jamais.
Les petits enfants. Le verset 13 nous apprend que le premier caractère des petits enfants est qu’ils connaissent le Père. Au cours de leur croissance spirituelle, ils seront entraînés dans des luttes et seront appelés, comme jeunes gens, à soutenir le bon combat de la foi. Ils auront à sortir pour se battre pour le Seigneur, mais ils commencent dans le cercle familial. Dans ce bienheureux cercle d’amour, il se peut qu’ils n’éprouvent pas beaucoup la puissance de l’ennemi et ne soient pas très conscients du conflit qui est devant eux, mais ils découvrent l’amour du cœur du Père et le soutien de la main du Père. Non seulement ils savent qu’ils sont enfants et que Dieu est leur Père, mais ils connaissent le Père avec lequel ils sont en relation filiale. Ils ne savent peut-être pas grand-chose des profondeurs de Satan, des pièges du monde ou de la méchanceté de leurs propres cœurs, mais ils connaissent le cœur du Père. Autrefois ils ignoraient tout du cœur du Père et ne se souciaient aucunement de la volonté du Seigneur, mais comme pécheurs, ils ont été amenés au Sauveur et, par la foi dans le Christ Jésus, ils sont entrés dans la famille de Dieu, selon ce que nous lisons en Galates 3:26 : « Vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus ». Ils ont reçu le Saint Esprit, l’amour de Dieu a été versé dans leurs cœurs et ils ont pu lever les yeux et dire : « Abba, Père ! » Ils réalisent que le Père les aime d’un amour qui ne se lasse jamais et les comble de soins qui ne cessent jamais.
Du fait de leur inexpérience, les petits enfants sont plus particulièrement en danger d’être séduits. Aussi l’apôtre les met-il en garde contre les séducteurs antichrétiens. Il nous est dit que c’est « la dernière heure ». Dix-neuf siècles se sont écoulés depuis que ces paroles ont été écrites ; nous pouvons en conclure que l’apôtre ne se réfère pas à la dernière heure quant au temps ; c’est plutôt la dernière heure quant à son caractère. Nous savons que la dernière heure avant que le jugement tombe sur une chrétienté apostate sera caractérisée par l’apparition de l’Antichrist. Mais des faux docteurs, opposés au christianisme, s’étaient déjà levés aux jours de l’apôtre, « par quoi nous savons que c’est la dernière heure ».
Ces docteurs antichrétiens seraient un piège particulier pour les croyants, du fait qu’ils se lèveraient parmi eux et qu’ils abandonneraient ensuite la profession chrétienne.
Pour permettre aux croyants d’échapper à leur enseignement fallacieux, il nous est d’abord rappelé que nous avons le Saint Esprit — l’Onction — et que par cela nous sommes capables de juger de toutes choses. Par nous-mêmes nous ne connaissons rien, mais ayant l’Esprit, nous avons la capacité de connaître toutes choses.
Deuxièmement, nous avons « la vérité ». L’Esprit ne nous éclaire pas par quelque imagination intérieure ; il se sert de « la vérité » et nous rend ainsi capables de discerner l’erreur. Nous ne détectons pas le mensonge en étant occupés du mal, mais en connaissant la vérité. Notre affaire, c’est d’être simple quant au mal et sage quant au bien.
Troisièmement, ayant l’Esprit et la vérité, nous apprenons aussitôt que la Personne de Christ est la pierre de touche de tout système religieux. Nous pouvons être trompés si nous jugeons les hommes d’après les termes chrétiens qu’ils emploient peut-être et d’après les œuvres qu’ils peuvent poursuivre. Le vrai critère est : Quelle est leur position quant à la vérité au sujet de la Personne de Christ ? Il s’avérera que tout faux système nie sous une forme ou sous une autre la vérité concernant sa Personne. Il y a toutefois deux formes principales d’erreur et d’opposition à la vérité. L’une d’elles, particulièrement répandue parmi les Juifs, nie que Jésus est le Christ — le Messie qui doit venir. L’autre forme d’erreur, qui s’élève dans la profession chrétienne, nie la vérité du Père et du Fils. Lorsque l’Antichrist apparaîtra, il unira le mensonge des Juifs à celui de la profession chrétienne, et niera tout à la fois que Jésus est le Messie et qu’il est une Personne divine. Aujourd’hui, tout faux système qui a surgi dans la chrétienté est condamné par la négation de la vérité quant à la Personne de Christ comme Fils, négation qui conduit obligatoirement à celle de la vérité quant au Père.
Notre sauvegarde contre
toute erreur quant à la personne de Christ, c’est de demeurer dans ce que nous
avons entendu dès le commencement. Aux Juifs qui demandaient à Jésus :
« Qui es-tu ? » le Seigneur pouvait répondre : « Absolument
ce qu’aussi je vous dis » (Jean 8:25). Ses paroles étaient l’expression
parfaite de lui-même. Hélas ! Nous pouvons nous servir de mots pour cacher
ce que nous sommes : Il s’est servi de paroles pour exprimer parfaitement
ce qu’Il était. Nous avons entendu sa voix et nous connaissons la vérité le
concernant. Nous avons sans doute beaucoup à apprendre des gloires de sa
Personne, mais nous savons qui Il est
. Toute prétention du modernisme ou
de quelque autre faux enseignement de nous donner plus de lumière quant à sa
Personne, est la négation du fait que la pleine vérité était dès le
commencement. Si ce que nous avons entendu dès le commencement demeure en nous
— si cela gouverne nos affections — nous demeurerons dans la vérité du Fils et
du Père. Les brebis connaissent la voix du bon Berger et sont ainsi à même de
détecter les nombreuses voix trompeuses des étrangers, comme nous lisons :
« Elles ne suivront point un étranger… parce qu’elles ne connaissent pas
la voix des étrangers ».
Quatrièmement, nous avons la vie éternelle selon la promesse. Cette vie nous met en relation avec les Personnes divines. Les paroles du Seigneur sont : « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ » (Jean 17:3).
Il est par conséquent évident que ces faux docteurs sont manifestés comme n’étant pas des nôtres — pas de la compagnie chrétienne (v. 19) ; ils n’ont pas l’Esprit (v. 20) ; ils ne connaissent pas la vérité (v. 21) ; ils nient le Père et le Fils (v. 22) ; ils ne demeurent pas dans ce qui était dès le commencement (v. 24) ; et ils ne possèdent pas la vie éternelle (v. 25).
Les petits enfants en Christ peuvent échapper à leur faux enseignement, parce qu’ils ont l’Esprit, la vérité, la connaissance du Père et du Fils ; qu’ils demeurent dans ce qu’ils ont entendu dès le commencement en Christ et qu’ils possèdent la vie éternelle par laquelle ils peuvent jouir de la communion avec le Père et le Fils.
Voilà donc ce que l’apôtre écrit pour dénoncer ceux qui voudraient nous égarer, et pour nous mettre en garde. En outre, nous avons non seulement la parole écrite, mais aussi le Saint Esprit pour nous permettre de comprendre la Parole et pour éprouver les enseignements des hommes. Les docteurs passent, mais le Saint Esprit demeure. L’enseignement des docteurs les plus excellents peut être incomplet, mais le Saint Esprit nous enseigne à l’égard de « toutes choses ». L’enseignement des docteurs les plus excellents peut être parfois mélangé d’imperfection, mais l’enseignement du Saint Esprit est vrai et il « n’est pas mensonge ». Le but de tous les faux docteurs est de séduire les saints pour qu’ils abandonnent la vérité ; l’effet de l’enseignement du Saint Esprit est d’amener les saints à demeurer dans la vérité telle qu’elle a été présentée en Christ dès le commencement.
Après avoir placé devant nous les différents niveaux de croissance dans la vie chrétienne, l’apôtre poursuivant le grand sujet de la vie, présente la vie éternelle telle qu’elle est vue en pratique chez le croyant. Il a déjà parlé de la justice et de l’amour comme caractérisant la nature de la vie éternelle. Ces traits ont trouvé leur parfaite expression en Christ et doivent caractériser maintenant la vie des croyants. En outre, si la manifestation de ces qualités est la preuve pratique de la possession de la vie, leur absence mettra à découvert toute fausse prétention à la vie.
Dans cette nouvelle portion de l’épître, l’apôtre place d’abord devant nous l’apparition de Christ comme ce qui devrait gouverner notre vie pratique (2:28-3:3).
Deuxièmement, il présente les traits caractéristiques de la vie nouvelle qui distinguent les enfants de Dieu des enfants du diable — la justice et l’amour (3:4-16).
Troisièmement, il applique ces vérités à la vie pratique du croyant (3:17-23).
Dans la partie précédente de l’épître, l’apôtre s’est tourné vers ce que nous avons entendu « dès le commencement ». Il introduit cette nouvelle partie en regardant vers la venue du Seigneur.
Le verset 28 forme la liaison entre la partie qui précède et celle qui suit. Il résume la première en s’adressant à toute la famille de Dieu par ces paroles : « Et maintenant, enfants, demeurez en lui ». L’unique grande sauvegarde contre le monde et les docteurs antichrétiens dont il a parlé est de demeurer dans la vérité telle qu’elle a été manifestée parfaitement en Christ « dès le commencement ». Cela conduit en outre l’apôtre à considérer la venue de Christ, car il importe également de demeurer en lui, pour que notre conduite puisse être compatible avec son apparition. Ainsi la venue de Christ est introduite pour régler et mettre à l’épreuve notre vie pratique.
L’apôtre désire que la marche des croyants revête un caractère tel qu’il n’y ait rien en eux dont ils aient à avoir honte à la venue de Christ, lorsque leurs paroles, leurs voies, leurs actes seront rendus manifestes, « quel est l’ouvrage de chacun », et que les motifs secrets des cœurs seront mis en lumière (1 Cor. 3:13 ; 4:5 ; 2 Jean 8). Hélas ! combien souvent n’y a-t-il pas dans nos paroles, nos voies et notre marche bien des choses que nous cherchons même à justifier ou à excuser, mais que nous condamnerions aussitôt si elles étaient soumises à la lumière de l’apparition de la gloire de Christ.
Dans les versets qui suivent (2:29-3:3), l’apôtre place devant nous nos privilèges et la ressource pleine de grâce à laquelle Dieu a pourvu pour que nous puissions marcher d’une manière qui convienne à Christ et ne pas avoir honte à sa venue.
D’abord il montre que toute conduite chrétienne juste résulte de la nouvelle nature que les croyants ont reçue par la nouvelle naissance. C’est la même nature que celle qui était en Christ, produisant les mêmes fruits de la justice, prouvant ainsi que le croyant est né de Dieu.
Deuxièmement, il nous rappelle que nous sommes introduits dans la relation d’enfants et que, comme tels, nous sommes les objets de l’amour du Père. On a fait remarquer qu’à chaque relation se rattache l’affection qui lui est propre et que c’est l’affection particulière à la relation qui donne à celle-ci sa douceur et son caractère. Nous sommes appelés à considérer cet amour qui a été exprimé parfaitement en Christ sur la terre et qui a été donné au croyant. Lorsque Christ était ici-bas, il était l’objet de l’amour du Père et de la haine du monde. Il s’en est allé, mais il a laissé derrière lui ceux qu’il a établis dans la même position devant le Père et dans le monde. Dans sa prière, le Seigneur peut dire : « Toi… tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jean 17:23). Et ailleurs : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous » (Jean 15:18). Combien il est alors bienfaisant de chercher à entrer dans la conscience que nous sommes aimés par le Père comme Christ était aimé, et que nous avons le privilège de partager avec Christ sa réjection de la part du monde.
Une troisième grande
vérité est l’espérance bénie liée à la relation dans laquelle nous sommes
introduits. Christ va être manifesté et quand il sera manifesté, « nous
lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ». Sur la terre,
Christ a été l’Homme de douleurs, sachant ce que c’est que la langueur ;
son visage était défait plus que celui d’aucun homme, et sa forme plus que
celle d’aucun fils d’homme ; et quant à nous, ce que nous serons n’a pas
encore été manifesté, car nous portons encore les marques de l’âge, des soucis et
des peines, mais nous attendons son apparition. Pendant un moment, les apôtres
ont vu sa gloire sur la montagne de la transfiguration et, par la foi, nous le
voyons « comme il est », couronné de gloire et d’honneur, et
« nous savons » que nous lui serons semblables, non pas comme il a
été, mais « comme il est
».
En outre, quand nous lui serons semblables, nous le verrons face à face. Tant que nous sommes dans nos corps d’infirmité, le voir comme il est serait accablant. C’est ainsi que l’apôtre Jean lui-même est tombé à ses pieds comme mort lorsque, dans l’île de Patmos, il a vu le Seigneur dans sa gloire. Mais lorsque enfin nous lui serons semblables, alors se réalisera ce que nous chantons :
Jésus, de ta ressemblance
Nous serons rassasiés.
Si donc nous marchons dans la justice, selon les caractères de la nouvelle nature, si comme enfants, nous marchons dans la conscience de l’amour du Père, si nous restons séparés du monde qui n’a pas connu Christ, si nous marchons dans la jouissance de l’espérance que lorsque Christ sera manifesté, nous lui serons semblables, alors nous ne serons pas couverts de honte, de par lui, à sa venue, car quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme Christ est pur.
Notre espérance est en Christ, car c’est seulement par sa puissance que nous lui serons enfin rendus semblables, selon que nous lisons : « Qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3:21). Nous ne pouvons nous passer de son œuvre accomplie pour régler toute question entre notre âme et Dieu, ni de son œuvre actuelle en haut pour nous tenir debout jour après jour ; nous ne pouvons nous passer de lui pour opérer le dernier grand changement et, quand nous serons dans la gloire, nous aurons besoin de lui pendant toute l’éternité. Notre bénédiction, notre joie, notre tout sont liés à Christ pour toujours.
De plus, en attendant le dernier grand changement, quiconque a cette espérance en Christ connaîtra cette transformation morale et progressive le rendant semblable à lui. Nous ne sommes pas encore purs comme lui est pur, mais l’effet béni de cette espérance sera de nous garder du mal et de nous purifier selon la mesure parfaite de pureté manifestée en lui.
Cette portion de l’épître montre clairement que la vie nouvelle que possèdent les enfants de Dieu se manifeste dans une marche caractérisée par la justice et l’amour, en contraste avec l’iniquité et la haine qui caractérisent les enfants du diable. Dans les versets 4 à 9, l’apôtre parle de la justice en contraste avec l’iniquité ; dans les versets 10 à 23, de l’amour en contraste avec la haine.
L’apôtre oppose donc d’abord l’iniquité de la vieille nature à la justice de la nouvelle nature que les croyants possèdent comme étant nés de Dieu. Il déclare : « quiconque pratique le péché, pratique aussi l’iniquité, et le péché est l’iniquité ». Le péché n’est pas simplement la transgression d’une loi connue, comme le suggèrent certaines traductions. Le principe du péché est l’iniquité, ou l’accomplissement de sa propre volonté, indépendamment de toute loi. Comme on l’a dit : « Pécher, c’est agir sans le frein d’une loi ou la contrainte de l’autorité d’un autre — c’est agir de sa propre méchanceté » (J.N.D.).
Après avoir défini le péché, l’apôtre se tourne immédiatement vers Christ pour placer devant nous Celui en qui « il n’y a point de péché ». Étant devenu chair, il était entièrement soumis à la volonté du Père. En entrant dans le monde, il a pu dire : « Voici, je viens pour faire ta volonté » (Héb. 10:9). En traversant le monde, il pouvait dire : « Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 5:30). En sortant du monde, il dit encore : « Que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42). Nous savons aussi que c’est par la volonté de Dieu que les croyants ont été sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus Christ faite une fois pour toutes (Héb. 10:10). Aussi l’apôtre Jean peut dire : Il « a été manifesté, afin qu’il ôtât nos péchés ». En lui donc il n’y avait point de péché, ou de principe d’iniquité.
Participant de cette nature et demeurant en lui, nous ne pécherons pas. Demeurer en Christ, c’est le voir par la foi, le connaître par expérience et marcher selon sa volonté. Celui qui pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a connu. Ainsi les deux natures sont mises en contraste. La vieille nature est inique, alors que la nouvelle nature ne peut pas pécher. Les deux natures coexistent dans le croyant ; aussi l’apôtre peut-il dire dans un autre passage : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes » (1:8) et ici : « Quiconque pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a pas connu ».
Nous sommes ensuite mis
en garde contre toute séduction. La possession de la nouvelle nature est
prouvée, non par la profession seulement, mais par la manière d’agir.
« Celui qui pratique
la justice est juste, comme lui est
juste ». Si nous participons à sa vie, cela se manifestera dans une marche
caractérisée par la justice, comme lui est juste.
En contraste avec celui qui pratique la justice et qui est né de Dieu, « celui qui pratique le péché est du diable ». Hélas ! par manque de vigilance, le croyant peut tomber dans le péché, mais celui qui vit dans le péché montre clairement qu’il a la même nature que le diable, qui pèche dès le commencement de son histoire. Le Fils de Dieu a été manifesté pour détruire les œuvres du diable, afin que les croyants, possédant une nouvelle nature, puissent être placés sous le pouvoir de Christ et, demeurant en lui, puissent agir dans la justice, de même que lui est juste.
En contraste avec celui qui manifeste qu’il est du diable en pratiquant le péché, celui qui est né de Dieu ne pratique pas le péché. Il y a en lui une nouvelle semence — la vie divine — et cette vie qu’il possède comme étant né de Dieu, ne peut pas pécher. Il est vrai que la chair est dans le croyant ; mais la nouvelle nature est une nature sans péché, et le croyant est vu comme identifié avec cette nouvelle nature.
Avec le verset 10, l’apôtre aborde l’amour. Il a montré que « la justice », en contraste avec « l’iniquité », distingue les enfants de Dieu des enfants du diable ; maintenant il démontre que « l’amour », en contraste avec « la haine », est un second grand trait caractéristique de la nouvelle nature. Dès le commencement de la manifestation de Christ dans ce monde, nous avons entendu que nous devions nous aimer les uns les autres. Ainsi, de même que l’apôtre a déjà dirigé nos pensées vers Christ comme Celui en qui la justice a été parfaitement exprimée (v. 5-7), il nous rappelle maintenant le message que nous avons entendu concernant Christ, en qui nous voyons la manifestation parfaite de l’amour divin.
La vie de Christ reproduite dans le croyant nous conduira non seulement à éviter le péché, mais à manifester la vie nouvelle en nous aimant les uns les autres. Il a été dit à juste titre : « Une simple nature aimable peut se trouver dans des chiens ou d’autres animaux, c’est une nature animale ; mais l’amour des frères est un motif divin. Je les aime parce qu’ils sont de Dieu. J’ai communion avec eux dans les choses divines. Un homme peut être de nature très peu aimable et cependant aimer les frères de tout son cœur ; et un autre peut être très aimable, et ne pas avoir du tout d’amour pour eux » (J.N.D.).
En Caïn, les deux principes du mal sont présentés. Participant à la nature du méchant, il haïssait son frère ; et la racine de sa haine était l’iniquité qui marquait sa propre vie en contraste avec la justice qui caractérisait les œuvres de son frère.
La conscience que les œuvres d’Abel étaient bonnes et les siennes mauvaises éveilla une haine jalouse dans le cœur de Caïn. Ne nous étonnons donc pas si, pour la même raison, les croyants sont haïs par le monde.
Le monde, dont Satan est le prince, est caractérisé par l’iniquité et la haine, et est dans une condition de mort morale. Mais « nous », les croyants, « nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères ». L’amour est la preuve pratique de la vie divine. Nous rencontrons un enfant de Dieu qui jusque-là nous était inconnu, peut-être quelqu’un qui est socialement bien au-dessus de nous ou au contraire dans une condition beaucoup plus humble, ou encore qui est d’un autre pays et parle une langue différente, mais immédiatement notre amour est réciproque et nous ressentons des liens plus intimes qu’avec nos parents selon la chair. La raison est simple : nous avons la même vie — la vie éternelle — avec le même Objet, Christ ; nous jouissons ensemble des mêmes affections pour Christ et nos pensées communes sont tournées vers Christ.
L’apôtre nous montre ensuite les conséquences extrêmes de la haine, en contraste avec la plus grande expression de l’amour. La haine, si elle n’est pas réprimée, peut conduire au meurtre. Celui qui hait est animé de l’esprit d’un meurtrier, et aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui.
En contraste, nous voyons en Christ l’expression parfaite de l’amour, en ce que son amour l’a conduit à laisser sa vie pour nous. Ayant son exemple parfait devant nous, nous devrions être prêts, dans la puissance de la vie nouvelle, caractérisée par l’amour, à laisser nos vies pour les frères. Cela ne signifie pas nécessairement la mort effective, mais la perte de la vie d’ici-bas pour l’amour de Christ (Matt. 16:25).
Ainsi dans ce passage, il nous est rappelé que l’homme déchu est sous la sentence de la mort, qu’il est caractérisé par l’iniquité, la haine et la violence. L’homme inique est toujours égoïste, ne cherchant qu’à se satisfaire lui-même en faisant sa propre volonté, sans aucune contrainte. Cela conduit nécessairement à la haine de quiconque contrarie sa volonté ; et la haine mène à des actes violents qui peuvent se traduire, à la limite extrême, par le meurtre.
Voilà les principes de mal qui, pour la première fois, se sont manifestés en Caïn et ont caractérisé dès lors l’histoire de l’humanité. Dès la chute, les hommes n’ont plus voulu Dieu comme centre de leurs pensées ; ils sont devenus égoïstes. Dieu ayant été abandonné, il n’y avait plus de lien pour les unir entre eux ; il en résulta qu’ils furent dispersés. Ils furent divisés en nations qui devinrent un centre à elles-mêmes, chacune cherchant à accomplir sa propre volonté et, en conséquence, haïssant tout ce qui s’opposait à celle-ci. La jalousie et la haine naquirent ainsi parmi les nations, aboutissant à la violence et à la guerre.
Toute la misère du monde peut donc être rattachée au fait solennel que, par le péché, l’homme est devenu un centre pour lui-même, dans l’indépendance de Dieu, un « inique ». Il est alors évident que tout le système du monde est caractérisé par ces trois choses : iniquité, haine et violence.
En contraste avec ce monde de péché, Dieu fait connaître un monde entièrement nouveau — le monde à venir — dont Christ est le centre et qui, tirant son caractère de Christ, est marqué par la justice, l’amour et le don de soi-même. Pour jouir des bénédictions divines dans ce monde nouveau, nous devons connaître Christ qui est dès le commencement. C’est pourquoi l’apôtre insiste si souvent sur « ce qui était dès le commencement » (1:1 ; 2:7, 13, 14). Cette expression, caractéristique des écrits de l’apôtre Jean, indique que dès le moment où Christ est venu sur cette scène, il y a eu un commencement entièrement nouveau : le système entier du monde « s’en va », et ce qui demeure apparaît : « Le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (2:17). Christ est le centre du vaste univers des bénédictions divines. Il est la Parole de la vie, Celui qui a parfaitement fait connaître Dieu. Nous regardons à Christ et nous voyons que Dieu est lumière et que Dieu est amour. Plus encore, Christ ne met pas seulement Dieu en lumière, mais il rend le croyant propre pour la lumière par son sang qui purifie de tout péché.
Si Christ est le centre du monde nouveau de bénédictions divines, tout dans ce monde ne peut dépendre que de Lui. Et Il est le centre de différents cercles de bénédictions : le cercle chrétien en premier ; puis Israël sera restauré et béni, et enfin les nations gentiles seront introduites dans la bénédiction millénaire. Mais le fondement de la bénédiction est le même pour chacun des cercles : tous sont délivrés de l’iniquité en étant amenés dans la dépendance de Christ.
Ayant présenté Christ,
dès le commencement, comme le grand Centre du nouvel univers de Dieu, l’apôtre
montre comment Dieu a opéré envers les croyants pour les introduire dans la
bénédiction. En vertu de sa grâce souveraine, nous sommes nés
de Dieu,
amenés en relation
avec Dieu, aimés
d’un amour qui est propre à
cette relation et, bientôt, nous serons manifestés dans la ressemblance
de Christ. En attendant, demeurant en Christ, nous serons caractérisés par la
justice, l’amour et le don de soi qui dans sa forme la plus élevée peut aller
jusqu’à laisser sa vie pour son frère.
L’apôtre conclut cette portion de son épître par une application pratique des vérités dont il a parlé. Ayant la chair en nous-mêmes, nous sommes exposés au danger de faire seulement une profession d’amour, de parole et de langue. Nos actions montreront toutefois si nos paroles sont vraies. S’il est en notre pouvoir d’aider un frère que nous voyons être dans le besoin et que nous refusions de le faire, il sera alors manifeste que notre profession d’amour est vaine.
Marchant dans l’amour, nous serons libres et heureux dans nos relations avec Dieu. L’enfant qui a conscience de désobéir aux désirs de son père ne peut pas être heureux dans sa présence. Si notre conscience nous condamne, nous savons que Dieu connaît toutes choses. Il est parfaitement au courant de ce qui charge notre conscience, et tant que ce mal ne sera pas confessé et jugé, nous ne pourrons pas jouir de la communion avec Dieu, ni avoir de l’assurance envers Lui.
Il n’est pas question ici du pardon éternel ou du salut, car l’apôtre écrit à ceux qui sont pardonnés et qui sont dans la relation d’enfants. Il s’agit d’être en état de marcher dans une heureuse liberté avec Dieu, comme enfants. Pour avoir cette assurance, nous devons marcher de telle sorte que notre cœur ne nous condamne pas pour avoir failli dans l’amour pratique.
Marcher dans l’heureuse assurance que nous faisons les choses qui Lui sont agréables nous donnera une grande liberté pour nous adresser au Père par la prière. Gardant ses commandements, nous demanderons selon la volonté de Dieu et pourrons compter sur une réponse à nos prières. S’agit-il de direction pour notre chemin, de puissance pour vaincre quelque piège, ou du soutien de la grâce pour une épreuve, nous demanderons et recevrons de la part de Celui dont la puissance est aussi grande que son amour, et dont l’oreille est toujours ouverte aux supplications de ses enfants.
Ses commandements se résument à la foi en son Fils Jésus Christ et l’amour les uns pour les autres. Dans l’esprit de ces commandements, l’apôtre Paul pouvait rendre grâces pour les saints à Colosses et prier avec assurance pour eux, car il dit : « Ayant ouï parler de votre foi dans le Christ Jésus et de l’amour que vous avez pour tous les saints » (Col. 1:4).
L’apôtre a présenté les
deux grands traits caractéristiques de la nouvelle nature — la justice et
l’amour. Il nous a exhortés à vivre la vie pratique de l’amour afin que nous
puissions marcher dans l’assurance devant Dieu. Il montre maintenant qu’une
marche caractérisée par l’amour pratique les uns envers les autres et
l’assurance devant Dieu n’est possible que si nous demeurons en Dieu et que
Dieu demeure en nous. La lecture de ce passage montre clairement que ce sont là
les vérités mises en évidence dans cette portion de l’épître. Au chapitre 3:24,
l’apôtre écrit : « Celui qui garde ses commandements demeure en
lui, et lui en cet homme
» ; au chapitre 4:12 : « Si
nous nous aimons l’un l’autre, Dieu demeure en nous
» ; au
verset 13 : « Par ceci nous savons que nous demeurons en lui et
lui en nous
» ; au verset 15 : « Quiconque confessera
que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu
» ;
au verset 16 : « Celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu
et Dieu en lui
».
Ce passage place d’abord devant nous le privilège immense que Dieu a donné au croyant, par lequel il peut demeurer en Dieu, et Dieu en lui. Si nous marchons dans l’obéissance à Dieu, nous demeurerons en lui. Cela signifie certainement que nous demeurons dans la jouissance sans nuage de tout ce que Dieu est dans son amour, sa puissance et sa sainteté, et que nous marchons ainsi devant lui avec assurance. En outre, Dieu, par son Esprit, demeure en nous, de sorte que non seulement nous avons la vie, mais nous avons la puissance pour réaliser une vie d’amour et de communion.
Avant d’aborder ce grand thème, l’apôtre, dans une parenthèse, nous met en garde contre les esprits d’erreur. Il y en a dans le monde, et il est nécessaire d’en prévenir les croyants. Nous sommes avertis de la nécessité d’éprouver les esprits par lesquels les hommes parlent et de nous garder de juger ces derniers sur la seule base de leur profession. Il y en a beaucoup qui professent être des serviteurs de Dieu, mais qui sont en réalité de faux prophètes conduits par de mauvais esprits. Les paroles mêmes du Seigneur nous enseignent qu’un faux prophète est quelqu’un qui a toutes les apparences d’être une de Ses brebis, car il vient en habits de brebis, mais au-dedans il n’est qu’un loup ravisseur cherchant la destruction du troupeau (Matt. 7:15).
L’apôtre nous donne
alors trois grands critères par lesquels nous pouvons distinguer entre
l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur
:
v. 2, 3 — Premièrement, le plus grand de
tous les critères est celui qui concerne Christ
lui-même. Nous pouvons
vérifier si des hommes parlent par l’Esprit de Dieu en fonction de leur
attitude à l’égard de Christ, la pierre de touche étant : Confessent-ils
Jésus Christ venu en chair ? Ils peuvent certes confesser que Jésus Christ
est véritablement un homme et un modèle ; mais confessent-ils qu’il est
« venu en chair », et que, par conséquent, il est une Personne divine
qui existait avant sa venue en chair ? En outre, confesser Jésus Christ
venu en chair, ce n’est pas seulement confesser la vérité quant à sa Personne,
mais aussi personnellement s’incliner dans l’obéissance devant lui comme
Seigneur. Le faux docteur ne confessera pas la vérité de sa Personne et ne le
reconnaîtra pas comme Seigneur ; il prouve par là qu’il n’est pas de Dieu
et qu’il parle par un esprit d’erreur, l’esprit de l’antichrist
qui déjà maintenant est dans le monde.
v. 4 — Lorsque ces esprits d’erreur sont détectés, le croyant peut les vaincre par le Saint Esprit qui habite en lui, car le Saint Esprit est plus grand que l’esprit de l’antichrist qui est dans le monde.
v. 5 — Deuxièmement, nous pouvons déceler
les esprits d’erreur par leurs rapports avec le monde
. Sont-ils populaires
dans le monde ? Tout esprit d’erreur est du monde et parle comme étant du
monde et, par conséquent selon les pensées et les principes du monde. Parlant
ainsi, ils sont écoutés du monde. Or, il est évident que rien de ce qui est
véritablement de Dieu ne sera populaire dans le monde ; car nous savons
que tout ce qui est dans le monde n’est pas du Père (2:16). Toute prédication
ou tout livre religieux qui plaît au monde devra, dans la mesure de sa
popularité, être condamné comme n’enseignant pas la vérité. Combien de
mouvements religieux aujourd’hui peuvent tout de suite être démasqués par le
croyant, sur la base de ce simple test !
v. 6 — Troisièmement, un dernier critère
pour détecter l’esprit d’erreur est fourni par la question : Reçoivent-ils
l’enseignement des apôtres
? Ceux-ci peuvent dire : « Nous,
nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui
n’est pas de Dieu ne nous écoute pas. » Combien de critiques infidèles
rejettent aujourd’hui les enseignements des apôtres, les qualifiant de simples
doctrines de Jean ou de Paul, que l’on peut considérer comme les opinions d’hommes
d’une instruction limitée, et que l’on peut par conséquent accepter ou rejeter
selon que leurs enseignements s’accordent ou non avec les vues de ces jours, où
l’on prétend avoir de plus grandes lumières.
Nous pouvons certes croître dans la connaissance de la vérité qui a été révélée ; mais il ne peut pas y avoir de développement ou de progrès dans la vérité elle-même, telle que donnée par inspiration. Il s’ensuit que ceux qui rejettent l’enseignement des apôtres sont absolument condamnés par ce passage solennel comme n’étant « pas de Dieu » ; car l’apôtre peut dire par inspiration : « Celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas ».
Nous pouvons ainsi discerner l’esprit d’erreur et l’esprit de vérité, et nous sommes en mesure d’échapper aux faux prophètes, aux faux enseignements et aux faux esprits qui sont déjà maintenant dans la chrétienté en posant ces simples questions :
Après avoir éprouvé les esprits et avoir découvert qu’ils sont antichrétiens, le croyant a pour seule sauvegarde de les traiter comme étant mauvais et de les rejeter catégoriquement. Il a été justement dit : « Dès que le démon est discerné, il n’y a qu’une voie à suivre — traiter le démon comme un démon. Si cette voie est suivie, il sera impuissant face au nom de Jésus ; mais si nous avons recours à quelque autre moyen, si nous cédons à des considérations humaines, si nous sommes aimables avec les agents de l’ennemi, nous nous trouverons bientôt dans un état de faiblesse face à Satan, Dieu ne pouvant pas être avec nous dans la voie que nous avons choisie » (J.N.D.).
Après nous avoir donné
cette sérieuse parole d’avertissement, l’apôtre reprend le grand sujet de cette
portion de l’épître, placé déjà devant nous dans les derniers versets du
chapitre 3 — demeurer en Dieu et Dieu en nous. Pour que ces grandes vérités
deviennent une réalité pratique pour nous, il présente l’amour de Dieu sous un
triple aspect. D’abord dans les versets 7 à 11, il parle de l’amour de Dieu pour
nous
, réglant toute la question de notre passé. Deuxièmement, dans les
versets 12 à 16, il présente l’amour de Dieu en nous
, dirigeant notre
vie de témoignage actuelle. Troisièmement, dans les versets 17 à 19, il parle
de l’amour de Dieu avec nous
, en vue de l’avenir.
v. 7, 8 — Dans la jouissance de cette vie nouvelle, l’apôtre s’adresse aux croyants en les appelant : « Bien-aimés », et il dit : « Aimons-nous l’un l’autre. » Pour éveiller notre amour l’un pour l’autre, il nous rappelle ce que Dieu est et ce qu’il a fait. Dieu est amour et il a usé d’amour envers nous. Il y a ainsi un double motif pour que nous nous aimions l’un l’autre : d’abord, la nature même de Dieu est amour et, étant nés de Dieu, nous participons de sa nature. En nous aimant l’un l’autre, nous donnons une preuve pratique que nous sommes nés de Dieu et que nous connaissons Dieu. Si nous n’avons pas d’amour pour les frères, cela prouve que nous sommes étrangers à Dieu.
v. 9, 10 — Un deuxième grand motif de nous
aimer l’un l’autre est « l’amour de Dieu pour nous ». Nous n’avons
pas seulement l’énoncé que Dieu est amour, aussi vrai que cela soit, mais nous
avons la manifestation
de l’amour de Dieu pour nous. Quand nous étions irrégénérés, nous étions morts à Dieu et morts dans nos
péchés. Pour que nous puissions vivre et avoir nos péchés pardonnés, Dieu a
manifesté son amour envers nous en envoyant « son Fils unique dans le
monde, afin que nous vivions par lui ». En outre, « il envoya son
Fils pour être la propitiation pour nos péchés ».
v. 11 — Si donc Dieu a manifesté son amour pour nous d’une telle manière, nous aussi, qui sommes nés de Dieu « nous devons nous aimer l’un l’autre ». Cet amour pour les frères n’est pas une simple affection naturelle, qui peut se rencontrer même chez les bêtes sauvages. C’est l’amour découlant de la possession de la nature divine, un amour qui a été manifesté envers nous alors que nous étions morts et encore dans nos péchés. C’est par conséquent un amour qui peut s’élever au-dessus de tout mal et de tout ce que je peux constater de regrettable chez un frère : je l’aime, non pas à cause de ce qu’il est, mais à cause de la nature que je possède, qui est amour. La pensée a été exprimée que je devrais m’élever au-dessus de tout ce qui est désagréable et fâcheux chez mon frère, me souvenant que Dieu m’a aimé alors que j’étais haïssable.
v. 12, 13 — Après avoir parlé de l’amour de Dieu pour nous, l’apôtre aborde l’amour de Dieu qui est « consommé en nous ». A cela est liée la grande vérité de l’Esprit qui nous a été donné. C’est plus que d’avoir une nouvelle nature, car l’Esprit est une personne divine. « Personne ne vit jamais Dieu » ; mais nous savons que « le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » ; et le Saint Esprit rend réelle pour nos âmes cette connaissance de Dieu par le Fils, car il rend témoignage de Christ, nous rappelle ce que Christ a dit, et prend les choses de Christ pour nous les annoncer (Jean 14:26 ; 15:26 ; 16:14). La perfection même de l’amour, le plus grand privilège que l’amour confère, c’est que « nous demeurons en lui et lui en nous ».
v. 14 — En outre si l’Esprit de Dieu rend témoignage de Christ et de l’amour de Dieu manifesté en Christ, la réception de ce témoignage aura pour résultat que les croyants témoigneront devant le monde que « le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde ». Le Seigneur a pu dire à ses disciples : « l’Esprit de vérité, qui procède du Père, celui-là rendra témoignage de moi. Et vous aussi, vous rendrez témoignage ; parce que dès le commencement vous êtes avec moi » (Jean 15:26, 27).
L’amour de Dieu pour nous, et la nouvelle nature en nous, qui est amour, nous amèneront, dans la puissance de l’Esprit, à nous aimer l’un l’autre et à rendre témoignage au monde que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde.
v. 15, 16 — En outre, nous savons que l’Esprit de Dieu demeure en nous, non pas seulement par les expériences qu’il nous fait faire ; mais par la parole, nous sommes assurés de sa présence dans chaque croyant, car nous lisons : « Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu ». Hélas ! il peut nous arriver de vivre si négligemment que nous perdons conscience que Dieu est en nous par son Esprit. Nous pouvons attrister l’Esprit ou l’éteindre, de sorte que nous ne jouissons plus guère de l’amour que Dieu a pour nous. Si nous marchons dans la puissance d’un Esprit non attristé, nous connaîtrons et croirons l’amour que Dieu a pour nous et, demeurant dans l’amour, nous demeurerons en Dieu et Dieu demeurera en nous.
Après avoir parlé de l’amour de Dieu « consommé en nous », l’apôtre aborde maintenant l’amour consommé « avec nous ». Il écrit ainsi en vue de l’avenir, du jour du jugement. L’amour de Dieu ôte toute crainte quant à l’avenir en nous amenant à voir que comme Christ est, nous sommes, nous aussi, dans ce monde. En tant que croyants, nous sommes autant affranchis que Christ lui-même quant à nos péchés et au jugement qu’ils méritent. Lorsque nous comparaîtrons devant le tribunal du Christ, nous aurons des corps glorifiés et nous serons comme lui ; mais maintenant déjà, pendant que nous sommes encore dans ce monde, nous sommes aussi libérés judiciairement quant à nos péchés que lui. Notre justice devant Dieu a son expression en Christ dans la gloire. Nous n’avons pas à regarder à nos propres cœurs pour savoir si nous sommes libérés du jugement ; nous levons les yeux vers Christ et voyons un Sauveur glorifié, qui en a fini avec tous nos péchés et le jugement qu’il a portés sur la croix.
Ainsi l’amour parfait chasse la crainte et, délivrés de la crainte qui porte avec elle le tourment, nous sommes consommés dans l’amour, et notre amour est produit par ce grand amour pour nous : « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier ».
Après avoir parlé de notre amour pour Dieu, l’apôtre nous donne tout de suite le critère qui atteste la réalité de l’amour pour Dieu. Celui qui dirait aimer Dieu, alors qu’en même temps il hait son frère, manifesterait qu’il ment. Nous n’avons pas vu Dieu réellement, mais nous pouvons voir quelque chose de Dieu dans notre frère et, si les caractères de Dieu dans les saints n’éveillent pas notre affection, il est évident que nous n’aimons pas Dieu. C’est la volonté de Dieu que « celui qui aime Dieu, aime aussi son frère ».
En outre, aucun doute ne subsiste quant à savoir qui est notre frère, car l’apôtre nous donne les caractères de celui qui appartient à la famille de Dieu.
Premièrement
, notre frère est quelqu’un qui a manifesté
qu’il est né de Dieu en ce qu’il croit que Jésus est le Christ.
Deuxièmement
, étant né de Dieu, c’est quelqu’un qui aime
Dieu et tous ceux qui sont engendrés de Dieu, les enfants de Dieu.
Troisièmement
, aimant Dieu, il garde les commandements de
Dieu, et ils ne sont pas pénibles, car son grand commandement est d’aimer notre
frère.
Quatrièmement
, celui qui est né de Dieu vainc le monde
par la foi. En tant que nés de Dieu, nous ne sommes plus de ce monde, comme le
Seigneur a pu dire : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis
pas du monde. » Nous appartenons à un autre monde dont Christ est le
centre et, par la foi, nous regardons à ce monde-là et nous nous élevons
au-dessus de ce présent monde mauvais.
Cinquièmement
, la foi qui vainc le monde est une foi qui
a Christ pour objet : nous croyons que « Jésus est le Fils de
Dieu ».
Avant de terminer son épître, l’apôtre présente un triple témoignage au Fils de Dieu, Celui par qui la vie éternelle a été communiquée aux croyants. Il y a le témoignage de l’eau, le témoignage du sang et le témoignage de l’Esprit.
Jésus, le Fils de Dieu, est venu dans le monde par l’incarnation, mais pour pouvoir bénir des pécheurs et communiquer aux croyants la vie éternelle, il a dû venir par l’eau et le sang. En d’autres termes, il devait mourir.
Sa vie de perfection infinie mettait à nu notre condition et révélait nos besoins, mais ne pouvait pas répondre à notre état, ni nous communiquer la vie éternelle.
Sans sa mort, il serait resté seul à jamais, selon ses propres paroles : « A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24).
L’eau et le sang qui sont sortis du côté percé d’un Christ mort, rendent tous deux témoignage de sa mort, mais ils présentent deux grands résultats de sa mort. L’eau rend témoignage du jugement de mort prononcé et exécuté sur la chair, jugement par lequel le croyant est délivré de la vieille nature. Nous sommes crucifiés avec Christ et, participant de la vie de Christ ressuscité, nous nous tenons nous-mêmes pour morts avec lui, au vieil homme qui est gouverné par le péché. Nous sommes ainsi délivrés de la vieille nature. En outre, il est venu à nous par le sang. Par sa mort, nous sommes non seulement libérés du vieil homme, mais nous sommes, par son sang, justifiés de nos péchés. De plus, sur le fondement de sa mort et de sa résurrection, le Saint Esprit a été donné pour nous rendre témoignage de Christ et de l’efficacité de sa mort.
Laissant de côté le verset 7, reconnu comme une interpolation, nous retrouvons les trois témoins, mais cette fois dans l’ordre de leur témoignage sur la terre. Au verset 6, nous avons eu l’ordre historique, selon lequel le Saint Esprit est venu après la mort de Christ. Lorsqu’il est question de témoignage s’adressant à nous, le Saint Esprit est mentionné en premier, car c’est par l’Esprit que nous recevons le témoignage de la mort de Christ, et apprécions la valeur de l’eau et du sang.
Ces trois, l’Esprit, l’eau et le sang s’unissent pour rendre un seul témoignage au Fils et à l’efficacité de son œuvre, et à la bénédiction de la vie éternelle qui est donnée au croyant par cette œuvre.
Dans ces versets, l’apôtre nous rappelle que le témoignage à ces grandes vérités est « de Dieu ». Si nous recevons le témoignage des hommes, combien plus devrions-nous recevoir le témoignage de Dieu rendu au sujet de son Fils. Celui qui croit a, par l’Esprit, le témoignage de la vérité de Dieu au-dedans de lui-même. Dieu ayant ainsi rendu un témoignage irrécusable concernant son Fils, « celui qui ne croit pas Dieu, l’a fait menteur ».
Toutes ces grandes vérités — la mort de Christ, et la présence de l’Esprit dans le croyant — rendent témoignage du fait que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Elle est en nous comme don ; elle est en lui comme source. En dehors du Fils, il ne peut pas y avoir de vie devant Dieu. Avoir le Fils, c’est avoir reçu la vérité et avoir le Fils comme l’objet de notre foi. Celui qui ne connaît pas le Fils ou qui rejette la vérité, n’a pas le Fils de Dieu et « n’a pas la vie ».
L’épître se termine par une expression de la confiance en Dieu qui est le résultat pratique du fait d’être établi dans la vérité de la vie éternelle. L’effort des docteurs antichrétiens et des faux prophètes contre lesquels l’apôtre met les croyants en garde, est d’ébranler leur confiance en Dieu. Le grand but de l’enseignement de l’apôtre est d’affermir les saints dans la vérité et de fortifier ainsi leur confiance en Dieu, et de les rendre capables de résister à ceux qui voudraient les égarer.
On remarquera dans ces derniers versets que cette confiance en Dieu est maintenue devant nous par l’emploi répété des expressions « vous savez » et « nous savons » (v. 13, 15, 18, 19 et 20).
Des séducteurs avaient
cherché à détourner les croyants de la vérité présentée en Christ dès le
commencement, pour unir les saints avec le monde, et affaiblir l’enseignement
des apôtres en mettant leur autorité en doute. Le travail de ces faux docteurs
tendait à priver les saints de la connaissance et de la jouissance de leurs
privilèges. Pour contrecarrer ces mauvaises influences, l’apôtre adresse son
épître à ceux qui croient « au nom du Fils de Dieu » pour qu’ils
« sachent
» qu’ils ont la vie éternelle.
Dans la vie de tous les jours, cette confiance en Dieu s’exprime dans la prière. « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute ». Et si nous savons qu’il nous écoute, « nous savons » aussi « que nous avons les choses que nous lui avons demandées ». Selon sa sagesse et son amour parfaits, il se réserve de répondre à nos requêtes en son propre temps et à sa propre manière. Dans la confiance en Dieu qui est le résultat de la vie nouvelle, nous avons le privilège de présenter nos requêtes à Dieu, mais non pas de dicter à Dieu ce qu’il doit répondre. Il peut juger bon de nous faire attendre, mais pendant l’attente, nous avons la consolation de savoir qu’il écoute tout ce que nous demandons et qui est en accord avec sa volonté.
En outre cette confiance en Dieu nous amène non seulement à prier pour nous-même, mais aussi à intercéder pour d’autres. Bien des maladies frappant les enfants de Dieu ne sont en aucune manière un châtiment consécutif à un péché commis, mais sont, comme dans le cas de Lazare, en vue de la gloire de Dieu (Jean 11:4). Toutefois, les voies gouvernementales de Dieu envers les siens s’exercent, et si nous voyons un frère frappé par Dieu d’une maladie à cause d’un péché particulier, nous pouvons intercéder pour ce frère pour autant qu’il ne s’agisse pas d’un péché à la mort.
Toute iniquité (injustice) est péché et entraîne des conséquences gouvernementales, mais ces conséquences ne sont pas toujours la mort du corps. Les circonstances particulières déterminent si un péché est à la mort ou non. Plus d’un croyant peut avoir menti sans être placé sous le châtiment sévère de la mort ; mais dans le cas d’Ananias et de Sapphira, le mensonge était aggravé par les circonstances, de sorte qu’il portait le caractère d’un péché à la mort.
Malgré tout ce que peuvent dire les séducteurs, « nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas ». Nous savons qu’étant nés de Dieu, nous avons une vie nouvelle, et que cette vie nouvelle est parfaite et ne peut pas être atteinte par le méchant. Ainsi le Seigneur peut dire de ses brebis : « Moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main » (Jean 10:28). Vivant la vie du nouvel homme, nous ne pécherons pas, ni ne serons troublés par le méchant.
De plus, ayant une vie nouvelle nous savons que nous sommes de Dieu et nous pouvons ainsi distinguer entre ceux qui sont nés de Dieu et le monde qui nous entoure et qui gît dans le méchant. Vivant ainsi dans la puissance de cette vie, non seulement nous échappons au méchant, mais nous sommes délivrés du monde.
Enfin l’apôtre fortifie notre confiance en Dieu en résumant les grandes vérités de l’épître. Nous savons que le Fils de Dieu est venu. L’épître s’ouvre sur cette grande vérité. Étant venu, il nous a donné une intelligence complète — comme étant la pleine révélation de Dieu — afin que nous connaissions le Véritable. Ainsi nous lisons ensuite dans l’épître que le message que nous avons entendu du Fils est que Dieu est lumière et que Dieu est amour. Nous avons en outre appris que par le don de la vie éternelle et par l’Esprit, « nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ ». Cette Personne bénie à laquelle nous sommes unis « est le Dieu véritable et la vie éternelle ». Il est une Personne divine en qui la vie éternelle a été manifestée en perfection.
Enfin, il nous est rappelé que tout ce qui viendrait se placer entre notre âme et Dieu, et empêcher la jouissance de la vie qui est le grand sujet de l’épître, est moralement une idole. Toute l’épître est là pour nous encourager à vivre la vie divine que nous avons reçue et à être ainsi préservés des idoles.