Hamilton Smith
Table des matières :
1.1 - Le COMMENCEMENT DU MAL — Jude 4
1.2 - Le CARACTÈRE DU MAL — Jude 5-10
1.3 - L’ÉVOLUTION DU MAL — Jude 11-13
1.3.3 - La contradiction de Coré
1.3.4 - L’évolution du mal qui corrompt la chrétienté
1.4 - LE JUGEMENT DU MAL — Jude 14-16
2.2 - SE SOUVENIR — Jude 17-19
2.3 - L’ÉDIFICATION — Jude 20a
2.7 - AVOIR COMPASSION — Jude 22-23
On a dit que l’épître de Jude était la dernière des épîtres inspirées. En tout cas, dans l’arrangement des Écritures qui est le nôtre, elle est placée de façon très appropriée juste avant le livre de l’Apocalypse : tandis que Jude parle de corruption et d’apostasie de la profession chrétienne, l’Apocalypse prédit le jugement qui doit suivre, avec tous ses terribles détails.
Jude ayant pris la plume en se proposant d’écrire avec toute diligence concernant notre commun salut, étant conduit par l’Esprit de Dieu, il fut contraint d’écrire au sujet d’un mal spécial qui exigeait de toute urgence d’exhorter les saints à combattre sérieusement pour la foi.
Il y a des maux communs — le monde, la chair et le diable —
auxquels tous ceux qui jouissent du commun salut sont exposés en tout temps et
en tous lieux. Jude, cependant, écrit ni de notre commun salut, ni des maux
communs. Il a devant lui une forme spéciale et terrible du mal : la corruption du christianisme par des
impies à l’intérieur du milieu chrétien
.
Pour avoir une idée claire de ce mal épouvantable,
rappelons-nous que l’apôtre Jean avait déjà écrit sur ceux qui « sont
sortis du milieu de nous, mais qui n’étaient pas des nôtres
» (1 Jean 2:19). Jude fait pareillement remonter le
mal dont il parle à ceux qui ne sont pas « des nôtres », puisqu’il
dit au v. 4 que ce sont des « impies ». Il y a cependant cette
différence importante : les impies dont parle Jean « étaient
sortis », tandis que les impies sur qui Jude écrit « s’étaient
glissés parmi » [ou : se sont infiltrés]. La différence est très
grande quant au résultat. Si des impies « sortent », ils deviendront
des opposants
à la vérité en dehors
du milieu chrétien. Si des impies « se glissent parmi » [s’infiltrent],
ils deviendront des corrupteurs
de la
vérité à l’intérieur du milieu chrétien. S’opposer à la vérité est certes solennel,
mais la corrompre est bien pire. C’est ce mal spécial et terrible dont parle
Jude. Il dévoile son commencement insidieux aux jours des apôtres ; il
fait voir son caractère mortel ; il retrace son évolution mauvaise à
travers les âges, et prédit son jugement écrasant à la venue du Seigneur. Le
fait que ce mal continue durant la dispensation prouve clairement que la
corruption à l’intérieur du milieu chrétien est un mal qu’aucune mise en lumière
ne peut arrêter, qu’aucun réveil ne peut enrayer, et qu’aucune réforme ne peut
chasser. Le Seigneur seul peut s’en occuper à Sa venue. Jude présente donc tout
d’abord devant nous le COMMENCEMENT DU MAL :
ici, la chose mise à charge], des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître [maître d’esclave,
ailleursseigneur
ousouverain] et seigneur, Jésus Christ.
La corruption à l’intérieur du milieu chrétien a commencé par certains hommes qui se sont infiltrés sans qu’on s’en rende compte. Qu’ils soient venus sans qu’on s’en rende compte montre clairement qu’ils ont trompé les saints par une bonne profession et une belle apparence. Ils ont fait profession de christianisme et ont été reçus comme de vrais chrétiens. Bien qu’ils fussent en réalité des ministres de Satan, ils sont apparus comme des ministres de justice. Ce mal a commencé dès les jours apostoliques, car Jude ne nous avertit pas simplement d’un mal à venir aux derniers jours, mais du mal présent de son vivant. Paul avait dit : « Moi je sais qu’après mon départ, il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ». Or quand Jude écrit, les loups redoutables étaient déjà occupés à leur œuvre néfaste. Il ne dit pas qu’il « y aura » certains hommes, mais qu’il « y a ». Ayant ainsi indiqué le commencement du mal, Jude poursuit en manifestant le CARACTÈRE DU MAL :
litt. : gloires]. 9 Mais Michel l’archange, quand, discutant avec le diable, il contestait touchant le corps de Moïse, n’osa pas proférer de jugement injurieux contre [lui] ; mais il dit : Que le *Seigneur te censure ! 10 Mais ceux-ci, ils injurient tout ce qu’ils ne connaissent pas, et se corrompent [
ou: se détruisent, périssent] dans tout ce qu’ils comprennent naturellement comme des bêtes sans raison [selon leur nature d’êtres sans raison].
Nous avons vu que les hommes qui ont introduit la corruption étaient en fait des « impies », malgré une belle apparence extérieure. Le caractère de leur impiété est double.
Premièrement ils tournaient la grâce de Dieu en dissolution. Dans l’épître à Tite nous apprenons que la grâce est le principe sur lequel Dieu sauve les hommes, et par lequel Il enseigne les croyants à renier l’impiété et les convoitises mondaines pour vivre dans le présent siècle sobrement, justement et pieusement (Tite 2:11-12). Le grand principe par lequel Dieu sauve les hommes du péché et leur enseigne à vivre sobrement, est utilisé par ces hommes impies pour satisfaire la chair et donner libre cours à leur convoitise, tout en gardant une belle profession et en fréquentant le milieu chrétien.
Deuxièmement, ils renient « notre seul maitre et seigneur Jésus Christ ». C’est le refus de toute autorité. Ils ne renient pas le nom de Christ, mais ils ne veulent pas se soumettre à Son autorité. Ils renient « notre seul maitre ». C’est l’iniquité (= marche sans loi, sans frein), et l’iniquité est la détermination à faire sa propre volonté.
Nous avons donc ici les deux grandes caractéristiques de ce mal
corrupteur : la convoitise
et l’iniquité
. La convoitise conduit
nécessairement à l’iniquité, car l’homme déterminé à satisfaire sa convoitise
ne tolère aucune sorte de contrainte. Qui peut nier aujourd’hui que ce qui
porte le nom de Christ sur la terre est marqué par la convoitise et l’iniquité ?
Le mal peut bien prendre des formes variées et se montrer à des degrés divers,
mais de toute part un esprit de propre volonté, qui se croit tout permis, se manifeste
de plus en plus, combiné à un esprit de rébellion qui s’élève contre toute
autorité.
En outre, Jude ne fait pas seulement le portrait du caractère du mal, mais il montre aussi ce qu’il implique et où il mène. Il implique le caractère désespéré de l’apostasie et conduit à un jugement écrasant. Pour le prouver de façon irréfutable, Jude rappelle trois exemples terribles tirés de l’histoire du monde.
Il nous rappelle d’abord ceux qui ont été sauvés hors du pays d’Égypte, mais qui ont été ensuite détruits dans le désert. Quel était le secret de leur chute ? La convoitise et l’iniquité. Ils convoitèrent les choses de l’Égypte, et se rebellèrent contre Dieu (Jude 5).
Le second cas présenté par Jude, est celui des anges qui n’ont pas gardés leur premier état. Ce n’est pas une allusion à la chute de Satan et ses anges, car nous savons bien qu’ils ne sont pas actuellement enchainés, mais ils ont la permission de se promener çà et là sur la terre. C’est une seconde chute d’anges dont il s’agit, vraisemblablement celle de Genèse 6. Le secret de la chute de Satan était l’orgueil par lequel il a cherché à s’élever jusqu’au trône de Dieu. Le secret de cette seconde chute d’anges était la convoitise, par laquelle ils ont abandonné leur propre demeure et n’ont pas gardé leur premier état (Jude 6).
Comme troisième et dernier cas, Jude rappelle l’histoire sombre des villes de Sodome et Gomorrhe qui se sont adonnées à la convoitise et à l’iniquité (Jude 7).
Plusieurs faits en rapport avec ces trois exemples méritent d’être retenus :
Israël est tombé en convoitant ; ils se sont rebellé contre Dieu, et ils ont ainsi abandonné leur position de relation extérieure avec Dieu dans laquelle Dieu les avaient placés. C’était de l’apostasie, et cela les a menés au jugement – ils ont été détruits [Israël dans le désert, cf Héb. 3:17 et Ps.95].
Les anges ont convoité et ont abandonné la positon angélique dans laquelle Dieu les avait placés. C’était aussi de l’apostasie, et en conséquence ils ont été abandonnés au jugement — « réservé dans des liens éternels, sous l’obscurité, pour le jugement du grand jour ».
Sodome et Gomorrhe ont convoité et ont abandonné l’ordre naturel que Dieu avait établi. C’était encore de l’apostasie, les exposant au jugement « d’un feu éternel ».
Quelle profonde solennité dans les avertissements prodigués par ces terribles exemples ! Combien ils proclament très haut que la corruption et la rébellion qui marquent la grande profession chrétienne d’aujourd’hui mènent à l’horreur sans espoir de l’apostasie — l’abandon total de la position chrétienne. Il n’y a ni restauration ni remède à l’apostasie. Pour la chrétienté corrompue, il n’y a pas d’autre perspective que le jugement, annoncé depuis longtemps, lors de la venue du Seigneur accompagné des myriades de Ses saints.
Toutefois, Jude ne nous laisse pas faire tout seuls l’application de ces exemples, car il applique lui-même les faits évoqués aux corrupteurs de la chrétienté (Jude 8-10). Eux aussi sont marqués par les convoitises de la chair. Non gouvernés par la révélation de Dieu, ils se remplissent la tête de leurs rêveries infectes qui souillent la chair. Eux aussi sont marqués par l’iniquité (marche sans loi, sans frein). Poursuivant leurs rêves avec avidité, ils se révoltent contre toute autorité, « méprisant la domination, et injuriant les dignités ». Hommes simplement naturels (n’ayant pas l’Esprit, Jude 19), ils ne peuvent rien connaitre des choses de Dieu, car « personne ne connait les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu » (1 Cor. 2:11). Ils parlent en mal de ces choses qu’ils ne connaissent pas, et ils se corrompent dans les choses qu’ils connaissent seulement naturellement (Jude 10), car, comme quelqu’un a justement dit : « l’homme ne peut pas devenir comme une bête sans se dégrader lui-même bien en-dessous de la bête. Ce qui, chez la bête, ne fait que rendre témoignage à l’absence d’élément moral, chez l’homme cela rend témoignage à la présence de l’élément immoral ».
Nous avons donc ici tous les éléments qui marquent la chrétienté corrompue. Des rêveries infectes au lieu de la révélation de Dieu ; le corps souillé plutôt qu’utilisé pour la gloire de Dieu ; les autorités méprisées au lieu de la soumission à l’autorité de Christ ; les dignités injuriées au lieu d’être dûment reconnues ; mal parler des choses spirituelles et corrompre les choses naturelles — voilà le tableau solennel, non pas des païens dégradés, mais de la chrétienté civilisée. Il ne peut y avoir qu’une seule fin à cet état. Mais avant de présenter la fin terrible de la corruption, Jude fait la description de L’ÉVOLUTION DU MAL en quelques phrases brèves :
ou: écueils] dans vos agapes, faisant des festins avec vous sans crainte, se repaissant eux-mêmes : nuées sans eau, emportées par les vents ; arbres d’automne, sans fruit, deux fois morts, déracinés ; 13 vagues impétueuses de la mer, jetant l’écume de leurs infamies ; étoiles errantes, à qui l’obscurité des ténèbres est réservée pour toujours.
Voilà une description vivante de l’évolution du mal en se servant de trois autres illustrations tirées de l’Ancien Testament.
Rappelant l’histoire de Caïn, Jude s’exclame au sujet des
corrupteurs de la chrétienté : « Malheur à eux, car ils ont marché
dans LE CHEMIN DE CAÏN ». Le chemin de Caïn, c’est le chemin de la religion naturelle
. Caïn était un homme
religieux, mais sa religion était selon les pensées de l’homme déchu, et non
pas selon la révélation de Dieu. Sa religion naturelle l’a conduit à minimiser
le péché, à mépriser la ressource de Dieu pour faire face au péché, à chercher
à s’approcher de Dieu sur la base de ses propres œuvres, et à persécuter le
vrai enfant de Dieu. Hélas ! par la corruption d’hommes impies, la grande
masse des chrétiens professants a suivi le chemin de Caïn. La religion
populaire du temps présent ignore la révélation de Dieu, et ne tient aucun compte
de ce qu’est le péché aux yeux de Dieu. Elle traite la chute comme un simple
mythe, et reniant donc la déchéance de l’homme, elle n’a que faire de l’expiation.
Rejetant l’œuvre propitiatoire de Christ, elle revient naturellement aux œuvres
des hommes comme base pour être agréable à Dieu. En outre, elle tient en grand
mépris, et spécialement en haine, tous ceux qui s’attachent à la révélation de
Dieu pour mettre leur confiance dans le sang expiatoire comme leur seule justification,
et qui aiment notre seigneur Jésus Christ en sincérité et vérité (Éph. 6:24).
Dieu prononce un « malheur » sur tous ceux qui suivent le chemin de
Caïn.
Jude continue en faisant appel à l’histoire de l’un des hommes les plus dépravés de l’Ancien Testament. Il dit de ces corrupteurs qu’ils « se sont abandonnés à L’ERREUR DE BALAAM pour une récompense ». Cet homme désespérément mauvais était gouverné par la cupidité. Dans la poursuite du gain, il était trop heureux de faire commerce du peuple de Dieu, et était même prêt à proclamer l’erreur s’il pouvait par ce moyen obtenir une récompense. On a appelé cela à juste titre l’erreur ecclésiastique, car combien y en a-t-il qui tiennent une haute position officielle dans l’église professante en employant simplement leur position pour faire commerce du peuple de Dieu, et qui sont même prêts à enseigner l’erreur pour obtenir des récompenses. Ce mal trouve son apogée dans le système corrompu de Rome qui est marqué par le commerce de l’or, et de toute chose précieuse que le cœur de l’homme peut convoiter, depuis « l’or et l’argent et les pierres précieuses » jusqu’aux « âmes d’hommes ». Si l’église professante peut faire commerce de la vérité de Dieu, elle n’hésitera pas à faire trafic avec les âmes des hommes (Apoc. 18:12-13). Voilà comment ‘l’erreur de Balaam’ recommence de notre temps.
Finalement Jude dit que ces corrupteurs ont « péri dans LA CONTRADICTION DE CORÉ ». Le péché de Coré était double : d’un côté, il se révoltait ouvertement contre Moïse et Aaron en disant : « C’en est assez… pourquoi vous élevez-vous au-dessus de la congrégation de l’Éternel ? » ; de l’autre côté, non satisfait de sa propre position, il voulait usurper la fonction d’intercession sacerdotale qui appartenait à Aaron seul (Nombres 16:3, 9, 10). Il chercha à rabaisser Moïse et Aaron au niveau de la congrégation, et à s’élever au niveau d’Aaron. Hélas, la contrepartie moderne de la contradiction de Coré n’est que trop manifeste. Depuis les chaires et dans la presse écrite, dans les conventions et les conférences, il se répand une marée toujours montante de rébellion contre le Christ de Dieu, combinée à l’exaltation de l’homme. Christ est rabaissé au niveau de l’homme déchu, et l’homme est élevé au niveau de Dieu. Les incrédules religieux qui se déguisent en chrétiens, osent dire qu’on fait trop cas de Christ, et ils revendiquent pour l’homme des droits et des honneurs qui n’appartiennent qu’à Christ. Cette rébellion contre Christ liée à l’exaltation de l’homme est l’essence même de l’apostasie, et aboutira à l’apparition du grand apostat, « l’homme de péché », « qui s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu » (2 Thess. 2:3-4).
Voilà donc l’évolution terrible du mal qui est en train de corrompre la chrétienté. Il commence par le chemin de Caïn — la religion qui, ignorant la révélation, est aménagée selon le cœur naturel de l’homme, — il se développe dans l’erreur de Balaam, faisant de la religion un objet de commerce, et il aboutit à la contradiction de Coré, qui est l’apostasie.
Jude multiplie les figures ou métaphores, en exprimant son horreur de ces corrupteurs de l’église professante. Ce sont des écueils immergés (*) qui conduisent au naufrage ; des nuées prometteuses d’averses rafraichissantes, mais en réalité sans eau, et qui sont le jouet de tous les vents ; des arbres ayant pour un temps une belle apparence, mais ne produisant aucun fruit, deux fois morts (par nature et par profession), et à la fin déracinés ; des vagues impétueuses de la mer, déployant une grande puissance, mais faisant en réalité de l’écume avec des choses qui sont à leur honte ; des étoiles errantes, apparaissant pour un temps avec l’éclat brillant d’un météore pour finalement errer dans « l’obscurité des ténèbres pour toujours ».
(*) ndT : JND en français traduit par « taches dans les agapes ».
Ainsi Jude parcourt terre, mer et ciel pour trouver des images servant à dévoiler et condamner ce terrible mal. Pourtant, que nul ne pense qu’à cause de ces images frappantes, ceux qui y sont représentés sont des monstres d’iniquité aux yeux des hommes. En effet, ils apparaissent plutôt comme des anges de lumière et des ministres de justice, faisant des festins en compagnie des chrétiens, et se repaissant sans crainte ; montrant qu’eux-mêmes n’ont en fait aucune conscience, tandis que les chrétiens auxquels ils ont à faire ne discernent pas leur vrai caractère.
Ayant appris ainsi le caractère et la source de ce grand mal, il nous est enfin donné de voir le JUGEMENT DU MAL.
ou: avec] ses saintes myriades, 15 pour exécuter le jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies d’entre eux de toutes leurs œuvres d’impiété qu’ils ont impiement commises et de toutes les [paroles] dures que les pécheurs impies ont proférées contre lui. 16 Ceux-ci, ils sont des murmurateurs, se plaignant de leur sort, marchant selon leurs propres convoitises (tandis que leur bouche prononce d’orgueilleux discours), et admirant les hommes en vue de [leur propre] profit.
Pour celui qui s’égare, il y a un chemin de restauration ;
pour l’apostat, il n’y a rien, sinon une attente terrible du jugement, et l’ardeur
d’un feu qui va dévorer les adversaires. L’apostasie se termine dans le
jugement écrasant, prédit par Énoch, et qui s’accomplira lorsque le Seigneur
vient avec des myriades de Ses saints. Énoch de son temps, entouré par un monde
d’impies, attendait d’être enlevé au ciel, et prédisait le jugement à venir.
Une fois de plus aujourd’hui le peuple du Seigneur se trouve environné d’impies ;
lui aussi attend de rencontrer le Seigneur en l’air, et sait que le jugement
doit suivre sur la chrétienté apostate. En ce jour-là seront dûment rétribuées non
seulement les « œuvres d’impiété », mais aussi « toutes les [paroles] dures que les pécheurs
impies ont proférées contre lui
». Depuis les jours des apôtres jusqu’à
ces derniers jours de la fin, la personne de Christ a été l’objet constant d’attaques
de la part des corrupteurs impies à l’intérieur de l’église. Mais aucune des « paroles
dures » « contre lui » n’a été oubliée. Toutes seront remises en
mémoire, et elles seront évoquées pour se retourner en jugement contre ceux qui
ont osé si légèrement porter un jugement contre le Fils de Dieu.
Or ceux qui ont rabaissé Christ, ont toujours exalté l’homme. S’ils
ont prononcé des « paroles dures » contre le Christ de Dieu, ils ont
également prononcé « d’orgueilleux discours » au sujet des hommes
pécheurs. Le dénigrement de Christ va toujours de pair avec l’admiration de l’homme.
De plus, derrière les paroles dures contre Christ, il y a toujours une marche relâchée.
Voilà comment sont les « murmurateurs, qui se plaignent de leur sort, et
qui marchent selon leurs propres
convoitises
» (Jude 16). La convoitise est le véritable secret de l’antagonisme
contre Christ et de l’admiration de l’homme.
Les paroles dures contre le Christ de Dieu doivent soulever la juste indignation des vrais enfants de Dieu ; mais ils peuvent dans une très large mesure traiter les auteurs de ces paroles dures avec un mépris silencieux, sachant que le temps est proche où tous subiront le jugement. Le traitement irrévérencieux de la révélation de Dieu, les perversions méchantes des vérités divines, et les blasphèmes contre la personne et l’œuvre de Christ, soit de la part de la haute critique, ou des religieux incrédules, ou des professants sans grâce, — tout cela n’a pas été perdu de vue par le Dieu saint. Pendant des siècles, Il a gardé le silence, et supporté patiemment, tandis que les hommes, toujours plus audacieux dans leur rébellion, amassaient la colère pour le jour de la colère (Rom. 2:5) ; mais à la fin tous les « paroles dures » recevront leur réponse écrasante, et tout opposant sera réduit au silence et condamné, car « Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exécuter le jugement contre tous, et pour convaincre tous les impies d’entre eux de toutes leurs œuvres d’impiété qu’ils ont impiement commises et de toutes les [paroles] dures que les pécheurs impies ont proférées contre lui » (Jude 14-15).
ou: par] Jésus Christ : 2 Que la miséricorde, et la paix, et l’amour vous soient multipliés !
Si les avertissements de cette courte épître sont intensément
solennels, les encouragements sont eux extrêmement précieux. Dans le premier
verset, les saints sont considérés comme des « appelés », « bien-aimés »
et « conservés ». Ni les corruptions de la chrétienté, ni les manquements
des saints, ne peuvent contrecarrer les desseins de Dieu. « Les dons de
grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:29). Aussi sombre
que soit le jour, il y a ceux qui sont appelés
selon le dessein éternel de Dieu ; et ceux qu’Il a appelés sont les objets
de Son amour
immuable ; et ceux
qu’Il aime sont conservés
par Ses
soins. Cela parle de ce que Dieu est pour les saints plutôt que de ce que les
saints sont pour Dieu. Dieu nous a « appelés » ; Dieu nous « aime » ;
Dieu nous « conserve » ou préserve. Ce que Dieu est pour les Siens
est ainsi présenté comme la seule base permanente de leur bénédiction et de
leur sécurité. — Plus loin, Jude nous exhortera quant à nos responsabilités,
mais comme toujours sous la grâce, nous n’atteignons pas une position de
privilèges en satisfaisant à nos responsabilités, comme nos cœurs légaux
pourraient le penser ; mais c’est une fois placés dans une position de
privilèges, que certaines responsabilités en découlent.
S’il n’y avait pas l’appel de Dieu, l’amour de Dieu, et les soins de Dieu pour conserver, tout serait balayé dans les corruptions qui abondent de toute part. En outre, les bénédictions de « miséricorde », de « paix » et d’« amour » peuvent encore être appréciées aussi sombre que soit le jour. Et pas seulement appréciées, mais « multipliées ». Si le mal abonde et que les difficultés se multiplient, alors la miséricorde et la paix et l’amour seront également multipliés (Jude 2).
Après nous avoir ainsi rappelé nos privilèges, Jude se met à nous instruire des pensées de Dieu envers les Siens au milieu de la corruption qui abonde. Aussi sombre que soit le jour, Dieu a un chemin pour les Siens. Nous sommes exhortés à plusieurs choses, dont la première est de COMBATTRE :
ou: je désirais ardemment] pour vous écrire de notre commun salut, je me suis trouvé dans la nécessité de vous écrire afin de vous exhorter à combattre [traduction anglaise : combattre avec ardeur] pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints ;
Nous devons combattre avec
ardeur
pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints. « La foi »
dont parle Jude n’est pas la foi personnelle par laquelle nous croyons, mais ce
qui doit être cru : la vérité. Lorsque l’erreur prévaut et que l’opposition
lève la tête, il ne suffit pas que nous exposions la vérité, nous devons
combattre pour elle. Cela implique des conflits, mais lorsque Christ est
attaqué, et que la vérité est en jeu, nous ne devons pas reculer devant le
besoin de combattre le bon combat de la foi, sous aucun prétexte de charité
chrétienne.
En outre, c’est « la
foi
», pour laquelle nous avons à combattre, c’est-à-dire le domaine complet
de la vérité. Nous ne devons pas simplement lutter pour une vérité
particulière. En effet, on l’a fait, et le résultat en a été que la vérité dans
son ensemble a été perdue, et que des sectes ont été formées pour maintenir chacune
une vérité particulière comme la sainteté, la présence de l’Esprit, l’unité de
l’Église, ou la venue du Seigneur.
Notons en plus que la foi pour laquelle nous avons à combattre
est la foi « une fois enseignée aux
saints
». Le mot « une fois » a la force de « une fois
pour toutes ». Cela n’admet aucun ajout, aucune modification, ni aucun
développement. Il n’y a aucune nouvelle communication de vérité aux saints.
Elle leur a été enseignée une fois pour toutes. Nous pouvons avoir beaucoup à
apprendre sur la vérité. Dieu peut accorder une lumière nouvelle sur la vérité
déjà révélée, et nous devons grandir dans notre compréhension de la vérité.
Mais la vérité elle-même a été enseignée une fois pour toutes aux saints. C’est
pour elle que nous devons combattre ; non pas pour la vérité détenue en
partie par les Pères, ou transmise par la tradition, ou concentrée dans les credo,
ou obscurcie par un enseignement défectueux, — mais la foi une fois enseignée
aux saints, dans la forme même dans laquelle elle a été communiquée.
Encore une fois, il est bon de remarquer que nous ne sommes pas appelés à combattre contre l’erreur. Beaucoup d’âmes sincères l’ont fait, et ont formé des croisades contre différents maux criants. Il y a en effet des occasions où combattre pour la vérité nécessite de dénoncer le mal. Mais la grande affaire du peuple de Dieu est en rapport avec la vérité, non pas avec l’erreur. Jude ne dit pas de dénoncer l’erreur avec ardeur, mais de « combattre avec ardeur pour la foi ».
Si donc il faut tenir pour la vérité, il y a un autre mot dont Jude se sert, et qui mérite d’être souligné. En Jude 17 il dit de SE SOUVENIR,
ailleurs: homme animal], n’ayant pas l’Esprit.
« Bien-aimés, souvenez-vous des paroles qui ont été dites auparavant par les apôtres de notre seigneur Jésus Christ » (Jude 17). Si nous devons combattre pour la foi, combien il est important que nous nous « souvenions » des paroles mêmes dans lesquelles la vérité nous a été communiquée par le moyen des apôtres. Ce qui s’appelle la Haute Critique peut bien remettre en question les paroles des apôtres, les théologiens peuvent minimiser leurs paroles, mais la Parole elle-même dit que, si un homme est spirituel, il reconnaîtra que les choses écrites par les apôtres sont « le commandements du Seigneur » (1 Cor. 14:37). En outre, la soumission à l’enseignement apostolique est le grand test qui prouve l’esprit par lequel un homme parle : « celui qui connaît Dieu nous écoute ; celui qui n’est pas de Dieu ne nous écoute pas : à cela nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur » (1 Jean 4:6).
Ici, cependant, ce sont les avertissements prophétiques des apôtres dont nous sommes tout spécialement appelés à nous souvenir. Quelle consolation que nous n’ayons pas été laissés sans avertissement préalable à ce terrible mal ! Énoch a prophétisé du mal ; les apôtres nous en ont prévenus. Ainsi, alors que nous ne pouvons qu’être affligés de la corruption, il n’y a pas de raison d’en être surpris, et pas besoin d’être découragés ; notre foi doit plutôt être affermie de voir l’accomplissement des paroles des apôtres. Les paroles prophétiques des apôtres confirment les avertissements de Jude. Elles nous ont aussi avertis de l’apparition aux derniers jours d’hommes se moquant des choses divines, et menés par leurs propres convoitises d’impiété. Ces gens, bien qu’officiellement associés au peuple de Dieu, marchent en fait à part sans aucune communion avec eux. Ce sont des hommes naturels, n’ayant pas l’Esprit de Dieu (Jude 19). Ils peuvent occuper des places éminentes dans les chaires de la chrétienté, mais, comme on l’a dit, ils ridiculisent la simple foi de leurs ancêtres, prêchent une soi-disant morale à la place de Christ, et recherchent tous les moyens possibles de saper l’inspiration des Écritures et les vérités du christianisme.
Si d’un côté nous avons à combattre pour la foi, Jude 20 nous rappelle la nécessité de l’ÉDIFICATION individuelle.
Nous ne pouvons pas combattre correctement pour la foi, à moins de nous édifier nous-mêmes sur notre très sainte foi. Nous ne sommes pas appelés à nous former en rapport avec toutes les différentes formes que le mal peut revêtir. Nous ne serons pas en mesure de résister à l’erreur en prenant simplement connaissance de l’erreur. Nous ne pouvons faire face à l’erreur qu’en étant nous-mêmes édifiés dans la vérité. En outre, notre foi est une « très-sainte foi ». En étant donc édifiés sur la foi, non seulement nous acquérons une connaissance plus profonde de la vérité, mais nous sommes de plus en plus façonnés par la vérité. Elle a un effet saint et sanctifiant sur nos âmes, conduisant à une plus grande séparation d’avec le mal qui nous environne (Jean 17:17).
En outre, à « l’édification » Jude rattache l’importance de la PRIÈRE :
Pour être efficace, celle-ci doit être « par le Saint-Esprit ». On parle beaucoup de la prière aujourd’hui, mais nous pouvons bien nous arrêter et nous demander : « Est-ce la prière par le Saint Esprit » ? Deux choses marqueront une telle prière. Ce sera une prière selon la pensée de Dieu révélée dans Sa Parole, et elle aura Christ et Ses intérêts pour objet. Le Saint Esprit ne peut jamais conduire dans une voie contraire à la Parole de Dieu, et Il a toujours Christ devant Lui. La grande mission de l’Esprit Saint dans le monde est d’exalter Christ. Le monde ayant chassé le Fils de Dieu, le Saint Esprit n’est pas venu pour en faire un monde agréable, bienséant et heureux. Il est ici pour tirer hors du monde un peuple pour Christ. L’« édification » conduira à la « prière ». Plus nous serons diligents pour nous édifier nous-mêmes sur notre très-sainte foi, plus nous serons en mesure de prier par le Saint-Esprit, et plus nous sentirons la nécessité de prier par le Saint-Esprit.
Mais prier par le Saint Esprit conduit à un autre exercice important exprimé par l’expression SE CONSERVER :
« Conservez-vous dans l’amour de Dieu » (Jude 21a). La prière par le Saint-Esprit met l’âme en contact étroit avec Dieu, et être en contact avec Dieu c’est jouir consciemment de Son amour, car Dieu est amour. Comme chrétiens, nous reconnaissons tous le fait que Dieu nous aime ; mais vivre dans la conscience de Son amour, c’est autre chose. Pourtant, qu’y a-t-il de plus important, et de plus béni, que de marcher dans le sentiment constant d’être aimé par Dieu ! Le monde religieux, le monde de Caïn, peut nous haïr ; beaucoup de chers enfants de Dieu peuvent se méprendre à notre égard, mais Dieu nous aime. Les circonstances peuvent être difficiles, les douleurs peuvent s’accumuler, et le mal abonder, mais si nous nous conservons dans l’amour de Dieu, aucune de ces choses ne pourra remettre en question le fait glorieux que l’amour de Dieu, exprimé en Christ, se déverse sur nous par les cieux ouverts. C’est dans la mesure où nous serons conservés dans l’amour de Dieu, que nous serons délivrés de l’amour du monde (1 Jean 2:15), gardés dans l’amour à l’égard des saints (1 Jean 5:1), et conduits par amour vers les pécheurs (2 Cor. 5:14).
En outre, cet amour ne sera pas satisfait tant que nous ne serons pas avec Christ et comme Christ. Alors, en effet Dieu « se reposera dans son amour » et se réjouira en nous avec chant de triomphe (Soph. 3:17). Cela conduit à un autre exercice placé devant nous par le mot ATTENDRE :
Se conserver dans l’amour de Dieu conduira à « attendre la miséricorde de notre seigneur Jésus Christ pour la vie éternelle ». Nous recevons miséricorde sur miséricorde pour nos besoins à chaque étape de notre pèlerinage, mais la miséricorde suprême nous prendra hors de cette scène de nécessités pour rencontrer le Seigneur en l’air, et nous faire entrer dans la plénitude de la vie dans la demeure de la vie éternelle. Sur la terre, nous pouvons entrevoir sa gloire et connaitre un avant-goût de sa douceur ; dans le ciel, nous entrerons dans sa plénitude.
S’édifier, prier, se conserver et attendre sont des termes qui expriment les exercices de dépendance mutuelle par lesquels l’âme est conservée au milieu des corruptions qui dominent la chrétienté. Ces exercices sont cependant largement individuels, ce qui ne veut pas dire que nous n’ayons à penser qu’à nous-mêmes dans l’oubli des autres. Jude après nous avoir conduits dans la plénitude de la vie éternelle, redonne un coup d’œil en arrière au fatras de mal, et au milieu, il y voit beaucoup d’enfants de Dieu associés à ce mal. « Avez-vous pris garde à vous-mêmes » ? Jude semble dire alors : « Vous serez en mesure de prendre soin des autres ». D’où ces mots AVOIR COMPASSION.
NdT : Cette portion du commentaire sur les versets 22 et 23 se base sur la traduction du v.22 selon le Texte Reçu (version autorisée anglaise, King James), avec J.N.Darby en anglais (et Carrez), qui disent « ayez pitié des uns, faisant une différence ». La traduction J.N.Darby en français, W.Kelly en anglais et Elberfeld en allemand, disent autrement : « les uns qui contestent, reprenez-les ».
Pour expliquer cette divergence, nous reproduisons la note de la traduction anglaise de J.N.Darby :
« Le sens de ce passage est très disputé et dépend de manuscrits qui ne s’accordent pas. Je l’ai laissé [dans la traduction anglaise] comme il est généralement admis (version autorisée du roi Jacques), mais je suis disposé à penser que le texte traduit par « avoir compassion » devrait être omis, auquel cas le passage devrait être ainsi lu : « et certains qui contestent, reprenez-les ; et d’autres sauvez-les, les arrachant hors du feu, haïssant même le vêtement souillé par la chair ». Peut-être que ceci est la meilleure leçon à lire. Il leur dit en fait de faire une différence. Ceux qui contestent sont à réduire au silence ; les autres sont à sauver avec crainte, haïssant toute trace de mal ».
W.K. fait aussi un très long commentaire expliquant que c’est un cas très difficile à résoudre, les manuscrits pour et contre étant également partagés — l’un des rares cas du Nouveau Testament.
(commentaire ci-après basé sur le Texte reçu et le texte JND
anglais. — Pour un autre commentaire (H.Rossier) de Jude 22-23 selon l’autre
traduction du texte biblique, en italique
ci-après
, voir page
de citation).
[pour mémoire] 22 et les uns qui contestent, reprenez-les ; (JND français et WK et Elberfeld révisé)
Si votre cœur est
conservé dans l’amour de Dieu, votre cœur ira vers ceux que Dieu aime. Nous
ne sommes toutefois pas exhortés à avoir compassion de tous. Nous devons avoir
compassion seulement de « certains », faisant une différence. Ceux
qui conduisent à l’apostasie, sont traités avec horreur, sans compassion. Mais
il y a ceux qui sont conduits, non pas volontairement, mais par ignorance, et pour
ceux-là il faut de la compassion. D’autres sont impliqués plus profondément dans
le mal, le feu semble prêt à s’allumer sur eux, mais même ainsi nous devons
chercher à les sauver, en les arrachant du feu, haïssant en même temps le mal
dans lequel ils se trouvent. La compassion sans bornes pour le peuple de Dieu
doit toujours être liée à une séparation sans compromis d’avec le mal auquel il
est lié. C’est ce qui en était avec Christ, dont on a dit avec raison : « En
Christ, il y a une compassion pour le pécheur qui est sans limite, combinée à
une séparation infinie d’avec son péché ». Pour montrer de la compassion,
nous aurons besoin de l’amour
divin,
de la sagesse divine ; pour faire une différence, nous ferons appel à la sagesse
divine ; pour arracher
quelqu’un « hors du feu », la puissance
divine sera nécessaire ; et pour « haïr le vêtement souillé par la
chair », il faudra la sainteté
divine. Combien donc nous avons grand besoin de nous édifier sur notre très
sainte foi, et de prier par le Saint-Esprit.
Jude a dénoncé le mal dans toute son horreur, il a averti, encouragé, et exhorté les saints. Mais sa ressource finale est Dieu Lui-même et tout ce que Dieu est pour les Siens. L’ampleur du mal et de la faiblesse des saints disparaissent de sa vue, et Dieu seul demeure. C’est pourquoi il peut terminer l’épître la plus solennelle jamais écrite, dans un éclat de louange des plus glorieux. Jude a considéré la ruine de ce qui professe le nom de Christ ; il a regardé en arrière au commencement de la corruption ; avec un regard prophétique, il a vu sa fin solennelle ; mais finalement, du milieu du naufrage et de la ruine d’une chrétienté corrompue, il lève les yeux, et immédiatement, en dépit des sombres perspectives, il éclate en louange : « Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie » (v. 24).
Jude semble dire : « Je vois la corruption qui est survenue, je vois la marée montante du mal, je vois que les saints peuvent manquer à s’édifier et à prier et à se conserver ; mais je vois Quelqu’un dans la gloire qui est capable de les garder de broncher, et de les amener en toute sécurité à la maison, et de les présenter irréprochables dans la présence de Sa gloire avec abondance de joie (v.24). Je vois que le jour du jugement vient pour les professants impies — un jour de ténèbres et de douleur, mais je vois que le jour de la présentation vient pour tous Ses saints — un jour de gloire et d’allégresse ». C’est à nous de prendre par la foi le langage de Jude.
Quand nous considérons le flot incessant de blasphèmes répandu par des professants sans Christ et accueilli dans l’indifférence, voire même avec applaudissements par la grande masse de la profession chrétienne ; quand nous voyons les fondements attaqués (Ps. 11:3), la vérité trébuchant sur la place publique (És. 59:14), et les hommes méchants et imposteurs allant de mal en pis (2 Tim. 3:13), nous pouvons bien nous demander : « Quelle sera la fin ? » Mais, grâce à Dieu, pour la consolation et l’encouragement de Son peuple, Il ne nous a pas laissé avec de l’incertitude quant à la fin. Jude nous dit la fin des corrupteurs, la fin pour le peuple de Dieu, et la fin pour Dieu Lui-même. Tout finira par le juste jugement atteignant les corrupteurs apostats, par la présentation des saints irréprochables devant Sa gloire avec abondance de joie, et Dieu lui-même recevra « gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles » (v.25). Les peines temporelles et passagères feront place à l’abondance de joies de l’éternité. Notre joie sera d’y être, Sa joie sera de nous y avoir. « Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait » (És. 53:11). Celui dont l’âme a été une fois saisie de tristesse jusqu’à la mort (Matt. 26:38), sera rempli d’« abondance de joie » pour l’éternité. Nous pouvons bien nous écrier avec Jude, « au seul Dieu, notre Sauveur, par notre seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles ! Amen ».