F.B. Hole
Table des matières :
Table des matières détaillée :
4.8 - Ch. 3:15 le salut journalier
Nous ne savons pas combien d’années se sont écoulées entre les deux épîtres à Timothée, mais de toute évidence il s’était passé suffisamment de temps pour que se développe un grand mouvement de déclin dans l’église de Dieu. Les divers caractères des deux épîtres le montrent clairement. Dans la première épître, Timothée est enseignée sur le bon ordre dans l’assemblée, et il est exhorté à le maintenir en présence de désordres qui menaçaient. Dans la seconde épître, nous trouvons qu’outre la continuation de désordres, de graves abandons se développaient, et qu’en certains lieux les fondements de la foi étaient même en danger ; c’est pourquoi on ne trouve pas de mention de ce qui est officiel, et il est fait appel à la fidélité individuelle. Nous verrons cela au cours de notre lecture.
Pour commencer, dans la présentation de son apostolat, Paul met l’accent sur un point qui sera mis en avant tout au long de l’épître. Il est apôtre, non seulement « par la volonté de Dieu » — ce qui lui donne son autorité — mais aussi « selon la promesse de la vie qui est dans le Christ Jésus » — ce qui confère à son apostolat un caractère invincible. La nature nous fournit de nombreux exemples du pouvoir extraordinaire de la vie. Voici une jeune pousse d’arbre, si tendre qu’un jeune enfant pourrait l’écraser dans sa main ; pourtant, dans certaines conditions, la vie qui est dans cette pousse la fera pousser à travers du goudron de trottoir, ou lui fera déplacer de grandes pierres pesant des quintaux. Ailleurs on trouvera aussi de la vie, mais d’un autre ordre, avec ses caractères propres. Personne ne la fera dévier de ses caractéristiques, même si on essaie. Ni l’éducation, ni la persuasion, ni le fouet ne pousseront un chien à exprimer son plaisir en ronronnant, ni un chat à le faire en remuant la queue. La vie de l’animal avec ses caractéristiques innées prévaudra sur tous les efforts.
Dans la nature la vie est une force immense, mais la vie dans le Christ Jésus est invincible. La vie de la nature sous toutes ses formes, y compris la vie d’Adam, c’est-à-dire la vie humaine, finit par trouver plus fort qu’elle, et est vaincue par la MORT. Par contre, la vie en Christ est hors d’atteinte de la mort, car c’est comme mort et ressuscité qu’Il est devenu la Source de vie pour d’autres. Cette vie était promise avant que le monde fût (Tite 1:2), et a relui dans l’évangile (2 Tim. 1:10). On en verra les fruits dans les âges à venir. C’est pourquoi il n’en est parlé ici que comme d’une promesse.
Nous commençons donc cette épître avec ce qui survivra à tous les manquements et à tous les abandons des croyants, et à tous les autres ravages du temps. Comme il est bon d’être rattachés à l’ancre de salut qui reste toujours immuable même face aux tempêtes indiquées dans l’épître ! Tout ce qui est « dans le Christ Jésus » demeure jusque dans l’éternité.
Après la salutation adressée à Timothée, l’apôtre exprime au verset 3 le souvenir qu’il a de lui dans ses supplications ; aux versets 4 et 5 il remémore ce qu’il fallait louer chez lui ; puis, à partir du verset 6, il l’exhorte et l’encourage dans la crainte de Dieu.
Paul et Timothée venaient tous deux de bonnes familles. Le premier pouvait parler de servir Dieu dès ses ancêtres avec une conscience pure, c’est-à-dire sans salir sa conscience en faisant ce qu’il savait être mal. Il était vrai selon la lumière qu’il avait, bien que, comme il le confesse ailleurs, celle-ci fût si défectueuse qu’il s’opposait à Christ avec un zèle consciencieux. Timothée était la troisième génération marquée par la foi. En fait, sa foi est qualifiée de sincère ; or une foi vraiment authentique est une nécessité majeure en temps de décadence et d’épreuves. En outre l’apôtre parle de ses larmes qui indiquent qu’il était un homme profond dans sa sensibilité et ses exercices spirituels.
Le souvenir des larmes de Timothée remplissait l’apôtre de joie. Que ressentirait-il à notre égard ? Se détournerait-il de nous, triste et déçu de notre faible foi, et de nos convictions et de nos sentiments généralement superficiels ? Soyez-en sûrs, une foi sincère, le maintien d’une conscience pure, et de profonds sentiments spirituels exprimés dans les larmes, — voilà un immense atout pour faire face aux difficultés et aux dangers des « derniers jours ».
Timothée possédait en outre un don spécial de la part de Dieu, qui lui avait été conféré par l’intermédiaire de Paul ; or un don s’accompagne de la responsabilité de s’en servir de manière convenable et adéquate. Quelqu’un de tranquille et de réservé, comme Timothée semble avoir été, est grandement tenté de mettre son talent [ou : sa mine] en réserve dans un linge quand il est confronté à des circonstances éprouvantes. Or au contraire, des circonstances difficiles sont en réalité un coup de clairon pour réveiller le don qu’on possède éventuellement, et ce réveil est rendu possible par ce que Dieu nous a donné Son Esprit Saint, ce qui fait que nous avons un esprit de puissance et d’amour et de conseil [ou : de sobre bon sens], et non un esprit de crainte.
La « puissance » ne signifie pas ici l’autorité, mais plutôt la force. Nous avons la force, mais elle doit être contrôlée par l’amour ; or la force et l’amour doivent être tous les deux gouvernés par « un esprit de conseil » ou de « sage discrétion » si l’on veut que l’énergie que nous avons par le Saint Esprit soit utilisée correctement. Nous ne devons donc pas avoir honte du « témoignage de notre Seigneur ».
Aux jours d’autrefois, Timothée n’avait pas couru le danger d’avoir honte du témoignage : du temps des récits d’Actes 14 à 19, ce témoignage triomphait malgré une opposition acharnée. Mais maintenant, le témoignage était dans l’opprobre, les croyants se refroidissaient, et Paul, le plus grand de ses hérauts, était en prison, sans espoir de libération. Il n’y a rien de plus éprouvant que d’entrer dans un mouvement en phase ascendante de prospérité, puis de le voir passer la crête, et refluer ensuite fortement. C’est le meilleur critère pour tester le courage de quelqu’un.
Le courage de Timothée était en cours de test, mais l’apôtre l’appelait maintenant à prendre part aux souffrances de l’évangile. Nous sommes tous heureux de partager les bénédictions de l’évangile, et plusieurs d’entre nous sont heureux de participer à l’œuvre d’évangélisation pour participer aussi à ses succès, et finalement dans le règne à venir, de participer aux récompenses pour un service fidèle ; mais prendre part aux souffrances de l’évangile est tout autre chose. Ce n’est possible que « selon la puissance de Dieu ». Ici comme en Colossiens 1:11, la puissance n’est pas reliée à ce qui est actif mais à ce qui est passif — la souffrance.
La puissance en elle-même est une chose froide et impersonnelle.
Dans ce passage cependant la touche chaude et personnelle est donnée aux
versets 9 et 10. Dieu, dont c’est la puissance, nous est connu comme l’Auteur de notre salut et de notre appel. Ces deux choses
vont toujours ensemble, car elles nous donnent ce que nous pourrions appeler le
côté positif et le côté négatif du sujet. Nous sommes sauvés de
quelque
chose afin de pouvoir être appelés à
quelque chose. Nous sommes délivrés
de
la misère et du
danger dans lesquels le péché nous avait
plongés, afin d’être appelés à
la position de faveur et de bénédiction
qui doit être la nôtre selon le dessein de Dieu.
Ce que Dieu fait en sauvant et en appelant est toujours selon Son propos. Il en était ainsi quand Il sauvait Israël en le faisant sortir d’Égypte, car Il les appelait pour les introduire dans le pays qu’Il avait prévu pour eux dans Son conseil. Il y a cependant une grande différence entre le salut et l’appel d’Israël, et les nôtres. Ils furent sauvés en tant que nation, et sauvés d’ennemis ayant part au sang et à la chair dans ce monde. Nous sommes sauvés de tout ennemi spirituel et d’une manière individuelle. Ils étaient appelés pour le pays de la promesse avec son cortège de bénédictions terrestres. Nous sommes appelés à des relations célestes accompagnées de bénédictions spirituelles et célestes. Le royaume dont Israël sera le centre, était dans les propos de Dieu « dès la fondation du monde » (Matt. 25:34), et leur pays fut dessiné pour eux déjà « quand le Très-haut partageait l’héritage aux nations » (Deut. 32:8), c’est-à-dire depuis le temps de Babel. Notre appel, comme cela nous est dit ici, est selon le propos de Dieu qui remonte « avant les temps des siècles ».
En outre l’appel, dont nous jouissons comme chrétiens, est à la fois selon la grâce et selon le dessein de Dieu. En cela aussi nous voyons un contraste, car à la sortie de l’Égypte, Israël fut mis sous la loi, et étant ainsi placés sous leur propre responsabilité, ils déchurent rapidement de leur héritage. Notre appel repose sur ce que Dieu Lui-même est, et fait à notre égard, et il ne peut donc jamais disparaître. Répétons encore une fois que notre salut et notre appel nous ont été donnés « dans le Christ Jésus » ; or ceci ne pouvait pas être dit d’Israël dans l’Ancien Testament. L’alliance établie avec eux s’adressait à des hommes dans leur état naturel, et tout reposait sur la base de ce qui est selon la nature, et c’est pourquoi cela n’a pas pu durer longtemps. Tout ce que nous avons est à nous, non pas en tant qu’homme naturels ayant notre position en Adam, mais comme ceux qui se tiennent devant Dieu dans le Christ Jésus.
Notre saint appel était donc dans le propos de Dieu avant le commencement du monde, et sa pleine bénédiction demeurera quand le ciel et la terre auront passé. Nous ne sommes pas encore entrés dans cette pleine bénédiction, mais elle a été rendue manifeste par l’apparition de notre Sauveur, et nous en avons un avant-goût du fait que la mort a été annulée par Sa mort et Sa résurrection, et que la vie et l’incorruptibilité ont été mises en lumière dans l’évangile.
La mort a été « annulée » (selon la traduction correcte), et non pas « abolie ». Il est plus qu’évident que la mort n’est pas encore abolie, mais sa puissance est annulée pour ceux qui croient en Jésus.
L’incorruptibilité est aussi la traduction correcte, et non pas l’immortalité. Les âmes des méchants ne sont pas soumises à la mort, mais nous avons l’immense espérance d’être finalement placés au-delà de la corruption, là où le dernier souffle de celle-ci ne peut jamais nous atteindre.
Paul avait été désigné comme héraut de cet évangile dans le monde des nations, et son travail diligent l’avait amené à toute cette souffrance et à cet opprobre. Les hommes commençaient à hausser les épaules et à dire que sa cause était une cause perdue. Lui-même commençait à voir la lueur de la hache du bourreau au bout du sombre tunnel de son emprisonnement. Que ressentait-il à ce sujet ? « Je n’ai pas de honte », telles sont ses paroles. Bien sûr qu’il n’avait pas honte ! Comment l’aurait-il pu ? L’évangile qu’il apportait était la bonne nouvelle de la vie dans le présent, et un état glorieux d’incorruptibilité pour l’avenir, comme résultats de l’annulation du pouvoir de la mort. Qui pourrait avoir honte de ce qu’il croit et comprend vraiment de telles nouvelles ? De plus, la mission et l’autorité de Paul provenaient de Celui que nous connaissons et croyons, et cette connaissance lui donnait la conviction que tout était en sécurité dans Ses mains.
Paul s’était confié tout entier à Christ : il avait « exposé sa vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ » (Actes 15:26). Il avait fait la perte de tout (Phil. 3:8). Il avait déposé sa réputation et sa cause dans les mains de son Maître, et il avait la pleine assurance qu’au jour de Christ, il serait pleinement justifié et récompensé. Avec cette assurance bénie dans son cœur, comment aurait-il pu avoir honte ?
Tout cela a été mentionné par l’apôtre pour appuyer son exhortation précédente à Timothée de ne pas avoir honte du témoignage dans des jours où l’opprobre augmentait. Au verset 13, il lui donne une seconde exhortation de grande importance. Si l’adversaire ne peut pas nous faire abandonner la vérité en nous intimidant, il peut néanmoins y arriver en escamotant la vérité.
Or la vérité, pour être de quelque utilité pour nous, doit être donnée à connaître dans des paroles, et c’est là que le diable peut trouver son opportunité. Timothée avait entendu la vérité des lèvres de l’apôtre auquel elle avait été révélée en premier. C’était une bonne chose, un bon dépôt qui lui était confié et qui devait être gardé par le Saint Esprit habitant en lui ; mais il ne pouvait être préservé intact que si Timothée tenait fermement le modèle, ou sommaire, des saines paroles dans lesquelles Paul lui avait communiqué ce bon dépôt. Il y a beaucoup de trompeurs aujourd’hui qui, sous couvert de zèle pour « l’idée », le « concept », « l’esprit » de la vérité préconisent un laxisme extrême quant aux mots utilisés. Ils ridiculisent la précision verbale et spécialement l’inspiration verbale, mais ils le font pour se faciliter la tâche qui consiste à soustraire les pensées divines aux esprits de leurs dupes, et à y substituer les idées de leur cru. Nous n’avons jamais entendu Paul personnellement, mais nous avons le modèle des saines paroles dans ses épîtres inspirées.
Il nous dit, ainsi qu’à Timothée, « Aie un modèle des saines paroles que tu as entendues de moi » ; seulement nous les avons reçues, non de sa bouche en direct, mais par le moyen de sa plume qui est, après tout, le moyen le plus fiable. Si elle est gardée fermement « dans la foi et l’amour qui est dans le Christ Jésus », la vérité sera active en nous, et efficace chez les autres.
Hélas ! Il est très facile de se détourner. Tous ceux d’Asie l’avaient déjà fait. Le contexte semble indiquer qu’ils s’étaient détournés de Paul à cause de la vérité inspirée qu’il développait, et à laquelle il vient d’être fait allusion. Ceux d’Asie avaient, de toute évidence, honte de Paul et du témoignage. Inversement, il y avait Onésiphore, qui n’avait pas honte, et qu’une récompense éclatante attendait en « ce jour-là ».
Le premier verset du deuxième chapitre apporte devant nous un troisième élément nécessaire au maintien de la vérité de Dieu. Un bon dépôt avait été confié par Paul à Timothée sous forme d’un modèle de saines paroles, et il devait être gardé par le Saint Esprit habitant en nous, comme les versets 13 et 14 du chapitre 1 nous le disent. Or avoir la vérité inscrite (comme enchâssée) dans un modèle de saines paroles, c’est bien, et pourtant un tel modèle ne suffit pas, en soi, à garder la vérité vivante ; car c’est du Saint Esprit qu’il est besoin pour cela. En dehors de Lui, les saines paroles ne font que momifier la vérité, comme on le voit dans certaines confessions orthodoxes où le credo est complètement dissocié de la pratique. C’est par le Saint Esprit qui habite en nous, que la vérité peut être gardée dans sa puissance vivante.
Même ainsi, une troisième chose est nécessaire, car la vérité ne doit pas être seulement gardée, mais aussi propagée : elle ne peut vraiment pas être maintenue efficacement si elle n’est pas propagée — et pour cela nous devons être fortifiés « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus ». Il nous faut être gardés en contact personnel et direct avec Lui pour pouvoir être participants de Sa grâce.
Les trois choses sont donc :
Nous ne pouvons nous passer d’aucun de ces trois points. Deux ne suffisent pas si la troisième est absente.
Fortifié ainsi, Timothée devait enseigner diligemment les autres, et spécialement commettre la vérité à des hommes fidèles qui la transmettraient à d’autres à leur tour. Aux trois points déjà mentionnés, nous serions presque tentés d’ajouter « des hommes fidèles » en quatrième point, mais bien sûr un homme fidèle c’est quelqu’un qui est fortifié dans la grâce de Christ ; il fait donc partie en réalité du troisième point. Rappelons-nous quand même que l’élément humain ne peut être éliminé du sujet. Quand les hommes fidèles manquent, la grâce de Christ reste inutilisée, le Saint Esprit est contristé, et la lumière et la sauvegarde de l’Écriture sont négligées.
Or quiconque est vraiment identifié de cette manière avec la vérité — que ce soit un apôtre inspiré comme Paul, ou un envoyé apostolique comme Timothée, ou des hommes fidèles, ou même des croyants très ordinaires comme nous — aucun d’eux ne peut s’attendre à avoir une vie facile dans ce monde. Il faut nous attendre à de l’opposition et des épreuves de toutes sortes, et le reste de notre chapitre est consacré à des instructions en rapport avec de telles circonstances ; nous mettrons l’accent sur les caractéristiques qui, lorsqu’elles sont présentes chez le croyant, lui permettent de faire face à de telles circonstances.
La question des conflits vient en premier. Ils sont absolument inévitables, car nous sommes sur le terrain de l’ennemi, et le chrétien est un soldat. Deux qualités sont nécessaires à cet égard : nous devons être prêts à souffrir, c’est-à-dire que nous ne devons pas nous plaindre si nous subissons beaucoup de coups durs et si nous souffrons bien des dérangements au service du Seigneur.
Ensuite nous devons réellement nous tenir à la disposition de Celui que nous servons, et il nous faut donc nous débarrasser des entraves du monde. Bien sûr, nous traitons les affaires de la vie, et peut-être même très largement, mais nous devons refuser d’y être empêtré.
Le chrétien a aussi un caractère d’athlète, il est comme ceux qui « combattent dans la lice ». À cet égard, l’accent est mis sur l’obéissance. À moins de combattre loyalement, à moins de courir selon les règles du combat, on n’est pas couronné même si on arrive le premier. Gardons-nous cela suffisamment à l’esprit quand nous servons le Seigneur ? À moins de servir selon Ses instructions et dans l’obéissance à Sa parole, nous ne pouvons pas espérer une pleine récompense.
Le chrétien est en outre comme un laboureur, un agriculteur. Cela a été la toute première occupation de l’homme, et elle requiert un maximum de travail physique vraiment dur. C’est un véritable labeur. Il en est de même pour le serviteur du Seigneur. Il doit être prêt à un travail vraiment dur, mais quand les fruits d’automne sont engrangés, il est le premier à y avoir droit, et à juste titre. Au milieu du luxe du 20ème siècle, on commet une grave erreur si l’on s’imagine avoir le privilège spécial de faire exception à cette règle, et pouvoir aller vers le ciel en étant portés sur les lits douillets de nos aises.
Ces simples illustrations contiennent plus qu’il n’y paraît au premier coup d’œil ; c’est pourquoi nous sommes priés au verset 7 de les considérer attentivement, et si nous le faisons, nous pouvons compter que le Seigneur nous donnera de l’intelligence.
Au verset 8, l’apôtre rappelle à Timothée l’idée dominante de l’évangile qu’il prêchait. Le verset se lit ainsi : « Souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, de la semence de David ». Nous devons nous souvenir de Lui comme le Ressuscité, plutôt que de nous souvenir simplement du fait de Sa résurrection, aussi importante soit-il. Étant de la semence de David, Il a légalement droit au trône de Dieu sur la terre, et Il introduira, en son temps, toutes les bénédictions promises qui se rattachent à ce titre, mais comme ressuscité d’entre les morts, des domaines plus vastes de bénédictions nous sont ouverts. Si nous Le considérons comme le Ressuscité, nous serons préservés d’innombrables perversions de la vérité de l’évangile.
Or c’était justement parce que Paul lui-même maintenait si fermement la vérité de l’évangile qu’il souffrait autant de troubles, allant même jusqu’à l’emprisonnement. Mais même dans sa captivité, il trouvait des consolations dans trois directions.
En premier lieu, les adversaires pouvaient bien le lier lui, le messager de la parole de Dieu, mais ils ne pouvaient pas lier la parole de Dieu, car elle était aux mains du Saint Esprit qui pouvait susciter des messagers pour la porter comme Il voulait et où Il voulait.
En second lieu, ses souffrances n’allaient pas être en vain. Elles étaient « pour l’amour des élus », c’est-à-dire de ceux qui recevraient l’évangile, pour qu’ils puissent avoir le salut en Christ avec la gloire éternelle. Paul souffrait pour que la vérité de l’évangile soit établie et propagée. Le Seigneur Jésus a souffert en expiation pour qu’il y ait un évangile à prêcher. Nous ne devons jamais laisser nos pensées confondre les souffrances de Christ et celles de Ses serviteurs, même les plus grands d’entre eux.
En troisième lieu, il y avait le travail certain du gouvernement de Dieu selon les versets 11 à 13. Ceux qui sont identifiés avec la mort de Christ dans ce monde jouiront de vivre ensemble avec Lui. Ceux qui souffrent pour Ses intérêts seront identifiés avec Lui quand Il règnera en gloire. Ceux qui Le renient seront reniés par Lui. Le gouvernement de Dieu agit dans ces deux directions : il y aura approbation et récompense pour le croyant fidèle, tel que Paul, et combien cela a dû être un grand encouragement pour lui ! De même il y aura désapprobation et rétribution pour les infidèles, et cela peut être un sujet très sérieux pour certains d’entre nous. Il n’y a cependant qu’une réserve dans l’exécution du gouvernement de Dieu : c’est que si nous sommes infidèles (meilleure traduction qu’incrédules), Lui demeure fidèle. Donc, aucun acte de Son gouvernement ne peut aller à l’encontre, ou outrepasser, Son propre dessein et Sa propre grâce. Son gouvernement est nécessaire pour notre bien et pour Sa gloire, mais Sa grâce se fonde sur ce qu’Il est en Lui-même et, « Il ne peut se renier Lui-même ». Une faible illustration de ceci se voit dans les actions de tout père sensé, sur la terre, qui discipline son enfant, mais ne permet jamais que cela obscurcisse la relation fondamentale qui existe entre eux.
Au verset 14, Timothée est exhorté à faire se ressouvenir les croyants de ces solennelles considérations pour qu’ils ne perdent plus leur temps à des sujets sans profits, qui ne font que nourrir les disputes, et à cet égard Paul fait appel à lui sous la figure d’un ouvrier. Être approuvé de Dieu, en exposant justement (ou : découpant droit) la parole de vérité, tel devait être son but. Il faut un charpentier expérimenté pour couper selon une ligne vraiment droite, et il faut de l’habileté spirituelle pour découper la parole de Dieu pour l’exposer en détail.
Quand les Écritures sont traitées correctement, quelle lumière et quelle édification en résultent ! Quand, d’un autre côté, elles sont découpées de travers, quelle confusion et quelle subversion des auditeurs ! Qui peut estimer la perte soufferte par les croyants assis à écouter des prêches mélangeant les choses juives et les choses chrétiennes, confondant la loi et la grâce, et manquant de discerner la différence entre l’œuvre de Christ opérée pour nous et le travail de l’Esprit opéré en nous ? Ce ne sont, hélas, que quelques exemples modérés des ravages qui peuvent être faits en manipulant la Parole de Dieu.
L’apôtre continue en citant à Timothée un cas patent survenu en ces premiers temps de l’église. Hyménée et Philète avaient exposé la parole de vérité tellement de travers qu’ils avaient propagé la notion que « la résurrection a déjà eu lieu ». En enseignant cela, ils portaient atteinte aux fondements mêmes de la foi de l’évangile, et ils renversaient la foi individuelle de ceux qui venaient sous leur pouvoir. Bien sûr, ils ne pouvaient pas renverser la foi du christianisme car son fondement est divin, et tout ce que Dieu fonde demeure ferme pour toujours comme un roc. Ils ne pouvaient non plus rien renverser de ce que Dieu avait fondé dans les cœurs de Son peuple. Cela demeure toujours quoi qu’il arrive, et « le Seigneur connaît ceux qui sont Siens » même s’ils sont induits en erreur par de faux enseignements, et qu’on ne peut donc plus les distinguer des autres.
Le double sceau du verset 19 est presque certainement une allusion à Nombres 16:5 et 16:26, et nous ferons bien maintenant de lire et de considérer cet incident comme une illustration du sujet qui nous occupe. Les deux principes mis devant nous sont tout à fait clairs et distincts :
Le cas placé devant nous dans ces versets était très grave, car il s’agissait d’une erreur portant sur une vérité fondamentale, et d’une erreur de nature contagieuse, car, dit l’apôtre, « leur parole rongera comme une gangrène ». Des instructions nous sont donc données quant au chemin à suivre par le croyant qui désire être fidèle au Seigneur et à Sa parole. Ces instructions évidemment considèrent que l’erreur s’est répandue comme une gangrène jusqu’au point où l’église est sans force pour la traiter comme on avait traité le triste cas de mal moral à Corinthe (voir 1 Cor. 5 ; 2 Cor. 2:4-8). D’autres passages de l’Écriture, notamment 1 Jean 2:18-19, fournissent la preuve que ces premières attaques de l’erreur furent repoussées par l’assemblée, de sorte que, jusqu’alors, il n’avait pas été nécessaire pour Timothée d’agir selon ces instructions. S’il en est ainsi, cela met d’autant plus en évidence la bonté de Dieu qui a saisi l’occasion fournie par cette situation dangereuse survenue, pour nous donner des instructions dont nous avons tellement besoin de nos jours.
En relation avec cela, une autre image est utilisée, celle des vases. Le verset 20 est une illustration que l’apôtre utilise pour préciser et donner de la force à ses instructions. Dans une grande maison, il y a des vases de différentes qualités, et destinés à des usages divers. Cependant, seuls ceux tenus à l’écart des usages déshonorants sont propres au service du Maître. Le verset 21 applique cette illustration au cas qui nous intéresse. Un homme doit se purifier de ceux-ci, c’est-à-dire d’hommes tels que « Hyménée et Philète », et des fausses doctrines qu’ils enseignent, s’il veut être « un vase à honneur », propre au service du Maître.
Arrivés là, récapitulons. Les versets 17 et 18 du chapitre 2 nous ont parlé en quelques mots du cas de la grave erreur doctrinale dont il est question ici. Le verset 19 établit en termes généraux la responsabilité qui repose durablement sur ceux qui prononcent le nom du Seigneur. Le verset 20 appuie cette responsabilité par une illustration. Le verset 21 applique le principe général du verset 19 au cas en question, de manière très définie et détaillée.
Dans le texte original, le mot traduit par « se purifie » est très fort. Il ne signifie pas seulement purger ou nettoyer, mais purifier entièrement. Le même mot est utilisé en 1 Corinthiens 5:7 où il est justement traduit par « ôter ». Le mal devait être ôté en excluant la personne méchante du milieu d’eux, selon 1 Cor. 5:13. Ici le croyant individuel (« quelqu’un ») doit se purifier entièrement d’avec les personnes méchantes et d’avec leurs enseignements ; ainsi il se retirera de l’iniquité, et sera préparé pour tout ce qui est bon.
Ces instructions sont très importantes, car l’expérience, comme les Écritures, nous enseignent combien il est impossible de maintenir la sainteté personnelle et un bon état spirituel en étant associé au mal. Le juste Lot avait pu tisser des liens avec Sodome, Josaphat qui craignait Dieu a pu s’allier avec Achab qui adorait Baal, mais ce faisant, les deux se sont inévitablement abaissés et souillés. Il en sera de même pour nous aujourd’hui. Soyons donc vigilants.
Ne nous attendons pas cependant à un isolement complet parce que nous rompons nos liens avec le mal ; en effet nous allons trouver une heureuse association avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur, ou d’un cœur purifié, car c’est le même mot qui est utilisé ici à nouveau, mais sans le préfixe signifiant « complètement ». En faisant ainsi, nous avons à « fuir les convoitises de la jeunesse », c’est-à-dire à être très soigneux quant à la pureté et à la sainteté personnelles, car sans elles, tout ce soin quant à la pureté dans nos associations ne ferait que dégénérer en pure hypocrisie. Nous avons aussi à poursuivre « la justice, la foi, l’amour, la paix » avec le plus grand soin. Cela nous préservera de devenir de simple séparatistes dans l’esprit de « Tiens-toi loin, ne me touche pas, car je suis plus saint que toi » (És. 65:5). Nous ferons mieux d’être activement et heureusement occupés de ce qui est bon et d’une valeur éternelle.
Les quatre choses à poursuivre sont intimement liées. La justice est ce qui est juste devant Dieu, et si nous la poursuivons, nous serons certainement marqués par l’obéissance à Sa vérité et à Sa volonté. Poursuivre la foi signifie rechercher ces grandes réalités spirituelles qui nous sont révélées dans les Écritures, car la foi sert de télescope à l’âme et les rend visibles. Poursuivre l’amour c’est suivre ce qui est la véritable expression de la nature divine. La paix suit naturellement les trois autres. Une paix séparée de la justice, de la foi et de l’amour, ne serait pas du tout une vraie paix.
Le verset 23 indique qu’après avoir appliqué les instructions apostoliques que nous venons de considérer, il y avait encore besoin, pour Timothée ou d’autres serviteurs, d’éviter les pièges que l’ennemi placerait dans leur chemin. Celui-ci introduira encore, s’il le peut, « les questions folles et insensées » pour créer des conflits. Le sens littéral du mot n’est pas tout à fait « ignorant » mais « indiscipliné » ; il indique un esprit qui n’est pas soumis à Dieu, un homme qui suit sa propre idée et sa propre volonté. Rien n’est plus à craindre que l’activité de nos propres pensées et de nos propres volontés dans les choses de Dieu.
Le serviteur du Seigneur doit éviter la contestation à tout prix. Il ne peut pas éviter les conflits s’il reste vrai pour son Maître, mais il ne doit pas disputer, c’est-à-dire il doit éviter l’esprit de contestation, n’oubliant jamais qu’il n’est qu’un serviteur, même s’il représente le Seigneur, et qu’il doit donc être marqué par la douceur (ou : débonnaireté) qui sied à cette position. En lisant le début du chapitre, nous remarquions que diverses figures sont utilisées pour montrer les différents caractères que porte le croyant. Il est un soldat, un athlète, un laboureur, un ouvrier, un vase, et maintenant il nous est rappelé qu’il est un serviteur, et non seulement cela, mais il est un serviteur du Seigneur, et donc il doit veiller à ne pas démentir le caractère du Seigneur qu’il sert.
Nous aurions pu supposer que quiconque obéirait aux instructions des versets 19 à 22 serait complètement à l’écart de tous ceux qui seraient susceptibles de s’opposer. Les versets 24 à 26 nous montrent qu’il n’en est pas ainsi. Le serviteur du Seigneur sera encore en contact avec des opposants, et il doit savoir comment y faire face. Il doit être apte à enseigner, et se donner lui-même la peine de les instruire plutôt que d’argumenter avec eux. Il doit être armé de l’amour qui lui permettra d’avoir à faire à eux avec douceur, patience et humilité ; avec la foi qui gardera la vérité claire et ferme dans son esprit et chez les autres ; avec l’espérance qui compte sur Dieu pour leur accorder la miséricorde de la repentance et la délivrance de l’emprise de Satan.
Au début du chapitre 3, l’apôtre passe des instructions au sujet des dangers qui menaçaient à ce moment-là, aux conditions qui prévaudraient aux derniers jours. Il en fait un tableau particulièrement sombre.
Au premier verset, il donne le caractère général des derniers jours en trois mots : « des temps fâcheux ». Nous ferons bien de garder cet avertissement constamment présent à l’esprit vu qu’il n’est pas douteux que nous soyons maintenant aux derniers jours, et que les périls spirituels s’accentuent autour de nous.
Les versets 2 à 5 décrivent les caractéristiques des hommes des derniers jours. Cette liste est terrible ; elle rivalise avec celle donnée en Romains 1:28-31 où sont décrits les péchés de l’ancien monde païen. La chose la plus effrayante de la liste de notre chapitre est que ce mal est recouvert d’une « forme de piété », c’est-à-dire que le peuple ainsi décrit se prétend chrétien, et en a les apparences ; mais il renie entièrement la puissance réelle du christianisme.
« Les hommes seront égoïstes » ou ayant l’amour de soi, c’est le premier point de la liste. Le second est « avares » ou aimant l’argent. La liste se termine par « amis des voluptés plutôt qu’amis de Dieu ». L’amour de soi, l’amour de l’argent et l’amour des voluptés caractérisent les gens religieux des derniers jours, et quant aux choses mauvaises mentionnées entre ces deux pôles, elles indiquent les différentes manières de s’exprimer de l’esprit orgueilleux, plein de suffisance et sans frein de l’homme déchu — et tout ceci, rappelez-vous en, chez des personnes qui se disent disciples du Jésus humble et débonnaire. Tout ce que nous connaissons de l’état actuel des nations soi-disant chrétiennes, nous amène à conclure que nous sommes déjà arrivés aux derniers jours.
L’attitude du croyant fidèle en face de tels gens est très simple : il doit s’en détourner, plutôt que d’aller avec eux dans l’espoir de les ramener. La séparation nous est ordonnée pour la sixième fois dans ce court passage à l’aide des mots : « éviter » (2:16), « se retirer » (2:19), « se purifier » (2:21), « fuir » (2:22), « éviter » (2:23), et maintenant « se détourner » (3:5). Notre siècle actuel aime particulièrement le compromis, aussi le mot « séparation » n’est naturellement pas du tout populaire. Pourtant ici, c’est bien ce que le mot veut dire, et elle est placée devant nous comme un commandement du Seigneur. Notre affaire c’est d’obéir, non pas de raisonner.
La description des versets 2 à 5 s’applique en général aux gens des derniers jours. Au verset 6 apparaissent deux classes spéciales de personnes, — la première, des trompeurs actifs, et la deuxième, des proies faciles qui tombent par leurs fourberies. La parole de l’apôtre indique qu’on trouvait de son temps des gens de ces deux classes. Les trompeurs, dit-il, sont « d’entre eux », c’est-à-dire qu’ils font partie des personnes décrites aux versets 2 à 5, et leur œuvre se poursuit de manière semi-privée, car ils « s’introduisent dans les maisons ». Cette parole inspirée jette une lumière très significative sur la propagande intense de maison en maison propagée par les agents de fausses religions, tels que les Mormons, les Adventistes du septième jour, les Témoins de Jéhovah, etc., et ils le font avec un succès considérable en s’introduisant dans les maisons et en séduisant des âmes instables,
Ceux qui sont séduits sont qualifiés de « femmelettes », sans doute un terme de mépris applicable à ce genre de personnes qui s’enquiert toujours sans jamais arriver à aucune conviction stable, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. La raison de leur aveuglement et l’absence de conviction qui s’ensuit, c’est leurs péchés et les convoitises qui amènent au péché. Il est frappant que ces « femmelettes » se recrutent tout autant chez les gens éduqués et raffinés que chez ceux qui sont grossiers et illettrés. L’homme de la rue, tout rude qu’il soit, a en général des opinions bien définies, justes ou fausses, qu’il peut exprimer avec vigueur. Ce sont souvent les gens très éduqués qui se perdent dans des dédales de spéculations, et finissent par accepter des absurdités remplies de prétentions et qui sont aux antipodes de la vérité. Regardez, par exemple, la manière dont la Science Chrétienne attrape ses victimes — presque toutes des gens riches et qui se prétendent intellectuels.
Nous ne pouvons cependant pas exclure de tout cela le pouvoir de Satan, comme les versets 8 et 9 le montrent. Jannès et Jambrès étaient évidemment les meneurs de la bande de magiciens influents à la cour du Pharaon et qui résistèrent à Moïse, opérant des miracles avec l’aide des démons. Les trompeurs des derniers jours seront comme eux, résistant à la vérité comme des agents du diable. Dieu a cependant établi une limite à leur pouvoir, et à la fin leur folie sera manifeste à tous. Cela ne signifie pas que ce genre de mal va connaître un arrêt immédiat, car selon le verset 13 les hommes méchants et les imposteurs iront de mal en pis, jusqu’à la fin des temps. Nous ne sommes pas laissés dans l’incertitude quant à ce qui nous attend.
Nous ne sommes pas non plus laissés dans l’incertitude quant à nos ressources en présence du mal. On les trouve à partir du verset 10. En face du caractère de ces hommes des derniers jours, et par contraste, l’apôtre a été inspiré à placer devant nous son propre caractère, bien connu de Timothée. Quel contraste extraordinaire que celui des versets 10 et 11 après les versets 2 à 5 ! D’un côté égoïsme, orgueil, opposition à ceux qui font le bien, et persécution contre eux, — de l’autre côté foi, amour, support patient de la persécution. D’un côté, l’épanouissement de l’esprit du monde ; de l’autre, l’esprit de Christ. On a toujours vu que « celui qui était né selon la chair persécutait celui qui était né selon l’Esprit » (Gal. 4:29). Ceux qui veulent donc « vivre pieusement dans le Christ Jésus » doivent toujours s’attendre à être persécutés, la forme de la persécution variant toutefois selon les pays et selon les époques. Le type de piété produit par la loi de Moïse ne produit que peu ou pas d’opposition, tandis que la piété « dans le Christ Jésus » suscite une résistance acharnée.
La conduite de Paul était basée sur sa doctrine ; elle en était l’expression pratique ; c’est pourquoi la doctrine vient en premier au verset 10. Timothée la connaissait bien, et il n’avait qu’à poursuivre dans la vérité apprise d’une telle source. Il avait aussi le privilège inestimable d’avoir connu les Saintes Écritures (l’Ancien Testament, bien sûr) depuis son enfance. Voilà où se trouvaient les deux ressources de Timothée.
Ces deux choses sont aussi nos ressources aujourd’hui ; seulement pour nous, les deux n’en font pratiquement qu’une. Timothée possédait la doctrine reçue des lèvres de Paul sous forme d’« un modèle des saines paroles » (1:13), illustrées et renforcées par sa merveilleuse manière de vivre. Nous avons sa doctrine dans ses épîtres inspirées, conservées dans le Nouveau Testament, et aucun modèle des saines paroles n’est plus fiable que celui-ci. Dans le Nouveau Testament nous avons aussi un récit inspiré de la merveilleuse vie de Paul, et aussi d’autres écrits apostoliques. Nous avons donc un peu plus que ce que Timothée avait, et nous avons aussi l’Ancien Testament comme lui, bien qu’hélas ! nous ne le connaissions de loin pas autant que Timothée, ni la doctrine de Paul non plus. Pour nous donc, la grande ressource, c’est l’Écriture sainte au complet.
Ceci étant, le Saint Esprit saisit l’occasion pour nous assurer de l’inspiration de toute Écriture. Le profit à en tirer pour des usages variés dépend entièrement de ce fait. Qui peut enseigner, ou reprendre, ou corriger, ou instruire dans ce qui est juste, dans un sens parfait et absolu, si ce n’est Dieu ? La raison pour laquelle l’Écriture peut faire ces choses, c’est qu’elle est « inspirée de Dieu », qu’elle « vient de Sa respiration ».
Il est incontestable que le Livre que nous appelons la Bible est revendiqué ici comme étant inspiré de Dieu. Le texte exact est bien « Toute écriture est inspirée de Dieu et utile… » et non pas « Toute écriture qui est inspirée de Dieu est utile… ». Certes dans le texte original grec, le verbe « est » n’apparaît pas ; il est implicite. En français, il doit apparaître, et la question se pose de savoir où le mettre. Il y a huit autres passages dans le Nouveau Testament ayant une construction tout à fait similaire, et il n’y a pas d’exception de traduction à faire pour le cas présent. Hébreux 4:13 est l’un de ces huit passages. Si l’on voulait suivre la seconde manière de traduire 2 Timothée 3:16, on devrait traduire Hébreux 4:13 de la manière suivante : « toutes choses qui sont nues sont aussi découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons à faire », ce qui réduit cette affirmation solennelle au niveau d’une désolante banalité ; on ne ferait guère mieux avec 2 Timothée 3:16.
Ce dont Timothée avait besoin, c’était d’être assuré qu’il avait dans les Écritures ce qui était de Dieu, et qui était donc complètement fiable — quelque chose sur quoi s’appuyer en toute sûreté quand il serait confronté aux dangers et aux séductions attendus aux derniers jours. C’est exactement ce dont nous aussi nous avons besoin, et grâce à Dieu, nous l’avons dans la Bible.
Dans les Écritures, nous avons une norme infaillible parce qu’elles sont inspirées de Dieu. Par cette norme nous pouvons tester tout ce qui nous est présenté comme vérité, détecter et dévoiler toutes les tromperies des « hommes méchants et des imposteurs », bien qu’ils aillent de mal en pis. Mais nous avons plus que cela dans les Écritures, comme les versets 15 et 17 nous le montrent. Elles peuvent nous rendre sages à salut, bien qu’il ne soit question que d’un enfant au verset 15. Elles peuvent également rendre l’homme de Dieu accompli, et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre (3:17).
En lisant le verset 15, nous ne devons pas restreindre nos pensées sur le salut à celui qui arrive à la conversion. Le salut dans ce sens est bien sûr inclus dans cette expression du v. 15, mais il va jusqu’à embrasser aussi le salut journalier dont nous chrétiens avons besoin de si nombreuses manières. Toute l’Écriture — et particulièrement l’Ancien Testament, qui est principalement en vue ici — abonde en exemples qui exposent devant nous les pièges et les chausse-trappes qui nous assaillent, et les manœuvres de nos propres cœurs, et la manière d’agir de Dieu en grâce et en gouvernement. Si nous sommes éclairés par la foi en Christ et si nous tenons compte de ces avertissements, nous sommes rendus sages à salut pour les pièges similaires qui existent de nos jours.
C’est une chose d’être préservé du danger, c’en est une autre d’être parfaitement instruits dans ce qui est juste. Le plus dévoué des serviteurs de Dieu, l’homme de Dieu, trouvera dans l’Écriture le plus complet des équipements. Par elle il peut être rendu « parfait » ou « accompli », et être « parfaitement accompli » pour toute bonne œuvre. Ces affirmations sont une revendication de très haut niveau quant à la capacité de l’Écriture. Elles impliquent clairement qu’en elle il y a des conseils à l’égard de toute œuvre qui peut être appelée bonne, et que l’homme de Dieu, celui qui de tous les croyants a le plus besoin de la lumière d’en haut, n’a pas besoin d’autre lumière en dehors de celle que l’Écriture fournit.
Nous ne méconnaissons pas le fait que nous avons besoin de l’enseignement et de l’éclairage du Saint Esprit pour tirer profit de l’Écriture. Cela est affirmé dans d’autres passages. Ici nous avons devant nous la nature et la puissance des Écritures. Nous pouvons bien nous réjouir, et remercier Dieu que la Bible nous a été préservée, et que l’Esprit de Dieu demeure avec nous pour toujours.
En vue de tout cela, Paul adjure solennellement Timothée de prêcher la parole. Ses pensées l’entraînent vers cette heure fantastique où le Seigneur Jésus apparaîtra en gloire pour juger les vivants et les morts, et il désire que Timothée serve et parle en vue de ce moment, et qu’il ne succombe pas à la tentation de parler pour plaire à ceux qui ont des oreilles qui leur démangent.
Dans les quatre premiers versets de ce chapitre 4 (versets bien frappants !), l’apôtre utilise trois expressions, toutes étroitement liées avec les Écritures, à savoir « la parole » (4:2), « le sain enseignement » (4:3), « la vérité » (4:4). En contraste avec elles, nous trouvons « les fables » qui sont désirées par ceux qui ne veulent qu’entendre ce qui nourrit et flatte leurs convoitises. Cependant Timothée ne devait pas simplement prêcher la parole, mais il devait l’amener à peser sur les consciences et les cœurs de ses auditeurs, soit pour les convaincre, soit pour les réprimander, soit pour les encourager ; et il devait insister en temps et hors de temps.
Le mot « convoitises » signifie ici simplement « désir » Le temps viendra, dit l’apôtre, où les hommes insisteront pour entendre, non pas ce qui est vrai, mais ce qui leur plaît, et « ils s’amasseront » pour eux-mêmes des docteurs qui leur donneront ce qu’ils veulent. Ce temps est arrivé maintenant. Bien des caractéristiques de la doctrine de l’apôtre telles qu’elles sont consignées dans le Nouveau Testament sont tout à fait répugnantes pour « l’esprit moderne » ; et elles doivent donc, nous dit-on, être mises de côté par les penseurs et prédicateurs progressistes, lesquels doivent apprendre à harmoniser leurs paroles avec les dernières modes de la pensée scientifique, et les derniers cris de folie des plaisirs populaires. L’apôtre rejette donc toute cette prédication moderniste d’avant-garde par un seul mot : ce sont des FABLES !
D’un autre côté, le serviteur du Seigneur doit poursuivre avec persévérance son ministère. Il a à « être sobre » en toutes choses : le mot utilisé signifie « cette sobre lucidité d’esprit qui résulte de l’absence de mauvaises influences — qui n’est pas embrouillée sous l’influence de ce qui intoxique ». C’est une expression très importante pour nous tous, car il n’y a rien qui intoxique autant l’esprit et qui embrouille autant les perceptions que ce faux enseignement moderniste auquel il vient d’être fait allusion. De plus le serviteur doit être prêt à souffrir, car il ne peut pas s’attendre à être populaire, ni chez ceux qui propagent les fables en chaire, ni chez ceux qui les gobent sur les bancs de l’auditoire. Timothée devait faire l’œuvre d’un évangéliste, et remplir ainsi la pleine mesure de son ministère.
Les paroles de l’apôtre semblent indiquer ici que Timothée avait reçu un ministère de caractère tout à fait général. Il n’était pas seulement doué pour enseigner et prêcher la parole en vue d’instruire, de corriger et d’exhorter les croyants, mais il était aussi douer pour prêcher l’évangile en vue de la conversion des pécheurs ; et il ne devait négliger aucune partie de ce travail très vaste. S’il avait raisonné humainement, il aurait pu conclure qu’avec autant de mal menaçant à l’intérieur de l’église, il devait concentrer toute son énergie sur le travail à l’intérieur de l’église pour faire face à la situation, et abandonner ainsi tout effort pour atteindre ceux en dehors de l’église. Mais ce n’est pas ce qu’il fallait, et nous avons une leçon à en tirer aujourd’hui. C’est évidemment la volonté de Dieu que le travail d’évangélisation se poursuive quoiqu’il arrive dans l’histoire de l’église. Celui qui est la Tête de l’église est vivant, et il est bien capable de faire face en son temps à toute situation qui pourrait survenir, aussi désastreuse qu’elle puisse apparaître ; entre temps il faut maintenir un ministère de la vérité dans toutes les directions, tant pour les croyants que pour les pécheurs.
De plus, le fait que le temps du départ de Paul soit arrivé, devait être un stimulant tout spécial pour Timothée. Il savait très bien que son martyre était imminent, et que, comme un guerrier, il allait quitter le champ de bataille. Timothée avait d’autant plus besoin de se ceindre les reins comme un homme, et de s’engager pleinement dans le combat. Plus la situation est difficile, moins nombreux sont ceux qui combattent le bon combat, et plus fort est l’appel aux fidèles à s’y engager. C’est ainsi que nous devrions justement voir les choses de nos jours.
La terre est pleine de combats qui sont le fruit du péché, et aucun n’a peut-être été plus féroce et pire que ceux qui ont été livrés dans l’arène de « l’église ». Quel tragique détournement d’énergie il y a eu tout au long des siècles quand tel frère tirait l’épée contre son frère pour des sujets relativement insignifiants et souvent égoïstes, pour le plus grand plaisir et le plus grand profit de l’ennemi commun ! Conscients et fatigués de cela, nous ne devons pas glisser dans l’erreur inverse de penser qu’il n’y a vraiment rien qui vaille la peine de se battre. Le bon combat existe bien, comme le verset 7 le fait ressortir. L’apôtre avait combattu un bon combat vu qu’il avait agi pour Dieu et pour Sa vérité, et non pas à des fins égoïstes ; de plus il avait utilisé dans cette lutte, des armes spirituelles, et non pas charnelles (voir 2 Cor. 10:3-6). Si nous allons à la guerre pour nous-mêmes, ou si, en luttant pour Dieu, nous employons des armes charnelles, notre combat n’est pas un bon combat.
Paul n’avait pas seulement « combattu le bon combat », mais il avait « achevé la course » et « gardé la foi ». L’ayant gardée, il pouvait la transmettre intacte à ceux qui le suivraient. La foi du christianisme est le grand objet des attaques de l’adversaire. S’il nous attaque, c’est justement pour pouvoir nuire à la foi. Il semblerait presque que l’apôtre, dans ces versets, avait à l’esprit une course de relais. Le bâton de la foi avait été placé dans ses mains, et repoussant les attaques de l’ennemi, il avait couru jusqu’au bout de sa section, et maintenant il passait le bâton-relais intact à un autre, avec l’assurance qu’au jour de l’apparition de Christ, la couronne de justice lui serait attribuée, et non seulement à lui, mais aussi à tous les autres qui, comme lui, courent leur bout de course les yeux fixés sur le but. Les récompenses des fidèles se verront à l’apparition de Christ, et ceux qui cherchent diligemment Son plaisir aiment ce moment. Pour ceux qui cherchent leur propre plaisir, Son apparition n’est pas une pensée bienvenue.
Pour tous les croyants qui lisent ces lignes, la pensée qui doit nous inspirer, et nous pénétrer, est que nous sommes maintenant engagés à courir notre petite section dans la grande course de relais, avec la responsabilité de porter le bâton de la foi, de le préserver et de le tendre intact aux futurs coureurs, ou de le remettre directement au Seigneur lui-même s’Il vient au cours de notre vie.
À partir du verset 9, l’apôtre passe à des sujets personnels, le concernant lui ou ses relations. Or ces sujets personnels sont pleins d’instruction et d’intérêt. Timothée devait s’efforcer de rejoindre rapidement l’apôtre à Rome puisque Luc seul était avec lui. D’autres l’avaient quitté, certains, comme Crescens, Tite et Tychique, de toute évidence pour servir le Seigneur. Avec Démas le cas était différent. Il avait aimé le monde, et avait par conséquent abandonné Paul, car Paul prêchait un évangile qui apportait la délivrance du présent siècle mauvais (Gal. 1:4). Son abandon de Paul n’était donc que l’expression visible de ce qu’il avait abandonné de cœur la vraie puissance de l’évangile.
Démas est donc comme un signal d’alarme, illustrant le fait que chuter dans le péché peut avoir lieu même chez quelqu’un qui a connu l’influence d’un grand serviteur tel que Paul. En heureux contraste, nous avons Marc, mentionné au verset 11. Dans sa jeunesse, il avait été mis dans une position dépassant sa foi, à la suite de quoi il s’était retiré au bout de peu de temps, selon le récit d’Actes 15:37-39. Cela n’avait pas seulement été une blessure pour lui, mais cela avait aussi suscité une brouille entre ces éminents serviteurs de Christ, Paul et Barnabas. Mais maintenant nous le trouvons pleinement restauré et rétabli. Paul, qui avait lui-même émis précédemment des objections contre lui, déclare maintenant que Marc lui « est utile pour le service ». Le cas de Marc est donc plein d’encouragement car il montre que celui qui s’écarte peut être restauré.
Alexandre est un opposant à l’apôtre et à la vérité. Rien ne nous permet de déterminer s’il était un ennemi public ou secret. Une seule chose est dite à son égard : « le Seigneur lui rendra selon ses œuvres ». Ceci semble la meilleure manière de traduire. Paul le laissait aux mains du Seigneur, qui s’occuperait de lui au temps propre et selon Sa parfaite justice. Nous pouvons bien tous demander au Seigneur d’être préservés d’œuvrer en aucune manière en mal contre Ses serviteurs ou Ses intérêts.
Le verset 16 nous montre qu’il y en avait d’autres qui ne s’étaient pas opposés à Paul comme Alexandre, ni ne l’avaient abandonné définitivement comme Démas, mais qui l’avaient abandonné temporairement, en ne le soutenant pas dans la crise de son procès. Ils ne pouvaient pas supporter la flétrissure entraînée par une pleine identification avec ce prisonnier méprisé. Pourtant leur lâcheté ne faisait que rendre encore plus manifeste la fidélité du Seigneur pour Son serviteur ; et la puissance fournie à Paul dans cette heure éprouvante avait été telle qu’il se concentrait sur le témoignage à rendre à l’évangile, pour qu’il soit le plus complet et le plus clair possible, au lieu de faire appel à toute l’intelligence dont il était doué, et de tendre toute son énergie pour établir son innocence. Son procès était devenu l’occasion pour que « la prédication soit pleinement accomplie et que toutes les nations l’entendent ». Paul avait saisi avec empressement l’occasion d’annoncer pleinement l’évangile devant le rassemblement le plus majestueux qui pouvait se trouver sur terre. Ses paroles avaient été enregistrées là, dans le rapport officiel du procès, disponible pour tous les Gentils.
Pour le moment, l’apôtre avait « été délivré de la gueule du lion ». Au moment précis où son cas semblait sans espoir, il avait été arraché à l’étau des mâchoires de mort, par la main de Dieu, car c’est Lui qui agissait, même s’Il s’était servi d’un soudain mouvement d’humeur de Néron, cet impie capricieux. Au verset 18, son regard se détache complètement des hommes. Aucune œuvre mauvaise des hommes ne pouvait finalement prévaloir contre lui. Advienne que pourra, et le martyre sous Néron vint effectivement bientôt, — il serait porté en triomphe vers Son « royaume céleste ». Le royaume à venir de notre Seigneur a un côté céleste et un côté terrestre ; comme Paul, nous sommes destinés au royaume céleste.
Quelques salutations supplémentaires, et l’épître se termine.
Le verset 20 conduit à penser que Paul fut libéré de sa captivité après son procès, puisque son premier voyage à Rome se déroula selon les circonstances du récit d’Actes 27 et 28, sans avoir aucune occasion de laisser Trophime à Milet. Le fait de l’y avoir laissé malade montre que ce n’est pas toujours la volonté du Seigneur de guérir immédiatement les croyants malades, comme certains l’affirment. De la même manière, le verset 13 nous montre que la plus haute spiritualité va parfaitement de pair avec le soin apporté aux petits et humbles détails de la vie quotidienne. C’est une chose dont nous ferons bien de nous souvenir.