ME 2002 p.69-74
J.-A.Monard
Table des matières :
1 L’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons
2 Une œuvre que Dieu achèvera
3 L’école de Dieu, la discipline de Dieu
4 L’opération de la parole de Dieu
5 L’opération de l’épreuve
6 L’opération de Dieu en vue du service chrétien
Toute la Bible nous montre Dieu à l’œuvre. Après les six jours de la création, Dieu s’était « reposé », son repos exprimant son entière satisfaction dans une création sortie parfaite de ses mains. Mais le péché est entré dans le monde, avec toutes ses conséquences funestes. Et le Seigneur Jésus a pu dire : « Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille » (Jean 5:17). C’est l’activité de l’amour, dans une création qui soupire après la délivrance.
L’œuvre de Dieu, telle que les Écritures nous la présentent, a
plusieurs aspects. Nous avons ici en vue son
œuvre en nous qui lui appartenons
.
Dans l’épître aux Éphésiens, l’apôtre Paul parle de
« l’excellente grandeur » de la puissance de Dieu
« envers nous qui croyons, selon
l’opération de la puissance de sa force
, qu’il a opérée dans le Christ, en
le ressuscitant d’entre les morts » (1:19, 20). La puissance de Dieu par
laquelle il a ressuscité Christ d’entre les morts est aussi — merveille de sa
grâce — celle qui a opéré pour nous et qui opère en nous.
« Nous sommes son ouvrage
,
ayant été créés
dans le Christ Jésus
pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance » (Éph.
2:10). C’est le point de départ. Dieu a fait de nous des êtres nouveaux :
« Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (2 Cor. 5:17). Mais
Celui qui a créé ces êtres nouveaux continue à opérer en eux pour les former.
Quant à notre position en Christ, à ce que nous sommes en Christ, tout le
travail est fait dès que, ayant cru, nous avons été scellés du Saint Esprit.
Mais quant à notre état pratique, à notre expérience chrétienne, il y a une
œuvre de Dieu qui se poursuit en nous tout au long de notre vie.
L’apôtre dit aux Philippiens : « Celui qui a commencé en vous une bonne œuvre
l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ
» (1:6). Paul était bien conscient
de tous les dangers auxquels étaient exposés ses enfants dans la foi. En y
pensant, il se sentait pressé de faire monter vers Dieu des supplications pour
eux. Mais le sentiment qui dominait dans son cœur était que Dieu s’occupait
d’eux, que Dieu faisait son travail en eux, et que les glorieux résultats de ce
travail seraient manifestés « au jour de Jésus Christ », lorsque — comme il dit
ailleurs — le Seigneur « viendra pour être… glorifié dans ses saints et admiré
dans tous ceux qui auront cru » (2 Thess. 1:10).
Dans l’épître aux Philippiens encore,
l’apôtre, alors prisonnier à Rome, réalise que ses enfants dans la foi sont
privés de ses soins de pasteur. Et il leur dit : « Non seulement comme en
ma présence, mais beaucoup plus maintenant en mon absence, travaillez à votre
propre salut avec crainte et tremblement » (2:12). Ils devaient s’appliquer à
fournir une marche à la gloire de Dieu, en vue du jour de Christ, et cela
d’autant plus que l’apôtre n’était plus là pour les guider et les aider. Mais,
immédiatement après, l’apôtre ajoute : « car c’est Dieu qui opère en vous et le vouloir et le faire, selon son
bon plaisir
» (v. 13). Il y a les deux côtés : notre travail et le
travail de Dieu — notre responsabilité et l’activité de la grâce de Dieu. Et le
fait que Dieu travaille en nous n’est aucunement une raison de nous laisser
aller.
Chaque fois que l’on mentionne l’école de Dieu
ou la
discipline de Dieu
envers ses enfants, on parle en fait de ce travail de
formation que Dieu accomplit dans les cœurs des siens. On en trouve déjà de
très nombreux exemples dans l’Ancien Testament. Que l’on pense simplement à
tous ces patriarches qui, par les soins fidèles de Dieu, souvent par le moyen
de l’épreuve, ont été amenés à manifester des caractères moraux agréables à
Dieu. Quel travail, par exemple, que celui de Dieu en Jacob !
Arrêtons-nous un instant sur deux déclarations d’Élihu, dans le livre de Job. Quand enfin « les paroles de
Job sont finies » (31:40), Élihu, le messager de
l’Éternel, cherche à détourner les pensées du patriarche de lui-même. Il lui
parle de l’activité de Dieu en faveur de l’homme. Il y a d’abord ce que Dieu lui dit
: « Car Dieu
parle une fois, et deux fois — et l’on n’y prend pas garde » (33:14). Puis il y
a ce que Dieu fait
. Élihu évoque les épreuves, la maladie, et mentionne « un
messager, un interprète », que Dieu peut utiliser « pour montrer à l’homme ce
qui, pour lui, est la droiture » (v. 23). Puis il conclut : « Voilà, Dieu opère toutes ces choses
deux fois,
trois fois, avec l’homme, pour détourner son âme de la fosse, pour qu’il soit
illuminé de la lumière des vivants » (v. 29) — c’est-à-dire pour le détourner
d’un chemin de propre volonté qui le conduirait à la mort, et pour l’amener
dans la lumière.
Qu’il s’agisse de l’incrédule que Dieu cherche à attirer à lui, ou qu’il s’agisse — comme dans le cas de Job — du croyant que Dieu forme, nous voyons l’œuvre patiente d’un Dieu de grâce qui s’occupe de toutes ses créatures. « Qui enseigne comme lui ? » (36:22).
En confirmation de ces paroles d’Élihu, le Nouveau Testament nous montre le rôle essentiel joué par la parole de Dieu et par les épreuves dans la formation du croyant. Voyons d’abord deux passages concernant l’opération de la Parole dans le cœur.
L’apôtre dit aux Thessaloniciens : « Nous rendons sans cesse
grâces à Dieu de ce que, ayant reçu de nous la parole de la prédication qui est
de Dieu, vous avez accepté, non la parole des hommes, mais (ainsi qu’elle l’est
véritablement) la parole de Dieu, laquelle
aussi opère en vous qui croyez
» (1 Thess. 2:13).
La parole de Dieu, lorsqu’elle est reçue dans nos cœurs, y fait son travail,
pour notre plus grande bénédiction et pour la gloire de Dieu.
Bien sûr, si cette parole n’est pas « mêlée avec de la foi » elle
ne nous servira de rien, comme le montre le chapitre 4 de l’épître aux Hébreux
(v. 2). À la fin de ce même chapitre, on lit : « Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante
qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et
de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées
et les intentions du cœur
. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée
devant lui (ou devant elle), mais toutes choses sont nues et découvertes aux
yeux de celui à qui nous avons affaire » (v. 12, 13). Cette parole, comme une
épée dans la main de Dieu, juge dans nos cœurs tout ce qui tend à entraver
notre marche chrétienne. Elle met à nu tout ce qui est de la chair, et nous
conduit à le juger devant Dieu. Elle atteint « jusqu’à la division de l’âme et de
l’esprit », c’est-à-dire qu’elle distingue, en nous, entre ce qui est proprement
humain et ce qui résulte de l’action de l’Esprit. « Elle discerne les pensées et
les intentions du cœur » : elle place dans un vrai jour tout ce que peut produire
notre cœur, pour nous amener à le voir dans la lumière divine. S’il est
extrêmement solennel pour nous de savoir que rien n’est caché devant cette
parole vivante — ou devant Dieu — et que « toutes choses sont nues et
découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire », nous pouvons néanmoins
nous réjouir dans cette précieuse ressource, dont Dieu se sert pour notre
bénédiction, pour que nous atteignions effectivement le but de notre course
chrétienne.
Quant à l’épreuve, l’apôtre Paul dit notamment ceci : « notre légère tribulation d’un moment opère
pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire
» (2 Cor. 4:17).
Il ne s’agit pas ici d’une récompense promise à ceux qui souffrent. C’est un
encouragement à supporter l’épreuve, sachant qu’elle opère dans nos cœurs pour
nous rendre plus conformes à ce que Dieu attend de ses rachetés, pour
reproduire en nous quelques traits de la vie de Christ (dans le même chapitre,
voir les versets 10 et 11). Il y aura de cela un résultat éternel, pour la
gloire de Dieu.
Jusqu’ici, nous nous sommes occupés de l’œuvre que Dieu accomplit en nous, et par laquelle il nous forme. Cependant, il y a aussi des passages où l’opération de Dieu en nous se réfère à l’œuvre qu’il accomplit à travers nous. Dans le premier cas, nous sommes — si l’on ose dire ainsi — les objets ou la matière qu’il travaille. Dans le second, nous sommes les instruments qu’il daigne utiliser pour son œuvre.
L’apôtre Paul dit, en parlant du service particulier qu’il avait
reçu : « …à quoi aussi je travaille, combattant selon son opération qui opère en moi avec puissance
» (Col. 1:29).
Dieu accomplissait son œuvre par le moyen de son serviteur.
Cependant, le privilège d’être des instruments de Dieu n’est pas
limité aux apôtres. Dans le fonctionnement normal de l’assemblée, « il y a diversité d’opérations, mais le même
Dieu qui opère tout en tous
» (1 Cor. 12:6). Tous les croyants, dans la
mesure où ils ont été formés par Dieu pour cela, peuvent être utilisés à son
service, pour accomplir son œuvre.
Bientôt, le Seigneur Jésus reviendra. L’œuvre de la grâce de Dieu, soit envers le monde, soit dans les croyants, prendra fin. Alors, pour un moment, Dieu entreprendra « son œuvre étrange », « son travail inaccoutumé », le jugement (És. 28:21). Puis, le repos final sera atteint, le repos de Dieu, dans lequel il introduira les siens. Alors, il se réjouira dans ses rachetés et « se reposera dans son amour » (Soph. 3:17).
« À celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus ! » (Éph. 3:21).