Jacques-André Monard
Tables des matières :
1 - Pourquoi tous ces morts ? — Luc 13:1-5
2 - Catastrophes naturelles et autres — Job 1:6-22
3 - Ce n’est pas volontiers qu’il afflige
Quelques-uns de ceux qui se trouvaient près du Seigneur
lui racontent comment Pilate avait tué des Galiléens, mêlant leur sang à celui
de leurs sacrifices. Un tel acte de brutalité s’est répété bien des fois dans
l’histoire, sous des formes et avec des ampleurs diverses. Un massacre d’innocents
— ainsi que nous sommes tentés de dire — nous émeut toujours profondément.
Commentant cet événement, le Seigneur dit : « Croyez-vous que ces Galiléens fussent plus pécheurs que tous les Galiléens… ? Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous de la même manière ».
Puis le Seigneur parle d’un autre événement, non provoqué cette fois par la méchanceté de l’homme : la chute de la tour de Siloé, dans la ville de Jérusalem. Dix-huit hommes avaient péri, écrasés sous les décombres. En face de catastrophes de ce genre, nous sommes bouleversés, et bien des questions peuvent s’élever dans nos esprits. Tant de victimes, et pourtant, Dieu tient tout entre ses mains… ! Que dire ? Comment comprendre ? De cet incident qu’il rapporte, le Seigneur tire la même conclusion que précédemment. Les hommes tués par la chute de la tour n’étaient pas plus coupables que tous les habitants de Jérusalem — « mais si vous ne vous repentez, vous périrez tous pareillement ».
De ce passage, retenons
particulièrement deux enseignements. En premier lieu, gardons-nous de l’idée
que les grands malheurs frappent d’abord ceux qui le méritent, ainsi que le
pensaient les amis de Job. En second lieu, soyons attentifs à ceci :
toutes les victimes de catastrophes que ce monde appelle volontiers des innocents
,
ce sont en fait des pécheurs
— comme le sont tous les hommes. Ils ne
sont pas « plus pécheurs » que d’autres, mais ils sont « pécheurs » et « coupables »
devant Dieu. Tous les hommes ont péché et sont sous la colère de Dieu (Jean 3:36). S’ils ne se repentent, ils
périront sous son jugement, et cela d’une manière plus effrayante que tout ce
qui a jamais été vu sur la terre.
Remarquons que, par sa réponse, le
Seigneur détourne les pensées d’un « ils » plus ou moins lointain, pour la porter
sur un « vous » précis. Qu’en est-il de vous
— de nous ?
Les versets 6 à 12 nous font assister à une scène qui se déroule dans le ciel, entre l’Éternel et Satan, en présence des anges. Job ne sait rien de cela. Les versets 13 à 22 nous présentent de graves événements qui se passent sur la terre, et qui touchent Job de la manière la plus douloureuse. Tous ses biens sont anéantis et tous ses enfants sont tués.
L’Éternel a laissé entre les mains cruelles de Satan tout ce qui appartient à Job ; mais en même temps il lui a fixé des limites : « Tout ce qu’il a est en ta main, seulement tu n’étendras pas ta main sur lui » (v. 12). Satan sort de la présence de l’Éternel, puis quatre malheurs terribles s’abattent presque simultanément sur Job. La main de Satan est là, sans aucun doute.
Elle est évidente lorsqu’il s’agit de l’attaque de « ceux de Shéba » ou des « Chaldéens » contre les troupeaux et les bergers de Job. Satan les a incités à cela, comme il incite continuellement les hommes à la violence.
Elle est moins évidente
lorsqu’il s’agit « du feu de Dieu » — la foudre — qui tombe du ciel et qui
consume les brebis et les jeunes hommes. De même, lorsque le vent renverse la
maison où se trouvent les enfants de Job. N’est-ce pas Dieu qui commande au
vent ? — « De ses trésors il fait sortir le vent » (Ps. 135:7) — Et quant à l’éclair, c’est
lui qui « lui commande où il doit frapper » (Job 36:32). Oui, « Dieu tonne merveilleusement de sa voix, faisant
de grandes choses que nous ne comprenons pas
» (Job 37:5).
Qu’elle est admirable,
qu’elle est instructive, la déclaration de Job lorsque, effondré de douleur, il
apprend coup sur coup les malheurs qui viennent de lui arriver !
« L’Éternel a donné, et l’Éternel a pris ; que le nom de l’Éternel soit
béni ! » Job reçoit tout, quelle qu’en puisse être l’origine, de la main
de Dieu
. Il le confirmera encore dans la seconde phase de ses
épreuves : « Nous avons reçu le bien aussi de la part de Dieu, et nous ne
recevrions pas le mal ? » (2:10).
L’action des hommes, l’action de Satan, l’action de Dieu — et leurs rapports réciproques — demeurent pour nous des secrets impénétrables. Ne cherchons pas à comprendre ce qui nous dépasse infiniment. Mais suivons l’exemple de Job. N’y a-t-il pas une douceur particulière à voir la main de Dieu en toutes choses ? C’est le privilège de la foi.
« Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le
Seigneur ne l’a point commandée ? N’est-ce pas de la bouche du Très-Haut
que viennent les maux et les biens ?
(Lam. 3:37, 38).
Ce verset nous rappelle de la façon la plus expresse que Dieu est le Maître de tout. Il tient tout entre ses mains. Il se sert de tout, même de la méchanceté de Satan ou de celle de l’homme, pour accomplir ses desseins, qui ont toujours en vue sa propre gloire et le bien de ses rachetés.
Les Écritures nous en donnent de nombreux exemples, dont le plus frappant est sans doute celui de la crucifixion de Jésus Christ. D’une part, cette mort est l’acte suprême de la haine de Satan et du monde contre Dieu et contre son Fils ; mais d’autre part, c’est dans cette mort, et dans tout ce qui lui est lié, que se trouve le fondement de la bénédiction éternelle des croyants.
Et si nous avons un Dieu qui
« commande » ou qui « permet » des choses effrayantes, ne pensons pas qu’il soit un
Dieu dur. Au contraire : « S’il afflige, il a aussi compassion, selon la
grandeur de ses bontés ; car ce n’est pas volontiers qu’il afflige et
contriste les fils des hommes »
(Lam. 3:32,
33).
Mais, bien qu’il en soit
ainsi, le jour terrible viendra où sa colère, déjà révélée depuis bien
longtemps, s’abattra sur un monde pécheur qui persiste à le rejeter. Que ceux
qui le connaissent comme Sauveur soient ses fidèles témoins, pendant que dure
encore le temps de sa grâce ! « Connaissant donc combien le Seigneur doit
être craint, nous persuadons les hommes ». « Nous supplions pour Christ : Soyez
réconciliés avec Dieu
» (2 Cor. 5:11,
20).
Le fait qu’aucune chose ne peut arriver « quand le Seigneur ne l’a pas commandée » n’ôte rien à notre responsabilité. Et jamais nous n’avons à cacher nos fautes ou à atténuer notre culpabilité en nous abritant derrière les décrets divins.
Joseph, quand il se fait connaître à ses frères, leur dit : « Dieu m’a envoyé devant vous… pour vous conserver la vie par une grande délivrance. Et maintenant, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici, mais c’est Dieu » (Gen. 45:7, 8). De telles paroles sont l’expression de sa foi en Dieu et de sa grâce envers ses frères. Cependant, il aurait été inconvenant que ceux-ci disent à Joseph : Ce n’est pas nous qui t’avons envoyé en Égypte, c’est Dieu.
Quand Shimhi injurie et
maudit violemment David, au jour de la révolte d’Absalom, celui-ci courbe la
tête et dit : « Oui, qu’il maudisse ; car l’Éternel lui a dit :
Maudis David ! » (2 Sam. 16:10).
Comme Job, il reçoit les choses de la part de Dieu. C’est l’expression de la
foi, chez cet homme selon le cœur de Dieu.
Mais lui seul pouvait le
dire.
L’origine du dénombrement
d’Israël ordonné par David est attribuée à l’Éternel
en 2 Samuel 24, et à Satan
en 1 Chroniques
21. Ces deux aspects sont
également vrais ; et, bien que nous puissions les saisir en partie, leurs
rapports nous échappent. Mais ce qu’il ne nous faut pas manquer de voir, c’est
que David, lorsqu’il est placé devant sa faute, dit humblement : « J’ai
grandement péché en ce que j’ai fait cette chose… j’ai agi très follement » (1
Chron. 21:8). Il ne parle ni
des plans de Dieu, ni de son gouvernement, ni des instigations de Satan. Il se
reconnaît coupable.
Cette activité nous est dévoilée dans le cas des malheurs de Job et dans celui du dénombrement ordonné par David, mais il est évident qu’elle est sous-jacente partout où du mal se commet. La question se pose : dans quelle mesure devons-nous être préoccupés par cette activité ?
Le Seigneur annonce à l’assemblée de Smyrne : « Le diable va jeter quelques-uns de vous en prison », et en même temps il encourage ces fidèles : « Ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir… Sois fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie » (Apoc. 2:10).
L’apôtre Paul écrit aux Thessaloniciens qu’il a voulu, déjà deux fois, se rendre auprès d’eux, mais : « Satan nous en a empêchés » (1 Thess. 2:18). Il est conduit par l’Esprit à s’exprimer de cette manière. Mais avons-nous, quant à nous, à chercher à savoir si tel événement fâcheux, tel anéantissement de nos projets — même s’il s’agit de choses bonnes — résulte de l’action de Satan ou de celle de Dieu ? Ne devons-nous pas plutôt recevoir les événements comme venant de Dieu, en simplicité de foi ? Ainsi que l’ont fait Job, Joseph et David.
Par contre, là où nous devons discerner clairement l’activité de Satan, c’est dans ses tentations et ses séductions. De cette activité-là nous devons certainement nous préoccuper. L’apôtre Pierre nous avertit : « Soyez sobres, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui il pourra dévorer. Résistez-lui, étant fermes dans la foi » (1 Pierre 5:8, 9). Pour éviter d’être « circonvenus par Satan », il ne faut pas ignorer ses desseins (2 Cor. 2:11). Et il faut nous souvenir que « le serpent ancien » apparaît tantôt comme « lion rugissant » et tantôt comme « ange de lumière » (2 Cor. 11:14).
En résumé, ce qui doit
retenir toute notre attention, quant à l’activité de Satan, ce sont ses séductions
,
et non pas son activité maléfique mystérieuse.