Jean Muller
« Sondez les Écritures » vol. 11 p. 251
Table des matières abrégée :
1 - Introduction au livre du prophète Osée
2 - Osée 1 : Les desseins de Dieu envers Israël
3 - Osée 2 et 3 : Les desseins de Dieu envers Israël
4 - Osée 4 à 10 : Le débat de l’Éternel avec Israël
5 - Osée 11 à 14 — Les jugements et l’espérance
6 - Résumé du livre du prophète Osée
Table des matières détaillée :
1 - Introduction au livre du prophète Osée
1.4.1 - Les desseins de Dieu envers Israël : Ch. 1-3
1.4.2 - Le débat de l’Éternel avec Israël : Ch. 4-10
1.4.3 - Les jugements et l’espérance : Ch. 11-14
2 - Osée 1 : Les desseins de Dieu envers Israël
2.1 - Le mariage d’Osée, symbole de l’histoire d’Israël
2.1.1 - La prophétie d’Osée en relation avec les rois de Juda et d’Israël : 1v1
2.1.3 - Lo-Rukhama et Lo-Ammi : 1v6-9
2.1.4 - Le relèvement futur du peuple : 1v10, 11
3 - Osée 2 et 3 : Les desseins de Dieu envers Israël
3.1 - La promesse des bénédictions futures : 2:1-23
3.1.1 - Un résidu au milieu du peuple rejeté plaide contre lui : 2v1-13
3.1.2 - La repentance : 2v14-17
3.1.3 - La bénédiction millénaire : 2v18-23
3.2 - Christ, vrai Roi et son épouse terrestre : 3:1-5
4 - Osée 4 à 10 : Le débat de l’Éternel avec Israël
4.1 - L’état moral et religieux d’Éphraïm — Osée 4
4.1.1 - Les chefs d’accusation : 4v1-5
4.1.2 - « Mon peuple est détruit » : 4v6-8
4.1.3 - Le sacrificateur, comme le peuple : 4v9-14
4.1.4 - Un espoir pour Juda : 4v15-19
4.2 - L’état moral d’Israël et de Juda. L’espérance — Osée 5:1 à 6:3
4.2.1 - Un message aux chefs religieux et civils du peuple : 5v1-7
4.2.2 - La ruine du peuple : 5v8-14
4.2.3 - Retournons à l’Éternel : 5v15 à 6v2
4.2.4 - La pluie de bénédiction : 6v3
4.3 - L’appel à Israël et à Juda — Osée 6:4 à 7:16
4.3.1 - Une piété fugitive et une alliance rompue : 6v4-7
4.3.2 - Un message ce jugement à Éphraïm, puis d’espérance à Juda : 6v8-11
4.3.3 - Débordement de perversité : 7v1-7
4.3.4 - Éphraïm, un gâteau qui n’est pas retourné : 7v8-12
4.3.5 - Malheur et ruine ! 7v13-16
4.4 - Osée 8 — Cri d’alarme, tristesse et destruction (1)
4.4.1 - Les diverses images d’Israël infidèle
4.4.2 - Symboles de l’infidélité d’Israël
4.5 - Osée 9 — Cri d’alarme, tristesse et destruction (2)
4.5.1 - Vivre pour soi-même, sans joie : 9v1-4
4.5.2 - Le jour de la visitation pour Juda : 9v5-9
4.5.3 - Israël autrefois et maintenant : 9v10-17
4.6 - Osée 10 — Cri d’alarme, tristesse et destruction (3)
4.6.1 - Une vigne stérile : 10v1-3
4.6.2 - Béthel devient Beth-Aven : 10v4-8
4.6.3 - « Défrichez pour vous un terrain neuf » : 10v9-15
5 - Osée 11 à 14 — Les jugements et l’espérance
5.1 - Osée 11 — La miséricorde après les jugements
5.1.1 - Des liens d’amour : 11v1-7
5.1.2 - Les compassions de Dieu : 11v8-11
5.2 - Osée 12 — Menaces et promesses
5.2.1 - Se nourrir de vent ! 12v1-3
5.2.2 - Jacob lutte avec Dieu : 12v4-7
5.2.3 - La fausse balance : 12v8, 9
5.2.4 - Grâces surabondantes : 12v10, 11
5.2.5 - Galaad est vanité : 12v12-15
5.3 - Osée 13 — L’aube de la délivrance
5.3.1 - L’idolâtrie d’Éphraïm : 13v1-3
5.3.2 - La réponse de Dieu ; la grâce et le jugement : 13v4-11
5.3.3 - La mort engloutie en victoire : 13v12-16
5.4 - Osée 14 — La repentance et le relèvement d’Israël
5.4.1 - Les paroles de repentance placées dans la bouche du peuple : 14v1-3
5.4.2 - La réponse de Dieu : 14v4-7
5.4.3 - Dernier dialogue : 14v8
5.4.4 - La portée de la parole prophétique : 14v9
6 - Résumé du livre du prophète Osée
6.1 - Les desseins de Dieu envers Israël : Ch. 1-3
6.1.1 - Le mariage d’Osée, symbole de l’histoire d’Israël : Ch. 1
6.1.2 - La promesse des bénédictions futures : Ch. 2
6.1.3 - Christ, vrai Roi et son épouse terrestre : Ch. 3
6.2 - Le débat de l’Éternel avec Israël : Ch. 4 à 10
6.2.1 - L’état moral et religieux d’Éphraïm : Ch. 4
6.2.2 - Jugement du peuple et retour à l’Éternel : Ch. 5:1 à 6:3
6.2.3 - Fautes et châtiment : Ch. 6:4 à 7:16
6.2.4 - Cri d’alarme, tristesse et destruction : Ch. 8 à 10
6.3 - Les jugements et l’espérance : Ch. 11 à 14
6.3.1 - La miséricorde après les jugements : Ch. 11
6.3.2 - Menaces et promesses : Ch. 12
6.3.3 - L’aube de la délivrance : Ch. 13
6.3.4 - Repentance et relèvement d’Israël : Ch. 14
La prophétie d’Osée est la première des douze prophéties qui forment ensemble le livre des petits prophètes. Osée, dont le nom signifie « il sauve », est contemporain des prophètes Ésaïe, Michée et Amos (*). Sa longue prophétie (d’une durée d’au moins 50 ans) s’étend sous les règnes de Jotham, Achaz et Ézéchias (rois de Juda) et de Jéroboam (roi d’Israël).
La vie personnelle d’aucun prophète n’a fait l’objet d’un récit aussi détaillé que celle d’Osée. À travers elle, Dieu voulait communiquer un message à son peuple : l’épouse d’Osée et ses enfants devaient servir de signes et de prophéties, aussi bien à Israël et à Juda qu’à la future nation réunifiée.
(*) Ésaïe a prophétisé aux jours d’Ozias, de Jotham, d’Achaz et d’Ézéchias, rois de Juda (És. 1:1). Michée, pendant le règne des mêmes rois (Mich. 1:1).
Amos est contemporain d’Ozias, roi de Juda et de Jéroboam II, roi d’Israël (Amos 1:1).
Jéhu avait été oint par Élisée (plus exactement par un fils des prophètes envoyé par celui-ci) pour accomplir le jugement de Dieu sur la maison d’Achab (2 Rois 9:1, 2, 4-10). Il s’est révélé sanguinaire, puis infidèle à Dieu (2 Rois 10:31), et ses descendants ont perpétué la violence. Son arrière-petit-fils, Jéroboam II (*), a régné 41 ans à Samarie (2 Rois 14:23). Malgré la prospérité extérieure de son royaume, Jéroboam a continué à faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Sous le règne de ce roi, Osée, dans sa prophétie, révèle l’état moral intérieur du peuple d’Israël sous son règne. En substituant des rites extérieurs à la vraie piété intérieure, il avait sombré dans la dégénérescence morale et spirituelle.
(*) Il est appelé communément Jéroboam II, pour le distinguer du premier roi d’Israël, Jéroboam, qui a régné à Samarie après le schisme entre Juda et Israël.
Son message est résumé dans le nom de ses trois enfants, qui parlent en figure des relations entre Dieu et son peuple : Jizreël (Dieu sème ou Dieu disperse), Lo-Rukhama (elle n’a pas obtenu miséricorde) et Lo-Ammi (pas mon peuple).
Dieu supportait encore son peuple, dont l’affliction était très amère (2 Rois 14:25, 26). Osée comprend la pitié de l’Éternel pour son peuple toujours aimé mais infidèle. Sa prophétie est une sorte de plainte, qui exprime sa propre angoisse, dans un style ardent qui rappelle celui de l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates. Si Osée prenait ainsi tellement à cœur le bien du peuple de l’Éternel, Paul n’avait pas moins d’intérêt pour les assemblées de la Galatie, en danger d’être emportées par l’action des faux docteurs judaïsants.
Sans transition, Osée passe des menaces de jugement aux promesses de bénédiction, de sorte que le fil conducteur est souvent difficile à suivre. Sa prophétie est un sévère réquisitoire contre le royaume du nord à cause de son infidélité à l’alliance divine ; c’est aussi un livre où brille de manière très belle la grâce de Dieu (2:16-18 ; 6:1-4 ; 11:1-4, 8, 9 ; 14:4-8). Le but d’Osée est de convaincre ses compatriotes de se repentir pour revenir de tout leur cœur vers leur Dieu de patience et d’amour.
Dans les trois premiers chapitres, le prophète présente d’abord l’état moral du peuple (surtout Israël, ou Éphraïm, c’est-à-dire les dix tribus, mais sans exclure Juda), et les voies de Dieu envers lui. Chacun de ces trois chapitres se termine par une promesse de bénédiction.
Ensuite, « l’Éternel a un débat avec les habitants du pays » (4:1), au sujet de leurs infidélités ; ce débat est développé dans les sept chapitres suivants. C’est là qu’apparaît toute l’angoisse du prophète au sujet de son peuple.
Enfin, encore mêlé aux menaces de jugement, le rétablissement futur du peuple est pleinement révélé dans les quatre derniers chapitres.
1. Le mariage d’Osée, symbole de l’histoire d’Israël : Ch. 1
2. La promesse des bénédictions futures : Ch. 2
3. Christ, vrai Roi et son épouse terrestre : Ch. 3
1. L’état moral et religieux d’Éphraïm : Ch. 4
2. Jugement du peuple et retour à l’Éternel : Ch. 5:1 à 6:3
3. L’appel à Israël et à Juda : Ch. 6:4 à 7:16
4. Cri d’alarme, tristesse et destruction : Ch. 8-10
1. La miséricorde après les jugements : Ch. 11
2. Menaces et promesses : Ch. 12
3. L’aube de la délivrance : Ch. 13
4. Repentance et relèvement d’Israël : Ch. 14
Bien que prophète en Israël, Osée rattache plutôt son message aux rois de Juda (Jotham, Achaz et Ézéchias), et passe sous silence la plupart des descendants de Jéhu en Israël (Joakhaz, Joas et Zacharie), pour ne mentionner que Jéroboam II.
Dieu est juste, soit pour récompenser, soit pour juger :
— D’un côté, Jéhu avait bien exécuté le jugement de Dieu sur la maison d’Achab, et Dieu lui avait promis d’asseoir ses fils sur le trône d’Israël, jusqu’à la quatrième génération (2 Rois 10:30).
— De l’autre côté, l’infidélité et la violence de Jéhu devaient être jugées dans ses descendants, qui étaient eux-mêmes infidèles. C’est ainsi que Zacharie, quatrième descendant de Jéhu, a péri de mort violente (2 Rois 15:8-12).
En fait, le jugement de Jéhu était aussi celui du peuple d’Israël, qui se conclura par la déportation en Assyrie.
Dieu demande au prophète à s’unir à une femme de mauvaise vie (probablement une prostituée sacrée) (*), dont la conduite morale était l’image de celle du peuple. En abandonnant l’Éternel, en effet, la nation d’Israël s’était prostituée : spirituellement, elle avait trahi ses engagements vis-à-vis de Dieu, celui qui l’avait épousée (Jér. 31:32). Pourtant, les relations légitimes d’alliance entre Dieu et son peuple terrestre subsistaient encore, ce qui rendait le cas de ce dernier d’autant plus grave.
(*) Certains pensent qu’elle n’est devenue telle qu’après son union avec le prophète. Symboliquement, elle représenterait alors ce qu’Israël a fait à l’égard de Dieu.
Cette infidélité d’Israël envers son Dieu n’est-elle pas l’image de celle de l’Église du Seigneur sur la terre ? Comme Israël a manqué sous la loi, de même, l’assemblée a manqué sous la grâce. L’Écriture emploie les mêmes termes terribles de « prostituée » et de « mère des prostituées » (Apoc. 17:1, 5) pour caractériser l’état de la chrétienté professante, la fausse épouse, après l’enlèvement de la vraie épouse de Christ dans le ciel (qui aura lieu dans un avenir très proche).
En obéissance à l’injonction divine, Osée prend donc pour femme Gomer, fille de Diblaïm (*). Le premier enfant qui naît de cette union est appelé « Jizreël ». C’était à l’évidence un appel à la conscience du peuple, car « Jizreël » signifie « Dieu sème » ou « Dieu disperse ». Ville de Juda, lieu d’origine d’Akhinoam, femme de David (1 Sam. 25:43), Jizreël était aussi une ville d’Issacar (Jos. 19:18), où avaient séjourné Achab et sa femme Jézabel (1 Rois 18:45). Là, celle-ci avait connu son terrible jugement, décrété par Dieu, et accompli par Jéhu (1 Rois 21:23 ; 2 Rois 9:30-37).
À l’occasion de ce jugement, Jéhu, homme méchant et sans scrupule, avait tué les 42 frères d’Achazia, roi de Juda (2 Rois 10:12-14). Maintenant, par le prophète Osée, Dieu réclame vengeance. Avec l’extinction de la maison de Jéhu, le royaume des dix tribus d’Israël a pratiquement cessé : c’est ainsi que « l’arc d’Israël » (c’est-à-dire sa puissance) a été brisé dans la vallée de Jizreël (v. 5). Cette vallée sera toutefois le lieu du relèvement et de la bénédiction du peuple (v. 11 ; 2:22, 23).
(*) Le nom de Diblaïm signifie « double gâteau » ou « double embrassement ». C’est peut-être une allusion aux deux influences contraires auxquelles Israël avait été soumis : celle de la chair et celle de la sainteté divine. La Parole déclare que Dieu n’aime pas le cœur partagé.
Gomer enfante alors une fille, dont le nom Lo-Rukhama signifie : « elle (*) n’a pas obtenu miséricorde ». Le mot hébreu « rukhama » est très fort et signifie tendresse, amour. Le temps du jugement de la nation d’Israël avait sonné. Toutefois, Dieu ferait encore miséricorde à la maison de Juda, à cause de David, son serviteur. La défaite de Sankhérib devant Jérusalem, où l’Ange de l’Éternel a frappé 185 000 hommes de son armée, a été le terrible accomplissement de cette prophétie (v. 7 ; 2) (2 Rois 19:35).
Enfin, un second fils est ajouté à cette famille impure du prophète ; son nom, « Lo Ammi », signifie : « pas mon peuple ». Mais maintenant, la sentence divine du rejet de son peuple s’étend à l’ensemble de la nation, Israël et Juda. Le peuple ne peut plus se réclamer de la présence de son Dieu au milieu de lui (« je ne serai pas à vous », c’est-à-dire je ne serai pas votre Dieu). Cette sentence allait s’accomplir longtemps après, au moment de la déportation à Babylone, lorsque la gloire de l’Éternel a quitté, comme à regret, le temple, la sainte ville et le pays (Ézé. 10:18 ; 11:23).
(*) « Elle » désigne le royaume d’Israël, les dix tribus, en contraste avec Juda. Plus loin, il sera appelé « Éphraïm ».
Mais si Dieu exerce la colère et le juste jugement, « son œuvre étrange… son travail inaccoutumé » (És. 28:21), il se plaît aussi à faire grâce. « Car il y a un moment dans sa colère, il y a une vie dans sa faveur » (Ps. 30:5). Aucun prophète n’a jamais prédit le jugement d’Israël sans le faire suivre de la promesse d’une bénédiction. Aussi, le prophète annonce-t-il dès maintenant le relèvement futur du peuple : le Dieu de jugement est aussi le Dieu des promesses, qui « sont sans repentir » (Rom. 11:29).
La première bénédiction assurée concerne l’importance numérique du peuple d’Israël dans l’avenir : « comme le sable de la mer, qui ne peut se mesurer ». C’est une allusion aux promesses inconditionnelles faites par Dieu à Abraham après le sacrifice d’Isaac (Gen. 22:17). Contrairement à d’autres promesses soumises à des conditions d’obéissance à la loi (Deut. 28:1), cette assurance de l’accroissement futur du peuple n’est basée que sur le sacrifice de Christ, que préfigure Isaac (Gal. 3:16).
Une autre promesse, plus remarquable encore, est ajoutée : « dans le lieu où il leur a été dit : Vous n’êtes pas mon peuple, il leur sera dit : Fils du Dieu vivant » (v. 10). Cette promesse concerne directement Israël. Mais, dans sa lettre aux Romains, Paul l’applique à l’introduction future des nations dans la bénédiction divine (Rom. 9:26). Christ est le « Fils du Dieu vivant » (Matt. 16:16) pour bâtir son assemblée et pour réveiller la conscience de l’Église responsable devenue infidèle (Apoc. 2:18). Dieu, le Dieu vivant, appelle aussi Israël son fils : « Israël est mon fils, mon premier- né » (Ex. 4:23 ; Mal. 1:6).
Mais « les vases de miséricorde… préparés d’avance pour la gloire » (Rom. 9:23) ne sont pas seulement tirés du peuple juif ; ils viennent aussi d’entre les nations. C’est l’annonce de voies de Dieu envers le monde, jusque-là inconnues. En effet, Dieu n’avait eu auparavant de relations qu’avec son peuple Israël, à l’exclusion des autres nations de la terre (Amos 3:2). Il est beau de voir le prophète annoncer déjà de façon voilée, avant sa pleine révélation, le mystère de l’assemblée formée des croyants juifs et d’entre les nations ; ceux qui, comme « fils » et « enfants », ont Dieu comme Père. La fin du chapitre 2 reprendra ce thème du point de vue des relations de l’Éternel avec son peuple terrestre.
Après avoir annoncé la bénédiction future des nations, le prophète revient à Israël et contemple le rassemblement à venir du peuple tout entier. Unis sous la bannière de Christ, leur seul chef, Juda et Éphraïm ensemble « monteront du pays ». Autrefois, l’homme avait semé la misère et l’avait moissonnée (Job 4:8). Jizreël avait été le lieu du jugement et de la sanction. Maintenant, Dieu sème pour lui dans le pays (2:23), et la récolte est tout autre. Ce qui monte du pays fertile est une moisson de bénédiction pour le peuple ; et celui-ci est comme une moisson pour Dieu, une source de gloire et de joie pour lui (Soph. 3:17). Jizreël prend alors son vrai sens (« Dieu sème »), et sa journée est grande.
Ce premier chapitre donne donc un résumé du passé et de l’avenir d’Israël et de Juda. Ayant abandonné Dieu, le peuple tombe sous son jugement et toutes les relations avec lui sont interrompues. C’est l’occasion pour la miséricorde divine d’étendre les bénédictions aux nations, puis finalement de relever Israël et de le rassembler sous la bannière de Christ ressuscité.
Au milieu de la nation coupable, placée sous la double sentence
de jugement (*), le Dieu souverain se plaît
à reconnaître pour son cœur un résidu
et à user de miséricorde envers
lui (v. 1). « Dieu a-t-il rejeté son peuple » ? Absolument pas,
car il subsiste « un résidu selon l’élection de la grâce » (Rom. 11:1,
5).
(*) « Lo-Rukhama » : le peuple n’est plus l’objet de la miséricorde divine. « Lo-Ammi » : le peuple n’est plus le peuple de Dieu.
Ces fidèles, reconnus de Dieu et conscients de sa faveur, sont invités à plaider contre leur mère, Israël (v. 2). Vouée à l’idolâtrie, elle avait totalement oublié sa relation avec l’Éternel : son état était celui d’une véritable prostitution spirituelle. Dieu s’adresse ici à la nation entière par la bouche d’enfants restés fidèles au milieu d’elle ; comme fils spirituels du prophète, ils étaient pour ainsi dire issus de Dieu et pouvaient parler selon l’Esprit de prophétie.
Si l’appel à la repentance était négligé (et il l’a effectivement été), le jugement tomberait sur la nation (v. 3), et sur ses enfants qui portaient le même caractère d’infidélité qu’elle (v. 4). Le parallèle avec le jugement de la chrétienté infidèle et de ses enfants est très solennel : la prostituée sera rendue déserte et nue, et Dieu fera mourir de mort les enfants de la femme Jézabel (Apoc. 17:16 ; 2:23).
La conduite de la nation d’Israël, vue comme la femme infidèle à son Dieu qui l’avait épousée, était le résultat d’une volonté délibérée d’indépendance (v. 5) : c’est exactement l’inverse de ce que Dieu demande à une épouse à l’égard de son mari (Éph. 5:24). Au lieu de reconnaître l’amour de Dieu qui l’avait comblé de tous les biens terrestres (pain, eau, laine, lin, huile, boisson), le peuple infidèle attribuait ces dons à ses faux dieux (ses « amants »). Lorsque la source divine en serait tarie (v. 9), la nation d’Israël serait bien contrainte d’en reconnaître la véritable origine. Mais il y avait plus grave encore : Dieu avait comblé son peuple de richesses (argent et or) ; elles avaient été offertes à Baal, un faux dieu, un maître cruel.
Privé des biens de la terre, Israël est maintenant humilié aux yeux des autres nations (v. 10), et devient la proie de ses ennemis, figurés par les bêtes des champs (v. 12). Même les privilèges du service divin (les fêtes solennelles et les assemblées) lui sont enlevés (v. 11). En l’absence d’un vrai retour vers Dieu, la réaction du peuple infidèle est caractéristique : « Je m’en retournerai à mon premier mari » (v. 7). La poursuite des mirages de ce monde n’engendre que découragement, et pousse les hommes vers les vains secours d’une religion de formes.
En définitive, Dieu arrêtait son peuple sur son chemin d’indépendance et jugeait son idolâtrie. En servant les Baals, Israël avait oublié l’Éternel (v. 13).
Pour ramener la nation à lui, Dieu la conduira au désert et lui parlera au cœur. C’était là, dans ce pays non semé, qu’avaient été célébrées les fiançailles de l’Éternel avec Israël (Jér. 2:1-3). À la sortie d’Égypte, le peuple connaissait alors la fraîcheur du premier amour pour son rédempteur. Mais Israël avait vite abandonné Dieu pour les idoles (Amos 5:25,26 ; Act. 7:42, 43).Il avait accepté la domination des Baals (maîtres) : « Éternel, notre Dieu, d’autres seigneurs que toi ont dominé sur nous » (És. 26:13).
Seule avec l’Éternel dans le désert, la nation d’Israël reconnaîtra alors son péché. Dieu rétablira son peuple dans la communion et la joie avec lui, symbolisées par la vigne ; auparavant détruite par le jugement (v. 12), cette vigne est rendue à Israël en bénédiction. La porte d’espérance qui ouvre l’accès aux bénédictions divines est précisément la vallée d’Acor (la vallée du trouble), là où avait été jugé le péché d’Acan, au début de la conquête du pays (Jos. 7:19-26). Le lieu où Dieu punissait le péché du peuple sur le principe de la responsabilité devenait la porte d’entrée à la bénédiction selon le principe de la grâce. Ce changement est d’un intérêt touchant pour nous. Un résidu retrouve alors la grâce de la jeunesse qu’avait connue Israël à sa sortie d’Égypte. En même temps, les relations de l’Éternel et de son peuple sont changées. Sans cesser d’être son « maître » (Mal. 1:6), Dieu se révèle maintenant à Israël comme son « mari ». L’esclavage de l’idolâtrie est aboli et oublié à jamais.
Après le travail nécessaire de la repentance et du retour vers Dieu, la scène de la bénédiction millénaire s’ouvre devant Israël relevé. Dieu retient l’action des instruments de son jugement (bêtes mauvaises, oiseaux de proie et serpents venimeux) et brise les engins de guerre (arc et épée) ; son peuple repose enfin en sécurité, « en ce jour-là » (v. 18, 21), le jour de la bénédiction.
Les relations entre l’Éternel et Israël sont comparées à de nouvelles fiançailles, formées pour toujours (v. 19). Il s’agit des privilèges de la « nouvelle alliance », scellée par le sang de Christ à la croix (Jér. 31:31, 32 ; Matt. 26:28). La justice et le jugement, les bases du trône de Dieu, sont maintenant réunis pour bénir le peuple (Ps. 89:14 ; 94:15). La bonté et la vérité, qui s’étaient rencontrées à la croix de Christ (Ps. 85:10), s’associent pour bénir un peuple heureux qui connaît l’Éternel. L’harmonie est parfaite entre les cieux et la terre, la création est libérée de la servitude de la corruption (Rom. 8:21). Israël, semence de Dieu, sera semé par Dieu lui-même (c’est le sens de Jizreël) dans la terre promise aux pères (à Abraham en particulier). Dieu peut alors faire miséricorde à « Lo-Rukhama » et dire : « Tu es mon peuple » à « Lo-Ammi » (v. 23). Les citations que font les apôtres Paul et Pierre de ce passage (Rom. 9:25 ; 1 Pi. 2:10) montrent qu’il s’applique à Israël, alors que la promesse par laquelle se terminait le chapitre 1 (v. 10) annonçait au contraire la bénédiction future des nations.
Avec l’apôtre Paul, nous pouvons nous écrier : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » (Rom. 11:33).
Ce court chapitre résume par avance toute l’histoire de la nation d’Israël jusqu’au millenium. Dieu invite le prophète à accomplir un nouvel acte symbolique pour présenter un aspect de l’histoire morale du peuple pendant le temps de son infidélité, et avant son rétablissement. Ce que va vivre Osée (v. 1-3) s’applique prophétiquement à Israël (v. 4, 5).
Le prophète devait s’attacher par amour à une femme infidèle (*). Le prophète représente ici l’Éternel et la femme adultère est Israël. Le peuple avait estimé que son abandon de l’Éternel pour se choisir des faux dieux lui assurerait des avantages (symbolisés par les gâteaux de raisins (**) que Dieu lui aurait refusés). Quel égarement ! les chrétiens font de même lorsqu’ils s’éloignent de Christ, la seule source de vraie bénédiction ! Ni les plaisirs raffinés du monde, ni les délices du péché, ne peuvent jamais combler le cœur.
(*) Peut-être une autre femme que Gomer (1:3)
(**) Dans son idolâtrie, Israël offrait des gâteaux à la reine des cieux (Jér. 7:18 ; 44:19)
Ayant acquis cette femme (même pour un prix dérisoire), le prophète avait des droits sur elle : elle devait l’attendre, et lui être fidèle. Ainsi, Israël est resté longtemps sans vrai Dieu ni faux dieux (statues ou théraphim), et sans vraies relations avec l’Éternel par la sacrificature (sans éphod), privé même du culte divin (sans sacrifice). Effectivement, la ruine de la sacrificature a été consommée avant même l’instauration de la royauté en Israël ; et les deux déportations (des dix tribus en Assyrie et de Juda à Babylone) ont mis fin à toutes les offrandes des sacrifices de paix (qui représentaient les relations du peuple avec Dieu).
Encore maintenant, « ce peuple répandu loin et ravagé… attend, attend » (És. 18:7). Mais son attente ne sera pas vaine ; « à la fin des jours » (v. 5) Israël se convertira, et se tournera vers Dieu pour reconnaître Christ comme vrai Roi. Dès aujourd’hui, tous les Juifs sont toutefois invités à accepter l’évangile de la grâce pour être sauvés.
Dans cette première partie de sa prophétie (ch. 1 à 3), écrite à la veille de la disparition des dix tribus parmi les nations, Osée annonce :
Dans les trois premiers chapitres le message du prophète a été illustré par sa triste expérience du mariage. Viennent alors les textes prophétiques proprement dits.
L’état moral et religieux d’Éphraïm (les dix tribus) révélé ici par le prophète montre que sa situation était sans espoir. Dieu jugerait l’infidélité de son peuple, et irait jusqu’à endurcir son cœur (És. 6:9, 10). Toutefois, un faible espoir subsistait encore pour Juda, s’il ne suivait pas les traces d’Israël.
Comme dans un procès, nous sommes invités à prêter attention au réquisitoire par l’appel : « Écoutez la parole de l’Éternel », qui introduit la liste longue et accablante des chefs d’accusation contre Israël infidèle.
En s’éloignant de l’Éternel, le peuple avait perdu la vérité, la bonté et la connaissance de Dieu. Les conséquences de cet abandon étaient la corruption (mensonge et adultère) et la violence (meurtre, vol et effusion du sang). C’est un tableau d’une étonnante actualité du monde où nous vivons.
L’histoire des descendants de Jéhu au milieu d’Israël confirme les déclarations du prophète ; la plupart ont péri de mort violente. Toute la création animale (bêtes des champs, oiseaux des cieux et poissons de la mer) participait même aux conséquences des péchés d’Israël (v. 3). Nous constatons de nos jours la même servitude de la création aux conséquences du péché de l’homme (Rom. 8:22).
Le sort de la nation est arrêté par Dieu. Il est trop tard pour réprimander le peuple ou entrer en discussion avec lui (v. 4). En refusant le service de la sacrificature, Israël se privait ainsi de tout secours divin. Auparavant, le résidu fidèle devait encore plaider contre sa mère, symbole d’Israël (2:2). Maintenant, celle-ci allait être détruite (v. 5) : ainsi, le résidu serait épargné, mais la nation profane serait jugée.
Par la voix vibrante du prophète, l’Éternel parle encore de « Mon peuple » (v. 6, 12), avant de lui appliquer la sentence de « Lo-Ammi » (pas mon peuple). Avec douleur, Dieu constate son éloignement. Le peuple avait perdu la vraie connaissance, celle de Dieu. C’est le résultat de l’absence de crainte de l’Éternel (Prov. 1:7). En tirant son peuple hors d’Égypte, et en lui faisant le don de la loi, Dieu s’était choisi pour lui « un royaume de sacrificateurs, et une nation sainte » (Ex. 19:6). Mais Israël avait abandonné l’alliance de la loi, et la sacrificature royale lui était désormais ôtée. « Tu as oublié la loi de ton Dieu, et moi j’oublierai tes fils » (v. 6). Quelle parole solennelle ! Chaque génération conserve sa propre responsabilité devant Dieu ; mais n’oublions jamais les conséquences de notre conduite sur ceux qui nous suivent et qui sont témoins de l’exemple que nous leur laissons.
Le prophète s’adresse alors particulièrement aux sacrificateurs, au milieu de la nation sacerdotale, mise de côté dans son ensemble (v. 9). C’était comme un proverbe en Israël : « Comme le peuple, ainsi sera le sacrificateur ». La responsabilité des sacrificateurs était plus grande, car ils représentaient la nation devant Dieu. Associés aux péchés du peuple et à son aveuglement, ils réduisaient leur service religieux à des avantages matériels. En effet, les offrandes pour le péché apportées par le peuple étaient une source de gain pour les sacrificateurs. C’était déjà le péché des fils d’Éli, au moment de la ruine de la sacrificature, avant même l’instauration de la royauté (1 Sam. 2:12-17). Comment Dieu pourrait-il supporter un tel affront à sa gloire ? Dieu rétribuerait leur égarement, mis en évidence par cette déclaration : « La fornication, et le vin et le moût, ôtent le sens » (v. 11). Un exemple de l’effet des boissons fortes est donné par la conduite des deux fils d’Aaron, Nadab et Abihu (Lév. 10:1, 8-11) (*). La portée spirituelle de cette déclaration est très importante pour nous. Si notre amour pour Christ s’éteint, nous rechercherons inévitablement ce qui nourrit et excite la chair (la fornication, le vin et le moût). Alors, nous perdrons notre discernement moral et spirituel ; nous ne pourrons plus juger sainement des choses. Que de fois ne succombons-nous pas à un tel danger !
(*) Dans la scène de Lévitique 10, la comparaison des versets 8 à 11 avec le début du chapitre, permet bien de penser que Nadab et Abihu étaient sous l’influence des boissons fortes lorsqu’ils ont offert le feu étranger.
L’abandon du vrai Dieu avait conduit Israël aux pratiques superstitieuses les plus insensées (v. 12, 13). Les hommes, les premiers responsables, étaient tombés dans le mal, et Dieu les livrerait aux penchants obstinés de leur mauvais cœur (v. 14). Le même principe se retrouve dans les voies de Dieu envers les nations corrompues, qui sont livrées à l’impureté, à leurs passions, et même à un esprit réprouvé (Rom. 1:24, 26, 28). Par leur triste exemple, « ils » (les hommes) avaient entraîné au mal les femmes parmi le peuple (leurs filles et leurs belles-filles), qui pouvaient valablement faire remarquer : « Si nous avons brûlé de l’encens à la reine des cieux… est-ce sans nos maris ? » (Jér.44:19). Aussi Dieu ne punirait pas ces femmes, malgré leur péché.
Dieu engage alors Juda à ne pas suivre le funeste exemple d’Éphraïm : « Que Juda ne se rende pas coupable » (v. 15). Osée avait certainement été témoin du réveil moral de Juda sous la conduite du roi pieux Ézéchias.
Juda est expressément exhorté à ne pas participer aux festivités idolâtres de Guilgal et de Beth Aven, sanctuaires bien connus des dix tribus. Alors que ces lieux avaient perdu leur caractère d’origine, le peuple se réclamait encore de la présence de Dieu au milieu de lui, en disant : « L’Éternel est vivant ! »
Guilgal
, premier campement d’Israël dans le pays après la
traversée du Jourdain, rappelait la circoncision (symbole pour nous de la
mortification de la chair) ; c’était le point de départ de toutes les
campagnes victorieuses contre les ennemis. Maintenant, Guilgal était devenu un
lieu où la chair se manifestait sans retenue, moralement ou religieusement (9:15 ;
12:12).
De même, Béthel (la maison de Dieu), où Dieu était apparu à Jacob pour lui faire des promesses (Gen. 28:13-15), avait perdu son caractère, au point que le prophète, ironiquement, lui substitue par trois fois le nom de Beth-Aven, c’est-à-dire maison de vanité ou d’iniquité (v. 15 ; 5:8 ; 10:5).
Dans un temps où l’infidélité générale prévaut, les fidèles sont invités à s’abstenir de ce qui déshonore Dieu : ils doivent se retirer de l’iniquité, se purifier des vases à déshonneur et fuir les convoitises (2 Tim. 2:19-22).
Tout en adressant à Juda son vibrant appel à lui être fidèle, Dieu déclare dès maintenant le jugement d’Éphraïm (les dix tribus) ; il s’agit d’un endurcissement gouvernemental : « Éphraïm s’est attaché (*) aux idoles : laisse-le faire » (v. 17). Les ailes du vent (v. 19) symbolisent le jugement divin sur le terrible état moral du peuple et de ses chefs. Un autre exemple d’endurcissement est celui du Pharaon, repris par l’apôtre Paul pour illustrer le principe de la justice divine (Rom. 9:17,18). Les plaies envoyées par Dieu sur l’Égypte avaient d’abord conduit le Pharaon à endurcir son cœur (Ex. 8:32 ; 9:7). Mais, lorsque tout espoir de repentance est perdu, Dieu endurcit alors le cœur du Pharaon et le frappe de son juste jugement (Ex. 9:12 ; 10:20).
(*) Le mot « attaché » est le même que celui qui est employé pour désigner les liens provoqués par les incantations. Israël était lié par le joug de l’idolâtrie, comme ensorcelé par celle-ci et incapable de s’en libérer.
Si nous persistons à négliger les appels de Dieu et la voix de notre conscience dans notre vie personnelle ou collective, Dieu peut nous abandonner à nos propres voies, au moins pour un temps. Quel terrible état ! Que le Seigneur nous conserve un cœur sensible à ses avertissements, de sorte qu’un tel jugement nous soit épargné !
Dans le chapitre précédent, le prophète s’était adressé au peuple dans son ensemble, les « fils d’Israël » (4:1). Maintenant, son message concerne plutôt les conducteurs, à la fois en Israël et en Juda. Exhorté à ne pas imiter les infidélités d’Israël (4:15), Juda n’avait pas écouté ; il était donc passible du jugement (ch. 5). Toutefois, l’espérance d’un relèvement futur subsiste.
Osée interpelle les sacrificateurs, le peuple et la cour royale de Juda. Le jugement fondra sur eux tous, car le virus de l’idolâtrie avait infecté toutes les couches de la société.
Comme Guilgal et Béthel, la ville de Mitspa en Benjamin (Jos. 18:26) avait joué un rôle important à l’époque de Samuel, prophète, sacrificateur, intercesseur et juge (1 Sam. 7:5-17). Autrefois lieu de rassemblement pour l’humiliation devant Dieu, Mitspa était maintenant devenue un piège pour le peuple, à cause de l’idolâtrie des sacrificateurs. Il en était de même du Thabor, montagne centrale du territoire d’Israël, créée à l’origine avec l’Hermon pour célébrer la gloire de Dieu (Ps. 89:12). Les chefs religieux, les plus coupables, seraient donc châtiés par Dieu (5:2).
Mais l’état général d’Éphraïm et d’Israël n’était pas meilleur. Dieu connaissait parfaitement Éphraïm (5:3) (Héb. 4:13) ; par contre, le peuple, lui, avait perdu toute connaissance de l’Éternel (5:4). La dégradation morale et l’orgueil d’Éphraïm empêchaient son retour vers Dieu. Un même jugement atteindrait donc Éphraïm et Juda. Il serait alors trop tard pour chercher Dieu par le moyen de sacrifices (5:6). En fait, l’Éternel s’était retiré d’eux ! Terrible état, qui rappelle celui de Samson ; il ne savait pas que l’Éternel s’était retiré de lui (Jug. 16:20). La similitude sera plus claire encore dans la suite de la prophétie (7:9).
Israël avant sa déportation en Assyrie est l’image de la chrétienté professante (*) avant son jugement. Les formes religieuses peuvent subsister, sans que Dieu soit au milieu de son peuple !
(*) Constituée de ceux qui professent être chrétiens, mais qui n’ont pas la vie de Dieu.
Le jugement tomberait promptement sur eux, en « un mois ». Peut-être, Osée prédit-il ici la rapidité des jugements qui devaient atteindre Sédécias, le dernier roi de Juda (2 Rois 25:3-7).
Comme un cri d’alarme, le cor et la trompette sonnent avec éclat pour annoncer le jugement d’Éphraïm et de Juda. Guibha et Rama, deux villes de Benjamin, rappellent le triste état du peuple au temps des Juges (Jug. 19:13). C’est là qu’est maintenant décrété le jugement certain du peuple qui refuse de se repentir.
Conscients de l’imminence du danger, Éphraïm et Juda, plutôt que de retourner vers leur Dieu, se tournent vers les nations pour chercher du secours (5:13). C’est ce qui a eu lieu lorsque Menahem, roi d’Israël, s’est tourné vers Pul, roi d’Assyrie (2 Rois 15:19), et lorsqu’Achaz, roi de Juda, s’est adressé à Tiglath-Piléser, également roi d’Assyrie (2 Rois 16:7). Ce recours aux nations, loin d’apporter de l’aide, n’était qu’une étape vers le jugement divin. En effet, Dieu réveillait l’esprit des rois d’Assyrie contre son peuple, en châtiment (1 Chr. 5:26). L’état du peuple de Dieu était déjà assez triste par lui-même, sans qu’il soit nécessaire d’y impliquer les nations ennemies.
Quel contre-témoignage ne présentons-nous pas devant ce monde, quand nous lui donnons le spectacle de nos conflits intérieurs et de nos infidélités envers Dieu !
En conclusion, l’Éternel se tournait contre son peuple pour le déchirer, c’est-à-dire le châtier. L’image du lion (5:14 ; 13:7) pour désigner Dieu dans l’exercice de son jugement est frappant, car ailleurs, le lion, qui ne se détourne devant personne, symbolise la puissance de Satan (Ps. 22:13, 21 ; 1 Pi. 5:8).
N’est-il point de parole d’espoir pour le peuple coupable et accablé ? Point de remède à la blessure faite par la main de l’Éternel ?
L’Éternel, qui avait parlé lui-même pour annoncer le jugement (5:14), déclare maintenant qu’il resterait caché dans sa demeure, jusqu’à ce que son peuple reconnaisse sa culpabilité et revienne vers Lui (5:15). La détresse conduira le peuple sur le chemin de la repentance. Il ne s’approchera plus avec de vains sacrifices (5:6), mais avec un cœur contrit (Mich. 6:6-8).
« Ils me chercheront dès le matin » (5:15). Après la longue nuit de l’épreuve, se lèvera un matin sans nuage pour un peuple repentant (2 Sam. 23:3). Ce travail de la grâce dans le cœur du résidu sera produit par le Saint Esprit, en vertu de la mort de Christ, celui qu’ils avaient percé (Zach.12:10-14).
Cette promesse de Dieu inspire au prophète son émouvant plaidoyer pour encourager le peuple à revenir dès maintenant avec lui à l’Éternel (6:1-3). La ressource de la foi est toujours de se tourner vers Celui qui nous châtie pour notre bien, afin qu’il nous guérisse : « Car c’est lui qui fait la plaie et qui la bande ; il frappe, et ses mains guérissent » (Job 5:18).
Le troisième jour est d’abord une allusion mystérieuse à la résurrection de Christ « ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (1 Cor. 15:4). C’est le signe de Jonas : le Fils de l’homme a été trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matt. 12:39, 40). Mais Jonas est aussi le symbole du résidu juif jeté par-dessus bord, alors que le vaisseau des nations continue son chemin sur la mer, symbole de l’agitation des peuples. Au troisième jour, sortant des eaux de l’épreuve et de la mort, il est rejeté, vivant, sur la terre. Le prophète annonce ainsi la résurrection nationale d’Israël, comme rendue possible à cause de la résurrection de Christ. La vision des os secs transformés en une immense armée d’êtres vivants qui se tiennent sur leurs pieds confirme cette promesse (Ézé. 37:1-10).
La prophétie d’Osée va plus loin et anticipe la résurrection spirituelle du peuple, par l’effusion du Saint Esprit (symbolisée par la pluie) ; ce sont les privilèges de la nouvelle alliance, goûtés par le peuple dès l’aube du jour millénaire. La Parole nous parle des pluies de la première et de la dernière saison (Jacq. 5:7).
(*) Il ne s’agit plus de l’habitation du Saint Esprit, personne divine, dans les croyants ou dans l’assemblée ; cette habitation n’appartient qu’à la période chrétienne. Il s’agit des bénédictions accordées à la terre par les secours de l’Esprit.
Mais tout est pour la joie du divin Semeur qui revient en portant ses gerbes dans son sein ! (Ps. 126:5, 6 ; 129:7).
Dieu reprend la parole pour interpeller à nouveau les deux nations d’Éphraïm et de Juda, avant d’étendre son appel à tous les hommes (6:5-7).
« Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ? » Par cette question pleine d’amour, l’Éternel veut toucher le cœur et la conscience de son peuple tout entier ; il leur demande de porter eux-mêmes le jugement sur leur infidélité. Dieu avait déjà tant fait pour eux afin de les attirer à lui. Mais leur piété (l’expression des relations de l’âme avec Dieu) n’avait duré qu’aux premiers moments de leur existence comme nation ; « de bonne heure », elle avait disparu, comme la rosée qui s’évapore au soleil. Aimons-nous la présence du Seigneur Jésus ? Cultivons-nous la relation de notre âme avec Dieu ?
Pourtant, « se levant de bonne heure », Dieu leur avait envoyé ses serviteurs les prophètes, pour les avertir et maintenir les relations du peuple avec lui (2 Chr. 36:15, 16). C’était en vain, et le peuple avait rejeté et mis à mort les messagers de l’Éternel (Matt. 23:34, 35). Aussi, par un juste retour des choses, les prophètes eux-mêmes et la parole de l’Éternel qu’ils annonçaient, seraient les instruments d’un jugement mérité.
Un jour, la grâce sortira comme l’aube du jour (6:3). Mais, auparavant, le jugement divin doit sortir comme la lumière (6:5), avant que le soleil de justice n’apporte la guérison dans ses ailes (Mal. 4:2).
Dieu aime la bonté (6: 6) ; il se plaît à faire grâce. Le Seigneur rappelle deux fois cette déclaration du prophète (Matt. 9:13 ; 12:7). Dans les deux cas, c’est pour montrer que Dieu ne peut agréer dans l’homme que les fruits d’un bon état intérieur, et non les actes extérieurs prescrits par une religion. Le Seigneur montre aussi qu’il ne peut être satisfait que par les effets de sa propre grâce.
Les holocaustes et sacrifices offerts par l’homme ne peuvent remplacer la « connaissance de Dieu ». L’Éternel prend plaisir à la piété du cœur et à l’obéissance plutôt qu’aux formes extérieures (1 Sam. 15:22). Dieu s’est fait connaître par Christ seul, le Saint de Dieu (*), qui est venu sur la terre, s’est offert en sacrifice et a répondu ainsi à la sainteté et à l’amour divins (Ps. 40:6,7 ; Héb. 10:5-7)
(*) Cette expression parle de la bonté de Dieu, révélée en perfection en Christ (2 Chr. 6:42).
Devant la révélation de la grâce de Dieu, qu’avait fait Israël et même, tout homme sur la terre ? Ils ont transgressé l’alliance, comme Adam (*). Dans le jardin d’Éden, Adam avait violé l’alliance avec Dieu, par laquelle il pouvait goûter les bénédictions divines dans l’innocence. En prêtant l’oreille à la voix de Satan, il avait agi perfidement (avec traîtrise) à l’égard de Dieu. Israël avait fait de même en rapport avec l’alliance de la loi en Sinaï. L’apôtre Paul étend cette constatation de la double rupture des alliances (alliance des œuvres en Éden par Adam et alliance de la loi en Sinaï par Israël) à la situation de tous les hommes, car tous ont péché. Il montre alors le changement introduit par la venue de Christ, qui devient chef d’une nouvelle race (Rom. 5:14).
(*) Adam, ici, est un nom propre, celui du premier homme ; c’est aussi un nom de race, celui de la race humaine.
L’angoisse du prophète se mêle à son indignation en face de l’iniquité d’Éphraïm, qui méprisait Dieu.
Galaad (probablement Ramoth de Galaad) et Sichem
(dans la
terre d’Éphraïm) étaient deux des six villes de refuge en Israël (*). Elles avaient aussi été données aux Lévites
pour leur habitation. Loin de jouer leur rôle de protection et de repos, elles
étaient devenues le théâtre de « choses horribles », violence
(meurtres et vols) et corruption (prostitution). Ce mal était arrivé par les
sacrificateurs, qui auraient dû être des messagers de la bonté de Dieu. Même
placé dans une position privilégiée, de quoi l’homme n’est-il pas capable ?
Juda aussi, comme Éphraïm, irait en captivité.
(*) Josué 20:7-9. Nombres 35. Deut. 4:41-43.
C’est alors que jaillit l’espérance. Dieu moissonnerait un résidu pour lui en Juda, en rétablissant ses captifs pour la bénédiction (*). Ce n’est pas ici l’annonce du jugement séparatif exécuté à la consommation du siècle (Matt. 13:39 ; Apoc. 14:16), mais la confirmation d’une promesse déjà faite par Moïse (Deut. 30:3). L’amour de Dieu sera vainqueur ; Dieu aime la bonté (6:6) !
(*) La promesse est faite par Dieu à « mon peuple ». Il ne s’agit donc pas de la remontée de la déportation à Babylone, à une époque où le peuple était encore sous la sentence de : « Lo-Ammi », pas mon peuple. Le prophète parle ici d’un rétablissement encore futur pour nous.
Comme un flot tumultueux, les images de la méchanceté d’Éphraïm passent devant les yeux d’Osée. Le juge se tient déjà devant la porte (Jacq. 5:9). Le désir de Dieu de guérir son peuple n’a rencontré qu’endurcissement et duplicité de sa part. Ses péchés l’ont comme entouré d’une ceinture.
Israël encourage même le roi et les princes dans leur iniquité, et tous ensemble, ils commettent adultère (moralement et spirituellement, en poursuivant l’idolâtrie). Il est terrifiant de constater la ruse des chefs pour accomplir le mal, et tromper le peuple. Le gâteau levé (image de la corruption morale ou des fausses doctrines) doit être cuit à point, sans surchauffe, dans le four de leur cœur, pour gorger le peuple de cette nourriture empoisonnée. Pendant la nuit, le boulanger (image de la conscience) dort. Le parallèle avec l’activité inlassable et subtile des faux docteurs dans la chrétienté est saisissant ! La corruption religieuse entraîne alors la corruption morale (l’ardeur du vin en 7:5). Perdant tout sens moral, les rois d’Israël contemporains d’Osée sont tombés dans la violence. Le péché du peuple est retombé sur eux, les plus responsables. Les chefs, les juges et le peuple se sont alors entre-détruits. Cette sombre période est relatée dans le livre des Rois (2 Rois 15:10, 14, 25, 30).
Le prophète poursuit la comparaison entre Éphraïm et le gâteau levé. Israël aurait dû être un gâteau sans levain, saint, consacré à l’Éternel (Jér. 2:3). Au contraire, mêlé aux nations idolâtres (l’Égypte et l’Assyrie), il est devenu un gâteau levé, surchauffé dans le four de leurs cœurs, et qui n’a pas été retourné ; il n’est plus bon à rien. Cette situation d’Israël est à rapprocher de celle de Moab, comparé à du vin mêlé à sa lie (Jér 48:11). Rappelons-nous que si l’Église du Seigneur se mêle au monde et à son système, elle perd son caractère de sanctification et son parfum pour son Sauveur !
Éphraïm n’avait pas conscience de son état ; il avait perdu sa force au contact des nations, et la grâce de sa jeunesse : « et il ne le sait pas ». Le parallèle avec Samson est solennel, et devrait parler au cœur de chacun ! La conscience du déclin de la chrétienté devrait nous garder de tout orgueil spirituel ; celui-ci va de pair avec la perte du discernement du bien et du mal. Colombe niaise, Éphraïm volait çà et là pour chercher du secours auprès des nations. Dieu étendrait son filet pour la reprendre et la châtier en lui ôtant sa liberté. Effectivement, Israël a bien été déporté en Assyrie, en perdant son identité nationale (2 Rois. 17:6).
Le désir de Dieu était de racheter son peuple. Mais, en réponse à tant de compassions divines, qu’a fait Israël ? —
1. Il s’est enfui loin de Dieu ;
2. il s’est rebellé contre lui ;
3. il lui a menti ;
4. il s’est retiré de lui ;
5. il a médité du mal contre lui, et enfin,
6. il ne s’est pas tourné vers le Très-Haut.
Sensible à sa propre misère, le peuple hurlait bien de douleur, mais sans crier à Dieu, et sans reconnaître son péché pour implorer le pardon (Ps. 32:5). Plutôt que de se tourner vers Dieu, il est allé chercher du secours en Égypte, et elle s’est moquée de lui (v. 16).
Ne cherchons donc pas de secours dans le monde, mais prions le Seigneur (7:7) ; tournons-nous vers lui pour le rechercher (7:10). Il est fidèle et veut nous guérir (7:1).
Pour décrire l’état moral du peuple d’Israël, le prophète avait employé jusqu’ici plusieurs symboles : une femme adultère — un homme ivre — une génisse rétive — une troupe de voleurs, de brigands et d’assassins — une pâte levée — un gâteau non retourné — une colombe niaise — un arc trompeur.
Deux autres images y sont maintenant ajoutées : un vase auquel on ne prend pas plaisir (8:8), et un âne sauvage (8:9). Tous ces symboles servent à décrire les divers aspects du péché du peuple, qui avait oublié Dieu pour rechercher l’appui du monde, et s’était enfoncé dans l’idolâtrie, en vivant pour lui-même. Le tableau figurant à la page 284 regroupe ces symboles, en soulignant leur signification morale pour nous. Laissons-nous sonder par la force de ces expressions, et demandons à Dieu de nous garder de ces divers dangers ou de nous en délivrer si nous nous sommes laissés entraîner par l’un ou l’autre d’entre eux.
Tout au long de son livre, Osée s’est élevé par tous les moyens (supplications, avertissements) contre le péché d’Israël. Il cherche à empêcher le peuple de tomber dans la fosse de destruction. Le prophète emploie ici (8:1) les mêmes termes que le Seigneur pour annoncer les jugements à la consommation du siècle : le son de la trompette, et l’aigle qui fond sur sa proie avec rapidité (Matt. 24:28, 31). Le jugement est appelé sur la « maison de l’Éternel » qui désigne les dix tribus, c’est-à-dire Éphraïm. Le peuple est donc vu ici sous son caractère de maison de Dieu sur la terre, au moins extérieurement. Aujourd’hui, la chrétienté est cette grande maison, par laquelle Dieu commencera son jugement (1 Pi. 4:17).
Si Israël avait été fidèle, Dieu aurait été son seul roi. Au lieu de cela, le peuple s’était « fait des rois… et des princes », mais non selon l’Éternel, en se cachant même de lui (8:4). Ce rejet de l’autorité de Dieu était une infidélité particulièrement grave : au temps d’Osée, les rois d’Israël n’étaient plus de descendance royale, et n’étaient pas établis par ordre divin. De plus, Israël avait ajouté l’abandon de Dieu en établissant un culte païen. Jéroboam I avait placé un veau d’or à Béthel et un autre à Dan, pour sceller dans l’idolâtrie l’unité politique du royaume des dix tribus (1 Rois 12:28, 29).
Sous ce double point de vue (politique et religieux) le peuple avait donc « semé le vent » (8:7). En juste rétribution, il devait donc « moissonner le tourbillon » (ou récolter la tempête) et Dieu déclare : « Ma colère s’est enflammée contre eux ».
L’Assyrien allait fondre comme l’aigle sur Israël, et ses idoles seraient détruites, en particulier les veaux de Samarie. La moisson en Israël serait donc un jugement de destruction, plutôt qu’une récolte, et aucun fruit ne serait produit pour Dieu. La tige de blé serait stérile ; et si même de la farine avait été produite, la nourriture aurait été dévorée par les étrangers. Israël lui-même était dévoré ; il était devenu un vase vide qui n’apporte aucune joie à celui qui le possède (8:7, 8). Quelle différence avec le Fils de Dieu, en qui le Père trouvait tout son plaisir, car il faisait toujours les choses qui lui plaisaient (Matt. 3:17 ; 17:5 ; Jean 8:29) ! Toutefois, dans sa grâce, Dieu n’en restera pas là envers son peuple, et opérera pour lui faire porter du fruit (14:8).
Éphraïm avait abandonné Dieu pour chercher du secours auprès des nations, notamment l’Assyrie. Menahem avait signé un pacte avec Pul, roi d’Assyrie (2 Rois 15:19). Israël est comparé à un âne sauvage, farouchement épris de liberté, et que personne ne peut dompter. Si le chrétien, dans sa vie pratique, n’accepte pas le joug aisé de son Sauveur, et recherche l’appui du monde, il perd sa liberté chrétienne et se place sous l’esclavage des hommes, loin de toute bénédiction divine.
Israël avait « rejeté les eaux de Siloé, qui vont doucement ». Dieu lui enverrait donc « les eaux du fleuve, fortes et grosses, le roi d’Assyrie, et toute sa gloire » (És. 8:5, 7). Dieu allait se servir des nations mêmes avec lesquelles Israël avait fait alliance, pour châtier son peuple. Ainsi, Shalmanéser, roi d’Assyrie, a opprimé Israël sous le règne d’Osée, et l’a finalement déporté dans son pays (2 Rois 17:3, 6). Au-delà des Assyriens, le « roi des princes » désigne peut-être aussi Nebucadnetsar, qui devait jouer un rôle si important dans les relations de Dieu avec Juda.
Le grand péché d’Éphraïm demeurait l’idolâtrie. Il avait multiplié les autels et offrait dessus des sacrifices aux faux dieux, c’est-à-dire aux démons, en rejetant le vrai Dieu. La controverse entre l’Éternel et son peuple au sujet des idoles culmine dans cette déclaration divine : « J’ai écrit pour lui les grandes choses de ma loi ; elles sont estimées comme une chose étrange (ou étrangère) » (8:12). La soumission de cœur à la parole de Dieu est la condition pour toute bénédiction et le préalable à tout service.
Pourtant, Éphraïm idolâtre prétendait continuer le service divin (8:13). Or, « le sacrifice des méchants est en abomination à l’Éternel » (Prov. 15:8). Aussi Dieu ferait-il retourner Israël « en Égypte » (8:13 ; 9:3, 6). Pourtant, le prophète annonce le fait historique qu’Israël serait déporté en Assyrie, et non pas en Égypte (11:5). Cette captivité en Égypte est donc une image. Israël avait recherché l’appui des nations (y compris l’Égypte) ; il devrait donc à nouveau connaître la servitude dont Dieu l’avait autrefois délivré. Mais ce jugement moral serait matérialisé par le joug de l’Assyrie.
Juda, quant à lui, était extérieurement plus fidèle qu’Israël, mais son cœur s’était aussi éloigné de Dieu (6:11 ; 8:14 ; 12:1). Déjà au temps du réveil d’Ézéchias et de l’attaque de Sankhérib, Juda ne regardait plus vers Dieu qui permettait l’épreuve (És. 22:11). Puis, au temps de Josias, Dieu sondait l’état de « Juda la perfide » par comparaison avec « Israël l’infidèle » (Jér. 3:6, 11). Le jugement divin devrait atteindre l’un et l’autre, mais à des moments différents.
Dans leur ignorance et leur superstition, les nations pouvaient s’étourdir dans les joies factices du monde. Il ne pouvait pas en être de même d’Israël qui avait abandonné son Dieu : sa joie lui était ôtée (9:1). Aujourd’hui encore, un chrétien mondain qui ne goûte pas la communion avec Dieu ne peut être heureux. Ni le souvenir des bénédictions passées, ni les citernes crevassées du monde ne rafraîchissent le cœur ; en fait, toute joie est perdue.
Israël cultivait pour lui-même le froment (fruit de l’aire) et le vin ou le moût (fruit de la cuve). Ses aliments lui seraient ôtés pour être remplacés par la nourriture impure de l’Assyrie, pays de leur captivité. En prétendant servir Dieu, Israël se servait lui-même. Il offrait des sacrifices à l’Éternel dans le but de les manger : « leur pain est pour eux-mêmes » (9:4). De telles offrandes n’avaient pas d’accès « dans la maison de l’Éternel ». Les œuvres religieuses des hommes, accomplies pour la satisfaction de la chair (Col. 2:23), ne peuvent jamais plaire à Dieu. Vivons-nous pour nous-mêmes ou pour Christ ?
Le prophète revient sans transition à Juda : Quel souvenir garderait-il des bénédictions perdues lorsqu’il serait en captivité en Égypte ? Malgré l’avertissement de Dieu, un reste de Juda y descendra en effet (*), pour échapper à la déportation en Chaldée (Jér. 42:19 ; 43:7). Alors que ses biens les plus précieux seraient la proie de ses ennemis, Juda allait rencontrer la mort et la malédiction (figurées par les ronces et les épines).
(*) Ces événements ont eu lieu 150 ans environ après la prophétie d’Osée, mais pour Dieu le temps ne compte pas.
Ce serait le jour de la visitation et de la sanction, le jour du jugement. On est loin de la visitation en grâce du peuple par l’Éternel, comme au temps de Ruth (Ruth 1:6). Plus tard, ni le peuple de Dieu, ni la ville de Jérusalem ne connaîtront la visitation de l’Orient d’en haut (Luc 1:78 ; 7:16 ; 19:44) pour la bénédiction, et le jugement fondra sur la nation qui a rejeté son Messie.
Devant la grandeur de l’iniquité du peuple, le prophète est comme saisi de folie. Le mal était comparable au crime de Guibha, au temps des Juges, dont le résultat avait été la disparition presque complète de la tribu de Benjamin (Juges 21:3).
Dieu rappelle ce qu’Israël avait été pour lui dans le désert au commencement, en utilisant l’image habituelle de la vigne et du figuier ; Israël était comme des raisins dans le désert, qui donnent de la joie à celui qui les trouve, et comme les premières figues de la récolte, dont la douceur était proverbiale. Le peuple était alors les prémices des fruits pour Dieu (Jér. 2:2) ; et Balaam avait été contraint de dire de lui : « Que tes tentes sont belles, ô Jacob, et tes demeures, ô Israël » (Nom. 24:5). Hélas, la grave faute de Baal-Péor avait immédiatement suivi. Israël avait alors succombé à l’idolâtrie et à la fornication, entraîné par la perfidie du méchant prophète (Nom. 25:1, 2 ; Apoc. 2:14).
Éphraïm (son nom signifie double fertilité) était autrefois semblable à une ville prospère (Tyr) plantée dans une campagne fertile (9:13).Il allait devenir comme une femme stérile, privée de son identité, de sa gloire, et de toute descendance. Si les chrétiens oublient leur vocation céleste, ils perdront leur dignité morale devant le monde.
Le prophète est contraint à en appeler au jugement divin (9:14), qui confirme qu’Israël serait frappé de stérilité. À Guilgal le peuple avait été libéré de l’opprobre de l’Égypte, pour être sanctifié pour Dieu. Maintenant, au mépris de la sainteté de Dieu, Israël étalait là toute sa méchanceté, sans honte, ni retenue. Dieu ne pouvait supporter un tel affront, et les chasserait de sa maison. Il doit retenir ses affections, au moins pour un temps, jusqu’à ce qu’il puisse les aimer « librement » (14:4).
Un double jugement est ajouté :
Symboles des divers aspects du péché du peuple (Osée 8) Se reporter au
Ordre |
Symbole |
Signification morale |
Remède |
1 |
Femme adultère : 1:2 |
Infidélité à Dieu |
« Demeurez dans mon amour » Jean 15:2 |
2 |
Homme ivre : 4:18 ; 7:5 |
Perte de la spiritualité |
« Soyez remplis de l’Esprit » Éph. 5:19 |
3 |
Génisse rétive : 4:16 |
Insoumission à Dieu |
La croix de Christ Gal. 2:20 |
4 |
Troupe de voleurs : 6:9 ; 7:1 |
Violence collective |
Méditation de la Parole : Ps. 1:1 |
5 |
Pâte levée : 7:4 |
Abandon de la séparation |
Ôter le mal dans nos vies Gal. 5:9 |
6 |
Gâteau non retourné : 7:8 |
Hypocrisie (deux faces) |
Sentir ses misères Jac. 4:9 |
7 |
Colombe niaise : 7:11 |
Instabilité (va de droite à gauche) |
La foi en Dieu |
8 |
Arc trompeur : 7:16 |
Manque le but |
Christ, notre but Phil. 3:14 |
9 |
Vase pour le « déplaisir » : 8:8 |
Dépravation, inutilité |
Se purifier, se séparer 2 Tim. 2:21 |
10 |
Ane sauvage : 8:9 |
Obstination ; vie pour soi |
Prendre le joug de Christ Matt. 11:29 |
La vitalité d’une vigne ne se montre pas dans ses branches, mais dans le fruit qu’elle porte pour son cultivateur. Israël, transporté d’Égypte pour être « la vigne de l’Éternel des armées » (Ps. 80:8 ; És. 5:7), avait autrefois porté du fruit pour Dieu (9:10). Maintenant, la vigne refusait son fruit à son propriétaire, et ne vivait que pour elle-même. Bien plus, pour chaque bénédiction accordée par Dieu, le peuple rendait gloire à ses viles idoles. Aussi, Dieu abattrait leurs autels et leurs statues, et permettrait un temps d’anarchie politique, où un roi ne leur serait d’aucun secours.
Parmi les maux en Israël, figure le bavardage. Notre époque n’est-elle pas marquée par la profusion des moyens de communication et d’information ? Satan se sert de ce verbiage pour masquer l’essentiel aux hommes : la voix de Dieu par sa Parole, la Bible.
Le peuple et son roi sont accusés de traîtrise. En effet, Osée (roi d’Israël) avait conclu une alliance de soumission avec Shalmanéser, roi d’Assyrie, tout en complotant en secret avec Sô, roi d’Égypte (2 Rois 17:3, 4). De la même manière, deux cents ans plus tard, Sédécias, roi de Juda, s’engagera par serment au nom de l’Éternel devant Nebucadnetsar, pour rompre ensuite son serment en appelant l’Égypte à l’aide (2 Chr. 36:13 ; Ézé. 17:18). Quel contre-témoignage devant le monde, quand les chrétiens ne respectent pas leur parole ! Le jugement appelé sur Israël à cause de son parjure est comparé à une plante vénéneuse (un véritable poison) qui empêche la moisson.
En face du jugement, que fait Israël ? Il s’inquiète pour ses idoles et les richesses qu’elles représentent. Le prophète identifie Béthel, autrefois la maison de Dieu, qui abrite maintenant un veau d’or (déjà depuis Jéroboam I), avec Beth-Aven, une maison de vanité ou d’iniquité (4:15 ; 5:8 ; 10:8). L’idolâtrie est toujours une abomination pour Dieu. Le transfert des idoles (symbole de la prospérité matérielle du peuple d’Israël) par les ennemis serait pour la honte des sacrificateurs idolâtres (les Camarim).
Dès lors, Israël et son roi sont déportés en Assyrie. Cette prophétie s’est accomplie à la lettre (2 Rois 17:4-6 ; 18:9-12), du vivant même du prophète Osée. La terre d’Israël devient un désert ; les épines et les ronces, souvenir de la malédiction de la terre après la faute d’Adam (Gen. 3:18), couvrent désormais les autels et cachent l’idolâtrie d’Éphraïm. La honte et la peur sont la part du peuple coupable, dont l’histoire nationale est désormais close, jusqu’à son rétablissement à venir, encore futur pour nous.
Cette prophétie d’Osée annonce en outre des événements ultérieurs. Un autre jugement atteindra Juda, coupable du rejet et de la mort du Messie. Le Seigneur (le bois vert pour Dieu) annonce ainsi la condamnation du bois sec (Israël sans Dieu), en employant les paroles d’Osée (10:8) (Luc 23:28-31). Enfin, à l’ouverture du sixième sceau de l’Apocalypse, la terreur des hommes devant la colère de l’Agneau s’exprimera par le même cri d’angoisse (Apoc. 6:15-17). Quelle fin tragique !
La triste affaire de Guibha de Benjamin n’avait jamais été complètement réglée devant Dieu et, comme un levain, avait pénétré la masse du peuple pour le corrompre. À l’époque, la tribu de Benjamin avait bien été châtiée pour sa faute par les autres tribus. Mais « les fils d’iniquité » (10:9), les vrais coupables de la monstruosité commise, avaient échappé au jugement.
Ce jugement de Guibha présageait un jugement plus sévère encore, celui de tout Israël. Dieu se servirait alors des nations pour châtier à la fois Juda (et Benjamin) et Éphraïm (les dix tribus), « liés pour leurs deux iniquités ». Il semble que celles -ci soient :
Ce sont précisément les deux grands sujets de controverse entre Dieu et son peuple dans la prophétie d’Ésaïe. Éphraïm et Juda seraient ainsi soumis au joug des nations. Esclaves, ils travailleraient pour d’autres (10:11), parce qu’ils avaient « labouré la méchanceté, moissonné l’iniquité, mangé le fruit du mensonge » (10:13).
Le prophète interrompt ce triste tableau de jugement pour adresser au peuple un vibrant appel de grâce (10:12), en poursuivant la même image des travaux dans les champs : semer en justice pour moissonner selon la piété, recommencer une nouvelle vie, en recherchant l’Éternel. Dieu ne manquerait pas de répondre ; il viendrait pour arroser par sa justice le terrain préparé, et faire descendre une pluie de bénédiction (6:3). Ce serait l’aube du jour de la délivrance du peuple. Combien il est touchant de voir comment Dieu répond au moindre mouvement du cœur vers lui !
Toutefois, le chapitre se termine sur l’aube d’un autre jour, celui du jugement qui marquerait la fin de l’histoire d’Éphraïm (10:13-15). « Vous avez labouré la méchanceté » : comme souvent dans la prophétie d’Osée, les images suscitent la pensée. Ce labourage peut évoquer le joug des nations placé sur le peuple comme conséquence de son iniquité. Ailleurs, le labourage parle du travail opéré dans un cœur pour le ramener à l’Éternel.
Béthel avait été le lieu où Dieu avait confirmé ses promesses à Jacob et à sa descendance (Gen. 28:13.19). Devenu maintenant le centre de l’apostasie, Béthel était le témoin de la méchanceté des propres descendants de Jacob (10. 15).
Les deux premières parties de la prophétie (ch. 1 à 3 et ch. 4 à 10) soulignaient la désobéissance du peuple et annonçaient le jugement qui allait suivre. Cependant, la bénédiction et la gloire à venir sont promises au résidu d’Israël qui se tournera vers Dieu.
Dans la dernière partie, brille tout l’amour de Dieu pour son peuple. Il lui rappelle sa tendresse et ses soins, pour faire briller l’espérance au milieu des jugements (ch. 11 à 13), prélude à la restauration finale par la repentance (ch. 14).
Dieu avait aimé son peuple terrestre dès les premiers jours de son histoire Il l’avait appelé hors d’Égypte comme son propre fils, son premier-né (Ex. 4. 22:23). Bien qu’Osée ait Israël en vue dans ce passage, la citation de l’évangile selon Matthieu (Matt. 2:15) révèle que cette prophétie s’est pleinement accomplie dans le Fils de Dieu, le petit enfant réfugié en Égypte, hors d’atteinte de la folie meurtrière du roi Hérode. Christ s’est ainsi identifié à son peuple d’une façon merveilleuse. Il a recommencé l’histoire d’Israël pour la gloire de Dieu et la réalisation de ses desseins.
La tendresse de Dieu pour Éphraïm est d’une grande beauté ; c’est toute l’affection d’une mère et d’un père pour leur cher enfant (Deut. 1:31 ; Act. 13:18) : lui apprendre à marcher, le prendre dans ses bras quand il est fatigué, le tenir près de soi par des « liens d’amour », lui donner doucement à manger.
Pourtant, Dieu dit de lui : « Ils ne savaient pas que je les guérissais ». Quelle tragique inconscience ! Israël a répondu aux soins de Dieu en se détournant du Très-Haut, pour s’attacher aux idoles (11:2), déjà pendant la traversée du désert (Amos 5:25-27 ; Act. 7:42, 43). Constamment, le peuple retournait de cœur en Égypte, en oubliant son esclavage (Nom. 14:4). Mais Dieu le déporterait en Assyrie pour qu’il connaisse une autre forme d’esclavage. Insensible à l’amour divin, obstiné dans son refus de Dieu, tel a été Israël. La conséquence inéluctable est le jugement et la destruction.
Que l’exemple d’Israël nous serve ! Sommes-nous profondément conscients des soins de Dieu à notre égard ? Il nous a délivrés d’un esclavage plus cruel que celui du Pharaon. Comment répondons-nous à tout l’amour de Dieu ? Veillons toujours sur nos affections pour Christ, afin que nous ne devions pas reconnaître à la fin, comme Israël : « Éternel, notre Dieu, d’autres seigneurs que toi ont dominé sur nous » (És. 26:13).
Dieu avait déjà demandé : « Que te ferai-je Éphraïm ? » (6:4). Maintenant, il ajoute : « Que ferai-je de toi, Éphraïm ? » (11:8).
Quelle que soit la grandeur du péché d’Israël, Dieu s’est toujours préservé un résidu (Rom. 11:4, 5). Il n’a pas abandonné son peuple, et ne l’a pas livré au jugement, comme les royaumes d’Adma et de Tseboïm, lors de la subversion de Sodome et de Gomorrhe (Gen. 14:2, 8 ; Deut. 29:23). Non, Dieu est Dieu et non pas un homme, et ses compassions (*) sont émues. Son but en amour n’était pas de détruire son peuple, mais de lui faire grâce et de le bénir. Il avait dû le punir à cause de ses fautes, mais un jour viendrait où il donnerait libre cours à ses compassions. Il l’a fait en Christ, son Fils unique appelé hors d’Égypte. En Jésus, Dieu a révélé sa grâce, non seulement à Israël, mais à toute l’humanité (Jean 3:17).
(*) Les compassions de Dieu sont :
Au rugissement du lion de Juda (Christ lui-même), le résidu du peuple sortira un jour des pays de sa captivité (És.11:11), comme des oiseaux libérés de leur cage. Avec empressement, mais avec crainte, Israël sera alors rassemblé par Dieu dans ses demeures.
Le chapitre 11 a présenté tout le tableau résumé de l’histoire du peuple depuis sa sortie d’Égypte, jusqu’à son rétablissement dans sa terre sous le royaume millénaire de Christ. L’Esprit développe maintenant (ch. 12) un autre côté des relations de Dieu avec Israël.
Au temps où Osée prophétisait, l’état moral d’Éphraïm était encore bien différent de celui de Juda. Éphraïm n’était pas droit envers Dieu ; il pratiquait le mensonge, la fraude et la fausseté. Ayant semé le vent (8:7), il s’en nourrissait (12:2), c’est-à-dire cherchait son plaisir dans les choses vaines (És. 58:13), en oubliant Dieu pour s’allier aux nations idolâtres.
Juda, au contraire, n’avait pas encore abandonné le vrai Dieu, grâce à l’impulsion donnée par des rois fidèles tels qu’Abija, Asa, Josaphat et Ézéchias (2 Chr. 13:10 ; 15:15 ; 19:3). Mais Dieu connaissait la suite de l’histoire de Juda, et avait déjà un débat avec lui (12:3). Juda est assimilé ici avec Jacob, bien que les dix autres tribus (Éphraïm ou Israël) soient également issues de lui. En effet, la conduite de Juda reproduisait bien des traits de celle de son père. Aussi l’histoire personnelle de Jacob est-elle prise comme symbole des voies de Dieu envers le peuple de Juda.
Les quelques circonstances de la vie du patriarche rappelées par le prophète sont de toute importance pour nous. La naissance même de Jacob (Gen. 25:26) justifie son nom (celui qui supplante) et préfigure ce que sera sa vie, une succession de conflits. Pourtant, Jacob désirait la bénédiction de Dieu.
À l’issue de la lutte avec l’Ange à Peniel (Gen. 32:24-32), l’Éternel change le nom de Jacob en Israël (vainqueur ou prince de Dieu). Mais Osée révèle ici le secret de la victoire pour Jacob : la foi, la repentance et la prière (« il pleura et le supplia ») ; et son infirmité (la hanche luxée), témoignage constant de sa faiblesse, serait le secret de sa force (2 Cor. 12:9,10).
Le soleil s’était couché à Béthel lors de la première rencontre avec Dieu, quand Jacob s’enfuyait de devant Ésaü son frère, qu’il avait trompé (Gen. 28:11). Mais, à Peniel, l’aurore puis le soleil se lèvent sur Israël (vainqueur de Dieu), à l’issue du combat qui a délivré son âme parce qu’il avait vu Dieu face à face. Sa communion avec Dieu ne sera retrouvée qu’à Béthel, après que Jacob et sa maison se seront purifiés des idoles. Dieu lui déclare alors son propre nom (ce qu’il n’avait pas fait auparavant), parle avec lui (Gen. 35:11, 14), et lui confirme le changement de son nom de Jacob en Israël.
Dieu se nomme ici « l’Éternel (Jéhovah) ». C’est à Moïse que le Dieu des patriarches, le « Dieu Tout-puissant », s’était révélé pour la première fois sous son nom d’alliance et son mémorial (12:6) (Ex. 3:15 ; 6:2-4). Pour que Juda puisse retrouver la jouissance de cette relation d’alliance avec son Dieu, il devra connaître une vraie conversion, comme Jacob à Peniel, puis à Béthel.
Cet appel de l’Esprit de Dieu conclut cette brève rétrospective sur la vie du patriarche (12:7). Dans l’humiliation et la repentance, Juda reviendra vers Dieu ; les relations de communion avec lui seront rétablies (la piété), le peuple aura le discernement pour juger entre le bien et le mal (le jugement), et se confiera en Dieu (l’attente). La portée morale pour nous chrétiens est aussi claire qu’importante.
Le prophète revient alors à Éphraïm ; ce sera le sujet de toute la fin de la prophétie. Il le nomme « marchand » ou Cananéen (*). Tout en lui n’est que fausseté et corruption, en violation continuelle des commandements explicites de la loi (Lév. 19:36). C’est plus que l’ignorance de son propre état, comme précédemment (7:9). La conscience, volontairement endurcie, refuse de reconnaître son péché, en prétextant que son iniquité ne peut être prouvée (v. 9).
(*) À cette époque, les Cananéens ou Phéniciens étaient les plus grands marchands (Ésaïe 23:11 ; Ézé. 17:4). Leur âpreté au gain et leur fourberie étaient proverbiales. Éphraïm leur est comparé.
Avant de reprendre le cours de ses justes reproches, Dieu témoigne de sa grâce inaltérable, que l’infidélité d’Éphraïm ne pouvait interrompre. L’Éternel n’avait pas cessé d’être son Dieu dès la sortie d’Égypte, et lui accorderait dans l’avenir le repos de la fête des tabernacles (v. 10). Dieu avait parlé à son peuple par des prophètes, en visions et par des similitudes.
L’Esprit reprend l’exemple de Jacob pour l’appliquer maintenant à Éphraïm plutôt qu’à Juda. Après avoir trompé Ésaü, Jacob s’était enfui en Syrie pour y connaître le dur labeur de l’esclavage, en vue d’acquérir Rachel, la femme qu’il aimait. Malgré cela, sa foi en Dieu n’avait pas été ébranlée. Dieu l’avait délivré de la main de Laban et l’avait richement béni. Plus tard, Israël a aussi été délivré de son esclavage en Égypte, par un prophète (Moïse), qui lui a fait traverser le désert.
Cette même grâce divine s’est exercée à l’égard d’Éphraïm dans la suite de son histoire. Quelle a été la réponse du peuple ? Édifier des autels idolâtres (qui seraient transformés en tas de pierres), manifester sa vanité dans les plaines de Galaad, et son infidélité à Guilgal (*). C’est pourquoi cette triste scène se termine par un constat de jugement. Toutefois, l’Éternel se nomme encore le Seigneur d’Éphraïm, car il ne peut renier son peuple, malgré le jugement dont il le frappe.
(*) Guilgal, le lieu du secret des victoires pour Israël, avait perdu son caractère ; là se déployaient les tristes actions de la chair (4:15 ; 9:15 ; 12:12; Amos 4:4 ; 5:5)
Ce chapitre exprime à nouveau le contraste entre l’amour de Dieu pour son peuple et le jugement de ses graves infidélités. Comme un dernier orage, les paroles du prophète annoncent la destruction d’Éphraïm (ch. 13), avant le lever du jour sans nuage de la délivrance et de la bénédiction (ch. 14).
Éphraïm, second fils de Joseph, occupait autrefois une place prédominante en Israël (v. 1). Les autres tribus respectaient sa puissance.
Selon la prophétie de Jacob, sa descendance devait être « une plénitude de nations » (Gen. 48:19. Déjà au temps de Josué, Éphraïm, conscient de sa propre importance, se considérait comme un peuple nombreux qui aurait dû, sans combattre, recevoir un héritage agrandi (Jos. 17:14-18). Dans un esprit de jalousie, Éphraïm conteste ensuite fortement avec Gédéon (Jug. 8:1-3), puis, au temps de Jephté, engage une guerre civile qui coûtera la vie à 42 000 personnes (Jug. 12:6). Osée montre ici comment Éphraïm continue à s’enfoncer dans le péché (v. 2) ; aussi disparaîtra-t-il comme la nuée matinale, comme la rosée, comme la balle, comme la fumée (v. 3). Toutes ces images expriment la vanité et le caractère éphémère de la vie humaine. C’est ainsi que Dieu nettoierait entièrement son aire, là où le blé est séparé de la balle (Matt. 3:12). Cette prophétie s’est accomplie à la lettre ; les dix tribus sont encore dispersées parmi les nations aujourd’hui, et leurs traces sont perdues. Il faudra attendre des temps futurs pour qu’Éphraïm soit débarrassé de ses tendances à la domination sur les autres et à la jalousie : « Et la jalousie d’Éphraïm s’en ira… Éphraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda » (És. 11:13).
Toutefois, Israël demeure le blé battu de l’Éternel (És. 21:10), qui sera un jour rassemblé comme le froment dans son grenier. Et Dieu revient à la manifestation de sa grâce envers son peuple, depuis la sortie d’Égypte. Il demeure leur seul Dieu et leur seul Sauveur. Éphraïm, insensible à tant de grâces, s’était élevé dans son cœur et a oublié Dieu.
Mais Dieu ne pouvait les oublier, pas plus que leur ingratitude. Il allait les livrer au jugement désastreux des bêtes mauvaises (Ézé. 14:21) : le lion, le léopard, l’ours, et les bêtes des champs (v. 7, 8). On remarque la similitude frappante avec les images des empires des nations (Babylone, la Grèce, l’empire médo-perse et Rome ; Daniel 2 et 7), dont Dieu s’est servi pour châtier Juda, infidèle lui aussi (*).
Israël avait persisté dans son opposition à Dieu, pour sa propre destruction (v. 9). Les rois que le peuple s’était choisis ne lui seraient d’aucun secours. Le fait même de demander un roi était déjà un abandon du vrai Dieu (1 Sam. 8:7). La déclaration divine : « Je t’ai donné un roi dans ma colère, et je l’ai ôté dans ma fureur » (v. 11) s’était réalisée en premier lieu en Saül, le roi selon la chair : Dieu avait d’abord accédé à la demande du peuple pour ensuite rejeter ce roi infidèle (1 Sam. 15:35 ; 16:1). Mais la portée de cette déclaration s’étend jusqu’à la fin de l’histoire du peuple : Jéhu a été donné à Israël comme instrument de la colère divine ; puis la plupart de ses descendants ont péri de mort violente, car « la fureur de l’Éternel monta contre son peuple » (2 Chr. 36:16).
Si nous refusons de l’écouter, Dieu peut nous abandonner aux conséquences de notre conduite, et nous faire goûter plus tard les fruits amers de nos infidélités.
Le péché d’Éphraïm est encore lié sur lui. Le procès est clos, toutes les preuves de la culpabilité du peuple sont établies. Il doit recevoir sa juste rétribution par les jugements.
La comparaison avec les douleurs de l’enfantement montre le caractère inévitable et soudain des jugements (*). Un vent desséchant fera tarir toutes les sources de rafraîchissement et de joie en Israël (v. 15). Et l’Assyrien, dans sa haine aveugle, apportera la mort à tous : hommes, enfants et futures mères. Quelle terrible scène !
(*) La même image sera reprise par l’apôtre Paul pour décrire les jugements des nations christianisées après l’enlèvement de l’Église (1 Thess. 5:3).
Alors, sans transition, Dieu fait luire les rayons de sa grâce. Bien qu’Éphraïm ne se repente pas encore, le Messie accomplirait envers lui une œuvre de délivrance (v. 14). La citation que fait l’apôtre Paul de cette promesse montre que sa portée s’étend bien au-delà de la terre et du peuple d’Israël, à tous les rachetés célestes (1 Cor. 15:55).
La mort et la résurrection du Sauveur opèrent la libération du peuple terrestre de Dieu. Si l’œuvre de la croix en faveur de la nation juive est maintenant pleinement accomplie (Jean 11:51 ; 19:30), toutefois ses effets restent encore à venir. Par sa mort, Christ a annulé la mort, pour l’engloutir en victoire (2 Tim. 1:10 ; És. 25 ; 8). Ainsi, l’opprobre du peuple terrestre de Dieu sera à jamais ôté « de dessus toute la terre ».
Mais l’œuvre de la rédemption opère aussi la délivrance du peuple céleste de Dieu. Les « pestes » de la mort rappelaient à Israël un des quatre jugements (*) désastreux de l’Éternel. L’apôtre Paul, dans le passage rappelé plus haut, parle plutôt de l’aiguillon de la mort, en comparant celle-ci à un scorpion, dont le pouvoir de nuire est dans la queue (Apoc. 9:10). Sa piqûre et son venin mortels (spirituellement parlant) sont le péché, qui trouve sa puissance dans la loi. Ainsi, l’homme est atteint par une blessure mortelle, et la perspective de la mort entretient en lui un tourment perpétuel. Quelle terrible situation pour tout homme !
(*) Ce sont : l’épée, la famine, les bêtes mauvaises et la peste (Ézé. 14:21).
L’œuvre de la grâce envers nous et en nous a tout changé. Elle nous apporte la libération définitive de l’esclavage de la mort, du péché, de la chair, de la loi et du monde. La résurrection de Christ est le gage assuré de cette entière délivrance, comme aussi l’assurance que nos corps mortels seront changés à la première résurrection. Dans l’état éternel, « la mort ne sera plus » (Apoc. 21:4) ; elle sera abolie à jamais.
C’est sur cette merveilleuse perspective que s’achève la prophétie d’Osée proprement dite. Le dernier chapitre annonce la repentance et le relèvement futurs d’Israël.
Voici l’heureux dénouement de toutes les voies de Dieu envers son peuple. Le torrent des reproches est tari, la voix des jugements s’est tue et les vagues déferlantes de la condamnation se sont maintenant calmées. Dieu adresse alors à son peuple des paroles de grâce et de tendresse. L’appel à la repentance a enfin trouvé un écho dans le cœur du peuple.
« Israël, reviens à l’Éternel, ton Dieu ». Dieu désire un vrai retour vers lui : il est attentif au premier signe d’une vraie repentance. À la confession des péchés, Dieu répond par son pardon. Le pécheur perdu qui vient à Dieu par la foi reçoit le pardon de ses péchés et la vie éternelle. La même grâce divine s’exerce envers les chrétiens pour les relever de leurs chutes (1 Jean 1:9).
Le peuple connaît désormais « ce qui est bon », ce que Dieu peut accepter. L’humilité de cœur et le brisement d’esprit (Mich. 6:8 ; Ps. 51:17) ont déjà pour Dieu la valeur d’une offrande. Dès lors, les sacrifices offerts lui sont acceptables.
Israël ne cherche plus la protection d’un monde ennemi de Dieu ; il ne s’appuie plus sur l’énergie de la nature humaine pour échapper à la détresse ou lui résister. Dépourvu de tout appui terrestre, ce peuple affligé et orphelin (Lo-Ammi) trouve son secours auprès de celui qui a compassion des orphelins et protège ceux qui n’ont pas de soutien dans le monde. C’est « un peuple affligé et abaissé, et ils se confieront au nom de l’Éternel » (Soph. 3:12).
Aussitôt, Dieu répond à la confession de son peuple repentant. Le châtiment nécessaire s’était exercé, et maintenant Dieu rappelle à son peuple ce qu’il lui avait dit au début de la traversée du désert : « Je suis l’Éternel qui te guérit » (Ex. 15:26). L’amour de Dieu pour Israël n’avait jamais varié, mais il avait été retenu par les infidélités du peuple. Désormais, il pouvait s’exprimer « librement ».
Dieu est lui-même la source du bonheur de son peuple (v. 5-7). Sept bénédictions lui sont assurées. Trois arbres désignent Israël : le cèdre, l’olivier et la vigne (*).
(*) Les cèdres qui couvrent le Liban sont la figure d’Israël arraché de sa terre par les nations (És. 37:24), mais plus tard rétabli en puissance. Le cèdre est aussi l’image de Christ (Ézé. 17:23).
L’image du figuier n’est pas utilisée ici, car la nation, considérée comme responsable sous la loi, est l’objet du jugement divin. Symboliquement, ce jugement est décrété par le Seigneur lui-même dans la malédiction du figuier stérile (Matt. 21:19). Les bénédictions du peuple ne peuvent découler que de la grâce divine, selon les termes de la nouvelle alliance.
1. La rosée des cieux
. Christ est le rafraîchissement
céleste de son peuple. Moïse avait déjà promis à Joseph « ce qu’il y a de
plus précieux au ciel, … la rosée » (Deut. 33:13).
2. La floraison du lis
, qui pousse ses racines. Israël
fleurira comme le lis, emblème de grâce et de beauté (*).
Le lis, Israël, sera non seulement la parure de la terre millénaire, mais ses
racines, comme le Liban, lui assureront une stabilité parfaite.
(*) La suscription de trois psaumes (45, 69 et 80) : — « Sur Shoshannim » — évoque les lis, emblème des croyants. Le Cantique des cantiques emprunte aussi la figure du lis, pour exprimer la valeur de la bien-aimée pour son époux (Cant. 2:1, 2,16).
3. La magnificence et le parfum de l’olivier
. C’est la
figure du résidu d’Israël greffé sur l’arbre des promesses divines selon l’élection
de la grâce (Rom. 11:24, 25). Ce résidu formera l’ensemble du peuple béni sous
le sceptre du Messie. Alors Dieu prendra plaisir en lui « comme en un parfum
agréable » (Ézé. 20:41). Les odeurs des parfums de l’épouse terrestre sont
agréables au Messie (Cant. 4:10, 11).Mais, dès maintenant, les chrétiens,
agréables dans le bien-aimé devant Dieu, sont aussi la bonne odeur de Christ
pour le monde.
4. L’ombre de l’olivier
. L’olivier, symbole de paix et de
bénédiction pour la terre (Gen. 8:11 ; Ps. 52:8), offre la protection et
le délassement de son ombre, comme le pommier, image de Christ (Cant. 2:3).
5. La moisson du froment
. Les promesses faites à Jizreël
(2:22) sont maintenant accomplies. Ce que Dieu a semé (la signification de
Jizreël) produit une récolte qui rassasie son peuple.
6. La fleur de la vigne
. Image d’Israël (És. 5:1, 7), la
vigne n’a longtemps produit que du raisin sauvage, malgré tous les soins de l’Éternel.
Maintenant, c’est une vigne excellente, de vin pur (És. 27:2). Renouvelée, elle fleurit, grâce à sa relation vitale avec Christ, le vrai cep. Le Seigneur nous enseigne la portée morale de cette image pour nous, chrétiens, en relation avec la vie divine et ses fruits pour Dieu (Jean 15:1).
7. Le vin du Liban
. La vigne fleurit pour porter du
fruit, emblème de la joie. Désormais, Israël ne porte plus de fruit pour lui-même
(10:1), mais pour Dieu, à la joie du Messie (Matt. 26:29).
Ainsi, la force, la joie et la beauté (1 Chr. 16:27 ; Ps. 96:6) sont la part du peuple élu, groupé autour du sanctuaire de Dieu, pour la bénédiction de toute la terre millénaire. Quelle extraordinaire différence, après toutes les épreuves et les souffrances endurées par Israël au cours des deux derniers millénaires !
Le tableau des bénédictions futures se conclut par un dialogue touchant entre le Messie et son peuple rétabli.
Éphraïm: « Qu’ai-je plus à faire avec les idoles ? »
Israël a pleinement retrouvé Dieu ; les idoles et les faux dieux n’ont plus de valeur pour son cœur. Elles sont naturellement rejetées et totalement abandonnées. Si Christ remplit notre cœur, les vanités de la terre n’auront aucune prise sur notre vie.
Dieu: « Moi, je lui répondrai, et je le regarderai ».
Si nous nous tournons vers Dieu, il nous répond et nous illumine du regard de sa face (Nom. 6:27 ; Ps. 4:6 ; 34:5).
Éphraïm: « Moi, je suis comme un cyprès vert ».
Sous le regard de Dieu, Éphraïm a maintenant la conscience de sa faveur. Arbre à feuilles persistantes, le cyprès était autrefois en abondance, avec le cèdre, sur les montagnes du Liban. Ensemble, ils participaient à l’ornement du temple de Salomon (1 Rois 5:8,10 ; 6:15). Le cyprès vert évoque ici la stabilité et la bénédiction du peuple sous le règne futur du Messie (És. 55:13).
Dieu: « De moi provient ton fruit ».
Le dialogue se termine par une parole de Dieu, qui aura le dernier mot en tout et notamment dans cette longue histoire de ses relations avec son peuple. La source de la bénédiction est dans le cœur de Dieu. Ses rachetés répondent avec reconnaissance : « Toutes mes sources sont en toi ! » (Ps. 87:7).
Avec Ésaïe, le prophète Osée donne la vue la plus complète des voies de Dieu envers l’humanité et envers Israël en particulier. Le dernier verset, placé comme un épilogue, en souligne l’importance et le caractère : « Les voies de l’Éternel sont droites ». Dieu n’est arrêté par rien ni par personne. Le char de son gouvernement avance tout droit, sous la puissance de son Esprit. Les effets sont produits sur la terre, mais le siège du gouvernement demeure dans le ciel, « au-dessus de l’étendue » (Ézé. 1:12, 20, 26)
Il faut être spirituellement sage et intelligent (c’est-à-dire instruit par Dieu lui-même) pour comprendre les voies de Dieu. Les justes peuvent y marcher ; soutenus et instruits par Dieu, ils se soumettent de façon intelligente au gouvernement de Dieu sur la terre. Au contraire, les transgresseurs, rebelles à l’autorité de Dieu, trouvent dans les mêmes circonstances l’occasion de leur chute.
« Car le Seigneur ne rejette pas pour toujours ; mais, s’il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés » (Lam. 3:31, 32).
Dans un style ardent et indigné, le prophète dénonce le mal en Israël et Juda, pour tenter d’atteindre la conscience du peuple, et le pousser à la repentance, avant que Dieu n’exerce son jugement. Insensible à ces appels, Israël sera transporté en Assyrie, et Juda en Chaldée. Le peuple ne sera plus reconnu de Dieu, ni l’objet de sa miséricorde.
Mais, dans sa colère, Dieu se souvient de sa miséricorde (Hab. 3.2). Alors, en grâce, il interviendra longtemps après pour produire le retour du peuple vers lui et finalement le bénir, pour la joie du Messie reconnu. La prophétie se termine sur cette parole d’espérance.
Quelques vérités soulignées dans ce livre sont :
Les noms des trois enfants d’Osée résument le thème de sa prophétie : « Jizreël » (Dieu sèmera), « Lo-Ammi » (pas mon peuple) et « Lo-Rukhama » (pas de miséricorde).
Le rejet du peuple par Dieu ne sera pas définitif, et les deux sentences de son jugement seront annulées. Acor, autrefois vallée de jugement, deviendra la porte d’entrée dans la bénédiction millénaire : « La vallée d’Acor pour une porte d’espérance » (2v15).
« À la fin des jours » (3v5), par une réelle conversion, Israël retournera vers Dieu, et sera béni sous le sceptre de son roi, le Messie, le vrai David.
La corruption et la violence en Israël accompagnaient leur abandon du vrai Dieu pour des idoles. L’Éternel les abandonne momentanément à leurs voies : « Éphraïm s’est attaché aux idoles : laisse-le faire » (4v17).
La conduite des chefs du peuple n’était pas meilleure que celle de la masse. Toutefois, le jugement d’une telle infidélité se termine par une note d’espérance. À la déclaration divine : « Dans leur détresse, ils me chercheront dès le matin » (5:15), le peuple répond : « Venez, retournons à l’Éternel » (6:1).
Dieu interpelle à nouveau les deux nations d’Éphraïm et de Juda, pour constater qu’elles ont perdu la notion de leur véritable état : « Des étrangers ont consumé sa force, et il ne le sait pas » (6:8, 9).
Dieu engage une controverse avec son peuple au sujet de ses infidélités. Israël avait reçu les oracles de Dieu ; mais qu’en avait-il fait ? » « J’ai écrit pour lui les grandes choses de ma loi ; elles sont estimées comme des choses étranges » (8:12). Dieu résume ainsi l’état de la nation : « Israël… porte du fruit pour lui-même » (10:1).
Encore mêlées avec les jugements, le prophète annonce en conclusion les bénédictions futures.
Dieu avait formé « des liens d’amour » (v. 4) avec Israël ; aussi dit-il :
« Toutes ensemble, mes compassions se sont émues » (11v8).
Dieu applique à Israël les expériences passées de Jacob pour en conclure :
« Et toi, retourne à ton Dieu… » (12v7).
L’annonce de la délivrance du peuple élu sur la terre est l’occasion pour Osée de porter les regards de notre foi jusqu’à l’introduction de l’état éternel :
« Ô mort, où sont tes pestes ? Ô shéol, où est ta destruction ? » (13v14).
Tout l’accomplissement de la prophétie d’Osée se trouve résumé dans le touchant dialogue entre Dieu et son peuple guéri :
Éphraïm : « Qu’ai-je plus à faire avec les idoles ? »
Dieu : « Moi, je lui répondrai, et je le regarderai ».
Éphraïm : « Moi, je suis comme un cyprès vert ».
Dieu : « De moi provient ton fruit ».
La prophétie d’Osée est unique pour montrer l’alternance entre des sentences de jugement et des accents de la grâce de Dieu qui appelle à la repentance et au retour vers lui.
« Les dons de grâce et l’appel de Dieu sont sans repentir » (Rom. 11:29).