par J.N. DARBY
Nous entrons maintenant, cher lecteur, dans le champ de la prophétie, champ si vaste et si important, soit sous le rapport de l’enseignement moral qui s’y trouve, soit par les grands événements qui y sont annoncés, soit par le développement du gouvernement de Dieu, et la révélation, au moyen de son gouvernement, de ce que Dieu est lui-même dans ses voies envers les hommes. L’Éternel, ses voies, et le Messie, voilà ce qui brille à travers tout. Israël forme le cercle intérieur, ou le premier plan sur lequel les voies de Dieu se développent, et c’est avec lui que le Messie est immédiatement en relation. En dehors et derrière, se rassemblent les nations, instruments des jugements de Dieu et, plus tard, objets de son gouvernement universel, quand elles seront assujetties au Messie, qui toutefois réclamera spécialement Israël pour son peuple particulier.
Il est évident que l’Église et la place du chrétien individuellement, sont en dehors de cette scène. Ici, il n’y a ni Juif, ni gentil ; ici, le Père connaît les objets de son élection éternelle comme ses enfants chéris, et le Christ glorifié en haut son épouse et son corps. La prophétie traite de la terre et du gouvernement de Dieu ; car après que la question du salut personnel est réglée, il reste deux grands sujets dont traitent les Écritures, à savoir le gouvernement de ce monde, et la grâce souveraine qui s’est occupée de pauvres pécheurs pour les placer dans la même position que le Fils de Dieu lui-même comme homme glorifié, et pour les adopter comme fils, — la gloire divine, en Christ, étant bien entendu le centre de tout. Si nous apprécions les choses, non selon notre propre importance, mais selon l’importance de la manifestation de Dieu, nous accorderons une grande valeur à ce qui développe ses voies, déployées dans son gouvernement. Nul doute que l’Église, et le chrétien considéré comme individu, ne soient d’un ordre encore plus élevé qu’Israël, parce que Dieu y a manifesté tous les secrets de son amour éternel et de ses affections divines actuelles les plus profondes ; mais rappelons-nous qu’il s’agit ici, non seulement de la sphère d’action, mais aussi et surtout de Celui qui y agit, et alors les voies de Dieu envers Israël et la terre nous paraîtront revêtues de leur vraie importance. Ce sont là les sujets de la prophétie. Quant aux autres sujets, nous les trouverons surtout dans les écrits de Paul et de Jean.
Cette portion de la Parole se divise en deux parties, à savoir : les prophéties qui se rapportent à Israël pendant le temps qu’il est reconnu de Dieu, et qui, par conséquent, concernent aussi la gloire à venir, et les prophéties qui donnent à connaître ce qui aura lieu pendant que Dieu a rejeté son peuple, mais qui annoncent cette réjection en vue de la bénédiction finale de ce peuple même. Cette distinction repose sur ce fait, que le trône du Dieu assis entre les chérubins a été ôté de Jérusalem, et que la domination de la terre a été confiée aux nations. Le temps de cette domination est appelé « le temps des nations ». Les premières prophéties concernent ce qui précède et ce qui suit cette époque ; les secondes, cette époque elle-même. Entre celle-ci et les événements qui suivent, il y a un moment de transition pendant lequel il est question de la restauration du peuple de Dieu, quand la fin du temps des nations approche. Ce moment de transition est particulièrement en vue dans les prophéties qui se rapportent au temps des nations, et c’est à ce moment que les Psaumes font si abondamment allusion, le rattachant à la première venue du Seigneur et à sa réjection par les Juifs, comme il dit : « Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ». Mais l’histoire générale de la période elle-même est donnée sous des formes différentes. L’époque qui s’étend depuis la captivité de Babylone jusqu’à la venue de Jésus a un caractère spécial, car les nations dominent, et cependant Juda est à Jérusalem attendant le Christ. Dieu a accordé à son peuple des témoignages prophétiques qui s’adressent particulièrement à cet état de choses : les prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, ont par conséquent un caractère spécial en rapport avec la position dans laquelle le peuple s’est alors trouvé, et avec les voies de Dieu à son égard.
Il y a encore un prophète qui occupe une place distincte ; c’est Jonas : il a été chargé du dernier témoignage adressé directement aux nations, pour montrer que Dieu tenait compte d’elles et que son gouvernement s’étendait sur tous d’une manière suprême, quoiqu’il eût déjà appelé Israël, afin qu’il fût un peuple mis à part pour Lui (*).
(*) Nous examinerons plus tard, sous d’autres rapports, le caractère de ce prophète.
Christ est le centre de toutes les prophéties, quel que soit
d’ailleurs le caractère de chacune d’elles. C’est l’Esprit de Christ qui y
parle. Des deux parties dont elles se composent, l’une est bien plus étendue
que l’autre. Daniel seul, dans l’Ancien Testament, nous donne les détails des
« temps des gentils », à quelques révélations particulières près, contenues dans
Zacharie. Il y a une différence très frappante entre les deux genres de
prophéties. Celles qui concernent les temps où Israël est reconnu, s’adressent
au peuple, à sa conscience, à son coeur. Celles qui donnent l’histoire des
temps des nations, tout en étant une révélation pour
le peuple, ne s’adressent pourtant pas à
lui. Dans les livres des trois prophètes postérieurs à la
captivité, ni Israël, ni Juda, ne sont jamais appelés le peuple de Dieu, si ce
n’est à propos des promesses qui concernent l’avenir, quand le Messie aura
rétabli la bénédiction.
Je dois encore mentionner un principe, simple mais important pour l’intelligence des prophéties. Quelles que soient les figures employées par l’Esprit de Dieu pour dépeindre les voies de Dieu ou celles de l’ennemi, le sujet de la prophétie n’est jamais une figure. Il n’est pas ici question des prophéties où tout est symbolique, et auxquelles dès lors cette remarque ne saurait s’appliquer. Du reste, un symbole n’est pas proprement une figure. C’est la réunion des qualités morales ou historiques, ou bien des unes et des autres à la fois, appartenant à un objet prophétique, pour présenter l’idée que Dieu a de cet objet. Si certains éléments du symbole peuvent être des figures, l’ensemble n’est pas à proprement parler une figure, mais une image frappante des qualités qui composent l’objet qui est dépeint. Aussi rien n’est plus instructif qu’un symbole bien compris. Dieu nous y donne l’idée parfaite de la manière dont il envisage lui-même ce qui est représenté par le symbole, ce qui, à ses yeux, constitue son caractère moral.
Abordons maintenant l’étude des livres des prophètes.