par J.N. DARBY
Table des matières :
Nous avons vu dans le livre d’Ézéchiel le gouvernement de Dieu sur la terre pleinement développé en rapport avec Israël, soit en jugement (le péché qui a amené ce jugement étant clairement et puissamment démontré), soit dans le rétablissement de ce peuple sous l’autorité de Christ, le Germe, qui germerait de la maison de David et qui même, dans le livre de ce prophète, porte le nom de ce roi, comme vrai bien-aimé de Dieu ; et à la fin, la description du temple avec toute son organisation. Dans ce développement, nous avons trouvé Nebucadnetsar, chef des gentils, introduit comme serviteur de l’Éternel, chapitres 29:20, 30:24, pour le jugement d’Israël devenu méchant, rebelle et même apostat, adorant de faux dieux. Mais Israël avait été le centre divin d’un système de nations, de langues et de peuples qui avaient surgi à la suite du jugement de Babel, et qui subsistaient devant Dieu, indépendamment les uns des autres, centre bien distinct, sans doute, de tout ce qui l’entourait, comme peuple connaissant le vrai Dieu et connu de Lui, possédant son temple et son trône ; mais qui, comme nation, quelque contraste qu’il y eût d’ailleurs entre son état et celui des autres, était membre du système de nations qui se trouvaient devant Dieu sur la terre (Deut. 32:8).
En exécutant le jugement sur Israël, Nebucadnetsar a mis de côté en même temps tout ce système, qui a été remplacé par la domination absolue et universelle que Dieu lui a conférée. C’est de ce nouvel ordre de choses et de ses conséquences, de cette domination du chef des gentils et des rois gentils sous les phases successives qui l’ont caractérisé, que traite le livre de Daniel, en mettant en avant un résidu d’Israël au sein de ce système, et assujetti à cette domination. Le roi de Juda ayant été livré entre les mains du chef des gentils, la semence royale elle-même se trouve placée dans cette même position. Le résidu devient l’objet spécial des pensées de Dieu, révélées par son Esprit dans ce livre.
Outre le témoignage rendu à l’Éternel par le fait de la fidélité du résidu au milieu des gentils idolâtres, deux choses importantes caractérisent son histoire, ainsi qu’elle est développée dans ce livre. L’esprit de prophétie et d’intelligence des voies de Dieu s’y trouve. C’est ce que nous avons vu surgir dans Samuel, lorsque tout Israël avait manqué, et traverser toute l’histoire de ce peuple sous l’ombre de la royauté. Maintenant, il redevient le lien du peuple avec Dieu, et le seul appui de sa foi dans la ruine qui l’a atteint par le juste jugement de Dieu. La seconde circonstance qui caractérise les voies de Dieu à l’égard de ce résidu, c’est que celui-ci, gardé par ses soins à travers tout le mal où le péché du peuple l’a jeté, participe assurément à la portion que Dieu donne aux siens selon son gouvernement et selon la fidélité de ses promesses. C’est ce qui se voit dans le premier et dans le dernier chapitre du livre que nous étudions.
Ce livre se divise en deux parties assez faciles à distinguer : la première se termine avec le chapitre 6 ; l’autre avec le livre même ; le premier et le dernier chapitre ayant cependant un caractère à part comme introduction et conclusion, faisant respectivement connaître la position du résidu auquel le témoignage de Dieu a été confié au commencement et à la fin, ainsi que nous l’avons dit.
Les deux grandes divisions ont un caractère aussi assez
distinct. La première nous présente le tableau de la domination des gentils
elle-même, et les positions qu’elle devait prendre vis-à-vis de Dieu, selon
l’orgueil humain qui en serait le ressort. Ce tableau est composé de traits
historiques qui indiquent assez clairement l’esprit dont la puissance dominante
serait animée dans ses diverses phases, puis le jugement de Dieu. Cette partie
ne se compose pas des révélations directes faites à Daniel, sauf ce qui le met
en état de rappeler à Nebucadnetsar son songe. Ce sont les chefs des gentils qui
sont en scène ; c’est l’histoire générale et extérieure des monarchies qui
devaient se succéder, les traits divers et successifs qui les
caractériseraient, ainsi que leur jugement final, et en particulier le cours et
le jugement de celle que Dieu avait lui-même établie, et qui les représente
toutes, en tant qu’elles sont revêtues de ce caractère d’établissement divin.
Les autres n’ont fait qu’hériter providentiellement du trône
confié par Dieu à la première. C’est une question entre Dieu
et Israël qui a donné lieu à la suprématie établie parmi les gentils. Sa
destruction a été amenée par l’esprit d’idolâtrie présomptueuse et de blasphème
contre le Dieu d’Israël. Le chapitre 6 ne nous présente pas l’iniquité du roi,
sinon comme subissant l’influence d’autrui. Ce sont les chefs du peuple qui
veulent qu’on ne reconnaisse personne pour Dieu sinon le roi, et qui subissent
le jugement qu’ils ont voulu faire tomber sur celui qui était fidèle au
Seigneur.
La seconde partie du livre consiste dans des communications faites par Dieu à Daniel, et nous présente le caractère que revêtiraient les chefs des gentils en rapport avec la terre, leur conduite envers ceux qui reconnaîtraient Dieu, et enfin, l’établissement du royaume divin, dans la personne du Fils de l’homme, royaume duquel les saints jouiraient ; des détails sur les voies de Dieu avec son peuple à la fin étant donnés dans le dernier chapitre. On peut aussi remarquer que le chapitre 7 donne l’histoire essentiellement de la puissance occidentale ; le chapitre 8, celle de la puissance orientale, — les deux cornes. Le chapitre 9, tout en concernant spécialement le centre moral de ces questions, Jérusalem et le peuple, se rapporte par là même à la puissance occidentale qui les a envahis. Au chapitre 10, et jusqu’à la fin du chapitre 11, nous sommes de nouveau dans l’Orient, finissant ainsi par le jugement des nations qui s’y trouvent, et le rétablissement en bénédiction du résidu d’Israël.
Examinons maintenant la suite des chapitres.
Le chapitre premier nous présente la royauté de Juda, autrefois établie de Dieu sur son peuple dans la personne de David, succombant sous la puissance de Nebucadnetsar ; et le roi, l’oint de l’Éternel, livré par l’Éternel entre les mains du chef des nations, auxquelles Dieu maintenant remettait la domination. Les enfants de la semence royale subissent le sort annoncé par És. 39:7 ; mais Dieu agit en leur faveur, et spécialement à l’égard de Daniel, dans le coeur de ceux qui les gardent, et veille sur eux par sa providence. Ces deux traits du fidèle résidu en captivité, ressortent du récit du chapitre ; fidèles à la volonté de Dieu, quoique loin de son temple, ils ne se souillent pas au milieu des gentils, et, exaucés de Dieu, l’intelligence leur est donnée de sa part ; et cela, ainsi que le chapitre 2 le montre à l’égard de Daniel, jusqu’à la connaissance de ce que Dieu seul peut révéler, et de son intention dans cette révélation. Eux seuls possèdent cette intelligence, marque de la faveur divine et fruit, par grâce, de leur fidélité. Ceci est en particulier le cas de Daniel, dont la fidélité ardente et la foi tracent le chemin de la foi aux autres. Ils n’en sont pas moins soumis aux nations, dont le pouvoir est établi de Dieu pour le moment. Mais c’est ici un élément de la plus grande importance : la vraie connaissance de l’intelligence de la pensée divine, ce qui est appelé le secret de l’Éternel, dans les jours de la corruption et de la puissance babylonienne, se trouve dans la fidélité à se conserver pur du moindre contact avec ce que donne Babylone, avec la viande dont elle voudrait nous nourrir.
D’un autre côté, au chapitre 2, nous trouvons le roi puissant des gentils, dépositaire de la révélation du sort des gentils, de tout le plan de Dieu, comme vase des communications divines, mais de manière à montrer Daniel, le captif enfant d’Israël, le fidèle qui se tenait séparé au milieu de Babylone, comme étant celui que l’Éternel reconnaissait et sur lequel il faisait reposer sa faveur.
Mais les détails de ce chapitre, comme tableau général de la puissance des gentils qui commence avec la domination donnée à Nebucadnetsar, doivent occuper davantage notre attention.
Premièrement, on peut remarquer que les monarchies des gentils
qui se sont succédé les unes aux autres, font un tout. Ce n’est pas la
succession historique, ni les traits moraux à l’égard de Dieu et des hommes qui
nous sont présentés, mais l’ensemble des monarchies envisagé comme un
personnage devant Dieu, l’homme de la terre, dans sa splendeur publique,
glorieux et terrible aux yeux des hommes. Quatre puissances impériales devaient
se succéder, desquelles Nebucadnetsar lui-même était le grand chef de la part
de Dieu. Il y aurait, y apprenons-nous, sous certains rapports, une
dégénérescence progressive, et enfin le Dieu du ciel susciterait une autre
puissance qui exécuterait le jugement sur ce qui subsisterait encore, ferait
disparaître la statue de dessus la terre, et la remplacerait par un royaume qui
ne serait jamais renversé. Dans la détérioration successive, en principe et en
caractère, de la puissance impériale, la force matérielle de celle-ci ne
diminuerait pas. Le fer qui briserait et écraserait tout, caractérise la
quatrième puissance. La tête d’or me semble avoir sa force en ce que Dieu
Lui-même lui a formellement donné l’autorité ; son autorité absolue était
en effet fondée sur le don du Dieu du ciel. Les autres ont succédé par des
principes providentiels ; mais Dieu, tel qu’il a été connu comme souverain
conférant l’autorité au chef, en faisant remplacer la sienne sur la terre par
celle du chef des gentils, n’a pas été la source directe
de l’autorité des autres. Babylone était l’autorité établie
de Dieu. C’est pourquoi nous avons vu, en lisant Ézéchiel (et la même chose se
trouve ailleurs), que le jugement de Babylone se lie avec la restauration
d’Israël et du trône de Dieu.
Toutefois remarquez que Dieu ne se présente pas ici comme le Dieu de la terre, mais des cieux. En Israël il était Dieu de la terre ; il le sera de nouveau au rétablissement de toutes choses. Ici, il agit souverainement comme Dieu des cieux, en établissant l’homme dans un certain sens à sa place sur la terre (voyez les versets 37 et 38). C’est une domination qui, bien que plus limitée, porte quelques traits de celle d’Adam, différant de celle-ci en ce que les hommes lui sont assujettis ; elle est plus limitée, car la mer n’est pas renfermée dans les limites de sa souveraineté ; mais elle s’étend partout où les bêtes et les oiseaux peuvent se trouver. La force humaine se trouve à la fin de son histoire, mais la puissance subsistante est beaucoup plus éloignée des relations de Dieu avec le monde.
Le mélange de fer et d’argile (v. 33) est une altération qui s’accomplit dans le caractère primitif de la puissance impériale de Rome, un autre élément y étant introduit. Ce caractère reste en partie, mais un autre élément est ajouté ; l’énergique volonté de l’homme ne se trouve pas une et absolue ; c’est l’introduction dans la puissance impériale romaine d’un élément distinct de ce qui constituait sa force impériale, c’est-à-dire la volonté de l’homme sans conscience, la puissance militaire et populaire concentrée dans une seule personne, et cela, sans qu’elle soit bridée par la conscience. Il y a deux causes de cette faiblesse : la division et l’incohérence des éléments ; verset 41, le royaume sera divisé ; verset 42, il sera en partie fort, en partie frêle. La semence humaine est, je le pense, quelque chose en dehors de ce qui caractérise la force propre de l’empire, mais ces deux éléments ne formeront jamais un tout. Il me semble que l’élément barbare ou teutonique est probablement désigné ici, parce qu’il a été ajouté à ce qui constituait primitivement l’empire romain. Le fait d’une subdivision nous est indiqué d’une manière générale, verset 43. Ensuite, il est annoncé que, dans le temps de ces derniers rois, Celui qui gouverne d’en haut établirait un royaume que rien n’ébranlerait, et qui ne passerait jamais en d’autres mains. C’est ici le seul royaume qui remplace, à proprement parler, de la part de Dieu, le royaume de Babylone. Le Dieu des cieux avait établi Nebucadnetsar dans son royaume et lui avait donné puissance, force et gloire, lui assujettissant tous les hommes. Sans doute, les trois autres ont suivi, d’après la volonté de Celui qui dispose de tout ; mais ce n’est que dans le cas du royaume du verset 44, qu’il est de nouveau dit que le Dieu des cieux établirait un royaume. Le caractère du quatrième et quelques traits principaux de son histoire nous sont présentés. Il n’est question de l’existence des deux autres que pour montrer que le second est inférieur au premier ; de sorte que l’esprit de Dieu nous donne l’établissement divin du premier, le caractère du quatrième, et l’établissement divin du cinquième et dernier.
Nous avons maintenant à faire remarquer comment ce dernier royaume est établi. Cet établissement est effectué par le moyen d’un acte judiciaire et destructeur, qui réduit en poudre toute la statue, et en opère la dissolution complète et totale, n’en laissant pas trace (v. 34 et 35). L’instrument qui l’accomplit n’est pas formé par la sagesse ou par les arrangements humains. Il est coupé sans main. Il n’agit pas par une influence morale qui change le caractère de l’objet sur lequel il agit ; il détruit cet objet par la force ; c’est Dieu qui l’établit et qui lui prête cette force. La pierre ne grandit pas graduellement pour déplacer la statue ; elle la détruit avant de grandir. Lorsqu’elle a grandi, ce n’est pas seulement un droit donné de Dieu sur les hommes ; siège éminent d’une autorité universelle, elle remplit toute la terre. C’est sur la dernière forme de puissance présentée dans la statue, que tombe le coup destructeur de la petite pierre, lorsque l’empire est divisé, en partie fort et en partie faible, à cause des éléments dont ses membres sont composés. On peut remarquer aussi, que ce n’est pas Dieu qui détruit la statue pour établir le royaume, c’est le royaume qu’il établit qui frappe les pieds de la statue ; c’est son premier acte. Voilà l’histoire générale et extérieure de ce qui a remplacé de la part de Dieu son trône et son gouvernement à Jérusalem, qui a graduellement dégénéré dans son caractère public à l’égard de Dieu, et qui trouve enfin son terme dans le jugement exécuté par le royaume établi de Dieu sans préparation humaine, par le royaume de Christ qui, tombant sur la dernière forme de la monarchie autrefois établie de Dieu, détruit toute trace de son existence ; et lui-même remplit le monde.
Je n’ai rien à dire de particulier sur les quatre monarchies : Babylone, la Perse et la Grèce sont nommées dans le livre comme étant déjà connues des Juifs, et les Romains sont aussi introduits par le nom que portait leur territoire, les côtes de Kittim, de sorte que j’accepte sans les mettre en question les quatre grands empires ordinairement reconnus de tous comme étant dépeints dans cette prophétie ; il ne me paraît pas que ces prophéties laissent aucun doute sur ce point.
L’effet de la communication qui montre que Dieu est ainsi avec le résidu, qui seul a l’intelligence de ses pensées, est que l’orgueilleux gentil reconnaît le Dieu des Juifs comme suprême dans les cieux et sur la terre. Le caractère du résidu, ici, c’est que Dieu lui révèle ses pensées.
À la suite de ce tableau général, les traits historiquement caractéristiques de ces empires signalent l’état où ils tombent dans leur éloignement de Dieu, et premièrement et principalement Babylone.
Au chapitre 3, nous est présenté le premier trait caractéristique de l’homme investi du pouvoir impérial, mais dont le coeur est éloigné de Dieu, et qui l’est d’autant plus qu’il possède le pouvoir même. Il veut avoir un Dieu à lui, un Dieu qui dépende de la volonté de l’homme, et dans ce cas, de la volonté du dépositaire du pouvoir impérial. C’est de la sagesse selon l’homme. Les besoins religieux ont leur aliment en rapport avec le pouvoir suprême, et les influences religieuses s’exercent en liant tous les membres de l’empire dans une fusion générale autour du chef par le lien le plus fort, sans que l’autorité paraisse ; car le besoin religieux de l’homme se lie ainsi à sa volonté, et sa volonté, sans le savoir, au centre que le pouvoir lui a formé. Autrement, la religion, le plus puissant motif du coeur, devient un dissolvant dans l’empire. Mais la volonté de l’homme ne peut pas faire un vrai Dieu. Nebucadnetsar, par conséquent, abandonne le vrai Dieu, quoiqu’il eût même reconnu qu’il n’y en avait point de pareil à celui des Juifs, et en fait un pour lui-même. Le gouvernement des gentils rejette le Dieu qui lui avait donné sa puissance ; et le vrai Dieu n’est reconnu que par un résidu fidèle et souffrant ; l’empire est idolâtre : voilà le premier grand trait qui caractérise la domination de Babylone.
Mais la fidélité qui contrarie ce sage système lequel lie à la volonté du chef le plus puissant mobile de tous les peuples, et fait que ceux-ci entourent le chef en adorant ce qu’il leur présente, est insupportable à cette volonté. Une telle fidélité touche au premier ressort de tout le mouvement. L’idole n’est pas Dieu du tout, et l’homme, quelque puissant qu’il soit, ne peut pas en créer. L’homme qui a la foi, soumis au roi, ainsi que nous l’avons vu dans les chapitres précédents, puisqu’il est établi de Dieu, ne l’est pas au faux dieu que le roi établit en reniant Celui qui lui a donné son autorité, et que le fidèle reconnaît encore. Mais le roi dispose de la force, et veut faire valoir sa volonté.
Shadrac, Méshac et Abed-Nego sont jetés dans la fournaise ardente. Mais c’est dans les souffrances de son peuple, que Dieu à la fin paraît comme Dieu. Il permet que leur fidélité soit éprouvée là où le mal subsiste, afin qu’ils soient avec Lui dans la jouissance du bonheur, là où son caractère et sa puissance sont pleinement manifestés, soit sur cette terre, soit d’une manière encore plus excellente, dans le ciel.
On peut remarquer que la foi et l’obéissance sont aussi absolues que la volonté du roi. Rien de plus beau, de plus calme, que la réponse des trois fidèles. Dieu peut délivrer et délivrera ; mais, quoi qu’il en soit, ils ne l’abandonneront pas. La rage du roi jette le défi à Dieu. Qui est le Dieu qui délivrera le fidèle de sa main ? Dieu lui permet de faire tout ce qu’il peut. Sa rage aveugle a pour effet de détruire les instruments de sa vengeance par l’ardeur du feu préparé pour les fidèles Hébreux. Ceux-ci y sont jetés et extérieurement la volonté du roi s’accomplit ; mais ce n’est que pour faire briller la puissance et la fidélité de Dieu, qui intervient au milieu du feu, pour témoigner l’intérêt qu’il porte à la fidélité de ses serviteurs. L’effet du feu pour eux est que leurs liens sont brûlés et qu’ils trouvent la présence de Celui qui a la forme de Fils de Dieu, à la vue même du monarque qui reniait sa toute-puissance. La conséquence, d’un côté, est la défense au monde entier de parler contre le Dieu des Juifs, de l’autre, la gloire du résidu de ce peuple captif et faible.
Remarquez ici que c’est par la fidélité et l’obéissance que le résidu est caractérisé. Cette fidélité se manifeste en ce qu’il ne veut que son Dieu à lui ; point de concessions : ç’aurait été le nier ; car, pour reconnaître le vrai Dieu, il ne faut reconnaître que Lui seul. La vérité n’est que sa pleine révélation, et ne peut reconnaître qu’elle même ; la mettre au niveau du mensonge, serait dire qu’elle n’est pas la vérité.
Ces trois principes nous ont été signalés à l’égard du résidu :
1° Il ne se souille pas en participant à ce que le monde donne, à la viande du roi.
2° Il a l’intelligence des pensées et des révélations de Dieu.
3° Il est fidèle, en refusant absolument de reconnaître tout autre dieu que le sien, qui est le vrai. Le premier est commun à tous ; le second est l’esprit de prophétie dont Daniel est ici le vase ; le troisième est la part de chaque croyant, même alors qu’il n’a pas l’esprit de prophétie. Plus on est près de la puissance du monde, plus on est en danger de souffrir, si l’on est fidèle. On remarquera que tout ceci se lie à la position et aux privilèges des Juifs. Remarquez aussi que Dieu est reconnu, par la volonté et le pouvoir des gentils, de deux manières et par des moyens différents, les deux étant des privilèges accordés au résidu. Le premier de ces privilèges consiste dans la possession de l’intelligence de l’Éternel, la révélation de ses pensées et de ses conseils. C’est ce qui porte le gentil à reconnaître le Dieu de Daniel comme le Dieu des dieux et le Seigneur des rois : telle est sa position en rapport avec tout ce qui était exalté au-dessus de la terre. Il était suprême dans les cieux et sur la terre. Le second de ces privilèges, c’est que Dieu s’intéresse au pauvre résidu de son peuple, ayant la puissance de le délivrer de la tribulation dans laquelle la puissance rebelle et idolâtre (et par conséquent apostate), l’a jeté. Le résultat, ici, est qu’il est reconnu, et que ses fidèles sont délivrés et exaltés. Le premier point est plus général et s’étend aux gentils, qui sont reconnus de Dieu ; le second a pour effet la délivrance de ce résidu juif.
L’établissement de l’unité idolâtre en fait de religion et l’orgueil du pouvoir humain sont ce qui caractérise ici Babylone, Cette folie qui ne connaît pas Dieu, remplit tout le cours du temps assigné à ce pouvoir, « sept temps ». À la fin le gentil reconnaît, pour lui-même, le Très-Haut, et le loue et le bénit. Ce chapitre, donc, expose les propres relations du pouvoir gentil avec Dieu, non seulement ses rapports avec le Dieu et le peuple des Juifs. C’est pourquoi Dieu est appelé au chapitre 4, le Très-Haut qui domine sur le royaume des hommes ; au chapitre 3, c’était pour le coeur du résidu fidèle, « notre Dieu », et pour le monde qui avait vu la délivrance, le Dieu de Shadrac, Méshac et Abed-Nego.
Au chapitre 4, nous trouvons l’orgueil humain manifesté, en ce que le roi se glorifie dans l’oeuvre de ses mains, comme créateur de sa propre gloire. Cet orgueil amène le jugement. Le dépositaire du pouvoir est réduit à l’état des bêtes qui ne connaissent pas Dieu et manquent d’intelligence humaine. Le seul vrai privilège de l’homme, ce qui l’élève, c’est qu’il peut regarder en haut vers Dieu et le reconnaître. Autrement, il regarde en bas, il est dégradé, car il ne peut se suffire seul à lui-même. La dépendance est sa gloire, car elle le place devant Dieu, lui donne le moyen de le connaître ; son intelligence est associée avec Dieu, et tire sa mesure et ses connaissances de Lui. L’orgueil et l’indépendance séparent l’homme de Dieu. Il devient bête, privé d’intelligence réelle. Or cet état dépeint celui des monarchies dont parle le prophète, envisagées comme un ensemble devant Dieu, et représentées par le chef établi de Dieu, par Nebucadnetsar. Sept temps ou années passent sur la tête de Nebucadnetsar privé de sa raison. Il s’est élevé, et il a été abaissé. Les temps des gentils se caractérisent par l’absence de toute intelligence qui mette la puissance gouvernementale en rapport avec Dieu. Faire des idoles, bâtir Babylone et ne pas connaître Dieu, voilà ce qui caractérise moralement la puissance que Dieu avait établie à la place de son trône à Jérusalem. Voilà la capacité morale de l’homme, en possession de cette puissance qui lui a été confiée (*).
(*) La puissance dans l’obéissance avait caractérisé le trône de David, car le roi devait faire une copie de la loi et observer la loi ; le trône de Nebucadnetsar était un trône de pouvoir absolu, l’homme suprême dans l’exercice de sa propre volonté : ce sont les deux moyens par lesquels l’homme est mis à l’épreuve dans une position d’autorité.
Mais la scène se termine avec le témoignage rendu à la gloire du Dieu Très-Haut, du roi des cieux. Le roi reconnaît sa majesté et le bénit, maintenant que son jugement est ôté de dessus lui. Il le reconnaît comme Celui qui vit éternellement, qui abaisse et élève qui il veut, faisant ce qu’il veut dans les cieux et sur la terre ; tous les hommes étant la vanité devant sa majesté et sa puissance. Ici, l’effet est produit, non par la délivrance des fidèles, mais par le jugement tombé sur les gentils eux-mêmes, qui sont cependant délivrés à la suite du jugement, et rendus intelligents à l’égard de l’Éternel ; et cela, en rapport avec le témoignage confié au peuple juif par l’esprit prophétique qui se trouvait de la part de Dieu dans le résidu de ce peuple. Le roi lève ses yeux vers les cieux, au lieu d’être la bête tournée vers la terre, il devient intelligent, soumis et heureux de bénir le Dieu Très-Haut. On peut remarquer ce nom de « Très-Haut ». C’est le nom donné à l’Éternel dans l’entrevue entre Melchisédec et Abraham, Melchisédec ajoutant : « Possesseur des cieux et de la terre ». Dieu prendra, en effet, ce caractère, lorsqu’il réunira en un toutes choses en Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, et que Christ sera le vrai Melchisédec. Les gentils seront soumis pleinement à Dieu. Ce sera le rétablissement de toutes choses, dont les prophètes ont parlé.
Quelques remarques de détail restent encore à faire. C’est le jugement, puis la délivrance qui produit cet effet. On peut remarquer la force du symbole d’un grand arbre : c’est un puissant de la terre, capable de prendre les autres sous sa protection. Dans ce cas-ci, c’en est un qui est dans la plus haute position possible pour l’homme. Les oiseaux du ciel s’y nichent, ce qui veut dire que toutes sortes de personnes y cherchent l’abri et la protection. Nous apprenons aussi que Dieu prend connaissance des principes qui guident les gouvernements de la terre, envisagés comme dépositaires de cette puissance qu’ils tiennent de Lui. Ici, quoique ce ne soit pas, comme en Israël, son trône sur la terre, Dieu veille sur tout et juge la puissance à laquelle il a confié l’autorité. Il ne gouverne pas immédiatement, mais il tient pour responsable celui à qui il a confié le gouvernement, pour qu’il reconnaisse l’autorité de Dieu comme suprême dans ce monde.
À l’égard de l’emploi du mot « veillant », je ne crois pas que l’intelligence à l’égard de celui qui a porté le décret du jugement, aille plus loin que l’état religieux de Nebucadnetsar. Daniel l’attribue directement au Très-Haut. Que les anges en soient les instruments intelligents, et que l’administration leur soit confiée en quelque sorte, c’est ce qui ne présente aucune difficulté, et ce de quoi l’épître aux Hébreux et d’autres passages font foi. Le monde à venir ne leur sera pas ainsi assujetti.
On voit, verset 27, que Daniel rend Nebucadnetsar attentif à cette responsabilité qui pèse sur lui et l’engage à changer de conduite.
On peut encore remarquer ici que c’est le roi des cieux
que Nebucadnetsar reconnaît.
C’était nécessairement sa place. Le Dieu de la terre avait son trône à Jérusalem ;
mais Nebucadnetsar n’avait rien à faire là. Daniel ne présente jamais le trône
à Jérusalem, ni moralement, ni prophétiquement ; ses prophéties s’arrêtent
toujours avant d’en venir à ce point. Il est captif entre les mains des gentils,
fidèle à Dieu dans cette position, enseigné de Lui ; mais Dieu ne peut pas
être pour lui le Dieu de la terre
(*). C’est le Dieu des cieux, suprême sur tout et
partout, qui dispose des cieux et de la terre, mais ne gouverne pas encore sur
la terre comme roi de la terre ; au contraire, il venait d’y renoncer et
de confier la puissance à Nebucadnetsar, tandis qu’il se retire de devant
l’iniquité de son peuple terrestre, pour se renfermer dans sa suprême et
immuable puissance, dont les effets seront manifestés plus tard, mais d’après
laquelle il gouverne déjà, quoique caché aux yeux des hommes.
(*) La semence de David ne sera pas captive à Babylone, quand Dieu prendra sa place comme le Dieu de la terre.
Le lecteur peut s’attendre à plus de détails peut-être. Ces détails se trouveront de préférence dans les communications faites directement à Daniel ; mais s’il a bien saisi les principes que nous venons de constater (et le grand but de ces chapitres est de les présenter), il aura les éléments les plus importants pour l’intelligence de toutes les prophéties de ce livre, et, sans ces principes, jamais il ne saura saisir clairement la portée des révélations qui y sont contenues. Souvenons-nous que nous sommes sur le terrain des Juifs captifs parmi les gentils, avec l’intelligence des voies de Dieu à leur égard et le jugement qu’il porte sur ce qu’ils ont été pendant que la puissance a été laissée entre leurs mains.
Au chapitre 5, l’iniquité du chef des gentils à l’égard du Dieu d’Israël est montée à son comble, et prend le caractère d’insolence et de mépris, qui n’est que l’effort que la faiblesse fait pour se cacher. Au milieu des orgies d’un grand festin de courtisans et de gens de cour, Belshatsar fait venir, pour s’en servir dans ce festin, les vaisseaux du temple de Dieu, que Nebucadnetsar avait emportés de Jérusalem, et loue les dieux d’or et d’argent, de pierre et de bois. La folie du roi pose la question entre les faux dieux et l’Éternel, le Dieu d’Israël. L’Éternel l’a décidée cette nuit-là, par la destruction du roi et de toute sa gloire. Daniel interprète l’avertissement que Dieu a donné à Belshatsar ; mais, quoique soumis au roi, il n’use pas des égards qu’il a eus pour Nebucadnetsar. Belshatsar s’était posé en ennemi insolent de l’Éternel, et Daniel lui répond selon la révélation que Dieu donnait de son jugement, et d’après la manifestation fastueuse que le roi faisait de son iniquité, en glorifiant ses dieux et insultant l’Éternel. L’avertissement n’avait plus pour objet de corriger, il ne laissait plus lieu pour la repentance. Il annonçait le jugement, et cette annonce suffisait pour détruire toute l’insolence du roi impie, car le roi avait négligé les avertissements que l’histoire de Nebucadnetsar lui fournissait. Ce récit nous présente le dernier caractère de l’iniquité de la puissance souveraine des gentils contre le Dieu d’Israël, et le jugement qui en résulte pour la monarchie dont Babylone a été le chef, et à laquelle elle a imprimé son caractère. Car, quelle qu’ait été la patience de Dieu, ses voies à d’autres égards envers la monarchie des gentils comme puissance à laquelle il confiait l’autorité dans le monde, il n’est pas moins vrai que tout était déjà perdu pour ces empires dans le temps même de Babylone.
Une autre forme d’iniquité se trouve en dehors de celle de Babylone (ch. 6). Personnellement, Cyrus avait de meilleures pensées, et Dieu, qui les lui a données, s’est servi de lui pour le rétablissement temporaire de son peuple, afin que le Messie pût se présenter, dernière épreuve à laquelle serait soumis ce peuple de sa dilection. Ce n’est pas Cyrus donc que nous trouvons ici, au chapitre 6, comme instrument de l’iniquité qui cherchait à détruire Daniel, de cette volonté de l’homme qui ne peut jamais supporter la fidélité à Dieu. Ici, ce n’est pas l’idolâtrie, ce ne sont pas des insultes offertes à l’Éternel, mais c’est l’élévation de l’homme lui-même qui veut exclure toute idée de Dieu. Il ne veut aucun Dieu. C’est un des traits qui caractérisent le fond du coeur de l’homme ; il veut bien, en général, un dieu qui lui aide à satisfaire ses passions et ses convoitises, un dieu commode pour l’unité de son empire et la consolidation de sa puissance ; la partie religieuse de sa nature se contente de tels dieux et se livre volontiers à leur culte, quoique celui qui les établit en souverain ne le fasse que dans des vues politiques. Pauvre monde ! Le vrai Dieu ne va ni à sa conscience ni à ses convoitises. L’ennemi de nos âmes est content d’exploiter dans ce sens la religiosité de notre nature. La fausse religion présente des dieux qui répondent aux désirs du coeur naturel quels qu’ils soient, mais qui n’appellent jamais à la communion et n’agissent jamais sur la conscience. Ils peuvent lui imposer des cérémonies et des observances, car l’homme y tient ; mais ils ne mettent ni ne peuvent mettre une conscience réveillée en rapport avec eux. Ce que l’homme veut, ce que l’homme craint, voilà la sphère de leur influence. Ils ne produisent rien dans le coeur, sauf en tant que des joies ou des craintes naturelles y agissent.
Mais, d’un autre côté, l’orgueil de l’homme se revêt quelquefois d’un caractère qui change tout à cet égard. L’homme veut être lui-même Dieu, disposer de tout d’après sa volonté, et exclure une rivalité que l’orgueil ne supporte pas : une supériorité incontestable, si Dieu existe, est insupportable à celui qui ne veut que lui-même. Il faut qu’il se débarrasse de Dieu. Les ennemis des fidèles se servent de cette disposition. La cruauté est moins inventive, sauf qu’en flattant le pouvoir, elle n’a l’air de blâmer que ce qui lui désobéit et ce qui méprise sa parole.
La guerre étant avec Dieu lui-même, la question avec les hommes est tranchée avec plus de mépris et moins de passion quant à eux. La passion s’allie moins à l’orgueil qu’à la volonté de l’homme ; il est esclave de ceux qui lui rendent le tribut de leur flatterie. La volonté est davantage son maître. Dans ce cas, dupe de sa vanité, le roi se trouve lié par des lois apparemment faites pour garantir ses sujets de ses caprices, en paraissant attribuer à sa volonté et à sa sagesse un caractère d’immutabilité qui n’appartient qu’à celles de Dieu. Daniel est jeté dans la fosse aux lions : Dieu le garde. C’est ce qu’il fera pour le résidu d’Israël, en général, à la fin du siècle. Le jugement que les ennemis d’Israël ont voulu faire tomber sur les fidèles d’entre ce peuple, s’exécutera sur eux-mêmes ; mais l’effet de ce jugement va plus loin que celui des autres. Nebucadnetsar défendait de dire du mal du Dieu d’Israël, il a dit du bien du roi des cieux qui l’avait abaissé ; mais Darius commande que partout on reconnaisse le Dieu de Daniel et d’Israël pour le seul Dieu vivant, dont le royaume ne saurait être ébranlé, et qui, de fait, a délivré celui qui se confiait en Lui. Historiquement, il paraît que Darius avait des sentiments de respect pour Dieu et pour la piété de Daniel. Il n’est pas son Dieu, mais le Dieu de Daniel ; mais il le respecte ; il l’appelle aussi le Dieu vivant.
Enfin, l’idolâtrie, l’impiété, l’orgueil, qui s’élèvent au-dessus de tout, voilà ce qui caractérise les grands empires présentés en Daniel et ce qui amène leur jugement. L’effet du jugement, c’est que le Dieu des Juifs est reconnu comme le Dieu vivant qui délivre, le Très-Haut qui domine sur le royaume des hommes. Les mêmes traits caractériseront les jours de la fin. Ceci termine la première partie du prophète.
Nous arrivons maintenant aux communications faites à Daniel lui-même : elles contiennent non seulement des principes généraux, mais des détails concernant le peuple de Dieu et les gentils qui l’opprimaient, détails historiques, quoique donnés d’avance prophétiquement.
Le grand but du chapitre 7 est de nous présenter l’histoire de la quatrième bête, soit de la dernière forme de l’empire commencé à Babylone parmi les gentils, de la grande puissance de l’Occident dans laquelle devait se développer tout ce que l’homme en possession du pouvoir deviendrait à l’égard de Dieu et des fidèles ; et avec cela, ses relations avec les saints sont données dans l’interprétation. Mais, pour introduire cette bête occidentale, ce qui l’a précédé est succinctement exposé. Quatre bêtes montent de la mer, c’est-à-dire s’élèvent au milieu des flots des populations humaines. Ces puissances ne sont pas envisagées ici comme établies de Dieu, mais à un point de vue purement historique. Nous avons vu l’empire directement établi de Dieu dans la personne de Nebucadnetsar ; mais ici, quoique toute puissance qui existe soit établie de Dieu, elles sont envisagées, non dans leur origine, mais dans leur histoire. Ces bêtes montent de la mer. Le prophète les voit premièrement toutes à la fois, sortant de l’agitation des peuples. Cette partie de la vision présente des traits qui les caractérisent, et ne donne pas de date.
Le verset 4 nous montre Babylone puissante, puis abaissée et soumise ; corps de lion avec des ailes d’aigle. Ce qu’il y avait de plus énergique et de noble, humainement parlant, dans la force, ce qui planait sur les nations avec le vol le plus rapide et le plus élevé, caractérisaient ce premier essor de l’esprit humain, auquel la volonté divine avait confié l’empire du monde. Cette position, Babylone la perd.
La seconde bête dévorait beaucoup de chair, mais elle n’avait ni l’énergie ni le vol rapide de la première ; elle s’appropriait d’autres empires, plutôt qu’elle n’en créait un ; double dans sa force au commencement, elle s’est élevée d’un côté plutôt que de l’autre. Elle est féroce, mais comparativement lourde : c’est l’empire Médo-Perse.
Le chapitre dit peu de chose de la troisième bête ; la légèreté et l’activité rapide la caractérisent, et puis la domination lui est donnée : c’est l’empire fondé par Alexandre.
La quatrième est réservée pour une vision distincte.
On fera bien de remarquer ici, en passant, que le chapitre se divise en quatre parties distinctes : les trois visions et l’interprétation donnée ensuite au prophète de ce qu’il a vu. La première vision contient les quatre bêtes mises ensemble et les caractères des trois premières brièvement exposés : la seconde, celui de la quatrième, avec beaucoup plus de détails ; la troisième, l’arrivée de celui qui ressemblait à un fils d’homme devant l’ancien des jours. Elles commencent respectivement aux 1°, 7° et 13° versets ; puis vient l’interprétation du 15° jusqu’à la fin du chapitre.
Les traits de la quatrième bête sont assez nettement dessinés. Elle est excessivement forte ; elle dévore et brise tout, foulant sous ses pieds ce qui reste. Elle n’avait pas le même caractère que les monarchies précédentes, et elle avait dix cornes, c’est-à-dire sa force a été partagée entre dix puissances distinctes. La force, la rapidité n’épargnant et ne respectant rien, s’appropriant tout en le foulant sous les pieds sans conscience, voilà ce qui caractériserait la quatrième bête moralement ; une division en dix royaumes la distinguerait quant à sa forme. La simplicité uniforme pour le fond des autres monarchies lui manquerait aussi ; mais ce n’était pas tout : un autre élément bien distinctif et spécial attirait l’attention toute particulière du prophète : en considérant les cornes, il voyait monter une autre petite corne ; trois des premières tombent devant elle. Cette corne avait la perspicacité et l’intelligence de l’homme ; elle avait des prétentions énormes. Voilà son caractère. Une puissance s’élève au milieu des dix, qui en renverse trois. Cette puissance est clairvoyante et pénétrante dans son intelligence, elle ne possède pas seulement la force, mais a des pensées, des plans, outre ceux d’ambition et de gouvernement, une tête qui travaille moralement, qui s’occupe de connaissance et s’élève avec des prétentions pleines d’orgueil et de hardiesse. Il y avait chez elle un caractère d’intelligence moral et systématique (en mal), et non seulement la force d’un conquérant. Cette corne avait des yeux d’homme.
Ensuite les trônes sont placés (*), et l’ancien des jours s’assied. C’est une séance de jugement, le trône de jugement de l’Éternel. Il n’est pas dit où, mais son effet est sur la terre. Les paroles de la petite corne sont la cause de l’exécution du jugement. Il s’exécute sur la bête, qui est détruite et livrée aux flammes. À l’égard des autres bêtes, leur domination avait été ôtée, mais leur vie prolongée ; mais la quatrième perd sa vie avec son empire. La scène de jugement fait partie de la vision de la quatrième bête, et s’y rapporte spécialement.
(*) C’est la traduction reconnue juste à peu près par tous.
Ensuite, verset 13, il y a une nouvelle vision. Quelqu’un, semblable à un fils d’homme, est amené à l’Ancien des jours et reçoit le royaume et la domination universelle. C’est la domination de l’Éternel confiée à l’homme dans la personne du Christ, substituée à l’empire de la bête. Faites attention que ce n’est pas ici l’exécution du jugement dont il a été question, mais la réception du royaume terrestre, car il s’agit du gouvernement de la terre en tout ceci.
L’interprétation embrasse deux parties : elle est générale
(v. 17, 18), et détaillée à l’égard de la quatrième bête (v. 19-28). La partie
générale déclare que ces quatre bêtes sont quatre rois ou empires qui
surgissent de la terre ;
mais
que les saints des hauts lieux
prendront
le royaume et le posséderont pour toujours. Voilà les deux grands faits qui
ressortent de cette histoire : l’empire terrestre et celui des saints des
hauts lieux, le premier se composant de quatre monarchies. Ensuite viennent les
détails à l’égard de la quatrième. On remarquera ici que, dans
l’interprétation, il y a un élément ajouté du plus haut intérêt, qui n’était
pas dans la vision à laquelle elle se rapporte, savoir : ce qui regarde
les saints. En communiquant au prophète la portée de la vision, Dieu ne saurait
les omettre. Déjà le verset 18 nous les présente en contraste avec les empires
de la terre. Dans la vision, ces empires étaient vus dans leur caractère public
ou extérieur. Ici, l’Esprit de Dieu montre ce qui rendait leur conduite
intéressante au coeur même de Dieu, qui voulait témoigner cet intérêt au
prophète. Les saints paraissent immédiatement, mais en souffrance (verset 21).
Voilà ce qui caractérise tout premièrement la petite corne, lorsqu’il est
question de ses voies.
Mais les versets 21 et 22 demandent encore quelques remarques.
La petite corne non seulement fait la guerre aux saints, mais elle a le dessus
sur eux jusqu’à une certaine époque, c’est-à-dire jusqu’à ce que l’Ancien des
jours vienne. Nous voyons ici quelque chose de plus précis que l’idée générale
du jugement qui doit frapper l’audace des hommes. Nous sommes occupés, non de
l’histoire publique et des principes généraux, mais des explications fournies
aux saints dans la personne du prophète. C’est la venue
de l’Ancien des jours qui met fin à la puissance de la petite
corne sur les saints. D’autres événements importants résultent de ce grand
changement, de cette intervention de Dieu : 1° le jugement est confié aux
saints des hauts lieux ; et 2° les saints prennent le royaume. Remarquez
ici la désignation spéciale des hauts lieux. La petite corne persécute les
saints sur la terre, et a le dessus jusqu’à ce que l’Ancien des jours
vienne ; mais ce n’est qu’aux saints des hauts lieux
que le jugement est confié. Ne savez-vous pas, dit
l’apôtre, que les saints jugeront le monde ? Le lecteur ne doit pas aller
au-delà de ce qui est dit, et il n’est pas dit ici à l’Église, idée qui ne se
trouve pas dans ces passages : ce sont les saints qui sont attachés au nom
du Dieu souverain (*) dans le ciel, pendant
que la terre est entre les mains de ceux qui ne le reconnaissent pas, et
pendant que son gouvernement ne s’exerce pas, c’est-à-dire n’a pas pour
caractère de les garantir des souffrances et de la malice des méchants. Ceci
s’applique, en principe, à tous les temps, depuis la chute jusqu’à ce que
l’Ancien des jours vienne. Mais il y a une période spécialement caractérisée
par cet esprit de rébellion, savoir celle du pouvoir de la petite corne. Il y a
une autre catégorie de personnes nommées plus bas : le peuple
des saints des hauts lieux ; le royaume lui est
donné ; mais, dans ce cas, l’Esprit ne dit pas : le jugement.
(*) Il y a quatre noms que Dieu s’est donné dans ses relations avec les hommes : « Ie Tout-Puissant », en rapport avec les patriarches (Gen. 17) ; l’Éternel », avec Israël (Ex. 6) ; « le Père », avec les chrétiens (Jean 18) ; « Ie Très-Haut », dans le millénium (Gen. 14), et ici, dans Daniel (comp. Ps. 91). Le nom de Père marque une différence dans la position tout entière, nous associant à Christ, le Fils en qui le Père s’est révélé. C’est ce que l’évangile de Jean fait spécialement ressortir.
Au verset 22 aussi, lorsqu’il est question du royaume, il n’est pas fait mention des saints des hauts lieux ; il est dit seulement : « les saints possédèrent le royaume » ; de sorte que nous voyons la puissance de la petite corne exercée contre les saints en les surmontant, terminée par l’avènement de l’Ancien des jours, la terre étant la scène de ce qui s’accomplit. Cet avènement est accompagné de deux autres faits qui en résultent et qui changent l’aspect du monde, c’est-à-dire le jugement est mis entre les mains des saints célestes, et le royaume est donné aux saints. Le premier de ces deux faits se limite aux saints célestes ; le second est plus général, les saints sur la terre y ayant part selon leur condition, sans en exclure ceux d’en haut selon la leur.
Au verset 23, commencent les détails historiques de la petite corne. Le caractère général de la quatrième bête est mis en relief ; elle dévore, subjugue et écrase tout. Ce n’est pas seulement un empire consolidé d’une telle ou telle étendue ; elle étend ses ravages, comme de droit, par toute la terre ; puis il y a dix royaumes qui surgissent au sein de l’empire et partagent sa puissance. C’est son caractère extérieur et général ; mais une autre puissance surgit, lorsque les dix subsistent déjà, qui est d’un caractère différent des dix ; elle en assujettit trois. Or, cette corne parle contre le Très-Haut, s’élève en paroles contre Lui, et, dans sa malice, détruit les saints desquels les coeurs sont liés avec le Dieu des cieux, et qui reconnaissent son nom et son autorité sur la terre. Elle veut disposer des fêtes religieuses et de la loi, et elles sont livrées entre ses mains pendant trois ans et demi. Dans ce dernier fait, nous rencontrons d’une manière assez distincte l’oppresseur des Juifs : tout leur système est livré entre ses mains. Ces trois caractères sont suffisamment clairs et distincts ; il s’élève en paroles contre le Très-Haut ; il persécute ceux qui reconnaissent Dieu dans le ciel, et dont le coeur s’élève jusque là-haut (comp. Ps. 11:4) ; il efface toute trace publique de la religion terrestre.
On peut remarquer qu’on se trouve ici en dehors de toute question relative à l’Église, sauf en des expressions très générales qui peuvent s’appliquer en principe à tout saint quelconque sur la terre. Il est bien aussi de remarquer que ce ne sont pas les saints, ainsi qu’on l’a supposé, qui sont livrés entre les mains de la petite corne, mais les formes de la religion judaïque. Dieu peut permettre et vouloir, pour le bien des saints, qu’il y ait une persécution ; mais il ne livre jamais les saints entre les mains de leurs ennemis ; il ne saurait le faire, ni abandonner et délaisser les siens. En un mot, quels que soient les principes généraux qui puissent trouver une application dans le courant des siècles, cette prophétie, comme révélation propre et exacte, se rapporte, ainsi que tout le livre, à la terre, de laquelle l’Église n’est pas, et aux Juifs, à l’égard desquels Dieu exerce son jugement sur la terre.
Ceci compris, on trouve très clairement ces trois traits :
l’élévation de la petite corne contre le Très-Haut, ses paroles exhalant la
fierté contre Lui ; tous les saints qui s’élèvent en esprit au-dessus de
la terre, reconnaissant le Dieu Très-Haut dans le ciel et attendant leur
délivrance de sa main, se réfugiant de coeur auprès de Lui lorsque la terre
sera comme livrée entre les mains des méchants ; tous ceux qui, ainsi,
maintiennent un témoignage de fait contre l’homme qui s’arroge tout droit sur
la terre et ne veut pas du ciel, persécutés par lui ; enfin, la
suppression par lui des fêtes régulières des Juifs et des ordonnances qu’ils
avaient rétablies ; sa tyrannie, qui ne veut rien que sa propre puissance,
effaçant toute trace de ces ordonnances qui, quelle que soit leur futilité
quand elles sont ainsi rétablies dans l’incrédulité, rendent néanmoins
témoignage à un Dieu de la terre. Mais le jugement arrive et s’assied pour
prendre connaissance de tout cet orgueil. La domination de la petite corne est
consumée et détruite. On peut remarquer ici que, de fait, c’est la petite corne
qui, à la fin, manie le pouvoir suprême. C’est sa
domination qui est détruite.
Ensuite, le royaume et la domination au-dessus des cieux sont
confiés au peuple des saints des hauts lieux. Il me semble que la portée de ces
expressions, dont la forme est particulière, est cependant assez évidente. Le
Dieu souverain règne, mais il règne en rapport avec le système qui fait
savoir : « que les cieux
règnent », ainsi qu’il est dit, à ce sujet, dans le cas de Nebucadnetsar.
L’homme de la terre a voulu régner, jeter le défi au ciel, et, soustrayant la
terre au gouvernement de Celui qui demeure en haut, la posséder indépendamment
de Lui. Or le jugement a démontré sa folie. Le souverain règne pour
toujours ; les saints
qui l’ont
reconnu ont le jugement et la gloire, et le peuple, qui en dépend sur la terre,
est le peuple suprême et dominateur. Ce sont les Juifs ; mais, en
définitive, c’est Dieu qui règne.
Il y a deux mots traduits par « Très-Haut » et « hauts [lieux] » : l’un au singulier et l’autre au pluriel, et ce dernier signifiant les
« hauts [lieux] ». Je suis porté à croire que ce mot a amené l’expression de
lieux célestes dans l’épître aux Éphésiens, où cependant sa portée est beaucoup
plus grande ; car ici, il ne s’agit que du gouvernement
; là, des choses qui appartiennent à cette
sphère, ou qui s’y trouvent. Cette distinction fait bien comprendre la
différence entre l’Église ou même les chrétiens, et les saints des hauts
[lieux] du chap. 7 de Daniel. Dans le cas des chrétiens, il s’agit de personnes
jouissant, en esprit au moins, des bénédictions qui s’y trouvent, assis là en
Christ et combattant avec les malices spirituelles qu’ils y rencontrent. Ici,
au contraire, il s’agit de reconnaître le gouvernement
,
qui appartient de droit aux cieux et à Celui qui y règne, en présence d’une
puissance qui le nie et qui s’élève contre Lui, pour ne reconnaître
qu’elle-même sur la terre. La portée de la prophétie est claire et très
facilement intelligible : reconnaître le droit de gouvernement en haut, ou
y être assis pour jouir des bénédictions qui sont propres à cette place, sont
deux choses bien distinctes. Chaque chose a sa place dans les pensées de Dieu,
où l’ordre parfait règne.
En somme, nous voyons, outre le système des quatre bêtes en général, la puissance de l’Occident partagée en dix, et la domination à la fin entre les mains de la petite corne qui abat trois des dix cornes, s’élève contre Dieu dans le ciel, persécute et surmonte les saints, détruisant par ses persécutions ceux qui s’identifient avec le Dieu des cieux, abolit toutes les ordonnances juives, et enfin, est elle-même détruite. Cette abolition du système juif dure trois ans et demi, ou 1260 jours, période qui ne s’applique qu’à ce dernier point. Les autres sont caractéristiques et non chronologiques.
Le gouvernement de la terre, autrefois confié à l’homme dans la personne de Nebucadnetsar, n’est pas rétabli comme il était auparavant, par un trône simplement terrestre à Jérusalem. Dans l’intervalle, en présence de la rébellion de la puissance terrestre contre le Très-Haut, les saints ont pris un caractère qui découle de ce qu’ils regardent vers les cieux, et vers Celui qui y règne, Dieu, à l’égard de son gouvernement de la terre, ayant pris ce nom (Dan. 2:37), position très intelligible, vu qu’il avait abandonné Jérusalem.
Ce sont ces saints des hauts lieux qui prendront le royaume ; mais à la suite du jugement de la corne rebelle, le peuple terrestre se retrouve en possession de la domination au-dessous des cieux, mais sous la dépendance de ceux qui sont assis là-haut.
De sorte que nous possédons déjà trois éléments clairs et importants des voies de Dieu. le trône terrestre de Jérusalem délaissé ; le trône des gentils établi par l’autorité de Dieu, du Dieu du ciel ; la rébellion de cette dernière puissance, c’est-à-dire celle des gentils, contre Celui qui lui avait confié l’autorité ; les saints distingués par ceci, qu’ils reconnaissent Celui que la puissance terrestre a renié : ils sont des cieux, où Dieu avait sa place et son trône maintenant, car il n’était plus sur la terre à Jérusalem ; ensuite, le jugement exécuté contre la puissance rebelle ; le jugement donné à ces saints des hauts lieux ; le peuple terrestre établi dans le royaume sous les cieux en rapport avec eux. C’est là la domination du Dieu du ciel qui ne passe pas. En rapport avec ceci est le caractère donné à Celui qui par excellence reçoit le royaume. Ce n’est plus le Messie reconnu roi en Sion, mais quelqu’un dans la forme de Fils de l’homme, titre d’une portée bien plus grande et d’une étendue bien plus vaste. C’est le changement qui se trouve avoir eu lieu quand on passe du Ps. 2 au Ps. 8 (*). Non seulement le Messie prend le caractère de Fils de l’homme, mais quand les faits s’accomplissent, on trouve que c’est l’Ancien des jours lui-même qui vient, et qui met fin à la puissance qui tourmentait les saints, et que Christ (comme le montrent si abondamment les Psaumes et les évangiles) est l’Éternel.
(*) Amené là par la réjection du Messie.
C’est le grand tableau du gouvernement de l’homme qui prend tout son développement caractéristique à la fin, et sa suppression par le jugement de Dieu qui établit les fidèles dans l’autorité, et par-dessus tout le Fils de l’homme lui-même et son peuple sur la terre. Les saints des lieux très-hauts seraient donc ceux qui lorsque l’Église (dont il n’est pas fait mention ici) sera enlevée, regardent en haut, reconnaissant que la puissance se trouve là, et qui, s’ils sont mis à mort par une puissance rebelle, ont leur place en haut. Nous les retrouvons dans l’Apocalypse, spécialement au chapitre 20, et là deux classes. Le peuple des saints est le résidu épargné sur la terre.
Le chapitre 8 nous donne des détails sur les événements qui s’accomplissent ailleurs, en Judée, et qui concernent les Juifs. Les deux empires de Perse et de Grèce, soit ceux de l’Orient après celui de Babylone sous lequel la prophétie a eu lieu, ne sont mentionnés que pour désigner les contrées où les événements doivent se passer et les introduire dans leur ordre historique. L’empire perse est renversé par le roi grec, dont l’empire est ensuite remplacé par quatre monarchies, de l’une des quelles surgit une puissance qui fait essentiellement le sujet de la prophétie.
Dans l’interprétation, nous trouvons la déclaration positive que c’est à la fin de l’indignation que les événements racontés doivent arriver. Or, il s’agit de l’indignation contre Israël, chapitre 11:36, de ce livre ; il est parlé de cette période d’indignation en És. 10:25. Elle se termine par la destruction de l’Assyrien qui en est l’instrument par excellence (És. 10:5). Tous ces passages montrent, quand on étudie spécialement leurs contextes, que c’est tout à fait aux derniers jours que les événements indiqués dans ces prophéties s’accompliront. Ce sera le temps de l’affliction de Jacob ; mais il en sera délivré. Le Seigneur lui-même fait allusion à cette époque (Matt. 24), en invitant ses disciples à faire attention à ce que Daniel en dit (comparez avec ces paroles Dan. 12:1, 7, 11). Il me semble que la prophétie elle-même ne se rapporte pas aussi absolument aux derniers jours que l’interprétation qui en est donnée (*). Ce qui est signalé dans cette prophétie n’est pas la dernière fin de l’indignation, mais le fait qu’une petite corne s’élève d’un de ces quatre royaumes qui avaient succédé à Alexandre. Cependant, le grand but de l’Esprit est de révéler ce qui se passera au temps de la fin (v. 17).
(*) Il en est ainsi, ce me semble, parce que des événements arrivés sous les successeurs de Séleucus, premier roi du Nord, ont servi de type ou d’accomplissement partiel et anticipatif de ce qui arrivera aux derniers jours. Au chapitre 11, et ici, il y a une description ou une allusion assez marquée aux actes d’Antiochus Épiphane. Le chapitre 11, je le crois, le raconte historiquement. Dieu, dans la prophétie, a en vue les événements des derniers jours. C’est tout ce qui se trouve dans l’interprétation.
Il est bien de faire remarquer qu’aucune interprétation d’une parabole ou prophétie obscure de l’Ancien ou du Nouveau Testament, n’est simplement une interprétation : elle ajoute ce qui révèle, par le résultat, la signification des voies de Dieu, ou des faits décrits dans ce qui est obscur, ou par des jugements extérieurs qui justifient le jugement spirituel des siens, ou par quelques traits nouveaux qui donnent la vraie portée des événements pour les saints. En un mot, c’est Dieu qui communique aux siens ce qui donne sa valeur à ce qui précède, ou qui les dirige dans leur pensée à l’égard de ce qui a été dit, par la révélation de ces jugements, ce qui les confirme d’une manière pratique dans ses pensées.
Examinons les traits principaux de la petite corne. La puissance désignée par « la petite corne » s’agrandit territorialement du côté de l’orient, du midi et de l’ornement (de la terre), c’est-à-dire, il me semble, vers Jérusalem ou Sion. Cette corne s’élève contre l’armée des cieux et en jette une partie, ainsi qu’une partie des étoiles, par terre et les foule aux pieds.
Quelles sont les personnes désignées sous cette figure : l’armée des cieux et les étoiles ? Il s’agit, souvenons-nous-en, du système juif. Une fois qu’on a bien saisi cela, l’application n’est pas difficile. Il est question de ceux qui, par leur profession, entourent le trône de Dieu, et en particulier, de ceux qui sont éminents au milieu d’eux. Ce ne sont pas les fidèles qui regardent en haut, desquels parle le chapitre 7. Être l’armée du ciel, dépeint une position et non pas un état moral : comparez verset 24 ; mais ce passage suppose que les Juifs ont de nouveau cette position devant Dieu, lors même que ce serait pour le jugement. Cela veut dire qu’ils sont de nouveau sous les yeux de Dieu, comme étant en relation avec Lui, comme un objet dont il s’occupe, un peuple responsable en vue de ses anciennes relations avec Lui, quoique la puissance des gentils subsiste encore. Or, si leur état ne répond pas à la position qu’ils reprennent vis-à-vis de Lui, ils sont, par le fait même qu’elle existe, les objets des châtiments de Dieu.
Ici, remarquez de plus, que ce qui est signalé est la transgression (non pas l’abomination placée par quelqu’un, mais la transgression), qui cause la désolation, et même elle est venue au comble dans l’interprétation.
Cette corne est donc l’instrument de châtiment sur les Juifs
rentrés, quant à leur profession, en relation avec l’Éternel et dans leur
terre, s’arrogeant le caractère de Son peuple, mais poussant la transgression
contre Lui au plus haut degré. La corne en ruine quelques-uns
complètement ; mais ce n’est pas tout. Il (car, ici, le mot n’est plus en
accord avec le mot corne, peut-être pour désigner le roi personnellement)
s’élève jusqu’au Chef de l’armée ; il pousse ses prétentions jusqu’à
s’opposer à Lui ; il s’élève jusqu’à agir contre le Christ dans son
caractère de chef d’Israël, contre le Juge qui vient, contre le Chef d’Israël,
qui est l’Éternel lui-même ; car c’est l’Ancien des jours, nous l’avons
vu, qui vient. Ici cependant, tout est envisagé sous le point de vue judaïque.
Il est chef d’Israël. On voit que c’est l’Éternel, parce que c’est son sacrifice
qui est ôté, son sanctuaire qui est renversé. Mais il est présenté comme prince
de l’armée (*) ; le sacrifice continuel
est ôté à
celui-ci non « par
celui-ci (**) ».
Le culte judaïque offert à l’Éternel est supprimé, son sanctuaire est renversé,
et un temps de détresse est assigné au sacrifice continuel (c’est ainsi que je
comprends ce verset), à cause des transgressions ; enfin, la petite corne (***) (car ici la forme du mot se rapporte de
nouveau à la corne) renverse la vérité, agit et prospère.
(*) J’ai un peu hésité sur la question de savoir si l’armée du ciel ne signifierait pas les puissances de la terre, les Juifs n’y prenant leur place que comme devant être sous le gouvernement de Dieu, et l’étant pour l’Esprit de prophétie. Je ne me refuse pas à cette idée, mais il me semble certain que l’Esprit a en vue spécialement les Juifs. Voyez verset 13. Le verset 24 pourrait donner à croire qu’il détruira d’autres que les Juifs. Christ élevé à la droite de Dieu est chef de toute puissance, mais il est aussi spécialement chef des Juifs. Si l’on veut même appliquer l’expression Prince des princes à cette suprématie sur toutes les puissances, l’analogie de la Parole justifie l’application. Le rapport entre armée et sanctuaire, verset 13, fait voir, ce me semble, que l’Esprit avait particulièrement en vue les Juifs qui entourent le lieu choisi pour trône de l’Éternel.
(**) Il n’y a pas de doute que le passage dise que le sacrifice est ôté au Prince de l’armée. Reste encore à savoir par qui ? Le kéri, qui est, en général, je le pense, la meilleure leçon là où il y a des variantes dans l’hébreu, lit : « lui fut ôté », sans dire par qui ; le kétib : « il lui ôta », ce qui attribuerait cet acte à la petite corne.
(***) C’est une différence de genres. Celui qui s’élève, verset 11, est au masculin en hébreu, tandis que, à la fin du verset 12, le verbe est de nouveau au féminin, elle renversa, s’accordant avec corne.
La durée de toute la vision en rapport spécial avec la transgression qui en est la cause, et peut-être, on peut dire, y compris la durée de transgression qui amène la désolation, en un mot, toute la scène de transgression et de désolation qui en découle, de sorte que le sanctuaire et l’armée sont foulés aux pieds, est de 2300 soirs et matins.
Or nous voyons, au verset 19, que l’interprétation se rapporte au temps de la fin, indication bien importante pour l’intelligence du passage (*) ; et voici ce qui doit arriver à la fin de l’indignation (sur Israël), à la fin, lorsque la transgression des Juifs est comble. Un roi d’une grande fierté, qui résout les énigmes, se lèvera ; une espèce de docteur ou rabbi, mais fier, effronté et hardi dans son apparence. Il sera puissant, mais ce ne sera pas par le moyen de sa propre force. Il fera de grands dégâts, prospérera et opérera, détruira des puissants ou un grand nombre de personnes, et en particulier le peuple des saints, c’est-à-dire les Juifs (voyez ch. 7:27). Il est subtil et fait réussir toutes ses ruses, il s’exalte dans son coeur et en corrompt plusieurs par le moyen d’une fausse et irréligieuse sécurité, et enfin s’élève contre le Prince des princes ; puis il est détruit sans intervention humaine. Cela signifie qu’au temps de la fin, lorsque le dénouement des conseils de Dieu aura lieu, lorsque son indignation contre Israël touchera à son terme, la transgression de ce peuple étant déjà venue à son comble, un roi surgira dans une partie de l’ancien empire grec, dont la puissance sera caractérisée par son agrandissement à l’orient, au midi, et vers Jérusalem, c’est-à-dire, sera établie là où est actuellement la Turquie d’Asie, Jérusalem étant son point de mire. Cette puissance fera beaucoup de dégâts et sa force sera grande, mais ne sera pas la sienne proprement dite. Ce roi sera sous la dépendance de quelque autre puissance. Il détruira aussi le peuple juif ; mais la destruction n’est pas son seul caractère. Il a une sagesse semblable sous quelques rapports à celle de Salomon. Il est très rusé, et il réussit à détruire les Juifs en les berçant d’une sécurité qui leur fait oublier l’Éternel. On le voit donc s’occupant des Juifs, non seulement par ses conquêtes, mais comme un docteur, par la ruse et une fausse paix. Enfin, il s’élève contre Christ envisagé comme Prince des princes ou des rois de la terre, C’est-à-dire dans son caractère de suprématie terrestre. Il est détruit par la puissance divine sans intervention humaine.
(*) La vision parle spécialement des Séleucides, ou successeurs asiatiques d’Alexandre ; et elle mentionne leurs actes, en particulier ceux d’Antiochus Épiphane, bien que le verset 11 et la première moitié du verset 12 soient distincts, comme nous l’avons fait remarquer. Ainsi, les deux mille et trois cents soirs et matins ne se rapportent pas nécessairement à quoi que ce soit d’autre qu’aux actions des Séleucides, ce que le verset 26 confirme. L’interprétation (versets 23-25) s’applique aux derniers jours. Il n’y est pas question du sanctuaire, mais de la destruction du « peuple des saints » (les Juifs), et de la rébellion contre le Prince des princes.
Ce roi est distinct de la petite corne du chapitre 7, qui domine la grande bête occidentale. C’est un roi de l’orient qui surgit, non de l’empire romain, mais du sein de l’empire grec, établi en Syrie et dans les contrées voisines, et qui tire sa force d’ailleurs que de ses propres ressources. Il se mêlera religieusement des affaires des Juifs, à sa façon ; mais il me semble que ce qui est dit de lui est plutôt caractéristique du désolateur, que Dieu permet à l’ennemi de susciter, à cause des transgressions de son peuple, que de celui qui confirme alliance avec eux pour un temps, dans le but de les ruiner et de les entraîner, plus tard, dans la fange de l’apostasie. C’est celui qui les opprimera en orient, ayant là le siège de son action, comme la petite corne du chapitre 7 domine en occident (*). La désolation est mise en relief à l’occasion de cette petite corne. Le verset 11 est une espèce de parenthèse qui se rapporte en entier au prince de l’armée, et les deux derniers faits mentionnés dans ce chapitre, savoir : que le sacrifice lui est ôté, et que son sanctuaire est renversé, sont introduits en rapport avec le chef de l’armée, comme une partie de la désolation d’Israël, pour en compléter la description, sans en indiquer, il me semble, l’auteur. Il n’en est pas question dans l’histoire du roi lui-même, à la fin du chapitre. C’est une partie de la désolation de ces temps-là, à laquelle il est fait allusion au verset 11.
(*) Le chapitre 7 nous donne la puissance ou corne de l’occident ; le chapitre 8, celle de l’orient ; le chapitre 9, l’état de Jérusalem sous la puissance de l’occident ; les chapitres 10, 11, l’état sous les puissances de l’orient, y compris le roi qui agit selon son bon plaisir.
Le chapitre 9 nous fournit une vision concernant le peuple et la
sainte ville, à la suite de la confession et de l’intercession de Daniel. Elle
est, comme nous l’avons déjà observé, en rapport avec l’oppression de la
puissance occidentale, et les détails sont, en effet, relatifs à l’oppression.
Le prophète avait compris, non par une révélation directe, mais par l’étude de
la prophétie de Jérémie et par l’emploi des moyens ordinaires mis à la
disposition de l’homme spirituel, que la fin de la captivité, dont la durée
avait été annoncée par ce dernier prophète, était proche. L’effet produit sur
l’esprit de Daniel, vrai signe du prophète de Dieu, a été une intercession
ardente en faveur du sanctuaire désolé et de la ville bien-aimée de l’Éternel.
Il fait confession avec effusion devant Dieu, et reconnaît le péché du peuple
et des rois, la dureté de leurs coeurs et la justice de Dieu qui avait fait
venir le mal sur eux. Il en appelle aux compassions de Dieu pour l’amour du
Seigneur. La prophétie est la réponse de Dieu à cette prière. Soixante et dix
semaines sont déterminées sur le peuple de Daniel et sur sa sainte ville.
L’Éternel ne les reconnaît pas pour siens proprement dits ; mais il
accepte l’intercession du prophète, comme il avait accepté anciennement celle
de Moïse, en disant à Daniel : ton
peuple et ta
ville. Daniel tient la
place de médiateur. Il a les pensées de Dieu, ses paroles, et ainsi il peut
intercéder (comparez sur ce point profondément intéressant : Gen.
20:7 ; Jér. 27:18 ; Jean 15:7). À la fin de ces soixante et dix
semaines prises d’entre les siècles, arriverait la période arrêtée de Dieu pour
clore la transgression, mettre le sceau sur le péché (c’est-à-dire le terminer
et en disposer), pour pardonner l’iniquité et introduire la justice éternelle,
pour mettre le sceau à (toute) vision et prophétie et pour oindre le saint des
saints ; ceci, faites-y attention, à l’égard du peuple d’Israël et de la
ville. C’est le rétablissement complet du peuple et de la ville, en grâce.
Cette période de soixante et dix semaines est divisée en trois parties : sept, soixante-deux, et une. Pendant la première partie, ou celle des sept semaines, la ville désolée et ses murs abattus seraient relevés dans un temps de détresse, ou à travers les difficultés du temps. Après soixante-deux semaines, c’est-à-dire après soixante-neuf en tout, le Messie serait retranché et n’aurait rien (c’est le vrai sens des mots). Celui auquel appartenaient le royaume et la gloire, au lieu de les recevoir, serait retranché et n’aurait rien. Mais à la suite de cet événement, la ville et le sanctuaire qui avaient été rebâtis seraient détruits, la fin serait comme un torrent dévastateur, et jusqu’à la fin de la guerre il y aurait une ordonnance ou décision arrêtée de désolations. Voilà l’histoire complète des désolations en général. 1° Soixante-neuf semaines sont accomplies. Après cela, le Messie est retranché sans que le moment en soit exactement indiqué. Ceci a entièrement interrompu le cours des soixante et dix semaines. Le retranchement du Messie n’était pas le moment du rétablissement du peuple et de la ville. Le résultat est clairement annoncé, savoir une période de désolation jusqu’à la fin. C’est un état dont la durée n’est pas indiquée. Nous retrouverons, au chapitre 11, la même manière de traiter une période analogue. Le peuple d’un prince qui devait venir, détruirait la ville.
Ensuite l’Esprit de Dieu reprend la soixante et dixième semaine, dont les détails n’étaient pas encore développés. Le prince à venir confirme alliance avec la masse des Juifs (la forme (*) du mot « plusieurs » indique la masse du peuple), voilà le premier fait qui caractérise la semaine. Les Juifs s’allient avec le chef du temps d’alors, du peuple qui avait ruiné autrefois leur ville et leur sanctuaire. Ils forment alliance avec le chef du peuple romain. Ceci se rapporte à la semaine entière. Mais la moitié (**) de la semaine écoulée, l’aspect des choses change. Le chef fait cesser le sacrifice et l’oblation, et à cause de la protection des idoles, il y a un désolateur et jusqu’à la consomption décrétée (***), le jugement sera versé sur la désolée.
(*) Le mot plusieurs a l’article en hébreu. La même chose a lieu pour d’autres passages dans Daniel, sur lesquels j’attirerai l’attention du lecteur, et qui démontrent clairement qu’il s’agit de la masse du peuple, des plusieurs. La même forme de phrase se trouve dans le grec.
(**) On peut remarquer que le Seigneur, dans les évangiles, ne parle d’une manière expresse que de la dernière moitié de la semaine, du temps de tribulation qui est à la suite de l’introduction dans le lieu saint de l’idole qui cause la désolation. Quelques personnes ont pensé qu’il ne reste à venir que cette demi-semaine, le Christ ayant été, selon eux, retranché au milieu de la semaine. D’autres ont pensé que la soixante et dixième semaine elle-même s’est écoulée tout entière avant la mort de Jésus, mais qu’elle n’est pas comptée, Jésus ayant été rejeté, et que cette semaine se retrouve du temps des rapports des Juifs avec le Méchant. Ce que le passage nous dit, c’est, en premier lieu, qu’aux temps de la fin, le prince, le chef de l’empire romain fait une alliance qui se rapporte à une semaine entière ; et de l’autre côté, la dernière moitié de la semaine est annoncée par le Seigneur comme encore à venir, devant prendre place immédiatement avant son arrivée, cette demi-semaine étant le temps de tribulation sans parallèle qui la précède. S’il n’y avait que cela, l’histoire précédente du prince à venir qui fait une alliance, rentrerait dans l’histoire générale de l’état des choses. Je réserve, pour l’Apocalypse (quant à son plein développement), la question de savoir s’il reste une ou deux demi-semaines à accomplir, ainsi que la manière dont aura lieu leur accomplissement pendant la manifestation de la puissance du mal, me bornant à observer que le Messie est retranché après la fin des soixante-neuf semaines. Nous savons par le Nouveau Testament, que son ministère a duré juste la moitié de la semaine. Il est évident que ni le prince, ni le peuple juif, avec qui le prince fait alliance, ne font aucun cas de cela. L’interprétation de ce passage est claire, l’alliance d’une semaine avec le prince à venir, comme si soixante-neuf semaines seulement étaient écoulées, le Messie et son retranchement étant ignorés, et une demi-semaine de complète oppression à cause de la protection des idoles, jusqu’à la consomption décrétée.
(***) Ce mot : consomption décrétée, est une expression usitée pour les derniers jugements qui fondent sur les Juifs (voyez És. 10:22 ; 28:22). Le verset 2 de ce dernier chapitre compare le désolateur à un torrent, comme ici, verset 26. Le lecteur attentif remarquera que ces passages se rapportent aussi aux événements de ces derniers jours. Remarquez aussi l’alliance, dans És. 28:18.
Quelque doute pourrait être jeté sur la traduction : « Ia désolée » ; quelques-uns traduisent : « le désolateur », disant : « jusqu’à ce que la destruction décrétée soit versée sur le désolateur ». À une personne qui n’est pas très familière avec la parole de Dieu, cela a l’air de mieux terminer la phrase ; mais il me semble que celui qui est familier avec le contenu de la Bible et sa phraséologie, reconnaîtra que le sens que j’ai donné à ce passage est plus vrai. La portée de la prophétie est la même dans les deux cas ; l’une des traductions dit que la désolation continuera jusqu’à la fin du jugement déterminé d’avance par Dieu ; l’autre, qu’elle ne s’arrêtera que par la destruction du désolateur, ce qui revient au même. La traduction que je donne me semble plus exacte et plus selon la Parole. La traduction anglaise porte « désolée », en donnant « désolateur » en note. Dans l’original, le mot n’a pas la même forme que celui rendu par « désolateur » dans des cas où le sens en est certain.
J’ai traduit : « à cause de la protection des abominations (idoles) ». Le mot est littéralement « aile » : « sur », ou « à cause de l’aile des abominations » ; or on sait que ce mot « aile » est employé habituellement pour protection.
Ce qui nous est donc annoncé ici, c’est que soixante et dix semaines sont mises à part pour l’histoire de la ville et du peuple de Daniel. Pendant ces soixante et dix semaines, Dieu est en relation avec Israël (*), non pas cependant immédiatement, mais en rapport avec la foi d’un résidu fidèle, d’un Daniel, d’une intercession qui, se liant à l’existence d’un résidu, sert de lien entre Dieu et le peuple, intercession sans laquelle le peuple serait rejeté. C’est le même principe que celui qui a régi les relations de Dieu avec le peuple par le moyen de Moïse, après le veau d’or, le peuple étant appelé peuple de Daniel comme autrefois peuple de Moïse. Cette position est remarquable, envisagée comme arrivant après l’établissement de l’autorité des gentils. Les Juifs sont à Jérusalem, mais les gentils règnent, quoique l’empire de Babylone soit renversé. Dans cette position anormale, la foi prophétique cherche le rétablissement complet de la ville, siège du gouvernement de Dieu et de son peuple. C’est à cela que la réponse de Dieu se rapporte. Une histoire brève, mais complète, nous est donnée de la période qui s’écoulerait jusqu’à ce que le jugement sur les Juifs fût accompli et terminé, en introduisant un élément nouveau d’une haute importance : le Messie serait retranché. Il n’aurait rien de ce qui lui appartenait de droit. La conséquence serait la destruction de la cité et du sanctuaire, la désolation et la guerre.
(*) La puissance des gentils subsistant en même temps. Nous savons, par l’Écriture, que la restauration de Jérusalem a eu lieu sous l’empire des gentils, ainsi que le cours entier des 69 semaines qui sont certainement écoulées. Les 70 semaines ont toutes un même caractère sous ce rapport. Ce n’est qu’à la fin des 70 que le pardon est accordé. Quel que soit l’instrument de l’alliance, la quatrième bête sera, dans ce temps-là, la puissance dominatrice des gentils auxquels Dieu avait confié l’empire. Cet état de choses, les Juifs restaurés, la ville rebâtie, les gentils dominant encore sur le trône du monde, est très important à remarquer, si l’on veut comprendre les 70 semaines. Les 70 semaines n’ont cours que sous ces conditions. Il faut bien comprendre qu’il s’agit du peuple de Daniel et de sa ville, qui doivent être réintégrés dans la faveur de Dieu. La patience de Dieu attend maintenant. La puissance des gentils avait manqué déjà à la fidélité ; Babylone était renversée ; les Juifs, par l’intercession, provisoirement rétablis, et le temple rebâti. Les 70 semaines étaient, à bien peu de chose près, écoulées, quand Christ les a visités. Si les Juifs s’étaient repentis, et que Jérusalem, dans cette sienne journée, eût reconnu ce qui était pour sa paix, tout était prêt pour son rétablissement en gloire. Abraham, Isaac et Jacob auraient pu être ressuscités comme Lazare. Mais elle n’a pas connu le jour de sa visitation et l’accomplissement des 70 semaines, et le bonheur qui devait s’ensuivre, a dû être ajourné. Nous savons bien, par la grâce, que Dieu avait des pensées et des desseins bien plus excellents encore, et que l’état de l’homme était tel, que cette bénédiction n’aurait pu s’accomplir, comme l’événement l’a prouvé. Aussi tout est ici annoncé d’avance (comp. És. 49:4-6).
Ce serait le chef d’un autre empire non encore existant, qui détruirait ainsi la ville et le sanctuaire. Alors, et pour le moment, il y avait interruption complète des relations entre Dieu et le peuple, même pour ce qui concerne un résidu croyant. La foi de Daniel serait repoussée par le peuple dans la personne de Christ prophète, et dans le reniement de Christ, exprimé par ces paroles : « Nous n’avons pas d’autre roi que César » ; et le peuple et la ville ont été livrés à la désolation.
Mais une semaine restait encore à accomplir en rapport avec cette race incrédule et perverse, avant que son iniquité fût pardonnée, la justice éternelle introduite, la vision et la prophétie closes par leur accomplissement. Cette semaine serait distinguée par une alliance que le prince ou conducteur ferait avec le peuple juif (sauf le résidu), puis par la cessation forcée de leur culte, causée par l’intervention du prince ; ensuite, les Juifs s’étant placés sous la protection des idoles (ce mauvais esprit longtemps chassé du peuple étant rentré avec sept autres plus mauvais encore), le désolateur arrive et le dernier jugement fond sur le peuple, jugement terrible, mais dont l’étendue est définitivement déterminée de Dieu et qui sera arrêté lorsque la mesure en sera accomplie. Ainsi, nous possédons une réponse bien précise à la demande du prophète, une réponse qui développe très exactement la suite des relations du peuple de Daniel avec la puissance des gentils ; sa position est clairement constatée pendant que la relation avec Dieu, en rapport avec l’intercession du prophète, subsiste.
La prophétie annonce en même temps le fait général de la désolation du peuple (avec un moment de calme apparent par la faveur de la bête), dans l’intervalle entre les soixante-neuvième et soixante et dixième semaines, désolation occasionnée par le rejet du Messie, effectué au moment où la promesse attachée à la prophétie aurait dû bientôt s’accomplir. Le rejet du Messie (venant au nom de son Père) a eu pour effet de laisser les Juifs longtemps dispersés, pour devenir, lors de leur rassemblement, la proie de l’iniquité du chef des gentils, — le temps, de fait, où ils sont tombés entre les mains de celui qui devait venir en son propre nom, triste état développé pendant la dernière semaine, mais auquel Dieu avait posé des limites qu’aucune malice de l’ennemi ne saurait outrepasser.
Au chapitre 10, nous revenons à l’Orient (*). Les chapitres 10, 11 et 12 ne forment qu’une prophétie. Seulement, le chapitre 11 clôt l’histoire des gentils, et le chapitre 12, ainsi que nous l’avons remarqué au commencement, s’occupe de l’état du résidu pendant la dernière période de la puissance des gentils et de sa délivrance, terminant ainsi la révélation des pensées de Dieu à l’égard du résidu gardé au milieu des nations.
(*) On fera bien d’observer que, les deux fois, la révélation donnée à Daniel quant à son peuple, est une réponse aux exercices de son coeur dans l’intercession ou le jeûne : les révélations, aux chapitres 7 et 8, quant aux puissances destructives occidentale ou orientale ne le sont pas. Dieu les donne quand il lui semble bon : celles-ci le furent au temps de Belshatsar ; les premières, après la prise de Babylone, alors que les Juifs étaient réellement dans une nouvelle position, jusqu’à la réjection de Christ, et alors vient le grand abandon, pendant lequel le temps n’est pas compté jusqu’à ce qu’ils aient été ramenés dans leur pays, et que Dieu recommence à agir de nouveau parmi eux. Ensuite, après avoir manifesté leur incrédulité dans la réception de la puissance du mal et dans l’idolâtrie, vient la dernière grande tribulation, et puis le jugement dans la personne du Seigneur venant des cieux.
Le coeur de Daniel, toujours occupé du bien du peuple d’Israël (v. 2, 3, 12), s’adressait à Dieu dans un esprit d’attente humble et persévérante, pour comprendre ses voies. Après trois semaines de jeûne et de prières, un ange lui est envoyé, faisant voir les combats que les ennemis de la gloire de Dieu livraient aux instruments de l’accomplissement de ses desseins en faveur de son peuple, et les obstacles qu’ils opposaient à la communication de ses desseins pour les encourager. Mais si la foi est exercée, Dieu est fidèle, et la persévérance de Daniel le met moralement en état d’apprécier les communications de Dieu, comme elle était la preuve que, par la grâce, il en était moralement digne. L’ange lui annonce que la vision regarde les Juifs et qu’elle est pour les derniers jours (ch. 10:14). La force qui lui est donnée, seule le rend capable d’en recevoir, de fait, la communication. Les rois des Perses, sous le règne desquels il a reçu la vision, sont énumérés, et l’attaque de l’un d’entre eux contre la Grèce est racontée ; elle a donné lieu à une attaque de la Grèce contre la Perse, et l’empire grec a été établi, mais ensuite partagé en quatre. Deux de ces quatre monarchies étaient plus puissantes que les autres ; elles étaient aussi territorialement en relation avec les Juifs. C’est sur le territoire de ces derniers qu’elles se sont livré combat. L’histoire des rois de ces deux puissances, ainsi en conflit sur le territoire d’Israël, nous est donnée d’une manière assez détaillée sous les noms de roi du nord et roi du midi. Je n’entre pas dans ces détails.
L’histoire est poursuivie jusqu’à l’intervention des Romains, les navires de Kittim (*), et aux attaques faites contre les Juifs et le temple, et la sainte alliance. Le roi du nord s’allie avec les Juifs apostats ; il profane le sanctuaire, y place une idole et fait cesser le sacrifice continuel. Il entraîne les méchants dans l’apostasie (c’est la force de l’expression du verset 32). Mais ceux qui connaissent Dieu, dit l’ange au prophète, seront forts et agiront avec énergie. Les intelligents, instruits de Dieu, enseigneront les masses.
(*) L’intervention de ceux-ci en faveur du jeune roi d’Égypte vaincu par Antiochus Épiphane, amena le retour de ce dernier à Jérusalem et le déploiement de sa fureur contre les juifs ; il profana le temple et prohiba le culte juif.
Jusqu’ici, nous avons trouvé la succession des premiers rois et l’histoire du temps des Macchabées et d’Antiochus Épiphane. Le résultat jusqu’à la fin est alors annoncé d’une manière générale, la dernière partie de l’histoire précédente que nous venons de parcourir, étant le type de ce qui arrivera aux derniers jours. Le peuple tombe de nouveau sous l’oppression de ses ennemis pour un temps ; il sera relevé dans une certaine mesure ; quelques-uns s’attacheront à lui en le flattant. Un petit nombre même des intelligents, qu’on aurait pu supposer être providentiellement gardés de Dieu, tomberont aussi par la violence, pour éprouver la foi de tous et pour les purifier jusqu’au temps de la fin ; car cet état doit continuer jusqu’à l’époque ordonnée de Dieu. C’est l’état des Juifs dans ces jours-là, jusqu’aux derniers jours, mais spécialement dans les temps des Séleucides et des Lagides, rois du nord et du sud, et en général.
Quelques remarques sur les détails aideront le lecteur à comprendre ceci. Dans les passages des chapitres 9:27 ; 11:33 ; 12:3 ; le mot traduit par la « multitude » a l’article, en hébreu « les plusieurs », et signifie la masse du peuple, ce qui rend le sens de ces versets beaucoup plus simple. Le lecteur remarquera aussi (ch. 11:33), en contraste avec les masses : « les Maskilim », c’est-à-dire les intelligents, mot qui se retrouve dans les titres d’un grand nombre de Psaumes. Les sages, ceux enseignés de Dieu, enseigneront les masses. Il y aura l’activité de l’amour de la vérité dans ces temps d’épreuve. Chapitre 12:3, nous trouvons de nouveau ces sages associés avec ceux qui instruisent les masses dans la justice. Comparez 11:33 ; ils se retrouveront victimes de la violence, au verset 35. La portée de ce dernier verset, nous l’avons vu, s’étend jusqu’à la fin de l’histoire de ce peuple, vu sous la puissance des gentils ; mais des détails plus positifs sont donnés à l’égard de la fin.
Le roi
(*) est introduit, le méchant, qui exercera la
puissance en Judée à la fin du siècle et prospérera jusqu’à ce que
l’indignation (époque dont nous avons déjà parlé) prenne fin. C’est un roi qui
agit dans le pays d’Israël, d’un caractère impie et faisant sa volonté, sans
frein, s’élevant au-dessus de tout, abandonnant la religion de ses pères, ne se
souciant pas du Christ ni d’aucun dieu, mais blasphémant contre le Dieu des
dieux et établissant l’idolâtrie à sa manière. Cependant, il les fera dominer
sur les masses et partagera la terre en récompense. Il est un peu difficile de
dire qui il veut faire dominer ; — je présume que ce sont ceux qui l’ont
suivi ; — mais le caractère de ce roi sans frein, impie et idolâtre, qui
s’élève au-dessus de tout, est assez clair.
(*) Comparez És. 30:33 (en lisant : « pour le roi aussi »), et chapitre 57:9. Il a le caractère propre « du roi » aux yeux des Juifs, caractère qui n’appartient de droit qu’au Seigneur Jésus, vrai Messie et roi d’Israël.
Le roi du midi (nous nous retrouvons ici dans la suite d’idées
que présente le chapitre en général) se heurte contre lui, et le roi du nord
vient contre lui comme un tourbillon ; il déborde et passe outre, et entre
dans le pays d’ornement, en Judée ; mais Édom, Moab et Ammon échappent à
sa puissance, étant réservés (És. 11:14) pour être subjugués par Israël même.
Il étend ses mains sur les pays, pille tout : l’Égypte n’échappe pas, les
contrées orientales de l’Afrique sont à ses pieds ; mais, troublé par des
nouvelles du nord et de l’orient, il va planter ses tentes entre Jérusalem (*) et la mer, et trouve sa fin sans être secouru.
La fin du roi
ne nous est pas
présentée dans ce récit. Ce que nous reproduisons ici est la fin du roi du
nord ; car il s’agit des nations et du pays d’Israël, et de ce qui
arrivera au peuple de Daniel dans les derniers jours. Dans la terre, il y aura
ce roi méchant et impie, qui sera attaqué par le roi du midi ; plus tard,
le roi du nord envahira à son tour toutes ces contrées, à l’exception de trois,
puis il périra dans la terre d’Israël.
(*) C’est la force régulière de l’hébreu ; c’est ainsi que traduit de Wette.
Le chapitre 12 traite plus particulièrement de l’histoire d’Israël même. Au milieu de tous ces événements, Michel l’archange s’emploie en faveur du peuple de Daniel. Il y a un temps de trouble, tel qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais de semblable. Le peuple, cependant, sera délivré, c’est-à-dire ceux qui sont écrits dans le Livre, le résidu de Dieu. Jérémie nous a déjà parlé de ce temps, et de la délivrance, chapitre 30:7. Le Seigneur en parle aussi (Matt. 24), en attirant l’attention des disciples sur l’abomination de la désolation dont il est question dans ce chapitre, nous montrant clairement qu’il parle de Jérusalem, des Juifs et des derniers jours, lorsque les Juifs seront délivrés. Il montre aussi comment les fidèles échapperont pendant la durée de la tribulation. Ces passages, pris ensemble, rendent l’intelligence de chacun d’eux assez facile. Le second verset s’étend au-delà du pays d’Israël qui, jusqu’ici, avait été la scène de la prophétie. Mais la condition de ceux dont le verset parle, est exposée de manière qu’on ne reconnaisse pas les pays de leur dispersion. Plusieurs de la race d’Israël se réveillent de leur long abaissement, quelques-uns pour la vie éternelle, mais d’autres pour l’infamie perpétuelle. Les sages brilleront comme la splendeur de l’étendue, ceux qui ont enseigné la justice à la multitude comme les étoiles ; (comp. l’armée des cieux et les étoiles, ch. 8). Dieu revêtira de l’éclat de sa faveur ceux qui auront été fidèles pendant ce temps de rébellion et de détresse.
Ensuite, un des messagers de Dieu demande à celui qui se tenait sur le fleuve combien de temps s’écoulerait pour arriver à la fin de ces merveilles (savoir de la tribulation), par l’intervention de Dieu en délivrance en faveur d’Israël ? La réponse est, trois ans et demi, soit douze cent soixante jours, et que, lorsque Dieu aurait mis fin à la dispersion du peuple saint, toutes ces choses seraient finies. Daniel veut quelque chose de plus pleinement révélé à l’égard de la fin ; mais jusqu’au temps de la fin l’oracle est scellé ; il y en aurait plusieurs qui seraient purifiés, éprouvés et blanchis, et les méchants agiraient méchamment. Hélas ! il faut s’y attendre, aucun des méchants ne comprendrait, mais les intelligents comprendraient, c’est-à-dire ces « maskilim », ceux dont l’Esprit nous a parlé.
Or, depuis le temps que le sacrifice perpétuel serait ôté et que l’abomination qui causerait la désolation serait placée, il y aurait douze cent soixante jours ; puis, pour celui qui attendrait l’accomplissement de mille trois cent trente-cinq jours (*), il y aurait pleine bénédiction. Daniel lui-même aurait sa part dans ce temps glorieux.
* J’ai cru possible que cette supputation pouvait provenir de ceci : un mois intercalé, ajouté aux douze cent soixante jours, ou trois années et demie, puis quarante-cinq jours, si les années étaient des années ecclésiastiques, nous amèneraient à la fête des tabernacles : mais je ne prétends pas avoir une opinion sur ce point. Quoi qu’il en soit, il nous est positivement dit que, alors, le sanctuaire de Dieu à Jérusalem sera purifié.
Il est à remarquer que Daniel ne dépeint jamais le temps qui succède à celui des gentils ; il présente l’histoire de ces monarchies, les oppresseurs et séducteurs des Juifs aux derniers jours, la délivrance du peuple, mais là il s’arrête : il est le prophète des temps des gentils jusqu’à la délivrance.
Il se peut que le lecteur, pour avoir une intelligence plus complète du sujet, ait la pensée de combiner l’action des instruments que la prophétie de Daniel nous présente comme agissant dans le pays d’Israël aux derniers jours, et de les identifier, s’il y avait lieu, avec d’autres instruments nommés par d’autres prophètes. Mais ce serait faire un système de prophétie et non expliquer Daniel. L’Esprit de Dieu ne le fait pas dans ce prophète, et je me borne à l’étudier ; je ne ferai donc qu’indiquer quelques points saillants.
Le chapitre 7 nous donne le caractère de l’empire romain, spécialement sous son dernier chef ; c’est la fin de l’histoire de la puissance des gentils. Le chapitre 8 (quoique j’aie souvent pensé que le roi qui y est dépeint pourrait être l’instrument de l’empire de l’Occident dans le pays d’Israël) me semble, en bien pesant ce qui en est dit, donner à la corne un caractère différent (*) de celui que revêt, dans ses actes, la puissance occidentale, soit comme petite corne, soit par quelque instrument local ; c’est une puissance orientale s’élevant d’un des quatre royaumes en lesquels l’empire d’Alexandre s’était divisé. Il tire cependant sa force d’autrui ; c’est une puissance à part agissant en Syrie. Dans le chapitre 9, nous trouvons celui qui agit au milieu des Juifs, à Jérusalem même, en rapport, à ce qu’il paraît, avec l’empire romain, quel que soit l’instrument de cette puissance pour l’accomplir. Peut-être cet instrument est-il ce roi du chapitre 11, qui se trouve placé entre les rois du midi et du nord ? Il est très possible que la petite corne du chapitre 7 agisse elle-même ; cependant il y a une autre puissance qui dépend d’elle, qui agit au moins religieusement sur les Juifs qu’il entraîne dans l’apostasie, un personnage qui ne vient pas en son propre nom, et qui ne se soucie point du Dieu de ses pères.
(*) On peut comparer les Psaumes 74 et 83, qui confirment la pensée qu’il y aura une destruction à Jérusalem, outre la cessation forcée du sacrifice continuel accompli d’une manière religieuse par le prince à venir, le Romain du chapitre 9, qui se trouve au milieu des Juifs, et qui jusqu’alors s’est comporté au milieu d’eux en ami.
Le roi du chapitre 11 est un roi en Judée, méprisant la religion de ses pères, agissant dans le pays sans frein moral, rétablissant l’idolâtrie et partageant le territoire entre ceux qu’il favorise. Le roi du midi et celui du nord sont l’Égypte et l’Assyrie aux derniers jours, qui attaquent le roi qui s’est établi dans la terre sainte. Je suppose que le roi répond à la seconde bête de l’Apocalypse, sous un autre point de vue, comme la première à la petite corne du chapitre 7.