par J.N.Darby
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Table des matières :
3 - Éternel signifie-t-il éternel ?
On a élevé bien des doutes sur la doctrine de l’éternité des
peines, tellement que les esprits des simples ont été ébranlés, et que la foi
de quelques-uns a été renversée. Bien que, depuis quelque temps, j’aie été
occupé de ce point d’une manière plus complète dans le but de le traiter par
écrit, j’ai pensé qu’il serait bon, en attendant, d’en publier un court exposé.
Et je désire d’abord suggérer aux lecteurs de se méfier des personnes qui font
un grand étalage de grec aux yeux de ceux qui ne le comprennent pas ; il
est facile d’en imposer ainsi aux gens. Il est utile, sans doute, de connaître
le grec quand on étudie le Nouveau Testament, parce qu’il a été écrit en grec ;
il est encore tout à fait raisonnable d’y recourir avec ceux qui, connaissant
le grec, peuvent ainsi juger de ce dont on parle. Mais il est peu louable de le
citer beaucoup à ceux qui ne le connaissent pas. Comment ces derniers
peuvent-ils en juger ? Un homme vient vous dire que le mot « éternel » ne
signifie pas « éternel
» en grec ;
cela paraît très concluant ; mais comment pouvez-vous juger qu’il en soit
ainsi ? Or, chez ceux qui parlent beaucoup du grec aux gens qui ne le
savent pas, j’ai trouvé, en général, de la ruse ; j’ai trouvé que leur
grec ne valait pas grand-chose, lorsqu’il était mis à l’épreuve par ceux qui
comprennent cette langue. Sans prétendre être bien savant, je connais le grec,
et j’ai étudié le Nouveau Testament grec ; mais je n’ai pas été amené à
mettre la moindre confiance dans ce qu’ils avancent au sujet du grec ;
tout au contraire. L’Esprit de Dieu est un guide bien plus sûr dans les vérités
fondamentales pour un homme humble, qu’un peu de grec pour ceux qui s’y
confient.
Or, pour l’esprit d’un homme simple, les déclarations de sa Bible ne laissent, pas Lin seul doute sur ce point, savoir : que les peines des méchants sont éternelles.
Ces déclarations, je n’en doute nullement, sont
substantiellement exactes. Les traductions étant une oeuvre humaine sont, sans
doute, imparfaites ; les vues et les sentiments du traducteur risquent de
s’y trouver mêlés. Néanmoins, dans la plupart des cas, la doctrine présentée
par nos Bibles ordinaires est la saine doctrine ; et la foi produite par
leur moyen dans l’esprit d’un croyant, est une foi qui est enseignée de Dieu,
bien qu’il soit possible que certains passages eussent pu être rendus plus
exactement. Toutefois, parmi ceux qui ont trait à la vérité qui nous occupe, il
n’en est pas un seul, que je sache, dont le sens soit mal représenté par la
traduction ; il est donc tout à fait évident pour moi, comme aussi pour
tout homme simple et droit, que l’intention de Dieu était de produire dans
l’esprit du lecteur
la conviction qu’une misère éternelle était la portion
des méchants ; or je suis assuré que Dieu n’avait pas l’intention de
produire la conviction d’un mensonge
, ni d’effrayer les âmes par une chose
qui ne fût pas vraie.
Je vais citer maintenant plusieurs passages très clairs sur ce sujet ; de plus j’affirme que, dans ma conviction bien arrêtée, tous les efforts qu’on a faits pour saper cette doctrine de l’Écriture (et j’ai été forcé d’en apprécier un bon nombre) ont été réduits à néant. Les arguments employés manquent de droiture, témoignent même quelquefois d’une insigne mauvaise foi, ou bien sont contradictoires et fallacieux ; enfin, chacun de ces arguments renverse d’autres vérités fondamentales. Je déclare aussi qu’une saine connaissance du grec confirme la foi scripturaire de l’homme simple. J’en dirai nettement la raison, en quelques mots, avant de terminer.
Je donne un corps de textes (dont quelques-uns, pris isolément,
pourraient ne pas prouver le point dont il s’agit), afin que l’effet que le
Saint Esprit a voulu produire soit opéré d’après la plénitude du témoignage
qu’il a donné. J’appelle l’attention du lecteur simple sur ces passages. Les
uns réfutent la doctrine du salut de tous ; d’autres, l’idée que les
méchants périront, dans ce sens qu’ils cesseront d’exister. D’autres montrent
que l’idée humaine
de l’amour de Dieu — idée qui nie le maintien des
droits de la majesté et de la sainteté de Dieu contre le péché par l’exercice
de la colère, et qui nie aussi l’éternelle impossibilité qu’il y ait jamais
aucune communion entre la lumière et les ténèbres — que cette idée, dis-je, est
impie et contraire à l’Écriture. D’autres textes réfutent des arguments
particuliers employés en faveur de ces erreurs. De cette manière, si l’esprit
est solidement pénétré de ces passages, l’erreur se trouve détruite. D’autres
textes encore démontrent quelle est la doctrine de l’Écriture ; savoir,
que la colère divine est une réalité et qu’une misère éternelle et des peines
éternelles sont la portion des pécheurs incrédules et rebelles. D’autres textes
enfin, montrent que cette doctrine s’applique à toutes les classes de pécheurs,
à ceux qui ont péché sans loi, à ceux qui ont péché sous la loi, et à ceux qui
n’ont pas cru l’Évangile.
Je citerai des déclarations figurées, aussi bien que des déclarations expresses, parce que Dieu a voulu se servir de figures pour produire une certaine conviction, quoiqu’il faille indubitablement chercher la force précise de l’enseignement dans des expressions précises.
Voici les passages Matt. 3:10, 12 ; 5:22, 29, 30 ; 6:15 ; 7:13, 23 (1*) ; 8:12 ; 10:28, 33 ; 11:22, 24 ; 12:31-32 ; 13:40-42, 49-50 (2*) ; 18:8-9 (3*) ; 22:13 ; 23:33 ; 25:46 (4*) ; 26:24 ; Marc 3:29 ; 8:36 ; 9:43-49 ; 16:16 ; Luc 12:4-5, 9-10 ; 16:19-31 ; Jean 3:3, 15, 36 ; 5:29 (5*) ; 6:53 ; 8:24 ; Actes 1:25 ; Rom. 1:18 ; 2:5-16 ; 9:22 (6*) ; 1 Cor. 1:18 (7*) ; 3:15 ; Phil. 1:28 ; 3:18-19 ; 2 Thess. 1:8-10 ; 2:10-12 ; 1 Tim. 6:9 ; Héb. 6:4-6 ; 10:26-31 ; Jacq. 5:20 ; 2 Pierre 2:9, 17, 21 ; 3:7 ; 1 Jean 5:12 ; Jude 13 ; Apoc. 14:9-11 ; 20:10-15 ; 21:5-8.
(1*) Remarquez ce passage et 10:33, parce qu’il est impossible
de penser que Christ ait pu dire ces choses de personnes qui seraient rachetées
et sauvées aussi bien que d’autres, quoiqu’elles dussent être punies pour un
temps
.
(2*) On dira que, dans les vers. 40 et 49, le mot, souvent
traduit par « monde
», signifie « âge
», ou « siècle
», ou « économie
» ;
soit : — je crois qu’il en est ainsi ; mais cela n’affecte en rien le
jugement prononcé sur ce qui doit suivre.
(3*) Ici le feu éternel ou le feu de la géhenne est mis en contraste avec la vie ; s’ils entrent dans l’un, ils n’entrent pas dans l’autre ; d’ailleurs, aucune expression spéciale n’est employée qui puisse, comme on l’enseigne, rendre la chose applicable à une période spéciale de bonheur. La vie et le feu de la géhenne sont mis en contraste.
(4*) Or ici, dans le grec, le même mot est employé dans le sens
de « éternel
», soit par rapport à la vie, soit par rapport aux peines.
(5*) On vous dira qu’ici il faut traduire « jugement
», et
non « condamnation
», cela est vrai ; mais la chose est présentée en
contraste avec la possession de la vie
. D’ailleurs, dans le jugement,
« nul homme vivant ne sera justifié ». Ce jugement aura lieu à la fin de toutes
choses.
(6*) Dieu a la pensée de « montrer sa colère, et de donner à connaître sa puissance ». Dieu est amour, mais il est Dieu ; et il faut que les droits de sa majesté soient maintenus contre la rébellion et le péché.
(7*) Or ici, comme dans Marc 16:16, il y a le contraste entre
deux conditions ; il y a ceux qui périssent et qui sont condamnés, et ceux
qui sont sauvés ; en sorte que toute personne, même la plus simple, est
forcée d’en conclure que les premiers ne sont pas sauvés
. Les uns sont
sauvés, et les autres périssent, parce qu’ils ont rejeté sa croix.
Or, nul ne peut nier que l’effet de ces passages soit d’amener les hommes à croire que la colère de Dieu est révélée contre toute impiété, aussi bien qu’à croire à son amour en Christ ; à croire que, si cet amour est méprisé et l’Évangile rejeté, la condamnation en est la conséquence ; que, quant à ceux qui sont sous la colère, « leur ver ne meurt pas, et leur feu ne s’éteint pas » ; qu’ils n’auront jamais de pardon ; qu’ils ne sont pas sauvés, mais qu’ils périssent, et qu’ils sont tourmentés aux siècles des siècles dans l’étang de feu et de soufre ; que, parce qu’ils ont méprisé le sacrifice de la croix, il ne reste plus de sacrifice pour le péché. Mais les hommes cherchent à éluder ces témoignages si clairs ; ils commencent à raisonner et à mettre en avant le grec.
Or il y a deux systèmes par lesquels les hommes cherchent à
écarter ces passages positifs. L’un, c’est que tous
seront sauvés [universalisme]
, tous, y compris le diable
lui-même ; quoique quelques-uns des gens de ce parti n’aiment pas à parler
d’une façon aussi claire ; l’autre [conditionalisme]
,
que l’âme n’est nullement immortelle ; que les méchants ne seront pas
sauvés, et que le feu de la géhenne les consumera avec le temps.
Mais ces deux systèmes s’entre-détruisent totalement. C’est le
dernier qui prévaut en Angleterre ; le premier, en d’autres contrées. Ceux
qui soutiennent le dernier [conditionalisme]
, disent que le
premier [universalisme]
, est monstrueux et contraire à
l’Écriture : d’abord, à cause des passages qui déclarent qu’il y aura des
gens qui seront condamnés et d’autres qui seront sauvés ; puis, à cause
d’un grand nombre de passages qui parlent de « détruire et l’âme et le corps
dans la géhenne », ou qui contiennent des expressions ayant la même force ;
ou encore, parce que, si tous sont sauvés, ils sont sauvés sans la propitiation
et sans la régénération, car il y a ceux qui ont rejeté l’une et méprisé
l’autre, et pour lesquels « il ne reste plus de sacrifice pour les péchés ». En
effet, rien ne saurait être plus clair. Il en est de même à l’égard du diable
et de ses anges ; car, pour être conséquent, quand on a de telles vues, il
faut dire qu’eux aussi sont sauvés. Puis, dit-on, Dieu sera tout en tous, et
puisqu’il est amour, il ne peut laisser subsister aucune misère. S’il en est ainsi,
il faut donc que les démons aussi soient sauvés. Cependant, ils n’ont ni
Christ, ni Sauveur ; en sorte que, d’après cette doctrine, si je dis à un
homme qu’il ne peut être sauvé sans Christ, je ne lui dis pas la vérité,
puisqu’il y en a qui le sont, d’après ce système ; c’est-à-dire que
l’Évangile tout entier est renversé par rapport à tous.
N’est-il pas clair pour toute âme honnête que, lorsqu’il est dit : « Celui qui aura cru, sera sauvé, et celui qui n’aura pas cru, sera condamné », cela ne peut pas dire que « celui qui n’aura pas cru » sera sauvé aussi bien que « celui qui aura cru », sauf qu’il sera d’abord puni pour un certain temps ? Telle est la doctrine de la première classe de gens, des universalistes, comme on les appelle. Et lorsqu’il est dit que ceux qui croiront en Lui ne périront pas, mais qu’ils auront la vie éternelle (Jean 3:16), n’est-il pas également clair que cela ne peut pas signifier que, lors même qu’ils n’auront pas cru, ils auront pourtant la vie éternelle et qu’ils ne périront nullement ? Quand il est dit : « Desquels la fin est la perdition », n’est-il pas clair que cela ne signifie point que leur fin sera d’être heureux comme les autres, bien qu’ils aient à attendre ce bonheur pendant un peu plus de temps ? Quand il est dit : « N’aura jamais de pardon », cela peut-il signifier qu’il l’aura une fois ? Lorsqu’il est dit : « Là où leur ver ne meurt pas, et où le feu ne s’éteint pas », cela peut-il signifier qu’ils doivent sortir de là sains et saufs, pour entrer dans la gloire, aussi bien que ceux qui sont sauvés ?
Dieu a dit : « Ceux-ci s’en iront dans les tourments
éternels, et les justes dans la vie éternelle ». Qui pourrait croire que ces
paroles signifient que ceux qui sont condamnés doivent aller dans les tourments
pour un peu
de temps,
mais
qu’ils ont ou qu’ils auront la vie éternelle tout aussi bien que les
autres ? La vie éternelle et les tourments éternels — qui durent à
toujours — sont des expressions qui correspondent l’une à l’autre, et le mot « éternel
»
a le même sens dans l’un et l’autre cas. On prétend qu’il ne signifie « éternel
»
ni dans l’un, ni dans l’autre. Mais qui voudra croire que « la vie éternelle » ne
signifie pas la vie aux siècles des siècles ? Si son éternelle durée ne
devait se déduire que du mot « vie
» (parce que c’est la vie de Christ),
pourquoi ajouter le mot « éternelle
» ? Le lecteur simple aura peine
à croire qu’on prétend que le mot « éternelle
» est ajouté pour limiter la
vie au siècle à venir, c’est-à-dire au millénium ! (*) Ce n’est là qu’un misérable sophisme, puisqu’il est dit que
nous avons cette vie maintenant
, avant qu’il soit aucunement question de
millénium : « Qui croit au Fils, a la vie éternelle ».
(*) Ils fondent cela sur leur grec
, dont nous dirons un
mot tout à l’heure.
Il est donc dit que les tourments des méchants auront une durée
égale à celle de la vie des bienheureux. Mais, en outre, il est dit que leur
durée sera égale à celle de la vie de Dieu. Dans Apoc. 4:10, il est dit des
anciens qu’ils « se prosterneront devant celui qui vit aux siècles des
siècles
». Et dans Apoc. 14:11, il est dit : « Et la fumée de leur
tourment monte aux siècles des siècles
» (voyez 20:10, etc.). Or, s’il
est dit que le tourment des méchants dure autant que la vie des bienheureux, et
autant que la vie de Dieu lui-même, je le demande, comment Dieu aurait-il pu
exprimer plus fortement à des hommes vivants la durée éternelle de ce
tourment ? Dieu a dit : « N’aura jamais de pardon » ; Il a
dit : « Leur ver ne meurt pas ». Qu’aurait-il pu dire de plus, s’il avait
voulu donner l’idée de ce qu’étaient les peines éternelles ? Et remarquez
bien ici qu’Apoc. 20:15, où il est dit que les méchants sont jetés dans l’étang
de feu, se rapporte à ce qui suit le millénium
, lorsque tout est fini,
qu’il est dit : « C’est fait
», et que « Dieu est tout en tous ».
Les défenseurs du second système d’erreur ont déclaré qu’il est
depuis longtemps démontré que le premier est absurde et insoutenable ; ils
en ont donc établi un autre. Selon eux, l’âme n’est nullement immortelle ;
la mort signifie simplement la cessation de l’existence
, et, par
conséquent, la vie ne se trouve qu’en Christ ; enfin, après une certaine
portion de tourments, les méchants seront privés d’existence, seront consumés
par le feu de la géhenne et n’existeront plus du tout. Telle est, sur ce sujet,
la doctrine très en vogue en Angleterre.
Or, dès qu’on envisage cette doctrine, la plus grossière
inconséquence s’y montre aussitôt. Car, si mourir signifie cesser d’exister —
l’âme n’étant nullement immortelle — et si tout ce qui existe au-delà ne se
trouve qu’en Christ, comment se fait-il que les méchants, après leur mort,
seront encore vivants, de manière à être punis ? D’où tirent-ils cette
vie ? Ils ne peuvent en aucune façon se trouver vivants pour être punis.
On cite ce passage : « Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a pas le
Fils de Dieu n’a pas la vie ». Or, si cela signifie littéralement que les
méchants n’existent plus au-delà de la mort, ils n’ont donc plus la vie pour
être punis. Il est tout à fait clair, pour un vrai chrétien, que le mot « vie
»
est employé ici dans le sens de cette vie bienheureuse dans laquelle nous
vivons à Dieu ; car les mots « n’a pas la vie » se rapportent à ceux qui ont
la vie naturelle, mais qui sont
morts dans leurs offenses et dans leurs péchés. Ils n’ont ni la vie divine, ni
les bénédictions divines, puisqu’ils ne sont point morts au péché et vivants à
Dieu.
D’un autre côté, l’Écriture déclare très clairement et très
positivement, qu’il y a colère, peine, jugement et tourment, après la mort,
pour tous ceux qui ne sont pas sauvés. On ne peut nier cela, sans nier le
témoignage de Dieu tout entier. Il est donc vrai que les hommes sont vivants
après leur mort, et que mourir ne signifie pas cesser d’exister, mais cesser
d’exister quant à la réunion de l’âme et
du corps dans ce monde.
Cela résulte aussi clairement que possible de
l’Écriture. « Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et APRÈS CELA d’être
jugés ». Ce jugement, qui doit amener sur les hommes et de la part de la colère
de Dieu toute l’étendue des conséquences du péché, a donc lieu après la mort.
Il est vrai que le péché
rend toujours misérable ; toutefois, bien loin que la mort soit la fin de
l’homme, la manifestation des effets de la colère, dans le sens vrai et complet
de la Parole, ne commence qu’après la mort et par le moyen du jugement. Notez
bien que ce passage ne dit rien de particulier pour ceux qui ont entendu parler
de Christ, bien qu’ils soient sans aucun doute beaucoup plus coupables, et
qu’ils doivent être battus « de plus de coups ». « Il est réservé aux hommes »,
etc. C’est là leur portion
commune et naturelle comme pécheurs (*) — la
mort et le jugement.
(*) Et, dans ce passage, la mort de Christ, en ce qu’Il a porté les péchés de plusieurs, est mise en contraste quant à son efficace pour ceux qui sont sauvés, avec ce qui est réservé aux hommes.
Il est encore écrit : « Ne craignez pas ceux qui tuent le
corps, et qui après cela ne peuvent rien faire de plus ; mais craignez
celui qui, après avoir tué, a le pouvoir de jeter dans la géhenne ». Or ici, la
mort, au lieu d’être tous
les gages
du péché, bien qu’elle soit ces gages, est traitée comme étant comparativement
de moindre importance, si elle est prise isolément ; c’est ce qui vient
après, soit pour le corps, soit pour l’âme, dans la géhenne, qui est la chose à
craindre. Remarquez encore qu’il n’y a rien qui ressemble à la pensée que l’âme
d’un homme meurt avec son corps, comme le disent ceux qui enseignent que la
mort constitue absolument tous
les
gages du péché — alléguant ce passage : « Dès le jour que tu en mangeras,
tu mourras de mort ».
Ils citent aussi la menace de ce passage, pour prouver que
l’homme ne fut pas créé immortel ; (*)
car, disent-ils, comment pourrait-il être dit : « Tu mourras », s’il était
immortel ? Je pense, au contraire, que c’est là une preuve bien claire
qu’il était immortel. Si je disais à un enfant : « Si tu fais telle ou
telle chose, tu seras fouetté », cela ne signifierait certainement pas que dans
tous les cas il sera fouetté ; de même les mots : « Si vous mangez,
vous mourrez », signifient clairement que la mort serait une conséquence de
l’acte de manger ; aussi l’apôtre nous dit-il : « Par un seul homme le
péché est entré dans le monde, et par le
péché la mort,
et… ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous
ont péché ». Mais il est évident que la mort, qui est ainsi entrée, n’était pas la cessation de l’existence,
puisqu’il
« est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela
d’être jugés ». Et encore : « Ne craignez pas ceux
qui tuent le corps, et qui après cela ne peuvent rien faire de plus ;
mais… craignez celui qui, après avoir
tué,
a le pouvoir de jeter dans la géhenne ».
(*) D’autres disent qu’il était conditionnellement immortel ; car, dans leurs systèmes, ils ne sont pas d’accord entre eux.
Ainsi donc, nous avons de la part de Dieu une révélation
positive, qui montre la fausseté de leur commentaire, et prouve que la mort
n’est pas tous
les gages du péché,
mais que le jugement vient après la mort.
Pour se tirer de là, ils disent que la mort était les gages du péché
d’Adam, mais que ces peines sont les gages de notre propre péché. Or ce n’est
pas ainsi que l’apôtre présente la chose. Il dit : « Et ainsi la mort a
passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché » ; c’est-à-dire qu’il
lie ensemble le péché de tous les hommes et le péché d’Adam, comme attirant sur
tous la mort elle-même ; cette fois encore ils sont donc en défaut.
Mais quand même leur assertion ne serait pas ainsi renversée par la déclaration de l’apôtre, il reste une autre chose : si le péché d’Adam attira la mort sur toute sa postérité, et si l’homme n’est pas immortel (car c’est là leur doctrine), d’où les pécheurs tirent-ils la vie après leur mort, c’est-à-dire, toujours selon eux, après qu’ils ont complètement cessé d’exister ? Leurs péchés ne peuvent la leur donner. Ils nous disent que, la sentence de mort ayant été prononcée sur l’homme, il n’y a point d’immortalité ; qu’il n’y a point de vie, sinon en Christ. Voyez à quoi cela aboutit : les méchants ont la vie en Christ, afin d’être punis pour leurs péchés ; mais cette vie qu’ils ont en Christ n’est pas une vie éternelle ; car, si elle l’était, il faut donc qu’ils soient éternellement malheureux, — s’ils ne sont pas éternellement heureux ou sauvés. De plus, cette vie qu’ils ont en Christ, pour être punis, serait destinée à être consumée par la colère et le jugement de Dieu ! Et si ce n’est pas la vie en Christ, une vie venant de Lui, alors la mort ne met pas fin à l’existence d’un homme ; la mort n’est pas ce qu’ils prétendent qu’elle est ; en un mot, l’homme est un être immortel.
Il y a plus : quelle était la valeur de la mort de
Christ ? Quelques-uns d’entre eux disent que ce fut simplement la mort
comme gages du péché — pas davantage. Mais « lui-même a porté nos péchés » ;
et s’il en est ainsi, nos péchés
n’étant,
selon eux, qu’une portion déterminée de châtiment, ce ne fut pas la colère de
Dieu, qui nous est due comme à des pécheurs perdus, qu’il eut à détourner, mais
seulement des peines partielles. Mais de plus, en ce qui regarde les méchants,
la mort de Christ, disent-ils, a détourné d’eux la mort, afin qu’ils pussent
être punis. Il n’a donc point porté leurs péchés — cela est clair, puisque
c’est pour ces péchés qu’ils doivent être punis ; en sorte qu’à ce compte,
la mort de Christ était nécessaire pour conserver la vie aux méchants, afin
qu’ils pussent être punis et ensuite consumés, et cette mort de Christ leur
était appliquée par Dieu dans ce but !
Je ferai maintenant quelques observations générales. Remarquez
bien que l’Écriture emploie toutes sortes d’expressions, outre celle de peines éternelles ; par
exemple :
Leur fin est la destruction — ils ne verront pas la vie — ils n’auront jamais
de pardon — ils n’ont point de vie en eux — Christ les reniera — Il ne les a jamais connus… ; en sorte que
leur argument quant à la signification du mot « éternel » en grec, en le
supposant valable, laisse intactes bien d’autres déclarations ; mais cet
argument n’est pas valable
. Ils prétendent que « éternel
» signifie
ce qui appartient à la gloire millénaire de l’économie à venir. Je crois à la
gloire de cette économie-là ; mais je dis que le mot « éternel
» ne
signifie pas en grec ce qu’ils prétendent ; et je défie tout homme qui
sait le grec de me produire un seul passage
où il ait cette
signification. Il (*) est employé
soixante-huit fois dans le Nouveau Testament, — sans compter trois fois où il
se rapporte à un temps passé ; — et aucun de ces cas ne peut être allégué
comme montrant que le mot désigne l’époque millénaire. Plusieurs cas prouvent
que partout il signifie « éternel
» ; plusieurs autres cas prouvent
qu’il ne s’applique pas
à l’état millénaire, lorsqu’il est employé dans
la connexion dans laquelle ils prétendent qu’il s’applique. Je citerai quelques
passages clairs sur ces deux points.
En premier lieu, les passages suivants montrent qu’il signifie « éternel
» :
2 Cor. 4:18. — « Car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles
qui ne se voient pas sont éternelles ».
2 Cor. 5:1. — « Une maison qui n’est pas faite de main, éternelle
,
dans les cieux ».
1 Tim. 6:16. — « Auquel soit honneur et force éternelle
! »
1 Pierre 5:10. — « Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés à
sa gloire éternelle
».
Et de même en Héb. 5:9 ; 9:12, 14.
(*) C’est-à-dire le mot grec.
Ces passages montrent que la signification naturelle du mot est
« éternel
», en contraste avec « temporel
».
Quant au second point, savoir que ce mot ne signifie pas
« millénaire », le lecteur trouvera que l’expression « vie éternelle
» est
tout aussi souvent employée pour la possession que nous avons de la vie de
Christ en ce monde, que pour notre possession de cette vie dans le monde à
venir, parce qu’il s’agit de la vie divine, d’une chose réelle qui nous est
donnée, aussi vraie dans ce monde que dans le monde à venir. Son plein
développement, sans doute, aura lieu dans le monde à venir, et par conséquent
nous en parlons naturellement comme la possédant alors ; mais l’Écriture
déclare aussi que nous l’avons ici-bas, de sorte que l’expression ne désigne
certainement pas un état millénaire, bien que nous ayons la vie alors aussi
bien que maintenant. Le mot traduit par « éternellement
» ou « pour
toujours
» (*), signifie quelquefois, il
est vrai, lorsqu’il est employé autrement, ce qui n’est pas éternel. Il est
employé pour exprimer la durée d’une chose quelconque d’une manière continue et
non interrompue, quoique la chose par sa nature puisse ne pas durer pour
toujours ; et partant, il désignera la totalité de quelque période
spéciale — comme la vie entière d’un homme, quelquefois le cours entier de ce
présent siècle mauvais, ou une économie entière. Mais lorsqu’il est employé en
rapport avec les sujets que nous traitons, il n’y a pas le moindre doute qu’il
signifie « éternel
», comme partout où il n’est pas employé en rapport
avec un sujet particulier qui en limite le sens. D’autre part, quand il est
traduit par « éternellement
» ou « pour toujours
», il ne signifie
jamais le siècle millénaire, comme on l’allègue.
(*) Eis ton aiwvna. —
Cette expression est employée vingt-six fois, et dans vingt-trois de ces cas
elle signifie clairement « à jamais
» ou « éternel
». Des trois
autres cas, l’un est obscur, savoir : « Sa miséricorde (selon qu’il avait
parlé à nos pères) envers Abraham et envers sa semence, à jamais
» (Luc
1:54-55). Les deux autres ne peuvent être employés comme preuves : l’un se
rapporte à la demeure du Consolateur avec les disciples (Jean 14:16) ;
l’autre parle de pécheurs, « à qui l’obscurité et les ténèbres sont réservées pour
toujours
» (Jude 13). Il n’y a pas un seul passage dont on puisse tirer la
preuve que l’expression se rapporte au temps de la gloire millénaire. Nous
trouvons les expressions : « CE siècle », et « le siècle À VENIR » ; les
hommes peuvent raisonner sur ces sujets, mais jamais les mots dont il s’agit ne
se trouvent employés dans cette connexion.
Je pourrais insister sur bien d’autres arguments fondés sur
l’emploi du mot en grec ; mais je n’irai pas plus loin ici, de peur de ne
faire qu’embarrasser ceux qui ne comprennent pas cette langue. Toutefois, dans
un passage qui se rapporte à notre sujet, nous trouvons une preuve bien claire
que le mot « éternel
» ne veut pas dire « millénaire
» ; car il
est dit : « Maudits, allez-vous-en loin de moi, dans le feu éternel
préparé pour le diable et ses anges ». Or, de leur propre aveu, le diable et ses
anges n’y seront pas avant que le millénium soit terminé, en sorte que le mot
ne signifie nullement
« millénaire ».
Ils insistent aussi sur les mots « détruire
» et « destruction
».
Mais nous avons déjà démontré que cela ne peut
signifier mettre fin à
l’existence de ce qui est détruit
; parce que la chose détruite dure
aussi longtemps que la vie des bienheureux, et que la vie de Dieu lui-même. Il
est clair d’ailleurs que, dans beaucoup de passages, le mot n’a réellement
pas
cette signification. C’est ce que montrerait le titre même donné à
l’ange de l’abîme ; il est appelé Apollyon, c’est-à-dire le
destructeur ; or il en ruine sans doute un grand nombre, mais il ne peut détruire
dans le sens auquel je fais allusion. Le même mot est employé dans le
passage : « Le monde d’alors périt
, étant submergé d’eau », ainsi que
dans la phrase : « Les brebis perdues
de la maison d’Israël », et
c’est la plus forte expression qui soit employée.
J’ai présenté quelques preuves positives de la doctrine de
l’Écriture, tirées de la Parole même, et j’ai répondu aux principaux arguments
des deux systèmes que l’erreur a essayé d’établir. Le chrétien attentif
trouvera qu’ils renversent l’un et l’autre l’oeuvre de Christ et les droits de
la sainteté de Dieu. En effet, si des hommes morts en rejetant entièrement
Christ et le saint Esprit, et pour lesquels il ne reste plus de sacrifice pour
les péchés, sont néanmoins sauvés, alors il n’est pas nécessaire
pour nous
d’être sauvés par ce moyen-là. D’autre part, si la mort corporelle constitue
tous les gages du péché, l’homme n’étant nullement immortel, alors les
souffrances du Fils de Dieu, et son abandon de la part de Dieu, sous le poids
de la colère, sont réellement mis de côté : ce n’est plus le résultat de
la sainteté nécessaire à la majesté d’un Dieu, qui « a les yeux trop purs pour
voir le mal ». Et dans tous les cas, selon eux, Christ n’aurait fait que
détourner de quelques-uns certaines peines temporaires, et en aurait assuré
l’application à d’autres
, puisque sans lui les hommes auraient cessé
d’exister, de la même manière qu’un cheval ou un chien ! Il aurait procuré
aux uns la vie éternelle, et aux autres une vie temporaire afin qu’ils fussent
malheureux ! Il n’y a pas, je pense, un seul chrétien qui ne voie que ce
n’est pas là ce que Dieu nous enseigne. Or il n’existe pas le moindre
fondement, soit pour l’une de ces doctrines, soit pour l’autre. On a allégué
que dans l’épître aux Colossiens il est dit que Christ réconcilie avec Lui-même
toutes les choses qu’il a créées ; mais il ne s’agit ici que de la
création visible, à l’exclusion d’une troisième classe, mentionnée dans
l’épître aux Philippiens comme étant obligée de ployer le genou devant Lui,
savoir, les choses qui sont sous la terre — strictement les choses infernales,
ou êtres infernaux ; mais elles ne sont pas comprises dans la
réconciliation. Ainsi donc, ce passage, quand on le compare avec Phil. 2,
prouve tout le contraire de ce qu’on avance.
Le résultat de notre examen est de maintenir dans leur entier
les deux doctrines : celle des peines éternelles, conséquence terrible de
l’inimitié du coeur de l’homme contre Dieu ; et celle de la félicité
éternelle, résultat de la grâce de Dieu, de sa grâce libre et précieuse, — et
de maintenir ces doctrines dans leur pleine portée, d’après le témoignage clair
de l’Écriture, tel que le reçoivent généralement les chrétiens simples de
coeur. Il est clair que le juste jugement de Dieu qui inflige la peine, saura
comment répartir les « plusieurs coups » et le « peu de coups » (Luc 12), et saura
distinguer dûment entre ceux qui périssent sans loi, et ceux qui sont jugés par
la loi (quoiqu’ils soient tous exclus de la présence de Dieu, comme objets du
jugement qui tombera sur les adversaires). Il est également clair que la
souveraine grâce de Dieu, qui en a appelé plusieurs à la gloire, saura quand et
comment les placer à sa droite et à sa gauche dans le royaume selon qu’il l’aura préparé pour eux
,
tout en donnant à chacun sa récompense selon son oeuvre, tandis que la
bénédiction éternelle avec Jésus, et le fait de Lui être semblables, seront la
portion commune de tous.
La pensée des peines éternelles est en effet solennelle : mais je puis dire que l’examen de l’Écriture à ce sujet n’a pas laissé un seul nuage dans mon esprit quant à la vérité de cet enseignement. En même temps, l’examen des systèmes qui lui sont opposés m’a pleinement convaincu qu’ils sont fallacieux et superficiels, qu’ils ne sont dictés ni par l’Esprit de Dieu, ni selon la vérité de la Parole, et qu’un examen sensé et complet du grec, sur lequel ils s’appuient, confond leurs déclarations.
Maintenant, pauvre pécheur, remarquez bien ceci : vous vous
imaginez peut-être que vous êtes appelé à juger Dieu, et que vous êtes
compétent pour dire qu’il doit assigner tel châtiment à tel degré de
péché : mais, sachez-le bien, c’est à Lui de vous juger. Une notion de son
amour, qui lui imposerait l’obligation d’agir de telle ou telle manière selon
cet amour, en sorte qu’il ne pût y avoir de peines éternelles, est une idée
insensée, fausse, contraire à l’Écriture. Dieu est amour, mais il est Dieu et
il agit dans son amour librement et saintement. Dieu est amour ; mais
c’est DIEU qui est amour. L’amour, c’est ce
qu’il est ; mais la première question doit être : Qui
est-il ? Il est Dieu, et « il fait tout ce qu’il lui plaît ». Maintenant
notez ceci : Si l’esprit de Dieu a touché votre conscience, vous savez que
vous avez mérité d’être exclu pour toujours de la présence de Dieu ; vous
sentez que vous avez mérité la colère éternelle et les peines éternelles. Si
vous ne le sentez pas, c’est que vous ne savez pas encore, comme l’ayant appris
de Dieu, ce qu’est le péché. Et je vous supplie d’observer que, dans cette
question, il ne s’agit pas de ce qui peut
être, ni de ce qui pourrait
être. Vous êtes un pécheur. Eh bien ! selon votre propre conscience, le
péché, que mérite-t-il ? Et de plus, s’il est question de ce que mérite le
péché, il est question de ce que Christ a porté, de ce qu’était la propitiation
qu’il a accomplie : car Lui-même a porté nos péchés, et a été fait péché
pour nous.
Dieu parle clairement de colère, d’indignation, de vengeance, à
cause du péché. Quelle était donc la colère due au péché, colère que Christ
porta, lorsqu’il porta nos péchés en son corps sur le bois ? Ce n’est pas
une question spéculative de ce qui pourrait
être, mais il s’agit de ce
qui vous sauve ! Croyez-vous que ce que Christ porta, quand il mit son âme
en oblation pour le péché, ne fut qu’une certaine somme de souffrances
temporaires, — que c’était là toute la conséquence du péché dans la présence de
Dieu ? Croyez-vous aussi que c’était à cela que se réduisait la colère de
Dieu ? On cherche à vous égarer en abusant de cette vérité précieuse, que
ce fut la nature divine de Christ qui donna à son oeuvre une valeur infinie.
Elle l’a fait, béni soit Dieu ! Mais « lui-même a porté nos péchés
en son corps sur le bois ». « Il plut à l’Éternel de le meurtrir ; il l’a
soumis à la souffrance ». « Il a été blessé pour nos transgressions ». « Le
châtiment de notre paix a été sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes
guéris ». Maintenant, ce qu’il a porté pour nous, pour vous, n’était-ce qu’une
certaine somme de peines temporaires, ou bien la sainte colère de Dieu, le fait
terrible de subir l’abandon de Dieu pendant sa vie, alors que son âme était
ainsi mise en oblation pour le péché ? Cette colère qui exclut de la
présence de Dieu, présence dont l’âme peut se rendre compte, n’est-ce pas là ce
que nous avons mérité ? Ce n’est pas seulement le tourment, puis cesser
d’exister : quoique Christ, comme personne divine, ait attaché une valeur
infinie à son oeuvre.
Quelque créature plus puissante que nous aurait bien pu porter un châtiment temporaire qui nous était dû ; mais la colère et le jugement que supposent les peines éternelles, une personne divine et éternelle pouvait seule les porter.
Ceux qui nient les peines éternelles citent parfois des passages de l’Ancien Testament, tels que ceux-ci : « Mon esprit ne contestera pas à toujours avec l’homme » (Gen. 6:3) ; — « Car je ne contesterai pas à toujours et je ne me courroucerai pas à jamais ; car l’esprit défaudrait devant moi et les âmes que j’ai faites » (Ésaïe 57:16) ; et encore : « L’homme qui est en honneur ne dure pas ; il est semblable aux bêtes qui périssent » (Ps. 49:12).
Or tout lecteur simple et pieux peut juger, d’après des citations comme celles-là, de ce que vaut un tel argument ; il est clair qu’il n’y a qu’une inattention excessive, ou un manque positif de droiture, qui puisse avancer de tels passages comme ayant un rapport quelconque avec la question.
Et d’abord, quant à Gen. 6:3, il est très clair qu’il s’agit de la patience de Dieu avec l’homme avant le déluge, « tandis que l’arche se construisait », « quand la patience de Dieu », comme l’explique Pierre, « attendait dans les jours de Noé ». Leurs esprits furent jetés dans la prison après qu’ils eurent été ainsi jugés, et c’est là une preuve assez claire qu’ils subsistaient encore après leur mort.
Quant au second passage, Ésaïe 57:16, il est également clair que
Dieu parle d’hommes sur la terre. S’il contestait avec eux à toujours, — s’il
ne cessait pas et ne les épargnait pas, — ils périraient en tant qu’hommes
vivants. Les pierres d’achoppement seraient ôtées du chemin de son peuple. Le
Saint, Celui qui est haut élevé, vivifierait l’esprit des humbles, et le coeur
de ceux qui ont le coeur brisé, parce qu’il ne contesterait pas à toujours, et
qu’il ne serait pas courroucé à jamais. « Je me suis courroucé à cause de l’iniquité
de son avarice, et je l’ai frappé… J’ai vu ses voies, et je le guérirai,
etc. » Or, quel rapport a tout cela avec l’enfer ? Aucun, absolument. Qu’il
me soit permis de conseiller au lecteur simple, quand on fait une citation, de toujours lire le contexte,
avant de
recevoir une nouvelle doctrine.
Enfin, quant au Ps. 49, je dis encore : Lisez le Psaume, et vous verrez immédiatement qu’il s’applique à la gloire de ce monde : « Car il voit que les sages meurent, que le sot et l’insensé périssent pareillement, et laissent leurs biens à d’autres… Leur pensée intérieure est que leurs maisons durent à toujours… Ils appellent les terres de leur propre nom ; pourtant l’homme qui est en honneur ne dure pas ; il est semblable aux bêtes qui périssent ». Il serait difficile de dire quel rapport ces mots : « L’homme qui est en honneur ne dure pas » peuvent avoir affaire au fait d’être dans l’enfer. « Ils gisent dans le shéol comme des brebis ; la mort se repaît d’eux ». — N’est-il pas évident que la doctrine enseignée ici, c’est que la mort flétrit toute la gloire terrestre de l’homme ? « Sa gloire ne descendra point après lui » ; mais ici même, quelque sombre que soit l’aspect de ce qui est au-delà de la mort, il n’y a aucune question, soit de destruction finale, soit de rétablissement final.
Pour conclure, je dis (comme d’autres l’ont déjà remarqué) que si Dieu avait eu l’intention de donner l’idée de ce que sont les peines éternelles, il n’aurait pas employé des expressions plus fortes que celles qu’il a employées. En effet, il n’en existe point de plus fortes.