par J.N.Darby
Extrait d’une lettre
J’ai reçu votre lettre. Je ne doute pas de l’activité, soit de l’Ennemi, soit de votre mauvais coeur. Vous avez besoin d’une complète délivrance de vous-même, c’est-à-dire de la chair.
Vous parlez de pensées mauvaises, involontaires et haïes, s’élevant dans votre coeur, lorsque vous cherchez à vous occuper du Seigneur, et même lorsqu’en réalité vous pensez à lui. Alors vous vous arrêtez pour les confesser, et la préoccupation même de la confession ne fait que provoquer une nouvelle mauvaise pensée, et, comme vous le dites, c’est une lutte sans fin.
Il me semble que vous n’avez
pas encore joui d’une complète délivrance de vous-même et de la chair. Vous
êtes encore ce que l’Écriture appelle « dans la chair, » bien que croyant. Je
crois que si votre âme était affranchie, vous feriez l’expérience de cette
vérité simple mais profonde : « Tenez-vous pour morts au péché » (Rom. 6:11). Elle
agirait en sorte que l’idée de vous arrêter pour confesser les mauvaises
pensées involontaires de votre âme, serait jugée comme étant, en réalité, un triomphe accordé à la chair,
puisqu’elle
vous conduit à vous en occuper.
Lorsque votre volonté n’y
entre pour rien, vous devez laisser de côté de telles pensées, les dédaigner et
les traiter comme le : « ce n’est plus moi ». — II va sans dire que si votre âme
n’est pas affranchie, vous ne pouvez agir de la sorte, mais si vous jouissiez
d’une pleine liberté, de telles choses ne vous feraient pas souffrir. Tout ce que
je puis vous dire est ceci : lorsque de mauvaises pensées, involontaires et
haïes, se présentent à votre âme, ne vous laissez pas, pour les confesser,
détourner de vous occuper du Seigneur. Si votre volonté
y entre pour quelque chose, il faut les confesser, mais si
ce n’est pas le cas, détournez-vous-en comme vous le feriez pour éviter une
personne qui n’est pas vous-même, que vous savez être incorrigible et dont le
plus léger contact ne peut produire que misère et souillure. « Évitez-les, ne
vous mêlez point avec elles, » mais laissez-les où elles sont sans vous en
inquiéter. Les reconnaître, même dans la
plus faible mesure,
c’est donner à la chair la place qu’elle cherche —
c’est la reconnaître d’une manière ou de l’autre, et lors même que c’est
seulement pour en haïr les effets, c’est une satisfaction pour la chair.
Oh ! que cette grâce vous soit accordée, de laisser « la chair » non reconnue et désavouée, et de poursuivre votre route sachant qu’elle est toujours là et qu’elle sera en vous jusqu’à la fin. Quelle bénédiction pour nous, de pouvoir, par la grâce, désavouer, refuser d’écouter les suggestions de la chair, lorsqu’elle est à l’oeuvre, sachant par grâce qu’elle n’est plus « moi ». Votre cas quant aux pensées mauvaises, involontaires et haïes, a été, et est encore celui de la plupart des enfants de Dieu, si ce n’est de tous. Allez simplement de l’avant sans vous occuper aucunement de ces pensées ; car, je le répète, en vous en occupant vous donnez à la chair la place qu’elle cherche. Marchez comme si vous n’entendiez pas ses suggestions, comme si vous y étiez sourde. Confessez-les à Dieu, lorsque votre volonté est à l’oeuvre, mais faites-le sans vous occuper à analyser le mal ; regardez plutôt à Dieu, le coeur rempli du sentiment de votre faiblesse et de votre incapacité ; et dans une attitude de dépendance, continuez votre chemin, le regard attaché sur Celui d’où procède la force, lorsque l’âme est consciente de sa faiblesse.