J.N. Darby
1° Ed. 1843 Genève ; texte révisé selon ME 1931 p. 57 et suiv.
TABLE des matières :
2 - Observations préliminaires sur le Tabernacle
6 - Le SACRIFICE de PROSPÉRITÉS
7 - Les SACRIFICES pour le PÉCHÉ et pour le DÉLIT
Les types, qui nous sont présentés dans les Écritures, ont des caractères divers. Les uns se rapportent à quelque grand principe des voies de Dieu, comme Sara et Agar, qui représentent les deux alliances ; d’autres ont trait au Seigneur Jésus dans Ses différents offices, comme sacrifice, sacrificateur, etc. ; une troisième classe figure certains actes de Dieu, ou la conduite des hommes dans des économies futures ; une quatrième, quelque grande oeuvre du gouvernement de l’Éternel encore à venir.
Quoique l’on ne puisse donner aucune règle stricte à cet égard, l’on peut dire néanmoins que la Genèse nous offre les principaux exemples des types de la première classe, le Lévitique, de ceux de la seconde, quoique quelques types remarquables de cette catégorie se trouvent dans l’Exode. Le livre des Nombres contient plutôt ceux de la troisième. Ceux de la quatrième sont plus dispersés.
Pour le moment, je me propose de parler seulement des types qui se trouvent dans le Lévitique. Ils forment une classe à part ; ils tirent toute leur valeur de leur caractère même de types ; tandis que d’autres, à côté de leur signification typique, présentent dans les faits eux-mêmes, une grande richesse d’instruction morale. C’est là ce qui distingue les types dont nous parlons, et leur donne un caractère et un sens particuliers, bien qu’à certains égards les autres n’offrent pas un moindre intérêt. Le détail de tout ce que Christ est pour nous, voilà ce qui est surtout représenté dans les types du Lévitique.
L’emploi des types, dans la
Parole de Dieu, est un trait de cette divine Révélation qu’il ne faut pas
passer sous silence ; il offre un attrait tout particulier. Dans nos
rapports avec Dieu, ce qu’il y a de plus élevé dépasse, dans sa réalité, notre
intelligence, et doit même de toute nécessité la dépasser infiniment, et ne
s’adapte, si je puis m’exprimer ainsi, qu’à celle de Dieu, qui contemple la
réalité de la chose elle-même, et devant lequel l’efficace de cette réalité
doit être présentée. — Tous les objets de notre foi, profonds et infinis, —
infinis dans leur valeur devant Dieu, ou dans la démonstration des principes
d’après lesquels il agit envers nous, — nous deviennent, pour ainsi dire,
palpables dans leurs types. Le détail de toute la miséricorde et de toute
l’excellence, qui se trouvent dans la réalité ou l’anti-type, est mis sous nos
yeux avec l’exactitude de Celui qui juge des objets selon que son
oeil
les voit ; — et qui nous les présente sous une forme adaptée au nôtre,
d’une manière proportionnée à notre intelligence, et dans le but de nous élever
à la hauteur de ses propres pensées. — Christ, selon le coeur de Dieu, dans
toute sa gloire, voilà le tableau même que Dieu nous présente ; mais nous
avons dans les types, tous les traits et toutes les explications de ce qu’Il
est. — Que son Nom soit béni !
L’établissement du Tabernacle présente deux points de vue entièrement différents ; le développement des conseils de Dieu dans la grâce, et le péché qui donna lieu à ce développement et le nécessita. Toute la structure du Tabernacle était conforme au modèle donné sur la montagne. C’était une image des choses célestes, avant que le péché des Israélites eût détruit leur privilège d’une communion directe avec Dieu. Elle représentait, par conséquent, des principes qui trouvent leur accomplissement dans le parfait Tabernacle qui n’a point été fait de main. Mais l’économie du Tabernacle ne fut établie qu’après l’idolâtrie du veau d’or, lorsque l’indignation de l’Éternel contre le péché avait déjà éclaté. Du trône du sanctuaire, il suppléa ainsi dans sa grâce, par l’intercession du grand sacrificateur et l’aspersion du sang, aux besoins d’un peuple déchu.
De là vient aussi que la
première fois qu’il est fait mention du Tabernacle, c’est à l’occasion du péché
du veau d’or, lorsque la colère de Moïse s’enflamma contre la stupide impiété
des Israélites, qui avaient rejeté Dieu avant même d’avoir reçu, par
l’intermédiaire de Moïse sur la montagne, les ordonnances de la loi. « Moïse
prit une tente et la tendit pour lui hors du camp, loin du camp ; et il
l’appela la tente d’assignation : et il arriva que tous ceux qui cherchaient
l’Éternel sortirent vers la
tente d’assignation qui était hors du camp » (Ex. 33:7). C’était là un lieu de
réunion pour Dieu et pour ceux d’entre le peuple qui Le cherchaient. — Dans la
loi, il n’était pas question de chercher Dieu. Elle était la communication de
la volonté de Dieu à un peuple déjà assemblé, au milieu duquel Dieu se
manifestait selon certaines exigences de sa sainteté. Mais quand le mal fut
entré, et que le peuple, comme corps, eut apostasié et transgressé l’alliance,
alors fut érigé le lieu où l’on devait chercher Dieu. Ceci se passa avant que
le Tabernacle, établi selon le modèle montré sur la montagne, eût été élevé ;
mais c’est ce qui fit ressortir d’une manière frappante le principe sur lequel
il était fondé.
Ces communications de Dieu avec son peuple, ou avec le médiateur, étaient de deux sortes : apostoliques ou sacerdotales ; c’est-à-dire que, dans ces deux genres de médiation, Dieu se proposait ou de communiquer sa volonté, ou d’être en relation avec le peuple pour le culte, et en ce qui concerne les péchés et les besoins de ce peuple. C’est de la même manière que Christ est l’Apôtre et le Souverain Sacrificateur de notre confession ; expressions qui font allusion aux circonstances dont nous parlons. La présence du Seigneur dans le Tabernacle, afin d’y communiquer sa volonté, est mentionnée dans les chapitres 25 et 29 de l’Exode. Dans le chapitre 25, après la description de l’arche et de ses accessoires dans le lieu Très-Saint, il est dit : « Et tu mettras le propitiatoire sur l’arche par dessus, et tu mettras dans l’arche le témoignage que je te donnerai. Et je me rencontrerai là avec toi, et je parlerai avec toi de dessus le propitiatoire, d’entre les deux chérubins qui seront sur l’arche du témoignage, et te dirai tout ce que je te commanderai pour les fils d’Israël » (v. 21-22). Cela concernait le médiateur seul avec le Seigneur. Dans le chapitre 29, nous lisons : « Ce sera l’holocauste continuel en vos générations, à l’entrée de la tente d’assignation, devant l’Éternel, où je me rencontrerai avec vous pour y parler avec toi. Et je me rencontrerai là avec tes fils » (v. 42-43)
C’est sur ce principe que le Lévitique est basé.
Dieu n’y parle pas du haut de la montagne de Sinaï, mais de l’intérieur du Tabernacle où l’on devait Le chercher. C’était là que, selon l’image de sa gloire, mais aussi selon les besoins de ceux qui cherchaient sa présence, Il entrait en relation avec le peuple par le moyen d’un médiateur et des sacrifices. En Sinaï, quand Il apparut dans une gloire terrible, Il demanda et proposa des conditions d’obéissance, moyennant quoi Il promettait sa faveur. Ici, Il est accessible au pécheur comme au saint, mais en vertu d’une médiation. Le fondement de notre accès auprès de Dieu, c’est l’obéissance et le sacrifice de Christ ; et c’est là ce qui nous est présenté en premier lieu, quand Dieu parle du sein du Tabernacle.
Il faut avant tout remarquer l’ordre de ces sacrifices. — L’ordre de leur application est uniformément opposé à celui de leur institution. Il y a quatre grandes classes d’offrandes : 1° l’holocauste ; 2° l’offrande du gâteau ; 3° le sacrifice de prospérité ; 4° le sacrifice pour le péché. Je les nomme ici dans l’ordre de leur institution ; mais, dans leur application, les sacrifices pour le péché viennent toujours les premiers : — car l’homme est toujours pécheur ; — s’il veut s’approcher de Dieu par un sacrifice, il faut qu’il le fasse par l’efficace du sacrifice qui ôte le péché, ce péché ayant été porté par un autre. Mais, comme étant le grand sacrifice, le Seigneur Jésus n’a pu être traité comme pécheur à notre place que parce qu’Il s’est offert sans tache à Dieu, n’ayant point Lui-même connu le péché. Jésus s’est offert disant : « Je viens pour faire ta volonté », afin de subir la mort pour nos péchés. Dans son oeuvre, Il est premièrement holocauste.
La source de notre communion est dans l’excellence de Christ, victime sans tache. Pour nous faire entrer dans cette communion, il était absolument nécessaire qu’auparavant Christ portât nos péchés. Mais l’holocauste, l’offrande du gâteau et le sacrifice de prospérité viennent les premiers ; les sacrifices pour le péché viennent à part et après. Ces derniers nous sont particulièrement nécessaires ; mais ils n’exprimaient pas la perfection de Christ, car Il y était traité comme un pécheur, quoique pour cela Il fallût qu’Il fût parfait en Lui-même.
D’après ce que je viens de dire, il est évident que c’est Christ que nous devons contempler dans ces sacrifices. C’est la valeur de l’efficace de ce parfait sacrifice que nous allons considérer sous ses diverses formes. Il est bien vrai que, dans un arrière-plan, le chrétien nous y est aussi présenté ; car il doit offrir son corps en sacrifice vivant. Par les fruits de l’amour, il doit aussi offrir à Dieu des sacrifices de bonne odeur, agréables à Dieu par Jésus-Christ ; mais, pour le moment, notre but est d’y considérer Christ Lui-même, et non le chrétien.
J’ai dit qu’il y a quatre grandes classes d’offrandes : les holocaustes, les offrandes de gâteaux, les sacrifices de prospérité, et les sacrifices pour le péché, division indiquée dans le chapitre 10, verset 8 de l’épître aux Hébreux. Mais il existe entre elles une différence essentielle qui en fait deux classes distinctes : d’un côté, les offrandes pour le péché ; de l’autre, toutes les autres oblations. En tant qu’offrandes pour le péché, les premières n’étaient jamais des offrandes faites par feu, de bonne odeur à l’Éternel, — tandis que les dernières l’étaient. Dans les premières, le péché était mis en évidence ; elles était comme chargées de péché ; elles représentaient le péché. — Celui qui les touchait était souillé : dans l’original même, il n’y a qu’un mot pour dire péché et offrande pour le péché. On brûlait ces sortes de sacrifices, mais non sur l’autel, à l’exception toutefois de la graisse de quelques-uns d’entre eux, dont nous parlerons plus tard.
Les autres offrandes étaient faites par feu, de bonne odeur à l’Éternel. Elles nous représentent Christ s’offrant Lui-même sans tache à Dieu, — mais non pas Christ portant les péchés et traité comme pécheur par le Saint et le Juste.
Ces deux points, dans le sacrifice de Christ, sont très distincts et très précieux. Dieu a traité comme pécheur celui qui n’a point connu le péché ; mais il est également vrai que, par l’Esprit éternel, Christ s’est offert lui-même à Dieu sans aucune tache. C’est ce dernier point que nous allons maintenant considérer dans l’ordre où le Lévitique nous le présente.
La première sorte de sacrifice, qui est en même temps la plus complète et la plus caractéristique de la classe des offrandes faites par feu, c’est l’holocauste. L’adorateur devait apporter son offrande pour être agréé devant l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation, et l’égorger devant l’Éternel. — D’abord quant au lieu : le Tabernacle, où se passait toute la scène et tout le rituel, se divisait en trois parties : premièrement le lieu Très-Saint, la partie la plus intérieure de la tente, séparée du reste par un voile ; c’est là qu’étaient l’arche de l’alliance et les chérubins de gloire qui couvraient le propitiatoire : il n’y avait rien de plus. C’était là le trône de Dieu, — le type de Christ en qui Dieu s’est révélé, — de Christ, l’arche véritable de l’alliance et le vrai propitiatoire.
L’apôtre nous dit que le voile signifiait que le chemin du lieu Très-Saint n’était pas encore manifesté, pendant que le premier Tabernacle subsistait. Immédiatement en dehors du voile, il y avait l’autel d’or des parfums, sur lequel, en de certaines occasions, on prenait de l’encens dans un encensoir pour l’offrir au dedans du voile, de sorte que, quant au but, il appartenait au lieu Très-Saint. En dehors du voile, dans la partie du Tabernacle appelée le lieu Saint, pour la distinguer du lieu Très-Saint ou du Saint des Saints, on trouvait encore, d’un côté, la table des pains de proposition, et de l’autre le chandelier d’or à sept branches (*), types de Christ incarné, le vrai pain, — en union d’un côté avec les douze tribus, et leur chef, — et de l’autre avec la perfection de l’Esprit comme esprit de lumière.
(*) Le nombre sept indique la perfection, comme aussi le nombre douze, ainsi que nous le voyons par plusieurs passages de l’Écriture.
Ce dernier a son
développement plutôt dans l’Église (*) ;
mais, quoi qu’il en soit de cette dernière pensée, nous avons l’incarnation, ou
Christ homme, et le Saint Esprit, pour la portion distinctive du lieu Saint. Ce
n’était pas le souverain sacrificateur seul, mais tous les sacrificateurs qui
entraient continuellement dans le lieu Saint, — eux seuls. Nous savons quels
sont maintenant ceux qui peuvent entrer ; ce sont ceux qui sont faits rois
et sacrificateurs, tous les vrais saints de Dieu ; — eux seulement. — Il
faut ajouter, que le voile, qui cachait le lieu Très-Saint et en fermait
l’entrée, est maintenant déchiré du haut en bas et ne doit plus être rétabli
pour nous. Nous avons, par le sang de Jésus, la liberté d’entrer dans les lieux
saints. Le voile, qui est sa propre chair, a été déchiré. — Nous trouvons, Jean
6, non seulement le pain descendu du ciel
en Christ incarné, mais aussi la chair
et le sang
, ou Christ mis à mort.
Unis à Christ, nous entrons et nous nous asseyons en esprit là où Christ est
assis. Notre privilège est d’entrer en tout temps, et comme en possédant le
droit, dans le lieu Saint, — type du ciel, — comme le lieu Très-Saint était le
type de ce qui est appelé les Cieux des Cieux. Déjà maintenant, quoique
seulement en esprit, nous entrons dans les lieux célestes ainsi que les
sacrificateurs entraient dans le lieu Saint. En dehors du lieu Saint se
trouvait le parvis du tabernacle d’assignation. Ce parvis était une cour
extérieure, ceinte d’une toile fixée à des ais
ou piliers. En y entrant, on trouvait d’abord l’autel des
holocaustes ; puis, entre cet autel et le Tabernacle, la cuve d’airain où
les sacrificateurs se lavaient avant d’entrer dans le Tabernacle pour y faire
leur service.
(*) Cependant, dans l’Église, il n’y a qu’un seul pain, l’unité du corps de Christ, et un seul Esprit, c’est-à-dire l’Esprit lui-même personnellement. Douze nous présente la perfection dans le gouvernement réalisé dans l’homme ; le nombre sept est ce qui est complet dans les choses spirituelles ; l’Esprit, dans ses attributs, par exemple, quand il est question des sept esprits ; il s’agit alors du gouvernement de Dieu, et non pas de l’Esprit personnellement.
Il est évident que nous ne pouvons nous approcher de Dieu pour Le servir, sinon par le sacrifice de Christ, et que nous devons être lavés dans l’eau de la régénération, avant de pouvoir servir dans le sanctuaire (*). En tant que sacrificateurs, nous avons aussi besoin que le Souverain Sacrificateur nous lave au moins les pieds, pour que nous puissions faire notre service habituel dans le sanctuaire (Jean 13). Nous avons également besoin du renouvellement du Saint Esprit, qui est répandu abondamment sur nous par Jésus Christ notre Sauveur (Tite 3).
(*) Cet ordre est frappant. Nous aurions mis la cuve avant l’autel. Mais, premièrement en témoignage, pour celui qui s’approchait, le sacrifice du Christ vient tout d’abord. Ensuite l’autel est pour les péchés, et c’est la première chose dont nous avons besoin, tandis que, dans la cuve, nous avons notre mort, l’application de la mort à notre nature. Nous sommes morts avec Christ. Cela vient après. Romains 3:20 correspond à l’autel. Romains 6 à la cuve. L’autel d’airain n’allait pas plus loin que la satisfaction pour les péchés selon la responsabilité de l’homme. Le propitiatoire indiquait ce qui était nécessaire pour la présence de Dieu. L’oeuvre de Christ fait les deux. Dans l’application, la cuve est entre les deux.
C’est par ce chemin que Christ lui-même s’est aussi approché, non toutefois par l’offrande d’un autre, mais en s’offrant Lui-même à Dieu comme une victime parfaite. Rien de plus touchant, ni de plus digne de notre profonde attention, que la manière dont Jésus se présente de son bon gré à l’Éternel, afin que Dieu soit pleinement glorifié en Lui. — Muet dans ses souffrances, nous voyons que son silence était le résultat d’une parfaite et profonde détermination de s’offrir, par obéissance, pour la gloire de Dieu ; — et, béni soit son Nom ! c’est un service qu’Il a parfaitement accompli ; de sorte que le Père se repose maintenant en son amour envers nous.
Ce dévouement à la gloire du Père pouvait se manifester de deux manières : en consacrant à Dieu toutes les facultés de l’homme vivant ; mais dont la perfection doit être éprouvée par la mort et le feu du jugement. Il va jusqu’à la mort, quant à l’épreuve qui en a été faite ; — et c’est ce qui était représenté dans l’offrande du gâteau : — et en donnant sa vie elle-même à Dieu, — et c’est ce qui était figuré par l’holocauste, par sa vie et dans sa mort
Dans l’holocauste, celui qui
l’offrait le faisait de son plein gré, à la porte du Tabernacle d’assignation.
C’est ainsi que Christ s’est présenté pour accomplir le dessein de Dieu. Si
nous n’avions vu que le fait de la mort
de Christ, nous aurions pu
penser qu’elle était obligatoire quant à Lui ; mais il nous est d’abord
montré comme offrande volontaire, se rendant Lui-même à la porte du Tabernacle,
et, de son plein gré, s’offrant Lui-même à Dieu pour nous. Dans le type, la
victime et celui qui l’offrait étaient nécessairement distincts, et les mains
de l’adorateur étaient posées sur la tête de la victime en signe
d’identité ; mais Christ s’est offert et a été en même temps la victime.
Citons quelques passages qui nous présentent le Christ dans ce caractère,
prenant la place de ces sacrifices. L’Esprit fait parler ainsi le Seigneur dans
l’épître aux Hébreux (10:7), en citant le Psaume 40 : « Alors j’ai
dit : Voici, je viens, il est écrit de moi dans le rouleau du Livre :
C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi
est au dedans de mes entrailles (*) ». Et ceci
se rapporte au sacrifice ainsi que le même chapitre le démontre.
(*) Quand l’Éternel parla à Moïse du haut du Sinaï, c’était pour déclarer ce que le Dieu juste exigeait de l’homme sur la terre. Les Israélites, ayant consenti à s’approcher de Dieu par le chemin de la justice qui leur était prescrite, ont tous succombé, comme nous l’avons vu. L’autorité de Dieu fut méconnue et foulée aux pieds par la confection du veau d’or ; et, de cette manière, ils violèrent leur résolution volontaire de faire tout ce que l’Éternel avait dit (Exode 24:3) ; ils y avaient totalement manqué. Comment donc l’homme pourra-t-il approcher de Dieu ? La loi donnée venait de faire ressortir le mal qui était en lui. Dieu pouvait-il traiter avec ceux qui venaient de tomber et les reconnaître dans leur méchanceté ? Devait-Il se dépouiller de son caractère ? S’il ne le pouvait, il fallait que du ciel Il parlât de grâce. Il n’y avait plus d’autre possibilité de traiter avec les hommes sur la terre. « Ils avaient méprisé Celui qui leur parlait sur la terre ». La question était : Comment l’homme pourra-t-il être mis en communion avec Dieu dans le ciel ?
Il fallait un sacrifice ; mais où en trouver un qui fût capable de laver l’homme du péché ? Il n’y avait point d’homme en état de faire une chose pareille, ni disposé à la faire. Ce n’était pas là une oeuvre pour un pécheur. Mais le Fils de Dieu dit : Voici, je viens pour faire la volonté ! ta loi est au dedans de mes entrailles (Ps. 40 ; Héb. 10:5). « Tu n’as pas voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as formé un corps ». C’était le corps dans lequel devait habiter Celui qui fut l’obéissance même ; « tu m’as creusé des oreilles » ; — et nous voyons Christ le prendre volontairement pour faire la volonté de Dieu. C’est ainsi que nous avons quelqu’un de qualifié pour être le sacrifice ; quelqu’un qui a revêtu la forme de serviteur et qui s’est rendu obéissant aux commandements de l’Éternel. Il avait et la volonté et la capacité de le faire : « Ta loi est au dedans de mes entrailles ».
C’est donc Christ, se donnant
tout entier pour faire toute la volonté de Dieu, qui remplace les sacrifices.
Il est l’anti-type de l’ombre des biens à venir. Parlant ailleurs de sa vie, Il
dit (Jean 10:18) : « Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de
moi-même ; j’ai le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la
reprendre ; j’ai reçu ce commandement de mon Père ». — C’était l’obéissance,
mais l’obéissance dans l’amour par le sacrifice de soi-même ; c’est
pourquoi, parlant de sa mort, il dit : « Le chef du monde (Satan) vient, et
il n’a rien en moi ; — mais afin que le monde connaisse que j’aime le
Père, et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais » (Jean 14:31). — Et dans
le chapitre 9 de Luc, nous lisons : « Comme les jours de son assomption
s’accomplissaient, il dressa sa face résolument pour aller à Jérusalem » (v.
51). — Que toutes les voies du Seigneur sont belles et remplies de grâce !
Il était tout aussi résolu à se dévouer et à aller subir toutes les
conséquences de son dévouement, afin de glorifier Dieu, que l’homme avait été
léger pour s’éloigner de Dieu et obstiné à demeurer dans cet éloignement. Jésus
s’anéantit lui-même
et s’abaisse
jusqu’à la mort, afin que, par ce moyen, la majesté et l’amour de Dieu pussent
être pleinement mis en évidence (*). Ainsi
l’homme dans la personne de Christ est réconcilié avec Dieu. — Dieu a été aussi
parfaitement glorifié dans l’homme, que dans l’homme il avait été parfaitement
déshonoré. Remarquez que je ne dis pas les hommes, mais l’homme.
(*) En effet, pour introduire les pécheurs en la présence de
Dieu, Jésus dut non seulement observer la loi, mais encore devenir obéissant
jusqu’à la mort, à la mort même de la croix. Il aurait pu prêcher la justice
dans l’assemblée ; mais les hommes haïssaient la justice. Il aurait pu
faire toute espèce d’oeuvres de miséricorde et de bénédiction ; mais les
uns lui portaient envie, d’autres se moquaient de lui. Toutes les expressions
de justice en Lui ne furent d’aucune
utilité par elles-mêmes. Ainsi il fallut qu’il devînt un sacrifice ; il
fallut que son sang fût répandu, pour que nous pussions nous approcher de Dieu.
Or, c’est sous ce caractère que l’holocauste nous le représente.
La victime devait être sans
tache, ce qui s’applique trop évidemment à Christ pour avoir besoin d’être
expliqué. Il a été l’Agneau sans défaut
et sans tache.
Ce qui était sans exemple en Jésus, c’était sa justice. Le pouvoir dont Il était revêtu aux yeux des hommes, d’autres l’avaient possédé, d’autres devaient le posséder encore, et en des manifestations plus éclatantes, ainsi qu’il le dit ; mais la justice et la vérité parfaites, Christ seul a pu les manifester ; Satan a fait tous ses efforts pour l’en détourner ; il essaya d’engager le Seigneur à manifester sa puissance ; mais Jésus fut toujours le serviteur obéissant. Il ne voulait rien faire de Lui-même, car Il était venu pour servir, pour être le parfait modèle de l’obéissance en toutes choses. Satan Le tenta premièrement, en Lui demandant d’user de sa puissance pour changer des pierres en pain ; puis en cherchant à Le faire douter des soins providentiels de Dieu ; et, en troisième lieu, au sujet de sa légitime domination. Ayant complètement échoué dans son dessein, Satan se retira de Lui pour un temps. Mais, plus tard, l’Adversaire attaqua de nouveau le Fils de Dieu et chercha à Le détourner de l’obéissance jusqu’à la mort. Le prince de ce monde vint à Jésus, se servant des chefs de la religion, et comme ayant, dans ce monde, pouvoir sur les Juifs et sur les Gentils. Cependant il ne put détourner Jésus du chemin de l’obéissance ; mais la Parole est toujours : « afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et selon que le Père m’a commandé, ainsi je fais. Levez-vous, partons d’ici ! » (Jean 14:31).
Celui qui offrait le
sacrifice devait égorger l’animal devant l’Éternel, ce qui achève la
ressemblance avec Christ, qui donna sa vie de lui-même ; — personne ne la
lui ôta ; Il la laissa devant le Seigneur
. — C’était là, dans la
cérémonie de l’offrande, la part de l’individu qui offrait ; ce fut de
même la part de Christ en tant qu’homme. Dans la mort de Christ, l’homme ne
voyait que le jugement de l’homme, la puissance de Caïphe, ou celle du monde. Mais,
en réalité, en tant qu’offrande, Il s’est offert Lui-même devant le Seigneur
.
Nous en venons donc maintenant à ce qui, dans le sacrifice, concernait le Seigneur et le sacrificateur. — L’offrande devait être soumise au feu de l’autel de Dieu. Elle était coupée en morceaux, lavée et abandonnée ainsi, selon la purification du sanctuaire, au jugement de Dieu ; — car le feu, comme symbole, signifie toujours le jugement de Dieu. — Quant à l’acte de la laver d’eau, il rendait typiquement le sacrifice pur, — comme Christ l’est essentiellement. Mais il y a ceci d’important, c’est que la purification de l’offrande et la nôtre sont basées sur le même principe, et le sont selon la même mesure. Nous sommes « sanctifiés par l’Esprit, pour l’obéissance » (1 Pier. 1:2). Jésus est venu pour faire la volonté de son Père ; et ainsi, parfait dès le commencement, Il apprit cependant l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. — De plus, cette purification par l’eau, dans notre cas, a lieu par la Parole ; et Christ dit pour Lui-même : « L’homme vivra de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matt. 4:4). — Il existe évidemment et nécessairement cette différence, qu’en Christ était la vie, Il avait la vie en Lui-même (Jean 1 et 5), tandis que nous, au contraire, nous recevons cette vie de Lui.
Examinons d’un peu plus près ce sujet : L’eau de purification représentait aussi la puissance de l’Esprit, opérant par la Parole et portant le fruit de l’obéissance à la volonté de Dieu. « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité, pour que nous soyons une sorte de prémices de ses créatures » (Jacq. 1:18). « C’est par cette volonté que nous avons été sanctifiés » (Héb. 10:10). Mais, avant que cette oeuvre de l’Esprit soit opérée en nous, nous sommes, quant à la vie de Dieu, morts dans nos fautes et dans nos péchés. — et en nous, c’est-à-dire dans la chair, il n’existe pas de bien. Il faut donc que ce soit par la mort et la résurrection que la délivrance s’effectue, et premièrement par celles de Christ, afin que nous y ayons part. C’est pourquoi, à sa mort, il sortit de son côté du sang et de l’eau, la puissance qui purifie aussi bien que la puissance qui expie. — La mort donc, et la mort seule, est ce qui nettoie du péché, aussi bien que ce qui fait l’expiation de tous nos péchés. « Celui qui est mort est justifié (*) du péché » (Rom. 6: 7) ; — et l’eau devient ainsi le signe de la mort, car cela seul purifie.
(*) « Justifié » non des péchés, mais du péché. On ne peut accuser un homme mort de mauvaises convoitises ni d’une volonté propre.
Cette vérité d’une
sanctification réelle opérée par la mort était nécessairement cachée à ceux qui
vivaient sous la loi. — Ils n’en possédaient que les figures ; car la loi
s’appliquait à l’homme, comme vivant, et réclamait de lui l’obéissance ;
mais la mort de Christ révéla cette vérité, que nous étions déjà morts, morts à
l’égard de Dieu, et que, dans notre vie et dans notre nature d’Adam, il n’y
avait que du péché et que les morts dans le péché ne pouvaient être sanctifiés
que par la mort et la résurrection. — En nous, c’est-à-dire en notre chair, il
n’habite aucun bien. C’est pourquoi, en faisant allusion à l’usage symbolique
de l’eau dans le baptême, l’Écriture dit que, « nous tous qui avons été baptisés
pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort » (Rom. 6:3). Mais il
est évident que nous ne pouvons pas nous arrêter à la mort ; car c’est la
communication de la vie de Christ qui nous rend capables de traiter le vieil
homme comme mort, et nous-mêmes comme étant morts dans nos fautes et dans nos
péchés. « Si Christ est en vous
, le corps est bien mort à cause du péché,
mais l’Esprit est vie à cause de la justice » (Rom. 8:10). Il nous est dit
encore : « Lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans
l’incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui » (Col.
2:13) et « afin que, comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la
gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie » (Rom.
6:4). Il n’y a que la puissance d’une nouvelle vie qui, par l’Esprit, nous
rende capables de dire : Je suis mort au péché, et cela en vertu de la
mort du Christ qui est notre vie. Nous voyons donc que cette purification, qui,
pour l’esprit d’un Juif, n’était qu’un effet moral, est efficace en nous par la
communication de la vie de Christ. Elle est ainsi ce par quoi nous sommes
sanctifiés selon la puissance de sa mort et de sa résurrection. Le premier
Adam, qui fut fait âme vivante, se corrompit. Le second Adam, qui est un Esprit
vivifiant, nous fait part d’une nouvelle vie.
Il est manifeste que, si c’est la communication de la vie de Christ qui produit cet effet, cette vie essentiellement pure ne trouvait en Lui rien qui en altérât l’effet ; tandis que, lorsqu’elle est en nous, la chair a des désirs contraires à ceux de l’Esprit. — Jésus, même selon la chair, était né de Dieu. Cependant quoique parfaitement pur, Il dut néanmoins, pour accomplir toute justice, être baptisé, non seulement du baptême d’eau, mais aussi, comme épreuve de tout ce qui était en Lui, du baptême de feu. — Il dit : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Luc 12:50).
Christ donc s’offrit en
entier à Dieu pour manifester pleinement sa gloire, et subir pleinement son
jugement. Le feu doit éprouver ce qu’Il est. Il doit être « salé de feu ». —
C’est la parfaite sainteté de Dieu, dans toute la puissance de son jugement,
qui éprouve au plus haut degré, tout ce qui est en Jésus. La sueur de sang qui
découle de son corps, la touchante prière qu’il adresse dans le jardin avec de
grands cris et avec larmes, la profonde angoisse qu’Il ressent sur la croix
dans la conscience de sa justice, ce cri : « Pourquoi
m’as-tu
abandonné ? » cri qui demeura sans réponse quant à un soulagement actuel,
tout cela nous montre le Fils de Dieu pleinement mis à l’épreuve. Un abîme
appelait un autre abîme. Toutes les vagues et les flots de l’Éternel passaient
sur lui. — Mais, de même qu’Il s’est soumis tout à fait volontairement à cette
épreuve, qui allait juger jusqu’au fond de son âme, ainsi le feu de ce jugement
qui éprouvait ses plus secrètes pensées n’a pu produire qu’une bonne odeur à
l’Éternel. Il est remarquable que le mot employé dans l’original pour signifier
l’acte de brûler l’holocauste, est le même que celui dont l’Écriture se sert
quand il est question de brûler l’encens, et que ce n’est pas le même que celui
qu’elle emploie quand il est question de brûler l’offrande pour le péché (*). — Cette offrande de l’holocauste nous
représente donc Christ, dans l’acte où Il s’offre en entier à Dieu et où Il est
éprouvé jusqu’au fond de son âme par le feu du terrible jugement de Dieu. Son
sacrifice, comme un holocauste, sur la croix, était un sacrifice de bonne odeur
à l’Éternel, et qui Lui était infiniment agréable ; — pas une pensée, pas
une volonté qui ne fût mise à l’épreuve, sa vie fut éprouvée par le feu et fut
parfaitement de bonne odeur à Dieu.
(*) note Bibliquest : la
version JND de la Bible utilise généralement les mots fumer
ou faire
fumer
pour l’encens et l’holocauste offerts à l’Éternel, et le mot brûler
pour le sacrifice pour le péché
Quand Noé offrit son holocauste, il est dit que « L’Éternel flaira une odeur agréable, et dit en son coeur : Je ne maudirai plus de nouveau le sol à cause de l’homme, car l’imagination du coeur de l’homme est mauvaise dès sa jeunesse ; et je ne frapperai plus de nouveau tout ce qui est vivant comme je l’ai fait » (Gen. 8:21). Dieu s’était repenti d’avoir fait l’homme, et s’en affligea dans son coeur ; mais maintenant, en flairant cette bonne odeur, le Seigneur dit dans son coeur : « Je ne maudirai plus ». Telle est la parfaite satisfaction de Dieu dans l’offrande que Christ a faite de Lui-même. Il n’est pas ici question de péchés qui Lui fussent imputés, des iniquités de son peuple dont Il se chargea, quoique la mort fût les gages du péché, et que ce fût à cause du péché qu’il a dû mourir, s’il s’offrait à Dieu pour nous, et ainsi, comme le passage l’exprime, le sacrifice fut accepté de Dieu comme propitiation pour celui qui l’offrait ; non pas Christ ici, il va sans dire, mais celui qui venait par Lui. Si Christ s’offrait pour l’homme, il devait mourir pour être en bonne odeur à Dieu ; la mort était nécessaire, vu que le péché était là et il est évident que Dieu n’était pas glorifié, à l’égard de l’état de l’homme, sans la mort. Mais il est également important, de distinguer cette offrande de l’offrande pour le péché, où les péchés étaient mis sur la victime qui les portait. Cela n’était pas le cas ici. Christ s’offre lui-même, lui qui n’a pas connu le péché, par l’Esprit éternel, à Dieu, par conséquent, offrande sainte et volontaire de Lui-même à Dieu, pour le glorifier, Lui, par sa parfaite obéissance et son parfait dévouement. La chose présentée par l’offrande est sa perfection, cette perfection nécessitait la mort : mais le sujet est sa perfection et non pas l’imposition des péchés sur la victime. C’est la part de Dieu dans l’affaire. Comparer Jean 13:31, 32. Ce n’est pas l’idée de porter nos péchés en son corps. Le sacrifice était nécessairement la mort, mais il s’agit plus particulièrement ici de la perfection, de la pureté et du dévouement de la victime dans la mort ; et c’est là ce qui monta, comme une bonne odeur, devant l’Éternel ; et nous sommes présentés à Dieu selon cette satisfaction de son coeur dans la bonne odeur de ce sacrifice. — Quelle pensée réjouissante pour nous ! Nous sommes agréés nous-mêmes, agréés dans le Bien-Aimé, selon toutes les délices que Dieu trouve dans la bonne odeur de ce sacrifice. — Dieu est-Il parfaitement glorifié en Christ, en tout ce que Christ est ? Dans ce cas, Il est aussi glorifié en nous recevant. — Trouve-t-Il ses délices en Christ et en ce que Christ a fait ? Dans ce cas, Il trouve aussi ses délices en nous. Cette bonne odeur monte-t-elle toujours en sa présence, comme un mémorial des plus agréables à ses yeux ? Nous aussi nous Lui sommes présentés selon cette même efficace d’acceptation. Il n’est pas seulement question ici de nos péchés effacés par l’acte d’expiation ; mais il s’agit encore de la perfection de Celui qui accomplit cet acte, et de la bonne odeur de son sacrifice exempt de péché ; perfection et bonne odeur qui deviennent les nôtres devant Dieu. Nous sommes là en vertu de ce sacrifice.
Oui, ce fut là l’oeuvre propre de Christ ; nous ne pouvions y prendre aucune part, mais nous trouvons en elle ce qui ôte nos péchés. « Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Éph. 5:1). Qui, d’entre les saints, ne connaît pas la puissance de cet amour ? Si, d’un côté, l’oeuvre était faite dans un homme et par un homme, elle était faite aussi dans l’amour divin, l’amour même du Père. Chose merveilleuse ! que Jésus soit venu dans un corps qui Lui avait été approprié, et que, agissant dans une parfaite obéissance, Il nous ait laissé un modèle parfait de justice, en se donnant Lui-même, offrande volontaire, dans la plénitude de l’amour divin !
Note Bibliquest : les deux paragraphes suivants figurent dans le texte de 1843 et n’ont pas été repris dans ME 1931 p. 119/141
La première chose que trouve celui qui s’approche de Dieu, c’est l’autel des holocaustes. Là le pécheur rencontre Dieu en jugement, mais là aussi il rencontre Jésus s’offrant Lui-même : aussi (en type) le sang est mis sur cet autel et non sur ce qui était au-dedans du voile. Le parvis d’assignation représente la terre, et c’est ici que l’oeuvre de Jésus rencontre le pécheur, comme moyen pour lui de s’approcher de Dieu. Ce n’est ni dans le lieu Saint, ni dans le lieu Très-Saint, mais sur la terre, qu’un sacrifice parfait a été offert à Dieu ; sacrifice dans lequel Satan ne put rien trouver, et où Dieu trouva tout ce qu’il demandait ; — sacrifice dans lequel l’homme ne pouvait avoir ni part ni communion. C’était une oeuvre entre le Fils et le Père ; et si les saints seuls en comprennent la valeur, elle n’en fut pas moins opérée dans le monde, Jésus Christ crucifié devant nos yeux donnant au monde un témoignage qui laisse le monde sans excuse. Et s’il n’y a pas d’autre chemin pour aller à Dieu, sinon Jésus Christ, ainsi exposé à la mort, que fait l’incrédulité qui méprise et rejette Celui qui, maintenant dans les cieux, est le dispensateur de toutes les bénédictions pour ceux qui croient ?
Vous pouvez être actif et soigneux pour beaucoup de choses, mais il n’est qu’une chose à laquelle Dieu regarde. Cet amour de Dieu en son Fils n’a-t-il été jusqu’ici pour vos coeurs que comme une vaine histoire, tandis que vous poursuiviez avec empressement les vanités qui s’offrent à vous ici-bas ? Votre coeur reste-t-il froid à l’amour de Dieu, comme si la place où la croix fut dressée était un espace vide dans le monde ? Le coeur naturel hait les droits qu’ont sur nous l’amour et la sainteté de Dieu ; mais la croix est le moyen puissant que Dieu emploie pour racheter et délivrer le coeur de l’amour du monde.
Je passe maintenant à
l’offrande du gâteau. Elle nous présente Christ dans son humanité ; sa
grâce et sa perfection comme homme. Le gâteau, qui devait être sans levain,
était de fine farine sur laquelle on versait de l’huile et l’on mettait de
l’encens. L’huile était employée de deux manières : il y avait des gâteaux
pétris à l’huile et des galettes ointes
d’huile
(Exode 29:2 ; Lév. 7:12). En Christ la soumission, jusqu’à la mort, a dû
tenir le premier rang ; car sans la perfection de cette obéissance jusqu’à
la mort, rien n’eût été accepté ; mais cette obéissance ayant été parfaite
dès le commencement (car Il vint pour faire la volonté de son Père), toute sa
vie comme homme fut parfaite et agréable ; elle fut une bonne odeur dans
le creuset de Dieu. — Abel fut accepté à cause du sang ; Caïn, qui, comme
un homme naturel, n’offrit que le fruit de son travail et de sa peine, fut
rejeté. — Tout ce que nos coeurs naturels peuvent offrir à Dieu n’est que « le
sacrifice des sots », provenant de la dureté de ces coeurs, qui ne reconnaissent
pas notre état, notre corruption, notre éloignement de Dieu. En effet, quelle
dureté de coeur ! après avoir été chassé d’Éden, et subissant les
conséquences du péché, de venir offrir des sacrifices qui étaient le prix du
travail imposé comme châtiment, et de la malédiction résultant du péché, tout
comme si rien de tout cela n’était arrivé. C’était là l’aveuglement et la
dureté de coeur au plus haut degré. Le premier acte d’Adam avait été de
rechercher sa propre volonté, et par sa désobéissance de plonger dans la misère
et lui-même et toute sa postérité. Christ, au contraire, est entré dans ce
monde de misère, se dévouant par amour à faire la volonté de son Père, se
dépouillant de Lui-même, afin qu’à tout prix Dieu fût glorifié. Il a été dans
ce monde l’Homme soumis, dont toute la volonté était de faire la volonté de son
Père, volonté d’obéissance, dévouement à la gloire de son Père, qui était une
bonne odeur s’exhalant de tout ce qu’Il faisait. Toutes ses oeuvres avaient ce
parfum. On ne peut pas lire l’Évangile selon Jean, où le caractère du Sauveur
est particulièrement dépeint, sans y trouver à tout moment ce parfum
d’obéissance, d’amour et de complet renoncement à Lui-même. De là vient que cet
Évangile attire le coeur incrédule. Ce n’est pas un récit ; c’est Christ
qu’on y contemple. C’est cet être divin, qui était revêtu d’humilité et qui
traversait, dans un esprit de douceur, un monde qui Le rejetait ; et, lors
même qu’Il est contraint de se montrer, ce n’est que pour manifester toute la
gloire de son abaissement volontaire, dont Il ne se départit jamais, pas même
quand Il est forcé de reconnaître sa divinité. C’était bien Celui qui s’appelle
« JE SUIS », — mais dans l’abaissement et l’isolement de la plus parfaite et de
la plus humble obéissance. La gloire de son Père était tout le désir de son
coeur. C’était bien « JE SUIS », mais dans la perfection de l’obéissance humaine.
C’est ce qui apparaît partout. « Il est
écrit
», telle était sa réponse à l’Adversaire, « il est écrit : L’homme
ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de
Dieu » (Matt. 4:4). « Laisse faire maintenant », dit-il à Jean-Baptiste, « car ainsi il nous est convenable d’accomplir
toute justice » (Matt. 3:15). — « Les fils en sont donc exempts », dit-il à Pierre
dans une autre occasion ; « mais donne-le leur pour moi et pour toi » (Matt.
17:26-27). Dans l’Évangile de Jean, où, comme nous l’avons remarqué, la
personne même de Christ est surtout mise en relief, il parle de cette
obéissance d’une manière plus directe : « Mais le Père qui m’a envoyé, lui
m’a commandé… et je sais que son commandement est la vie éternelle »
(12:50) ; — « Le Fils ne peut rien faire de lui-même, a moins qu’il ne voie
faire une chose au Père » (5:19) ; — « J’ai gardé », dit-il, « les
commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (15:10) ; — « Si
quelqu’un marche de jour, il ne bronche pas » (11:9). — Plusieurs de ces paroles
furent prononcées dans des occasions où l’oeil diligent de la foi voit, à
travers la sainte humiliation du Seigneur, sa divinité, — Dieu — le Fils,
n’ayant que plus d’éclat, pour s’être ainsi caché ; comme le soleil, que
l’oeil humain ne peut pas regarder fixement, montre la puissance de ses rayons
en donnant une pleine lumière à travers les nuages, qui les cachent et les
adoucissent. Quoique Dieu s’humilie, Il n’en est pas moins Dieu. C’est toujours
Lui
. « Il ne pouvait être caché » (Marc
7:24).
Cette obéissance absolue
répandait comme un parfum exquis sur tout ce qu’Il faisait. Il apparaissait
toujours comme un envoyé. Il recherchait la gloire du Père qui L’avait envoyé.
Il sauvait quiconque venait à Lui, parce qu’Il n’était pas venu pour faire sa
propre volonté, mais la volonté de Celui qui L’avait envoyé ; et comme les
pécheurs ne pouvaient aller à Lui, à moins que le Père ne les attirât, c’était
ce qui L’autorisait à les sauver, car Il devait faire implicitement la volonté
du Père. — Quel esprit d’obéissance nous voyons ici ! — Qui sont ceux
qu’Il sauve ? Tous ceux que le Père Lui donne, à Lui, le serviteur,
toujours soumis à la volonté du Père. Leur promet-Il la gloire ? « Il n’est
pas à moi de la donner », dit-il, « sinon à ceux pour lesquels cela est préparé
par mon Père » (Matt. 20:23). Il doit récompenser aussi selon la volonté de son
Père ; Il ne fait rien de lui-même, mais Il doit accomplir tout ce qu’il
plaît au Père de Lui commander. Toutefois, qui eût pu faire cela, si ce n’est
Celui qui avait le pouvoir et la volonté de faire tout
ce que le Père voulait. L’immensité de l’oeuvre, la capacité
pour une telle oeuvre, et le pouvoir d’accomplir tout ce qui pouvait entrer
dans la volonté du Père, s’identifient avec une obéissance parfaite à cette
volonté. Il n’était cependant pour l’accomplir, qu’un homme simple et humble.
Voyons maintenant comment cette humanité convenait à l’oeuvre en question. L’offrande du gâteau était tirée du fruit de la terre et devait être de fine farine ; tout ce que la nature humaine avait de pur et d’aimable au milieu de sa misère se trouvait dans toute son excellence en Jésus, séparé du péché, mais assujetti aux afflictions qui en sont la conséquence. — Il n’y avait en Lui aucune inégalité, aucune qualité prédominante, propre à Le caractériser. Le méprisé et le rejeté des hommes était cependant la perfection dans son humanité ; on trouvait en Lui, d’une manière parfaite, la sensibilité, la fermeté, la décision (toutefois rattachées toujours au principe de l’obéissance), en même temps que l’élévation et la débonnaireté si douce et si humble.
Dans un Paul, je trouve l’énergie et le zèle ; — dans un Pierre, les affections ardentes ; — dans un Jean, une tendre sensibilité et un désir presque sans bornes de défendre les droits de Celui qu’il aimait. Tels étaient Paul, Pierre et Jean. Tels, ceux qui paraissaient être les colonnes. Ils avaient des qualités inégales.
Mais, dans l’homme Jésus,
nous ne trouvons point ces inégalités, parce que, dans son humanité, tout était
dans une parfaite sujétion à Dieu ; — chaque trait de son caractère avait sa
place, se montrait et agissait en son
temps. Dieu y était glorifié et tout était en harmonie. Quand il fallait la
douceur, Il était doux ; — quand il y avait l’indignation, qui pouvait
soutenir la force de ses réprimandes ? Quand il fallait la grâce, Il se
montrait plein de compassion envers le dernier des pécheurs, — sans s’inquiéter
du mépris dédaigneux d’un froid pharisien, toujours empressé à scruter le
Sauveur et n’ayant pour le pécheur d’autre ressource que l’orgueil.
En Lui encore, on voyait un calme qui déconcertait ses adversaires ; et, à la puissance morale qui les renversait, se mêlait parfois une douceur qui attirait tous les coeurs qu’une opposition opiniâtre n’avait pas endurcis. Il était en même temps comme un tranchant affilé quand il s’agissait de distinguer entre le mal et le bien. À ce dernier égard, le caractère et la personne de Jésus faisaient moralement ce que la puissance de l’Esprit accomplit plus tard, en contraignant le mal et le bien de se manifester par une confession ouverte. — Sans parler de l’expiation, une oeuvre immense fut accomplie par Celui qui, quant au résultat extérieur, travailla en vain. Partout où il y avait une oreille pour entendre, la voix de Dieu parlait au coeur et à la conscience de ses brebis, par le moyen de ce caractère de Jésus homme. Il entrait par la porte, et le portier lui ouvrait, et les brebis écoutaient sa voix. La parfaite humanité de Jésus, se manifestant dans toutes ses voies, jugeait de tout ce qu’elle rencontrait dans l’homme jusqu’au fond de son âme.
Mais ce sujet béni nous a éloignés de l’objet direct de notre méditation. — Disons donc, en un mot, que l’humanité de Christ fut parfaite, entièrement soumise à Dieu ; tout y répondait à sa volonté et était ainsi en harmonie avec les pensées de Dieu, ses conseils de grâce, de sainteté et de bonté, et aussi de jugement, quant au mal. La plénitude de bénédiction et de miséricorde, douce mélodie pour toute oreille fatiguée, trouvaient son expression en Christ et ne se trouvait qu’en Lui. Chaque élément, chaque faculté de sa nature humaine obéissait à l’impulsion que lui donnait la volonté divine, pour agir ou cesser d’agir et rentrer dans une tranquillité pure de tout égoïsme. Tel était Christ, dans son humanité ; ferme lorsque l’occasion le demandait, mais avec la douceur qui Le caractérisait ; on n’entendait point sa voix dans les rues, parce qu’Il était en la présence de Dieu, son Dieu. Et tout cela Il l’était au milieu du mal. Mais cette exemption de toute faute de la nature humaine de notre Seigneur se rattachait à un principe encore plus profond et plus important, qui nous est présenté dans ce type, de deux manières — négativement et positivement. — Si chaque faculté était ainsi soumise et n’était qu’un instrument pour obéir à l’impulsion divine, il est très évident que la volonté devait être droite, et cette volonté est la source et le principe de toute obéissance ; car c’est l’action d’une volonté indépendante qui est aussi le principe du péché. Christ avait droit à une volonté indépendante : — « Le Fils donne la vie à ceux qu’il veut » (Jean 5:21) ; — mais Il vint pour faire la volonté de son Père ; — sa volonté était d’obéir : — c’était , par conséquent, une volonté parfaite et exempte de péché.
Dans la Parole de Dieu, le levain est le symbole de la corruption : — « le levain de malice et de méchanceté » (1 Cor. 5:8) — C’est pourquoi dans le gâteau qu’on offrait à Dieu en bonne odeur, il n’y avait point de levain ; aucune offrande contenant du levain ne pouvait être offerte en bonne odeur à l’Éternel. — C’est ce que nous voyons dans le cas des gâteaux faits avec du levain ; car il était défendu de les offrir comme un sacrifice de bonne odeur, — comme une offrande faite par feu. — Nous en avons un exemple dans le chapitre que nous considérons, exemple très important, très significatif et qui suffit pour établir le principe dont nous nous occupons.
Quand on offrait les
prémices, on y joignait deux gâteaux cuits avec du levain, mais non comme une
oblation de bonne odeur. On offrait aussi des holocaustes et des gâteaux —
comme des offrandes de bonne odeur. Mais l’offrande des prémices ne l’était pas
(voyez les versets 11 et 12 du chapitre 2 du Lévitique et le chapitre 23). Et
que signifiaient ces prémices ? — L’Église, sanctifiée par le Saint
Esprit ; — car cette fête de l’offrande des prémices ou des premiers
fruits était le type bien connu de la Pentecôte ; c’était, en effet, le
jour même de la Pentecôte. « Nous sommes », dit l’apôtre Jaques, « une sorte de
prémices de ses créatures » (1:18). — On verra, en Lévitique 23, que, le jour de
la résurrection de Christ, on offrait une gerbe des prémices de la moisson, des
épis de blé, qui n’avaient pas été battus ni broyés : évidemment il n’y
avait là aucun levain : Jésus ressuscita sans avoir connu la corruption.
Aucun sacrifice pour le péché n’accompagnait cette offrande des premiers
fruits ; mais quand on offrait les gâteaux pétris avec du levain qui
représentaient l’Église sanctifiée par le Saint Esprit, mais ayant encore une
nature corrompue, on offrait alors en même temps un sacrifice pour le péché.
Car le sacrifice de Christ expie les fruits de notre nature corrompue, surmontée,
il est vrai, par la puissance du Saint Esprit, mais qui ne cesse pas pour cela
d’exister. Or cette nature corrompue ne pouvait pas être de bonne odeur dans
l’épreuve du jugement de Dieu, ni par conséquent être présentée comme une
offrande de bonne odeur, une offrande faite par feu à l’Éternel ; — mais,
par le moyen du sacrifice de Christ, qui avait fait l’expiation, elle pouvait
être offerte à Dieu. C’est pourquoi il n’est pas dit seulement que Christ s’est
donné pour nos péchés, mais que, « ce qui était impossible à la loi, en ce
qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en
ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair
» (Rom. 8:3). Il condamna le péché
dans la chair, en en faisant l’expiation, en endurant la condamnation que le
péché méritait, et en étant fait péché pour nous ; mais en mourant en même
temps au péché, de sorte que nous avons le droit et le devoir de nous dire
morts au péché. Une conscience délicate et fidèle, quoique troublée, a besoin
de se rappeler que Christ n’est pas seulement mort pour nos péchés, mais pour notre péché
; car c’est là ce qui trouble une conscience fidèle beaucoup
plus que bien des péchés passés.
Les gâteaux donc, qui représentaient l’Église, étaient pétris avec du levain et ne pouvaient être offerts comme une offrande de bonne odeur ; le gâteau, au contraire, qui représentait Christ, était sans levain, une offrande faite par feu en bonne odeur à l’Éternel. — La volonté de Christ était parfaite : il n’y avait en Lui ni mal, ni esprit d’indépendance. « Que ta volonté soit faite », — voilà ce qui caractérisait la nature humaine du Seigneur, l’homme Jésus, s’offrant à Dieu. — Il y a dans les sacrifices de prospérités un autre exemple du contraire, que je vais remarquer en passant. Dans ces sacrifices, Christ avait sa part, et l’homme avait aussi la sienne ; c’est pourquoi il y avait des gâteaux sans levain et des gâteaux faits avec du levain. L’offrande, qui représentait la communion de l’Église dans le sacrifice de Christ, introduisait nécessairement l’homme ; aussi le levain s’y trouvait, — car c’est le symbole du mal qui existe toujours en nous. L’Église est appelée à la sainteté. — La vie de Christ en nous est sainteté à l’Éternel ; — mais il demeure toujours vrai, qu’en nous, c’est-à-dire en notre chair, il n’habite aucun bien.
Cela nous conduit à un autre grand principe que le même type nous offre. Le gâteau devait être pétri à l’huile. « Ce qui est né de la chair est chair » ; (Jean 3:6) et par nous-mêmes, étant nés de la chair, nous ne sommes naturellement que chair — corrompus et déchus, « nés de la volonté de la chair ». Quoique nés du Saint Esprit, lorsque nous sommes faits enfants de Dieu, notre nature n’est cependant pas anéantie. Par le Saint Esprit qui agit en nous, nous pouvons être délivrés de l’action de la chair et en réprimer entièrement les mouvements, mais sa nature n’en est pas changée — La chair de Paul était aussi disposée à s’élever lorsqu’il avait été dans le troisième ciel, que quand il était porteur des lettres des souverains sacrificateurs qui l’autorisaient à anéantir, s’il le pouvait, jusqu’au nom de Christ. Je ne dis pas que cette disposition de la chair eût la même puissance, mais je dis qu’elle était aussi mauvaise et davantage, parce qu’elle se trouvait en présence de plus de bien.
Mais la volonté de la chair n’entra pour rien dans la naissance de Christ. Il était né de la volonté divine. Marie, se pliant à cette volonté, dans la sainte obéissance d’un oeil simple et d’un coeur pur, manifesta d’une manière belle et touchante la soumission du coeur et de l’entendement à la révélation de Dieu : « Voici l’esclave du Seigneur ; qu’il me soit fait selon ta parole » (Luc 1:38) — La nature humaine de Christ était exempte de péché, étant conçue du Saint Esprit. Cet être saint, qui devait naître de la Vierge, devait être appelé le Fils de Dieu ; Il était réellement homme, né de Marie, mais Il était aussi né de Dieu. Je vois, par conséquent, ce titre de Fils de Dieu appliqué à Christ de deux manières, — savoir : Fils de Dieu, Créateur, dans l’épître aux Colossiens, dans celle aux Hébreux et dans tant d’autres passages qui parlent de Lui comme Fils envoyé du Père ; Fils de Dieu, né dans le monde ; Il est déclaré Fils de Dieu, en puissance, par la résurrection d’entre les morts.
Le gâteau était pétri avec de
l’huile ; et la nature humaine de Christ tirait son caractère du Saint
Esprit, dont l’huile est toujours le symbole. Mais pureté
n’est pas en soi puissance
; aussi c’est sous une autre forme
qu’est exprimée la puissance spirituelle qui agissait par l’humanité de Christ.
Les gâteaux devaient être oints d’huile et il est écrit que « Jésus qui était de Nazareth, …Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance » (Act. 10:38)
Ce n’était pas qu’il manquât quelque chose à Jésus ; car, comme Dieu, Il aurait pu tout faire ; mais Il s’était anéanti Lui-même, et Il était venu pour obéir. Aussi n’est-ce qu’après avoir été appelé et oint qu’Il se présente en public, quoique son entrevue avec les docteurs dans le temple démontrât, dès le commencement, sa relation avec le Père.
Sous ce rapport, il y a une certaine analogie dans notre position : en effet, être né de Dieu n’est pas la même chose qu’être scellé et oint du Saint Esprit. Le jour de la Pentecôte, — Corneille, les croyants de Samarie à qui les apôtres imposèrent les mains, sont autant de preuves de cette vérité, comme aussi plusieurs passages relatifs à ce sujet. « Parce que vous êtes fils », dit l’Écriture, « Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans vos coeurs, criant : Abba, Père ! » (Gal. 4:6.) « auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise », (Éph. 1:13, 14) : et au chapitre 7 de l’Évangile selon Jean, il est écrit : « Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui » (v. 39).
Par la communication d’une nouvelle nature, le Saint Esprit peut avoir produit dans une âme de saints désirs et l’amour de Jésus, sans lui avoir communiqué la conscience de la délivrance, la puissance et la joie de la présence de Dieu par la connaissance de l’oeuvre accomplie de Christ. — Quant au Seigneur Jésus, nous voyons l’accomplissement de ce type, lorsque, après avoir reçu de Jean le baptême (dans lequel Celui qui n’a point connu le péché s’associa Lui-même à son peuple, dans leur marche de la foi sous l’influence de la grâce, s’associant aux douleurs de ses disciples comme aux conséquences du péché dans ce monde), Il fut oint du Saint Esprit descendant du ciel comme une colombe et s’arrêtant sur Lui ; — après quoi Il fut emmené par l’Esprit dans le combat pour nous, combat dont Il sortit vainqueur par la puissance de l’Esprit. — J’ai dit : — « vainqueur par la puissance de l’Esprit » ; — car si Jésus avait repoussé Satan uniquement par la puissance divine, en tant que divine, d’abord il est évident qu’il n’y aurait point eu de combat, et, en second lieu, il n’y aurait point eu là d’exemple ni d’encouragement pour nous — Mais le Seigneur repoussa Satan par un principe qui est notre devoir de chaque jour. Je veux dire — l’obéissance : — une obéissance intelligente, se servant de la Parole de Dieu et repoussant l’Ennemi avec indignation dès l’instant qu’il se découvre. — Si Christ entra dans sa carrière avec la joie et le témoignage qui appartiennent à un Fils, Il entra dans une carrière de combat et d’obéissance ; — Il avait à lier l’homme fort, et Il le fit. — Il en est de même de nous. — Nous avons la joie, la délivrance, l’amour, la paix, l’Esprit d’adoption, la connaissance d’être agréés du Père. — C’est ainsi que nous entrons dans la carrière chrétienne ; toutefois c’est une carrière de combats et d’obéissance. En cessant d’obéir, nous cessons de vaincre. Satan s’efforçait de séparer ces deux choses en Jésus. Il dit : « Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains », (Matt. 3:3) — use de ton pouvoir. La réponse de Jésus revient à ceci : Je suis ici pour obéir, — je suis ici comme serviteur, — je n’ai reçu aucun commandement pour faire cela : — « Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». — Je reste dans mon état de dépendance.
C’était donc la puissance, mais une puissance employée dans un état de dépendance et uniquement pour obéir. Adam ne pouvait désobéir que dans une seule chose et il désobéit ; mais Celui qui avait le pouvoir de faire toutes choses n’usa de son pouvoir que pour obéir plus parfaitement et se soumettre plus entièrement. — Que le tableau que nous présentent les voies du Seigneur est beau ! et cela au milieu des peines et des conséquences du péché de l’homme ; conséquences qu’Il subissait à cause de la nature qu’Il avait revêtue, sauf le péché. « Car il convenait pour lui, à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes choses (voyant l’état dans lequel nous étions), que, amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut par des souffrances » (Héb 2:10). Jésus combattit donc dans la puissance de l’Esprit. Il obéit dans la puissance de l’Esprit. C’est dans la puissance de l’Esprit qu’Il chassa les démons et qu’Il porta toutes nos langueurs. C’était aussi dans la puissance de l’Esprit qu’Il s’offrit Lui-même sans tache à Dieu (mais c’est là plutôt l’holocauste). — En tout ce qu’Il faisait, Il agissait par l’énergie de l’Esprit de Dieu.
Il est notre modèle, que nous
suivons avec une énergie où ce qui est de l’Esprit se mêle avec la force
naturelle ; mais, en même temps, nous Le suivons avec une puissance qui
nous donne, si c’est sa volonté, de faire non seulement les oeuvres qu’Il a
faites, mais même de plus grandes. Il n’est pas dit que nous puissions être plus
parfaits que Lui, mais que nous pouvons faire de plus grandes oeuvres. Sur la
terre Il fut parfait en obéissance, — mais, par cela même, dans le sens moral,
Il ne put pas faire beaucoup de choses qu’Il fait maintenant, et qu’Il
manifeste par ses apôtres et par ses serviteurs. Exalté à la droite de Dieu, Il
devait manifester, même comme homme, la puissance et non l’obéissance :
« En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui croit en moi fera lui
aussi, les oeuvres que moi je fais, et il en fera de plus grandes que
celles-ci, parce que moi je m’en vais au Père » (Jean 14:12). C’est là ce qui
nous met dans l’état de serviteurs ; car, par la puissance de l’Esprit,
nous sommes serviteurs de Christ : « Il y a diversité de services, et le
même Seigneur
» (1 Cor. 12:5).
Les apôtres firent, par
conséquent, les plus grandes oeuvres, mais mêlées, quant à leur marche
personnelle, à toutes sortes d’imperfections. — Avec qui le Seigneur
contesta-t-il, même quand Il avait toujours raison ? Devant qui
manifesta-t-Il la crainte de l’homme ? Quand s’est-Il repenti de quelque
chose qu’Il ait faite ? Dans aucune occasion et à aucun moment. S’il y eut
un plus grand exercice de puissance après que le Seigneur fut exalté à la
droite de Dieu, cette puissance toutefois se déployait dans des vases, dont la
faiblesse démontrait que toute la gloire n’appartenait qu’à Dieu, et non pas à
ceux qui obéissaient, mais en combattant contre une volonté rebelle qui
existait en eux. — Voilà la grande différence. Jésus n’eut jamais besoin d’une
écharde dans la chair, pour L’empêcher de s’élever outre mesure. — Maître
débonnaire ! Tu disais ce que Tu savais, et Tu rendais témoignage à ce que
Tu avais vu ; mais pour le faire, Tu as dû T’anéantir, T’abaisser
Toi-même, prendre la forme de serviteur, afin que nous
fussions élevés. La hauteur, et la conscience de cette hauteur
dont Il était descendu, la perfection de sa volonté d’obéir dans l’état de
serviteur qu’Il avait voulu prendre, ôtaient à Jésus toute pensée d’élévation.
Il eut égard cependant à la joie qui Lui était proposée, et Il fut humble
jusqu’au point de se réjouir en vue de la rémunération. « Tes parfums sont
d’agréable odeur, ton nom est un parfum répandu », (Cant. 1: 3) en effet il y
avait aussi l’encens — la bonne odeur de toutes les grâces qui se trouvaient en
Christ. — Combien souvent il nous arrive de présenter à l’approbation de l’homme
les grâces que nous possédons.
Mais il y en a peu qui ne les présentent qu’à Dieu, faisant en vue de Dieu seul
tout ce qu’ils font pour leurs semblables. En agissant ainsi, nos actions sont
en bonne odeur à l’Éternel. Mais cela est difficile ; il faut pour cela
nous tenir bien près de Dieu.
Nous voyons en Christ un exemple parfait de ce que nous venons de dire ; plus Il était fidèle, plus aussi Il était méprisé et en butte aux contradictions ; plus Il était humble et débonnaire, moins Il était estimé. Mais cela ne changeait en rien sa manière d’agir, parce que tout ce qu’Il faisait, Il le faisait en vue de Dieu seul. Dans toutes les circonstances diverses, ses voies étaient toujours parfaites dans ses rapports soit avec la multitude, soit avec ses disciples, soit aussi devant ses juges iniques ; car Il agissait toujours en vue de Dieu seul. L’encens de son service, de son coeur, de ses affections montait toujours vers Dieu. Quel encens abondant et d’agréable odeur que la vie de Jésus. L’Éternel flaira une bonne odeur, et la bénédiction de Dieu reposa sur l’homme en Jésus, à la place de la malédiction qui pesait justement sur nous. Cet encens était donc ajouté au gâteau, parce qu’en effet c’était en Jésus un fruit, une expression de sa nature : dans tous les cas, cet encens montait toujours : il en était de même de son intercession, car elle était un fruit de son amour. Les prières de Jésus, expression d’une sainte dépendance, prières infiniment agréables à Dieu et puissantes auprès de Dieu, étaient devant Lui comme une bonne odeur, un encens : « la maison fut remplie de l’odeur du parfum » (Jean 12:3).
Il y avait encore une chose qui était défendue aussi bien que le levain dans les sacrifices : c’était le miel, qui représentait ce qui est surtout agréable au goût de l’homme naturel, comme l’affection de ceux que nous aimons selon la chair, les rapports agréables avec nos semblables, et autres choses pareilles. — Non que ces choses fussent mauvaises en elles-mêmes : « As-tu trouvé du miel, manges-en ce qu’il t’en faut, de peur que tu n’en sois repu et que tu ne le vomisses » (Prov. 25:16). Ce sont là les paroles de l’homme sage. — Celui qui, dans les terribles angoisses de la croix, quand tout était accompli, pouvait dire à sa mère : « Femme ! voilà ton fils ! » et au disciple : « Voilà ta mère ! » pouvait aussi dire, pendant le temps de son service : « Qu’y a-t-il entre moi et toi, femme ? » Il était étranger même aux fils de sa propre mère, comme les lévites qui furent présentés en offrande devant l’Éternel. De Lévi, il est dit : « Lui qui dit de son père et de sa mère : Je ne l’ai point vu ; et qui n’a point connu ses frères ni même connu ses enfant ; car ils ont gardé tes paroles, et ils garderont ton alliance » (Nomb. 8:11 ; Deut. 33:9).
Il reste encore une observation à faire. — Dans l’holocauste, tout était brûlé devant l’Éternel, car Christ s’offrit Lui-même en entier à Dieu, mais la nature humaine de Christ est la nourriture des sacrificateurs de Dieu. Aaron et ses fils devaient manger ce qui restait du gâteau après qu’ils l’avaient fait fumer sur l’autel. Christ est le vrai pain descendu du ciel, pour donner la vie au monde, afin que nous, sacrificateurs et rois, nous puissions, par la foi, manger de ce pain et vivre. — C’était une chose très sainte dont Aaron et ses fils pouvaient seuls manger : — et qui sont ceux qui se nourrissent de Christ, sinon ceux qui, sanctifiés par le Saint Esprit, vivent d’une vie de foi ? Le Christ n’est-Il pas la nourriture de nos âmes consacrées à Dieu, Lui qui nous consacre pour toujours à Dieu ? Dans le Saint, qui est doux et humble de coeur, dans Celui qui luit comme la lumière de la perfection humaine et de la grâce divine au milieu d’une race corrompue, nos âmes ne goûtent-elles pas ce qui nourrit, ce qui sanctifie ? — Sentons-nous ce que c’est qu’être offerts à Dieu, en suivant dans le monde, par la sympathie de l’Esprit de Jésus demeurant en nous, la vie de Jésus envers Dieu et envers les hommes ? Exemple pour nous, Il porte l’empreinte d’un homme vivant entièrement pour Dieu ; Il nous tire après Lui, étant Lui-même la force qui nous fait avancer dans le chemin qu’Il a parcouru, — et nous y trouvons notre bonheur. En réfléchissant avec tant de joie à ce qu’était Jésus sur la terre, nos coeurs ne s’attachent-ils pas à Lui ? ne Lui deviennent-ils pas semblables ? — Nous L’admirons, — nous sommes humiliés et nous tendons, par la grâce, à Lui ressembler. — Source de la nouvelle vie qui nous est communiquée, l’exemple qu’Il nous offre de la perfection de cette vie est le moyen de la développer et de la fortifier en nous. Car qui pourrait être orgueilleux dans la communion de l’humble Jésus ? Comme quelqu’un l’a remarqué, il nous enseignerait à prendre la dernière place, si Lui-même ne l’avait pas déjà prise. Puissions-nous du moins être près de Lui, — cachés en Lui !
Qu’elle est immense, la grâce qui nous fait entrer dans cette communion intime avec le Seigneur ! qui nous fait sacrificateurs pour que nous participions à ce qui fait les délices de Dieu, notre Père, à ce qui est offert comme une offrande faite par feu en bonne odeur à l’Éternel ; à ce qui est mis sur la table de Dieu !
Cela nous est scellé par alliance, comme notre portion éternelle et immuable ; — c’est pourquoi le sel devait être offert dans toutes les offrandes ; — il figurait la stabilité, la permanence, l’énergie préservatrice pour nous de ce qui était divin, quoique peut-être pas toujours doux et agréable ; c’était le sceau de Dieu pour témoigner que cette bonne odeur n’était pas passagère, que ce n’étaient pas des délices momentanées, — mais éternelles ; car tout ce qui est de l’homme passe, tout ce qui est de Dieu demeure éternellement : — la vie, l’amour, la nature et la grâce sont permanentes. Ces choses sont de Dieu et participent à la sainteté de sa nature. Nous Lui sommes liés, non par le moyen de notre propre volonté, mais selon la sûreté de la grâce divine. Cette grâce est en nous active, pure, sanctifiante, — mais c’est la grâce. Nous sommes liés à Dieu par l’énergie de la volonté divine, par l’obligation de la promesse divine ; toutefois cette énergie et cette fidélité sont celles de Dieu et non pas les nôtres. Elles sont basées sur le sacrifice de Christ, par lequel sacrifice l’alliance de Dieu nous est scellée et nous est rendue infailliblement assurée ; — autrement Christ ne serait pas honoré. C’est l’alliance de Dieu rendue ferme par le moyen de deux choses immuables, dans lesquelles il est impossible que Dieu mentît.
Le levain et le miel, qui
représentent le péché et nos affections naturelles, ne peuvent entrer dans le
sacrifice de Dieu ; — mais l’énergie de sa grâce (qui, tout en n’épargnant
pas le mal, assure le bien) nous fait jouir d’une manière infaillible des fruits
et des effets de ce sacrifice. — Le sel ne constituait pas l’offrande ;
cependant il devait se trouver dans toutes les offrandes. Il ne pouvait, en
effet, manquer en ce qui était de Dieu. Il faut nous rappeler que le caractère
essentiel et distinctif de cette offrande, comme de la première dont nous avons
parlé, c’est qu’elle était offerte à Dieu
. Dans son état d’innocence, Adam
pouvait jouir de Dieu et lui rendre grâces, du moins, il devait le faire ;
mais il n’y avait là que jouissance et reconnaissance ; il ne pouvait pas
se présenter lui-même en offrande à Dieu. — Or ce fut là l’essence de la vie de
Christ ; — elle était offerte à Dieu, et par conséquent séparée,
essentiellement séparée, de tout ce qui l’entourait. Le Christ était saint, et
non pas seulement innocent ; car l’innocence, c’est l’absence du mal,
l’ignorance du mal, mais non pas la séparation d’avec le mal. Dieu est saint,
Lui qui connaît le bien et le mal, mais Il est infiniment au-dessus du mal, —
Il en est séparé. — Le Christ aussi fut saint, — non pas seulement innocent,
mais saint ; —
sa volonté toute
entière était consacrée à Dieu. — Il vivait séparé du mal et dans la puissance
de l’Esprit de Dieu. L’essence de l’offrande, c’était la fine farine ;
l’huile et l’encens, qui représentaient la nature humaine, le Saint Esprit et
le parfum de la grâce. Il ne devait y avoir ni levain ni miel. — On mêlait
l’huile au gâteau, et on l’oignait d’huile. — De plus, pour chaque sacrifice,
il y avait le sel de l’alliance de Dieu. Il en est question ici, parce que, en
ce qui représentait la grâce de l’humanité de Christ, en ce qui regardait
l’homme qui s’offre à Dieu (l’homme dans sa vie et non dans sa mort) on aurait
pu supposer que le sel, cette énergie divine, avait été omis, — que c’était là
l’acte de l’homme en tant qu’homme. En un mot, l’essentiel dans l’offrande du
gâteau, c’était qu’il devait être offert sur l’autel de Dieu, brûlé en bonne
odeur, et formé des trois choses mentionnées ci-dessus, la fine farine, l’huile
et l’encens.
Nous passons maintenant au sacrifice de prospérités. — Cette offrande nous est un type de la communion des saints selon l’efficace du sacrifice, avec Dieu, avec le sacrificateur qui l’offre pour eux et avec tout le corps de l’Église. Ce sacrifice vient après ceux qui nous représentent le Seigneur Jésus se dévouant jusqu’à la mort, figuré par l’holocauste, et dans son dévouement et dans la perfection de sa vie comme homme, typifié par l’offrande du gâteau. Cela nous fait comprendre que la communion avec Dieu est uniquement basée sur la bonne odeur et la perfection de ce sacrifice ; non seulement parce qu’il était nécessaire, mais parce que Dieu y trouva ses délices.
J’ai déjà fait remarquer que
lorsqu’un pécheur voulait s’approcher de Dieu, l’offrande pour le péché venait
la première ; car, pour qu’il pût s’approcher, il fallait que son péché
fût porté et ôté. Ainsi purifié et net, il venait dans la joie de l’offrande de
Dieu, selon l’acceptation de Christ qui, n’ayant point connu le péché, se
consacra à Dieu dans un monde de péché, afin que Dieu fût parfaitement
glorifié, et donna même sa vie afin que la justice de Dieu fût glorifiée, —
glorifiée par l’homme, et afin que la grâce découlât sur tous ceux qui
s’approcheraient de Dieu par Lui. « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que
moi je laisse ma vie afin que je la reprenne » (Jean 10:17), — c’est à cause de
l’excellence et de la valeur positive de ce sacrifice, car l’homme y accomplit
toute perfection ; là toute la vérité et l’amour de Dieu furent infiniment
glorifiés, en même temps que sa justice, et trouvèrent leur place dans l’homme
misérable et éloigné du Seigneur. « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié
et Dieu est glorifié en lui » (Jean 13:31). « Car puisque la mort est par
l’homme, c’est par l’homme aussi qu’est la résurrection des morts » (1 Cor.
15:21). Le mal que Satan avait fait était infiniment plus que réparé sur la
scène même où il avait été introduit, et par l’instrument même qui l’avait
opéré. Si d’un côté Dieu fut déshonoré dans l’homme et par l’homme, de l’autre,
c’est à un homme (c’est-à-dire à Christ) qu’Il est, dans un certain sens,
redevable de sa plus grande gloire : car quoique tout cela soit un don
gratuit de Dieu pour nous, cependant c’est Christ fait homme
qui l’accomplit. — Christ, en tout ce qu’Il était et tout ce
qu’Il fit, fut parfaitement accepté de Dieu, et c’est là la base de notre
communion. C’est pourquoi le sacrifice de prospérités vient après l’holocauste
et le gâteau Quant au sacrifice pour le péché, il vint le premier de tous quand
il s’agissait d’application.
Le premier acte du sacrifice consistait à présenter la victime, à la tuer à la porte de la tente d’assignation, et à faire aspersion du sang, ce qui était la base de toute offrande de bétail. Celui qui offrait le sacrifice s’identifiait avec la victime en posant les mains sur la tête de celle-ci (*). Puis toute la graisse, surtout celle des entrailles, était brûlée sur l’autel des holocaustes devant le Seigneur. — Il était défendu de manger le sang et la graisse ; le sang était la vie, et appartenait nécessairement à Dieu, car la vie vient de Lui. La graisse était brûlée en offrande à Dieu et ne devait point être mangée. La signification de ce symbole de la graisse s’explique suffisamment par ces paroles : — « Leur coeur est épaissi comme la graisse » ; « Jeshurun s’est engraissé, et a regimbé ». — « Ils sont enfermés dans leur propre graisse, de leur bouche ils parlent avec hauteur » (Ps. 119:70 ; Deut. 32:15 ; Ps. 17:10). — C’est l’énergie et la force de volonté ; l’intérieur d’un coeur d’homme.
(*) Il y a des exceptions à cette règle, — par exemple, les offrandes pour le péché au jour de l’expiation et la génisse rousse ; mais elles ne font que confirmer le grand principe, ou en éclaircir quelques détails.
Dans le Seigneur Jésus, toute
l’énergie, sa force, toutes ses entrailles, si l’on peut le dire, étaient un
holocauste à Dieu, entièrement sacrifié et offert à l’Éternel comme une
offrande de bonne odeur. — C’était là le pain de Dieu dans l’offrande, « le pain
de sacrifice par feu à l’Éternel ». — L’Éternel y prit plaisir ; son âme
s’y reposa, car c’était très bon, — bon au milieu du mal, — bon par l’énergie
du dévouement. L’oeil de Dieu parcourant, comme le pigeon de Noé, cette terre
balayée du péché par le déluge, ne pouvait, jusqu’a ce que Jésus y parût,
trouver aucun lieu où se reposer avec complaisance. — Sur Jésus, les regards du
Père purent s’arrêter avec plaisir. Quels que fussent, dans le ciel, les
conseils de Dieu, ce ciel était comme fermé, jusqu’à ce que Jésus, l’homme
nouveau et parfait, le Saint
, fût sur
la terre où Il venait s’offrir à Dieu pour faire sa volonté. Au moment où Jésus
se présenta pour commencer son service, le ciel s’ouvrit, le Saint Esprit
descendit sur Lui, comme sur l’unique lieu de son repos, — et la voix du Père,
que rien ne pouvait arrêter, fit entendre du ciel cette déclaration : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai
trouvé mon plaisir » (Matt. 3:17).
Cet objet de l’amour du Père, trop grand, trop excellent pour que le silence du Ciel continuât, devait-Il perdre son excellence et sa saveur au milieu d’un monde de péché ? Loin de là ! — C’est là, au contraire, que son excellence fut éprouvée et manifestée. S’Il apprit l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes, il était vrai de Lui que chaque mouvement de son coeur était consacré à Dieu. Il marchait dans sa communion, l’honorant dans sa vie et dans sa mort. L’Éternel trouva constamment en Lui ses délices, c’était là le pain de l’offrande.
Tel est le grand principe, mais il y a aussi la communion de nos âmes avec tout cela. La graisse était brûlée comme un holocauste, ce qui exprimait que cette consécration à Dieu était entière, et parfaitement agréée de Dieu. Ensuite le reste était mangé, comme nous le verrons si nous examinons la loi des offrandes. — La poitrine était pour Aaron et ses fils, type de l’Église toute entière ; l’épaule droite, pour le sacrificateur qui faisait l’aspersion du sang, type plus spécial de Christ, Sacrificateur, qui offre le sang dans le ciel. Le reste de l’animal était mangé par celui qui le présentait et par ceux qu’il invitait. Ainsi il y avait communion avec la gloire et le bon plaisir de Celui à qui l’offrande était faite, et aussi avec la sacrificature et l’autel, qui étaient les instruments et les moyens pour offrir le sacrifice. — La même pratique existait parmi les païens ; de là le raisonnement de l’apôtre, quant aux choses offertes aux idoles. Faisant aussi allusion à la cène du Seigneur, dont la signification est associée avec ce type, il dit : « Considérez l’Israël selon la chair ; ceux qui mangent les sacrifices n’ont-ils pas communion avec l’autel ? » (1 Cor. 10:18.) En effet, les festins s’alliaient tellement à un sacrifice, qu’au désert, où cela était faisable, personne ne devait manger de la chair d’un animal quelconque, à moins de l’avoir présenté devant le Tabernacle comme une offrande . — Pour nous, nous devons manger au nom du Seigneur Jésus, Lui offrant nos sacrifices de louanges, c’est-à-dire, le fruit des lèvres qui confessent son Nom ; nous consacrons ainsi tout ce à quoi nous participons, et nous nous consacrons aussi nous-mêmes à Dieu en communion avec Celui qui nous le donne, et avec Celui qui nous en assure la jouissance. Mais ce qui nous occupe était un sacrifice proprement dit. Ainsi donc l’offrande de Christ, comme un holocauste, est agréable à Dieu ; Il y prend plaisir ; son âme y trouve ses délices et sa joie ; c’est une offrande de bonne odeur à l’Éternel. En présence du Seigneur, à sa table, pour ainsi dire, les adorateurs s’approchent en vertu de ce parfait sacrifice, ils s’en nourrissent ; ils ont communion avec Dieu dans ces mêmes délices ; une même joie dans le sacrifice parfait de Jésus, qui s’est ainsi offert à Dieu. Dieu lui-même se réjouit de l’excellence de l’oeuvre de la rédemption accomplie par Christ, et les adorateurs ont communion avec Dieu dans cette joie. — Comme il arrive que les parents se réjouissent d’une joie commune dans leurs enfants, joie qui est augmentée même par l’intérêt mutuel qu’ils y prennent, ainsi les adorateurs, étant remplis de l’Esprit et rachetés par le Christ, ont un même sentiment avec Dieu au sujet de Christ. Ils se réjouissent avec Dieu de l’excellence de ce parfait sacrifice. Et le sacrificateur qui l’a offert est-il seul exclu de cette joie ? Non. — Il y a aussi sa part. Celui qui l’a offert a aussi part à la joie de la rédemption.
Jésus, comme sacrificateur, se réjouit de la joie de cette communion qu’Il a Lui-même procurée entre Dieu et les adorateurs, et dont Il est Lui-même l’objet. Car en quoi consiste la joie d’un Rédempteur, si non dans le bonheur, la communion et la joie de ses rachetés ? — Tel est donc tout vrai culte des saints. Se réjouir en Dieu, par le moyen de la rédemption et de l’offrande de Jésus ; — avoir un même sentiment avec Dieu ; — se réjouir avec Lui de l’excellence de cette victime pure et sans tache, qui les a rachetés et réconciliés, et qui leur a donné cette communion, avec l’assurance que leur joie est la joie de Jésus Lui-même qui la leur a procurée. Cette joie du culte embrasse nécessairement le corps tout entier des rachetés envisagé dans les lieux célestes, soit ceux qui nous ont devancés, soit ceux qui sont encore sur la terre. Car Aaron et ses fils devaient aussi avoir leur part. Aaron et ses fils étaient toujours le type des chrétiens, considérés comme un tout, ayant le droit d’entrer dans les lieux célestes, d’offrir l’encens, — étant faits sacrificateurs à Dieu. Car le Tabernacle et les ordonnances qui s’y rapportaient étaient des images des choses célestes, et l’Église est le corps des célestes sacrificateurs à Dieu. Tout culte à Dieu, tout vrai culte, doit donc embrasser tous les vrais croyants, et ne peut s’en séparer. Je ne puis pas apporter mon sacrifice devant le Tabernacle de Dieu, sans trouver là les sacrificateurs du Tabernacle. Sans le grand Sacrificateur, il n’y a rien ; — car qu’avons-nous sans Jésus ? — mais je ne puis le trouver séparé de son corps, — de son peuple manifesté ; Dieu, d’ailleurs, a ses sacrificateurs, et je ne puis m’approcher de Lui que de la manière qu’Il a ordonnée, associé à ceux qu’Il a placés dans sa maison et en les reconnaissant dans la place qu’Il leur a assignée, savoir le corps entier de ceux qui sont sanctifiés en Christ. Tout ce qui ne marche pas dans cet esprit-là est en opposition avec l’ordonnance de Dieu ; — et ce n’est plus un vrai sacrifice de prospérités selon l’institution de Dieu.
Mais il y avait encore d’autres conditions qu’il faut remarquer. D’abord, il n’y avait que ceux qui étaient nets qui pouvaient manger de ce sacrifice. Nous savons que la purification morale a pris la place de celle qui n’était que cérémonielle : « Vous êtes déjà nets à cause de la Parole que je vous ai dite » (Jean 15:3) — Dieu « n’a fait aucune différence entre nous et eux, ayant purifié leurs coeurs par la foi » (Act. 15:9). C’étaient donc des Israélites qui avaient part aux sacrifices de prospérités, et si un Israélite était souillé, par quoi que ce fût qui souillât selon la loi, il ne pouvait manger tant que cette souillure subsistait. Ce ne sont aussi que les chrétiens, dont les coeurs sont purifiés par la foi, parce qu’ils ont reçu avec joie la Parole, qui peuvent en réalité adorer Dieu et avoir part à la communion des saints. — Si le coeur est souillé, cette communion est interrompue. Nul qui est manifestement souillé n’a le droit de prendre part au culte et à la communion de l’Église de Dieu. — C’était toute autre chose, remarquez-le bien, de n’être pas Israélite, ou de n’être pas net. — Celui qui n’était pas Israélite n’avait jamais part aux sacrifices du Tabernacle. N’être pas net ne prouvait pas qu’on n’était pas Israélite ; au contraire, cette discipline n’était exercée que sur ceux qui étaient Israélites ; mais la souillure rendait l’individu incapable de participer aux privilèges de la communion avec ceux qui étaient nets ; car, quoique les adorateurs en fussent participants, ces sacrifices de prospérités appartenaient à l’Éternel (7:20, 21). Ceux qui étaient souillés n’y avaient donc aucun droit. — « Les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent » (Jean 4:23). Si le culte et la communion sont par l’Esprit, il est évident que ceux-là seuls qui ont l’Esprit de Christ et qui ne l’ont pas contristé par des souillures qui rendent impossible la communion par l’Esprit, peuvent participer à ce culte.
Il y avait bien, il est vrai, un autre détail de ce type qui semblait contredire cela, — mais qui au fond ne fait que l’éclaircir encore davantage. Il était ordonné d’offrir du pain levé avec les offrandes qui accompagnaient ce sacrifice. Car quoique ce qui est souillé (ce qui peut être reconnu comme souillé) doive être exclu, cependant il y a toujours un mélange de mal dans notre culte même. Le levain est là ; — car l’homme ne peut être sans levain ; — quand l’Esprit n’est pas contristé, il y en a peu peut-être, mais il y en a toujours là où l’homme se trouve. — Il y avait aussi là le pain sans levain, — parce que Christ est là et que l’Esprit de Christ est en nous.
On devait observer dans ce culte une règle très importante. — Dans le cas d’un voeu, on pouvait manger du sacrifice le lendemain du jour où l’on avait brûlé la graisse, qui était le pain de Dieu dans l’offrande ; mais, dans le cas d’un sacrifice d’actions de grâce, la chair devait être mangée le jour même où elle était offerte : — « On n’en laissera rien jusqu’au matin » (7:15). La purification de l’adorateur était identifiée avec l’acte d’offrir la graisse à Dieu ; ainsi il est impossible de séparer le culte spirituel, la vraie communion, d’avec Christ s’offrant sans tache à Dieu. — Dès le moment que nous le perdons de vue et que notre culte se sépare de Jésus, de l’efficace de son sacrifice et du sentiment de ce qu’Il est pour nous auprès du Père, qui trouve en Lui tout son bon plaisir, ce culte devient charnel, il revêt ou le formalisme ou la satisfaction de la chair. Si l’on mangeait le sacrifice de prospérités séparément de l’offrande de la graisse ce n’était plus qu’une fête charnelle ou une simple forme du culte.
Quand le Saint Esprit produit en nous le vrai culte spirituel, Il nous fait entrer en communion avec Dieu et dans sa présence, et alors tout ce qu’est à ses yeux le sacrifice de Christ, est nécessairement présent à notre esprit. Il est l’offrande agréée de Dieu. Le sentiment du bon plaisir que Dieu prend à cette offrande forme une partie intégrante et indispensable de notre communion et de notre culte. Nous ne pouvons être en la présence de Dieu, dans sa communion, sans y trouver cette offrande. — Si nous sommes acceptés de Dieu, si nous jouissons de sa communion, c’est à cause de l’offrande de Christ qui en est le fondement. Sans cela notre culte dégénère et devient charnel ; nos prières ne sont plus qu’une forme, ce qu’on appelle quelquefois un don de prière n’est souvent qu’une répétition, un flux de vérités et de principes reconnus, et il n’est pas de la vraie communion. — Nos chants ne sont plus qu’une jouissance pour l’oreille, ou l’expression de quelques idées avec lesquelles nous sympathisons ; — c’est la chair et non la communion de l’Esprit — l’Esprit de Dieu ne reconnaît pas un tel culte ; — il n’est pas offert en esprit et en vérité.
Dans le cas d’un voeu, on pouvait manger du sacrifice le lendemain ; — dans le cas d’un sacrifice d’actions de grâces, on ne pouvait en manger que le jour même où il était offert. Il y avait en cela une différence dans l’énergie spirituelle. En effet, lorsque notre culte est le fruit d’un dévouement simple et sincère, étant rempli de l’Esprit, il peut se soutenir plus longtemps dans la réalité de la communion. La saveur du sacrifice demeure ainsi plus longtemps devant Dieu en communion avec la joie de son peuple, — car l’énergie de l’Esprit soutient cette joie de communion. — Lorsque, au contraire, ce culte est la conséquence naturelle d’une bénédiction déjà reçue, il est agréable à Dieu, — il Lui est dû, mais l’énergie de communion n’est pas la même. On est en communion avec le Seigneur en Lui offrant le sacrifice d’actions de grâces ; mais une fois offert, cette communion passe.
Il faut remarquer aussi que, dans le culte, on peut commencer par l’Esprit et finir par la chair. Si je continue à chanter plus longtemps que l’Esprit de Dieu ne m’y porte, ce qui n’arrive que trop souvent, mon chant, qui au commencement était une vraie mélodie du coeur au Seigneur, finit par n’être que de la musique et vient alors de la chair. Un tel culte affaiblit toujours l’âme qui bientôt s’habitue à un culte formaliste — et alors le mal s’introduit facilement, par la puissance de l’Adversaire, au milieu des adorateurs. Que le Seigneur nous garde bien près de Lui, pour juger de toute chose en sa présence, car hors de sa présence, nous ne pouvons juger de rien.
Il est bon de se souvenir
toujours de cette expression « qui
appartient à l’Éternel
» (7:21). Le culte, ce qui se passe en nos coeurs
dans le culte, n’est pas pour nous — mais pour l’Éternel. Le Seigneur l’a
produit pour notre joie, afin que nous eussions part à l’offrande de Christ, à
sa joie en Christ ; mais dès que nous voulons nous approprier ce culte,
nous le profanons. C’est pourquoi ce qui restait du sacrifice était brûlé au
feu ; et ceux qui étaient souillés ne
pouvaient en manger.
C’est pour la même raison qu’il était nécessaire de
l’associer avec la graisse brûlée à l’Éternel, afin que ce fût réellement
Christ en nous et par conséquent la communion véritable, la présentation, faite
par nos âmes à Dieu, de Christ dont nous nous nourrissons. — Rappelons-nous que
tout notre culte appartient à Dieu, — qu’il est l’expression de l’excellence de
Christ en nous, et que de cette manière
il
devient notre joie avec Dieu, — comme par un seul esprit. — « Je suis en mon
Père, et vous en moi et moi en vous », (Jean 14:20), dit le Seigneur. C’est là
l’union merveilleuse qui existe dans la grâce comme dans la gloire. Notre
culte, c’est la jouissance de cette union dans le coeur par Christ. De même
quand le Seigneur exerce le ministère de ce culte, il dit encore :
« J’annoncerai ton nom à mes frères, je te louerai au milieu de l’assemblée »
(Ps. 22:22) — Puissions-nous accompagner de nos voix et de nos coeurs notre
chantre céleste ; ainsi nos chants seront bien conduits et nos sacrifices
de louanges seront assurément agréables au Père. Ses oreilles seront attentives
lorsqu’Il entendra cette voix qui nous conduit. Celui qui, dans l’oeuvre de la
rédemption, fit tout selon le coeur du Père, a le sentiment profond de ce qui
Lui était agréable. — Le coeur de Jésus est l’expression de tout ce qui est
agréable au Père, et nous sommes enseignés par Lui en ces choses, quoique la
connaissance que nous en avons soit faible et imparfaite. — Nous avons
toutefois la pensée de Christ ; — et le fruit de nos lèvres est
l’expression du même Esprit par lequel nous présentons nos corps en sacrifice
vivant, saint, agréable à Dieu, éprouvant en cela quelle est cette volonté de
Dieu, bonne, agréable et parfaite. Tel est notre culte, — tel est notre
service, — car, dans un certain sens, notre service doit être notre culte.
Il était encore donné un
autre commandement touchant ce sacrifice, — c’est-à-dire de ne manger ni de la
graisse, ni du sang. — Ceci trouve bien sa place ici, en tant que les
sacrifices de prospérités étaient des sacrifices dont les adorateurs mangeaient
la plus grande partie. Mais la signification en est très évidente d’après ce
que nous avons déjà dit. — La vie et toute l’énergie de l’homme intérieur, du
coeur, appartenaient à Dieu. La vie appartenait à Dieu seul et devait Lui être
consacrée. — Ôter la vie d’un autre était un crime contre les droits de Dieu.
La graisse, qui signifiait les mouvements, l’énergie de tout l’homme intérieur,
appartenait exclusivement à Dieu. C’est Christ seul qui s’est ainsi consacré à
Dieu ; parce que c’est Lui seul qui a offert à Dieu ce qui Lui était dû,
et par conséquent l’acte de brûler la graisse, dans ce sacrifice et dans
d’autres, représentait le Seigneur Jésus s’offrant Lui-même en sacrifice de
bonne odeur à l’Éternel. Il n’en est pas moins vrai que tout appartenait à Dieu
et appartient à Dieu ; l’homme ne pouvait rien s’en approprier pour son usage. —
Seulement dans le cas d’une
bête qui mourait d’elle-même, ou qui était déchirée, on pouvait s’en
servir ; — mais toutes les fois qu’un homme, de sa propre volonté, ôtait
la vie à une bête, il fallait qu’il reconnût les droits de Dieu sur cette vie
et soumît sa volonté à celle de Dieu, à qui seul le droit appartient.
Nous en venons maintenant aux sacrifices qui n’étaient pas des sacrifices de bonne odeur, c’est-à-dire, aux sacrifices pour le péché et pour le délit. — Dans leur principe ils sont semblables, quoique différents dans leur caractère et dans les détails ; nous allons prendre connaissance de cette différence. Mais auparavant il faut signaler un principe très important — Dans les sacrifices dont nous avons parlé jusqu’ici, les sacrifices de bonne odeur, nous avons vu l’identité de celui qui offrait le sacrifice avec la victime ; cette identité était signifiée par l’imposition des mains de l’adorateur sur la tête de la victime. Mais ici, celui qui adorait se présentait pour faire une offrande ; — il se présentait de son plein gré, et se trouvait identifié, comme adorateur, avec l’acceptation de la victime, qui était parfaitement agréée de Dieu. — Celui qui offrait le sacrifice pouvait être ou Christ ou un homme conduit par l’Esprit de Christ, et de cette manière identifié avec lui, en se présentant lui-même à Dieu.
Dans le cas du sacrifice pour
le péché, il y avait toujours le même principe d’identité avec la victime, en
posant les mains sur la tête de celle-ci ; mais celui qui s’approchait le
faisait, non comme adorateur, mais comme pécheur ; non comme net, pour
jouir de la communion avec Dieu, mais comme coupable et souillé. — Et, au lieu
d’être identifié avec l’acceptation de la victime agréée de Dieu (quoique, par
la suite, cela fût vrai), la victime était identifiée avec son péché et sa
souillure ; elle était faite péché pour lui et était traitée en
conséquence. Dans le sacrifice pur et simple pour le péché, c’était entièrement
le cas. — J’ai ajouté : « quoique par
la suite cela fût vrai
»
parce
qu’en plusieurs des offrandes pour le péché une certaine partie du service les
identifiait avec l’acceptation de Christ, toujours agréable à Dieu, acceptation
qui, en Celui qui réunissait dans sa personne la vertu de tous les sacrifices,
ne pouvait jamais être entièrement perdue de vue.
La distinction entre l’identité de la victime avec le péché du coupable, et l’identité de l’adorateur avec la victime agréée de Dieu, fait valoir très clairement la différence qui existe entre ces sacrifices ; elle nous présente aussi les deux faces de l’oeuvre de Christ.
J’en viens maintenant aux détails. Il y avait quatre classes ordinaires d’offrandes pour le péché, et en outre deux cas particuliers, deux autres exemples très importants et dont nous parlerons plus tard.
La première classe, en Lévitique 4, renferme les péchés qui violaient la conscience naturelle. — La seconde, jusqu’au verset 13 du chapitre 5, renferme les choses qui devenaient péché à cause de l’ordonnance du Seigneur, comme les souillures qui faisaient exclure un adorateur, et autres choses. Cette classe avait un caractère mixte. Il y est parlé d’offrandes pour le péché et d’offrandes pour les délits. — La troisième classe, depuis le verset 14 jusqu’au v. 19, renferme les torts faits au Seigneur dans les choses saintes, — et la quatrième (qui se trouve au chapitre 5 v. 20-26) renferme les torts envers le prochain par une violation de confiance, et autres choses semblables.
Les deux autres exemples remarquables des offrandes pour le péché, se trouvent dans ce qui se passe le jour des expiations et dans le cas de la génisse rousse ; — ils demandent d’être examinés à part. — Les circonstances de l’offrande étaient toutes simples. — Il est clair que quand tout le corps du peuple où le souverain sacrificateur avait péché, toute communion était interrompue. Il n’était pas question seulement de la restauration d’un individu, mais du rétablissement de la communion entre Dieu et tout le peuple ; le jour des expiations faisait cela ; — mais il s’agissait de rétablir la communion interrompue. — C’est pourquoi, on faisait aspersion du sang sept fois devant le voile, pour procurer la parfaite restauration de cette communion, et l’on mettait aussi le sang sur les cornes de l’autel des parfums. Dans le cas d’un péché individuel, cette communion en général n’était pas interrompue ; l’individu seul perdait la jouissance de la bénédiction. C’est pourquoi, dans ce cas-là, on faisait aspersion du sang sur l’autel des holocaustes dont l’individu pouvait approcher, et non devant l’autel des parfums, où le sacrificateur seul pouvait venir. L’efficace du sacrifice de Christ est nécessaire pour chaque péché, comme aussi il a été offert pour chaque péché ; mais la communion du corps des adorateurs, quoique défectueuse, n’est cependant pas interrompue à cause du péché d’un individu : mais, quand son péché est connu, il faut faire propitiation pour lui de la faute qu’il a commise. Nous savons que le Seigneur punit quelquefois toute l’assemblée si le péché d’un individu reste caché, comme dans le cas d’Acan. « Israël a péché », dit le Seigneur. — Mais une fois que le mal est connu, c’est Acan seul qui en est puni, et la bénédiction revient sur l’assemblée, quoique plus difficilement. Le fait est que Celui qui sait réunir dans l’Église le gouvernement général avec le jugement des individus, quand l’Église en général est fidèle, met en évidence le mal qui est chez un individu, et peut employer le péché d’un individu comme moyen de châtier tout le corps. — Il me semble même que, quoique, dans le cas d’Acan, le péché personnel qui amena le châtiment soit évident, cependant Israël avait manifesté de la confiance dans un bras de chair, et Dieu trouva bon de châtier Israël pour lui faire voir que cette confiance était vaine, — la force de l’Éternel n’avait-elle pas été manifestée comme pleinement suffisante pour le cas de Jéricho ?
Quoi qu’il en soit à cet égard, il est évident, d’après les détails de ces offrandes pour le péché, que Dieu prend toujours connaissance du péché ; il peut le pardonner, mais non passer par dessus. Un péché inaperçu par l’individu qui en est coupable et qui lui demeure caché, n’est cependant pas caché à Dieu ; car pour quelle raison demeure-t-il caché au coupable, sinon parce que son intelligence spirituelle est obscurcie par le péché et par la négligence qui en est la suite ? — Dieu juge du péché par ce qui est convenable à lui-même et non par ce qui est convenable à l’homme. L’Éternel habite au milieu d’Israël, et il faut qu’Israël soit jugé selon ce qui est digne de la puissance de Dieu. — Nos privilèges sont la mesure de notre responsabilité. Les hommes n’admettent dans leur société que les personnes qu’ils jugent dignes d’y être ; ils n’y admettent pas les hommes corrompus en excusant leur méchanceté, parce qu’il convient à leurs habitudes d’agir ainsi. Est-ce Dieu seul qui doit profaner sa présence en agissant autrement ? Est-ce que tout le mal dont la corruption de l’homme peut le rendre coupable, doit être sanctionné uniquement dans la présence de Dieu ? Non ; si Dieu veut nous rendre heureux dans sa présence, Il doit nécessairement juger le mal, — tout mal, — et cela selon la sainteté de sa présence et de manière à exclure le péché de sa présence. Si la stupidité, qui est la conséquence du péché, nous rend ignorants du mal qui est en nous, est-ce une raison pour que Dieu soit aveugle, parce que nous le sommes ? Doit-il se déshonorer lui-même, rendre les autres malheureux, et rendre impossible toute sainte joie même dans sa présence, pour laisser passer le mal impuni ? — Impossible. Non ; tout péché est jugé. Dieu n’ignore rien, et le mal, quelque caché qu’il nous soit à nous-mêmes, est toujours le mal devant lui. « Toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Héb. 4:13). Dieu peut avoir compassion ; Il peut éclairer par Son Esprit ; Il peut trouver une voie par laquelle le plus grand des pécheurs est libre de s’approcher de Lui, mais tout cela ne change en rien le jugement qu’Il porte sur le mal. « Le sacrificateur fera propitiation pour lui, pour son erreur qu’il a commise sans le savoir ; et il lui sera pardonné. C’est un sacrifice pour le délit ; certainement il s’est rendu coupable envers l’Éternel » (Lév. 5:18-19).
Je dois maintenant faire observer quelques différences de détail dans ces offrandes pour le péché, différences qui ont beaucoup d’intérêt.
Le corps des victimes offertes pour le péché de tout le peuple, ou pour celui du souverain sacrificateur (ce qui revenait au même, la communion de tout le corps étant interrompue), était entièrement brûlé hors du camp, mais non comme un sacrifice fait par feu en bonne odeur, car il avait été fait péché et était porté hors du camp comme un corps souillé. La victime elle-même était sans défaut ; mais, le coupable ayant confessé ses péchés sur sa tête, Dieu l’envisageait comme chargée de ces péchés, et elle était portée hors du camp ; c’est ainsi que Jésus souffrit hors de la porte (comme l’apôtre le dit), afin de sanctifier le peuple par son propre sang. — C’était toujours le cas lorsqu’on portait dans le sanctuaire le sang offert pour le péché. — Une des victimes (la génisse rousse, dont je n’explique pas ici les détails) était envisagée uniquement comme portant le péché ; elle était tuée et entièrement brûlée, graisse et sang, aussi hors du camp, une partie du sang ayant d’abord été mise en aspersion devant la porte du Tabernacle.
Dans le cas des trois autres sacrifices, qui concernaient tout le peuple, les corps des victimes étaient brûlés, il est vrai, hors du camp ; mais, comme la graisse était brûlée sur l’autel des holocaustes, la liaison d’idée avec Christ s’offrant Lui-même en sacrifice, et parfaitement agréé de Dieu, est toujours conservée et nous fait comprendre de quelle manière Il avait été fait en effet péché pour nous ; c’était comme Celui qui n’avait point connu le péché et dont toutes les pensées étaient parfaitement agréables à Dieu et pouvaient supporter son jugement. Quoiqu’on brûlât la graisse sur l’autel, afin de maintenir cette association d’idées et l’unité du sacrifice de Christ, cependant, pour maintenir le caractère général et l’intention de cette différence, cela n’est pas appelé une bonne odeur à l’Éternel.
Il existait cependant de plus une différence entre le sacrifice du grand jour des expiations et les deux autres mentionnés au commencement de Lévitique 4. — Dans le sacrifice du grand jour des expiations, on portait le sang au-dedans du voile ; car ce sacrifice était le fondement de tous les autres, la base de tous les rapports entre Dieu et Israël, celui qui rendait possible à Dieu d’habiter au milieu d’Israël et de recevoir les autres sacrifices. L’efficace du sacrifice d’expiation durait toute une année, et c’était la base des rapports entre Dieu et le peuple. Pour nous son efficace dure toujours, comme dit l’apôtre dans l’épître aux Hébreux. Aussi le sang de ce sacrifice était répandu sur le propitiatoire, pour être sans cesse devant les yeux de Celui qui était assis sur ce trône de grâce et de sainteté. Par la vertu de ce sacrifice, Dieu habitait au milieu du peuple, quoique ce fût un peuple rebelle et ingrat. Telle est aussi l’efficace du sang de Christ : et ce sang est pour toujours sur le propitiatoire la base des rapports entre Dieu et nous. — Les autres sacrifices avaient pour but de maintenir et de rétablir la communion de ceux qui, par grâce, étaient déjà entrés dans ces rapports avec Dieu. — C’est pourquoi le sang était répandu sur l’autel des parfums, qui était le symbole de l’exercice de cette communion, et le reste en était répandu sur l’autel des holocaustes, comme cela se faisait ordinairement dans tous les sacrifices. Comme nous l’avons vu, le corps était brûlé. Quant aux offrandes qui se faisaient pour le péché et pour le délit d’un individu, la communion du corps n’en souffrait pas directement, mais l’individu était privé de la jouissance de cette communion. — C’est pourquoi l’autel des parfums n’était pas souillé ou, pour ainsi dire, rendu impropre à servir à l’usage qu’on en faisait ; au contraire, il ne cessait pas d’être employé. Le sang de ces sacrifices était donc mis sur les cornes de l’autel des holocaustes, à l’endroit dont s’approchait l’individu. — Là, par Christ et par l’efficace du sang de Christ offert une fois pour toutes, toute âme s’approche ; et, étant agréée en vertu de ce sacrifice, elle jouit de toute la bénédiction et de tous les privilèges dont le corps de l’Église est continuellement en jouissance et en possession.
Il faut remarquer encore une autre circonstance des offrandes pour le péché individuel. Le sacrificateur qui offrait le sang, mangeait la victime. Il y avait donc une parfaite identité entre le sacrificateur et la victime, qui représentait le péché de celui qui offrait le sacrifice. Le sacrificateur n’avait pas commis le péché, — au contraire, il en avait fait l’expiation par le sang qu’il avait répandu ; cependant il s’identifiait complètement avec le péché du coupable. C’est ainsi que Christ nous préparant une consolation parfaite, sans avoir connu le péché, a fait l’expiation pour le péché et s’est identifié avec tous les nôtres. — De la même manière que dans le sacrifice de prospérités, l’adorateur était identifié avec l’acceptation de la victime dont la graisse était brûlée sur l’autel, ici le sacrificateur était identifié avec le péché de celui qui offrait ; ce péché était pour ainsi dire perdu et consumé en lui. Le pécheur s’approchait en faisant confession de ses péchés et en s’humiliant ; mais quant à la culpabilité et au jugement de son péché, c’était le sacrificateur qui s’en chargeait, de sorte que cela n’arrivait pas devant le tribunal de Dieu, et n’affectait en rien les relations entre Dieu et le coupable. Son culte était renouvelé, car il était de nouveau accepté en Christ, qui est notre vrai Sacrificateur. Le péché qui interrompait la communion était ôté, il servait seulement d’occasion de renouveler dans un coeur abaissé dans la poussière et anéanti en présence de la bonté de Dieu, la relation et la communion fondées sur une bonté devenue infiniment plus précieuse. Cette communion était rétablie sur une conscience de nouveau fortifiée par les richesses et la sûreté de cette médiation que Christ accomplit éternellement, pour garantir notre communion actuelle et notre jouissance de cette communion, malgré nos misères et nos fautes, dans la présence, la gloire et l’amour de Celui qui ne change pas.
Il reste encore à attirer l’attention sur quelques circonstances intéressantes. Il est remarquable qu’il n’y avait rien qui, plus que l’offrande pour le péché, portât le caractère de sainteté. Dans le cas des autres sacrifices de bonne odeur, comme dans quelques cas de gâteaux levés dans lesquels du levain se trouvait mêlé, Dieu ne prenait ses délices qu’en ce qui était parfait et excellent. Mais dans les sacrifices pour le péché, il était expressément commandé que la victime fût entièrement sans tache. Toutes les précautions possibles étaient prises pour en démontrer la sainteté inviolable (Lév. 6:25, 28). Dans toute l’oeuvre de Jésus, il n’y a rien qui démontre autant sa sainteté positive, sa parfaite et entière séparation pour Dieu, que le fait qu’Il a porté nos péchés. Seul celui qui n’avait point connu le péché, pouvait être fait péché ; — et l’acte même de porter le péché marque la séparation pour Dieu, la plus entière qu’il soit possible de concevoir, oui, et qui va même au-delà de nos conceptions. Christ pouvait dire : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui ». — Il s’était consacré en entier à tout prix pour la gloire de Dieu ; Dieu ne pouvait rien accepter de moins, car il fallait qu’Il fût honoré de la même manière qu’Il avait été déshonoré. Ainsi donc, comme sacrifice pour le péché, Christ est spécialement saint ; — et maintenant, comme Sacrificateur dans la présence de Dieu par l’efficace de ce sacrifice, intercesseur pour nous. Il est « saint… séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux ». — Malgré cela, il est tellement vrai qu’Il était fait péché, que celui qui avait conduit le bouc au désert comme celui qui avait ramassé les cendres de la génisse ou aspergé quelqu’un de l’eau de séparation, était souillé jusqu’au soir, et devait laver ses vêtements et son corps avant de rentrer au camp. — C’est ainsi que ces deux grandes vérités touchant Christ, sacrifice pour le péché, nous sont clairement révélées dans ces sacrifices. Car, d’un côté, nous ne pouvons nous représenter une preuve plus grande de l’entière séparation de Christ pour Dieu, que le fait qu’Il s’est offert pour porter le péché, — et, de l’autre côté, s’Il ne l’avait pas réellement porté dans toute son étendue, si la malédiction n’était pas réellement tombée sur Lui, Il n’aurait pas pu réellement ôter le péché devant Dieu.
Que son saint Nom soit béni à jamais de ce qu’Il l’a fait, — et puissions-nous apprendre à connaître toujours mieux sa perfection dans l’oeuvre de la rédemption qu’Il a accomplie.