Louis Chaudier
Table des matières :
1 - Suivre Jésus ici-bas — Marc 9:42-51 ; 10:13-40, 46-52
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage « Méditations sur la vie chrétienne » édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 46]
27 mars 1949
C’est une leçon que nous avons bien de la peine à apprendre, que celle que notre Seigneur Jésus Christ nous donne, dans toute sa vie et dans sa mort. Combien — je suppose que c’est la pensée de chacun de nous, son sentiment — nous avons de la peine à voir les choses comme Dieu les voit. Et combien nous sommes lents à apprendre ce que Dieu veut nous apprendre. Nous le voyons dans le cas des disciples. La façon dont le Seigneur a eu affaire aux disciples, et la façon dont les disciples se sont comportés vis-à-vis du Seigneur, sont applicables exactement à nous, aujourd’hui. Ce que le Seigneur a dit, au temps où il était sur la terre, est valable exactement aujourd’hui, avec une différence, c’est que l’oeuvre est accomplie. Et nous sommes dans une position plus privilégiée, plus responsable, que les disciples, puisque eux n’avaient pas le Saint Esprit, et nous l’avons. Les chrétiens aujourd’hui ont le Saint Esprit. Ils ont donc une source de puissance et d’intelligence que les disciples de Jésus n’avaient pas, tout en étant des croyants, pour plusieurs d’entre eux en tout cas — on ne pourrait pas dire que tous l’étaient, puisque Judas n’était pas un croyant. Mais il n’y a rien de plus instructif, pour nous, que de repasser le chemin de Jésus ; de voir ce qu’il dit aux disciples, ce que les disciples lui disent ; ce qu’il dit aux foules, ce que les foules lui disent. Et nous nous retrouvons, là, avec la nature immuable de Jésus, et aussi le coeur inchangé de l’homme. Nos attitudes, en présence de ce que Jésus nous dit aujourd’hui, ressemblent étrangement aux attitudes des disciples, lorsqu’il avait affaire à eux directement.
Dans ce que nous avons lu en tout premier lieu, ce qu’il y avait de tout à fait remarquable, pour les disciples, un fait tout à fait nouveau, c’était que le royaume de Dieu, tel que Jésus est venu le prêcher, l’apporter, est pris de violence, et les violents le ravissent. C’est une pensée, chers amis, sur laquelle nous pouvons nous arrêter tous les jours. La vérité reste exactement la même. Aujourd’hui encore, le royaume de Dieu est pris par violence, et les violents le ravissent. Ceux qui ne sont pas les violents ne le ravissent pas. Ceux qui ne sont pas les violents n’entrent pas dans le royaume de Dieu.
La mise à l’épreuve fut extraordinaire, pour les disciples, qui s’attendaient, lorsque Jésus se présente à eux comme le Messie envoyé de la part de Dieu, à ce que, sans heurt, la bénédiction de Dieu vint sur eux. Et, comme nous l’avons vu ici, ils s’attendaient à avoir une bonne place, dans le royaume de Dieu : « Accorde-nous que nous soyons assis, l’un à ta droite… ». C’est une pensée qui n’est étrangère à aucun de nos coeurs, ici. Si Jésus avait établi son royaume et installé ses disciples dans des places privilégiées, on n’aurait pas su ce qu’il y avait, au fond de cet abîme qu’est le coeur de l’homme. Nous aurions cru — sauf Dieu — que le coeur de l’homme, enfin, à la venue de Jésus, s’était révélé, ouvert, à la réception de Jésus. Il aurait manqué, dans l’ensemble des épreuves auxquelles Dieu a soumis l’homme, l’épreuve la plus totale, la plus complète, qui ait été, à savoir, quelle attitude a eu l’homme en présence, non pas seulement de l’envoi des prophètes, mais en présence de son propre Fils. On sait ce que les hommes ont fait, vis-à-vis des prophètes ; et ils continuent. On les a lapidés, tant qu’on a pu. On s’en est débarrassé. On en a égorgé entre le temple et l’autel. Mais, lorsque Jésus est venu, s’il avait établi son règne sans heurt, sans transition, on aurait pu croire : Tout de même, le coeur de l’homme est peut-être touché ; il n’est pas inaccessible à l’enseignement de Dieu ; les paroles de Jésus, l’enseignement de Jésus, ont suffi à apporter à l’homme, à envoyer dans le coeur de l’homme, des sentiments favorables à Dieu ; et l’homme n’est pas foncièrement perdu.
Que Jésus ait enseigné de la part de Dieu, qu’il ait prêché le royaume de Dieu, c’est clair. Et cela devait être fait, pour la mise à l’épreuve de l’homme sous toutes les formes. Mais qu’est-ce que cela a donné ? Comme déjà l’annonce le prophète : « Pourquoi suis-je venu, et il n’y a eu personne ? Pourquoi ai-je appelé, et il n’y a eu personne qui répondît ? » (És. 50:2).
Eh bien , la venue de Jésus a été la mise à l’épreuve totale, définitive, de ce qu’est le coeur de l’homme.
Jésus dit : « Le royaume de Dieu est pris par violence, et les violents le ravissent » (Matt. 11:12). Qu’est-ce que cela veut dire ? Nous avons vu, dans les premiers versets que nous avons lus, que pour suivre Jésus, pour entrer dans le royaume de Dieu, il y a un fait absolument inédit, que la venue de Jésus met en évidence, c’est qu’on ne peut entrer dans le royaume de Dieu sans passer par la mort. L’homme ne peut avoir affaire à Dieu sans que la mort passe entre l’homme et Dieu. Et, si nous y réfléchissons, nous voyons bien que c’est là la mise à l’épreuve profonde et suprême de notre coeur à tous. Et c’est ce que nous trouvons. Nous avons dit : « Si ta main est pour toi une occasion de chute… géhenne de feu ». Trois fois, trois images, sont données par Jésus. Et à qui disait-il ces choses ? Il disait ces choses autour de lui. Il les répétait à ses disciples, qu’il aimait comme Jésus pouvait aimer. Il leur dit continuellement cela, pour qu’au moins ses disciples ne s’égarent pas, et reviennent à la vérité centrale de Dieu. « Le royaume de Dieu est pris… ravissent » (Matt. 11:12).
Combien, aujourd’hui, chers amis, depuis ce temps-là, hésitent à couper leur main droite, à la jeter loin d’eux ? Ils hésitent. Pourquoi ? Parce qu’au fond, ils n’aiment pas le royaume de Dieu, et ils n’aiment pas Jésus. Ils aiment mieux garder leur main droite, et ne pas avoir Jésus.
La main droite, le pied, l’oeil, ce sont des choses sans lesquelles il est difficile de vivre, dans ce monde. Notre Seigneur Jésus Christ parle d’une façon qui ne laisse pas d’hésitation. « Si ta main est pour toi une occasion de chute » : une chose qu’on aime, une chose qui est une idole, une chose qui est un danger, et pourtant nécessaire. Ta main… mais Dieu me l’a donnée, ma main ! « Si ta main est pour toi une occasion de chute… ».
Chers amis, dans ces jours où nous arrivons, les jours de la fin du témoignage, que Dieu nous fasse la grâce de ne pas penser que la question est moins grave et moins profonde qu’aux jours où Jésus allait mourir. Combien de soi-disant chrétiens aujourd’hui, iront dans la géhenne de feu parce que, une fois dans leur vie, où Dieu les appelait à tel renoncement, où Dieu les a mis en présence de son appel, de l’appel de sa grâce et de sa vérité, et où, en même temps, d’autres voix se faisaient entendre, ils n’ont pas écouté la voix de Jésus. Ils ont raisonné. On peut raisonner ; quelqu’un qui raisonne est toujours en mauvais état. Quand on est devant Dieu, on ne raisonne pas. Quelqu’un qui raisonne n’est pas devant Dieu. C’est pourquoi, quand nous rencontrons un raisonneur, quel qu’il soit, ne nous plaçons pas sur le terrain de ce raisonneur. Nous avons à amener cet homme devant Dieu. Et, devant Dieu, toute bouche, déjà maintenant, peut être fermée.
Comme nous l’avons dit quelquefois, la conscience ne ment pas, devant Dieu. Elle ne peut pas mentir, devant Dieu. On peut raisonner : Mais, ma main m’est utile ! Nous sommes tous mis à l’épreuve, une fois ou l’autre. Chacun l’est ; chacun l’a été ; chacun le sera.
Qu’il nous soit donné, lorsque Dieu nous place dans une telle circonstance, de montrer qu’en vérité, le royaume de Dieu nous est plus cher que ce qui nous est cher.
« Chacun sera salé de feu », avons-nous lu ; « et tout sacrifice sera salé de sel ».
Tout le monde sera salé de feu, c’est à dire que l’épreuve du feu sera appliquée à tout le monde, l’épreuve totale. C’est une pensée bien sérieuse, chers amis. Qu’est-ce qui passera, à travers cette épreuve du feu ? Le vrai chrétien. Il en sortira ; le feu ne le consumera pas. Il consumera ce qu’il y a en lui qui doit être consumé, ce qui est mondain, une volonté non brisée, de la nature de l’homme, du vieil homme. Cela sera consumé par le feu. Et, dans notre vie chrétienne, notre sacrifice, notre vie chrétienne, qui est comme une offrande à Dieu, comme un sacrifice à Dieu, et qui doit être telle, notre vie tout entière, la vie de n’importe quel chrétien ici, sa vie tout entière dans l’accomplissement de son travail, de son devoir quotidien, ce qui est pour Dieu traversera, sans être touché, cette épreuve. Mais ce qui n’est pas de Dieu sera consumé. « Tout sacrifice sera salé de feu ».
« Le sel est bon ». Je désire insister sur ceci, chers amis. Combien c’est sérieux, de penser que notre vie sera ainsi soumise à cette épreuve du feu, qui n’épargne rien. Il n’y a pas de grâce dans le feu, pas de miséricorde. C’est la mise à l’épreuve totale de ce que nous sommes. Notre vie tout entière sera passée à cette épreuve, la façon dont nous accomplissons notre devoir, dont nous gagnons notre vie quotidiennement. Nous pouvons le faire pour le Seigneur. L’accomplissement de notre devoir peut revêtir la forme d’un sacrifice. Si nous accomplissons notre travail pour le Seigneur, c’est au nom du Seigneur. Et notre vie entière est comme une seule offrande. Elle devrait l’être.
Mais, chers amis, ce qu’il y a de plus grave, c’est qu’il pourra arriver que, pour nombre de personnes qui se seront, en apparence, consacrées à Dieu, et qui auront appelé sur elles ce titre, qui est la définition d’une consécration à Dieu, ce titre de chrétien, qui est la définition d’une mise à part pour le Seigneur, lorsque cette épreuve totale à laquelle le Seigneur soumettra tout le monde, de cette épreuve, il ne restera rien du tout. Ils n’auront même pas leur vie pour butin. Ils ne sauveront même pas leurs âmes à travers le feu, comme Lot. Le Seigneur le dit à ceux-là, en cheminant avec ses disciples. Il le disait à ceux qui l’entouraient. Et il ne cache jamais tout ce qu’a de sérieux l’appel chrétien. Il appelait ses disciples ; des foules le suivent. Mais le Seigneur présente toujours la contrepartie : Tout sacrifice sera salé de feu. Pensons-y, frères et soeurs. Pensons-y, jeunes croyants, au départ dans la vie chrétienne. Pensons-y : notre vie tout entière sera salée de feu.
Et, à l’heure où il sera impossible de rien corriger de ce qu’aura été notre existence, de n’apporter aucune compensation à ce qu’auront été nos défaillances, et peut-être le dévouement au monde sous le chrétien, chers amis, que le Seigneur nous donne de réaliser assez tôt, au commencement de notre vie chrétienne, que tout sacrifice sera salé de feu.
On voit, dans ce monde, chers amis, tous les jours, des personnes que se sont fixé un but à atteindre. Elles y consacrent leurs forces, leurs pensées, et bien plus que cela. Car il y a quelque chose de bien supérieur à l’intelligence et aux forces d’un homme ; c’est son coeur. Vous voyez des hommes qui, pour arriver à un but et couronner leur front d’une couronne corruptible, jettent dans cet enjeu tout ce qu’ils ont de plus précieux, leur coeur, leur âme.
Le chrétien qui, lui, sera revêtu d’une couronne incorruptible, en tout cas qui est appelé à produire une couronne incorruptible, serait-il inférieur, dans ce jeu profond des affections, à tous les idolâtres de ce présent siècle, qui courent après les idoles que la main de Dieu, un jour ou l’autre, jettera par terre ?
Le monde, chers amis, nous fait un mal mortel, en déformant en permanence, dans notre coeur, la vérité divine, en voilant à nos yeux et à nos affections ce que Dieu a toujours dit, ce que Jésus a toujours dit, à l’égard de ce qui se passe dans le monde, de ce qu’est le monde aux yeux de Dieu ; ce monde qui est rempli d’idoles, que le diable présente à tout le monde, pour faire dériver nos affections, et toute notre vie, vers un autre objet que Jésus. Je dis « nous », les chrétiens. C’est une prostitution du coeur.
« Tout sacrifice sera salé de feu ». Oh, nous le savons, chers amis, que la persévérance dans cet âpre chemin, où suivre Jésus signifie mourir à ce après quoi le monde entier court, n’est pas une chose agréable pour le coeur ! C’est certain. Mais c’est le sentier de la vie de Dieu. C’est le sentier où on jouit de Dieu, et c’est le seul. Oh, chers amis, que Dieu fasse qu’aucun de nous ne soit surmonté par les influences qu’il subit ! Mais que chacun de nous, croyants, qui connaissons Jésus, et qui avons été donnés à Jésus, nous soyons pour Jésus, dans ce monde. Ah, notre lot est très clair ; notre position est très claire ! Elle est d’une simplicité d’enfant. Elle est pour les petits enfants. Mais elle est d’une noblesse, d’une grandeur morale, d’une supériorité, que rien n’égale, et dont rien n’approche. « Tout sacrifice sera salé de feu ».
Que le Seigneur nous donne à tous, lorsque nous aurons terminé le dernier de nos services dans ce monde, lorsque pour nous s’achèvera le dernier acte d’une vie qui doit être une seule offrande pour Christ, que le Seigneur fasse que, jusqu’à cette heure, il soit le trésor de notre âme. Et que, chers amis, quand nous quitterons ce monde, notre coeur brûle à la pensée qu’enfin, nous verrons celui que nous aurons aimé et que nous aurons servi sans l’avoir vu. Quel bonheur, chers amis. Mais il n’y a rien de précieux au coeur de Christ comme cela. En son temps, au temps choisi par lui, au lieu choisi par lui, à la manière choisie par lui, il montrera, pour tous ceux qui l’ont aimé et suivi sans l’avoir vu — « Bienheureux ceux qui n’ont point vu et qui ont cru » (Jean 20:29) — que ce coeur aura été sensible à tout ce que le coeur des siens aura fait pour lui, et à tous ces renoncements secrets auxquels les siens auront consenti, par amour pour lui. Le temps de la moisson n’est pas maintenant. Le temps actuel, c’est le temps des renoncements et des services pour Christ. Et nous attendons le moment, chers amis, où nous serons avec lui, et où nous trouverons le repos avec lui.
« Tout sacrifice sera salé de feu » et « si le sel a perdu sa saveur… bon » (Matt. 5:13). Si un chrétien n’a plus de sel, à quoi est-il bon ? Ce qui garde de la corruption est ce qui a de la saveur, pour Dieu. Lorsqu’un chrétien devient mondain, aime le monde, il est pour le monde, et n’a, pour Dieu, plus de saveur. C’est très vite fait. On est très vite descendu du troisième ciel. On est très vite descendu, pour se traîner dans le courant des pensées, des appréciations humaines. C’est très vite fait. C’est pourquoi la vie chrétienne est un exercice permanent. Ceux qui disent que ce n’est pas un exercice permanent ne réalisent pas ce qu’est la vie chrétienne. Mais ce doit être une victoire permanente. C’est difficile, d’aimer quelqu’un qu’on n’a pas vu. Nous aimons quelqu’un que nous n’avons pas vu.
Les chrétiens qui aiment Jésus, qui montrent que leur vie est orientée vers Jésus, pour ainsi dire toute une existence, ceux-là rendent un témoignage à Jésus supérieur à toutes les paroles. Voilà quelqu’un qui aime quelqu’un que je ne vois pas. Les gens du monde devraient dire, en nous voyant : Voilà des gens qui ont un but. Cela devrait être clair, chers amis.
« Si quelqu’un veut devenir sage, qu’il devienne fou, afin de devenir sage » (1 Cor. 3:18).
Je trouve, pour ma part, qu’il n’y a rien de si éprouvant et de si difficile que de rester supérieur à l’influence des circonstances quotidiennes, c’est-à-dire de ne pas se laisser emporter par le courant des pensées humaines, et de garder, sur toutes choses, cet aperçu, ce jugement, cette vue des choses, qui est celui de Dieu. Tout nous tire en bas ; même nos devoirs, même notre devoir impératif de gagner notre vie quotidienne. Si nous n’y faisons pas attention, nous serons tirés en bas. Et, au lieu de réaliser ce service avec le Seigneur, nous le ferons sans lui. Et nous perdons tout le sel et toute la valeur du sacrifice à offrir à Jésus, dans l’accomplissement même de nos devoirs. Quel bonheur que notre Seigneur Jésus Christ ne nous ait pas dit de mensonge. Il ne nous a pas dit de mensonge ! Et quand Jésus dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il coupe sa main, à l’occasion ; qu’il la jette loin de lui », certainement, Jésus a raison. Cela ne se fait pas toujours ; il y a des occasions où cela doit être fait. Le Seigneur sait quand notre coeur est décidé à le faire. Si nous ne vivons pas avec Jésus dans notre vie quotidienne, tout la valeur, la beauté, la saveur, de la vie chrétienne, est perdue. C’est pourquoi nous voyons si souvent des chrétiens qui se traînent, se lamentent, gémissent, au lieu d’avoir, dans le coeur, cette source vivante de la grâce de Dieu, qui fait qu’on voit des choses, on voit des circonstances, on entend parler, mais : « Dans ce désert, je n’ai ni gain, ni perte, pas une feuille, pas un abri, pas une source où me désaltérer. Dans ce désert, je connais une route ». Chers amis, il n’y a rien au monde de plus beau que cet appel de Jésus, qui abreuve les siens et les rend étrangers et forains. Ils voient tout, beaucoup plus de choses peut-être que d’autres. Mais leur regard, fixé sur la gloire excellente de Dieu, leur fait sentir, leur permet d’apprécier, que, dans tout ce qu’ils rencontrent, à droite et à gauche, il n’y a rien pour eux dans cela : « Dans ce désert, sans abri, sans asile, n’offrant pas même un repos incertain ». « Ô mon pays, terre de la promesse, mon coeur ému de loin t’a salué ». Est-ce cela, chers amis ?
Et, dans ce jeu profond des affections pour notre Seigneur Jésus Christ, aucun sentiment charnel n’a de place. C’est l’action de Dieu, de sa Parole et de son Esprit, qui entretient, dans le coeur, des affections vivantes pour Jésus.
Chers amis, vous suivez celui que vous aimez ; vous suivez ce que vous aimez. Le chemin où vous marchez, c’est le chemin au terme duquel, au milieu duquel, vous avez votre trésor. Vous suivez ce que vous aimez.
Le Seigneur n’est pas un théoricien de la vie ni de la mort. Ce que le Seigneur nous dit, est ce que nous avons à savoir.
Je me rappelle la parole profonde de quelqu’un qui disait : Ce monde n’est pas un monde où on vit ; c’est un monde où on meurt. Je dis : Pour un chrétien, c’est un monde où un chrétien meurt. Comme dit l’apôtre Paul : « Je meurs chaque jour » (1 Cor. 15:31). Eh bien, c’est une chose remarquable, que le Seigneur nous enseigne par des exemples, quelques-uns que le Saint Esprit a pris dans la vie de Christ, des exemples de ceux qui ont entouré Jésus et auxquels il a parlé. Nous en avons encore deux ou trois dont je dirai quelques mots.
Il y a cet homme qui accourt vers le Seigneur. En voilà un qui a du sel ; il accourt. Le mot est là : « Un homme accourut, se jette à genoux ». Voilà quelqu’un, s’il en fût, au moins, à qui, a priori, on peut décerner un certificat de piété, d’attachement, et de discernement spirituel. Il accourt ; il se jette à genoux, dans une attitude qui témoigne en sa faveur. C’est quelqu’un qui est engagé avec Jésus.
Voilà un exemple frappant, chers amis. Voilà du sel ; voilà du feu. Voilà des attitudes qui ont l’air de ne pas mentir. Que fait Jésus ? L’homme lui pose une question. Et cette question ajoute encore aux deux attitudes de cet homme, pour nous faire croire qu’un travail profond a été fait dans son coeur. « Bon maître, que ferai-je afin que j’hérite de la vie éternelle ? ». Une telle personne, le Seigneur lui dit : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? » ; cet homme avait senti que Jésus était Dieu ; mais c’était confus. Il faut qu’il soit mis à l’épreuve. Alors le Seigneur lui dit (il le prend sur son propre terrain ; il prend cet homme sur le terrain où cet homme est) : « Tu sais les commandements ». Il lui parle des commandements. Le jeune homme soutient un choc. Il ne fléchit pas du tout : « Maître, j’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse ». Ce qui ajoute encore à la sympathie que nous pouvons avoir pour cet homme, c’est le verset 21, une des rares expressions semblables qu’on trouve dans tous les évangiles : « Jésus, l’ayant regardé, l’aima » (Luc 7:9). D’un autre, il est dit : « Jésus l’admira » ; là, il est dit : « Jésus l’aima ».
Voilà un homme qui se présente devant Jésus, et devant nous, comme quelqu’un à qui, a priori, on peut décerner un prix de piété et d’amour pour Dieu.
Pour un christianisme terrestre ou pour le royaume millénaire, cet homme était à peu près bien. Pour l’ancienne alliance, où Dieu avait promis beaucoup d’argent, beaucoup de biens, beaucoup de prospérité matérielle, c’était un homme qui était prêt à avoir la bénédiction. Combien d’entre nous pourraient dire qu’ils ont gardé ces choses dès leur jeunesse ?
« Jésus, l’ayant regardé » : nous trouvons plusieurs fois « Jésus le regarda ». Dans un passage, nous voyons que Jésus voit tout ce qui se faisait. Rien ne lui échappait ; d’un regard, il voyait tout. Puis il voyait ce qui se passe dans les coeurs.
Alors, c’est ce qui a scandalisé Pierre et les disciples. Un peu plus bas, ils s’en étonnèrent : « Qui peut être sauvé ? ». Voilà une pensée que nous aurions eue : Mais, si cet homme-là n’est pas sauvé, qui sera sauvé ?
Jésus le regarda ; Jésus l’aima. Est-ce que Jésus lui dit : Tu as la vie éternelle ? Non, chers amis. Jésus paraît très dur, ici, comme avec cette femme à laquelle il dit : « Le pain n’est pas pour les chiens » (Matt. 15:26). La femme prend sa place : « Mais même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres » (Matt. 15:27). Voici une épreuve qui, avant que le feu passe, met à l’épreuve toute offrande des croyants. La vérité de Dieu, maintenant et encore aujourd’hui, met à l’épreuve notre coeur. Voici une épreuve à laquelle cet homme n’avait jamais été soumis. Je passerai sur ceci, sur les détails.
« Une chose — une seule chose — te manque : va, vends tout ce que tu as… et viens, suis-moi, ayant chargé la croix ». Il ne lui dit pas qu’il perdrait tout. Il lui dit : Vends ce que tu as ; mais tu auras un trésor terrestre dans le ciel ; charge la croix. Mais il ne lui dit pas que son trésor terrestre est perdu. Il est, pour ainsi dire, transmué. Comme nous le trouvons dans une parabole, la parabole des richesses injustes, le Seigneur change l’or terrestre en richesses célestes. Il dit à ce jeune homme (il ne l’appauvrit pas ; il l’enrichit) : Va, vend ce que tu as, et tu auras un trésor dans le ciel. Le Seigneur est plein de grâce. Seulement, en attendant, suis-moi, ayant chargé la croix. C’est pour nous, chers amis, pour ceux qui ont des cheveux blancs, pour ceux qui sont jeunes. Jésus nous dit toujours cela, tous les jours.
« Suis-moi ». Qu’est-ce qu’il a fait, le jeune homme ? Il s’en alla tout triste. Ah, ne lui jetons pas la pierre ! Est-ce que nous ne faisons pas comme lui ? Quelqu’un dira : Oh, moi, je n’ai pas de grands biens ; je n’ai pas grand chose à lâcher. Eh bien, vous y tenez suffisamment pour ne pas suivre Jésus. Vous tenez à vous-mêmes, à votre façon de voir, à votre volonté, à vos affections, quelles qu’elles soient. Vous y tenez plus qu’à Jésus. C’est difficile, de prendre sa croix. Quelqu’un qui porte sa croix, qu’est-ce que c’est ? C’est un homme qui dit : Je suis mort. Avoir chargé la croix, c’est une mort. Si nous portions notre croix fidèlement, chers amis, tout Paris saurait que nous sommes des morts. « Ayant chargé la croix, viens, suis-moi ». « Ayant chargé la croix » : eh bien, chers amis, je désire redire ici, encore une fois, devant ce danger, cet affaiblissement, pour nous, de l’habitude dans la vie chrétienne, que nous ne jouissons de Christ et que nous n’avons la force de Christ, et que nous n’avons Christ avec nous, que dans la mesure où nous le suivons, ayant chargé la croix. Dieu sait de quelle manière chacun le fait, dans son coeur. Voilà la mise à l’épreuve. Peut-être que chacun de nous a une idole ; peut-être plus d’une, beaucoup d’idoles.
Je me souviens de quelqu’un qui disait ceci : Oh, quand je serai arrivé à ceci, je servirai le Seigneur. Il n’en a pas eu le temps. Demain n’est pas à moi. Aujourd’hui, je m’appartiens pour suivre et servir Christ. Demain, je serai peut-être avec lui. Et que le Seigneur le veuille.
Le christianisme est une vie active et quotidienne : « ayant chargé ta croix ». On pourrait dire (et les disciples étaient un peu scandalisés, et le disaient) : Seigneur, tu fais erreur ; voilà quelqu’un qui était disposé au mieux, et tu permets qu’il s’en aille ! Nous, chers amis, nous verrions quelqu’un ainsi, nous dirions : Il ne faut pas perdre un homme pareil ; il faut tâcher de gagner cet homme ; il est plein de zèle, plein de décision. Le Seigneur ne veut pas de menteur. Le Seigneur ne veut pas de mensonge, ne veut pas des morts. Le royaume de Dieu n’est pas le royaume des morts ; il est le royaume des vivants. Et si quelqu’un n’a pas la vie de Dieu, il faut le traiter comme quelqu’un qui est un mort, et qui n’est pas un vivant.
Qu’est-ce qu’il est advenu de ce jeune homme ? Nous n’en savons rien. Mais aujourd’hui, chers amis, une des formes de la séduction de l’ennemi, c’est de nous laisser croire : En voilà un très bien. Attention ! On entend dire souvent : Il a de la bonne volonté, de bonnes intentions. Il faut laisser le Seigneur le mettre à l’épreuve : « Va… et viens, suis-moi, ayant chargé la croix ».
La foi dit : Je suis content ; j’ai un trésor dans le ciel. La chair ne se contentera jamais d’un trésor dans le ciel, jamais. La chair ne marchera jamais avec un trésor dans le ciel et la croix sur la terre. La foi sera heureuse avec un trésor dans le ciel et la croix sur la terre.
Chers amis, que le Seigneur nous donne des oreilles pour retenir cela. Ce soir, tout à l’heure, demain, après-demain s’il y en a un, nous entendrons, vous entendrez, d’autres paroles. Vous entendrez le monde ; vous le verrez vous sourire. Vous l’entendrez vous mentir, et vous faire croire que ce monde est le monde des vivants, alors que c’est le monde des morts.
Mais Jésus ! Écoutez la voix de Jésus. Laissez-la s’inscrire dans votre coeur. Jésus nous dit encore, à tous, aujourd’hui : Va, vends ce que tu as ; coupe ta main droite ; viens, tu as un trésor dans le ciel ; prends la croix et viens, suis-moi.
Voilà le christianisme de tous les siècles. Est-ce que c’est facile ? Voyez ces pauvres disciples ! Ils étaient stupéfiés. Ils sont découragés. Ils auraient pu dire : Tu as laissé partir quelqu’un de très bien.
Chers amis, si Dieu ne tire pas quelqu’un, il n’est pas tiré. Et puis, le Seigneur, non seulement cela (c’est une chose extraordinaire), mais va encore renforcer la valeur de ses déclarations pour ses disciples. Il continue à leur parler dans le même sens. L’homme est parti. Où est-il parti ? Là où était son coeur, comme toujours.
Et puis, le Seigneur, au lieu de s’arrêter là, continue à travailler dans l’âme de ses disciples, et leur dit : « Je monte à Jérusalem ». Ils s’attendaient peut-être à ce qu’il aille régner ! Il allait mourir. « Le fils de l’homme sera livré… et il ressuscitera ».
Voilà ce qu’il nous dit, aujourd’hui encore.
Qui est-ce qui a suivi Jésus sans rien dire, dans ce chapitre ? Il y a quelqu’un qui a suivi Jésus sans rien dire. Cet aveugle, lui, a suivi Jésus. On n’a pas eu besoin de le lui dire. Il a jeté son vêtement et a suivi Jésus dans le chemin. Le tout dernier, cet aveugle qui n’avait pas vu Jésus, l’a suivi. C’est toujours vrai. Cet aveugle a suivi celui qui lui a donné la vue. Nous suivons celui qui nous a donné la vie. Si vraiment Jésus est celui qui a libéré notre conscience, qui a brisé nos chaînes, qui nous a fait connaître Dieu, si vraiment il y a eu, dans notre vie, ce travail de Dieu pour nous révéler Jésus, nous aimons Jésus. On n’a pas besoin de nous dire de l’aimer. Il nous faut Jésus. Nous ne pouvons pas vivre sans Jésus. Nous ne pouvons pas mourir sans Jésus.
Que le Seigneur nous donne de nous souvenir que, sans la croix, il n’y a pas de christianisme. Sans la croix, c’est-à-dire notre propre condamnation, il n’y a pas de christianisme.
Si quelqu’un ne croit pas en Jésus, qu’il croie en celui qui a versé son sang. Pour nous, chrétiens, quel est notre danger ? C’est de vouloir un christianisme sans danger, sans la croix, sans puissance, sans joie, sans liberté. Tandis qu’avec la croix de Jésus, si nous portons notre croix tous les jours, et dans la mesure où nous la portons tous les jours, nous sommes des chrétiens libres, supérieurs aux circonstances. Le monde aussi nous tente, nous appelle. Nous aussi, nous aimons tout ce que le monde offre, à commencer par ce que nous rencontrons dans la rue. Mais, si nous réalisons qu’à ces choses, nous sommes comme des morts, et si le Saint Esprit est puissant en nous pour nous faire jouir de Jésus, alors, « dans ce désert, je n’ai ni gain, ni perte ; pas un abri, pas une feuille verte ; dans ce désert… ». Que ce bonheur, chers amis, soit le nôtre ! Si nous sommes heureux en Christ, nous le servirons là.
[LC n° 51]
21 décembre 1952
Les évangiles se terminent d’une manière en rapport avec le caractère propre de chacun d’eux. Je n’ai pas la pensée d’entrer dans le détail d’une comparaison, mais de placer devant notre coeur à tous cette simple pensée, que le Seigneur n’a pas quitté la terre sans se faire connaître des Siens, sans parler aux Siens.
Il a quitté la terre d’une façon inconnue du monde. Une fois que les hommes ont cloué le Seigneur sur la croix et Lui ont percé le côté, à partir de ce moment-là, ils n’ont plus mis la main sur Lui. Nous savons comment le Seigneur a été descendu de la croix ; c’est Joseph d’Arimathée qui paraît. Dieu a préparé des serviteurs. Joseph d’Arimathée était un homme riche. Dieu, quand Il a besoin d’un homme riche, l’emploie, à sa place, comme Il emploie un pauvre quand Il en a besoin aussi. Il fait surgir Joseph d’Arimathée, qui va demander le corps de Jésus.
On prend le corps de Jésus ; et nous sommes invités, par la Parole même, à nous en tenir au langage de l’Écriture, et à ne pas entrer dans les détails que la Parole ne nous donne pas, soit pour la crucifixion, soit pour l’ensevelissement du Seigneur. Il ne nous appartient pas de donner des précisions sur ce que Dieu enveloppe Lui-même, revêt Lui-même, d’une décence, d’une convenance appropriées à la grandeur de Celui qui avait consenti à s’abaisser. Si le Seigneur s’est abaissé, c’est parce qu’Il était grand ; et si le Seigneur s’est anéanti, c’est parce qu’Il était Dieu.
Une créature qui sort de sa place, serait-ce même pour s’abaisser, pèche. La perfection pratique d’une créature consiste à rester où elle est, où Dieu l’a mise. Tandis qu’étant Dieu, il appartenait au Seigneur, selon que Philippiens 2 nous le dit (passage que nous connaissons très bien), qui est Dieu et homme, qui était Dieu, de s’anéantir ; c’est une prérogative divine. Et si on demandait des preuves de la déité du Seigneur, il ne faudrait pas oublier celle-là : le fait que le Seigneur a pu s’anéantir. La gloire du Seigneur brille en tout, quand Il s’élève, quand Il s’abaisse.
Donc, les actes qui ont marqué l’ensevelissement du Seigneur, du seul Juste, sont des actes très sobrement dépeints, dans l’Écriture. Il nous convient, là comme ailleurs, de nous en tenir strictement à cette sobriété, dictée par le Saint-Esprit. D’ailleurs, cette sobriété elle-même revêt les choses d’une grandeur qui convient à la personne du Seigneur.
L’humanité du Seigneur était absolument réelle. Elle est inexplicable, inscrutable : « Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11:27). On ne peut pas séparer en Lui les deux natures ; c’est impossible. Le vouloir, c’est déjà pécher ; l’essayer, c’est pécher. Sans compter que c’est — comme l’expérience l’a montré — s’engager sur un chemin si glissant que, sans doute, personne qui ait essayé d’y entrer n’en est sorti indemne et ne s’est pas rendu coupable de quelque blasphème à l’égard de la personne du Seigneur.
Il est Dieu ; Il est homme. Mais il n’appartient pas à l’oeil humain de séparer les deux natures en Lui. C’est le Seigneur, Dieu manifesté en chair.
D’ailleurs, les deux caractères, humain et divin, brillent dans tout ce que les évangiles nous en disent. On nous a rappelé, il n’y a pas bien longtemps — au culte, je crois — la description du voile du temple, dont nous avons le droit de dire qu’il représente Christ dans son humanité, puisque la Parole le dit. Eh bien, nous voyons que ce voile était tissé d’éléments divers, chacun parlant — à nous certainement beaucoup plus qu’aux Juifs — de quelque trait glorieux, soit humain, soit divin, du Seigneur.
Je fais, remarquer en passant, à cet égard, que dans le voile, il n’y avait pas d’or. C’est davantage le Seigneur sur la terre, davantage son humanité, que dans le vêtement sacerdotal, qui est constitué des mêmes éléments que le voile, mais avec, en plus, l’or, parce que le Seigneur est sacrificateur dans la gloire, dans la présence de Dieu.
Voilà donc l’ensevelissement d’un homme, bien-aimé Fils de Dieu, qui vient de passer par ce moment inexprimable des trois heures de la croix. Dans ces trois heures, où l’homme disparaît, tout ce qu’est Dieu, toute la nature de Dieu, tous les droits de Dieu, toute la gloire de Dieu, tout cela a eu son déploiement, dans son action, et son action judiciaire : Dieu sorti de son lieu et frayant un chemin à sa colère, comme il est écrit, donnant libre cours à sa colère, et seulement à cela. Dieu n’avait pour cela qu’un objet devant Lui, un point sur lequel s’est concentrée l’activité de sa colère. Pendant ces trois heures sombres de la croix, il n’y a eu aucune atténuation à sa colère. L’objet de son délice parfait était devenu l’objet de sa colère totale. Et si le Seigneur a accepté de prendre en main le salut du pécheur et de prendre sur Lui les péchés du pécheur, de la créature, des hommes pécheurs (bien entendu, de ceux qui ont cru), il fallait qu’Il fût traité sans aucune miséricorde. C’est là le mystère de l’offrande du Seigneur Jésus, insondable mystère devant lequel nous ne nous arrêterons jamais avec assez de révérence, insondable mystère de cette rencontre où Dieu le Fils, le Seigneur Jésus, s’est placé là, pendant les trois heures, pour supporter, pour épuiser, une fois pour toutes, tout le déploiement de la colère de Dieu, et accomplir une chose qui ne devait pas se renouveler, mais ne pouvait pas être arrêtée. C’est pourquoi l’Écriture dit : « une fois », « une fois ».
Ce que cette scène de la croix évoque en nous, croyants, par l’Écriture, comme pensée et source de méditation, c’est infini. Nous sentons là qu’il s’agit de la gloire même de Dieu, de ce qu’est Dieu, et de ce qu’est Dieu en face du mal. Il s’agissait que Dieu rencontre le mal, une fois pour toutes. Et cette rencontre a eu lieu sur la croix. Nous pensons au Seigneur ; nous le voyons, par la foi, et que ce soit avec révérence, sans sortir des limites que l’Écriture nous donne et des termes qu’elle emploie, et hors desquels nous glissons sur le terrain humain, soit de l’irrévérence, soit du rationalisme. Nous pensons à ce que l’Écriture nous dit. Nous voyons, par la foi, par l’Esprit, par la Parole, son corps sanglant, le corps sanglant de Jésus, son corps percé ; le sang de Jésus, ce sang qui crie et qui parle, car il fait les deux, le sang sorti de son corps, un corps semblable au nôtre. L’oeuvre que Jésus a accomplie, Il l’a accomplie au regard des hommes, au regard des êtres moraux aussi, des anges ; Il l’a accomplie dans la honte. Nul d’entre nous ne voudrait être offert en spectacle de cette façon-là. Je ne parle pas de l’expiation, mais simplement du spectacle humain selon lequel le Seigneur a été offert dans des conditions pareilles, devant les regards de tous les hommes, et devant le diable et ses anges, dans la honte. Aucun opprobre ne Lui a été épargné, aucun. Dieu le permettait ; Dieu gardait le silence, pour ainsi dire. « C’est ici votre heure », est-il écrit, « et le pouvoir des ténèbres » (Luc 22:53), a dit le Seigneur. C’était l’heure : « Je suis venu pour cette heure ». « Père, si tu voulais me délivrer de cette heure, mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure » (Jean 12:27).
Chers amis, que nos coeurs s’arrêtent, nos coeurs remplis de folie, nos coeurs qui pensent bien plus volontiers et qui s’arrêtent bien plus volontiers — ils ne font pas qu’y penser — à la moindre bagatelle, plutôt que de s’arrêter devant le spectacle du Fils de Dieu, du saint Fils de Dieu, du Juste. C’est son titre ; c’est le titre que Dieu lui donne. Et c’est le titre que Dieu a fait proclamer même par un homme du dehors : « En vérité, cet homme était juste » (Luc 23:47) C’est son titre : Jésus Christ, le Juste ; « vous avez mis à mort le Juste : il ne vous résiste pas » (Jacq. 5:6). Nous n’avons pas l’idée, chers amis, de ce qu’est le Seigneur, de ce qu’est le Juste, parce que nous sommes tissés d’injustices. Le péché ne pèse pas lourd, à notre conscience ! Une mauvaise pensée, nous avons vite fait de l’oublier, en passant à une autre, chers amis ! Mais tout cela a pesé sur le coeur du Seigneur ; et tout cela a pesé sur le Seigneur dans son âme, lorsque, pour tout cela, et pour la moindre pensée légère qui a jamais traversé l’esprit, le coeur, d’un croyant, le Seigneur a dû répondre devant la majesté de Dieu déployée. Il a dû répondre pour la moindre de ces pensées légères, si on peut qualifier quelque chose de moindre, dans ce qui est péché.
Ah, chers amis, notre mesure des choses divines est très basse. Un des succès de l’ennemi, c’est de l’abaisser toujours plus. Mais Dieu n’en change pas pour autant. Eh bien, nous avons devant nous cette scène de notre Seigneur Jésus Christ pendant les trois heures des ténèbres ; et, après les trois heures, le corps sanglant du Seigneur. Il remet son esprit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Luc 23:46).
Et puis, Dieu a dirigé les uns et les autres, Joseph d’Arimathée et d’autres, pour s’occuper du corps de son Fils bien-aimé. Quelle scène, chers amis ! Qu’est-ce qu’il y avait, dans le coeur du Père, quand son Fils était frappé par les coups de Dieu ? Qu’est-ce qu’il y avait, dans le coeur du Père, de la troisième à la sixième heure, lorsque le coeur de l’homme s’est ouvert, sans honte, sans retenue ? « L’inique ne connaît pas la honte » (Soph. 3:5), dit le prophète. Le coeur de l’homme s’est ouvert et a déversé tout son fiel à l’égard du Fils de Dieu. Qu’est-ce qu’il y avait, dans le coeur du Père, dans le coeur du Fils, chers amis ? Il est bon de refaire ce chemin, de s’y arrêter, car nous prenons là la mesure divine du bien et du mal ; et c’est une chose excellente pour nos consciences et pour nos coeurs.
Eh bien, quand la scène est passée, Jésus, d’une forte voix, remet son esprit. Il avait le pouvoir de laisser sa vie. Il la laisse ; on ne la Lui a pas ôtée. Pas plus que le Seigneur ne pouvait mourir de maladie, ce n’était pas possible, de la même façon, il avait le pouvoir de laisser sa vie. L’oeuvre d’expiation était faite. Pourquoi a-t-Il laissé sa vie ? Parce qu’Il avait entrepris notre salut, et que nous sommes des êtres qui meurent. Nous mourons ; nous sommes voués à la mort. Eh bien, Il a passé partout où nous étions, pour nous délivrer de tout ce à quoi nous étions assujettis. Il n’a rien laissé. Il n’y a plus rien à revoir ; c’est un travail très bien fait, parfaitement achevé.
Mes péchés, nos péchés à nous, croyants, Il les a portés pendant les trois heures. Mais ne soyons pas remplis d’une allégresse légère, en pensant que le Seigneur a porté nos péchés, pour ensuite faire nos quatre volontés, comme si nous ne savions pas que nous sommes lavés de nos péchés dans le sang de Jésus ! Que Dieu nous en garde ! D’ailleurs, nous aurons à en répondre. Et la scène, à ce moment-là, même si elle n’est pas une scène de jugement, n’en sera pas moins solennelle pour autant. Mais, à la fin des trois heures, la mort n’était pas encore vaincue. Le diable avait le pouvoir de la mort ; il avait reçu ce pouvoir de Dieu même. C’est un droit que le diable a. L’homme s’est livré, pieds et poings liés, au diable. Les hommes se moquent ; ils prennent le nom du diable dans leur bouche tant de fois par jour ! Il faut espérer que personne, ici, ne le fait, en tout cas pas de cette façon-là. Les hommes sont esclaves et ne s’en rendent pas compte. Ils sont esclaves du diable, et ils se disent très libres. On parle de liberté, d’affranchissement, de supériorité, de progrès du vingtième siècle. L’homme se croit très en avance, et l’homme n’a jamais été si esclave. Jamais l’homme n’a eu autant de jouets mis par le diable entre ses mains. Aujourd’hui, avec un jouet, il mène une âme en enfer. Il multiplie les jouets ; beaucoup de ces jouets sont des jouets criminels, qui font mourir beaucoup de monde. Voilà tout ce monde qui va en enfer. Voilà le progrès vu du côté de la Parole de Dieu. C’est un très grand progrès du diable. Il n’a pas fini ; il ira encore plus loin ; l’Écriture nous l’apprend ! Est-ce que quelqu’un serait emporté par ce tourbillon-là ? D’abord dans ses pensées, dans ses illusions et peut-être dans ses voies, peut-être dans son coeur ! C’est très sérieux, très solennel !
Eh bien, le Seigneur est entré dans la mort. Il est mort ; Il a laissé sa vie ; Il a traversé le tombeau. C’est une chose maintenant traversée. Il est sorti du tombeau ; nous le voyons, c’est notre lecture. Le tombeau est une chose connue ; la mort a été visitée. L’Ancien Testament nous donne des figures ; le Nouveau Testament nous donne des choses réelles. L’Ancien Testament nous dit : Regardez au fond du Jourdain. Qu’est-ce qu’on y voit, et qu’est-ce qu’on voit de l’autre côté du Jourdain ? Il y a douze pierres au fond du Jourdain. C’est un fleuve unique au monde, unique. L’eau a recouvert les pierres ; elles y sont, dit l’Écriture, jusqu’à ce jour. Que sont-elles devenues ? Dieu le sait. Peu importe. N’allons pas nous égarer, comme le font tant de personnes — et c’est une victoire de l’ennemi sur les esprits des chrétiens, souvent, de les égarer dans des considérations historiques et géographiques. Ce n’est pas pour cela que Dieu nous parle. S’il a traité en à peine plus d’un chapitre la création, ce n’est pas pour nous inviter à aller nous perdre dans ces choses-là. S’il avait voulu nous en dire plus, Il l’aurait fait, et nous en savons assez. Et la plupart du temps, nous en savons beaucoup plus que beaucoup de gens qui croient en savoir beaucoup. Qu’est-ce qu’il y a, au fond du Jourdain ? Douze pierres. Que signifient-elles ? À un moment donné, le Jourdain a été à sec. Quelqu’un a passé ce fleuve. Il regorgeait par dessus tous ses bords. Une puissance est intervenue ; le fleuve s’est arrêté, et le peuple a passé. Pendant ce temps se tenait au fond du Jourdain l’arche de Dieu Lui-même, puissance vivante, vivifiante, puissance suprême de Dieu Lui-même. Son peuple a passé parce que son Dieu était là, et que la mort a été visitée. Le pouvoir de la mort a été ôté des mains de celui qui tenait ce pouvoir, et à qui aucun homme ne pouvait le ravir. Et le Seigneur est sorti de l’autre côté du Jourdain. Il y a aussi des pierres tirées du fond du Jourdain, et qui sont les témoins que quelqu’un a été au fond du Jourdain et en est sorti ; c’est la résurrection.
Quand nous lisons ces passages (il faut les lire avec prière et crainte, et y trouver la pensée de Dieu), nous éprouvons que ce sont des choses très belles, et non pas seulement pour étonner les gens ou susciter la révolte de tous les incrédules de tous les temps, de tous les rationalistes (qui veulent nous faire croire que Dieu n’était pas là quand Dieu était là, et qui nous feraient croire de la même façon que la mort n’a pas été vaincue quand elle a été vaincue, que l’expiation n’est pas faite quand elle est faite, et que Dieu n’ouvre pas ses bras à quiconque vient à Lui par Jésus, et qu’il y a d’autres chemins que celui-ci). Tous les rationalistes de cette espèce sont des gens du diable.
Nous savons ce que c’est que d’être incrédules. Nous ne sommes pas nés chrétiens. Nous savons tous ce que c’est que de discuter, de rejeter, d’expliquer, de détruire, dans l’Écriture, les passages les plus beaux et les plus forts, de chercher à détruire ce qui est de Dieu, pour ramener toutes choses au niveau de l’homme. Cette page est tournée, pour le croyant, Dieu soit béni ! Est-elle tournée pour tout le monde, ici ?
La mort est vaincue, et le Seigneur a les clés de la mort et du hadès ; personne d’autre ne les a, personne.
Quand on nous raconte qu’on fait revenir les esprits des morts, nous ne trouvons pas cela, dans l’Écriture. Dieu a pu le permettre, certaines fois, comme dans le cas de Samuel. À ce moment-là, la mort n’était pas encore vaincue, mais peu importe, Dieu est souverain. Mais les esprits des morts sont dans la main du Seigneur ; Il tient les clés de la mort et du hadès. Ne confondons pas les ruses du diable avec son pouvoir, qui lui a été maintenant ôté. Qu’il y ait une réalité, oui, mais dans l’activité de la séduction du diable ; et que de mal a-t-elle fait ! C’est pourquoi nous avons à nous garder de tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à cela. Et peut-être faut-il le dire aux chrétiens aujourd’hui.
Le Seigneur est ressuscité. C’est un jour illuminé. Un soleil s’est levé, quand le Seigneur est ressuscité, jour semblable à nul autre.
Le Seigneur est resté quarante jours avec les Siens, après être ressuscité. Il y a deux faits qui marquent la vie du Seigneur après sa mort : sa résurrection, le troisième jour, et ensuite son ascension. Non seulement le Seigneur est ressuscité, mais Il a été élevé au ciel. Il est à la droite de Dieu.
« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » (Luc 24:5). Il est monté au ciel en bénissant. Ce geste est valable pour nous. Il pouvait bénir ; rien ne L’empêchait de bénir. Pourquoi ? Parce qu’Il avait accompli son oeuvre, au sujet de laquelle il disait : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli » (Luc 12:50).
Avant la mort du Seigneur, Dieu a béni autrefois un Abel, un Abraham, et beaucoup d’autres. Mais Il avait devant Lui la croix, comme nous l’apprend l’épître aux Romains, lorsqu’elle parle « du support des péchés précédents » (3:25). Sans la croix, Il ne pouvait pas nous bénir.
On a présenté, dans nos temps dits modernes — mais qui sont d’une très ancienne incrédulité — un évangile qui prétend que Dieu pouvait bénir l’homme tel qu’il est, sans qu’intervienne la mort de Christ, et en ne présentant le Seigneur que comme modèle ! Si quelqu’un enseigne une chose pareille, qu’il soit anathème. « Quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème » (Gal. 1:8). En effet, c’est couper la vérité de Dieu dans sa racine. Il n’y a pas de réconciliation possible de Dieu avec l’homme sans la mort de Jésus, sans que la mort passe, sans le sang versé. Jésus n’est pas un modèle, pour un pécheur. S’il y a ici un pauvre pécheur, qui n’est pas converti et qui s’applique à imiter le Seigneur, nous lui disons qu’il fait entièrement fausse route. Le Seigneur n’est pas un modèle pour le pauvre pécheur ; cela n’existe pas, dans l’Écriture. Nous trouvons : « Il est un modèle afin que nous suivions ses traces » (1 Pier. 2:21) ; qui, nous ? Les croyants. Dieu serait cruel de dire à un pauvre pécheur inconverti : Imitez mon Fils bien-aimé. Nous avons déjà de la peine, nous, vrais croyants, qui avons la nature divine, à imiter le Seigneur. Un pauvre pécheur, Dieu ne le tient pas dans une erreur pareille. Dieu lui dit : Croyez que le Seigneur est le Sauveur. S’il y a ici quelqu’un qui n’est pas converti, nous lui prêchons Jésus comme Sauveur. Mais pour nous tous, croyants, Il est aussi notre modèle. Pourquoi ? Parce qu’Il est notre vie, la vie de chaque croyant. Ce qui a été lu en lui doit se lire en nous. C’est beaucoup dire, mais c’est Dieu qui le dit.
Le Seigneur est resté quarante jours avec les disciples ; puis Il a été élevé au ciel, bénissant les Siens. Cette phase de la vie du Seigneur, de son existence éternelle, cette phase qui a commencé à la crèche et fini au tombeau, est passée. Elle est finie ; mais le Seigneur est homme pour toujours.
Eh bien, quel enseignement nous donnent les scènes du tombeau ! En Matthieu, quel enseignement nous donne l’attitude de Marie de Magdala et de l’autre Marie ! Nous, quand nous venons à la réunion, il suffit bien souvent, hélas, de peu de choses pour nous distraire ; on regarde ceci, cela, et même, on est distrait quelquefois sans rien regarder. Mais Marie de Magdala, au tombeau, dans Jean 20 et ailleurs, voilà une femme qui va au tombeau, et elle ne cherchait que le Seigneur ! Là où le Seigneur n’était pas, son coeur était vide. Elle savait ce qu’elle devait au Seigneur. Elle avait eu sept démons ; nous n’en avons pas eu autant, mais nous sommes autant redevables au Seigneur. Lequel d’entre nous oserait donner la liste de ce qu’il a fait, liste sur laquelle le sang de Jésus a passé ? Est-ce que nous y pensons un peu ? Alors chacun de nous peut dire : Mon Seigneur, mon Sauveur, a effacé cela ; son sang a effacé cela ; il y a longtemps que cela a été fait ; Il m’a aimé au point d’effacer cela, cette tache ! Il y en a Un qui m’a aimé et qui a blanchi cette page de ma vie. Est-ce que je n’ai pas à l’aimer ?
Marie de Magdala ne disait pas qu’elle aimait le Seigneur ; elle le montrait. On ne pouvait pas l’arracher à son Sauveur. Elle va au sépulcre ; il est vide. Voilà cette pauvre femme qui ne sait plus où aller. La terre sans Jésus, c’est un sépulcre vide. Est-ce ainsi, pour nous ? Sommes-nous malheureux, si nous n’avons pas Jésus dans notre coeur ? Avons-nous envie d’aller de droite, de gauche, peut-être de faire de grands et beaux voyages pour nous distraire ? Cela ne remplira pas notre coeur. Et puis, deux anges apparaissent, deux anges brillants. Si deux anges apparaissaient ici, devant nous tous, nous ne verrions qu’eux, nous n’aurions de regards que pour eux, d’oreilles que pour ce qu’ils disent, de regards que pour ce qu’ils sont. Cette femme, non, pas du tout. Elle n’est pas arrachée à ses affections. Cette âme-là n’est pas distraite de ses affections, pas le moins du monde. C’est de toute beauté, cela ! Il y en a une qui la dépasse, mais probablement pas deux. C’en est une qui, elle-même, n’est pas là, au tombeau, qui ne venait pas chercher parmi les morts celui qui est vivant. C’était celle qui, au moment voulu, quand l’instant a passé, quand l’occasion d’un instant s’est offerte, avait un vase pour oindre le Seigneur, et l’a fait.
Marie de Magdala dit aux anges : « Je cherche mon Seigneur et je ne sais où on L’a mis ». Est-ce que notre coeur en est là ? Dites-moi ce que vous voulez, présentez-moi ce que vous voulez, mon coeur ne peut être satisfait que par Celui qui m’a aimé. Ce ne sont pas des paroles, car Marie parle peu, ici ; elle agit. Les discours, ce sont choses faciles ; mais notre coeur, où est-il ? Est-il pour ce monde, notre coeur ? Voilà, chers amis, ce que ces femmes nous disent.
Pierre, c’était un apôtre, le premier des douze, incontestablement — même aux yeux des douze. Où est-ce qu’il va ? Chez lui. Cela nous arrive souvent, d’aller chez nous. Il avait un chez lui ; Marie de Magdala n’en avait pas, quand elle ne savait pas où était son Seigneur.
Chers amis, que de choses passent avant le Seigneur. Et Il nous met à l’épreuve tous les jours. Tous les jours, Il nous dit : Tu préfères cela à moi-même ; nous le savons bien. Il nous met à l’épreuve tous les jours, et tous les jours nous sommes, ou comme Marie de Magdala dont le coeur est fixe, ou comme ceux dont le coeur est distrait.
C’est écrit pour l’éternité. Pendant l’éternité, on saura que Marie de Magdala était là et que, sans être distraite par les deux anges, c’est son Sauveur qu’elle voulait. Pendant l’éternité, on saura que Pierre, qui aurait dû être le premier dans cette scène, ainsi que Jean qui, pourtant, est appelé le disciple que Jésus aimait, n’étaient pas là.
Qu’est-ce qui passe avant Jésus dans notre coeur, chers amis ? Si nous ne veillons pas, beaucoup de choses. Mais si nous veillons, nous disons : Seigneur, aide-moi à ce que tu aies véritablement, jour après jour, la première place.
Dans Matthieu, le Seigneur ressuscité se présente en Galilée. La Galilée, c’était la partie pauvre du pays. La partie religieuse, le foyer religieux, et aussi le foyer de l’inimitié, c’était Jérusalem. Tous ces scribes, tous ces anciens, tous ces « officiels », leur siège était Jérusalem. C’étaient les grands ennemis du Seigneur. Ils étaient là, concentrés dans cette ville. La plus grande partie de son ministère se passe en Galilée ; et, à la fin (Il y est venu d’autres fois), Il s’approche de Jérusalem, et se heurte à tout ce qui est établi, qui se prévalait des déclarations anciennes. Et quelle rencontre que celle du Seigneur avec tous ces pharisiens et ces scribes, tous ces anciens qui sont là et qui sont, au premier chef, les coupables de la mort du Seigneur !
Le Seigneur annonce qu’Il verra les apôtres en Galilée. Il s’est présenté en Galilée, et plus tard Il s’y présentera aussi. Mais en attendant, Il nous apprend ici : « toute autorité m’a été donnée » (Matt. 28:18). Il a toute autorité ; et c’est pourquoi Il envoie baptiser pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est la formule du baptême chrétien, puisque la trinité s’est révélée dans le christianisme. Les Juifs, responsables de maintenir le témoignage à un seul Dieu en présence des multitudes d’idoles, s’élèvent contre le Seigneur. Ils se sont révoltés contre Lui. On a souvent remarqué qu’une vérité divine nouvelle met à l’épreuve ceux qui possèdent une vérité ancienne. C’est le don, par Dieu, d’une vérité nouvelle, qui met la foi à l’épreuve. On l’a vu au siècle dernier.
Dans l’évangile de Jean, l’envoi que le Seigneur fait de ses disciples est en rapport avec sa personne : Je vous envoie. Ici, c’est plutôt en rapport avec le lieu, la Galilée. Ils partent de là, et sont envoyés évangéliser les nations, chose qui a été faite. Beaucoup de nations ont été baptisées pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui, il y a beaucoup de chrétiens. Sur eux a été invoqué le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, ce qui est la définition du chrétien, ce qui établit la frontière entre le christianisme et les paganismes divers. Les Mahométans, par exemple, même s’ils connaissent une partie de l’Ancien Testament, n’invoquent pas le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est propre au christianisme professant. Si les vrais croyants seulement étaient baptisés, il n’y aurait pas de profession chrétienne, embrassant également des âmes qui n’ont pas la vie. Or il y a une telle profession chrétienne.
Dans Luc, nous voyons que les disciples devaient attendre d’être revêtus de puissance d’en-haut, et que le Seigneur leur ouvre l’intelligence pour entendre les Écritures. Par cette intelligence, ils ont appliqué l’Écriture pour le choix du successeur de Judas. Mais la puissance qu’ils devaient recevoir avant de quitter Jérusalem, c’est le Saint Esprit venu à la Pentecôte.
Dans Jean 20, nous trouvons quelque chose de semblable. Il souffla en eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint ». Mais ce n’est pas la personne du Saint Esprit, qui ne devait venir qu’à la Pentecôte.
Heureux sommes-nous d’être en rapport avec quelqu’un qui peut nous bénir, nous ouvrir son coeur et ses mains qui ont été percées, quelqu’un qui a été mort, mais qui est ressuscité et assis au-dessus de tous les cieux, toute autorité Lui ayant été donnée. Cette autorité — nous sommes heureux de le savoir — nous la partagerons, dans une mesure, avec Lui.
Combien nous sommes heureux de savoir qu’Il est puissant, plein de grâce pour nous aimer tels que nous sommes, et puissant aussi pour opérer en nous tels que nous sommes.