Philippe Laügt
Novembre 2004
Table des matières :
1 - Ne pas être la cause de fautes chez nos frères
2.2 - La chute, et ce qu’elle nous montre
3.2 - Quand on quitte le chemin de la foi
3.3 - Les conséquences d’avoir séjourné dans le monde
4.3 - Après la naissance d’Isaac
5 - Femmes vertueuses et leur influence
5.1 - Acsa en rapport avec Othniel
5.2 - Abigaïl en rapport avec David
6 - Jézabel poussant Achab au mal
7 - Influence de Sodome sur Lot et sa famille
8 - Mauvaise influence d’un proche
9 - Hophni et Phinées : effets du contact avec la maison de Dieu
11 - Au temps de Malachie : Influence des sacrificateurs sur le peuple
12 - Livre des Juges : influence du monde environnant
13.2 - Influence positive exercée par Gédéon
13.3 - Influence négative exercée par Gédéon
14 - Influence de Samuel sur le peuple
15 - Influences variées des rois sur le peuple
15.1 - Un roi comme les nations
15.2 - Rois fidèles ou infidèles. Fidélité de Dieu : les prophètes
16 - David et Saül et leur entourage
17 - Le résidu remonté de captivité
17.1 - Reconstruction et opposition des nations environnantes
18 - Influence de Pierre sur les disciples
18.2 - Recommencer les anciennes activités
18.3.1 - Le remplacement de Judas
18.3.2 - En face d’Ananias et Saphira
18.3.3 - Avec les judaïsants à Antioche, puis à Jérusalem
19 - Influence d’Aquilas et Priscilla
19.1 - Aides pour l’apôtre Paul
20 - Les services et aides rendus par Onésiphore
21 - Le dévouement d’Épaphrodite
22 - Timothée, son rôle vis-à-vis des saints
Nous avons par notre conduite une grande influence sur notre entourage.
Elle peut être bonne ou néfaste : en sommes-nous toujours conscients
?
Souvenons-nous que nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Dieu, et chacun
rendra compte devant Lui (Rom. 14:10-11 ; 2 Cor. 5:10).
Si notre exemple provoque un faux-pas chez notre frère, ne pensons-nous
pas parfois, comme Caïn, qui, lui, le dit ouvertement à Dieu : « Suis-je,
moi
, le gardien de mon frère ? ». S’il y a de telles pensées dans
notre cœur, il faudra un jour entendre à notre tour cette solennelle interrogation :
« Qu’as-tu fait ? » (Gen. 4:9).
Veillons soigneusement à ne pas exercer sur notre frère ou notre
sœur en Christ une fâcheuse
influence. Ne mettons pas une pierre d’achoppement
ou une occasion de chute devant eux. Craignons de les détruire
, pour reprendre
l’expression si forte de l’Écriture
(Rom. 14:15).
Au contraire excitons-nous mutuellement à l’amour et aux bonnes œuvres
(Héb. 10:24-25). Ayons, avec l’aide du Seigneur, un grand
désir d’être « le modèle
des fidèles, en parole, en conduite, en amour,
en foi, en pureté » (1 Tim. 4:12 ; 2 Pierre 3:11).
On trouve, dans l’Écriture, bien des personnes qui ont
exercé
une bonne ou une mauvaise influence sur leur entourage. On y voit aussi les conséquences
de ces influences sur ceux qui y ont été exposés. L’examen de quelques-uns de ces
cas peut se révéler utile et être souvent une mise en garde.
Le Dieu suprême (Elohim, le pluriel d’Eloah) est à l’origine de toutes les merveilles de la Création (Prov. 8:27-31). Par un acte souverain, il forme l’homme à son image, et en fait son représentant, le chef sur la terre de toute cette création.
Adam, placé dans un jardin de délices planté pour son bien-être,
est chargé de le cultiver et de le garder (Gen. 2:8-9:15).
Il peut manger librement de tout arbre du jardin sauf
de l’arbre de la connaissance
du bien et du mal. Dieu l’a averti : « Au jour où tu en mangeras, tu mourras
certainement
» (Gen. 2:16-17). Adam a été
créé libre
, mais il doit obéissance
à son Créateur.
Aucun autre être vivant dans la création n’a les mêmes facultés supérieures
ni les mêmes exigences dans ses affections que l’homme. Dieu connaît ses besoins
et il veut, dans son amour, y répondre : « Il n’est pas bon que l’homme
soit seul, je lui ferai une aide qui lui corresponde ». Alors Il fait tomber
un profond sommeil sur l’homme et lui donne une
femme
, aide intelligente,
dotée d’affections, comme lui.
C’est aussi déjà, en même temps, une figure du grand mystère de l’Église,
l’épouse de Christ. Ce dernier est entré dans le sommeil de la mort
, sur
la Croix, pour l’acquérir (Gen. 2:21-22 ; Éph. 5:29).
Transporté de joie, Adam s’écrie : « Cette fois, celle-ci
est os de mes os et chair de ma chair ». La femme n’a pas été tirée directement
,
comme lui, de la poussière du sol, mais Dieu l’a formée d’une côte prise à Adam
et l’a amenée vers l’homme, qui s’attache à elle. Désormais ils sont une seule chair !
Mais le bonheur innocent d’Adam et d’Ève en Eden sera de courte durée.
L’histoire du péché
, de la souffrance
et de la mort
commence,
quand Satan, sous la forme du Serpent ancien (Apoc. 12:9 ;
20:2), s’introduit dans le jardin et réussit à capter la confiance de la femme.
Il introduit dans le cœur d’Ève un
doute
à l’égard
de son Créateur : « Quoi, Dieu a dit ? ». Il profite de la faiblesse
de la créature à laquelle il s’attaque et ose contredire les paroles divines, en
affirmant : « Vous ne mourrez point certainement » (1 Pierre 3:7 ;
Gen. 3:1-4).
Ève n’a pas gardé sa place, celle de la dépendance
. Elle n’a
pas cherché à connaître d’abord
la pensée de son mari : « La femme
vit que l’arbre était bon
à manger, et qu’il était un plaisir
pour
les yeux et que l’arbre était désirable
pour rendre intelligent et elle prit
de soin fruit et en mangea » (Gen. 3:6).
On trouve dans cette scène de la Genèse les choses qui sont toujours dans le monde, et dont parle l’apôtre Jean : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie. Or la Parole de Dieu avertit solennellement : « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui » (1 Jean 2:15).
Ève, dès le début de cet entretien, en répondant à Satan, a déjà
déformé
les paroles de Dieu, qui n’a pas dit de ne pas toucher ce fruit (Gen. 3:3). Elle écoute
les mensonges du diable. Séduite,
elle prend
du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, et tombe
dans la transgression (2 Cor. 11:3 ; 1 Tim. 2:13-14). Puis « elle en donne
à son mari pour qu’il en mange avec elle
, et il en mangea
» (Gen. 3:6).
La femme se sert ici auprès de l’homme de la même séduction dont
le Serpent a usé à son égard. Sensible à cette tragique influence
, l’homme
succombe à son tour. Il se montre incapable de refuser le fruit que sa femme lui
apporte. Il désobéit ouvertement au commandement divin. Les conséquences de cette
conduite seront terribles pour toute l’humanité : « Par un seul homme
le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort est
passée à tous les hommes, en ce que tous ont péché » (Rom. 5:12).
Adam rejette la responsabilité de sa désobéissance non seulement
sur Ève mais sur Dieu lui-même ! « La femme que tu m’as donnée
pour être avec moi — elle,
m’a
donné de l’arbre, et j’en ai mangé »
(Gen. 3:12). La mauvaise influence d’Ève est évidente,
mais la responsabilité d’Adam est entière
, même si son péché est lié à des
affections légitimes pour sa femme.
Dans ce même livre de la Genèse, Dieu appelle un autre homme à se
séparer de l’idolâtrie
qui a fait d’effrayants progrès après le déluge. Il
lui fait des promesses inconditionnelles de bénédiction et lui annonce qu’il sera
lui-même une bénédiction (Gen. 12:2-3). Abram obéit à l’appel du Dieu de gloire et s’en va vers le lieu
qu’il doit recevoir en héritage, ne sachant où il allait (Act.
7:2 ; Héb. 11:8-9).
Son neveu Lot l’imite
. C’est un croyant, mais il n’a pas reçu
le même appel céleste qu’Abram. Marcher avec la foi
des autres
conduit à la chute. Abram a déjà été
retardé
dans sa marche, jusqu’au moment de la mort de son père Terakh à Charan (Gen. 11:32). Ce n’est pas vraiment quitter
sa parenté,
que d’emmener Lot. Celui-ci sera pour lui une écharde, et pour ses descendants,
la famille de Lot sera un véritable fléau.
Abram entre en Canaan, le pays de la promesse,
mais la famine survient et sans rechercher la pensée de Dieu, il descend
en Égypte, toujours suivi par Lot. « Satan est satisfait lorsqu’il réussit
à nous éloigner par
la
peur
, du sentier pur et simple de la
foi » (Darby).
En approchant de ce pays, Abram commence
à être inquiet. Son entente secrète avec sa femme est coupable (Gen 12:13). Saraï est entraînée dans
un mauvais chemin : le mensonge d’Abram les met bientôt
dans une situation critique. Le croyant le plus pieux, s’il quitte la place que
le Seigneur lui donne, peut être amené à renier
sa relation avec Dieu.
D’abord bien traité par le monde, Abram est alors chassé par le Pharaon (Gen. 12:20) et remonte à Béthel, où il a bâti un autel au commencement. Mais il semble bien qu’il emmène, outre toutes les richesses acquises dans le monde, une servante égyptienne, Agar, qui jouera plus tard un rôle important dans ce foyer.
Le séjour en Égypte laisse d’autres traces
, en particulier
dans l’esprit de Lot. Il a été témoin de l’attitude équivoque d’Abram. Il est aussi désormais attiré
par l’Égypte. Il
a goûté au monde, et il ne l’oubliera pas ! Nos
erreurs ont de fâcheuses
conséquences sur les autres. Un enfant de Dieu peut parfois exercer une influence
négative
sur son entourage.
Bientôt « l’ami de Dieu », « le père de tous ceux
qui croient » (Jacq. 2:23 ; Rom. 4:11) engage
son frère
à s’en aller : « Sépare-toi
, je te prie, de moi ».
Leur bien est grand, ils ne peuvent plus habiter ensemble, le pays ne peut plus
les porter, des querelles menacent d’éclater entre leurs bergers (Gen. 13:8-9). Le monde est toujours à l’affût des difficultés
entre croyants : poursuivons la paix avec tous (Rom. 12:18). Cette épreuve
met en évidence les dispositions des cœurs. Il y a des tendances mondaines, jusqu’ici
cachées, chez Lot mais Abram montre une noble attitude
dans cette affaire.
Animé d’un esprit de douceur et de renoncement, il laisse son neveu
Lot choisir le pays vers lequel il veut se diriger. Au lieu de rechercher la pensée
de Dieu, Lot lève les yeux, et voit la plaine du Jourdain arrosée partout,
« comme le pays d’Égypte
, quand tu viens à Tsoar »
(Gen. 13:10). Il décide de s’y rendre.
Il a choisi ce qui lui plaît,
amorcé par sa propre convoitise.
Il s’établit ensuite de plus en plus dans ce monde. Souvent, l’éloignement du Seigneur
a un caractère progressif, insidieux. Chaque fois qu’un chrétien même pieux agit
selon la chair
, comme Abraham lors de sa descente en Égypte, ses faux-pas
servent de caution
à d’autres. Prenant exemple
sur lui, on s’autorise
à faire les mêmes écarts. C’est toujours par la foi et par une communion personnelle
avec Dieu que l’on doit chercher à régler sa conduite !
L’Éternel donne à Abram restauré cette assurance : « Je suis ta très-grande récompense » (Gen. 15:1-6). Le patriarche s’enhardit alors à évoquer les promesses antérieures : Dieu avait dit : « Je te ferai devenir une grande nation, ta semence sera comme la poussière de la terre » (Gen. 12:2 ; 13:16).
Or le patriarche avance en âge et il est sans enfant
. Il doit
encore faire l’expérience que ce que Dieu a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir.
Sa puissance s’accomplit dans l’infirmité totale
de l’homme, qui doit la
reconnaître (Rom. 4:21 ; 2 Cor. 12:9).
Abram croit Dieu contre toute espérance
,
— ce qui lui est compté à justice (Rom. 4:3). Il faut maintenant attendre avec
patience le fils promis ! Or des années passent encore, et l’agitation
de la chair, son incrédulité,
vont se manifester
chez Saraï,
et Abram va céder
aux
suggestions
de
sa
femme.
Elle souffre de ne pas avoir d’enfant, et pourtant on ne la voit
pas dans l’Écriture en prière à ce sujet, comme d’autres croyants, tels qu’Isaac
et Rebecca, Anne, Zacharie et Élisabeth. Elle semble même persuadée que Dieu est
contre
elle. Ne dit-elle pas à son mari : « L’Éternel m’a empêchée
d’avoir des enfants ! » (Gen. 16:2). À ses yeux
l’essentiel est de se bâtir une maison. Elle ne supporte pas sa stérilité. Elle
veut suppléer à son incapacité par ses propres moyens
: un piège dans
lequel chacun tombe facilement.
L’Adversaire, toujours à l’affût de nos défaillances, lui suggère
de se servir de cette servante qu’ils ont introduite dans la maison : Agar
l’Égyptienne
. Saraï persuade alors Abram d’avoir un enfant avec Agar (Gen.
16:2). Et comme Adam, Abram écoute
la voix de sa
femme, au lieu de continuer à s’appuyer simplement sur les promesses divines.
Tout semble alors conforme à leurs désirs : L’enfant qui naît
est un garçon, Ismaël. Mais toute la descendance d’Abraham souffre encore aujourd’hui
sous les conséquences de cette faute.
Le trouble envahit ce foyer pendant
de longues années. La servante, dès qu’elle est enceinte, se montre hautaine et
méprisante. C’est une étrangère et elle doit encore apprendre, par pure grâce, à
connaître le Vivant
qui se révèle (Gen. 16:7-14).
La jalousie pousse Saraï à porter des accusations
injustes contre son mari : « Le tort qui m’est fait est sur toi »
(Gen. 16:5). Elle maltraite sa servante qui est contrainte
de s’enfuir (Gen. 16:6). L’influence
de Saraï, dans cette circonstance, est tout à fait triste. Elle
est pourtant l’instigatrice
de cette fâcheuse situation : « Saraï prit Agar… et la
donna à Abram, son mari, pour femme » (Gen. 16:3). Mais celui-ci ne s’est pas conduit en chef de famille
responsable, il a écouté la voix de sa femme.
Au temps fixé, la promesse de Dieu s’accomplit. C’est la naissance miraculeuse d’Isaac, qui évoque Christ sous ses caractères de Fils et d’Héritier. Et, au moment du sevrage d’Isaac, Saraï, devenue Sara, c’est à dire « princesse », déclare à Abram, que Dieu a aussi maintenant appelé Abraham, à savoir « père d’une multitude » (Gen. 17:5, 15) : « Chasse cette servante et son fils ; car le fils de cette servante n’héritera pas avec mon fils, avec Isaac ».
Dieu commande alors à son serviteur Abraham : « Dans tout ce que Sara t’a dit, écoute sa voix ; car en Isaac te sera appelée une semence » (Gen. 21:10-12). L’Éternel a inspiré ces paroles à Sara. Son discernement devance ici celui de son mari qui, attaché à Ismaël et sans doute aussi à Agar, s’attarde à des considérations humaines.
Il fallait qu’Abraham reçoive confirmation, avant la grande épreuve
de Morija (Gen. 22) que toutes
les promesses divines reposaient sur Isaac. Celui-ci devait être le seul héritier,
comme Christ en son jour.
On peut désirer que chaque épouse chrétienne s’applique à saisir,
aujourd’hui aussi, la volonté du Seigneur
à chaque étape de sa vie de couple.
Elle ressemblera ainsi à cette femme
vertueuse
qui fait du bien, et
non du mal, à son mari, tous les jours de sa vie (Prov. 31:11-12).
Ce fût le cas pour Acsa, la fille de Caleb, cet homme de foi. Elle voit son père
agir avec fidélité, elle apprend à aimer
le pays de Canaan. Elle entend son
père promettre de donner sa fille à qui s’emparera de Kiriath-Sepher.
Elle apprend qu’Othniel s’en est emparé (Jos. 14:12).
Que d’encouragements à suivre le même chemin !
Alors cette foi se montre chez Acsa, au
moment de son union. Elle incite
Othniel à demander
un champ à son père. Au moment d’entrer, elle descend de dessus l’âne, et suscite
par son attitude, la question de Caleb : « Qu’as-tu ? » Elle
lui répond : « Donne
-moi
une bénédiction ; car tu m’as
donné une terre du midi, et donne-moi aussi
des sources d’eau. Alors il lui
donne, en abondance, les sources du haut, et les sources du bas » (Jos. 15:16-19).
Othniel avait montré du courage au combat et acquis un bon degré (1 Tim 3:13). Il a désormais une femme digne de lui (Prov. 31:11), Il est qualifié pour devenir un des juges en Israël (Jug. 3:9-11).
Pourtant très éprouvée, Abigaïl
est aussi une femme vertueuse. Elle se montre à la fois humble et sage. Dieu peut
se servir d’elle au
moment
convenable pour arrêter David, déterminé
à se faire justice lui-même.
Par ses paroles, elle montre sa confiance dans l’avenir du fils d’Isaï (1 Sam. 25:30). Mais elle s’adresse
à sa conscience : « Mon seigneur combat les combats de l’Éternel, et la
méchanceté n’a jamais été trouvée en toi » ! (1 Sam.
25:28). Elle ne s’attribue aucun mérite et affirme, avant
même la décision
de David, que c’est
l’Éternel
qui l’a empêché d’en venir au sang (1
Sam. 25:26) !
David s’empresse de bénir
Dieu
, qui a envoyé une telle
messagère de paix à sa rencontre. Puis il ajoute, parlant cette fois à Abigaïl :
« j’ai écouté ta voix, et je t’ai accueillie avec faveur » (1 Sam. 25:35). Quelle heureuse influence
au moment opportun !
(Prov. 15:23).
Encore fugitif, David enverra peu après ses serviteurs faire part à Abigaïl de son désir de la prendre pour femme. Son comportement sera bien, ensuite, celui que ses paroles annoncent : « Ta servante sera une esclave pour laver les pieds des serviteurs de mon seigneur » (1 Sam. 25:41).
Nabal est mort, elle aurait pu vivre dans
l’aisance. Mais elle choisit
de partager les épreuves de David, sa vie errante,
de caverne en lieu fort. À Tsiklag, elle est même emmenée
captive par les ennemis mais elle est bientôt délivrée (1 Sam.
30:2-5:19).
Quand David accède au trône, elle reçoit la réponse au désir exprimé du temps de l’exil. Elle sera désormais heureuse et utile auprès du roi d’Israël (1 Sam. 25:31).
Tout autre est l’attitude de la femme Jézabel, cette Sidonienne dépravée, fervente
adoratrice de Baal. Elle exerce constamment sur Achab, le roi d’Israël, une influence
pernicieuse
. Aussi l’Écriture porte sur ce couple cette terrible appréciation :
« Certainement il n’y eut point de roi comme Achab, qui se vendit
pour
faire ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, sa femme Jézabel le poussant
» (1 Rois 21:25-26).
Achab est un véritable jouet entre ses mains. Pour lui complaire, il élève à Samarie, un temple et un autel consacrés à Baal, et aussi une statue représentant l’Astarté phénicienne (1 Rois 16:31-33). Jézabel, de son côté, s’attache à tuer tous les prophètes de l’Éternel qu’elle peut découvrir. Elle fait serment, mais en vain, d’en finir avec Élie (1 Rois 18:4-13 ; 19:1-2) !
Achab convoite la vigne d’un fidèle Israélite, pour en faire son
jardin potager. Celui-ci refuse de s’en séparer, car elle fait partie de son héritage
(1 Rois 21:3). Alors, comme un enfant déçu, Achab ne mange plus. Triste et irrité,
il reste étendu sur sa couche (1 Rois 21:3-4). Jézabel séduit
alors son mari,
en excitant son orgueil : « Est-ce toi
qui exerces maintenant la
royauté sur Israël ? Lève-toi, mange du pain, et que ton cœur soit gai ;
moi
, je te donnerai la vigne de Naboth »
(1 Rois 21:7). Elle met le comble à son activité diabolique, et agit en souveraine.
Elle écrit des lettres aux notables, les scelle du sceau d’Achab et les envoie au
nom du roi qui, lâchement, laisse faire. Ces anciens sont certainement effrayés :
ils connaissent la cruauté de Jézabel. Alors comme elle l’a minutieusement commandé,
ils organisent une parodie de justice. Deux hommes, fils de Bélial
sont placés
en face de Naboth. Ces faux témoins l’accusent d’avoir
maudit Dieu et le roi. Naboth est alors lapidé et par
précaution, la reine perverse fait disparaître ses héritiers (1 Rois 21:5-14 ;
Lév. 24:15-16 ; Nom. 36:7-9 ; 2 Rois 9:25-26).
Usant du mensonge et du meurtre, Jézabel a donc mis Achab en possession
de l’objet de sa convoitise. Mais tout son plaisir s’évanouit brusquement dès qu’il
aperçoit un homme bien connu
qui l’attend au bout de la vigne ! Élie,
a retrouvé tout son courage, après une éclipse spirituelle, et annonce sans détours
à Achab quel terrible châtiment les attend : Tu t’es vendu
pour faire
ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, tu l’as provoqué et tu as fait pécher
Israël
(1 Rois 21:20-22).
Revenons à la vie de Lot,
après
sa séparation d’Abraham. Il dresse ses tentes jusqu’à
Sodome. Mais ce juste —
précision apportée par le Nouveau Testament
(2
Pierre 2:7) — ne tarde guère à siéger parmi les notables de cette ville entièrement
corrompue ! (Gen. 13:12 ; 14:12 ; 19:1).
Le neveu d’Abraham s’est engagé sur un chemin glissant (Héb. 2:1) et se montre incapable de faire demi-tour. Un conflit survient entre plusieurs rois des nations et il est emmené captif par les vainqueurs.
Abraham, qui vit sur la montagne l’apprend et poussé par l’amour
fraternel, met immédiatement en campagne ses hommes exercés (Gen. 14:13-14). Il délivre son frère
Lot. Hélas, ce dernier
néglige cet avertissement solennel et retourne
à Sodome, au lieu de rejoindre
Abraham sur la montagne, pour s’éloigner définitivement de ce monde corrompu.
Or l’heure d’un terrible jugement a sonné pour ces villes de la plaine du Jourdain. Après une heureuse visite chez Abraham à Mamré, deux anges chargés d’une pénible mission arrivent à Sodome. Ils acceptent, avec beaucoup de réticence, l’invitation pourtant empressée de Lot.
Comment en effet goûter une réelle communion avec un croyant qui
se trouve dans une si fausse position ? Lot a choisi
la plaine :
il recherchait sa prospérité matérielle. Il est accablé
par la conduite débauchée
des hommes pervers qui habitaient à Sodome ; mais il faudra littéralement l’arracher
à cette ville condamnée (2 Pierre 2:8). On peut penser qu’il fait, hélas, partie
de ceux qui se sont égarés
de la foi (1 Tim. 6:10).
Quelle douloureuse surprise de l’entendre s’adresser à ces impies,
« qui annoncent leurs péchés et ne les cachent pas », en les appelant
mes
frères
!
(És. 3:9 ; Gen. 19:7).
Peut-être s’est-il cru capable d’améliorer la conduite de ces hommes par son
influence
, ses conseils et des rapports de familiarité avec eux ? Il lui
faut bien constater l’inutilité de ses efforts ! Ces gens au milieu desquels
il a vécu l’ont supporté aussi longtemps qu’il ne les a pas repris à cause de leur
iniquité ! La proposition de Lot est indigne et il échoue avec ces hommes totalement
corrompus : leur réponse en apporte la preuve : « Cet individu
est venu pour séjourner ici et il veut faire le juge ! Maintenant nous te ferons
pis qu’à eux. Et ils pressaient beaucoup Lot » (Gen.
19:8-9).
Alors les anges interviennent et mettent Lot à l’abri, frappant les
hommes de cécité. Ils s’adressent à lui : « Qui as-tu encore ici ?
Gendre, et tes fils, et tes filles, et tout ce que tu as dans la ville, fais-les
sortir de ce lieu ; car nous allons détruire ce lieu ; car leur cri est
devenu grand devant l’Éternel ; et l’Éternel nous a envoyés pour le détruire »
(Gen. 19:12-13). Lot subit un échec plus humiliant encore,
lorsqu’il cherche à convaincre
sa famille, restée incrédule, de le suivre :
« Il sembla aux yeux de ses gendres qu’il se moquait
» (Gen. 19:14).
Tragique conséquence de la vie de Lot et de l’alliance de ses filles avec des Cananéens :
il n’a plus
aucune influence sur les siens.
Quand un croyant a longtemps marché dans ce monde, dont il a accepté
les honneurs et partagé les convoitises, il n’a plus aucune autorité morale et ne
peut avertir son entourage de l’imminence du juste jugement de Dieu. Si notre vie
est en contradiction avec le témoignage que nous désirons rendre au Seigneur, les
hommes rétorqueront : « Vous dites
que vous êtes en Christ ?
Si vous êtes en Christ, Christ est en vous ; montrez
-moi
donc
Christ et rien d’autre » (JND). Ayons soin d’éviter
tout ce qui peut dans notre vie déshonorer Christ devant les hommes.
En réponse à l’instante prière d’Abraham (Gen.
18:22-33), Lot sera sauvé difficilement
(1 Cor. 3:15). Il a perdu sa course,
pour avoir aimé le monde
(1 Jean 2:15). Le cœur de sa femme est resté à Sodome.
Elle transgresse le commandement divin et regarde en arrière : elle devient
une statue de sel (Gen. 19:16-17:26).
On trouve aussi une exhortation très solennelle dans le Pentateuque :
« Si ton frère, fils de ta mère ou ton fils, ou ta fille, ou la femme de ton
cœur, ou ton ami, qui t’est comme ton âme, t’incite en secret,
disant :
Allons, et servons d’autres dieux…. Tu ne l’écouteras pas ; et ton œil ne l’épargnera
pas, et tu n’auras pas pitié de lui, et tu ne le cacheras pas ; mais tu le
tueras certainement : Ta main sera la première contre lui » (Deut. 13:6-13).
Pour un croyant, tolérer une
mauvaise influence
c’est rester sciemment en contact avec un danger constant
: « Ne
soyez pas séduits, les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs »,
écrit l’apôtre Paul (1 Cor. 15:33 ; Prov. 4:14-16).
Si une telle influence vient de quelqu’un de très proche,
elle
est encore plus à craindre. Les affections naturelles peuvent être, et sont souvent
un grand piège (Luc 14:26). C’est le Seigneur que nous devons suivre. D’un autre
côté, cela ne signifie pas qu’il faille négliger les affections naturelles, ce qui
est un triste aspect du tableau des derniers jours (2 Tim. 3:3). Demandons à Dieu
le courage de rompre
une
fréquentation
qui nous éloigne de
Lui, parfois de façon insidieuse (Prov. 13:20).
Le mal peut avoir un caractère collectif
. Une ville entière
— ou une assemblée — peuvent être atteintes
(Act. 20:30 ; 1 Jean 2:18 ; Jude 4). Le croyant,
animé du désir de rester fidèle, se retire de tout lieu où il a découvert, à la
lumière de la Parole de Dieu, de l’iniquité, et un refus de la juger. Mais tout
d’abord il doit bien s’enquérir et rechercher soigneusement (Deut. 13:12-15 ; 2 Tim. 2:19).
Être en relation avec le sanctuaire
est un grand privilège,
mais la responsabilité s’en trouve fortement accrue. L’Écriture parle d’Hophni et de Phinées, fils d’Éli, alors souverain sacrificateur. Ils ne connaissaient pas
l’Éternel. Ils étaient des fils de Bélial, et pourtant ils exerçaient la sacrificature ! (1 Sam. 2:12). Par leur conduite scandaleuse, ils entraînaient
les fils d’Israël à la transgression et ils jetaient continuellement du déshonneur
sur le nom de l’Éternel (1 Sam. 2:22-24).
Ils avaient pourtant été élevés en relation immédiate avec le sanctuaire,
en contact avec la vérité de Dieu. Mais, à la différence de Samuel, cette grande
faveur est restée sans effet sur leurs cœurs, au contraire ils s’étaient endurcis
.
C’est, hélas, assez fréquent : si le contact avec les choses saintes ne produit
pas un effet salutaire sur notre conscience, un éloignement du Seigneur ne tarde
pas à se manifester !
Les conséquences de l’impiété de ces deux hommes sont dramatiques. Eux-mêmes périssent dans la bataille, entraînant avec eux un grand nombre d’israélites, qui avaient perdu tout discernement (1 Samuel 4:3). L’Arche elle-même est prise par les Philistins, et la maison d’Éli perd tous ses droits à la sacrificature (1 Sam. 2:28-34).
Aujourd’hui, tous
les enfants de Dieu sont « édifiés
pour être une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices
spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. C’est une part excellente, mais elle
doit aller de pair avec une marche digne du Seigneur, dans la sainteté pratique
(1 Pierre 2:5-9).
On peut citer aussi, dans l’Apocalypse, cette femme Jésabel, qui rappelle l’épouse d’Achab. Elle est prise pour symbole
d’un système religieux établi, la papauté. Elle se dit prophétesse et exerce son
influence néfaste dans l’assemblée à Thyatire. Le Seigneur
précise : « Elle enseigne
et égare
mes esclaves en les entraînant
à commettre la fornication » (Apoc. 2:20). Jetée
sur un lit, elle refuse de se repentir. Pergame tolère le mal, Thyatire l’enseigne.
Celui qui a les yeux comme une flamme de feu s’adresse alors aux
autres
,
à
Thyatire,
qui n’ont
pas cette doctrine. Il leur commande de tenir ferme
ce qu’Il leur a confié,
jusqu’à ce qu’Il vienne. En effet présentement Thyatire
perdure et même gagne du terrain, jusqu’à la venue du Seigneur. Après l’enlèvement
des saints, tout finira dans une apostasie complète.
Remarquons aussi comment Dieu s’adresse d’une façon très solennelle
aux sacrificateurs par le moyen de
son serviteur, Malachie. Un message qui met l’accent sur
l’importance d’un
service fidèle.
Un bon témoignage est d’abord rendu au sujet de Lévi : L’Éternel
peut dire : « Il me craignit
et trembla devant mon Nom. La loi
de vérité était dans sa bouche… Il marcha
avec moi dans la paix et dans la droiture ». Heureuse conséquence habituelle
d’une telle conduite : « Il détourna de l’iniquité
beaucoup de
gens ». Il faut se rappeler que chaque fidèle désire entendre la loi
de la bouche du sacrificateur et s’attend à ce que ce messager de l’Éternel la mette
en pratique (Mal. 2:5-7).
Mais le Seigneur change ensuite de langage et déclare :
« Vous vous êtes écartés du chemin, vous avez fait
broncher
beaucoup de gens à l’égard de la loi (la Parole de Dieu), vous avez
corrompu l’alliance de Lévi » (Mal. 2:8) ! Paroles sévères qui concernent
aussi les enfants de Dieu, durant le temps présent de la grâce.
Les sacrificateurs doivent donner gloire à Dieu. C’est la partie
la plus élevée du service chrétien. Si le serviteur cherche sa propre gloire
et néglige celle de son Seigneur, tout est gâté. Dieu fait dire au prophète :
« Vous me frustrez
toujours, vous la nation tout entière ! »
(Mal. 3:9).
Parcourons aussi le livre des Juges. Nous y constatons le déclin
graduel d’un peuple, qui oublie
la sainte présence de l’Éternel au milieu
de lui. Chaque tribu tolère
ou subit
les ennemis. Elle offre plus
ou moins de résistance à leurs efforts pour dominer sur le peuple de Dieu. Dieu
avait pourtant fermement ordonné de détruire
toutes ces nations, supportées
pendant tant de siècles. Il voulait protéger son peuple de l’influence délétère
de ces Cananéens idolâtres, dont l’iniquité était maintenant venue à son comble
(Gen. 15:16). Mais son peuple avait désobéi et s’était
montré lâche (Jos. 18:3).
Le même
danger
menace les croyants aujourd’hui. Une
grande partie de notre temps se passe, du fait en particulier du travail,
au
milieu de personnes inconverties. On ne peut éviter constamment
ces contacts. Mais il faut veiller très soigneusement à ce qu’il n’en résulte aucune
influence
sur la vie spirituelle. Avant de quitter les siens, le Seigneur exprime
le désir au Père, qu’ils soient gardés du mal (Jean 17:15).
Avec ce but devant soi, il y a des gens à fuir (1 Cor. 15:33), et
d’autres, au contraire, dont on recherche la compagnie
: ceux qui craignent
Dieu (Ps. 119:63).
Dans le livre des Juges, c’est toujours le même cycle
qui
se reproduit. Le peuple abandonne
l’Éternel qui est obligé de les placer sous discipline en se servant des ennemis — à sept
reprises — en vue de réveiller
la
conscience des siens. Ravagés, dans une profonde misère, les fils d’Israël crient
enfin à Dieu (comme dans le Psaume 107:6, 13, 19, 28). Et Lui, plein de compassion
(Jug. 10:16), les délivre, en
leur donnant un juge
. Le mal est freiné pour un temps.
Des hauts
et
bas,
d’ordre spirituel, se succèdent
ainsi souvent, hélas, dans la plupart des vies chrétiennes. Si nous délaissons la
communion avec le Seigneur, la tiédeur envahit rapidement le cœur. Alors, Dieu,
dans
sa
miséricorde,
permet que l’on ressente davantage
l’inimitié du monde. Réveillé,
repentant,
on
revient vers
Lui (Jean 15:20).
Madian est une de ces verges
(És.
10:5) que Dieu emploie dans les Juges pour discipliner Israël. Chaque année, au
temps de la moisson, ce peuple pillard montait, comme une nuée de sauterelles, pour
s’emparer des vivres et du bétail, et ravager tout le pays. Pour affaiblir le croyant,
Satan cherche à le priver
de nourriture. Tout paraît parfois se liguer pour
empêcher de lire la Bible ou aller à une réunion d’édification !
Gédéon avait des relations
avec Dieu et il cherchait sérieusement à comprendre le pourquoi
de la ruine.
Il ne paraît pas autrement surpris de découvrir brusquement l’Ange de l’Éternel
à son côté. C’est le privilège de celui qui est habituellement occupé
des
choses d’en Haut (Jug. 6:12). L’Ange déclare alors que
Gédéon est un homme fort et vaillant !
Il est vrai que Gédéon partageait de cœur la misère de son peuple, mais sans pour autant baisser les bras. Il se donnait au contraire beaucoup de peine pour mettre sa famille à l’abri de la disette et assurer sa subsistance. Dans ce but il n’hésitait pas à battre le blé dans un endroit aussi inhabituel qu’un pressoir, pour le mettre en sécurité de devant Madian !
Peut-être oublions-nous parfois que Dieu observe
et apprécie
notre conduite (Jug. 6:11-12 ; Prov. 16:2) ?
Il sait parfaitement si, jour après jour, nous faisons preuve de courage et de fermeté
de décision pour le Seigneur
(1 Tim. 1:12). Mais comme Gédéon et l’apôtre
Paul, il faut d’abord
apprendre une importante leçon : « Quand
je suis faible, alors
je suis fort » (Zach.
4:6 ; 2 Cor. 12:10). Il faut montrer
par sa conduite
à la
maison le changement
que Dieu
s’est plu à opérer en nous (Jug. 6:25-27 ; Marc 5:19).
Après avoir travaillé en
Gédéon, l’Éternel va travailler par
son moyen. Il choisit ceux qui sont disposés à s’engager entièrement à son service.
De tels serviteurs ne cherchent pas leurs aises, chose, hélas, si fréquente. Au
contraire, ils sont constamment en alerte, de sorte que l’ennemi ne peut pas les
surprendre.
Malgré ses hésitations initiales, Gédéon en fait partie. Le rêve
du madianite, que Dieu permet à Gédéon d’entendre, paraît
étrange. Mais l’homme de Manassé comprend qu’il n’a pas plus de valeur personnelle
qu’un simple pain d’orge
(Jug. 6:15).
Dieu lui-même a sélectionné sa petite troupe (Jug. 7:4). Gédéon leur déclare : « Levez-vous, car
l’Éternel a livré le camp de Madian dans votre main » (Jug.
7:15). Fortifié lui-même par les soins du Seigneur, il met entre leurs mains des
objets surprenants pour livrer bataille. Il y a pour chacun une trompette, une cruche
vide et une torche. Puis il leur dit : « Regardez ce que je vais faire,
et faites de même
» (Jug. 7:17). La victoire
est obtenue en suivant l’exemple
de cet homme de Dieu : Il fallait le
regarder et l’imiter. L’application en est aussi simple qu’importante : il
convient de toujours
regarder
à
Christ, tout spécialement au
moment du combat.
Chacun, à sa place, sonne de la trompette, brise sa cruche. Il tient dans sa main gauche une torche. Ils crient tous en même temps : « L’épée de l’Éternel et de Gédéon » (Jug. 7:20-21) ! La note est claire, le message indiscutable, tout le camp de Madian s’enfuit et Gédéon les poursuit avec ses compagnons !
Quel spectacle offrons-nous à notre entourage ? À commencer
par nos propres enfants et par les plus jeunes croyants ? Notre influence
est-elle positive, notre conduite est-elle un exemple
à suivre ? (2
Thes. 3:7-9 ; Act. 20:35).
Mais même après
une victoire, comme celle de Gédéon, des
dangers subtils menacent le serviteur de Dieu. Ses frères de sa tribu, celle de
Manassé, lui tendent un piège flatteur : « Domine sur nous, et toi et
ton fils, car tu
nous as sauvés ». Sa réponse est belle :
« l’Éternel dominera sur vous » (Jug. 8:22-23).
Un croyant doit veiller à ne pas prendre sur les âmes la place qui revient au
Seigneur seul
et ses frères doivent prendre garde à ne pas le
flatter
(Matt. 23:8-10 ; 1 Cor. 4:7).
« Après avoir tout surmonté, tenir ferme ». Il faut donc
toujours rester vigilants (Éph. 6:13). Le désir inavoué
de conserver le souvenir de sa
victoire va faire tomber Gédéon et les siens
(Jug. 8:27). La sagesse et le discernement lui font soudain
défaut. L’image d’un éphod, ciselé dans l’or que Gédéon s’était fait
donner,
semblait un objet spirituellement valable, puisque l’éphod était le vêtement sacerdotal
par excellence. Il pouvait donc paraître tout à fait anodin et être considéré comme
un objet de piété (2 Tim. 3:5). Mais tout Israël viendra se prostituer
à
Ophra, la ville de Gédéon, au lieu de se rendre à Silo,
où se trouvait alors l’Arche, cette belle figure de Christ (Jug.
8:24-27 ; Jos. 18:1).
Il faut veiller à ne pas laisser introduire dans l’assemblée de Dieu des pratiques ou même des objets dont on ne peut trouver trace dans l’Écriture. C’est particulièrement vrai pour la période actuelle, qui relève de l’enseignement du Nouveau Testament.
La convoitise des yeux et l’orgueil de la vie ont fait tomber Gédéon.
Il a laissé se développer secrètement la pensée
qu’un mémorial conviendrait
pour rappeler sa victoire. Pourtant il avait d’abord refusé
la puissance
et les honneurs ! On voit plus loin dans le récit qu’il est aussi tombé dans
la convoitise de la chair (Jug. 8:30-31).
L’influence
que Gédéon a exercée au début de sa carrière,
était en bénédiction pour le peuple de Dieu. Le pays a connu le repos pendant quarante
ans. Hélas, ce serviteur perd de sa fermeté, il n’est plus le « modèle des
fidèles » (1 Tim. 4:12). Que celui qui croit
être debout prenne garde
qu’il ne tombe (1 Cor. 10:12).
Un autre juge, le dernier, retient particulièrement notre attention :
Samuel (demandé à Dieu) aime et honore
l’Éternel. Depuis sa petite enfance, il appartient à l’Éternel et le sert. Dans
sa grâce, Dieu le suscite au milieu de son peuple, au moment où il tombe très bas.
« I
-cabod
:
la gloire d’Israël s’en est allée » — chose qui paraissait impossible — l’arche
est prise par les Philistins (1 Sam. 4:21). Elle n’était
plus pour Israël autre chose qu’un objet doté d’un pouvoir surnaturel (1 Sam. 4:3) !
La vie de Samuel, comme celle de Celui qui viendra plus tard sur
cette terre, a été essentiellement marquée par la piété et la prière. Comme celles
du Seigneur, les intercessions de Samuel pouvaient durer une nuit entière (1 Sam. 15:11 ; Luc 6:12). Le peuple le savait et lui demande
avec instance : « Ne cesse pas
de crier pour nous à l’Éternel,
notre Dieu, afin qu’il nous sauve de la main des Philistins ». Alors Samuel
prend un agneau de lait (une figure de Christ) et l’offre tout entier à l’Éternel en holocauste. Ensuite il crie à l’Éternel
et il est exaucé (1 Sam. 7:8-9).
Et pourtant ce juge est finalement mis de côté ! Tous les anciens
( !) lui disent « Tu
es
vieux
, … établis sur nous un roi » (1 Sam. 8:5). Il accepte humblement
cette parole plutôt
dure (1 Sam. 12:2). Pour autant il ne cessera pas
de crier à Dieu pour Israël et le peuple doit reconnaître, sans malheureusement
abandonner
ses mauvaises voies, qu’à tous leurs péchés, ils ont ajouté ce mal
d’avoir demandé un roi pour eux (1 Sam. 12:19).
Toutefois Samuel les encourage : « L’Éternel, à cause de
son grand Nom, n’abandonnera point son peuple » et il s’engage personnellement :
« Quant à moi aussi, loin de moi que je pèche contre l’Éternel, que je cesse
de prier pour vous ; mais je vous enseignerai
le bon et le droit chemin »
(1 Sam. 12:18-23).
Samuel reste toujours
fermement attaché à la Parole de Dieu.
Sa conduite le prouve
en mainte occasion. On peut se rappeler, par exemple,
sa façon de demander : « Amenez-moi Agag, roi
d’Amalek ». Saül l’avait épargné, malgré
l’ordre
exprès de l’Éternel (1 Sam. 15:9 ; 32). « Et
Samuel mit Agag en pièces devant l’Éternel, à Guilgal »
(1 Sam 15:33). Ensuite il peut prononcer, avec autorité
,
des paroles qui ont toujours la même valeur pour le peuple de Dieu aujourd’hui :
« Écouter (ou : obéir) est meilleur que sacrifice, prêter l’oreille, meilleur
que la graisse des béliers » (1 Sam. 15:22).
Il y a chez lui un bon équilibre : il ne manque pas du côté
des affections
. La façon dont il mène deuil sur Saül, quand Dieu l’a rejeté,
montre un cœur particulièrement sensible (1 Sam. 16:1).
Au moment où Samuel se démet de ses fonctions de juge, le peuple
doit reconnaître qu’il s’est acquitté fidèlement de sa charge (1 Sam. 12:2-5). Son autorité morale
, conséquence de sa
justice pratique
, l’autorise à souligner, une fois encore, leur ingratitude
et leur manque de confiance en l’Éternel.
Il gardera jusqu’à la fin de sa course une activité d’intercesseur et de prophète. Quand Saül, le roi selon la chair, est mis de côté, c’est à Samuel que le Seigneur confie l’honneur d’aller oindre, au milieu de ses frères, un roi selon le cœur de Dieu (1 Sam. 13:14 ; 16:13).
David ira passer quelque temps à Naïoth,
en compagnie de Samuel
, quand il lui faudra s’enfuir loin de Saül. Heureuse
préparation avant les épreuves qui l’attendent.
Samuel meurt (1 Sam. 25:1) et avec sa mort
cessent
les prières qu’il faisait monter fidèlement
en faveur du peuple. Quel parfum sa vie de piété, de confiance en Dieu répandait
autour de lui ! Christ peut-il manifester par notre moyen, « l’odeur de
sa connaissance en tout lieu ? » (2 Cor. 2:14-15).
En abordant cette nouvelle période de la royauté en Israël, ce n’est
pas de son histoire que nous désirons être occupés. Dieu veut plutôt à chaque
page
rappeler la vie et la conduite de ces rois pour en appliquer les leçons
à nos propres voies.
Le peuple avait absolument voulu avoir un roi, comme les autres
nations
; un roi dont ils pourraient être fiers
! L’Éternel
dit à son fidèle serviteur, Samuel : « Ce n’est pas toi qu’ils ont rejeté,
mais c’est
moi
qu’ils ont rejeté
, afin que je ne règne pas
sur eux » (1 Sam. 8:7).
Le prophète tient à avertir le peuple au sujet du dur service que
le roi fera peser sur eux : « Vous serez ses
serviteurs
.
Vous crierez à cause de votre roi que vous vous serez choisi ; mais l’Éternel
ne vous exaucera pas, en ce jour-là ». Mais Israël refuse
d’écouter
Samuel, et Dieu lui dit de ne pas insister. Depuis qu’il les a fait monter d’Égypte,
ils ont servi d’autres dieux et ils font ainsi à l’égard de Samuel (1 Sam. 8:8-19) !
Après Saül, ce roi qui avait, semble-t-il, tout pour plaire au cœur de l’homme naturel (1 Sam. 9:2), vingt-deux rois vont se succéder en Juda (si on y inclut David et Salomon) et cela pendant une période de 345 ans. Tous seront les descendants directs de David.
Du côté des dix tribus d’Israël, ils seront au nombre de dix-neuf,
mais
il n’y aura pas moins de neuf
dynasties successives, durant une
période, relativement courte, de 210 ans, à dater de la division. Ils régneront,
après Jéroboam et jusqu’à la déportation de la plus grande partie d’Israël, transporté
en captivité par le roi d’Assyrie (2 Rois 17:23).
Deux prophètes ont particulièrement marqué cette période de la royauté : Élie et Élisée. Six autres ont, semble-t-il, exercé une influence moindre. Leur ministère se déroule pour Jonas, Osée et Amos, plutôt en Israël, tandis que celui d’Ésaïe, de Michée et de Nahum, s’exerce essentiellement en Juda.
La conduite de presque chacun de ces rois se résume par cette formule
lapidaire : il fit ce qui est droit
ou il fit ce qui est mauvais
aux yeux de l’Éternel.
Quand un roi garde les ordonnances de l’Éternel, gouverne son peuple
avec sagesse, le
sert
(1 Rois 12:7) et favorise le culte rendu à Dieu
dans le Temple édifié à Jérusalem, ce roi exerce une bonne influence
sur
son peuple, même si, parfois, Dieu révèle que le peuple continue à agir perfidement
(Jér. 3:6-10).
Mais si le roi sert des idoles, favorise l’existence des hauts-lieux, opprime son peuple, persécute les prophètes et
ne consulte pas l’Éternel avant de s’engager dans une guerre, c’est tout le peuple,
qui est entraîné
par ce mauvais conducteur loin
de Dieu (Jér. 2:11-13).
Les rois fidèles marchent sur les traces de David, conformément aux
commandements de l’Éternel. Ceux qui sont infidèles empruntent le chemin de Jéroboam
qui mène à l’apostasie. Ce roi avait voulu détourner le peuple d’Israël d’aller
rendre culte au Temple à Jérusalem et il l’avait entraîné
à servir des idoles,
plaçant deux veaux d’or à Béthel et à Dan (1 Rois 12:26-33).
Mais malgré la désobéissance et les infidélités répétées de son peuple,
Dieu demeurait fidèle à son alliance. Sans se lasser, Il envoie des prophètes pour
exhorter, reprendre et avertir. Le comportement d’un roi à l’égard du prophète suscité
en son temps montre son état réel
. Citons, par exemple, Roboam (2 Chr. 12:5-7
et Asa (2 Chron. 16:10). L’un s’humilie
et l’autre s’irrite
.
Dans le tableau souvent si sombre de la royauté, il reste toutefois
des points lumineux. Citons une période particulièrement heureuse, au début du règne
de Salomon, durant la construction du Temple ; et d’autres périodes
heureuses encore, avec la prospérité spirituelle d’un Ézéchias malgré la ruine
environnante ; et la fidélité de Josias, et même celle de Joas, au début de
son règne, sous l’influence
remarquable de Jehoïada,
le sacrificateur, qui l’avait instruit et qui fut enseveli avec les rois !
(2 Rois 12:2).
On retiendra aussi l’humiliation d’un Achab, repris avec courage
par Élie, qui n’a pas craint la mort (1 Rois 21:29), et le témoignage des sept
mille
qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal, malgré la pression constante
exercée par les quatre cent cinquante faux prophètes de Baal, entretenus par Jézabel
(1 Rois 19:18) !
Autant d’exemples positifs
propres à encourager les témoins
de tous les temps à se repentir
et à se confier
en Celui qui accomplit
toujours ses promesses (Ps 9:9-10).
Pour illustrer la bonne ou la mauvaise influence d’un roi, considérons quel était le comportement de David et celui de Saül, considéré au même moment, dans une situation, il est vrai bien différente pour chacun.
La vie errante de David
a commencé : Saül le cherche avec le même acharnement qu’un chasseur met à
poursuivre une perdrix sur la montagne (1 Sam. 26:20).
La caverne d’Adullam lui offre alors un abri précaire
mais l’Éternel
est
son refuge
. Les Psaumes composés dans cette
caverne en témoignent (Ps. 142:5 ; Ps. 57:1).
Les premiers compagnons à venir le rejoindre sont les membres de sa famille. Quelle consolation pour lui ! Ses frères ne le jalousent plus, ils sont maintenant disposés à partager ses épreuves. David est, malgré les apparences, selon la pensée de Dieu, l’espoir du peuple d’Israël.
D’autres viennent successivement le rejoindre. David déclare alors :
« Les
justes
m’environneront, parce que tu m’auras fait du bien »
(Ps. 142:7). Quels sont-ils donc ces justes
? Peut-il s’agir de ces
hommes, en apparence si peu recommandables, venus les mains
vides, ces hors-la-loi, véritables rebuts de la société ? (1 Sam. 22:2 ; Héb. 11:38).
Oui, Dieu déclare justes
ceux qui aiment son Oint
et
le reconnaissent comme leur chef
. Du moment qu’ils sont venus vers
David
, il n’est plus question de leur triste passé. Ainsi, ceux qui se rassemblent
aujourd’hui autour de Jésus, ont échangé leur détresse morale, leur immense dette
envers Dieu, et l’amertume de leur âme, contre Sa justice, parfaite et pure.
Que peut offrir
David à ses compagnons ? Pour le temps
présent, apparemment surtout des souffrances ! Mais dans l’avenir, le partage
de sa gloire royale. Telle est aussi la part du croyant qui marche sur les traces
du Seigneur.
D’ailleurs les qualités morales
de David, le doux psalmiste
d’Israël (2 Sam. 23:1), peuvent se refléter
sur
ceux qui partagent son exil. Que de secrets confessés, de fardeaux déposés, d’injustices
et de souffrances racontées à cet homme attentif et plein de sympathie. Il peut
consoler
ses compagnons en partageant avec eux la consolation qu’il a goûtée
auprès de Dieu (2 Cor. 1:4).
Saül est ensuite immédiatement présenté, au centre d’un rassemblement avec des caractères bien différents de celui qui s’est formé autour de David (1 Sam. 22:6) ! Saül est assis sous un tamarisc, sur la hauteur. La lance qu’il tient à la main, est le symbole de son autorité officielle de roi, même si son règne est déjà bien ébranlé. Ses serviteurs, de sa tribu, celle de Benjamin, se tiennent auprès de lui.
Involontairement certes, par ses paroles prétentieuses, Saül brosse
déjà son autoportrait. Il cherche à faire miroiter
devant sa cour tous les
avantages et les biens, qu’à la différence de David, il s’estime être en mesure
de leur distribuer (1 Sam. 22:7) ! Il est toujours
vrai que « ceux qui habitent sur la terre » (Apoc
3:10) reçoivent leurs avantages et leurs biens pendant la vie présente
, mais
que feront-ils à la
fin
?
Saül est partial
, il choisit ses serviteurs dans sa propre
tribu, pensant trouver auprès d’eux un soutien indéfectible. Mais il n’est pas aimé
et ils vont bientôt refuser de lui obéir et seront nombreux à suivre David (1 Chr.
12:16) ! Saül d’ailleurs se montre injuste
: il veut exciter la
pitié, et il accuse tout le monde de trahison et de rébellion.
Il est devenu orgueilleux, il laisse éclater sa jalousie et sa
haine
contre David. Personne n’échappe à ses mauvais soupçons, même Jonathan,
son propre fils. Peu après, il osera se servir d’une sinistre figure de l’Antichrist : Doëg l’Edomite sera le seul qui sera prêt à tuer tous les sacrificateurs
de l’Éternel ! Quel contraste
entre Saül et David ! Quelle mauvaise
influence
Saül exerçait tous les jours sur Israël, déjà moralement tombé
si bas !
Finalement Juda aussi refusera d’écouter les prophètes et il n’y
eut
plus de remède
. L’Éternel fait monter contre eux le roi des Chaldéens.
La plupart sont tués, et les autres sont transportés à Babylone (2 Chr. 36:14-21).
Mais fidèle à ses promesses, après 70 ans de captivité, l’Éternel réveille
en leur faveur l’esprit du roi Cyrus. Ce dernier encourage Zorobabel et les réchappés
de la tribu de Juda, à retourner à Jérusalem (Esd. 1:1-4).
Un faible résidu entreprend alors la reconstruction du Temple. Il
édifie d’abord
l’autel sur son emplacement « car la terreur des peuples
était sur eux » (Esd. 3:3). Puis les fondements
de la nouvelle maison sont posés. Ces travaux ont attiré l’attention des peuples
environnants. Ils s’approchent et font une offre séduisante
:
« Nous bâtirons avec vous, car nous recherchons votre Dieu comme
vous
».
N’était-ce pas aimable de leur part ? Ainsi le travail avancera plus vite !
Mais les chefs des juifs ne sont pas dupes, et refusent fermement.
Pour travailler à l’œuvre de Dieu, il faut appartenir à son peuple.
Ne craignons pas de maintenir une séparation
bien nette avec les milieux
religieux dont les principes sont mélangés
. La suite des événements révèle
que ces aides
bénévoles
sont en réalité des
ennemis
.
Ils changent de tactique et adressent une lettre accusatrice à Artaxerxès, le nouveau chef de l’empire. Ainsi à la ruse succède
l’intimidation, puis viennent les accusations et finalement la violence. Alors en
conséquence de toutes ces manœuvres, le travail s’arrête, mais la vraie
cause de cet arrêt
se trouve ailleurs, comme la Parole le met en évidence.
En effet quinze ans passent, sans la moindre velléité de reprendre
le travail. Nous aussi pouvons, hélas, connaître de longues périodes de déclin,
dans notre activité pour le Seigneur. Alors, devant ce laisser-aller lié à un manque
de foi, dans sa grâce, Dieu envoie deux prophètes, Aggée et Zacharie. Ils
sont très
différents
, par leur âge, par leur origine et même dans
une mesure par la nature de leur message (Rom. 12:6).
Aggée intervient le premier : il fait honte au peuple en comparant
leur attitude négligente à l’égard de la Maison de Dieu en ruine avec l’ardeur déployée
par chacun en vue d’embellir sa
propre
demeure (Phil. 2:21). Il les
invite à considérer leurs voies
, une exhortation qui s’adresse aussi à nous.
Il faut prendre part à l’édification
la maison de Dieu sans
se
lasser. C’est
le
temps
de
bâtir, malgré la ruine !
Cette attitude a en vue la gloire de Dieu, en attendant la venue de Christ,
« l’objet du désir des nations » (Agg. 2:7).
Dieu donnera la force nécessaire : Il rassure les siens :
« Je suis avec vous ». Sa Parole et Son Esprit sont des ressources pleinement
suffisantes
, à la disposition des derniers comme des premiers. Aggée rappelle
aussi l’importance de la sainteté pratique
. Si elle fait défaut, Dieu n’accepte
pas
de mettre son sceau sur un travail.
Le jeune Zacharie a commencé lui aussi à exercer son ministère la
même année qu’Aggée. Il le poursuivra pendant trois années au moins. Il reçoit de
l’Éternel, par le moyen d’un ange « de bonnes paroles, des paroles de consolation
touchant Jérusalem » (Zach. 1 :13-14). À son
peuple, Dieu fait dire : « Revenez à moi ». Il faut d’abord
se repentir ; ensuite
l’Éternel promet : « Je reviendrai à
vous ».
Le message de ce prophète présente surtout
la personne du
Messie. Il fait un panorama unique, extrêmement précieux, des différents événements
liés à sa première et à sa seconde venue, et de la restauration milléniale qui en
résultera pour le peuple terrestre de Dieu.
Zacharie encourage
Zorobabel : « Ni par force, ni
par puissance, mais par mon Esprit, dit l’Éternel des armées » (Zach. 4:6). Le prophète veut faire brûler
les cœurs pour
Dieu. Ce qui paraissait impossible, devient alors possible ! Un réveil
s’opère au milieu du résidu. Zorobabel et Joshua se lèvent et ils recommencent à
bâtir la Maison de Dieu, sans plus se laisser arrêter par l’interdiction royale,
qui n’est pourtant pas encore abrogée.
Il y a maintenant avec eux « les prophètes de Dieu qui les
assistaient
» (Esd. 5:2 ; 6:14). Aggée et
Zacharie ont parlé au cœur et à la conscience du peuple de Dieu. Ils n’hésitent
pas à prendre part de leurs mains au travail repris, ce qui donne encore plus d’impact
à leur message. Le peuple est réveillé : il sent sa relation avec Dieu. Ils
ont repris la construction, en dépit de l’opposition de l’ennemi, mais « L’œil
de leur Dieu est sur les anciens ». Quel encouragement pour eux ! (Esd. 5:5 ; Ps. 34:15). Ainsi l’Éternel fait prospérer le
travail.
L’intervention divine est seule décisive, mais dans des circonstances
difficiles, la fidélité est d’un grand prix à Ses yeux. Pour travailler efficacement
à l’édification de la Maison de Dieu, il faut l’énergie persévérante
de la
foi.
Seul le Seigneur peut réchauffer les affections. Elles sont indispensables
pour Le servir d’une manière qui Lui soit agréable ! Que chacun considère comment
il édifie (1 Cor. 3 :10-11).
Si l’on parcourt un peu le Nouveau Testament, avec toujours ce sujet
devant soi, on pense par exemple à l’influence
de Pierre sur les autres disciples.
Alors que le Seigneur se rendait à Gethsémané, il avertit
la petite troupe apostolique : « Vous serez tous
scandalisés en
moi cette nuit » (Matt. 26:31). Très attaché au Seigneur, Pierre, au lieu d’accepter
avec tristesse cette déclaration ; plein de confiance en lui-même, affirme
péremptoirement : « Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te
renierai point.
Et tous les disciples
dirent la même chose » (Matt. 26:35) !
Sans examen personnel, ils affichent immédiatement la même prétention que Pierre
(Matt. 26:31-35 ; Prov. 20:6). Et pourtant bientôt le danger en fera des déserteurs !
Une prophétie à ce sujet, confirmée par les paroles du Seigneur, va s’accomplir
(Zach. 13:7). Tous s’enfuiront et Pierre, par trois fois,
reniera son Maître (Marc 14:50 ; Matt. 26:69-75).
Les disciples auraient dû retenir une leçon si douloureuse. Mais
l’influence parfois néfaste de Pierre, se fera sentir à nouveau. Après la résurrection
du Seigneur, et avant
la restauration publique de Pierre, ce dernier brusquement
déclare : « Je m’en vais pêcher ». Il retourne
ainsi à une
activité dont le Seigneur l’avait libéré (Luc 5:10).
Les six disciples présents, supposés attendre
avec lui le
Seigneur en Galilée (Matt. 26:32), répondent aussitôt avec un bel ensemble à Pierre :
« Nous allons avec toi » (Jean 21:3). Il est difficile mais indispensable
d’apprendre à dépendre directement
du Seigneur. Il ne faut pas se préoccuper
outre mesure de la conduite, parfois trop impulsive ou incertaine de nos frères.
C’est un grand danger de l’imiter
, sans un véritable exercice personnel préalable
(Jean 21:21-22) !
Comment s’étonner si « cette nuit-là, ils ne prirent rien
». ? Ils ont besoin de tous
les soins de Jésus, qui les attend à l’aurore sur le rivage. La pêche, avec lui,
donne un tout autre résultat. Il remplit leurs filets et leur sert un repas, déjà
tout préparé, avant de s’occuper plus particulièrement des besoins spirituels de
Pierre (Jean 21:1-4:9).
Mais quand Pierre, brisé et repentant, est pleinement restauré, ses
capacités indéniables de « conducteur » sont entièrement dans les mains
du Seigneur. Il est désormais, comme Jésus l’avait annoncé, rendu capable de fortifier
réellement ses frères (Luc 22:32).
Ainsi, au début des Actes, quand il s’agit de désigner le remplaçant
de Judas, Pierre est conduit par l’Esprit Saint à citer deux passages de
l’Écriture (Ps. 69:25 ; Ps. 109:8), appropriés
certes, mais sans doute peu connus. On
réalise qu’il a appris à connaître
la Parole et, maintenant, il peut vraiment
aider
ses frères à résoudre ce cas difficile. C’est l’occasion du premier
de ses sept
discours, qui présentent un ensemble des vérités connues, auxquelles
viendront s’ajouter ultérieurement les révélations que recevra l’apôtre Paul.
L’Ennemi est toujours très actif pour s’opposer au témoignage que le Seigneur a suscité, surtout s’il s’agit d’une assemblée fidèle. Aussi assiste-t-on au commencement des Actes à une scène profondément attristante. Mais Pierre intervient et sonde la conscience d’Ananias : « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur » (Act. 5:3-4) ?
Ananias n’a pas menti aux hommes mais à
l’Esprit Saint. Il voulait avec sa femme, simuler une piété qu’ils n’avaient pas.
De connivence avec Sapphira, il met de côté secrètement
une partie du prix de la terre vendue. Ils voulaient laisser croire qu’ils avaient
tout
donné aux apôtres (Act. 5:1-2).
La chose était encore cachée, mais Pierre a reçu de la part du Seigneur le discernement nécessaire
pour intervenir dans cette affaire. Il dit à Ananias :
« Tu n’as pas menti aux hommes, mais à Dieu
». Le jugement est
immédiat : c’est en effet un péché à la mort, contre le Saint Esprit. Dans
cette circonstance, Pierre joue un rôle important : il a reçu de la sagesse
de la part de Dieu, pour agir en faveur de l’Assemblée, qui doit être constamment
purifiée.
À Antioche, par contre, l’attitude de Pierre est soudain équivoque.
Paul lui résiste en face (Éph. 4:25) car il retourne à
la Loi et encourage les croyants des nations à judaïser
! (Gal. 2:11-16). Pierre reçoit
cette réprimande avec un esprit de douceur et dans ses épîtres, il encourage les
saints à recevoir les enseignements de « notre bien-aimé frère Paul »
(2 Pierre 3:16).
Plus tard encore, lors d’une grande discussion survenue à Jérusalem, Pierre se lève, et déclare : « Hommes frères… Pourquoi tentez-vous Dieu, en mettant sur le cou des disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? Mais nous croyons être sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, de la même manière qu’eux aussi » (Act. 15:7- 11).
Voyez le merveilleux résultat produit par la Parole. Pierre est conduit
par l’Esprit Saint, et : « Toute la multitude se
tut
».
Les croyants sont apaisés et se laissent édifier
par Paul et Barnabas.
Nous aimerions attirer aussi l’attention sur l’influence bienfaisante d’un couple d’origine juive, Aquilas et Priscilla. Ils ont dû quitter Rome, à la suite d’un édit de l’empereur Claude qui bannissait tous les Juifs de la ville. Mais on y voit la main sûre de Dieu, guidant les siens.
En effet, l’apôtre Paul arrive à son tour à Corinthe, peu après Aquilas et Priscilla, qui eux viennent
d’Italie. « Paul alla à eux ; et parce qu’il était du même métier, il
demeura avec eux
et travaillait, car leur métier était de faire des tentes »
(Act. 18:1-3).
Heureux moments de communion, entre ceux qui sont remplis par la même crainte de Dieu (Mal. 3:19). Désormais Aquilas et Priscilla seront d’une aide précieuse pour l’apôtre, ses fidèles collaborateurs jusqu’au bout (2 Tim. 4:16). Ils lui sont devenus particulièrement chers et ils iront jusqu’à exposer leur vie pour lui (Rom. 16:4). Mais Paul, après un long séjour à Corinthe, poursuit son voyage missionnaire avec eux. Ils passent ensemble à Cenchrée et à Éphèse, et là il laisse Aquilas et Priscilla.
C’est pendant leur séjour dans cette ville qu’arrive à son tour un
autre serviteur de Dieu. Apollos a un don remarquable d’éloquence et il présente
la Parole avec puissance. C’est une conséquence heureuse de sa ferveur d’esprit
(Act. 18:25). On parle aisément de ce qui remplit le cœur
(Matt. 12:34-35) ! Instruit dans la voie du Seigneur, Apollos enseigne diligemment
et avec hardiesse les choses qui concernent Jésus.
Mais il ne connaît
que le baptême de Jean, ce qui limite fort son enseignement. Aquilas et Priscilla, de leur côté,
ont tiré un grand profit du temps passé avec l’apôtre Paul. Ils entendent
Apollos
présenter la Parole
et, avec tact et discrétion, l’invitent dans leur foyer :
« Ils le prirent et lui expliquèrent plus
exactement
la voie
de Dieu » (Act. 18:26).
Apollos accepte alors avec cette humilité
qui parfois fait
défaut, de se laisser instruire par ces faiseurs de tente
s
, des gens que d’autres auraient sans doute
méprisés pour leur condition modeste. Gardons-nous de sous-estimer l’enseignement
qu’un couple chrétien peut faire partager à ses invités, dans le cadre du foyer.
Dans un cercle plus intime, les échanges sont plus ouverts, les questions plus directes.
Le Seigneur avait préparé Aquilas et Priscilla à donner
, et Apollos à recevoir
. Ces moments bénis auront des conséquences
durables pour ce serviteur de Dieu, maintenant affermi
dans la foi, et pour
tous ceux qui, par son moyen, entendront désormais présenter un évangile complet
.
Apollos se propose de passer en Achaïe. Les frères sont tout à fait libres d’écrire aux disciples, pour les exhorter à le recevoir (Act. 18:27-28).
L’assemblée se réunissait dans la maison d’Aquilas
et Priscilla (1 Cor. 16:19). Ce sera aussi le cas quand
ils seront de retour à Rome. Ce couple rayonne
autour de lui et le Seigneur
récompense leur foi et leur fidélité. Il y aura des rémunérations au tribunal de
Christ (Héb. 11:6, 26). Ayons à cœur d’être des aides
et non des entraves, là où le Seigneur veut bien nous confier un service.
C’est le cas aussi d’Onésiphore : il a cherché très soigneusement
l’apôtre
Paul et l’a visité
dans sa prison à Rome. Quel témoignage lui est rendu par
l’Écriture : « Il m’a souvent consolé
et n’a point eu honte de
ma chaîne » (2 Tim. 1:16-18).
La chaîne de la pauvreté
, et celle de l’impopularité
ont une grande influence sur nombre de nos amis ! Si quelqu’un jouit d’une
grande notoriété, il a beaucoup d’amis (Prov. 14:20). Mais la chaîne de Paul, du
prisonnier de Jésus-Christ
, avait de l’attrait pour Onésiphore :
elle hâte ses pas car il réalisait l’urgence de son service auprès de l’apôtre.
De plus ce serviteur était toujours prêt
à rendre des services
dans Éphèse. Imitons son heureuse activité et faisons partie de ces miséricordieux,
auxquels il sera fait grâce (Matt. 5:7). Chacun n’a t-il pas grand besoin que le
Seigneur use de bonté envers sa maison ?
Épaphrodite
fait aussi partie de cette phalange dont les noms sont écrits dans le livre de vie.
Paul l’appelle « mon frère, mon compagnon d’œuvre et mon compagnon d’armes »
— des qualificatifs qui parlent d’affection,
de labeur et de combat (Phil. 2:25). En même temps, il est l’envoyé des Philippiens, comme ministre pour les besoins de Paul (Phil.
4:18 ; 2:25), pour combler
les besoins de ce prisonnier, « un parfum
de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu » (Phil. 4:16-18).
Il est fort affligé de savoir que des nouvelles de sa grave maladie sont parvenues à Philippes. Il craint sans doute qu’ils se reprochent de lui avoir demandé de faire ce long et périlleux voyage de 1200 km environ pour rechercher Paul dans les prisons à Rome.
Il va rapporter, dès que possible, l’épître de l’apôtre à l’assemblée à Philippes. Quel contraste entre ce serviteur et ceux qui cherchent leurs propres intérêts (Phil. 2:21) ! À qui désirons-nous ressembler ?
En terminant, citons Timothée,
le véritable enfant de Paul dans la foi
. Il avait été connu à l’épreuve
(elle était nécessaire !) et il avait servi l’apôtre, comme un enfant sert
son père : Quel encouragement pour l’apôtre de se souvenir de lui dans son
dernier combat. Il lui dit : « Empresse-toi de venir bientôt auprès de
moi ! » (2 Tim. 4:9). Est-il arrivé à temps ?
Timothée avait, lui aussi, beaucoup souffert pour le Nom (Héb. 13:23). Ce n’était certes pas une force de la nature, mais
il était animé du même dévouement
que Paul et d’une sincère sollicitude à
l’égard des saints (Phil. 2:19-20). Du fait de sa fidélité, Timothée, malgré cette
timidité native, dont il devait être délivré par l’action du Saint Esprit en lui,
se verra confier des charges importantes. Car Dieu se glorifie souvent dans la faiblesse
du vase (2 Cor. 12:9).
Timothée peut exercer, à Éphèse, à la place que le Seigneur lui
assigne
, comme à chacun des siens, une précieuse influence
pour l’édification
des saints, pour l’édification du corps de Christ en amour (Éph.
4:16).
Ceux qui ont cet amour selon Dieu dans le cœur, doivent retenir les
dernières exhortations de l’apôtre à Timothée : « Mais toi
, demeure
dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant
de qui tu les as apprises » (2 Tim. 3:14-17).
C’est ainsi, en s’appuyant pleinement sur la Parole, qu’un homme
de Dieu, et Timothée en était un, peut être accompli et parfaitement accompli pour
toute bonne œuvre, et servir
humblement au conseil de Dieu
dans sa
génération, malgré sa jeunesse (Act. 13:36). Demandons-nous
une fois encore : Suis-je une aide ou une entrave au milieu de ce monde et
de l’Assemblée ?
Le temps fuit, le jour approche
Qu’en nous tout
montre Jésus,
Qu’il nous trouve sans reproche,
Et publiant ses vertus.
Que de ta présence au milieu de nous !
L’heureuse influence nous pénètre tous.