Laügt Philippe
05 2003
Table des matières :
1 - Genèse 12 à 18 — Le fils de la promesse
5 - Genèse 25:29-34 — Le droit d’aînesse
6.1 - Ch. 26:1-11 — La descente en Égypte
6.2 - Ch. 26:12-33 — Les Philistins
7 - Genèse 26:34-35 — Conduite d’Ésaü
9 - Genèse 28 et 35 : — La fin d’Isaac
« Par la foi, Abraham étant appelé, obéit pour s’en aller au
lieu qu’il devait recevoir pour héritage ; et il s’en alla, ne sachant où il
allait ». Sa vie présente de façon caractéristique l’élection. « Par la
foi, il demeura dans la terre de la promesse comme dans une terre étrangère, demeurant
sous des tentes avec
Isaac
et
Jacob
, les
cohéritiers
de la même promesse (Héb. 11:8-9). Plus tard, Abram, quoique le plus âgé, laissa à Lot le choix, et ce dernier
« choisit pour lui toute la plaine du Jourdain » avec Sodome, figure d’un
monde trompeur (Gen. 13:10-13). Alors Dieu commande
à Abram de lever les yeux et de regarder le pays qu’il
veut lui donner. Il lui renouvelle ses promesses, ainsi qu’à sa semence.
Mais il doit attendre
jusqu’à ce que l’iniquité des Amoréens soit venue à son comble. Il lui commande :
« Lève-toi, et promène-toi dans le pays en long et en large, car je te le donnerai ».
Alors le patriarche lève ses tentes et vient habiter sous les chênes de Mamré, qui sont à Hébron ; et il bâtit un autel à l’Éternel
(Gen. 13:17-18).
Il intervient bientôt, avec ses trois cent dix-huit hommes exercés,
nés dans sa maison, pour délivrer Lot, justement
captif
de l’ennemi.
À l’heure de la victoire, il montre au roi de Sodome que les biens de la terre n’ont
pas d’attrait sur son cœur (Gen. 14:22-23).
La Parole de l’Éternel lui est adressée dans une vision :
« Abram, ne
crains
point
, moi,
je suis ton bouclier et ta très-grande récompense »
(Gen. 15:1). Le patriarche s’enhardit et expose à Dieu
sa grande peine : « Que me donneras-tu ? Je m’en vais sans enfants »
(Gen. 15:2). Dieu le fait sortir et lui dit :
« Regarde vers les cieux, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et
il lui dit : Ainsi sera ta semence. Et il crut l’Éternel ; et il lui compta
cela à justice » (Gen. 15:5-6).
La chair montre son incapacité à attendre
que la promesse
se réalise, mais après l’épisode si humiliant avec Agar, El-Shaddaï,
le Dieu tout-Puissant lui dit encore : « Marche devant moi et sois parfait ;
et je mettrai mon alliance entre toi et moi… Ton nom sera Abraham, car je t’ai établi
père d’une multitude de nations » (Gen. 17:1-5).
Sara enfantera certainement, même si, à vue humaine, c’est
une impossibilité. Les parents connaissent déjà le nom de l’enfant (Gen. 17:19 ; Héb. 11:11-12).
Dieu veut établir son alliance avec Isaac
. La grâce
souveraine
se manifestera dans sa vie, comme elle a déjà brillé durant la vie d’Abraham (Rom.
4:13).
Le paisible Isaac
est donc le fils de la promesse.
Sa naissance était un miracle. La nouvelle
naissance
l’est aussi pour
chaque croyant. Comme lui, le chrétien n’est pas le fils de la servante, mais de
la femme libre (Gal. 4:28:31). Le chrétien n’est pas sous l’esclavage de la Loi.
Abraham veille, en obéissance à la Parole, à le circoncire dès son
âge le plus tendre, âgé de huit jours, comme lui-même l’a été (Gen. 17:11-12 ; 21:4). Isaac hérite
à ce titre des
mêmes
bénédictions que son père : l’appel céleste et la position d’étranger
sont aussi sa part. Ses regards doivent rester fixés, par la foi, sur ce qui est
céleste et éternel (Héb. 11:8-10, 13-16). En lui
« seront bénies toutes les familles de la terre ».
Son nom apparaît dans au moins 21 livres de la Parole, lié en général
au nom des deux autres patriarches. Le Seigneur Jésus, se référant aux livres de
Moïse, rappelle ces paroles : « Je suis le Dieu d’Abraham et le
Dieu
d’Isaac
et le Dieu de Jacob » (Marc 12:26 ; Ex. 3:6).
Des pièges seront tendus à Isaac durant sa vie, comme dans celle
d’Abraham. Il ne saura pas toujours résister. Son histoire doit servir d’avertissement
à tous ceux qui sont devenus, par la foi en l’œuvre de Christ, les
héritiers
des « très-grandes et précieuses promesses »
(2 Pier. 1:4).
En exposant les expériences, parfois très humiliantes, d’Isaac, Dieu veut nous avertir et nous aider à veiller pour « échapper à la corruption qui est dans le monde par la convoitise » (2 Pier. 1:4 ; 1 Cor. 10:11).
Quand Dieu dit à Abraham : « Prends ton
fils, ton
unique
, celui
que
tu
aimes
, Isaac… et offre-le
en holocauste » (Gen. 22:2), Abraham a été préparé
par des épreuves successives à sacrifier à l’Éternel, par
la
foi
,
l’objet de ses affections et de toutes ses espérances. Avec calme et dignité il
se lève de
bon
matin
, prend son fils et s’en va au lieu que
Dieu lui a désigné. Isaac porte lui
-même
le bois pour l’holocauste,
une scène qui rappelle celle où Jésus sort, portant sa croix (Jean 19:17).
Le patriarche a eu tout le temps nécessaire pour réfléchir. Le troisième
jour, il dit à ses serviteurs : « Restez ici, vous, avec l’âne ;
et moi, et l’enfant nous irons jusque-là, et nous
adorerons
, et nous
reviendrons
vers vous » (Gen. 22:5). Isaac
et son père montent seuls
à Morija :
« Ils allaient les
deux
ensemble
» (Gen. 22:6). L’attitude d’Abraham est admirable, la soumission
d’Isaac, touchante. La main de l’Éternel est sur lui.
À la différence du Seigneur, il ne sait pas d’avance qu’il est concerné
de si près ! D’où sa question : « Mon père ! Et il dit :
Me voici, mon fils. Et il dit : Voici le feu et le bois, mais où
est
l’agneau
pour l’holocauste ? » Merveilleuse réponse, Abraham répond :
« Mon fils, Dieu
se
pourvoira
de l’agneau pour l’holocauste »
(Gen. 22:8). La
foi
a conduit le patriarche
jusqu’ici ; c’est encore elle qui lui dicte la réponse. Elle le soutiendra
jusqu’au
bout
.
La Parole répète : « Et ils allaient les deux ensemble ».
Arrivé au lieu du sacrifice, Abraham bâtit là l’autel, arrange le bois, lie
Isaac
, son
fils
et
le
met
sur
l’autel
,
sur le bois (Jac. 2:21-23 ; Héb.
11:17). À l’heure de la plus grande épreuve de sa vie, il se confie résolument en
Celui « qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme
si elles étaient — qui, contre espérance, crut avec espérance » (Rom. 4:17-21).
À présent
, en tout cas, Isaac sait.
Mais, même quand il voit le couteau dans
la main de son père, prêt à l’égorger, il ne semble pas offrir
la
moindre
résistance
. Une telle obéissance chez Isaac montre sa confiance
absolue vis à vis de son père. Il s’abandonne sans réserve. Combien les liens de
confiance réciproque sont développés entre ce père et ce fils ! En est-il de
même dans nos familles, sous le regard de Dieu ? (Col. 3:20). La preuve est
faite que la volonté
d’Isaac peut se
plier,
et qu’il se soumet
à celui qui a des droits sur lui. Or l’obéissance est la
première
condition de la bénédiction.
Le Seigneur Jésus a toujours
suivi un sentier d’obéissance sans
réserve
à la volonté du Père (Jean
8:29). Il savait parfaitement où
cette soumission le conduisait : à
la mort, et à
la
mort
de
la
croix
(Phil.
2:8). Pourtant, au jardin de Gethsémané, dans l’ardeur
du combat, il dit : « Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe
passe loin de moi, sans que je la boive, que ta
volonté
soit faite »
(Matt. 26:42).
Isaac doit passer en
figure
par
la
mort
,
qui est la fin de tout ce qui appartient à notre vieil homme. Notre
mort
avec Christ à la Croix a mis notre chair entièrement
de
côté
.
Le réaliser permet d’être délivrés, rendus capables d’occuper cette place que, dans
sa grâce, Dieu accorde au racheté (Gal. 5:1, 13).
La discipline, si nécessaire et si bénie, a pour but de conduire
le croyant à un abandon sans réserve à la pensée de Dieu. Isaac a le privilège de
suivre ce chemin dès le début de sa vie. La vieille nature peut être d’un abord
très aimable : c’était d’ailleurs probablement le cas chez Isaac. Il est alors
peut-être plus difficile de la
rejeter
et pourtant le vieil homme
doit être constamment tenu
dans la
mort
(Rom. 6:11),
pour que nous puissions servir Dieu d’une
manière qui lui
soit
agréable
.
L’étape suivante, dans la vie d’Isaac, rapportée par l’Écriture,
est aussi en relation avec la
mort
: celle de sa mère, Sara.
Son départ laisse Isaac solitaire, il ne l’avait jamais quittée. Il était son fils
unique, l’enfant de sa vieillesse. Cette influence essentiellement maternelle a
d’ailleurs laissé son empreinte ; Isaac manque plutôt de caractère
.
La mort, salaire du péché, vient souvent tout bouleverser
dans notre vie, laissant dans le cœur un vide
que rien ne semble pouvoir
combler. Mais la disparition de Sara sera suivie par le
don
de Rebecca.
Abraham (une figure de Dieu le Père) envoie un de ses serviteurs chercher
« dans son pays et vers sa parenté », une femme pour
son
fils
, pour Isaac, ce fils auquel il a tout
donné
(Gen. 24:3-4, 36). En effet comment Isaac pourrait-il prendre
pour femme une fille de ces Cananéens idolâtres, parmi lesquels les patriarches
vivent comme
des
étrangers,
sous
une
tente !
Dieu avait pu rendre ce témoignage à Abraham, son
ami
(És. 41:8) : « Je
le
connais
,
et je sais qu’il commandera
à
ses
fils
et à sa maison
après lui de garder la voie de l’Éternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit »
(Gen. 18:19).
Le serviteur fidèle, envoyé par Abraham, est un type du Saint Esprit :
Il ne parle pas de par lui-même, mais dit tout ce qu’Il a entendu (Jean 16:13).
Ce serviteur, en se confiant en l’Éternel, est conduit immédiatement, en réponse
à sa prière, par le
vrai
chemin,
(Gen.
24:48 ; Prov. 3:6) vers Rebecca (une figure de l’Épouse de Christ), laquelle,
dans un élan de foi, déclare : "J’irai". Le moment venu, elle ne
se laissera pas retarder
par les siens (Gen. 24:58).
Isaac (figure ici de Christ comme Époux) venait d’arriver du puits
de Lakhaï-roï, le
puits
du
Vivant
qui
se
révèle
. Auprès d’un tel puits, goûtant une atmosphère
paisible, le croyant trouve de nouvelles forces, des rafraîchissements dans l’épreuve,
et des joies célestes et spirituelles. Dans l’histoire d’Abraham, les
autels
tiennent une grande place ; le nom d’Isaac, à sept occasions, est associé à
un puits
.
Isaac sort dans les champs pour méditer
ou prier (Ps. 5:1-2),
à l’approche du soir. Heureuse attitude, en accord avec son goût pour une vie calme
et volontairement retirée ! Ceux qui sont placés, comme Isaac, devant le choix
le plus important pour leur vie ici-bas, doivent veiller à l’imiter. Il lève
les
yeux
et voit cette caravane qui approche : c’est Rebecca,
parvenue à la fin de son long voyage.
À son tour, elle
lève
les
yeux
et voit
Isaac. Elle descend de dessus son chameau et interroge le serviteur :
« Qui est cet homme qui marche dans les champs à notre rencontre ? ».
Elle ne le connaît pas encore mais elle pressent qu’il s’agit d’Isaac, et qu’il
l’attend
(1 Pier. 1:4). Le serviteur lui dit :
« C’est mon Seigneur ». Alors elle prend son
voile
et se
couvre, en signe de chasteté et de soumission. Il s’agit ici du grand voile, en
forme de manteau, dont les orientales s’enveloppent. Le bien-aimé saura discerner
la
beauté
, la
pureté
et
la
fidélité
de celle dont les yeux sont des colombes derrière son voile (Cant. 4:1).
Les enfants de Dieu sont appelés à former ensemble l’épouse de Christ, du vrai Isaac. Peut-Il, pour sa joie, les voir vraiment soumis, en réponse à l’amour de Celui qui les a rachetés ?
« Isaac la conduisit dans la tente de Sara, sa mère ; et
il prit Rebecca et elle fut sa femme, et il l’aima ; et Isaac se
consola
quant à sa mère » disparue un ou deux ans auparavant (Gen.
24:67). Il restera fidèle
à Rebecca sa vie durant. Isaac sort d’une période
de souffrance et de tristesse et découvre la consolation que le Seigneur lui a préparée
(Prov. 18:22). Ce mariage commence sous les meilleurs auspices.
Abraham expire, rassasié de jours. Ses fils, Isaac et Ismaël l’enterrent dans la caverne de Macpéla, où repose déjà le corps de Sara, dans l’attente de la résurrection (Gen. 25:8-9). Après sa mort, Dieu bénit Isaac, son fils, qui habite près de ce puits de Lakhaï-Roï (Gen. 25:11).
Leur vie commune va s’écouler, avec son lot de joies, et aussi d’épreuves.
Sont-ils déterminés à rencontrer toutes
leurs
circonstances
en se tenant ensemble
devant le Seigneur ?
(1 Pier. 3:7). Le sommes-nous aussi, si nous formons un
couple chrétien ?
Il devient évident que Rebecca est stérile
. Isaac, l’héritier
des promesses, n’a pas d’enfant. Près de vingt ans se sont déjà écoulés depuis leur
mariage : Dieu met ainsi leur foi à l’épreuve. Leur comportement dans cette
longue épreuve est bien meilleur que celui d’Abraham et de Sara (Gen 16:1-2), ou de Jacob et de Rachel, plus tard (Gen. 30:1-5). Ils s’attendent
à Dieu, qui seul
peut les bénir.
Aujourd’hui aussi, hélas, l’on doit s’humilier
de ce que, de plus en plus, même les croyants, adoptent une attitude dénuée de piété devant tous les problèmes liés à
la
natalité
.
Faute d’une vraie
crainte
de
Dieu
, on se montre prêt
à employer souvent toutes sortes de moyens
humains
, au lieu de s’en
remettre simplement à Celui qui ouvre
et qui ferme
la matrice (Gen. 29:31 ; 1 Sam. 1:5-6). « Isaac
pria
instamment
l’Éternel »
et il se rend à ses prières. « Rebecca, sa femme conçut » (Gen. 25:21). Dieu se plaît à répondre à la foi des siens, car
cette foi l’honore. Toutefois la piété ne donne pas l’assurance que Dieu répondra
immédiatement (Néh. 1:1-4 ; 2:1-3 ; Dan. 10:3).
Rebecca aura des jumeaux, Ésaü et Jacob. Comme ils s’entrepoussent dans son sein, inquiète, elle va consulter
l’Éternel
avant
leur naissance. L’exemple de son mari a eu une bonne
influence sur elle. Dieu lui répond : « Deux nations sont dans ton ventre,
et deux peuples se
sépareront
en sortant de tes entrailles ;
et un peuple sera plus fort que l’autre peuple, et le
plus
grand
sera
asservi
au
plus
petit
» (Gen. 25:23). L’apôtre inspiré commente ce choix
divin :
Il intervient « Avant
que les enfants fussent nés et qu’ils n’eussent
rien fait de bon ou de mauvais, afin que le propos de Dieu, selon
l’élection
demeurât
, non sur le principe des œuvres, mais de Celui qui appelle »
(Rom. 9:11-13).
Au moment de la naissance, Jacob sort en tenant le talon d’Ésaü,
d’où le nom qui lui ai donné, signifiant : Qui supplante ! Et Jacob manifestera
bien souvent ce caractère. La révélation de l’Éternel à Rebecca aurait pu éclairer
Isaac au sujet de la pensée de Dieu à l’égard de ses deux enfants. Elle aurait dû
faire
autorité
et l’amener à agir en conséquence.
Les enfants grandissent et au lieu d’être une source de joie et d’unité
entre Isaac et Rebecca, ils vont devenir une source de friction
et de division
.
Isaac aimait
Ésaü car le gibier était
sa viande
et son fils était un homme
habile à la chasse. Il ressemblait plus à Nimrod
qu’à Abraham (Gen. 10:9). La préférence
d’Isaac
pour Ésaü se fonde sur un motif plutôt triste. Le Seigneur nous adresse cette mise
en garde : « Prenez garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient
appesantis par la gourmandise
et l’ivrognerie
, et par les soucis
de la vie » (Luc 21:34). Ces pièges menacent toujours les enfants de Dieu.
Ainsi Isaac était influencé
par ses goûts
naturels
et négligeait de rechercher la pensée de
Dieu
. Sa femme Rebecca, active
et décidée (Gen. 24:20-21) aimait Jacob. Elle avait un penchant évident pour ce
fils, qui restait volontiers dans sa tente (Gen. 25:27).
Leur attitude vis à vis de leurs enfants, teintée de partialité,
nuira
de
plus
en
plus
à une réelle communion entre les parents
(1 Tim. 5:21). Un amour trop exclusif
les conduira
peu à peu vers un véritable désastre !
Cet exemple fâcheux est un avertissement pour tous les parents, toujours
en danger de préférer un de leurs enfants, au détriment des autres. Le mari et sa
femme ont besoin de veiller à maintenir constamment leur communion, d’autant plus
précieuse si leur mariage est dans
le
Seigneur
. Personne, même
leurs enfants, ne doivent venir gâter
cette relation. Veillons à ne pas nous
montrer indulgents à l’égard de nous-mêmes ou de notre chair et fuyons ces fléaux
que sont la paresse et l’inaction volontaire.
Dans la scène suivante, Ésaü méprise
son
droit
d’aînesse,
qui
lui accordait pourtant une
double portion d’héritage
(Deut. 21:17). Fatigué,
pour assouvir sa faim passagère, Ésaü accepte de vendre
son droit d’aînesse
à Jacob contre des lentilles, un plat recherché au demeurant, qu’il désigne simplement
par sa couleur. Il affirme légèrement : « Je m’en vais mourir, à quoi
me sert mon droit d’aînesse ? ». Jacob, toujours à l’affût de son intérêt,
saisit habilement cette opportunité et le fait jurer aussitôt avant de le servir
(Gen. 25:32-34).
Jeunes gens élevés selon l’enseignement de la Parole de Dieu, vous
avez un privilège comparable au droit d’aînesse. Ne restez pas indifférents à ce
que Dieu vous offre avec amour (Jonas 2:9). Ne cherchez pas, comme Ésaü, à vous
plaire
à
vous
-même
, mais associez-vous de cœur à ceux
qui, par
amour
pour
Christ
, acceptent de se trouver
« en labeur, en veilles souvent, dans la faim et la soif, dans les jeûnes souvent,
dans le froid et la nudité… » (2 Cor. 11:26-28).
Isaac est-il touché
de l’attitude
profane
d’Ésaü ?
(Héb. 12:16). « Pour un seul mets » déclare
avec insistance l’Écriture ! Vraiment la conduite de ce fils était insensée :
c’était une
insulte
à Dieu ! Hélas, la façon dont Ésaü cherche
à assouvir ses désirs et se complaît dans les plaisirs de la chair, a son origine
dans la
tendance
que son père Isaac n’avait pas refrénée. Plus tard,
trop
tard
, Ésaü cherchera avec larmes à obtenir cette bénédiction.
Pour l’instant, il mange avec avidité, se lève et s’en va. Il ne pense qu’à la jouissance
du moment, peu lui importe le reste. Que de fois des parents retrouvent avec tristesse
leurs tendances, accentuées
même, chez leurs enfants !
Jacob se montrera souvent fourbe et rusé, et il en subira les conséquences.
Mais il
aimait
l’héritage
promis par l’Éternel à son père et à sa descendance. Les filles de Tselophkad montreront la même disposition de cœur. Et Dieu
met le sceau de son
approbation
sur
celui qui fait un tel choix
(Nom. 27:4-7). Le chrétien doit apprécier
et rechercher
« les
richesses de la gloire de son héritage dans les saints » (Éphés. 1:18).
Jacob sera l’objet d’une longue et patiente discipline
de
la part de Dieu. Il connaîtra, par sa faute, l’exil. Mais il reviendra dans ce pays
de la promesse et s’attachera
à y demeurer, après la mort de son père (Gen. 37:1). Mais Ésaü le
profane
(Héb. 12:16) va jouir longtemps encore, à tort, d’une place
de choix
dans les affections d’Isaac ! Dieu peut
supporter
un temps des tendances
, qui sont toujours
une
entrave
pour notre croissance
spirituelle
(Job 20:12-13). Mais Il veut amener
chacun des siens à porter sur lui-même un jugement
complet
et à Lui
donner la place qui lui appartient (Héb. 12:7:10).
Une famine
survient ensuite dans le pays, comme
au
temps
d’Abraham
. Mais Isaac ne
sait
pas
tirer
leçon des tristes expériences de son père Abraham (Gen.
12 et 20). Apparemment il obéit à Dieu, qui lui apparaît pour
la
première
fois
, lui enjoint de ne pas descendre en Égypte et lui renouvelle les promesses
faites à son père (Gen. 26:1-4). Mais au lieu de rester
près du puits de Lakhaï-roï, où déjà Agar avait goûté
les inaltérables ressources divines (Gen. 16:10-14), Isaac
s’en va chez Abimélec, roi de Guérar,
sur le chemin de l’Égypte. Souvent, nous agissons de cette manière. On peut abandonner
une forme de mondanité et en accepter une autre. La vraie séparation a Christ pour
mobile.
Isaac, au lieu de séjourner
à Guérar,
y habite,
et les difficultés commencent.
Interrogé au sujet de Rebecca, et craignant sans raison évidente pour sa vie, il
tombe dans le même
péché
que son père. Il présente Rebecca comme sa
sœur, au lieu de reconnaître ouvertement qu’elle est sa femme. L’esprit du monde
aujourd’hui amène aussi les hommes à renier la relation divine du mariage. Il est
solennel de constater que des enfants de Dieu peuvent céder à un tel esprit !
L’attitude égoïste d’Isaac est offensante pour Rebecca, elle peut produire de l’amertume
dans le cœur de son épouse. D’ailleurs « comme son séjour se prolongeait »,
Abimélec, qui observait Isaac à son insu, découvre qu’il
lui
a menti
(Gen. 26:8-10 ; Éphés. 4:25). Comment ses voisins pourraient-ils désormais avoir
confiance en Isaac ?
Le monde observe la conduite d’un chrétien : Que voit-il ?
Le croyant se met en péril par ses fréquentations mondaines. Il manque aussi souvent
de courage pour confesser
sa relation avec Christ
. Il a peur
de
l’opprobre,
ce qui le conduit à rendre un mauvais témoignage devant
le monde (1 Pier. 4:16). Quelle honte si un croyant est
repris à juste titre par des incrédules à cause de sa conduite (Gen. 26:9-11) ! Évitons toute attitude équivoque où nous
n’aurions pas la liberté de demander à Dieu de nous garder. Quel contraste béni
offre l’attitude de Christ, le Mari d’Israël et l’Époux de l’Église, qui est le
modèle à imiter ! « Ayons soin d’éviter tout ce qui déshonore Christ.
Une chute détruit le caractère de Christ devant les hommes, même si ce n’est peut-être
pas un péché grossier » (JND).
La « frayeur d’Isaac », semble bien être sa crainte de Dieu (Gen. 31:42). Ne l’a-t-elle pas conduit à s’humilier devant Lui, libérant son esprit de ce péché ?
Pour chercher peut-être à se mettre à l’abri d’une famine éventuelle,
Isaac sème
dans cette terre. Il est le seul patriarche à adopter une attitude
transitoire entre la vie nomade et la vie sédentaire. Il récolte au
centuple
(Marc 4:8), car selon sa promesse l’Éternel
le
bénit
(Gen. 26:3 ; Héb. 10:23). Mais
l’Écriture souligne en même temps que l’homme
grandissait, qu’il allait grandissant de plus en plus, jusqu’à ce qu’il devint
fort
grand
» (Gen. 26:13).
Cette aisance au
milieu
de ces
Philistins
idolâtres, adorateurs de faux-dieux tels que Dagon, Ashtaroth et Beelzébul, inquiète. La prospérité acquise dans ce monde, a
toujours un effet néfaste
sur la vie spirituelle d’un croyant (1 Tim. 6:9-10). Quel contraste avec la vie d’un Jean le baptiseur,
marquée par une
sobriété
que ses contemporains estimaient certainement
excessive ! (Matt. 3:4). Mais cette conduite donnait toute sa valeur au témoignage
rendu à l’égard du Seigneur : « Il faut que Lui
croisse
,
et que moi je diminue » (Jean 3:30). À la fin de sa course ici-bas, l’apôtre
Paul demande à Timothée de lui apporter le
manteau
qui lui sera utile
pour l’hiver qui s’approche. Il n’avait pas accumulé
les biens terrestres
mais il laissait derrière lui un précieux ministère inspiré, des enseignements que
sa
conduite
n’avait pas affaiblis (2 Tim.
3:10-11).
Dès lors dans sa bonté, l’Éternel va enseigner
à
Isaac
que tous
ces biens acquis à Guérar sont plutôt
pour lui une source de tourments (Ps. 62:10). Il ne pourra jamais
jouir de
la paix et de la tranquillité auxquelles son âme aspire, tant qu’il restera au
milieu
des Philistins. Si Isaac s’était conduit comme un
étranger
et un
forain
, son témoignage aurait été clair
! On se
souvient de l’appréciation des fils de Heth sur Abraham.
« Tu es un prince de Dieu au milieu de nous ! » (Gen. 23:6). Désormais les Philistins portent
envie
à Isaac
(Gen. 26:14 ; Ecc.
4:4). Le patriarche va peu à peu comprendre qu’il doit quitter le pays des Philistins,
même si leur terre s’est montrée si fertile !
Pour obliger
Isaac à partir, les Philistins remplissent de
terre tous
les
puits
que les serviteurs d’Abraham avaient creusés,
et sur lesquels Isaac pensait peut-être avoir quelques
droits
!
C’était un lourd handicap pour un homme dont les biens terrestres consistaient surtout
en troupeaux. Ces Philistins cherchent à priver Isaac de cette
eau
si
indispensable
à la vie, et qui lui était fournie par ces anciens
puits
. Les Philistins modernes
n’agissent pas autrement. Ils ne creusent
pas de puits. Ils s’efforcent de boucher
ceux qui existent, creusés par des
hommes nobles au milieu du Peuple de Dieu (Nom. 21:18).
Cette
eau
est une belle image de la Parole, de ces
sources
de rafraîchissement spirituel dont déjà tant de générations ont joui.
Notre privilège est d’y puiser à notre tour ! (És.
12:3). L’ennemi de nos âmes s’efforce de remplir
nos
vies
des
choses de la terre. Il voudrait nous occuper constamment de ce qui ne
rassasie
pas
et de ce qui ne
peut
pas
désaltérer
(És. 55:2 ; Jér. 2:13).
Abimélec lui-même vient dire à Isaac :
« Va
-t’en
d’avec nous : car tu es beaucoup plus puissant
que nous » (Gen. 26:15-16). Isaac s’en va, mais à
regret
, car il continue à
habiter
dans la vallée de Guérar ! Exemple de persévérance et de fidélité, il cherche
toujours à déboucher les puits d’eau creusés par son
père
et « il
leur donna des noms d’après
les
noms
que son père leur avait
donné » (Gen. 26:18). Isaac se montre toujours un
fils respectueux.
Finalement, ses serviteurs trouvent un
puits
d’eau
vive,
c’est à dire
alimenté par une vraie source souterraine, donc
préférable à l’eau stagnante d’un puits ordinaire ! Cette eau vive est une
figure du Saint Esprit agissant en nous par le moyen de la Parole, répondant à un
besoin essentiel
chez le croyant (Jean 7:37-39). Nous devons recreuser personnellement
les puits. Alors l’action sanctifiante de la Parole pourra s’exercer sur notre conscience
et notre cœur. Sans
eau
, une plante meurt, même si elle est placée
au milieu d’un sol riche en éléments nourriciers. L’eau est indispensable pour que
cette plante puisse assimiler cette nourriture. Le Saint Esprit a ces effets bénis
pour chaque croyant (Jean 14:26).
Les bergers de Guérar contestent
encore ! « L’eau est à nous ». Avec patience
, les serviteurs
d’Isaac creusent un autre puits, mais se heurtent à la même farouche opposition
(Gen. 26:20-22). Isaac supporte
toutes ces injustices
avec un esprit de douceur et de grâce (Phil. 4:5). Les autres patriarches n’ont
pas eu la même attitude. Cette constante disposition d’esprit, digne de louange
devant Dieu, se manifestera tout au long de la vie de ce patriarche (1 Pier. 2:19-20).
Isaac se garde des disputes et des contestations (Rom. 12:18). Avons-nous
la même attitude ? Le patriarche transporte ses tentes plus
loin
encore
, et creuse un nouveau
puits. Cette fois les Philistins ne contestent
pas ! (Prov. 16:7). Isaac déclare : « L’Éternel
nous a maintenant donné
de
l’espace
, et nous fructifierons
dans le pays » (Gen. 26:22 ; Ps. 31:8). Sa tente
est maintenant
tendue
« hors du camp, loin du camp » (Ex.
33:7). Il répond
à la pensée de l’Éternel, il est délivré
de ces associations
qui entravaient sa vie spirituelle.
Bientôt, de là, il monte à Beër-Shéba,
c’est à dire qu’il se trouve à nouveau dans
les
limites
de
la
terre
promise
(Juges 20:1). « Et l’Éternel lui apparut
cette
nuit
-là
et lui dit : Je suis le Dieu d’Abraham ton
père, ne crains pas, car je suis avec toi ; et je te bénirai et je multiplierai
ta semence, à cause d’Abraham, mon
serviteur
» (Gen. 26:24 ; Rom. 8:21). Abraham a été le premier à recevoir,
dans l’Écriture, ce beau titre de serviteur, avant Moïse, Josué et le Seigneur lui-même.
Cette discipline produit dans la vie d’Isaac une sanctification pratique. Il bâtit
d’abord
un
autel
et invoque le Nom de l’Éternel. Il n’avait
pas d’autel à Guérar.
Puis il dresse sa
tente
au même endroit
(Gen. 26:25). Une tente n’a pas de fondement, en quelques instants
elle est dressée ou pliée. Celle de ces pèlerins, montrait qu’ils étaient des
étrangers
célestes. Ils attendaient
la Cité qui a les fondements,
de laquelle Dieu est l’architecte et le créateur (Héb.
11:9-10). Ceux qui « habitent sur la terre », expression fréquente dans
l’Apocalypse, (Apoc. 3:10 ; 6:10 ; 8:13…) peuvent-ils
voir que, par la foi, nos regards se portent résolument vers le ciel ? (Act. 1:10).
L’autel
était destiné à offrir des sacrifices à Celui qui
leur était apparu. Il montre qu’ils étaient devenus de vrais
adorateurs.
Les serviteurs d’Isaac creusent aussi un
puits
à Béër-Shéba, et il sera appelé le puits
du
serment
.
En effet, c’est à ce moment-là qu’Abimélec, avec Akhuzzath son ami, et Picol, le chef
de son armée, viennent rendre visite à Isaac. Isaac s’étonne à juste titre :
« Pourquoi venez-vous vers moi, puisque vous me haïssez, et que vous m’avez
renvoyé d’auprès de vous ? » (Gen. 26:27). Quoiqu’ils
soient des païens, ils répondent : « Nous avons vu clairement que l’Éternel
est
avec
toi
» (Gen. 26:28).
Ils en ont conclu qu’il valait mieux que cet homme soit leur allié que leur ennemi.
Ils sont donc venus faire
alliance
avec lui. Ils exposent leur façon
de voir. « Tu ne nous feras pas de mal, comme nous ne t’avons pas touché, et
comme nous ne t’avons fait
que
du
bien
et t’avons renvoyé
en
paix
» ! Ils concluent peut-être habilement :
« Tu es maintenant le béni de l’Éternel » (Gen.
26:29).
Cette circonstance fait ressortir combien les
caractères
d’Abraham et d’Isaac étaient différents. Quand les serviteurs d’Abimélec s’étaient emparés par force d’un puits, Abraham avait
eu une attitude ferme vis à vis de ce Philistin (Gen.
21:25-32). Isaac, pourtant provoqué à tant de reprises durant son séjour en Philistie, est comme à l’accoutumée, débonnaire et même dans
cette circonstance, plutôt faible
(Gen. 26:30-31).
Que de fois l’on garde
le
silence
alors qu’il faudrait parler !
C’est souvent un manque de courage moral. Il faut demander au Seigneur de nous apprendre
à joindre à la foi, la vertu (Prov. 15:23 ; 2 Pier.
1:5).
C’est notre
devoir
de pardonner,
mais la Parole précise, « si
ton
frère
se
repent
» (Luc 17:3). Or rien de tel chez Abimélec. Il s’estime au contraire très
généreux
d’avoir laissé Isaac quitter Guérar sain et sauf. Pourtant
Isaac s’empresse de faire alliance avec Abimélec. Il lui
prépare un
festin
et le renvoie sans
attirer son attention
sur sa mauvaise conduite passée. Agir de la sorte, c’est oublier le témoignage qu’un
croyant est appelé à rendre à son entourage (Éphés. 5:11-12).
Ésaü ne tarde guère à montrer à nouveau combien les pensées de Dieu
lui sont étrangères. Il ne peut pourtant pas ignorer que l’Éternel avait annoncé
à Abraham son intention de détruire les nations qui habitaient encore dans ce pays
de Canaan, à
cause
de
leur
iniquité
(Gen. 15:16). Mais il n’hésite pas à faire entrer dans la famille
d’Abraham, par mariage, deux
femmes
héthiennes
,
idolâtres et impies (Gen. 24:3, 37 ; Héb. 12:16).
Plus tard, quand Ésaü verra Isaac, sur
l’intervention
de
Rebecca
, envoyer Jacob à Paddan-Aram
pour y chercher une épouse (Gen. 27:46) il réalise que
les filles de Canaan sont mal vues de ses parents et pense regagner leur faveur
en prenant une troisième
épouse, descendante d’Ismaël ! (Gen. 28:7-9). Sa conduite cause un profond chagrin à ses parents
(Gen. 26:35). Isaac a-t-il manqué d’avertir
ses
fils et à veiller
sur leurs voies, à la différence de son père Abraham ?
Quand la crainte
de
Dieu
s’estompe, le déclin
s’accentue
rapidement dans la famille de la foi. L’Écriture ne relève
pas que Jacob soit attristé, comme son père Isaac, quand son fils, Juda, qui s’est
éloigné de ses frères, prend pour épouse une cananéenne (Gen.
38:1-2).
De nombreux enfants dans les familles chrétiennes ont montré le véritable
état de leur cœur, au moment si important du mariage. Ils n’ont pas obéi à l’injonction
formelle de l’Écriture : « Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti
avec des incrédules » (2 Cor. 6:14). Il n’y a pas de retour individuel
ou collectif
vers le Seigneur, aussi longtemps que les croyants ne reviennent
pas de tout leur cœur à ce principe
de la
séparation,
en particulier
pour le mariage
.
Esdras 10:10-15 et Néhémie 13:23-28 montrent que le Résidu s’est
affaibli
rapidement
, suite à des alliances avec des personnes étrangères.
Quelle tristesse d’entendre leurs fils parler à moitié l’asdodien,
et ne plus parler le juif, mais selon la langue de l’un ou de l’autre peuple (Néh. 13:24). Si une chute
aussi grave survient dans une
famille chrétienne, les parents doivent prier avec persévérance, en s’humiliant
de leurs
propres défaillances
. Alors il leur sera peut-être accordé
la joie de voir un enfant égaré
revenir
au
Seigneur
.
Probablement près de vingt
ans
s’écoulent avant la
suite de ce récit, au chapitre 27. « Lorsque Isaac fut devenu vieux et que
ses yeux furent affaiblis de manière à ne plus voir », il se propose de transmettre
la bénédiction réservée à
l’aîné
. En fait ce patriarche vivra encore
une quarantaine d’années.
Mais quel est donc l’héritier légitime ? L’oracle divin (Gen. 25:23) avait tracé clairement son chemin à Isaac. Or il
se laisse guider par sa préférence charnelle
pour Ésaü. Avec l’âge, ses tendances,
faute d’être jugées, se sont aggravées
(Éphés.
4:22). Il ne songe apparemment pas à consulter
l’Éternel, encore moins à
attendre
un ordre de Sa part.
Ésaü avait pourtant déjà vendu sans honte son droit d’aînesse à Jacob.
Il avait aussi montré, par ses mariages, qu’il n’était décidément pas digne d’entrer
dans cette lignée de la foi, d’où surgirait le Messie. C’est pourtant Ésaü qu’Isaac
appelle secrètement. Il le prie de sortir dans les champs, avec ses armes.
« Prends-moi
du gibier et apprête-moi
un mets savoureux comme
j’aime,
et apporte-le-moi
et j’en mangerai, afin
que
mon
âme
te
bénisse
avant que je meure » (Gen. 27:3-4). Un mets
savoureux
compte-t-il plus
pour Isaac que l’état moral de ses fils ? Les convoitises de la chair ont des
conséquences plus terribles encore chez un croyant que chez un incrédule. Les yeux
d’Isaac sont affaiblis, mais surtout il est devenu
aveugle
spirituellement
.
Pour accomplir le dernier acte religieux d’un sacrificateur patriarcal,
il demande ce mets savoureux qu’il aime, qui correspond pour lui « au vin et
à la boisson forte » que les sacrificateurs devaient proscrire de leur régime
avant d’entrer dans le sanctuaire (Lév. 10:9). Isaac au
contraire semble supposer cette nourriture susceptible de lui donner les
forces
convenables
pour accomplir son service !
On peut en venir à confondre la simple excitation
de
la
chair
avec la puissante action du Saint Esprit (Éphés. 4:30 ; 5:18). Un manque
de
sobriété
dans le manger et le boire
, dans tout ce que Dieu donne richement pour
soutenir la vie du
corps
, peut conduire à s’enivrer. Le sens s’en
trouve ôté et le croyant perd tout discernement spirituel (Osée 4:11).
Or « Rebecca
entendait
» Isaac pendant qu’il
parlait à Ésaü, son fils (Gen. 27:5). Au commencement
de sa vie, sa conduite avait été simple et belle, elle s’était résolument engagée
dans le chemin de la Foi. Plus tard, on a vu cette future mère aller consulter l’Éternel
pour qu’Il l’éclaire au sujet de ses enfants (Gen. 25:22).
Mais ici, Rebecca, dont le nom signifie une
corde
à
nœud
coulant
montre qu’elle est capable de manifester le même trait de famille
que son frère Laban
, fourbe et rusé. Malgré les épreuves, elle n’a pas vraiment
perdu cet ancien goût (Ps. 119:83).
Quand, par grâce, nous répondons à l’appel qui nous met à part
pour Dieu, nous recevons une nouvelle
nature
qui aime Dieu et cherche
à Le servir. Mais nous avons déjà un certain caractère charnel. Il est d’abord personnel
,
conséquences des tendances
familiales ou encore acquis par notre éducation
à la maison et à l’école.
Chaque enfant de Dieu doit mettre constamment en pratique les exhortations
de la Parole de Dieu. Il doit se tenir pour mort
au
péché
,
et pour vivant à Dieu, dans le Christ Jésus. Réaliser pratiquement sa
position,
savoir que le vieil
homme
a été
crucifié
avec
Christ
. Il ne doit plus servir le péché, le laisser régner sur son corps
mortel. Il a dans la présence du Saint Esprit en lui, les ressources pour cela (Rom.
6:4-6).
Dans cette famille d’Isaac, où pourtant Dieu
était
connu
, les convoitises, les fraudes et les mensonges prennent tristement
beaucoup de place. Apparemment, il n’y a plus guère de communion spirituelle entre
Isaac et Rebecca. Chacun cherche simplement à servir au mieux les intérêts
de son enfant préféré ! Au lieu de crier au Dieu Tout-Puissant,
et apparemment sans hésiter, Rebecca élabore un triste projet. Pendant qu’Ésaü est
parti chercher du gibier, elle engage
Jacob à tromper
son père, pour
empêcher son frère de recevoir la bénédiction qu’Isaac veut lui donner. Jacob ne
sait pas résister à sa mère, d’autant plus que tous les deux veulent, sans scrupule
sur les moyens employés, s’emparer de ces promesses qui ont du
prix
à leurs yeux. Jacob semble surtout préoccupé des conséquences désagréables possibles
,
si sa fraude vient à être découverte : « Je
passerai
à ses
yeux pour un trompeur, et je ferai venir sur moi la malédiction et non la bénédiction »
(Gen. 27:11, 12).
Tromper son père ? Mais n’est-ce pas exactement
ce qu’il
s’apprête à faire ! A-t-il oublié que Dieu ne peut se
renier
ni permettre une erreur
? Si seulement il avait su compter
sur
Lui
(Dan. 4:35), il se serait épargné beaucoup de peines et de temps perdu.
Rebecca a réponse à toutes
ses objections. Elle a déjà dit à Jacob :
« Maintenant, mon fils, écoute ma voix dans ce que je te commanderai ».
Jacob lui fait-il part de ses craintes ? Pour le rassurer, elle ajoute :
« Que ta malédiction soit sur moi, mon fils ! Seulement
écoute
ma voix et va… » (Gen. 27:8:13). Elle met sur Jacob
les habits précieux d’Ésaü, ceux qu’il portait les jours de fête. Elle recouvre
les mains et le cou de Jacob avec des peaux de chevreaux. Elle se doute qu’Isaac
va chercher, en tâtant, à s’assurer qu’il s’agit bien d’Ésaü, naturellement très
velu. Elle met ensuite dans la main de Jacob le
mets
savoureux
tant désiré par Isaac. Elle l’a, elle-même, préparé (Gen.
27:17). Enfin elle
ajoute
aux paroles d’Isaac à Ésaü, pour faire mesurer
à Jacob l’importance
de cette bénédiction : elle sera prononcée devant
l’Éternel
!
(Gen. 27:7)
Nous ressemblons souvent beaucoup
à Rebecca. Mais même si
nos
stratagèmes
semblent réussir, n’y voyons pas une preuve de l’approbation
divine !
En fait c’est la volonté de Dieu qui va se
réaliser
;
car tous Ses conseils sont la fermeté même (Rom. 9:18). Mais chacun a sa part de
responsabilité dans ce grand
péché
de famille et il en subira les
conséquences
. Isaac et Ésaü verront leurs projets immédiatement anéantis
.
Rebecca sera définitivement privée
de son fils. Jacob, en exil, sera surabondamment
trompé à son tour par son beau-père Laban. Ses propres fils aussi lui feront croire
un jour que son fils bien-aimé, Joseph, est mort (Prov. 26:27). Jacob reçoit la
bénédiction
convoitée
: « Que Dieu te donne de la rosée
des cieux et de la graisse de la terre, et une abondance de froment et de moût…
Sois le maître de tes frères… (Gen. 27:27-29). Mais pour parvenir à ses fins, il n’a pas hésité
à
mentir
à plusieurs reprises. En particulier, il ose dire à son père,
qui s’étonne d’un si prompt retour de la chasse, c’est « parce que l’Éternel,
ton
Dieu
, me l’a fait rencontrer devant moi » ! (Gen. 27:20).
Les péchés vont par troupeau. Le premier pas descendant peut conduire
très loin. Une chose aurait pu trahir Jacob : sa
voix
(Gen. 27:22-23). Mais de fait Isaac doit
accomplir les
desseins du Dieu souverain.
Il n’est pas étonnant que le patriarche soit « saisi d’un tremblement
très-grand », quand Ésaü revenu de la chasse, se
présente à son tour. Il se demande à haute voix « Qui donc est celui qui a
pris du gibier et m’en a apporté ? Et j’ai mangé de tout avant que tu vinsses,
et je
l’ai
béni
: aussi
il
sera
béni
»
(Gen. 27:33). Mais il réalise donc qu’il s’est conduit
d’une misérable manière, tout en prononçant cette remarquable prophétie. Alors DIEU
est intervenu pour annuler
ses mauvaises intentions. Les paroles d’Isaac
montrent qu’il se courbe devant la volonté divine, et se juge devant l’Éternel.
Ésaü « jette un cri très-grand et
amer » (Gen. 27:34). Il réclame avec véhémence une
bénédiction. Il pleure, il accuse Jacob de lui avoir
pris
son droit
d’aînesse et sa bénédiction. Il avait méprisé cette part excellente et maintenant
c’est trop tard (Prov. 1:28-31). Isaac lui déclare : « Voici, je l’ai
établi ton
maître
» (Gen. 27:37). Le
refus qu’Isaac oppose à Ésaü montre la présence chez lui d’une foi vivante
.
De la vie d’Isaac, l’épître aux Hébreux retient cet instant : « Par la
foi, Isaac bénit Jacob et Ésaü à l’égard des choses à venir » (Héb. 11:20). Le mot hébreu au début du verset 40 (voir la note)
paraît bien avoir un sens privatif
. L’Idumée, habitée pendant tant de siècles
par la descendance d’Ésaü, est une contrée pauvre
et aride. Ses habitants
ont vécu de guerre, de rapine et de violence.
Beaucoup de chrétiens
de
nom
, profanes comme
Ésaü, pensent hériter de la bénédiction divine sans
la
foi
.
Ils se confient dans une religion de formes
et de traditions
, qui
se limite souvent à quelques cérémonies religieuses (Matt. 8:12).
La parole de l’Éternel se réalise. Isaac reconnaît ce que Dieu vient
de faire à la fois par
lui
et malgré
lui
. Il est maintenant
soumis à la volonté de Dieu. Tel doit toujours être l’effet de la discipline de
Dieu à notre égard. Il faut finalement que toute pensée soit amenée captive à l’obéissance
du Christ (2 Cor. 10:5). Mais que de souffrance maintenant autour d’Isaac !
Celui qui est devenu l’héritier légitime doit s’enfuir, craignant d’être tué par
Ésaü, qui suit le même chemin que Caïn (Gen. 27:43). Rebecca
caresse, à
tort
, l’espoir, que ce ne sera que pour « quelques
jours
, jusqu’à ce que la fureur de ton frère se détourne » (Gen. 27:43-44). Elle ne reverra plus Jacob. Rebecca se sert
pour convaincre Isaac de faire partir Jacob, de l’aversion qu’ils partagent, elle
le sait, pour ces filles de Heth, épouses d’Ésaü (Gen. 27:46). Mais c’est de sa part un trait lumineux de sa foi.
Elle cherche à sauver ce qui peut l’être. Jacob, le fils bien-aimé, trouvera une
noble épouse qu’il aimera.
Isaac fait venir Jacob et le
bénit
. Il lui commande
de se rendre à Paddan-Aram, pour y rencontrer une épouse.
Il semble montrer en cette circonstance la vigueur d’une foi, telle qu’elle avait
brillé dans les meilleurs moments de sa vie (Gen. 28:1-5).
Un grand silence
se fait dans
l’Écriture
sur
les longues dernières années qui vont précéder la mort du patriarche. Sa vie semble
inutile, le vase était-il donc gâté
, impropre désormais à l’usage du Maître ?
(Jér. 18:4). Quelqu’un a écrit à ce sujet : au lieu
de s’user, il avait rouillé
. Tandis que chez son père Abraham, la feuille
est restée verte
et il n’a
pas
cessé
de porter du fruit
(Jér. 17:7-8 ; És. 40:31).
Toutefois Dieu garde en vie le vieux patriarche jusqu’au moment où
Jacob revient, obéissant à l’ordre divin : « Retourne
au pays de
tes pères et de ta parenté, et je serai avec toi » (Gen.
31:3). Il appréhendait tellement sa rencontre avec Ésaü, qui vient vers lui avec
400 hommes ! Mais l’Éternel a disposé le cœur d’Ésaü, qui l’accueille avec
des baisers et des larmes.
On aimerait voir Isaac mourant, adorer, appuyé sur le bout de son
bâton, comme le fera justement plus tard son fils Jacob, après sa vie si agitée
(Héb. 11:21). C’est un grand encouragement pour de jeunes
chrétiens s’ils peuvent voir leurs aînés atteindre la fin de leur course, fermes,
inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur. Dans de telles conditions,
on peut, en parlant d’eux, évoquer les paroles de l’apôtre Paul (1 Cor. 15:58 ;
2 Tim. 4:7). On constate toutefois qu’Isaac se trouve
alors à nouveau à Mamré
, tout près d’Hébron, là
où
son
père
Abraham avait habité. Jacob est près de lui, quand
il est recueilli
vers ses peuples.
Une dernière fois, ses deux fils sont
réunis
pour l’enterrer,
encore liés par les relations naturelles d’une famille terrestre (Gen. 35:27-29 ; 49:31). Mais peu après, Ésaü va partir
loin
de
Jacob
, son frère, loin
aussi
de
Dieu
, avec ses femmes, ses enfants et tout son avoir. Il habitera la montagne
de Séhir, Ésaü c’est Edom (Gen. 36:6-8). Tandis que Jacob habitera dans le pays de Canaan,
où son grand-père et son père ont séjourné avant lui (Gen.
37:1).
Une fois encore, ce récit rappelle à nos cœurs « la fin du Seigneur, savoir que le Seigneur est plein de compassion et miséricordieux » (Jac. 5:11).
Quand la pression qu’exercent les circonstances extérieures devient
trop forte, il est rassurant de sentir à l’intérieur la main du Potier qui soutient
l’homme
caché
du
cœur
. Laissons-nous former
par
cette main d’amour : Le Seigneur prépare le vase qu’Il posera tout à l’heure
sans bruit dans sa Maison, à la louange de la gloire de sa grâce.
Fidèle discipline d’un Dieu de sainteté,
Où la grâce divine abonde en fruit porté !
Tu formes sur la terre tes bien-aimés enfants.
Soit loué, tendre Père, pour tes soins vigilants.