Philippe Laügt
2002
Table des matières :
1 - Gen. 37 — La mauvaise conduite des frères de Joseph
2 - Gen. 39 à 41 — Soins de Dieu envers Joseph
3 - Gen. 42:1-28 — Retrouvailles de Joseph et ses frères ; commencement de la restauration
4 - Gen. 42:29 à 43:14 — Les frères de Joseph avec Jacob
5 - Gen. 43:15-34 — À nouveau devant Joseph
6 - Gen. 44 — Dernière épreuve
7 - Gen. 45 — Achèvement de la restauration
8 - Gen. 50 — L’amour parfait chasse la crainte, car la crainte apporte avec elle du tourment.
Le livre de la Genèse
contient en germe toutes les grandes vérités de l’Écriture. On y trouve
plusieurs types de Christ (Jean 5:39), Adam, Noé, Isaac et même Jacob. Mais
Joseph est certainement une des figures les plus remarquables du Seigneur. Le
début de son histoire préfigure le rejet
du Messie. Ensuite, l’amour
patient
de Joseph à l’égard de ses frères évoque celui du Seigneur
vis-à-vis des siens. Il sera le restaurateur
de leurs âmes (Ruth 4:15).
Son activité pour les amener à la repentance, rappelle le travail de Dieu. À
l’aube du millénium, les fils d’Israël en viendront à se lamenter sur Lui
« comme on se lamente sur un fils unique » (Zach. 12:10 ; Matt.
27:25 ; Luc 19:41). La grâce de Dieu opérera en restauration. Le
Libérateur viendra de Sion, il détournera Jacob de l’impiété et tout Israël
sera sauvé (Rom. 11:26, 32-34).
Il y a dans ce récit des
enseignements très précieux touchant la question souvent mal comprise de nos
relations entre frères
. C’est pourquoi nous aimerions parcourir brièvement
les chapitres 42 à 45 de la Genèse, qui relatent le travail de Joseph en faveur
de ses frères.
Dès sa jeunesse, Joseph est
haï par ses frères, en premier lieu parce que son père Jacob l’aime plus que
tous ses autres fils. Cette haine ne fera que croître « à cause de ses
songes et de ses paroles » (Gen. 37:4-8). Aussi quand, obéissant à son
père, Joseph se rend auprès d’eux à Sichem, pour voir s’ils se portent bien,
ses frères décident de le faire
mourir
. Ruben toutefois les
retient, et Joseph, dépouillé de la tunique bigarrée confectionnée par son
père, est jeté dans une
citerne
. Ruben projetait de le délivrer,
mais il s’absente et Juda propose à ses autres frères de vendre
le jeune
Joseph à une caravane d’Ismaélites de passage. Quel cynisme dans ses
paroles : « Quel profit
aurons-nous à tuer notre
frère » ? Ils le vendent donc pour vingt pièces d’argent ! Voilà
qui rappelle le prix magnifique que Judas a estimé
suffisant
pour
livrer le Seigneur (Matt. 26:15 ; Zach. 11:13).
Ses frères pensent être
définitivement débarrassés de lui, et pour couvrir leur crime, ils font croire
à leur père qu’une mauvaise bête l’a dévoré. Ils lui présentent cette tunique
qui excitait tant leur jalousie. Ils l’ont trempé au préalable dans le sang
d’un bouc et disent à Jacob, avec beaucoup de dureté
:
« Reconnais si c’est la tunique de ton fils ou non » (Gen. 37:32).
Ils osent ensuite se lever pour consoler
celui dont ils viennent de
briser le cœur volontairement
!
Vingt ans
s’écoulent durant lesquels Dieu prend soin de
Joseph. Il est amené en Égypte, où il connaît d’abord un temps d’épreuve amère
à cause de sa fidélité
et de sa crainte
de Dieu. Accusé à tort,
il est emprisonné, pendant plus de trois ans dans une
tour
(Ps.
105:18). Mais là encore, l’Éternel est avec lui
; et tout ce qu’il
fait, prospère
(Gen. 39:23).
Ensuite, Dieu permet qu’il soit
seul
en mesure de faire connaître au Pharaon la signification d’un songe
qui annonce sept ans de famine
sur toute la terre. Il ne cherche pas à
en tirer gloire, mais dit au Pharaon : « Dieu
a déclaré au
Pharaon ce qu’il va faire » (Gen. 41:25). Ce dernier décide alors sagement
de l’établir sur le pays. Il reçoit tous les signes de son élévation. Le
Pharaon déclare : « Sans toi nul ne lèvera la main ni le pied dans
tout le pays d’Égypte ». Désormais, on crie devant lui : « Abrec ! »,
c’est à dire : « qu’on s’agenouille ! ». Tout se déroule
comme Joseph l’a annoncé. Sept années de grande abondance
précèdent la
famine
. « Joseph amasse du blé, comme le sable de la mer, une immense
quantité » (Gen. 41:49). Puis, cette famine survient, terrible, et le
Pharaon dit à son peuple qui crie à lui de faim : « Allez à
Joseph ».
Quel beau type de
Christ ! Il est le seul
en mesure de combler les besoins de notre
âme ! Tous les lieux de dépôt sont ouverts et de
toute la terre
on vient chercher du blé vers Joseph (Gen. 41:56-57).
Le pays de Canaan ne fait pas exception : là aussi, c’est la disette. Jacob entend dire qu’il y a du blé en Égypte. Il reprend ses fils indécis et désorientés devant la gravité de la situation, et il les presse d’aller acheter du blé, « afin que nous vivions ». Mais il garde près de lui Benjamin, le frère puîné de Joseph, « de peur qu’un accident ne lui arrive » ! Il a reporté sur le second fils de Rachel une partie de cette affection qu’il avait eue pour Joseph (Gen. 42:1-4).
Il semble que les frères de
Joseph ont réussi jusqu’ici à étouffer
la voix de leur conscience,
oubliant en particulier leur conduite vis à vis de Joseph. Ne cherchons-nous
pas quelquefois à oublier
des péchés commis depuis longtemps déjà
?
Mais leur ancienneté n’amoindrit pas leur gravité. Et même si nous les avons
chassés de notre souvenir, Dieu
, Lui, n’oublie pas. Le temps n’efface
rien s’il n’y a pas eu de repentance
. Pourtant Dieu nous aime, et Il
intervient au moment
opportun
, et par Ses
moyens remplis
de sagesse, comme Il le fait ici pour les frères de Joseph. Il veut nous amener
à juger
et à confesser
notre péché. Peut être faudra t-il passer
par une douloureuse
discipline
, surtout si nous faisons preuve d’endurcissement
,
comme dans le cas des frères de Joseph ? Mais Sa
bannière
sur nous, c’est l’amour
(Cant des cant. 2:4), et c’est toujours notre
bien qu’Il a en vue. Il y travaille avec une compassion merveilleuse et une
grande patience.
Toutes
choses, comme toujours, vont travailler ensemble
pour atteindre le but
que Dieu s’est proposé (És. 14:24) : la dureté
apparente de Joseph et sa bonté
; les encouragements ou les
anxiétés que ses frères vont connaître. De même les accusations injustes
ou
au contraire les soins attentionnés reçus dans la maison de ce
« gouverneur » tout-puissant, auquel ils ont affaire, n’ont pas
d’autre motif ! Ainsi, dans son merveilleux amour, Dieu opère dans une
âme
pour l’amener au salut, ou pour la restaurer
s’il s’agit d’un croyant
qui s’est égaré
.
Les fils de Jacob descendent
en Égypte. Et aussitôt ils vont se prosterner devant le gouverneur, la face
contre terre (Gen. 42:6). Ils ne reconnaissent pas leur frère, mais lui les
reconnaît (Gen. 42:7-8). Quelle va être son attitude ? Quelle serait la
nôtre
dans de telles circonstances ? Nous pourrions être tentés de
nous venger
, ou de passer au contraire superficiellement sur le passé.
Les hommes de David, dans une circonstance similaire, lui affirmaient :
« Voici le jour dont l’Éternel t’a dit : Voici, je livre ton
ennemi
en ta main, et tu lui feras comme il sera bon à tes yeux » (1
Sam. 24:5).
Mais la conduite d’un David
et celle de Joseph ont été tout autres (1 Sam. 24:7). Les enseignements de
Romains 12:17-21 sont clairs. Il faut veiller pour que « toute amertume
et tout courroux
et toute colère
… soient ôtés du milieu de
nous » ; la Parole poursuit cette exhortation en recommandant d’être
« bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns
aux autres, comme Dieu aussi en Christ vous a pardonné » (Éphés. 4:31-32).
Une vie de communion avait
appris à Joseph à discerner
les pensées de Dieu. Son amour sincère pour
ses frères fera de lui un instrument habile
dans la main de Dieu. Son
désir est de les aider à cette repentance à salut, dont on n’a pas de regret (2
Cor. 7:10). Ils sont depuis longtemps dans une profonde misère morale, et
Joseph voudrait pour eux une heureuse restauration
. Instruit par le
Seigneur, il va chercher par divers moyens à toucher leur conscience.
Il fait l’étranger
et
adopte un langage sévère, mais c’est l’amour
qui l’inspire.
Cette
façon d’agir est souvent mal comprise, vite taxée de dureté
et de manque
de cœur. Mais la Parole souligne
comment Joseph va se détourner à
plusieurs reprises, et entrer dans sa chambre pour y pleurer
. Il leur
dit : « D’où venez-vous ? ». Il les accuse injustement
,
à deux reprises, d’être des espions venus pour voir les points faibles et
découverts du pays d’Égypte.
S’ils avaient été en bon
état
, ils s’en seraient remis paisiblement à Dieu (Ps. 37:5-8). Mais ils se
défendent : « Non, mon seigneur, nous sommes d’honnêtes gens
» !
Ils sont simplement venus acheter des vivres.
Affirmer ainsi leur probité
montre qu’ils ont oublié
leur « mauvaise renommée » malgré la
tuerie perpétrée par deux d’entre eux à Sichem (Gen. 34:26-30). Pourtant même
Jacob avait été mis en mauvaise odeur auprès des habitants du pays (Gen.
34:26-30). Ils ont visiblement chassé aussi de leur esprit le crime
commis contre leur frère Joseph (Gen. 37:18-30), et n’ont même plus de honte de
leur dureté de cœur devant l’accablement de leur père (Gen. 37:31-35). Depuis vingt
ans
, Jacob mène deuil sur cet enfant qu’il aimait, mais ses autres fils se
sont habitués
à le voir souffrir.
Joseph les interroge et les
oblige à se dévoiler un peu. Ils font allusion au plus jeune fils, Benjamin,
resté auprès du père. Instant d’émotion pour le cœur
sensible
de
Joseph : il les entend mentionner son propre
frère ! Et la
naissance de Benjamin avait coûté la vie à Rachel, l’épouse tendrement aimée de
Jacob, qui était aussi la mère de Joseph.
Les frères parlent pudiquement
de ce frère « disparu ». Ils disent : « Il n’est
plus
» (Gen. 42:13). Plus tard, avec leur père Jacob, ils emploient la
même expression (Gen. 42:32). L’on s’entend fort bien parfois à travestir la
vérité !
Joseph les « mets sous
garde » ensemble, pendant trois jours. Le travail divin se poursuit dans
leur conscience et leur cœur tourmentés pendant cette épreuve, dont la durée et
l’issue paraissent incertaines. Ils savent bien quel est le sort généralement
réservé aux espions ! Mais cette affliction était nécessaire
(1
Pier. 1:6). Ils sont pris dans les cordeaux du malheur, et Dieu leur montre ce
qu’ils ont fait. Il ouvre leur oreille à la discipline (Job 36:8-10).
Le troisième jour, Joseph
vient leur dire : « Moi, je crains Dieu
. Si vous êtes
d’honnêtes gens… l’un de vous sera lié… et vous, allez, emportez du blé… et amenez-moi
le plus jeune de vos frères… et vous ne mourrez pas » (Gen. 42:19-20).
Leur réaction immédiate montre qu’ils ont déjà fait un
premier pas
vers la repentance. Ils se souviennent de Joseph et se disent l’un à
l’autre : « Certainement, nous sommes coupables
à l’égard de
notre frère ; car nous avons vu la détresse
de son âme, quand il
nous demandait grâce
, et nous ne l’avons pas écouté ; c’est
pourquoi cette détresse
est venue sur nous » (Gen. 42:21). Le passé
ressurgit parfois, tumultueux. Nous avions longtemps cherché à l’oublier !
et le voilà qui ré-envahit brusquement nos pensées.
Les reproches tardifs de
l’aîné, Ruben, vont accentuer
l’exercice : « Ne vous ai-je pas
parlé, disant : « Ne péchez pas contre l’enfant Mais vous
n’avez
pas
écouté
; et aussi, voici, son sang nous est redemandé
»
(comparer avec Matt. 27:25). Ruben croit que Joseph est mort. Il accuse ses
frères. Peut être sa
conscience est-elle touchée ? Mais il n’a plus
d’autorité morale, et ne peut pas espérer être écouté en rejetant sur eux la
faute : Tous ont péché.
Ces hommes « ne
savaient pas
que Joseph comprenait, car il y avait entre eux un
interprète ». C’est un point important. Ils n’étaient pas encore prêts
pour une confession publique
.
Mais Joseph est touché de
voir ce travail de Dieu chez ses frères. Il se détourne d’auprès d’eux et il
pleure
! Puis revenant vers eux, il leur parle. Mais s’il se
réjouit secrètement de ce qu’un travail
de
repentance
ait
commencé, il n’en laisse rien paraître. La crainte
de
Dieu
lui donne du discernement
. Il sait
quel chemin difficile ses
frères auront encore à suivre, pour être pleinement restaurés.
Joseph prend donc parmi eux
Siméon et le lie
devant leurs yeux
(Gen. 42:24). Il sera gardé
prisonnier en Égypte, Puis il charge ses frères d’une abondance
de
blé
et leur fait remettre des provisions pour le chemin. Il fait aussi secrètement
placer l’argent, présenté en paiement, à l’entrée de leurs sacs.
Ils s’en vont donc, mais au
caravansérail où l’on stationne pour la nuit, l’un d’entre eux découvre cet
argent dans son sac. Il en fait part à ses frères. Le cœur leur manque, ces
hommes pourtant rudes sont saisis de peur
,
et ils
déclarent : « Qu’est ce que Dieu
nous
a
fait
? »
(Gen. 42:28 ; Lam. 3:37). Autrefois, ils appréciaient pourtant tellement l’argent
,
au point même de vendre
leur frère pour une somme minime !
Arrivés chez eux, en présence
de Jacob, chacun défait son sac et tous y découvrent leur argent. À nouveau,
ils ont peur.
L’éloignement de Dieu nous fait souvent méconnaître Ses
pensées. Pourtant, ce sont des pensées de paix et non de mal ! Il veut
nous donner « un avenir et une espérance » (Jér. 29:11). Ils font le
compte-rendu de leur voyage à leur père. S’ils avaient eu à ce moment-là le cœur
brisé
, ils auraient confessé leur iniquité, imploré son pardon. Mais non,
ils racontent ce qu’ils ont dit à Joseph, quand il leur parlait durement :
« Nous sommes d’honnêtes gens ». Combien ils tiennent encore à leur prétendue
honorabilité ! C’est aussi souvent notre cas !
Mais ils sont bien obligés de
préciser à Jacob les « conditions » posées pour la libération de
Siméon : « À ceci je connaîtrai que vous êtes d’honnêtes gens…
Amenez-moi votre plus jeune frère » (Gen. 42:34). Ils ajoutent : et
vous
trafiquerez
dans
le
pays
, — ce que
Joseph n’avait pas dit.
Laisser aller Benjamin, Jacob
s’y refuse absolument : « Vous
m’avez privé d’enfants ;
Joseph n’est plus, et Siméon n’est plus et vous voulez prendre
Benjamin ! » (Gen. 42:36). À l’égard de Jacob aussi, la discipline
divine se poursuit, très éprouvante pour l’homme naturel. Il s’écrie :
« Toutes ces choses sont contre
moi ». Il faut souvent
beaucoup de temps avant de comprendre
que Dieu est finalement
toujours
pour
nous, quelles que soient les apparences (Rom. 8:28).
Ruben veut se porter garant
du retour de Benjamin, et propose que Jacob fasse
mourir
ses deux
fils si Benjamin ne revient pas ! Cette proposition étrange et inquiétante
,
venant d’un père, n’a aucun effet sur le patriarche (Gen. 42:37-38). Pour
l’instant, on trouve expédient d’abandonner Siméon à son sort.
À la fin de ce premier
voyage, tout semble donc s’être plutôt aggravé
. Dieu va les contraindre
à entreprendre un nouveau voyage. La famine pèse de plus en plus sur le pays.
C’est une épreuve qui revient chaque matin (Ps. 73:14). Elle va porter du
fruit. L’anxiété a grandi dans la famille. Obtenir du blé est devenu une
question de vie ou de mort. Il faut absolument se résoudre à faire une nouvelle
démarche, au demeurant incertaine. Jacob en parle le premier, mais aussitôt
Juda intervient et rappelle l’inutilité de se rendre en Égypte sans se
soumettre à la condition posée par le gouverneur du pays. C’est lui qui a
proposé, en l’absence de Ruben, de vendre
Joseph, en disant :
« Que notre main ne soit pas sur lui, car il est notre frère, notre chair ? »
(Gen. 37:26-27). Ses frères l’ont écouté.
Ici, Juda va convaincre son
père. Ses paroles sont plus mesurées que celles de Ruben. On voit qu’il est
devenu sensible à la douleur
et aux sentiments
de son père. Il
lui dit : « Moi, je réponds de lui, tu le redemanderas de ma main. Si
je ne te le ramène, je serai tous mes jours coupable
devant toi »
(Gen. 43:8-9). Il est plus conscient de ses limites que Ruben. Mais, sans
doute, en même temps, une
voix
intérieure
crie avec
insistance : tu sais que tu es déjà coupable
, tu l’es de la
disparition de Joseph !
Dans le cœur de Jacob aussi,
le travail divin se poursuit. Il apprend le renoncement
à sa volonté
propre, — leçon si pénible
pour chacun d’entre nous. Il dit :
« Et moi, si je suis privé d’enfant, j’en serai privé » (Gen. 43:14).
Qu’il est difficile de s’abandonner entièrement
à la grâce divine, de
compter sur Dieu seul
. « Il n’y a pas de plus grande victoire que
d’en avoir fini avec soi, en sorte qu’on n’a pas d’importance à ses propres
yeux. Alors seulement
, on peut être heureux avec Dieu » (JND).
À nouveau, comme autrefois
pour apaiser Ésaü (Gen. 32:20), Jacob fait appel à ce qu’il croit être ses
« ressources personnelles » (Gen. 43:11-12). La portée de ses belles
paroles : « Que le Dieu Tout-puissant vous fasse trouver compassion
devant l’homme » s’en trouve fortement atténuée. Il met beaucoup de soin à
préparer un présent
digne de ce gouverneur d’Égypte : Ce sont
« les meilleurs produits du pays », mais le blé
, nourriture
indispensable à la vie, figure de Christ, fait cruellement défaut
. Le
patriarche recommande à ses fils de prendre avec eux l’argent trouvé à l’entrée
des sacs : « Peut être était-ce une erreur ? » et
d’emporter d’autre argent pour les nouveaux achats.
Le comportement de Jacob
rappelle cette religion
de
l’homme
, qui cherche toujours,
en puisant dans ses prétendues
ressources
personnelles
, ce
qu’il peut apporter à Dieu pour être agréé
. Mais Dieu ne peut rien
accepter, car l’homme est entièrement
ruiné
(És. 64:6). Le
pécheur, dans sa misère totale, doit simplement accepter de recevoir. Le sang
précieux de Christ peut seul le purifier de ses péchés (1 Jean 1:7).
Les fils de Jacob se tiennent
donc à nouveau devant le gouverneur, et aussitôt Joseph note la présence
de
Benjamin
. Mais, sans céder aux élans de son cœur à l’égard de
son plus jeune frère, il va poursuivre son travail de restauration, semblable à
ce laboureur qui sait
attendre le fruit précieux de la terre (Jacq.
5:7). Apprenons aussi, frères, à user de patience.
L’activité intelligente de l’intendant
rappelle un peu celle du Saint-Esprit. Joseph lui donne des ordres en vue d’un
accueil des plus hospitaliers : « Mène ces hommes dans la maison
,
tue et apprête ; car ces hommes mangeront avec moi
à midi »
(Gen. 43:16). Ceux-ci, mal à l’aise dans leur conscience, ont peur
une
fois encore, peur
d’être amenés dans la maison de Joseph ! Ils
s’imaginent qu’un projet a été formé pour « se jeter sur eux », ils
se voient déjà réduits en esclavage. Combien ils sont encore loin de cet amour
parfait
qui chasse la crainte ! (1 Jean 4:18).
Ils cherchent alors à gagner
l’intendant, à s’expliquer au sujet de l’argent retrouvé dans leur sac. Ils
voudraient établir leur propre
justice (Rom. 10:3). Mais l’homme établi
sur la maison de Joseph les rassure : « Paix vous soit, ne craignez
pas. C’est votre Dieu et le Dieu de votre père qui vous a donné un trésor dans
votre sac ». Et il ajoute : « Votre argent m’est parvenu »
(Gen. 43:23-24). Ses comptes sont en ordre. Joseph
a payé pour eux.
Notre dette aussi a été payée, par une œuvre merveilleuse, celle du Seigneur à
la Croix.
Puis cet intendant fait
sortir Siméon vers eux et leur donne de l’eau
pour laver leurs pieds
souillés durant le voyage. C’était répondre à leur besoin continuel, qui est
aussi le
nôtre
, d’être purifiés par le lavage d’eau que seule la
Parole
peut opérer (Éph. 5:26). Les fils de Jacob s’empressent de se
préparer, et quand Joseph arrive à la maison pour « manger le pain »,
ils se prosternent, et offrent leur présent inutile
.
Joseph s’enquiert avec soin
de son père Jacob, qu’il aimerait tant revoir. Mais il sait attendre
et
attendre encore, la restauration complète de ses frères. Il est très ému, par
la présence de Benjamin, qu’il n’avait pas revu depuis vingt ans. Il lui parle
comme le ferait un père : « Dieu te fasse grâce, mon
fils ! » et se retire dans sa chambre pour pleurer
(Gen.
43:29-30). On ne le voit pas pleurer dans la fosse où ses frères l’ont jeté, ni
dans cette prison où il a été si longtemps retenu injustement.
Mais, tout au long de ce
récit (Gen. 42:24 ; 43:30 ; 45:2 , 14 ; 46:29) combien son cœur
est sensible
, et rappelle celui du Seigneur (Jean 11:35 ; Luc 19.
41). Il lave son visage, se contient, revient vers eux et dit :
« Servez le pain. Et on le sert, lui à part, et
eux à part
»
(Gen. 43:32). La communion ne peut pas encore être goûtée, la barrière du
péché,
un péché qui doit être confessé, subsiste. Mais l’on porte devant
eux des mets venus de la table de Joseph. L’on agit toujours ainsi en Orient,
quand on cherche à honorer des convives. Ses frères s’étonnent entre eux devant
tant de prévenances !
Le plus grand honneur, la
plus grande part est pour
Benjamin
. Elle est même cinq fois
plus grande que la leur ! Joseph veut-il, par ce moyen, voir s’ils
montrent toujours la même jalousie
?
Vient ensuite le moment de prendre le chemin du retour. Ils emportent avec eux du blé, « autant qu’ils en peuvent porter » (Gen. 44:1). Mais le répit sera court ; la discipline persévérante dont ils sont les objets doit encore produire de nouveaux fruits.
Une dernière
épreuve
les atteint, ce sera aussi la plus grande. Joseph a commandé à son fidèle
intendant de mettre l’argent à l’entrée de leurs sacs, et de placer aussi sa
coupe
en argent, dans le sac de Benjamin
. Elle est réputée, aux yeux
des Égyptiens, lui servir non seulement pour boire, mais aussi pour deviner
.
Pourtant, Joseph qui avait été appelé par le Pharaon le « révélateur des
secrets » (Gen. 41:45), n’avait rien à faire avec la magie
(Gen.
41:16). Le chrétien aussi doit s’en tenir séparé (Deut. 18:10 ; Gal.
5:20).
Les frères viennent tout
juste de prendre le chemin du retour quand Joseph commande au « préposé
sur
sa
maison
», de les poursuivre. L’intendant les accuse
d’avoir rendu le mal pour le bien, en s’emparant de la coupe du
gouverneur ! Persuadés d’être accusés à tort, protestant de leur
innocence, ces hommes se prêtent volontiers à la fouille et vont même jusqu’à
prononcer à la légère une condamnation terrible sur celui dont la culpabilité
serait prouvée ! (Gen. 44:9). Nous faillissons souvent en paroles, surtout
quand nous avons, bien à tort, confiance en nous-mêmes (Jacq. 3:2). L’intendant
,
beaucoup plus « mesuré » dans ses propos, déclare : « Celui
chez qui elle sera trouvée, sera mon serviteur
» (Gen. 44:10). Il
commence par l’aîné et finit par le plus jeune. Il fouille les sacs un à un.
Quel suspens ! Leur innocence parait sur le point d’être proclamée, mais
dans le
dernier
sac, celui de Benjamin, il « découvre »
la coupe.
Le seul qui est innocent
,
qui n’a pas pris part dans le passé à leurs mauvaises actions, est déclaré coupable
.
Les frères de Joseph, en proie à une angoisse
profonde
, déchirent
leurs vêtements en signe de deuil, et rechargent leurs sacs. Ils retournent à
la ville. et se jettent littéralement à terre devant Joseph. C’est la quatrième
fois qu’on les voit se prosterner ainsi. Combien les songes de Joseph, dont il
avait fait part à sa famille (Gen. 37:5-10), se sont réalisés !
Joseph reprend ses
frères : « Quelle action avez-vous faite ? Ne savez-vous pas
qu’un homme tel que moi sait deviner ? » Connaissant un peu ses
affections, un tel langage peut surprendre, mais c’est à leur
conscience
qu’il veut parler. Devant ces reproches, ils ne
cherchent
plus
à se justifier, ils sont convaincus
de péché. Le Saint-Esprit travaille
en secret pour amener les cœurs à une réelle
restauration
.
« Que dirons-nous à mon seigneur ? Comment parlerons-nous, et comment
nous justifierons-nous ? Dieu
a trouvé l’iniquité de tes
serviteurs ».
Ils sont disposés à
s’humilier
sous Sa
puissante main (1 Pier. 5:6). Cet état heureux résulte de l’activité d’un amour
selon
Dieu
, c’est à dire associé
à la vérité
.
Joseph a été lui-même amèrement
provoqué
par des archers, qui ont
tiré contre lui et l’ont haï (Gen. 49:23). Comment ne pas penser à Christ
lui-même, objet constant d’une intense
hostilité
!
Mais, pour Joseph, « par
les mains du Tout-puissant de Jacob », qui se sont posées en quelque sorte
sur ses propres bras, pour les rendre forts
et souples
, son arc
est demeuré ferme
. Il s’est montré un archer habile, ses flèches ont
atteint leur
but
: la
conscience
de ses frères
(Gen. 49:24).
Juda dit alors à Joseph : « Nous sommes serviteurs de mon seigneur, tant nous que celui dans la main duquel la coupe s’est trouvée » (Gen. 44:16). Juda ne cherche pas à se disculper ni à disculper personne. De fait, ils sont innocents du crime dont on les accuse, mais une faute grave pèse sur eux. Il ne suffit pas de confesser avoir mal fait, il faut apprendre aussi à bien faire (És. 1:6). C’est le signe d’un cœur vraiment repentant, et Juda va manifester que Dieu a travaillé en lui.
Joseph rejette comme injuste
cette proposition de Juda : « Loin de moi de faire cela ! Celui
dans la main duquel la coupe a été trouvée, lui
, sera mon serviteur, et
vous, montez en paix vers votre père ». À vue humaine
, on peut
estimer que, sachant ce que Joseph sait, ses paroles manquent de
miséricorde ; mais ce serait se tromper complètement.
La situation n’est pas sans
rappeler celle de Dothan. Comment ses frères vont-ils se comporter maintenant
à l’égard de Benjamin ? Vont-ils finalement abandonner égoïstement
leur jeune frère à la juste colère de ce gouverneur, en augmentant encore plus
la douleur de leur père, ou bien un véritable
changement s’est-il opéré
dans leur cœur et va-t-il porter des fruits ?
La réponse que Joseph attend
est apportée par Juda. Il parle au nom de ses frères
(Gen. 44:18-34).
« Que ta colère ne s’enflamme pas contre ton serviteur, car tu es comme le
Pharaon ». On est heureux de voir que ce qui maintenant
étreint
Juda, c’est justement la douleur de son père « âgé
» et la
détresse, compréhensible, de son frère Benjamin, « un enfant
… encore
jeune
», (dont le frère est mort !) ? Mais c’est le seul
souvenir qui reste à Jacob de Rachel, son épouse bien-aimée, morte auprès de
lui, sur le chemin d’Éphratha qui est Bethléem (Gen. 48:7) !
Juda se rappelle les paroles
de Jacob : « Si vous prenez aussi celui-ci de devant moi, et qu’un
accident lui arrive, vous ferez descendre mes cheveux blancs au shéol avec
tristesse » (Gen. 44:29). Il conclut en demandant la faveur
de
rester serviteur à la place du jeune homme
». Il redoute de voir
le malheur atteindre son père, s’il revenait sans Benjamin ! Ce plaidoyer
remarquable met en évidence le travail
profond
qui s’est opéré,
par la grâce de Dieu, dans le cœur et la conscience des coupables.
Désormais Joseph peut montrer
ouvertement ce qui remplit son cœur. Il le fait sans témoins. Mais il laisse
éclater sans retenue sa voix en
pleurs
; « les
Égyptiens l’entendirent et la maison du Pharaon l’entendit ! »
À ses frères, il
déclare : « Je suis Joseph
», et devant leur trouble, il
les rassure en disant : « Approchez-vous de moi
, et ils
s’approchèrent ». Il répète : « Je suis Joseph, votre frère
,
que vous avez vendu
pour l’Égypte ». Toujours attentif au bien de
ses frères, il cherche à les tranquilliser avec tendresse : « Ne
voyez pas d’un œil chagrin que vous m’ayez vendu ici. C’est pour la
conservation de la vie que Dieu m’a envoyé devant vous ». Il a voulu
accorder à son peuple une grande délivrance (Gen. 45:5, 8).
À trois reprises, avec
délicatesse, Joseph cherche à atténuer la gravité du crime de ses frères, en insistant
sur les desseins
merveilleux
du Dieu d’amour et de toute grâce.
Le souvenir du passé
ne doit pas assombrir notre communion avec le
Seigneur. N’est-ce pas souvent le cas ? C’est pour n’avoir pas su réaliser
combien Sa grâce est grande
.
Ils parlent ensemble, une
douce communion est rétablie. Joseph peut, avec joie, leur communiquer ses
pensées, ses projets, et les charger de raconter à son père « toute sa
gloire
… et tout ce qu’ils ont vu
» (Gen. 45:13). Il adresse
un pressant message à Jacob. Il vivra désormais dans l’attente de la prompte
venue de son père. Il se propose de l’entretenir
et de veiller
sur lui. Il se jette au cou de Benjamin, il embrasse ses frères et pleure
avec eux. Ces démonstrations de tendresse les rassurent.
Dieu veuille nous accorder encore de telles retrouvailles entre frères ! Notre Père nous fait parfois passer par un chemin long et difficile, sans que nous sachions toujours en discerner rapidement les motifs. C’est souvent pour nous amener à juger ce qui n’a pas été à sa gloire dans notre vie, peut-être des péchés déjà anciens. Il faut que nous apprenions à connaître la méchanceté de nos cœurs, la corruption totale de notre chair, pour nous tourner résolument vers Christ (1 Jean 1:7-9).
Mais durant ce temps
d’épreuve, c’est un grand réconfort de se souvenir que le Seigneur discipline
celui qu’il aime
» (Héb. 12:6). Les apparences sont peut-être
contraires, et des injustices apparaissent criantes ; et l’on s’estime,
comme l’apôtre, « excessivement chargés, au-delà de sa force » (2
Cor. 1:8). Gardons cette assurance : « Il m’éprouve, je sortirai
comme de l’or » (Job. 23:10). C’est son amour
qui se déploie en
notre faveur, avec un but précis
(Prov. 20:30). Dieu, dans sa grâce,
agit envers nous comme envers des fils.
Tu nous combles de tes grâces,
Tu nous connais nom par nom ;
Tu nous conduis sur tes traces
vers la céleste maison
Tu veux de notre faiblesse,
de tous nos maux t’enquérir ;
Quel amour
! Tu veux sans cesse
nous pardonner, nous guérir
Souvent hélas, on manque de
foi. Nous nous agitons
alors que nous devrions rester calmes et
confiants. Une telle attitude déshonore le Seigneur et entraîne une perte
immense. Ce manque
de
confiance
en Lui, dans les
difficultés et les épreuves, doit nous humilier profondément.
À leur retour en Égypte,
après l’ensevelissement de leur père Jacob, les frères de Joseph sont remplis
des plus vives craintes. Malgré les soins dont ils ont été les objets depuis dix
sept
ans, ils doutent de la réalité
du pardon de Joseph. Ils n’ont
pas réalisés l’étendue de ses affections. Avons-nous vraiment appris à
connaître un peu celles du Seigneur ? Ils ont pourtant entendu
les
paroles de Joseph, vu
ses larmes, reçu
ses baisers. Ne les a-t-il
pas comblé
de ses dons, choisissant pour eux la meilleure partie du pays
d’Égypte, ce pays de Goshen, où ils sont séparés
des Égyptiens ?
(Gen. 45:1-15). Ils sont poussés par leur incrédulité à laisser leur imagination
fantasmer. Ils en viennent à dire : « Peut
-être
Joseph
nous haïra
-t-il, et ne manquera t-il pas de nous rendre tout le mal
que nous lui avons fait » ? (Gen. 50:15). Ils se persuadent que
Joseph les a entourés de soins, à cause de leur père,
tant qu’il vivait encore,
c’est à dire pendant dix-sept ans ! Ils n’ont pas compris que tous ces
bienfaits dont Joseph les a comblés venaient de l’amour ardent qu’il avait pour
eux !
Pourtant, ils ont vraiment
reconnu
, pour la première fois, leur péché. Jusqu’ici ils s’étaient
contentés d’en parler entre eux quand ils se voyaient « serrés de
près » en Égypte (Gen. 42:21) ou d’y faire allusion en s’adressant à
Joseph (44:16). Les paroles de Juda laissaient présager un changement
heureux
dans leurs pensées, un amour retrouvé pour leur
père
et pour leur frère Benjamin (Gen. 44:18-34). Mais la crainte peut être, l’orgueil
certainement
, les ont empêchés de reconnaître franchement leurs fautes.
Alors ils prêtent à leur frère Joseph les mêmes
mauvaises intentions
qu’ils ont eux-mêmes nourris dans le passé. Jugeant d’après eux-mêmes (2 Cor.
10:12), ils n’arrivent pas à croire que Joseph, qui les a pourtant tellement
aimés malgré
leur
misère morale
, et qui a pris grandement
soin d’eux, ne garde aucun ressentiment à leur égard, et qu’ils sont entièrement
pardonnés !
Ils se servent d’un moyen
habile et détourné, et font dire à Joseph : « Ton père a commandé
avant
sa
mort
, disant : Vous direz ainsi à
Joseph : « Pardonne, je te prie, la transgression de tes frères et
leur péché ; car ils t’ont fait du mal. Ils ajoutent : « Et
maintenant, pardonne, nous te prions, la transgression des serviteurs du Dieu
de ton père » (Gen. 50:16-17). Jacob a t-il vraiment parlé ainsi
?
S’il avait eu quelque chose à dire à Joseph au sujet de la conduite passée de
ses frères, ne l’aurait-il pas fait directement
, lors des entretiens
émouvants qu’ils ont eu ensemble avant sa mort (Gen. 48) ?
En tout cas « Joseph
pleura
quand ils lui parlèrent » (Gen. 50:17). Il est fort
attristé ; ses larmes une fois encore, témoignent de son cœur si sensible.
Elles sont la première
réponse à tous leurs
calculs
, à
leurs craintes, à leurs suspicions ! Joseph est animé du même esprit que
Christ. Ce dernier, cloué à la Croix par la haine des hommes, dira :
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc
23:34 ; Jér. 29:11).
« Et ses frères aussi
allèrent, et tombèrent sur leurs faces devant lui et dirent : « Nous
voici, nous sommes tes
serviteurs
» (Gen. 50:18). Ils
ressemblent au fils prodigue quand il retourne vers son père (Luc 15:19). Comme
lui, ils se déclarent prêts à être les serviteurs de Joseph, pour obtenir
une
faveur, dont ils étaient depuis toujours les objets !
Avec patience, sans leur
faire de reproche, Joseph les rassure. Une fois encore il dit : « Ne
craignez point ; car suis-je à la place de Dieu ? ». C’est à
dire, suis-je votre juge ? « Vous, vous aviez pensé du mal contre
moi : Dieu l’a pensé en
bien
, pour faire comme il en est
aujourd’hui, afin de conserver la vie
à un grand peuple ». Joseph
est animé des pensées de Dieu en
grâce
. Il ne pense pas à
lui-même, aux torts qui lui ont été fait. Il voit le but
divin
dans tout ce qui s’est passé. Il comprend, comme le dira plus tard le
psalmiste, que l’Éternel avait envoyé « un homme devant eux. Pourtant Joseph
avait beaucoup souffert : « On lui serra les pieds dans les ceps. Son
âme entre dans les fers » (Ps. 105:17-18). Notre grand modèle, le
Seigneur, homme parfait ici-bas, a aussi grandement
souffert
« pour la justice » (1 Pier. 3:14).
Tout serait tellement
plus
heureux
, si nous savions
considérer, dans les circonstances pénibles que nous traversons, le but
de Dieu, l’accomplissement de sa volonté
, au lieu de chérir
notre
douleur (Ps. 38:17). C’est toujours l’occupation de nous-mêmes
qui nous
conduit à douter de l’amour du Seigneur. C’est Lui
seul
qui doit
être l’objet de la méditation de son racheté.
Joseph rassure ses
frères : « Et maintenant, ne craignez pas ; moi, je vous
entretiendrai, vous, et vos petits enfants
. Il les console
, et
parle à leurs cœurs ». Bel exemple de l’amour parfait qui chasse la
crainte (1 Jean 4:18).
C’est cet amour qui fait dire
au Dieu que nous avons offensé : « Je ne me souviendrai plus jamais
de leurs péchés ni de leurs iniquités (Héb. 10:17). Au lieu de mettre l’accent
sur leurs fautes passées, Joseph insiste, comme il l’avait déjà fait
auparavant, sur les desseins
de l’amour divin, qui avaient changé le mal
en bien ! Il montre à l’évidence qu’il a tout
pardonné et que son
cœur est plutôt occupé avec adoration des plans d’amour de Dieu. Ce sera un des
thèmes du cantique
nouveau
pendant l’éternité.
Il nous arrive de ressembler
aux frères de Joseph. Les doutes nous envahissent, au point peut-être de ne
plus être sûrs
que Dieu nous a réellement
pardonné et qu’il fait
travailler toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux
qui sont appelés selon son propos (Rom. 8:28).
Imitons plutôt l’apôtre Paul.
Il était rempli d’assurance et affirmait au milieu des épreuves qui ont marqué
la fin de sa course : « Je sais qui j’ai cru et je suis persuadé
qu’Il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu’à ce
jour-là » (2 Tim. 1:12). Sommes-nous prêts à nous appuyer avec simplicité
sur les promesses de la Parole ? Quelle tristesse, si des rachetés du
Seigneur se montrent « sans intelligence et lents de cœur à croire »
(Luc 24:25) !
Élevé plus haut que les
Cieux, le Seigneur est notre Souverain sacrificateur. Il peut sauver
entièrement (jusqu’à l’achèvement) ceux qui s’approchent de Dieu par Lui (Héb.
7:25). Bien mieux que Joseph, Il sait nous entretenir
et prendre soin de
nos petits enfants. Il nous a gravés sur les paumes de Ses mains. Désormais
nous sommes les objets constants de Son amour. (És. 49:16). Il nous attire
parfois et nous amène au désert pour parler à notre cœur
(Osée 2:14).
C’est ainsi que nous réalisons ce qu’Il a fait pour nous à la Croix, et aussi
quelles sont Ses pensées, toutes de grâce
, à notre égard, pendant le
voyage ici-bas, un voyage qui va bientôt
prendre fin, dans la Maison du
Père.
Ta sagesse, ta grâce et ton pouvoir s’unissent
Pour nous conduire au séjour bienheureux
Ô Dieu, jamais pour nous
tes soins ne s’affaiblissent :
La nuit, le jour, tu nous suis de tes yeux.