« Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu »
2 Tim. 3:14 — « Moi, l’Éternel, Je ne change pas » — Mal. 3:6
Table des matières :
Les dernières paroles de Josué — ch. 23 et 24
1 - Diverses paroles d’adieu dans la Parole de Dieu
2.1 - Circonstances des adieux de Josué — 23:1-2
2.2 - Ce qui est en cause : posséder l’héritage donné de Dieu
2.3 - Recommandé à Dieu — 23:3-6
2.4 - Le conflit avec le monde — 23 :4-16
2.4.1 - Gardé / se garder du monde — Mise à part pour Dieu
2.4.4 - Compromis avec le monde
2.4.6 - L’épreuve de la prospérité
2.4.7 - Les glissades qui écartent — 23:7, 12
2.4.8 - S’attacher à Christ — 23:8, 11
2.4.9 - Retourner en arrière — 23:12-14
3.2 - La grâce de Dieu dans le passé — 24:2-14
3.2.2 - Attitude devant une telle grâce
3.2.3 - La grâce de Dieu pour le chrétien
3.3 - Un choix inéluctable — 24 :15
3.4 - Comment servir un Dieu saint — 24 :19-24
3.6 - Ce qui peut nous garder fidèle
La Parole
de Dieu a conservé à notre intention les dernières paroles
du Seigneur à
ses disciples. Dans ces entretiens, qui ont eu lieu juste avant la Croix (Jean
13 à 17) il parle seulement aux siens. Il leur dévoile par ses consolations,
ses instructions, ses promesses et ses révélations, l’étendue de son amour pour
eux et ses desseins à leur égard.
Mais
l’Écriture nous a aussi conservé les adieux de plusieurs
serviteurs de
Dieu. Sans avoir l’étendue et la valeur inégalable des paroles du Seigneur, ces
paroles d’adieu sont précieuses et instructives. Citons dans l’Ancien
Testament, celles de Jacob (Gen. 49), de Moïse, ce grand conducteur (Deut. 29 à 31) et de Josué, sur lesquelles nous voudrions
faire quelques remarques. Citons encore, plus près de nous, les adieux de
l’apôtre Paul (Act. 20)
Les adieux
de Josué à ceux qui sont appelés à poursuivre le combat
, en vue de
posséder entièrement
le Pays, ressemblent à ceux de Moïse. Ses arguments
et sa conclusion sont les mêmes, Ces deux serviteurs ont la même défiance en
la chair
. Ils l’ont apprise pendant leur longue course ici-bas. Josué
pressent, comme Moïse, la faillite
de ce peuple au col roide et
incirconcis de coeur, aussi ses paroles sont empreintes d’une certaine
tristesse.
Les forces
de Josué déclinent. Il réalise qu’il s’en va « le chemin de toute la terre »
(Jos. 23:14). Une dernière fois il réunit tout
Israël autour de lui,
c’est à dire les responsables : les anciens
, et les chefs
, et
les juges
, et les magistrats
» (Jos. 23:2). Ceux qui aujourd’hui
leur correspondent font partie de « l’ange de l’assemblée », dont il est parlé
dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse.
Bien des
années auparavant, l’Éternel avait déjà averti son serviteur : « Tu es
devenu vieux, tu avances en âge, et il reste
un très-grand pays
à
posséder » (Jos. 13:1). Et Josué s’était senti responsable de dénoncer leur
manque d’énergie spirituelle. Il avait demandé au peuple : « Jusques à
quand
vous porterez-vous lâchement
à aller prendre possession du
pays que l’Éternel, le Dieu de vos pères, vous a donné
? » (Jos.
18:3).
C’est une
question solennelle, qui concerne tous
les enfants de Dieu. Sont-ils
vraiment animés d’un ardent désir de posséder, dès maintenant, par la foi
,
le bel et céleste
héritage, acquis en leur faveur par le sang de Christ
versé à la Croix ?
Josué
invite le peuple à se souvenir : « Vous avez vu tout ce que l’Éternel,
votre Dieu, a fait à toutes ces nations à cause de vous
; car
l’Éternel votre Dieu, est celui qui a combattu pour vous
» (Jos. 23:3).
Il affirme : « L’Éternel votre Dieu les chassera
devant vous et les dépossèdera
devant vous ; et vous prendrez possession
de leur pays, comme
l’Éternel, votre
Dieu, vous l’a dit » (Jos. 23:5). Cette expression
remarquable : « l’Éternel, votre Dieu
», revient onze fois
dans ce court passage.
Josué leur
adresse la même exhortation qu’il avait lui-même reçue au début de sa
carrière : « Sanctifiez-vous beaucoup
pour garder et pour pratiquer
tout ce qui est écrit dans le livre de Moïse, afin de ne vous en écarter ni
à droite ni à gauche
» (Jos. 1:7 ; 23:6).
L’apôtre
Paul aussi, dans la perspective de son départ, déclare aux anciens de l’assemblée
à Éphèse, appelés auprès de lui : « Je vous recommande à Dieu
, et à
la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier
et de vous donner un
héritage
avec tous les sanctifiés » (Act. 20:32).
Josué leur
rappelle qu’il leur a distribué en héritage
, selon leurs tribus « ces
nations qui restent ». Il est fort inquiet de constater qu’elles sont encore
dans le pays ! Le danger constant pour le peuple de Dieu est d’accepter
cette présence et surtout de pactiser avec elles
(Jos. 23:7, 12).
Le
Seigneur en s’adressant au Père, lui dit : « Je ne fais pas la demande que
tu les ôtes du monde mais que tu les gardes du mal » (Jean 17:15). Les siens
sont encore
dans le monde, mais essentiellement pour y rendre
témoignage
(Phil. 2:15-16). Ils doivent par leur conduite
et leurs paroles
chercher à gagner des âmes à Christ. C’est tout autre chose que de cultiver
des relations mondaines pour faciliter par exemple son avancement
professionnel !
Ces nations
qui
restent
semblent disposées à se soumettre
. Comme
Gabaon autrefois, elles cherchent à échapper à la destruction (Jos. 9:3). Elles
ont été fortement impressionnées par toutes les victoires d’Israël, auxquelles personne
n’a pu jusqu’ici résister, car Dieu a combattu des cieux en leur faveur (Jug.
5:20).
Le peuple
d’Israël doit maintenant faire un choix capital pour son avenir. Pour obéir
à la pensée divine, il doit détruire complètement
les nations
qui
restent. Dieu a longtemps usé de patience à leur égard, mais maintenant leur
l’iniquité est à son comble (Gen. 15:16). Mais si Israël tergiverse, cherche
par des compromis à vivre en bonne intelligence avec ces ennemis, Israël perdra
son caractère de peuple mis à part pour Dieu. Cette attitude de désobéissance
le conduira inévitablement à se mêler
au monde, à connaître la défaite
,
et
finalement à périr de dessus ce bon pays
(Jos. 23:13).
Pour faire
partie des vainqueurs
, le croyant doit d’abord obéir
aux
enseignements de la Parole, pour les moindres détails de sa marche ici-bas. Il
doit vivre dans la dépendance constante
avec le Seigneur. Il doit
surtout revêtir
l’armure complète de Dieu, seul moyen d’éteindre les dards
enflammés
du Méchant. Si Dieu lui accorde de tout
surmonter, il lui
faut encore tenir ferme
(Éph. 6:13).
Le danger,
après une victoire, est de s’en attribuer quelque mérite
. Lors d’une
nouvelle attaque de l’Ennemi, avoir confiance en soi
conduira à la
défaite. Comme Samson, on peut assez facilement penser : « Je m’en irai comme
les autres fois et je me dégagerai » (Jug. 16:20). Terrible illusion : sans
le constant secours divin
, un croyant est absolument sans force devant
l’Ennemi.
Tant que
nos affections pour le Seigneur sont vives — et c’est souvent le cas au moment
de la conversion — nous sommes portés à la vigilance. Nous savons par
expérience que le monde cherche à nous attirer
, qu’il sait, dans ce but,
se montrer souvent aimable
et tolérant
. La Parole de Dieu gravée
dans le coeur et le Saint Esprit agissant sans entrave nous aident à discerner les
dangers
qui nous entourent (Jean 17:15).
Mais dès
que notre amour pour Christ décline
, des pièges, habilement tendus,
peuvent se refermer inopinément et faire de nous des captifs
(Jug.
2:3 ; 17:21).
L’enseignement
de l’Écriture nous permet de distinguer le chemin de la prospérité
spirituelle de celui qui mène à la ruine
. Quand le chemin est difficile
et raboteux, un chrétien fidèle peut compter sur le secours du Seigneur. Une
brebis docile a le désir de rester près
du Bon Berger. Pour jouir de sa communion
,
elle refuse fermement de s’abreuver à une source polluée (Jér.
2:13 ; 1 Pier. 4:4).
C’est un
combat constant, qui ne devient pas plus facile avec l’âge, tout au contraire
(2 Tim. 4:7, 18). Mais les mêmes ressources divines sont toujours à la
disposition de la foi. En s’appuyant sur le Seigneur, la victoire
est
assurée. Alors on peut vraiment
jouir de son héritage, et s’y promener,
comme Abraham le fit en Canaan, en long et en large (Jos. 1:3-4 ; Gen.
13:14).
Par contre
l’alliance
avec les nations idolâtres environnantes conduit à adopter
peu à peu leurs coutumes, à avoir les mêmes (Ex. 34:12). Ce chemin descendant
peut paraître d’abord facile
, mais il mène à la destruction (Prov.
14:12).
Un enfant
de Dieu qui accepte de prendre avec un compagnon du monde, et de vivre dans sa
compagnie, connaît inévitablement des tourments (Jos. 23:13 ; 2 Pier.
2:8). Il devient incapable
de résister aux desseins de l’adversaire, qui
cherche à l’asservir. Que d’avertissements à ce sujet dans le livre des
Juges ! Lire par exemple Juges 1:27, 32, 34, 35.
De tels
croyants ne jouissent plus de la faveur divine, leurs privilèges
leur
sont ôtés. Leur couronne risque d’être perdue
, leur course aussi (Jos.
23:16 ; Deut. 4:26). Or de tels compromis
avec le monde sont très actuels
et forts répandus
. Le monde occupe
une place grandissante dans
l’Église !
L’apôtre
Jean achève sa première épître par un ultime avertissement : « Enfants,
gardez-vous des idoles » ! (1 Jean 5:21). L’apôtre Pierre rappelle qu’il
nous suffit
d’avoir marché, dans le temps déjà écoulé, — c’est à dire avant
notre conversion — dans ces « criminelles idolâtries
». Notre désir ne
doit-il pas être désormais de vivre le
reste
de
notre
temps
selon la volonté de Dieu ? (1 Pier. 4:2-3). L’Apôtre Paul
s’écrie aussi : « Bien-aimés, fuyez
l’idolâtrie ! » (1 Cor.
10:14).
Dans les
temps modernes
les idoles sont très nombreuses
. Elles ont —
généralement — un aspect
extérieur très différent de celles du
passé ! Un grand nombre d’entre elles appartiennent aux milieux du spectacle
,
du sport
, et de la politique
. Les coeurs sont envahis, parfois
même chez des enfants de Dieu. Les « fans » — comme on les appelle à juste titre
— ont parfois à leur égard un comportement qui relève de l’hystérie !
La cupidité
—
l’amour de l’argent — si répandu
, est une forme d’idolâtrie
particulièrement redoutable. C’est une des armes favorites de Satan. Il tient
par ce moyen sous son contrôle
un grand nombre de personnes (Col. 3:8).
La Parole
nous avertit qu’on ne peut pas
servir Dieu et Mammon (le dieu des
richesses) (Matt. 6:24). Tout
ce qui prend dans les affections d’un
croyant la place qui revient de plein
droit
au Seigneur, est une
idole. Ces idoles sont souvent liées à l’immoralité
(Nom. 25:1-2).
Dans un sens, les idoles ne sont rien
, mais des démons
se cachent
derrière elles
(1 Cor. 8:4 ; 10:19-20).
Israël
était maintenant mis à l’épreuve
de la prospérité
. Le pays que
Dieu lui avait donné était ruisselant de lait et de miel. Mais les nations qui
restaient
étaient encore plus dangereuses
que durant les hostilités.
Si, par leurs séductions, elles s’infiltraient
dans les familles,
l’idolâtrie y serait introduite. Josué voudrait avertir le peuple. Était-il
vraiment conscient de ce danger aux terribles conséquences ? Le
sommes-nous ? Le monde exerce sur nos familles un attrait funeste, en
particulier par le biais des « médias » ?
En soi le
commandement de Dieu était très clair
: Ces nations devaient être entièrement
détruites. Elles étaient anathèmes
: « Tu ne leur feras pas grâce.
Tu ne t’allieras point en mariage avec elles » (Deut.
7:1-5).
Le sourire
du monde présente pour un croyant plus de danger que son hostilité déclarée. La
main droite tendue, en signe d’amitié
, est plus à redouter que si cette
main brandissait une épée ! « L’amitié du monde est inimitié contre Dieu »
(Jac. 4:4 ; 1 Jean 2:15). Le monde, un système organisé sans Dieu
,
n’a pas changé, même s’il semble tolérer
le christianisme.
Josué,
conduit par l’Esprit de Dieu, discerne tout le danger d’un compromis
avec les Cananéens.
Accepter leur
présence
au milieu du
peuple de Dieu, se montrer soi-disant « tolérants », conduirait inévitablement à
des mariages mixtes
, à l’adoration des faux dieux
et finalement à
l’apostasie
. Dieu hait la conduite de « ceux qui se détournent
»
(Ps. 101:3 ; 125:5).
Nos vies
sont envahies de façon insidieuse, par des abandons progressifs
!
On peut faire d’abord mention
du nom
des faux dieux (23:7).
Pourtant la Parole de Dieu enjoint de ne pas même nommer
les choses
impures, folles et malséantes de ce monde, « comme il convient à des saints
»
(Éph. 5:3-4). Mais, au lieu de veiller à s’en
écarter, on s’intéresse à ces idoles, qui deviennent familières
. Elles
trouvent une place dans nos conversations, souvent si révélatrices de notre
état intérieur réel (Matt. 12:34 ; 26:73-74). Un pas de plus
et
l’on fait « jurer
par elles » (23:7), signe évident de l’importance
qu’elles prennent. Un pas encore, souvent rapidement franchi : on les
sert
, et l’on se prosterne
devant elles !
Comment
peut-on être délivré
d’un tel état ? En s’humiliant
devant
Dieu, en abandonnant
ces voies de chagrin. Le Seigneur peut accorder une
merveilleuse délivrance, et remplir à nouveau tout le coeur des siens (Ps.
124:7).
Josué les
encourage : « Mais vous, vous
vous
attacherez
à
l’Éternel votre Dieu, comme vous l’avez fait jusqu’à ce jour » (Jos. 23:8 ;
Act. 11:23). Heureux état, qui s’accompagne d’une séparation
réelle des
Cananéens et de leurs cultes idolâtres.
Le
chrétien aujourd’hui a aussi
besoin d’une vigilance accrue pour se tenir
éloigné de tout
ce qui n’a pas l’approbation de Christ
(2 Cor.
6:14-18). La séparation « des choses qui sont dans le monde » (1 Jean 2:15) est vitale
pour chaque enfant de Dieu. Si l’on est réellement attaché au Seigneur, on ne
fraternise pas
avec ses ennemis.
Ce mot « attaché
»,
se trouve dès le commencement de la Création. Il a une signification
profonde : « L’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera
à
sa femme, et ils seront une
seule
chair
» (Gen. 2:24).
Josué en
appelle à leurs affections : « Prenez
bien garde
à vos âmes
pour aimer
l’Éternel, votre Dieu » (Jos. 23:11 ; Jude 20). L’amour
pour le Seigneur est-il l’élément moteur
de notre vie ? Si nous
L’aimons
, ses commandements ne seront pas pénibles
(1 Jean 5:3) et
notre joie sera de Lui rendre témoignage
.
En
revanche, Josué avertit Israël que s’il retourne en arrière
, son état
deviendra rapidement désespéré. Non seulement l’Éternel ne continuera pas
à déposséder les nations devant eux, mais ces peuples seront un filet et
un piège, et un fouet dans vos côtés, et des épines dans vos yeux, jusqu’à ce
que vous ayez péri de dessus ce bon pays » (Jos. 23:13 ; Nom. 33:55).
Le filet
fait trébucher et tomber, le piège
retient prisonnier, le fouet
est l’emblème de la servitude, enfin les épines
dans les yeux produisent un aveuglement
cruel, et d’abord sur son propre
état
.
La suite
de l’histoire de ce peuple montre à quel point ces terribles
paroles se
sont accomplies, exactement comme « les bonnes
paroles » que l’Éternel
avait prononcé auparavant (Jos. 23:14). Ceux qui, pour un temps, étaient si
heureux en Dieu, peuvent se lamenter en se rappelant la paix et la prospérité
disparues !
Israël est
retourné en arrière
, abandonnant sa séparation
pour Dieu. Des
mariages ont été conclus avec les païens, et les fils d’Israël servirent les
dieux étrangers. Ils devinrent, en suivant le penchant
obstiné
de
leur coeur, asservis à des peuplades, jadis réduites à merci.
Hélas, que
de « retours en arrière » aussi parmi les chrétiens ! Sans combattre, ils abandonnent
les vérités pour lesquelles leurs ancêtres ont donné leur vie. La force reçue
de Dieu leur est retirée pour avoir délibérément refusé de se conformer à Ses
préceptes. Ayant oublié la purification de leurs péchés d’autrefois, ils
deviennent la proie de toutes sortes de superstitions.
Profitant de cette débâcle, le monde relève la tête. L’infidélité progresse à pas de géant, liant d’affliction et de fers des âmes toujours plus nombreuses.
Cette
réunion au chapitre 23 n’était, semble t-il, que le prélude d’un autre
rassemblement, plus solennel encore
, au chapitre 24.
Là, Josué
adresse un message spécial à tous, en relation avec le renouvellement de l’alliance
avec Dieu. Cette réunion prend place à Sichem. Des patriarches avaient
longtemps séjournés là (Gen. 12:6 ; 35:2). Israël s’y était déjà rassemblé
au début des guerres en Canaan. Ils avaient dressé un autel à l’Éternel. Puis
les Lévites avaient lu à haute voix la Loi de Dieu et le peuple avait donné son
assentiment en répétant : « Amen, Amen ». Ils se tenaient sur les flancs des
deux montagnes d’Ébal et de Garizim de part et d’autre
de cette vallée étroite où se trouvait Sichem. Dieu leur avait rappelé que
l’obéissance conduisait à la bénédiction
, la propre volonté, à la malédiction
(Jos. 8:30-35 ; Deut. 11:29).
Avant
de l’inviter à choisir
la voie où il veut s’engager, Josué juge utile de leur rappeler tout le chemin
que Dieu leur a fait suivre, jusqu’ici, dans sa grâce. Il retrace, avec une
force et une concision remarquables, les principaux événements de l’histoire de
ce peuple, aimé
de
Dieu —
au demeurant, le
plus
petit
des peuples (Deut. 7:7-8). C’est un
récit extraordinaire, souvent rappelé par la Parole (Ps.78 ; 105 ;
106 ; Act. 7). Tout y est à la gloire de Dieu. On trouve 17 fois dans ces
quelques versets le mot « JE », en relation avec l’action souveraine de l’Éternel
en miséricorde
(Jos. 24:2-13).
Dieu avait
d’abord appelé
Abraham, et Josué précise que son père, Terakh, servait
déjà les idoles
(Jos. 24:2). L’idolâtrie
était donc dès le départ inscrite
dans leur
coeur — Elle l’est aussi dans le nôtre ! (Jos. 24:2-3). L’Éternel les a
pris en charge alors qu’ils étaient encore loin de Lui. De même, aujourd’hui,
il reçoit des pécheurs loin de Lui, morts dans leurs fautes et dans leurs
péchés (Éph. 2:1-3).
Dieu a donc conduit Abraham dans le pays de Canaan. Là, il a multiplié sa semence en lui donnant d’abord Isaac. Ce dernier a reçu à son tour deux fils : Jacob et Ésaü (v. 3). Il a donné en partage à Ésaü la montagne de Séhir, tandis que Jacob et ses fils sont descendus en Égypte (v. 4).
Plus tard
Dieu envoie Moïse et Aaron pour les délivrer et Il frappe de plaies l’Égypte
(v. 5) ; Il fait sortir leurs pères
à travers la mer Rouge, et
détruit leurs poursuivants (v. 6-7) ; Le peuple séjourne longtemps
dans le désert — où il fait l’expérience, d’étape en étape, de la force de Son
bras et de l’amour de Son coeur (v. 7). Ensuite, Dieu leur donne la victoire
sur les Amoréens, à l’est du Jourdain (v. 8). Il oblige
même Balaam à bénir
les fils d’Israël (v.
9-10) et leur fait passer le Jourdain (v. 11). Il livre entre leurs mains
les habitants qui leur font la guerre (v. 11-12) et donne
à Israël un
pays pour lequel il n’a pas travaillé
mais où il trouve de tout en
abondance
(v. 13). Autant de preuves extraordinaires de la bonté
de
Dieu et du déploiement de sa puissance
en leur faveur ! (Ps.
106:1-2).
Le
chrétien, déjà assis dans les lieux célestes en Christ
(Éph. 2:6), et qui jouit des fruits de Sa grâce, est-il
disposé à reconnaître avec adoration, que toute bénédiction spirituelle et même
le
désir
que nous avons d’en jouir, vient de Dieu ?
Ce rappel
était destiné à raviver
dans le coeur de chacun la reconnaissance,
en pensant à tout ce chemin parcouru, la confiance
pour envisager
l’avenir, et l’obéissance
pour rester dans la faveur de ce Dieu plein de
bonté. Israël serait gravement coupable
de se détourner de Lui (Jos.
24:18, 24).
Josué
conclut : Maintenant, craignez
l’Éternel, et servez-le
en
intégrité et en vérité, et ôtez les dieux
que vos pères ont servis de
l’autre côté du fleuve et en Égypte et servez l’Éternel » (Jos. 24:14).
De nos
jours, Dieu rappelle sa bonté envers ceux qui nous ont précédé
, en
particulier nos parents, nos grands-parents peut-être. De plus nous avons
éprouvé les effets de sa
grâce
envers
nous
;
Il s’est révélé à nos coeurs pour y produire une foi personnelle
en
l’oeuvre de Christ. Ne passons pas légèrement sur de telles bénédictions !
Ne perdons pas de vue qu’il y a un
moment
dans notre vie pour se
décider
, quant à la conversion
d’abord, à une marche pour
Christ
ensuite, et pour répondre à Son désir, exprimé la nuit qu’Il fut
livré : « Faites ceci en mémoire de Moi » (Luc 22:19-20). Être appelé par sa
grâce à une position très élevée, ne nous met pas à l’abri de
nous éloigner de Dieu et de tomber dans les idolâtries dont ce monde est
rempli.
Israël
devait maintenant
choisir
entre l’Éternel et les faux-dieux (Jos.
24 :15). Mais Josué leur parle comme s’il avait intuitivement compris
qu’ils avaient déjà
secrètement
choisi
de servir les
faux-dieux. Dans ce cas, une seule et triste décision
leur restait à
prendre : Serviraient-ils les idoles que leurs pères avaient servies de
l’autre coté du fleuve ou les dieux des Amoréens ?
Plus tard, Dieu dira, non sans ironie, à son peuple qui enfin crie à Lui :
« Allez, et criez
aux
dieux
que vous avez choisis » (Jug.
10:14).
Mais avant
d’écouter leur réponse, Josué rend public son
propre
choix
.
Il connaît la valeur de l’exemple. En se tournant résolument vers l’Éternel, il
souhaite entraîner ses frères sur ses traces : « Moi et ma maison, nous
servirons l’Éternel » (Jos. 24:15 ; Act. 16:31).
Avec
humilité, Josué ne s’était jamais étendu sur ses propres états de service.
Pourtant il avait été un conducteur fidèle
et courageux
(Jos.
11:15). Il parle comme père
de
famille.
Son désir ardent
est que les siens craignent
Dieu et Le servent
. Il marche
ainsi sur les traces d’Abraham (Gen. 18:19) et tire profit des exhortations de
Moïse (Deut. 6:4-9 ).
Les parents chrétiens aujourd’hui ont besoin de se souvenir de tels exemples et d’être attentifs aux exhortations de l’apôtre Paul (Éph. 5:22 à 6:4).
Avec une
ferveur apparente, d’une seule
voix, les enfants d’Israël se déclarent prêts
à suivre leur Dieu, et à faire solennellement alliance avec Lui :
« Aussi nous, nous servirons l’Éternel, car c’est lui qui est notre Dieu » !
(Jos. 24:18).
Dans des
circonstances similaires, quand Moïse avait placé la Loi devant les fils
d’Israël, ils avaient aussi déclaré : « Tu nous diras tout ce que
l’Éternel, notre Dieu t’aura dit et nous l’écouterons
et nous le
pratiquerons
»
(Deut. 5:27). Mais Dieu avait confié à son
serviteur : « Oh ! s’ils avaient toujours ce
coeur
-là
pour me craindre et pour garder tous mes commandements » !
(Deut. 5:29).
Josué
n’est pas convaincu de cette prompte profession de foi. On apprend, dans les
larmes, à ne plus avoir confiance dans la chair, la nôtre
en
particulier ! (Rom. 7:18)
Aussi il
dit ouvertement à ce peuple, avec lequel il vit déjà depuis tant
d’années : « Vous ne
pouvez
pas
servir
l’Éternel ; car il est un Dieu saint
, il est un Dieu jaloux
(Ex.
20:3-5), il ne pardonnera pas votre transgression et vos péchés » ! (Jos.
24:19). Dieu savait parfaitement qu’ils dissimulaient des dieux étrangers dans
leurs
tentes.
Que peut-il voir dissimulé dans nos maisons ?
(Ézé. 8:12).
Une fois
encore Josué leur rappelle les exigences divines : « Maintenant
ôtez
les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et inclinez
votre
coeur
vers l’Éternel votre Dieu, le Dieu d’Israël » (Jos. 24:23).
En
réponse, le peuple affirme à nouveau sa
détermination de rester fidèle
à l’Éternel et d’écouter
sa voix (Jos. 24:21, 24).
Mais ils n
’agissent
pas
comme Jacob, qui avant de monter à Béthel, la maison de Dieu, avait
commandé aux siens : « Ôtez les dieux étrangers et purifiez
-vous.
Et ils avaient
donné
à Jacob tous
les dieux étrangers »
(Gen. 35:2-4). Plus tard aussi, rendus attentifs par une longue épreuve, les
fils d’Israël avaient ôté les Baals et les Ashtoreths et avaient servi l’Éternel seul
(1 Sam.
7:4). Et convaincus par la prédication de Paul, les disciples à Corinthe
n’avaient pas hésité à brûler
tous leurs mauvais livres, malgré leur
grande valeur marchande ! (Act. 19:19-20). Ce qui amène l’apôtre à
ajouter : « C’est avec une telle
puissance
que la Parole de
Dieu croissait et montrait
sa
force
» !
Dieu prend
connaissance du moindre
mouvement
de notre coeur vers
Lui
.
Tout est soigneusement
noté
dans son Livre. Et même si nous avons
déjà reçu depuis
longtemps
la vie de Dieu, peut-être avons-nous
besoin maintenant de nous détourner
d’idoles familières
,
auxquelles nous sommes secrètement attachés
(Job 20:12). Alors nous
pourrons vraiment servir le Dieu vivant et vrai (1 Thes.
1:9).
Le peuple
restera-t-il fidèle
à ses engagements ? « Israël servit l’Éternel
tous les jours de Josué
et tous les jours des anciens
qui avaient
connu l’oeuvre de l’Éternel, qu’il avait faite pour Israël » (Jos. 24:31). Quel
encouragement de voir ces anciens d’abord attentifs aux avertissements de
Josué, être après son départ, à
leur
tour
des instruments
utiles dans la main de Dieu en faveur d’Israël !
Mais en ce
qui concerne les générations suivantes
, on apprend que « Les fils d’Israël
firent ce qui est mauvais
aux yeux de l’Éternel et servirent les Baals et les ashères » (Jug. 3:7).
Le triomphe se change en tragédie. Quel solennel avertissement pour
chacun ! Ces hommes ont servi l’Éternel tant que la puissance de Dieu
était manifestée dans ses serviteurs pour incliner leurs coeurs vers Lui.
Josué fait
donc alliance
avec le peuple ce jour-là. Il établit pour lui un statut
et une ordonnance
. Il écrit ces paroles dans le livre de la Loi de Dieu
et prenant une grande
pierre
, la dresse sous le chêne, près du
sanctuaire de l’Éternel, en disant : « Cette pierre sera témoin contre
nous
, car elle a entendu toutes les paroles que l’Éternel nous a dites ».
Elle sera témoin contre
vous
, de peur que vous ne reniiez votre
Dieu ! (Jos. 24:25-27). Les fils d’Israël sont renvoyés chacun à son
héritage, avec la responsabilité nouvelle : être fidèles à leur
déclaration, en obéissant à Dieu.
Mais ils
ne purent rester fidèles à cette alliance, ils
ne
le
pouvaient
pas. Il aurait fallut d’abord reconnaître « chacun la plaie de son propre coeur »
(1 Rois 8:38), et apprendre, ce que nous avons aussi tellement
de mal
à apprendre, que dans ma
chair il n’habite aucun
bien !
Il serait
illusoire de penser que la
lettre
de la vérité puisse retenir des
âmes dans la présence de Dieu. Le formalisme
a souvent envahi les
croyants. Mais la Parole de Dieu est vivante
et opérante
, et si
elle est vraiment reçue dans le coeur, elle produira des fruits dans notre vie
chrétienne.
Nous ne
pouvons pas courir la course vers le but en nous reposant sur la foi d’hommes
qui sont déjà entrés dans le repos avec Christ. La Parole nous exhorte en considérant
l’issue de leur conduite, à imiter leur foi
(Héb. 13:7). Ceux qui peuvent
venir en
aide
au peuple de Dieu sont ceux qui font l’expérience personnelle
des merveilles que le Seigneur opère. Ils ont mis en pratique dans leur vie ce
qu’ils ont reçu par la foi.
Il ne
suffit pas de chercher à retenir seulement dans notre intelligence la saine
doctrine. On doit ensuite la mettre en pratique de manière à plaire à Dieu. Il
faut reconnaître notre extrême faiblesse, et dire au Seigneur, comme
Pierre : « Tu connais toutes choses, tu
sais
que je t’aime »
(Jean 21:17). Nous avons tous, nous l’espérons, le désir, en réponse à Son
amour, de Le servir et de Le suivre, mais nous sommes sans
force
.
Nous avons donc besoin d’être constamment fortifiés par sa Parole et son Esprit
agissant sur notre être intérieur. Alors nous pourrons Lui être agréables à
tous égards.
Ah ! Garde-nous de tourner vers le monde
D’autres regards que ceux du voyageur.
Que, du péché fuyant la coupe immonde,
Aux vives eaux nous puisions le bonheur.