Philippe Laügt
Table des matières :
1 - 1° parabole — Un amour qui s’oublie
2 - 2° parabole — Une lampe et un balai, ou : Des choses précieuses laissées enfouies
3 - 3° parabole — Le retour, et l’amour qui reçoit ceux qui reviennent
Les trois paraboles de ce chapitre forment un ensemble merveilleux. La condition d’un pécheur y est présentée sous trois aspects : celui de la brebis, de la drachme et de l’enfant. Tous les trois sont perdus. Pour les chercher et les trouver, le Fils, le bon berger, le Saint Esprit sous les traits d’une femme diligente, et le Père sont à l’oeuvre. Mais si notre désir est de refléter un peu Christ dans nos vies, ces paraboles ont des enseignements à nous apporter.
Pour ressembler
au Seigneur Jésus, le chrétien doit
avoir le coeur d’un berger
pour
sa brebis perdue (Luc 15:3-5). Il est évident que dans cette parabole le berger
est un type du Seigneur Jésus : Ayant cent brebis et en ayant perdu une,
il laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres au désert, et il s’en va
« après celle qui est perdue, jusqu’à
ce qu’il l’ait trouvé
» (Luc 15:4). Quel prix a pour son coeur chacune
de ses brebis. Il laisse tout ce
qu’il possède, renonce à son repos, à ses aises. Aucun effort n’est trop grand
à ses yeux pour retrouver cette brebis perdue, affaiblie ou malade. Il la
ramène, tout joyeux, sur ses propres épaules
,
à la maison (Luc 15:5). C’est un amour qui s’oublie entièrement
.
Le Seigneur a quitté le Ciel, où il était adoré et servi,
pour venir sur cette terre, où il a connu le mépris
et le rejet
de la part de sa
créature. Il était dans le sein
du Père (Jean 1:18) et il est volontairement descendu au milieu des ténèbres
morales de ce monde. Il n’y a pas eu de place pour lui dans l’hôtellerie, ni de
lieu pour reposer Sa tête (Luc 2:7 ; 9:58). « Il s’est anéanti
lui-même ». En particulier Il
a laissé les signes extérieurs
de
sa gloire. Il a accepté d’être fait un peu
moindre
que les anges (Héb. 2:9). Il a pris la forme d’esclave
. Puis nous le contemplons, s’abaissant
lui-même, « étant devenu obéissant
jusqu’à la mort, et la mort de
la croix » (Phil. 2:7-8). Comment saisir la force de telles
expressions ? Quel fardeau de douleurs que le sien, de Bethléhem à
Golgotha, en passant par Gethsémané ! Il a montré constamment ses grandes
compassions, en guérissant tous ceux qui se portaient mal. Mais, devant
l’endurcissement de sa créature, il a du s’écrier : « Ô génération
incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous et vous
supporterai-je ? » (Luc 9:41).
Christ a vendu tout
ce qu’il possédait, pour acheter ceux qui formaient, à ses yeux
, une perle
de grand prix (Matt. 13:46 ; Prov. 8:31). Il s’est approché
avec amour de ceux qui gisaient à
demi-mort, couverts de blessures et a pris soin d’eux (Luc 10:30-33). Il a cherché
tous ceux qui, comme des brebis errantes
, s’étaient tournés vers leur
propre chemin. Pour les racheter, Il a du souffrir
de la part du Dieu saint, qui a « fait tomber sur Lui
l’iniquité de nous tous » (És. 53:6 ; Gal. 3:13).
Un chrétien doit être animé des mêmes
dispositions d’esprit que le Seigneur.
Des manifestations d’égoïsme
sont
encore plus attristantes chez les enfants de Dieu. L’apôtre doit constater : « Tous cherchent leurs aises, non pas ceux de Jésus-Christ ».
Cette attitude humiliante, fruit de la chair, est devenue fréquente au milieu
du peuple de Dieu, gagné par l’esprit du
monde
au milieu duquel il vit (Phil. 2:21). Pourtant la Parole de
Dieu nous exhorte à laisser notre vie
pour les frères (1 Jean 3:16). Considérons les exemples de dévouement
de Timothée (Phil. 2:20 et
22-24) et d’Épaphrodite (Phil. 2:25-26 et 30). Ils marchaient sur les traces de Christ
. Notre désir
est-il de ressembler aussi au Seigneur ? (Matt. 16:24)
D’après la parabole, il faut une lampe
et un balai
, sinon des choses
précieuses
peuvent se perdre (Luc 15:8). Depuis combien de temps
cette maison n’avait-elle pas été balayée pour que la poussière s’y accumule au
point qu’une pièce d’argent disparaisse ? Comment cette maison était-elle éclairée
, pour que ses habitants ne prennent pas conscience
d’une telle couche
de poussière ? La lumière n’avait probablement pas été allumée depuis
longtemps et le balai était resté inutilisé
dans le coin d’une pièce. C’est le même triste état dans plus d’une maison
chrétienne. Il n’y a pas de lumière
parce que la Parole de Dieu n’est pas lue et
reçue
. « Toutes choses étant reprises par la lumière, sont
manifestées. Ce qui manifeste tout
,
c’est la lumière » (Éph. 5:13). L’exercice indispensable pour rejeter
« toute malice et toute fraude, et l’hypocrisie et l’envie, et toutes
médisances » (1 Pier. 2:1-2) peut faire
défaut
. Alors eux qui habitent une telle maison, vivent pratiquement
dans les ténèbres morales.
Autrefois, pour tous les fils d’Israël en Égypte, il y
avait de la lumière dans leurs habitations (Ex. 10:23). Maintenant dans chaque
maison chrétienne la lumière doit
rester allumée et il ne faut pas
manquer de se servir du balai. Si la lumière apportée par la Parole de Dieu
amène toutes nos pensées captives à l’obéissance de Christ, nos paroles à leur
tour seront contrôlées, notre conscience tenue en éveil et le balai
utilisé à bon escient. Si nos coeurs
sont, jour après jour, sondés par l’Écriture, il n’y aura plus de voies de
chagrin, Sa main nous conduira avec liberté dans la voie éternelle (Ps.
139:23-24).
Parfois, on s’interroge : Pourquoi
tant de choses précieuses disparaissent-elles
dans nos familles et dans nos
maisons ? Mais la vraie lumière
,
la seule
qui peut dissiper les
ténèbres, brille-t-elle sur notre chemin ?
Seul
le Saint Esprit éclaire les Écritures et peut dévoiler le
véritable état de nos coeurs. Toutes les scories
qui encombrent souvent nos vies peuvent être ôtées par un sérieux jugement de nous-mêmes
. Alors nos vies
seront à la gloire de Dieu, beaucoup de pertes
spirituelles qui auraient pu être définitives, seront évitées ! (Prov.
25:4).
« L’amour, la joie, la paix, la longanimité, la
bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance », ces
neuf échantillons exquis du fruit de l’Esprit peuvent, au contraire, embaumer
l’atmosphère de nos maisons (Gal. 5:22). Ésaïe demandait au roi Ézéchias, qui
avait reçu fastueusement les envoyés de Babylone : « Qu’ont-ils vu
dans ta
maison ? » (2
Rois 20:15). Ils avaient tout
vu,
mais le roi n’avait pas parlé de l’essentiel
,
de la grande délivrance dont il avait été l’objet de la part de l’Éternel, à
l’instant même où il touchait aux portes de la mort.
C’est donc une question très sérieuse qui nous est posée
à chacun aussi ! Si des visiteurs entrent chez nous, que voient-ils ?
(Luc 8:16 ; 11:33). Peut-être que l’on s’empresse de leur faire admirer
des biens périssables, que l’on se flatte de posséder ? Quels sont aussi
les sujets de nos entretiens ? Parlons-nous ensemble de Celui à qui tout appartient
et qui prend plaisir à
voir les siens occupés les effets de sa grâce ? (Phil. 2:15 ; És.
38:16-17 et 20). Les coeurs seront-ils réchauffés par l’amour
qui règne dans notre maison ?
Pourra-t-on y respirer une atmosphère paisible
?
Ressentira-t-on la joie
durable
que l’on ne goûte que dans la présence du Seigneur ?
Un fils prodigue doit pouvoir trouver dans une assemblée
des coeurs
qui ressemblent à
celui du père dans la parabole : « Comme il était encore loin, son
père le vit et fut ému de compassion, et courut à lui, se jeta à son cou et le
couvrit de baisers » (Luc 15:20).
Ce père s’est déjà montré d’une grande bonté en donnant à son plus jeune fils la part du bien qu’il estime, bien à tort, lui revenir (Luc 15:12). Il aurait été tout à fait fondé de garder ce qui lui appartenait.
Le fils n’a aucun désir de rester à la maison ; il
considère probablement son père comme un obstacle à son bonheur. N’est-t-il pas
étrange que des jeunes gens qui ont le privilège d’habiter dans de telles
maisons, et d’appartenir à des assemblées où il y a « du pain en
abondance », manifestent ouvertement leur désir de partir
le plus loin possible, pour y vivre
finalement dans un affreux désordre ?
Le jeune fils ne tarde pas à tout
ramasser et à s’en aller dans un pays éloigné
, pour y vivre dans la
débauche (Luc 15:13 ; És. 59:7). Il se trouve bientôt dans le dénuement le
plus complet, réduit à la pire déchéance. « Personne ne lui donnait rien
». Alors, sous le poids de
sa misère, il revient à lui-même, ses yeux
sont ouverts
. Il se souvient de la maison du père comme d’un havre
de paix et de bonheur. « Combien de mercenaires de mon père ont du pain en
abondance et moi, je péris ici de faim ! » (Luc 15:17). C’est le souvenir
de la grâce et de la bonté du
père qui ramène ce fils prodigue. Tout se ligue, semble-t-il, pour lui
dire : « Reviens ! ». Notre maison, notre assemblée
exercent-elles un tel attrait
sur
ceux qui ont besoin de revenir au Seigneur ?
Quand le fils prodigue retourne à la maison, la réception
dépasse tout ce qu’il pouvait imaginer. À peine a-t-il confessé sa
faute : « Père, j’ai péché contre
le ciel
et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton
fils », que déjà son père se jette à son cou et le couvre de baisers. Il
le guettait, il n’a jamais douté de son retour, il l’a vu de loin
. Ceux qui retournent à la
maison, et qui reviennent dans l’assemblée, sont-ils accueillis avec autant
d’amour et autant de joie ? On se souvient du retour de Naomi à
Bethléhem : « Toute la ville s’émut à leur sujet » (Ruth 1:19).
Les femmes disaient : Est-ce là Naomi ? Les épreuves et l’âge avaient
laissé des traces. Elle est amère
:
« Je m’en allais comblée, et l’Éternel me ramène à vide » (Ruth 1:21). Mais
dans une atmosphère vivifiante, entourée d’une vraie sympathie, les progrès spirituels
de Naomi seront rapides
et elle deviendra vraiment une aide
pour sa belle-fille.
Tout semble vraiment prêt à accueillir ce fils. La plus belle
— ou la première — robe
est apportée dehors. Le fils retrouvé
n’entrera pas dans la maison du père avec ses haillons. Cette robe préparée de
longue date est une belle figure de Christ, notre justice (Rom. 3:22). Il faut la revêtir
pour paraître devant Dieu. L’anneau, signe de filiation, et d'un amour sans fin
,
est prêt aussi et s'adapte à son
doigt comme les sandales
à ses
pieds, pour la marche et pour le
service. Le veau gras
est
préparé, pour fêter dignement ce retour. C’est une figure de Christ et de son
oeuvre. Peut-être avait-on commencé à le nourrir au moment de son
départ ? : « Mon fils que voici était mort
, et il est revenu à la vie ; il était perdu
, et il est retrouvé » (Luc
15:24).
Les assemblées chrétiennes n’ont pas toujours su saisir
l’occasion d’accueillir un fils repentant. Peut-être étions-nous trop occupés
à chercher nos aises ou nos
intérêts propres, trop distraits
par mille occupations ? « L’esprit du Père » nous a fait défaut.
Il n’y avait pas cette attente constante
d’un coeur aimant, qui seule permet de suivre à
distance
un enfant de Dieu, de l’apercevoir alors qu’il est encore loin
. Moins de jeunes gens ou de
jeunes filles se seraient écartés des assemblées, si un véritable esprit
d’amour s’était manifestait avant qu’ils ne
partent
et s’il se manifestait davantage au moment où ils désirent revenir
. S’il y avait un esprit de grâce
semblable à celui du
Seigneur envers ceux qui sont tombés dans le péché (Gal. 6:1), la joie qui
accompagne leur restauration serait beaucoup plus fréquente (Luc 15:6, 9, 25,
32). Ils seraient attirés par l’amour
et
le pain en abondance
qui se
trouvent dans la maison du père.
L’esprit du fils aîné
n’était certes pas comparable à celui qui régnait dans la maison. Son attitude
rappelle celle des Pharisiens : « Voici tant d’années que je te sers,
et jamais
je n’ai transgressé ton
commandement » (Luc 15:29). Telle était son appréciation toute personnelle
sur sa conduite à
l’égard de son père. Il ajoute : « Tu ne m’as jamais donné un chevreau
pour faire bonne chère avec
mes amis » (Luc 15:29). Quoique ce fils aîné travaille encore dans les
champs de son père, il était de coeur dans ce pays éloigné que son frère venait
heureusement de quitter. Ce n’était pas l’amour pour son père, dont il ne
pouvait pas ignorer la souffrance
,
qui l’empêchait de faire bonne chère avec ses amis. L’amertume
remplit son coeur, il se refuse à appeler le fils
prodigue, son
frère. Tout ce
qu’il accepte de dire, c’est : « ton
fils ».Tu peux l’appeler ton fils, je n’accepte pas de l’appeler mon
frère. « Quand celui-ci, ton
fils, qui a mangé ton bien avec des prostituées, est venu, tu as tué pour lui
le veau gras » (Luc 15:30).
Un tel esprit est odieux pour le Dieu d’amour et de toute grâce. Une telle attitude, dure et implacable, sans grâce aucune, est la plus ruineuse qui puisse envahir une assemblée de Dieu ! Se réclamer du Seigneur, tout en manifestant un tel pharisaïsme, c’est jeter le déshonneur sur son Nom.
Ayons l’attitude du Berger pour sa brebis perdue, et
celle du Père à l’égard du fils prodigue. L'activité du Saint Esprit pour tenir
la lampe allumée
et manier le
« balai » au moment convenable est plus que jamais utile au milieu du
peuple de Dieu aujourd’hui. Ce travail est bien nécessaire, dans nos
coeurs, pour que nous nous repentions et confessions ensemble notre péché,
sinon nous serons couverts de honte à Sa venue (1 Jean 2: 28).
Pour le salut de ta brebis
errante,
Aucun effort est trop grand à
tes yeux
Dans le désert elle était
expirante,
Entre tes bras tu la prends tout
joyeux
Ô bon Berger, ta tendresse
incessante,
Dans la maison veut l’introduire
un jour.
Pour la porter ton épaule est
puissante,
Pour la chérir, tout ton coeur
est amour.