Paul Fuzier
Table des matières :
3 - Lecture de la Parole — obéissance à la Parole — séparation du mal.
ME 1946 p. 29
Après s’être emparé de Jérusalem, Nébucadnetsar transporta à Babylone une partie des ustensiles de la maison de Dieu et demanda à Ashpenaz, chef de ses eunuques, « d’amener d’entre les fils d’Israël, et de la semence royale et d’entre les nobles, des jeunes gens en qui il n’y eût aucun défaut, et beaux de visage, et instruits en toute sagesse, et possédant des connaissances, et entendus en science, et qui fussent capables de se tenir dans le palais du roi » (Daniel 1:3, 4). C’était l’accomplissement de ce qu’Ésaïe le prophète avait annoncé au roi Ézéchias, environ un siècle auparavant (Ésaïe 39:7).
Quel allait être le sort de ces jeunes hommes, parmi lesquels se trouvaient Daniel, Hanania, Mishaël et Azaria ? En premier lieu, les lettres et la langue des Chaldéens devaient leur être enseignées. Et c’est bien ainsi qu’agit le monde à notre égard aujourd’hui encore : afin de mieux nous associer à lui, il veut nous apprendre son propre langage, nous amener à nous exprimer comme lui. Ensuite, Nébucadnetsar leur assigne, pour chaque jour, une portion fixe des mets délicats de sa table et du vin qu’il buvait. Que de choses nous sont présentées pour la nourriture de notre esprit ! L’ennemi est rusé… Ce n’est généralement pas un aliment franchement mauvais, que nous repousserions sans hésitation. C’est la plupart du temps ce qui a aussi belle apparence que « les mets délicats du roi ». Quel mal y a-t-il à se nourrir de tout cela ? Quel mal y avait-il donc à manger les mets délicats du roi de Babylone ? Mais encore, il leur donnait « le vin qu’il buvait ». Pensons à toutes les joies, à toutes les distractions que nous offre ici-bas l’ennemi de nos âmes ! Le racheté pourrait-il vraiment y trouver son bonheur ? Enfin, de nouveaux noms leur sont donnés, sans doute pour marquer l’autorité à laquelle ils étaient maintenant soumis. Tout cela tendait à effacer dans le cœur de ces jeunes gens le souvenir du seul vrai Dieu et à faire disparaître toute différence entre ceux qui faisaient partie de Son peuple et le monde au milieu duquel ils avaient à vivre : même langage, même nourriture, mêmes joies, mêmes noms. N’est-ce pas en vérité ce que l’ennemi cherche à faire aujourd’hui comme alors ? Ses desseins n’ont pas changé.
Au milieu de telles difficultés, que va faire Daniel ? Il y
a là un enseignement très important pour nous, puisque l’activité de notre
puissant adversaire reste la même, bien que les circonstances ne soient pas
identiques. « Et Daniel arrêta dans
son cœur. »
Il prend une ferme décision qui découle de son amour pour
son Dieu. C’est intérieurement
qu’il
réalise tout d’abord la séparation du monde qui l’environne. Comptant sur Dieu,
il peut déclarer, comme le Psalmiste : « Ma part, ô Éternel, je l’ai
dit, c’est de garder tes paroles. » « J’ai juré, et je le tiendrai,
de garder les ordonnances de ta justice » (Ps. 119:57 et 106).
Manger des mets délicats du roi, c’était prendre de la nourriture consacrée à de faux dieux. Par ailleurs, Daniel connaissait la loi de l’Éternel ; il avait l’habitude de lire la Parole et aussi de prier (comp. Dan. 6:10 et 1 Rois 8:48). Il savait donc que la loi établissait une distinction entre les animaux purs et les animaux impurs (Lév. 11). Sans doute, il aurait pu raisonner, nombreux sont ceux qui « raisonnent » toujours… Mais les raisonnements n’ont jamais conduit qu’à la désobéissance, ne l’oublions pas ; il aurait pu dire : sur une terre étrangère, nous ne sommes plus dans des conditions telles qu’il soit possible d’accomplir la loi ; d’autre part, il faut nous soumettre à l’autorité établie… Non. Daniel et ses trois compagnons désirent être fidèles, quoiqu’il puisse leur en coûter. La connaissance de la Parole les conduit à l’obéissance et à la séparation du mal.
Tandis que Dieu agissait en gouvernement à l’égard de son peuple captif à Babylone, Sa grâce brille cependant envers ce petit résidu fidèle. Combien c’est remarquable et encourageant pour ceux qui désirent prendre la même position aujourd’hui, alors que le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ! Dieu leur fait trouver faveur auprès du prince des eunuques. Pourtant, cela n’a pas pour conséquence de mettre un terme à l’exercice de leur foi : les paroles que leur adresse ce serviteur du roi sont, au contraire, de nature à les faire réfléchir sur les conséquences possibles de leur décision. L’ennemi essaie toujours de nous effrayer et de nous faire reculer sur le chemin de la fidélité. Mais la foi ne s’arrête pas aux difficultés ni même aux impossibilités, elle compte sur Dieu et elle sait qu’Il est le Tout-Puissant. Aussi Daniel, homme de foi, demeure ferme et inébranlable. Il demande, pour eux quatre, « des légumes à manger et de l’eau à boire ». C’est la nourriture dont le monde ne veut pas et qu’il méprise. Proposez à quelqu’un de le nourrir avec des légumes et de l’eau… Il sera aussi peu disposé à accepter ce que vous lui présentez, si vous l’engagez à ne lire que la Parole et les écrits qui occupent l’âme de la Parole et de Christ. Des légumes et de l’eau, c’était aussi une nourriture de prisonnier, une nourriture qui parlait d’humiliation — la seule qui pouvait convenir aux jeunes hébreux dans la position où ils se trouvaient à Babylone, s’ils voulaient prendre leur vraie place devant Dieu.
Si Dieu était intervenu en grâce, maintenant Il allait agir en puissance. « Au bout de dix jours, leurs visages avaient meilleure apparence et étaient plus gras que ceux de tous les jeunes gens qui mangeaient les mets délicats du roi » (v. 15). C’était vraiment un miracle. Mais Dieu opère en faveur de ceux qui veulent Lui être fidèles — et qui pourrait limiter Son pouvoir ?
Ainsi, une séparation complète d’avec le mal qui régnait autour
d’eux avait été réalisée par ces quatre jeunes gens. Pour qu’elle soit manifestée extérieurement, il faut que la séparation
soit d’abord intérieure, autrement, ce n’est qu’hypocrisie et pharisaïsme
(Matt.
23:25-28), et c’est par là que Daniel avait commencé : il avait arrêté
dans son coeur. Lot, lorsqu’il était avec Abraham, était séparé extérieurement,
mais pas intérieurement, la suite de son histoire l’a bien montré. Pour que la
séparation soit réalisée intérieurement, il faut que la Parole soit lue et
méditée sous le regard de Dieu, que nous la laissions agir dans nos coeurs et
nos consciences… C’est à cette séparation intérieure que nous sommes
exhortés : « sanctifiez
le Seigneur le Christ dans vos coeurs
» (1 Pierre 3:15).
La dernière partie de ce premier chapitre de Daniel met en
relief les conséquences de la fidélité et de la séparation : la sagesse et
l’intelligence spirituelle sont la récompense donnée par Dieu. Plus nos contacts avec le monde seront
étroits, plus notre intelligence spirituelle sera obscurcie :
on ne
voit pas, on ne comprend pas ce que d’autres voient et comprennent dans les
Écritures. Pourquoi ? Parce que la séparation a manqué et elle a manqué
parce qu’il n’y a pas eu lecture et méditation de la Parole. Lorsque les hommes
de Jabès veulent s’associer à lui, Nakhash l’Ammonite pose cette
condition : « Que je vous crève à tous l’oeil droit… » (1 Sam.
11:2). L’alliance avec l’Ammonite (descendance du juste Lot, Gen. 19:38), avec
ceux que l’apôtre appelle « des vases à déshonneur » — l’association
avec le monde affaiblit toujours notre discernement spirituel. L’oeil droit
nous manque ! Pour que Dieu nous révèle sa pensée, pour être à même de
discerner le chemin dans lequel nous avons à marcher (Ps. 25:14 et 12), la mise
à part du monde doit d’abord être réalisée (comp. Ps. 25:14 et 12 avec Prov.
8:13 et 9:10). Ce chemin, c’est celui dans lequel sont manifestés les
caractères dont nous parle 2 Pierre 1:3-8, et l’apôtre ajoute :
« celui en qui ces choses ne se trouvent pas est aveugle, et ne voit pas
loin… » Son oeil n’est pas simple, il ne vit pas de la vie de la foi (la
vie de la foi sépare toujours du monde), car c’est la foi qui voit loin,
pénétrant dans le domaine des choses invisibles.
Le point de départ de la bénédiction, c’est l’obéissance à la Parole. Pour obéir à la Parole, il est nécessaire de la connaître et pour la connaître, il faut la lire et la méditer. Nous serons ainsi conduits à réaliser la position de séparation qui est la nôtre et à jouir des privilèges qui en découlent.
Le premier Psaume nous donne un même enseignement.
Christ seul a manifesté en perfection les caractères de l’homme intègre dont ce Psaume nous parle. Puissions-nous être les imitateurs d’un tel Modèle ! Pour cela, une entière séparation du monde et du mal qui est dans le monde doit être constamment observée. « Bienheureux l’homme qui ne marche pas dans le conseil des méchants, et ne se tient pas dans le chemin des pécheurs, et ne s’assied pas au siège des moqueurs. »
Pour réaliser ce premier verset, il faut d’abord réaliser le
second, car être occupé du bien a
toujours été le vrai moyen d’éviter le mal.
Lorsque le coeur est occupé de
la Parole, il n’a aucun désir de se tourner vers les choses du monde.
Remarquons qu’il ne s’agit pas de lire les Écritures pour satisfaire à une
obligation. Le fidèle y trouve son plaisir, c’est sa joie de s’en nourrir, de
les méditer
continuellement.
« Combien j’aime ta loi ! tout le jour je la médite » (Ps.
119:97). « Bienheureux l’homme… qui a son plaisir en la loi de l’Éternel
et médite
dans sa loi jour et
nuit ! » (Ps. 1:2). Méditer jour et nuit… Quelle vigilance
constante cela implique !
Le verset 3 nous entretient des résultats pratiques. La méditation de la Parole conduit à la séparation et la conséquence en est la prospérité spirituelle.
« Et il sera comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux. » Ses racines puisent à la source de la fraîcheur et de la vigueur, il y aura croissance et développement, par conséquent du fruit pour Dieu. S’il y a du fruit, la communion avec le Seigneur a donc été réalisée (Jean 15:1-5) et elle ne peut l’être que dans la séparation d’avec le monde, dans la méditation de la Parole (Ps. 40:8), dans la manifestation des caractères de Christ, Homme parfait sur la terre. Ce fruit est rendu « en sa saison » : il y a une « saison » pour chaque fruit — il y a de bonnes oeuvres que Dieu prépare à l’avance, afin que nous marchions en elles (Éph. 2:10). Il les prépare et les place sur notre route jour après jour ; celles qu’Il avait disposées pour la journée d’hier ne sont sans doute pas celles qui sont préparées pour aujourd’hui. Savons-nous les discerner chaque jour pour les accomplir, rendant ainsi, chacun « son fruit en sa saison » ? Mais encore, la feuille de cet arbre ne se flétrit pas, il n’y a aucun signe de déclin. Bien au contraire, « tout ce qu’il fait prospère ».
« Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées ; et tes paroles ont été pour moi l’allégresse et la joie de mon cœur ; car je suis appelé de ton nom, ô Éternel, Dieu des armées ! Je ne me suis pas assis dans l’assemblée des moqueurs, ni ne me suis égayé : à cause de ta main, je me suis assis solitaire, parce que tu m’as rempli d’indignation » (Jérémie 15:16, 17).
Il ne s’agit pas là de quelqu’un qui lit un chapitre comme pour accomplir un austère devoir. Quel besoin de nourriture pour l’âme, quelle joie dans la méditation du saint Livre ! Et c’est ce qui va déterminer la marche du fidèle : « Je ne me suis pas assis dans l’assemblée des moqueurs ». Le premier Psaume nous dit qu’il est un bienheureux ! Éloigné du peuple rebelle, il est séparé du mal. Dans cette position, il réalise une intime communion avec le Seigneur : il s’assied solitaire, prenant la place du peuple sous l’indignation de Dieu. N’est-ce pas celle que Christ a prise ? Ne dit-Il pas, par l’Esprit prophétique, dans le Psaume de la substitution : « Je suis comme un passereau solitaire sur un toit » ? (Ps. 102:7).
Il y aurait bien d’autres portions des Écritures à considérer, dans lesquelles nous retrouverions encore le même enseignement. Citons seulement Néhémie 13:1-3. La Parole est lue à tout le peuple, des commandements de l’Éternel sont rappelés. Ils dataient de mille ans, dira-t-on. Mais qu’importe, la Parole ne change pas. Ce que Dieu nous dit dans son Livre demeure, aujourd’hui comme alors, avec la même autorité. Dès qu’ils eurent entendu la loi, « ils séparèrent d’Israël tout le peuple mélangé ».
Pourquoi donc y a-t-il parmi nous si peu de séparation du monde et de ses principes ? Il y a peut-être une certaine séparation extérieure, mais découle-t-elle toujours d’une vraie séparation intérieure pour le Seigneur ? Prenons garde de ne pas mériter les paroles sévères que Jésus adressait aux pharisiens… Certes, bien souvent, la séparation extérieure fait défaut et c’est un sujet de tristesse. C’est parfois l’occasion d’une répréhension aussi maladroite que bien intentionnée. Pourquoi chercher à l’imposer, si elle ne répond pas à ce qui est dans le coeur ? C’est la Parole qu’il convient de présenter pour que, lue et méditée, elle agisse intérieurement, atteignant et exerçant la conscience. Elle ramènera les coeurs à Christ, les nourrira de sa Personne et la séparation extérieure en sera le fruit.
Pourquoi ne sommes-nous pas toujours de ces bienheureux dont parle le Psalmiste ? Il ne peut y avoir de vrai bonheur pour le coeur partagé, pour le croyant dont l’œil n’est pas simple et qui marche un pied dans le chemin de Dieu, un pied dans le monde. C’est la véritable cause — généralement non discernée — de bien des souffrances parmi les rachetés !
Pourquoi y a-t-il si peu de développement spirituel ? Au lieu de la fraîcheur et de la vigueur que l’on aimerait voir partout, c’est la sécheresse. Pourquoi si peu de fruit en chaque saison, des feuilles qui se flétrissent, c’est-à-dire qu’il n’y a plus guère de manifestations extérieures de la vie de Dieu qui est en nous ? Pourquoi si peu d’intelligence et de discernement dans les choses de Dieu ?
Même réponse à toutes ces questions : nous ne savons pas
assez méditer
la Parole et nous
perdons de vue toutes les conséquences qui découlent de notre négligence à cet
égard.
« Écoute, fille ! et vois, et incline ton oreille ; et oublie ton peuple et la maison de ton père » (Psaume 45:10). Écouter, voir, incliner son oreille, c’est rechercher la volonté de Dieu exprimée dans sa Parole, c’est lire et méditer, puis obéir — oublier son peuple et la maison de son père, voilà la séparation qui en sera la conséquence. Mais le Psalmiste ajoute encore : « Et le roi désirera ta beauté, car il est ton seigneur : adore-le » (v. 11). Le Seigneur désire la beauté de son Épouse. Éphésiens 5 et Apoc. 19 nous montrent l’Église revêtue d’une double beauté. Celle dont il est question dans le premier de ces deux passages est le résultat de ce que Christ a fait pour elle. Il l’a rendue moralement propre pour être unie à Lui ; elle resplendit de Sa beauté et reflète Sa gloire. Dans le chap. 19 de l’Apocalypse, il est question d’autre chose : Christ nous ornera de tout le fruit de ce qu’Il aura opéré en nous et par nous — fruit de Sa grâce. Cela, Il l’opère maintenant !
Puissions-nous manifester quelque peu cette beauté que Christ désire ! Il la désire, car Il est le Seigneur, notre Seigneur, Celui dont nous avons à reconnaître les droits et l’autorité, auquel nous devons être soumis.
Alors, notre coeur pourra s’épancher devant Lui, la louange s’élèvera… Adore-le !
Dieu veuille nous accorder de retenir les enseignements que placent devant nous ces diverses portions des Écritures. C’est de la lecture et de la méditation de la Parole que découleront obéissance, séparation du monde, vigueur spirituelle, sagesse et discernement, fruits pour Dieu, prospérité et adoration !