Paul Fuzier
ME 1952 p. 253
Table des matières :
2 - Le Saint Esprit dans le croyant
Le croyant a reçu une nouvelle nature, communiquée par la puissance du Saint Esprit : il est né de nouveau, « né d’eau et de l’Esprit » (Jean 3:5-8). La Parole (dans ce passage, l’eau en est le type) apporte la mort à la vieille nature ; elle nous fait connaître notre véritable état devant un Dieu juste et saint qui ne peut donner qu’une seule place à l’homme dans la chair : la mort. Le Saint Esprit communique ensuite la nouvelle vie. Toute la première partie du chapitre 3 de l’évangile selon Jean développe les vérités relatives à la nouvelle naissance, vérités qu’il est toujours nécessaire de rappeler, tant d’âmes reposant dans une fausse sécurité parce quelles méconnaissent le « Il vous faut être nés de nouveau » de Jean 3:7. Plusieurs croient que l’eau dont il est parlé dans ce passage est celle du baptême, ce qui les conduit à confondre baptême et nouvelle naissance. Or, il est clair qu’il s’agit ici de tout autre chose que du baptême chrétien. La nouvelle naissance est le résultat d’un travail de Dieu, opéré dans la conscience par le moyen de la Parole (cf. Jean 15:3 ; Rom. 10:17 ; Jacques 1:18 ; 1 Pierre 1:23) et du Saint Esprit.
Une nouvelle nature nous étant communiquée par le Saint Esprit, nous avons aussi le Saint Esprit en nous comme vie et puissance de communion (Jean 4:13-14), puis comme Personne divine venue ici-bas, envoyée par le Père et par le Fils (Jean 7:37-39 ; 14:15-26 ; 15:26 ; 16:7-15), habitant dans le croyant et dans l’Assemblée (1 Cor. 6:19 ; 3:16). C’est le jour de la Pentecôte que le Saint Esprit est descendu sur la terre comme Personne. Dans les temps qui ont précédé, nombreux furent ceux qui possédaient la vie de Dieu : vivification par l’Esprit et sceau du Saint Esprit sont donc deux choses différentes. Par Jean 7:39 nous apprenons que ceux qui allaient recevoir le Saint Esprit croyaient déjà : « Or il disait cela de l’Esprit qu’allaient recevoir ceux qui croyaient en lui ». Ce sont des incrédules que l’Esprit vient vivifier, alors que seuls les croyants sont scellés de l’Esprit : « ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit » (Éphésiens 1:13).
Nés de nouveau, nous sommes enfants de Dieu, « et, parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs, criant : Abba. Père » (Jean 1:12, 13 ; Gal. 4:6). Le Saint Esprit nous fait jouir de la relation que nous avons maintenant avec Dieu, celle d’enfants avec leur Père (cf. Rom. 8:14-16) ; et, en tant qu’« Esprit de son Fils », il produit en nous les sentiments éprouvés par le Fils et nous conduit à la jouissance de sa propre position devant son Dieu et Père, maintenant notre Dieu et notre Père (comp. Marc 14:36 avec Gal. 4:6 et Rom. 8:14-16).
Enfants de Dieu, nous sommes responsables de montrer la vie divine que nous avons reçue par le Saint Esprit (cf. Éph. 1:1 et 2 ; 1 Jean 3:9 et 2:29), de montrer Christ, car cette vie c’est Christ (cf. Gal. 2:20 et Phil. 1:21). Nous ne pouvons le réaliser que par l’action du Saint Esprit en nous. En effet, la marche chrétienne n’est pas l’obéissance à une loi qui essaie de contraindre une chair rebelle, qui défend le mal à une nature aimant le mal et qui ordonne l’amour de Dieu et du prochain à une nature dont le mobile est l’égoïsme. Ce que la loi ne pouvait pas produire parce qu’elle s’adressait à la vieille nature, le Saint Esprit le manifeste — et seul il peut le faire — car il met en activité le nouvel homme. La nouvelle nature trouve sa joie à obéir, à faire la volonté de Dieu ; dans la puissance du Saint Esprit, elle peut satisfaire aux obligations de la loi et même faire bien davantage (cf. Matt. 5:43-48 et 1 Jean 3:16).
La marche chrétienne est donc la manifestation de la nouvelle vie, que nous avons reçue par l’Esprit — la manifestation de Christ, qui est notre vie. Cette manifestation est entravée par la présence en nous de la chair, qui « convoite contre l’Esprit » ; mais nous avons une ressource : « Marchez par l’Esprit, et vous n’accomplirez point la convoitise de la chair » (Gal. 5:16-17). Mais celui qui a la vie de Dieu n’a point de force s’il est placé sous la loi ; dans cet antagonisme entre les deux natures, il est impossible, en dehors de la puissance de l’Esprit, de rejeter le mal et d’accomplir le bien : « Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais. Or si ce que je ne veux pas, moi, je le pratique, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi » (Rom. 7:19, 20). Galates 5:15-26 nous montre comment nous pouvons, bien qu’ayant toujours la chair en nous, marcher de telle manière que Christ soit glorifié : la convoitise de la chair n’est pas extirpée de nos cœurs, mais elle est subjuguée ; le Saint Esprit, par lequel « nous avons été scellés » (Éph. 4:30) et qui nous a amenés à la jouissance de notre position d’enfants de Dieu, nous conduit ensuite à réaliser une marche correspondant à cette position et si nous « marchons par l’Esprit », il est impossible que nous accomplissions la convoitise de la chair, car l’un des deux exclut l’autre.
Dans le chapitre 7 de l’épître aux Romains, nous avons un croyant qui lutte pour essayer de vaincre la volonté de la chair par la volonté renouvelée, mais sans la puissance du Saint Esprit, alors que, dans le chapitre 5 de l’épître aux Galates, la chair ne peut accomplir le mal auquel elle se complaît parce que la marche par l’Esprit suit la possession de la vie par l’Esprit (v. 25).
Nous sommes loin de réaliser toujours que « ceux qui sont du
Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal.
5:24). Il est alors inévitable que « les œuvres de la chair » soient manifestées.
Triste tableau que celui dépeint dans les versets 19 à 21 de ce même chapitre !
« Si vous vivez selon la chair, vous mourrez », dit l’apôtre aux Romains
(8:13), comme il écrit aux Galates à propos des œuvres de la chair :
« ceux qui commettent de telles choses n’hériteront pas du royaume de Dieu »
(5:21). La mort est la fin de la vie d’un homme dans la chair, et s’il est vrai
que Dieu saura arrêter un de ses enfants vivant selon la chair, il est tout aussi
vrai que, jusqu’à ce moment-là, ce croyant est sur le chemin qui conduit à la mort
éternelle « ceux qui sont dans la chair ». En contraste avec le
« vous mourrez » de Rom. 8:13, il y a le « vous vivrez » qui
termine ce verset. Comment la chose est-elle réalisée ? « Si par l’Esprit
vous faites mourir les actions du corps ». La pensée précède l’action et c’est
sur la source qu’il faut agir : il faut faire « mourir les actions du
corps », c’est-à-dire juger en nous, par l’Esprit, toute mauvaise pensée qui
pourrait conduire — et si elle est non jugée, elle conduirait inévitablement — à
une action que serait l’une des « œuvres de la chair ». Ce n’est pas,
à proprement parler, le Saint Esprit qui « fait mourir les actions du corps » ;
l’apôtre dit : « si par l’Esprit vous faites
mourir… », car
il y a là une question de responsabilité
pour chaque croyant, responsabilité à laquelle il ne peut faire face que par la
puissance du Saint Esprit.
Lorsque la chose est réalisée, « le fruit de l’Esprit » est manifeste (Gal. 5:22). Ce « fruit » comporte, tout d’abord, un côté intérieur : amour, joie, paix.
« L’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). Le Saint Esprit nous fait jouir de cet amour en occupant nos cœurs de Christ, en qui et par qui l’amour de Dieu a été pleinement révélé (cf. Jean 16:13-15 ; Éph. 3:16-19). De sorte que nous pouvons ensuite, tout naturellement, réaliser les exhortations de 1 Jean 4:7 à 21. La joie du croyant n’a qu’un Objet : le Seigneur (Phil. 3:1 ; 4:4). C’est en plaçant sans cesse devant lui un tel Objet que le Saint Esprit produit la joie dans le cœur du racheté. « Le royaume de Dieu n’est pas manger et boire, mais justice, et paix et joie dans l’Esprit Saint. Car celui qui en cela sert le Christ est agréable à Dieu et approuvé des hommes » (Rom. 14:17 et 18). Le Saint Esprit apporte la paix à nos âmes. Même lorsqu’il agit comme Esprit de répréhension, car il veut alors nous amener à juger tout ce qui est de la chair en nous ; ce jugement opéré, il n’y a plus dans nos cœurs aucun conflit avec Dieu. C’est la paix, le cœur se sent à l’aise avec Dieu. Par le Saint Esprit, nous pouvons « exposer nos requêtes à Dieu par des prières et des supplications » et la promesse est certaine : « la paix de Dieu… gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » ; mais encore, nous pouvons juger tout ce qui nous empêcherait d’être occupés des choses vraies, vénérables, justes, pures, aimables et de bonne renommée. « Faites ces choses, et le Dieu de paix sera avec vous » (Phil. 4:4 à 9).
Il y a ensuite, dans ce « fruit de l’Esprit », ce qui doit caractériser nos rapports avec ceux qui nous entourent, le côté extérieur, résultat de l’œuvre intérieure de l’Esprit. Quand l’Esprit a produit en nous ce triple fruit, « l’amour, la joie, la paix », les traits qui nous sont indiqués dans la suite du verset peuvent être manifestés : longanimité, bienveillance, bonté, fidélité et douceur. Il n’est pas nécessaire d’expliquer le sens de ces expressions ; ce qui importe, c’est de montrer de tels caractères, non pas comme fruit de la chair aimable (cela peut être, dans une certaine mesure), mais comme fruit de l’Esprit. Si nous les manifestons si peu et si mal, c’est bien parce que, dans cet incessant conflit entre l’Esprit et la chair, nous laissons trop souvent la chair triompher. Pourquoi ? Parce que, possédant la vie de l’Esprit, nous ne « marchons pas aussi par l’Esprit ».
Enfin, un dernier trait, celui-ci en rapport avec nous-mêmes : la tempérance. Ce n’est pas seulement la sobriété dans la nourriture dont le corps a besoin, c’est aussi la domination de soi, un frein mis à toutes les passions et convoitises du cœur naturel.
« Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit ».
Tout cela est bien de nature à réveiller le sentiment de notre responsabilité et pourrait même nous décourager si, en contraste avec une telle marche, nous considérons la nôtre ! Mais le Saint Esprit intervient encore ; c’est pour nous aider lorsque, dans le sentiment de notre grande faiblesse, nous crions à Dieu afin d’avoir du secours : « priant par le Saint Esprit » (Jude 20 : cf. Éph. 6:18). « De même aussi l’Esprit nous est en aide dans notre infirmité ; car nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient ; mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables : et celui qui sonde les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, car il intercède pour les saints, selon Dieu » (Rom. 8:26-27).
Enfin, le Saint Esprit produit dans nos cœurs les louanges que nous pouvons, dès ici-bas, présenter à Dieu : « Nous… rendons culte par l’Esprit de Dieu » (Phil. 3:3). C’est afin que nous fussions des adorateurs que nous avons été délivrés de nos péchés (nouvelle naissance) — que nous sommes délivrés du péché (par la puissance du Saint Esprit, qui nous débarrasse de nous-mêmes en fixant nos regards sur Christ ; cf. Rom. 7:24 et 25) et que nous avons le secours nécessaire dans l’infirmité qui nous caractérise. Tout le travail de l’Esprit de Dieu en nous est en vue de ce résultat : faire de nous des adorateurs. Pour cela, il nous occupe sans cesse de Christ, il prend de ce qui est à Lui pour nous l’annoncer (Jean 16:14). Tel, autrefois, Eliézer parlant à Rebecca de celui vers lequel il la conduisait !
Que le Saint Esprit, qui a opéré en nous l’œuvre de la nouvelle naissance, agisse constamment dans nos cœurs, sans que nous l’entravions dans cette activité, pour nous occuper de Christ afin de nous délivrer de nous-mêmes ! Qu’il nous soit en aide dans notre infirmité afin que, vivant par l’Esprit, nous puissions aussi marcher par l’Esprit et porter ainsi le fruit de l’Esprit ! « Fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur », le Christ habitera « par la foi, dans nos cœurs » et nous serons « enracinés et fondés dans l’amour ». La communion collective sera réalisée : nous serons « capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, et de connaître l’amour du Christ, qui surpasse toute connaissance » (Éph. 3:14 et suivants). C’est ainsi que « les assemblées… étaient en paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit » (Actes 9:31). Nous pourrons alors, dans toute la puissance de l’Esprit, rendre culte à Dieu, Lui présentant Celui que le Saint Esprit veut glorifier et pour la gloire duquel Dieu nous a amenés jusqu’à Lui !
« Soyez remplis de l’Esprit, vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père ; étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (Éph. 5:19-21).