Paul Fuzier
Table des matières :
2 - La veuve de Sarepta — 1 Rois 17
3 - Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice — Matthieu 6:33
4 - Ôter la poutre de notre œil — Matthieu 7:3-5
5 - Montrer de la piété envers sa propre maison — 1 Tim. 5:4
6 - « Ils se sont donnés premièrement, eux-mêmes au Seigneur » — 2 Cor. 8:5
7 - Réponse du Seigneur aux affections et à l’obéissance des Siens
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest. ME 1942 p. 205
La Parole nous enseigne que nous avons à faire certaines choses
« premièrement
». Notre
cœur naturel nous porte à accomplir en premier lieu tout ce qui est conforme à nos
intérêts et à nos désirs, en quelque manière que ce soit. C’est ainsi qu’un de ses
disciples avait dit au Seigneur : « Seigneur, permets-moi de m’en aller
premièrement
et d’ensevelir mon père »
(Matth. 8:21). Sans doute, il pouvait aller ensevelir
son père — comme un autre aussi, prendre congé de ceux qui étaient dans sa maison
(Luc 9:61) — c’était chose bien naturelle. La Parole même nous montre quels sont
nos devoirs envers nos parents et ce serait grave que d’en faire peu de cas. Toutefois,
il n’était pas convenable d’y aller « premièrement ». Il fallait d’abord
suivre Christ : « Mais Jésus lui dit : Suis-moi » (v. 22). Le
Seigneur seul a sur nos cœurs des droits absolus et c’est Lui qui doit passer
« premièrement » (si cette expression nous est permise), même avant ceux
à l’égard desquels nous avons des devoirs à remplir : « Celui qui aime
père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi ; et celui qui aime fils ou
fille plus que moi n’est pas digne de moi » (Matth.
10:37). Tel est le principe qui devrait nous guider constamment dans notre vie pratique
« afin qu’en toutes choses, il tienne, lui, la première place » (Colossiens 1:18).
Il est intéressant et instructif de chercher dans la Parole quelques-unes
des choses que nous sommes exhortés à faire « premièrement ». En un jour
de famine, le prophète de l’Éternel est envoyé vers la
veuve de Sarepta (1 Rois 17:7-16). Les circonstances actuelles
nous permettent, sans aucun doute, de mieux comprendre celles de cette femme et
de sympathiser à sa détresse. Pour vivre, elle n’a plus grand’chose :
une poignée de farine et un peu d’huile. Rien autre ! Qui d’entre nous, si
pauvre de ressources soit-il, pourrait dire qu’il est réduit à semblable extrémité ?
Mais encore, cette veuve avait un fils… Des parents peuvent entrer quelque peu
dans les angoisses qui devaient étreindre son cœur de mère ! Pour elle, il
n’y a plus aucun espoir lorsque ses maigres provisions seront épuisées :
« nous le mangerons et nous mourrons ». Serait-il venu à l’idée de quelqu’un
qu’elle était appelée, avec le peu dont elle disposait, à pourvoir aux besoins d’un
étranger ? Eh bien, cette veuve devait penser au prophète de l’Éternel, et cela avant toute autre chose : « fais-moi
premièrement
de cela un petit gâteau et
apporte-le-moi ; et après tu en feras pour toi et ton fils ». Premièrement !
que répondrait le cœur humain ? « Je le ferais
volontiers, mais j’ai trop peu, même pas ce qui m’est nécessaire… ». C’est
bien selon la nature et c’est, en fait, la première réponse de la femme (v. 12).
Mais avant de penser à elle et à son fils, il convenait de penser à l’Éternel, à ses droits, à son service. Quelle instruction pour
nous qui sommes tellement portés à songer à nous d’abord, donnant peut-être ensuite
une part de notre superflu. Soyons bien assurés que si le Seigneur nous demande
quelque chose, c’est parce qu’Il veut mettre nos cœurs
à l’épreuve, car il ne lui serait pas bien difficile de se passer de nous. Est-ce
que nous apprécions le privilège — car c’en est un — de pouvoir faire quelque chose
pour Lui, si peu que ce soit ? Et puis, s’il en était besoin, rappelons-nous
que jamais Il ne restera notre débiteur : la promesse en est au verset 14.
Il rend au centuple ce qui est fait pour Lui. Connaissant cette parole :
« Premièrement… », ayant les promesses divines,
quelle va être notre conduite ? La veuve de Sarepta
« fit selon la parole d’Élie ». Dans quelle mesure imiterons-nous l’obéissance
de sa foi ? Si nous avons à cœur de donner « premièrement » au Seigneur
ce qu’Il nous demande et qui Lui est dû, nous ferons aussi
l’expérience que fit cette veuve il y a trente siècles, car notre Dieu est
« le même » ! « Le pot de farine ne s’épuisa pas et la cruche
d’huile ne manqua pas, selon la parole de l’Éternel qu’il
avait dite par Élie ». Le Seigneur, ses droits, son service, ses serviteurs
(n’est-il pas écrit : « En tant que vous l’avez fait à l’un des plus petits
de ceux-ci qui sont mes frères, vous me l’avez fait à moi » Matth. 25:40 ?) doivent passer avant nous-mêmes et nos
propres besoins. Puissions-nous, dans des jours où nos ressources seront peut-être
bien réduites, n’être pas tentés d’oublier ce « premièrement » de 1 Rois
17:13 !
Il est un autre exemple, bien connu aussi, à la fin du 6me chapitre
de l’évangile selon Matthieu, utile à considérer dans un temps où nous craignons
de manquer de tout, alors que nous devrions pouvoir dire avec David :
« L’Éternel est mon Berger, je ne manquerai de rien »
(Ps. 23:1). Les « nations », dans l’inquiétude et l’angoisse, « recherchent »
toutes les choses nécessaires à la vie. La Parole nous enseigne ce que, pour notre
part, nous avons à faire : « Cherchez premièrement
le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses
vous seront données par dessus » (v. 33). Voilà ce que nous avons à faire
« premièrement ». Mais qu’est-ce que « le royaume de Dieu »
que nous devons « chercher » ? Cette expression, employée parfois
pour indiquer seulement une dispensation (Matth. 12:28 ;
21:43, par exemple) a ici, surtout, un sens moral. Il s’agit des caractères que
doivent manifester ceux qui ont part à un royaume où les droits de Dieu sont reconnus
et où chacun est soumis à Christ. Comment entre-t-on dans ce royaume ? Les
paroles du Seigneur Jésus à Nicodème nous donnent la réponse : « Si quelqu’un
n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu… si quelqu’un n’est né d’eau
et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu »
(Jean 3:5). C’est donc par la nouvelle naissance que nous entrons dans le royaume
et que nous serons ensuite rendus capables — le Saint Esprit agissant en nous —
d’en manifester les caractères. Quels sont-ils ? « Le royaume de Dieu
n’est pas manger et boire, mais justice et paix et joie dans l’Esprit Saint. Car celui qui en cela sert le Christ est agréable
à Dieu et approuvé des hommes » (Romains 14:17, 18). Christ sur la terre —
le seul juste — a pu dire : « Le royaume de Dieu est au milieu de vous »
(Luc 17:21) — actuellement, tandis que le Roi est rejeté, le royaume est caractérisé
par la présence de l’Esprit — bientôt il sera établi en
gloire et en puissance sur la terre et « voici, un roi règnera en justice »
(Ésaïe 32:1). Mais durant ces trois périodes, quelque
différentes qu’elles puissent être, les caractères du royaume sont immuables :
« la justice, la paix et la joie dans l’Esprit saint ».
L’action puissante de l’Esprit Saint produit des fruits
— lorsqu’il n’est pas contristé — en tous ceux qui ont part au royaume : la
justice pratique avec tout ce qui en découle, la paix et la joie. « Chercher
le royaume de Dieu et sa justice » c’est donc, en vivant de la vie de l’Esprit, montrer dans toute notre marche pratique que nous sommes
nés de nouveau, que nous sommes ainsi entrés dans ce royaume — c’est en manifester
les caractères moraux, ayant devant nous Christ comme Modèle. Telle est la part
qui nous est proposée et c’est ce que nous devons chercher « premièrement ».
En cela, nous servirons Christ, nous serons agréables à Dieu et approuvés des hommes
qui, considérant les résultats produits et le témoignage rendu, devront reconnaître
qu’il y a chez les croyants une vie qu’ils ne possèdent pas. Nous pourrons être
à la fois — en vivant pieusement — persécutés (2 Tim.
3:12) et approuvés. Remarquons qu’ici encore il y a une promesse précieuse pour
celui qui se souviendra de ce « premièrement » : « toutes ces
choses vous seront données par dessus ». Le Psalmiste en avait déjà fait l’expérience :
« ceux qui cherchent l’Éternel ne manquent d’aucun
bien » (Ps. 34:10).
En continuant notre lecture, dans ce même Évangile, nous trouverons
un peu plus loin, un troisième « premièrement ». « Pourquoi regardes-tu
le fétu qui est dans l’œil de ton frère et tu ne t’aperçois pas de la poutre qui
est dans ton œil ? ou comment dis-tu à ton frère :
Permets, j’ôterai le fétu de ton œil ; et voici, la poutre est dans ton œil ?
Hypocrite, ôte premièrement
de ton œil
la poutre et alors tu verras clair pour ôter le fétu de l’œil de ton frère »
(7:3-5). La tendance de notre pauvre cœur c’est toujours de « regarder le fétu
qui est dans l’œil de notre frère » et même, ce qui est de l’hypocrisie, de
lui dire charitablement : « Permets, j’ôterai le fétu de ton œil ».
Nous sommes disposés à le faire en tout premier lieu et, bien souvent, uniquement.
Mais le Seigneur nous montre qu’occupés à juger les autres, nous perdons de vue
le mal qui est en nous, que nous devrions juger d’abord : « ôte premièrement
de ton œil la poutre… ».
Une poutre dans l’œil nous aveugle : ne sera-ce donc pas à tort que nous aurons
« vu » un fétu dans l’œil de notre frère ? Au lieu de suivre l’impulsion
de notre cœur charnel qui nous porte à juger les autres, considérons bien ce que
nous avons à faire « premièrement » : nous juger nous-mêmes et vivre
dans le jugement de nous-mêmes. Nous aurons alors la vision spirituelle nécessaire
pour nous occuper, s’il est besoin, du mal qui peut se trouver chez notre frère
et cela, dans l’esprit de grâce et d’amour au sujet duquel la Parole nous enseigne
en plaçant devant nous le divin et parfait Modèle. Hélas ! combien peu nous savons le réaliser — perdant de vue Jean 13:17
— et quelles difficultés humiliantes surviennent si fréquemment entre frères — ou
sœurs — parce que nous avons oublié ce « premièrement ». À nous la confusion
de face !
L’exhortation de l’apôtre dans sa première épître à Timothée (5:4)
s’adresse spécialement aux enfants ou aux descendants d’une veuve, mais le principe
posé là demeure, de telle sorte que l’exhortation est aussi pour chacun de nous :
« qu’ils apprennent premièrement
à
montrer leur piété envers leur propre maison ». Qu’est-ce que la piété ?
C’est faire intervenir Dieu dans toutes nos circonstances, petites ou grandes —
c’est vivre dans une communion intime et habituelle avec le Seigneur. Dans cette
courte épître — adressée par l’apôtre Paul à Timothée afin qu’il sache « comment
il faut se conduire dans la maison de Dieu qui est l’assemblée du Dieu vivant, la
colonne et le soutien de la vérité » (3:15) — on a remarqué qu’il est question
de la piété du commencement à la fin. Ce mot ne se trouve pas moins de dix fois
dans l’épître, mais surtout cette grande vérité est exprimée : le secret de
la piété est dans la contemplation de Christ, « Dieu a été manifesté en chair,
a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a
été cru au monde, a été élevé dans la gloire » (3:16). Christ seul est la source
de la vraie piété pour le croyant et une vie de piété ne sera autre chose que le
reflet de ce que nous aurons vu et considéré dans cette Personne. Oui, « sans
contredit, le mystère de la piété est grand » ! Le passage rappelé (5:4)
nous montre que la piété qui est à la base de la vie dans l’Assemblée,
maison de Dieu, doit commencer dans nos propres maisons. Enseignement qu’avaient
déjà compris et mis en pratique — sous une autre économie — Jedaïa,
Benjamin, Hashub et Azaria,
les sacrificateurs Tsadok et Meshullam
(Néhémie 3:10-23, 28-30), mais que nous perdons de vue si souvent. Dans notre propre
maison — qu’il est important de le rappeler ! — doivent commencer le témoignage
(Marc 5:19), le service (Juges 6:25-32) et la piété (1 Tim.
5:4). C’est peut-être là qu’il est le plus difficile de « montrer notre piété »,
car elle doit s’y manifester dans les petites choses et de façon constante. Encore
un « premièrement » auquel nous avons à penser chaque jour.
Ces quatre passages nous présentent un ensemble de vérités que connaissaient
et — surtout — que mettaient en pratique, pensons-nous, les saints de la Macédoine,
persécutés et dépouillés de tout, mais desquels l’apôtre peut dire :
« ils se sont donnés premièrement
,
eux-mêmes au Seigneur » (2 Cor. 8:5). Pour les réaliser, en effet, il est nécessaire
de commencer par cela, nous rappelant ce qu’écrit encore l’apôtre aux chrétiens
de Corinthe : « Et vous n’êtes pas à vous-mêmes, car vous avez été achetés
à prix » (1 Cor. 6:19), « afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour
eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor.
5:15). Chacun de nous peut-il dire qu’il s’est « donné premièrement lui-même
au Seigneur » ? C’est Lui qui attend la réponse. L’exhortation de l’apôtre
a-t-elle remué nos cœurs : « Je vous exhorte donc, frères, par les compassions
de Dieu, à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui
est votre service intelligent » (Rom. 12:1) ? Commençons par cela — c’est-à-dire,
étant par les compassions de Dieu affranchis complètement du vieil homme et réalisant
que nous avons été délivrés pour être les esclaves de Christ — il nous sera facile
alors de mettre en pratique les enseignements recueillis dans les divers passages
qui nous ont occupés.
Nous éprouverons ainsi une grande joie, celle que l’on trouve dans
l’obéissance. Mais il y a encore, dans ce chemin, quelque chose de plus précieux :
la personne de Christ se révélant à l’âme, la jouissance d’une communion particulière
avec Lui : « celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là
qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai
et je me manifesterai à lui
. Si quelqu’un
m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui
et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:21-23). Nous n’avons pas besoin
de rappeler l’histoire si connue de Marie de Magdala,
« de laquelle étaient sortis sept démons » (Luc 8:2). Les « sept
démons », c’est toute la puissance de Satan, ce sont les agents qu’il emploie
pour exercer son emprise sur le cœur humain — et il est sans cesse en activité pour
nous empêcher d’accomplir ce que le Seigneur nous demande de faire « premièrement ».
Il arrive si souvent à atteindre son but, parce que dans nos cœurs nous donnons
la place à tant de choses qui, en fait, sont ses instruments. Pour Marie de Magdala, il n’en était pas ainsi. Elle avait été délivrée de
la puissance de Satan : c’était une brebis du bon Berger, — une de ces brebis
qui « écoutent sa voix et le suivent » (Jean 10:27) — elle était parmi
ces femmes « qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée en le servant »
(Matt. 27:55-56). Mais surtout, et c’est une autre « délivrance », une
personne remplissait son cœur dans lequel il n’y avait de place que pour Lui :
les « sept démons » en étaient sortis. Elle n’avait plus qu’un seul objet :
Christ. Aussi, tandis que les disciples s’en retournent « chez eux »,
elle se tient près du sépulcre, dehors, et elle pleure (Jean 20:10-11). Ne s’était-elle
pas donnée « premièrement » elle-même au Seigneur, selon l’expression
de 2 Cor. 8:5 ? Alors, comme une réponse à cela, après sa résurrection, le
premier jour de la semaine, « Il apparut premièrement
à Marie de Magdala de laquelle
il avait chassé sept démons » (Marc 16:9). Quelle faveur, quelle joie pour
ce cœur entièrement rempli de Christ !
Nous avons remarqué qu’il y a une promesse pour ceux qui n’oublient
pas ce qu’il y a lieu de faire « premièrement ». Mais n’est-ce pas la
promesse la plus précieuse : Christ se présentant de façon particulière et
spéciale, en tout premier lieu, à celui qui l’aime, selon Jean 14:21 ?
« On a enlevé mon
Seigneur »
pouvait dire Marie aux deux anges. « Il apparut premièrement
à Marie de Magdala » est
la réponse de Celui qui lit dans nos cœurs et attache un si grand prix à nos affections.
Dans la mesure où nous aurons Christ pour seul
objet, nous serons rendus capables de réaliser tout ce qu’Il nous appelle à faire « premièrement
» et nous jouirons de Lui dans une communion particulière
dont la douceur est infinie.