Paul Fuzier
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Table des matières abrégée :
1 - Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser — Attitude du fidèle en un temps de ruine
2 - Éli, Samuel, Anne — 1 Samuel 2 à 4 — Tu honores tes fils plus que moi
3 - Le Rassemblement sur le terrain de l’Unité du Corps
4 - La présence du Seigneur dans le rassemblement : quelques conséquences pratiques
7 - Puissance du témoignage collectif
8 - « Et ils ôtèrent du milieu d’eux les dieux étrangers » (Juges 10:16)
9 - Différents types de croissance à rechercher, personnellement et collectivement
10 - La présence du Seigneur dans le rassemblement autour de Lui
11 - Ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. 2 Tim. 2:19-22
12 - La vie d’Étienne comme exemple. Actes 6 et 7
14 - Remarques sur Philippiens 4
15 - « Je suis là au milieu d’eux » — Matt. 18:20
Table des matières détaillée :
1 - Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser — Attitude du fidèle en un temps de ruine
1.2 - Ce que faisait Anne, fille de Phanuel
1.3 - Application actuelle dans une chrétienté en ruine
1.4 - … de la tribu d’Aser. La bénédiction de Jacob
2 - Éli, Samuel, Anne — 1 Samuel 2 à 4 — Tu honores tes fils plus que moi
2.2 - Exhortation aux parents : Éli un exemple à ne pas suivre
2.3 - Discipline à ne pas négliger dans la maison de Dieu
2.4 - Samuel. Certaines défaillances
2.5 - Anne, une mère pieuse et fidèle
2.6 - Imiter les bons exemples
3 - Le Rassemblement sur le terrain de l’Unité du Corps
3.1 - Introduction : Rappeler quelques vérités essentielles
3.2 - Ruine, dispersion et unité
3.3 - Participation des membres du corps de Christ à la table du Seigneur
3.4 - Une responsabilité de l’assemblée pour l’admission
3.5 - Quand la communion n’est pas possible
3.6 - Un chemin qui reste selon la Parole
4 - La présence du Seigneur dans le rassemblement : quelques conséquences pratiques
4.1 - Privilège d’être rassemblés autour du Seigneur
4.2 - Gravité des absences par négligence
4.3 - État convenable pour jouir de la présence du Seigneur
4.3.2 - Rôle des dons : nous faire jouir de la présence du Seigneur
4.3.3 - La chair qui se met en avant
5.1 - Un seul troupeau mais des brebis dispersées
5.3 - Communion à la Table du Seigneur. Responsabilité qui s’y rattache
5.4 - Tout au long de l’Écriture, Dieu sépare
5.5 - Rechercher le lieu où le Seigneur a promis sa présence
5.6 - Celui qui n’assemble pas avec moi disperse. Luc 11:23
5.7 - Unité proclamée par un résidu dans l’humilité
6.1 - Objectifs et moyens de l’ennemi des croyants
6.2 - Avertissements de plusieurs apôtres
6.4 - Démasquer. Se méfier des apparences
6.5 - Préservés par l’onction de la part du Saint
6.6 - Réagir quand ils sont découverts
7 - Puissance du témoignage collectif
7.1 - La puissance n’est pas dans le nombre
7.3 - Le témoignage perd sa puissance si la séparation se perd
7.5 - L’évangélisation n’a pas à induire au laxisme
7.6 - Comment attirer les âmes
8 - « Et ils ôtèrent du milieu d’eux les dieux étrangers » (Juges 10:16)
8.1 - Des dieux étrangers, puis le châtiment vient
8.2 - Crier à Dieu, mais ôter les dieux étrangers
8.4 - Dieu intervient malgré tout
9 - Différents types de croissance à rechercher, personnellement et collectivement
9.1 - Vanité de l’accroissement des possessions terrestres
9.2 - Quand on glisse vers la malhonnêteté
9.3 - Croissance à rechercher par le chrétien
9.4 - Croissance dans les jours de douleur
9.5 - Croissance par la Parole de Dieu
10 - La présence du Seigneur dans le rassemblement autour de Lui
10.1 - Trois rassemblements des disciples autour du Seigneur
10.2 - Être absent quand le Seigneur rassemble
10.3 - Commencer par prier et goûter la présence du Seigneur
10.4 - Résultats de la présence du Seigneur réalisée
11 - Ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur. 2 Tim. 2:19-22
11.1 - Importance du maintien de la vérité
11.2 - Nécessité de la séparation de tout mal. 2 Tim. 2:19
11.3 - Le cœur pur de 2 Tim. 2:22
11.4 - Des cœurs attachés à Christ et prêts à obéir
11.6 - Comment discerner ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ?
11.7 - Le cœur pur nécessaire à une vraie affection fraternelle
12 - La vie d’Étienne comme exemple. Actes 6 et 7
12.1 - Aucune défaillance relatée
12.2 - Usage de l’argent des collectes et mode de distribution
12.3 - Distribuer avec sagesse
12.4 - Qualités de ceux qui distribuent l’argent des collectes
12.5 - Des qualités trop hautes ?
12.8 - Service dans la communion des saints
12.9 - Étienne plein de grâce et de puissance
12.10 - Étienne : autorité de ses paroles
12.11 - Faux témoins. Le visage d’Étienne comme celui d’un ange
12.12 - Les yeux attachés sur le ciel
12.13 - Plein de l’Esprit Saint et reflet de Christ jusqu’à la mort
13.2 - L’Esprit, non pas la chair. 1 Cor. 14 : pour l’édification
13.3 - Début de réunion. Influence sur la suite
13.4 - Unité. Chaque membre à sa place dans le corps
13.5 - Préparation : être nourri de Christ
13.6 - Liberté de l’action de l’Esprit. Parler comme oracle de Dieu
13.7 - Le double danger : ne pas parler ou trop parler
14 - Remarques sur Philippiens 4
14.1 - Avoir de l’intérêt pour les assemblées, spécialement l’assemblée locale
14.3 - Occuper les âmes de Christ
14.5 - Phil. 4:2. Une même pensée dans le Seigneur
14.6 - Phil. 4:3. Les plus âgés aidant les plus jeunes. Dieu n’oublie pas ce qui a été fait pour Lui
14.7 - Phil. 4:4. Se réjouir dans le Seigneur malgré les difficultés
14.8 - Phil. 4:6-7. Ne pas s’inquiéter
14.9 - Phil. 4:8-9. Occupés des choses bonnes
14.10.1 - . Un vrai contentement, non pas la lassitude d’un vieillard
14.10.2 - . Phil. 4:11. J’ai appris
14.10.3 - . Phil. 4:11. Content en soi-même
14.10.4 - . Phil. 4:12. Savoir être abaissé et savoir être dans l’abondance
15 - « Je suis là au milieu d’eux » — Matt. 18:20
15.1 - Un privilège de haute valeur
15.2 - Ce que requiert le nom du Seigneur
15.3 - Faiblesse ou énergie spirituelle
15.4 - La présence du Seigneur et le comportement dans les réunions
Titre original : Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser
ME 1947 p. 257 à 259
Nous avons été souvent encouragés, nos âmes rafraîchies, en considérant le merveilleux tableau qui est placé devant nous dans les chapitres 1 et 2 de l’évangile selon Luc : le Seigneur Jésus venant sur la terre. Dans le premier chapitre, Il va venir ; dans le chapitre deux, Il est là et une multitude de l’armée céleste proclame la gloire du petit enfant couché dans l’humble crèche de Bethléhem. Peu nombreux étaient alors ceux qui l’attendaient, quelques âmes seulement. Le sont-ils davantage aujourd’hui, à la veille de son retour ? Car Il vient. Il l’a promis et ses promesses sont certaines : « Il apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent » (Hébreux 9:28).
Parmi ces quelques-uns dont il nous est parlé dans ces deux chapitres, arrêtons notre attention sur Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Si elle avait regardé tout autour d’elle, que de sujets de tristesse et de découragement ! Quelle ruine au milieu du peuple d’Israël, le peuple de Dieu — aboutissement d’une longue histoire d’incrédulité et d’infidélités ! Est-ce là ce qui l’occupe ? Non. Elle ne quitte pas le temple : c’est la présence du Seigneur qu’elle cherche, comme David autrefois (Ps. 27:4). C’est de sa Personne adorable qu’elle veut remplir son cœur. Sans doute, n’était-elle pas indifférente à la ruine d’Israël : c’était probablement l’un des thèmes de ses prières, l’un des motifs de son jeûne. Mais, quoiqu’exercée à cet égard, il n’y a là pour elle aucun sujet de découragement et d’accablement : c’est avec joie qu’elle loue le Seigneur !
Demeure-t-elle seule, à l’écart de tous ? D’autres aussi, à Jérusalem, attendent la délivrance. C’est vers eux qu’elle va. Non seulement elle a réalisé pour elle-même une heureuse part, mais encore elle encourage ceux qui attendent. Peut-être trouvent-ils que l’attente est longue, et y aurait-il des motifs de défaillir en chemin… Elle va ranimer leur énergie, les réconforter, les consoler. Et comment ? En leur parlant de Lui ! En leur présentant la Personne aimée, désirée, après laquelle les cœurs soupirent. Quand elle survint dans le temple, tandis que Siméon tenait entre ses bras « le petit enfant Jésus », Anne « louait le Seigneur et parlait de Lui à tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance » (Luc 2:38). N’est-ce pas ce qu’elle avait fait habituellement, durant ces jours d’attente ?
C’est aussi la ruine autour de nous. La fin de l’histoire de l’Église est, par tant de côtés, semblable à la fin de l’histoire du peuple d’Israël. Que de sujets de tristesse si nous regardons en bas ! La chrétienté est devenue une « grande maison » (2 Tim. 2:20) au milieu d’un monde qui rejette Christ et va au-devant de jugements effroyables et imminents. Même parmi les enfants de Dieu dans ce qui constitue le témoignage, combien de choses sont de nature à faire couler nos larmes ! Convient-il de nous arrêter, découragés, sentant notre impuissance à redresser ce qui devrait l’être ? De quoi avons-nous à être occupés : est-ce de ce qui est fait ici ou de ce qui n’est pas fait ailleurs ? Souvenons-nous d’Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
Exercés devant le Seigneur au sujet de tout ce qui n’est pas selon Lui, autour de nous et en nous, ne quittons pas le temple. Persévérons, nuit et jour — sans cesse — dans le jeûne et la prière. Soyons, chacun, occupé du Seigneur. Que sa Personne remplisse nos cœurs, afin que la louange s’élève — c’est ce qu’Il attend de nous sans cesse (Héb. 13:15). Mais aussi, encourageons-nous les uns les autres, encourageons tous ceux qui attendent, en leur parlant de Celui qui vient. Nous ne pourrons le faire avec fruit que si nos cœurs sont remplis de Lui, car c’est « de l’abondance du cœur que la bouche parle » (Luc 6:45).
En réalisant pratiquement ces choses, nous éprouverons beaucoup de joie en nous-mêmes et nous la répandrons autour de nous. Mais, pensons aussi, pensons surtout à la joie de notre Sauveur et Seigneur ! Il nous est dit qu’Anne était fille de Phanuel, « de la tribu d’Aser ». Pourquoi ce détail ?
Arrivé au soir de sa vie, Jacob avait rassemblé tous ses fils. À chacun d’eux il a quelques paroles à dire, pour leur faire savoir ce qui leur arriverait à la fin des jours (Gen. 49:1). Que dit-il au sujet d’Aser ? « D’Aser viendra le pain excellent et lui, il fournira les délices royales » (v. 20). Paroles prophétiques qui auront leur plein accomplissement dans un temps encore à venir, lorsque la tribu d’Aser fera partie du résidu fidèle. En lui, le Messie trouvera la joie et les délices de son cœur. Mais, déjà, n’avaient-elles pas un accomplissement partiel dans cette scène de Luc 2:36-38 ?
Au milieu d’une scène où il n’y a rien pour Lui, quel bonheur et quel privilège de pouvoir, au moins en quelque mesure, imiter l’exemple d’Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser, pour la joie de nos cœurs, mais aussi pour la joie et la satisfaction du propre cœur de notre Seigneur !
Titre original : Éli, Samuel, Anne — 1 Samuel 2 à 4
ME 1964 p. 309-316
Éli était un homme âgé, riche d’une longue expérience, sacrificateur et juge en Israël, ayant autorité et responsabilité à la fois comme chef de sa propre maison et comme chef de la sacrificature. De quelle manière a-t-il exercé cette autorité et fait face à cette responsabilité dans chacun de ces deux domaines ?
Dans sa maison en premier lieu. — Éli avait deux fils, Hophni et Phinées, dont la conduite est dépeinte en 1 Samuel 2:12 à 17 où il est dit notamment qu’ils étaient « des fils de Bélial » qui « ne connaissaient pas l’Éternel » ; le verset 22 de ce même chapitre signale aussi un grave péché commis par eux. De telle sorte que, tant du point de vue moral que pour ce qui touchait à l’exercice de la sacrificature, leur façon d’agir jetait du déshonneur sur le nom de l’Éternel. Éli « apprit tout ce que ses fils faisaient à l’égard de tout Israël » et ne manqua pas de leur adresser de sévères remontrances, attirant leur attention non seulement sur leur culpabilité propre mais aussi sur le fait qu’ils « entraînaient à la transgression le peuple de l’Éternel » (1 Sam. 2:23 à 25). Cependant son action envers eux s’arrête là ; il les reprend, mais il sera dit de lui — et ce sera le motif du jugement que l’Éternel exercera sur lui et sa maison : « Ses fils se sont avilis et il ne les a pas retenus » (1 Sam. 3:12, 13). Pourquoi cet homme, fidèle en bien des choses, a-t-il ainsi gravement manqué dans l’administration de sa maison ? L’Éternel le lui déclarera par le moyen de l’homme de Dieu qu’Il lui envoie : « Tu honores tes fils plus que moi » (1 Sam. 2:29). Cela le rendait solidaire de leur péché bien que, loin de les approuver, il les eût sérieusement repris. Le jugement, annoncé à Éli par le jeune Samuel, sera exécuté comme l’Éternel l’avait dit (1 Sam. 3:11 à 18 ; 4:10 à 22).
Ce récit, tant de fois rappelé, n’est-il pas de nature à réveiller des parents chrétiens peu attentifs à la responsabilité qui leur incombe devant Dieu au sujet de leurs enfants ? Tout spécialement le père, puisqu’il a de la part de Dieu une autorité et une responsabilité en tant que chef de famille. Dieu veuille garder de toute défaillance ceux qu’Il a placés dans une telle position ! Le père qui se contente de répréhensions, si sévères soient-elles, mais qui « ne retient pas » ses enfants engagés dans une mauvaise voie demeure, quoi qu’il en pense, solidaire du mal commis par eux. « Honorer ses fils plus que Dieu », c’est se laisser diriger par les sentiments que l’on éprouve pour eux, si légitimes qu’ils soient, au lieu de faire passer avant toute autre chose l’obéissance à Dieu et à sa Parole. Il se laisse égarer par cette fâcheuse sentimentalité, il n’aime pas vraiment ses fils, le père qui les « honore plus que Dieu ». Tout ce qui conduit à une faiblesse coupable et à la méconnaissance des droits de Dieu n’est qu’une contrefaçon de l’amour ; ce n’est en définitive qu’un sentiment charnel. Les conséquences de tels errements sont généralement très douloureuses, Éli en a fait la triste expérience : affaiblissement du discernement spirituel, manque d’énergie morale et enfin, le gouvernement de Dieu pouvant aller parfois jusqu’à la mort du corps. Combien tout cela est solennel !
Considérons Éli comme chef de la sacrificature. Nous retrouverons les mêmes manquements, ce qui n’est pas pour nous surprendre car, comment celui qui n’est pas fidèle dans sa maison le serait-il dans la maison de Dieu ? Les deux domaines sont étroitement liés l’un à l’autre, beaucoup plus qu’il ne le semble généralement.
Ceux qui se comportaient selon ce qui nous est dit en 1 Samuel 2:12 à 17 étaient les propres fils d’Éli ! Les sentiments que son cœur de père éprouvait pour eux l’empêchent d’agir comme il l’aurait dû ; il se borne à une réprimande et tolère la persistance d’un état de choses aussi scandaleux. — Aujourd’hui, la sacrificature est exercée par l’ensemble des croyants, frères et sœurs, réunis au nom et autour du Seigneur, comme expression de l’assemblée. L’assemblée a des responsabilités pour tout ce qui touche à la sainteté qui convient à la maison de Dieu et à l’exercice de la « sainte sacrificature » ; une autorité lui est conférée qui a sa source en Celui qui est son Chef et dont la présence doit être effectivement réalisée pour que cette autorité puisse être exercée comme il convient, c’est-à-dire dans la dépendance du Seigneur et dans la crainte de son Nom. Qu’une assemblée s’en tienne à des observations verbales — et à plus forte raison si elle ne les fait même pas — sans exercer ensuite les disciplines appropriées, dans le cas où le coupable, tel les fils d’Éli, n’écouterait pas, elle reste solidaire du péché commis (cf. 1 Samuel 2:29). Il peut arriver qu’une assemblée agisse à la manière d’Éli et que s’applique à elle la parole dite au sacrificateur d’autrefois : « Tu honores tes fils plus que moi » ; des considérations purement sentimentales peuvent la conduire à refuser d’exercer toute discipline ou à manquer d’énergie pour le faire, alors que pourtant elle en discerne plus ou moins la nécessité : les sentiments éprouvés à l’égard de celui qui a manqué, généralement très légitimes, passent dans le cœur de plusieurs avant l’honneur dû à Dieu, le maintien de ses droits et de sa gloire. Non seulement une assemblée ainsi défaillante reste solidaire du péché commis, mais encore elle est marquée par un fléchissement de son niveau spirituel de sorte qu’elle est en grand danger d’aller de faiblesse en faiblesse. Enfin, Dieu exercera peut-être à son égard tel ou tel jugement gouvernemental, pouvant aller jusqu’à « ôter la lampe ». Ne l’a-t-Il pas fait, à son moment, pour Corinthe, Éphèse, Pergame, d’autres encore ?
Samuel qui, dès son plus jeune âge, avait si bien commencé, qui dans la suite a rempli un si utile ministère prophétique, ne s’est-il pas trouvé placé, plus tard, dans des circonstances où il a laissé parler les sentiments de son cœur ? Tout jeune enfant, il servait l’Éternel devant Éli et l’on peut se poser la question : les défaillances d’Éli, fruit de la sentimentalité d’un père à l’égard de ses fils, n’ont-elles pas exercé sur lui une certaine influence dont les conséquences ont été manifestées plus tard ? C’est probable et cela ajoute à la responsabilité d’Éli, comme aussi de tous ceux qui obéissent à leurs sentiments plutôt qu’à la Parole : qu’ils veuillent bien penser à l’exemple qu’ils donnent à leur entourage, surtout à ceux qui, encore jeunes, sont aux premiers pas de la vie chrétienne !
Samuel avait eu à transmettre à Éli le message de l’Éternel annonçant le jugement qu’Il allait exécuter (cf. 1 Sam. 3:11 à 18), il avait donc vu la fin d’une sacrificature. Puis, ayant lui-même établi ses propres fils juges sur Israël, il avait vu ces derniers se conduire de telle manière que le peuple les avait rejetés et avait demandé un roi (cf. 1 Sam. 8:1 à 6). Ce roi, donné par Dieu dans sa colère et ôté dans sa fureur (cf. Osée 13:11), c’est Samuel qui fut appelé à l’oindre, c’est également Samuel qui lui fit savoir qu’il était « rejeté » (cf. 1 Sam. 10:1 ; 15:23, 26). On peut bien comprendre les sentiments qui remplissaient le cœur de Samuel à ce moment-là, mais ne convenait-il pas de leur imposer le silence puisque l’Éternel avait parlé ? Samuel aurait-il dû être « fort attristé » après avoir entendu l’Éternel lui dire : « Je me repens d’avoir établi Saül pour roi ; car il s’est détourné de moi et n’a point exécuté mes paroles », aurait-il dû « mener deuil sur Saül, parce que l’Éternel s’était repenti d’avoir établi Saül roi sur Israël » ? (cf. 1 Sam. 15:10, 11, 35). Et cela, après que le caractère de Saül avait été pleinement manifesté (cf. 15:13 à 16, 20, 21, 30). Samuel laisse fâcheusement parler ses sentiments à l’égard d’un roi rejeté, rejeté parce que coupable d’avoir lui-même « rejeté la parole de l’Éternel » (v. 26) et il oblige l’Éternel à lui poser cette question : « Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que moi je l’ai rejeté… ? » (1 Sam. 16:1). Retenons l’enseignement si important qui nous est donné là : la sentimentalité conduit inévitablement à une position qui est en désaccord avec la pensée et les voies de Dieu. En outre, elle nous fait reculer en présence de ce que Dieu nous demande. Lorsqu’en effet l’Éternel commande à Samuel : « Remplis ta corne d’huile, et va : je t’enverrai vers Isaï, le Bethléhémite ; car j’ai vu parmi ses fils un roi pour moi », Samuel répond : « Comment irai-je ? » (1 Sam. 16:1, 2). Davantage encore : lorsqu’enfin Samuel obéit, il manifeste un manque de discernement que l’on n’avait pas vu chez lui précédemment, manque de discernement qui découle de sa sentimentalité. Voyant Eliab, dont il est dit qu’il « suivait Saül » (1 Sam. 17:13, 14), Samuel s’écrie : « Certainement l’oint de l’Éternel est devant lui ». Quelle erreur de jugement ! Il faut que l’Éternel reprenne le prophète, lui disant : « Ne regarde pas son apparence, ni la hauteur de sa taille, car je l’ai rejeté ; car l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:6, 7). Les pensées de Samuel étaient à l’opposé des pensées de Dieu !
Éli, Samuel, deux hommes chez lesquels on aurait pensé trouver l’obéissance à la volonté de l’Éternel, tous les sentiments du cœur étant mis à leur véritable place. Hélas ! chez l’un comme chez l’autre, mais chez le premier plus gravement, nous voyons les sentiments prendre le pas sur la simple obéissance à la volonté de Dieu.
C’est plutôt chez Anne, « un vase plus faible » selon l’expression de 1 Pierre 3:7, que nous aurions supposé rencontrer une conduite plus ou moins dirigée par les sentiments maternels. Tout au contraire ! En butte à l’hostilité de Peninna, à l’incompréhension d’Éli, elle n’a de ressource qu’en Dieu. C’est à Lui qu’elle a demandé « un enfant mâle », non pour l’égoïste satisfaction de son cœur de mère mais pour le service et la gloire de l’Éternel : « Je le donnerai à l’Éternel pour tous les jours de sa vie ; et le rasoir ne passera pas sur sa tête » (1 Sam. 1:11). Chez elle — quel exemple à imiter ! — les sentiments qu’une mère peut légitimement éprouver pour son enfant, et surtout pour un enfant ardemment désiré, ne passent pas avant ce qui est dû à Dieu. Ah ! ce n’est pas à Anne qu’il aurait pu être dit : « Tu honores ton fils plus que moi » !
Elle n’a pas pour son fils un amour égoïste, qui au fond ne pense qu’à soi et ne cherche que sa propre satisfaction ; elle manifeste amour et obéissance envers Dieu et c’est ce qui la guide dans les expressions de son amour envers son enfant. C’est à Dieu, à ses intérêts et à son service qu’elle pense en premier lieu ; aussi quoi qu’il en coûte à son cœur de mère, elle se sépare de son fils et le conduit auprès d’Éli, sacrificateur en ces jours-là (cf. 1 Sam. 1:26 à 28). Elle n’en aime pas moins ce fils que Dieu lui a donné, mais elle l’aime véritablement, mettant chaque chose à sa place, Dieu d’abord, son enfant après. N’aimant pas son fils plus que l’Éternel, elle est digne d’être appelée « disciple » (cf. Matt. 10:37) et elle nous enseigne comment il convient d’agir pour éviter les pièges de la sentimentalité, pour faire passer en premier lieu ce qui concerne Dieu et sa gloire, les affections que nous éprouvons très légitimement pour les membres de nos familles prenant la place qu’elles doivent avoir et non le pas sur tout le reste. Le développement spirituel de Samuel, le préparant pour l’exercice d’un ministère prophétique est la riche récompense accordée par Dieu à cette mère pieuse et fidèle.
N’est-il pas surprenant qu’Éli, auprès duquel fut amené et servit le fils de cette mère remarquable entre toutes — que Samuel, lui qui avait une telle mère, n’aient pas su imiter l’exemple d’Anne et aient fait preuve l’un et l’autre d’une regrettable sentimentalité, le premier à l’égard de ses fils, le second vis-à-vis de ses fils comme aussi du roi Saül (cf. 1 Sam. 8:1 à 6 ; 15:35 ; 16:1) ? Cela nous montre combien peu nous savons imiter les meilleurs exemples placés devant nous. N’est-il pas surprenant aussi que Samuel ait subi, semble-t-il, sur le plan des sentiments naturels, l’influence d’Éli au lieu d’agir à la manière d’Anne sa mère ? Cela nous montre que l’on imite plus facilement un mauvais qu’un bon exemple.
Il est pourtant un détail qui nous montre qu’au dernier jour de sa vie Éli avait sans doute jugé la sentimentalité qui l’avait conduit à l’infidélité. Lorsqu’un messager vient lui faire le récit de la bataille, c’est seulement « lorsqu’il mentionne l’arche de Dieu » qu’Éli tomba à la renverse de dessus son siège, ce n’est pas au moment où lui fut annoncée la mort d’Hophni et Phinées. L’Esprit de Dieu souligne ce détail (1 Sam. 4:17, 18) et nous sommes heureux de voir là une preuve de la restauration d’Éli. Les conséquences du péché n’en demeurent pas moins sous le gouvernement de Dieu.
Que Dieu ait compassion de notre grande faiblesse et nous accorde de savoir mieux discerner tout ce à quoi aboutit une sentimentalité qui, en trop de circonstances, est à peu près notre seul guide ! Qu’Il nous préserve de donner aux sentiments les plus légitimes que nous pouvons éprouver la prééminence sur la simple obéissance à sa Parole et aux directions de son Esprit ! Puissions-nous rechercher d"une manière plus habituelle, dans la prière et l’intercession, le secours dont nous avons tellement besoin pour être gardés fidèles !
ME 1943 p. 292 à 300
Nous nous proposons seulement de rappeler, à grands traits, quelques vérités essentielles concernant le rassemblement au nom du Seigneur autour de Sa Table, vérités qui ont été exposées et développées dans maints écrits de nos devanciers. Bien que la plupart d’entre nous les connaissent déjà, il est bon cependant de les rappeler à notre mémoire. L’apôtre Pierre n’écrivait-il pas, dans sa deuxième épître : « Je m’appliquerai à vous faire souvenir toujours de ces choses, quoique vous les connaissiez, et que vous soyez affermis dans la vérité présente » ? (2 Pierre 1:12, et aussi les v. 13 à 15). Peut-être en est-il certains auxquels elles sont peu familières, qui ne savent pas très exactement pourquoi ils sont ici plutôt que là. Dieu veuille les amener à comprendre les principes du rassemblement et à avoir pleinement conscience d’être sur le terrain de la vérité. Qu’Il veuille aussi conduire ceux de Ses enfants qui ne l’ont pas encore fait, à prendre leur place à la Table du Seigneur, dans le témoignage, ayant saisi, au milieu de toutes les erreurs des pensées humaines, quelle est la pensée de Dieu, la seule qu’il importe de connaître et de réaliser. Mais encore, qu’Il éclaire ceux qui Lui appartiennent et qui, désireux cependant d’être fidèles et de marcher dans le chemin de l’obéissance, sont « ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer » (Éph. 4:14). Qu’Il répande ainsi Sa bénédiction suivant les besoins particuliers de chacun, afin que Son Nom soit glorifié dans l’Assemblée. C’est notre prière en écrivant ces lignes.
En considérant l’état de ruine de l’Église, tout chrétien pieux et sincère ne peut qu’être profondément affligé. En tant que confiée à l’homme, l’Église a complètement manqué à sa responsabilité ; les croyants se trouvent ainsi dispersés dans d’innombrables sectes de la chrétienté, au milieu d’une profession sans vie. Une pensée vient aussitôt à l’esprit de beaucoup : pourquoi ne pas les rassembler ou, tout au moins, essayer de le faire ? Ne pourrait-on réaliser l’unité de l’Église, l’unité de tous les vrais croyants dans un seul rassemblement ?
Quelque surprenant que cela puisse paraître à première vue, l’unité de l’Église n’est pas à faire ; elle est faite, elle existe — non pas œuvre de l’homme, mais œuvre de Dieu. Il est vrai que la chrétienté est devenue « une grande maison », dans laquelle il y a des vases « à honneur », d’autres « à déshonneur » ; toutefois « le solide fondement de Dieu demeure » (2 Tim. 2:19, 20). Malgré toutes les apparences, nous avons à le reconnaître, comme Élie reconnaissait — en bâtissant l’autel de douze pierres (1 Rois 18:30-32) — l’unité d’un peuple qui était divisé en deux royaumes ; comme Paul le faisait aussi, alors que le peuple était dans la dispersion (Actes 26:7). Quoique la « Maison » soit telle, il demeure vrai qu’il y a « un seul corps et un seul Esprit » (Éph. 4:4).
Les vrais croyants étant disséminés parmi tant de dénominations chrétiennes, cette unité que nous sommes appelés à reconnaître n’est plus manifestée, si nous regardons autour de nous. Mais elle est proclamée à la Table du Seigneur : « La coupe de bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion du sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » ((1 Cor. 10:16, 17).
Une question se pose alors : qui a sa place à la Table du Seigneur ? Trois portions des Écritures permettent d’y répondre. 1 Cor. 10:16 nous dit que la coupe est « la communion du sang du Christ », le pain « la communion du corps du Christ » ; que ceux qui participent au « seul et même pain » sont « un seul pain, un seul corps ». 1 Cor. 12:13 nous enseigne ensuite que, le Saint Esprit étant descendu sur la terre le jour de la Pentecôte, envoyé par le Père et par le Fils (Jean 14:16, 26 ; 15:26 ; 16:7) pour former l’Église, « nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » : et Éph. 1:13, que ceux qui ont cru sont scellés du Saint Esprit : « Ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit ». Ceux donc qui ont cru au Nom du Fils unique de Dieu et ont ainsi « la vie par son nom » (Jean 20:31) ont reçu le Saint Esprit qui les amène à jouir de leur relation avec Dieu comme étant Ses enfants (Rom. 8:15, 16). Le Saint Esprit habite en eux, et en eux seulement, car « si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui » (Rom. 8:9). Ils sont groupés en un seul corps dont Christ est la Tête, glorifiée dans le ciel (Éph. 1:20-23 ; Col. 1:18), et c’est à la Table du Seigneur qu’est proclamée cette unité du Corps de Christ, selon 1 Cor. 10:16, 17.
La Table du Seigneur est donc dressée et ne peut être dressée que sur le principe de l’unité du Corps. Peut-elle être appelée la Table du Seigneur, celle à laquelle cette grande vérité de l’unité du Corps n’est pas reconnue ? ou bien celle à laquelle cette vérité, quoique reconnue, est pratiquement reniée ?
Tous les vrais croyants et eux seuls ont leur place à la Table du Seigneur, dressée sur le terrain de l’unité du corps. Quelles conséquences découlent de ce fait ? Tout d’abord, ce serait chose grave que de laisser quelqu’un participer à la Cène, prendre place à la Table du Seigneur sous sa seule responsabilité. Une assemblée où l’on agirait ainsi pourrait-elle être considérée comme une assemblée de Dieu, alors que les enseignements de la Parole y sont laissés de côté sur un point aussi important ? L’Assemblée est responsable de n’admettre en communion à la Table du Seigneur que les vrais croyants, parce qu’elle est « l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15). Si elle laissait la chose à la responsabilité de chacun, il y aurait à la Table du Seigneur un mélange de vrais croyants et de simples professants, de sorte que la vérité ne serait plus maintenue et l’Assemblée aurait perdu son caractère de « colonne et soutien de la vérité ». Parce que sa responsabilité est telle, l’Assemblée doit examiner chaque cas particulier dans la crainte et la dépendance de Celui qui est « le Chef du Corps, de l’Assemblée » (Col. 1:18). Si elle réalise cette dépendance, elle sera gardée de toute admission qui serait un faux-pas et il n’y aura à la Table du Seigneur que ceux qui y ont vraiment leur place selon les enseignements de la Parole.
Cependant l’Assemblée n’a plus à le faire, lorsque se présente à elle un croyant porteur d’une lettre de recommandation (Actes 18:27 ; Rom. 16:1, 2 ; 2 Cor. 3:1, 2) parce qu’il est déjà admis à la Table du Seigneur dans une autre localité où la Table est dressée sur le terrain de l’unité du Corps. Il est membre du Corps de Christ, ayant donc place à la Table du Seigneur partout où elle est dressée sur le terrain de l’unité du Corps.
Il y a des chrétiens au sujet desquels il n’y a pas de doute qu’ils sont des enfants de Dieu et qu’une assemblée ne peut cependant recevoir à la Table. Pourquoi ? Parce qu’une assemblée de Dieu ne peut être en communion avec des chrétiens qui admettent de fausses doctrines ou bien qui participent à une table où de semblables doctrines sont tolérées, quand bien même leur marche individuelle serait irréprochable. En les recevant, l’assemblée locale mettrait la Table du Seigneur en communion avec les tables auxquelles participent ces personnes. C’est 1 Cor. 10:18-22 qui nous enseigne à ce sujet. Ce passage pose un principe très important qui a été exprimé en ces termes : la communion est établie à la table à laquelle on participe et, en allant de l’une à l’autre, on les met en communion les unes avec les autres.
L’assemblée a donc une importante responsabilité. La Table est la Table du Seigneur. Deux caractères essentiels doivent y être maintenus : la sainteté et la vérité, car Il est « le Saint, le Véritable » (Apoc. 3:7). Par conséquent, celui qui a commis le mal n’a plus sa place à la Table du Seigneur tant qu’il n’a pas confessé son péché, dans une humiliation vraie et sincère qui le conduira à une pleine restauration. Et cela, qu’il s’agisse d’un mal moral ou d’un mal doctrinal : le premier, c’est « la souillure de la chair », le second, « la souillure de l’esprit » (2 Cor. 7:1). Un croyant coupable d’un mal moral pourrait-il avoir communion avec Celui qui est « le Saint » ; coupable d’un mal doctrinal, avec Celui qui est « le Véritable » ? La Parole l’appelle « le méchant » ; l’assemblée est responsable de l’exclure, la sainteté de la Table du Seigneur l’exige. Ne pas le faire, c’est méconnaître l’enseignement de l’Écriture : « Ôtez le vieux levain, afin que vous soyez une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain ». En Christ, l’assemblée est « sans levain », car le péché a été ôté par Sa mort ; elle doit donc ôter « le vieux levain » qui est l’emblême du mal. L’apôtre ajoute : « Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (1 Cor. 5:7, 13). Une assemblée qui perd de vue cette obligation est tout entière souillée ; elle n’est plus « une nouvelle pâte », car elle n’a pas ôté le « vieux levain » ; elle est coupable devant le Seigneur (« J’ai contre toi… » Apoc. 2:14 et 20).
Le « méchant » qui est ainsi exclu ne l’est pas seulement de l’assemblée locale qui a connaissance de son état, mais de toutes les assemblées où la Table est dressée sur le terrain de l’unité du Corps. Chaque assemblée locale doit donc accepter la décision qui a été prise par l’une d’entre elles, au nom du Seigneur, selon Matth. 18:18-20. Celle qui refuserait de le faire quitterait par cela même le terrain de l’unité du Corps ; elle adopterait un principe d’indépendance qui est en opposition avec ce que nous dit l’Écriture.
On est bien d’avis qu’il faut agir lorsqu’il y a un mal moral, mais on est porté à passer facilement sur le mal doctrinal. On dira que ce sont des divergences de vues, que chacun peut avoir son opinion, ou encore que ce sont des questions secondaires. On oublie ainsi qu’une fausse doctrine, surtout quand elle porte atteinte aux gloires du Seigneur, le déshonore autant que « la souillure de la chair ». Les conséquences des fausses doctrines ne sont-elles pas d’ailleurs, très souvent, désastreuses ? Les divisions survenues au sein de la chrétienté n’ont-elles pas là leur origine, pour la plupart ?
Nombreux sont ceux qui souffrent de ces divisions — dont nous avons chacun à nous humilier — et, parmi eux, plusieurs voudraient remédier à cet état de choses par la formation de « groupements » ou encore par des « fusions d’églises ». Ces efforts sont et resteront vains, car c’est bâtir sur le sable. Au milieu d’une telle ruine, quel est le chemin tracé par la Parole ?
La première chose à faire, c’est de se séparer de ceux qui
rejettent ou nient en pratique la vérité de l’unité du Corps, et c’est là une
responsabilité individuelle
: « Qu’il se retire de
l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur (2 Tim. 2:19-21). Agir selon
ses propres pensées, méconnaître la pensée de Dieu, c’est
« l’iniquité ». Cette « iniquité » a entraîné la dispersion
des enfants de Dieu en d’innombrables sectes, alors que Christ est mort pour
les rassembler en un.
La seconde, c’est de se joindre à « ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (Ibid. v. 22), c’est-à-dire d’un cœur soumis à l’enseignement des Écritures, sans aucun mélange avec les pensées de l’homme. Le Seigneur a promis Sa présence au milieu des deux ou trois assemblés en son Nom (Matt. 18:20). Ce passage ne dit pas : « là où deux ou trois se rencontrent », ou encore : « se rassemblent », mais « sont assemblés ». Il y a donc, non pas un arrangement ou une convention humaine pour former une association, mais une énergie qui est en dehors des « deux ou trois », une puissance qui assemble et qui est la puissance de l’Esprit. C’est par l’Esprit que les vrais croyants sont ainsi assemblés, formés en un seul corps, autour de la personne du Seigneur, autour de sa Table, réunis sur le terrain de l’unité du Corps, car « il y a un seul corps et un seul Esprit », « un seul pain, un seul corps » (Éph. 4:4 ; 1 Cor. 10:17).
Il reste encore à répondre à une objection souvent entendue. Il
y a cependant, dit-on, des enfants de Dieu dans la plupart des sectes de la
chrétienté, dans toutes peut-être. Ne devons-nous pas les aimer ? Est-ce
que Philémon, par exemple, n’était pas rempli d’amour « pour tous les saints » ?
(Philémon v. 5). Certainement. Mais cet amour ne peut nous conduire à nous
joindre à ceux qui s’assemblent sur un terrain où les enseignements de la
Parole sont laissés de côté. C’est la Parole de Dieu qui trace le chemin :
« Par ceci
, nous savons que nous aimons les
enfants de Dieu, c’est quand
nous aimons Dieu et que nous gardons
ses commandements » (1 Jean 5:2). Désobéir à Ses commandements, sortir du
chemin qu’Il a tracé, pour nous trouver avec ceux que nous aimons quoiqu’ils
n’y marchent pas, ce ne serait pas les aimer comme Dieu nous dit de le faire.
Ce serait peut-être de l’amour comme les hommes l’entendent, mais pas selon
Dieu. C’est l’obéissance à Dieu qui est la preuve de l’amour des frères.
Dans les temps fâcheux des derniers jours auxquels nous sommes parvenus, l’ennemi multiplie ruses et subtilités pour ruiner le témoignage. Veillons et prions. Que Dieu nous accorde de retenir les enseignements de sa Parole, de demeurer fidèles, de tenir ferme ! Celui que nous attendons nous dit encore : « Je viens bientôt ; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne » (Apoc. 3, 11).
Titre original : Au sujet de la présence du Seigneur dans le rassemblement
ME 1947 p. 202 à 207
Malgré la faiblesse qui nous caractérise, nous éprouvons la bénédiction assurée à ceux qui se rassemblent au nom du Seigneur (Ps. 133). Dieu agit à notre égard non selon ce que nous sommes mais selon ce qu’Il est Lui, un Dieu fidèle et miséricordieux qui se plaît à bénir. Soyons davantage reconnaissants pour tout ce que le Seigneur nous accorde de savourer quand Il nous groupe autour de Lui. Mais aussi, humilions-nous en pensant à ce que nous perdons lorsque nous jouissons peu de sa présence au milieu de nous. Réaliser sa présence comme nous devrions le faire nous conduira :
Puisqu’il y a de précieuses bénédictions assurées dans le lieu où le Seigneur se trouve, comment peut-il se faire qu’un racheté de Christ manque une seule réunion (sauf cas de force majeure), se privant ainsi lui-même de ce que le Seigneur voulait lui dispenser ? Il y a parfois un effort à faire, des sacrifices à consentir pour assister à une réunion, mais si grands que soient effort et sacrifices peuvent-ils être comparés à tout ce que procure la présence du Seigneur, goûtée dans le rassemblement ? Si nous jouissions mieux de cette présence et de tout ce qu’elle apporte de joie et de paix, y aurait-il un seul absent à une réunion, en dehors de ceux qui sont retenus par des circonstances impérieuses ?
Il y a dans le rassemblement des saints ce qui est pour nous, mais surtout ce qui est pour le Seigneur, et c’est le côté le plus élevé. Y pensons-nous assez ? Au milieu des deux ou trois assemblés à son nom, Il a promis sa présence et Il est fidèle à sa promesse. Lui est là, et tel de ses rachetés n’est pas venu… N’est-ce pas un manque d’égards pour sa Personne, et ne le ressent-Il pas aujourd’hui comme lorsqu’Il était sur la terre (cf. Luc 7:44-45 ; Matt. 11:2-6) ? Celui qui connaît ses brebis nom par nom sait bien quelle est celle d’entre elles qui est restée au loin, quand Il voulait les nourrir toutes dans ses gras pâturages. Et que dire de celle qui a laissé sans réponse la si touchante invitation du premier jour de la semaine : « Faites ceci en mémoire de moi » ? Mais surtout, les réunions de prières seraient-elles pareillement négligées en tant d’endroits si nous réalisions la présence du Seigneur au milieu de nous mieux que nous ne le faisons ? Nos besoins sont tellement grands, nombreux et pressants que l’on pourrait à bon droit être découragé si l’on s’arrêtait à cela. Et nous ne nous sentirions pas conduits à venir en assemblée, dans la présence du Seigneur, pour crier à Lui qui peut seul nous secourir ? Nous gémissons souvent, nous critiquons parfois et nous oublions que la grande ressource dans les difficultés c’est la prière, prière individuelle mais aussi prière de l’Assemblée. « Vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas » (Jacques 4:2). Que de bénédictions nous seraient accordées si nous avions assez d’ardeur et de persévérance pour les demander !
Il est bien vrai que si nous négligeons parfois le rassemblement, c’est parce que nous ne réalisons la présence du Seigneur que dans une faible mesure.
Jacob n’a guère joui de la présence de l’Éternel à Béthel, la première fois qu’il y vint (Genèse 28:10-22) ». « Que ce lieu-ci est terrible ! » dit-il. Il n’était pas dans un état convenable pour en connaître tout le prix, et la lecture du chap. 27 nous permet de comprendre le sentiment qu’il a éprouvé. Il a fallu que Dieu le ramène là, après bien des expériences, et qu’Il le prépare à goûter sa présence dans ce lieu qui était bien « la maison de Dieu », où il a « parlé avec Lui » (Genèse 35:1-15).
Ayant entendu l’injonction divine : « Monte à Béthel ! », Jacob a maintenant compris que la purification est nécessaire pour entrer dans le lieu où Dieu même habite et où Il veut même faire savourer sa communion. N’oublions-nous pas souvent le jugement de nous-mêmes qui doit précéder l’obéissance à la parole divine : « Monte à Béthel » ? N’arrive-t-il pas que nous nous rendions dans le lieu du rassemblement par simple habitude, sans exercice particulier, sans avoir jugé en nous tout ce qui doit l’être ? Aussi, tandis que nous devrions toujours nous réunir pour notre profit, nous nous réunissons parfois à notre détriment, quand ce n’est pas pour être jugés (1 Cor. 11:17 et 34). Le jugement de soi-même est indispensable si nous voulons être heureux et abondamment bénis dans le rassemblement, y savourant la présence du Seigneur et les douceurs de sa communion.
Mais il fallait encore que Jacob enterre Debora, la nourrice de Rebecca, sous le chêne d’Allon-Bacuth. Nous pouvons faire de cela deux applications différentes.
La première est en rapport avec le jugement de nous-mêmes : il ne suffit pas de juger le mal, il faut en extirper la racine. Rebecca avait incité Jacob à tromper Isaac son père, premier pas dans le chemin d’égarement qu’il avait suivi. C’est la nourrice même de Rebecca qui est retirée ! Il faut remonter jusque là dans le jugement du mal en nous.
La seconde est celle-ci : si nous considérons cette scène sous un autre côté, Rebecca est un type de l’Église et l’on a pu voir en Debora, celle qui l’avait nourrie, qui était allée avec elle et Éliézer tout le long du voyage, à la rencontre d’Isaac (Gen. 24:59), une figure des dons (cf. 1 Thess. 2:7). Apprécions toujours plus les dons qui sont en vue de l’édification, désirant avec ardeur des dons spirituels, mais surtout de prophétiser, pour édifier l’assemblée (1 Cor. 14). Il peut y avoir cependant un sérieux danger si les dons sont recherchés de telle façon que cela prive nos âmes de la bénédiction suprême : la présence du Seigneur. Que cherchons-nous dans le rassemblement ? La présence du Seigneur ou les dons pour eux-mêmes ? N’arrive-t-il pas que l’on aille à une réunion parce qu’un frère est de passage dans la localité, alors qu’on ne s’y serait peut-être pas rendu s’il s’était agi d’une réunion d’assemblée pour la prière ou l’étude de la Parole ? N’a-t-on pas accordé ainsi au don une place prééminente et n’a-t-on pas perdu de vue que le Seigneur est toujours là, lorsque l’assemblée est réunie ?
C’est encore une grâce que le Seigneur nous accorde de sentir notre faiblesse. Mais le remède est là : réaliser vraiment dans nos âmes la présence au milieu de nous de Celui qui ne saurait manquer à sa promesse. Si, dans le rassemblement, nos yeux étaient fixés sur Lui seul, combien nous serions nourris, réconfortés et réjouis ! La bénédiction déborderait sur nous « jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de place ». Le Saint Esprit agirait avec puissance dans l’assemblée et donnerait tout ce qui est nécessaire pour l’édification, l’exhortation et la consolation des saints.
Les dons doivent contribuer à nous faire jouir de la présence du Seigneur. Mais si nous les recherchons pour eux-mêmes de telle façon que nous soyons ainsi amenés à perdre de vue la personne de Celui qui est au milieu de nous, les dons peuvent nous être retirés.
Il peut arriver, hélas ! que l’exercice des dons ne soit que l’activité de la chair sous son caractère le plus dangereux : la chair religieuse. Lorsqu’il en est ainsi, n’est-ce pas parce que la présence du Seigneur n’a pas été réalisée, non plus par ceux qui écoutent mais par celui qui parle ? De cette première cause de faiblesse déroule la deuxième : le manque de dépendance de l’Esprit. C’est alors que la chair se met en avant. Parler « comme oracle de Dieu » (1 Pierre 4:11), cela implique le sentiment de la présence du Seigneur. Ce sentiment nous tient dans une sainte crainte, nous fait trembler avant même d’ouvrir la bouche et nous garde dans la dépendance qui convient. Si, au contraire, nous perdons de vue que le Seigneur est là, nous agirons alors que peut-être il eût fallu nous taire, ou bien nous irons au-delà de ce que l’Esprit avait donné, prononçant « dix mille paroles » qui fatigueront l’assemblée, au lieu des « cinq » qui auraient pu l’édifier. Que de fois nous pourrions être utiles si nous savions nous limiter à ce qui nous a été donné, tandis que nous croyons nécessaire de faire un long discours qui lasse les auditeurs et fait perdre l’édification qu’auraient procurée les « cinq paroles ». Ou encore, on s’engagera dans des interprétations subtiles et hasardeuses qui généralement faussent le sens du passage considéré et enlèvent à la Parole toute sa saveur. L’Esprit est alors contristé, éteint peut-être, de sorte que celui qui avait quelque chose à exprimer pour l’édification de l’assemblée a eu la bouche fermée. Oserions-nous agir ainsi, si nous avions le sentiment que le Seigneur est au milieu de nous ?
Puissions-nous réaliser pratiquement la vérité si connue de Matthieu 18:20. Nous serons alors gardés d’abandonner le rassemblement de nous-mêmes, nous y viendrons dans l’état moral qui convient à la présence du Seigneur, nous jouirons vraiment de cette présence par dessus tout autre chose — il y aura vie et prospérité dans les assemblées.
ME 1947 p. 225 à 233
Le Seigneur est mort « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:52). Il s’agit, dans ce passage, du rassemblement des enfants en une même famille. C’est de la même unité qu’il est question en Jean 17:20 : l’unité du v. 11 est celle des apôtres ; celle du v. 22, l’unité dans la gloire, tandis qu’au v. 20 nous avons l’unité de la famille de Dieu — et non de l’Église comme corps de Christ (il est bien connu que les vérités concernant l’Église, corps de Christ, font partie du ministère particulier de l’apôtre Paul, voir Éph. 3:1-13, entre autres passages. Jean ne s’occupe de ce sujet ni dans son évangile, ni dans ses épîtres). Jean 10 nous parle aussi, dans le même sens, d’un rassemblement en un : le bon Berger a mis sa vie pour ses brebis ; Il a souffert la mort de la croix afin de glorifier le Père et pour avoir « un seul troupeau » (Jean 10:15-17).
Cette unité du troupeau serait effectivement démontrée si toutes les brebis écoutaient la voix du Berger : « et elles écouteront ma voix, et il y aura un seul troupeau ». L’unité de la famille, si elle était manifeste, serait pour le monde un puissant témoignage, le témoignage que le Père a envoyé le Fils ici-bas (Jean 17:20-21). Mais, au lieu d’écouter la voix du Berger, nombreuses sont les brebis du troupeau qui se laissent diriger par des voix étrangères. Elles devraient les fuir et, cependant, elles les « connaissent », perdant de vue que l’un des caractères des brebis est celui-ci : « elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jean 10:5). Les enfants de Dieu devraient tous être des enfants soumis à l’autorité de leur Père, c’est-à-dire obéissants à la Parole qui nous révèle la volonté de Dieu. Combien, au contraire, agissent selon leurs propres pensées ! De sorte que, le bon Berger ayant donné sa vie afin d’avoir « un seul troupeau », le Seigneur étant mort « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés », ni l’unité du troupeau, ni celle de la famille ne sont pourtant manifestées. Cette dispersion est l’œuvre de l’ennemi (Jean 10:12) et tout croyant, pieux et sincère, ne peut qu’être affligé en considérant un pareil état de choses.
Pouvons-nous y remédier et comment le faire ? Certains affirment : tous les enfants de Dieu faisant partie de la même famille et étant des brebis du seul troupeau, attachons-nous à cette pensée, faisons abstraction de tout le reste et groupons-nous tous ensemble pour goûter en commun les bénédictions du rassemblement, pour commémorer la mort du Seigneur, réunis autour de sa table. Et on ajoutera peut-être : refuser d’agir ainsi, c’est faire preuve d’un esprit sectaire.
Combien l’ennemi est rusé dans l’œuvre qu’il poursuit inlassablement pour la destruction du témoignage ! Se baser sur le fait que le Seigneur est mort « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » et en déduire que nous sommes tenus, à moins de devenir sectaires, de rompre le pain avec tous, sans nous occuper d’autre chose, serait une grave erreur. Une erreur qui conduirait inéluctablement à la ruine de tout témoignage selon la Parole.
Nous l’avons remarqué, Jean 11:52 ne parle pas du rassemblement autour de la Table du Seigneur. Ce passage nous occupe de l’unité de la famille de Dieu, tandis qu’à la Table du Seigneur se rattache l’idée de communion. 1 Cor. 10:14-22 cite trois exemples de communion exprimée dans l’acte de manger :
1) Communion réalisée à la Table du Seigneur. Manger, rompre le pain à la Table du Seigneur (comme d’ailleurs à toute table), c’est s’associer, exprimer la communion avec tous ceux qui s’y trouvent.
2) Israël, mangeant les sacrifices, avait communion avec l’autel.
3) Ceux qui mangeaient, dans les temples païens, des choses sacrifiées aux idoles, s’identifiaient par cela même avec la table et la coupe des démons.
La Cène nous présente le mémorial, la Table du Seigneur la communion. La communion est d’abord celle du sang du Christ : ceux qui sont lavés dans le sang de Christ ont donc seuls le privilège de boire à la coupe. Elle est aussi la communion du corps du Christ : le pain que nous rompons est le symbole du corps de Christ ici-bas, formé de ses membres sur la terre. Participer à la fraction du pain à la Table du Seigneur implique notre union avec Christ comme étant les membres de son corps.
C’est à la Table du Seigneur que la communion est réalisée. Dieu nous appelle « à la communion de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur » (1 Cor. 1:9). Pour répondre à cet appel, nous devons manifester fidélité et obéissance au Seigneur, aussi bien dans notre marche individuelle que dans nos associations. Nombres 19:22 établit un principe qu’il serait grave de méconnaître : « Et tout ce que l’homme impur aura touché sera impur ; et celui qui l’aura touché sera impur jusqu’au soir ». Nous retrouvons d’ailleurs le même principe dans d’autres passages : Aggée 2:13-14 ; 2 Jean 10-11 ; 1 Cor. 5:6-7 ; Gal. 5:9. Si donc un enfant de Dieu est « impur » (soit parce qu’il vit dans le péché, soit parce qu’il professe de fausses doctrines, soit encore parce qu’il « touche » quelqu’un coupable de l’un ou l’autre de ces deux maux) toute association avec lui entraîne la même impureté. Cette vérité, d’une importance capitale pour ce qui concerne le rassemblement des enfants de Dieu à la Table du Seigneur, est très mal comprise. Et cependant, refuser de l’admettre, c’est désobéir à la Parole !
Il n’est pas possible, par conséquent, d’affirmer que nous devons recevoir un croyant à la Table du Seigneur sans avoir à nous préoccuper de « l’impureté » qu’il peut y apporter, soit en raison de sa conduite personnelle, soit en raison de ses associations. Désirer, par amour pour ses frères, avoir communion avec tous les enfants de Dieu, sans s’occuper d’autre chose que de savoir s’ils sont nés de nouveau, serait manifester un amour qui n’est pas selon Dieu (1 Jean 5:2) et, ce qui est plus grave encore, oublier que nous ne pouvons associer le nom du Seigneur au mal moral ou doctrinal. Soyons jaloux à cet égard d’une jalousie de Dieu !
Nous comprenons ainsi l’enseignement de 1 Cor. 10:21. Un enfant de Dieu ne peut rompre le pain à la Table du Seigneur et à une autre table. En effet, la communion étant exprimée dans l’acte de manger, elle se trouverait établie entre la Table du Seigneur et une table dressée selon des pensées humaines. « L’impureté » serait apportée à la Table du Seigneur. Ce serait une très grave responsabilité, devant Dieu et à l’égard du Seigneur, pour celui qui le ferait, et l’Assemblée ne peut pas le permettre.
Car l’Assemblée a une responsabilité. Nous avons déjà vu que la Cène et la Table du Seigneur présentent deux pensées différentes : mémorial d’une part, communion d’autre part. Mais aussi, à la Cène se rattache une responsabilité individuelle (1 Cor. 11:28) tandis qu’il y a, en rapport avec la Table du Seigneur, une responsabilité collective (1. Cor. 10:17). L’Assemblée est responsable de maintenir la sainteté de la Table du Seigneur (1 Cor. 5:6-13) et si une assemblée locale manquait à cette responsabilité, se refusant à juger le mal, elle perdrait son caractère d’Assemblée de Dieu. Ni la présence, ni la Table du Seigneur ne se trouvent là où n’est pas maintenue la sainteté qui convient — et cela, bien que des âmes fidèles puissent jouir du Seigneur et se souvenir de Lui en prenant la Cène. Il peut y avoir de la fidélité individuelle au milieu de l’infidélité collective ; mais alors, la responsabilité du fidèle est celle-ci : comprendre ce qu’est la communion et se séparer de ce que la Parole appelle « l’iniquité » (2 Tim. 2:19).
Il y a, en effet, un principe de séparation qui est posé dans
les Écritures. En créant les mondes (Gen. 1:3-5), Dieu révélait déjà son caractère : Il est lumière
et il n’y a en lui aucunes ténèbres (1 Jean 1:5). Ensuite, l’histoire d’Abraham est celle d’un homme que
Dieu a retiré d’un milieu idolâtre, qu’il a appelé à sortir de son pays et de
sa parenté, le séparant pour Lui. Abraham est « père de
circoncision », c’est-à-dire : celui en qui, le premier, la vraie
séparation à
et pour
Dieu a été publiquement établie
(voir note, en bas de page, dans la Bible, version J.N.D. Rom. 4:12). Abraham
est devenu la souche d’un peuple, le peuple terrestre de Dieu, mis à part pour
Lui : « Je vous ai séparés des peuples pour être à moi » (Lév. 20:26). Aujourd’hui, dans la
chrétienté, devenue « une grande maison » dans laquelle il y a des
« vases à honneur », d’autres « à déshonneur », la
responsabilité individuelle de chaque enfant de Dieu est de se « purifier
de ceux-ci » — il le faut, pour être un « vase à honneur » (v.
21) — se séparant ainsi de « l’iniquité », afin de pouvoir être
« utile au Maître, préparé pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 2:19-21).
Très nombreux sont ceux qui estiment la séparation comme un manque d’amour et
pensent devoir rester dans le milieu où ils se trouvent — si mauvais soit-il —
croyant y être utiles en s’efforçant d’empêcher le développement du mal, ou
simplement parce que c’est là « la religion qu’ils ont reçue de leurs
parents ». C’est la pensée de l’homme, elle est tout à fait contraire à la
pensée de Dieu.
Cette séparation réalisée, il convient de « rechercher le lieu » (Deut. 12:5) dans lequel le Seigneur a promis sa présence. Il n’y avait, en Israël, qu’un seul lieu choisi par l’Éternel pour y faire habiter son nom. Le chap. 12 du Deutéronome souligne le contraste entre « tous les lieux » (v. 2) et « le lieu ». Aujourd’hui, ce seul lieu est celui où « deux ou trois sont assemblés au nom du Seigneur ». C’est là qu’Il se trouve (Matt. 18:20). Son nom rappelle à nos cœurs tout ce qu’Il a été et tout ce qu’Il est, tout ce qu’Il a fait et tout ce qu’Il fait pour les siens. Ayant accompli l’œuvre de notre rédemption, ressuscité, glorifié dans le ciel, Il a envoyé ici-bas le Saint Esprit qui nous unit à Lui comme membres de son Corps. Être assemblés au nom du Seigneur, c’est le reconnaître comme Chef du corps, Seigneur de l’Assemblée, et cela est inséparable d’une entière soumission à son autorité. La Table du Seigneur est dressée sur le terrain de l’unité du corps, vérité qui y est proclamée (1 Cor. 10:17). La Parole de Dieu ne nous parle d’aucun autre corps que du corps de Christ. Par là-même, ne condamne-t-elle pas tout rassemblement, toute table qui, en fait, nie l’unité du corps ? Tel est le seul terrain de rassemblement selon les Écritures. Certains estiment que les enfants de Dieu, assemblés au nom du Seigneur, autour de sa table, comme membres du corps de Christ, ne constituent qu’une secte au milieu de tant d’autres. Mais, le principe d’un tel rassemblement n’est pas un principe sectaire. Bien au contraire, il est établi sur le terrain le plus large qui soit : tous les enfants de Dieu y ont leur place, tous les membres du corps de Christ devraient se trouver là. Un tel rassemblement, on l’a dit très justement, n’est pas le meilleur de tous, il est le seul que la Parole reconnaisse. Combien il est à souhaiter que tous les rachetés de Christ, ayant compris ce qu’est la communion à la Table du Seigneur, réalisent que leur place est là !
Certes, nous serions coupables si nous nous bornions à parler d’une position ecclésiastique de séparation de l’iniquité, tout en marchant pratiquement comme si nous n’étions pas séparés. Nous avons à nous humilier beaucoup à cet égard. Mais le remède à ce mal — trop réel, hélas ! — n’est pas dans l’abandon d’une position de séparation qui est selon l’enseignement des Écritures ; il est dans l’obéissance à 2 Tim. 2:22 : « Fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ».
Ayant considéré, d’une part, la dispersion de la famille et, d’autre part, les enseignements de la Parole pour ce qui concerne le rassemblement des enfants de Dieu autour de la Table du Seigneur, il nous faut maintenant rappeler ce que le Seigneur a dit : « Celui qui n’assemble pas avec moi disperse » (Luc 11:23). Parole bien propre à toucher la conscience de tant de chers enfants de Dieu qui, animés des meilleures intentions, nous n’en doutons pas, accomplissent cependant une œuvre de dispersion — travail qui est, au fond, celui de l’adversaire ! Œuvrer pour réunir des âmes ailleurs qu’autour de Christ, ailleurs qu’autour de la Table du Seigneur dressée sur le terrain de l’unité du corps, c’est disperser tout en croyant rassembler. C’est empêcher les âmes que l’on a pu grouper, de se joindre à « ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur », sur le seul vrai terrain de rassemblement. Et cela, malgré tout le zèle et le dévouement qui peuvent être manifestés ! Tant il est vrai qu’il convient d’obéir à l’exhortation de 2 Tim. 2:19-21 pour être « utile au maître ». Aux yeux de Dieu, a-t-on dit, il n’y a pas de dispersion plus réelle que le rassemblement de chrétiens sur de faux principes ; c’est plus mauvais que s’ils n’avaient pas été rassemblés du tout. Il y a là, certes, matière à discussion et raisonnement pour le cœur de l’homme, mais le Seigneur déclare : « Celui qui n’assemble pas avec moi disperse ». Est-il besoin d’autre chose pour une âme fidèle ?
On objectera peut-être que l’unité du Corps est aussi peu visible que celle de la famille. C’est vrai. En serait-il ainsi si nous nous soumettions entièrement à l’autorité de la Parole ? Dans les jours les plus sombres, Dieu a toujours eu des témoins, inconnus des hommes parfois, mais bien connus de Lui. Au temps d’Élie, il y en avait sept mille qui n’avaient pas fléchi les genoux devant Baal et le prophète, appelé à rendre un témoignage public, pouvait affirmer l’unité d’Israël dans la pensée de Dieu (quoiqu’elle ne fût pas manifestée) en dressant l’autel de douze pierres (1 Rois 18:31). De même aujourd’hui, dans un jour de ruine, l’unité du Corps, quoique non manifestée dans ce monde, est proclamée à la Table du Seigneur ; le témoignage de Dieu est maintenu — malgré l’extrême faiblesse de ceux qui ont à cœur d’être fidèles — partout où les rachetés de Christ sont assemblés autour de Lui, à sa Table, comme membres de son corps.
Nous édifiant nous-mêmes sur notre très sainte foi (Jude 20), tenons ferme les enseignements que nous avons appris. Sans aucune pensée d’orgueil — car, tout est grâce de la part de notre Dieu et qu’avons-nous que nous ne l’ayons reçu ? — soyons profondément convaincus que nous sommes rassemblés sur le terrain de la vérité et qu’il n’y a pas, selon la Parole, d’autre terrain de rassemblement des enfants de Dieu que celui de l’unité du corps. N’oublions pas que la responsabilité de l’Assemblée est de maintenir la sainteté de la Table du Seigneur et rejetons toute doctrine qui tendrait à ruiner le témoignage que Dieu a voulu maintenir malgré tous les efforts de l’adversaire et qu’Il nous a confié, si indignes que nous en soyons. Souvenons-nous qu’une doctrine qui n’est pas selon la Parole, un faux enseignement trouble et bouleverse (Actes 15:24 ; 2 Thess. 2:2). Mais aussi, présenté avec « de douces paroles et un beau langage », il peut séduire les cœurs des simples (Rom. 16:17-18). Trouble, séduction des cœurs des simples, tel est le double résultat qu’amène toujours une fausse doctrine. Bien au contraire, un enseignement selon Dieu édifie et fortifie les âmes (Actes 15:32 ; 20:32).
ME 1951 p. 253-261
Il y a des enfants de Dieu dans les différentes dénominations chrétiennes ; bien que ne pouvant marcher avec eux, nous les embrassons dans nos pensées et nos affections, d’une façon particulière quand nous sommes réunis autour du Seigneur, à sa Table, rappelant, en rompant le pain, que « nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps » (1 Cor. 10:17). Pourrions-nous ne pas souffrir en voyant de chers rachetés de Christ, égarés dans des systèmes humains, souvent trompés par de faux docteurs, perdre la jouissance de tant de privilèges si précieux que Dieu veut accorder à ses enfants ? Que d’âmes sont ainsi maintenues dans le doute et l’incertitude, l’angoisse même, qui s’épuisent en efforts incessants et toujours vains pour essayer d’obtenir la faveur de Dieu, qui ne sont jamais assurées de leur salut parce qu’on leur laisse croire qu’il repose sur l’accomplissement de bonnes œuvres et qu’il ne saurait être obtenu si l’on n’a pas atteint une certaine perfection, faussant ainsi le sens des Écritures !
Il y a là un travail de l’adversaire qui cherche toujours à empêcher les croyants de jouir de la part que Dieu leur a faite — si même il ne peut arriver à les faire tomber en chemin. Un faux docteur — qu’il en ait conscience ou non, qu’il le veuille ou non — est un instrument entre les mains de l’adversaire qui l’emploie pour s’opposer au travail de Dieu. Ne croyons pas que l’ennemi se sert seulement d’hommes incrédules, opposés à Dieu, pour entraîner les âmes loin de Lui. De telles personnes peuvent avoir beaucoup d’ascendant sur des inconvertis ; elles n’en auront pas toujours sur des croyants. Pour détourner ces derniers du vrai chemin, Satan se sert aussi de croyants qu’il est arrivé à séduire, pour essayer de séduire les autres à leur tour. Ces faux docteurs n’ont pas entièrement abandonné la vérité, car alors aucun des croyants ne se laisserait entraîner, mais quelques vérités se trouvent mêlées à l’erreur et c’est ainsi que l’erreur est reçue ! Combien il est donc nécessaire que nous veillions, individuellement et comme Assemblée, que nous nous gardions de ce qui peut avoir une belle apparence, derrière quoi il y a ce qui n’est pas de Dieu.
Notre adversaire sait revêtir bien des déguisements, présenter les séductions les plus subtiles, afin de nous détourner du sentier que nous avons à suivre. Déjà, il agissait de cette manière au temps des apôtres : l’apôtre Paul mettait en garde les anciens d’Éphèse contre ces « loups redoutables » qui allaient entrer parmi eux et n’épargneraient pas le troupeau, contre ces « hommes » qui se lèveraient d’entre eux-mêmes, annonçant des doctrines perverses pour attirer les disciples après eux (Actes 20:29-30). — L’apôtre Jean dénonçait le même danger : « il y a plusieurs antichrists… ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres… » (1 Jean 2:18-19). L’apôtre Pierre exhortait aussi ceux auxquels il écrivait à prendre garde, « de peur qu’étant entraînés par l’erreur des pervers », ils ne vinssent à déchoir de leur propre fermeté (2 Pierre 3:17). L’apôtre Jude s’était trouvé dans la nécessité d’exhorter « à combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints ; car certains hommes se sont glissés parmi les fidèles, inscrits jadis à l’avance pour ce jugement, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et Seigneur, Jésus Christ » (Jude 3-4). — Dieu l’a permis afin que nous ayons dans sa Parole tous les enseignements nécessaires pour être mis en garde contre l’activité de ces faux docteurs, instruments de Satan, qui se sont introduits dans la chrétienté afin d’y accomplir une œuvre destructrice, loups redoutables revêtus d’habits de berger afin de mieux séduire et tromper les âmes.
De tels hommes étaient venus à Corinthe et exerçaient dans cette assemblée une action néfaste. L’apôtre Paul dénonce cette action et démasque ces mauvais ouvriers. Leur travail, souvent accompli en cachette et avec ruse (cf. 2 Cor. 4:2) minait l’autorité de l’apôtre, de la même façon qu’aujourd’hui il sape l’autorité de la Parole ; cette Parole est « falsifiée » par eux, tandis que l’apôtre peut dire : « car nous ne sommes pas comme plusieurs, qui frelatent la parole de Dieu ; mais comme avec sincérité, comme de la part de Dieu, devant Dieu, nous parlons en Christ » (2 Cor. 2:17). En définitive, lorsque par le moyen de ces « hommes » (cf. 2 Cor. 11:13) Satan cherchait à miner l’autorité de l’apôtre, c’était pour s’opposer à Christ, pour ruiner l’œuvre du Seigneur. Le but que poursuit l’adversaire est toujours le même.
Les faux docteurs qui exerçaient leur activité à Corinthe se recommandaient eux-mêmes. Or, « ce n’est pas celui qui se recommande lui-même qui est approuvé, mais celui que le Seigneur recommande » (2 Cor. 10:12 et 18). Telle est la différence profonde entre un ministère humain et un ministère selon Dieu. Quels que soient les buts poursuivis par le premier, il n’a d’autre résultat, a-t-on dit, que de placer l’homme en avant, tandis que le ministère selon Dieu présente Christ. L’apôtre avait cherché à lier le cœur des Corinthiens à Christ, il les avait « fiancés à un seul mari », tandis qu’il compare l’activité des faux docteurs à celle du serpent qui « séduisit Ève par sa ruse », de telle sorte que les pensées des Corinthiens risquaient d’être « corrompues et détournées de la simplicité quant au Christ » (2 Cor. 11:2-3). La Parole est toujours simple et les vérités les plus élevées demeurent simples pour la foi. Prenons garde à tous les raisonnements subtils, à toutes les spéculations de l’esprit humain qui aboutissent généralement à nous « détourner de la simplicité quant au Christ », à troubler les âmes et à les égarer.
Quelqu’un a écrit : toute erreur favorise le « moi ». Quelle place ont pris tant de faux docteurs ! Combien on a parlé d’eux au lieu d’être occupé de Christ ! Tout ce qui favorise le « moi » ne peut le faire qu’au détriment de Christ.
À partir du verset 13 du chapitre 11 de la deuxième épître aux Corinthiens, l’apôtre démasque sans aucun ménagement les faux docteurs qui exerçaient une influence si néfaste dans l’assemblée de Corinthe : « Car de tels hommes sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, se transformant en apôtres de Christ » et il ajoute : « ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se transforme en ange de lumière : ce n’est donc pas chose étrange si ses ministres aussi se transforment en ministres de justice, desquels la fin sera selon leurs œuvres ». Combien il est dangereux de se fier aux apparences et de s’en satisfaire ! Que de faux docteurs desquels on vous dira : il parle si bien et il dit de si bonnes choses ! nous n’avons jamais lu de livres semblables à ceux qu’il écrit ! et sa conduite est celle d’un saint homme ! — Satan ne parviendrait pas à faire accepter de faux enseignements s’il ne les faisait présenter, très habilement, par des ouvriers qui se transforment en « ministres de justice ». N’oublions pas que Satan accomplit même des miracles !
Plutôt que de s’en tenir à l’enseignement que l’apôtre leur avait présenté, le « sain enseignement », les Corinthiens avaient ouvert la porte à ces « faux apôtres… ouvriers trompeurs », « qui se recommandaient eux-mêmes ». Quand l’ennemi est entré dans la place, il accomplit son œuvre destructrice ! Ceux qui l’ont laissé entrer finissent par se plier entièrement à son joug et acceptent de se soumettre à son autorité. C’est un asservissement spirituel ! L’apôtre écrit aux Corinthiens : « Car si quelqu’un vous asservit, si quelqu’un vous dévore, si quelqu’un prend votre bien, si quelqu’un s’élève, si quelqu’un vous frappe au visage, vous le supportez » (2 Cor. 11:20).
Le danger était grand, déjà du temps des apôtres, de se laisser séduire par des « ouvriers trompeurs », instruments de celui qui « se transforme en ange de lumière » pour mieux égarer les âmes, les entraînant dans l’erreur en leur laissant croire qu’il veut les occuper de la vérité. Le danger est grand, aujourd’hui aussi ! Que d’âmes, souvent sincères, se laissent tromper par de mauvais bergers ! Elles n’ont ni paix véritable, ni repos, ni édification : elles sont dans des craintes et des angoisses perpétuelles, troublées et bouleversées.
Dieu ne nous laisse pas sans ressources en présence de tels dangers ! Même les plus jeunes croyants, ceux qui sont aux premiers pas de la vie chrétienne, possèdent le Saint Esprit : « Et vous, vous avez l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses » (1 Jean 2:20). Si donc un croyant se laisse conduire, non par les sentiments de son cœur naturel, mais par le Saint Esprit, il aura le discernement de ce qui est de Dieu et de ce qui est du diable. Il a d’autre part, entre les mains, la Parole de Dieu et il est exhorté à s’attacher à elle : « Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous… » (1 Jean 2:24). Que de doctrines nouvelles, présentées parfois comme des développements de vérités connues, qui généralement excitent la curiosité, et qui doivent être repoussées avec énergie ! Le croyant fidèle s’en tient à la Parole, à ce qu’il a entendu dès le commencement ; le Saint Esprit le conduit dans la lecture et la méditation des Écritures et il rejette toute doctrine qui n’est pas en accord avec leur enseignement ; il s’éloigne de tous ceux qui « par de douces paroles et un beau langage… séduisent les cœurs des simples » (Rom. 16:17-18). Que le croyant lise la Bible, il verra que l’activité des faux docteurs y est pleinement dévoilée, comme aussi nous est enseignée la conduite à tenir à leur égard.
L’action de celui qui « se transforme en ange de
lumière » est sans doute plus étendue que nous ne le pensons. Lorsqu’elle
a été discernée, il convient d’agir sans faiblesse et sans ménagement.
« Une fois que nous avons discerné un démon, a-t-on dit, il est important
que nous le traitions comme un démon, autrement notre épée est brisée entre nos
mains. Céder à des considérations humaines, user d’amabilité en de pareilles
circonstances, nous laisse sans force contre Satan. Ce n’est pas avoir communion
avec Dieu dans ses pensées quant à Satan. Combien la parole est précieuse en
présence de tels dangers ! Si nous savons la tenir ferme avec droiture et
humilité, rien ne nous fera broncher. Dieu est fidèle, et Il gardera le plus
faible des siens. Mais en dehors de cette soumission à Dieu et à sa Parole,
quelle que soit du reste la beauté des sentiments d’un homme ou son
intelligence, on tombe tôt ou tard sous la puissance de l’ennemi » (Messager Évangélique, année 1875,
page 113). — 2 Jean 10 nous dit : « Si quelqu’un vient à vous et
n’apporte pas cettedoctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le
saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres ». La « doctrine » dont il est
question est « la doctrine du Christ » (v. 9), ce qui est autre chose
que la doctrine pure et simple du salut, de la justification sur le principe de
la foi. On pense souvent, dans l’application de ce passage, qu’il suffit de
s’assurer que quelqu’un présente la doctrine de la justification par la foi. Or,
ce n’est pas le sujet développé par Jean dans ses épîtres, c’est plutôt celui
qu’expose l’apôtre Paul. Jean présente la personne de Christ plus encore que
son œuvre ; la « doctrine du Christ » c’est donc la vérité
relative à la personne de Christ comme faisant connaître Dieu par sa venue en
chair ici-bas. « On pourra bien venir nous annoncer avec une grande
éloquence que Jésus Christ est venu ; et en même temps éluder adroitement la manière
dont Il est
venu. Il faut donc que tout principe, tout enseignement, ait ce cachet de la
doctrine du Christ : confesser Jésus Christ venu en chair
, manifestation
humaine de la nature divine. … Un certain Dieu, l’Être suprême, la
Providence, un Dieu qui est bien loin et qui, tout en tenant la haute main pour
la pluie et le beau temps, ne se mêle pas trop des petites affaires d’ici-bas,
— un tel Dieu va bien au monde religieux. Mais un Dieu manifesté en chair,
l’homme Christ Jésus qui anéantit et remplace le premier homme et qui révèle le
Père, celui-là on ne le veut pas, on le renie en tant que l’on rejette la
manière dont Il s’est manifesté » (Messager
Évangélique, année 1869, page 122).
Il faut bien remarquer que l’apôtre Jean ne dit pas seulement qu’il convient de repousser ceux qui apportent de fausses doctrines, mais encore ceux qui n’apportent pas positivement « la doctrine du Christ ». Recevoir de tels hommes serait affirmer, tacitement tout au moins, que ce qui est faux est aussi bon que ce qui est vrai ; se borner même à les saluer serait comme une espèce de complicité, la participation à leurs mauvaises œuvres (2 Jean 11).
Les fausses doctrines foisonnent aujourd’hui dans la chrétienté, les faux docteurs exercent une activité inlassable. Certains s’attaquent à la personne de Christ, nient sa venue en chair ou rabaissent ses gloires infinies, — d’autres rejettent la divine inspiration des Écritures, en prennent une partie, laissant l’autre de côté, — plusieurs présentent certains ouvrages comme ayant une autorité au moins égale à celle de la Parole de Dieu, alors surtout qu’ils en déforment l’enseignement. Nous ne pourrions énumérer toutes les formes que revêt cette activité de l’adversaire au sein même de la chrétienté. Quelles qu’elles puissent être, elles cherchent à recouvrir une effroyable réalité, d’une apparence trompeuse de nature à séduire les âmes. Que Dieu veuille avoir compassion des siens égarés dans tant de milieux où l’ennemi s’est transformé en ange de lumière ! Qu’Il veuille continuer à garder ceux qui l’ont été jusqu’à présent, les préserver des dangers auxquels ils sont exposés ! qu’Il leur accorde de ne jamais se laisser entraîner par l’enthousiasme de quelques-uns, par les sentiments du cœur naturel, mais au contraire, de demeurer fermement attachés à la Parole de Dieu et à tous ses enseignements, de se laisser conduire par le Saint Esprit qui habite en eux, onction qu’ils ont reçue pour leur faire connaître « toutes choses ». Les ressourses divines sont là, sans cesse à notre disposition. Sachons les utiliser, c’est le seul moyen pour nous d’être gardés au milieu d’un monde où l’activité de l’adversaire ne se ralentit jamais.
Après avoir parlé de ces « loups redoutables » qui devaient venir parmi les croyants, de ces « hommes » qui, d’entre eux, se lèveraient pour annoncer « des doctrines perverses » afin d’attirer des disciples après eux, l’apôtre dit aux anciens d’Éphèse : « C’est pourquoi veillez, vous souvenant que, durant trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun de vous avec larmes. Et maintenant, je vous recommande à Dieu, et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de vous donner un héritage avec tous les sanctifiés » (Actes 20:28 à 32).
ME 1949 p. 141-147
La puissance du témoignage collectif n’est pas dans le nombre de ceux qui le constituent, mais dans le caractère qu’ils revêtent et elle se lie aux principes sur lesquels ils sont rassemblés. L’Assemblée (ou ce qui en est l’expression) sera un centre d’attraction pour les âmes, le témoignage collectif aura vraiment de la puissance, dans la mesure où ceux qui sont réunis au nom du Seigneur réaliseront pratiquement ce qu’est l’Assemblée de Dieu, car la source de la puissance est en Dieu.
Dans des temps où il n’est question que de « masses », de « groupements », où la puissance d’une association est fonction du nombre de ses adhérents, le danger est grand de croire que le témoignage aura beaucoup plus de force si ceux qui se réunissent voient s’accroître leur nombre. L’on pourrait être tenté alors, dans la très louable intention de fortifier le témoignage, d’y introduire des éléments qui n’y ont pas leur place et seront, au contraire, une source d’affaiblissement. Sans doute, nous nous réjouirions en voyant des âmes en très grand nombre se grouper autour du Seigneur, à sa table, mais n’oublions pas que, parvenus à la fin de l’histoire de l’Église, nous sommes dans des temps d’extrême faiblesse. La Parole de Dieu nous présente les caractères d’un témoignage fidèle dans un jour de ruine ; le premier d’entre eux est celui-ci : peu nombreux et sans apparence (voir Juges 7). « Par les trois cents hommes qui ont lapé l’eau je vous sauverai », dit l’Éternel à Gédéon ; les vingt-deux mille faisaient bien partie du peuple, mais ils ne présentaient pas les caractères de témoins et eussent été une cause de faiblesse. Raisonnant selon nos propres pensées, nous dirions : vingt-deux mille hommes seront beaucoup plus forts que trois cents. Mais la puissance n’est pas dans le nombre !
Au milieu des fausses doctrines enseignées à Thyatire, au sein
du formalisme sans vie de Sardes, Dieu maintient des témoins qui, là où ils ont
été placés, font face à leur responsabilité propre, avec les lumières qui leur
ont été données et en manifestant souvent une fidélité qui est bien de nature à
nous humilier. Aussi, des promesses leur sont assurées ; ayant souffert
avec Christ, ils régneront avec Lui (Apoc. 2:24-27 ; 3:4-5). Nous avons
certes le devoir, si l’occasion nous en est offerte, d’éclairer ces âmes et de
leur montrer quel est le véritable terrain de rassemblement des croyants. Dieu,
s’Il le trouve bon, les retirera du milieu où elles se trouvent pour les
conduire, Lui-même, là où « deux ou trois » sont réunis au nom du
Seigneur. Mais si sa pensée est, au contraire, de maintenir un croyant parmi
les témoins qu’Il veut avoir et qu’Il aura à Thyatire ou à Sardes jusqu’au
retour du Seigneur, nous agirions à l’encontre de ce qu’Il s’est proposé en contraignant
ce croyant à quitter la place où Dieu le voulait et où il avait son service. Si
cette âme n’a pas compris ce qu’est l’Assemblée comme Corps de Christ, si elle
n’a pas saisi le caractère du témoignage rendu à la Table du Seigneur, si elle
n’a pas réalisé qu’un vrai témoignage ne peut être rendu que dans la
séparation, elle souffrira certainement et peut-être même, fera souffrir les
autres.
« Contrains les gens d’entrer », dit à son esclave le maître de maison qui a préparé le « grand souper » (Luc 14:16 à 24). Quand il s’agit de présenter à un inconverti le seul nom par lequel il lui faut être sauvé, il convient de se montrer pressant, de « contraindre » celui qui est dehors à entrer, celui qui est perdu à accepter le salut — et cela d’autant plus que le temps presse : c’est aujourd’hui le jour favorable. Dieu veuille que nous puissions contraindre d’« entrer » tous ceux qui sont encore sans Christ ! Mais nous ne saurions user d’une telle contrainte pour amener des croyants à se joindre au témoignage collectif, car nous risquerions d’aller contre la pensée de Celui qui se plaît à reconnaître, dans Thyatire comme dans Sardes, des fidèles qui rendront témoignage dans ces milieux jusqu’à son retour.
Rappelons ensuite que, dans les temps fâcheux des derniers jours, c’est un témoignage dans la séparation que nous sommes appelés à maintenir. Notre témoignage n’aura aucune puissance si la séparation est perdue. Cela est vrai pour le témoignage individuel : pauvre témoignage que celui d’Isaac à Guérar, bien que le patriarche y connaisse une remarquable prospérité matérielle ; par contre, lorsqu’il « monte » à Beër-Sheba, ayant tout abandonné, dressé sa tente, bâti un autel, creusé un puits, son témoignage a un puissant effet moral sur Abimélec, Akhuzzath et Picol qui peuvent lui dire alors : « Nous avons vu clairement que l’Éternel est avec toi… Tu es maintenant le béni de l’Éternel ». (voir Genèse 26). Cela est vrai encore pour le témoignage collectif. Nous ne pourrons maintenir un témoignage fidèle au sein de la « grande maison » si nous méconnaissons les exhortations de la deuxième épître à Timothée : « retire-toi de l’iniquité — purifie-toi des vases à déshonneur — détourne-toi de telles gens » (2:19-21 ; 3:5). Ce n’est pas en nous associant à ce dont la Parole nous enjoint de nous séparer que nous pourrons donner de la puissance au témoignage collectif.
Mais le travail de l’évangélisation ne serait-il pas une excuse valable pour justifier de telles associations ? C’est la Parole qui nous donne la réponse : l’apôtre écrit à Timothée : « Fais l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim. 4:5), après lui avoir ordonné : retire-toi… purifie-toi… détourne-toi… Les deux choses ne sont pas incompatibles. Et Dieu nous garde de jamais sacrifier le témoignage à l’évangélisation !
Au terme de sa longue carrière, un de nos chers conducteurs a
voulu nous laisser un message d’une telle importance que beaucoup d’entre nous
l’ont certainement souvent relu et médité. Nous ne saurions trop engager les
frères à le faire. (Messager Évangélique
, année 1928, page 81).
Transcrivons-en les dernières lignes : « En terminant, je désire
mettre les frères tout particulièrement en garde contre deux dangers : le
premier, celui de la mondanité
qui se montre aujourd’hui dans l’intérêt
pour les choses du monde, en proportion duquel décroît l’intérêt pour la Parole
— le second, le latitudinarisme [= laxisme]
(relâchement dans les
principes chrétiens) qui serait la ruine absolue du témoignage que le Seigneur nous
a confié. L’amour fraternel est d’autant plus vrai, qu’il se lie à une marche
plus étroite, c’est-à-dire à la stricte obéissance à toute la parole de Dieu.
Ces choses sont le vœu ardent de votre faible frère en Christ, … — N’oubliez
pas, chers frères, que, quelles que soient les divisions que l’ennemi a semées
parmi nous, à notre propre et profonde humiliation, notre témoignage est à l’unité
du corps de Christ
, et que tout ce qui tendrait à nous accommoder aux
diverses sectes indépendantes de la chrétienté, serait la négation absolue et
la perte de ce témoignage ». H. R.
Différentes lettres du même auteur ont été publiées, dans les
années qui ont suivi, lettres où nous trouverions encore des avertissements
extrêmement sérieux. Il vaut la peine d’en citer quelques-unes : « Si
les anciens serviteurs venaient à manquer, je crois que l’énergie nécessaire
pour maintenir les principes du témoignage ferait très vite défaut, car de plus
en plus les vues relâchées et la mondanité semblent gagner du terrain ».
« J’ai écrit quelques mots au cher D. à propos de son idée de collaborer
avec les sectes dans l’œuvre de l’évangélisation. J’espère qu’il ne l’a pas
pris en mauvaise part. Bien loin d’être jaloux de ce que le Seigneur fait par
d’autres, car « le vent souffle où il veut », nous devons nous en
réjouir, et prier pour eux, et pour les âmes auxquelles ils s’adressent ;
mais pour nous-mêmes, nous devons marcher, à l’égard de l’évangélisation comme
du témoignage, dans le domaine que le Seigneur nous ouvre. S’il est restreint,
soyons-en humiliés, bien que je ne voie pas, vu notre petit nombre, qu’il soit
réellement restreint. Souvenons-nous du mot : « j’ai mis devant TOI
une porte ouverte ». Cela n’implique nullement une association avec ceux
qui s’associent aux principes de Sardes ou de Laodicée ». — « La
tendance la plus dangereuse à laquelle j’ai pensé que nous devions tenir tête
est l’effort d’attirer les frères à une association avec les chrétiens des systèmes
sur le terrain de l’Évangile. Vous trouverez dans le prochain Messager
sous le titre : Philadelphie et l’Évangile, la réponse que j’ai cru devoir
faire à ces invitations » (Messager Évangélique
. Année 1932, pages
303 et 304 ; Année 1934, page 87).
De semblables associations ne peuvent qu’affaiblir le témoignage. Or, c’est aujourd’hui l’un des grands buts que poursuit l’adversaire : affaiblir sinon ruiner complètement le témoignage collectif. Pour arriver à ses fins, il nous présente généralement des choses bonnes en apparence, ce sont les plus dangereuses.
« Satan sait se déguiser en ange de lumière et ses serviteurs en ministres de justice. Il sait distribuer l’erreur en dilutions et la présenter sous des formes très attrayantes, à l’insu même des instruments qu’il emploie, et dans lesquels on ne soupçonnerait ni mauvaise intention, ni mauvaise doctrine. Il ne commence jamais par présenter ouvertement sa pensée. Il prépare le terrain en l’arrosant de bonté, d’amour fraternel large, d’une charité qui admire le bien où qu’il se fasse, d’une indulgence qui se contente d’intentions louables là où les procédés ne seraient pas scripturaires… Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L’ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrement sur des choses aussi importantes. Tous admettent cependant que la vérité doit être maintenue, mais le désir d’union parmi les chrétiens, l’œuvre de l’évangélisation, l’amour entre tous, la font considérer comme chose secondaire.
Aujourd’hui, le grand but de l’ennemi est d’affaiblir le faible
témoignage que le Seigneur s’est suscité jusqu’à son retour prochain.
Hélas ! nous rendons à l’adversaire son œuvre facile, par notre mondanité,
notre affaiblissement spirituel, l’indifférence qui nous fait traiter
d’étroitesse et de manque d’amour le maintien de la vérité. Après avoir
affaibli le témoignage par de nombreuses divisions, il veut le ruiner davantage
encore ; c’est pourquoi il cherche à réunir ceux qu’il a divisés, non pas
sur le terrain de la vérité, ce qui certes serait à désirer, mais en niant ou
en atténuant les erreurs qui ont causé ces divisions, erreurs avec lesquelles
ne peuvent marcher ceux qui désirent être fidèles au Seigneur, en gardant sa
Parole et en ne reniant pas son nom ». (Messager Évangélique
. Année
1923, page 320 ; « Prêche la Parole », par S. P.).
Prions beaucoup pour la prospérité du témoignage — prospérité qui demande, avant tout, la crainte et la dépendance de Dieu, le maintien de la sainteté et de la vérité, l’ordre et la paix dans l’assemblée. Lorsqu’il en est ainsi, le Saint Esprit peut agir librement, les âmes sont nourries et croissent, « tenant ferme le Chef, duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu » (Col. 2:19). Telle est la véritable prospérité du témoignage, le véritable accroissement selon Dieu ! C’est alors que les âmes sont attirées ! Quelle puissance aurait le témoignage collectif, si nous savions mieux réaliser la pensée divine ! Même dans des jours de ruine, le Saint Esprit demeure un « esprit de puissance… » (2 Tim. 1:7). Dieu veuille que cette puissance spirituelle soit davantage éprouvée dans le rassemblement, afin que les âmes soient mises dans la présence de Dieu (1 Cor. 14:25).
Il est sans doute hautement nécessaire de parler de Christ à ceux avec lesquels nous sommes en contact, de saisir les occasions qui nous sont offertes de leur présenter la vérité. Mais nous faisons souvent passer le char avant l’attelage : nous essayons d’attirer des âmes alors qu’il y a tant de choses laissant à désirer, tellement peu de puissance dans le témoignage, qu’elles sont rebutées. Elles seront attirées si elles sentent la puissance d’un témoignage selon Dieu. Commençons par rechercher cette puissance, puisque nous en connaissons le secret — l’assemblée sera alors un centre d’attraction pour les âmes !
ME 1948 p. 29-31
La condition du peuple, telle qu’elle est dépeinte dans les premiers chapitres du livre des Juges, est l’image de celle de la chrétienté aujourd’hui. Le chapitre 10 nous présente un tableau particulièrement sombre : une fois encore, le peuple a fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. Après avoir expérimenté si souvent ses délivrances et sa bonté, il s’est détourné de Lui et a servi des idoles. Jamais on ne vit autant de dieux étrangers en Israël (v. 6). Aussi, Dieu a dû châtier ce peuple infidèle : opprimé et écrasé par les Philistins et par les fils d’Ammon, il est « dans une grande détresse ».
Crier à l’Éternel est la seule ressource, pour le peuple comme pour nous aujourd’hui, alors que nous voyons le jugement de Dieu commencer par sa propre maison. Sans doute l’avons-nous fait, mais il semble que Dieu ne répond pas. Dans le chapitre 10 des Juges, Il rappelle à son peuple toutes les merveilles opérées en sa faveur ; cependant, chacune d’elles ayant été suivie de nouvelles infidélités, Il doit ajouter : « Je ne vous sauverai plus ». Il les renvoie à leurs idoles, à tous les secours humains vers lesquels ils avaient pu se tourner, Il ferme son oreille à leur cri. Un de nos frères, rentrant d’un pays voisin sur lequel la main de Dieu s’est étendue d’une façon particulière, nous rapportait cette réflexion faite par un croyant : il semble que Dieu est sourd à nos prières. Il n’entend plus, Il ne sauve plus ! Cette remarque nous a fait penser à Juges 10:13, 14.
Situation sans espoir ? Non. La suite du passage nous dit ce qu’il convient de faire. En premier lieu, le peuple confesse son péché, s’humilie et reconnaît qu’il a mérité le châtiment de Dieu (v. 15). C’est toujours par là qu’il faut commencer, nous le savons bien. Mais cela ne suffit pas. « Et ils ôtèrent du milieu d’eux les dieux étrangers… » (v. 16).
L’humiliation — qu’elle soit individuelle ou collective — ne
doit pas être des lèvres seulement. Sans doute, dans le bas état où nous sommes
tombés, les réunions d’humiliation sont nécessaires et nous devrions les
multiplier. Mais, gardons-nous de ce que l’on nous permettra d’appeler
l’humiliation de commande, obéissance à un rite sans que le cœur en sente le
besoin, simple observation d’une forme qui serait presque de l’hypocrisie.
« Déchirez vos cœurs et non vos vêtements… » (Joël 2:13).
Gardons-nous aussi d’une humiliation exprimée en termes vagues et
généraux : nous voulons bien reconnaître que nous sommes solidaires du mal
qui est dans l’assemblée, mais nous sommes peu enclins à penser que nous avons chacun
,
à cet égard, des manquements personnels à confesser. Nous employons le
« nous » par une espèce de condescendance dont nous serions même
portés à nous glorifier, nous comparant par exemple à un Daniel ! Certes,
il nous convient de porter le deuil quant à la ruine de l’assemblée, de pleurer
quand nous voyons s’accentuer le déclin, mais il s’agit surtout de répondre à
cette question : « N’avez-vous pas avec vous, ne concernant que
vous
, des péchés contre l’Éternel votre Dieu ? » (2 Chron.
28:10). Nous sommes conviés chacun
à un profond jugement de nous-mêmes
devant Dieu. Le livre des Juges nous montre que plus le déclin s’accentue, plus
profond doit être le travail de conscience.
Cet exercice nous conduira à une humiliation qui se traduira par
des actes. C’est le propre de la vraie humiliation
. Elle n’est pas
seulement des lèvres, elle est suivie du rejet des idoles
. Comme
quelqu’un l’a exprimé, une idole c’est tout ce qui empêche un inconverti de
venir à Christ et un croyant d’être fidèle. Que chacun de nous, frères et
sœurs, examine dans la présence du Seigneur quelles sont les idoles dont il
doit se séparer.
Tel est le chemin qui nous est proposé. C’est à son terme seulement que Dieu pourra se laisser fléchir et donner libre cours à sa grâce. « Son âme fut en peine de la misère d’Israël » (v. 16). Oui, son âme fut en peine de la misère de son peuple, après que pourtant Il eût dit : « Je ne vous sauverai plus ». Il est revenu de l’ardeur de sa colère parce que le peuple a confessé son péché avec humiliation et a rejeté ensuite les dieux étrangers.
S’il est vrai que l’Église ne sera jamais restaurée comme ensemble sur la terre, il n’en demeure pas moins qu’au sein de la ruine, Dieu voudrait pouvoir considérer un résidu fidèle, à l’esprit contrit et tremblant à sa Parole (Ésaïe 66:2). Puissions-nous en manifester les caractères !
Titre original : Accroissement
ME 1974 p. 169
Le cœur humain est tel que chacun désire accroître ce qu’il possède, que ce soit ses richesses, ses connaissances, son importance, et il est fréquent que des hommes n’aient pas d’autre but en vue que celui-là, se créant eux-mêmes beaucoup de soucis pour essayer de satisfaire semblable désir. Le croyant devrait être en garde contre cette tendance du cœur naturel et se souvenir des paroles du Seigneur, telles qu’elles nous sont rapportées en Matt. 6:19 à 34, en particulier de celles-ci : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… Et qui d’entre vous, par le souci qu’il se donne, peut ajouter une coudée à sa taille ?… Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice… ». Un homme, le roi Salomon, a fait l’expérience de la vanité des biens terrestres et ce qu’il a écrit à ce sujet a été conservé pour notre instruction dans la Parole inspirée : « Quel profit a l’homme de tout son labeur dont il se tourmente sous le soleil ? … J’ai été roi sur Israël à Jérusalem, et j’ai appliqué mon cœur à rechercher et à explorer par la sagesse tout ce qui se fait sous les cieux : c’est une occupation ingrate que Dieu a donnée aux fils des hommes afin qu’ils s’y fatiguent. J’ai vu tous les travaux qui se font sous le soleil ; et voici, tout est vanité et poursuite du vent. … Voici, je suis devenu grand et j’ai acquis de la sagesse plus que tous ceux qui ont été avant moi sur Jérusalem… J’ai connu que cela aussi, c’est la poursuite du vent. … J’ai dit en mon cœur : Allons ! je t’éprouverai par la joie : jouis donc du bien-être. Et voici, cela aussi est vanité. … J’ai fait de grandes choses… Et je suis devenu grand et je me suis accru plus que tous ceux qui ont été avant moi à Jérusalem… Et quoi que mes yeux aient désiré, je ne les en ai point privés ; je n’ai refusé à mon cœur aucune joie… et voici, tout était vanité et poursuite du vent, et il n’y en avait aucun profit sous le soleil » (Éccl. 1:3, 12 à 14, 16, 17 ; 2:1, 4 à 11). Nous rappelons seulement quelques-unes des pensées que Salomon a été conduit à exprimer, mais il faut lire dans leur entier les premiers chapitres du livre de l’Écclésiaste. Doit-on être surpris que les expériences qu’il a pu faire à un si haut degré ne soient d’aucun profit pour les hommes, souvent même pour des croyants qui perdent leur vie en la consacrant à la recherche des biens de ce monde, méconnaissant que tout cela est « vanité et poursuite du vent » ? Sans doute pas, tant il est vrai que les expériences faites par d’autres nous sont rarement profitables.
Il arrive même que, dans cette recherche, certains se laissent entraîner d’une manière telle qu’ils finissent par ne pas y regarder de trop près quant au choix des moyens à employer pour parvenir à leurs fins. La Parole nous donne l’exemple de Jacob, agissant avec ruse pour accroître ses troupeaux ; nous en avons le récit dans le ch. 30 de la Genèse, à la fin duquel nous lisons : « Et l’homme s’accrut extrêmement, et eut un bétail nombreux, et des servantes et des serviteurs, et des chameaux et des ânes » (v. 43). Oui, Jacob « s’accrut extrêmement », mais grâce à l’emploi de moyens combien répréhensibles ! Hélas ! son exemple n’est-il pas imité ? Au sujet de ceux qui agissent de semblable manière, Dieu peut dire ce qu’il disait autrefois de son peuple Israël : « Selon qu’ils se sont accrus, ainsi ils ont péché contre moi » (Osée 4:7 — voir aussi 5:6).
C’est une tout autre croissance que nous avons à désirer et à rechercher, celle à laquelle nous exhorte l’apôtre Pierre : « croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 3:18). Tel doit être le but de la vie chrétienne : croître dans la connaissance de Christ ; tout doit nous conduire à cela. Lisons beaucoup la Parole pour l’y rechercher Lui, pour apprendre à le connaître toujours mieux ; désirons « ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel », nous « croîtrons par lui à salut » (1 Pierre 2:2). Si la Parole n’apporte pas Christ à nos âmes, c’est parce que nous l’avons sans doute mal lue, c’est-à-dire sans le secours de la prière, sans le secours du Saint Esprit qui se plaît à nous occuper de Christ et à le glorifier. — Il est une autre connaissance que nous pouvons faire de Lui et dans laquelle il nous convient de croître : celle que nous sommes appelés à acquérir dans les circonstances du chemin, qu’elles soient heureuses ou difficiles. Les vivre avec Lui, expérimenter ce qu’il est pour nous dans la joie ou les larmes, entendre sa voix d’amour, tout cela est enrichissant pour l’âme du racheté. Expérimenter dans notre vie la réalité de ce que nous avons appris dans l’Écriture est d’une inestimable valeur pour nous ; un seul exemple : la Parole nous présente Christ comme notre « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur », celui qui nous porte avec puissance sur ses épaules et avec amour sur son cœur, et les passages qui nous occupent de lui sous ce caractère sont pour nous un encouragement et un rafraîchissement, mais quelle valeur ils acquièrent pour nos âmes lorsque, au travers d’un chemin difficile, nous goûtons les tendres soins de ce « grand souverain sacrificateur… Jésus, le Fils de Dieu » (Héb. 2:17, 18 ; 4:14 à 16) ! Dieu permet des circonstances éprouvantes dans nos vies pour nous amener à croître dans la connaissance de Celui dont il nous a fait don. Ne vaut-il pas la peine de les traverser en vue d’un tel résultat ?
Dans les jours les plus douloureux, nous pourrons dire alors comme David autrefois : « Qui nous fera voir du bien ? Lève sur nous la lumière de ta face, ô Éternel ! Tu as mis de la joie dans mon cœur, plus qu’au temps où leur froment et leur moût ont été abondants » (Ps. 4:6, 7). Aucune des richesses de ce monde ne peut donner au cœur du racheté la joie qu’il trouve dans la contemplation et la connaissance de Christ ! Le froment et le moût — dont il est question si souvent dans les écrits de l’Ancien Testament comme symbolisant une abondance de biens, de bénédictions matérielles (Gen. 27:28, 37 ; Nomb. 18:12 ; Deut. 7:13 ; 11:14 ; 12:17, etc.) — nous parlent aussi de nourriture spirituelle. C’est en lui donnant cette signification que nous citerons Zach. 9:17: « Le froment fera croître les jeunes gens, et le moût, les jeunes filles ». Que jeunes gens et jeunes filles aient l’ardent désir de se nourrir du « froment » et du « moût », de la « moelle du froment » (Ps. 81:16), c’est le secret de la croissance spirituelle !
La Parole sera pour nous une riche nourriture, nous en retirerons un réel profit selon la mesure dans laquelle nous vivrons ses enseignements, réalisant une marche dans la crainte de Dieu, dans la droiture de cœur ; par contre, elle sera pour nous sans grande saveur et sans grand fruit si nous nous contentons de la lire par devoir, étant des « auditeurs oublieux », méconnaissant l’enseignement de Jacques 1:21 à 25. « Celui qui a les mains pures croîtra en force » (Job 17:9) : la pureté de cœur, fruit de l’opération de la Parole et de l’Esprit en nous, se manifestant extérieurement par la pureté de nos actions, nous « croîtrons en force ». L’âme vraiment nourrie, la force divine se manifestera au sein de la faiblesse qui est la nôtre. Au milieu des ténèbres de ce monde, le croyant peut ainsi réaliser une marche dans les « sentiers de justice » où le bon Berger conduit ses brebis ; son « sentier » est véritablement alors « comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Ps. 23:3 ; Prov. 4:18). C’est une marche « digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre » qui permet de « croître par la connaissance de Dieu » (Col. 1:9 à 11).
La lecture, la méditation de la Parole sont indispensables à notre vie individuelle, en vue de notre accroissement ; mais nous avons aussi de précieuses ressources dans la vie et les réunions de l’assemblée. Si nous n’en profitons pas ou si nous n’en profitons que trop peu, notre croissance en souffrira certainement. Christ a donné à l’Assemblée les dons nécessaires « en vue du perfectionnement des saints… afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine… mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ » (Éph. 4:11 à 15). L’exercice des dons au sein de l’assemblée est en vue de la croissance de chacun de ceux qui en font partie ; la Parole est présentée par les serviteurs que le Seigneur se plaît à employer ; l’un « plante », un autre « arrose », Dieu seul peut « donner l’accroissement » (1 Cor. 3:5 à 8). Mais l’exercice du ministère ne produit pas seulement l’accroissement individuel, il doit avoir aussi comme résultat l’accroissement collectif, l’accroissement du corps de Christ, « duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour » (Éph. 4:16). Dans son épître aux Colossiens, l’apôtre nous exhorte à « tenir ferme le chef », « duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu » (2:19). L’accroissement ne peut être produit que par ce que Christ donne, par ce qui vient de lui, la seule source à laquelle nous ayons à puiser.
Cet accroissement peut être un accroissement en nombre. Ne perdons pas de vue cependant que, dans des jours de ruine, un témoignage fidèle est peu nombreux et sans apparence (cf. Juges 7:1 à 8) et soyons gardés par conséquent de rechercher activement le nombre et l’apparence, de les rechercher au prix d’un abandon plus ou moins marqué des vérités que nous sommes appelés à maintenir. Dans les premiers jours de l’histoire de l’Église, les assemblées « croissaient par la consolation du Saint Esprit » (Actes 9:31) ; il y avait, à ce moment-là, tout à la fois un accroissement en nombre et un accroissement que nous appellerons « en profondeur », c’est-à-dire dans la connaissance de Christ, de la Parole. Ce double accroissement est nettement indiqué en Actes 16 : « Les assemblées donc étaient affermies dans la foi et croissaient en nombre chaque jour » (v. 5). Remarquons que l’affermissement dans la foi, la croissance en profondeur, précède l’accroissement en nombre et il doit toujours en être ainsi : c’est parce que l’état de l’assemblée à Jérusalem était celui qui est dépeint dans les versets 42 à 47 d’Actes 2 que « le Seigneur ajoutait tous les jours à l’assemblée ceux qui devaient être sauvés ». Point n’était besoin de « rechercher » l’accroissement en nombre, que ce soit à Jérusalem ou en d’autres assemblées. Dans ces temps-là, la Parole, présentée dans toute la puissance du Saint Esprit, avait de l’écho dans les cœurs, atteignait les consciences, de sorte qu’elle portait beaucoup de fruit : « Et la parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem, et une grande foule de sacrificateurs obéissait à la foi » — « Mais la parole de Dieu croissait et se multipliait » — « C’est avec une telle puissance que la parole du Seigneur croissait et montrait sa force », la Parole étant identifiée, dans ces divers passages, avec le fruit qu’elle produisait (Actes 6:7 ; 12:24 ; 19:20).
Dieu veuille nous accorder la grâce de ne pas gaspiller notre temps, de ne pas perdre notre vie —comme on l’a souvent dit, nous n’avons qu’une vie à vivre — en ne pensant qu’à accroître des biens dont un jour il ne restera plus rien ! Qu’Il nous donne d’employer notre temps, notre vie, à une activité dont le résultat sera l’accroissement spirituel de nos âmes, comme aussi « l’accroissement du Corps » et dont les fruits pourront être manifestés à la gloire de Christ !
Fixons les yeux sur le parfait Modèle et imitons-le : homme sur la terre, encore jeune enfant, il « croissait et se fortifiait, étant rempli de sagesse ; et la faveur de Dieu était sur lui », il « avançait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc 2:40, 52). Il est, tout à la fois, la source à laquelle nous devons puiser et le Modèle à imiter.
Oh ! si mes yeux pouvaient sans cesse
Suivre cet astre glorieux,
Si je pouvais de ta tendresse
Voir tous les reflets radieux,
Mon âme alors, pleine de zèle,
Saurait t’aimer plus ardemment,
Et, connaissant mieux son modèle,
Prendrait tout son accroissement.
Titre original : Là où deux ou trois sont assemblés en Mon Nom (Matt. 18:20)
Complément au titre : à propos de trois rassemblements des disciples autour du Seigneur (Luc 22:14-23, Jean 20:19-23 et 24-29).
ME 1958 p. 309
Estimons-nous à sa juste valeur le privilège accordé aux « deux ou trois » réunis autour du Seigneur ? Et, d’autre part, sous prétexte que nous sommes placés dans la liberté de la grâce, ne perdons-nous pas de vue certains enseignements de la Parole au sujet du rassemblement ? D’une manière générale, qu’il s’agisse du rassemblement en lui-même, du culte, de la prière, la liberté de la grâce, la liberté de l’Esprit ne peuvent nous conduire à la méconnaissance de ce qu’enseigne la Parole à propos de ces différents exercices de la vie d’assemblée.
Luc 22:14-23, Jean 20:19-23 et 24-29 nous parlent de trois rassemblements autour du Seigneur. Certes, ils sont de caractères très différents, le premier avant l’accomplissement de l’œuvre de la croix, les deux autres après la résurrection du Seigneur. Dans le premier, le Seigneur institue le mémorial de sa mort ; dans le second Il montre à ses disciples ses mains et son côté, témoignage de son œuvre accomplie ; enfin dans le troisième, Il invite Thomas, absent huit jours auparavant, lors de la réunion de Jean 20:19 à 23, à mettre son doigt dans la marque des clous et sa main dans son côté.
Au premier de ces trois rassemblements, aucun des douze ne fait défaut : « Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui » (Luc 22:14). Judas lui-même est là, bien qu’il ait dû sortir avant que le Seigneur institue la Cène, à laquelle ne pouvait participer celui qui allait le livrer. Au second, où il n’était pas possible que se trouvât Judas, Thomas est absent. Il fait une perte, le Seigneur le lui dira au cours du troisième de ces rassemblements où, cette fois, il est venu : il a cru parce qu’il a vu, mais « bienheureux ceux qui n’ont point vu, et qui ont cru » (Jean 20:29). — Un croyant qui manque le rassemblement fait donc une perte, qu’il en ait conscience ou non. Nous ne parlons pas, bien entendu, des cas où il y a réelle impossibilité ; le Seigneur, qui permet que tel ou tel des siens se trouve éloigné du rassemblement, saura lui dispenser ce qu’Il lui sait nécessaire, instruction et encouragement, suivant son état et ses besoins. En dehors de ces cas, se priver du rassemblement c’est faire une perte pour soi-même et, plus sérieux encore, c’est un manque d’égards pour Celui qui désire rassembler les siens autour de Lui.
Sans doute y a-t-il un absent au rassemblement de Jean 20:19 à 23 (ne perdons pas de vue que le récit a une portée prophétique, ce qui, en un certain sens, peut expliquer que Thomas ne fût pas là, sans pour autant le dégager de sa responsabilité personnelle), mais à aucun des trois — comme il est important de le souligner -- nous ne voyons qu’il y ait eu un seul retardataire. « Quand l’heure fut venue », les douze étaient là ; de même en Jean 20:19 et 26, les disciples sont réunis, Jésus vient ensuite au milieu d’eux. Là encore, il peut y avoir des circonstances particulières, que le Seigneur connaît et apprécie, susceptibles de légitimer un retard à l’heure du rendez-vous, mais en dehors de ces cas exceptionnels, n’est-ce pas aussi un manque d’égards pour le Seigneur que d’arriver après l’heure fixée pour le rassemblement ? Agirions-nous avec le Seigneur comme nous n’oserions pas le faire, dans ce monde, avec quelqu’un à qui nous devons du respect et qui nous aurait assigné une heure pour le rencontrer ? Ce laisser-aller est toujours coupable mais plus particulièrement peut-être lorsque nous venons dans le rassemblement pour le culte : nous nous y rendons pour honorer le Seigneur, honorons-Le d’abord en nous trouvant là à l’heure fixée. Y manquer, ne serait-ce pas une inconvenance, donc un manque d’amour pour le Seigneur, car l’amour « n’agit pas avec inconvenance », comme aussi pour nos frères et sœurs ? Une arrivée en retard dérange plus ou moins, produit parfois un certain désordre, or « Dieu n’est pas un Dieu de désordre » (1 Cor. 13:5 ; 14:33). — Il n’y a là aucun légalisme ; c’est une loi d’amour qu’un cœur attaché au Seigneur observera sans difficulté et même avec joie.
Ne convient-il pas d’ailleurs que la réunion soit précédée d’un moment de recueillement qui élève l’âme, d’un moment de prière intérieure permettant à chacun de réaliser vraiment que « les portes du lieu sont fermées » et nous conduisant ainsi à sentir et goûter effectivement la présence du Seigneur dès le début de la réunion ? Car, nous touchons ici le point essentiel : nous disons bien que nous sommes « réunis au nom du Seigneur » et qu’Il est là, au milieu de nous, selon Matthieu 18:20, mais demandons-nous dans quelle mesure nous en avons pleine conscience. Oui, le Seigneur est là, toujours fidèle à sa promesse, quand nous sommes réunis « en son nom ». Que nous ne puissions Le voir qu’avec les yeux de la foi n’enlève rien au fait qu’Il est personnellement au milieu de nous. Si nous en avions davantage le sentiment, oserions-nous nous trouver en retard, l’heure « venue » ? Et si cela nous arrivait quand même, quelle humiliation et quelle confusion de face, alors que peut-être nous considérons une arrivée tardive comme chose assez banale et sans grande importance, facilement excusée !
Le sentiment de la présence personnelle du Seigneur dans l’assemblée — Dieu veuille nous l’accorder toujours plus profond — marquera d’abord notre entrée dans le local de réunion et ensuite, notre tenue, notre attitude, notre service. Comme il serait élevé, le niveau des réunions, et quel témoignage pour des âmes inconverties qui y assisteraient ! Ne seraient-elles pas conduites à s’écrier : « Dieu est véritablement parmi vous » (1 Cor. 14:25) ? Quelle puissance d’évangélisation dans une telle réunion, quel que soit son caractère ! Non pas tant des paroles, un fait. Et quelle joie nous éprouverions dans le saint recueillement qui convient, jouissant de la présence du Seigneur, de Lui-même, réalisant une vraie dépendance de l’Esprit ! Par dessus tout, quelle gloire pour notre Dieu et Père, quelle gloire pour Celui qui veut être le centre du rassemblement de ses rachetés, ceux pour lesquels Il a mis sa vie !
Titre original : « AVEC CEUX QUI INVOQUENT LE SEIGNEUR
D’UN CŒUR PUR » (2 Timothée 2:22)
ME 1959 p. 35
Qu’il soit nécessaire de revenir sur les enseignements de 2 Timothée 2:19 à 22, présentés si souvent déjà et qui devraient être bien connus de nous tous, peut paraître surprenant. Mais, d’une manière générale, les enseignements des Écritures doivent nous être sans cesse rappelés, nos cœurs étant oublieux ; c’est pourquoi, par exemple, l’apôtre écrivait aux Philippiens : « vous écrire les mêmes choses n’est pas pénible pour moi, et c’est votre sûreté » (Phil. 3:1 ; voir aussi 2 Pierre 1:12 à 15). Si aujourd’hui il semble opportun de remettre en mémoire, plus particulièrement, ceux de la 2ème Épître à Timothée, c’est bien parce que l’adversaire poursuit avec plus d’ardeur encore les efforts qu’il déployait déjà lorsqu’un de nos devanciers était conduit à écrire : « Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L’ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrement sur des choses aussi importantes. Tous admettent cependant que la vérité doit être maintenue, mais le désir d’union parmi les chrétiens, l’œuvre de l’évangélisation, l’amour entre tous, la font considérer comme chose secondaire. Aujourd’hui, le grand but de l’ennemi est d’affaiblir le faible témoignage que le Seigneur s’est suscité jusqu’à son retour prochain. Hélas ! nous rendons à l’adversaire son œuvre facile, par notre mondanité, notre affaiblissement spirituel, l’indifférence qui nous fait traiter d’étroitesse et de manque d’amour le maintien de la vérité. Après avoir affaibli le témoignage par de nombreuses divisions, il veut le ruiner davantage encore ; c’est pourquoi il cherche à réunir ceux qu’il a divisés, non pas sur le terrain de la vérité, ce qui certes serait à désirer, mais en niant ou en atténuant les erreurs qui ont causé ces divisions, erreurs avec lesquelles ne peuvent marcher ceux qui désirent être fidèles au Seigneur en gardant sa Parole et en ne reniant pas son nom. Pour réunir des chrétiens hors du terrain de la vérité, l’ennemi insinue qu’il faut revenir en arrière et revoir si les erreurs étaient telles qu’il ait fallu s’en séparer. Hélas dans bien des cas, cette séparation n’aurait pas été nécessaire avec plus de patience et moins de volonté propre. Mais sommes-nous plus spirituels que ceux qui étaient alors à la brèche et qui avaient un jugement plus sûr que le nôtre, parce qu’ils vivaient plus que nous dans la séparation du mal et du monde ? Au contraire, en vertu de notre affaiblissement, nous nous laissons influencer par les circonstances ; ce n’est qu’avec des mains tremblantes que nous retenons la vérité qui nous a été enseignée par ceux qui nous ont précédés, et qui étaient doués d’une manière toute spéciale pour remettre en lumière les vérités fondamentales de l’Assemblée, méconnues durant des siècles. Mais si nous n’avons pas qualité pour juger de nouveau ce que de plus spirituels que nous ont fait sous le regard du Seigneur, nous avons la responsabilité d’agir selon les principes scripturaires dans les circonstances où nous nous trouvons aujourd’hui » (ME 1923, page 320 — voir spécialement les pages 327 et 328).
Dieu veuille nous donner pleine conscience des dangers qui menacent le témoignage, mais encore nous accorder de demeurer fermes et nous communiquer l’énergie nécessaire pour « combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude 3). Cette sainte énergie doit se manifester non seulement dans le combat pour la foi mais aussi dans toutes les actions qu’il peut être utile d’exercer pour le jugement du mal. Soyons gardés d’imiter l’exemple d’Éli qui fut un sacrificateur infidèle parce qu’il se contenta de reprendre alors qu’il était responsable d’agir !
Au sein de la chrétienté, comparée à « une grande maison », « quiconque prononce le nom du Seigneur », reconnaissant son autorité comme Chef de l’Assemblée et désireux d’y être soumis, est responsable de « se retirer de l’iniquité ». Pour affaiblir la portée de cette injonction, certains veulent donner au terme « iniquité » le même sens que celui qu’il a dans un passage comme 1 Jean 3:4, où il signifie « une marche sans loi, sans frein » (anomia) (note en bas de page, dans la Bible, version Darby) et caractérise l’état de l’homme naturel, n’ayant pas la vie de Dieu. S’il en était ainsi, « se retirer de l’iniquité » n’impliquerait pas autre chose que la séparation d’avec les incrédules. Mais dans le verset 19 du chapitre 2 de la 2ème Épître à Timothée, le mot « iniquité » (adikia) a le sens d’injustice (voir, en opposition, « la justice », justice pratique, dont il est question au verset 22). « Se retirer de l’iniquité », c’est se séparer non seulement de ceux qui n’ont pas la vie de Dieu mais encore de ceux qui, dans la pratique, ne marchent pas selon la vérité de Dieu, lorsque cette « iniquité » (ou injustice, ou faute, tort ou erreur) est retenue comme doctrine. Ce dernier point est important : en effet, deux actes, bien qu’identiques en apparence, sont différents l’un de l’autre si le premier est accompli par suite d’un manquement occasionnel à une saine doctrine, tandis que le second résulte de l’obéissance à un faux enseignement. — Le fidèle doit se séparer et de la fausse doctrine et de ceux qui l’enseignent, comme aussi de ceux qui acceptent, volontairement ou tacitement, cet enseignement ; il manifestera ainsi les caractères d’un « vase à honneur », tels qu’ils sont définis en 2 Timothée 2:20, 21. Son cœur doit être « pur », selon l’expression employée dans le verset qui suit. Enfin, il est exhorté à « poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix ». Mais « poursuivre » avec qui ? Avec tous ceux qui, extérieurement, se réclament de Christ et portent le nom de chrétien ? Non, nous dit l’Écriture inspirée de Dieu, mais seulement « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Que le fidèle ait à se séparer, qu’il ne puisse marcher avec tous ceux qui font partie de la maison de Dieu, ressort de manière évidente de l’enseignement contenu dans les versets 19 à 22 du chapitre 2 de la seconde Épître à Timothée.
La question est aussitôt posée : qu’est-ce donc qu’avoir « un cœur pur » ? Pour être « pur », le cœur doit être « purifié » et il n’est pas d’autre moyen pour cela que « l’obéissance à la vérité », et pour le salut et pour la marche (1 Pierre 1:22). Un cœur est « pur » lorsque la vérité de Dieu y fait loi, mettant de côté toutes les pensées, même les meilleures, que chacun peut avoir. La vérité obéie rend le cœur pur.
La première responsabilité du croyant qui désire être fidèle au Seigneur dans sa marche ecclésiastique est donc d’abord à l’égard de lui-même : avant de regarder autour de soi, il faut considérer l’état de son propre cœur, regarder en soi. Comme tout deviendrait plus facile, dans le témoignage collectif, si chacun commençait par là, si chacun se soumettait, avec simplicité de cœur et sans raisonnements, à l’autorité de la Parole de Dieu, la laissant d’abord agir en lui, afin qu’elle gouverne son cœur et forme ses pensées ! L’action découlant de la pensée, le croyant serait ainsi conduit à obéir à la vérité, non seulement dans sa marche individuelle mais encore pour la marche collective, il aurait « un cœur pur », purifié « par l’obéissance à la vérité ».
Un « cœur pur », c’est celui qui « se retirant de l’iniquité », « invoque le Seigneur ». 2 Timothée 2:22 lie étroitement les deux expressions : « d’un cœur pur » — c’est la séparation — et « invoquer le Seigneur » — c’est l’attachement à Christ. Christ doit être l’objet des affections ; s’il en est ainsi, le cœur, rempli de Lui tel que la Parole le présente, sera vraiment un « cœur pur », qui jamais ne voudrait associer à l’iniquité un Nom qui a pour lui un tel prix. Pour un « cœur pur », le nom du Seigneur est précieux, aussi son autorité est-elle reconnue et obéie. En d’autres termes : l’obéissance à la vérité est facile pour le cœur attaché à Christ. C’est donc en fait l’attachement à sa Personne qui doit être le point de départ. Et c’est bien ce qui caractérise le témoignage philadelphien : la Parole de Christ est gardée, le Nom du Saint et du Véritable n’est pas renié parce que Christ est précieux au cœur du fidèle témoin. Le cœur dirigé vers Lui, l’âme nourrie de Lui, les affections liées à sa personne, la séparation de toute iniquité est alors réalisée de la manière où elle doit l’être : pour le Seigneur et comme fruit de l’attachement à sa personne. C’est là le point capital et nous avons besoin d’y être attentifs si nous voulons éviter le danger que constituerait une séparation, surtout extérieure, froide et desséchante parce qu’observée comme la stricte obéissance à un principe légal. Tandis qu’au contraire, elle permettra le développement et l’épanouissement de la vie nouvelle reçue par la foi, si elle découle de l’attachement à Christ, au Christ des Écritures, et d’une vraie communion avec Lui. « L’obéissance à la vérité » est alors réalisée tout naturellement car la nouvelle nature se plaît à obéir, c’est là sa joie.
L’obéissance à la vérité se traduit, dans la vie pratique, par la séparation du mal, du mal doctrinal tout autant que du mal moral. Il faut y insister car bien des croyants, pieux dans leur marche personnelle, mais demeurant associés à un milieu chrétien où les enseignements de la Parole de Dieu sont méconnus sur des points fondamentaux — bien qu’observés peut-être sur d’autres — se refusent à admettre qu’ils ne sont pas dans un chemin d’obéissance à la vérité. Il est d’ailleurs fréquent qu’au lieu d’être utile à de tels croyants en leur montrant ce qu’est le rassemblement des enfants de Dieu selon la Parole, dans la séparation, on les induise en erreur en s’associant à eux de manière plus ou moins étroite : leur piété personnelle attire, peut-être aussi leur zèle dans un service chrétien, on met en avant les différentes vérités maintenues dans le milieu où ils se trouvent et l’on s’en autorise pour marcher avec eux, leur laissant supposer de la sorte qu’ils sont dans le vrai chemin. On aura vite dit : il n’y a que des nuances qui nous séparent… C’est proprement tromper les âmes, consciemment ou, la plupart du temps, inconsciemment.
Si à peu près tous les croyants faisaient face à la première responsabilité qui leur incombe, il serait facile de suivre l’exhortation de 2 Timothée 2:22. Hélas ! il n’en est pas ainsi. Se pose donc une deuxième question : comment discerner, afin de « poursuivre » avec eux, « ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » ? Certains prétendent qu’il est impossible de les reconnaître au sein de la chrétienté. Mais la Parole de Dieu nous adresserait-elle une exhortation que nous ne pourrions mettre en pratique ? La grâce divine saura guider et éclairer celui qui craint Dieu et vit dans la communion de ses pensées, humblement soumis à sa Parole ; elle lui donnera discernement et sagesse, lui montrera quels sont ceux avec lesquels il peut marcher et se rassembler. « Qui est l’homme qui craint l’Éternel ? Il lui enseignera le chemin qu’il doit choisir… Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, pour leur faire connaître son alliance » (Ps. 25:12 et 14). L’intelligence spirituelle est communiquée par l’opération de la Parole et de l’Esprit de Dieu agissant dans le cœur du racheté et ne peut être communiquée que par ce moyen.
C’est alors, et alors seulement, que sera connu et goûté l’amour fraternel, non pas la manifestation de certains sentiments que l’on appelle volontiers amour et qui sont tout autre chose que l’amour selon Dieu, mais un amour vrai, un amour lié à la vérité de Dieu. C’est ce que nous enseigne la fin du verset 22 de 1 Pierre 1, dont nous avons déjà cité la première partie : « ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur ». Ce n’est pas en abandonnant la vérité que les croyants peuvent s’aimer « l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur » : la Parole nous enseigne, au contraire, que c’est en la maintenant et en y obéissant.
L’obéissance à la vérité ne peut nous conduire, sous prétexte
d’amour fraternel large, à marcher avec tous et à aller en tout lieu où se
rassemblent les chrétiens. Elle nous tiendra dans la séparation. L’enseignement
des passages déjà considérés rend évident, pour tout esprit non prévenu et
soumis à l’autorité des Écritures, le fait que la position des fidèles doit
être dans la séparation. Non dans l’isolement, 2 Timothée 2:22 nous le montre
avec autant de clarté. Il en est, dans la maison de Dieu, dont le croyant doit
se séparer, d’autres avec lesquels il est exhorté à « poursuivre la
justice, la foi, l’amour, la paix ». L’ennemi a sans doute réussi à
susciter, au sein de la chrétienté, bien des divisions
qui sont à notre honte parce que nous avons été trop
souvent ses instruments dans l’accomplissement de cette œuvre de destruction,
mais aussi la grâce de Dieu a opéré pour maintenir dans la séparation
, en obéissance à sa Parole, ceux qui désirent, malgré
bien des faiblesses dont ils se sentent coupables, « poursuivre la
justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un
cœur pur ». Que cette même grâce agisse pour les garder fidèles jusqu’au
bout, séparés intérieurement et extérieurement !
Ont-ils la prétention, qu’on leur attribue gratuitement, d’être les seuls enfants de Dieu ? Accusation cent fois repoussée et réfutée, pourtant sans cesse renouvelée… Ils savent bien qu’il y a des enfants de Dieu dans maintes dénominations chrétiennes, nous voulons espérer dans toutes. Le même passage cité, du chapitre 2 de la 2ème Épître à Timothée, nous dit que « Le Seigneur connaît ceux qui sont siens ». Tous ceux « qui sont siens », sans qu’il soit question ici de degré de connaissance ou même de fidélité dans la marche pratique, ont leur place préparée dans la maison du Père. Tous les croyants, nés de nouveau, y seront rassemblés pour l’éternité. Mais de cela on tire argument : puisque nous serons tous ensemble dans le ciel, pourquoi donc ne pas être déjà tous ensemble sur la terre ? — Sans doute il serait beau de voir les enfants de Dieu tous réunis, ne formant qu’un, anticipation ici-bas de ce qui sera goûté là-haut ! N’en serait-il pas ainsi d’ailleurs si chacun d’eux avait « un cœur pur » ? Le ciel sera le lieu de la pureté parfaite, tout y sera lumière comme aussi tout y sera amour ; aucune souillure n’y pénétrera jamais et ne peut y pénétrer, car ce ne serait plus le ciel. De sorte que l’on ne peut connaître quelque chose du ciel sur la terre, dans le rassemblement des enfants de Dieu, que dans la mesure où s’y trouvent maintenus inséparablement sainteté, vérité, amour.
C’est là précisément le témoignage qu’ont à rendre ici-bas les enfants de Dieu. Tous ceux qui l’ont compris sont responsables devant Dieu de maintenir, avec tout l’indispensable secours de sa patience et de sa grâce, un tel témoignage rendu à Celui qui est « le saint, le véritable » (Apoc. 3:7), le « témoignage de notre Seigneur », un témoignage dont il convient de ne pas avoir honte (2 Tim. 1:8). N’en aurait-il pas honte peut-être, au fond de son cœur, celui qui désire être considéré comme un esprit large et tolérant, prêt à marcher avec tous les chrétiens, dans la méconnaissance des enseignements de 2 Timothée 2:19 à 22 et 1 Pierre 1:22 ? — En écrivant cela, nous n’oublions pas que le Seigneur seul connaît ses témoins, son témoignage. Notre privilège, et notre responsabilité en même temps, est de pouvoir nous joindre à ceux qu’Il nous fait reconnaître comme « l’invoquant d’un cœur pur », afin de rendre témoignage avec eux.
Les vérités que nous venons de rappeler sont très simples à saisir. Elles peuvent provoquer, nous l’avons vu, certaines questions, auxquelles d’ailleurs la Parole répond elle-même ; mais elles soulèveront aussi parfois des questions d’un autre caractère, provenant d’un manque de simplicité et de soumission à l’Écriture, dénotant un esprit porté à raisonner : en fait, c’est toujours le « Quoi, Dieu a dit ? » de Genèse 3:1. Sans doute en était-il déjà de même aux jours de l’apôtre. Et il est assez remarquable que, dans la même phrase où il présente d’abord l’exhortation à « fuir les convoitises de la jeunesse » et à « poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur », il dise ensuite et aussitôt : « mais évite les questions folles et insensées, sachant qu’elles engendrent des contestations » (2 Tim. 2:23). Sans doute s’agit-il de toutes les questions susceptibles d’être mises en avant à propos de la marche du fidèle dans des jours de ruine et de déclin ; mais, plus particulièrement peut-être, de celles qui sont en relation avec l’enseignement donné dans les versets 19 à 22, puisque l’exhortation du verset 23 y fait immédiatement suite.
De tout temps, il y a eu des « opposants » à la vérité de Dieu et d’autres qui les appuient. N’y en eut-il pas aux jours d’Esdras, lorsque ce sacrificateur fidèle enjoignit au peuple de se « séparer des peuples du pays et des femmes étrangères » ? Il nous est dit : « Seuls, Jonathan, fils d’Asçaël, et Jakhzia, fils de Thikva, s’opposèrent à cela ; et Meshullam, et Shabthaï, le lévite, les appuyèrent » (Esdras 10:10, 11 et 15). Ceux dont parle ici l’apôtre ne pourraient être ramenés, et c’est là un principe général, que si Dieu leur donnait « la repentance pour reconnaître la vérité », les réveillant ainsi « du piège du diable, par qui ils ont été pris ». Ce travail de la grâce de Dieu accompli en eux, ils seraient alors conduits à « faire sa volonté » — n’est-ce pas le cœur « purifié » par « l’obéissance à la vérité » ? et non plus la leur propre (2 Tim. 2:25, 26). Le verset 25 nous montre que « les opposants » méconnaissent la vérité, c’est au fond à elle, c’est-à-dire à Dieu lui-même qu’ils s’opposent ; seule la grâce de Dieu peut leur accorder de s’en repentir. Le verset 26 fait ressortir la gravité de leur condition : ils ont été pris dans « le piège du diable » ; s’opposant à Dieu ils sont des instruments entre les mains de l’adversaire !
Pour s’opposer au témoignage, pour essayer de le ruiner, l’ennemi emploie mille ruses, tend des pièges dans lesquels nous risquons de nous laisser prendre si nous ne veillons pas, si nous ne demeurons pas très près du Seigneur, notre seule ressource. C’est bien l’un de ses pièges les plus dangereux que de mettre en avant l’amour de Dieu, de chercher à l’exalter au-dessus de tout, mais en laissant entièrement de côté les vérités qui se rattachent au fait que Dieu est Lumière. Ce n’est plus alors ni l’amour selon Dieu ni la vérité de Dieu ! L’adversaire essaie de persuader les chrétiens, les croyants même, que Dieu est tellement Amour qu’Il n’est pas toujours Lumière. Dans le ciel, suggère-t-il, tous les croyants seront rassemblés pour jouir de l’amour de Dieu ; puisque ce sera leur incessante occupation pour l’éternité, n’est-ce pas de cela, et de cela seulement, qu’ils doivent être occupés ici-bas ? En apparence, c’est excellent et l’on comprend que le cœur de plusieurs soit séduit. Comme l’ennemi est rusé, comme il sait bien tromper les âmes ! Il est « menteur, et le père du mensonge » et « il n’y a pas de vérité en lui » (Jean 8:44). Ce qu’il ne dit pas, nous l’avons remarqué déjà, c’est que dans le ciel, tout sera amour mais aussi lumière ; tout resplendira de la gloire divine en amour et lumière. Les rachetés ne jouiront de l’amour, en perfection, que parce qu’ils seront dans le séjour de la pure lumière, dans le lieu de la sainteté parfaite. Déjà ici-bas, nous ne pouvons goûter l’amour de Dieu que dans la mesure où nous demeurons dans la lumière.
Répétons-le, c’est l’objet du témoignage qu’est appelée à rendre dans ce monde « l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (1 Tim. 3:15) : elle doit faire connaître Dieu, Lumière et Amour (1 Jean 1:5 ; 4:8), le Dieu qui s’est pleinement révélé dans la personne et par l’œuvre de son Fils. « Et sans contredit, le mystère de la piété est grand : — Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire » (1 Tim. 3:16).
Une vie de piété, de fidélité dans le témoignage que nous sommes responsables de maintenir dans les « temps fâcheux » des « derniers jours », nous procurera l’approbation de Dieu, la joie de sa communion. Mais aussi, elle nous conduira à souffrir : « Et tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus, seront persécutés » (2 Tim. 3:1, 12). Autrefois, ces persécutions ont amené bien des fidèles à subir le martyre ; aujourd’hui, dans nos pays tout au moins, ces souffrances sont plutôt morales et elles doivent être supportées surtout, quelque surprenant que cela paraisse, de la part de ceux qui se trouvent dans la maison de Dieu. Dans le verset précédent, l’apôtre, parlant de « ses persécutions, ses souffrances », mentionne uniquement celles endurées de la part des Juifs, peuple terrestre de Dieu, peuple dont il faisait lui-même partie ; ne se borne- t-il pas à rappeler celles-là pour montrer que, dans un temps de ruine, le fidèle aura à supporter des souffrances de la part de ceux qui, extérieurement, constituent le peuple de Dieu, la maison de Dieu au sein de laquelle se trouvent aussi « ceux qui veulent vivre pieusement dans le christ Jésus » ? — Il s’agit là, est-il besoin de le préciser, des souffrances que nous avons à endurer si nous sommes fidèles ; bien différentes sont celles que nous pouvons avoir à subir en raison de nos infidélités. Dans le premier cas, nous connaissons quelque chose de l’opprobre de Christ ; dans le second, nous jetons de l’opprobre sur son nom et son témoignage.
Notre paresse spirituelle, allant d’ailleurs souvent de pair avec une grande activité dans le domaine des choses matérielles, l’intérêt que nous manifestons pour tout ce qui est nouveau et qui croît généralement en raison inverse de celui que nous portons à la Parole, un manque de dépendance de Dieu qui nous conduit à nous laisser guider par nos propres pensées, nos sentiments, tout cela nous amène à désirer et à rechercher autre chose que ce que Dieu nous propose, et explique bien des associations — par mariage, dans le service ou de toute autre manière — plus ou moins étroites et sous les motifs les plus divers, excellents en apparence, avec ceux dont la Parole nous enjoint de nous séparer. Et notre faiblesse spirituelle est si grande que non seulement nous n’avons pas, bien souvent, la force nécessaire pour juger le mal, mais encore, en tant de circonstances, nous n’en avons même pas le discernement !
En d’autres temps, alors que des alliances profanes avaient conduit le peuple de Dieu à abandonner la position de séparation qui devait être la sienne, un Esdras s’humiliait, confessait le péché du peuple et puis se levait pour agir, exhortant tous les hommes de Juda et Benjamin à « faire confession à l’Éternel » d’abord, à « faire ce qui lui est agréable » ensuite, enfin à réaliser une entière séparation « des peuples du pays et des femmes étrangères » (Esdras 10:11 — Lire les chapitres 9 et 10). — Dieu veuille susciter, aujourd’hui, un même esprit d’humiliation et de confession, une même énergie pour agir ! Puisse-t-Il réveiller le zèle de ceux auxquels, par pure grâce, Il a voulu confier son témoignage, afin qu’ils soient rendus capables de le maintenir dans une sainte séparation, selon les enseignements de 2 Timothée 2:19 à 26 et 1 Pierre 1:22, ne perdant pas de vue que cette séparation ne doit pas être extérieure seulement, une sorte de pharisaïsme, mais avant tout intérieure, pour le Seigneur, de telle manière que nous remplissions fidèlement le service auquel nous sommes exhortés : « Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci (les vases à déshonneur), il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre ».
Titre original : Quelques enseignements tirés d’Actes 6 et 7
ME 1959 p. 286
Ce que Dieu a trouvé bon de nous dire de la vie et de la mort d’Étienne est consigné dans les chapitres 6 et 7 du livre des Actes. Étienne nous y est présenté depuis le début de son service jusqu’au moment où, l’ayant achevé, « il s’endormit ». Saul de Tarse, qui alors consentait à sa mort, évoquera plus tard cette fin glorieuse, le sang d’Étienne répandu, « d’Étienne, ton témoin » dit-il (Actes 22:20), le fidèle témoin du Seigneur, le premier des martyrs dont nous parle le livre des Actes. La vie d’Étienne tout autant que sa mort est digne d’arrêter particulièrement notre attention ; nous pourrions penser qu’il ne nous sera pas demandé de sceller notre témoignage de notre sang, ce n’est donc pas tant dans sa mort qu’Étienne est pour nous un exemple — encore qu’il y ait d’utiles enseignements à dégager du récit qui termine le chapitre 7 — ; c’est surtout sa vie, son service que nous pouvons considérer avec fruit, demandant à Dieu qu’Il nous accorde la grâce d’imiter en quelque mesure un tel exemple.
D’un seul, l’Homme Christ Jésus, la vie a été parfaite, du commencement à la fin. Dieu a « sondé son cœur », « visité de nuit », « éprouvé au creuset » et « n’a rien trouvé » (Ps. 17:3), rien trouvé qui ne soit pour sa gloire et la satisfaction profonde de son cœur. Étienne, comme tous les disciples du seul « témoin fidèle » (Apoc. 1:5), a eu sans nul doute ses faiblesses, mais il est très remarquable que le récit d’Actes 6 et 7 ne nous en rapporte aucune. Ces deux chapitres nous le montrent sans défaillances, reproduisant de façon admirable les traits de l’Homme parfait. Le fait mérite d’autant plus d’être souligné que nous n’avons pas beaucoup d’exemples semblables dans les Écritures.
Le premier trait qui caractérise Étienne nous est indiqué avant même que son nom ait été donné. C’est à propos des difficultés survenues à Jérusalem à l’occasion de l’exercice de la bienfaisance qu’il est parlé de « sept hommes » ayant « un bon témoignage, pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » ; Étienne était l’un des sept qui furent choisis comme présentant ces caractères. Les murmures qui s’élevèrent alors constituaient un nouvel effort de l’ennemi contre l’assemblée ; aujourd’hui encore, l’adversaire se sert parfois de ce même moyen pour s’attaquer au témoignage. Dans les premiers jours de l’histoire de l’Église, les dons étaient apportés « aux pieds des apôtres ; et il était distribué à chacun, selon que l’un ou l’autre pouvait en avoir besoin » (Actes 4:35). Le verset 2 d’Actes 6 nous montre bien que les apôtres remplissaient à cet égard un service actif ; le Seigneur leur fait toucher du doigt que ce n’était pas là ce qui convenait : d’une part, ils « laissaient la parole de Dieu », étaient en quelque mesure empêchés de « persévérer dans la prière et dans le service de la parole », d’autre part « il s’élevait un murmure des Hellénistes contre les Hébreux » (Actes 6:2, 4, 1). En apparence, n’était-ce pas mieux que les apôtres s’occupent eux-mêmes de cette charge ? Sans doute, mais la Parole nous montre quelles en furent les conséquences pour tous, pour l’assemblée aussi bien que pour eux. Lorsqu’une action est exercée d’une manière qui n’est pas selon la pensée du Seigneur, l’on peut être assuré que, tôt ou tard, trouble et désordre surviendront. Aujourd’hui, le danger n’est sans doute pas tant que des frères qui devraient avant tout « persévérer dans la prière et dans le service de la parole », cultivant et exerçant le don qu’ils ont reçu du Seigneur, consacrent une partie de leur temps à remplir la charge de « celui qui distribue » (Rom. 12:8), il est plutôt que tous les frères d’une assemblée locale pensent avoir à s’occuper de cette « distribution ». Une réflexion, couramment entendue et faite sans doute en bonne conscience, montre combien est peu compris parfois l’enseignement des Écritures sur ce point : du moment, dit-on, que je participe à la collecte en vue de l’exercice de la bienfaisance (selon 1 Cor. 16:2 et Héb. 13:16), je puis bien faire entendre ma voix lorsqu’il s’agit de « distribuer » ce qui a été recueilli, à tout le moins savoir comment a été employé ce que j’ai libéralement donné. Cela semble juste et l’argumentation paraît sans réplique. Mais où trouvons-nous un principe semblable dans les Écritures ? Certes, nous le trouvons dans le monde : une saine démocratie n’y faillira pas. Mais Dieu nous garde de l’esprit et des principes de ce monde ! Il vaut d’ailleurs la peine de noter, et cela ne saurait nous surprendre, que lorsque sont méconnus, dans l’exercice de la bienfaisance, les principes d’Actes 6:3, il se produit un jour ou l’autre du mécontentement, générateur de murmures et de désordre, dont les conséquences s’étendent parfois jusque dans d’autres assemblées.
Lorsque nous participons à la collecte faite en vue de la
bienfaisance, à qui apportons-nous notre offrande ? N’est-ce pas au
Seigneur Lui-même, pour son œuvre et pour les besoins des siens ? Si nous
en avons pleine conscience, serons-nous tellement préoccupés de savoir ce qui
sera fait de ce que nous avons donné ? La responsabilité des frères
— « Jetez donc les yeux,
frères
… » — est de choisir,
parmi eux, ceux qui sont qualifiés pour être « établis sur cette
affaire » (Actes 6:3). L’enseignement de l’Écriture nous paraît
clair : cette « affaire » n’est pas celle de tous les frères —
encore bien moins des sœurs — mais de quelques-uns seulement, qualifiés pour
s’en occuper.
Exercer la bienfaisance, « distribuer » le produit des
collectes est certes une « affaire » délicate entre toutes. Ce qu’il
faut distribuer, c’est ce qui a été donné pour le Seigneur, c’est à son œuvre
que nous sommes responsables de coopérer, ce sont ceux de ses rachetés qui
peuvent se trouver dans la difficulté qu’il faut aider ; il y a des
besoins ici et là, il importe de discerner les vrais
besoins et d’y pourvoir avec sagesse. Quel exercice avec le
Seigneur, quelle communion de ses pensées cela demande ! Pour remplir avec
fidélité une telle charge, il ne convient pas de se fier aux apparences, d’agir
par routine, avec une sorte d’automatisme et dans le respect de traditions
établies. Il est facile de remettre un don, il est très difficile de le faire
avec sagesse et discernement. Un don peut apporter beaucoup de bien, non
seulement matériellement mais aussi spirituellement ; il peut aussi
produire des fruits de nature opposée si, par exemple, il constitue un
encouragement, un témoignage de communion dans le service, pour celui qui, au
contraire, aurait besoin d’être averti, peut-être même repris, ou encore s’il
favorise une tendance à la paresse et à l’oisiveté. C’est le bien spirituel de
celui vis-à-vis duquel la bienfaisance est exercée qu’il faut avoir en vue,
n’oubliant pas que l’on risque parfois d’aboutir au résultat inverse tout en
croyant, par la remise d’un don, coopérer à l’œuvre du Seigneur. La manière suivant
laquelle le don est remis a aussi son importance ; il y a sans doute, dans
bien des cas, une parole à dire et il faut que ce soit la « parole dite en
son temps », celle qui est « bonne » (Prov. 15:23). La
« parole » peut être, au point de vue spirituel, plus utile encore
que le don.
Pour une « affaire » aussi difficile, quels sont les frères qui doivent être choisis ? N’arrive-t-il pas, hélas ! que l’on désigne tel ou tel simplement parce que ses occupations professionnelles l’ont familiarisé avec les questions d’argent, les opérations comptables, les envois de fond, la correspondance ? C’est probablement plus courant que nous ne le pensons. Et il peut se faire qu’un tel frère, bien que très dévoué et fidèle, ne présente cependant pas l’ensemble des qualités requises pour justifier ce choix. À considérer les expressions employées par les apôtres, l’on peut comprendre l’importance de la charge confiée aux frères choisis pour la remplir : ils doivent avoir « un bon témoignage » et être « pleins de l’Esprit Saint et de sagesse » (Actes 6:3).
Un bon témoignage, c’est le premier point. Rien dans la vie pratique, dans l’assemblée et hors de l’assemblée, ne doit porter atteinte à l’autorité morale nécessaire pour exercer la charge ; il faut une vraie piété, la crainte de Dieu qui donne la connaissance de son « secret » (cf. Ps. 25:14). Mais ce premier point, s’il est nécessaire, n’est pourtant pas suffisant ; c’est, en outre, un frère spirituel qui doit être choisi : il faut qu’il soit « plein de l’Esprit Saint », que ses pensées soient formées par le Saint Esprit. Il aura ainsi le discernement de ce qui est pour le Seigneur et en vue de son œuvre. Enfin, il faut qu’il soit « plein de sagesse », c’est-à-dire capable de mettre en pratique ce que l’intelligence spirituelle lui aura permis de discerner. Car il ne suffit pas de voir les choses, il convient d’agir en conséquence et c’est souvent le plus difficile. Il peut arriver parfois que l’on ait conscience que, dans tel cas, il vaudrait mieux, pour le bien de l’ouvrier et de l’œuvre du Seigneur, s’abstenir de donner ce qui sera pris pour un encouragement et une marque de communion, et que l’on n’ait cependant pas la sagesse nécessaire pour agir comme il conviendrait.
Des frères pourraient sans doute reculer en considérant ce qui est requis de ceux qui ont à assurer la distribution des offrandes recueillies — comme aussi, d’ailleurs, en présence des caractères que doivent manifester les « anciens » pour être qualifiés dans l’exercice de leur charge (1 Tim. 3:1-7 ; Tite 1:6-9). Qu’il s’agisse des charges de « serviteur » (Actes 6:3 ; 1 Tim. 3:8-13) ou d’ancien, la Parole nous présente un tel ensemble de caractères à revêtir que l’on pourrait à bon droit s’écrier : mais je ne saurais prétendre ni à l’une ni à l’autre de ces charges ! Et sans doute il ne convient de prétendre à aucune. Que cependant celui qui aspire à la surveillance » soit assuré qu’il « désire une œuvre bonne » (1 Tim. 3:1) et qu’exercé avec le Seigneur, il s’applique — car il y faut une réelle « application » ; c’est une école, l’école de Dieu, à laquelle nous « apprenons » (cf. 2 Cor. 5:9 et Tite 3:8 et 14) — à manifester les caractères qui les qualifieront pour cela.
Lorsque les frères eurent entendu les paroles des apôtres, ils n’opposèrent aucune objection et obéirent avec joie : puissions-nous toujours agir de même en présence des enseignements de l’Écriture ! Il nous est dit que « ce discours plut à toute la multitude » et qu’aussitôt, ils choisirent sept hommes d’entre eux, Étienne le premier (Actes 6:5). Il était donc bien un frère dont on pouvait dire qu’il avait « un bon témoignage » et qu’il était « plein de l’Esprit Saint et de sagesse ». Tels sont les caractères qui le marquaient déjà lorsque nous le voyons paraître sur la scène. Quel heureux commencement de sa vie chrétienne, de son service public ! Jeunes croyants, jeunes frères, encore au début de votre chemin, n’avez-vous pas le désir d’un aussi beau départ ? Dans ce domaine, soyez ambitieux. Que Dieu Lui-même vous anime de saintes et pures ambitions pour Le servir tous les jours de votre vie, comme Étienne l’a servi !
Une autre remarque : les noms de ces sept hommes nous sont donnés au verset 5 ; pour Étienne seul (exception faite encore, à la rigueur, de Nicolas, duquel il est simplement dit qu’il était « prosélyte d’Antioche ») un détail est ajouté : « homme plein de foi et de l’Esprit Saint ». Plein de foi ! La foi est ici ce que la grâce avait mis dans son cœur pour lui faire saisir Christ ; sa foi s’emparait d’une manière réelle et complète de l’Objet placé par Dieu devant elle. Déjà dès les premiers pas de son sentier, Étienne est tout entier rempli de Celui qui est l’Objet de sa foi. Quelle vie que la sienne : rempli de Christ au début et tout au long de son ministère, rempli de Lui encore à la fin ! C’est le secret d’un service fidèle, d’une vie à la gloire du Seigneur. Plein de foi ! Sans doute aussi, plein d’une entière confiance en Celui qu’il désire suivre et servir, qu’il suivra et servira jusque dans sa mort même. Il aura à rencontrer, et de quelle manière, la puissance de l’adversaire du commencement à la fin de sa course, ces deux chapitres nous le montrent, mais il est revêtu du « bouclier de la foi ». Aussi il ira sans crainte, fidèle jusqu’au bout, « fidèle jusqu’à la mort ».
Remarquons encore que le choix dont il est question au verset 5 d’Actes 6 est celui de serviteurs ; il est de la compétence des frères, alors que celui des anciens ne pouvait être fait que par l’autorité apostolique (cf. Tite 1:5 : l’apôtre n’aurait pas chargé Tite, son délégué, d’établir des anciens si cela avait été de la compétence des frères ou des assemblées). L’imposition des mains, dont il est parlé à la fin du verset, n’est pas autre chose qu’un acte d’identification : tous les frères sont pleinement d’accord avec ceux qui ont été choisis ; ils agiront eux sept au nom de tous, ils ont la communion des frères dans l’exercice de leur charge. Cette charge, c’est eux qui ont à la remplir et non l’ensemble des frères mais il y a, entre eux tous, entière confiance et réelle communion. Aucun désir de s’enquérir, de s’immiscer dans un service qui est la charge de quelques-uns, à plus forte raison de vouloir exercer une sorte de contrôle qui serait la négation de toute confiance. Certes, les frères qui ont l’exercice de la charge sont heureux de pouvoir, chaque fois que cela leur paraît utile, demander une pensée, un conseil même, à tel ou tel ; ils répondront toujours aux questions suscitées par un intérêt réel et intelligent pour l’œuvre et non par la curiosité.
Ils auront à cœur d’agir dans l’humilité, l’oubli de soi-même et la recherche de la communion des saints. Quelle perte ce serait si ce service — comme d’ailleurs tout service — était accompli sans que cette communion soit réalisée ou, pis encore, de manière qu’elle en serait troublée ! Soulignons enfin ce dernier point : ce n’est pas parce que la responsabilité d’un tel service incombe à quelques-uns seulement que ceux qui n’en sont pas chargés doivent penser qu’ils peuvent se désintéresser de besoins susceptibles de se manifester ; il y a toujours une responsabilité personnelle à cet égard, à laquelle chacun doit faire face, ne serait-ce qu’en signalant de vrais besoins aux frères chargés de la répartition des dons, et en les présentant au Seigneur dans une persévérante intercession. Tout cela est fait dans la communion fraternelle mais sans porter atteinte au principe : la responsabilité incombe à ceux qui ont la charge, ils agissent ayant la confiance des frères et de l’assemblée, avec l’entière discrétion qui fait trop souvent défaut.
Un troisième trait caractérisant Étienne nous est donné au verset 8 de ce même chapitre 6 du livre des Actes : « plein de grâce et de puissance », il « faisait parmi le peuple des prodiges et de grands miracles ». Avant qu’il soit fait mention de ses paroles, il est question de ses actes : là encore, nous pouvons le considérer comme imitateur du parfait Modèle, Celui qui « faisait » d’abord, « enseignait » ensuite (cf. Actes 1:1). Étienne, fidèle dans son service de diacre, avait rapidement « acquis un bon degré » pour lui et « une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus » (1 Tim. 3:13), aussi sera-t-il appelé à servir dans une sphère plus étendue. Dieu élargit ses limites premières et est avec lui dans ce qui maintenant lui est confié, de sorte qu’il peut agir « plein de grâce et de puissance ». Il est tout entier consacré à l’œuvre de son Maître : il est « plein » de l’Esprit Saint et de sagesse, de foi et de l’Esprit Saint, de grâce et de puissance (v. 3, 5 et 8). La puissance manifestée dans son service est intimement liée à la grâce, à la foi, à la spiritualité, et il en est toujours ainsi dans un service fidèle.
Puis, lorsqu’il est question de ses paroles : « ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait » (vers. 10). Ses actes donnent de l’autorité à ses paroles mais tout, actes aussi bien que paroles, découle de ce dont il était « plein » : sagesse, Esprit Saint. Quand il agit, il est « plein de grâce et de puissance », quand il parle, c’est la même puissance qui opère, de sorte qu’aucun de ses adversaires ne pouvait résister.
Tout cela ne nous fait-il pas mieux comprendre pourquoi il y a si peu de puissance dans notre service — actes et paroles — pourquoi il est tellement marqué du sceau de la faiblesse ?
Ne pouvant résister « à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait », les Juifs auront recours au mensonge, ils iront chercher de faux témoins. N’ont-ils pas déjà agi de la même manière à l’égard de Celui dont Étienne était l’imitateur ? (cf. Matt. 26:59 à 68). En entendant ces faux témoins l’accuser d’avoir « proféré des paroles contre le saint lieu et contre la loi », quelle est l’attitude d’Étienne ? Tous ceux qui étaient assis dans le sanhédrin ont devant leurs yeux un saisissant témoignage : ils « virent son visage comme le visage d’un ange » (Actes 6:15). C’est le cinquième trait qui caractérise Étienne dans ce récit. Au terme de son ministère, il nous est présenté « plein de l’Esprit Saint, et ayant les yeux attachés sur le ciel », voyant « la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu » (7:55), mais déjà ne jouissait-il pas de la contemplation d’un Christ céleste et glorieux ? Tel Moïse jadis qui « ne savait pas que la peau de son visage rayonnait parce qu’il avait parlé avec Lui » (Ex. 34:29) ! Et c’est l’homme céleste, « contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur » qui, « transformé en la même image, de gloire en gloire » (cf. 2 Cor. 3:18), va prononcer les paroles qui établissent la culpabilité du peuple tout au long de son histoire, depuis le rejet de Joseph par ses frères (Actes 7:9) jusqu’à la crucifixion « du Juste » (vers. 52), Celui dont Joseph n’était qu’un type.
La vérité présentée à leurs consciences endurcies produit chez les Juifs un déploiement de haine contre le fidèle témoin : « ils frémissaient de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui » (vers. 54). « Mais lui… », deux mots qui nous présentent, ici comme en tant d’autres passages, un contraste saisissant entre un ensemble qui ne veut pas de Christ et le témoin dont la foi brille d’un éclat d’autant plus vif qu’est plus sombre le fond du tableau. Les Juifs, après avoir rejeté leur Messie, restent insensibles à l’invitation qui leur est encore adressée comme une réponse à l’intercession de Celui qui, sur la croix, a demandé à son Père de pardonner à ceux qui, alors, « ne savaient ce qu’ils faisaient » (Luc 23:34). « Mais lui », « plein de l’Esprit Saint » comme il l’a toujours été, a « les yeux attachés sur le ciel ». Sixième trait à souligner dans l’histoire d’Étienne. Quelle contemplation pour celui qui a ainsi « les yeux attachés sur le ciel » ! Il voit « la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu ; et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Actes 7:55, 56).
C’est « le Fils de l’homme », et non le Messie, qu’Étienne voit « debout à la droite de Dieu ». Scène unique, comme il n’y en avait jamais eu de semblable jusqu’alors : un homme sur la terre pouvait contempler un homme, l’homme Christ Jésus, dans le ciel ! Jésus, son seul Objet, Celui dont il a été rempli tout au long de son ministère, c’est Jésus qu’il voit dans la gloire du ciel ! « Plein de l’Esprit Saint » dès le début de son service et même avant d’être choisi pour servir, il est encore « plein de l’Esprit Saint » au moment où son service est à son terme. Quel commencement et quelle fin ! Quel sentier parcouru dans lequel, d’après le récit de ces deux chapitres (et c’est tout ce que l’Écriture nous rapporte de la vie d’Étienne), tout a été à la gloire de Dieu ! Merveilleux reflet de Christ ! Étienne l’a été dans sa vie, il le sera aussi dans sa mort — dans la mesure où il pouvait l’être — et de quelle manière remarquable !
C’est le septième trait sur lequel nous désirons arrêter notre attention. Il complète un ensemble qu’il vaut la peine de considérer tant il est riche d’instruction pour nous, édifiant pour nos âmes, car nous pouvons voir en Étienne, non seulement un reflet du Seigneur Jésus mais aussi la personnification d’un croyant qui jouit d’un Christ céleste, objet de sa foi, dans une mesure telle que, dans son service, il en reproduit quelques caractères.
Les dernières paroles que leur adresse Étienne :
« Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la
droite de Dieu » (7:56) portent à son paroxysme la haine des Juifs ;
ils ne se contentent plus de frémir de rage dans leurs cœurs et de grincer les
dents contre lui, comme ils l’avaient fait après qu’il leur avait parlé
« du Juste … mis à mort
»
(v. 52, 54), maintenant qu’il leur présente vivant
et glorieux Celui qu’ils avaient élevé sur une croix, leur violence se déchaîne
et ne connaîtra plus de limites : ils bouchèrent leurs oreilles, refusant
d’entendre un tel message, « et d’un commun accord se précipitèrent sur
lui » (vers. 57). Jésus a été crucifié « près de la ville », Il a
« souffert hors de la porte » (Jean 19:20 ; Hébr. 13, 12), les formes de la
loi avaient été respectées, elles le seront aussi pour Étienne : « et
l’ayant poussé hors de la ville, ils le lapidaient » (Actes 7:58 ;
cf. Deut. 17:5 à 7 : les « témoins » sont là et Étienne est
traité comme un homme qui a fait « ce qui est mauvais aux yeux de
l’Éternel », présentant les caractères indiqués en Deut. 17 , 2 et 3).
Comme son Maître a enduré les souffrances qui lui ont été infligées par les hommes, de la troisième à la sixième heure, Étienne supporte sans une plainte les douleurs de la lapidation. Et lui aussi, il prie ! Imitateur de Christ dans sa mort comme il l’a été dans sa vie, il intercède pour ses bourreaux, sans toutefois employer exactement les paroles prononcées par le Seigneur sur la croix ; absorbé par la contemplation de la gloire, jouissant de Christ d’une manière plus précieuse encore qu’il ne l’avait fait durant son ministère, il est transformé à sa ressemblance morale et, priant, il a les paroles qui conviennent alors : « Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché ».
« Et quand il eut dit cela, il s’endormit » (Actes 7:60). L’Écriture parle plus d’une fois de « s’endormir », pour « mourir », dans l’ancien comme dans le nouveau Testament (par exemple 1 Rois 2:10 ; Matt. 27:52 ; Jean 11:11). Mais Étienne est le premier des croyants dont l’Écriture fasse mention comme « s’endormant » pour aller auprès de Jésus ; son départ donne le caractère de tous les croyants de la période actuelle — celle de l’Église — qui auront à passer par la mort. Puisse sa vie aussi nous caractériser, une vie tout au long de laquelle il a manifesté une vraie conformité à un Christ rejeté par les hommes, glorifié dans le ciel !
Et que Dieu nous accorde la grâce de tirer quelque profit des enseignements contenus dans les chapitres 6 et 7 du livre des Actes, en relation avec la vie et la mort de ce fidèle témoin !
ME 1968 p.225
L’enseignement de l’Écriture étant aussi clair que possible sur ce point, il pourrait sembler superflu de rappeler que le privilège de l’action dans l’assemblée n’est confié qu’aux frères. Des passages qui ne peuvent prêter à divergences d’interprétation sont pourtant méconnus par une partie de la chrétienté, qui non seulement accepte le ministère des femmes mais encore se glorifie de ce qu’elle considère comme une heureuse évolution ; citons ces passages : « Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler … car il est honteux pour une femme de parler dans l’assemblée » — « Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission ; mais je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni d’user d’autorité sur l’homme ; elle doit demeurer dans le silence » (1 Cor. 14:34, 35 ; 1 Tim. 2:11, 12). Pour un cœur fidèle, soumis à l’Écriture, aucune hésitation n’est possible, il n’est que d’obéir. Ajoutons qu’un croyant qui désire se conformer aux enseignements de la Parole ne saurait se trouver dans un rassemblement qui reçoit le ministère des femmes ; il comprend que sa place n’est pas là.
Les frères, et les frères seuls, ont donc le privilège, la liberté de l’action. Mais ce privilège, comme tous les privilèges d’ailleurs, comporte des responsabilités ; la liberté de l’action est loin d’être sans limites. Agir dans l’assemblée, en la présence du Seigneur, est chose extrêmement sérieuse ; ne risquons-nous pas de le perdre de vue parfois ? Ce ne peut être réalisé selon la pensée de Dieu que dans la dépendance du Saint Esprit : une action qui n’aurait pas le Saint Esprit comme source devrait être exclue, elle n’a aucune place dans l’assemblée. C’est toujours avec beaucoup de crainte qu’un frère devrait envisager d’ouvrir la bouche dans une réunion et il serait mieux qu’il s’abstienne s’il n’a pas le sentiment d’agir sous la direction de l’Esprit.
Le but de toute action, 1 Corinthiens 14 nous l’enseigne, c’est l’édification de l’assemblée. Seul l’Esprit de Dieu peut donner ce qui est propre à édifier, ce qui peut répondre aux besoins des saints, aux besoins du moment comme aussi aux besoins permanents. Si donc l’action exercée par un frère, de manière habituelle, n’édifie pas l’assemblée, on peut bien penser que ce n’est pas le Saint Esprit qui la dirige et, en conséquence, il convient de l’arrêter. C’est un devoir d’amour envers ce frère, envers l’assemblée, envers le Seigneur. L’un de nos conducteurs a écrit : « Si quelqu’un parle dans l’assemblée et qu’habituellement son action n’édifie pas, je crois qu’il faut l’arrêter. Je n’ai jamais pu comprendre que l’assemblée de Dieu puisse être le seul lieu où la chair soit libre d’agir sans être réprimée ; c’est une folie de penser qu’il doive en être ainsi. Je désire que la plus complète liberté soit donnée à l’Esprit, mais aucune quelconque à la chair » (J. N. D.). Il est nécessaire d’intervenir dans des cas de ce genre car non seulement l’assemblée ne reçoit aucune édification mais encore elle souffre d’une action qui n’est pas spirituelle. Cette intervention doit toujours être faite dans l’amour, avec douceur, de telle manière qu’elle n’apporte aucun trouble et qu’au contraire elle soit utile et profitable à celui qui en est l’objet. D’un côté, il ne faut pas laisser l’assemblée dans la souffrance ; de l’autre, il convient d’agir avec sagesse et discernement, cherchant le bien de celui dont l’action n’édifie pas.
Certes toute action est difficile à exercer, mais s’il en est une qui l’est particulièrement, c’est bien l’action initiale, indication d’un cantique, prière, lecture de la Parole, par quoi un frère commence la réunion. Tout au contraire, quelques-uns la considèrent comme étant la plus facile : parce qu’il n’y en a eu aucune qui l’ait précédée, ils pensent qu’il n’y a nul danger de s’écarter du courant de l’Esprit. C’est oublier que, l’heure « venue », la réunion commence dans le silence : au sein de l’assemblée recueillie l’Esprit Saint agit, opérant dans les cœurs, et la première action exercée doit être en accord avec le courant de pensées ainsi produit, que seul le Saint Esprit nous fera discerner. De telle sorte que la première action peut fort bien ne pas être spirituelle, ce qui est grave de conséquences car cela peut parfois fausser tout le cours de la réunion. — Soulignons ici un point de quelque importance : une action est exercée, d’autres suivent en accord avec la première, ce qui est susceptible de laisser croire qu’il y a eu vraiment une direction de l’Esprit dans le déroulement de la réunion, alors qu’il n’en est peut-être rien. En effet, l’esprit humain est parfaitement capable de trouver quelques phrases, ou encore des cantiques, ou bien certaines portions de la Parole se rattachant à une idée exprimée, de telle façon que l’ensemble apparaisse coordonné ; il n’en est pas pour autant conduit et dirigé par l’Esprit de Dieu. Un frère spirituel discernera plus ou moins vite que cet enchaînement n’est pas le fruit d’une action de l’Esprit, il n’en éprouvera ni l’onction ni la puissance, et l’action qu’il pourra être amené à exercer constituera alors une sorte de cassure, ce que certains interpréteront comme une interruption du courant de l’Esprit tandis qu’en fait elle aura pour effet de le rétablir, ou de l’établir.
Qu’un frère propose le chant d’un cantique au début d’une réunion d’édification, un autre auquel on s’attend plus ou moins pour présenter la Parole et qui peut-être avait devant lui un message à donner, avec une nette direction de l’Esprit, se défiant de lui-même et craignant de s’être mépris sur ce qu’il devait dire, ou bien se taira ou continuera dans le courant de pensées introduit par le cantique, et la réunion pourra être en grande partie perdue si le cantique proposé n’était pas le fruit d’une action spirituelle. Le fait est encore plus marquant lorsqu’un frère est de passage dans une autre assemblée où il a la charge d’une réunion, soit qu’elle ait été convoquée spécialement, soit que la responsabilité d’une réunion habituelle lui ait été laissée : un cantique indiqué en dehors de la pensée de l’Esprit risque d’égarer le serviteur, l’empêchant peut-être, si sa spiritualité est momentanément en défaut, de présenter ce qu’il avait à donner pour l’édification de l’assemblée. Remarquons d’ailleurs que lorsqu’il s’agit d’une réunion à la charge d’un frère il est convenable de lui laisser le choix d’un premier cantique. — Tout cela sans perdre de vue qu’un frère appelé à présenter la Parole sera parfois très heureux d’avoir une indication, qui lui sera donnée par le cantique proposé, s’il l’est sous la direction du Saint Esprit. Qu’en toutes choses ce soit l’Esprit qui nous conduise !
Si nous insistons sur ce point, c’est en raison même de son importance. Répétons-le : il n’est pas d’action plus difficile à exercer, qui nécessite plus de discernement et de spiritualité, que l’action initiale. Et si toute action demande dépendance, crainte et tremblement, combien plus celle-là ! S’il y a un moment dans la réunion où, tout particulièrement, il ne devrait y avoir ni hâte ni précipitation, c’est bien tout au début. Si vraiment aucun frère n’a une direction spirituelle très nette, un moment d’attente et de prière — silencieuse ou exprimée — est combien préférable, même s’il devait être prolongé !
L’une des pensées dominantes présentées par l’apôtre dans les chapitres 10 à 14 de la première épître aux Corinthiens est l’unité. Tout autant que la cène du Seigneur célébrée à sa table, la présence et les dons de l’Esprit sont en relation avec l’unité du corps et chaque croyant est responsable à cet égard de l’emploi des dons qui lui ont été départis, tout comme il l’est quant à sa participation à la cène. Nous ne réalisons pas, pratiquement, l’unité du corps lorsqu’un membre ne prend pas la place qui lui est assignée par le Saint Esprit. Il est indispensable que les membres du corps gardent chacun leur place, remplissent chacun leur fonction, chacun puisant la force à sa source et recevant de l’Esprit Saint les directions nécessaires. S’il en est ainsi, nous serons gardés d’actions précipitées ou déplacées, susceptibles de produire un certain malaise beaucoup plus que l’édification des saints. Qu’aucun des frères ne perde de vue sa propre responsabilité pour toute action à exercer, « et que les autres jugent » (1 Cor. 14:29). Si un frère parle dans l’assemblée et que, de manière habituelle, son action n’apporte aucune édification, ceux qui laissent faire sont responsables de cet état de choses tout comme lui, bien que les responsabilités ne soient pas les mêmes de part et d’autre. La difficulté de l’intervention à exercer, très réelle certes, ne doit pas être considérée comme susceptible de justifier ou d’excuser la non-intervention. Là, comme en toutes choses, la prière demeure notre grande ressource : nous pouvons être assurés que Dieu saura donner la sagesse nécessaire et les paroles qui conviendront, qu’il saura aussi incliner le cœur de celui dont l’action pèse sur l’assemblée au lieu de l’édifier, de sorte qu’il sera disposé à recevoir la parole d’exhortation et d’avertissement. Dieu est plus grand que tous, nous l’oublions parfois !
Combien il est à désirer que dans l’assemblée chacun demeure à sa place et remplisse le service qui lui est échu, sans dépasser sa mesure et sans rester en-deçà ! Quelle bénédiction si le Saint Esprit pouvait toujours agir sans rien qui le contriste, se servant d’instruments préparés qu’il pourrait employer pour l’édification de l’assemblée ! Pour qu’il en soit ainsi, il convient, en effet, tout d’abord, que les frères — et les sœurs également, mais les frères en particulier puisqu’ils ont la responsabilité de l’action — soient nourris de Christ. Une vie individuelle caractérisée par la piété, la crainte de Dieu, l’attachement au Seigneur, aura d’heureuses répercussions dans la vie et les réunions de l’assemblée. Si la Parole a été lue avec prières, méditée, étudiée, il y aura dans le rassemblement des instruments à la disposition de l’Esprit Saint. Tandis que bien souvent nos vies individuelles sont surtout occupées et remplies par toutes les choses d’en bas, de sorte que nous venons dans le rassemblement dans une condition telle que le Saint Esprit ne peut se servir de nous — nous parlons ici des frères, bien entendu. Nous venons parfois le cœur vide, sinon rempli des choses terrestres, et nous nous attendons à un ou des frères ayant l’habitude d’agir ! Nous comprenons ainsi pourquoi la réunion d’assemblée selon 1 Corinthiens 14 est difficile à réaliser : nos âmes sont en général trop peu nourries de Christ, de la Parole, de telle sorte que trop peu nombreux sont les instruments dont le Saint Esprit peut se servir pour une action utile et profitable.
Insistons sur ce point au risque de nous répéter : la réalisation pratique de la présence du Saint Esprit et sa libre action au milieu d’elle sont indispensables à la vie de l’assemblée et conditionnent sa prospérité. La méconnaissance de cette vérité laisse le champ libre à l’action de la chair et jette du déshonneur sur le nom du Seigneur, Chef du corps, de l’Assemblée. Tout devrait être accompli dans la dépendance et la puissance de l’Esprit Saint ; le moindre service dans l’assemblée, la moindre fonction dans le corps de Christ, une lecture, une action de grâces, une prière, tout devrait être le résultat de la seule activité de l’Esprit. Cette action du Saint Esprit, si rien en nous ne vient l’entraver, nous gardera de toute impatience, de toute précipitation ; elle nous conduira à nous attendre au Seigneur, n’empêchant personne d’agir et ne refusant pas d’ouvrir la bouche si nous y sommes conduits. Il doit toujours y avoir une pleine liberté dans le rassemblement, mais la seule vraie liberté de l’Esprit ; une certaine gêne existe parfois et elle est très regrettable, moins cependant que la hardiesse de celui qui se met en avant parce qu’il y a possibilité de s’exprimer et non parce que le Seigneur lui donne ce qui est à propos pour édifier l’assemblée. Comme il nous serait profitable de ne jamais oublier ce qu’écrit l’apôtre Pierre dans sa première épître : « Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu » (4:11) ! Quelqu’un peut émettre des pensées tout à fait justes, conformes à l’Écriture, et cependant donner autre chose que ce que Dieu voudrait placer devant l’assemblée à ce moment-là. Si un frère n’est pas pleinement assuré que ce qu’il désire présenter est bien ce qui convient à l’assemblée dans le moment présent, il est préférable qu’il attende.
Il y a donc un double danger : d’une part, garder le silence alors que l’on a ne serait-ce que « cinq paroles » pour l’édification de l’assemblée ; d’autre part, être toujours disposé à se mettre en avant sans avoir l’assurance d’être conduit par le Saint Esprit et alors que les frères, appelés à « juger » (1 Cor. 14:29), ont, eux, le sentiment que l’action exercée n’est pas spirituelle. Que Dieu nous tienne près de Lui, nous défiant de nous-mêmes et dépendants de son Esprit, afin que dans l’assemblée nous puissions éviter l’un et l’autre de ces deux écueils, étant rendus capables d’exercer une action bienfaisante qui apportera édification et bénédiction !
ME 1967 p.119
Bien qu’en prison à Rome, Paul s’intéressait à toutes les assemblées et en particulier à celle de Philippes. Puissions-nous manifester un pareil intérêt pour l’assemblée de Dieu, spécialement pour l’assemblée locale, étant exercés au sujet de ses circonstances, pensant à ses divers besoins dans la prière et l’intercession, désirant et recherchant sa prospérité et son bien ! Nous en éprouverons une bénédiction, selon ce que nous dit le Psaume 122:6. — Deux sœurs de l’assemblée de Philippes, Évodie et Syntyche, avaient entre elles un différend et c’est sans doute l’un des motifs qui amènent l’apôtre à écrire son épître aux Philippiens. Était-ce donc si grave que cela nécessitât un aussi long développement de pensées ? L’apôtre inspiré a estimé que oui et cela nous permet de comprendre que des circonstances que nous jugerions parfois de peu d’importance, telles qu’un désaccord entre deux croyants, soient susceptibles d’avoir, si les remèdes que peut suggérer la grâce divine n’y sont pas apportés, des conséquences fâcheuses sur l’état de l’assemblée.
Par l’envoi de son épître, l’apôtre va remplir le si précieux service du « lavage des pieds » à l’égard des deux sœurs comme aussi, d’une façon générale, envers « tous les saints dans le Christ Jésus qui sont à Philippes, avec les surveillants et les serviteurs ». Il agit à l’exemple du parfait Modèle, avec sagesse et amour, s’adressant au cœur pour toucher la conscience. Jean 13 nous dit que le Seigneur « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin » ; le premier témoignage qu’Il leur donne alors de son amour pour eux est celui-ci : Il leur lave les pieds. L’apôtre prend la même place pour remplir le même service d’amour. Le lavage des pieds est opéré par le moyen de la Parole, dont l’eau du bassin est une figure en Jean 13. La Parole nous présente Christ ; Christ placé devant l’âme, tel est en fait le lavage des pieds : sa Personne, son amour sont alors devant nous de telle manière que notre cœur est remué et notre conscience atteinte, nous sommes ainsi conduits au jugement de nous-mêmes et de nos voies.
Nous comprenons donc pourquoi l’apôtre, afin de remplir ce service, occupe les cœurs des Philippiens de la personne de Christ du commencement à la fin de son épître. Dans les trois premiers chapitres, Christ est présenté comme vie, modèle et but du racheté ; ce que l’apôtre leur écrit à ce sujet n’était-il pas de nature à toucher profondément le cœur des Philippiens, celui d’Évodie et de Syntyche en particulier, et ne préparait-il pas ce qu’il voulait leur dire au chapitre 4 ? Avec quelle patience, quelle sagesse, quel amour il remplit le service placé devant lui ! Sachons imiter son exemple.
Après avoir présenté Christ dans les trois premiers chapitres, l’apôtre, liant ce qui précède à ce qui va suivre, écrit : « Ainsi donc, mes frères bien-aimés… demeurez ainsi fermes dans le Seigneur » (4:1). Ce verset est comme la conclusion des chapitres précédents et l’exhortation qu’il contient ouvre la porte à l’enseignement du chapitre 4. — L’exhortation à « tenir ferme » est souvent rappelée dans l’Écriture ; c’est la seule qui soit adressée à Philadelphie : « tiens ferme ce que tu as » (Apoc. 3:11). Garder la Parole, ne pas renier le nom du Saint et du Véritable, tenir ferme en cela, tel est le secret d’un témoignage fidèle dans des jours de ruine. Exhortons-nous les uns les autres à « tenir ferme », manifestant les véritables caractères du témoignage philadelphien ! Demeurer ferme dans l’obéissance à la Parole, dans l’attachement à Christ — et c’est sur ce point que porte tout particulièrement l’exhortation de l’apôtre — nous permettra de marcher fidèlement et de ne nous laisser ébranler en rien dans les circonstances que nous pourrons avoir à traverser : dans les jours les plus difficiles, la Parole demeure notre guide et le solide point d’appui de la foi et le Seigneur, toujours fidèle, nous conduira « dans des sentiers de justice, à cause de son nom » (Ps. 23:3).
Remarquons ici que les exhortations les plus importantes de ce chapitre se lient généralement à la personne du Seigneur, ce qui n’est pas pour nous surprendre, eu égard notamment à l’enseignement de l’épître : « demeurez ainsi fermes dans le Seigneur », « ayez une même pensée dans le Seigneur », « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur » et si l’apôtre « peut toutes choses », c’est dans le Seigneur qui le fortifie (v. 1, 2, 4, 13).
Paul « supplie Évodie » et « supplie Syntyche » d’avoir « une même pensée dans le Seigneur ». Il ne dit pas ce sur quoi elles avaient des pensées divergentes, sans nul doute parce que nous n’avions pas besoin de le savoir. Nous donnons souvent beaucoup d’importance à nos sujets de désaccord et aux pensées personnelles que nous défendons généralement avec énergie, alors qu’aux yeux de Dieu tout cela est sans grande valeur. Ce qui est grave et peut avoir de fâcheuses conséquences, c’est le fait même du désaccord ; ce qui est à désirer, c’est que nous réalisions une pleine communion de pensées, ayant « une même pensée dans le Seigneur ». Nous ne pouvons avoir « une même pensée » en vue du bien que lorsque nous avons la pensée du Seigneur. Pour cela, il nous convient d’avoir « les pieds lavés » et de nous trouver ensuite, chacun, à la place qu’occupait « le disciple que Jésus aimait » : « dans le sein de Jésus » (Jean 13:23). Si nous vivions pratiquement et constamment dans la jouissance d’une telle condition morale, nous aurions toujours « une même pensée dans le Seigneur ». Lorsqu’il y a des dissentiments entre nous, ne cherchons pas à accorder nos pensées personnelles à la manière des hommes, au prix de certaines concessions réciproques ; le remède n’est pas là ! Que chacun, « les pieds lavés », demeure « dans le sein de Jésus » et nous goûterons alors les uns avec les autres l’heureuse communion, la seule à cultiver, qui découle de la communion avec le Seigneur.
En entendant la lecture de cette lettre, les deux sœurs pouvaient-elles résister à la supplication si touchante qui leur était adressée ? Il leur eût fallu, semble-t-il, un cœur de pierre. Mais nous savons quelque peu ce que sont nos pauvres cœurs et cela nous permet de comprendre qu’il est parfois bien difficile de suivre un sage conseil, d’écouter une exhortation. Qui n’en a fait l’expérience ? Aussi, en vrai pasteur, l’apôtre sait qu’il ne lui suffit pas d’adresser cette supplication à Évodie et à Syntyche : il prie son « vrai compagnon de travail » (peut-être Épaphrodite) d’être en aide à « celles qui ont combattu avec lui dans l’évangile » et nous aimons penser que les deux sœurs étaient de celles-là. Service précieux et utile qui est la part des frères que leur âge, leur expérience, leur sagesse, leur spiritualité qualifient pour cela ! Qu’aucun d’eux, dans des circonstances semblables, ne reste en arrière si le Seigneur l’envoie, mais au contraire, avec tout le secours de la grâce de Dieu, apporte l’aide nécessaire pour amener des croyants en désaccord à avoir « une même pensée dans le Seigneur » ! L’exhortation que Paul adresse à son « vrai compagnon de travail est l’occasion de présenter Évodie et Syntyche comme étant de celles qui ont « combattu avec lui dans l’évangile ». Il eût été attristant que ces deux noms furent conservés dans l’Écriture pour rappeler seulement que ces deux sœurs avaient des dissentiments entre elles. Comme on est heureux de voir Paul ajouter un détail pour signaler ce qu’Évodie et Syntyche avaient fait pour lui et pour l’évangile !
Rien de ce qui est fait pour le Seigneur n’est oublié : « Dieu n’est pas injuste pour oublier votre œuvre et l’amour que vous avez montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore » (Héb. 6:10). Et ceux qui ont le privilège de servir ainsi, à leur place et dans leur mesure, sont l’objet, semble-t-il, d’une sollicitude particulière le jour où ils ont une défaillance : de quels soins sont les objets « celles qui ont combattu » avec Paul, de sa part d’abord et ensuite par le moyen de son « vrai compagnon de travail » !
Ce désaccord survenu entre deux sœurs de l’assemblée pouvait-il être un obstacle à la joie des Philippiens ? Non, car aussitôt après en avoir parlé l’apôtre écrit : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous » (v. 4). D’une part sans doute l’exercice et l’humiliation, mais d’autre part la joie ; les deux ne sont pas incompatibles comme nous le croyons souvent. Il y a certes pour nous bien des sujets d’exercice et d’humiliation, il convient que nous y pensions, mais cela ne doit jamais nous conduire à l’accablement, nous pouvons quoi qu’il en soit nous réjouir, nous réjouir toujours « dans le Seigneur ». Là encore, c’est « dans le Seigneur » que nous avons à réaliser l’exhortation et ce n’est qu’en Lui que nous pouvons le faire sans pour autant perdre de vue les exercices par lesquels nous avons à passer. Vivre assez près de Lui et « demeurer fermes » dans cet attachement à sa Personne pour avoir les uns avec les autres « une même pensée dans le Seigneur », pour nous humilier de nos manquements, mais aussi pour nous réjouir en Lui, c’est le secret d’un vivant et enrichissant christianisme.
« Ne vous inquiétez de rien », poursuit l’apôtre, et nous connaissons bien la suite du passage, heureux et reconnaissants d’avoir une telle ressource. Ne nous permet-elle pas de pouvoir sentir avec douleur tout ce qui est sujet d’exercice et d’humiliation sans que cela nous empêche de nous réjouir dans le Seigneur ? Plus près de Lui nous vivrons, mieux nous saurons user de la ressource si précieuse qui est mise à notre disposition ! « En toutes choses » (v. 6) : il n’en est aucune que nous ne puissions apporter à notre Dieu et Père, aucune qui puisse alors nous empêcher de jouir de sa paix et de nous réjouir dans le Seigneur. — Remarquons les différentes expressions de ce chapitre qui ne comportent aucune exception : toujours (v. 4) — toutes choses (v. 6, 8, 12, 13) — tous vos besoins (v. 19).
Qu’est-ce qui doit nous occuper après que nous avons exposé nos requêtes à Dieu ? Toutes les choses qui sont « vraies », qui ont l’approbation du Dieu de vérité parce qu’elles en portent le caractère — celles qui sont « vénérables », qui forcent l’estime et le respect — celles qui sont « justes », qui se trouvent dans les « sentiers de justice » où le bon Berger conduit ses brebis — celles qui sont « pures », qui ne comportent aucun mélange de bon et de mauvais, de vérité et d’erreur — celles qui sont « aimables », sur lesquelles peuvent se porter les affections du cœur renouvelé — celles qui sont « de bonne renommée », qui sont liées à un bon témoignage (v. 8). Occupés de ces choses, nous goûterons la présence avec nous du « Dieu de paix » : en effet, nous ne pouvons avoir en elles aucun « conflit » avec Dieu, car elles répondent pleinement à ses caractères. C’est là ce que l’apôtre avait enseigné après l’avoir pratiqué lui-même, ce qui donne à son exhortation une force particulière (v. 9).
Paul avait porté l’évangile aux Philippiens au péril de sa vie, il les avait enseignés, il avait sans cesse pensé à eux, prié pour eux et, pendant un temps, ils avaient semblé l’oublier ! Il y avait été sensible, mais il ne demande pas aux Philippiens de lui donner la raison de cet oubli et plutôt que de leur en faire le reproche, il exprime sa joie de ce que « maintenant enfin » ils avaient pensé à lui et, essuyant leurs pieds après les avoir lavés, il ajoute, comme pour mettre un baume sur la plaie qu’il venait de faire dans leur cœur : « quoique vous y ayez bien aussi pensé, mais l’occasion vous manquait » (v. 10). Et encore, pour que les Philippiens n’aient aucun regret d’avoir attendu aussi longtemps pour lui faire parvenir un don, il leur écrit ce que nous lisons dans les versets 11 et 12.
Serions-nous tentés de dire : Paul s’exprime ainsi, dans ces deux versets, parce qu’il était au terme de sa vie ? Soyons bien assurés qu’il n’aurait pu parler comme il le fait, dans ce chapitre et dans toute l’épître, s’il n’avait trouvé Christ suffisant pour tout du commencement à la fin de son sentier. Tout au long de son chemin, il a « appris » à être « content en lui-même dans les circonstances où il se trouve ». Ce « contentement » n’était pas dans ses circonstances — elles étaient d’ailleurs très éprouvantes — il était « en lui-même », parce que le Seigneur était tout pour lui, parce qu’il pouvait dire en vérité : « Pour moi, vivre c’est Christ ». — La véritable cause de ce que nous appelons « nos malheurs » n’est pas tant dans nos circonstances, elle est dans nos propres cœurs !
Paul n’a pas connu une telle part dès le début de son sentier : il a « appris », et par quelle école il a dû passer pour cela ! Que d’épreuves, que de souffrances endurées tout au long de son ministère ! Il en énumère quelques-unes en 2 Corinthiens 11:23 à 33, puis, au chapitre suivant, il parle de son « écharde ». Le fait qu’il relate — son élévation au troisième ciel — s’était produit quatorze ans auparavant, une dizaine d’années après sa conversion sur le chemin de Damas. Son ministère ayant duré un peu plus de trente ans, c’est donc pendant plus de vingt ans qu’il a souffert de cette écharde. Mais il a ainsi appris une leçon qui lui a permis d’apprécier, comme il n’aurait pas pu le faire autrement, la grâce et la puissance du Seigneur : « À ce sujet », écrit-il, « j’ai supplié trois fois le Seigneur, afin qu’elle se retirât de moi ; et il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:9). De sorte que s’il sentait sa faiblesse, il éprouvait en même temps la force et le secours d’en-haut, ce qui lui permettait de dire : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (ib. 10). Une telle expérience l’amenait à « prendre plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ ». C’est ainsi qu’il peut assurer les Philippiens qu’il est « content en lui-même dans les circonstances où il se trouve ». Ce contentement est « en lui-même » parce qu’en lui Dieu a opéré un profond travail, Il l’a « enseigné » et il a « appris ».
Être « content en soi-même », c’est le propre d’un cœur satisfait : tous ses désirs sont comblés parce qu’il possède un Objet qui le remplit, Christ. « La piété avec le contentement est un grand gain », écrit le même apôtre à son enfant Timothée (1 Tim. 6:6). La piété nous manque souvent, le contentement peut-être davantage encore, parce que nos cœurs désirent tant de choses d’ici-bas et sont, de ce fait, rarement satisfaits. Seule la brebis qui se laisse conduire par le bon Berger dans le sentier où elle apprend à Le connaître peut dire en vérité : « Ma coupe est comble » (Ps. 23:5).
Savoir « être abaissé », comme il est difficile de l’apprendre ! Mais savoir « être dans l’abondance » est peut-être plus difficile encore ! Est-il en effet plus grande épreuve que celle de la prospérité ? L’apôtre, enseigné de Dieu, peut dire :« je sais aussi être dans l’abondance ; en toutes choses et à tous égards, je suis enseigné, aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations » (4:12). De sorte qu’il peut ajouter : « Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (v. 13). Quelle puissance dans sa marche ! Il est au-dessus de toutes les circonstances, en vérité il « marche sur les eaux ». Que lui manque-t-il et que peut-il désirer alors qu’il est parvenu à de tels sommets ? Rien, semble-t-il. Eh bien ! il est heureux de jouir de la sympathie des Philippiens et il leur est reconnaissant de la lui avoir témoignée ! Dans une autre circonstance aussi il a été réconforté par cette précieuse sympathie des frères : « Paul, les voyant, rendit grâces à Dieu et prit courage » (Actes 28:15). Et en quels termes touchants il remercie les Philippiens pour le don qu’ils lui ont fait parvenir par le moyen d’Épaphrodite : « un parfum de bonne odeur, un sacrifice acceptable, agréable à Dieu ». Il a « amplement de tout », il est « dans l’abondance », mais il est heureux que les Philippiens aient pensé à lui, il en est heureux davantage pour eux que pour lui : il y aura plus tard, pour leur compte, « du fruit qui abondera ». Quant au présent, il peut leur en donner l’assurance : « Mon Dieu suppléera à tous vos besoins selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus » (v. 16 à 19). « Mon Dieu », le mien, semble dire l’apôtre, Celui que je connais et qui ne m’a jamais abandonné, qui n’a jamais manqué… Il le fera, j’en suis assuré parce que j’ai expérimenté, un jour après l’autre et dans les circonstances les plus difficiles, la fidélité de son amour et de ses tendres soins. Qu’à ce Dieu et bon Père soit la gloire aux siècles des siècles !
Après les salutations qui suivent, l’apôtre termine sa lettre en formulant ce souhait : « Que la grâce du Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit ! Amen ». Heureux sommes-nous d’avoir l’assurance que cette grâce nous accompagnera jusqu’au terme du voyage, nous en avons tellement besoin !
ME 1971 p.281
Nous l’exprimons dans l’un de nos cantiques, la présence du Seigneur est « le bien suprême », ce qui est au-dessus de tout autre bien. Parmi toutes les bénédictions dont nous pouvons jouir dans le rassemblement des saints, il n’en est en effet aucune de pareille valeur, si précieuses que soient les autres. Ayons donc toujours plus conscience de la grandeur d’une telle grâce : le Seigneur veut honorer de sa présence personnelle, effective, les « deux ou trois assemblés en (ou : à) son nom » et c’est sa joie de se trouver là, au milieu des siens. Afin de pouvoir nous réclamer de sa présence et en jouir, réalisons ce que c’est qu’être « assemblés en son nom ».
« Son nom », c’est le nom de Celui qui se présente au témoignage fidèle comme « le saint, le véritable » et qui a toute puissance et toute autorité : Il est « celui qui ouvre et nul ne fermera, qui ferme et nul n’ouvrira » (Apoc. 3:7). Pour être « assemblés en son nom », il ne suffirait pas de proclamer de nos lèvres qu’il en est ainsi, le rassemblement doit revêtir différents caractères et, notamment, ceux qui sont en relation avec la Personne dont la présence est désirée : la sainteté, la vérité, la soumission à l’autorité du Seigneur. La sainteté implique la séparation, doctrinale et pratique, de tout mal. La vérité requiert une entière obéissance à la Parole, qui est la vérité ; c’est ainsi que l’assemblée peut manifester qu’elle est « l’assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité » (Jean 17:17 ; 1 Tim. 3:15). L’assemblée rend alors un vrai témoignage au Dieu de vérité, à Christ qui est « la vérité » et cela dans la puissance du Saint Esprit — « l’Esprit est la vérité » (1 Jean 5:6). Enfin, l’autorité du Seigneur, « chef du corps, de l’assemblée » (Col. 1:18), doit être reconnue et maintenue, non seulement comme enseignement mais pratiquement, dans la vie et les réunions de l’assemblée.
Nous connaissons bien de telles vérités. Suffit-il de les connaître pour pouvoir se réclamer de la présence du Seigneur au milieu des siens ? N’oublions pas que la promesse de sa présence est faite seulement à ceux qui sont « assemblés en son nom ». Assurément, le Seigneur est plein de grâce et miséricordieux, « Il sait de quoi nous sommes formés » (Ps. 103:14), Il sait avec quelle faiblesse nous accomplissons ce qui nous est demandé, mais il est aussi Celui qui sonde les reins et les cœurs, qui connaît nos pensées les plus secrètes et sait discerner, d’une part le désir profond de cœurs qui l’aiment et d’autre part, l’infirmité qui les caractérise pour lui témoigner cet amour. Il se plaît alors à nous secourir pour que nous puissions toujours mieux manifester pratiquement ce à quoi nous sommes appelés. Combien il est important, par conséquent, d’abord que nos cœurs soient en bon état et aient le sincère désir de réaliser tout ce que comporte l’expression « assemblés en son nom », ensuite que nous nous appliquions à cela avec beaucoup d’énergie spirituelle et morale, en comptant sur la grâce du Seigneur pour vivre les vérités que nous connaissons.
Si nous aimons redire que le Seigneur est au milieu de nous, observons-nous tout ce que requiert une telle présence ? — Il est, nous venons de le voir, certaines conditions qui doivent être remplies pour que le Seigneur puisse accomplir sa promesse et être ainsi au milieu des « deux ou trois assemblés en son nom » ; il y a, d’autre part, les conséquences qui doivent découler pour nous du fait que le Seigneur est là. Si nous pouvions voir le Seigneur avec les yeux de notre chair, n’est-il pas vrai que, en bien des circonstances, notre comportement dans les réunions serait différent de ce qu’il est ? Ce n’est pas parce que nous le voyons seulement par la foi qu’il doit en être autrement. (Remarquons, par parenthèse, que bien que nous voyions le Seigneur seulement par la foi, sa présence n’en est pas moins une présence personnelle et réelle, non pas mystique comme cela est dit parfois bien à tort). Lorsque l’assemblée est appelée à se réunir, nous ne sommes pas astreints à obéir à divers commandements d’une loi, que nous serions d’ailleurs incapables d’observer ; c’est la présence du Seigneur qui doit régler toutes choses — celles qui nous paraissent insignifiantes tout autant que celles qui sont les plus importantes. Entrer dans le local où se réunit l’assemblée, est-ce simplement pénétrer dans une salle où des chrétiens se groupent pour chanter, prier, lire la Parole de Dieu ? C’est bien plus que cela : c’est venir dans un lieu où le Seigneur se trouve, c’est venir avant tout pour l’y rencontrer, Lui. Une telle considération doit nous conduire, en tout premier lieu, à être là avant même l’heure fixée pour la réunion. Non pas seulement parce que c’est de l’ordre, parce qu’il est toujours regrettable de déranger, de gêner le déroulement de la réunion, mais par dessus tout parce que le Seigneur est là ! Certainement, dans sa grâce, il entre dans les circonstances de chacun de ses rachetés et il sait bien si l’un d’entre eux se trouve retardé, malgré tout le désir de son cœur d’être là avant « l’heure venue » (Luc 22:14) et bien qu’il ait fait pour cela tout ce qui lui est possible ; mais si tel autre pensait qu’il n’est pas tenu à une stricte exactitude parce que d’autres aussi arrivent en retard, ou bien parce que la réunion ne commence généralement que quelques minutes après l’heure fixée (en fait elle commence toujours à l’heure, mais le plus souvent par un moment de silence et de recueillement, ce qui est tout à fait convenable), on pourrait se demander si ce croyant sait pratiquement ce qu’est la présence du Seigneur dans l’assemblée. Il vaudrait mieux, sans doute, supposer qu’il en a plus ou moins perdu conscience, car il serait très grave d’en avoir pleine conscience et d’agir malgré cela d’une manière qui est en fait — qu’on le veuille ou non — un manque d’égards et de respect pour la personne du Seigneur. Nous venons, dans la réunion de culte en particulier, pour honorer le Seigneur ; honorons-le en tout premier lieu en manifestant la sainte crainte et le respect dus à sa Personne. Ensuite, dans tout le déroulement de la réunion — et quel que soit son caractère, que ce soit une réunion de culte, de prières, d’édification, d’étude de la Parole ou même une réunion pour l’administration de l’assemblée — le fait que le Seigneur est là ne devrait jamais être perdu de vue : nos attitudes, notre tenue, tout notre comportement devraient témoigner que nous avons bien conscience d’être dans sa présence ; le silence ou l’activité d’un frère devraient en témoigner aussi. Ajoutons encore que bien des questions qui parfois troublent plus ou moins la vie ou les réunions de l’assemblée ne se poseraient même pas si la présence du Seigneur était une réalité pratique pour chacun des saints et pas seulement une connaissance intellectuelle.
Il semblerait qu’il ne soit pas particulièrement opportun de revenir une fois encore sur ce verset de Matthieu 18, si souvent rappelé et que chacun de nous connaît fort bien. Mais nous sommes en danger de nous habituer à répéter les vérités de l’Écriture sans qu’elles aient sur nos cœurs et nos consciences l’influence qu’elles devraient avoir. Bien des choses attristantes dans la vie des assemblées ne sont-elles pas de nature à nous rendre attentifs à un tel danger ? D’une manière particulière, que la présence du Seigneur dans l’assemblée soit une vivante réalité pour chacun de nous ; nous serons ainsi conduits à Lui rendre avec plus de fidélité, avec plus d’amour, l’honneur qui lui est dû et nous serons gardés de tout ce qui est incompatible avec cette sainte présence.
Seigneur ! sanctifie
Nos jours, nos moments ;
Fais que notre vie
T’honore en tout temps.
Que de ta présence
Au milieu de nous
L’heureuse influence
Nous pénètre tous.