Paul Fuzier
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Table des matières abrégée :
3 - L’état des cœurs manifesté — Matthieu 26
4 - « L’Éternel aime la Droiture », Ps. 37:28
Table des matières détaillée :
1.1 - Le cœur incurable — Besoin d’un cœur nouveau
1.3 - Effet de la Parole de Dieu
1.4 - La vraie intelligence spirituelle, la connaissance du cœur
1.6 - Réalité intérieure du cœur — ne pas s’en tenir aux apparences
1.9 - Le cœur pour l’Éternel seul
1.10 - Un cœur qui cherche le Seigneur
1.11 - Un cœur en ordre, débarrassé des obstacles
1.12 - Un cœur engagé au service du Seigneur
1.13 - Aimer de tout son coeur
1.14 - Un cœur qui se confie en Dieu
1.16 - Restauration par le cœur qui revient
1.17 - Un seul cœur ensemble — Un cœur pur
1.18 - Le christianisme est une affaire de coeur
2.1 - L’état du cœur naturel, le déluge. Le cœur incurable (Jérémie 17)
2.2 - Besoin d’un cœur nouveau
2.3 - Le cœur nouveau par l’opération de la Parole et du Saint Esprit
2.4 - Le cœur renouvelé maintenu par l’obéissance à la vérité
2.5 - Le travail de l’adversaire dans le cœur
2.6 - Veiller à l’état de notre cœur
2.7 - Mise de côté de la chair, faire mourir les actions du corps
2.8 - La Parole gardée dans le cœur
2.9 - La Parole enseigne tout ce qui est nécessaire
2.10 - Tirer les leçons des épreuves où nous passons
2.11 - Se laisser sonder par Dieu et Sa Parole
3 - L’état des cœurs manifesté — Matthieu 26
3.2 - Les principaux sacrificateurs et les anciens
3.3 - Le souverain sacrificateur
4 - « L’Éternel aime la Droiture », Ps. 37:28
4.2 - La droiture dans le livre des Proverbes
4.3 - Une marche dans la droiture est liée à la crainte de Dieu
4.4 - Veiller à ce que l’activité extérieure corresponde à l’état du cœur
4.5 - Droiture dans les relations entre frères
4.6 - Promesses pour ceux qui marchent avec droiture
ME 1949 p. 316
« Le cœur
est trompeur par dessus tout, et
incurable : qui le connaît ? Moi, l’Éternel, je sonde le cœur
, j’éprouve les reins ; et
cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses actions »
(Jér. 17:9-10).
L’homme ne connaît pas son cœur. Il constate le mal qui règne
autour de lui dans ce monde ; il ira parfois jusqu’à discerner, dans une
certaine mesure, celui qu’il accomplit lui-même, mais il ne comprend pas que
tout cela provient d’une source mauvaise et corrompue : le cœur. Alors qu’Il
était sur la terre, le Seigneur l’a enseigné à ses disciples : « Car du cœur
viennent les mauvaises pensées,
les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages,
les injures… » — sept manifestations de ce qu’est le cœur de l’homme
(Matt. 15:19 ; voir aussi Marc 7:21-22). L’homme acceptera d’accomplir les
rites d’une religion, de se soumettre à toutes sortes de cérémonies, mais il n’aime
pas qu’on lui dévoile l’état de son cœur. À plus forte raison ne peut-il
accepter de reconnaître que son mauvais cœur est « incurable » !
S’il veut bien convenir, généralement, que tout n’est pas parfait en lui, il
est convaincu cependant qu’il y a de bonnes choses dans son cœur et il déploie
souvent de méritoires efforts pour essayer de les mettre en valeur, pour
améliorer le « vieil homme ».
Dieu s’adresse à celui qui est ainsi aveuglé quant à son état,
mais désire pourtant se bien conduire. Il parle à la conscience : « Jetez
loin de vous toutes vos transgressions dans lesquelles vous vous êtes rebellés,
et faites-vous un cœur nouveau
et un
esprit nouveau » (Ézéch. 18:31). Ce n’est pas encore l’appel de la grâce.
Dieu déclare, en quelque sorte, à celui qui espère devenir meilleur, que son cœur
étant mauvais et incurable, il ne pourra faire le bien qu’avec un cœur nouveau
et Il le met à l’épreuve : fais-toi un cœur nouveau !
Hélas ! la chose est impossible à l’homme le plus honnête et le plus décidé à plaire à Dieu. Il faut une œuvre divine opérée dans le cœur !
Des épreuves sont parfois dispensées afin que l’homme devienne
accessible au message de la grâce : « Le cœur
est rendu meilleur par la tristesse du visage » (Eccl.
7:3). Cela ne veut pas dire que le cœur de l’homme peut être amélioré, mais que
l’on peut parler plus facilement à celui qui est affligé ; dans « la
maison de deuil » on est, la plupart
du temps, disposé à écouter. Le cœur a été préparé par Dieu pour recevoir sa
Parole : ce ne sont plus les trois premiers terrains de la parabole — chemin,
roc ou épines — dans lesquels la semence ne peut produire aucun fruit, c’est « la
bonne terre », préalablement labourée. « Ce qui est dans la bonne
terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, la retiennent dans un cœur honnête et bon
, et portent
du fruit avec patience » (Luc 8:4 à 15). Dieu prépare, puis Il ouvre le
cœur pour que la Parole soit reçue, comme Il le fit autrefois pour Lydie :
« Et une femme, nommée Lydie… écoutait ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur
, pour qu’elle fût
attentive aux choses que Paul disait » (Actes 16:14).
La Parole, ainsi reçue dans le cœur, agit pour y accomplir une œuvre divine. C’est une Parole « vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants… » (Héb. 4:12). Elle amène l’homme à discerner l’état de son cœur, à comprendre l’incapacité dans laquelle il se trouve de l’améliorer, de se faire « un cœur nouveau », et, « rejetant toute saleté et tout débordement de malice », il reçoit alors « avec douceur la parole implantée qui a la puissance de sauver son âme » (Jacques 1:21).
L’œuvre de la nouvelle naissance est ainsi accomplie par la
Parole et l’Esprit de Dieu : « et je répandrai sur vous des eaux
pures… Et je vous donnerai un cœur
nouveau…
et je mettrai mon Esprit au dedans de vous » (Ézéch. 36:25
à 27 ; cf. Jean 3:5 : « Si quelqu’un n’est né d’eau
et de l’Esprit
, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu », voir
aussi Ézéch. 11:19).
Avec ce cœur nouveau, Dieu est véritablement connu : « Et
je leur donnerai un cœur pour me
connaître
… » — et craint : « et je leur donnerai un seul cœur
, et une seule voie, pour me craindre
tous les jours… »
(Jér. 24:7 ; 32:39).
C’est alors que commence la vie chrétienne. Dans les jours actuels — conséquence, peut-être, du développement des études — l’intellectualisme fait çà et là d’inquiétants progrès : par sa propre intelligence, l’homme voudrait entrer dans les choses de Dieu, il s’efforce à les comprendre et prétend les expliquer, ignorant que Dieu « a caché ces choses aux sages et aux intelligents » et que « personne ne connaît les choses de Dieu… si ce n’est l’Esprit de Dieu » (Matt. 11:25 ; 1 Cor. 2:11, lire tout ce chapitre). Par l’œuvre de la nouvelle naissance, Dieu renouvelle notre entendement (Rom. 12:2) et nous donne une intelligence orientée tout autrement que l’intelligence naturelle : la « pure intelligence » de 2 Pierre 3:1, par le moyen de laquelle le Saint Esprit nous fait entrer dans la connaissance des « choses de Dieu » afin que nous puissions vivre le christianisme. Remarquons bien que la « pure intelligence » nous est donnée à la suite d’un travail opéré par Dieu dans le cœur et la conscience ; ensuite, que son développement est lié à l’état du cœur. Si, par exemple, un croyant a le cœur rempli des choses de la terre, son intelligence spirituelle ne se développera guère ; s’il est dans un mauvais état, si son cœur « s’égare » (cf. Ps. 95:10), il pourra être, comme le peuple d’Israël, l’objet du gouvernement de Dieu (Ésaïe 6:9-10 ; Matt. 13:13-15 ; Marc 4:11-12 ; Jean 12:39-40 ; Actes 28:26-27) et la Parole sera sans doute un livre fermé pour lui jusqu’à ce qu’il soit restauré. Le christianisme, s’il est affaire d’entendement, est donc par-dessus tout affaire de cœur (cf. Rom. 10:10). Il faut le souligner, car la chair agissant en lui peut conduire le croyant lui-même à s’occuper des choses de Dieu sans que son cœur soit vraiment exercé. C’est un état très dangereux : les vérités de la Parole sont alors connues par l’intelligence, mais n’opèrent pas dans le cœur. Une connaissance intellectuelle des Écritures ne suffit pas, c’est la connaissance du cœur qui enrichit et dont les fruits sont manifestés dans la vie pratique.
Pour tout ce qui concerne le chemin du croyant ici-bas, c’est le
cœur qui doit être en exercice, ce sont les affections pour Christ qui doivent
être le mobile de toutes les actions. Christ est mort pour nos péchés, Il a été
ressuscité pour notre justification, Il est maintenant glorifié dans le ciel.
Morts et ressuscités avec Lui, nous sommes exhortés à « chercher les
choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu », à « penser
aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre » (Col.
3:1-2). Nous le réaliserons pratiquement si Christ est l’objet de nos cœurs,
notre seul trésor. « Car là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur
» (Luc 12:34 ; voir aussi Matt. 6:21).
Toute la vie du croyant montrera si les affections du cœur sont
dirigées vers Christ ou vers d’autres objets. Combien donc est essentielle l’exhortation
si souvent rappelée : « Garde
ton cœur
plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la
vie » (Prov. 4:23). Si notre cœur est gardé pour Christ, si nos affections
sont concentrées sur sa Personne, les « issues » ou les « résultats »
de notre vie seront à sa gloire. Une vie ruinée, des « résultats » désastreux, ne
sont-ils pas la conséquence du fait que le cœur n’a pas été gardé ? Les
versets qui suivent celui que nous venons de citer, dans le chapitre 4 du Livre
des Proverbes, se rapportent à la marche. Certes, pour marcher fidèlement, le
croyant a besoin d’être attentif à ces exhortations : « que tes yeux
regardent droit en avant, et que tes paupières se dirigent droit devant toi.
Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies soient bien réglées. N’incline
ni à droite ni à gauche ; éloigne ton pied du mal » (v. 25 à 27).
Mais n’est-il pas remarquable qu’en premier lieu la Sagesse dise au fils qu’elle
a engendré : « Garde ton cœur
… » ?
Avant de regarder à nos pieds, il est nécessaire de regarder à notre cœur !
Si nous perdons cela de vue, nous serons en grand danger de broncher ou de nous
écarter du droit chemin.
La prospérité matérielle — que Dieu peut nous accorder afin que
nous ayons le privilège d’employer pour Lui ce qu’Il nous a confié — est
souvent un piège pour le croyant. Le cœur s’attache facilement aux richesses et
souvent à un point tel qu’il en devient l’esclave. Quand toute la vie du
chrétien est gouvernée par l’acquisition, la conservation et l’accroissement
des richesses, les « issues » ne seront guère à la gloire du
Seigneur. « Si les biens augmentent, n’y
mettez pas votre cœur
» (Ps. 62:10). Christ est « notre richesse,
notre seul vrai bonheur », Il est le seul objet digne de captiver et de
remplir nos cœurs !
Ne nous fions pas aux apparences ! Nous nous en contentons
trop souvent. Elles peuvent tromper nos frères, les hommes qui nous entourent, peut-être
nous illusionner nous-mêmes, mais ne tromperont jamais Celui qui regarde au cœur.
Le vrai christianisme n’est pas fait d’apparences et ne s’en satisfait pas. « L’homme
regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel
regarde au cœur
» (1 Sam. 16:7). C’est à Dieu que nous avons affaire
et, avant tout, c’est devant Lui qu’il faut marcher, avec un cœur droit. Un
chrétien fidèle hait ce que Dieu hait et aime ce qu’Il aime. Pour le réaliser
pratiquement, il rencontre deux obstacles, l’un extérieur, l’autre intérieur :
le monde et son propre cœur. Le monde n’est pas toujours hostile, il présente
ce que le cœur convoite et désire ; il offre parfois un caractère attirant ;
mais celui dont le cœur est attaché à Jésus le considérera — quel que soit l’aspect
qu’il revête — comme le monde qui a rejeté Christ et l’a crucifié. Notre cœur
naturel est toujours le même, car la chair est toujours en nous et son
caractère n’a jamais changé et ne changera jamais. Aussi avons-nous besoin de
demander sans cesse : « Sonde-moi, Ô Dieu, et connais mon cœur
… » (Ps. 139:23-24). Dieu seul connaît notre
cœur, nos pensées les plus secrètes, les mobiles de nos actes, et peut nous
arrêter s’il y a en nous « quelque voie de chagrin » et nous conduire
« dans la voie éternelle ».
Pour le faire, Il nous discipline. Alors qu’Israël allait
atteindre le pays de la promesse. Moïse lui déclara : « Et tu te
souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher
ces quarante ans, dans le désert, afin de t’humilier et de t’éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur
,
si tu garderais ses commandements ou non. » (Deut. 8:2). Dans un désert,
il n’y a ni chemin ni ressources. Ce monde est tel pour le croyant. Mais il
expérimente que Dieu y a pour lui un chemin et des ressources mises à sa
disposition. Ce sont les soins variés de sa grâce ! — La discipline en
fait partie. Elle est dispensée pour manifester l’état de notre cœur ! — Ce
chemin, dans lequel Israël avait à marcher, devait montrer s’il garderait les
commandements de l’Éternel ou non, et par conséquent mettre au jour ce qu’il y
avait dans son cœur. Nous retrouvons ici la même pensée que celle contenue dans
d’autres passages : l’obéissance pratique manifeste l’état du cœur — et il
faut d’abord veiller sur son cœur afin de pouvoir ensuite marcher fidèlement.
La discipline que Dieu nous envoie a un autre résultat : elle nous conduit
à nous rejeter sur Christ, elle nous le fait désirer ; Dieu a humilié le
peuple, lui a fait avoir faim, afin de lui faire manger la manne… (Deut. 8:3).
Pour garder ses commandements, il faut d’abord les connaître, et
cette connaissance est liée à l’état du cœur. Le roi Salomon n’avait pas
demandé une oreille qui écoute, mais « un
cœur qui écoute
» (1 Rois 3:9). Si la Parole entendue ne pénètre pas
jusqu’à notre cœur pour y opérer et y former nos affections pour Christ, il n’y
aura pas de résultats produits dans notre marche. « Mon fils, n’oublie pas
mon enseignement, et que ton cœur garde
mes commandements
… que la bonté et la vérité ne t’abandonnent pas ;
lie-les à ton cou, écris-les sur la
tablette de ton cœur
» (Prov. 3:1-3). Pour que nous puissions entrer
dans la connaissance de ce que Dieu veut nous révéler, il est nécessaire que « les yeux de notre cœur
soient éclairés »
(Éph. 1:18). Il serait facile de multiplier les passages qui nous montrent que,
pour comprendre la Parole et pour la mettre en pratique, il faut qu’elle ait
pénétré dans le cœur. « Et ces paroles que je te commande aujourd’hui
seront sur ton cœur
… » (Deut. 6:6).
Ce que cherche l’oreille, c’est le cœur qui l’acquiert : « Le cœur de l’homme intelligent
acquiert la connaissance
, et l’oreille des sages cherche la connaissance »
(Prov. 18:15).
Bien des faux docteurs essayent de séduire les âmes (cf. 2 Tim. 2:16
à 18 ; 4:3-4). Ils y réussissent souvent lorsqu’il n’y a qu’une
connaissance intellectuelle des Écritures, car elle fait en réalité obstacle au
vrai développement spirituel et maintient l’âme dans un état d’enfance ;
les « petits enfants » sont « ballottés et emportés çà et là par
tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user
de voies détournées pour égarer… » Tandis qu’au contraire, leurs efforts
sont vains chaque fois qu’il y a la connaissance du cœur : « … mais
que, étant vrais dans l’amour, nous
croissions
en toutes choses jusqu’à
lui
qui est le chef, le Christ » (Éph. 4:14-15). Israël était invité à
refuser d’écouter les faux prophètes et songeurs de songes qui engageaient le
peuple à aller « après d’autres dieux », et il est ajouté : « car
l’Éternel, votre Dieu, vous éprouve, pour
savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute
votre âme
» (voir Deut. 13:1 à 5). Ne le perdons pas de vue, la
présentation de fausses doctrines — soit par des orateurs après lesquels on
court parce qu’ils parlent bien, soit par tant de ces « bonnes lectures »
qui contiennent un peu de bon mais beaucoup de mauvais — est une épreuve pour
nos cœurs. Un cœur fidèle s’en détournera résolument, refusera d’aller entendre
ou de lire ce qui n’est pas « le sain enseignement », tandis qu’un
christianisme purement intellectuel recherchera un peu partout ce qui peut
séduire l’esprit et sera en grand danger d’aller ainsi « après d’autres
dieux ».
L’objet de notre « recherche », ce n’est pas ce qui a
pu être écrit ou ce qui peut être dit, ici ou là, dans le but de trouver des
pensées nouvelles, des explications subtiles, une argumentation savante — l’objet
de notre recherche, c’est Christ. Et c’est le cœur qui cherche Christ ! « Tu le trouveras, si tu le cherches de tout
ton cœur
et de toute ton âme » (Deut. 4:29). « Bienheureux
ceux qui gardent ses
témoignages, qui le cherchent de tout
leur cœur
» (Ps. 119:2). C’est là seulement qu’est le secret du
bonheur pour le croyant, le secret de la joie : « que le cœur de ceux qui cherchent l’Éternel
se réjouisse
! » (Ps. 105:3). Le Saint Esprit nourrit nos âmes de
Christ, développe nos affections pour Lui, fortifie en puissance notre homme
intérieur, afin que « le Christ habite, par la foi, dans nos cœurs
» (Éph. 3:16-17). Le croyant fidèle s’attache à
Lui parce qu’il a appris à le connaître ; il l’a cherché de tout son cœur
et le Saint Esprit, pouvant opérer sans qu’il y ait d’obstacle à l’exercice de
son activité, a placé cette Personne comme objet, dans le cœur de celui qui ne
désirait que cet objet. Barnabas exhortait les chrétiens d’Antioche — et « les
exhortait tous
» — « à
demeurer attachés au Seigneur de tout
leur cœur
» (Act. 11:23). Ce n’est pas l’intelligence naturelle qui
attache au Seigneur, ce sont les liens du cœur.
Nous l’avons déjà remarqué, il faut d’abord un cœur où tout est
en ordre et dans lequel il y a des affections toujours fraîches pour Christ, si
nous voulons pouvoir réaliser une vie pratique qui plaise au Seigneur. En
parlant de son peuple terrestre — il faut souvent revenir à son histoire, car
elle est riche d’enseignements pour nous — l’Éternel disait à Moïse : « Oh !
s’ils avaient toujours ce cœur-là pour me
craindre
et pour garder tous mes commandements, afin de prospérer, eux et
leurs fils, à toujours ! » (Deut. 5:29). La Parole, serrée dans le cœur,
et non dans la tête seulement, la marche sera caractérisée par l’obéissance à
la volonté de Dieu : « J’ai caché
ta parole dans mon cœur
, afin que je ne pèche pas contre toi » (Ps. 119:11).
Le péché, c’est la propre volonté. Pour accomplir sa volonté en nous, Dieu est
souvent obligé de briser la nôtre dans nos cœurs. « Bienheureux… ceux dans le cœur desquels sont les chemins
frayés
» (Ps. 84:5). Un chemin frayé est un chemin duquel tout
obstacle a été ôté. Dieu opère dans nos cœurs pour les débarrasser de tout ce
qui nous empêcherait d’être soumis à sa volonté, pour y « frayer des
chemins ». S’il faut alors traverser
la vallée de Baca, l’âme, heureuse au travers des larmes, pourra dire dans une
mesure ce que notre parfait Modèle a exprimé tandis qu’Il cheminait ici-bas :
« Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». — En Lui, il n’y avait que des « chemins
frayés » ! Prendre son joug, apprendre de Lui, pour trouver le repos
de l’âme, dans une soumission paisible et confiante à la volonté du Père, sans
qu’il y ait dans le cœur aucune propre volonté, permettra au croyant éprouvé de
faire de la vallée de Baca une fontaine et d’y recueillir la pluie de
bénédictions (Ps. 84:6 ; Matt. 11:26-29).
Dans ce chemin, Christ, homme parfaitement dépendant, a été le
parfait Serviteur (Matt. 11). Nous sommes aussi appelés à servir et un service
fidèle ne peut être rempli que dans la dépendance, sans aucune propre volonté
et par un cœur qui aime. Samuel disait au peuple d’Israël : « Servez l’Éternel de tout votre cœur…
craignez
l’Éternel, et servez-le en vérité, de
tout votre cœur
; car voyez quelles grandes choses il a faites pour
vous » (1 Sam. 12:20-24). La règle générale du service chrétien demeure
celle donnée par l’apôtre aux Colossiens : « Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur comme pour le Seigneur
… :
vous servez le Seigneur Christ » (Col. 3:23-24). Quel dévouement que celui
de Néhémie pour Jérusalem, pour rebâtir les murailles, pour surmonter les
obstacles que les ennemis du dehors et du dedans plaçaient devant lui, pour
continuer son service jusqu’au bout ! C’était Dieu qui lui avait « mis au cœur
» de le faire !
(Néh. 2:12). La sainte activité qu’il déploie, l’énergie qu’il manifeste en
tant de circonstances découlent de ses affections pour son Dieu !
Amour pour Dieu, amour pour les enfants de Dieu ne sont pas le
fruit d’une connaissance intellectuelle de la Parole, mais d’un cœur qui vibre
pour Christ. La loi donnée à Israël réclamait l’amour du cœur : « Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton
cœur
… » (Deut. 6:5) et « la juste exigence de la loi » (Rom.
8:4) est maintenant accomplie en nous, Dieu ayant donné son Fils pour nous
délivrer et ayant opéré dans nos cœurs une œuvre en vertu de laquelle nous
sommes nés de nouveau et possédons une nature divine, la nature même du Dieu d’amour.
« Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité,… aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur
pur
, vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une
semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pierre
1:22-23). C’est cette nouvelle nature qui peut seule nous faire aimer Dieu et
les frères. C’est le cœur qui aime, et non la tête !
Une parenthèse. Nous avons cité maints passages du livre du Deutéronome (et il en est bien d’autres encore). Il vaut la peine de remarquer pourquoi il est si souvent question du cœur, dans ce livre : le Deutéronome présente l’obéissance comme la condition nécessaire pour entrer dans la jouissance des bénédictions que Dieu veut accorder à son peuple ; cette obéissance n’est possible que si le cœur est touché, si les affections sont en exercice. Répétons-le encore : nous marcherons fidèlement dans la mesure dans laquelle notre cœur sera rempli de Christ. Israël devait le réaliser pour jouir de Canaan, nous devons le réaliser aujourd’hui pour jouir de la part céleste qui est la nôtre, pour vivre en ressuscités.
Cette marche fidèle est celle d’un homme qui se confie en Dieu
et la confiance qui l’honore est celle du cœur : « Confie-toi de tout ton cœur à l’Éternel
,
et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Prov. 3:5). La confiance
conduit à la dépendance, car on aime dépendre de quelqu’un en qui on peut se
confier sans réserve, de tout son cœur. La dépendance s’exprime par la prière :
le cœur se tourne vers Dieu et, dans toutes les circonstances, même les plus
difficiles, attend de Lui la direction et le secours. « Je t’ai imploré de tout mon
cœur :
use de grâce envers moi selon ta parole ». — « J’ai
crié de tout mon cœur
; réponds-moi, Éternel ! j’observerai tes
statuts » (Ps. 119:58, 145). Quelle joie dans le cœur de celui qui dépend
de Dieu et se confie en Lui ! « Car
notre cœur se réjouira en lui
, puisqu’en son saint nom nous avons mis notre
confiance » (Ps. 33:21). N’est-Il pas digne de notre confiance Celui dont
la puissance est infinie (Ps. 33:6 à 11) et l’amour insondable ? (Ps. 33:18
à 21). Il manifeste cette puissance et cet amour envers ceux « qui sont d’un cœur parfait envers lui
» :
« car les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre, afin qu’il se montre fort en faveur de ceux qui
sont d’un cœur parfait envers lui
» (2 Chron. 16:9). « Mon
bouclier est par devers Dieu qui sauve
ceux qui sont droits de cœur
» (Ps. 7:10).
Israël n’a pas su réaliser cette marche dans la dépendance, se
confiant en Celui qui l’avait délivré du pays d’Égypte et voulait le conduire
tout le long du chemin jusqu’au moment où Il l’introduirait en Canaan. Aussi l’Éternel
dut dire de lui : « Quarante ans, j’ai eu cette génération en dégoût,
et j’ai dit : c’est un peuple dont
le cœur s’égare
, et ils n’ont point connu mes voies » (Ps. 95:10).
Nous l’avons vu, la bénédiction promise avait pour condition l’obéissance, et
pour que cette obéissance fût possible, le cœur du peuple devait être gardé. C’est
parce que son cœur s’est égaré qu’Israël n’a pas connu « les voies »
de l’Éternel et n’a pu entrer dans son repos (v. 11). Le cœur est à la source !
Ces choses sont écrites pour nous servir d’instruction ! (Rom. 15. 4 ;
1 Cor. 10:11 : voir Héb. 3 et 4). Si même il y avait quelque apparence, le
Seigneur ne s’arrête pas aux apparences, Il voit ce qui est dans le cœur. Ne le
discernait-Il pas quand Il était ici-bas, disant à son peuple : « Ésaïe
a bien prophétisé de vous, disant : ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est fort éloigné de moi
… »
(Matt. 15:7-8 ; Ésaïe 29:13).
Aussi, dans l’œuvre de restauration qu’Il veut accomplir, c’est au cœur que le Seigneur s’adresse. Il le fera plus tard à l’égard d’Israël, caractérisé par un cœur « fort éloigné de lui » : « je lui parlerai au cœur » (Osée 2:14 et suivants). Quand le cœur du peuple sera touché, sa restauration s’accomplira, car le cœur est le chemin de la conscience.
Déjà, dans l’histoire passée du peuple, lorsque l’arche était
perdue, à Kiriath-Jéarim, dans la maison d’Abinadab ensuite, Samuel avait parlé
ainsi : « Si de tout votre cœur
vous retournez à l’Éternel
, ôtez du milieu de vous les dieux étrangers, et
les Ashtoreths, et attachez fermement
votre cœur à l’Éternel
, et servez-le lui seul. » (1 Sam. 7:3). Plus
tard, lors de la dédicace du temple. Salomon, considérant la fin de l’histoire
d’Israël comme peuple responsable, demandait à l’Éternel « S’ils ont péché
contre toi (car il n’y a point d’homme qui ne pèche), et que tu te sois irrité contre
eux, et que tu les aies livrés à l’ennemi, et qu’ils les aient emmenés captifs
dans le pays de l’ennemi… et s’ils
reviennent à toi de tout leur cœur
et de toute leur âme… alors, écoute…
leur prière et leur supplication… et pardonne à ton peuple… » (1 Rois 8:46
à 53). L’humiliation vraie et sincère, c’est celle du cœur et non celle des
lèvres seulement. « Ainsi, encore maintenant, dit l’Éternel, revenez à moi de tout votre cœur
, avec
jeûne, et avec pleurs, et avec deuil ; et déchirez vos cœurs
et non vos vêtements… » (Joël 2:12-13).
Ce qui caractérisait, dans les premiers jours de l’histoire de l’Église,
« la multitude de ceux qui avaient cru », c’est qu’ils étaient « un
cœur
et une âme » (Actes 4:32).
Leurs affections étaient concentrées sur un même objet, c’est pourquoi — comme
les Philippiens y seront plus tard exhortés — ils avaient « une même
pensée… un même amour », étaient « d’un même sentiment, pensant à
une seule et même chose » (Phil. 2:2). « Toutes choses étaient
communes entre eux ». Quel est
aujourd’hui, hélas ! l’état de la chrétienté ? La maison de Dieu sur
la terre est devenue « une grande maison », dans laquelle se trouvent
des vases, « les uns à honneur, les autres à déshonneur ». Le fidèle est exhorté à se purifier de
ceux-ci, à fuir les convoitises de la jeunesse — c’est-à-dire à se séparer de
tout mal doctrinal et moral — et, sur ce terrain de séparation, à poursuivre le
bien, « la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le
Seigneur d’un cœur pur
» (2 Tim.
2:19-22). Un cœur qui n’a d’autre motif que plaire au Seigneur est un cœur « pur ». Il ne s’agit par conséquent pas
seulement d’avoir compris, saisi par l’intelligence, le caractère de la
chrétienté aujourd’hui, la position que doit observer le fidèle et le terrain
sur lequel il peut se joindre à d’autres, mais il importe essentiellement d’avoir
des affections engagées avec le Seigneur, un « cœur pur ». Comment discerner ceux qui ont un « cœur
pur », avec lesquels nous pouvons nous grouper ? D’aucuns prétendent
que la chose est impossible, qu’il ne nous appartient pas de juger des cœurs…
Mais Dieu nous donnerait-Il, dans sa Parole, une instruction que nous ne
pourrions suivre ? Ce que nous avons déjà remarqué nous permet de
comprendre comment nous pouvons reconnaître ceux qui ont un « cœur pur » :
c’est par l’obéissance à Dieu, à sa Parole, qu’est manifesté l’état du cœur
fidèle.
2 Timothée 2:22 réalisé, les joies du rassemblement autour du
Seigneur sont alors goûtées, malgré la ruine de l’Église responsable, malgré
notre si grande faiblesse. Nous pouvons nous approcher, entrer par la foi dans
le ciel même, « avec un cœur vrai
»,
pour adorer (Héb. 10:19-22). C’est avec un cœur vrai que le croyant s’approche,
avec un cœur rempli qu’il adore ! Déjà, la chose était réalisée, au moins
dans une certaine mesure, sous l’ancienne alliance, par le peuple (Exode 35:21)
— par David et le peuple (1 Chron. 29:9 et 17) — par les lévites, lors du
réveil d’Ézéchias (2 Chroniques 29:34). Ce dernier passage, en particulier, est
plein d’instruction pour nous. « Il y avait trop peu de sacrificateurs… ». N’est-ce pas souvent le cas dans les
réunions d’assemblée pour le culte ? « De l’abondance du cœur
la bouche parle » (Matt. 12:34 ; Luc
6:45). Y aurait-il donc si peu « d’abondance » dans le cœur qu’il y
ait tant de bouches fermées ? — Celle du Psalmiste ne l’était pas, parce
que son cœur brûlait au dedans de lui : « Mon cœur bouillonne
d’une bonne parole ; je dis ce que j’ai
composé au sujet du roi ; ma langue est le style d’un écrivain habile »
(Ps. 45:1). Aux jours d’Ézéchias, les sacrificateurs (ou adorateurs) étant trop
peu nombreux, les lévites (type des ministères ou dons dans l’assemblée) durent
leur venir en aide ; ils furent « plus droits de cœur
que les sacrificateurs pour se sanctifier ».
Nous avons cité de nombreux passages de la Parole qui suffisent
certainement pour nous faire comprendre l’importance du sujet que nous venons
de considérer. Mais il en est bien d’autres encore sur lesquels nous aurions pu
nous arrêter avec profit. Cherchons-les individuellement dans les Écritures.
Dieu veuille que la lecture et la méditation de ces diverses portions de sa
Parole nous soient en bénédiction, réveillent les affections de nos cœurs
pour Christ, nous fassent
toujours mieux saisir et réaliser que le christianisme est avant tout affaire du cœur
.
Nous ne voudrions pas terminer autrement qu’en rappelant la parole de la Sagesse à celui qu’elle a engendré et qu’elle veut instruire — ce que le Seigneur demande à chacun de nous à qui Il a tant donné
« Mon fils, donne-moi
ton cœur
» (Prov. 23:26).
ME 1972 p.141
Le péché entré dans le monde par la désobéissance du premier homme, le cœur humain est devenu une source impure et corrompue. La preuve en a été faite déjà dans les temps qui ont précédé le déluge : « Et l’Éternel vit que la méchanceté de l’homme était grande sur la terre, et que toute l’imagination des pensées de son cœur n’était que méchanceté en tout temps ». Une telle constatation amena l’Éternel à « se repentir d’avoir fait l’homme sur la terre, et il s’en affligea dans son cœur », aussi dit-il : « J’exterminerai de dessus la face de la terre l’homme que j’ai créé… ». Ce fut donc le déluge, au travers duquel ne furent sauvés que Noé et les siens, « un petit nombre, savoir huit personnes » (Gen. 6:5 à 8 ; 1 Pierre 3:20). L’état du cœur de l’homme ne fut pas changé pour autant : le cœur naturel demeure « trompeur par-dessus tout, et incurable ; qui le connaît ? Moi, l’Éternel, je sonde le cœur, j’éprouve les reins ; et cela pour rendre à chacun selon ses voies », et le Seigneur, venu ici-bas comme homme, Lui le seul homme parfait, dévoile ce que le cœur humain est capable de produire :« Car du cœur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les injures : ce sont ces choses qui souillent l’homme » (Jér. 17:9, 10 ; Matt. 15:19, 20).
Après les jours de Noé, Dieu a choisi et appelé Abram pour qu’il devienne la souche d’un peuple qui Lui appartienne en propre d’entre tous les peuples qui étaient sur la face de la terre. Mais ceux qui constituaient ce peuple, le peuple de Dieu, ont manifesté tout au long de leur histoire qu’en eux était toujours ce cœur incurable, ce qui conduit l’Éternel à s’indigner contre eux et à déclarer : « Ils s’égarent toujours dans leur cœur, et ils n’ont point connu mes voies » (Hébr. 3:7 à 10). S’ils n’ont point connu les voies de Dieu, c’est en raison même de l’état de leurs cœurs ; nous aurons l’occasion de revenir sur ce point que l’on ne saurait trop souligner : la marche manifeste l’état du cœur.
L’homme peut-il, lui-même, changer son propre cœur, l’améliorer ? Cette transformation est indispensable pour que ses voies puissent plaire à Dieu et c’est ce à quoi Israël a été invité : « Revenez, et détournez-vous de toutes vos transgressions… Jetez loin de vous toutes vos transgressions dans lesquelles vous vous êtes rebellés, et faites-vous un cœur nouveau et un esprit nouveau… » (Ézéch. 18:30 à 32). Mais il est impossible à Israël, à l’homme quel qu’il soit, de changer lui-même son cœur, de l’améliorer, de se faire un cœur nouveau. L’Éternel opérera cette œuvre pour son peuple dans un jour encore à venir, quand il rassemblera Israël de tous les pays et l’amènera sur sa terre : « Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai au-dedans de vous un esprit nouveau ; et j’ôterai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair ; et je mettrai mon Esprit au-dedans de vous, et je ferai que vous marchiez dans mes statuts, et que vous gardiez mes ordonnances et les pratiquiez » (Ézéch. 36:24 à 32). Sera réalisé alors ce que nous dit Hébreux 8 : « En mettant mes lois dans leur entendement, je les écrirai aussi sur leurs cœurs » (v. 6 à 13).
Nous sommes présentement sauvés par le sang de l’alliance et nous avons part, avant le peuple terrestre, à tous les privilèges qu’il possédera en vertu de la nouvelle alliance que Dieu a établie pour lui (ib. 10). L’œuvre de Christ accomplie à la croix, saisie par la foi, appliquée au cœur et à la conscience par l’action de la Parole et du Saint Esprit, renouvelle notre cœur ; elle n’améliore pas notre cœur naturel, elle nous donne « un cœur nouveau », soumis non plus à la volonté de la chair et des pensées mais à la volonté de Dieu. Cette action doit se poursuivre de façon constante pour maintenir notre cœur en bon état moral ; elle peut être entravée tout au long de notre vie chrétienne par les diverses manifestations de notre cœur naturel, car la chair demeure toujours en nous et cherche constamment à se manifester dans ses « œuvres » (cf. Gal. 5:19 à 21 — comp. avec Matt. 15:19). Il doit donc y avoir pour le croyant — dans lequel se trouvent les deux natures, la nouvelle mais aussi la vieille, le cœur nouveau mais aussi le cœur naturel — un exercice permanent : chacun doit veiller sur l’état de son cœur, toute sa marche en dépend.
Le cœur est renouvelé par l’opération de la Parole et du Saint Esprit, il est maintenu pur par cette même action intérieure, par l’obéissance à la vérité : « Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour que vous ayez une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur, vous qui êtes régénérés… par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pierre 1:22, 23). Le « cœur pur » est l’un des caractères du croyant fidèle, l’un des caractères du résidu fidèle soit dans l’histoire du peuple terrestre, soit dans celle de l’Église. Les deux premiers livres des Psaumes nous parlent prophétiquement du résidu de Juda aux derniers jours, que ce résidu soit à Jérusalem (1er livre) ou qu’il en ait été chassé (2ème livre) ; dans le troisième livre, il est question de l’ensemble des douze tribus, du peuple dans son entier. Mais ce peuple étant infidèle, qui est-ce qui le représentera devant Dieu, portant en fait le nom d’Israël ? Un résidu, le résidu fidèle au sein du peuple, désigné par cette expression : « ceux qui sont purs de cœur », expression que nous trouvons dès le premier verset du premier Psaume de ce troisième livre : « Certainement Dieu est bon envers Israël, envers ceux qui sont purs de cœur » (Ps. 73:1). Ce sont les « bienheureux » de Matt 5:8 : « Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car c’est eux qui verront Dieu ». Si nous considérons l’histoire de l’Église, la Parole nous enseigne que, dans les derniers jours, la maison de Dieu sur la terre est semblable à une « grande maison », dans laquelle il y a des vases « à honneur », d’autres « à déshonneur » ; le fidèle, désireux d’obéir à la Parole, « se purifie de ceux-ci » pour être « un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre » ; il « se retire de l’iniquité » et, par ailleurs, poursuit « la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:19 à 22). Ayons l’ardent désir de manifester cette pureté de cœur, indispensable pour faire partie du résidu fidèle dans ces jours de la fin, au milieu d’un état de choses où le mal fait d’effroyables progrès, non seulement dans le monde mais aussi au sein de l’Église, maison de Dieu sur la terre.
Le mal — l’iniquité de 2 Tim. 2:19 — n’est pas d’aujourd’hui ; il est entré dans l’Église déjà du temps des apôtres. La Parole nous enseigne que le mal vient toujours du dedans, qu’il s’agisse de la vie individuelle ou de la vie de l’assemblée. L’histoire de l’Église sur la terre a eu un heureux commencement, les premières pages du livre des Actes nous le disent ; mais, très vite, l’ennemi s’est efforcé de ternir un aussi réjouissant tableau en provoquant l’action du mal dans l’Assemblée, et cela par le moyen d’Ananias et Sapphira. Or, ce grave péché a eu pour point de départ le travail de l’adversaire dans le cœur : « Mais Pierre dit : Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l’Esprit Saint… Comment t’es-tu proposé cette action dans ton cœur ?… » (Actes 5:3, 4). — Si, par ailleurs, nous considérons l’histoire de l’Église responsable dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, nous sommes amenés à la même constatation : le mal s’est développé dans une enceinte où jamais il n’aurait dû avoir de place, lorsqu’à Éphèse le cœur a fait défaut, le premier amour ayant été abandonné (Apoc. 2:4). Il y avait extérieurement de très belles apparences : des œuvres, du travail, de la patience ; les méchants n’étaient pas supportés ; ceux qui se disaient apôtres, mais ne l’étaient pas, étaient démasqués ; les œuvres des Nicolaïtes étaient discernées et haïes ; des afflictions pour le nom du Seigneur étaient endurées… Mais l’œil scrutateur du Seigneur va au-delà de cet aspect extérieur louable à plus d’un titre, il pénètre jusqu’au plus profond des cœurs, du cœur de l’assemblée : l’amour pour Lui faisait défaut, la seule véritable source de toute activité à sa gloire était abandonnée. Tel est le point de départ du déclin dans l’histoire de l’Église sur la terre. Et, tout à la fin de cette histoire, quand les caractères laodicéens sont manifestés — exaltation de l’homme, indifférence et tiédeur à l’égard de Christ, auquel il n’est plus donné aucune place — l’appel à la repentance, l’invitation à revenir, est un appel au cœur, vrai chemin pour atteindre la conscience : « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe… » (ib. 3:20). Un appel aussi émouvant, adressé par Celui qui n’abandonne pas ceux qui pourtant le laissent « à la porte », ne touchera-t-il pas le cœur de « quelqu’un » et ne l’amènera-t-il pas à lui ouvrir la porte de son cœur ?
Il est bien vrai que nous regardons « à l’apparence extérieure », que nous nous laissons tromper par tout ce qui a un aspect séduisant et que nous pouvons tromper notre entourage par une apparence ne correspondant pas à la réalité. Mais « l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:7). Cela était vrai aux jours où David était un tout jeune homme, cela est vrai dans tous les temps, aujourd’hui comme alors, et aussi bien pour ce qui concerne chaque croyant que chaque assemblée — et même tous les hommes sans aucune exception.
Veillons avant tout et par-dessus tout sur l’état de notre cœur si nous désirons glorifier le Seigneur par une marche qui lui plaise. Retenons l’exhortation de Proverbes 4, si souvent rappelée et, hélas ! tant de fois oubliée : « Mon fils, sois attentif à mes paroles, incline ton oreille à mes discours. Qu’ils ne s’éloignent point de tes yeux ; garde-les au-dedans de ton cœur… Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues (ou : les résultats — note en bas de page, dans la traduction J.N.D.) de la vie » (v. 20 à 23). Les résultats de notre vie dépendent de l’état de notre cœur ! Nous pouvons déjà voir quelque chose des résultats de notre vie. Quels sont-ils ? Ils montrent si nous avons, ou non, gardé notre cœur. Puissions-nous le garder avec plus de soin encore que nous ne le faisons pour tout ce qui nous est le plus cher ici-bas. Nos voies seront alors « bien réglées », nous n’inclinerons « ni à droite ni à gauche », nous éloignerons notre pied du mal (ib. 26, 27).
À nous aussi, Dieu demande ce qu’il demandait autrefois à son peuple terrestre : « Et maintenant, Israël ! qu’est-ce que l’Éternel, ton Dieu, demande de toi, sinon que tu craignes l’Éternel, ton Dieu, pour marcher dans toutes ses voies, et pour l’aimer, et pour servir l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, en gardant les commandements de l’Éternel, et ses statuts, que je te commande aujourd’hui, pour ton bien ? ». Quel est le secret pour goûter une telle part ? Moïse l’indique au peuple un peu plus loin : « Circoncisez donc votre cœur… » (Deut. 10:12 à 16). La circoncision était la mise de côté de la chair, de tout ce qui est du cœur naturel ; elle marquait, par son signe extérieur, la séparation du peuple de Dieu et devait être pratiquée selon les enseignements donnés par l’Éternel à Israël. Mais ce qui importe, ce n’est pas tant une circoncision, une séparation extérieure, c’est la circoncision du cœur ; et la séparation extérieure n’a de valeur aux yeux de Dieu que si elle découle d’une vraie séparation intérieure, de la circoncision du cœur — autrement, elle n’est qu’apparence extérieure sans correspondance avec la réalité, ce qui est de l’hypocrisie. Mettre de côté en nous, intérieurement, tout ce qui est de la chair, du vieil homme, réaliser que « ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5:24), pour donner toute la place à Christ dans notre cœur, c’est ce à quoi nous sommes exhortés. Pour cela, laissons agir en nous le Saint Esprit — « si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez » (Rom. 8:13) : c’est par l’action du Saint Esprit dans notre cœur que nous pourrons « faire mourir », au point de départ, dans le cœur, ce qui deviendrait ensuite « action du corps » — et « marchons par l’Esprit » afin de ne point accomplir « la convoitise de la chair » (Gal. 5:16 à 21). Par ailleurs, le Saint Esprit nous fortifiera en puissance quant à l’homme intérieur, de telle manière que « le Christ habitera, par la foi, dans nos cœurs » (Éph. 3:14 à 21). Lorsqu’il en est ainsi, Christ est vu dans notre marche.
La Parole, non seulement lue et méditée mais aussi gardée dans le cœur, tel est encore un résultat de l’activité de l’Esprit en nous. Nous pouvons ainsi imiter le Psalmiste : « Je t’ai cherché de tout mon cœur… J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi » (Ps. 119:10, 11). La Parole gardée, serrée, cachée dans le cœur, y opérant par la puissance du Saint Esprit, forme nos pensées, nourrit notre cœur, réchauffe nos affections pour le Seigneur et constitue une force en nous, grâce à laquelle nous pouvons marcher fidèlement, combattre et vaincre l’adversaire (cf. 1 Jean 2:14). Quel modèle parfait nous avons en cela : Christ, homme sur la terre ! — La Parole réjouit le cœur, comme le dit encore le Psalmiste : « Tes témoignages me sont un héritage à toujours ; car ils sont la joie de mon cœur », et le prophète Jérémie : « Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai mangées ; et tes paroles ont été pour moi l’allégresse et la joie de mon cœur » (Ps. 119:111 ; Jér. 15:16) — Enfin, la Parole « retenue dans un cœur honnête et bon », nous pourrons « porter du fruit avec patience » ; c’est ce que le Seigneur attend de nous, ce qu’il désire pour que le Père soit glorifié ! (Luc 8:15 ; Jean 15:1 à 8).
La Parole nous donne la connaissance des pensées de Dieu, elle contient tous les enseignements qui nous sont nécessaires pour la marche individuelle et collective. Que notre oreille soit toujours ouverte pour les recevoir, mais avant tout que le soit notre cœur ! « Le cœur de l’homme intelligent acquiert la connaissance, et l’oreille des sages cherche la connaissance » (Prov. 18, 15). Il est bien vrai que ce que cherche l’oreille, c’est le cœur qui l’acquiert. Comme il serait dangereux de ne chercher la connaissance que pour remplir notre esprit, sans qu’il y ait un profond travail dans notre cœur ! Un de nos devanciers a exprimé cette pensée : « Craignons un esprit bien meublé et un cœur vide ». La seule vraie connaissance est en effet celle qui est, tout à la fois, de l’esprit et du cœur, car seule elle nous attache à Christ. Être attaché au Seigneur de tout son cœur, telle est l’exhortation que Barnabas adressait aux croyants de l’assemblée d’Antioche, nouvellement formée (Actes 11:23). Ils étaient tout au début de la vie chrétienne et il est tellement important que, dès le commencement, les affections du cœur soient bien orientées. Les premiers pas d’un croyant, bien souvent, donnent le ton à tout ce qui suit ; de sorte que l’on est particulièrement heureux de voir de jeunes croyants, des enfants de parents chrétiens en particulier, « attachés au Seigneur de tout leur cœur ». Ce peut être une précieuse sauvegarde dans le chemin à parcourir et cela peut conduire aux saintes décisions de cœur, semblables à celle que Daniel avait prise lorsqu’il était dans le palais du roi Nebucadnetsar : « Et Daniel arrêta dans son cœur qu’il ne se souillerait point par les mets délicats du roi et par le vin qu’il buvait » (Dan. 1:8). Pourquoi tant de nos décisions ne sont-elles que des velléités ? Parce qu’elles sont des lèvres seulement et pas du cœur ! Dans les circonstances où il était placé, il fallait vraiment que le cœur de Daniel ait été préparé, formé et que son attachement à l’Éternel soit réel et profond, pour agir comme il l’a fait. Il avait « engagé son cœur », pour reprendre l’expression de Jérémie 30:21, et pouvait prendre ainsi la sainte décision du cœur — décision semblable à celle prise par le Psalmiste : « J’ai juré, et je le tiendrai, de garder les ordonnances de ta justice » (Ps. 119:106). Quel exemple à imiter pour de jeunes croyants — Daniel était encore très jeune à ce moment-là, il avait une quinzaine d’années à peine pense-t-on — et pour nous autres aussi !
Bien des circonstances éprouvantes nous atteignent individuellement, dans nos maisons ou dans les assemblées. Considérons-les en ne perdant jamais de vue que Dieu nous les envoie, ou les permet, pour nous amener à examiner soigneusement l’état de nos cœurs. L’histoire d’Israël déjà nous l’enseigne ; cette parole lui est adressée au moment où, ayant achevé la traversée du désert, il va entrer en Canaan : « Et tu te souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher ces quarante ans, dans le désert, afin de t’humilier, et de t’éprouver, pour connaître ce qui était dans ton cœur, si tu garderais ses commandements, ou non » (Deut. 8:2). C’est la marche dans le désert, ce sont les épreuves du désert qui manifestent l’état des cœurs ; et le fait de garder, ou non, les commandements divins dépend, comme nous l’avons déjà remarqué, de l’état des cœurs. Ne nous arrive-t-il pas de chercher à régler des différends entre nous, à la manière des hommes, avec plus ou moins de « diplomatie », et en oubliant que ce qu’il faut considérer en premier lieu, c’est l’état des cœurs ? Lorsque les cœurs sont en bon état devant Dieu, il n’y a pas de difficultés.
Mais il n’est pas toujours facile, nous le savons par expérience, de voir clair dans son propre cœur. Aussi avons-nous besoin de reprendre la prière de David : « Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon cœur ; éprouve-moi, et connais mes pensées. Et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139:23, 24). Laissons-nous sonder par Dieu, par sa Parole, « vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants », Parole qui « discerne les pensées et les intentions du cœur » (Héb. 4:12). Si nous ne laissons pas la Parole opérer ce travail dans notre cœur, un Dieu qui nous aime nous dispensera des exercices — qui pourront être très douloureux — afin de mettre en lumière l’état de notre cœur, de manifester extérieurement ce qu’il y a à l’intérieur. Les circonstances qui conduisent à cette manifestation n’ont, généralement, que peu d’importance en elles-mêmes ; il serait sans profit de s’y arrêter et lorsque, par exemple, survient un désaccord entre croyants, de rechercher sous prétexte de paix un arrangement qui peut-être sauvegarderait les apparences, mais ne serait pas le vrai remède à cette situation. C’est l’état des cœurs qui doit être jugé et, pour cela, il faut être devant Dieu, dans sa lumière.
Il y a parfois dans nos cœurs tellement de volonté propre que cette opposition à l’accomplissement de la volonté de Dieu en nous le contraint à agir, par tel moyen qu’il trouve bon d’employer, pour frayer des chemins dans nos cœurs afin que sa volonté puisse y opérer sans que des obstacles lui barrent la route. Bienheureux ceux « dans le cœur desquels sont les chemins frayés » (Ps. 84:5). Mais pour cela, que de souffrances parfois, que de déchirements qui brisent notre propre volonté, notre cœur et nous amènent à verser les larmes de la repentance et de l’humiliation ! C’est alors la vallée des pleurs, la vallée de Baca qu’il faut traverser ; mais en y passant, le croyant qui apprend les leçons que Dieu veut lui enseigner « en fait une fontaine » : il en retire de la bénédiction et du rafraîchissement, goûtant par ailleurs tout ce que lui apporte d’enrichissement la pluie qui vient d’en-haut !
Pour notre bien à chacun, pour la paix et la prospérité des assemblées, considérons et méditons les enseignements que nous donnent les différents passages qui ont été devant nous. Puissent-ils demeurer sur nos cœurs et que nous soit accordée la grâce de les mettre en pratique ! Que notre cœur à chacun soit en bon état, qu’il soit rempli de Christ, et nous ferons l’expérience que la vie chrétienne est une vie heureuse et facile, quand elle est vécue dans l’obéissance à la Parole cachée dans le cœur, dans la soumission à la volonté de Dieu.
Soumets tout notre cœur
À ton doux empire ;
Que pour toi seul, Seigneur,
Il batte, il soupire.
ME 1971 p.197
Lorsque Siméon vint dans le temple, après avoir pris entre ses bras le petit enfant Jésus et rendu grâces à Dieu, il bénit Marie et Joseph et dit à Marie : « Voici, celui-ci est mis pour la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et pour un signe que l’on contredira (et même une épée transpercera ta propre âme), en sorte que les pensées de plusieurs cœurs soient révélées » (Luc 2:25 à 35). Il fait allusion à l’heure douloureuse où Jésus sera crucifié, Marie se tenant près de la croix. — La scène de Golgotha est unique dans toute l’histoire de l’humanité et c’est en rapport avec elle, avec l’œuvre accomplie par Christ à la croix, que les pensées des cœurs doivent être révélées. Les hommes peuvent raisonner leur vie entière sur mille questions de plus ou moins grande valeur, une chose importe avant tout : les pensées du cœur à l’égard de Christ, de Christ crucifié. Nous ne voulons pas dire qu’il n’y ait pas dans la vie chrétienne individuelle et dans la marche ecclésiastique bien des points qu’il convient de régler devant Dieu, dans une obéissance entière à sa Parole, mais la chose capitale, celle qui est au point de départ et qui d’ailleurs doit, en définitive, permettre de régler tout le reste, c’est celle-ci : qu’en est-il de Christ pour notre cœur, de l’amour de Christ, de son sacrifice expiatoire, de ce qu’il a enduré pendant les trois heures de l’abandon ? Il faudra, tôt ou tard, que les pensées des cœurs soient révélées relativement à Christ et à son œuvre de la croix.
Le chapitre 26 de l’évangile selon Matthieu nous présente plusieurs personnes ou groupes de personnes dont les cœurs sont manifestés, et cela en rapport avec le fait indiqué au verset 2 : « Vous savez », dit Jésus à ses disciples, « que la Pâque est dans deux jours, et le fils de l’homme est livré pour être crucifié ».
Au cours d’une scène précédente (Matt. 21:1 à 11), « une immense foule étendit ses vêtements sur le chemin, et d’autres coupaient des rameaux des arbres et les répandaient sur le chemin. Et les foules qui allaient devant lui, et celles qui suivaient, criaient, disant : Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très-hauts !… Et les foules disaient : Celui-ci est Jésus, le prophète, qui est de Nazareth de Galilée » (v. 8 à 11).
Tout cela est très touchant et réjouissant pour quiconque se fie aux apparences, mais « l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au cœur » (1 Sam. 16:7). Quel était le véritable état du cœur de ceux qui composaient ces foules ? C’est le fait que « le fils de l’homme est livré pour être crucifié » qui va le révéler : les foules s’associent à Judas pour livrer Jésus et, peu après, elles doivent entendre les paroles de reproche que le Seigneur leur adresse (Matt. 26:47 et 55, 56). Au chapitre 21 ce sont les apparences, au chapitre 26 la triste réalité !
Certes, ils se sont toujours opposés au Seigneur : nous voyons l’hostilité des pharisiens (Matt. 12:14, 24 ; 15, 1, 2, 12 ; 16, 1 ; 19, 3 ; 22, 15, 34 à 36), celle des principaux sacrificateurs et des scribes (21:15, 16), celle des principaux sacrificateurs et des anciens (21:23) et celle des scribes et des pharisiens hypocrites, sur lesquels le Seigneur prononce par sept fois le « Malheur à vous » du chapitre 23. Mais dans aucun de ces passages l’opposition et la haine des chefs du peuple ne sont parvenues au degré qu’elles atteignent au chapitre 26. Dans ce chapitre, nous les voyons d’abord — principaux sacrificateurs et anciens du peuple — s’assembler dans le palais de Caïphe, le souverain sacrificateur, et « tenir conseil ensemble pour se saisir de Jésus par ruse et le faire mourir » (v. 3, 4), puis recevoir les propositions de Judas Iscariote auquel ils comptent, leur marché ayant été conclu, trente pièces d’argent pour le leur livrer (v. 14, 15), ensuite envoyer Judas pour se saisir de Jésus, comme cela avait été convenu (v. 47), enfin, assemblés auprès de Caïphe auquel Jésus venait d’être livré, chercher quelque faux témoignage contre lui (v. 57 à 60). L’état de leur cœur est ainsi pleinement mis en lumière : remplis de haine contre Christ, ils veulent sa crucifixion.
Rien ne nous est dit de l’attitude du souverain sacrificateur pendant le ministère du Seigneur, à part sans doute une exception : Jean 11:49 à 52. Celui qui est appelé « le prince de ton peuple » (Ex. 22:28 ; Actes 23:5) avait à maintenir la loi et les droits de Dieu ; or, nous le voyons, dans les scènes qui se rattachent à la crucifixion, se dresser contre Dieu et contre son Christ. Dans toute l’activité qu’il exerce alors, l’état de son cœur est mis en évidence : il complote avec les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple (Matt. 26:3), reçoit Jésus qui vient de lui être livré (v. 57), l’interroge et, pour trouver un sujet d’accusation contre lui, l’adjure de dire s’il est « le Christ, le Fils de Dieu » (v. 62, 63), déchire ses vêtements — ce que, semble-t-il, il ne devait pas faire (Lév. 10:6) — et accuse Jésus d’avoir blasphémé parce qu’il a dit être le Christ, le Fils de Dieu et le fils de l’homme, qui un jour apparaîtra en gloire « venant sur les nuées du ciel » (v. 63 à 65).
Il était l’un des douze, choisi par le Seigneur. Ayant cheminé avec Lui, ses affections avaient été touchées — dans une certaine mesure au moins — mais sa conscience n’avait jamais été atteinte, elle s’était même endurcie. Pendant le ministère du Seigneur, il avait sans doute paru être un disciple semblable aux autres, mais au moment où Jésus allait être crucifié, le cœur de Judas est mis à nu. Toutes les apparences font alors place à la terrible réalité !
Judas offre aux principaux sacrificateurs de leur livrer Jésus, mais après avoir d’abord demandé quelle somme d’argent on lui donnerait pour cela (v. 14, 15) — le cœur n’est-il pas serré à une telle pensée ? — puis, au cours du souper, alors que le Seigneur lui montre qu’il est au fait de toutes choses et déclare à ses disciples que l’un d’entre eux va le livrer, Judas — qui a déjà conclu son inique marché avec les principaux sacrificateurs — il ose demander, tout comme les autres disciples : « Est-ce moi, Rabbi ? » (v 20 à 25) ; enfin avec une grande foule, il vient pour se saisir de Jésus, saluant Celui qu’il baise ensuite avec empressement (v. 47 à 50). Il ajoute l’hypocrisie à son horrible forfait !
Jusqu’ici nous n’avons vu que des personnes hostiles, opposées à Christ et cherchant à le faire mourir. Nous considérerons maintenant une autre classe de personnes, avec leurs défaillances sans doute mais dont le cœur était plein d’amour pour le Seigneur.
Eux aussi, comme Judas, avaient cheminé à la suite du Seigneur. Pierre n’avait-il pas dit à Jésus : « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi » (Matt. 19:27) ? Il y avait chez eux, malgré leur faiblesse et leurs manquements, un réel attachement à leur Maître ; les circonstances rapportées dans le chapitre 26 de Matthieu manifestent l’état de leur cœur.
Ayant reçu une communication du Seigneur : « Vous savez que la Pâque est dans deux jours, et le fils de l’homme est livré pour être crucifié » (v. 1, 2), ils ne sont pas à la hauteur de ses pensées au cours de la scène qui se déroule dans la maison de Simon le lépreux : ils ne comprennent pas la portée de l’acte de Marie, accompli en un tel moment, et au lieu de se réjouir de voir leur Seigneur et Maître honoré avant d’aller à la croix, ils s’écrient : « À quoi bon cette perte ? Car ce parfum aurait pu être vendu pour une forte somme, et être donné aux pauvres » et ils « en furent indignés » (v. 8, 9). Cela témoignait de leur inintelligence. — Nous les voyons ensuite interroger le Seigneur au sujet de la pâque, demandant dans quel logis ils devaient préparer ce qui était nécessaire à sa célébration. Ici, leur obéissance est manifeste : « Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et ils apprêtèrent la pâque » (v. 17 à 19). Après quoi, le Seigneur se met à table avec eux pour manger la pâque et, « comme ils mangeaient », institue la cène (v. 20 à 30) — L’un d’eux, Pierre, refuse d’accepter pour lui-même la parole que Jésus leur dit ensuite : « Vous serez tous scandalisés en moi, cette nuit… » et répond : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi ». Quelle folie ! Au devant de quelles amères expériences va le disciple qui croit pouvoir s’appuyer sur son amour pour son Maître ! Mais encore, il entraîne les autres dans ce chemin : « Et tous les disciples dirent la même chose » (v. 31 à 35). — C’est ensuite la scène de Gethsémané, au cours de laquelle, appelés par le Seigneur, trois disciples — Pierre, Jacques et Jean — vont un peu plus loin que les autres, sans aller toutefois jusqu’au lieu du combat que le Seigneur pouvait seul livrer et qu’il livra seul. En présence de cette scène unique où le Seigneur souffre, par anticipation, la douleur qui l’étreindra à la croix, les trois disciples se laissent gagner par le sommeil : « Et il vient vers les disciples, et il les trouve dormant… » (v. 36 à 46). Que de défaillances de la part de ceux qui pourtant aimaient le Seigneur ! Ne les accablons pas, tels sont nos pauvres cœurs ! — Mais les disciples devaient aller plus loin encore : « Alors tous les disciples le laissèrent et s’enfuirent » (v. 56). Jésus vient d’être arrêté par Judas, accompagné de la foule, pour être conduit devant le souverain sacrificateur et les chefs du peuple ; les disciples l’abandonnent…
Si avec Judas nous avons la méchanceté et la perversité de la chair — qui n’hésite pas à vendre son Maître pour quelques pièces d’argent — avec Pierre nous avons sa faiblesse, mais liée à un amour ardent et sincère pour le Seigneur. Les différentes circonstances par lesquelles il a été amené à passer durant le ministère du Seigneur nous montrent tout à la fois et cet amour et cette faiblesse. Maintenant, le cœur du disciple va être manifesté jusqu’au fond.
Il l’est en premier lieu dans la circonstance rapportée dans les versets 31 à 35, au cours de laquelle Pierre n’hésite pas à déclarer : « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi » ; puis en Gethsémané, où nous voyons plutôt la faiblesse du disciple : il n’a pu « veiller une heure » avec Jésus, lui qui se croyait capable de le suivre en prison et jusqu’à la mort ! (v. 36 à 46). Pierre n’a ni veillé ni prié, bien que le Seigneur y ait exhorté ses trois disciples, aussi n’est-il pas gardé des impulsions de la chair et, mû par son amour pour Celui qu’il croyait pouvoir délivrer de ses ennemis, il tire son épée et emporte l’oreille de l’esclave du souverain sacrificateur (v. 51). Depuis le verset 58 nous avons son attitude dans le palais du souverain sacrificateur, elle aboutit à son douloureux reniement (v. 69 à 75). Tandis qu’il voulait suivre son Maître jusque dans la mort, combien peu il a su imiter ce parfait Modèle : Jésus a prié à Gethsémané, puis il s’est laissé « amener comme un agneau à la boucherie » quand Judas, avec la foule, s’est présenté pour se saisir de lui et, devant le souverain sacrificateur, il a fait la belle confession rapportée au verset 64 ; — tout au contraire, dans ces trois circonstances, Pierre dort, tire son épée et renie le Seigneur ! C’est bien la chair qui dort quand il faudrait veiller, combat quand il faudrait demeurer tranquille et renie le Seigneur au plus fort de l’épreuve. La chute de Pierre a commencé par sa négligence dans le service de la prière ; aussi, en présence de la tentation, la puissance de la communion avec le Seigneur, précédée et entretenue par la prière, font défaut au disciple et il tombe. Chute combien humiliante et douloureuse !
Combien il est doux pour nos cœurs de considérer cette « femme » — Marie de Béthanie — la seule personne qui, dans les différentes scènes retracées dans ce chapitre, ne manifeste aucune défaillance et dont le cœur brûle pour le Seigneur ! Elle l’aime et en a déjà donné des preuves, mais son « amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence » ce qui la conduit à « discerner les choses excellentes » (Phil. 1:9, 10). L’acte qu’elle accomplit témoigne de ce qui remplit son cœur ; rien dans sa vie passée n’avait pu en donner un pareil témoignage. « Le fils de l’homme est livré pour être crucifié » (v. 2), les pensées de son cœur sont alors pleinement révélées et le Seigneur pourra dire d’elle : « elle a fait une bonne œuvre envers moi… en répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture » (v. 10 à 12). Dans un moment où les foules, les chefs du peuple, Judas montrent toute leur haine contre Christ, où les disciples et Pierre, qui pourtant l’aiment, se révèlent incapables de manifester leur amour par les actes qui convenaient, cette humble femme remplit un service d’une valeur inestimable et, seule, est vraiment à la hauteur des pensées du Seigneur !
Méditons sur ce que le Seigneur a éprouvé en considérant cette femme, sur le prix qu’avait pour Lui un tel témoignage en un tel moment. Il connaissait Marie, il l’avait vue souvent à Béthanie, à ses pieds pour écouter sa parole ou pour exprimer sa douleur ; peut-être pouvons-nous dire qu’elle était la seule qu’il savait capable de lui donner une telle preuve d’amour au moment où il allait être crucifié. Et il a désiré que le souvenir de cet acte soit pieusement gardé : « en quelque lieu que cet évangile soit prêché dans le monde entier, on parlera aussi de ce que cette femme a fait, en mémoire d’elle » (v. 13).
Enfin — et c’est bien ce qu’il y a de plus précieux à considérer et à méditer — au travers de toutes les scènes rapportées dans ce chapitre, est manifesté de manière si touchante ce qu’il y a dans le cœur du Seigneur !
Ses paroles disent ce que son cœur a éprouvé dans l’accomplissement de l’acte de Marie (v. 6 à 13). — Ensuite, groupant les siens autour de Lui pour célébrer la dernière pâque qu’il avait « fort désiré » de manger avec eux avant de souffrir, il exerce leur conscience, démasque Judas et, après que le traître est sorti (cf. Jean 13:31), il institue le mémorial de ses souffrances et de sa mort (Matt. 26:20 à 30). Comme il était doux pour son cœur de laisser aux siens un tel souvenir ! En leur donnant la cène c’est son cœur qui parle. Avec grâce, pour les encourager et fortifier leur foi, il leur annonce que si le moment est venu où le berger va être frappé et les brebis dispersées, il ressuscitera et ira devant eux en Galilée. Son cœur pense à ses rachetés, brebis qui vont connaître la dispersion (cf. v. 56), et il veut à l’avance les assurer que s’il doit être crucifié, il sortira vainqueur du tombeau et viendra à leur rencontre. Il veut aussi s’occuper spécialement de Pierre qui, confiant comme il l’était dans son amour ardent pour son Maître, devait aller jusqu’à une chute douloureuse. Quel cœur que le cœur du Seigneur ! (v. 31 à 35) — C’est ensuite la scène de Gethsémané (v. 36 à 46). Il se rend avec ses disciples dans le jardin où il va livrer un terrible combat, mais il prend spécialement avec Lui Pierre, Jacques et Jean. Il va porter en esprit, à ce moment-là en communion avec son Père, l’épreuve à nulle autre pareille qu’il connaîtra à Golgotha durant les trois heures de ténèbres, alors abandonné de son Dieu. Si intense et profonde que soit sa douleur tandis qu’il lutte à genoux et que, dans l’angoisse du combat, sa sueur comme des grumeaux de sang découle sur la terre, il s’occupe encore des trois disciples qu’il eût voulu voir veillant et priant. Au travers des angoisses de Gethsémané, son cœur pense à eux ! — Judas vient avec la foule pour se saisir de Lui et il le baise avec empressement. Cela pourrait-il tarir l’amour de son cœur ? Le Seigneur a une parole pour le traître, parole qui aurait dû, semble-t-il, atteindre son cœur et transpercer sa conscience : « Ami, pourquoi es-tu venu ? ». Cet « ami », ce « pourquoi », ce « venu » : trois mots bien propres à toucher le cœur de celui dont la conscience était trop profondément endurcie pour qu’il renonçât à faire ce à quoi il s’était engagé, et dont il avait reçu à l’avance le salaire « trente pièces d’argent » ! Le Seigneur qui aurait pu avoir, s’il l’avait désiré, plus de douze légions d’anges pour le délivrer, se laisse conduire comme « un agneau à la boucherie » et reprend Pierre qui, dans son énergie charnelle, a sorti son épée du fourreau et coupé l’oreille de l’esclave du souverain sacrificateur. — C’est aux foules qu’il s’adresse ensuite, leur déclarant que « les écritures des prophètes » devaient être accomplies. « Alors tous les disciples le laissèrent et s’enfuirent ».
Les versets 57 à 68 nous montrent le Seigneur devant Caïphe, les scribes, les principaux sacrificateurs, les anciens et tout le sanhédrin. Alors qu’ils cherchent quelque faux témoignage contre Lui, Jésus garde le silence, il est « comme une brebis muette devant ceux qui la tondent » (És. 53:7). Il déclare seulement, répondant à la question de Caïphe, qu’il est « le Christ, le Fils de Dieu » et il ajoute : « De plus, je vous dis : dorénavant vous verrez le fils de l’homme assis à la droite de la puissance, et venant sur les nuées du ciel ». Il est alors accusé de blasphème, déclaré mériter la mort et il est l’objet de la haine, des moqueries et des coups de ceux entre les mains desquels il a été livré. — Le chapitre se termine par la scène du reniement de Pierre. La parole que le Seigneur lui avait dite, et dont il se souvint alors, l’amena à sortir et à pleurer amèrement ; le souvenir de cette parole lui disait maintenant — il ne l’avait pas compris quand elle avait été prononcée — tout ce qu’il y avait pour lui dans le cœur du Seigneur.
Chacun des rachetés de Christ peut dire : Il est le « Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). Que chacun se pose alors la question : quel effet pratique cela produit-il dans ma vie ? Nous habituons-nous au rappel de la mort de Christ sur la croix d’une manière telle que cela laisserait nos cœurs plus ou moins insensibles ou, au contraire, pouvons-nous le réaliser avec l’apôtre : « … il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui pour eux est mort et a été ressuscité » (2 Cor. 5:15) ? C’est l’état de notre cœur qui conditionne notre vie ici-bas. Qu’en est-il de notre cœur, de nos affections pour le Seigneur ?
Un jour l’état des cœurs sera pleinement manifesté. Il le sera pour les incrédules devant le grand trône blanc (Apoc. 20:11 à 15) : les morts seront jugés « selon leurs œuvres », et les œuvres découlent de l’état du cœur (cf. Matt. 15:18 à 20) ; en ce jour-là, « Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des hommes » (Rom. 2:16), c’est-à-dire les motifs cachés, les pensées du cœur. Il le sera, pour nous croyants, « devant le tribunal du Christ » où « chacun recevra les choses accomplies dans le corps, selon ce qu’il aura fait, soit bien, soit mal » (2 Cor. 5:10). Sans doute n’est-il pas question de condamnation pour le croyant, mais de manifestation et de rétribution. Ce qui sera manifesté et rétribué, c’est ce qui aura été fait ; mais là encore les œuvres témoigneront de l’état des cœurs et tous les mobiles secrets qui, au fond de notre cœur, nous auront fait agir, seront amenés à la lumière. Un croyant ayant été caractérisé par un profond attachement pour le Seigneur, ayant joui de Son amour pleinement manifesté dans les souffrances et la mort de la croix, ayant montré par son obéissance son propre amour pour Celui qui l’a tant aimé, sera heureux de voir alors mises en lumière — tout étant à la gloire de Christ — des œuvres témoignant de ce qu’aura été dans sa vie l’état de son cœur, des œuvres accomplies d’une manière telle que les mobiles des actes pourront supporter la lumière du tribunal. Le Seigneur « manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Cor. 4:5).
Une telle manifestation devant avoir lieu, puissions-nous comme l’apôtre réaliser ce qu’il écrit à la suite du passage de 2 Cor. 5 que nous avons cité (v. 11). Combien il est nécessaire de veiller sur l’état de nos cœurs, de « garder notre cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues (ou : les résultats) de la vie » (Prov. 4:23). Les résultats de la vie peuvent être vus déjà présentement, dans une mesure au moins ; ils le seront dans la pleine lumière du tribunal du Christ et témoigneront alors de l’état de notre cœur dans le jour actuel et montreront quels sont les mobiles qui nous auront fait agir.
Sachons trouver dans la contemplation des souffrances de Christ à la croix de puissants motifs pour « renier l’impiété et les convoitises mondaines » et pour « vivre dans le présent siècle sobrement, et justement, et pieusement, attendant la bienheureuse espérance et l’apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ, qui s’est donné lui-même pour nous, afin qu’il nous rachetât de toute iniquité et qu’il purifiât pour lui-même un peuple acquis, zélé pour les bonnes œuvres » (Tite 2:12 à 14). Que toute notre vie — pensées, paroles, actions — montre que notre cœur est occupé et nourri de Christ, rempli de Lui, profondément touché par ses souffrances et sa mort de la croix ! C’est le secret d’une vie à Sa gloire.
ME 1972 p. 85
« Le chemin du juste est la droiture » dit le cantique qui sera chanté dans le pays de Juda (És. 26:1, 7). D’autre part, David écrit dans l’un de ses Psaumes : « L’Éternel aime la droiture » (Ps. 37:28).
Conséquent avec ce qu’il exprimait ainsi, David a eu à cœur de réaliser une marche dans la droiture, si même il y a eu quelques défaillances dans sa vie. Après avoir préparé tous les matériaux nécessaires pour la construction du temple, il « bénit l’Éternel aux yeux de toute la congrégation » et déclare notamment : « Et je sais, ô mon Dieu, que tu sondes le cœur, et que tu prends plaisir à la droiture : moi, dans la droiture de mon cœur, j’ai offert volontairement toutes ces choses… » (1 Chron. 29:2 à 5, 10, 17). Ce qu’il avait fait, tout ce qui était vu extérieurement correspondait à ce qu’il y avait dans son cœur ; il avait conscience que Dieu « sonde le cœur » et pouvait par conséquent discerner si les actes accomplis étaient vraiment en accord avec les pensées du cœur. Son fils Salomon, s’adressant à l’Éternel, peut rendre de lui ce beau témoignage : « Tu as usé d’une grande bonté envers ton serviteur David, mon père, selon qu’il a marché devant toi en vérité et en justice, et en droiture de cœur avec toi… » (1 Rois 3:6). Enfin, lorsque la maison de Dieu fut bâtie, l’Éternel apparut à Salomon pour lui dire : « Et toi, si tu marches devant moi comme a marché David, ton père, d’un cœur parfait et en droiture, pour faire selon tout ce que je t’ai commandé, et si tu gardes mes statuts et mes ordonnances, j’affermirai le trône de ton royaume sur Israël à toujours, comme j’ai parlé à David, ton père… » (ib. 9:4, 5) — promesse et encouragement pour Salomon, mais aussi témoignage rendu à David, témoignage ayant plus de valeur encore, puisqu’il venait de l’Éternel, que celui que Salomon avait pu rendre lui-même.
Le livre des Proverbes, qui est de Salomon, nous donne plusieurs enseignements au sujet de la droiture — de cette droiture qui avait caractérisé la marche de David son père. Au début du chapitre 2 sont indiquées les conditions qui doivent être remplies pour discerner « la justice et le juste jugement et la droiture » (v. 9). Dans les quatre premiers versets du chapitre, il y a cinq « si », cinq conditions posées : recevoir les paroles et cacher par devers soi les commandements de Dieu pour rendre son oreille attentive à la sagesse — incliner son cœur à l’intelligence — appeler le discernement — adresser sa voix à l’intelligence — la chercher comme de l’argent, la rechercher comme des trésors cachés. Trois conséquences découlent de la réalisation de ces choses : « alors tu comprendras… tu trouveras… tu discerneras » (v. 5, 9). Tu comprendras la crainte de l’Éternel, tu trouveras la connaissance de Dieu, tu discerneras la justice et le juste jugement et la droiture. Pour être à même de vivre une vie dans la droiture, qui est « le chemin du juste » et que « l’Éternel aime », ayons à cœur de mettre en pratique ce qui est placé devant nous dans ces quatre premiers versets de Proverbes 2 et laissons-nous conduire par Celui qui veut nous enseigner « la voie de la sagesse » et nous diriger « dans les chemins de la droiture » (Prov. 4:11).
Une marche dans la droiture est liée à la crainte de Dieu (cf. Prov. 14:2 : « Celui qui marche dans sa droiture craint l’Éternel »), crainte qui caractérisait les croyants des premiers jours de l’Église — « toute âme avait de la crainte » (Actes 2:43) — et qui marque un résidu pieux dans des jours de ruine : « Alors ceux qui craignent l’Éternel ont parlé l’un à l’autre, et l’Éternel a été attentif et a entendu, et un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom » (Mal. 3:16). Ce même livre de Malachie nous donne, au chapitre 2, les caractères de Lévi — type de Christ, homme ici-bas : « Mon alliance avec lui était la vie et la paix, et je les lui donnai pour qu’il craignît ; et il me craignit et trembla devant mon nom. La loi de vérité était dans sa bouche, et l’iniquité ne se trouva pas sur ses lèvres ; il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de l’iniquité beaucoup de gens ». « L’Éternel aime la droiture » et, par ailleurs, le Psaume 147 nous dit que « le plaisir de l’Éternel est en ceux qui le craignent » (v. 11) ; nous comprenons donc pourquoi le ciel s’est ouvert sur le vrai Lévi, l’homme parfait, le seul homme qui ait pleinement accompli la volonté de Dieu, la voix du Père déclarant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3:17). Puissions-nous imiter Celui qui a marché tout au long de son chemin dans la droiture et la crainte de Dieu !
Marcher avec droiture, c’est avoir le cœur rempli de la crainte de Dieu, c’est veiller avec soin à ce que toute l’activité extérieure corresponde à l’état du cœur. Manquer de droiture, c’est avoir un comportement de belle apparence peut-être, mais qui n’est pas en accord avec l’état intérieur ; ceux qui nous entourent et ne jugent que d’après les apparences peuvent ne pas se rendre compte de ce désaccord, mais rien n’échappe à Celui qui « sonde le cœur » et « prend plaisir à la droiture » (1 Chron. 29:17). Manquer de droiture, c’est attrister le cœur de Celui qui « aime la droiture » !
Ne pas parler la vérité à son frère (cf. Éph. 4:25), sous les prétextes les plus divers, c’est manquer de droiture. Certes, il convient de parler la vérité avec douceur, avec grâce, et cela demande un exercice avec le Seigneur, qui seul peut donner les paroles qui conviendront ; si nous reculons devant l’exercice et si, dans le désir de ne pas faire de peine à notre frère, nous ne lui disons rien ou, pire encore, nous lui disons ce qui n’est pas selon la vérité, nous manquons de droiture. Nous manquons également de droiture si nous nous exprimons d’une certaine manière en parlant à un frère et de manière différente quand nous nous adressons à un autre, cela peut-être avec un sincère désir de ne faire de peine à aucun d’eux et de maintenir la paix entre les frères ! S’appliquer à satisfaire des hommes, chercher à complaire à des hommes, pour quelque motif que ce soit, cela ne peut être le fait d’un « esclave de Christ » (cf. Gal. 1:10). On ne saurait trop approuver celui qui, animé de bonnes intentions, déploie tous ses efforts pour le maintien de la paix dans l’assemblée — tout cela est selon Dieu — mais si, en vue d’un tel résultat, il agit à la manière des hommes, avec plus ou moins de cette « diplomatie » dont les hommes se glorifient, en fait il manque de droiture. De même, il manque de droiture celui qui s’approprie « le gain acquis par extorsion » ou « prend un présent » (cf. És. 33:15) ; une telle conduite compromet son témoignage personnel dans le monde et, en outre, porte atteinte au témoignage collectif.
Des promesses sont faites à « celui qui marche dans la justice… qui parle avec droiture… ». Littéralement, le passage d’Ésaïe 33 s’applique au moment où le Roi va apparaître « dans sa beauté » et établir son règne glorieux, mais nous pouvons en faire une application à ce qui nous concerne présentement : « Celui qui marche dans la justice, et celui qui parle avec droiture, celui qui rejette le gain acquis par extorsion, qui secoue ses mains pour ne pas prendre de présent, qui bouche ses oreilles pour ne pas entendre parler de sang et qui ferme ses yeux pour ne pas voir le mal — celui-là demeurera en haut : les forteresses des rochers seront sa haute retraite ; son pain lui sera donné, ses eaux seront assurées. Tes yeux verront le roi dans sa beauté ; ils contempleront le pays lointain » (v. 15 à 17). Ces promesses constituent pour nous, comme pour le peuple terrestre dans un jour à venir, un encouragement à « marcher dans la justice » et à « parler avec droiture ». Que la lecture et méditation de la Parole nous y engage toujours plus et nous fortifie dans ce chemin ! « Mes paroles », dit l’Éternel à son peuple terrestre, « ne font-elles pas du bien à celui qui marche avec droiture ? » (Michée 2:7).
L’Éternel demande trois choses à Israël, à nous aussi : « Et qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu ? » (Michée 6:8). Ayons à cœur de le réaliser pour notre plus grand bien, pour qu’un témoignage fidèle soit rendu et, par-dessus toutes choses, parce que « l’Éternel aime la droiture » !