Philippe Tapernoux
ME 1920 p. 316, 335, 353, 374
Les sous-titres ont été ajoutés pas Bibliquest
Table des matières :
1 - Importance et réalité de relations personnelles avec Christ
2 - 10:1 — Celui qui résout les questions difficiles
2.2 - Souffrances qui atteignent le croyant — La grâce et le gouvernement
4 - 10:4 — Connaître l’accès à Dieu, puis les richesses en Christ
5 - 10:4 — Admirer la maison qu’Il a bâtie
7 - 10:5 — La tenue de Ses serviteurs
8 - 10:5 — Des bénédictions plus élevées, ou : l’ascension dans la gloire
9 - 10:8 — Demeurer continuellement dans Sa présence et sous Ses enseignements
10 - 10:10 — Dévouement et consécration
Nous avons assurément ici le tableau anticipé de la gloire d’un plus grand que Salomon (Luc 11:31). Ce dernier avait été placé sur le trône d’Israël par l’Éternel, et la position élevée qu’il occupait nous rappelle Celui qui, « ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu » (Héb. 10:12). Le Seigneur Jésus n’est plus dans l’humiliation et l’opprobre, mais dans la place d’honneur et de puissance : il sera bientôt manifesté au monde dans sa gloire royale ; il prendra alors sa grande puissance et montera sur son trône (Luc 1:32, 33 ; És. 9:6, 7).
Nous désirons considérer cette scène instructive comme une illustration de l’importance et de la profonde réalité de relations personnelles avec Christ par la foi. Il est maintenant sur le trône du Père et il faut que nous ayons affaire avec Lui. Nous ne devons pas nous contenter d’avoir un refuge nous abritant du jugement à venir : son œuvre accomplie à la croix nous donne, par grâce, un droit assuré à cette délivrance. Quelque précieux qu’il soit pour nous de nous rappeler son amour et les souffrances inexprimables qu’il a traversées à la croix, c’est sur le trône du Père que la foi le contemple maintenant, et c’est de là que ses bénédictions se répandent sur tous les membres de son corps. C’est là que nous le rencontrons et, croyant en Lui, nous pouvons dire avec l’écrivain de l’épître aux Hébreux : Nous voyons Jésus » (Héb. 2:9).
Ce fut lorsque la reine de Shéba eut joui d’un entretien personnel avec Salomon qu’elle fut capable d’apprécier avec intelligence toute la gloire dont il était entouré : pensée très importante à retenir en rapport avec nos privilèges. Nous apprenons ainsi combien il est nécessaire que nous soyons amenés à une connaissance personnelle du Seigneur Jésus pour comprendre notre position en Lui et réaliser ce que sont ses intérêts ici-bas.
Il y a beaucoup d’enfants de Dieu qui connaissent le pardon de leurs péchés, et qui sont cependant dans une grande perplexité et dans la confusion relativement à la vérité de l’Assemblée, de la Table du Seigneur, du ministère, etc. Il y a aussi beaucoup d’autres questions à l’égard desquelles ils manquent de paix et d’assurance dans leurs âmes, parce qu’ils n’ont jamais cherché la pensée du Seigneur à leur sujet, afin d’être enseignés par son Esprit et sa Parole.
Espérant que ceux qui liront ces lignes possèdent la paix avec Dieu et connaissent le privilège d’entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, nous désirons considérer avec eux les leçons instructives que, par voie d’illustration, nous donne cette histoire, quant à l’importance et aux résultats bénis de relations personnelles avec le Seigneur Jésus.
La reine gentile
avait entendu
parler de
Salomon ; elle avait appris que Dieu l’avait placé sur le trône
d’Israël ; la renommée du roi s’était étendue jusqu’aux extrémités de la
terre. La reine de Shéba avait cru la rumeur
qui en était parvenue à ses oreilles. C’est ainsi que son cœur
avait été
attiré à lui. Ce n’étaient pas les biens
de
Salomon qui l’occupaient maintenant, mais sa personne
elle-même : c’était lui qu’elle
désirait ardemment connaître ; rien d’autre qu’une connaissance
personnelle du roi ne pouvait la satisfaire. Aussi, elle ne se laissa arrêter
par aucune difficulté. « Elle vint des bouts de la terre » (Luc 11:31), avec la
ferme décision de trouver Salomon. Elle avait entendu
et cru
, et sa foi se montra par des œuvres :
elle n’eut point de repos qu’elle ne se trouvât dans la présence de l’Oint de 1’Éternel.
Il y a assurément une grande
différence entre croire en la valeur de l’œuvre
accomplie (de Christ) à la croix,
et s’approcher par la foi du trône de Dieu pour y rencontrer la Personne
glorieuse du Sauveur victorieux
de la mort, l’âme qui fait ainsi, ayant compris l’amour merveilleux manifesté
dans cette œuvre même. Lorsque le croyant a de cette manière personnellement
affaire avec le Fils de Dieu, c’est pour lui le point de départ d’une vie toute
nouvelle. Il a trouvé désormais pour son cœur un Objet incomparable et
pleinement suffisant. Il expérimente la réalité bénie de la communion avec
Celui qui est mort et ressuscité et qui est « vivant aux siècles des siècles » (Apoc. 1:17, 18). Il le contemple comme l’Homme glorieux que
Dieu a exalté et placé sur son trône, et il est assuré « qu’au nom de Jésus se
ploiera tout genou des êtres célestes et terrestres et infernaux » (Phil. 2:10).
Il le connaît comme Celui en qui « habite toute la plénitude de la déité
corporellement » (Col. 2:10), comme celui que Dieu « a donné pour être chef sur
toutes choses à l’assemblée qui est son corps » (Éph.
1:22, 23), et qu’il a « fait asseoir à sa droite au-dessus de toute principauté,
et autorité, et puissance, et domination » (Éph. 1:20,
21). Nous le connaissons aussi comme un Ami qui « aime en tout temps » et qui
agit comme un frère « né pour la détresse » (Prov. 17:17), car : « il est tel
ami plus attaché qu’un frère » (Prov. 18:24). Nous apprenons enfin qu’il est
notre Avocat, notre souverain Sacrificateur et notre Berger.
Lorsque cette femme de foi se trouva en présence de celui que Dieu avait placé sur le trône de David, quelle fut sa première requête ? Elle lui demanda la solution des problèmes difficiles qui agitaient son esprit et que personne d’autre que lui ne pouvait résoudre : « Elle vint pour l’éprouver par des énigmes » (1 Rois 10:1).
La plupart d’entre nous n’ont-ils pas des questions obscures qui les embarrassent ? Beaucoup ne courent-ils pas d’un prédicateur à l’autre et ne lisent-ils pas de gros livres de théologie pour obtenir la lumière et la paix, souvent, hélas ! en vain ? Les années s’écoulent, et leur entendement reste rempli de doutes et de perplexités ; tandis que, s’ils plaçaient devant le Seigneur les énigmes qui les troublent, ils recevraient une prompte délivrance de leurs difficultés. Si nous avons conscience que nous appartenons au Seigneur, nous nous approcherons tout naturellement de Lui et, par un exercice salutaire, nous lui ferons connaître nos besoins, en lui exposant nos requêtes « par des prières et des supplications, avec des actions de grâces » (Phil. 4:6). Nous ne pouvons nous attendre à ce que nos questions difficiles soient résolues, si nous l’oublions et cherchons le secours et la délivrance ailleurs qu’auprès de Lui.
Qui d’entre nous, ayant
vraiment appris à connaître la méchanceté incurable de la chair, n’a pas trouvé
insoluble la question suivante : Pourquoi le croyant, dont la Parole dit
qu’il n’est pas « dans la chair » (Rom. 8:9), réalise-t-il douloureusement son
activité en lui
et ce qui est plus grave encore, pourquoi, à son humiliation
et à sa douleur profondes, fait-il souvent l’expérience qu’elle se manifeste
par des chutes et des péchés qui déshonorent le Seigneur ? C’est vraiment
un problème ardu pour celui qui lit dans l’Écriture qu’il n’est pas « dans la
chair » que la découverte de l’activité de celle-ci en lui ; bien des âmes
en ont été longtemps embarrassées. Toutefois, le
Seigneur est puissant pour en donner la solution à ceux qui placent cette
difficulté devant Lui, avec le désir d’être éclairés par Lui. À la lumière de
sa Parole, ils apprendront que quant à sa position devant Dieu, le croyant
n’est plus en Adam, mais en Christ ; que, par la mort de Celui-ci, notre
vieil homme a été crucifié et que Dieu nous a donné, en Christ ressuscité, la
vie éternelle. Ainsi, nous ne sommes plus « en Adam », ni « dans la chair », mais
« dans le Christ Jésus » en qui nous sommes agréés et accomplis, bien qu’ayant
toujours la chair en nous, et faisant l’expérience qu’elle est incapable
d’aucun bien. Nous avons la victoire sur elle, en nous rappelant que nous avons
été « crucifiés avec Christ » (Gal. 2:20). Nous sommes donc exhortés à nous tenir
nous-mêmes « pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus »
(Rom. 6:11).
Ainsi, quant à notre position,
nous avons passé de la mort à
la vie : nous sommes « dans le Christ Jésus » (Rom. 8:1). De fait
, la chair en nous est
irrémédiablement mauvaise : « Ce qui est né de la chair est chair » (Jean
3:6). Quant à notre état
, bien que cette dernière soit encore
en nous, elle n’empêche pas notre communion avec le Seigneur, en tant que « nous
ne marchons pas selon la chair, mais selon l’Esprit » (Rom. 8:4). Quant à la puissance
de notre marche, elle découle
de l’habitation du Saint Esprit en nous qui nous occupe du Seigneur
Jésus-Christ, en qui se trouvent toute notre force et toutes nos bénédictions.
Parce que la chair est encore en nous, l’apôtre, après nous avoir déclaré que nous sommes morts et que notre « vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3:3), nous exhorte à mortifier nos « membres qui sont sur la terre, la fornication » etc., et à renoncer « à toutes ces choses : colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses venant de notre bouche » (Col. 3:5, 8). Ainsi, tout devient simple quand nous avons reçu la pensée du Seigneur. Par contre, il est extrêmement douteux qu’une âme exercée puisse trouver la clef de cette énigme sans avoir eu affaire à ce sujet avec le Seigneur lui-même, par le moyen de sa Parole bénie.
Un autre exemple des questions embarrassantes qui plongent beaucoup de chrétiens dans la perplexité est celui-ci : Pourquoi tant d’âmes pieuses, qui sont les objets particuliers de la faveur de Dieu, sont-elles appelées à traverser les eaux profondes de la douleur et de l’humiliation ? Bien des fidèles ont vu en cela une énigme insoluble, jusqu’à ce que, comme Asaph, ils soient entrés « dans les sanctuaires de Dieu » (Ps. 73:17).
Il y a dans les voies de Dieu
envers les hommes, telles qu’elles nous sont révélées dans les Écritures, deux
manifestations différentes de ses pensées et de son caractère ; sa
grâce
et son gouvernement.
Ce
sont deux lignes distinctes qui, considérées séparément, paraissent très
claires, mais que nous ne devons pas confondre en cherchant à les unir. Dieu
seul, dans sa sagesse infinie, peut mettre en parfaite harmonie les exigences
de l’une et de l’autre. Il est bon et ne fait que le bien, mais ses voies sont « introuvables » (Rom. 11:33). Toutefois, il « opère
toutes choses selon le conseil de sa propre volonté » (Éph.
1:11), et fait que « toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui
l’aiment » (Rom. 8:28). Dans sa grâce
, il nous a sauvés et bénis à
toujours ; dans son gouvernement
,
il ne se trompe pas et exerce ses droits sur nous, parce qu’il nous aime. Ses
voies de grâce et les actes de son gouvernement à notre égard ne se
contredisent jamais les uns les autres.
C’est parce que nous sommes
ses rachetés que nous sommes les objets des soins et de la discipline de Celui
qui est « le Père des esprits » (Héb. 12:9), et qui
connaît parfaitement nos cœurs. Pourquoi un enfant de Dieu est-il favorisé et
prospèrent-il dans ses intérêts matériels, tandis qu’un autre rencontre la
détresse et les revers, souvent cela est un mystère pour nous : toutefois
nous pouvons être assurés que tout est dirigé pour le mieux par Celui auquel
nous appartenons. Ainsi, bien que nous devions souvent confesser que ses voies gouvernementales
sont insondables
à nos yeux, c’est notre heureux privilège, comme objets de la grâce divine,
de nous tenir fermes « dans
la liberté dans laquelle Christ nous a placés, en nous « affranchissant » (Gal.
5:1) et de nous réjouir « dans l’espérance de sa gloire » (Rom. 5:1). Alors, si
les objets les plus précieux de nos affections nous sont enlevés, si nos amis
nous oublient, si nos plus chères espérances sont détruites et que les liens
terrestres les plus doux soient brisés, nous pouvons toujours nous reposer sur
sa grâce, étant assurés que tout ce qui nous arrive est permis pour notre bien :
Ici, famille, amis, tout passe ;
Le bonheur parait et s’efface ;
Son cœur seul jamais ne se lasse.
Oh ! quel amour !
C’est donc le privilège du chrétien de demeurer fermement attaché à la grâce de Dieu, sachant que, dans toutes les circonstances, le Seigneur Jésus-Christ est sa ressource et son refuge, et que c’est à Lui qu’il peut présenter toutes ses questions difficiles, parce que c’est Lui seul qui peut les résoudre à sa pleine satisfaction.
Nous remarquons encore que la
reine de Shéba « vint vers Salomon et lui parla de tout
ce qu’elle avait sur son cœur » (1 Rois 10:2). Nous lisons ensuite que Salomon
lui expliqua toutes
les choses dont elle parlait : il n’y eut pas
une chose cachée pour le roi, pas une chose qu’il ne lui expliquât » (10:3).
Elle trouva tant de bénédiction dans la présence du roi qu’elle fut encouragée
à lui ouvrir pleinement son âme, si grande était la confiance que faisait
naître la sagesse que Dieu lui avait donnée.
Ce tableau tracé par l’Esprit Saint nous enseigne une autre leçon précieuse, c’est que quiconque a goûté la douceur d’une connaissance personnelle de Christ est contraint de répandre son cœur devant Celui dont la grâce et la sagesse ont entièrement gagné sa confiance.
Lorsque nous réalisons notre place en Christ dans les lieux célestes, en la présence de Celui qui est notre vie et notre justice, là où son sang est toujours devant Dieu dans son efficace infinie, nous pouvons lui ouvrir nos pensées et lui dire ce que nous ne pourrions révéler à personne d’autre. La puissance manifestée en notre faveur étant sans limites, son amour étant parfait, sa sagesse infinie, sa fidélité immuable, il mérite toute notre confiance, et il nous assure qu’il dépassera toute notre attente.
Jusqu’ici, la reine avait été occupée de Salomon lui-même, non pas de ce qu’il avait fait ou de la gloire dont il était environné, mais de sa sagesse qui la frappait vivement. Certes, c’était la grâce qui l’avait admise en la présence de celui que le Dieu d’Israël avait placé sur le trône. Lorsqu’elle entendit ses paroles, sa sagesse la remplit d’admiration. Il en est ainsi de nous. Nous apprenons d’abord à connaître la grâce de Dieu qui nous accorde un libre accès en sa présence, puis nous découvrons les richesses que nous avons en Celui qui est « la sagesse de Dieu ». Sa grâce merveilleuse a été manifestée dans sa mort, par laquelle il a rendu « impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort » (Héb. 2:14). Puis, maintenant exalté à la droite de la majesté dans les cieux, il s’occupe avec une tendre sollicitude de tout ce qui concerne l’âme, le corps et les circonstances individuelles et collectives de tous ses rachetés. Ainsi, par ses soins incessants, toutes les brebis et tous les agneaux de son troupeau sont nourris, gardés, restaurés, délivrés et soignés d’une manière si merveilleuse que les cheveux même de nos têtes sont tous comptés.
Dans toutes ses voies envers nous, ainsi que dans le fait qu’il soutient toutes choses par la parole de sa puissance et qu’il opère selon le conseil de sa volonté, nous voyons briller la sagesse du Seigneur, de même que sa grâce infinie nous est apparue quand il nous a amenés à Lui. Qui dira la bénédiction qui découle pour nos âmes d’une connaissance personnelle de Christ acquise par une communion intime avec Lui ? Le sentiment profond de ce qu’il est lui-même remplit nos âmes d’adoration et de louange. C’est avec raison qu’un apôtre s’écrie : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » (Rom. 11:33).
Ayant réalisé la bénédiction
qui se trouvait dans la présence de Salomon, la reine de Shéba,
remplie d’une joie profonde par la connaissance personnelle du roi, considère
maintenant ce qui l’entourait dans son glorieux domaine. « La maison
qu’il avait bâtie » (10:4) attire
d’abord son attention. Il en est de même de nous : lorsque nous jouissons
réellement du Seigneur et sommes occupés de ses gloires morales, ses gloires
officielles nous intéressent. Chaque croyant étant agréé de Dieu en Lui et uni
à Lui par le Saint Esprit, tous les rachetés ensemble lui sont unis et forment
son corps dont il est la Tête glorifiée. Ce corps est l’Assemblée, comparée
aussi à une maison spirituelle qu’il bâtit, et dont il est la pierre de
fondement. Il dit à Pierre : « Sur ce roc, je bâtirai
mon assemblée »
(Matt. 16:18). Il parle au futur, parce qu’il n’avait pas encore commencé ce
travail. Cette construction commença le jour de la Pentecôte, le Saint Esprit
étant descendu ce jour-là pour unir tous les croyants en un seul corps à la
Tête glorifiée (1 Cor. 12:13). Cette œuvre divine a continué dès lors sans
interruption. Malgré tout le péché et la ruine de l’Église responsable, le
Seigneur n’a pas cessé la construction de sa maison, et il y ajoutera des
pierres vivantes jusqu’à ce que, son travail étant terminé, il vienne du ciel
enlever les siens à sa rencontre en l’air. Alors son Église bien-aimée sera le
temple saint dans lequel il manifestera sa gloire.
Si la reine de Shéba pouvait admirer la maison que Salomon avait bâtie, laquelle, malgré toute sa gloire, était passagère et destinée à être détruite, quels doivent être les sentiments du chrétien en considérant l’Assemblée de Dieu qui sera revêtue d’une beauté inflétrissable ! Elle sera vue comme l’Épouse de Christ, unique dans son caractère, le fruit le plus précieux du travail de sa grâce, céleste dans son appel et sa destinée, amenée à la vie selon le dessein éternel du Père et sa grâce en Christ. Dans cette Assemblée, Juifs et Gentils croyants sont unis ensemble par le Saint Esprit en un seul corps dont il est la vie et la puissance, à la louange de sa gloire.
« Les mets de sa table
» (10:4)
l’occupent également. En considérant ce récit divin comme une
illustration des vérités qui nous ont été révélées, nous sommes frappés de
constater que souvent, c’est lorsque les croyants ont été amenés à la
jouissance de relations personnelles avec le Seigneur et à la connaissance de
ses pensées relativement à son Assemblée, qu’ils découvrent ensuite qu’il a une table
ici-bas. Nous ne trouvons
qu’une fois dans la Parole l’expression « la table du Seigneur » (1 Cor. 10:21),
mais ce qui la caractérise est décrit clairement, de sorte que nous ne sommes
pas laissés à nos propres pensées à ce sujet. Un des traits importants qu’elle
revêt, c’est la communion des saints qui y est réalisée. Cette communion n’est
pas fondée sur une expérience particulière, ou sur un lien spécial, unissant
ceux qui s’y trouvent, mais sur le sang de Christ : « La coupe de
bénédiction que nous bénissons n’est-elle pas la communion du sang du
Christ ? » (1 Cor. 10:16).
Un autre trait
caractéristique de la Table du Seigneur est qu’elle exprime la vérité du « seul
corps », symbolisé par le « seul pain » (10:17) qui s’y trouve. Chaque croyant,
participant à ce seul pain, non seulement se nourrit de Christ, mais il
exprime, en communion avec tous ses frères qui ont part au « seul et même pain »
l’unité du seul corps : « Car nous qui sommes plusieurs sommes un seul
pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor.
10:17). Ce ne fut pas seulement la table
de
Salomon, mais les mets
qui s’y
trouvaient qui attirèrent les regards de la reine gentile. Ceux qui aujourd’hui
discernent le caractère spirituel de la table du Seigneur réalisent la douceur
des mets précieux dont elle est chargée.
Le pain et la coupe qui rappellent à la foi le corps et le sang du Seigneur sont d’un prix infini pour nos âmes. Ainsi la table du Seigneur n’est pas seulement la place de dignité et de bénédiction la plus élevée que nous puissions occuper ici-bas, mais nous y trouvons « les mets » les plus délicieux que Dieu puisse préparer pour la joie des siens.
La reine remarque aussi « la tenue de ses serviteurs et l’ordre de service de ses officiers et leurs vêtements et ses échansons » (10:5). Le grand nombre de serviteurs de Salomon et la variété de leurs fonctions manifestaient la sagesse du roi et l’ordre de son royaume. C’est ainsi que maintenant, la multitude de ceux qui servent le Seigneur et la diversité de leurs fonctions présentent à l’entendement renouvelé un sujet d’un intérêt profond. Étant monté en haut, le Seigneur victorieux de la mort a reçu « des dons dans l’homme » (Ps. 68:18), et tous ses serviteurs sont sous sa direction et sa dépendance. La diversité des dons qu’ils ont reçus est aussi grande que l’est celle des membres du corps humain (1 Cor. 12:12). Chacun de ceux-ci est nécessaire et contribue au bien de l’ensemble ; aucun membre ne peut en remplacer un autre.
Nous avons à distinguer soigneusement entre la place et les fonctions de tous les membres du corps de Christ et le ministère proprement dit, en vue duquel le Chef glorifié a donné des dons spéciaux à certains d’entre eux (Éph. 4:10-12). Ce ministère a un tout autre caractère que les fonctions des sacrificateurs et des Lévites selon l’ordre d’Aaron, car Dieu s’occupait alors d’un peuple terrestre. Maintenant il introduit les siens dans des bénédictions spirituelles, les rend participants d’un appel céleste et les unit à Christ en haut, comme Chef d’un seul corps. Tout ce travail de la grâce, dans sa merveilleuse activité pratique, devient clair pour ceux qui jouissent de la communion du Seigneur et écoutent ses instructions.
Lorsque la reine vit « la rampe par laquelle il montait dans la maison de l’Éternel, il n’y eut plus d’esprit en elle » (10:5). Cela nous rappelle que nos bénédictions les plus élevées sont liées à l’ascension du Seigneur dans la gloire. Dieu l’ayant fait asseoir au-dessus de tout nom qui se nomme, « l’a donné pour être Chef sur toutes choses à l’assemblée qui est son corps » (Éph. 1:21-23). « Étant monté en haut, il a donné des dons aux hommes » (Éph. 4:8), par le Saint Esprit envoyé ici-bas. Le « chemin de la vie » qui l’a conduit des profondeurs de la mort dans la gloire, après qu’il eut triomphé des « principautés et des autorités » (Col. 2:15), nous rappelle sa victoire. En le contemplant sur le trône de la majesté dans les cieux, nous jouissons de la paix et entrons avec une pleine liberté dans le saint lieu.
Ainsi, d’une part, nos bénédictions sont fondées sur le sang de la croix, de l’autre, elles sont assurées en Christ monté dans la gloire, duquel tout le corps reçoit sa nourriture et son édification. Comme la reine de Shéba, nous pouvons dire que nous n’avions entrevu qu’une bien faible partie des bénédictions dans lesquelles la grâce de Dieu nous a amenés. Nous ne sommes pas surpris qu’elle déclare que la sagesse et la prospérité de Salomon dépassaient la rumeur qu’elle en avait entendue. Plus est intime et profonde notre jouissance de la communion du Seigneur, plus nous déclarerons que sa gloire surpasse tout ce que nous avions pensé ou entendu dire de Lui.
Par cette entrevue, la reine
apprit une autre leçon bénie. Elle comprit que, pour les serviteurs du roi, le
vrai secret du bonheur se trouvait dans le privilège qu’ils avaient de demeurer
continuellement dans sa présence et sous ses enseignements. Aussi, elle
s’écrie : « Heureux tes gens, heureux ceux-ci tes serviteurs, qui se
tiennent continuellement
devant toi,
et qui entendent ta sagesse ! » (1 Rois 10:8). Aucun croyant ne peut être
réellement heureux loin du Seigneur. Avoir communion avec Lui, entrer par la
foi dans ses pensées, participer à sa joie et à son repos, tel est assurément
l’unique secret de notre bonheur ici-bas. Réaliser pratiquement sa présence,
jouir continuellement de cet amour qui garde nos cœurs dans l’obéissance à sa
Parole, avoir toutes nos sources en Lui, est la part bénie de ceux qui
demeurent à ses pieds. Tous les croyants devraient jouir de ces bénédictions,
mais, hélas ! il n’en est pas toujours ainsi. Si
nous restons à distance du Seigneur et refusons de marcher dans le sentier de
la fidélité, nous contristons son Esprit et perdons la jouissance de sa
communion, parce que nous suivons une voie qui déshonore Celui auquel nous
appartenons. De plus, si nous nous laissons envahir par les soucis de la vie,
nous sommes écrasés sous le poids de nos circonstances présentes et nous nous
rendons malheureux, car nous sommes occupés de nos peines, plutôt que de
Christ. Nous sommes alors en danger de mesurer l’amour de Dieu par le plus ou moins de prospérité extérieure qu’il nous accorde, ce qui
n’est qu’incrédulité et déception.
Un
des plus grands pièges dans lesquels le chrétien puisse tomber est d’être occupé
de lui-
même.
L’ennemi réussit
alors souvent à le plonger dans un trouble profond et à le faire passer par des
alternatives d’exaltation et de dépression morales inexprimables. Si nous avons
le moi
pour objet, que ce soit en
bien ou en mal, nous ne pouvons nous élever au-dessus de nos propres pensées et
sommes ainsi pratiquement séparés du Seigneur, seule source de notre joie.
Celui qui tombe dans cet état est non seulement malheureux lui-même, mais il
fait souffrir tous ceux qui l’entourent et exerce sur eux une influence fâcheuse.
Il peut être nécessaire pour nous de considérer nos circonstances, ainsi que
nos voies et notre état d’âme pour en faire des sujets de prières et de
jugement de nous-mêmes, mais si nous laissons quoi que ce soit se placer entre
nous et Christ, de sorte qu’il ne soit plus l’objet unique de nos cœurs, nous
ne sommes plus dans le chemin de la foi et du progrès spirituel. N’oublions
donc jamais que le secret du bonheur est d’être « continuellement » devant le
Seigneur et de demeurer à ses pieds pour écouter sa Parole.
Un autre effet béni de
l’entrevue de la reine de Shéba avec Salomon fut de
la conduire au dévouement et à la consécration de ses biens à l’oint de
l’Éternel : « Elle donna
au roi
cent-vingt talents d’or et des aromates en très grande quantité et des pierres
précieuses » (10:10). Semblable à la pieuse femme qui brisa le vase d’albâtre et
répandit « le parfum de nard pur » sur la tête de Jésus (Marc 14:3, 4), elle ne
considérait aucun sacrifice comme étant trop coûteux lorsque le roi en était
l’objet. Elle avait reçu de grandes bénédictions par son moyen et c’était
maintenant sa joie de lui témoigner sa reconnaissance. C’est ainsi que « l’amour
du Christ, nous étreint » (2 Cor. 5:14). « Nous, nous l’aimons parce qu’il nous a
aimés le premier » (1 Jean 4:19). Les droits d’un tel amour sont tout-puissants.
Qui peut le sonder et rendre à Celui qui en est la source selon la grandeur de
cet amour ? Lorsque nous en jouissons dans nos âmes, nous ne pouvons que
nous prosterner devant Lui dans l’adoration et dire : « À celui qui nous
aime… à lui la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen » (Apoc. 1:5, 6).
N’oublions pas de remarquer la munificence du roi envers elle : « Le roi Salomon donna à la reine de Shéba tout son désir, tout ce qu’elle demanda outre ce qu’il lui donna selon le pouvoir du roi Salomon » (10:13). Ce fait nous rappelle deux caractères que revêtent les bénédictions du Seigneur : d’abord il nous lave de nos péchés dans son sang et nous amène, en communion avec lui-même, dans ses propres joies et sa gloire. Ensuite, il nous donne selon les désirs de nos cœurs, comme nous le dit sa Parole : « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez et il vous sera fait » (Jean 15:7).
Faveur merveilleuse pour des êtres tels que nous qui faisions partie des nations sans Dieu et sans espérance ! Ainsi, c’est dans la connaissance de Christ et dans la jouissance de sa communion que nos cœurs seront satisfaits et heureux. Lorsqu’il en est ainsi, nous pouvons, comme la reine, nous en aller chez nous le cœur rempli de joie et de reconnaissance, pour rendre témoignage à Celui que nous avons appris à connaître, partout où il dirige nos pas. « Elle s’en retourna, et s’en alla dans son pays, elle et ses serviteurs » (10:13). Elle était si pénétrée de la bonté et de la sagesse de Salomon, ainsi que de la faveur dont elle était l’objet de sa part, qu’elle pouvait parler de lui à tous ceux qu’elle rencontrait.
Puissions-nous ne pas demeurer dans le silence, mais répandre partout le parfum du nom glorieux de Celui en qui nous avons trouvé joie et satisfaction et cela en nous tenant à ses pieds dans une étroite communion avec Lui-même !