Arend Remmers [ajouts bibliquest entre crochets]
ME 2016, p. 97-107, 138-142
[Voir article parallèle : « La nourriture du Seigneur Jésus »]
Table des matières abrégée :
1 - La volonté propre de l’homme [ : c’est la caractéristique du péché]
2 - Christ — l’Homme venu du ciel
3 - La volonté du Seigneur Jésus : accomplir le bon plaisir de Dieu.
4 - Non pas ma volonté, mais la Tienne.
6 - La volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite [Rom. 12:2]
Table des matières détaillée :
1 - La volonté propre de l’homme [ : c’est la caractéristique du péché]
2 - Christ — l’Homme venu du ciel
2.1 - [Délivrance par un substitut parfait qui porte le jugement de Dieu contre le péché]
2.3 - [Christ était Dieu, mais parfaitement homme]
2.4 - [En ressemblance de chair de péché]
2.5 - [Il n’y avait même pas la possibilité qu’Il pèche]
3 - La volonté du Seigneur Jésus : accomplir le bon plaisir de Dieu
3.1 - [Contraste avec Adam : pas de volonté indépendante de Dieu]
3.2 - [Faire la volonté de Dieu, était Sa nourriture = une nécessité intérieure et un plaisir]
3.3 - [Il faisait toujours les choses qui plaisent au Père]
3.4 - [Obéissance avec une volonté correspondant à celle du Père]
3.5 - [Il a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes]
3.6.1 - [Guérison du lépreux de Marc 1]
3.6.2 - [La part éternelle et glorieuse des rachetés, selon Jean 17]
4 - Non pas ma volonté, mais la Tienne
4.2 - [Accepter sans réserve ce qui Lui faisait horreur]
4.3 - [Non pas une soumission forcée, mais une obéissance parfaite]
5.1 - [Modèle parfait, sauf dans l’expiation des péchés]
5.2 - [Christ n’avait pas la chair, la vieille nature]
5.3 - [Phil.2 – Obéissance absolue : un exemple à suivre]
5.4 - [2 Cor. 10 – Toute pensée captive à l’obéissance du Christ]
6 - La volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite [Rom. 12:2]
6.1 - Un avertissement [Ne vous conformez pas à ce siècle]
6.2 - Un enseignement [Soyez transformés par le renouvellement de votre entendement]
6.3 - Une exhortation [pour que vous discerniez]
6.3.2 - [Volonté] « Agréable »
6.3.3 - [Volonté] « Parfaite »
Nos premiers parents ont été séduits par Satan et ont transgressé
le commandement de Dieu. C’est de cette manière que la volonté propre, la
désobéissance et le péché sont entrés dans le monde. Tous les descendants d’Adam
et d’Ève sont nés pécheurs, à l’image de leurs parents. Le trait
caractéristique du péché est la volonté propre de la créature qui met de côté
la volonté de Dieu, révélée maintenant dans l’Écriture Sainte. Paul décrit sa
propre vie, ainsi que celle des hommes sans Dieu, par les mots : « accomplissant
les volontés de la chair et des pensées
» (Éph. 2:3). « La
chair » est la mauvaise nature de l’homme, apparue à cause de la chute de
nos premiers parents, et c’est elle qui est la source du péché. « Les pensées »
sont le chemin par lequel la chair se manifeste. Pierre résume les débordements
du péché des hommes sans Dieu par l’expression : « la volonté des
nations
», et il mentionne « la débauche, les convoitises, l’ivrognerie,
les excès dans le manger et le boire et les criminelles idolâtries » (1
Pierre 4:3). La « volonté propre
» religieuse, qui se montre « dans
l’humilité et dans le culte des anges », dans un service religieux établi
par l’homme et qui n’épargne pas le corps, ne vaut pas mieux. Elle sert
également à « la satisfaction de la chair » (Col. 2:18-23). Tel est
le jugement solennel que la parole de Dieu place sous nos yeux.
Il n’y avait qu’un seul moyen de libérer de ce terrible joug les hommes corrompus par le péché et par conséquent perdus pour l’éternité. Il fallait qu’un substitut parfait prenne sur lui le jugement de Dieu contre le péché et le subisse. C’est ce qu’a fait notre Seigneur Jésus Christ. C’est dans ce but que le Fils éternel de Dieu est devenu un homme comme nous, mais sans péché. Les Écritures prennent grand soin à établir que, tout en étant véritablement homme, il était absolument sans péché. S’il avait présenté la moindre trace de péché, il n’aurait pas pu être notre Rédempteur.
À ses adversaires, Jésus a posé une fois la question : « Qui
d’entre vous me convainc de péché ? » (Jean 8: 46). Aucun homme ne
pouvait le faire, car en lui il n’y avait point de péché (1 Jean 3:5), il n’a
pas connu le péché (2 Cor. 5:21) et il n’a pas commis de péché (1 Pierre 2:22).
Sa nature humaine parfaite ne connaissait pas de penchants mauvais, ni de pensées
mauvaises, pas plus que de paroles ou d’actes mauvais. Dans le psaume 17, il
est dit prophétiquement à son sujet : « Tu as sondé mon cœur, tu m’as
visité de nuit ; tu m’as éprouvé au creuset, tu n’as rien trouvé ; ma
pensée ne va pas au-delà de ma parole
» (v. 3). Une telle affirmation
n’est entièrement vraie pour aucun homme sur la terre ; elle l’est seulement
pour lui.
Mais Jésus Christ, le Fils éternel de Dieu venu sur la terre, n’était pas seulement homme ; il était en même temps Dieu (Jean 1:14 ; 20:28 ; Phil. 2:5-7 ; 1 Tim. 2:5 ; 1 Jean 1:1-2). Cependant, nous ne devons pas nous l’imaginer comme ayant seulement un corps humain, alors que son être intérieur était divin et par conséquent sans péché, tout-puissant et omniscient. Alors, il n’aurait été homme que dans son apparence extérieure. Mais il était parfaitement homme — corps, âme et esprit.
Jésus possédait un corps avec des besoins comme la faim, la soif et la fatigue (Luc 4:2 ; Jean 4:6 ; 19:28). Il avait un esprit humain et une âme humaine. Il a connu le trouble et la tristesse dans son esprit et dans son âme (Mat. 26:38 ; Jean 11:33 ; 12:27 ; 13:21). Il a pleuré en pensant à Jérusalem, et devant le tombeau de Lazare (Luc 19:41 ; Jean 11:35). Comme homme, notre Seigneur a aussi accepté les limitations humaines, qui lui étaient complètement étrangères comme Dieu. Lorsqu’il était enfant, il « avançait en sagesse et en stature » (Luc 2:52) — comme les autres enfants sur la terre. Les évangiles nous rapportent son étonnement en face de la foi du centurion de Capernaüm (Mat. 8:10 ; Luc 7:9) et de l’incrédulité des hommes de Nazareth (Marc 6:6). En parlant du jour futur de son apparition en gloire, le Seigneur dit : « Quant à ce jour-là, ou à l’heure, personne n’en a connaissance, pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils, mais le Père » (Marc 13:32). Nous ne trouvons ces paroles que dans l’évangile de Marc, qui présente le Seigneur comme le vrai serviteur de l’Éternel. La réalité de l’abaissement du Fils de Dieu ne pourrait pas être décrite plus clairement. Tous ces exemples ne laissent pas le moindre doute quant à la réalité et à la perfection de son humanité. Ils ne contredisent pas non plus sa divinité, pour laquelle il ne peut y avoir ni trouble, ni croissance, ni étonnement, ni surprise, ni ignorance. Il est devenu homme, mais il est resté Dieu ; il est « sur toutes choses Dieu béni éternellement » (Rom. 9:5).
Le Fils de Dieu est venu « en ressemblance de chair de
péché, et pour le péché » — c’est-à-dire pour son abolition (Rom. 8:3). Un
autre passage nous dit : « Puis donc que les enfants ont eu part au
sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé » (Héb. 2:14). « Semblablement »
indique une manière proche, mais non pas identique. Il « s’est anéanti
lui-même, prenant la forme d’esclave, étant fait à la ressemblance des hommes ;
et, étant trouvé en figure comme un homme, il s’est abaissé lui-même, étant
devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix
» (Phil. 2:7-8).
Dans un monde de pécheurs, il était le seul homme sans péché, lui, le second homme,
l’homme du ciel.
La pensée que le Seigneur n’a pas péché mais qu’il en aurait eu
la possibilité est en contradiction avec la parole de Dieu. « Car nous n’avons
pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais
nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché
»
(Héb. 4:15). S’il avait pu pécher, il aurait eu une nature pécheresse comme les
autres hommes, mais ce n’est pas le cas. Avant sa désobéissance, Adam avait une
nature susceptible de pécher. Il était « une âme vivante », alors que
le Seigneur Jésus, le second homme et le dernier Adam, l’homme du ciel, était
un « esprit vivifiant » (1 Cor. 15:45-49). Il était parfaitement homme,
mais sans la nature des hommes déchus. S’il l’avait eue, il n’aurait pas pu
être notre rédempteur, car il aurait lui-même eu besoin de rédemption.
Nous voyons la perfection de l’humanité de notre Seigneur à
chaque pas de sa vie sur la terre. Le premier couple humain a fait sa propre
volonté dès que l’occasion s’en est présentée, et il s’est ainsi éloigné de
Dieu. Mais pour le Seigneur Jésus, nous voyons absolument le contraire. Dans l’évangile
de Jean, où il est placé devant nous comme le Fils éternel de Dieu, nous
trouvons beaucoup de déclarations concernant sa vie d’homme obéissant sur la
terre. Par exemple : « Je suis descendu du ciel, non pour faire ma
volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé
» (Jean 6:38). Quel
contraste avec le premier couple ! Adam et Ève ont cherché à s’élever afin
d’être égaux à Dieu, comme Satan le leur avait suggéré (Gen. 3:5). Par contre
le Fils de Dieu, qui était de toute éternité « en forme de Dieu », n’a
pas considéré comme une chose à s’approprier de Lui être égal (Phil. 2:6). Il
est venu comme l’homme du ciel sur la terre. En contraste complet avec la créature
déchue, son but était de ne pas avoir de volonté propre, de volonté indépendante
de Dieu, mais de n’accomplir que la volonté de son Père qui l’avait envoyé. C’est
ce qu’il a réalisé dans toute sa vie.
Ce que le Seigneur dit de son obéissance est particulièrement
remarquable. « Ma viande (ou ma nourriture) est de faire la volonté de
celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre
» (Jean 4:34). Son
obéissance n’était pas uniquement un accomplissement extérieur de la volonté du
Père. Jésus parle ici de nourriture. Pour l’homme, manger est en même temps la
satisfaction d’un besoin et un plaisir. De même, pour le Seigneur, l’obéissance
était en même temps une nécessité intérieure et une joie. Les mots « accomplir
son œuvre » nous indiquent déjà le but de son chemin sur la terre, ce pour
quoi le Père l’avait envoyé : ils évoquent sa mort sur la croix. Cette « œuvre »
qui devait glorifier Dieu et accomplir la rédemption des pécheurs, faisait
partie de ce qu’il appelle sa nourriture, la nourriture de son âme.
Le Seigneur Jésus n’a donc pas simplement accompli la volonté du
Père. On peut se soumettre dans une obéissance extérieure et faire ce qui est commandé
sans être d’accord du fond de son cœur avec l’ordre reçu. Mais il n’en était pas
ainsi de notre Seigneur. Il n’a jamais voulu faire sa propre volonté. Il dit :
« Je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé
»
(Jean 5:30). Cet état de cœur ne le conduisait pas seulement à l’accomplissement
de ce qui lui avait été ordonné, mais cela allait beaucoup plus loin. Parlant
de son Père, il dit : « Je fais toujours les choses qui lui
plaisent
» (Jean 8:29). Ainsi qu’il est écrit au psaume 40 : « C’est
mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir
» (v. 8).
Son obéissance était si précieuse pour Dieu qu’il a pu dire de lui : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir
» (Matt. 3:17 ;
17:5). À tous égards, il est unique.
Ce que le Seigneur dit concernant « les commandements »
de son Père montre aussi cette attitude. Ces mots désignent la volonté expresse
de son Père, volonté qui correspondait toujours à la sienne. Pour Adam et ses
descendants, le fait est que l’apparition du commandement a stimulé celle du
péché — comme il est écrit : « Le commandement étant venu, le péché a
repris vie » (Rom. 7:9). Le premier homme a utilisé les facultés qui lui
avaient été données pour refuser d’obéir au commandement de Dieu. Pour Jésus,
le second homme, le commandement de Dieu était quelque chose à quoi il acquiesçait
toujours parfaitement. Comme homme, il a pris une place de soumission et d’obéissance,
qu’il s’agisse de ses actions, de ses paroles ou du don de sa vie. Concernant
ses paroles, il dit : « Car moi, je n’ai pas parlé de moi-même ;
mais le Père qui m’a envoyé, lui-même m’a commandé ce que je devais dire et
comment j’avais à parler… Les choses donc que moi je dis, je les dis comme le
Père m’a dit
» (Jean 12:49-50). Et concernant le don de sa vie, il dit :
« Personne ne me l’ôte, mais moi, je la laisse de moi-même ; j’ai
le pouvoir de la laisser, et j’ai le pouvoir de la reprendre : j’ai reçu ce
commandement de mon Père
» (Jean 10:18). Voilà combien profondément le
Fils de Dieu s’est abaissé en devenant homme, afin de glorifier Dieu et de nous
sauver.
Le Fils de Dieu « a appris l’obéissance
» (Héb.
5:8), mais pas comme les autres hommes. Pour toute l’espèce humaine, l’éducation
doit s’élever contre la désobéissance et la volonté propre d’êtres qui sont
enclins au péché. Mais quand le Fils de Dieu devenu homme a appris l’obéissance
— et déjà dans son enfance nous le voyons soumis à ses parents (Luc 2:51) — il
n’y avait aucune propre volonté à vaincre. Et pourtant, il l’a apprise. Pour
lui, qui a tout créé et qui soutient toutes choses, l’obéissance était quelque
chose de nouveau et d’inconnu. Comme Créateur, il savait commander, mais c’est
comme homme qu’il a appris à connaître l’obéissance. Et il l’a apprise « par
les choses qu’il a souffertes » — dans les circonstances les plus difficiles
qui soient. Il préférait être obéissant, souffrir et mourir, que d’éviter les souffrances
par la désobéissance. Il en a été ainsi depuis le début de son service, lorsqu’il
a eu faim dans le désert (Luc 4:2-4), jusqu’à la fin, lorsque le coût de son
obéissance a été la mort, et la mort de la croix (Phil. 2:8).
La volonté de Jésus correspondait toujours à la volonté de son Dieu et Père. C’est ce que montrent aussi les passages où il dit : « Je veux ». Ces passages sont parfois utilisés pour soutenir l’idée que le Seigneur avait une volonté indépendante, mais il n’en est pas ainsi.
En Marc 1, un lépreux vient à Jésus en lui disant : « Si
tu veux, tu peux me rendre net ». Jésus, ému de compassion, lui répond :
« Je veux
, sois net », et la lèpre disparaît (v. 40-42). Il
faut remarquer que cette guérison ne correspondait pas seulement à la volonté de
Jésus, le parfait serviteur, mais également à la volonté de Dieu. Il avait
donné à son Fils, comme homme sur la terre, la puissance d’accomplir ces signes
— ou miracles. La guérison venait de Dieu aussi bien que de Jésus, comme l’indique
le récit où le Seigneur ordonne à celui qui est guéri : « Retourne
dans ta maison et raconte tout ce que Dieu t’a fait » (Luc 8:39 ; cf.
Actes 10:38 ; Héb. 2:3-4).
Dans sa prière en Jean 17, le Seigneur Jésus dit : « Père,
je veux
, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y
soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée »
(v. 24). Ici aussi, où il s’agit de la part éternelle et glorieuse des rachetés
dans la maison du Père, la volonté de Jésus est en parfait accord avec celle du
Père. En Hébreux 2, nous lisons au sujet de Dieu le Père : « Car il
convenait pour lui, à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes
choses, que, amenant plusieurs fils à la gloire, il consommât le chef de leur salut
par des souffrances » (v. 10). La volonté du Père et celle du Fils étaient
en parfait accord pour réaliser ce qui était nécessaire afin d’amener « plusieurs
fils à la gloire ».
Ce n’est qu’à la lumière des passages présentés plus haut que
nous pouvons comprendre de façon juste les paroles du Seigneur à Gethsémané.
Dans son combat intérieur et dans son angoisse, il dit : « Père,
si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne
soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite
! » (Luc 22:42).
Les autres évangiles emploient ici des expressions légèrement différentes :
« Toutefois, non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux
! »
(Matt. 26:39) et « Toutefois non pas ce que je veux, moi, mais ce que
tu veux, toi
! » (Marc 14:36). Fondamentalement, le sens est le
même. La demande du Seigneur Jésus à Gethsémané place le lecteur de la Bible
devant la question : Est-ce que le Seigneur avait exceptionnellement ici
une volonté qui différait malgré tout de celle du Père ?
Dans la nature humaine de Christ, il n’y avait pas la moindre trace de volonté propre. Si nous nous souvenons, que — même dans ces moments particulièrement difficiles — c’était toujours sa nourriture, c’est-à-dire son plaisir, de faire la volonté de son Père, la demande : « que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » reste un secret insondable.
Nous nous tenons ici sur une « terre sainte », comme Moïse devant le buisson ardent (Ex. 3:2-5). De même que Moïse ne pouvait comprendre cet événement extraordinaire, nous ne pouvons pas sonder ce qui s’est passé dans le cœur de notre Rédempteur lorsqu’il s’est jeté contre terre et a prié en Gethsémané. Mais nous pouvons dire que la coupe de souffrance qui était devant lui à ce moment-là avait sur lui un effet si horrible qu’il a demandé d’en être épargné, si cela était possible. Il savait que c’était impossible. Quel supplice pour notre Seigneur !
Les sentiments entièrement justes de son âme et les pensées parfaitement saintes de son esprit étaient profondément affectés par l’horreur du péché et par le jugement que Dieu devait exercer sur lui. La croix se présentait clairement devant lui dans tout ce qu’elle comportait de terrible. Mais, même à ce moment-là, sa volonté ne s’est pas écartée tant soit peu de celle de son Dieu et Père. Il était venu pour accomplir cette volonté, dans une obéissance parfaite. Il l’avait dit plus d’une fois auparavant : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:34) et « Car aussi le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs » (Marc 10:45). Mais d’autre part, le Saint et le Juste ne pouvait pas désirer être fait péché et être abandonné de son Dieu. En cela aussi, son cœur et ses pensées étaient en parfaite harmonie avec la volonté de Dieu et avec sa sainteté.
Nous ne devons pas conclure des paroles du Seigneur à Gethsémané qu’il a dû se forcer à boire la coupe que le Père lui donnait à boire. À la lumière de ce que nous trouvons au sujet de la volonté de notre Seigneur dans la Parole, les mots « non pas ma volonté » signifient qu’il n’a jamais — pas même à ce moment-là — voulu autre chose qu’accomplir la volonté de son Père, dans un dévouement volontaire et parfait. Rien d’autre ne pouvait entrer en ligne de compte pour lui. Depuis sa venue sur la terre, et même de toute éternité, son but était de donner sa vie en rançon pour des hommes perdus. Il a poursuivi et atteint ce but en parfait accord avec la volonté de Dieu, aussi difficile qu’en soit le chemin.
Cet accord de volonté ne concerne pas seulement Gethsémané, où il s’est tourné en pleine confiance vers son Père, mais aussi les trois heures de ténèbres, lorsqu’il était sur la croix sous le jugement de Dieu et qu’il a crié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mat. 27:46). Même lorsqu’il était, comme homme, abandonné de son Dieu à cause du péché, sa volonté n’a pas été différente de celle du Père. Dans son obéissance et dans son amour insondable, il est allé « jusqu’à la mort… de la croix » (Phil. 2:8). « Par l’Esprit éternel, il s’est offert lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9:14), et « il s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur » (Éph. 5:2). Ce parfum résultait du dévouement entier et parfait de Christ à la volonté de son Dieu et Père.
Qu’il soit éternellement loué pour son obéissance et son amour, qui demeurent pour nous un mystère insondable !
Dans son obéissance et dans son dévouement jusqu’à la mort, notre Seigneur est unique et parfait. Et pourtant, en cela aussi Il est un exemple pour les Siens. Bien sûr, pas en ce qui concerne l’expiation des péchés. Là, Il est seul.
Il ne possédait pas la chair, dans le sens de la nature pécheresse en laquelle « il n’habite point de bien » (cf. Rom. 7:18). Nous, croyants, nous possédons encore la vieille nature, la chair, en plus de la nouvelle nature reçue lors de notre nouvelle naissance. Puisque ces deux natures sont continuellement opposées l’une à l’autre (cf. Gal. 5:17), nous n’avons pas seulement besoin d’être enseignés quant à la volonté de Dieu, mais d’être exhortés à être obéissants de cœur et d’esprit à Dieu et à sa Parole.
Nous trouvons cela notamment en Philippiens 2. Ce passage nous présente l’abaissement volontaire du Fils de Dieu, qui a pris « la forme d’esclave », c’est-à-dire la forme d’un homme, et qui « a été obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2:6-8). Or ce passage commence par les mots : « Qu’il y ait donc en vous cette pensée qui a été aussi dans le Christ Jésus » (Phil. 2:5). La disposition d’esprit de Christ qui l’a conduit à l’obéissance absolue, nous est présentée ici comme exemple à suivre. Dans notre vie pratique, nous resterons certainement toujours bien en dessous de la perfection de Jésus, mais son état d’esprit nous est donné comme modèle.
L’apôtre Paul suivait cet exemple. En 2 Corinthiens 10, il parle de ses efforts pour « amener toute pensée captive à l’obéissance du Christ » (2 Cor. 10:5). Notre obéissance à Christ a pour modèle son obéissance parfaite à Dieu. Nos pensées s’égarent souvent dans de mauvaises directions, mais si elles sont amenées captives à l’obéissance du Christ, elles ne produiront pas de mal. C’est ce que Paul faisait, non sous la contrainte, ni par légalisme, mais en raison de son désir de plaire au Seigneur Jésus et afin de recevoir la force nécessaire pour le combat spirituel. C’est ce dont nous avons également bien besoin.
En Romains 12, nous trouvons : « Ne vous conformez pas à ce siècle ; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite » (v. 2). Ce passage nous montre quelle est l’obéissance que Dieu aimerait voir en nous, qui est celle que le Seigneur Jésus a réalisée dans toute sa vie. Nous avons ici un avertissement, un enseignement et une exhortation pour nous conduire à accomplir la volonté de Dieu dans notre vie quotidienne.
« Ne vous conformez pas à ce siècle
… » Si nous ne
possédions plus la chair, cet avertissement serait superflu. Mais il est très
nécessaire. L’apôtre Jean confirme : « N’aimez pas le monde, ni les
choses qui sont dans le monde » (1 Jean 2:15). Et il précise : « Tout
ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, et la convoitise des yeux,
et l’orgueil de la vie, n’est pas du Père, mais est du monde » (v. 16).
Notre conformité au monde et à ses habitudes sont un grand danger pour nous. Lorsque
nous faisons comme lui, dans nos pensées ou dans nos faits et gestes, nous sommes
incapables de discerner la volonté de Dieu et de l’accomplir.
« … mais soyez transformés par le renouvellement de
votre entendement
». Par la nouvelle naissance, nous possédons une
nouvelle vie. La chair, notre vieille nature pécheresse, est pourtant encore en
nous, et cherche continuellement à nous tirer dans la mauvaise direction. C’est
pourquoi le renouvellement constant de notre entendement est nécessaire. Chaque
jour, nous avons besoin de l’enseignement de la Parole de Dieu et de la communion
avec lui dans la lumière, par la prière. De cette manière, nos pensées et nos
sentiments seront renouvelés depuis le haut. Ce renouvellement régulier conduit
à un changement intérieur, à une croissance spirituelle. De même, Paul écrit
aux croyants d’Éphèse, en relation avec le nouvel homme qu’ils avaient revêtus :
« et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement » (Éph. 4:23).
Aussi longtemps que nous vivrons sur la terre, nous aurons la chair en nous et
serons entourés d’un monde ennemi. Et aussi longtemps qu’il en sera ainsi, nous
aurons besoin d’un changement permanent, par le renouvellement de nos pensées
et de nos sentiments — par la Parole de Dieu et par la prière.
« … pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu,
bonne et agréable et parfaite
». Comme nous l’avons vu, le Seigneur Jésus
a toujours et uniquement fait ce qui plaisait à son Père (Jean 8:29). Quant à nous,
nous devons constamment rechercher et discerner ce qui correspond à la volonté de
Dieu. C’est à elle que nous devons soumettre nos plans et nos désirs, comme aussi
toutes les suggestions et les influences qui viennent de notre entourage. Tout ce
qui n’est pas en accord avec la Parole ne peut pas non plus être en accord avec
la volonté de Dieu.
Mais il ne suffit pas de discerner si une chose est, ou n’est pas, en contradiction avec l’enseignement des Écritures. Ne pensons pas que tout ce que Dieu n’a pas interdit dans sa Parole nous est permis. Ce serait faire un usage légal de la Bible et cela nous conduirait rapidement à la tordre. Pour que nous soyons gardés de ce danger, l’exhortation contient trois qualificatifs. Nous sommes appelés à discerner « la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite ».
Le mot grec désigne ce qui amène à un résultat bénéfique ou bienfaisant. Il met ici en évidence les résultats positifs qui seront produits en suivant la volonté de Dieu — soit quant à nous-mêmes, soit quant à d’autres personnes, croyants ou non. Ce qui compte ici, c’est l’appréciation de Dieu. Ce qu’il désire de nous est toujours bon. C’est à son école — que nous apprenons à discerner cela.
Le mot grec, dans le Nouveau Testament, est utilisé principalement pour des actions faites en ayant Dieu devant nous (cf. Rom. 12:1 ; 14:18). Ici l’important est que nous fassions ce qui lui plaît. C’est beaucoup plus que l’obéissance extérieure à un commandement. Nous pouvons le voir clairement dans l’exemple de notre Seigneur.
Le mot exprime l’idée que rien ne manque, ou n’est incomplet. Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : « Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5:48). À la lumière de ce passage, et d’autres également, nous pouvons comprendre dans l’expression « la volonté de Dieu… parfaite » aussi bien la perfection immuable de la volonté de Dieu que notre désir de l’accomplir parfaitement. Notre effort pour accomplir parfaitement la volonté de Dieu peut souvent n’être que faiblement réalisé, mais Dieu ne peut pas nous donner une mesure plus basse.
Cependant, même si nous sommes souvent bien en dessous de cette mesure, il n’y a pas lieu de nous décourager. Nous trouvons dans la Parole de Dieu quelle est la source de la puissance pour notre obéissance. C’est Dieu lui-même, comme nous le montre ce passage : « Or le Dieu de paix… vous rende accomplis en toute bonne œuvre pour faire sa volonté, faisant en vous ce qui est agréable devant lui, par Jésus Christ, auquel soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen » (Héb. 13:20-21).