Arend Remmers [ajouts Bibliquest entre crochets]
Ermunterung und Ermahnung, 2014-6 p.171
Table des matières :
1 - [Élevé sur la croix : les passages de l’évangile de Jean]
2 - [Élévation de Christ : ascension et gloire dans les Actes et les Philippiens]
L’Évangile de Jean parle quatre fois de « l’élévation » de Christ comme Fils de l’homme. Il est remarquable que le Seigneur Jésus soit appelé si souvent « Fils de l’homme » justement dans l’Évangile qui Le présente comme le Fils éternel de Dieu, même si cette appellation de « Fils de l'homme » n’est pas aussi fréquente que dans les autres Évangiles. Il y a pour cela une raison merveilleuse. En tant que Fils éternel de Dieu, Il possède la gloire suprême en général ; en tant que Fils de l’Homme, Il possède la gloire suprême comme homme. Jean les décrit toutes les deux d’une manière tout à fait spéciale. Néanmoins dans Jean, « l’élévation » de Christ ne signifie pas Sa glorification dans le ciel, mais Sa crucifixion. Cela ressort des quatre passages où il est question de l’élévation du Fils de l’Homme :
Jean 3:14 : « Et comme Moïse éleva le serpent dans
le désert, ainsi il faut que le Fils de l’homme soit élevé ».
Ici, la crucifixion du Seigneur Jésus est représentée par l’image du serpent d’airain élevé sur une perche.
Jean 8:28 : « Jésus donc leur dit : Quand vous
aurez élevé le Fils de l’Homme, alors vous connaitrez que c’est moi, et que je
ne fais rien de moi-même, mais que, selon que le Père m’a enseigné, je dis ces
choses ».
Ici, le Seigneur Jésus prédit aux Juifs qu’ils Le crucifieraient. Mais quelle divine ironie ! Les gens voulaient L’humilier le plus profondément possible, tandis que la Parole de Dieu dit qu’en faisant cela, ils L’ont « élevé » !
Jean 12:32-33 : « Et moi, si je suis élevé de la
terre, j’attirerai tous les hommes à moi-même. Or il disait cela, pour indiquer
de quelle mort il allait mourir ».
Ici, le Seigneur Jésus parle de Sa mort sur la croix. Lui le crucifié deviendrait un pôle d’attraction pour les nations et les Juifs.
Jean 12:34 : « La foule lui répondit : Nous, nous
avons appris de la loi, que le Christ demeure éternellement : et comment
toi, dis-tu qu’il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce Fils
de l’Homme ? »
Nous voyons ici que les Juifs n’ont pas compris que le Christ et le Fils de l’homme sont identiques, ni ce que signifie le titre de « Fils de l’homme ». Pourtant le Psaume 8 prédisait déjà que le Fils de l’homme serait fait inférieur aux anges, ce qui, en Hébreux 2:9, est attribué à la nécessité de la « passion de la mort », c’est-à-dire à Sa mort.
Il faut distinguer ces passages des deux du livre des Actes où il est question de l’élévation de Christ, mais en rapport avec Son ascension au ciel et Sa glorification qui suivrait :
Actes 2:33 : « Ayant donc été élevé [= exalté] par
la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père l’Esprit Saint promis, il a
répandu ce que vous voyez et entendez ».
Avec l’élévation ou exaltation par la droite de Dieu (c’est-à-dire par Sa puissance), le Seigneur Jésus a reçu Sa nouvelle position « à la droite de Dieu » dont il est tant question dans l’épître aux Hébreux. Cette exaltation ou élévation était déjà annoncée dans le Psaume 110 v.1.
Actes 5:31 : « C’est lui que Dieu a élevé [= exalté]
par sa droite prince et sauveur, afin de donner la repentance à Israël et la rémission
des péchés ».
Ici aussi, il est question de l’action de la main droite de Dieu. Par Sa puissance, Dieu a élevé le Seigneur Jésus au rang de « prince et sauveur ». C’est seulement par la foi dans le Sauveur crucifié, ressuscité et glorifié par Dieu, que le peuple d’Israël peut être sauvé et recevoir la rémission des péchés.
Bien que le verbe « élever » (grec hypsoo) soit le même dans tous ces passages, il ressort chaque fois du contexte qu’il ne s’agit pas de la même action. Jean parle de l’élévation du Seigneur sur la croix, Luc de Son élévation dans le ciel. En Phil. 2:9, l’apôtre Paul se sert même d’une forme plus forte du même mot : « haut élevé » (en grec : « hyper-hypsoo ») ; il s’agit également de l’exaltation de Christ au ciel.
Dans l’élévation du Fils de l’Homme décrite dans l’évangile de Jean, Son rejet de la part des hommes vient en premier. Ils n’avaient pas de place pour Lui sur la terre. Mais comme le montre « l’élévation » du serpent d’airain sur une perche en Nombres 21, Dieu est finalement derrière tout et au-dessus de tout. En tant qu’élevé de la terre, le Seigneur Jésus est l’objet de foi qui fait pour nous la liaison avec le ciel.
Durant Son œuvre d’expiation sur la croix, le Seigneur Jésus n’est plus considéré comme se trouvant sur la terre (Il est « élevé DE la terre »). La préposition grecque « ek » traduite ici par « DE » a même comme sens basique « hors de quelque chose ».
Du point de vue de Dieu, tout se présente très différemment. « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel ; car, comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (És. 55:8-9). Le conseil de Dieu et les types donnés par Lui dans l’Ancien Testament ont été accomplis à la croix.
Dans Son œuvre à la croix, le Seigneur Jésus a exercé pour la première fois le service de souverain sacrificateur, suivant le type de ce qu’Aaron faisait au grand jour des expiations (Lév. 16). Christ est « l’apôtre (= Moïse) et le souverain sacrificateur (= Aaron) de notre confession » (Héb. 3:1 ; cf. 2:17 ; 9:11-14). Il est aussi l’Agneau de Dieu immolé pour nous comme sacrifice fait une fois pour toutes et parfait à l’égard de l’expiation du péché (Jean 1:29 ; Héb. 7:27b ; Apoc. 5:6 et suiv.). Le Seigneur Jésus à la croix était donc à la fois sacrifice et souverain sacrificateur.
Il y a deux passages qui montrent que Son ministère de souverain sacrificateur a effectivement commencé à la croix. Le premier est Hébreux 2:17 : « C’est pourquoi il dut, en toutes choses, être rendu semblable à ses frères, afin qu’il fût un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation pour les péchés du peuple » ; le second passage est Hébreux 7:26-27 : « Car un tel souverain sacrificateur nous convenait, saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs et élevé plus haut que les cieux, qui n’est pas journellement dans la nécessité, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple ; car cela il l’a fait une fois pour toutes ».
Selon la loi du Sinaï, cependant, il ne pouvait pas être sacrificateur sur terre (Nombres 3:10 ; Héb. 7:13, 14 ; 8:4). Il était issu de la maison de David et donc de la tribu de Juda, tandis que les sacrificateurs étaient fils d’Aaron et issus de la tribu de Lévi. Or Dieu ne néglige pas le moindre détail. Conformément à la Parole de Dieu, le Seigneur Jésus n’a pas, littéralement parlant, commencé Son ministère de souverain sacrificateur sur la terre, mais en tant qu’« élevé de la terre ». Bien que Son ministère propre de paraître dans la présence de Dieu prenne place dans la gloire, Il a cependant commencé Son ministère en accomplissant l’œuvre de l’expiation sur la croix.
Il faut ajouter un autre point : l’autel de l’holocauste comme type de la croix ne se trouvait pas n’importe où dans le désert (image du monde) ou dans le camp (image de la terre), mais il était dans le parvis, à l’entrée de la tente d’assignation. C’est à ce fait que correspond l’expression « élevé DE la terre ». — Nous voyons donc que chaque détail de la Parole de Dieu, si petit soit-il en apparence, a une signification. Ce sont toujours « des paroles enseignées par l’Esprit » (1 Cor. 2:13).