Bénis en Christ
Commentaire biblique sur l’épître aux Éphésiens

Arend Remmers


© Editions Bibles et Littérature Chrétienne


Table des matières abrégée : (Table semi-détaillée — Table détaillée)

1 - Introduction

2 - Ch. 1 — LE CONSEIL DE DIEU

3 - Ch. 2 — L’ACCOMPLISSEMENT DU CONSEIL DIVIN

4 - Ch. 3 — L’ANNONCE DU CONSEIL DIVIN

5 - Ch. 4 à 6 — LA RÉALISATION PRATIQUE


Table des matières semi-détaillée : (Table détaillée)

1 - Introduction

1.1 - Destinataires de l’épître

1.2 - Thème de l’épître

1.3 - Sommaire de l’épître

2 - Ch. 1 — LE CONSEIL DE DIEU

2.1 - Salutations — Ch. 1 v. 1 et 2

2.2 - La bénédiction de Dieu — Ch. 1 v. 3 à 14

2.3 - Les richesses des chrétiens — Ch. 1 v. 15 à 23

3 - Ch. 2 — L’ACCOMPLISSEMENT DU CONSEIL DIVIN

3.1 - La grâce de Dieu — Ch. 2 v. 1 à 10

3.2 - L’œuvre de Dieu envers nous et avec nous — Ch. 2 v. 11 à 22

4 - Ch. 3 — L’ANNONCE DU CONSEIL DIVIN

4.2 - Le mystère du Christ — Ch. 3 v. 2 à 13

4.3 - La prière de Paul — Ch. 3 v. 14 à 21

5 - Ch. 4 à 6 — LA RÉALISATION PRATIQUE

5.2 - L’édification du corps de Christ — Ch. 4 v. 1 à 16

5.3 - La marche chrétienne — Ch. 4 v. 17 à ch. 5 v. 21

5.4 - Mari et femme, ou Christ et l’Assemblée — Ch. 5 v. 22 à 33

5.5 - Famille et société — Ch. 6 v. 1 à 9

5.6 - Le combat spirituel — Ch. 6 v. 10 à 20

5.7 - Épilogue — Ch. 6 v. 21 à 24


Table des matières détaillée : (Table semi-détaillée)

1 - Introduction

1.1 - Destinataires de l’épître

1.2 - Thème de l’épître

1.3 - Sommaire de l’épître

2 - Ch. 1 — LE CONSEIL DE DIEU

2.1 - Salutations — Ch. 1 v. 1 et 2

2.1.1 - Verset 1

2.1.2 - Verset 2

2.2 - La bénédiction de Dieu — Ch. 1 v. 3 à 14

2.2.1.1 - Verset 3

2.2.1.2 - Verset 4

2.2.2 - Élus

2.2.3 - « Saints et irréprochables en amour »

2.2.3.1 - Verset 5

2.2.3.2 - Verset 6

2.2.3.3 - Verset 7

2.2.3.4 - Verset 8

2.2.3.5 - Versets 9 et 10

2.2.4 - L’héritage

2.2.4.1 - Verset 11

2.2.4.2 - Verset 12

2.2.4.3 - Verset 13

2.2.4.4 - Verset 14

2.3 - Les richesses des chrétiens — Ch. 1 v. 15 à 23

2.3.1.1 - Verset 15

2.3.1.2 - Verset 16

2.3.1.3 - Verset 17

2.3.2 - Trois bénédictions

2.3.2.1 - Verset 18

2.3.2.2 - Verset 19

2.3.2.3 - Verset 20a

2.3.3 - Christ, le centre

2.3.3.1 - Verset 20b

2.3.3.2 - Verset 21

2.3.3.3 - Verset 22

2.3.4 - « …donné à l’assemblée »

2.3.4.1 - Verset 23

3 - Ch. 2 — L’ACCOMPLISSEMENT DU CONSEIL DIVIN

3.1 - La grâce de Dieu — Ch. 2 v. 1 à 10

3.1.1 - Condition morale de l’homme

3.1.1.1 - Verset 1

3.1.1.2 - Verset 2

3.1.1.3 - Verset 3

3.1.2 - Comment Dieu agit envers nous

3.1.2.1 - Verset 4

3.1.2.2 - Verset 5

3.1.2.3 - Verset 6

3.1.3 - Le but divin

3.1.3.1 - Verset 7

3.1.3.2 - Verset 8

3.1.3.3 - Verset 9

3.1.3.4 - Verset 10

3.2 - L’œuvre de Dieu envers nous et avec nous — Ch. 2 v. 11 à 22

3.2.1.1 - Verset 11

3.2.1.2 - Verset 12

3.2.1.3 - Verset 13

3.2.1.4 - Versets 14 et 15

3.2.2 - Un seul corps

3.2.2.1 - Verset 16

3.2.2.2 - Verset 17

3.2.2.3 - Verset 18

3.2.3 - La maison de Dieu

3.2.3.1 - Verset 19

3.2.3.2 - Verset 20

3.2.3.3 - Verset 21

3.2.3.4 - Verset 22

4 - Ch. 3 — L’ANNONCE DU CONSEIL DIVIN

4.1.1.1 - Verset 1

4.2 - Le mystère du Christ — Ch. 3 v. 2 à 13

4.2.1 - Verset 2

4.2.2 - Verset 3

4.2.3 - Verset 4

4.2.4 - Verset 5

4.2.5 - Verset 6

4.2.6 - Verset 7

4.2.7 - Versets 8 et 9

4.2.8 - Versets 10 et 11

4.2.9 - Verset 12

4.2.10 - Verset 13

4.3 - La prière de Paul — Ch. 3 v. 14 à 21

4.3.1.1 - Verset 14

4.3.1.2 - Verset 15

4.3.1.3 - Verset 16

4.3.1.4 - Versets 17 et 18a

4.3.1.5 - Verset 18b

4.3.2 - L’amour du Christ

4.3.2.1 - Verset 19

4.3.2.2 - Versets 20 et 21

5 - Ch. 4 à 6 — LA RÉALISATION PRATIQUE

5.1.1 - La force spirituelle

5.2 - L’édification du corps de Christ — Ch. 4 v. 1 à 16

5.2.1.1 - Verset 1

5.2.1.2 - Verset 2

5.2.2 - Support réciproque dans l’amour

5.2.3 - Garder l’unité de l’Esprit

5.2.3.1 - Verset 3

5.2.4 - L’unité à tout prix ?

5.2.5 - Séparation ou division ?

5.2.6 - La tête prend soin du corps

5.2.6.1 - Versets 4 à 6

5.2.6.2 - Verset 7

5.2.6.3 - Verset 8

5.2.6.4 - Versets 9 et 10

5.2.6.5 - Verset 11

5.2.7 - Des dons pour l’édification du corps

5.2.8 - Verset 12

5.2.9 - Le but final du ministère

5.2.9.1 - Verset 13

5.2.10 - Unité de foi et de connaissance

5.2.11 - Maturité spirituelle

5.2.11.1 - Verset 14

5.2.11.2 - Verset 15

5.2.12 - La tête et le corps

5.2.12.1 - Verset 16

5.3 - La marche chrétienne — Ch. 4 v. 17 à ch. 5 v. 21

5.3.1 - La condition préliminaire : le nouvel homme

5.3.1.1 - Verset 17

5.3.1.2 - Versets 18 et 19

5.3.1.3 - Verset 20

5.3.1.4 - Verset 21

5.3.1.5 - Verset 22

5.3.1.6 - Versets 23 et 24

5.3.2 - La pratique journalière

5.3.2.1 - Verset 25

5.3.2.2 - Versets 26 et 27

5.3.2.3 - Verset 28

5.3.2.4 - Verset 29

5.3.2.5 - Verset 30

5.3.2.6 - Verset 31

5.3.2.7 - Verset 32

5.3.3 - Imitateurs de Dieu

5.3.3.1 - Chapitre 5, verset 1

5.3.3.2 - Verset 2

5.3.3.3 - Verset 3

5.3.3.4 - Verset 4

5.3.3.5 - Verset 5

5.3.3.6 - Verset 6

5.3.3.7 - Verset 7

5.3.4 - Enfants de lumière

5.3.4.1 - Versets 8 à 10

5.3.5 - Les œuvres des ténèbres

5.3.5.1 - Versets 11 et 12

5.3.5.2 - Verset 13

5.3.5.3 - Verset 14

5.3.6 - Marcher soigneusement

5.3.6.1 - Versets 15 et 16

5.3.6.2 - Verset 17

5.3.6.3 - Verset 18

5.3.6.4 - Versets 19 à 21

5.4 - Mari et femme, ou Christ et l’Assemblée — Ch. 5 v. 22 à 33

5.4.1 - Relations terrestres et célestes

5.4.1.1 - Verset 22

5.4.1.2 - Versets 23 et 24

5.4.2 - Chef et Sauveur

5.4.2.1 - Versets 25 à 27

5.4.2.2 - Verset 28

5.4.2.3 - Verset 29

5.4.2.4 - Verset 30

5.4.2.5 - Verset 31

5.4.2.6 - Verset 32

5.4.3 - Un mystère

5.4.3.1 - Verset 33

5.5 - Famille et société — Ch. 6 v. 1 à 9

5.5.1 - Enfants et parents

5.5.1.1 - Verset 1

5.5.1.2 - Versets 2 et 3

5.5.1.3 - Verset 4

5.5.2 - Serviteurs et maîtres

5.5.2.1 - Versets 5 à 8

5.5.2.2 - Verset 9

5.6 - Le combat spirituel — Ch. 6 v. 10 à 20

5.6.1.1 - Verset 10

5.6.1.2 - Verset 11

5.6.1.3 - Verset 12

5.6.2 - L’armure de Dieu

5.6.2.1 - Verset 13

5.6.2.2 - Versets 14 et 15

5.6.2.3 - Versets 16 et 17a

5.6.2.4 - Versets 17b à 19

5.6.2.5 - Verset 20

5.7 - Épilogue — Ch. 6 v. 21 à 24

5.7.1.1 - Versets 21 et 22

5.7.1.2 - Versets 23 et 24


1 - Introduction

1.1 - Destinataires de l’épître

Éphèse, ville commerçante d’Asie Mineure à proximité de la côte de la mer Égée, était à l’époque du Nouveau Testament la capitale de la province romaine d’Asie. L’apôtre Paul y fit un court séjour lors de son deuxième voyage (env. 51-54 apr. J.C. ; voir Actes 18:19-21), et y demeura ensuite trois ans lors de son troisième voyage (env. 54-58 apr. J.C. ; voir Actes 19:1 - 20:1). Durant ce relativement long séjour, nombreux furent ceux qui, à Éphèse et dans les alentours, entendirent l’évangile, de sorte qu’une assemblée y fut formée, bien fondée dans la foi et dans la doctrine. Puis Paul eut encore une fois un contact personnel avec les anciens (appelés aussi surveillants) de cette assemblée lorsqu’à son retour de Grèce, il les convoqua à Milet et prit congé d’eux en leur adressant d’émouvantes paroles d’adieux (Actes 20:17-38).

C’est de la prison à Rome (Éph. 3:1 ; 4:1 ; 6:20) qu’il écrivit son épître aux Éphésiens, probablement dans les années 61-62 apr. J.C. Du fait que dans certains manuscrits du Nouveau Testament qui font référence, les mots « à Éphèse » ne figurent pas dans l’introduction (Papyrus P46 ; dans les Codex Sinaïticus et Vaticanus, ils ont été rajoutés ultérieurement), la plupart des théologiens ont conclu que cette épître était une lettre circulaire pour plusieurs assemblées d’Asie Mineure. Il existe cependant aussi peu de preuves à l’appui de ce fait que pour l’attribution de l’épître à la précédente captivité de Paul à Césarée deux ans plus tôt. Le messager de cette épître (de même que de celle aux Colossiens) fut probablement Tychique (Éph. 6:21 ; Col. 4:7).

Dans un certain sens, l’assemblée à Éphèse a un caractère représentatif de toute l’Assemblée de Dieu sur la terre :

Paul y a travaillé, autant que nous sachions, plus longtemps qu’en tout autre endroit, soit trois ans (Actes 20:31).

Son « discours d’adieux » aux anciens d’Éphèse décrit d’une manière unique le ministère chrétien au milieu de l’Assemblée.

L’épître aux Éphésiens expose tout le conseil de Dieu concernant son Fils, le salut des pécheurs et l’Assemblée. C’est l’un des livres les plus élevés du Nouveau Testament.

Lors de la rédaction de la première épître à Timothée, le jeune compagnon d’œuvre de Paul se trouvait à Éphèse ; c’est là qu’il reçut les instructions pratiques importantes de cette épître, concernant la manière dont il faut se conduire dans la maison de Dieu.

La première des sept lettres aux assemblées en Asie Mineure (Apoc. 2 et 3) est adressée à l’assemblée à Éphèse. On y discerne déjà cependant les premiers signes du déclin spirituel ; les croyants ont « abandonné leur premier amour » et sont appelés à se repentir.


1.2 - Thème de l’épître

Au moment où il écrivait aux croyants à Éphèse, Paul se trouvait en prison à Rome, donc dans des conditions très pénibles. Mais dans cette épître, de même que dans celle aux Colossiens qui lui ressemble beaucoup, il leur communique des vérités que nous ne trouvons dans aucun autre livre du Nouveau Testament. Ici, nous avons la possibilité de porter un regard dans le cœur de Dieu. On pourrait dire : nous pouvons le faire dans toutes les Saintes Écritures ; nous y voyons partout l’amour de Dieu. C’est vrai. Mais par cette expression, « un regard dans le cœur de Dieu », je veux dire qu’il n’y est pas question de l’aspect de nos besoins, de notre misère, comme pécheurs. L’homme qui s’écriait dans le temple : « O Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! » (Luc 18:13), venait à Dieu du fond de sa misère. L’épître aux Romains, qui effectivement développe l’évangile de manière particulièrement approfondie, répond à cette misère de l’homme, Nous pouvons nous identifier avec cette déclaration : « il n’y a personne qui fasse le bien » (citation du Ps. 14:3 en Rom. 3:12) et dire : c’est bien moi. Puis l’épître aux Romains enchaîne avec la justification du pécheur.

Mais dans l’épître aux Éphésiens, le point de départ du Saint Esprit est non pas ce dont nous avions besoin, mais ce qui était dans le cœur de Dieu. Aussi peut-on dire que cette lettre nous permet de regarder dans le cœur de Dieu. Elle détourne nos regards de nous-mêmes pour les diriger vers des sphères très éloignées de cette terre, vers « les lieux célestes ». Cette expression caractéristique de l’épître aux Éphésiens revient cinq fois : chapitres 1, versets 3 et 20 ; 2, verset 6 ; 3, verset 10 ; et 6, verset 12. Cette épître présente tant de difficulté pour nous peut-être parce que nous sommes si peu capables de nous libérer de nos attaches avec cette terre, bien que, comme enfants de Dieu, nous puissions nous approprier tout ce qui y est mentionné.


1.3 - Sommaire de l’épître

La première partie, chapitres 1 à 3, commence et finit par la louange et l’adoration à Dieu, à qui nous devons toutes les bénédictions qui sont devenues notre part en Christ. Dans le chapitre 1 nous est révélé le conseil éternel de Dieu en Christ pour chaque croyant personnellement et pour tous collectivement. Le chapitre 2 montre la réalisation de ce conseil – de nouveau à l’égard de chaque croyant individuellement et de tous collectivement. Le chapitre 3 présente comment la révélation du mystère de Dieu en Christ a eu lieu par l’apôtre Paul. Les bénédictions qui sont la part commune des croyants se réfèrent à l’Assemblée (en grec ekklésia) de Dieu ; celle-ci est décrite dans cette épître sous son caractère le plus élevé, soit comme corps de Christ, soit comme le temple saint de Dieu ou encore, comme l’épouse de Christ.

La seconde partie (Éph. 4 à 6) contient des exhortations pratiques qui demeurent en étroite relation avec ce qui a précédé. Il y a d’abord un appel à garder l’unité de l’Esprit dans l’assemblée ; puis un enseignement relatif aux divers dons en vue de l’édification du seul corps (4:1-16). Paul considère ensuite le nouvel homme dans ses effets sur la vie chrétienne en commun, de même que dans les relations du mariage, de la famille et de l’activité professionnelle (4:17 - 6:9). Pour finir, le combat du chrétien contre les puissances sataniques qui tentent de le frustrer de la jouissance des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, nécessite l’armure complète de Dieu (6:10-20). L’épître se termine par quelques informations et salutations personnelles.


2 - Ch. 1 — LE CONSEIL DE DIEU

2.1 - Salutations — Ch. 1 v. 1 et 2

2.1.1 - Verset 1

Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, aux saints et fidèles dans le Christ Jésus, qui sont à Éphèse :


En se désignant lui-même, au début de cette épître, comme « apôtre de Jésus Christ », Paul se présente comme son envoyé. Il avait la mission de rendre témoignage de lui comme le Seigneur glorifié dans le ciel – en contraste avec les autres apôtres qui furent appelés par le Seigneur Jésus sur la terre (même après sa résurrection, Mat. 28:16-20) et de ce fait avaient d’autres attributions. La source de cet appel était non pas la volonté de l’homme, mais la volonté de Dieu, comme il l’écrit aussi dans l’épître aux Galates (Gal. 1:1).

Les destinataires de la lettre étaient les « saints et fidèles dans le Christ Jésus, qui sont à Éphèse ». Ils n’étaient pas seulement sanctifiés par Dieu quant à ce qui concerne leur position. Dans ce sens, nous sommes tous saints ; chaque enfant de Dieu est un saint. C’est la raison pour laquelle nous trouvons si souvent ce mot dans les épîtres du Nouveau Testament (cf. Éph. 1:15, 18 ; 2:19 ; 3:8, 18 ; 4:12 ; 5:3 ; 6:18). Tous les enfants de Dieu sont des saints parce qu’ils sont retirés du monde et mis à part pour Dieu. Quelle chose merveilleuse ! Mais il y a aussi un aspect pratique : « Comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite » (1 Pierre 1:15). Cela doit être visible. Quant aux Éphésiens, Dieu voyait qu’ils étaient « saints et fidèles ». Dans certaines traductions de la Bible, on trouve « croyants » au lieu de « fidèles », comme le terme grec peut aussi être rendu, quoique le sens de ces mots soit bien différent dans notre langue. Si quelqu’un est devenu « croyant » dans le Seigneur Jésus, et persévère dans ce chemin, il se montre fidèle. Mais s’il s’éloigne, il est infidèle. Or nous voyons que les Éphésiens étaient « saints et fidèles ». Les Colossiens sont les seuls qui reçoivent une salutation semblable. Que l’apôtre puisse s’adresser ainsi aux Éphésiens était donc un grand « compliment » pour eux.


2.1.2 - Verset 2

Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ !


Ce vœu de « grâce et paix » se retrouve, plus ou moins sous cette forme, dans presque toutes les épîtres que l’apôtre Paul a écrites. C’est une preuve de l’intérêt qu’il portait aux assemblées. Il n’est pas question ici de la grâce de Dieu dont nous avons besoin comme pécheurs. Les croyants à Éphèse la connaissaient depuis longtemps. Mais il s’agit de la grâce dans leur vie de foi. Il en est de même pour la paix. Il ne leur souhaitait pas la paix avec Dieu ou la paix de la conscience qu’ils possédaient depuis longtemps. Il parle ici de la paix de Dieu dans leur cœur et de la paix entre eux, dans laquelle ils avaient à vivre chaque jour. Combien rapidement, dans notre vie journalière, la grâce et la paix peuvent disparaître ! Aussi l’apôtre exprime-t-il ce vœu spirituel.


2.2 - La bénédiction de Dieu — Ch. 1 v. 3 à 14

La première section doctrinale de l’épître commence ici, et elle peut être divisée en trois parties, qui se terminent chacune par le mot « gloire » (v. 6, 12, 14).


Tout le paragraphe ne forme qu’une seule phrase. Sa cohérence serait perdue par un fractionnement en plusieurs phrases plus courtes.

Quelqu’un a écrit au sujet de cette épître que nous pouvons difficilement en saisir quelque chose si nous ne sommes pas spirituels et ne jouissons pas de la communion avec le Père, de sorte que rien dans notre vie ne nous sépare de lui, par exemple déjà de la légèreté dans nos pensées. Conscient de la faiblesse de notre compréhension et, avant tout, de notre réalisation de ce que le Saint Esprit a révélé ici, on tremble de commenter ce merveilleux paragraphe.


2.2.1.1 - Verset 3

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ;

Ici, rappelons-le, un regard nous est accordé dans le cœur de Dieu. C’est pourquoi Paul commence – pourrait-il en être autrement ? – par l’adoration : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Peu d’épîtres s’ouvrent ainsi (voir 2 Cor. 1:3 ; 1 Pierre 1:3). Presque toutes commencent par l’expression de la reconnaissance, mais non par l’adoration, comme ici. L’apôtre présente la sienne à Celui qui est aussi bien le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ – qui un jour, comme homme sur la terre, s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » –, que le Père du Fils qui a exprimé en Gethsémané la supplication : « Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ». Par sa mort et par sa résurrection, Christ a introduit tous ceux qui croient en lui dans les mêmes relations que les siennes comme homme avec son Dieu et son Père, ainsi qu’il l’a révélé à Marie de Magdala : « Mais va vers mes frères, et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17).

Vient ensuite une déclaration dont nous ne pourrons jamais saisir pleinement, sur la terre, toute la portée : « qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ ». Nous pouvons dans une certaine mesure nous représenter ce que signifie le mot « bénédiction(s) » : quelque chose d’absolument positif, que tout le monde désire, et qui ne concerne que les hommes, car Dieu ne peut pas être béni, mais il est loué. En grec, il n’y a qu’un seul verbe pour ces deux mots. Tout dépend donc de quel point de vue il s’agit. Le verbe grec (eulogeô) signifie : déclarer quelque chose de bon. Quand nous exprimons quelque chose de bon au sujet de notre Dieu et Père, ce peut être tout au plus de la louange et de l’adoration. Mais si Dieu dit quelque chose de bon à notre égard, c’est de la bénédiction.

Chacun désire être heureux, plein de joie et béni. Tel est le chrétien. Il n’est pas dit ici que Dieu nous bénira, mais qu’il nous a bénis. Ce n’est donc pas quelque chose de futur, une espérance – ce qui évidemment est aussi vrai, car l’étendue de la bénédiction que nous avons reçue ne se déploiera pleinement pour nous que dans l’avenir auprès du Seigneur. Mais cela ne signifie pas qu’il y ait aujourd’hui des choses que nous ne possédions, en principe, pas encore. Tous les enfants de Dieu sont dès maintenant bénis de toute bénédiction spirituelle. Il nous est impossible de nous représenter ce que nous avons ici devant les yeux, et qui cependant suscite en nous louange et adoration !

Quatre choses sont mentionnées :


En poursuivant la lecture de l’épître aux Éphésiens, nous trouvons beaucoup de ces bénédictions qui remplissent nos cœurs de reconnaissance et d’adoration :


2.2.1.2 - Verset 4

selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour,


Nous voyons l’origine de tout dans les versets qui suivent, où nous trouvons deux choses : d’une part, quelques-unes de ces bénédictions, mais d’autre part, surtout, ce qui était nécessaire pour que nous puissions les recevoir. Ces versets sont souvent compris comme s’ils en donnaient une description. Mais ce n’est que partiellement le cas. Ils montrent principalement les étapes ou conditions qui étaient nécessaires pour que nous puissions devenir les bénéficiaires de ces bénédictions spirituelles et célestes que Dieu avait dans son cœur. Nous trouvons dans ce paragraphe trois points importants qui nous décrivent aussi bien les bénédictions elles-mêmes que le chemin pour y parvenir. Nous lisons au verset 4:« selon qu’il nous a élus en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant lui en amour ».

C’est là que notre regard plonge dans le cœur de Dieu. Ce que nous avons reçu comme chrétiens n’est pas seulement le résultat de la miséricorde de Dieu envers l’homme, mais a son origine dans l’éternité avant la fondation du monde, c’est-à-dire avant que ne soit posé le fondement de la création, avant que rien ne soit appelé à l’existence. Ce mot « selon » montre qu’il s’agit non pas d’un complément explicatif de la déclaration précédente, mais d’une affirmation parallèle. Nous sommes bénis, non parce que nous avons été élus, mais nos bénédictions sont en pleine harmonie avec tout ce que Dieu a fait de nous.


2.2.2 - Élus

La première chose qu’il devait faire pour pouvoir nous donner ces bénédictions, était de nous y préparer. Aussi nous a-t-il élus en Christ avant la fondation du monde (v. 4). Nous trouvons trois fois dans la parole de Dieu cette expression « avant la fondation du monde ». En Jean 17:24, le Seigneur Jésus dit dans sa prière au Père : « Tu m’as aimé avant la fondation du monde ». Nous voyons là l’amour du Père pour le Fils dans l’éternité, tandis qu’en Éphésiens 1:4, il est dit que nous avons été élus dans le Fils. La joie, la satisfaction de Dieu, le Père, en son Fils était telle, qu’il a préconnu et élu par ce « canal » des créatures qui n’existaient pas encore ! Ceci ne peut s’expliquer que par le fait que la joie qu’il a dans le Fils doit trouver son écho dans des créatures rachetées. Il s’agit ici non pas de ce dont nous avons besoin, mais de ce que Dieu voulait. En 1 Pierre 1:20, l’expression « avant la fondation du monde » revient pour la troisième fois. Là, nous voyons le Fils bien-aimé du Père, dans lequel nous sommes élus, comme l’agneau sans défaut et sans tache préconnu de Dieu, par le sang duquel nous sommes rachetés (*).


(*) Les sept passages où paraît l’expression « dès la fondation du monde » sont par contre toujours en relation avec Israël ou le Millénium (Mat. 13:35 ; 25:34 ; Luc 11:50 ; Héb. 4:3 ; 9:26 ; Apoc. 13:8 ; 17:8).


Le Fils unique dans le sein du Père était certes préconnu par lui comme l’Agneau qui le glorifierait parfaitement par l’œuvre de l’expiation, et donnerait son sang comme prix de notre rédemption. Mais remarquons bien : Il n’a pas été « élu », car qui d’autre aurait pu accomplir le conseil et le propos du Père ? Comme homme sur la terre, il était cependant déjà annoncé dans l’Ancien Testament comme l’élu de Dieu : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme trouve son plaisir » (És. 42:1 ; comp. Mat. 12:18 ; Luc 23:35 ; 1 Pierre 2:4, 6). De tous les hommes depuis Adam, il fut le seul dont toute la vie a été uniquement à la gloire de Dieu, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse auprès de Dieu.

Mais à la préconnaissance de Dieu est cependant liée l’élection de tous ceux qui, un jour unis au Seigneur Jésus, leur Sauveur et Seigneur, jouiront dans la gloire d’une joie éternelle dans la communion avec Dieu le Père. Car comme l’écrit Pierre tout au début de sa première épître, notre élection a eu lieu « selon la préconnaissance de Dieu ».

Dieu avait aussi élu les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, de même que son peuple terrestre Israël. Cette élection concernait leurs rapports avec les autres nations de la terre (voir Deut. 7:6-8 ; És. 43:20 ; Actes 13:17). Pareillement le résidu croyant futur d’Israël sera constitué des élus du peuple terrestre de Dieu qui jouiront des bénédictions du règne millénaire sur la terre (Mat. 24:22, 24, 31). La Bible parle même des anges élus, en contraste avec ceux qui se sont élevés contre Dieu (1 Tim. 5:21).

Cependant, dans l’épître aux Éphésiens, qui décrit les bénédictions personnelles et collectives de ceux qui croient au Seigneur Jésus, il nous est dit que nous sommes élus déjà avant la fondation du monde. Le magnifique exposé du début de l’épître commence par la louange à Dieu le Père, qui nous a bénis en Christ de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes. Nous sommes élus dès avant la fondation du monde en lui, que le Père aimait et qu’il avait préconnu comme l’agneau immolé dès avant la fondation du monde. Nos bénédictions ne sont donc pas seulement la conséquence de la miséricorde de Dieu envers des pécheurs perdus, mais elles reposent sur un conseil qu’il avait déjà formé avant que le monde n’existe et avant qu’aucun de nous ne soit né ou n’ait commis le moindre péché. Il nous a élus en parfaite harmonie avec sa propre nature, qui est lumière et amour, pour que nous soyons éternellement auprès de lui. L’origine et le but de cette élection divine résident donc en dehors de la création. Notre élection éternelle en relation avec Christ est ainsi, dans un certain sens, en contraste avec l’élection du peuple de Dieu pour cette terre. Le Millénium, dans lequel Israël comme peuple jouera un rôle éminent est « préparé dès la fondation du monde » (Mat. 25:34), tandis que nous sommes élus dès « avant la fondation du monde ».

L’élection n’a pas seulement de l’importance pour l’éternité, mais elle représente déjà maintenant un grand encouragement, ce que nous pouvons constater par exemple dans le fait que des croyants sont appelés dans la parole de Dieu « élus » ou « co-élus » (Rom. 16:13 ; 1 Pierre 5:13, note j). Paul rappelle à Tite que les élus de Dieu ont en partage une foi merveilleuse (Tite 1:1), et il encourage les Romains par cette exclamation : « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? » (Rom. 8:33).

Qui sont donc ceux que Dieu a élus ? Selon Jacques 2:5, ce sont les pauvres quant au monde, méprisés du monde, et selon 1 Corinthiens 1:26 à 29, les choses folles, faibles, viles et méprisées du monde. Cela ne veut, évidemment, pas dire qu’il n’y en a pas d’autres. Mais ces déclarations de la parole de Dieu montrent très clairement que ce ne sont pas les qualités ou les capacités des élus qui ont conduit à leur acceptation auprès de Dieu, mais qu’ils doivent exclusivement à sa grâce souveraine et illimitée d’avoir été choisis pour être dans toute l’éternité saints et irréprochables devant lui en amour.

Du fait qu’on va plus loin que la parole de Dieu l’autorise, la préconnaissance, l’élection et la prédestination sont parfois placées dans un faux contexte. Nous ne devons pourtant pas aller au-delà de ce que la parole de Dieu nous révèle. Nous y trouvons certes de merveilleuses déclarations quant aux pensées éternelles de Dieu concernant ceux qui seront une fois auprès de lui dans la gloire, mais nous n’avons aucun passage quant à une prédestination éternelle d’autres hommes à la malédiction ! Tous ceux qui seront perdus subiront leur juste châtiment pour leurs péchés, mais non pas en raison d’une prédestination divine (voir Apoc. 20:11-15). Il est dit en Romains 9:22 et 23 de ceux qui seront perdus, qu’ils sont préparés pour la destruction, mais, des rachetés, que Dieu les a préparés d’avance comme vases de miséricorde pour la gloire.

Pour l’intelligence de l’homme naturel, il semble y avoir ici une contradiction insoluble. Mais pour la foi, la parole de Dieu donne une réponse simple en Ésaïe 55:8 et 9:« Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Eternel : car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. » La sagesse de Dieu est infiniment au-dessus de notre faible compréhension. Cependant, il nous donne dans sa Parole quelques aperçus de son conseil, qu’il a pris dans l’éternité avant la fondation du monde concernant ceux qu’il voulait sauver. Quand nous nous y arrêtons, nous nous exclamons avec l’apôtre Paul : « O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été son conseiller ? ou qui lui a donné le premier, et il lui sera rendu ? Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! À lui soit la gloire éternellement ! Amen » (Rom. 11:33-36).


2.2.3 - « Saints et irréprochables en amour »

Maintenant, une merveilleuse bénédiction nous est révélée : « pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui en amour ». Tel était le but de l’élection divine. Si l’élection montre une des étapes vers la bénédiction de Dieu, nous discernons dans les expressions « saints et irréprochables devant lui en amour » une partie de cette bénédiction qui est devenue notre part. Nous sommes sanctifiés pour Dieu, et sans tache, et cela non seulement dans le futur au ciel, mais déjà pour le temps présent. Dans l’absolu, cela ne peut être dit que de Dieu. Ce sont des caractères du Dieu dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, mais qui est aussi amour (Hab. 1:13 ; 1 Jean 1:5 ; 4:8, 16). Quand ces traits sont vus chez nous, c’est donc que la nature de Dieu est en nous. Beaucoup de passages nous en parlent. Jean dit que nous sommes nés de Dieu, et Pierre, que nous participons pratiquement de la nature divine (Jean 1:13 ; 2 Pierre 1:4). C’est ainsi que s’exprime notre relation d’enfants avec Dieu. Ces mots, « saints et irréprochables en amour », qui s’appliquent à tout croyant, contiennent une bénédiction spirituelle, céleste, que nous ne pouvons sonder. Nous ne pouvons qu’adorer en nous émerveillant que Dieu ait eu dans son cœur de transformer de telle manière ceux qui étaient autrefois des pécheurs et des ennemis de Dieu.


2.2.3.1 - Verset 5

nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté,


Nous sommes cependant non seulement enfants de Dieu, mais aussi fils du Père (voir les expressions « Dieu et Père » au verset 3). Le conseil éternel de Dieu ne consiste pas seulement dans la préconnaissance et l’élection de ceux qui croient en son Fils, mais il englobe aussi leur prédestination à une part éternelle merveilleuse.

À quoi sommes-nous donc, nous croyants de l’époque actuelle, prédestinés par Dieu ? Ce n’est pas seulement au pardon des péchés et à la délivrance du jugement éternel. Si grand et glorieux que cela soit déjà en soi-même, ce n’est pourtant rien d’autre que la condition préalable à notre part éternelle véritable que nous décrit ici l’apôtre. Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a « prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (comp. Rom. 8:29). Dans sa simplicité, cette déclaration extraordinaire n’affirme rien de moins que Dieu a une telle satisfaction en son Fils bien-aimé qu’il veut remplir sa maison, la maison du Père dans le ciel, pour l’éternité, de rachetés qui lui soient semblables ! Le Fils éternel dans le sein du Père est la préfiguration de cette « position de fils », comme on peut aussi rendre le mot adoption. Quelle grâce digne de toute adoration ! Quelle part pour d’indignes pécheurs perdus !

Mais en réalité, il s’agit là non seulement de nous, mais de Dieu lui-même, qui nous a prédestinés pour nous adopter « pour lui par Jésus Christ ». Combien nous pensons peu que Dieu a fait de nous un sujet de joie pour lui-même. Et tout a cependant son centre dans le Seigneur Jésus.


2.2.3.2 - Verset 6

à la louange de la gloire de sa grâce dans laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé ;


Dieu est présenté ici à nos yeux comme Celui qui, le seul, peut toujours agir – et agit toujours – en parfaite harmonie avec « le bon plaisir de sa volonté » (v. 5). La source de sa manière d’agir envers nous n’est donc pas notre misère, nos péchés, mais sa volonté éternelle, qui est l’autorité absolue. Tout ce qui est décrit ici, il l’a fait selon le bon plaisir, la joie de sa volonté, et en effet dans le but de déployer « la gloire de sa grâce ». La grâce est la forme particulière de l’amour de Dieu envers ceux qui ne l’ont pas mérité. Par là même, l’attention est attirée sur nous comme ceux qui en sont les objets. « La gloire de sa grâce » nous montre l’infinie grandeur du conseil de Dieu qui voulait se glorifier par la grâce, c’est-à-dire manifester par elle tous ses caractères glorieux.

Nous sommes « rendus agréables [ou : gratifiés de sa grâce] dans le Bien-aimé », dans le Seigneur Jésus, le bien-aimé de son Dieu et Père. Quelle vision merveilleuse s’ouvre là devant nos yeux ! Beaucoup de gens – même des croyants – se représentent Dieu comme un juge inexorable, sévère et prêt à punir, qui doit nous condamner, duquel cependant le Seigneur Jésus dans sa grâce nous a sauvés en intervenant comme médiateur pour nous à la croix. Mais ici, nous avons la vraie représentation de Dieu : c’est lui-même qui nous a envoyé, à nous pécheurs, le Fils de son amour comme médiateur, afin de nous rendre agréables en lui (comp. Col. 1:13 ; 1 Tim. 2:5) ! Celui qui aurait dû nous condamner pour l’éternité à cause de sa sainteté et de sa justice, est le même qui dans sa miséricorde a donné pour nous son Fils bien-aimé et nous a fait grâce en lui. L’étendue de la grâce dont nous avons été gratifiés est exprimée d’un côté par l’adjonction « dans le Bien-aimé », mais d’un autre côté par le verbe même employé, qui contient aussi la pensée que nous sommes « rendus agréables ». Dieu ne nous a pas seulement manifesté sa grâce sans limites et imméritée, mais il peut maintenant nous considérer dans « le Bien aimé » avec une satisfaction divine. Quand il nous regarde, il voit d’abord son Fils ! Tout ce que nous sommes devenus et tout ce que nous possédons, nous l’avons « dans le Bien-aimé ».


2.2.3.3 - Verset 7

en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes selon les richesses de sa grâce :


Nous en venons au point central de ce paragraphe. Ici seulement il est dit quelque chose de ce dont nous avions besoin. Les premiers chapitres de l’épître aux Romains décrivent d’une manière détaillée notre propre misère et notre état de perdition. Si l’épître aux Éphésiens, comme déjà relevé à plusieurs reprises, nous présente principalement le côté de Dieu, dont le Seigneur Jésus est le centre, il est pourtant nécessaire que notre besoin de salut nous soit en outre rappelé. En Christ et par son sang, nous avons reçu la rédemption. Ce mot (grec : apolutrôsis) signifie initialement : « rachat par le paiement d’une rançon ». Notre « rançon » (grec : lutron ; comp. Mat. 20:28), le Seigneur Jésus l’a payée. La mort expiatoire du Fils bien-aimé du Père, qui a dû donner sa vie et dont le sang a coulé sur la croix de Golgotha était nécessaire pour que nous puissions être sauvés. La rémission des fautes est une partie de l’œuvre du Seigneur Jésus. Elle est cependant mentionnée ici comme le seul aspect de la rédemption qui, en soi, va beaucoup plus loin (comp. v. 14). Quel prix a le sang de Christ ! Combien souvent il en est parlé dans le Nouveau Testament ! C’est le sang précieux de l’agneau sans défaut et sans tache (1 Pierre 1:19), dans lequel nous sommes lavés de nos péchés (Apoc. 1:5) et par lequel nous sommes aussi sauvés, c’est-à-dire rachetés de l’esclavage de Satan, et avons été approchés de Dieu (Éph. 2:13). Soyons reconnaissants de ce qu’il a fait pour nous !

La manière d’agir de Dieu envers nous répond aux « richesses de sa grâce » et nous révèle la plénitude infinie de sa propre grâce pour notre bénédiction. « La gloire de sa grâce » mentionnée au verset 6 dirige nos regards sur lui comme la source de la grâce et produit l’adoration, car il est dit : « à la louange de la gloire de sa grâce » ; tandis que « les richesses de sa grâce » montrent toute l’étendue de la grâce divine en notre faveur et produit en nous la reconnaissance.


2.2.3.4 - Verset 8

laquelle il a fait abonder envers nous en toute sagesse et intelligence,


Afin que nous puissions saisir toutes les richesses de sa grâce qu’il a fait abonder envers nous, Dieu nous a donné, en même temps ou en relation avec cela, toute sagesse et intelligence, car nous avons besoin de discernement lorsque nous sommes occupés de telles choses. Il ne s’agit pas ici de la sagesse et de l’intelligence de Dieu, mais de notre compréhension de sa grâce et de sa manière d’agir. Un peu plus loin, Paul demande pour les saints à Éphèse le don de l’esprit de sagesse et de révélation dans la connaissance de Dieu (v. 17), et en Colossiens 1:9, il prie pour que les croyants soient « remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle ».


2.2.3.5 - Versets 9 et 10

nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté selon son bon plaisir, qu’il s’est proposé en lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, savoir de réunir en un toutes choses dans le Christ, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre, en lui,


Ici, notre regard est dirigé vers la terre. Jusqu’ici, nous avons considéré les choses du ciel, mais Dieu a aussi un but quant à la terre, dans lequel le Seigneur Jésus occupe également la place centrale. Dans le Millénium, Christ réunira le ciel et la terre par sa domination sur toutes les œuvres de ses mains. Il sera alors chef sur toutes choses. Ce fait est déjà révélé dans l’Ancien Testament. Dans le psaume 2, il est écrit, au verset 7:« Je raconterai le décret : l’Eternel m’a dit : tu es mon Fils ; aujourd’hui je t’ai engendré » – le Seigneur est vu là comme homme sur la terre. Viennent ensuite les paroles qui lui sont adressées par Dieu : « Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre ; tu les briseras avec un sceptre de fer ; comme un vase de potier, tu les mettras en pièces… » Pourquoi cela est-il si important ? Parce que Dieu est juste à cet égard aussi, et ne s’en tiendra pas à ce que son Fils n’ait connu sur la terre que le mépris et le rejet, comme c’est le cas encore aujourd’hui. L’histoire du monde se terminera par le règne millénaire, quand Christ dominera en paix et en justice comme Souverain absolu et sera aussi accepté comme tel. C’est là le sujet de ce passage. Quel parfait équilibre règne dans le conseil de Dieu, tant pour ce qui concerne le temps que pour l’éternité !

Si donc ceci était déjà connu dans l’Ancien Testament, pourquoi en est-il parlé ici comme d’un mystère ? Dans le psaume 2, les nations et les bouts de la terre sont mentionnés. Au psaume 8, où le Seigneur est vu comme Fils de l’homme, il est parlé de toutes les œuvres de ses mains. Mais en Éphésiens 1:10, il est question non seulement des choses qui sont sur la terre, mais aussi de celles qui sont dans les cieux. Nous ne trouvons pas encore cela expressément dans l’Ancien Testament. Mais l’essentiel est que l’Assemblée de Dieu, qui est formée de tous les vrais croyants et qui est le corps de Christ, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous (v. 23), sera unie au Roi. Ceci n’était pas encore révélé dans l’Ancien Testament, mais l’est seulement dans le Nouveau. Le Seigneur ne régnera pas seul, mais en commun avec ses saints. Tel est le mystère encore caché au temps de l’Ancien Testament, mais maintenant révélé.

Ce mystère concerne « l’administration de la plénitude des temps » (v. 10). L’éternité n’est jamais appelée « la plénitude des temps ». Ces mots désignent le dernier temps, qui englobe et met fin à tous les autres, le Millénium. Le règne de Christ est « l’administration de la plénitude des temps ». Alors tout sera réuni sous une tête, ou amené à sa conclusion par une tête – en grec, le verbe employé ici pour « réunir en un » comporte le mot « tête » – en Christ : Il occupera la première place et sera chef sur toutes choses, dans le ciel et sur la terre. Dans d’autres passages, ce qui est « sous la terre » est aussi mentionné (comp. Phil. 2:10) ; tel n’est pas le cas ici, car il s’agit de la bénédiction.


2.2.4 - L’héritage

Le verset 11 commence la troisième partie de ce paragraphe ; il nous y est montré que, à côté des bénédictions éternelles, nous possédons aussi des bénédictions pour le temps présent, qui ont également leur origine en Christ.


2.2.4.1 - Verset 11

en qui nous avons aussi été faits héritiers, ayant été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté,


Dans le Christ glorifié, nous avons reçu un héritage (ou « avons été faits héritiers »). Cet héritage est en rapport avec le Millénium. Le Seigneur Jésus est l’héritier de toutes les choses qu’il possédait comme Fils éternel et Créateur, mais sur lesquelles il a acquis un droit comme homme par sa mort et par sa résurrection (comp. Héb. 1:2). Dieu les lui a rendues, pour ainsi dire, comme homme, à lui qui en revêtant son humanité, a renoncé à toute sa gloire et s’est anéanti lui-même (comp. Phil. 2:6-11). Dans le règne millénaire, Christ exercera ce droit. Et nous avons part non seulement à sa position dans le ciel, mais aussi à celle qui concerne la terre. C’est pourquoi il n’est pas fait mention ici de l’héritage du Seigneur Jésus, bien qu’il en soit ainsi, mais du fait que nous avons reçu un héritage en lui (comp. par ex. Rom. 8:17). Outre notre prédestination pour être adoptés, mentionnée au verset 5, nous avons aussi « été prédestinés selon le propos de celui qui opère toutes choses selon le conseil de sa volonté » à cela.


2.2.4.2 - Verset 12

afin que nous soyons à la louange de sa gloire, nous qui avons espéré à l’avance dans le Christ :


Arrivé à ce point, Paul fait une différence entre ceux qui autrefois étaient des Juifs et les nations. Tous les croyants ont part de la même manière à la bénédiction et sont à la louange de la gloire de Dieu, mais de ceux seuls qui appartenaient au peuple de Dieu de l’Ancien Testament, il pouvait être dit qu’ils avaient « espéré à l’avance dans le Christ ». Les nations n’avaient pas espéré en lui ; elles étaient sans Dieu et sans espérance dans le monde (2:12). Mais tous les Juifs avaient et ont espérance dans l’Oint (hébreu : Maschiach, rendu en grec par Messias ; grec : Christos). Le résidu fidèle n’attendait toutefois pas seulement le salut, mais il a aussi accepté le Rédempteur rejeté par la masse du peuple juif, et Paul pouvait se compter parmi eux. Les autres ont été endurcis par Dieu, jusqu’à ce que survienne parmi les Juifs, au temps de la fin, une nouvelle attente de l’apparition du Christ autrefois rejeté (Rom. 11:7, 25, 26).


2.2.4.3 - Verset 13

en qui vous aussi vous avez espéré, ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre salut ; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse,


Toutefois, dès le moment de la venue du Seigneur Jésus et de la proclamation de son évangile, les nations ont également pu y avoir part. Au verset 13, qui s’adresse aussi aux croyants d’entre les nations, les trois étapes qui conduisent au salut de l’âme nous sont présentées :


2.2.4.4 - Verset 14

qui est les arrhes de notre héritage, pour la possession de la rédemption acquise, à la louange de sa gloire.


Mais le Saint Esprit est plus que cela, il est aussi les arrhes. Ce mot ne signifie pas proprement « gage, contre-valeur », mais « acompte ». Il désigne donc certes une part importante, mais non pas encore la totalité de ce que nous recevrons. Nous possédons déjà les bénédictions spirituelles, mais notre place en relation avec le Seigneur et notre héritage dans le Millénium sont encore futurs. Il faut pour cela que vienne d’abord le « jour de la rédemption » (comp. 4:30) (*). C’est pourquoi il nous est dit ici que le Saint Esprit en est les arrhes, car par lui, nous pouvons aussi goûter déjà maintenant la joie de la gloire future. Ce n’est qu’au moment où le Seigneur Jésus viendra pour l’enlèvement des siens que nous serons rendus capables, quant au corps, à l’âme et à l’esprit, de connaître pleinement, dans la gloire du ciel, la « possession acquise » par lui à si grand prix et d’en jouir. Tout sera alors éternellement « à la louange de sa gloire ».


(*) La « rédemption » future mentionnée ici et au chapitre 4, verset 30, de même que « l’espérance » citée au verset 18 et au chapitre 4, verset 4 sont les seules allusions à la venue du Seigneur dans cette épître où nous sommes considérés, selon le conseil de Dieu, comme déjà en possession de toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes.


C’est la troisième fois qu’apparaît ici le mot « gloire ». Au verset 6, ce que Dieu a fait est « à la louange de la gloire de sa grâce » ; au verset 12, les pécheurs sauvés doivent être « à la louange de sa gloire » ; et ici, tous les résultats de l’œuvre de la rédemption par Christ aboutissent à « la louange de sa gloire ». Puissions-nous déjà maintenant discerner toujours plus l’amour et la grandeur de notre Dieu et Père, qui s’est révélé dans la personne et dans l’œuvre de son Fils, notre bien-aimé Seigneur, pour notre bénédiction infinie et insondable, et ainsi être amenés à une adoration plus grande.


2.3 - Les richesses des chrétiens — Ch. 1 v. 15 à 23

Ce paragraphe est souvent appelé la première prière de l’apôtre dans cette épître ; nous en trouvons une seconde au chapitre 3, versets 14 à 21. Il ne s’agit évidemment pas de prières au sens littéral, mais, comme Paul le dit ici, il prie continuellement pour les saints à Éphèse et donne le contenu ou les pensées de ses prières renouvelées pour eux.


2.3.1.1 - Verset 15

C’est pourquoi moi aussi, ayant ouï parler de la foi au Seigneur Jésus qui est en vous, et de l’amour que vous avez pour tous les saints,


La locution introductive « c’est pourquoi » marque la relation étroite avec le paragraphe précédent. En conséquence de toutes les merveilleuses bénédictions accordées aux Éphésiens – et à nous – l’apôtre ne cessait pas de prier pour qu’elles deviennent leur possession spirituelle effective.

Bien qu’il se soit trouvé en prison à Rome, le lien qui l’unissait aux saints en Asie Mineure, à des milliers de kilomètres, n’était pas rompu. Il avait entendu parler « de la foi au Seigneur Jésus qui est en vous, et de l’amour que vous avez pour tous les saints ». Il rend aussi ce beau témoignage aux Colossiens, ainsi qu’au frère Philémon (Col. 1:4 ; Philém. 5). Ici la foi n’est pas celle qui sauve, la foi au Seigneur Jésus comme Sauveur. Mais il s’agit de la vie des croyants, caractérisée par cette foi au Seigneur Jésus (proprement : dans le Seigneur Jésus) et possédant ainsi le vrai centre et la véritable source de force. La manifestation en était, chez les Éphésiens, l’existence dans leur vie d’un cercle dans lequel ils se trouvaient, les saints, c’est-à-dire tous les croyants (voir v. 1). Les Éphésiens aimaient tous les enfants de Dieu. C’est ce que Paul avait entendu, et c’était pour lui quelque chose de grand de savoir que, dans leur vie de foi, les Éphésiens connaissaient le vrai centre et la vraie communion. Qu’en est-il de nous ?


2.3.1.2 - Verset 16

je ne cesse de rendre grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières,


La foi dans le Seigneur Jésus et l’amour pour tous les saints sont pour ainsi dire les bases et les caractéristiques de la vie chrétienne. Paul, comme Philémon, faisait partie de ces croyants qui aimaient reconnaître tout le bien qu’ils pouvaient discerner chez leurs frères et sœurs (Philém. 6) et rend ainsi grâces à Dieu pour les Éphésiens et pour leur bon état spirituel. Mais pour comprendre les pensées de Dieu dans toute leur profondeur, il faut plus. C’est pourquoi il ne cessait pas de rendre grâces pour eux et de les mentionner dans ses prières.


2.3.1.3 - Verset 17

afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance,


L’apôtre adresse sa prière au « Dieu de notre Seigneur Jésus Christ ». Au verset 3, nous avons lu : « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Si nous regardons la prière du chapitre 3, versets 14 et suivants, nous voyons qu’il y est question du « Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Il est les deux : le Dieu du Seigneur Jésus quand nous considérons celui-ci comme homme dans son abaissement ici-bas, et dans sa glorification actuelle comme homme à la droite de Dieu, mais il est également le Père du Fils, de toute éternité et aussi dans son humanité sur la terre. Par grâce, nous avons été introduits dans la relation du Seigneur comme homme avec son Père. En revanche, nous ne pouvons jamais entrer dans sa relation comme Fils éternel avec son Père. Nous sommes amenés par son œuvre devant Dieu dans la même position qu’il occupe comme homme glorifié dans le ciel. Son Dieu est maintenant notre Dieu, son Père est maintenant notre Père (Jean 20:17). Quelle proximité ! Il ne peut y en avoir de plus grande que celle dans laquelle nous pouvons appeler Dieu le Père du même nom que le Seigneur Jésus.

Dans cette prière, toutefois, par les mots « le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ », un seul de ces aspects nous est présenté. Cela signifie que ce qui va suivre parle de la position du Seigneur Jésus comme homme glorifié dans le ciel, tandis que dans le chapitre 3, il est question du « Père de notre Seigneur Jésus Christ » et par conséquent de l’amour du Père pour Celui qui l’a tellement glorifié par son œuvre sur la terre.

Nous trouvons aussi ici la seule fois dans les Saintes Écritures où Dieu est appelé « le Père de gloire » (comp. Actes 7:2:« le Dieu de gloire »). C’est une désignation de Dieu dans sa grandeur inaccessible et insondable, considéré ici comme l’origine et la source de toute gloire. Car chaque fois que Dieu se révèle, sa gloire est présente, même lors de la venue du Fils dans son abaissement comme homme sur la terre. Jean a pu dire : « Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père » (Jean 1:14). Dans l’épître aux Éphésiens, cette gloire de Dieu paraît d’une manière toute particulière dans son conseil (v. 6, 12 et 14).


2.3.2 - Trois bénédictions

Paul commence en demandant que « le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation dans sa connaissance ». C’est donc la demande du discernement spirituel. « L’esprit de sagesse et de révélation » n’est pas le Saint Esprit comme personne, mais ce qu’il veut produire en nous : une disposition spirituelle marquée par la sagesse et la révélation dans la connaissance de Dieu. Tout cela doit conduire à une croissance plus grande dans la connaissance de Dieu. La sagesse est nécessaire pour appliquer justement ce que l’on a discerné ; la révélation, en revanche, pour comprendre ce qui nous est révélé. Il ne s’agit donc pas ici de nouvelles révélations : depuis que le Nouveau Testament est achevé, Dieu n’en a plus donné (comp. Col. 1:25).

La connaissance de Dieu n’est pas ici la même qu’en Jean 17:3, que tout enfant de Dieu doit posséder, mais va plutôt dans le sens de Philippiens 3:10, où Paul dit qu’il estime toutes choses comme une perte et des ordures, afin de plus et mieux connaître Christ. Pierre aussi souhaitait que les saints croissent dans la grâce et dans la connaissance de Jésus Christ (2 Pierre 3:18). C’est une telle croissance dans la connaissance qui est envisagée ici. Chaque croyant doit confesser qu’il est encore loin d’une connaissance complète de Dieu. Aussi Paul prie-t-il pour que nous apprenions à le connaître toujours plus, non pas d’une connaissance intellectuelle, mais de celle de la foi qui remplit notre cœur. S’il s’agissait d’une connaissance rationnelle, beaucoup de gens seraient défavorisés, parce qu’ils ne sont pas aussi doués que d’autres. Mais les personnes intelligentes ne sont pas ici plus avantagées que celles qui le sont moins. La connaissance dont il s’agit dans ce verset concerne le cœur et introduit le croyant plus près de son Dieu.


2.3.2.1 - Verset 18

les yeux de votre cœur étant éclairés, pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints,


La condition préliminaire mentionnée ici confirme ce que nous venons de dire. Le cœur de l’homme a donc aussi des yeux, avec lesquels il peut discerner des choses spirituelles, mais pour voir, il faut de la lumière, comme en ce qui concerne nos yeux naturels. Le cœur est ici une partie de l’homme intérieur, qui dans le Nouveau Testament est synonyme de la « nouvelle nature » du croyant (Rom. 7:22 ; 2 Cor. 4:16 ; Éph. 3:16). Le cœur est le centre de l’être humain : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (Prov. 4:23). C’est dans le cœur que sont prises les décisions. Le cœur humain souillé par le péché est purifié par la foi (Actes 15:9). Les yeux d’un cœur non purifié peuvent par l’imagination voir des choses horribles. Mais il nous est présenté ici ce que les yeux d’un cœur purifié, éclairés par Christ et par Son Esprit, peuvent voir (comp. 5:14).

La prière de l’apôtre qui vient maintenant a trois objets, ou thèmes (*) :


(*) Cette « prière », contrairement à celle du ch. 3 v. 14 à 21, n’a pas de fin apparente ! Les instructions du Saint Esprit et notre croissance spirituelle continuent aussi longtemps que nous sommes sur la terre.


Le premier sujet de prière de l’apôtre Paul pour les Éphésiens, et par là même, aussi pour nous, est : « pour que vous sachiez quelle est l’espérance de son appel ». Nous avons déjà vu dans les versets 3 à 6 notre appel : nous avons été bénis de toute bénédiction spirituelle, nous avons été élus en Christ avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant Dieu en amour, et nous avons été prédestinés pour être adoptés pour lui par Jésus Christ. Comme enfants, nous sommes nés de Dieu, participants de sa nature et objets de son amour (Jean 1:12 ; 1 Jean 3:1) ; dans notre position de fils, nous lui exprimons notre amour en adorant (Rom. 8:15). Tel est l’appel de tout chrétien dans le temps actuel. Il n’est pourtant pas nommé ici notre appel, mais « son appel » : tout émane de Dieu. Ce n’est pas nous qui sommes le centre, mais lui. Lorsque le Seigneur nous introduira dans la gloire du ciel, tout ce qui maintenant encore, en nous, est entravé par la faiblesse et même par le péché, déploiera pour nous en perfection, comme une fleur qui s’épanouit, tout le rayonnement de sa gloire. C’est cela qui fait l’objet de l’espérance de notre appel. Dans la gloire céleste, nous jouirons de toutes ces bénédictions dans des corps glorifiés. Aussi notre regard est-il dirigé ici vers l’éternité et l’espérance de notre appel qui y est liée.

Il est vrai que dans cette épître, il n’est pas parlé de la venue du Seigneur parce que nous sommes, selon le ch. 2 v. 6, déjà considérés comme assis ensemble dans les lieux célestes. Mais comme, pratiquement, nous ne jouissons pas encore de tout en perfection, elle est évoquée par les mentions de « l’espérance de son appel » ici, et de « l’espérance de votre appel », au chapitre 4, verset 4. Ces deux passages dirigent nos regards sur la gloire future auprès de Christ.

En deuxième lieu, les Éphésiens devaient savoir « quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ». Il est dit au verset 10 ce que Dieu s’est proposé pour l’administration de la plénitude des temps – le règne millénaire : « réunir en un toutes choses dans le Christ… en qui nous avons aussi été faits héritiers ». Selon le verset 14, nous avons reçu le Saint Esprit comme arrhes de notre héritage. Il s’agit ici du même mot (en grec, kléronomia = héritage). Ainsi donc nous, croyants, sommes les héritiers, ou cohéritiers (comp. Rom. 8:17), et l’héritage est la part que nous recevrons avec notre Sauveur, le Fils de l’homme glorifié dans le royaume millénaire.

Notre attention est ainsi attirée sur un avenir proche. Dieu a donné toute la création en héritage au Seigneur Jésus, en récompense de son obéissance jusqu’à la mort, et il régnera mille ans sur elle en paix et en justice (Héb. 1:2). Ensuite viendra le moment où il remettra toutes choses au Père afin que Dieu soit tout en tous (1 Cor. 15:28). Selon Éphésiens 1:11, le Seigneur Jésus n’exercera toutefois pas le pouvoir seul, mais le partagera avec ceux qu’il s’est acquis pour lui. Ainsi donc nous hériterons et nous régnerons avec lui (Rom. 8:17 ; 2 Tim. 2:12).

Le vrai « possesseur » de tout est le Dieu éternel (Ex. 19:5). Cependant un jour, il donnera tout en héritage au Fils de l’homme, mais pas à lui seul. Christ en prend possession avec les siens – dans les siens. De même le pays de Canaan appartenait à Dieu. Il le donna en héritage à son peuple terrestre sans qu’il cesse d’être à lui. En Lévitique 25:23, il est écrit : « le pays est à moi », et en Exode 15:17:« Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage », passage qui désigne tout le pays, et en particulier la ville de Jérusalem. C’était la possession de l’Eternel, son héritage, dont il prenait possession pour ainsi dire dans son peuple Israël.

Nous pouvons ainsi nous représenter le royaume millénaire. Ce n’est pas une chose à sous-estimer. Dieu a un plan non seulement pour l’éternité, mais aussi pour cette terre, maintenant pleine de détresse, de misère, de guerre, de maladie, de péché et de mort. Mais cette terre appartient à Dieu, et il dit : elle ne disparaîtra pas tout simplement de la scène. Avant d’être dissoute par le feu (2 Pierre 3:10), il montrera pendant mille ans quelles sont ses pensées quant à la vie sur la terre. Le premier homme, par sa désobéissance, a fait obstacle aux pensées de Dieu, mais le second homme, Christ, les accomplira de manière glorieuse ! Pendant mille ans régneront une justice parfaite et une paix parfaite. Tout ce que les hommes désirent, et dont ils s’éloignent pourtant toujours plus malgré tous leurs efforts, sera alors réalisé. Ainsi nous comprenons que Dieu dise : J’ai aussi un plan pour cette terre. Tout cela trouvera son accomplissement par la domination du Seigneur Jésus. Il veut faire participer à ce gouvernement tous ceux qui croient en lui dans le temps actuel de son rejet. Nous hériterons et régnerons avec lui. Et Dieu veut que nous sachions et comprenions déjà maintenant « quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ».


2.3.2.2 - Verset 19

et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force,


Le troisième vœu de l’apôtre concerne le temps présent : Paul priait pour que les Éphésiens sachent « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons ». Ce sujet, dont il n’a pas encore été question jusqu’à maintenant, va être développé en détail. Il s’agit en fait de « l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ». C’est le thème de la parenthèse des versets 20 à 23. La pensée introduite ici sera reprise au chapitre 2, verset 1 et, après une autre interruption, sera développée dans les versets 4 à 7. L’enchaînement des pensées de l’apôtre est en quelques mots celui-ci : Je veux que vous sachiez quelle puissance de Dieu opère envers vous. Cette puissance a déjà opéré dans le Seigneur Jésus, mais par la foi, elle a aussi agi envers vous.

Lorsque le Seigneur Jésus a donné sa vie sur la croix, aucune trace de force ou de puissance n’a été vue. Au contraire, la parole de Dieu déclare qu’il a été « crucifié en infirmité » (2 Cor. 13:4). Mais lors de sa résurrection d’entre les morts, la puissance de Dieu s’est manifestée d’une manière qui n’a jamais existé auparavant. La mort a été annulée, et la vie et l’incorruptibilité ont lui (2 Tim. 1:10). Toutefois dans notre passage, il s’agit de la manifestation de cette puissance non pas seulement – comme dans les versets suivants – en Christ, mais « envers nous qui croyons ». La puissance qui nous a délivrés du pouvoir de Satan et de la mort et nous a donné une place comme saints et bien-aimés dans la présence de Dieu est la même qui a ressuscité Christ d’entre les morts et lui a donné sa place dans la gloire ! Et pourtant, combien facilement nous perdons de vue cette source inépuisable de force, quand nous traversons des circonstances difficiles et ne savons plus comment en sortir ! Combien souvent nous nous sentons faibles devant nos problèmes ! C’est pourquoi l’apôtre priait pour que nous connaissions mieux et réalisions en pratique l’excellente grandeur de la puissance de Dieu envers nous qui croyons.


2.3.2.3 - Verset 20a

qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts ; –


Paul en vient maintenant à l’origine de cette puissance divine. Il a mentionné l’espérance, sans rien ajouter ; quant à l’héritage, il a cependant parlé des richesses de la gloire ; mais quand il s’agit de la puissance actuelle qui a opéré et opère encore envers chaque croyant, il dit : « quelle est l’excellente grandeur de sa puissance (grec : dunamis) envers nous qui croyons ». Ensuite il emploie encore trois autres expressions : l’opération (grec : energeia), la puissance (grec : kratos), la force (ischus) : ainsi donc quatre désignations différentes (dans l’original) pour cette immense puissance divine. Elle correspond à ce que Dieu a déjà opéré, et est en accord avec quelque chose que nous pouvons voir. Et où voyons-nous cela ? En Christ. Certes, il a aussi manifesté cette puissance de Dieu dans sa vie ici-bas déjà. Pensons seulement aux multiples signes et miracles, jusqu’à la résurrection de morts ! Mais ici, il s’agit du fait que lui-même, qui a pris volontairement sur lui la mort pour ôter le pouvoir de la mort à celui qui l’avait, c’est-à-dire le diable (Héb. 2:14), a été ressuscité d’entre les morts par Dieu. Cela a été la plus grande preuve de puissance que Dieu ait jamais montrée sur la terre. Et cette puissance, il l’a également manifestée envers nous, comme nous le trouvons exposé au chapitre 2. Nous aussi sommes ressuscités, bien qu’il n’en soit pas encore ainsi quant à notre corps. Notre rédemption et notre résurrection spirituelle avec Christ sont une chose dans laquelle Dieu a montré non seulement sa grâce et son amour, mais aussi sa puissance. Il nous a fait passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière. Chaque croyant doit savoir que cette force a opéré envers lui aussi, afin que sa foi soit fortifiée. Dieu a d’abord manifesté cette puissance en « le ressuscitant d’entre les morts ». Ici, seule la résurrection de Christ est mentionnée ; au chapitre 2, verset 6, nous avons aussi le fait que nous sommes ressuscités avec lui.


2.3.3 - Christ, le centre

Dans la parenthèse des versets 20b à 23, nous trouvons les glorieuses conséquences que la résurrection de Christ d’entre les morts a eues pour lui-même. Sa résurrection a été pour ainsi dire son premier pas de retour dans le ciel, où il se tient maintenant comme homme glorifié. Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et « l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes ».


2.3.3.1 - Verset 20b

(et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes,


Nous rencontrons ici pour la deuxième fois l’expression « les lieux célestes ». Au chapitre 1, verset 3, nous y voyons nos bénédictions, ici nous lisons que le Seigneur Jésus s’y trouve. Il est assis là à la droite de Dieu, dans sa présence. Comme Fils, il était toujours auprès de Dieu (Jean 1:1), mais comme tel, il n’est pas assis à la droite de Dieu. Dieu, Père, Fils et Saint Esprit, est éternellement « un ». Cette place à la droite de Dieu, c’est par conséquent l’homme Christ Jésus glorifié qui l’a reçue, et non pas le Fils éternel. Elle est la place de l’honneur le plus élevé et du plus grand pouvoir (comp. Ps. 110:1 ; Mat. 22:44). Nous nous sentons souvent faibles et misérables et n’avons pas le courage de rendre témoignage. Pensons alors que notre Seigneur si méprisé des hommes se trouve au centre de toute puissance et de toute gloire ! Bientôt tous le verront, lorsqu’il exercera son autorité sur l’univers. Mais il nous est accordé de voir notre bien-aimé Seigneur déjà maintenant à la droite de Dieu comme source de notre force ! Quelle persévérance, quelle fermeté, quel courage et quelle force nous pourrions avoir si nous faisions plus usage de cette puissance de Dieu, qui a ressuscité Christ d’entre les morts !


2.3.3.2 - Verset 21

au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir ;


Le Christ glorifié à la droite de Dieu est établi au-dessus de toute autorité dans le monde entier, non seulement dans celui qui est visible, mais aussi dans le monde invisible, spirituel. Nous lisons au chapitre 3, verset 10 que « la sagesse si diverse de Dieu est maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée », et au chapitre 6, verset 12, nous voyons que les dominateurs de ces ténèbres, la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes, sont aussi appelés principautés et autorités. Les lieux célestes sont un concept très étendu, qui englobe tout ce qui est céleste, c’est-à-dire presque tout le monde invisible. Satan, en tant qu’ange déchu, a accès au ciel. Nous trouvons, tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, qu’il a accès direct auprès de Dieu comme accusateur des croyants. Ce n’est qu’en Apocalypse 12:9 que nous lisons qu’il est précipité sur la terre. Les principautés mentionnées ici se réfèrent donc non seulement à des hommes ou aux puissances angéliques bonnes, mais aussi aux puissances de méchanceté que Satan a entraînées derrière lui dans sa chute. Mais le Seigneur domine sur tout. Il a cette place non seulement dans le temps présent, où il est invisible des hommes, mais il l’occupera aussi dans le règne millénaire, dans « le siècle à venir » (comp. Héb. 2:8 ; 6:5).


2.3.3.3 - Verset 22

et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l’a donné pour être chef (tête) sur toutes choses à l’assemblée,


Il n’occupe cependant pas seulement une position relativement plus élevée que toutes les puissances du monde, mais Dieu a également « assujetti toutes choses sous ses pieds ». Ces paroles du psaume 8:6 sont citées trois fois dans le Nouveau Testament : ici, dans le but de montrer le conseil de Dieu ; en 1 Corinthiens 15:27, avec la restriction que Dieu, qui lui a assujetti toutes choses, est lui-même évidemment exclu de cet assujettissement ; enfin en Hébreux 2:8, avec la réserve temporelle que « maintenant nous ne voyons pas encore que toutes choses lui sont assujetties ».

Le Seigneur siège là au centre de toute puissance et de toute gloire. En vertu de son abaissement profond jusqu’à la mort de la croix, Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, l’a couronné de gloire et d’honneur et a mis tout l’univers à ses pieds. Comme homme glorifié, il est maintenant « chef sur toutes choses ». Il est vrai que nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties. Il attend maintenant jusqu’à ce que ses ennemis soient mis pour marchepied de ses pieds, et qu’il entre dans son règne millénaire (Héb. 2:8 ; 10:13). Mais dans l’épître aux Éphésiens, qui dévoile le conseil éternel de Dieu, ces événements futurs sont considérés comme des faits déjà accomplis : « Il a assujetti toutes choses sous ses pieds. » Il est le centre de tout pouvoir, de toute gloire et de toute grâce. Nous pouvons regarder à lui avec foi, car il est la source de notre force et notre but.

Ainsi, en Colossiens 3:1, nous sommes exhortés à chercher « les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ». En Hébreux 2:9, nous voyons « Jésus, qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort, couronné de gloire et d’honneur » et dans le chapitre 12, verset 2, nous sommes appelés à fixer les yeux « sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la honte, et est assis à la droite du trône de Dieu ».

C’est précisément dans un temps de faiblesse spirituelle qu’il est si nécessaire de rappeler ces choses. Si nous regardons à nous-mêmes et à notre environnement, nous pourrions parfois perdre courage, mais si nous pensons que notre Seigneur siège au centre de la puissance et de la gloire, et intervient sans cesse là pour nous comme notre souverain sacrificateur, nous serons consolés, fortifiés, et ferons l’expérience de sa puissance et de son secours aussi dans les situations difficiles.


2.3.4 - « …donné à l’assemblée »


Selon le conseil de Dieu, le Seigneur Jésus est maintenant, comme homme glorifié, « chef sur toutes choses ». Comme créateur, Dieu est aussi chef de toute la création (comp. 1 Chron. 29:11), mais en vertu de son œuvre, Christ a reçu cette position comme Fils de l’homme (comp. Ps. 8:4-6). Ce que le premier Adam a perdu par la désobéissance, le dernier Adam l’a regagné d’une manière bien plus glorieuse par son obéissance. Et de même qu’Adam reçut de Dieu, en Eve, « une aide qui lui corresponde », le Seigneur a reçu de lui l’Assemblée, qui est « de sa chair et de ses os » (comp. Gen. 2:23 ; Éph. 5:30). Ceci introduit un nouveau sujet. Les deux derniers versets de ce chapitre ne traitent plus de nos bénédictions personnelles, mais évoquent pour la première fois dans cette épître nos bénédictions collectives communes, c’est-à-dire comme l’Assemblée.

Pour Dieu, l’Assemblée a une telle importance qu’il lui a donné Christ glorifié pour être « chef sur toutes choses ». Attachons-nous aussi une grande valeur à son Assemblée ? Si nous ne le faisons pas, nous restons en retrait de ses pensées, et perdons beaucoup. Nous sommes facilement enclins à ne voir que ce qui paraît si faible, imparfait et défaillant. Mais ce n’est pas la bonne manière de considérer l’Assemblée ! Pour Dieu, elle est tellement précieuse, qu’il lui a donné rien moins que le chef de toutes choses, qui est maintenant aussi son chef – bien qu’il ne soit pas vu ici expressément comme chef de l’Assemblée.


2.3.4.1 - Verset 23

qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous ;


Dans le dernier verset de ce chapitre, il nous est donné encore un aperçu dans le conseil de Dieu concernant son Fils : l’Assemblée est « son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous ». Elle est vue ici non pas dans son état extérieur actuel de faiblesse, d’imperfection et de dispersion, mais comme parfaite dans l’éternité (*). Durant son existence sur la terre, elle ne peut pas être « la plénitude » de Christ, puisqu’elle n’est pas encore complète et parfaite. Mais lorsque le Seigneur la recueillera dans le ciel, elle sera sans tache ni ride, sainte et irréprochable devant lui ; alors on pourra voir en elle la plénitude de Christ, le complément de sa gloire. Et pourquoi cela ? Parce qu’elle est la preuve visible la plus grande et la plus parfaite de son amour et de sa grâce. S’il n’y avait que le rayonnement de sa sainteté et de sa majesté, il manquerait quelque chose d’essentiel à sa gloire.


(*) L’Assemblée comme corps de Christ et comme maison de Dieu est considérée dans le Nouveau Testament sous trois aspects différents : premièrement comme existant actuellement sur la terre, formée de tous les croyants vivants (par exemple, chap. 4, v. 4 ; 1 Cor. 3:17 ; 12:28) ; deuxièmement, comme ici, selon le conseil divin, dans sa perfection dans la gloire (comp. Mat. 16:18), et troisièmement dans sa réalisation locale et, par conséquent, comme expression selon Dieu de toute l’Assemblée sur la terre (Mat. 18:17 ;1 Cor. 1:2 ; 3:16 ; 12:27).


Comme Fils éternel de Dieu, il n’y a rien qui puisse servir à sa « plénitude » ou la compléter. Mais il est vu ici comme homme glorifié dans le ciel. Il a vécu dans la pauvreté afin que nous soyons enrichis, mais lui aussi a été « enrichi », parce qu’il est maintenant glorifié dans le ciel. Il a parfaitement accompli la volonté de Dieu et il remplira un jour tout l’univers de sa gloire et de sa bénédiction. L’Assemblée, qui est son corps, sera alors son « complément », et contribuera à sa gloire comme Fils de l’homme.

Un lien plus étroit que celui qui unit la tête et le corps est difficilement concevable. Les deux forment une unité indissoluble. C’est bien là le motif principal pour lequel l’Assemblée nous est présentée dans la Parole comme le corps de Christ. Comme maison de Dieu, elle est son habitation, de même que la sphère où se déploient l’ordre divin et la sainteté sur la terre ; et comme épouse ou femme de l’Agneau, elle est l’objet de son amour éternel, incompréhensible. Mais comme son corps, elle est la figure d’une parfaite unité – aussi bien avec Christ, sa tête, qu’en elle-même. Cela comporte aussi qu’elle participe à tout ce que possède la tête. – L’unité des membres du corps entre eux n’est toutefois développée qu’au chapitre 4.

Combien il est important de connaître les pensées divines. Comment pouvons-nous comprendre correctement le rassemblement des croyants, si nous n’avons pas devant nos yeux les pensées de Dieu quant à son Assemblée dans son ensemble ? Et comment pouvons-nous avoir des pensées justes quant à l’Assemblée, si nous ne discernons pas quelle place le Seigneur Jésus occupe comme chef sur toutes choses, aussi en relation avec son Assemblée ?


3 - Ch. 2 — L’ACCOMPLISSEMENT DU CONSEIL DIVIN

3.1 - La grâce de Dieu — Ch. 2 v. 1 à 10

Avec les mots « et vous », la pensée interrompue au verset 20 du chapitre 1 est reprise. La résurrection du Seigneur Jésus y était mentionnée, et maintenant ce sujet est poursuivi, avec toutefois une nouvelle parenthèse jusqu’à la fin du verset 4, à la suite de laquelle intervient un petit changement, en ce qu’il est dit : « nous ».

Dans les trois premiers versets, nous trouvons le jugement de Dieu quant à l’état de l’homme. Les versets 4 à 6 présentent la grâce de Dieu et son activité envers nous, et les versets 7 à 10 le but de sa manière d’agir avec nous. Ce passage place devant nous non pas l’œuvre du Seigneur Jésus à la croix – que nous trouvons au chapitre 1, verset 7 –, mais les bénédictions que Dieu nous a réservées sur le fondement de cette œuvre.


3.1.1 - Condition morale de l’homme

Auparavant, il est montré d’abord clairement comment Dieu voit l’humanité, que l’homme, individuellement, le sache ou non.


3.1.1.1 - Verset 1

et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés,


Paul s’adresse en premier lieu aux nations, par « vous », mais ensuite il inclut les Juifs en disant « nous ». Dans l’Ancien Testament, Israël était le peuple élu et béni de Dieu. Les nations, les incirconcis, n’avaient aucune part aux privilèges d’Israël, comme cela est clairement exposé à partir du verset 11. Mais ce qui est dit ici des Éphésiens est valable pour tous les hommes : « morts dans vos fautes et dans vos péchés ». Cela ne concerne pas la mort physique du corps, car il est parlé au verset 2 de leur manière antérieure de marcher. Il s’agit de l’état moral de l’homme naturel, et Dieu ne peut y trouver aucune satisfaction. « Mort » signifie ici « spirituellement mort », c’est-à-dire séparé de Dieu, et en même temps dans l’ignorance de ce qu’il est. L’épître aux Romains en revanche décrit les activités de l’homme vivant dans le péché (chap. 1 à 3). Les péchés sont la preuve qu’il n’y a rien de bon dans l’homme et qu’il est spirituellement mort pour Dieu. Selon cette épître, il faut que cet homme vivant dans le péché soit crucifié avec Christ, qu’il meure et qu’il soit enseveli dans le baptême (chap. 6). Celui qui est baptisé a rendu par là même témoignage que son vieux « moi » a trouvé sa fin.

Ici au contraire, le pécheur est considéré comme mort par nature. Il doit être vivifié pour Dieu – avec Christ ; il doit être ressuscité – avec Christ ; il est même vu introduit dans le ciel – en Christ. La doctrine de l’épître aux Romains avec la fin du vieil homme et celle de l’épître aux Éphésiens avec une nouvelle création, le nouvel homme, se complètent parfaitement. Il nous paraît plus facile de comprendre la doctrine de l’épître aux Romains, parce que dans la pratique elle est plus proche de nous. Par la justification par la foi et la condamnation du vieil homme, notre ancienne vie a trouvé sa fin et nous marchons maintenant en nouveauté de vie. Mais ici, ce n’est pas seulement un nouveau commencement en pratique qui nous est présenté, mais il s’agit d’une nouvelle création, d’un nouvel homme (Éph. 2:15 ; 4:24). De misérables créatures, Dieu a créé pour lui-même quelque chose de nouveau.

Il n’y a rien de bon dans l’homme perdu. Sinon le Fils de Dieu n’aurait pas dû mourir pour nous, car nous aurions pu nous libérer par nos propres efforts de la boue du péché. Mais un mort ne peut rien faire. Dieu devait nous délivrer de la mort, car lui seul peut le faire. Le point central de toutes les religions qui (à l’exception du judaïsme) ne reposent pas sur une révélation divine mais sont fondées sur des raisonnements humains, est que l’on a devant les yeux un but plus ou moins bon que l’homme doit atteindre par ses propres efforts. Mais il n’y a de véritable salut que par la foi en Dieu qui seul peut nous purifier de « nos fautes et de nos péchés ». Une faute (ou transgression) est une action dont on sait qu’elle n’est pas juste, alors que beaucoup n’ont pas conscience que toute leur vie n’est qu’une succession de péchés. Pécher, au sens propre, signifie manquer le but.


3.1.1.2 - Verset 2

(dans lesquels vous avez marché autrefois, selon le train de ce monde, selon le chef de l’autorité de l’air, de l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ;


L’homme vit dans ces choses par nature, et le modèle en est « le train de ce monde » et « le chef de l’autorité de l’air », c’est-à-dire Satan, le chef des anges, qui possède un immense pouvoir. Il est vrai que son pouvoir a été brisé par la croix, parce que l’homme ne se trouve plus inéluctablement sous son influence. La délivrance est possible. Mais ne sous-estimons pas le pouvoir du diable. Il est encore maintenant « le chef de l’autorité de l’air ». De même que l’air nous environne et pénètre tout, ainsi en est-il de lui. Il n’y a pas possibilité de s’isoler. Satan atteint les hommes en tous lieux. Il est « l’esprit qui opère maintenant dans les fils de la désobéissance ». Les hommes ne sont pas seulement influencés de l’extérieur, mais cet esprit est aussi actif en eux. Satan avait mis dans le cœur de Judas de trahir le Seigneur (Jean 13:2). Il influence les pensées des hommes et par là conduit ceux qui sont appelés ici fils de la désobéissance, c’est-à-dire des hommes d’une désobéissance totale. Il en est de même pour l’expression « enfants de colère », au verset 3. Ce sont des hommes dont la vie entière ne consiste qu’en désobéissance envers Dieu. L’homme naturel ne s’informe pas de la volonté de Dieu. Il est donc désobéissant, qu’il le veuille ou non. Même si les Juifs occupaient une position qui les plaçait au-dessus des autres peuples – ils possédaient la révélation divine, un privilège mentionné par de nombreux passages du Nouveau Testament –, ils n’étaient par nature pas meilleurs. Aucun Juif ne sera sauvé par le seul fait de son appartenance au peuple juif.


3.1.1.3 - Verset 3

parmi lesquels, nous aussi, nous avons tous conversé autrefois dans les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et des pensées ; et nous étions par nature des enfants de colère, comme aussi les autres.


C’est pourquoi l’apôtre dit ici : « parmi lesquels, nous aussi, nous avons tous conversé autrefois dans les convoitises de notre chair » et nomme par là en même temps les sources du mal : les convoitises de la chair. Celui qui accomplit « les volontés de la chair et des pensées » n’agit pas selon la volonté de Dieu et est donc désobéissant, comme nous avons vu au verset 2. Tandis que « la chair » fait allusion à la source de l’action, « les pensées » montrent le chemin mental qui conduit à l’acte coupable. De ce fait, les Juifs également sont « par nature des enfants de colère, comme aussi les autres ». Tous les hommes sont sous la juste colère de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur Jésus a pu dire : « Mais qui désobéit (ou : ne croit pas) au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36). Il a pris sur lui à la croix, comme substitut de tous ceux qui croient en lui, la juste colère et le juste châtiment de Dieu sur tous les péchés et sur l’état décrit ici. Aussi quiconque croit en lui sait que la colère de Dieu s’est détournée de lui, car Dieu est juste et ne condamne pas deux fois. Sur celui qui ne croit pas, la colère de Dieu demeure : il reste un enfant de colère.


3.1.2 - Comment Dieu agit envers nous

Au verset 4, Paul revient sur la manifestation de la puissance de Dieu, un sujet qu’il a déjà commencé au chapitre 1, verset 19, mais interrompu au verset 21.


3.1.2.1 - Verset 4

Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés,)


Ce n’est que quand nous reconnaissons notre état entièrement corrompu, que nos yeux peuvent s’ouvrir sur l’amour, la grâce, la bonté et la miséricorde de Dieu. De même, le fils prodigue n’a découvert l’amour de son père, que lorsqu’il en était venu à garder les pourceaux (Luc 15). Il put, lors de son retour, réaliser toutes les richesses de la miséricorde et de l’amour de son père.

Nous ne trouvons pas ici l’œuvre du Seigneur Jésus, mais avons l’origine de ce qui s’est passé à Golgotha, l’amour dans le cœur de Dieu, tel que nous l’avons déjà vu au début du chapitre 1er. Jean écrit une fois : « Dieu est lumière », mais deux fois : « Dieu est amour » (1 Jean 1:5 ; 4:8, 16). Rendons-lui grâce chaque jour pour son immense amour, qu’il a manifesté envers nous en nous sauvant par son Fils !


3.1.2.2 - Verset 5

alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce),


Quand même nous étions morts dans nos fautes (voir v. 1), nous n’avons pas ici la description de la « réaction » de Dieu à notre misérable état, car il aurait alors suffi qu’il nous ait pardonné nos péchés. Certes nous possédons ce pardon, comme il est dit au chapitre 1, verset 7, mais Dieu voulait nous donner beaucoup plus : Il voulait nous manifester avec surabondance les richesses de sa miséricorde, de son amour, de sa grâce et de sa bonté. Son dessein était de nous donner une place qui soit dans la plus grande proximité de celle qu’il a donnée à son Fils et en accord avec elle. Une fois l’œuvre accomplie, il l’a ressuscité d’entre les morts et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes (1:20). C’est pourquoi il nous a « vivifiés ensemble avec le Christ ». Nous étions moralement morts dans nos péchés. La mort signifie selon la parole de Dieu la séparation. La mort morale est la séparation, l’éloignement de Dieu pour l’homme vivant dans le péché ; la mort physique, la séparation de l’âme et du corps, et la seconde mort – en contraste avec la mort physique – est la damnation éternelle, la séparation de Dieu pour l’éternité. Le Seigneur Jésus, qui lui-même est la vie, est entré volontairement dans la mort pour nous. Lorsqu’il fut abandonné de Dieu, à la croix, durant les trois heures de ténèbres, il prit volontairement sur lui ce que nous avions mérité pour l’éternité (comp. Mat. 27:46 ; 2 Thess. 1:9).

De même que, après sa mort, le Seigneur Jésus fut vivifié (comp. 1 Pierre 3:18), nous sommes nous aussi « vivifiés ensemble avec le Christ ». Mais il demeure toutefois une grande différence. Comme Fils de Dieu, il donna la vie qu’il avait dans son corps et aussi la reprit (Jean 10:17, 18), mais ici, où il est vu comme homme, c’est Dieu qui l’a vivifié. Nous, par contre, ne possédions aucune vie spirituelle, mais nous étions spirituellement morts. Nous avons reçu par Christ et avec Christ une vie nouvelle, la vie de Dieu. C’est la vie du Seigneur Jésus dans la résurrection. Le propos divin existe depuis l’éternité, le fondement en a été posé il y a près de deux mille ans par la résurrection du Seigneur, et cela s’est réalisé au moment où nous avons cru en son œuvre. Même si aucun croyant n’a compris au moment de sa conversion qu’il est « vivifié ensemble avec Christ », cela n’en est pas moins vrai. Combien plus que ce que nous pensons est inclus dans son œuvre et dans l’œuvre de Dieu envers nous ! Des êtres morts spirituellement sont devenus des hommes vivants pour Dieu ! Telle est notre part. Sa grâce nous a donné tellement plus que ce dont nous avions besoin. Sachons l’en remercier toujours plus !


3.1.2.3 - Verset 6

et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus,


Nous sommes cependant non seulement « vivifiés ensemble avec le Christ », mais aussi « ressuscités ensemble ». Il y a une différence entre ces deux faits. La résurrection n’indique pas la vie nouvelle que nous avons reçue, mais désigne la nouvelle position dans laquelle nous avons été introduits, qui est en harmonie avec la vie nouvelle en nous – dans laquelle celle-ci peut en fait se développer. Nous voyons cela aussi pour le Seigneur Jésus. Lorsqu’il se fit connaître de Marie de Magdala, le matin de sa résurrection, elle voulut, dans sa joie, le toucher. Mais il l’arrête en disant : « Ne me touche pas » (Jean 20:17). Un nouvel état avait été introduit, qu’il explique par ces paroles étonnantes : « Car je ne suis pas encore monté vers mon Père ». Elle le voyait bien là devant elle, mais il appartenait déjà à un autre monde, le monde de la résurrection, et ne se trouvait plus ici-bas que pour peu de temps. Elle allait le comprendre parfaitement lorsqu’il serait élevé au ciel.

Le Seigneur Jésus a été ressuscité corporellement, nous le sommes avec lui spirituellement. Nous avons reçu une vie nouvelle, qui n’est pas destinée à ce monde, et par notre résurrection spirituelle, nous avons été introduits dans une sphère où cette vie peut s’épanouir. Et précisément l’épître aux Éphésiens nous présente comme nulle autre que notre place et nos bénédictions sont dans le ciel. Comme croyants, nous avons un appel céleste. Notre bourgeoisie est dans les cieux. La résurrection de Christ nous a mis à part des hommes naturels qui sont morts pour Dieu et nous a unis au Seigneur Jésus qui est maintenant déjà au ciel. Bien que nous nous trouvions encore sur la terre, nous en sommes, quant à notre position, séparés. Nos devoirs quant à la terre découlent de cette magnifique position en résurrection comme ambassadeurs de Dieu, chargés de manifester ici son amour (comp. 5:1). Un chrétien n’a pas pour mission d’influencer activement le cours des événements de ce monde. Il appartient au monde de la résurrection. À tout instant, ce peut devenir une réalité pour notre corps aussi, quand le Seigneur Jésus viendra pour prendre à lui les siens.

Troisièmement, Dieu « nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus ». Quand le Seigneur Jésus viendra pour nous chercher, nous entrerons avec lui dans le ciel pour être là pour toujours avec lui (comp. Apoc. 5). Mais du point de vue spirituel, ceci est maintenant déjà notre part, en vertu de l’œuvre du Seigneur Jésus et par la foi. C’est pourquoi la parole de Dieu dit ici très exactement : « dans le Christ Jésus », ce qui signifie : en relation avec lui et en vertu de sa position, non pas « avec » lui, c’est-à-dire unis à lui. Nous sommes encore sur la terre, mais en lui, nous sommes déjà là-haut. Aussi l’enlèvement au ciel des saints n’est-il pas mentionné dans cette épître. Selon le conseil de Dieu, tout est déjà accompli.

De même qu’en Romains 6, trois étapes conduisent à la mise de côté du vieil homme : crucifiés, morts et ensevelis avec Christ, ainsi nous voyons ici trois étapes de l’identification avec le Christ ressuscité et glorifié : vivifiés avec lui, ressuscités et assis ensemble en lui dans les lieux célestes.


3.1.3 - Le but divin

Le but de Dieu en tout cela nous est maintenant indiqué.


3.1.3.1 - Verset 7

afin qu’il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus.


Nous avons déjà maintenant fait l’expérience surabondante de l’amour, de la grâce et de la miséricorde de Dieu. L’amour est la nature même de Dieu. La grâce est son amour immérité, et la miséricorde, son amour et sa grâce en relation avec l’état misérable et désespéré dans lequel nous nous trouvions. Sa bonté en revanche se déploie, non dans la compassion, mais dans la surabondance de son amour, non envers des pécheurs perdus, mais envers les croyants. Ils peuvent faire l’expérience des « immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté », et cela « dans les siècles à venir ». Le Millénium est l’un de ces siècles à venir (1:10), et l’éternité qui suivra en fait aussi partie. Dans toute l’éternité, Dieu montrera les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous ! Quand bien même nous connaîtrons alors à fond comme nous avons été connus (1 Cor. 13:12), nous découvrirons pourtant continuellement de nouveaux aspects de la bonté de Dieu en Christ. Ce sera un élément de notre bonheur éternel. C’est ainsi que se déploie l’arc depuis l’éternité jusque dans l’éternité, depuis notre élection en Christ avant la fondation du monde en passant par notre rédemption par Christ, jusqu’à la manifestation de sa bonté dans le Christ Jésus dans les siècles à venir. Le Bien-aimé sur lequel repose de tout temps avec délice le regard du Père sera dans l’éternité aussi l’objet de la joie et de l’adoration des rachetés.


3.1.3.2 - Verset 8

Car vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu ;


Dans les versets 8 à 10, il est encore une fois affirmé que nous ne pouvions contribuer en aucune manière à cette bénédiction insondable. « Car vous êtes sauvés par la grâce. » L’origine de notre salut est en Dieu seul, qui a donné son Fils bien-aimé pour des pécheurs perdus. Tout ce que nous avons reçu comme bénédictions, nous le devons uniquement à la grâce de Dieu.

Le moyen par lequel nous sommes sauvés n’est ni l’intelligence ni les sentiments, mais la foi, c’est-à-dire la confiance et l’obéissance du cœur envers Dieu et sa Parole. Et même cette foi est présentée ici comme quelque chose qui ne vient pas de nous. Cela veut-il dire que nous ne pouvons absolument rien faire ? Le même apôtre a dit une fois : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé » (Actes 16:31). Ceci paraît être en contradiction. Mais nous ne pouvons pas le sonder avec notre intelligence. Le Seigneur dit à Nicodème : « Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va : il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit » (Jean 3:8). Jusqu’à aujourd’hui, malgré tous les progrès de la technique dans le domaine de la prévision météorologique, on est encore loin de pouvoir indiquer parfaitement la direction et les effets du vent ! De même on ne peut pas décrire exactement comment un homme vient à la foi. Il y a d’un côté l’invitation à croire, et de l’autre, la foi est un don de Dieu. Ces deux aspects ont chacun sa place dans la parole de Dieu, et nous faisons bien de l’accepter ainsi.

En contraste avec plusieurs autres passages du Nouveau Testament, le salut nous est présenté ici comme un fait accompli. Nous n’avons plus à l’attendre, mais nous le possédons déjà. Il s’agit là du salut de l’âme, tandis que dans d’autres épîtres, le salut est envisagé comme encore non achevé. Dans l’épître aux Hébreux, notre salut est considéré comme le secours à travers toutes les difficultés de la vie de la foi, pour lequel le Seigneur Jésus intercède comme notre souverain sacrificateur auprès de Dieu (Héb. 7:25) ; et dans l’épître aux Philippiens, le salut concerne aussi notre corps, qui, lors de la venue du Seigneur, sera transformé en la conformité du corps de sa gloire (Phil. 3:20, 21). Dans l’épître aux Éphésiens, au contraire, nous sommes considérés comme déjà parfaitement sauvés. En ceci aussi nous constatons encore une fois que c’est le conseil de Dieu qui nous est révélé ici.


3.1.3.3 - Verset 9

non pas sur le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie ;


Si la grâce imméritée de Dieu est l’origine de notre salut, et si la foi, nécessaire quant à ce qui nous concerne, est un don de Dieu, il est évident que l’homme, de son côté, ne peut absolument rien ajouter à ce salut. Eu égard surtout aux Juifs convertis auxquels cette épître s’adresse, il est encore souligné, que ce n’est pas « sur le principe des œuvres » (comp. Rom. 4:2 ; 11:6). Les œuvres sont caractéristiques de toutes les religions : il faut faire soi-même quelque chose pour atteindre le but. Mais il en est tout autrement quant à la foi à l’évangile de Dieu. Personne n’a de quoi se glorifier ; la gloire n’appartient qu’à Dieu, comme aussi Paul le déclare dans plusieurs autres passages (Rom. 3:27 ; 1 Cor. 1:29-31).


3.1.3.4 - Verset 10

car nous sommes son ouvrage, ayant été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles.


L’œuvre de Dieu commence dans l’éternité par notre élection et notre prédestination, elle inclut la venue et l’œuvre de son Fils comme Rédempteur, et ce qu’il a fait envers nous et de nous aussi est de lui. Dans le Christ Jésus, Dieu a créé quelque chose de complètement nouveau. « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17). De même que la première création fut l’œuvre de Dieu, de même la nouvelle création l’est aussi. Nous avons « été créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles ».

Nous ne sommes pas seulement une nouvelle création (comp. « le nouvel homme » au verset 15 et au chapitre 4, verset 24), mais encore notre « environnement » et notre « chemin » sont préparés pour y correspondre. Ceci ne veut pas dire que Dieu tient à disposition pour chaque croyant un certain nombre de bonnes œuvres bien définies qu’il doit accomplir. Nous verrons certes, dans la maison du Père, de quelle manière parfaite il nous a conduits. Mais ici, la pensée est que, pour le nouvel homme, certaines choses n’entrent plus en ligne de compte, mais il y a les bonnes œuvres. Le Saint Esprit nous conduit dans un chemin où se trouvent ces bonnes œuvres. Nous n’avons pas seulement reçu une nouvelle vie, mais nous nous trouvons maintenant dans une nouvelle sphère où cette vie peut agir, et cela dans des activités que nous ignorions totalement auparavant.

Toutefois les bonnes œuvres ne sont pas la conséquence de l’observation de la loi, comme le pensent beaucoup de chrétiens. La loi, qui était destinée seulement à Israël, contenait bien les commandements de Dieu pour l’homme naturel sur la terre, mais elle n’était nullement la parfaite révélation de la volonté de Dieu (comp. 1 Tim. 1:8-11).

Le modèle parfait d’une marche dans les bonnes œuvres selon Dieu, c’est le Seigneur Jésus dans sa vie sur la terre. Il nous a laissé dans les évangiles l’exemple d’une marche sainte et agréable à Dieu, qui peut nous conduire exactement et parfaitement en toutes circonstances. Ne sommes-nous pas appelés à suivre ses traces (1 Pierre 2:21) ?


3.2 - L’œuvre de Dieu envers nous et avec nous — Ch. 2 v. 11 à 22

Le verset 11 du chapitre 2 de l’épître aux Éphésiens reprend le sujet du conseil de Dieu concernant Christ et son assemblée, mentionné au chapitre 1, versets 20 à 23. Depuis l’appel d’Israël comme peuple terrestre de Dieu, l’humanité était séparée en deux groupes : Israël (ou les Juifs) et les nations (ou les Gentils). Mais la croix a complètement changé cette situation. Elle a en effet manifesté que tant les Juifs que les Gentils ont besoin de rédemption et que, sans la foi au Seigneur Jésus, ils sont éternellement perdus (comp. Rom. 3:9).


3.2.1.1 - Verset 11

C’est pourquoi souvenez-vous que vous, autrefois les nations dans la chair, qui étiez appelés incirconcision par ce qui est appelé la circoncision, faite de main dans la chair,


D’abord Paul mentionne de nouveau la différence qui existait entre les Juifs et les nations (voir Éph. 1:12, 13). La circoncision était la marque distinctive extérieure des Juifs ; Dieu l’avait donnée à leur ancêtre Abraham déjà comme signe et sceau de l’alliance conclue avec lui, et il l’avait renouvelée plus tard dans la loi de Sinaï (Gen. 17:10-14 ; Lév. 12:3). Cette marque distinctive extérieure était si caractéristique que les Juifs étaient généralement désignés comme « la circoncision » et, en conséquence, les nations comme « l’incirconcision » (Rom. 3:30 ; Gal. 2:7).

Cette petite amputation avait un sens symbolique, et les Israélites en avaient connaissance depuis le début (comp. Deut. 10:16 ; Jér. 4:4). Mais la pleine signification spirituelle de la circoncision ne pouvait être révélée que dans le Nouveau Testament. Elle est une image du jugement de Dieu sur la chair, la nature pécheresse dans l’homme, par la mort de Christ à la croix (comp. Phil. 3:3 ; Col. 2:11).

Toutefois Paul parle ici non pas de la signification spirituelle, mais de la circoncision au sens littéral, « faite de main dans la chair ». Les nations comme telles n’avaient aucune relation avec Dieu, mais appartenaient à cette partie de l’humanité qui n’avait reçu aucun appel de la part de Dieu et n’était pas mise à part pour lui rendre un témoignage particulier.


3.2.1.2 - Verset 12

vous étiez en ce temps-là sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n’ayant pas d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde.


Les nations païennes ne connaissaient ni les promesses concernant le Messie qui devait venir, ni la personne de Celui qui était venu dans ce monde comme Sauveur. Elles n’avaient non plus aucune part aux privilèges du peuple terrestre de Dieu ni aux alliances qui lui ont été données, dont les promesses, à commencer par celles faites à Abraham, faisaient allusion plus ou moins clairement au Messie futur, et de ce fait elles étaient sans espérance et sans Dieu dans le monde. Non seulement elles étaient mortes dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais elles avaient abandonné toute relation avec le Dieu vivant et vrai, et n’avaient pas la moindre connaissance de lui.


3.2.1.3 - Verset 13

Mais maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui étiez autrefois loin, vous avez été approchés par le sang de Christ.


Mais l’œuvre rédemptrice du Seigneur Jésus n’est pas seulement valable pour le peuple d’Israël, elle l’est pour le monde entier. Par son sang, il a ouvert l’accès à Dieu pour tous les hommes qui croient en lui. D’une manière semblable, l’apôtre écrit en Hébreux 10:19 aux Juifs venus à la foi, que par le sang de Jésus ils ont une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints, parce que, par son sang, il a accompli aussi bien la propitiation devant Dieu, que la purification des péchés.

C’est « le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » ainsi que l’écrit Pierre (1 Pierre 1:19). Par le sang de Christ, signe du don de sa vie jusque dans la mort, nous avons reçu la rédemption, la rémission des fautes (Éph. 1:7) ; et par son sang, nous avons été introduits dans la proximité immédiate du Dieu saint. Les croyants d’entre les nations éloignées de Dieu, de même que ceux d’entre le peuple des Juifs, ont été approchés par ce moyen. Ils ne sont maintenant plus loin de Dieu, mais se trouvent dans la relation la plus intime avec lui. N’oublions jamais le grand prix que notre bien-aimé Seigneur a dû payer pour cela !


3.2.1.4 - Versets 14 et 15

Car c’est lui qui est notre paix, qui des deux en a fait un et a détruit le mur mitoyen de clôture, ayant aboli dans sa chair l’inimitié, la loi des commandements qui consiste en ordonnances, afin qu’il créât les deux en lui-même pour être un seul homme nouveau, en faisant la paix ;


Christ est « notre paix » ! Cette paix n’est pas un sentiment dont nous jouissons, c’est une personne : Christ ! Notre foi peut se reposer sur lui. S’il est devenu notre paix, celle-ci est certaine et inébranlable. Ce n’est que lorsque nous avons saisi cela dans une foi simple mais ferme que nous possédons une paix assurée. Nous pouvons alors jouir de ce que nous croyons. Mais la paix n’est pas seulement quelque chose en nous, elle est une réalité que Christ lui-même a établie et qui repose en lui.

Non seulement les croyants d’entre les nations ont été approchés de Dieu par le sang de Christ, mais aussi les Juifs qui croient au Seigneur Jésus sont retirés de leur position précédente comme peuple terrestre de Dieu. La loi était un mur de séparation qui circonscrivait pour ainsi dire Israël. Dieu avait ainsi séparé son peuple des nations. Selon la loi, les Juifs ne pouvaient avoir aucune communion avec les nations. Ainsi l’humanité était en quelque sorte divisée en deux groupes : les Juifs, qui étaient près de Dieu, et les nations qui étaient loin de lui. Christ a, maintenant, à la croix, « détruit le mur mitoyen de clôture » (comp. Rom. 10:4 ; Col. 2:14).

Combien peu de chrétiens comprennent cette vérité glorieuse ! Dans la chrétienté, on a rétabli partiellement la loi que le Seigneur a annulée par sa mort et on l’a érigée en règle de vie pour le chrétien. Les conséquences en sont l’inquiétude, le doute et la crainte. Non, le chrétien n’est pas assujetti à la loi. Il est ressuscité avec Christ ; il est uni non pas à un Christ vivant sur la terre, né sous la loi (Gal. 4:4), mais à Christ dans les lieux célestes. Il n’est pas sous la loi, mais dans la grâce.

En Christ, tous ceux qui croient en lui, qu’ils aient été Juifs ou Gentils, sont introduits dans une position entièrement nouvelle, céleste, dont il n’avait été fait aucune mention jusqu’alors. Les nations ne sont pas incorporées dans le peuple juif, et le christianisme n’est pas une continuation modifiée du judaïsme. À la croix, le Seigneur Jésus est devenu notre paix : là, il n’a pas seulement réconcilié avec Dieu les croyants d’entre les Juifs et d’entre les nations, mais des deux, il en a fait un et, en faisant la paix, il les a créés pour être un seul « homme nouveau » (comp. Éph. 4:24 ; Col. 3:10). Le nouvel homme est pour ainsi dire une nouvelle sorte d’homme, il est en contraste avec le « vieil homme », qui est crucifié avec Christ (Rom. 6:6). Christ, l’homme « venu du ciel » (1 Cor. 15:47) est le modèle parfait du nouvel homme. Il s’agit donc non pas de Christ comme personne, mais des traits de Christ dans chaque croyant individuellement. Ces traits, il est vrai, ont déjà été manifestés par lui sur la terre, mais ce n’est qu’après sa mort et sa résurrection que le nouvel homme a pu devenir réalité dans les croyants. En lui, toutes les différences sociales, culturelles et religieuses sont mises de côté, de même que celles qui existent entre Juifs et nations (comp. Col. 3:11). Par la paix faite par Christ, des hommes qui, auparavant, étaient « haïssables et se haïssant l’un l’autre » (Tite 3:3) sont maintenant devenus « un ». Quel merveilleux résultat de l’œuvre de la rédemption de Golgotha !


3.2.2 - Un seul corps

À la croix, le Seigneur Jésus a aussi posé le fondement pour l’Assemblée comme le « seul corps ». Tandis que dans le « un seul homme nouveau » toutes les différences du « vieil homme » sont mises de côté, dans le « un seul corps », tous les croyants sont constitués une nouvelle unité.


3.2.2.1 - Verset 16

et qu’il les réconciliât tous les deux en un seul corps à Dieu par la croix, ayant tué par elle l’inimitié.


Dans le nouvel homme, toutes les différences du vieil homme sont mises de côté ; il en est de même dans le corps de Christ qui est constitué de croyants issus du peuple juif et des nations. Ce n’est pas Dieu qui est l’ennemi des hommes, mais ils sont eux ses ennemis. Ce n’est pas lui qui devait être réconcilié avec nous, des êtres pécheurs, mais nous avons été réconciliés avec lui (comp. 2 Cor. 5:20). Réconcilier n’est pas non plus la même chose que racheter, sauver ou justifier. Ce verbe (en grec : apokatallassô) signifie « amener en pleine harmonie ». Tous ceux qui croient en l’œuvre de Christ à la croix sont personnellement réconciliés avec Dieu et ont été créés « pour être un seul homme nouveau », mais ils forment aussi, sur le fondement de cette même œuvre, une unité qui lui est agréable, l’assemblée de Dieu. Toute inimitié entre les hommes, et en particulier le mépris réciproque des Juifs et des nations, a pris fin dans la mort de Christ à la croix. Le « un seul corps » de Christ sur la terre, auquel appartiennent maintenant tous les rachetés, et qui au chapitre 1, verset 23 est appelé dans son état complet « la plénitude de celui qui remplit tout en tous » est vu ici au moment de sa constitution. Il a effectivement été formé par le baptême du Saint Esprit le jour de la Pentecôte (Actes 2), mais le fondement en a été la croix de Golgotha.


3.2.2.2 - Verset 17

Et il est venu, et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin, et la bonne nouvelle de la paix à ceux qui étaient près ;


À la croix, le Seigneur Jésus a fait la paix (« par le sang de sa croix », Col. 1:20) et est devenu ainsi Celui par lequel on peut trouver la paix. Mais cette paix devait et doit être annoncée aux hommes. C’est ce que le Seigneur a fait, en ce qu’il « est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix ». Le Seigneur, ressuscité et maintenant glorifié, n’est pas venu personnellement pour annoncer aux hommes la paix faite avec Dieu à la croix, mais il l’a fait par le Saint Esprit et par le moyen de la bonne nouvelle de l’évangile et des messagers qu’il a envoyés. Les nations qui n’avaient aucune relation avec Dieu sont appelées ceux qui étaient « loin », les Juifs, qui avaient été approchés de Dieu depuis l’alliance de Sinaï déjà, sont en revanche ceux qui étaient « près ».


3.2.2.3 - Verset 18

car par lui nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père par un seul Esprit.


Celui qui maintenant croit en lui a un libre accès auprès du Dieu saint comme notre Père qui nous aime. Le Seigneur Jésus a ouvert cet accès aussi bien aux croyants d’entre les Juifs qu’à ceux d’entre les nations, et le Saint Esprit, qui a uni tous les croyants les uns avec les autres, nous donne la liberté et la joie d’aller spirituellement à Dieu comme Père. Cet accès des croyants auprès du Père dans l’adoration, la reconnaissance, la prière et l’intercession est l’un des plus grands privilèges du temps présent de la grâce.

Toutes les formes religieuses juives, telles que lieux et jours saints, vêtements sacerdotaux somptueux, cérémonies et instruments de musique, qui agissent sur les sens humains, n’ont aucune place dans le culte chrétien. La croix de Christ a mis fin à tout cela. Le Saint Esprit envoyé du ciel nous rend capables d’adorer le Père en esprit et en vérité (Jean 4:23).


3.2.3 - La maison de Dieu

Les versets 19 à 21 constituent le couronnement de ce chapitre qui décrit le chemin du pécheur depuis son état loin de Dieu et désespéré, jusque dans la proximité immédiate de Dieu, en vertu de l’œuvre de la rédemption de Christ. Les croyants n’ont pas seulement été amenés individuellement à Dieu, mais ils appartiennent maintenant à l’assemblée de Dieu, considérée ici comme un temple saint dans le Seigneur et comme une habitation de Dieu par l’Esprit.


3.2.3.1 - Verset 19

Ainsi donc vous n’êtes plus étrangers ni forains, mais vous êtes concitoyens des saints et gens de la maison de Dieu,


Il semble que l’Esprit Saint veut nous conduire progressivement à ce point culminant de nos relations. Il nomme en premier lieu « concitoyens des saints » les croyants à Éphèse, qui, en contraste avec Israël, étaient autrefois étrangers et forains (comp. v. 12). Cette désignation nous fait penser à la population d’une ville, constituée exclusivement de personnes nées de nouveau, mises à part pour Dieu. Individuellement, ils sont des « saints et bien-aimés », mais ils ne sont pas isolés, ils sont aussi « concitoyens » d’une cité céleste (Éph. 1:1 ; 5:3 ; Phil. 3:20). L’expression suivante, « gens de la maison de Dieu », nous conduit à la communion avec Dieu comme membres de sa famille. Ce sont déjà de merveilleux privilèges ! Mais ensuite il y a encore un pas de plus, pour être un édifice divin dans lequel nous sommes inclus et dont la description depuis son fondement va suivre.


3.2.3.2 - Verset 20

ayant été édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes, Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin,


Tous les croyants y sont considérés comme « édifiés sur le fondement des apôtres et prophètes ». Si Christ n’est pas mentionné ici comme le fondement, mais qu’il soit parlé « des apôtres et prophètes », cela ne veut pas dire qu’en plus de lui il y en a un autre, mais cela signifie que le fondement a été posé par le ministère des apôtres et prophètes (comp. 1 Cor. 3:10, 11). Ces hommes ont été les instruments appelés par le Seigneur Jésus pour annoncer la vérité et pour rédiger les écrits du Nouveau Testament. Parmi ces écrivains, les apôtres Matthieu, Jean, Pierre et Paul étaient aussi prophètes, tandis que des prophètes tels que Marc, Luc, Jacques et Jude ne sont pas comptés parmi les apôtres. Que les hommes de Dieu de l’Ancien Testament ne peuvent pas être les prophètes désignés ici, ressort clairement de 1 Corinthiens 12:28 et Éphésiens 3:5. Et ceci est confirmé par l’emploi d’un seul article pour les deux groupes ainsi que par l’ordre dans lequel ils figurent (« des apôtres et prophètes »). Les apôtres et prophètes étaient « de saints hommes de Dieu » appelés par le Seigneur et choisis par le Saint Esprit qui ont reçu la révélation du mystère jusqu’alors caché concernant Christ et son Assemblée et ont été inspirés de Dieu pour l’annoncer « en paroles enseignées de l’Esprit » (2 Pierre 1:21 ; 1 Cor. 2:6-13). Bien qu’ils aient été des hommes semblables à nous, ils ont été désignés et qualifiés comme instruments particuliers de Dieu pour transcrire sous une forme infaillible la vérité de Dieu, de sorte que le fondement divin de l’Assemblée n’est pas altéré par la faiblesse humaine. Ceci ne peut plus être dit d’aucun des serviteurs ultérieurs de Dieu.

Comme pour prévenir tout doute ou toute critique, il est ajouté : « Jésus Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin ». L’expression « lui-même » ne met-elle pas la personne du Fils d’une certaine manière en contraste avec les instruments humains mentionnés précédemment ? Lui-même est placé au premier plan comme la divine pierre du coin de la maison de Dieu, et non pas les apôtres et prophètes. L’édifice a commencé par lui et il est défini dans sa dimension et sa direction par lui. C’est Dieu qui travaille à la construction parfaite de l’assemblée de Dieu, non pas des hommes. Sinon, il serait impossible que « tout l’édifice, bien ajusté ensemble » croisse jusqu’à son achèvement. Nous voyons ici l’accomplissement des paroles du Seigneur : « Sur ce roc je bâtirai mon assemblée » (Mat. 16:18).

Le Seigneur Jésus est la pierre angulaire de l’assemblée (Éph. 2:20 ; 1 Pierre 2:6). Si nous nous référons aux passages de l’Ancien Testament où cette expression se trouve, il apparaît clairement qu’il doit s’agir d’un élément qui appartient aux fondations d’un édifice, non le fondement lui-même, mais une pierre importante d’après laquelle tout le bâtiment est édifié. En Job 38:6, il est écrit, relativement à la création de la terre : « Sur quoi ses bases sont-elles assises, ou qui a placé sa pierre angulaire ? » Ésaïe 28:16 applique déjà ce concept prophétiquement au Messie : « Voici, je pose comme fondement, en Sion, une pierre, une pierre éprouvée, une précieuse pierre de coin, un sûr fondement ». Dans ces deux passages, Dieu est Celui qui commence une grande et nouvelle œuvre par la pose de la pierre angulaire. Lorsque Pierre mentionne la pierre de coin en rapport avec la citation tirée du prophète Ésaïe, il le fait pour souligner tout spécialement le prix qu’elle a pour Dieu et pour ceux qui croient au Seigneur Jésus (1 Pierre 2:6-8).


3.2.3.3 - Verset 21

en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ;


Maintenant, en Jésus Christ, la pierre angulaire, « tout l’édifice » croît. Le mot « édifice » (en grec : oikodomé) a un sens très large. Il désigne en Matthieu 24:1, les bâtiments du temple à Jérusalem, en 2 Corinthiens 5:1, le corps de gloire que nous recevrons lors de notre enlèvement, et en Romains 14:19 ainsi que dans de nombreux autres passages, « l’édification » spirituelle des croyants. En 1 Corinthiens 3:9, Paul dit des chrétiens à Corinthe qu’ils sont « le labourage de Dieu, l’édifice de Dieu » et ici, il est écrit : « …en qui tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ». Toutes les différentes acceptions de ce mot ont en commun l’évocation de la construction, qu’elle soit déjà achevée ou encore en cours. Les deux dernières citations parlent clairement d’une édification qui se poursuit. En 1 Corinthiens 3:9, l’assemblée à Corinthe est toutefois considérée comme « l’édifice de Dieu » (c’est-à-dire comme son expression locale) auquel des hommes travaillent, tandis qu’ici « tout l’édifice » représente l’assemblée sur la terre entière comme construction divine et parfaite. Le mot « édifice » (de même que « temple ») ne désigne donc pas toujours exactement la même chose.

Comment faut-il alors comprendre que l’Assemblée – localement ou sous son aspect universel – soit considérée comme un temple terminé, comme demeure de Dieu et du Saint Esprit, et tout à la fois comme un « édifice » non encore achevé ? Ces diverses images ne doivent pas nous amener à supposer la moindre contradiction ou imperfection. Au contraire, c’est à cause de notre faiblesse et de notre limitation que Dieu doit utiliser dans sa Parole des représentations figurées de son Assemblée, afin que nous puissions saisir quelque chose de ses pensées éternelles et élevées. Ainsi il se sert de notions connues tirées de la création et de la vie humaine. Mais prises isolément, elles ne suffisent pas, à cause de leur puissance d’expression limitée, pour nous faire voir d’un coup d’œil tous les aspects. Tel est le motif de la diversité, déroutante pour beaucoup, des points de vue sous lesquels précisément l’Assemblée comme maison de Dieu est présentée. C’est cependant seulement de cette manière que « la sagesse si diverse de Dieu », qui doit être révélée par l’Assemblée, peut atteindre à cet égard aussi son plein développement. En adorant, nous pouvons dire : « O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » (Rom. 11:33).

Nous lisons en 1 Corinthiens 3:16 et 17:« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?… le temple de Dieu est saint, et tels vous êtes. » En 2 Corinthiens 6:16, nous sommes mis en garde contre le joug mal assorti et, à ce sujet, la question nous est posée : « Quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant… ». Ces exhortations solennelles se terminent par ces paroles : « Ayant donc ces promesses, bien-aimés, purifions-nous nous-mêmes de toute souillure de chair et d’esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu » (7:1). Et dans notre passage, il est écrit : « …tout l’édifice, bien ajusté ensemble, croît pour être un temple saint dans le Seigneur ».

Il est vrai que notre corps humain est aussi appelé une fois « le temple du Saint Esprit » (1 Cor. 6:19) ; c’est là cependant une autre pensée, quoiqu’on ne puisse pas la séparer entièrement de ce que nous avons ici. Par l’habitation du Saint Esprit, le corps de tout croyant est maintenant un temple, car le Saint Esprit est une personne de la Déité. Il habite pourtant aussi au milieu des croyants dans leur ensemble ; ceci s’exprime particulièrement dans le corps de Christ, qui a été formé par le baptême d’un seul Esprit. Mais l’Assemblée elle-même, comme temple saint, est l’habitation et la sphère d’activité du Saint Esprit.

À la différence du « temple de Dieu » dans les épîtres aux Corinthiens, il s’agit cependant ici de la construction parfaite de Dieu, et non pas de l’assemblée vue sous l’aspect de la responsabilité de l’homme. L’utilisation du même mot ne doit pas nous empêcher de voir cette différence importante, bien que cela montre qu’il s’agit en principe d’une seule et même chose. De plus le temple de Dieu est présenté dans les épîtres aux Corinthiens comme l’habitation du Saint Esprit déjà complète, tandis que dans l’épître aux Éphésiens, l’édifice croît encore pour être un temple saint dans le Seigneur, et n’est donc pas considéré comme achevé tant que des « pierres vivantes » sont ajoutées, c’est-à-dire jusqu’au retour du Seigneur.

« Le temple saint dans le Seigneur » n’est formé que des vrais croyants. Bien qu’il ne soit pas dit que c’est lui qui bâtit, les mots « bien ajusté ensemble » en particulier montrent qu’il y a ici un Architecte infaillible qui réalise une construction parfaite. Mis à part Éphésiens 2:21, cette expression (en grec, un seul mot : sunharmologoumenos) ne se retrouve qu’au chapitre 4, verset 16, et dans un contexte tout à fait semblable. Là aussi il est parlé de la croissance de l’Assemblée, mais vue comme le corps de Christ. Tous les membres du corps de Christ sont de vrais croyants, il n’y a aucun professant sans vie. C’est pourquoi il est lui aussi « bien ajusté ensemble ». Si la même expression est utilisée ici, c’est qu’il s’agit de la construction du point de vue et selon le conseil de Dieu.


3.2.3.4 - Verset 22

en qui, vous aussi, vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit.


Le dernier verset de ce paragraphe passe de la considération du conseil de Dieu à la pratique, comme le montrent les termes « vous aussi », adressés directement aux saints à Éphèse. Le mot « habitation » (en grec : katoikétérion) est déjà utilisé dans la Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament, principalement pour désigner la « maison de Dieu », que ce soit prophétiquement en Exode 15:17, pour le temple en 1 Rois 8:39 et d’autres passages, ou encore pour la « demeure sainte [de Dieu] dans les cieux » (2 Chron. 30:27). Il n’apparaît dans le Nouveau Testament que dans deux passages : en Éphésiens 2:22, comme « habitation de Dieu par l’Esprit » et en Apocalypse 18:2, pour Babylone, comme « la demeure de démons ».

La rédemption est la condition préalable de l’habitation de Dieu parmi les hommes. Le peuple terrestre d’Israël est en cela un type faible et imparfait de l’Assemblée. Si riche d’enseignements que soit la tente d’assignation pour nous, et si glorieux que puisse être le temple à Jérusalem, tous deux ne sont que des « ombres des biens à venir, non l’image même des choses », car « le Très-Haut n’habite point dans des demeures faites de main » et lui « qui est le Seigneur du ciel et de la terre n’habite pas dans des temples faits de main » (Héb. 10:1 ; Actes 7:48 ; 17:24). Son habitation est une maison spirituelle, invisible pour l’œil naturel.

Pour devenir l’habitation de Dieu, nous n’avons cependant pas à attendre jusqu’à notre enlèvement. Nous sommes déjà maintenant son habitation par l’Esprit, qui a été formée, comme le corps de Christ, par le Saint Esprit. Il y habite, et par là même, cette habitation porte son caractère. « L’habitation par l’Esprit » est la maison spirituelle de Dieu sur la terre ! Tous les vrais croyants qui vivent maintenant sur la terre en font partie.

Toute maison porte le caractère, la marque de son propriétaire ou de son occupant. Il n’en est pas autrement de l’assemblée de Dieu. Sa nature doit se manifester dans sa maison et seule sa volonté peut s’y exercer. Aucun homme, et aucune communauté humaine si grande soit-elle, n’a le droit d’y décider quoi que ce soit. Tout est dirigé et ordonné uniquement par sa Parole et par son Saint Esprit.

Bien que le monde veuille exclure Dieu, il a cependant un lieu où il habite, où il est honoré comme Dieu, et où ses droits sont aussi reconnus. Là seulement il peut habiter, et là il peut se reposer au milieu de pécheurs sauvés, pour lesquels il a tout fait, et qui aussi ont trouvé en lui et en son Fils la paix et le repos. Il habite là où il peut se reposer, et il se repose là où les rachetés le reconnaissent comme Dieu et l’adorent (comp. Ps. 132:14). C’est ce qu’indique déjà l’holocauste de Noé après le déluge, dont l’Eternel flaira l’odeur agréable (en note, une odeur de repos) et sur lequel il établit ses promesses.

Cet édifice « croît pour être un temple saint dans le Seigneur » et en lui, les croyants sont « édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l’Esprit ». Aussi longtemps que l’évangile est prêché et que des âmes sont amenées à la foi au Seigneur Jésus, la construction avance sans relâche. Elle parviendra à son achèvement à la venue de Christ pour chercher les siens. Dans l’état éternel l’Assemblée sera « l’habitation de Dieu… avec les hommes » (Apoc. 21:3).

Cependant ce même édifice est déjà maintenant la demeure de Dieu sur la terre. Quelle chose merveilleuse : Dieu n’habite pas une maison non terminée, mais « un temple saint », où tout est établi sur le Seigneur, et « une habitation » dans laquelle il est présent dans la personne du Saint Esprit.


4 - Ch. 3 — L’ANNONCE DU CONSEIL DIVIN

Dans le premier chapitre, Paul a présenté le contenu du conseil de Dieu concernant la position du Seigneur Jésus dans la gloire et les bénédictions personnelles et collectives de pécheurs autrefois perdus, et dans le deuxième chapitre, il en a expliqué la réalisation par l’œuvre de Christ pour nous et envers nous. Dans le troisième chapitre, il en vient maintenant à l’annonce de ce conseil.


4.1.1.1 - Verset 1

C’est pour cela que moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus pour vous, les nations –


Au moment de la rédaction de cette épître, Paul se trouvait à Rome, comme « prisonnier de Jésus Christ » (voir 6:20). Alors qu’il était à Jérusalem, après le retour de son troisième voyage missionnaire, il fut fait prisonnier par les Juifs qui ne pouvaient pas supporter que l’un des leurs annonce l’évangile de la grâce aux nations et par là, selon eux, enseigne « contre le peuple, et la loi, et ce lieu » (Actes 21:28). En déclarant, pour sa défense, que c’était le Seigneur glorifié qui l’y avait appelé, il avait prononcé, à leurs yeux, sa propre condamnation (Actes 22:21 et suivants). Alors commença la longue captivité de ce fidèle serviteur de Christ, captivité qui, de fait, n’avait pas d’autre motif que d’avoir, sur l’ordre de son Seigneur, annoncé aux nations tout le conseil de Dieu, ce qui – autant que nous sachions par la parole de Dieu – n’eut lieu d’une manière si détaillée et si complète nulle part ailleurs qu’à Éphèse (Actes 20:27).


4.2 - Le mystère du Christ — Ch. 3 v. 2 à 13

Les versets 2 à 21 forment une nouvelle parenthèse dans l’enchaînement de pensées de l’épître. Il nous y est révélé « l’administration », c’est-à-dire l’annonce et la réalisation du conseil divin concernant l’Assemblée comme corps de Christ.


4.2.1 - Verset 2

(si du moins vous avez entendu parler de l’administration de la grâce de Dieu qui m’a été donnée envers vous :


L’apôtre avait reçu une grâce toute particulière. Il n’était pas seulement le premier des pécheurs (c’est-à-dire le plus grand), envers lequel Dieu avait manifesté sa miséricorde, pour être un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle (1 Tim. 1:12-17), mais il était aussi un vase d’élection auquel le Seigneur glorifié communiqua le mystère concernant son Assemblée. Le pardon des péchés par la foi au Seigneur Jésus était déjà prêché par les autres apôtres avant la conversion de Saul de Tarse, et Paul le prêcha aussi. Mais Paul seul – et non pas Pierre, l’apôtre de la circoncision, ni aucun des autres apôtres – reçut aussi la mission d’annoncer « le mystère du Christ », et en effet particulièrement aux nations. C’est ainsi qu’il devint l’administrateur de cette grâce particulière de Dieu en rapport avec les nations.


4.2.2 - Verset 3

comment, par révélation, le mystère m’a été donné à connaître (ainsi que je l’ai déjà écrit en peu de mots ;


Le contenu du conseil de Dieu est appelé « le mystère du Christ » (v. 4). La désignation de « mystère » ne signifie pas qu’il s’agit de quelque chose qui était encore inconnu, mais indique que ce qui était jusqu’alors resté caché est maintenant révélé. La vérité concernant l’Assemblée de Dieu n’était pas un thème dont ont prophétisé les prophètes de l’Ancien Testament, elle n’a été révélée que dans le Nouveau Testament. Les « apôtres et prophètes » de la période chrétienne sont ceux qui ont reçu cette révélation (comp. Éph. 2:20 ; Rom. 16:25, 26). Dans les versets 22 et 23 du chapitre 1er  et les versets 13 à 22 du chapitre 2, Paul avait déjà décrit ce mystère « en peu de mots » aux Éphésiens. Il a été l’instrument choisi par le Seigneur qui en a eu la plus grande intelligence, et il a aussi été choisi de manière particulière pour annoncer aux nations ce mystère dans lequel s’expriment « les richesses insondables du Christ ».

Quelques points attirent ici notre attention :

Le « plus ancien » plan de Dieu, remontant à l’éternité avant la fondation du monde, est révélé le dernier dans la parole de Dieu (comp. v. 9 et Col. 1:25, 26).

L’objet de ce mystère n’est pas en premier lieu l’Assemblée, mais le Christ glorifié. Lui est le chef (la Tête), et l’Assemblée est son corps.

La révélation du mystère est faite en peu de mots, mais riches de sens. Tandis que les éléments fondamentaux de la vérité, tels que la repentance et le pardon des péchés, sont développés en détail dans plusieurs passages du Nouveau Testament, le Saint Esprit suppose, pour la compréhension du mystère du Christ une maturité spirituelle, pour laquelle une courte communication aussi est intelligible.


4.2.3 - Verset 4

d’après quoi, en le lisant, vous pouvez comprendre quelle est mon intelligence dans le mystère du Christ),


Le mystère du Christ glorifié dans le ciel et sa relation avec l’Assemblée a été révélé aux apôtres et prophètes du Nouveau Testament, mais c’est Paul qui en a eu la plus grande intelligence, et lui seul reçut la mission de l’annoncer, et cela particulièrement aux nations.

Ce mystère révèle « les richesses insondables du Christ » et « la sagesse si diverse de Dieu » (Éph. 3:8 et 10).

Le Fils de l’homme abaissé et rejeté est maintenant dans le ciel et est donné pour être chef sur toutes choses à l’Assemblée (Éph. 1:22). Elle est son corps et en même temps la plénitude (c’est-à-dire ce qui est nécessaire pour qu’il soit complet) de Celui qui lui-même un jour remplira tout de sa gloire.

Lui, qui à la fin de son chemin sur la terre a connu une solitude totale, n’est plus seul dans la gloire, mais possède un corps sur la terre (Éph. 3:6).

Le corps de Christ est constitué de Juifs et de gens des nations rachetés. Toutes les différences terrestres, qu’il s’agisse de celles données de Dieu entre l’homme et la femme et entre le peuple d’Israël et les nations, ou des différences établies par les hommes comme celles entre esclaves et hommes libres, n’ont aucune signification ni justification dans ce corps, car ses membres sont des êtres nés de nouveau, et sont unis avec la Tête déjà glorifiée dans le ciel (Éph. 2:11-16 ; 1 Cor. 12:13 ; Gal. 3:28 ; Col. 3:11).

Bien que le corps soit encore sur la terre, sa vraie place est dans le ciel, où se trouve déjà la Tête (Éph. 5:27).

Tout a son origine dans l’amour de Dieu qui surpasse toute connaissance et sert à la louange de la gloire de sa grâce (Éph. 3:17, 19).


4.2.4 - Verset 5

lequel, en d’autres générations, n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit :


Dieu, le créateur de toutes choses, avait ce conseil de toute éternité dans son cœur. Mais celui-ci ne pouvait pas être révélé avant que ne soit accomplie l’œuvre de l’expiation de son Fils bien-aimé à la croix de Golgotha, elle aussi préconnue de toute éternité. Ensuite le mystère du Christ put être révélé aux saints apôtres et prophètes par la puissance du Saint Esprit. Ils ont été les instruments choisis par le Seigneur glorifié pour annoncer cette merveilleuse nouvelle vérité et par là pour poser le fondement de l’Assemblée sur la terre (comp. 2:20) ; mais de plus Paul a été désigné pour communiquer tout son mystère, comme il le fait dans cette épître.

La considération de ces choses remplit le cœur de joie et de satisfaction. Nos pensées sont dirigées en haut et occupées des choses qui sont en haut « où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:2). Ne sommes-nous pas continuellement en danger d’être contaminés par l’esprit de notre époque matérialiste et orientée vers le présent, et de perdre de vue l’appel céleste des croyants et de l’Assemblée ? Les conséquences en sont l’indifférence à l’égard des pensées du Seigneur et la conformité au monde environnant. Or le Seigneur désire placer devant nos yeux par sa Parole nos véritables richesses et notre vraie vocation.


4.2.5 - Verset 6

savoir que les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l’évangile ;


Ces bénédictions sont destinées non pas seulement au peuple terrestre, mais à tous les hommes. Cependant les expressions « cohéritières », « d’un même corps » (littéralement : co-corps) et « coparticipantes de la promesse » ne signifient pas que les nations ont maintenant part aux privilèges antérieurs du peuple d’Israël. Comme nous l’avons déjà vu en considérant le chapitre 2, versets 11 à 18, les croyants tant d’entre les Juifs que d’entre les nations ont été retirés de leur position précédente. Les deux groupes seront également cohéritiers de Christ dans le royaume millénaire (comp. 1:11), tous deux font partie du seul corps de Christ et tous deux ont part à la promesse de Dieu – non pas aux promesses de l’Ancien Testament faites au peuple terrestre d’Israël, mais à la « promesse dans le Christ Jésus, par l’évangile », à savoir la promesse de la vie éternelle (Tite 1:2).

Du temps de l’Ancien Testament, Israël était le peuple élu et béni de Dieu sur la terre. Les prophètes de ce temps ont effectivement parlé de bénédictions que les nations recevront dans le règne millénaire. Mais là encore Israël sera le peuple élu, et Jérusalem le centre d’où sortiront les bénédictions pour les nations (És. 19:23-25 ; Zach. 14:16-21). Toutefois pas plus que par le passé, les nations ne seront dans ce temps futur mises sur un plan d’égalité avec le peuple d’Israël, et il peut encore moins être question d’une union en un corps.

Dans la période actuelle où le Seigneur bâtit son Assemblée, il en est cependant autrement. L’Assemblée, qui est constituée de tous ceux qui croient en lui, le Rédempteur maintenant rejeté mais glorifié à la droite de Dieu dans le ciel, est un organisme nouveau, céleste, avec des bénédictions célestes et une vocation céleste. En elle, toutes les distinctions du vieil homme ont disparu, et elle forme un seul corps dont Christ est la tête déjà glorifiée.


4.2.6 - Verset 7

duquel je suis devenu serviteur, selon le don de la grâce de Dieu qui m’a été donné selon l’opération de sa puissance.


Ici, Paul se nomme simplement serviteur de l’évangile, comme aussi en Colossiens 1:23, bien que là il ajoute être aussi serviteur de l’Assemblée (Col. 1:24). Compte tenu du fait que le mot « évangile » peut impliquer beaucoup plus que seulement le message du pardon des péchés et de la délivrance éternelle pour le pécheur individuellement, il semble que l’apôtre entend ici l’évangile dans un sens plus vaste, incluant toutes les bénédictions du christianisme, car celles-ci sont aussi une « bonne nouvelle ». Il ne pouvait être serviteur de l’évangile que par la grâce de Dieu, qui lui avait été accordée dans ce but (comp. 1 Cor. 15:10 ; 1 Pierre 4:11). C’était toutefois non pas seulement la grâce de Dieu, mais aussi sa puissance qui le qualifiait pour ce service. Car par lui-même, il n’en avait pas la capacité, comme le souligne le verset suivant.


4.2.7 - Versets 8 et 9

À moi, qui suis moins que le moindre de tous les saints, cette grâce a été donnée d’annoncer parmi les nations les richesses insondables du Christ, et de mettre en lumière devant tous quelle est l’administration du mystère caché dès les siècles en Dieu qui a créé toutes choses ;


Dans la lumière de Dieu, Paul vit sur quel terrible faux chemin il se trouvait, lorsqu’il persécutait l’assemblée (comp. 1 Cor. 15:9 ; 1 Tim. 1:13, 15). Mais il avait été appelé par la grâce de Dieu pour annoncer, comme apôtre des nations, l’évangile aux peuples païens, et à ceux qui le recevaient, tout le conseil de Dieu, les richesses insondables du Christ. Il le fit dans l’abnégation d’une entière consécration, toujours conscient de la grâce dont lui-même avait été l’objet et avec le désir d’amener le plus d’âmes possible à la jouissance de la merveilleuse grâce de Dieu.

Paul explique à nouveau ici que ce mystère n’était pas encore connu au temps de l’Ancien Testament. Il était caché en Dieu et en aucune façon révélé dans les Écritures. Mais maintenant qu’il lui a été dévoilé, il désire que tous puissent apprendre à le connaître. Son cœur en est rempli et sa vie lui est entièrement consacrée. Puissions-nous, nous aussi, mieux le comprendre ! Beaucoup de croyants se satisfont d’une condition qui diffère à peine de celle des croyants de l’Ancien Testament. Combien ne comprennent pratiquement rien du vrai christianisme et de la nature réelle de l’assemblée de Dieu ! Combien peu connaissent la certitude du salut, la vraie joie chrétienne et les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes ! De là viennent tant de soupirs et de gémissements, mais aussi tant de dispositions d’esprit terrestres et mondaines. Puissent nos yeux et nos cœurs mieux discerner les richesses insondables du Christ !


4.2.8 - Versets 10 et 11

afin que la sagesse si diverse de Dieu soit maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée, selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le Christ Jésus notre Seigneur,


Non seulement l’évangile de la grâce est maintenant annoncé à des pécheurs perdus, non seulement des rachetés sont introduits dans les richesses du mystère du Christ, mais encore « la sagesse si diverse de Dieu [est] maintenant donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l’assemblée, selon le propos des siècles, lequel il a établi dans le Christ Jésus notre Seigneur ». Les êtres et les puissances célestes ont été témoins de la création (Job 38:7), du don de la loi au Sinaï (Gal. 3:19), du chemin du Fils de Dieu depuis la crèche jusqu’à son ascension (Luc 2:13 ; 22:43 ; 24:4 ; Actes 1:10 ; comp. 1 Tim. 3:16). Ils contemplent aussi dans l’admiration la sagesse de Dieu – et surtout son amour qui surpasse toute connaissance – qui se manifeste dans l’Assemblée qu’il s’est acquise par le sang de son propre Fils. Si ces créatures célestes élevées veulent contempler la sagesse et l’amour de Dieu, elles doivent porter leurs regards vers la terre et nous considérer ! Quelle grâce, mais aussi quelle responsabilité pour nous ! Combien peu l’Assemblée a répondu à cette pensée divine ! Au lieu de se manifester comme l’unité voulue de lui, elle est déchirée, et en partie unie au monde. Mais quel que soit l’état de confusion des chrétiens, Dieu accomplira cependant son propos éternel, qu’il a établi dans le Christ Jésus. Un jour, l’Assemblée se tiendra devant Christ sans tache ni ride, sainte et irréprochable, et partagera avec lui sa puissance et sa domination.


4.2.9 - Verset 12

en qui nous avons hardiesse et accès en confiance, par la foi en lui.


Tandis que les anges « désirent de regarder de près » dans les voies de Dieu concernant son Fils (1 Pierre 1:12), ceux qui croient en lui peuvent faire usage avec hardiesse et confiance de l’accès qui leur a été ouvert auprès du Dieu saint. Dans le chapitre 2, verset 18, Paul avait déjà mentionné le grand privilège des croyants, d’avoir accès auprès du Père par le Saint Esprit. Cependant le Seigneur Jésus n’a pas seulement aplani le chemin jusqu’au Père à ceux qui croient en lui (Jean 14:6), mais leur a aussi donné l’assurance pour en faire librement usage. Nous ne possédons pas seulement la paix avec Dieu, mais avons aussi la liberté de lui parler et de tout lui dire, de nous entretenir en toute confiance avec lui comme un fils avec son père. Cela ne nous montre-t-il pas que tout ce qui nous est déclaré dans la parole de Dieu, même les révélations les plus élevées, doit avoir pour but de nous lier plus intimement à lui et de nous rendre plus précieux le privilège de la communion avec lui ?


4.2.10 - Verset 13

C’est pourquoi je vous prie de ne pas perdre courage à cause de mes afflictions pour vous, ce qui est votre gloire. –


Sa fidèle confession de Christ glorifié avait conduit l’apôtre Paul en prison. Lorsque les croyants auxquels il écrivait voyaient les conséquences pour lui-même de sa prédication, ils pouvaient bien perdre courage. C’est contre un tel découragement qu’il désire les mettre en garde, mais il ne se limite pas à cela. Il leur déclare que les tribulations dans lesquelles il se trouvait pour l’évangile ne représentaient pas pour lui une source de découragement, mais étaient plutôt un motif de joie (comp. 2 Cor. 12:10 ; 1 Pierre 4:13). Du fait que le Saint Esprit unit les croyants non seulement à Christ, la Tête, mais aussi les uns avec les autres, les tribulations de l’apôtre ne servaient pas uniquement à sa propre gloire, mais étaient également la leur. Comme membres du seul corps, ils sont unis de la manière la plus intime aussi bien pour la bénédiction que dans les souffrances.


4.3 - La prière de Paul — Ch. 3 v. 14 à 21

Paul élève de nouveau son regard en haut pour la prière. À la suite de celle qu’il a adressée au « Dieu de notre Seigneur Jésus Christ », au chapitre 1, versets 15 à 23, il a parlé essentiellement de la sagesse et du conseil de Dieu. La prière qui vient maintenant termine cette partie élevée de l’épître et introduit en même temps la seconde partie, pratique, qui commence avec le chapitre 4.

Le but de la première prière était de diriger notre attention sur la gloire et la puissance illimitées que Christ a reçues de Dieu et auxquelles nous aurons part avec lui. Le but de la seconde est de nous amener à jouir de l’amour que nous avons appris à connaître en lui. L’amour qui nous a donné la gloire est plus grand que la gloire elle-même (comp. Jean 17:24).


4.3.1.1 - Verset 14

C’est pour cela que je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ,


Paul s’adresse maintenant au « Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Tandis que le nom de « Dieu » évoque la majesté et la gloire, celui de « Père » nous fait voir son amour. Il n’a pas seulement aimé son Fils dès avant la fondation du monde, mais a aussi témoigné maintes fois de son amour pour lui comme homme (Jean 17:24 ; Mat. 3:17 ; 17:5), au plus haut degré toutefois en le ressuscitant et en le glorifiant à sa droite. Ainsi, sur le fondement de l’œuvre de la rédemption, tous ceux qui croient en notre Seigneur Jésus Christ sont unis à lui dans cette position qu’il occupe comme homme glorifié devant son Dieu et Père. Le Père nous aime comme il aime son Fils ! Cet amour du Père est encore plus glorieux que sa puissance, qui a été le sujet de la première prière de l’apôtre.

C’est devant lui, « le Père de notre Seigneur Jésus Christ », que Paul fléchit maintenant les genoux.


4.3.1.2 - Verset 15

duquel est nommée toute famille dans les cieux et sur la terre ;


Le Père de notre Seigneur Jésus Christ est aussi Celui qui est au-dessus de tout et de tous (comp. 4:6). Il connaît et nomme toute famille dans les cieux et sur la terre, que ce soient les anges ou les hommes, que ce soient les croyants de l’ancienne alliance, ceux du temps présent de la grâce, ou ceux de la période future de la grande tribulation et du règne millénaire. Pour tous, il a ses plans et ses intentions, mais sa gloire se révèle d’une manière toute particulière dans son conseil relativement à Christ, ses rachetés et son Assemblée (1:6, 12, 14 ; 3:16). Si même, dans le cadre de cette révélation de la gloire de Dieu, nous occupons la place la plus haute et sommes unis le plus intimement avec Celui qui se trouve au centre des conseils divins, nous avons néanmoins à faire avec un Père qui est l’origine de tout. Toutes les « familles » sont dans une relation particulière avec le Père de notre Seigneur Jésus Christ, parce qu’elles sont destinées par lui à apporter au Fils, conformément à leur position, la louange et l’honneur.


4.3.1.3 - Verset 16

afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur ;


Il faut d’abord, quant à « l’homme intérieur », être fortifié par l’Esprit Saint qui habite en nous de la puissance dont nous avons besoin journellement. La mesure de cette force reçue est selon les richesses de sa gloire, qu’il déploie devant nos yeux d’une manière particulière dans cette épître (comp. 1:18). L’homme intérieur ne doit pas simplement être mis en contraste avec l’homme extérieur (c’est-à-dire le corps humain), mais il désigne, comme en Romains 7:22 et 2 Corinthiens 4:16, la nouvelle vie, la nouvelle nature dans le croyant, ou aussi le nouvel homme (comp. Éph. 4:23, 24 ; Col. 3:10). Il s’agit ici de l’opération pratique en nous de la même puissance de Dieu qui se manifeste envers nous au chapitre 1, verset 19 et par nous au chapitre 6, verset 10.


4.3.1.4 - Versets 17 et 18a

de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, et que vous soyez enracinés et fondés dans l’amour ;


Nous avons ici le sujet glorieux et sublime de cette prière : Christ, l’homme glorifié à la droite de Dieu comme Celui qui accomplit tout son conseil et est l’objet de son plaisir. Il est le centre de tout – et il doit, par la foi, avoir sa demeure permanente dans le cœur des rachetés (comp. Col. 1:27) ! Il est question ici non plus de bénédictions, mais de Celui en qui toutes les bénédictions viennent à nous !

Afin qu’il puisse habiter dans notre cœur, nous avons besoin de la ferme conscience, enracinée comme un arbre et fondée comme un bâtiment, de l’amour du Père pour les siens, qui s’exprime dans l’amour pour lui et pour les frères et sœurs, de même que dans la communion pratique qui en résulte. Ceci est très important. Le chrétien n’est pas un solitaire, mais, comme nous le montre précisément l’épître aux Éphésiens, il est membre d’un corps spirituel dont la tête est Christ dans la gloire.


4.3.1.5 - Verset 18b

afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur, –


La largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de tout le conseil de Dieu en Christ pour les siens ne peuvent être comprises dans toute leur étendue par un croyant isolé ; en effet, pour la compréhension de l’unité du corps et la jouissance de la communion, nous avons besoin des autres saints, parce qu’il s’agit de bénédictions spirituelles collectives et corporatives. La largeur évoque le fait que dans l’assemblée, il ne subsiste plus de différence entre Israël et les nations ; l’évangile s’adresse à tous les hommes. La longueur du conseil est elle aussi en contraste avec les pensées de Dieu quant à son peuple Israël, élu dès la fondation du monde et seulement pour le temps de la terre, non pour l’éternité comme les rachetés du temps actuel qui ont été élus dès avant la fondation du monde et pour toute l’éternité. Puis, nous sommes mis en présence de la profondeur insondable de l’abaissement que le Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, a dû connaître pour nous délivrer de l’abîme du péché dans lequel nous étions pris. Pour cela, il dut devenir homme, être un serviteur obéissant de Dieu, et finalement, à la croix, atteindre par sa mort le point le plus profond de l’abaissement et de la faiblesse (Phil. 2:6-8 ; Éph. 4:9). Enfin, la hauteur nous parle de la place que le Seigneur Jésus occupe déjà maintenant à la droite du Père, mais aussi de la maison du Père, dans laquelle il nous introduira lors de sa venue. Pourrait-il y avoir une place plus élevée que celle auprès de Dieu ?


4.3.2 - L’amour du Christ

4.3.2.1 - Verset 19

et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance ; afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu.


Non seulement cela, mais aussi l’amour de Christ pour nous, les siens (comme aussi pour le Père), surpasse notre capacité de connaissance. Et cependant, nous pouvons nous en nourrir toujours à nouveau, continuellement. Le souhait de l’apôtre est que cela puisse être de plus en plus le cas, afin que nous soyons remplis « jusqu’à toute la plénitude de Dieu ». La locution prépositive « jusqu’à » peut paraître d’abord surprenante, mais elle s’explique après réflexion. Jamais des hommes ne peuvent être remplis de toute la plénitude de Dieu. En un seul, l’homme Christ Jésus, habite toute la plénitude de la Déité corporellement (Col. 1:19 ; 2:9). Mais bien que nous ayons reçu par la foi une vie nouvelle, divine, nous restons néanmoins toujours des créatures limitées. Le fait d’être remplis « jusqu’à toute la plénitude de Dieu » indique cependant la direction, tout comme un vase plongé dans l’océan sera rempli de son eau, bien qu’il ne puisse en contenir qu’une partie infime.


4.3.2.2 - Versets 20 et 21

Or, à celui qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous, à lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen.)


C’est par une doxologie (ou une louange) que Paul conclut la première partie doctrinale de l’épître. Il l’adresse à Celui « qui peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons ». Notre foi et nos prières sont certes faibles, cependant notre Dieu et Père est non seulement tout-puissant, mais il donne la preuve de sa toute-puissance dans notre vie de foi également. Sa puissance ne connaît aucune limite ! Il l’a déjà manifestée envers nous lorsqu’il nous a conduits de la mort à la vie et nous a ressuscités avec Christ (1:19 ; 2:5, 6). Cette puissance agit maintenant aussi en nous par le Saint Esprit que nous avons reçu. Plus nous lui abandonnons pratiquement notre vie, plus cette puissance divine peut agir en nous !

Pourtant la louange qui lui est offerte ne doit pas rester personnelle, mais doit être une louange collective « dans l’assemblée ». L’assemblée selon le conseil de Dieu est le thème prépondérant de cette épître (1:22 ; 3:10 ; 5:23, 25 et suiv., 32). De même que beaucoup de nos bénédictions ne peuvent être saisies et goûtées qu’en commun, de même notre louange et notre adoration dans l’assemblée au milieu de laquelle il habite représentent ce qu’il y a de plus élevé pour nous, et de plus précieux pour lui. Nous pouvons déjà maintenant commencer ce service que nous continuerons dans l’éternité (comp. Apoc. 5:14).


5 - Ch. 4 à 6 — LA RÉALISATION PRATIQUE

Dans les trois premiers chapitres de sa lettre aux Éphésiens, Paul présente le conseil de Dieu concernant la position du Seigneur Jésus dans la gloire et la bénédiction personnelle et collective de pécheurs autrefois perdus, et cela d’une manière unique à cette épître. Dans les chapitres 4 à 6, il expose la réalisation pratique, la conséquence qui découle de ce qui précède. Il s’agit non plus du conseil divin, mais de la responsabilité des rachetés. Elle consiste à marcher, personnellement comme hommes nouveaux et collectivement comme membres du corps de Christ, d’une manière digne (comp. Éph. 4:1, 17 ; 5:2, 8, 15).


5.1.1 - La force spirituelle

La première partie de l’épître fait appel à notre intelligence spirituelle, la seconde, à notre force spirituelle. Celle-ci ne se reconnaît pas à des effets spectaculaires. Ses signes distinctifs sont la direction du Saint Esprit et une marche fidèle à la suite du Seigneur Jésus, dans les traces qu’il nous a laissées. Prendre continuellement parti contre la chair qui demeure en nous et contre la propre volonté, vivre dans la séparation du monde et aimer tous les frères et sœurs dans la foi, telle est la force spirituelle. C’est l’énergie qui surmonte et vainc toutes les puissances opposées à la foi.

Comment recevoir cette force spirituelle ? En étant prêt à faire avec foi la volonté de Dieu, aussitôt qu’elle est discernée dans sa Parole. La force spirituelle est donc à la portée de chaque croyant, et elle ne se manifeste pas en premier lieu dans de grandes actions, mais paraît dans les multiples petits détails de la vie journalière.


5.2 - L’édification du corps de Christ — Ch. 4 v. 1 à 16

Nous avons vu dans les chapitres précédents quel est l’appel des enfants de Dieu, tant en ce qui concerne l’aspect individuel que l’aspect collectif. C’est à cet appel collectif que se rapportent les exhortations du chapitre 4, versets 1 à 16, tandis que dans la suite, il s’agit plutôt de la responsabilité individuelle.

L’appel collectif des rachetés implique en premier lieu leur union avec le Seigneur Jésus comme chef (ou tête) dans la gloire et avec tous les autres croyants comme membres de son corps, mais aussi la révélation des richesses du Christ et de la sagesse de Dieu.

Les premières exhortations de ce paragraphe peuvent être divisées en trois points essentiels : la marche digne, les relations réciproques et le maintien de l’unité de l’Esprit. Elles concernent tous les membres du corps de Christ, également et sans exception. Puis viennent des enseignements au sujet des dons particuliers pour l’édification du corps de Christ et enfin l’auteur s’adresse à nouveau à tous les membres du corps.


5.2.1.1 - Verset 1

Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés,


Paul reprend ici la pensée commencée au chapitre 3, verset 1 et interrompue au verset 2[1]. Il rappelle que, lui, fidèle serviteur du Seigneur, était maintenant en prison à cause de son service (comp. 3:1 ; 6:20). Il avait exposé dans les trois premiers chapitres le conseil de Dieu qui lui a été confié : la position bénie et parfaite du croyant en Christ, la connaissance de Dieu comme Père, ainsi que l’accès auprès de lui par le Saint Esprit, et l’unité du corps de Christ, composé de croyants issus d’entre les Juifs et d’entre les nations. Cette dernière révélation, plus que toute autre, avait été pour les Juifs une source d’irritation et le motif de son arrestation à Jérusalem. La captivité de l’apôtre (et certainement aussi sa cause) devait bientôt avoir pour conséquence que beaucoup de chrétiens eurent honte de Paul ou se détournèrent de lui (2 Tim. 1:8-16). Il pouvait cependant encore mentionner ici ses circonstances pour souligner les exhortations qui vont suivre.

La première de ces exhortations engageait les Éphésiens à marcher d’une manière digne de l’appel dont ils avaient été appelés ! N’est-il pas évident, d’après ces paroles, qu’il n’y a pas de pratique juste sans doctrine juste ? Comment donc les Éphésiens auraient-ils pu vivre d’une manière digne de leur appel s’ils ne s’y intéressaient pas ? Et comment auraient-ils pu connaître leur appel comme croyants, s’il ne leur avait pas été communiqué ?

La connaissance des pensées de Dieu est la condition pour leur réalisation. D’autres passages nous enseignent quant à notre appel céleste (Héb. 3:1 ; Phil. 3:14), mais ici, il s’agit de l’appel des rachetés à être le corps de Christ et une habitation de Dieu par l’Esprit, autrement dit, l’appel à être son Assemblée sur la terre. Nous sommes aussi exhortés à marcher d’une manière digne de l’évangile du Christ (Phil. 1:27), digne du Seigneur (Col. 1:10) et digne du Dieu qui nous a appelés à son propre royaume et à sa propre gloire (1 Thess. 2:12), donc au total quatre fois. Dans notre verset, l’exhortation à marcher dignement est en rapport avec l’appel qui vient d’être décrit.


5.2.1.2 - Verset 2

avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l’un l’autre dans l’amour ;


Ensuite Paul expose en détail en quoi consiste cette marche digne. N’est-ce pas étonnant, au premier abord, qu’il ne soit rien dit ici des vérités élevées qui sont présentées dans les trois premiers chapitres de l’épître, mais que nous trouvions des « règles de conduite » toutes simples ? L’explication en est aussi évidente qu’importante : les pensées de Dieu ne peuvent être accomplies que par des êtres qui sont nés de nouveau et sont devenus participants de la nature divine. La chair, la vieille nature du croyant est incapable de vivre « avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l’un l’autre dans l’amour ». Mais ici, nous trouvons les caractères du Seigneur Jésus, de l’homme [venu] du ciel, qui nous dit : « Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur » (Mat. 11:29). Dans l’humilité, il a lavé les pieds de ses disciples ; dans la douceur, il a supporté leurs déclarations et leur comportement souvent si égoïstes ; dans la longanimité, il a traité même un Judas qui l’a accompagné pendant trois ans, et dans son amour divin, il a aimé les siens jusqu’à la fin. Par la nouvelle naissance, chaque enfant de Dieu est devenu participant de sa nature ; dans la pratique cependant, nous avons besoin de ces exhortations, parce que nous ne sommes pas encore délivrés de notre chair, de la « vieille nature ».

Lorsque nous voyons les déchirements même entre de vrais enfants de Dieu, ne devons-nous pas confesser que les motifs des discordes et divisions charnelles sont à rechercher en grande partie ici ? Si nous agissions avec humilité, douceur et longanimité les uns envers les autres, il n’y aurait aucune impatience, aucune jalousie, aucune rancune entre nous. Si nous nous supportions les uns les autres dans l’amour, nous serions gardés de l’esprit de parti (comp. Phil. 2:2-5). Mais si ces caractères du nouvel homme manquent dans la pratique de la vie commune, nous pouvons même en arriver à nous mordre et à nous dévorer l’un l’autre, et finalement à être consumés l’un par l’autre (Gal. 5:15).


5.2.2 - Support réciproque dans l’amour

Nous avons donc besoin de ces exhortations, qui, au fond, contribuent à nous lier toujours plus intimement à notre Seigneur dans le ciel, afin que nous puissions manifester ses caractères au milieu de son assemblée. Un tel comportement n’aurait-il pas été le motif pour lequel les premiers chrétiens jouissaient d’une part de la faveur de tout le peuple, mais que d’autre part, personne n’osait se joindre à eux – parce qu’on voyait que des « hommes nouveaux » formaient là une « nouvelle unité », quelque chose qui, jusqu’alors, n’avait encore jamais existé sur la terre (Actes 2:47 ; 5:13) ?

Si chaque membre du corps de Christ avait réalisé ces exhortations simples et cependant si sérieuses, un grand nombre de tristes divisions auraient été évitées. Je n’ai pas besoin de support envers quelqu’un avec qui je m’entends bien, car je me réjouis chaque fois que je le rencontre. Mais si certains traits de caractère personnels me contrarient, alors il convient de « se supporter dans l’amour ». Des particularités, ou des étrangetés dans le comportement, peuvent parfois déranger les autres ; là aussi, « vous supportant l’un l’autre dans l’amour » prend toute son importance. Et celle-ci demeure encore lorsque la compréhension juste de la doctrine du Christ manque : « vous supportant l’un l’autre dans l’amour ».


5.2.3 - Garder l’unité de l’Esprit

5.2.3.1 - Verset 3

vous appliquant à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix.


Humilité, douceur, longanimité et amour sont nécessaires pour garder l’unité de l’Esprit. Cette unité n’est pas la même que celle mentionnée au verset 4 par ces mots : « Il y a un seul corps ». Là, il s’agit de l’unité du corps de Christ, qui est une conséquence de son œuvre à la croix. Il en a posé le fondement et, par le Saint Esprit, tous les rachetés sont baptisés pour être un seul corps (Éph. 2:16 ; 1 Cor. 12:12, 13). L’unité du corps n’est donc plus à faire ou à rechercher ; elle existe telle une œuvre divine, qui ne peut être détruite et n’a pas à être sauvegardée. C’est un fait immuable que nous devrions toujours avoir devant nos yeux. Chaque fois que nous nous réunissons pour la fraction du pain, nous nous souvenons de ceci : « Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » (1 Cor. 10:16, 17).

Nous n’avons pas non plus à établir l’unité de l’Esprit, car elle est au sens propre l’œuvre du Saint Esprit. Il nous rend conscients que nous formons ensemble un seul corps avec tous les rachetés, et nous donne la force de nous conduire en conséquence. Cette unité a donc un aspect tout à fait pratique et c’est pourquoi sa réalisation peut être troublée. Elle est comme un lien délicat par lequel le Saint Esprit veut nous maintenir les uns les autres dans une bonne entente pratique, et peut donc être blessée déjà par une parole charnelle entre frères. La chair en nous est toujours opposée à l’action du Saint Esprit.

Combien donc est nécessaire l’exhortation de nous appliquer à « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » ! Le sérieux de ces mots est exprimé dans les deux expressions : « vous appliquant » et « par le lien de la paix ». Nous ne devons pas rester indifférents à ce qui est si important aux yeux de notre Seigneur et sommes appelés à y consacrer notre zèle et nos efforts, mais en même temps, à poursuivre la paix entre nous. Nous venons de voir dans les versets précédents ce qui est par-dessus tout nécessaire pour la sauvegarde de l’unité de l’Esprit ; répétons-le encore une fois, à cause de son importance : l’humilité, la douceur, la longanimité, le support et l’amour. Ce sont les caractères de notre Seigneur, que possède aussi le nouvel homme, les traits d’un chrétien spirituel. Sans eux, nous ne pouvons pas garder l’unité de l’Esprit. La mise de côté du moi et la paix entre nous sont les conditions pour que le Saint Esprit puisse nous diriger ensemble vers le Seigneur Jésus. Le chef (la tête) de l’Assemblée est le centre de cette unité.

Il ne faut pas confondre l’unité de l’Esprit avec une unanimité humaine. Le mot « Esprit » ne désigne effectivement pas ici notre esprit humain, mais le Saint Esprit. Il peut arriver qu’un certain nombre de croyants, ou toute une assemblée soit d’une même pensée dans une circonstance qui ne correspond nullement à la volonté de Dieu. Il y a bien alors unanimité, mais ce n’est pas l’« unité de l’Esprit ». Le Saint Esprit ne produira jamais une unanimité qui ne repose pas sur le fondement de la parole de Dieu. Son action a toujours pour but la réalisation pratique de l’unité des membres du corps de Christ selon la norme des Saintes Écritures.

Dans l’assemblée de Dieu se rencontrent les cultures et les caractères humains les plus divers. Depuis l’œuvre de rédemption de Christ, il y a maintenant un nouvel homme et un seul corps, comme nous l’avons vu au chapitre 2, versets 15 et 16. « Il n’y a ni Juif, ni Grec ; il n’y a ni esclave, ni homme libre ; il n’y a ni mâle, ni femelle ; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus » (Gal. 3:28). L’élément unificateur est non pas la sympathie humaine, mais la vie nouvelle et l’amour de Dieu qui est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint. Si, en tant que bien-aimés de Dieu, nous considérons les membres du corps comme étant les objets du même amour, et si nous sommes animés des mêmes sentiments que notre Seigneur, alors nous sommes capables d’humilité, de douceur et de longanimité, nous pouvons nous supporter les uns les autres dans l’amour, et ainsi garder, par le lien de la paix, l’unité que le Saint Esprit veut produire au milieu de nous.

Il est à peine nécessaire de mentionner qu’il s’agit en premier lieu de réaliser cela parmi les frères et sœurs avec lesquels nous nous réunissons localement. Plus généralement, ce principe reste valable toujours et partout pour tous les membres du corps de Christ. Aucun ne peut se soustraire à cette exigence ou mettre en question sa validité pour lui personnellement.


5.2.4 - L’unité à tout prix ?

Ce qui vient d’être dit signifie-t-il qu’en ce qui concerne nos frères et sœurs, nous devons en toutes circonstances tout supporter dans l’amour ? Cette question nous amène à un point important, d’une triste actualité pour nous.

Il y a des croyants qui soutiennent qu’à cause de l’unité, il faut réellement tout supporter, ou – exprimé d’une façon plus moderne – tout tolérer. Dans le monde, la tolérance envers ceux qui pensent autrement est considérée aujourd’hui comme le fondement de l’ordre social démocratique. Beaucoup de chrétiens pensent donc que la tolérance et la grâce sont des concepts analogues ou même identiques. Mais ce n’est pas juste. La tolérance admet toute autre conviction et manière d’agir comme possédant les mêmes droits. Le chrétien qui est et vit dans la grâce, au contraire, saisit la vérité unique du message divin et connaît le vrai chemin, mais montrera de la patience et s’efforcera toujours de communiquer les enseignements de la grâce (comp. Phil. 3:15, 16).

Mais revenons à notre question : À cause de l’unité, faut-il réellement tout supporter ? Compte tenu de l’importance de ce sujet, et pour une meilleure appréciation, il paraît indiqué de donner une réponse quelque peu structurée.

La première condition pour garder l’unité de l’Esprit est un support affectueux. Nous sommes malheureusement, pour des motifs charnels, très prompts à dire : Je ne peux plus supporter ce frère ou cette sœur. Nous avons déjà vu qu’une telle disposition de cœur n’a aucune valeur devant le Seigneur.

Le support dans l’amour n’exclut cependant pas les exhortations : un chrétien qui marche dans le désordre doit être repris (1 Thess. 5:14 ; 2 Thess. 3:12), de même il faut avoir l’œil sur celui qui cause les divisions et les occasions de chute (Rom. 16:17), et rejeter l’homme sectaire (Tite 3:10). À ce sujet, l’injonction de l’apôtre Paul à Timothée ne doit pas être perdue de vue : « Il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant avec douceur les opposants, attendant si Dieu, peut-être, ne leur donnera pas la repentance pour reconnaître la vérité » (2 Tim. 2:24, 25). Quelle que soit la gravité de la situation, il convient pourtant de montrer toujours une grande mesure de « support dans l’amour ».

La limite du support n’est atteinte que lorsqu’en dépit de tous les efforts de l’amour, un état se manifeste qui trouble l’unité de l’Esprit. Il devrait être évident pour tout croyant à qui l’honneur du Seigneur et le bien des siens tient à cœur que ce n’est pas le cas seulement quand de fausses doctrines ou des fautes morales très grossières sont tolérées. Lorsque par exemple des frères et des sœurs imposent leur propre volonté dans des questions d’assemblée en désaccord avec les autres, et persévèrent malgré de patientes exhortations, ils manifestent un mauvais état d’esprit, même s’il se cache derrière de douces paroles et de belles déclarations. Dans un tel cas, la seule possibilité de garder l’unité de l’Esprit est la séparation. Beaucoup d’enfants de Dieu ont de la peine à le comprendre. Mais le Dieu saint ne peut s’associer avec le mal. Tout au long des Saintes Écritures, on retrouve la pensée que la séparation de tout ce qui est contraire à la nature de Dieu est la condition d’une vie et d’une marche qui lui sont agréables. Selon les pensées de Dieu, une telle séparation reste une exception, car l’unité pratique des croyants repose sur le fondement reconnu de la parole de Dieu. Mais quand celui-ci n’est plus accepté, après les efforts patients de l’amour, ceux qui introduisent des sectes dans l’assemblée de Dieu sont manifestés, de même aussi que ceux qui sont approuvés (1 Cor. 11:19).


5.2.5 - Séparation ou division ?

Une telle séparation ne peut avoir lieu sans une profonde humiliation quant au déshonneur jeté sur le Seigneur, auquel nous avons tous participé (1 Cor. 12:26 ; comp. Dan. 9). Si véritablement nous avons à cœur la gloire du Seigneur, nous nous humilierons, mais si nous ne sommes préoccupés que de la séparation – si nécessaire qu’elle soit – la propre justice se manifestera facilement en nous.

Ces séparations, indispensables en elles-mêmes, sont parfois qualifiées de divisions charnelles. Mais si nous examinons la parole de Dieu, nous trouverons que les sectes (en grec, hairesis) et les divisions (en grec, schisma) sont toujours charnelles[2]. Elles peuvent facilement provenir du fait que l’on ne veut plus se supporter l’un l’autre, sans pour autant qu’il y ait un motif scripturaire. Au contraire, la séparation d’avec le mal est une séparation exigée par Dieu de tout ce qui est en opposition avec lui et sa nature, et en même temps la condition pour l’unité de l’Esprit[3].

Si nous ne faisons pas la différence entre ces deux notions bibliques, division et séparation, nous perdons la juste appréciation de ce qui est faux et de ce qui est juste devant Dieu. Il a été trop souvent reproché à des frères qui ont été contraints de se séparer, d’avoir créé une division, et inversement maintes divisions charnelles et évitables ont été présentées comme des séparations scripturairement nécessaires. Ce n’est qu’en gardant devant nos yeux le Seigneur comme notre chef dans le ciel que nous pouvons être gardés par sa grâce ensemble dans l’unité de l’Esprit.


5.2.6 - La tête prend soin du corps

Dans les versets 4 à 6, notre attention est dirigée, de la responsabilité locale et personnelle de marcher d’une manière digne de notre appel, vers des aspects fondamentaux. Il est toujours important, en s’occupant des détails de la vie chrétienne, de ne pas perdre de vue les principes divins. Les sept sphères et relations dans lesquelles nous nous trouvons comme chrétiens nous sont présentées maintenant ici.


5.2.6.1 - Versets 4 à 6

Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés pour une seule espérance de votre appel. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. Il y a un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tout, et partout, et en nous tous.


En premier lieu, la sphère du corps de Christ est placée devant nous. Tous ceux qui ont reçu par la foi au Seigneur Jésus la vie éternelle et le Saint Esprit, appartiennent comme membres au seul corps du Christ (1 Cor. 12:12, 13, 27). L’unité du corps est par sa nature même une unité qui demeure éternellement. Le corps de Christ est considéré ici comme existant présentement, c’est-à-dire comme constitué de tous les croyants vivant à un moment donné (comp. par contre chap. 1, v. 23). Tous ont reçu le même Esprit Saint, qui les unit les uns avec les autres, mais aussi les conduit dans leur service. Tous ont une seule et même espérance : ils attendent le Seigneur Jésus pour l’accomplissement de sa promesse (chap. 1, v. 18 ; comp. Jean 14:1-3).

En outre, il y a cependant sur la terre la sphère de la confession chrétienne, qui possède un caractère plus tourné vers l’extérieur. C’est ce que nous trouvons très clairement exprimé en Romains 10:9 et 10:« …savoir que, si tu confesses de ta bouche Jésus comme Seigneur et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu seras sauvé. Car du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut. » L’expression « un seul Seigneur » correspond donc à la reconnaissance publique de l’autorité du Seigneur Jésus comme seul Seigneur. Par « une seule foi », il faut entendre ici non pas la réception personnelle de la vérité du salut, mais la seule foi chrétienne en contraste avec le judaïsme et le paganisme. Le « seul baptême » est le baptême d’eau chrétien pour la mort de Christ au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, non celui de Jean le Baptiseur (Mat. 18:19 ; Rom. 6:3 et suiv.). Malheureusement il se trouve aussi dans cette sphère de la confession chrétienne des gens qui se nomment bien chrétiens, mais qui n’ont pas la vie de Dieu et de ce fait ne font pas partie de la première sphère. Cette évolution d’un christianisme vrai et vivant à une chrétienté sans vie n’était cependant pas dans le plan de Dieu, et peut donc difficilement être le sujet ici. L’opinion très répandue que nous avons ici « trois cercles concentriques » de plus en plus grands, n’est par conséquent guère en harmonie avec le but de l’épître aux Éphésiens, qui est de nous révéler le conseil de Dieu.

La troisième sphère nous parle du « seul Dieu et Père », en contraste avec les multiples divinités des nations. Il est non seulement le Dieu et Père de tous les vrais croyants, mais – comme nous avons vu au chapitre 3, verset 15 – Celui qui nomme et connaît « toute famille dans les cieux et sur la terre ». Notre Dieu et Père en Christ est et demeure en même temps aussi le Seigneur de toute la création. Il ne renonce jamais à ses droits comme créateur. Il est « au-dessus de tout, et partout, et en nous tous »[4]. – Comme chrétiens, nous avons à marcher dans chacun des sept points de ces trois sphères d’une manière conforme à notre appel, qui va être encore développé dans les paragraphes suivants.


5.2.6.2 - Verset 7

Mais à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ.


Les principes de l’unité chrétienne biblique ont été énoncés dans les versets 4 à 6 comme autant de sons retentissants de trompette : un seul corps, un seul Esprit, une seule espérance…, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père… Dans la suite du chapitre 4, les croyants individuels qui forment cette unité sont placés au premier plan. Quelle perfection des pensées de Dieu ! Lorsqu’il considère l’unité de tout le corps, il ne perd cependant pas de vue les nombreux membres individuels, et lorsqu’il s’occupe des individus, il n’oublie pas l’ensemble ! Unité et diversité – ces deux aspects de la vérité quant au corps de Christ forment une harmonie divine. Pour nous, êtres humains, c’est une chose difficile à saisir. Nous avons tendance à mettre l’accent soit sur l’unité, avec le risque de tomber dans l’uniformité, soit sur la diversité, avec le danger de confusion que cela comporte. Ce n’est que par la puissance de la nouvelle vie et sous la direction du Saint Esprit que nous sommes capables d’associer harmonieusement les deux aspects.

À côté de l’unité, il y a donc aussi la diversité ; par là, il faut cependant entendre non pas des différences d’origine humaine, mais la pluralité des manifestations de la grâce dans les croyants, qui sont données par leur chef (tête) dans le ciel et doivent conduire à la croissance spirituelle du corps jusqu’à lui.

Christ, notre chef (tête) dans le ciel, s’occupe non seulement de son corps comme un tout, mais aussi de chacune des nombreuses parties, des membres. L’expression « les membres » ne paraît toutefois dans l’épître aux Éphésiens qu’aux chapitres 4, verset 25 et 5, verset 30, c’est-à-dire dans les passages où est développée la pratique de la vie de la foi (comp. Rom. 12:5 ; 1 Cor. 6:15 ; 12:12-28). Ici cependant, le conseil de Dieu quant à Christ et son Assemblée est placé au premier plan.

À tout croyant individuel qui fait partie de son corps, le Seigneur maintenant glorifié à la droite de Dieu a donné une certaine mesure de grâce, comme il est dit au verset 7. Il connaît chacun de nous. Il connaît nos capacités et donne à chacun individuellement selon la mesure exacte qui lui correspond.


5.2.6.3 - Verset 8

C’est pourquoi il dit : « Etant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes ».


Paul cite à l’appui une déclaration de l’Ancien Testament (Ps. 68:18). Dans ce verset, il est parlé prophétiquement, des siècles à l’avance, du Seigneur Jésus comme Celui qui a vaincu le diable (« emmené captive la captivité »), qui est monté au ciel (« monté en haut »), et qui, comme homme (« dans l’homme ») a reçu des dons de Dieu. Ces dons, le Seigneur Jésus ne les a pas reçus pour lui-même ; ils sont des signes de sa puissance, qui se déploieront un jour sur la terre dans le royaume millénaire, lorsque le Saint Esprit sera répandu sur toute chair. Ceci est encore futur. Mais rappelons-nous ce que nous avons lu au chapitre 1, versets 20 à 23. Nous y avons vu que le Seigneur Jésus, qui « remplit tout en tous », régnera un jour comme chef sur toutes choses dans le royaume millénaire, mais qu’il a été donné maintenant déjà à l’Assemblée qui est son corps, et se trouve dans une relation intime avec elle. Il nous est présenté ici comme Celui qui dans son élévation à la droite de Dieu remplira tout, et qui maintenant est le Dispensateur entouré de gloire et de puissance des dons spirituels pour son corps.

Du fait que l’Assemblée et « le mystère du Christ » ne faisaient pas partie des objets de la prophétie, nous trouvons dans l’Ancien Testament seulement que le Messie devait souffrir, puis qu’il serait élevé à la droite de Dieu et régnerait comme homme (comp. És. 53 ; Ps. 2 ; 8 ; 110). Mais par la révélation du mystère dans le Nouveau Testament, nous savons que le Seigneur Jésus, comme homme glorifié, n’exercera pas uniquement son pouvoir dans le règne millénaire durant lequel il répandra sa bénédiction sur l’ensemble de la création alors délivrée. En effet, maintenant déjà il le fait dans l’Assemblée qui, étant son corps, lui est si intimement liée. Avant de déployer sa puissance en bénédiction envers les hommes sur la terre, il la fait connaître dans l’Assemblée en communiquant, selon sa promesse, à des hommes délivrés du pouvoir de l’ennemi, des dons qui sont la preuve de cette puissance. Tel est le motif pour lequel Paul cite les paroles du psaume 68.

Toutefois, la formulation de la citation est légèrement modifiée. Au lieu du texte original : « …tu as reçu des dons dans l’homme », Paul, conduit par l’Esprit Saint, écrit : « …il… a donné des dons aux hommes ». Il fait par là un pas de plus et décrit la distribution des dons aux croyants individuellement.

Il n’est pourtant pas question ici comme en Romains 12:6, 1 Corinthiens 12:4, et 1 Pierre 4:10, de dons de grâce (en grec : charisma) conférés aux hommes, mais il est parlé de dons (en grec : doma). Ce sont les personnes elles-mêmes que le Seigneur glorifié a données « en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ; jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » (v. 12 et 13).

Les dons que Christ a donnés et donne encore aux hommes (évidemment à ceux qui croient en lui seulement) sont ainsi une conséquence et une preuve de son élévation à la place de la plus grande puissance et la plus grande gloire. Il est devenu homme et est mort sur la croix, pour délivrer la création du pouvoir de Satan, le chef et le dieu de ce monde. Par sa mort, il a « rendu impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable » (Héb. 2:14). Par là, Satan a perdu tout pouvoir sur ceux qui croient dans le Seigneur Jésus. Dieu a donné à Christ, comme récompense, tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Et à quoi l’emploie-t-il ? À donner à ceux qui croient en lui, tout ce dont ils ont besoin aussi longtemps qu’ils sont sur la terre.

Le vrai service chrétien a donc une origine céleste ; il se fonde sur l’œuvre rédemptrice de Christ et sur sa glorification dans le ciel. Comme rachetés par la foi en son œuvre et comme membres de son corps, nous sommes encore au milieu d’une création qui n’est pas délivrée, et entourés d’ennemis. Mais notre chef (tête) déjà glorifié dans le ciel nous communique les dons nécessaires pour rassembler et pour fortifier ceux qui seront éternellement unis à lui. Des hommes, autrefois captifs de Satan, deviennent ainsi, selon la volonté de Dieu, des instruments de sa grâce pour en délivrer d’autres qui se trouvent encore sous le pouvoir du Méchant, et pour édifier et encourager ceux qui sont sauvés.


5.2.6.4 - Versets 9 et 10

Or, qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses ;


Avant que le Seigneur Jésus soit « monté » comme homme glorifié dans le ciel, il a d’abord fallu non seulement qu’il vienne du ciel pour devenir un homme, mais encore qu’il « descende » comme homme dans les parties inférieures de la terre. Lorsqu’il mourut sous le jugement de Dieu, il prit la place que nous avions méritée. Son corps saint fut alors déposé dans le tombeau. Après avoir accompli cette œuvre, il est ressuscité le troisième jour d’entre les morts, puis il est monté au ciel comme homme quarante jours plus tard et a été là couronné de gloire et d’honneur (Jean 17:5 ; Héb. 2:9 ; 1 Pierre 3:22). C’est ainsi qu’il a « rempli toutes choses » (comp. chap. 1, v. 23). Il est Celui qui accomplit toutes les pensées de Dieu. Et ceci inclut aussi le fait qu’il donne aux hommes qu’il a sauvés des dons, afin que par ce moyen d’autres soient aussi arrachés au pouvoir de Satan.


5.2.6.5 - Verset 11

et lui, a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs ;


Paul énumère alors brièvement les apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs. À la différence de certains des dons de grâce mentionnés en 1 Corinthiens 12 (guérisons, langues, miracles) qui confirmaient l’activité de Dieu au début du christianisme (comp. Héb. 2:4), ces dons ont été donnés exclusivement pour aider à la croissance spirituelle de l’Assemblée et, mis à part les apôtres et les prophètes, qui ont posé les bases (Éph. 2:20 ; 3:5), ils demeureront jusqu’au retour du Seigneur. C’est une grande consolation pour nous qui vivons dans un temps de ruine et d’apostasie naissante.

Ces dons ne doivent pas être confondus avec les facultés humaines. Une personne capable de s’exprimer de manière claire et compréhensible ne possède pas pour autant un don pour annoncer la parole de Dieu. Par ailleurs une formation théologique ne peut remplacer aucun don de grâce. Comme il ressort clairement des passages cités, les dons sont donnés exclusivement par Dieu et par le Seigneur glorifié. Ce sont des cadeaux pour ses rachetés, des facultés spirituelles données par lui, qui impliquent le devoir et le pouvoir d’exercer le service. Ils doivent servir, sous la direction du Saint Esprit, à la gloire du Seigneur et pour la bénédiction des autres.


5.2.7 - Des dons pour l’édification du corps

Les dons d’apôtres, de prophètes, d’évangélistes, de pasteurs et de docteurs sont donnés pour l’édification du corps. Il ne s’agit pas ici de la manifestation de la puissance de Dieu, qui s’est déployée particulièrement dans ce que l’on a appelé les « dons signes » du parler en langues, des guérisons et des miracles dans les premiers temps du christianisme (comp. 1 Cor. 12). Ici seuls sont considérés les dons et les ministères qui sont nécessaires à la formation et à l’édification de l’Assemblée. Aussi longtemps que le corps de Christ se trouve sur la terre, c’est-à-dire jusqu’à l’enlèvement des croyants, son édification continue et, dans ce but, Christ utilise des rachetés en qui sa grâce agit par le Saint Esprit.

Les apôtres et prophètes ont posé par leur ministère le fondement de l’Assemblée sur la terre (comp. 2:20 ; 3:5). Il ressort des versets 8 à 11, que les apôtres ici sont vus non pas comme les hommes que le Seigneur Jésus a choisis lors de sa vie sur la terre, mais comme ceux qui ont été établis par le Seigneur glorifié dans son service, ce qui est particulièrement évident dans le cas de Paul (comp. Luc 6:13 ; 9:1-5 ; Mat. 28:18-20 ; Actes 26:12-18). En contraste avec les autres dons, les apôtres possédaient également une charge pour laquelle la condition la plus importante était d’avoir vu personnellement le Seigneur (comp. Actes 1:21-26 ; 1 Cor. 9:1, 2). Les prophètes aussi sont exclusivement ceux du Nouveau Testament ; nous le voyons au chapitre 3, verset 5:« …comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit ».

Les deux autres sortes de dons, les évangélistes ainsi que les pasteurs et docteurs sont nécessaires pour toute la période de la présence du corps de Christ sur la terre. Les évangélistes gagnent les âmes si précieuses au Seigneur, les pasteurs et docteurs exercent leur ministère en vue du perfectionnement des saints et de l’édification du corps de Christ (v. 12). Eux aussi sont donnés par le Seigneur glorifié ; une formation humaine ne peut les qualifier, aucun individu ni aucun comité ne peut les nommer. Les conditions préalables en sont la vie divine, le dévouement pour le Seigneur Jésus, l’amour pour les âmes perdues et pour ceux qui lui appartiennent, ainsi qu’une occupation intensive de la parole de Dieu. Dans une mesure, le Seigneur peut aussi utiliser certaines capacités comme « vase » pour un don spirituel (comp. Mat. 25:15). Lorsqu’il donne un don, les chrétiens spirituels le discerneront et le reconnaîtront. Ceci reste vrai dans la période actuelle de confusion au milieu de la chrétienté ! Tout don que le Seigneur glorifié a donné à son corps en vue de l’édification, nous le reconnaissons comme tel à sa place, avec reconnaissance, pour autant qu’il exerce son service en accord avec la Parole. Une telle reconnaissance ne nous libère pour autant jamais de l’obéissance et de la soumission à l’égard de Christ, notre chef (tête). Paul aussi a reconnu une fois en se réjouissant que « toutefois, de toute manière » Christ était annoncé, mais il ne lui serait pas venu à la pensée de collaborer avec ceux qui le faisaient par jalousie et par esprit de parti.


5.2.8 - Verset 12

en vue du perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ;


« Le perfectionnement des saints » indique le but, la fin, « l’œuvre du service » est le moyen et « l’édification du corps de Christ » le chemin pour y parvenir. Il en était ainsi au début selon la volonté du Seigneur, et cela restera ainsi jusqu’à son retour. C’est bien pour cette raison qu’il est écrit : « lui, a donné… jusqu’à ce que nous parvenions tous… », et non pas : « il donne… ». Il ne voulait pas que son Assemblée s’installe pour une longue durée sur la terre, mais encore aujourd’hui ces paroles contiennent pour nous la grande consolation qu’il prendra soin, comme Tête, de son corps jusqu’au moment de son retour.

Nulle part nous ne trouvons le moindre indice pour soutenir que l’ordre divin du service dans l’assemblée pourrait ou devrait être modifié. Et pourtant, dès les premières décennies du deuxième siècle, la charge est devenue pratiquement plus importante que le don[5]. La première déviation a consisté dans la continuation des charges propres au Nouveau Testament d’anciens ou surveillants, malgré l’absence de directives bibliques et, depuis le départ des apôtres, d’une autorité quelconque pour le faire. Le deuxième faux pas a été l’introduction de la distinction entre anciens et surveillants (des termes grecs presbuteros et episkopos, on a tiré les mots « prêtres » et « évêques »). Parallèlement à cela apparut la confusion des dons donnés pour tout le corps avec les charges locales. À l’époque du Nouveau Testament, nous ne trouvons cependant nulle part que l’exercice des dons ait été limité localement, qu’il s’agisse de Paul comme apôtre ou de Timothée, de Luc et d’autres serviteurs du Seigneur.


5.2.9 - Le but final du ministère

5.2.9.1 - Verset 13

jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ :


Le but des dons, mentionné au verset 12, « le perfectionnement des saints », est maintenant développé. Toutefois la locution conjonctive, « jusqu’à ce que », n’est pas suivie d’une indication de temps, mais introduit une description de l’état que tous les membres du corps doivent atteindre et atteindront une fois : « … jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ».

Ces paroles décrivent une perfection dont l’ensemble de tous les croyants aujourd’hui est encore bien éloigné. Sera-t-elle même une fois atteinte sur la terre ? Telle n’est pas la question ici. Il s’agit du fait que le Seigneur ne peut pas se déclarer satisfait d’un but moins élevé. Nous pouvons donc considérer ces paroles comme l’assurance que le chef (la tête) dans le ciel donnera à son Assemblée les dons d’évangélistes, de pasteurs et de docteurs nécessaires jusqu’à ce qu’il revienne. Quelle que soit la faiblesse qui caractérise le ministère aujourd’hui, cette promesse du Seigneur subsiste pour nous. Il ne cessera pas de donner des dons en vue du perfectionnement de ses saints et il atteindra son but quant à nous !

Dans ce paragraphe, le Saint Esprit met constamment en avant la pensée de l’unité. Au verset 3, nous avons été exhortés à garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix ; au verset 4, nous avons vu l’unité du corps qui est l’œuvre de Christ et du Saint Esprit, et nous trouvons ici, comme but et comme résultat du service, l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu.

Si élevé et inaccessible que puisse nous paraître ce but, le Saint Esprit le place cependant devant nos yeux et il est bon et nécessaire de le garder toujours présent à notre esprit. Dieu ne nous a pas seulement accordé en Christ un salut parfait, il veille aussi à notre croissance spirituelle jusqu’à notre chef (tête). Christ est ainsi au commencement, mais il est en même temps notre but élevé, notre modèle parfait et la source journalière de notre force. Si chacun individuellement garde les yeux sur Lui, son corps vu dans son entier – bien ajusté ensemble (comp. chap. 2, v. 21) – peut alors croître et être édifié en amour. L’état pratique du corps de Christ est assurément influencé et déterminé par l’état de chaque croyant individuellement.

Le but décrit ici ne sera atteint en perfection que dans le ciel. Alors tous les rachetés, membres du seul corps de Christ, seront réunis, non seulement unis ensemble par le Saint Esprit habitant en eux, mais encore sans aucune différence dans la foi, sans divergence d’opinions et sans désaccord. Alors toutes les pensées personnelles disparaîtront, comme la chair dont elles proviennent, et tous seront parvenus à l’unité de la connaissance du Fils de Dieu ! Dans la gloire inaltérée de la maison du Père, nous ne connaîtrons qu’un objet de contemplation : lui, le Fils de Dieu, le Fils de son amour, qui nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous ! Nous le verrons comme il est, nous le louerons et l’adorerons d’un même cœur et d’une même voix.


5.2.10 - Unité de foi et de connaissance

La foi et la connaissance du Fils de Dieu sont étroitement liées. La connaissance spirituelle est toujours une conséquence de la foi. Pierre l’a exprimé ainsi : « Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu » (Jean 6:68 ; comp. Héb. 11:1). À quiconque croit en Son Fils, Dieu dévoile la gloire de Celui en qui il s’est révélé en grâce et en vérité et en qui toute la plénitude de la déité habite corporellement.

La foi au Fils de Dieu est le fondement vital sur lequel se tient tout croyant (Gal. 2:20), et la connaissance de Celui que Dieu le Père a envoyé est la vie éternelle (Jean 17:3). Tout croyant possède une certaine mesure de foi et de connaissance. Dieu veut maintenant nous conduire à l’unité de la foi et à l’unité de la connaissance du Fils de Dieu. Il n’existe certes pas deux croyants qui aient la même mesure de foi et de connaissance.

Les divers degrés de sacrifices dans le livre du Lévitique l’indiquent déjà. Le fait qu’il était permis aux Israélites d’apporter comme holocauste non pas seulement un taureau, mais aussi un mouton, une chèvre, une tourterelle ou un jeune pigeon, montre que l’Eternel connaissait les situations différentes des fils d’Israël et en tenait compte (Lév. 1). Il en allait de même pour l’offrande de gâteau au chapitre 2, pour le sacrifice pour le péché au chapitre 4 et particulièrement au chapitre 5, où il est dit expressément : « Et si ses moyens ne peuvent atteindre… » (v. 7 et 11). Le Nouveau Testament parle de pères, de jeunes gens et de petits enfants (1 Jean 2:13-18), mais aussi de petits enfants (mineurs) quant à la foi, c’est-à-dire de ceux qui, par paresse spirituelle, ou par une manière de penser et d’agir charnelle, ont stagné dans leur croissance spirituelle (1 Cor. 3:1-3 ; Héb. 5:12-14).

Ces différences dans le corps de Christ doivent être surmontées par l’activité des dons qui sont donnés par notre chef (tête) dans le ciel, afin que tous nous croissions jusqu’à l’unité, dans la foi et dans la connaissance du Fils de Dieu, et ceci à la gloire et à la louange de Dieu le Père, mais aussi pour notre propre joie. Plus nous avançons dans la foi et dans la connaissance et sommes unis pratiquement au Fils de Dieu, plus nous croissons aussi ensemble comme membres de son corps, et plus Il sera manifesté pratiquement dans son corps, l’Assemblée. Nous parvenons ainsi à un accord profond, intérieur, dans la foi et dans la connaissance dont l’objet est le Seigneur Jésus dans sa gloire éternelle la plus élevée comme Fils de Dieu. D’ailleurs ce verset est le seul dans l’épître aux Éphésiens où il est vu comme Fils éternel de Dieu, et non pas comme homme glorifié dans le ciel.


5.2.11 - Maturité spirituelle

Comme autres buts étroitement liés à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, le verset 13 nous présente ensuite « l’état d’homme fait » et « la mesure de la stature de la plénitude du Christ ».

Arrêtons-nous d’abord sur le mot « fait » ou adulte (en grec : teleios). Il est appliqué plusieurs fois à des croyants dans le Nouveau Testament et rendu parfois aussi par « parfait ». Nous devons y distinguer trois significations :

Quant à leur position, tous les rachetés sont rendus parfaits à perpétuité par le sacrifice de Christ (Héb. 10:14). Ils ont été rendus agréables dans le Bien-aimé, et sont et demeurent des enfants de Dieu. Personne ne peut les ravir de la main du Père.

En 1 Corinthiens 13:10, Paul parle d’une perfection future que nous n’atteindrons que dans le ciel. Là, nous serons à tous égards conformes à Dieu, un état dont nous sommes en pratique maintenant encore bien éloignés.

De même qu’un enfant doit grandir pour atteindre sa stature d’homme, de même aussi le chrétien doit devenir pratiquement parfait ou adulte. Ceci ne signifie cependant pas un état d’absence de péché, mais indique la connaissance et la réalisation de notre position chrétienne devant Dieu (1 Cor. 2:6 ; Phil. 3:15 ; Héb. 5:14).

Il s’agit ici de ce troisième aspect. La mesure de ce caractère spirituellement parlant d’adulte, et donc de notre vie, c’est Christ. La croissance spirituelle consiste à lui ressembler toujours plus. Il en était ainsi de Paul qui pouvait écrire aux Corinthiens : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11:1). Si nous prenons comme mesure nous-mêmes ou d’autres personnes, nous serons facilement satisfaits du résultat. Mais si nous avons devant les yeux « la mesure de la stature de la plénitude du Christ », nous voyons alors la perfection à laquelle il veut nous amener comme membres de son corps. Avec ce but à l’esprit, nous devons croître spirituellement jusqu’à l’état « d’homme fait ».

« L’état d’homme fait » est ce qui répond à « la mesure de la stature de la plénitude du Christ », la pleine étendue de la croissance spirituelle dans la vérité révélée concernant la personne de Celui qui a accompli tout le conseil de Dieu et, après avoir été élevé au ciel, est maintenant glorifié à sa droite. Il s’agit d’un état de maturité spirituelle que nous retrouvons sous une forme semblable en Jean. Quand il parle dans sa première épître de « pères », il évoque des croyants qui ont laissé derrière eux les étapes d’« enfants » et de « jeunes gens » et ont mûri spirituellement. Alors qu’il doit adresser de sérieuses exhortations aux jeunes gens et aux petits enfants, il peut confirmer aux pères qu’ils « connaissent celui qui est dès le commencement », à savoir le Fils de Dieu (1 Jean 2:13-27). Ils ont atteint la mesure de la stature de la plénitude du Christ. À cet égard, ils ne pouvaient parvenir plus haut, et ils n’avaient pas non plus besoin de plus. Ils avaient trouvé en lui le repos. Ceci n’arrive certainement pas du jour au lendemain, mais représente comme toute croissance un développement qui prend du temps et en définitive ne se termine jamais aussi longtemps que nous sommes sur la terre. Pierre nous exhorte dans sa dernière épître à croître « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 3:18), et Paul, prisonnier à Rome, donc presque au terme de sa vie, était encore rempli du profond désir « de le connaître, lui » (Phil. 3:10).

Le rôle du ministère et des serviteurs de la Parole est maintenant de faire progresser les croyants pas à pas vers ce but. Je me souviens à ce sujet d’un frère âgé qui commençait souvent ses méditations en disant : « Nous voulons nous occuper un moment de notre Seigneur ». Ce frère avait compris quelque chose de ce qui doit être le propos et le but de tout ministère : la glorification de notre Seigneur et notre croissance jusqu’à lui, oui, jusqu’à « la plénitude du Christ ».

Dans la parole de Dieu, toute la plénitude du Christ nous a été révélée :


Plus nous laissons la « parole du Christ » habiter en nous et le prenons comme modèle, plus nous croîtrons jusqu’à lui et jusqu’à sa plénitude (comp. Col. 3:16 ; 2 Cor. 3:18 ; Phil. 2:5). Sa volonté, son but est de remplir de ses pensées et de ses richesses son Assemblée et tous ceux qui en sont les membres, et de nous rendre pratiquement conformes à ce que l’Assemblée sera dans l’éternité. Plus nous nous occupons de sa gloire et de sa grandeur, plus nous serons « immunisés » contre les influences négatives de l’intérieur et de l’extérieur.

En s’occupant de toutes sortes de questions intéressantes pour la chair, les Colossiens couraient le danger de ne plus tenir ferme Christ, le chef (Col. 2:18 ; comp. aussi 1:23 ; 2:8, 16, 20). Il n’était pas nécessaire de mettre en garde les Éphésiens à cet égard. Aussi est-ce la croissance jusqu’à la plénitude du Christ qui leur est présentée comme sauvegarde contre « tout vent de doctrine ». – C’est l’occasion ici d’attirer l’attention sur le fait que, dans la parole de Dieu, nous sommes mis en garde non seulement contre les fausses doctrines ou les hérésies, mais aussi contre toute déviation de la saine doctrine des Saintes Écritures (comp. Rom. 16:17 ; 1 Tim. 1:3 ; Héb. 13:9).


5.2.11.1 - Verset 14

afin que nous ne soyons plus de petits enfants, ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ;


Celui qui est ballotté et emporté çà et là par tout vent de doctrine est, spirituellement parlant, non pas un adulte, mais un petit enfant. C’est ainsi que sont appelés en Hébreux 5:13 ceux qui sont encore inexpérimentés dans la parole de la justice, et en 1 Corinthiens 3:1, les croyants charnels. Bien que les causes soient différentes, le résultat est le même : absence de force et de discernement spirituels.

De tels croyants ne reconnaissent pas tout de suite les dangers cachés et se laissent facilement séduire par « de douces paroles et un beau langage » (Rom. 16:18). Ils ne voient pas qu’en réalité, derrière ceux-ci se dissimule « la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer (littéralement : pour la séduction de l’erreur) ».

Nous pouvons cependant rester à l’abri de tels dangers si nous sommes déterminés dans notre vie de foi à n’écouter que la voix de notre Seigneur, de notre bon Berger. Lui-même a dit : « Et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ; mais elles ne suivront point un étranger, mais elles s’enfuiront loin de lui, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers » (Jean 10:4, 5).


5.2.11.2 - Verset 15

mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ ;


Après l’indication du but au verset 13 et la mise en garde au verset 14, il nous est montré comment nous pouvons croître en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, tout en étant vrais dans l’amour. L’expression « étant vrais dans l’amour » traduit un seul verbe (en grec : aletheuô) qui ne se retrouve qu’une fois, en Galates 4:16, où il est rendu par « dire la vérité », et signifie, proprement : « être vrai, être sincère ». De même qu’il ne nous vient pas à l’idée de nous tromper nous-mêmes, nous ne devrions pas, vis-à-vis de nos frères et sœurs, avoir d’autre langage que la vérité. L’expression parfaite d’une telle droiture de cœur est « la vérité… en Jésus » (v. 21).

La vérité et l’amour ont été parfaitement révélés par le Seigneur Jésus. « La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » (Jean 1:17). Quand les Juifs lui demandèrent : « Toi, qui es-tu ? » il répondit : « Absolument ce qu’aussi je vous dis », c’est-à-dire ses paroles le présentaient comme Celui qu’il était, soit la vérité (Jean 8:25). Il brillait comme la vraie lumière dans les ténèbres de ce monde, mais le monde ne l’a pas connu et les siens (les Juifs) ne l’ont pas reçu. Solitaire et le plus souvent incompris, il poursuivait son chemin de lumière dans la communion de son Père. Et en même temps, il était rempli d’un amour parfait, divin. Il aimait non seulement son Père, dont il était venu accomplir la volonté, mais aussi les hommes qui gisaient dans le péché, et tout particulièrement les siens. Il n’y a jamais eu un homme sur la terre qui ait été aussi accessible à chacun que notre Seigneur. Il recevait avec bonté, amour et patience, plein de miséricorde et d’une profonde sympathie, tous ceux qui venaient à lui avec droiture, même les méprisés et les rejetés.

L’association pratique de la vérité et de l’amour telle qu’elle se manifestait en perfection dans le Seigneur Jésus est une condition à notre croissance spirituelle. La « vérité » sans l’amour rend critique, froid ou fanatique, et « l’amour » sans la vérité conduit à la sentimentalité et à l’égarement spirituel.

Comme nous l’avons déjà constaté, le développement spirituel consiste d’abord à croître jusqu’à Christ, notre chef, et à lui devenir plus semblables. Nous n’avons pas à attendre la gloire pour être conformes à l’image du Fils de Dieu, mais déjà maintenant durant notre vie de foi nous devons lui ressembler de plus en plus. Si nous avons toujours le Seigneur devant nous (comp. Ps. 16:8) – en dépit de tous les manquements, que nous percevrons alors toujours plus distinctement –, nous lui ressemblerons mieux et croîtrons jusqu’à lui.

L’expression « en toutes choses » implique cependant aussi que nous connaissions toute la plénitude de la révélation touchant Christ et que nous devions croître en elle. Le thème propre à l’épître aux Éphésiens est bien la gloire du Christ comme Tête dans le ciel et son union intime avec l’Assemblée, qui forme son corps. C’est pourquoi la croissance spirituelle ne se limite pas ici à notre relation personnelle avec le Seigneur Jésus, mais englobe notre lien comme membres de son corps les uns avec les autres et avec lui, notre Tête. Il veut que chacun de nous reconnaisse et prenne la place donnée par lui dans son corps.

La parole de Dieu est précise. Le Seigneur Jésus est présenté ici sous un autre aspect qu’au verset 13, où il est vu comme le Fils de Dieu, que nous avons certes à connaître de plus en plus, sans cependant pouvoir « croître » jusqu’à lui, parce que nous resterons toujours des créatures. Quand il s’agit de notre croissance spirituelle, le but est l’homme glorifié dans le ciel, « lui qui est le chef, le Christ ».


5.2.12 - La tête et le corps

5.2.12.1 - Verset 16

duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l’opération de chaque partie dans sa mesure, l’accroissement du corps pour l’édification de lui-même en amour.


Christ, le chef (la tête) dans le ciel, est non seulement le but mais aussi la source de l’accroissement. Tous les membres individuellement et aussi l’assemblée entière ont en quelque sorte leur place dans un cycle spirituel dont Christ est le commencement et la fin. Sans lui, nous ne sommes rien, mais en lui, nous possédons tout ce dont nous avons besoin pour croître.

L’image du corps humain comme type de l’Assemblée sert en premier lieu à bien montrer le lien indissoluble entre la tête et le corps. L’unité intime des divers membres entre eux et leur interdépendance y trouvent aussi leur expression. Enfin, le corps est toujours considéré comme complet, rien n’y manque de sorte qu’il est toujours à même de fonctionner[6]. Mais il y a aussi des différences importantes. Dans le corps de Christ, chaque membre est en relation immédiate avec la tête, et, contrairement au corps humain, où tête et corps grandissent ensemble, seul le corps de Christ doit croître en vue du perfectionnement, non pas le chef (la tête) dans le ciel, qui est parfait. C’est de lui que découle toute croissance spirituelle du corps, et c’est jusqu’à lui qu’elle mène.

Il s’agit là non pas d’une augmentation en nombre des croyants, mais seulement de la croissance spirituelle de chacun des membres et du corps dans son ensemble. Le corps de Christ sur la terre est toujours considéré comme une unité capable de fonctionner, à laquelle aucune partie ne manque. L’accroissement extérieur de l’assemblée, par adjonction de nouveaux convertis, en revanche, nous le voyons dans la figure de la maison de Dieu, qui est constituée de pierres vivantes et en conséquence grandit aussi extérieurement (Éph. 2:20-22 ; 1 Pierre 2:5).

Comme dans notre corps chaque membre, chaque partie se trouve à la place fixée par le Créateur afin qu’il puisse exercer sa fonction, de même aussi le corps de Christ selon le plan divin est « bien ajusté ensemble ». La même expression a déjà été employée au chapitre 2, verset 21 pour la croissance de la construction divine en un temple saint dans le Seigneur. Nous comprenons par là que le plan, ou conseil, de Dieu nous est présenté ici, et non pas notre réalisation pratique, qui hélas apparaît souvent bien différente.

Les divers éléments du corps ne sont pas là chacun pour soi, mais ils sont « liés ensemble par chaque jointure du fournissement ». Dans le passage parallèle de Colossiens 2:19, il est écrit que « tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu ».

Ces « jointures » et ces « liens » méritent toute notre attention. En plus du « lien de la paix » indispensable pour garder l’unité de l’Esprit, il y a encore « le lien de la perfection », l’amour, qui ici, étant la caractéristique par excellence de l’édification du corps, constitue le couronnement (v. 16 ; comp. Éph. 4:3 ; Col. 3:14). Par contre, les jointures désignent bien les points de contact souvent peu considérés mais si importants entre les membres. Si, dans notre corps, une articulation ne fonctionne pas correctement, il en résulte souvent de sérieux handicaps. Dans le corps de Christ, ce n’est que si le lien « par chaque jointure du fournissement » est en ordre que la communion pratique sera fortifiée et la croissance spirituelle assurée.

À chacun, la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ (v. 7) et cette mesure de chaque partie individuelle doit selon Sa volonté se manifester dans l’accroissement et dans l’édification du corps en amour. Le fait que Dieu a attribué à chaque membre du corps de Christ une place et une fonction selon qu’il lui a plu dans sa sagesse, nous est présenté en détail dans la figure du corps humain en 1 Corinthiens 12:14 à 26. Il y est insisté trois fois sur la sagesse et la souveraineté de Dieu (v. 18, 24, 28). Dans notre passage, il s’agit non pas en premier lieu des tâches, mais de la relation des diverses parties entre elles. Ce n’est que si celle-ci est en ordre que chacun peut contribuer dans sa mesure à ce que l’Assemblée croisse spirituellement selon la pensée de Dieu en amour les uns envers les autres et en harmonie avec son chef (sa tête) dans le ciel.

Quel merveilleux tableau de l’édification et de l’accroissement du corps de Christ nous est présenté ici ! Tout découle de lui comme chef (tête), et tout conduit à lui et à sa gloire, chaque croyant remplissant à la place qui lui a été donnée, dans sa dépendance, la fonction qui lui a été attribuée, dans l’amour envers tous les autres.

Ces pensées de Dieu quant à la croissance de l’Assemblée ne sont pas des théories : elles sont la vérité, qui demeure valable même si beaucoup d’enfants de Dieu ne la connaissent plus ou n’en tiennent pas compte. C’est pourquoi il n’est pas non plus mentionné ici que, dans la pratique, bien des choses ne sont pas ce qu’elles devraient être selon sa volonté. Tout nous est présenté selon le conseil divin, c’est-à-dire « bien ajusté ».

Il ne nous est cependant pas montré ici une Assemblée parfaite, car celle-ci n’existe pas sur la terre. Mais il serait faux de penser qu’il n’est plus possible pour les croyants de se conformer en toutes choses à la parole de Dieu et de se rassembler ainsi. La seule vraie conclusion à tirer de ce passage est de reconnaître la volonté de Dieu telle qu’elle nous est présentée ici et de s’y soumettre en toute simplicité. Quel témoignage serait rendu au Seigneur Jésus et à la vérité de sa Parole ! Combien le cœur de Dieu serait réjoui, si l’unité et la croissance du corps de Christ étaient visibles pratiquement sur la terre, si tous les croyants étaient conscients du fait qu’ils en font partie et se comportaient comme des membres de ce seul corps, attendant tout de Lui ! Sondons plus ces précieuses vérités, pour y trouver notre joie et chercher à les mettre en pratique dans la dépendance du Seigneur.


5.3 - La marche chrétienne — Ch. 4 v. 17 à ch. 5 v. 21

Paul avait bien exprimé une première exhortation au début du chapitre 4, toutefois elle avait abouti à un assez long développement sur le corps de Christ et son édification. Aussi la partie pratique de son épître, ou les exhortations, ne commence-t-elle en fait qu’ici. La marche du chrétien en général constitue le sujet de la première subdivision jusqu’au chapitre 5, verset 21. Cinq fois, l’expression « marcher » attire notre attention sur notre responsabilité et une fois, il est fait mention de notre « première manière de vivre » (ou de marcher) (4:17, 22 ; 5:2, 8, 15).

Cette section relativement longue se divise en deux parties :

Les versets 17 à 24 montrent la base : le fait d’avoir dépouillé le vieil homme et d’avoir revêtu le nouvel homme.

Du chapitre 4, verset 25 au chapitre 5, verset 21, les caractères du nouvel homme dans la vie journalière au milieu de l’assemblée et dans le monde sont présentés.


5.3.1 - La condition préliminaire : le nouvel homme

5.3.1.1 - Verset 17

Voici donc ce que je dis et témoigne dans le Seigneur, c’est que vous ne marchiez plus comme le reste des nations marche, dans la vanité de leurs pensées,


Conscient de la responsabilité qui est la sienne vis-à-vis du Seigneur Jésus, en accord avec Sa volonté et en Son nom, Paul témoigne d’abord que notre ancienne manière de vivre dans le monde, telle qu’elle caractérise tous les incrédules, est une fois pour toutes passée. Au chapitre 2 déjà (v. 1-3, 11, 12), il avait défini la conduite des nations. Il la décrit ici d’une manière encore plus détaillée et met en même temps les Éphésiens en garde de retomber dans cette vie de péché. Nous devons nous rappeler que ces croyants avaient été pour la plupart arrachés du paganisme. Mais du fait que le cœur de l’homme naturel est toujours et partout le même, nous avons besoin, nous aussi, de telles exhortations. Comme chrétiens, nous sommes continuellement en danger de nous laisser influencer par les pensées et la manière de vivre du monde qui nous entoure. Et d’anciennes habitudes peuvent aussi exercer une grande influence sur nous.


5.3.1.2 - Versets 18 et 19

ayant leur entendement obscurci, étant étrangers à la vie de Dieu à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur ; et qui, ayant perdu tout sentiment moral, se sont livrés à la débauche, pour pratiquer avidement toute impureté.


Nous avons souvent tendance à ne regarder que l’apparence et ainsi, nous ne voyons pas la source, l’origine de toutes choses. Mais ces versets montrent d’abord la racine de l’activité méchante du monde. Les objectifs des hommes du monde n’ont aucune valeur aux yeux de Dieu, leur entendement n’a pas une étincelle de lumière divine, et la vie divine leur est étrangère, parce qu’ils ne comprennent ni Dieu ni ses pensées. Leur ignorance est cependant coupable, parce qu’ils ont endurci leurs cœurs. Par là, ils ont perdu toute perception pour ce qui est bon et décent et se livrent dans une convoitise insatiable à toutes sortes d’excès et de pratiques impures.

Combien ces paroles écrites depuis près de deux mille ans nous paraissent actuelles ! Elles prouvent que l’homme n’a pas changé, qu’il ne s’est pas amélioré au cours de l’histoire.


5.3.1.3 - Verset 20

Mais vous n’avez pas ainsi appris le Christ,


Pourtant, quant aux Éphésiens, Paul peut constater tout autre chose. Béni soit Dieu pour sa grâce illimitée et pour son don inexprimable (comp. 2:4) ! Ils avaient « appris le Christ ». Par les enseignements de l’apôtre Paul lors de son séjour de trois ans parmi eux, ils avaient appris à connaître non seulement la repentance envers Dieu et la foi dans le Seigneur Jésus Christ, mais aussi l’évangile de la grâce de Dieu, le royaume de Dieu et tout le conseil divin (Actes 20:21, 24, 25, 27).

Combien ces mots : « vous n’avez pas ainsi appris le Christ » sont simples mais saisissants ! Ici, l’apôtre ne place pas le conseil de Dieu ou la doctrine chrétienne devant les yeux de ses lecteurs, mais il leur présente la personne unique du Christ, à l’égard duquel il avait déjà exprimé le vœu, au chapitre 3, verset 17, qu’il habite, par la foi, dans leurs cœurs. « Le Christ » : Celui qui, comme l’homme glorifié, est maintenant assis dans la gloire du ciel à la droite de Dieu et sur lequel l’œil de Dieu repose toujours avec une satisfaction parfaite ! À lui seul nous devons notre salut, en lui seul nous possédons toutes les bénédictions que Dieu le Père nous a données. Nous avons tout en Christ, mais sans lui, nous n’avons rien.


5.3.1.4 - Verset 21

si du moins vous l’avez entendu et avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus :


Par l’enseignement de l’apôtre Paul, les croyants à Éphèse avaient entendu et saisi par la foi que « le Christ » dans la gloire est le centre de tous les conseils divins, mais aussi que, dans son abaissement comme l’homme « Jésus », il avait parfaitement révélé Dieu, et l’avait glorifié à la croix. Ce n’est pas dans la création, ni dans la loi, et encore moins dans les religions et les philosophies humaines que peut être trouvée la vérité : elle est en Jésus seul (comp. Jean 14:6) ! Tout cela, ils l’avaient reçu par la foi.

« La vérité… en Jésus » (littéralement : « vérité… dans le Jésus ») est une expression remarquable. L’absence de l’article (dans l’original) devant « vérité » indique qu’il s’agit ici non pas de la vérité annoncée en tant que doctrine (comme par exemple en Gal. 2:5 ; 5:7 ; Éph. 1:13), mais d’un comportement qui révèle la vérité (comp. v. 25). Par contre, l’emploi de l’article avant le nom propre « Jésus », est comme une indication précise : C’est lui, et aucun autre ! « La vérité… en Jésus », nous apprenons à la connaître avant tout dans sa vie et dans son activité sur la terre. Elle se manifestait dans chacune de ses paroles, chacun de ses actes, dans sa parfaite obéissance, dans tout son ministère, dans ses souffrances indicibles, son zèle pour Dieu, sa sollicitude pour les siens et sa miséricorde pour les perdus, mais aussi dans sa condamnation de tout mal. Tout ce qu’il disait et faisait le montrait comme Celui qu’il était : « la Vérité » (comp. Jean 8:25). Oui, la vérité ne se trouve qu’« en Jésus ». – Nous voyons certes aussi la vérité en ce que Christ a porté à la croix le jugement du péché et a pris sur lui les péchés de tous ceux qui croient en lui, ainsi que dans le juste et inexorable jugement de Dieu sur le mal et, en même temps, dans sa grâce pour ceux qui faisaient le mal ! Mais ce n’est pas cet aspect de la « vérité » qui est ici au premier plan.


5.3.1.5 - Verset 22

c’est-à-dire, en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir dépouillé le vieil homme qui se corrompt selon les convoitises trompeuses,


En vertu de la foi à la vérité révélée en Jésus, nous avons, quant à notre position, dépouillé le « vieil homme ». Ce vieil homme est incorrigible, et même, par les convoitises charnelles, il devient toujours plus corrompu (comp. Rom. 8:7). À sa place est apparu le nouvel homme que Christ a créé par son œuvre à la croix et par sa résurrection (Éph. 2:15). Il était lui-même le « dernier Adam », le « second homme venu du ciel », sans péché et parfaitement à la gloire de Dieu. Mais afin que nous ayons, par la foi, part à sa propre nature, il fallait que le jugement soit exécuté sur le vieil homme. Ceci a eu lieu à la croix, où « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair » (Rom. 8:3). Alors seulement pouvait exister le nouvel homme, qui est créé selon Dieu, en véritable justice et sainteté, et que le croyant revêt comme un nouvel habit, ou plus encore, comme la nouvelle nature qui lui est donnée.

Il est parlé trois fois dans le Nouveau Testament du vieil homme et du nouvel homme (Rom. 6:6 ; Éph. 2:15 ; 4:22, 24 ; Col. 3:9, 10). Le vieil homme caractérise notre position comme pécheur, le nouvel homme, notre position comme étant né de nouveau. Du fait que personne ne peut subsister devant Dieu, parce qu’il est impossible d’améliorer le vieil homme, il ne pouvait y avoir pour lui que le jugement et la mort. C’est pourquoi l’épître aux Romains déclare que nous sommes crucifiés avec Christ, morts avec lui et, dans le baptême, aussi ensevelis avec lui (Rom. 3:9-20 ; 6:1-11).

Alors que le jugement sur le vieil homme est déjà mentionné dans l’épître aux Romains, le nouvel homme n’est évoqué que dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, où nous sommes vus comme ressuscités avec Christ (comp. Éph. 2:6 ; Col. 3:1). Tandis que le vieil homme vivait dans ce monde, le nouvel homme est créé pour le ciel. Ceci paraît d’une manière particulièrement claire dans notre épître, qui nous considère comme vivifiés avec Christ, ressuscités avec lui et assis en lui dans les lieux célestes. Oui, il en est bien ainsi : « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles », lisons-nous en 2 Corinthiens 5:17 !

Si nous considérons la sortie d’Égypte des fils d’Israël comme une figure de la rédemption, la traversée de la mer Rouge sous la direction de Moïse typifie la mort et la résurrection de Christ pour nous, mais en même temps aussi notre mort avec lui, c’est-à-dire la fin du vieil homme, la séparation du monde et le commencement d’une marche « en nouveauté de vie ». Le fait que nous sommes ensevelis avec Christ dans le baptême est aussi inclus ; Paul y fait allusion en 1 Corinthiens 10:2. Tout cela nous est exposé en Romains 6:1 à 11, où nous avons donc symboliquement la mer Rouge.


5.3.1.6 - Versets 23 et 24

et d’être renouvelés dans l’esprit de votre entendement, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité.


Dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, les bénédictions dans les lieux célestes sont l’équivalent spirituel du pays de Canaan. La traversée du Jourdain sous la direction de Josué montre donc encore une fois la mort et la résurrection de Christ, mais maintenant aussi, notre résurrection spirituelle avec lui. C’est pourquoi ici il n’est pas seulement parlé de la fin du vieil homme, mais le nouvel homme, dont les intérêts se trouvent dans le pays de Canaan, figure des lieux célestes, peut être introduit. Les douze pierres que Josué fit dresser au fond du Jourdain rappellent la fin du vieil homme, tandis que les douze pierres qui, sur le commandement de Dieu, devaient être retirées du milieu du fleuve et posées de l’autre côté évoquent le nouvel homme (comp. Josué 4:1-9).

Si nous demandons : qu’est-ce que le nouvel homme ? la réponse est : Christ – non pas dans sa personne, mais dans ses caractères, comme l’homme parfait. Ainsi que nous l’avons vu au chapitre 2, verset 15, le nouvel homme a été créé par Christ après qu’il eut porté en son corps le jugement sur le vieil homme. Le nouvel homme se trouve en pleine harmonie avec les pensées de Dieu et ne tombera jamais dans le péché, comme ce fut le cas d’Adam, le premier homme. C’est ainsi que Paul peut écrire dans un autre passage : « En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17). Telle est notre position, et c’est ce qui peut et doit caractériser aussi notre vie pratique. Nous avons cependant besoin pour cela d’être journellement « renouvelés dans l’esprit de notre entendement ».


5.3.2 - La pratique journalière

5.3.2.1 - Verset 25

C’est pourquoi, ayant dépouillé le mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain ; car nous sommes membres les uns des autres.


Les exhortations qui suivent entrent dans le cadre du « renouvellement » mentionné au verset 23, car elles nous présentent ce que nous avons à « dépouiller » et à « revêtir » (comp. Col. 3:8, 12). Ceci nous rappelle tout de suite au début le fait déjà exposé précédemment, que tous les rachetés forment ensemble le corps de Christ sur la terre, et qu’ils sont non seulement des membres de ce corps, mais également « membres les uns des autres ». Pensons-nous toujours dans nos contacts entre nous, que nous sommes membres d’un seul corps, « membres les uns des autres » ?

Serait-il possible que les membres de notre corps se nuisent les uns aux autres ? Ils se nuiraient alors finalement à eux-mêmes ! « Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Cor. 12:26). Et cependant, combien peu la pensée que, comme croyants, nous sommes tous membres les uns des autres est présente à notre esprit ! Si nous en étions plus conscients, bien des choses seraient évitées, tels les mensonges, la colère, la tromperie ou les méchantes paroles !

Au lieu de ces manifestations de la « vieille nature », la vérité et la bonté doivent nous caractériser. Remarquons combien souvent notre langage est mis en évidence dans les derniers versets du chapitre 4. Etant le moyen de communication le plus important, il exerce une influence très grande sur nos relations réciproques. Comment abordons-nous nos frères et nos sœurs, mais aussi les incrédules que nous côtoyons ? Avec les traits du vieil homme ou avec ceux du nouvel homme, c’est-à-dire de Christ ? Non seulement il a annoncé la vérité, mais ses paroles étaient toujours vraies et droites (Jean 8:25). Il doit en être ainsi des siens. C’est ici une autre manière de dire ce que nous avons déjà trouvé au verset 15, où nous sommes exhortés à tenir ferme la vérité dans l’amour.


5.3.2.2 - Versets 26 et 27

Mettez-vous en colère et ne péchez pas : que le soleil ne se couche pas sur votre irritation ; et ne donnez pas occasion au diable.


Contrairement au courroux, la colère n’est pas toujours un signe de méchanceté. N’est-il pas parlé de la colère de Dieu à l’égard du mal, et du fait que le Seigneur Jésus lui-même, dans une circonstance, a regardé ceux qui étaient autour de lui avec colère, étant attristé de l’endurcissement de leur cœur (Marc 3:5) ? Pour nous aussi, il peut et doit y avoir une sainte indignation, une sainte colère, quand nous constatons que le nom du Seigneur Jésus est blasphémé. Il est triste que des chrétiens puissent y rester insensibles et indifférents au lieu d’en être affligés et remplis d’une colère selon Dieu. Cependant, si nous ne vivons pas dans la communion avec le Seigneur, le danger demeure pour nous qu’une colère, en soi justifiée, se transforme en irritation, en courroux ou en haine et par là en péché, et que nous donnions ainsi une occasion d’agir au diable (comp. v. 31). Nous ne sommes donc pas mis en garde contre la colère elle-même, mais contre le risque qu’elle dégénère en péché. C’est pourquoi il est ajouté : « Que le soleil ne se couche pas sur votre irritation ; et ne donnez pas occasion au diable ». Quelle indication ne trouvons-nous pas là pour le cœur quant à la nécessité du jugement quotidien de soi-même et – s’il le faut – de la confession de nos manquements, et cela particulièrement le soir avant de se coucher, afin que nous puissions reposer en paix et aussi nous lever le lendemain en paix (comp. Ps. 4:8) ! Mais aussi quel sérieux avertissement contre la ruse du diable, qui trouve en effet facilement accès en nous, alors qu’il est bien difficile de parvenir à se détacher et à se libérer de son influence !


5.3.2.3 - Verset 28

Que celui qui dérobait ne dérobe plus, mais plutôt qu’il travaille en faisant de ses propres mains ce qui est bon, afin qu’il ait de quoi donner à celui qui est dans le besoin.


Cette exhortation n’est pas une simple répétition du huitième commandement : « Tu ne déroberas point », car le chrétien n’est pas sous la loi du Sinaï (Ex. 20:15 ; Rom. 10:4 ; Gal. 5:18 ; 1 Tim. 1:9). Ici, la grâce nous enseigne (Tite 2:11 ; comp. Ex. 21:16 ; 22:1-3). Le vol est une manifestation mauvaise d’égoïsme, de cupidité et de mépris des droits de son prochain. Comme le montrent les statistiques, de moins en moins de gens aujourd’hui ont conscience de commettre une injustice ou éprouvent de la gêne quant au fait de s’emparer des biens d’autrui. Pourtant, il est possible que même une telle personne vienne à la foi au Seigneur Jésus ; elle est encouragée ici à travailler de ses propres mains, afin d’être en mesure de donner aux autres plutôt que de leur soustraire injustement quoi que ce soit.

Il faut toutefois relever à ce sujet que n’importe quel moyen de gagner sa vie ne convient pas pour le chrétien. Une activité incompatible avec la volonté de Dieu et la position du croyant devrait être abandonnée aussi vite que possible.

En prenant congé des anciens d’Éphèse, Paul leur avait rappelé les paroles du Seigneur Jésus, qui lui-même a dit : « Il est plus heureux de donner que de recevoir » (Actes 20:35). Le chrétien ne doit donc pas être égoïste, ni travailler par amour de l’argent, mais il est appelé à avoir des yeux ouverts, un cœur ouvert et une main ouverte pour ceux qui sont dans le besoin, afin de leur transmettre quelque chose de son abondance. Combien les principes de l’évangile sont élevés, si totalement contraires à la pratique actuelle de ce monde !


5.3.2.4 - Verset 29

Qu’aucune parole déshonnête ne sorte de votre bouche, mais celle-là qui est bonne, propre à l’édification selon le besoin, afin qu’elle communique la grâce à ceux qui l’entendent.


Au lieu de propos haïssables, il convient que de notre bouche sorte ce qui est profitable. Nos paroles doivent communiquer la grâce à ceux qui nous entendent, c’est-à-dire fortifier en eux le sentiment de la grâce. Nous avons besoin pour cela de l’enseignement continuel de la parole de Dieu, la « parole de sa grâce » (Actes 14:3 ; 20:32). Nous serons alors aussi gardés de nous écarter de la vérité par une grâce mal comprise. Nous ne devons en effet pas confondre grâce avec tolérance. Celle-ci admet la coexistence de toutes les opinions et manières d’agir comme égales en droits, tandis que le chrétien qui demeure dans la foi et connaît la volonté de Dieu est patient envers ceux qui n’ont pas encore discerné cette volonté. Paul a employé des paroles de grâce en écrivant aux Philippiens : « Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons ce sentiment ; et si en quelque chose vous avez un autre sentiment, cela aussi Dieu vous le révélera » (Phil. 3:15). « La bouche du juste est une fontaine de vie » (Prov. 10:11).


5.3.2.5 - Verset 30

Et n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.


Paul reprend ici l’enseignement donné au chapitre 1, verset 13, selon lequel quiconque a cru l’évangile du salut est scellé du Saint Esprit. Le Seigneur Jésus lui-même avait annoncé la venue du Saint Esprit comme avocat et conducteur, et, depuis la Pentecôte, il habite en chaque croyant. Il nous rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu. Il nous dirige tant dans notre chemin de foi que dans toute la vérité de la parole de Dieu. Il nous donne l’énergie de la foi et intercède pour nous auprès de Dieu (Rom. 8:13-16, 26). Paul mentionne ici le fait que nous avons été scellés du Saint Esprit « pour le jour de la rédemption », c’est-à-dire le moment de la venue du Seigneur Jésus pour enlever les siens (comp. Éph. 1:14). Le corps de notre abaissement fera alors place à un corps qui sera conforme au corps de Sa gloire. Et nous prendrons aussi parfaitement possession des bénédictions que nous possédons maintenant par la foi. Alors, quand nous passerons de la foi à la vue, notre rédemption sera complète (comp. Éph. 1:14 ; Rom. 8:23).

Tout ce qui dans notre marche n’est pas en accord avec lui et avec sa sainteté, l’attriste. Il peut arriver même, pratiquement, que nous l’éteignions entièrement dans notre vie, en l’entravant dans son activité (1 Thess. 5:19) ! Puissions-nous donc comme autrefois le roi Ezéchias « aller doucement tous les jours de notre vie », veillant sur nos pas, nos actes, nos paroles et nos pensées, afin de ne pas attrister le Saint Esprit qui habite en nous !

Mais perdre le Saint Esprit est toutefois impossible – même si beaucoup de croyants le craignent et citent pour appuyer cette pensée les paroles de David au psaume 51:11:« Ne m’ôte pas l’esprit de ta sainteté ». Ils ne tiennent pas compte du fait qu’aucun saint de l’Ancien Testament ne possédait l’Esprit Saint habitant en lui, comme c’est le cas dans l’économie actuelle de la grâce. Le Seigneur Jésus a promis à ses disciples que « l’autre consolateur », le Saint Esprit, serait avec eux éternellement (Jean 14:16). Comme nous l’avons déjà vu en considérant Éphésiens 1:13 et 14, celui qui croit l’évangile du salut est scellé du Saint Esprit que Dieu nous a donné comme « arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire » ! Et en Romains 8:11, le même apôtre écrit : « Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous ».


5.3.2.6 - Verset 31

Que toute amertume, et tout courroux, et toute colère, et toute crierie, et toute injure, soient ôtés du milieu de vous, de même que toute malice ;


Nous trouvons ici une énumération de dispositions et de paroles méchantes qui attristent nécessairement le Saint Esprit : amertume, courroux, colère, crierie, injure. Ne les minimisons pas et ne les excusons pas, mais évitons-les à tout prix ! En Colossiens 3:8, nous sommes exhortés à renoncer à « toutes ces choses ». La méchanceté de l’homme est la racine de tous ces péchés. Dans chaque cas, ce sont des manifestations de la chair ; elles appartiennent au vieil homme, que, selon le verset 22, nous avons dépouillé.


5.3.2.7 - Verset 32

mais soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné.


Au lieu de cela, nous devons être bons, compatissants les uns envers les autres, et nous pardonnant les uns aux autres comme Dieu, en Christ, nous a pardonné (comp. Col. 3:13) ! Nous trouvons déjà dans l’Ancien Testament des expressions pleines de consolation et d’encouragement concernant le pardon parfait de la part de Dieu. Dans le psaume 103:12, il est écrit : « Autant l’orient est loin de l’occident, autant il a éloigné de nous nos transgressions » ; en Ésaïe 38:17:« Tu as jeté tous mes péchés derrière ton dos », et en Michée 7:19:« Tu jetteras tous leurs péchés dans les profondeurs de la mer ». Hébreux 10:17 résume le pardon de nos péchés par les paroles de Dieu en Jérémie 31:33 et 34:« Je ne me souviendrai plus jamais [ou : absolument plus] de leurs péchés ni de leurs iniquités ». Qu’il est merveilleux et parfait, le pardon que nous avons reçu comme pécheurs de la part de Dieu ! Il nous est donné comme modèle pour nos sentiments dans nos relations les uns avec les autres. Il y a pleine correspondance avec le fruit de l’Esprit (Gal. 5:22 et suiv.) et avec le « vêtement » spirituel que nous sommes appelés à revêtir (Col. 3:12 et suiv.).


5.3.3 - Imitateurs de Dieu

5.3.3.1 - Chapitre 5, verset 1

Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants,


Le début de ce chapitre 5 nous rappelle notre position comme bien-aimés enfants de Dieu, le Père. Si nous avons déjà fait l’expérience, comme pécheurs perdus, de l’amour immérité de Dieu, combien plus merveilleux encore est son amour envers nous qui sommes devenus ses enfants ! Nous avons vu au chapitre 1, verset 4, qu’il nous voit comme « saints et irréprochables devant lui en amour », et cela ne signifie rien de moins que ceci : nous sommes devenus ses enfants, nous correspondons à sa nature. Nous sommes en effet nés de lui (Jean 1:13) et devons aussi en pratique participer de sa nature divine (2 Pierre 1:4) – non de sa divinité dans sa toute-puissance et son omniscience, mais de sa nature morale : amour et lumière.

Nous devons ainsi être ses imitateurs, c’est-à-dire ceux qui reflètent fidèlement ce qu’il est, comme aussi l’homme Christ Jésus l’a manifesté. Depuis notre position dans les lieux célestes (comp. chap. 2, v. 6), nous sommes pour ainsi dire envoyés sur la terre, pour répandre son amour et sa lumière dans les ténèbres régnant ici-bas (comp. Phil. 2:15).


5.3.3.2 - Verset 2

et marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur.


Nous sommes d’abord exhortés à marcher dans l’amour. Au verset 8, il y aura l’exhortation à marcher comme des enfants de lumière, et finalement, au verset 15, l’appel à marcher dans la sagesse. Toute la nature de Dieu se trouve exprimée dans ces trois caractères. Le modèle et la mesure de la marche dans l’amour, c’est l’amour du Christ, qui « nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous ». En lui, l’homme qui a répondu en toutes choses à la pensée de Dieu, l’amour de Dieu a trouvé sa parfaite expression. Dans son amour, il s’est livré pour chaque croyant individuellement, pour nous tous et pour l’Assemblée. Il n’a pas seulement donné sa vie pour nous, si grand que cela eût déjà été en soi, mais il s’est livré « lui-même », dans toute la gloire de sa merveilleuse personne[7] ! Le marchand de la parabole, qui cherchait de belles perles, a donné tout ce qu’il avait pour la perle de très grand prix, l’Assemblée (Mat. 13:45). Mais le Seigneur Jésus a fait plus que cela : Il s’est livré lui-même ! Il ne pouvait pas donner plus. – Quel amour merveilleux !

Cette parfaite consécration était en tout premier lieu pour Dieu. Dans l’épître aux Éphésiens, l’œuvre de la rédemption à la croix de Golgotha porte donc aussi le caractère de l’holocauste (comp. Lév. 1). Celui-ci était le seul des sacrifices prescrits dans l’Ancien Testament offert entièrement à Dieu. Pour les autres sacrifices, tout n’était pas apporté sur l’autel ; les sacrificateurs ou celui qui offrait en recevaient une certaine portion pour eux-mêmes ; ce n’était pas le cas de l’holocauste. Il était exclusivement pour Dieu, « un sacrifice par feu, une odeur agréable à l’Eternel » (Lév. 1:9, 13, 17).

Dieu a été tellement glorifié par le don parfait du Seigneur Jésus comme holocauste, que non seulement il peut offrir en vertu de cette œuvre sa grâce à tous les hommes, mais que chaque croyant est « rendu agréable » devant lui en Christ (Éph. 1:6). Dans sa vie, Christ a été la vraie offrande de gâteau (comp. Lév. 2). Le mot utilisé pour « offrande » (en grec : prosphora) figure déjà dans la Septante, la traduction grecque de l’Ancien Testament, pour rendre « offrande de gâteau » et est traduit de manière analogue en Hébreux 10:5. Dans sa mort, il a été le parfait sacrifice (ou holocauste) « à Dieu, en parfum de bonne odeur ».


5.3.3.3 - Verset 3

Mais que ni la fornication, ni aucune impureté ou cupidité, ne soient même nommées parmi vous, comme il convient à des saints ;


Ne sommes-nous pas toujours étonnés de trouver dans la Bible des vérités divines d’un poids éternel mentionnées à côté de comportements humains les plus ordinaires ? Il n’en serait pas ainsi si cela n’était pas nécessaire. La chair (la vieille nature, ou les membres du vieil homme) dans le croyant n’a pas été améliorée par la conversion et la nouvelle naissance, car elle est incorrigible. Si même nous avons dépouillé le vieil homme et avons revêtu le nouvel homme (Éph. 4:22-24), la chair est cependant toujours présente aussi longtemps que l’homme vit sur la terre (Col. 3:5). C’est pourquoi les chrétiens demeurent en danger de s’occuper des pensées les plus élevées tout en se trouvant dans un état moral très bas.

Un groupe de gnostiques, dans les premiers siècles du christianisme, enseignait que l’esprit est tout, tandis que la chair n’est rien, et en conséquence, tolérait les pires manifestations des convoitises charnelles. De nos jours, le danger est que le chrétien s’habitue à l’immoralité croissante du monde au lieu de reconnaître son vrai caractère à la lumière de la parole de Dieu. C’est pourquoi, de même que les Éphésiens, nous sommes exhortés à ne pas même mentionner ces choses et encore moins à les faire. Cela ne veut évidemment pas dire que, si elles surgissent dans l’assemblée, elles ne doivent pas être jugées et traitées selon la Parole. D’après 1 Corinthiens 5, les fornicateurs et les avares, notamment, doivent, comme méchants, être exclus de la communion des saints.

S’il est dit ici qu’il ne convient pas à des saints de nommer ces choses, il faut entendre par là qu’il ne faut pas y penser et en parler d’une manière légère et mondaine. La fornication, selon la parole de Dieu, désigne toute relation sexuelle hors du mariage. La seule place pour la sexualité est dans le mariage. « Impureté » est employé dans le sens de souillure morale, principalement dans le domaine sexuel. L’avarice (en grec : pleonexia) indique une tendance ou une convoitise incontrôlée pour ce que l’on ne possède pas. Ce mot est traduit en Éphésiens 4:19 par « avidement ». Tout ceci est absolument inconvenant pour des saints qui sont sanctifiés, par Dieu et pour lui, de tout mal.


5.3.3.4 - Verset 4

ni aucune chose honteuse, ni parole folle ou plaisanterie, lesquelles ne sont pas bienséantes, mais plutôt des actions de grâces.


Il en est de même pour toute chose honteuse, parole folle, et plaisanterie. Celles-ci également sont inconvenantes pour un chrétien. Elles sont mentionnées avec les péchés nommés au verset 3 et aussi condamnées. Par des paroles légères et méchantes, nos cœurs sont détournés du Seigneur et souillés. Combien facilement on peut en arriver à des déclarations à double sens ou à des moqueries sur le compte des autres ! Par cela, nous souillons nos cœurs et déshonorons le Seigneur.

Le chrétien n’a-t-il donc jamais le droit de rire et d’être joyeux ? Certainement nous pouvons nous réjouir de tout ce que Dieu nous accorde dans sa bonté. Mais c’est une autre chose que de rechercher un « divertissement » charnel. L’expression d’une vraie joie chrétienne est l’action de grâces. « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois, je vous le dirai : réjouissez-vous. Que votre douceur soit connue de tous les hommes ; le Seigneur est proche ; ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4:4-7).


5.3.3.5 - Verset 5

Cela en effet vous le savez, connaissant qu’aucun fornicateur, ou impur, ou cupide (qui est un idolâtre), n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu.


Les voies de Dieu en gouvernement ne changent pas. Si quelqu’un qui « est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur » doit être ôté du milieu des saints, et s’il est ajouté que Dieu juge ceux qui sont de dehors (1 Cor. 5:11-13), il est aussi clair que ceux qui commettent de tels péchés d’une manière habituelle ne peuvent avoir d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. Cette déclaration ne concerne pas la question de savoir si un croyant peut perdre son salut ; mais il s’agit du fait que des personnes qui vivent dans de tels péchés ne peuvent pas se réclamer de la grâce de Dieu (comp. 1 Cor. 6:9, 10 ; Gal. 5:19-21).

Tandis que dans d’autres passages du Nouveau Testament, le royaume de Dieu est considéré comme actuel (Rom. 14:17 ; 1 Cor. 4:20), le royaume du Christ et de Dieu concerne ici la domination future sur toute la création pendant le Millénium. Dieu est l’origine, Christ comme homme glorifié, Celui qui exerce le gouvernement dans la paix et la justice (comp. 1 Chron. 29:11). Telle est la signification de l’expression « le royaume du Christ et de Dieu ». Si un pécheur ne peut y participer, combien moins aura-t-il part aux bénédictions éternelles de la maison du Père !


5.3.3.6 - Verset 6

Que personne ne vous séduise par de vaines paroles ; car, à cause de ces choses, la colère de Dieu vient sur les fils de la désobéissance.


Il y a toujours eu des gens qui ont voulu abuser de la grâce de Dieu et qui se sont bercés et ont bercé les autres d’une fausse assurance (comp. Jude 4b). Paul a contesté dans d’autres passages de la manière la plus claire le seul fait d’avoir une telle pensée. « Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? – Qu’ainsi n’advienne ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ? » (Rom. 6:1, 2). Celui qui a réellement éprouvé et compris la grâce de Dieu, ne se laissera pas aller à de telles pensées ni séduire par elles. Il sait que la colère de Dieu viendra sur les incrédules à cause de ces choses. Elle sera manifestée du ciel non seulement dans Ses voies en gouvernement comme lors de la captivité d’Israël et de Juda en Assyrie et à Babylone, mais dans un jugement immédiat sur toute injustice des hommes (comp. Rom. 2:5 ; Apoc. 6:16, 17).

Tous ceux qui sont caractérisés par la désobéissance envers Dieu sont des « fils de la désobéissance » (Éph. 2:2). La juste exigence de Dieu à l’égard des hommes comme créatures est et reste l’obéissance (Gen. 2:16, 17). Par la désobéissance du premier homme, tous ses descendants ont été constitués pécheurs, mais, Dieu soit béni, par l’obéissance d’un seul – Christ – les plusieurs qui croient en lui, sont constitués justes et sont appelés maintenant des « enfants d’obéissance » (Rom. 6:19 ; 1 Pierre 1:14).


5.3.3.7 - Verset 7

N’ayez donc pas de participation avec eux ;


Nous sommes alors exhortés à n’avoir aucune sorte de communion avec eux. Nous devons prier pour de telles personnes, afin que Dieu use de miséricorde envers elles et qu’elles soient sauvées, mais nous ne devons pas participer à leurs voies. La séparation de toute forme de mal est un principe divin immuable (comp. 1 Thess. 5:22). En 1 Corinthiens 15:33, une raison simple mais sérieuse est donnée : « Ne soyez pas séduits : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. »


5.3.4 - Enfants de lumière

5.3.4.1 - Versets 8 à 10

car vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur ; marchez comme des enfants de lumière (car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, et justice, et vérité), éprouvant ce qui est agréable au Seigneur.


Incrédules, nous n’étions pas seulement dans les ténèbres (1 Pierre 2:8 ; 1 Jean 2:9), mais nous étions nous-mêmes ténèbres. Dieu seul « est lumière et… il n’y a en lui aucunes ténèbres » (1 Jean 1:5). Sa sainteté, sa justice et sa vérité éternelle ne pourraient pas être exprimées plus simplement et plus pleinement que par ces mots : « Dieu est lumière ». Il habite aussi la lumière inaccessible (1 Tim. 6:16 ; 1 Jean 2:8). Lorsque le Fils de Dieu est venu sur la terre, il était la lumière de ce monde loin de Dieu et ténébreux (Jean 1:4 ; 8:12 ; 9, 5 ; 12:46). En lui « était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». Quiconque croit en lui reçoit non seulement sa vie, mais aussi sa lumière et par cela même devient lui-même lumière dans le Seigneur. Lumière et ténèbres sont ici évidemment des concepts moraux qui, d’un côté, parlent de la nature divine et, de l’autre, de l’éloignement de Dieu et de l’ignorance totale des pécheurs.

Nous sommes alors aussi exhortés à marcher comme « des enfants de lumière ». Tandis qu’au verset 2, l’exhortation était de marcher dans l’amour afin de manifester ce que Dieu est en lui-même, ici nous sommes appelés à répondre, par notre marche comme enfants de lumière, à la nature de Dieu.

Si tout enfant de Dieu est participant de cette lumière, cela ne veut pas encore dire que cette merveilleuse lumière éclaire et illumine aussi toutes les sphères de la vie pratique. Ce n’est que lorsque nous vivons dans un jugement permanent de nous-même que nous pouvons manifester ce fruit de la lumière. Il ne consiste pas seulement en toute justice et vérité, il inclut aussi la bonté, ce qui nous montre qu’en Dieu, la lumière et l’amour sont en pleine harmonie et non pas en opposition. Tel doit être le cas pour nous, comme ce le fut en perfection pour notre Seigneur Jésus.

Reprenant le courant de la pensée exprimée au verset 8, l’apôtre exhorte les Éphésiens, au verset 10, à éprouver ce qui est agréable au Seigneur. Par la lecture de la parole de Dieu et par la communion avec le Seigneur Jésus dans la prière, le croyant éprouve et discerne ce qui lui est agréable. La nécessité d’un tel examen montre cependant qu’il n’est pas toujours facile de discerner sa volonté. C’est pourquoi nous sommes exhortés en Romains 12:2 à discerner quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite ; et en Philippiens 1:10, à discerner les choses excellentes.


5.3.5 - Les œuvres des ténèbres

5.3.5.1 - Versets 11 et 12

Et n’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les aussi ; car les choses qu’ils font en secret, il est honteux même de les dire.


« Les œuvres infructueuses des ténèbres » sont en flagrante opposition avec le fruit de la lumière. Dans le Nouveau Testament, le fruit est ce qui réjouit Dieu. Les œuvres des ténèbres ne portent cependant pas de fruit. Le chrétien croyant ne doit avoir aucune communion avec elles ; bien au contraire, il doit les reprendre ou les manifester, c’est-à-dire signaler le mal qui s’y trouve et les condamner. Cette condamnation s’exprime en premier lieu dans une entière séparation de telles œuvres. C’est dans cette intention que l’apôtre Paul pose aux Corinthiens la question : « Quelle communion [y a-t-il] entre la lumière et les ténèbres ? et quel accord de Christ avec Béliar ? ou quelle part a le croyant avec l’incrédule ? et quelle convenance y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » (2 Cor. 6:14-16).

Paul avait exhorté les Éphésiens au verset 3 à ne pas même nommer la fornication ni aucune impureté ou cupidité ; il ajoute ici de ne pas même dire les choses honteuses que les hommes méchants font en secret. Rien que d’en parler souille déjà le cœur. Si faire le mal en secret témoigne encore d’un certain sentiment de culpabilité ou au moins d’une conscience de ce qui est inconvenant, il n’en était autrefois pas ainsi à Jérusalem ou à Sodome : On parlait ouvertement des péchés que l’on commettait, tout comme cela est devenu monnaie courante dans beaucoup de pays aujourd’hui (comp. És. 3:9). Nous tenons-nous entièrement séparés de cela ?


5.3.5.2 - Verset 13

Mais toutes choses, étant reprises par la lumière, sont manifestées ; car ce qui manifeste tout, c’est la lumière ;


Ce n’est que dans la présence immédiate de Dieu, dans sa lumière, que nous pouvons voir les choses comme lui les voit. La lumière manifeste tout. Dieu est lumière d’une manière absolue (1 Jean 1:5), Christ est la lumière du monde qui luit dans les ténèbres (Jean 1:5, 9 ; 8:12 ; 9:5 ; 12:46), et la parole de Dieu aussi est lumière (2 Pierre 1:19). Tant qu’un homme n’est pas venu à cette lumière, il se trouve dans les ténèbres morales et n’a aucune réelle conscience du péché. Mais aussitôt que la lumière divine brille dans sa vie, tout est manifesté. Que ce soit progressivement ou instantanément, il voit tout comme Dieu le voit, et est amené à la confession et à la conversion. Il est ainsi conduit des ténèbres à la lumière. Un enfant de Dieu est et demeure toujours dans cette lumière (1 Pierre 2:9 ; 1 Jean 1:7). Celui qui est passé des ténèbres à la lumière ne peut plus jamais quitter ce domaine de la lumière, bien qu’il puisse dans sa marche pratique redevenir semblable à ceux qui sont dans les ténèbres, et accomplir également les œuvres infructueuses des ténèbres.

C’est la lumière de la parole de Dieu qui met en évidence le péché, non seulement pour les incrédules, mais aussi pour un croyant qui a péché. « Ta parole est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier » dit déjà le psalmiste (Ps. 119:105). Le Saint Esprit se sert de la Parole pour rendre attentif au péché, la conscience est alors touchée et amenée à la confession. La marche est ainsi mise à nouveau en accord avec la position : « Mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur ; marchez comme des enfants de lumière » (v. 8).


5.3.5.3 - Verset 14

c’est pourquoi il dit : « Réveille-toi, toi qui dors, et relève-toi d’entre les morts, et le Christ luira sur toi ».


Ici un croyant est vu au milieu d’incrédules (comp. És. 60:1, 19). Il est vivifié avec Christ, alors que les incrédules sont considérés comme morts dans leurs fautes et dans leurs péchés (Éph. 2:1, 5). La vie et la mort sont aussi absolument incompatibles que la lumière et les ténèbres. Si donc un chrétien s’adapte à son entourage dans sa manière de penser, de parler et d’agir, cette opposition est pratiquement perdue. Il est vrai qu’il ne peut pas plus devenir « un mort » que retourner dans les « ténèbres », car cela signifierait qu’il reperdrait la vie nouvelle, et ceci est impossible (comp. Jean 10:28, 29). C’est pourquoi il est considéré ici comme quelqu’un qui dort, qui est certes vivant, mais ne diffère, extérieurement et à première vue, guère d’un mort. Il faut lui crier : « Réveille-toi ! » c’est-à-dire : prends conscience de l’état dans lequel tu te trouves (comp. 1 Thess. 5:4-8) !

Mais ensuite vient l’exhortation : « Relève-toi d’entre les morts ! » – Sépare-toi des incrédules parmi lesquels tu te trouves et montre dans ta marche la vie que tu possèdes ! Finalement, il est ajouté : « Et le Christ luira sur toi. » Il veut éclairer pratiquement notre vie spirituelle. Les yeux de notre cœur doivent être ouverts afin que nous soyons éclairés par lui quant à notre vie de foi. Combien il devient alors simple de discerner et de suivre le sentier étroit mais béni de la foi qui présente tant de difficultés au croyant dont les pensées sont aux choses du monde !


5.3.6 - Marcher soigneusement

5.3.6.1 - Versets 15 et 16

Prenez donc garde à marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ; saisissant l’occasion, parce que les jours sont mauvais.


Telle est la troisième exhortation dans ce chapitre quant à notre marche pratique. Après la marche dans l’amour (v. 2) et la marche comme enfants de lumière (v. 8), nous sommes exhortés ici à marcher soigneusement dans la sagesse. La sagesse est la capacité d’appliquer et de vivre pratiquement les enseignements de la parole de Dieu qui enrichissent notre connaissance. Ce n’est pas une question d’intelligence, mais d’obéissance. « La crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse » (Prov. 9:10).

Le temps de vie que le Seigneur nous accorde sur la terre est celui de l’occasion favorable pour lui. Lorsqu’un incrédule est placé devant la question du salut de son âme immortelle, ce n’est en général pas pour lui un moment convenable (voir Actes 24:25 ; 2 Tim. 4:2). Pour nous aussi, le moment peut ne pas toujours paraître favorable quand d’autres affaires nous semblent plus importantes. Mais le temps est court et les jours sont mauvais ! Maintenant seulement nous avons l’occasion de faire quelque chose pour le Seigneur, que ce soit dans l’Evangile ou dans le service envers les siens. Cette occasion, nous devons la saisir, c’est-à-dire l’employer aussi bien que possible pour lui.


5.3.6.2 - Verset 17

C’est pourquoi ne soyez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur.


Celui qui ne reconnaît pas cela est sans intelligence et n’a aucun discernement de la volonté du Seigneur, qui est notre seul critère pour agir. Quand il était lui sur la terre, il ne connaissait qu’un unique but, faire la volonté de Celui qui l’avait envoyé et accomplir son œuvre. Telle était sa « viande » (Jean 4:34 ; 6:38 ; 8:29). Sa volonté était toujours en parfaite harmonie avec la volonté de son Père. Mais notre propre volonté fait souvent de nous des « insensés » quant à la volonté de notre Seigneur. C’est pourquoi nous sommes appelés à comprendre quelle est sa volonté. Au verset 10, nous avons été exhortés à éprouver ce qui est agréable au Seigneur. Ici, nous sommes incités à discerner quelle est sa volonté. Au verset suivant, nous trouvons la troisième ressource pour une vie selon sa volonté : la direction du Saint Esprit.


5.3.6.3 - Verset 18

Et ne vous enivrez pas de vin, en quoi il y a de la dissolution ; mais soyez remplis de l’Esprit,


Celui qui consomme des stupéfiants tels que l’alcool et les drogues n’est plus maître de son esprit ni de lui-même. Il est dominé par une autre puissance qui, comme il est dit ici, mène à la dissolution. Or le chrétien ne doit pas s’exposer à de telles influences, mais il doit être rempli du Saint Esprit. Si triste que soit, d’un côté, cette juxtaposition, elle est d’un autre côté pleine d’instruction. Un homme ivre fait souvent des choses que ni lui ni son entourage ne comprennent. Il ne peut plus faire ce qu’il veut, parce qu’il est sous une influence étrangère. De même le chrétien qui est rempli de l’Esprit Saint ne fait plus ce qu’il veut, mais accomplit la volonté de Dieu. Cependant être rempli de l’Esprit Saint est non pas une extase, mais la forme la plus élevée de la sobriété spirituelle.

Celui qui reçoit par la foi l’évangile du salut est scellé par Dieu du Saint Esprit (Éph. 1:13), et l’Esprit rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom. 8:16). Un signe distinctif des fils de Dieu est qu’ils sont conduits par l’Esprit (Jean 16:13 ; Rom. 8:14 ; Gal. 5:18). Mais tel n’est pas automatiquement le cas. Nous devons faire place à l’Esprit qui a choisi notre corps comme temple. Il est dit de serviteurs comme Etienne (Actes 6:3, 5 ; 7:55) et Barnabas (Actes 11:24) qu’ils étaient pleins (grec : plérés) de l’Esprit Saint (comp. Luc 4:1). Ceci semble indiquer un état durable, permanent. Dans d’autres passages, il est parlé d’être rempli de l’Esprit Saint (grec : pimplanai, remplir, devenir plein, se réaliser ; Actes 2:4 ; 4:8 ; 9:17 ; 13:9, 52). Il s’agit là de circonstances, de buts ou de services précis où le Saint Esprit trouve de la place pour agir avec puissance.

Toutefois, dans notre verset, un autre mot (grec : pléroun) est employé, qui a le sens d’occuper complètement, remplir, combler. Si nous voulons être remplis de l’Esprit, notre « vase » doit être vide et pur. Sinon, l’Esprit sera « contristé » ou « éteint » (Éph. 4:30 ; 1 Thess. 5:19). Il veut glorifier le Seigneur Jésus en nous !


5.3.6.4 - Versets 19 à 21

vous entretenant par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ; rendant toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, à Dieu le Père ; étant soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ.


Si nous sommes remplis de l’Esprit Saint et de sa puissance, de telle sorte qu’il peut agir en nous sans entrave, cela se manifestera par les caractéristiques suivantes : la louange, la reconnaissance et la soumission. Dans l’épître aux Colossiens, qui contient des exhortations semblables, la condition préalable mentionnée est que la parole du Christ habite en nous richement (Col. 3:16). Plus le Saint Esprit nous occupe des bénédictions que Dieu nous a données en Christ, plus nos cœurs seront remplis de louange et de reconnaissance.

Les psaumes, par lesquels nous devons nous encourager réciproquement et louer le Seigneur, ne sont pas ceux de l’Ancien Testament. Dans ces derniers, on ne trouve ni la jouissance du salut éternel comme fruit de l’œuvre de Christ pour la rédemption, ni la qualité d’enfants des croyants, qui peuvent maintenant appeler Dieu leur Père. De même les fréquents appels au jugement et à la vengeance sur les ennemis ne conviennent absolument pas au temps de la grâce (comp. Rom. 12:19, 20). Les psaumes mentionnés ici sont des chants qui expriment les expériences de la foi chrétienne. Les hymnes traduisent les sentiments d’enfants de Dieu qui jouissent pleinement de l’œuvre de la rédemption accomplie par Christ pour eux, et les cantiques spirituels indiquent que toutes les bénédictions que nous possédons et chantons sont de nature spirituelle. Mais pour le Seigneur, c’est le cœur duquel tout provient pour sa gloire et pour celle du Père qui compte, et non pas la mélodie audible.

Que nous ayons à être reconnaissants, tout chrétien le comprend, s’il pense aux bénédictions spirituelles et matérielles qu’il a reçues, sans les avoir méritées. Mais « toujours », et « pour toutes choses » ? Il y a, hélas ! tant de moments où le cœur n’est pas disposé à la reconnaissance. Ces temps ne sont-ils pourtant pas aussi dans la main de notre Père plein d’amour ? Nous devons ainsi être bien convaincus que tout nous vient de lui et que nous sommes entièrement dépendants de lui. Mais nous devons également reconnaître que son but en toutes ces choses est de les faire concourir à notre bien.

Si notre cœur est tourné vers lui, si notre vie est remplie d’amour pour lui qui nous a aimés le premier, nous reconnaîtrons « que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8:28). Celui qui nous a prédestinés de toute éternité à être conformes à l’image de son Fils, nous conduira certainement au but désiré. Rien ni personne ne peut faire obstacle à ce conseil divin et à son accomplissement. Notre Dieu et Père le mènera à bonne fin. Ceci nous donne la paix et nous fait rendre « toujours grâces pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ ».

Le verset 21 forme la conclusion de ce paragraphe et en même temps l’introduction du suivant. Jusqu’ici, les exhortations sont de portée générale et s’adressent à tous les croyants sans distinction. Les versets 22 du chapitre 5 à 9 du chapitre 6 présentent des exhortations particulières pour des groupes définis de personnes dans l’assemblée de Dieu : d’abord pour les épouses et leurs maris, puis pour les enfants et les pères, et enfin pour les esclaves et les maîtres. Viennent ensuite de nouveau des exhortations de portée générale et la fin de l’épître.

Dans les relations terrestres des croyants, le subordonné doit être soumis au supérieur : les jeunes aux plus âgés (1 Pierre 5:5), les femmes aux maris (Col. 3:18), les enfants aux parents (Éph. 6:1), les esclaves aux maîtres (Col. 3:22). C’est ainsi que se manifeste spirituellement la reconnaissance de l’ordre institué par Dieu. Mais celui qui estime chaque frère, chaque sœur, supérieur à lui-même, prend une position spirituelle plus élevée encore. C’est la vraie humilité chrétienne, qui ne recherche pas ce qui est à soi, mais regarde toujours à ce qui est aux autres (Phil. 2:3). Cette pensée était dans le Christ Jésus, qui s’est anéanti et s’est abaissé lui-même. Si chaque enfant de Dieu avait cette pensée en lui-même, nous serions tous soumis les uns aux autres. Ce qui nous en rend capables, c’est la crainte de Christ.


5.4 - Mari et femme, ou Christ et l’Assemblée — Ch. 5 v. 22 à 33

Dans son épître aux croyants à Éphèse, Paul revient encore une fois sur les relations entre Christ, le chef (la tête), et son corps. Dans les versets 22 à 33, ce sujet nous est présenté non pas tant d’une manière doctrinale, mais plutôt pour nous montrer l’amour de Christ pour son Assemblée et sa tendre sollicitude pour elle. En outre, la troisième « image » de l’Assemblée dans cette épître est introduite ici.

Au chapitre 1, verset 23, nous trouvons d’abord la mention du corps, figure de l’unité ; ce sujet parcourt toute l’épître comme un fil rouge. Rappelons-nous les paroles du chapitre 4, verset 4:« Il y a un seul corps… ». Puis, au chapitre 2, versets 20 à 22, il est parlé de l’Assemblée comme d’un édifice, un temple saint dans le Seigneur et comme habitation de Dieu par l’Esprit. Nous y voyons la demeure de Dieu, ainsi que l’ordre et la sainteté qui caractérisent l’Assemblée. Et finalement, au chapitre 5, versets 22 à 33, l’Assemblée est considérée comme épouse du Christ glorifié. Bien que cette expression ne soit pas utilisée expressément, la comparaison répétée entre les époux croyants d’un côté, et Christ et l’Assemblée de l’autre, met bien en évidence cette relation. Jean, lui aussi, en Apocalypse 19 et 21, voit l’Assemblée dans sa gloire céleste comme la femme, l’épouse de Christ. Le Saint Esprit utilise cette expression explicite pour montrer l’amour de notre Seigneur pour son Assemblée mais aussi la soumission de cette dernière à Celui qui est son chef (sa tête).


5.4.1 - Relations terrestres et célestes

Le paragraphe qui nous occupe maintenant renferme, implicitement, un enseignement spirituel fondamental d’une grande beauté et profondeur. Dieu ne considère pas le lien terrestre du mariage indépendamment de notre relation céleste, et nous devons nous aussi le voir dans cette lumière.

Dans le détail, nous discernons ici trois points de vue différents :

La relation terrestre dans le mariage est créée selon un modèle céleste. Avant d’établir l’union entre Adam et Eve dans le jardin d’Eden, Dieu avait conçu en Christ le conseil éternel concernant l’Assemblée (Éph. 3:10, 11). Le mariage est ainsi un type des relations qui existent entre Christ et l’Assemblée.

La relation spirituelle dans laquelle nous avons été introduits est la mesure de notre relation terrestre. Christ est le modèle absolument parfait de l’amour et de la sollicitude du mari, et l’Assemblée est le modèle de la soumission de la femme. Dans le mariage chrétien, on doit pouvoir constater le même amour et la même soumission que ceux qui caractérisent la relation entre Christ et son Assemblée.

Le mariage nous aide à mieux comprendre l’amour de Christ pour son Assemblée. Comment pourrions-nous saisir même approximativement cet amour, si nous ne connaissions pas la relation d’époux et d’épouse, de mari et de femme ? Il en est de même de notre relation d’enfants avec Dieu, le Père. De toute éternité, il est le Père de son Fils bien-aimé, mais comment aurions-nous pu nous représenter, ne serait-ce que faiblement, une telle relation sans connaître ce que sont des pères et des fils sur la terre, même si nous ne devons pas oublier quant à cette filiation éternelle ce que le Fils lui-même en dit : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Mat. 11:27).


5.4.1.1 - Verset 22

Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur ;


La parole de Dieu dit : « Dieu créa l’homme à son image ; il le créa à l’image de Dieu ; il les créa mâle et femelle » (Gen. 1:27). Les deux ensemble constituent l’homme complet. Tous deux ont la même valeur pour le créateur. Sur le commandement de Dieu, le grand homme de foi que fut Abraham dut écouter sa femme Sara (Gen. 21:12). Dans le Nouveau Testament, il est dit de la position spirituelle de l’homme et de la femme : « Il n’y a ni mâle, ni femelle ; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus » (Gal. 3:28). L’homme et la femme jouissent donc absolument de la même appréciation de la part de Dieu. Selon l’ordre divin dans la création – et aussi après l’œuvre de la rédemption accomplie par Christ – c’est cependant l’homme qui est le chef et non pas la femme : « Et l’Eternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide qui lui corresponde » (Gen. 2:18). « Mais je veux que vous sachiez que le chef de tout homme, c’est le Christ, et que le chef de la femme, c’est l’homme, et que le chef du Christ, c’est Dieu » (1 Cor. 11:3).

Dans le monde où nous vivons, d’autres principes ont cours aujourd’hui. L’égalité sociale de la femme avec l’homme est un but déclaré, particulièrement dans les pays industriels occidentaux. De plus les femmes sont encouragées à trouver leur épanouissement dans la vie professionnelle. Dans la société, le mariage et la famille sont de plus en plus relégués dans une position accessoire. Pour le chrétien cependant, les principes établis dans la parole de Dieu conservent toute leur valeur. Et la pratique montre que leur respect est une source de bénédiction, tandis que leur abandon engendre la souffrance et la détresse.

La relation entre époux chrétiens ne correspond cependant pas toujours dans la pratique aux principes rappelés ici. Une sœur a peut-être un mari peu commode. Si elle apporte cette difficulté au Seigneur dans la prière, elle recevra la force qui lui rendra la soumission plus facile. Dès qu’elle a devant elle le Seigneur, au lieu des sautes d’humeur et de l’injustice de son mari, son chemin s’éclaire. Cela n’est cependant pas valable s’il exige une chose contraire à la parole de Dieu. Les mots « comme au Seigneur » sont donc aussi bien un encouragement qu’une restriction.

Remarquons encore qu’il est dit ici quant à l’attitude des femmes : « soumises », et non pas : « obéissantes » comme pour les enfants (voir 6:1). L’obéissance implique l’exécution des ordres, tandis que la soumission, ou la dépendance (comme on peut aussi traduire le mot grec hupotagé) est une disposition de cœur.


5.4.1.2 - Versets 23 et 24

parce que le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef de l’assemblée, lui, le sauveur du corps. Mais comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs maris en toutes choses.


Le motif de la soumission de la femme à l’homme nous est maintenant donné : De même que le Christ glorifié est le chef de l’Assemblée, ainsi l’homme est le chef de la femme (comp. 1 Cor. 11:3). Cette position n’a pas été donnée à l’homme dans le but qu’il domine la femme, ou la malmène. La domination d’Adam sur Eve mentionnée en Genèse 3:16 ne correspondait pas à la volonté de Dieu, elle était une conséquence de la chute (comp. Gen. 4:7). Selon la pensée et la volonté de Dieu, l’époux possède l’autorité dans le couple et la famille, mais son premier devoir est, comme chef, de veiller avec sollicitude au bien-être de sa femme et de lui être un soutien.


5.4.2 - Chef et Sauveur

Dans le Nouveau Testament, le Seigneur Jésus est présenté comme chef à plusieurs égards. Il s’agit là non pas de la position du Dieu souverain, telle que l’avait déjà exprimée David : « À toi, Eternel, est le royaume et l’élévation, comme Chef sur toutes choses » (1 Chron. 29:11), mais de la position actuelle de Christ comme homme glorifié dans le ciel. Il est devenu chef sur toutes choses (Éph. 1:22 ; comp. Col. 2:10). Cette place, il l’a reçue de Dieu, lui le second homme, le dernier Adam, en vertu de son œuvre à la croix, comme l’expression du plus grand honneur, parce qu’il s’est acquis, par son profond abaissement et sa parfaite obéissance, tous les droits que le premier Adam avait perdus par la désobéissance (comp. Rom. 5:12 et suivants ; 1 Cor. 15:45-49 ; Héb. 2:6 et suivants). Comme chef sur toutes choses, il possède toute autorité, mais en même temps il prend soin de tout ce qui lui est confié. De plus, il est notre Seigneur, dont la grandeur devra un jour être reconnue de tous les hommes, quand tout genou se ploiera devant lui et que toute langue confessera « que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2:10, 11).

Comme chef et comme Seigneur, il est assis maintenant à la droite de Dieu dans la gloire (Actes 2:34-36 ; Éph. 1:20-22). Son autorité comme chef est très étroitement liée à celle de Seigneur, et cependant elle en est distincte. Il est chef sur toutes choses, le chef de tout homme et le chef de l’Assemblée, mais il est le Seigneur de tout croyant et un jour, tous les humains le reconnaîtront comme tel.

Dans le règne millénaire, d’une manière merveilleuse, Dieu réunira en un, sous un seul chef, toutes choses, les choses qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre (Éph. 1:10). Notre bien-aimé Seigneur sera alors le chef glorifié de la création entière ; il régnera en justice et paix sur une création purifiée, et nous avec lui.

Sous un autre aspect, le Seigneur Jésus est le chef de tout homme dans le monde (1 Cor. 11:3). Selon l’ordre de la création, l’homme est le chef de la femme, car il est « l’image et la gloire de Dieu » (1 Cor. 11:3, 7 ; Éph. 5:23). Ce fait demeure, malgré la chute. Par Christ, le second homme et le dernier Adam, qui est l’image parfaite de Dieu et qui l’a glorifié là où le premier homme l’a déshonoré, une autorité a toutefois été introduite. Comme homme glorifié, Christ est maintenant le chef de l’homme, et, dans cette « hiérarchie », Dieu est le chef de Christ.

Christ est aussi le chef (la tête) de l’Assemblée. Cette pensée exprime la relation de loin la plus précieuse de toutes celles dans lesquelles il est le chef. Seule l’Assemblée est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, et elle seule est appelée sa femme, son épouse, qu’il a aimée et pour laquelle il s’est livré. Nous ne pouvons pas imaginer une relation plus intime que celle qui est évoquée par ces deux « figures ». Rien n’est plus inséparablement uni que la tête et le corps, et rien ne pourrait mieux exprimer le vrai amour que la relation entre mari et femme dans le mariage.

Afin que nous puissions comprendre ces merveilleuses relations spirituelles, Dieu, dans sa sagesse et sa bonté, nous en a donné des types dans la création. Comme chef, le Seigneur Jésus, spirituellement parlant, n’est pas seulement pour l’Assemblée ce que la tête est pour notre corps humain (Col. 1:18), mais il est aussi ce que le mari est de par sa position, et doit être en pratique, pour sa femme. L’Assemblée lui est inséparablement unie pour l’éternité. Nous apprenons que le Seigneur Jésus aime son Assemblée en perfection et prend soin d’elle. Il est son unique conducteur et sa seule autorité. Elle n’a besoin d’aucune autre direction que celle de son chef (sa tête), par le Saint Esprit et par sa Parole. Tenir ferme le chef (la tête) en pratique est sa protection et sa sécurité (comp. Col. 2:19).

Si nous considérons l’histoire de l’église chrétienne au travers des siècles, nous devons constater qu’elle s’est profondément éloignée de cela en pratique. Mais Celui qui donne à tous libéralement et ne fait pas de reproches, demeure immuablement le Même ! Si, dans une grande partie de la chrétienté, organisation, direction humaine et indépendance à l’égard de la tête du corps sont à l’ordre du jour, les vrais croyants peuvent encore faire, dans la soumission au Seigneur et à sa Parole, l’expérience de ce que, comme chef (tête) du corps, de l’Assemblée, il accomplit dans son amour et sa sollicitude infinis pour elle.

Notre Seigneur n’est cependant pas seulement le chef (la tête) de son assemblée, il est aussi le sauveur du corps. Ce qu’il faut comprendre par là résulte du fait qu’il s’agit, dans ce passage, non pas de l’activité du chef et sauveur en relation avec les circonstances terrestres des croyants individuellement et au « corps de leur abaissement », mais de ce qu’il fait en faveur de l’Assemblée comme un tout, si précieuse à ses yeux. Le croyant individuellement a besoin d’un Sauveur pour son âme et pour son corps (comp. Phil. 3:20, 21). Mais pour l’Assemblée, Christ est le « conservateur », Celui qui l’entoure de soins permanents et pleins d’amour (comp. pour le sens des mots « sauveur » et « conservateur » 1 Tim. 4:10). Dans son amour, il s’est livré entièrement pour elle, il la sanctifie et la purifie maintenant par le lavage d’eau par la Parole (v. 26), afin de la rendre toujours plus conforme à lui-même, et il se la présentera un jour sainte et irréprochable, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, dans la gloire. En même temps, il la nourrit et la chérit (v. 29), afin qu’elle puisse croître et prospérer spirituellement. Dans sa sollicitude pour elle, il veille à ce que rien ne manque.

La mesure divine donnée ici pour l’attitude de la femme vis-à-vis de son mari est la relation de l’Assemblée avec Christ. L’Assemblée est soumise à Christ parce qu’elle dépend de lui. Le même motif doit animer l’épouse dans son attitude envers son époux. La femme est, selon la parole de Dieu, « le vase plus faible » (1 Pierre 3:7). Malheureusement, il en va parfois tout autrement, tant dans l’Assemblée que dans le couple. Cependant, l’Assemblée ne peut honorer son chef et Sauveur que si elle est soumise à lui-même et à sa Parole en toutes choses ; et il en est de même pour l’épouse dans le couple.


5.4.2.1 - Versets 25 à 27

Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ; afin que lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable.

En accord avec le verset 24, l’amour du Christ pour son Assemblée est la mesure divine de l’amour des maris pour leur femme. La mention de l’amour de Christ amène cependant l’apôtre à le présenter en quelques mots dans toute sa grandeur, et ceci sous trois aspects différents :

Dans son amour pour l’assemblée, il s’est livré lui-même pour elle. Dans la parabole où l’assemblée est mentionnée pour la première fois dans le Nouveau Testament – même s’il s’agit seulement d’une figure, celle de la perle – le marchand vend tout ce qu’il a pour acquérir « une perle de très grand prix » (Mat. 13:45), mais le Seigneur Jésus a donné à la croix sa précieuse vie, plus encore, il s’est livré lui-même dans toute sa grâce et tout son amour pour l’Assemblée. Il ne pouvait pas donner plus ! – Voilà ce qui a eu lieu dans le passé.

Mais l’amour de Christ pour son Assemblée n’est pas achevé ou épuisé par là. Dans son amour, il continue d’être actif pour elle, en ce qu’il la sanctifie, « en la purifiant par le lavage d’eau par la parole ». Après s’être livré pour son Assemblée sur la croix, il l’entoure de ses soins durant tout le temps où elle est sur la terre avec une patience et une sollicitude inépuisables, pour la rendre toujours plus conforme à lui-même, pour la sanctifier, c’est-à-dire la séparer de tout ce qui la souille, et pour la purifier. Cette purification a lieu par le lavage d’eau par la Parole, non par le sang de Christ. Dieu a bien acquis l’Assemblée par le sang de son propre Fils (Actes 20:28), mais comme telle, elle n’avait pas besoin d’être, comme tout homme, purifiée du péché et réconciliée avec Dieu. C’est pourquoi il ne peut être ici question du « bain » de la purification qui a lieu lors de la conversion du croyant individuel (Jean 13:10 ; Tite 3:5), et encore moins du baptême. La purification de l’Assemblée décrite ici s’effectue par la parole (en grec, rhéma, « déclaration ») de Dieu qui lui est adressée, dans laquelle les choses célestes qui concernent la gloire de Christ lui sont communiquées. De cette manière, les cœurs des croyants sont détachés des choses terrestres et mondaines qui pourraient les occuper. En même temps, l’influence purificatrice de la parole de Dieu a pour résultat de mettre à la lumière et de juger tout ce qui est en contradiction avec sa nature. C’est ainsi que l’Assemblée, vue comme un tout, est amenée moralement dans une conformité de plus en plus grande avec Christ, son chef (sa tête). Tout ceci s’opère dans le temps présent.

Finalement, Christ se présentera l’assemblée, glorieuse, « sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable ». Ceci aura lieu lorsqu’il la prendra à lui dans la gloire du ciel. L’état pratique de l’assemblée sur la terre est hélas bien éloigné de ce but. À vue humaine, les soins du Seigneur pour sa sanctification et sa purification semblent dans le temps présent porter peu de fruits. Nous devrions en être profondément humiliés. Mais à la fin, lors de sa venue, il achèvera par sa puissance ce que son amour et sa sollicitude n’ont pas pu accomplir à cause de l’opposition de la chair ! Il « transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l’opération de ce pouvoir qu’il a de s’assujettir même toutes choses » (Phil. 3:21). Non seulement il nous présentera au Père en disant : « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés » (Héb. 2:13), mais il se présentera l’Assemblée à lui-même, glorieuse. Après l’enlèvement, nous paraîtrons devant son tribunal, et ensuite, pour sa joie et sa gloire, il verra son Assemblée parfaite devant lui pendant l’éternité. Aux noces de l’Agneau, qui auront lieu peu avant son apparition en gloire, elle sera revêtue « de fin lin, éclatant et pur » et, dans l’état éternel, elle paraîtra « comme une épouse ornée pour son mari » (Apoc. 19:8 ; 21:2).

Tout ceci provient de son amour parfait pour son Assemblée. Par amour, Christ s’est acquis l’Assemblée à la croix de Golgotha ; par amour, il la sanctifie et la purifie dans le temps présent, et par amour, il se la présentera un jour, glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable.

Nous avons ici déjà une allusion évidente au premier couple. En Genèse 2:22, c’est Dieu qui a présenté à Adam sa femme dans toute sa perfection. Cependant le Seigneur Jésus, qui est à la fois Dieu et « le dernier Adam », se présentera son épouse à lui-même, glorieuse.


5.4.2.2 - Verset 28

De même aussi, les maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps ; celui qui aime sa propre femme s’aime lui-même.


La relation de l’homme et de la femme dans le mariage est placée ici dans une toute nouvelle lumière, que les croyants du temps de l’Ancien Testament ne connaissaient pas encore ; de ce fait, ils s’en trouvaient aussi dans leur façon d’agir souvent bien éloignés[8]. Le modèle qui nous est donné dans ce passage pour les relations pratiques entre époux est le plus élevé que l’on puisse imaginer.

Cependant Paul ne laisse pas non plus de côté l’aspect qui est selon la nature. Il évoque de nouveau le premier couple, dans lequel Eve fut créée à partir du corps d’Adam. En aimant Eve, Adam aimait quelque chose qui était à l’origine une partie de lui-même. Dans l’union instituée par Dieu, mari et femme redeviennent cependant « une seule chair ». Le mariage est donc considéré dans la parole de Dieu comme une unité indissoluble, qui dure jusqu’à la mort (comp. Rom. 7:2). Pour cette raison aussi – non pas seulement parce que Christ aime l’Assemblée – les maris sont exhortés à aimer leurs propres femmes comme eux-mêmes.

La pensée parfois exprimée en rapport avec ce verset que, dans le mariage, l’amour de soi-même est la condition de l’amour envers le conjoint, est une déformation abusive de ce qui est dit ici. Elle a sa source dans les idées modernes quant à l’épanouissement de la personnalité et l’affirmation de soi-même, qui ne sont rien d’autre qu’une manière de cultiver l’égoïsme humain.

L’amour de son propre corps n’est pas considéré ici comme un but en soi à rechercher ou à atteindre, mais n’est rien d’autre que l’instinct naturel de conservation de l’être humain. Il n’est pas dit ici que les maris doivent aimer leurs propres corps ou s’aimer eux-mêmes, mais constaté qu’ils le font naturellement. De même qu’un être humain normalement sain ne laisse pas son corps dépérir ou mourir, mais le fait naturellement profiter de tout ce qui lui est nécessaire, ainsi les maris doivent aussi manifester la même sollicitude et le même amour pour leurs femmes que pour leurs propres corps.


5.4.2.3 - Verset 29

Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l’assemblée :


Ce que nous venons de dire est confirmé par le début de ce verset. Aucun être humain normal ne hait son propre corps, mais il lui fournit tout ce qui lui est nécessaire. C’est exactement ce que fait le Seigneur Jésus, qui est placé ici de nouveau devant nous. Il est présenté comme Celui qui a parfaitement accompli, et accomplit encore, ce que les maris doivent être exhortés sérieusement à réaliser dans le mariage : Il a aimé l’Assemblée et s’est livré pour elle au début ; il se la présentera glorieuse à la fin, et il la nourrit et la chérit durant tout le temps de son pèlerinage sur la terre. Sa faiblesse, ses besoins et ses peines ne sont pour lui que des occasions de lui manifester sa fidèle sollicitude.

Comme le corps humain, l’Assemblée aussi a besoin de nourriture et de soins spirituels : Christ la nourrit et la chérit. De même qu’Eve était à l’origine une partie d’Adam et redevint une avec lui en lui étant unie, ainsi l’Assemblée est déjà une avec Christ dans la gloire.


5.4.2.4 - Verset 30

car nous sommes membres de son corps, – de sa chair et de ses os.


Lorsque Adam vit Eve, il déclara : « Cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair » (Gen. 2:23). De par son origine, elle était une partie du corps d’Adam, et donc littéralement « de sa chair et de ses os »[9]. Ces paroles nous rappellent aussi le roi David, un type de Christ également bien connu (2 Sam. 5:1 ; comp. 2 Sam. 19:12). Dans leur application pour nous qui croyons au Seigneur Jésus, ces mots – « de sa chair et de ses os » – rendent plus claire l’allusion concernant l’identité de vie que nous avons reçue par la nouvelle naissance. Le Christ ressuscité lui-même est bien notre vie (Col. 3:4). C’est là un fait propre à susciter l’adoration !

En faisant précéder cette citation des mots : « car nous sommes membres de son corps », Paul revient à un thème important de l’épître aux Éphésiens, celui de notre appartenance à l’Assemblée comme corps de Christ. Après que le Seigneur Jésus en eut posé le fondement par son œuvre expiatoire à la croix, il a, comme chef (tête) glorifié, envoyé du ciel le Saint Esprit par lequel, le jour de la Pentecôte, tous les rachetés ont été baptisés en un seul corps. Par les mots, « membres de son corps », il nous rappelle cette merveilleuse unité dans laquelle le Saint Esprit nous a introduits avec Christ, « la tête ». Deux fois seulement dans cette épître, les rachetés sont désignés comme « membres » : au chapitre 4, verset 25, comme « membres les uns des autres », et ici, « membres de son corps ».

Dans les paroles : « membres de son corps, – de sa chair et de ses os », nous trouvons donc l’expression de ces deux vérités : que Christ possède maintenant sur la terre un corps avec beaucoup de membres, auquel nous appartenons, et que nous sommes pour ainsi dire issus de lui comme Eve est issue d’Adam. Aucun autre serviteur de Dieu n’a connu et discerné cela comme Paul. Déjà les premières paroles que le Seigneur lui adressa du ciel sur le chemin de Damas : « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? » – paroles dont il ne pouvait alors pas comprendre toute la portée – montraient clairement que ceux qu’il avait jusqu’alors persécutés et mis à mort, étaient « membres de son corps, – de sa chair et de ses os ».


5.4.2.5 - Verset 31

« C’est pour cela que l’homme laissera son père et sa mère et sera joint à sa femme ; et les deux seront une seule chair ».


Dans un autre contexte, Adam est déjà appelé en Romains 5:14, « la figure de celui qui devait venir », et en 1 Corinthiens 15:45 à 49, il est placé en contraste avec le Seigneur Jésus, l’homme venu du ciel. Les deux premiers chapitres de la Bible, qui rapportent la création d’Adam et d’Eve, ne présentent donc pas seulement le récit authentique de l’origine de l’homme, mais – comme le montre ce verset qui cite Genèse 2:24 – est aussi le premier type de Christ et de son Assemblée, donné même avant la chute originelle.

Quel prix et quelle importance doit avoir pour Dieu son conseil éternel, pris dès avant la fondation du monde, quant à Christ et son Assemblée, pour qu’il en ait donné à l’humanité une image tout de suite dans la création (avant même la chute) ! Aucun des autres types de l’Ancien Testament n’atteint la perfection et la beauté initiales du premier, que nous pensions à Isaac et Rebecca, à Jacob et Léa, à Joseph et Asnath, à Moïse et Séphora, à David et Abigaïl, ou à Assuérus et Vasthi. Ils ne présentent souvent qu’un seul trait de similitude avec l’Assemblée. Le type d’Adam et Eve nous montre en revanche les principes divins.

Après avoir créé Adam, Dieu déclara : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je lui ferai une aide qui lui corresponde » (Gen. 2:18). Puis il fit tomber un profond sommeil sur Adam et forma d’une de ses côtes la femme qu’il lui présenta à son réveil. De la même manière aujourd’hui, après la mort du Seigneur Jésus sur la croix et son retour dans la gloire à la suite de sa résurrection, et maintenant qu’il est « caché » en Dieu (comp. Col. 3:2), Dieu forme son Assemblée. Quand elle sera complète, Christ, qui est à la fois Dieu et le dernier Adam, la prendra auprès de lui dans la gloire du ciel et se la présentera à lui-même glorieuse (comp. Éph. 5:27).

Ces paroles sont suivies par l’importante déclaration que le Seigneur avait déjà rappelée aux pharisiens lorsqu’ils le questionnaient sur le divorce (Mat. 19:5). La femme est considérée ici comme personnalité autonome, avec qui cependant, dans le lien du mariage, une nouvelle unité, « une seule chair », est formée, et même « un corps », ainsi que Paul l’exprime comme avertissement dans un autre contexte (1 Cor. 6:16).


5.4.2.6 - Verset 32

Ce mystère est grand ; mais moi je parle relativement à Christ et à l’assemblée.


Déjà, le modeste mais sage Agur avait dit : « Trois choses sont trop merveilleuses pour moi, et il en est quatre que je ne puis connaître : le chemin de l’aigle dans les cieux, le chemin du serpent sur le rocher, le chemin d’un navire au cœur de la mer, et le chemin de l’homme vers la jeune fille » (Prov. 30:18, 19). La formation de la première femme tirée du premier homme, la relation de celui-ci avec elle, et la nouvelle unité ainsi constituée révèlent des pensées divines et admirables. Mais l’application à la relation entre Christ et son assemblée est un mystère insurpassable en grandeur et en gloire.


5.4.3 - Un mystère

Le mystère, mentionné et décrit dans le Nouveau Testament principalement dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, comporte le fait que le Seigneur Jésus, depuis qu’il est assis comme homme glorifié à la droite de Dieu, est uni à l’Assemblée, qui est son corps, et non plus à Israël comme son peuple. Et par conséquent, dans la plénitude des temps, lorsqu’en lui toutes choses seront réunies sous un seul chef, elle régnera avec lui (Éph. 1:10 ; 3:3, 4, 9 ; Col. 1:27).

Ce mystère était inconnu auparavant, c’est-à-dire dans les temps décrits dans l’Ancien Testament. Il ne fut révélé qu’aux apôtres et prophètes du Nouveau Testament et confié à l’apôtre Paul pour qu’il l’administre ou l’annonce (Éph. 3:3-9 ; comp. Rom. 16:25 et suiv.).

Dans ce verset, ce mystère n’est cependant pas considéré dans son ensemble. Il ne nous en est présenté ici qu’une particularité ou un détail, celui de l’unité merveilleuse et mystérieuse que l’Assemblée forme avec Christ. Elle est tout à la fois son corps, de sa chair et de ses os, et aussi son épouse, unie indissolublement à lui, et l’objet de son amour divin. Il s’est livré une fois par amour pour elle, et par amour il prend inlassablement soin d’elle et s’occupe d’elle durant sa présence sur la terre, afin de pouvoir se la présenter un jour glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable pour l’éternité.


5.4.3.1 - Verset 33

Toutefois, que chacun de vous aussi en particulier aime sa propre femme comme lui-même ; et quant à la femme, qu’elle craigne son mari.


Le paragraphe se termine, comme il a commencé, par l’exhortation aux maris et aux femmes de remplir la place, la relation qui leur a été donnée par Dieu dans le mariage. Les uns comme les autres y sont engagés chacun trois fois (les femmes, dans les versets 22, 24 et 33 ; les maris, dans les versets 25, 28, 33). Combien cela met en évidence, d’une part l’importance du comportement juste dans le mariage, et d’autre part le danger manifeste d’y manquer !

Si nous gardons devant les yeux ce passage et le modèle céleste qui y est proposé, il ne peut y avoir de raison pour un mari croyant de ne pas aimer sa femme comme lui-même (comp. v. 28), mais non plus aucun motif pour une femme croyante de ne pas être soumise à son mari et de ne pas le craindre. Cette crainte ne doit pas être confondue avec la peur ; il s’agit du respect conforme aux enseignements des Saintes Écritures de la femme croyante pour son époux. Que le Seigneur Jésus nous aide à prendre à cœur cette exhortation sainte mais aussi pleine de grâce !

De nombreux lecteurs se sont peut-être demandé à la lecture de ce paragraphe : Comment comprendre que l’apôtre parle ici alternativement de la relation de Christ avec son Assemblée comme épouse, puis de nouveau comme corps ? Dans les versets 23 et 28 à 32, les deux types semblent même se confondre. Comme nous l’avons vu, les allusions faites dans ce paragraphe au récit de la création donnent la réponse. Au verset 23, le Seigneur Jésus est le chef de l’Assemblée et le sauveur du corps ; dans les versets 25 à 27, son amour, son dévouement et sa sollicitude pour l’Assemblée sont présentés comme modèle de l’amour des maris pour leur femme. Puis au verset 29, les soins de l’homme pour son propre corps sont comparés avec la sollicitude de Christ pour l’Assemblée, ce qui est souligné au verset 30 par les mots : « Car nous sommes membres de son corps, – de sa chair et de ses os ». La citation de Genèse 2:24 conclut : « C’est pour cela que l’homme laissera son père et sa mère et sera joint à sa femme ; et les deux seront une seule chair. » De même qu’Eve est procédée d’Adam, pour former ensuite de nouveau une unité avec lui, ainsi l’Assemblée aussi est à la fois le corps et l’épouse, la femme de Christ.


5.5 - Famille et société — Ch. 6 v. 1 à 9

Au début du chapitre 6, Paul termine ses exhortations quant à la marche des croyants par des indications importantes pour la vie au sein de la famille et dans la société.


5.5.1 - Enfants et parents

C’est une chose très encourageante pour les parents chrétiens que Paul inclue les enfants dans ses enseignements et exhortations sans soulever la question de leur conversion. Le Seigneur Jésus n’a-t-il pas dit : « Laissez venir à moi les petits enfants ; ne les en empêchez pas ; car à de tels est le royaume de Dieu » (Marc 10:14) ? Nous lisons de plus dans bien des passages que Dieu ne voit pas seulement l’homme individuellement, mais considère « sa maison ». C’est ainsi que Josué déjà déclara : « Mais moi et ma maison, nous servirons l’Eternel » (Josué 24:15). Paul et Silas dirent au geôlier à Philippes : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison ! » (Actes 16:31). Il est évident qu’aucun enfant ne peut être sauvé par la foi de ses parents ; tout homme doit se convertir personnellement au Seigneur Jésus. Mais c’est un grand encouragement pour les parents de voir que leurs enfants sont considérés par Dieu, au moins extérieurement, comme appartenant au cercle « saint » de la famille chrétienne, non pas au monde, dont Satan est le chef et le dieu (comp. 1 Cor. 7:14). La parole de Dieu nous enseigne en maints passages que ce qui est saint est normalement souillé par ce qui est impur ; mais dans ce cas d’exception, c’est l’inverse : le mariage chrétien exerce, en vertu de la grâce de Dieu, une influence sanctifiante sur les enfants.


5.5.1.1 - Verset 1

Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste.


Pour les enfants de parents croyants, il y a par conséquent aussi, dès le commencement, une responsabilité – naturellement en accord avec le développement de leur capacité de comprendre. L’obéissance est, selon la parole de Dieu, l’essentiel pour eux. L’amour naturel entre enfants et parents est quelque chose de merveilleux et son absence est, comme la désobéissance envers les parents, un signe des derniers jours (2 Tim. 3:2 et suiv.). Cependant les enfants ne sont pas exhortés à aimer leurs parents, mais il leur est demandé de leur obéir « dans le Seigneur ». Ici encore, le Seigneur Jésus est le parfait modèle. Comme enfant, il était « soumis » à ses parents, mais quand il s’agissait des affaires de son Père, il resta seul à Jérusalem, sans demander leur accord (Luc 2:41-52). Ces mots « dans le Seigneur » doivent donc être compris aussi bien comme un encouragement que comme une restriction (comp. chap. 5:22).


5.5.1.2 - Versets 2 et 3

« Honore ton père et ta mère », (c’est le premier commandement avec promesse,) « afin que tu prospères et que tu vives longtemps sur la terre ».


Dieu a donné déjà du temps de son peuple terrestre Israël une importance très grande à l’obéissance des enfants envers leurs parents ; ainsi le devoir : « Honore ton père et ta mère, afin que tes jours soient prolongés sur la terre que l’Eternel, ton Dieu, te donne » figure comme cinquième commandement dans la loi du Sinaï (Ex. 20:12 ; comp. Deut. 5:16). Combien plus alors les enfants devraient maintenant rendre à leurs parents croyants l’estime et l’honneur qui leur reviennent ! Honorer son père et sa mère signifie plus que de leur obéir. Cette dernière attitude convient aux enfants durant le temps de leur éducation dans la maison paternelle, la première se prolonge même au-delà du décès de leurs parents.

La parenthèse (« c’est le premier commandement avec promesse ») indique l’importance de ce commandement, dont le respect revêt une signification particulière pour les enfants. Le deuxième commandement contient certes déjà une promesse (« qui use de bonté envers des milliers de ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements », Ex. 20:6), mais celui-ci est le premier pour les enfants.

La promesse d’une longue vie faite dans la loi du Sinaï ne concernait pas la terre en général, mais se référait au pays de Canaan, dans lequel l’Eternel, le Dieu d’Israël, avait introduit son peuple après la sortie d’Égypte. Un des résultats de l’obéissance à ses commandements était la jouissance la plus pleine et longue possible des richesses et de la bénédiction que Dieu leur donnait dans ce pays (comp. Deut. 28:1-14). Si Paul cite ce commandement justement dans cette épître, c’est bien en raison de la portée spirituelle du pays de Canaan, dont les lieux célestes mentionnés seulement dans les Éphésiens sont l’équivalent dans le Nouveau Testament. C’est là que se trouvent toutes nos bénédictions spirituelles, là que nous sommes déjà introduits en Christ, et là aussi que sont les puissances spirituelles de méchanceté que nous avons à combattre (Éph. 1:3 ; 2:6 ; 6:12). De même que l’Israélite obéissant pouvait prolonger ses jours dans le pays que l’Eternel lui avait donné, le chrétien qui honore ses parents peut déjà durant sa vie sur la terre jouir richement et d’une manière particulière des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Dans le temps actuel de la grâce aussi, la jouissance de nos bénédictions dépend donc de notre obéissance.


5.5.1.3 - Verset 4

Et vous, pères, ne provoquez pas vos enfants, mais élevez-les dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur.


Les pères ne doivent pas repousser leurs enfants par leur sévérité, mais aller à leur rencontre avec un amour sincère et, de cette manière, gagner sur les jeunes cœurs une influence qui constitue une protection solide contre le mal dans le monde. Combien facilement les pères peuvent abuser de leur autorité et de leur supériorité et traiter injustement leurs enfants, ou bien les provoquer par une humeur capricieuse ! L’apôtre les met premièrement en garde contre un tel danger.

Ils sont ensuite exhortés à élever[10] leurs enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur, conformément à la position dans laquelle Dieu les a placés. Quoique ces tâches soient de plus en plus éloignées de l’opinion dominante et même de la législation, le Seigneur ne refusera pas sa bénédiction. Si toutefois les parents croyants laissent grandir leurs enfants sans discipline, sous le prétexte qu’ils sont impuissants et qu’il ne leur appartient pourtant pas de convertir leurs enfants, ils ne répondent pas à leur responsabilité d’éducateur. Il est évident que tout enfant doit lui-même choisir s’il veut donner suite à l’appel plein d’amour du Sauveur ou non, mais quel père, quel couple, voudrait être un obstacle à ses enfants par une éducation défectueuse ?


5.5.2 - Serviteurs et maîtres

La volonté propre de l’homme qui s’oppose à Dieu est l’une des causes du mal dans le monde. Au lieu de se soumettre à Dieu, l’humanité s’est détournée de lui. La soumission et l’obéissance sont par conséquent des principes de guérison, mais uniquement dans la mesure où Dieu en est le centre. Un père ou un chef peut avoir à donner des ordres, mais malheur à lui s’il n’agit pas lui-même dans l’obéissance envers son Dieu et Père ! Notre Seigneur demeure toujours le modèle lumineux, lui qui a dit : « Voici, je viens… pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Héb. 10:7). Si, comme enfants de Dieu, nous sommes « soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ » (Éph. 5:21), nous manifesterons les caractères du vrai christianisme, et l’ordre spirituel dans l’assemblée en sera la conséquence.


5.5.2.1 - Versets 5 à 8

Esclaves, obéissez à vos maîtres selon la chair avec crainte et tremblement, en simplicité de cœur, comme à Christ, ne servant pas sous leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes, mais comme esclaves de Christ, faisant de cœur la volonté de Dieu, servant joyeusement, comme asservis au Seigneur et non pas aux hommes, sachant que chacun, soit esclave, soit homme libre, quelque bien qu’il fasse, le recevra du Seigneur.

L’esclavage était largement répandu dans l’Antiquité. L’esclave (en grec : doulos) figurait au dernier rang de l’échelle sociale. Selon le droit romain, les esclaves étaient considérés non pas comme des êtres humains, mais comme des objets, et appartenaient sans restriction à leurs maîtres, bien qu’il y ait eu dans la pratique des cas où des esclaves instruits occupaient une position très privilégiée dans la famille de leur maître. De toute façon, l’esclavage est une conséquence du péché et se trouve en opposition flagrante avec les pensées de Dieu, qui a formé l’homme à son image et selon sa ressemblance (Gen. 1:26). Le fait qu’un homme s’érige en propriétaire d’un de ses semblables n’est en aucun cas selon la volonté de Dieu.

Il est manifeste que dans les premiers temps du christianisme, beaucoup d’esclaves sont venus à la foi au Seigneur Jésus. Preuve en est les divers passages des épîtres du Nouveau Testament qui mentionnent les esclaves croyants ou leur sont adressés (1 Cor. 7:21-24 ; 12:13 ; Gal. 3:28 ; Col. 3:11, 22-25 ; 1 Tim. 6:1, 2 ; Tite 2:9, 10 ; Philém. 16). Ils ne sont cependant jamais encouragés à se rebeller contre leur sort, ou à s’affranchir par la force du joug qui pèse sur eux[11]. Le Seigneur n’a pas appelé les siens à modifier l’état de choses dans le monde, mais leur mission est de reluire « au milieu d’une génération tortue et perverse… comme des luminaires dans le monde », et de présenter « la parole de vie » (Phil. 2:15).

Par l’application de ce principe à leur situation souvent pitoyable, les esclaves sont placés à un très haut niveau. Ils doivent certes obéir en toute soumission à leurs maîtres terrestres, tout en étant conscients qu’ils le font pour Christ, leur Maître suprême ! Dans toutes leurs occupations, leur regard peut être fixé sur lui, non pas sur les hommes. Leur obéissance doit être vraie (« en simplicité de cœur ») ; ils ont à travailler avec zèle non seulement quand ils sont observés, afin d’impressionner les autres (« ne servant pas sous leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes »), mais pour Christ lui-même. Ainsi tout travail pénible revêt un caractère complètement différent. La volonté de Dieu est mise en avant, non pas celle du « chef » humain ! Le Seigneur promet une récompense dont la mesure est fixée par lui-même, selon la fidélité manifestée et sans acception de personnes. Quand les croyants paraîtront devant le tribunal de Christ, il n’y aura pas de châtiment, car lui l’a porté une fois pour toutes à la croix. Seul le bien que les siens auront accompli dans leur vie de foi sera récompensé (comp. 1 Cor. 4:5).

Bien que les conditions dans le monde du travail soient aujourd’hui totalement différentes, les principes rappelés ici demeurent pour l’instruction et l’encouragement de tous ceux qui sont employés au service des autres. Nous avons un Maître plein de grâce et de bonté, pour lequel nous pouvons et devons accomplir notre tâche journalière.


5.5.2.2 - Verset 9

Et vous, maîtres, faites-en de même envers eux, renonçant aux menaces, sachant que et leur maître et le vôtre est dans les cieux, et qu’il n’y a pas d’acception de personnes auprès de lui.


Les maîtres, ou propriétaires, des esclaves sont également exhortés à être conscients qu’ils ont eux-mêmes un maître dans le ciel auquel ils doivent rendre compte de leurs actes. Devant lui, il n’y a aucune différence entre « maîtres » et « esclaves », ils sont égaux. Celui qui s’en souvient traitera son serviteur de la même manière qu’il souhaiterait l’être par son maître qui est dans les cieux. La parole de Dieu est parfaite et quand nous l’appliquons aux circonstances de la vie journalière, tout est simple et clair. Si maître et serviteur – patron et employé – remplissent leur place comme la parole de Dieu le leur dit, la plupart des problèmes et des conflits seront évités. Puisse le Seigneur donner à tous ceux que cela concerne la grâce de le réaliser. Quelle beauté brille là où les principes célestes dirigent et caractérisent la vie terrestre des croyants !


5.6 - Le combat spirituel — Ch. 6 v. 10 à 20

Aucune autre épître du Nouveau Testament ne développe d’une manière aussi magnifique et claire que celle aux Éphésiens la position céleste, les bénédictions célestes des croyants et de l’assemblée considérée comme un tout. Nous avons vu que non seulement Christ a sa place dans les lieux célestes (1:20), mais aussi tout croyant (2:6) ; toutes nos bénédictions se trouvent là (1:3) et l’Assemblée rend un témoignage à cet égard (3:10). Mais il y a là aussi des ennemis : les principautés, les autorités, les dominateurs de ces ténèbres, la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes. Plus la position que nous prenons est élevée, plus l’ennemi qui s’oppose à nous se montre rusé, et plus le combat contre lui est difficile.


5.6.1.1 - Verset 10

Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur et dans la puissance de sa force ;


Satan ne peut évidemment pas nous dérober les bénédictions spirituelles, mais il peut nous empêcher d’en jouir et de trouver de la joie en elles. Nous n’avons pas non plus à combattre pour entrer en possession des bénédictions, car elles nous ont été acquises par l’œuvre de la rédemption. À la différence du peuple d’Israël dans le pays de Canaan, nous ne sommes donc pas appelés à combattre, mais sommes exhortés à nous fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force. Aussi les armes mentionnées dans la suite sont-elles pour la plupart des moyens de protection et non pas des armes offensives.

Notre Dieu et Père sait que nous n’avons en nous-mêmes aucune résistance. C’est pourquoi notre ressource consiste à nous fortifier dans le Seigneur et dans la puissance de sa force. Nous pouvons nous sentir souvent faibles et incapables, mais l’apôtre nous rappelle, par ces paroles, d’une part « l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l’opération de la puissance de sa force, qu’il a opérée dans le Christ, en le ressuscitant d’entre les morts » mentionnée dans sa première prière (1:19, 20), et d’autre part, sa seconde prière, dans laquelle il demande pour les Éphésiens que « selon les richesses de sa gloire, [ils soient] fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l’homme intérieur » (3:16).


5.6.1.2 - Verset 11

revêtez-vous de l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez tenir ferme contre les artifices du diable :


Il nous présente aussi l’armure spirituelle avec laquelle nous pouvons tenir ferme contre les ruses du diable. Cette armure correspond aux habitudes de ce temps-là et n’a plus guère de ressemblance avec l’uniforme de combat actuel. Il est d’abord dit : « Revêtez-vous de l’armure complète de Dieu ». Si, à l’époque, quelqu’un était parti au combat sans bouclier ou sans casque, il aurait été jugé très irréfléchi, car il exposait volontairement sa vie. Nous aussi nous avons besoin de toute l’armure de Dieu, non pas seulement d’une partie. Il faut également retenir qu’il s’agit de l’armure de Dieu. Nos propres moyens ne peuvent pas nous être utiles.

La puissance de Satan a certes été brisée à la croix, mais ses ruses sont peut-être encore plus dangereuses que son pouvoir. Bien que, comme archange, il soit déchu, il nous est supérieur, à nous, êtres humains, à bien des égards. Une de ses plus grandes ruses est de se présenter de telle manière que nombreux sont ceux qui ne le prennent plus du tout au sérieux. Il peut ainsi agir d’autant plus tranquillement. Pour découvrir sa tromperie, nous devrions nous demander à l’égard de toute chose qui se présente à nous si elle nous détourne de l’obéissance à Dieu. Si tel est le cas, rejetons-la, quoi que ce soit. Voilà pourquoi l’obéissance est le meilleur antidote. Elle nous donne de la force, mais c’est « la puissance de sa force », la force de Dieu qui agit par nous (comp. 1:19 ; 3:16).

Satan nous attaque dans nos points les plus faibles, qu’il connaît généralement mieux que nous. Avec beaucoup de ruse, il se sert de notre chair pour nous faire tomber. Il tente ainsi de nous frustrer de la jouissance pratique de nos bénédictions spirituelles. Cette jouissance, cette joie dépendent directement de notre vie pratique sur la terre. Si l’ennemi de nos âmes réussit à nous faire broncher dans notre vie journalière, il nous est impossible de nous réjouir de nos bénédictions. Mais si nous vivons pratiquement en harmonie avec les pensées de Dieu, nous pouvons alors jouir sans être troublés des bénédictions spirituelles dans les lieux célestes qui sont notre part.


5.6.1.3 - Verset 12

car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs de ces ténèbres, contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes.


Lorsque les fils d’Israël sont entrés dans le pays de Canaan, les combats ont commencé contre des ennemis humains, qui voulaient leur disputer la possession donnée par Dieu. Le combat chrétien de la foi n’est toutefois pas contre la chair et le sang, c’est-à-dire pas contre des hommes. De même nous n’avons pas à combattre contre la chair en nous, la « vieille nature ». Ce combat – si l’on peut l’appeler ainsi – nous le voyons en Galates 5:17. Là nous ne sommes pas engagés à combattre, mais apprenons que nous sommes des vainqueurs si nous marchons par l’Esprit. Ni le combat dans l’évangile (Phil. 4:3), ni celui de 2 Corinthiens 10:3 à 5, ne doivent être confondus avec celui d’Éphésiens 6, car il s’agit du combat soit pour la propagation de la bonne nouvelle dans le monde soit pour le maintien de la vérité parmi les croyants, deux domaines contre lesquels Satan déploie son opposition.

Les ennemis que nous avons en face de nous sont beaucoup plus puissants et rusés que ceux qu’avait à combattre le peuple d’Israël en Canaan. Nous avons affaire à Satan et ses vassaux. Ceux-ci sont appelés ici des « principautés » et des « autorités », parce qu’ils sont extrêmement puissants (comp. Éph. 2:2 ; Col. 2:15). Ils sont aussi « les dominateurs de ces ténèbres », car ils dominent la sphère entière du monde opposé à Dieu, qui est « lumière » (1 Jean 1:7).

« La puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes » mentionnée ici, ce sont les anges déchus avec Satan à cause de son orgueil (voir 1 Tim. 3:6 ; comp. Mat. 25:41). Ils sont en opposition complète avec les anges « élus » (1 Tim. 5:21), qui ne sont pas tombés. Du fait que les anges ont été créés comme esprits, non comme créatures matérielles, leur domaine propre n’est pas la création visible, mais la création invisible, savoir les lieux célestes. Ceci concerne aussi bien les anges qui ne sont pas tombés que ceux qui sont déchus. Nous savons par divers passages de la parole de Dieu que Satan a encore accès devant le trône de Dieu (Job 1 ; Apoc. 12:10).


5.6.2 - L’armure de Dieu

5.6.2.1 - Verset 13

C’est pourquoi prenez l’armure complète de Dieu, afin que, au mauvais jour, vous puissiez résister, et, après avoir tout surmonté, tenir ferme.


Nous ne devrions pas attendre pour revêtir l’armure complète de Dieu le moment où le danger surgit ; il est alors en général trop tard. Il faut la porter en permanence, afin de « résister » au mauvais jour, et après avoir tout surmonté, de « tenir ferme ». Le « mauvais jour » n’est pas un moment précis, mais désigne pour nous toute la période depuis le rejet de Christ jusqu’à son retour.

L’armure de Dieu est constituée de sept pièces. Nous sommes ainsi parfaitement équipés afin d’être capables de résister aux attaques de Satan. Nous pouvons les diviser en trois groupes :

Les caractères de l’état pratique et de la marche du croyant :


En premier lieu, nous trouvons les choses qui concernent notre état pratique et notre marche. Si nous ne sommes pas armés à cet égard, Satan a beau jeu avec nous. Dieu ne peut alors pas nous occuper des choses célestes, mais doit nous amener par son Esprit à un retour sur nous-mêmes. Prenons donc garde à ce que le diable ne réussisse pas à nous détourner de notre part céleste, en nous faisant tomber dans notre marche terrestre !


5.6.2.2 - Versets 14 et 15

Tenez donc ferme, ayant ceint vos reins de la vérité, et ayant revêtu la cuirasse de la justice, et ayant chaussé vos pieds de la préparation de l’évangile de paix ;


« Ayant ceint vos reins de la vérité. » – Dans la Parole, les reins sont une image de la force extérieure et intérieure (comp. 1 Rois 12:10 ; Job 40:11 ; Nah. 2:1), mais aussi de notre état moral (Ps. 66:11 ; Nah. 2:10). La ceinture, qui servait à maintenir et à rassembler les vêtements flottants des Orientaux autrefois est souvent mentionnée en association avec les reins (Prov. 31:17 ; Job 40:2 ; És. 11:5 ; Dan. 10:5 ; Luc 12:35 ; 1 Pierre 1:13, etc.). Notre force intérieure doit donc être ceinte, c’est-à-dire maintenue et contrôlée par la vérité. La vérité est la révélation de toutes choses comme Dieu les voit. Le Seigneur seul pouvait dire : « Je suis la vérité » (Jean 14:6). Mais le Saint Esprit aussi est la vérité, et de même la parole de Dieu (1 Jean 5:6 ; Jean 17:17). Cette vérité nous garde de toute indifférence et tout relâchement d’esprit. Il ne s’agit pourtant pas seulement ici de la connaissance de la vérité biblique, mais il faut que la vérité et la sincérité règnent dans notre vie pratique. Lorsque les Juifs demandèrent au Seigneur Jésus qui il était, il répondit : « Absolument ce qu’aussi je vous dis » (Jean 8:25), c’est-à-dire, ses paroles le présentaient tel qu’il était : la Vérité. Qu’en est-il de nous ? Ce que nous disons correspond-il à ce que nous pensons, et nos paroles sont-elles vraies en toutes choses ? Témoignent-elles de la vérité de la parole de Dieu, mais aussi de pureté et de sincérité ? Il arrive si facilement que nous n’ayons pas la ceinture de la vérité dans nos contacts avec nos proches, nos frères et sœurs dans la foi, et les incrédules ! Si nos pensées et nos sentiments ne sont pas réglés et conduits par la vérité, nous ne pourrons soutenir aucun combat spirituel. C’est pourquoi veillons à ce que nos reins soient toujours ceints de la vérité !

« Ayant revêtu la cuirasse de la justice. » – La poitrine est le siège du cœur, donc de nos affections et de la volonté. C’est dans le cœur que sont prises nos décisions. « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (Prov. 4:23). La cuirasse de la justice offre cette protection. Le Seigneur est notre parfaite justice devant Dieu (1 Cor. 1:30). Par elle, nous possédons une paix parfaite avec Dieu. Mais contre les assauts du diable, nous avons encore besoin de quelque chose de plus, la justice pratique. Elle donne à chacun ce qui lui revient. Combien nos manquements sont fréquents dans le domaine de la justice pratique ! La plus petite infidélité dans la vie de chaque jour, par exemple dans le domaine professionnel, en est déjà un. Notre conscience doit être, à cet égard, pure et libre, afin que nous ne soyons pas constamment obligés de nous occuper de nous-mêmes et de la confession de nos fautes. Veillons à suivre notre chemin dans la justice pratique, afin que ni notre conscience, ni nos semblables ne puissent nous accuser, et que nous soyons libres pour nous occuper de notre part céleste et nous réjouir dans la communion avec notre Seigneur !

« Ayant chaussé vos pieds de la préparation de l’évangile de paix. » – Lorsque nous avons la paix avec Dieu, et que par la communion pratique avec lui notre cœur est rempli de la paix de Dieu, nos pieds peuvent être chaussés de la préparation de l’évangile de paix. Nous avons à rayonner toujours de cette paix intérieure qui peut attirer et conduire au Seigneur nos semblables. Cela signifie aussi que nous ne nous engageons pas volontairement dans des situations ni ne nous rendons dans des lieux où nous ne pouvons pas avoir cette préparation de l’évangile de paix, où nous serions couverts de honte si le Seigneur nous y trouvait. Puissions-nous toujours être prêts à présenter l’évangile de paix ! L’apôtre Paul écrit aux Romains en citant le prophète Ésaïe : « Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent de bonnes choses » (Rom. 10:15).


5.6.2.3 - Versets 16 et 17a

par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi par lequel vous pourrez éteindre tous les dards enflammés du méchant. Prenez aussi le casque du salut,


« Par-dessus tout, prenant le bouclier de la foi. » – Nous arrivons là au deuxième groupe de l’armure de Dieu ; il s’agit de la confiance pratique en Dieu dans notre vie de foi. Le bouclier de la foi, par lequel nous pouvons éteindre tous les dards enflammés du méchant est nommé le premier. Dans le Nouveau Testament, le mot « bouclier » ne paraît qu’ici ; en revanche, il est employé maintes fois dans l’Ancien Testament, aussi dans un sens figuré. C’est souvent Dieu lui-même qui se nomme ainsi (comp. Gen. 15:1 ; Deut. 33:29). S’il était dans ce temps-là un bouclier à celui qui se confiait en lui, combien plus l’est-il aujourd’hui, où nous pouvons nous écrier avec Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8:31). Le bouclier de la foi est la confiance ferme en notre Dieu et Père. Par la foi, nous avons été justifiés, et nous sommes debout dans la foi. Sans confiance pratique journalière en lui, nous sommes livrés impuissants et sans défense aux dards enflammés de Satan. C’est pourquoi il est si important que, « par-dessus tout », c’est-à-dire en plus des trois premières pièces de l’armure spirituelle, nous prenions aussi le bouclier de la foi. Les dards enflammés du méchant désignent en premier lieu les doutes : douter de l’amour et de la bonté de Dieu dans notre vie, comme la femme de Job, douter de la vérité de la parole de Dieu, comme Eve, etc. Ils ne peuvent être éteints et neutralisés que par la confiance inébranlable en notre Dieu et Père.

« Prenez aussi le casque du salut. » – La dernière pièce de l’armure qui serve à se défendre, est le casque du salut. Au lieu du mot habituel employé dans le Nouveau Testament pour « salut » (en grec : sôtéria), nous avons ici une forme différente de la même racine (grec : sôtérion), qui revient encore dans trois autres passages (Luc 2:30 ; 3:6 ; Actes 28:28) ; il s’agit en fait d’un adjectif qui a le sens de « ce qui sauve ». Le mot « casque » se trouve aussi en 1 Thessaloniciens 5:8 (« pour casque, l’espérance du salut »). Le fait que cette pièce de l’armure apparaît deux fois dans le Nouveau Testament montre bien son importance. La tête est la partie la plus élevée du corps, elle est protégée par le casque. Si le bouclier de la foi est la confiance en ce que Dieu est pour nous chaque jour, le casque du salut est la confiance en ce qu’il a fait pour nous. C’est l’assurance du salut en vertu de l’œuvre du Seigneur Jésus. Un enfant de Dieu sait avec la plus grande certitude que rien ni personne ne peut le ravir de la main de Christ et du Père (Jean 10:28, 29 ; Rom. 8:16, 31-39 ; Éph. 1:13, 14 ; 1 Pierre 1:9). Il est possible qu’un croyant récemment converti ne puisse pas donner la bonne réponse à toutes les questions et tous les arguments. Mais il n’a aucun motif de douter de la certitude de son salut.


5.6.2.4 - Versets 17b à 19

« et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu ; priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit, et veillant à cela avec toute persévérance et des supplications pour tous les saints, et pour moi, afin qu’il me soit donné de parler à bouche ouverte pour donner à connaître avec hardiesse le mystère de l’évangile,


« Et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu. » Les deux sources les plus importantes de la force du chrétien : la parole de Dieu et la prière, appartiennent au dernier groupe des pièces de l’armure. Nous trouvons dans la sixième pièce la seule véritable arme, l’épée, que nous pouvons utiliser aussi bien pour la défense que pour l’attaque. En Hébreux 4:12 et 13, il est dit de la parole de Dieu dans son application à nous-mêmes, qu’elle est « vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire. » En Apocalypse 1:16, la parole qui sort de la bouche du Seigneur Jésus est vue sous l’image d’une épée à deux tranchants (comp. Apoc. 19:15). Ici, c’est l’épée de l’Esprit, car elle est inspirée par le Saint Esprit et ne peut être comprise qu’avec son aide (1 Cor. 2:13 ; 2 Pierre 1:21). N’est-il pas significatif que la parole de Dieu soit la seule arme véritable mentionnée dans le combat contre Satan ? C’est avec cette arme que le Seigneur Jésus a combattu quand il a été tenté par le diable, en répondant trois fois : « Il est écrit » et en citant ensuite chaque fois un verset des Saintes Écritures (Mat. 4:4, 7, 10). Pour pouvoir se servir de cette arme, nous devons évidemment connaître la parole de Dieu (comp. 2 Tim. 3:15). La communion avec Dieu est la condition indispensable, aussi bien pour connaître les Saintes Écritures que pour en faire l’application pratique. Il est très dangereux pour nos âmes de lire ou d’appliquer la parole de Dieu sans la communion avec lui.

« Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps, par l’Esprit » – La prière est la dernière pièce de l’armure mentionnée, bien qu’elle ne soit pas expressément appelée ainsi. Ce n’est pas le seul passage où elle est intimement associée à la parole de Dieu (Luc 10:38 à 11:13 ; Actes 6:4 ; Héb. 4:12-16). Par sa Parole, Dieu nous parle, et dans la prière, nous lui parlons. Nous avons autant besoin de la prière dans notre vie spirituelle, que d’air pour respirer dans la vie naturelle. Nous pouvons apporter nos difficultés et nos peines devant Dieu par la prière, comme Ezéchias l’a fait avec la lettre des ennemis du peuple (2 Rois 19:14) ; nous pouvons en même temps demander au Seigneur la direction et le chemin, ainsi que la force et la persévérance. Par la prière, nous exprimons notre dépendance. Il n’y a guère de meilleure image de la faiblesse qu’un homme sur ses genoux ; et pourtant une telle attitude est le point de départ de la force : « Quand je suis faible, alors je suis fort » (2 Cor. 12:10). Pour la prière aussi, le Seigneur Jésus est notre parfait modèle. Dans l’évangile selon Luc, qui le présente comme le Fils de l’homme, nous le trouvons dix fois en prière (dans la Bible, dix est le nombre de la pleine responsabilité : Luc 3:21 ; 5:16 ; 6:12 ; 9:18, 28 ; 11:1 ; 22:32, 42 ; 23:34, 46). Nous voyons par là que, comme homme, il vivait dans une parfaite dépendance de son Père. Paul désirait que les Éphésiens prient « en tout temps ». Nous ne devons pas réserver des moments réguliers pour la prière seulement le matin et le soir, mais nous pouvons en outre parler avec le Seigneur dans la prière en toute circonstance et à tout instant. Nous serons ainsi également habitués à écouter sa voix. L’expression « par toutes sortes de prières et de supplications » indique bien qu’il s’agit de toutes les manières de prier : seul, en famille, et dans les réunions. « Par l’Esprit » signifie dans la puissance du Saint Esprit et en accord avec lui. Si l’état de notre cœur n’est pas en ordre, nos prières seront interrompues (1 Pierre 3:7). C’est précisément à cela que nous devons veiller « avec toute persévérance et des supplications ». Si nous devenons paresseux et relâchés, nous donnons occasion à l’ennemi de nous surprendre, comme ce fut le cas pour les disciples dans le jardin de Gethsémané. Attristé qu’ils n’aient pas pu veiller une heure avec lui durant ces douloureux moments qui ont précédé sa mort, le Seigneur leur dit : « Veillez et priez, afin que vous n’entriez pas en tentation » (Mat. 26:41). De plus la prière ne doit pas se limiter à nous personnellement ; comme intercession, elle doit inclure « tous les saints » avec lesquels nous sommes unis comme membres du corps de Christ. Nous sommes appelés à prier spécialement pour ceux qui prêchent la Parole, au nombre desquels Paul, le grand apôtre, se comptait, même s’il avait reçu le ministère particulier d’annoncer « le mystère de l’évangile ». Si donc cet homme choisi sollicitait les supplications des croyants afin qu’il ait la hardiesse de parler, combien plus cela demeure-t-il nécessaire aujourd’hui en notre temps caractérisé par la faiblesse !


5.6.2.5 - Verset 20

pour lequel je suis un ambassadeur lié de chaînes, afin que j’use de hardiesse en lui, comme je dois parler.


Par la mention de la prière, dernière pièce de l’armure spirituelle, la pensée de l’apôtre Paul est ramenée aux circonstances extérieures de sa vie. Il rappelle certes encore une fois ici sa captivité (voir 3:1 ; 4:1), mais ne s’arrête cependant pas plus longtemps sur son sort certainement éprouvant dans la prison à Rome. Il ressent sa propre faiblesse, mais il connaît aussi le pouvoir de la prière. C’est pourquoi il demande ici avec tant d’insistance que les croyants pensent toujours à lui dans leurs prières. Puissent tous ceux qui travaillent comme lui dans l’œuvre du Seigneur être remplis du même désir ! Mais que tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus répondent aussi fidèlement à leur appel et portent par la prière tous les saints sur leur cœur, surtout ceux qui travaillent pour le Seigneur.


5.7 - Épilogue — Ch. 6 v. 21 à 24

Lorsque Paul écrivait cette lettre, il était en prison à Rome. Il partait de l’idée que les croyants à Éphèse, parmi lesquels il avait œuvré avec beaucoup de bénédiction pendant trois ans et avec lesquels il demeurait si intimement lié, désiraient ardemment avoir de ses nouvelles et savoir quelque chose de ses circonstances fâcheuses. Il utilisait cependant cette occasion en premier lieu pour leur révéler la position céleste des croyants individuellement et de l’assemblée de Dieu. Il ne néglige toutefois pas de répondre aussi à leur désir bien compréhensible en leur faisant parvenir des informations quant à lui-même.


5.7.1.1 - Versets 21 et 22

Mais afin que vous aussi vous sachiez ce qui me concerne, comment je me trouve, Tychique, le bien-aimé frère et fidèle serviteur dans le Seigneur, vous fera tout savoir : je l’ai envoyé vers vous tout exprès, afin que vous connaissiez l’état de nos affaires, et qu’il console vos cœurs.


L’envoi de Tychique, le bien-aimé frère et fidèle serviteur, est une preuve du profond attachement de l’apôtre pour les croyants d’Éphèse. Tychique (qui probablement était aussi le porteur de cette épître) pourra informer les croyants à Éphèse de ses circonstances et consoler leurs cœurs. Ce serviteur du Seigneur, originaire de la province d’Asie, avait déjà accompagné Paul dans son voyage de Corinthe à Éphèse, et maintenant, il était envoyé de Rome tant à Éphèse qu’à Colosses (Actes 20:4 ; Col. 4:7). Plus tard également, il se révèle être un messager digne de confiance (Tite 3:12). Sa dernière mission connue le conduisit à quitter l’apôtre Paul prisonnier peu de temps avant sa mort pour se rendre une fois encore à Éphèse (2 Tim. 4:12) ! Il persévéra ainsi fidèlement auprès de lui jusqu’à la fin et partagea certainement aussi sa sollicitude pour toutes les assemblées.


5.7.1.2 - Versets 23 et 24

Paix aux frères, et amour, avec la foi, de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ ! Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ en pureté !


Les croyants à Éphèse se trouvaient dans un état spirituel si bon que l’apôtre Paul n’avait aucune réprimande à leur adresser. Il leur souhaite finalement la paix de Dieu et du Christ, de même que la paix entre eux, l’amour pour Dieu et pour tous les saints, mais aussi la foi pratique dans la vie journalière de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus Christ. Pour terminer, il prie que la grâce soit en toutes circonstances sur tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus Christ en pureté. Visiblement l’apôtre, dans sa sagesse, discernait déjà à ce moment-là les premiers signes de déclin dans l’assemblée ; aussi finit-il par la remarquable évocation d’un amour vrai et impérissable pour notre Seigneur et Sauveur !




[1] Quelques commentateurs pensent toutefois qu’en raison de l’expression identique à celle du chapitre 3, verset 1, « c’est pour cela », la parenthèse se termine déjà au chapitre 3, verset 14.

[2] Comp. 1 Cor. 11:19 (sectes) ; Gal. 5:20 (sectes) ; 2 Pierre 2:1 (sectes) ; 1 Cor. 1:10 (divisions) ; 11:18 (divisions) ; 12:25 (division).

[3] Comp. 1 Cor. 5:7, 13 ; 1 Thess. 5:22 ; 2 Tim. 2:19-21 ; Apoc. 18:4.

[4] Tel est le texte selon certains manuscrits et les anciennes traductions ; le Texte Reçu donne : « en vous tous ». P46, א, A, B. C et autres (ainsi que le Nouveau Testament grec de Nestle-Aland, 27e édition) n’ont que « en tous », ce qui souligne la portée générale de cette déclaration pour tous les hommes (comp. Mal. 2:10 ; 1 Cor. 8:6).

[5] Le terme « charges » désigne les services des anciens (grec : presbuteros) ou surveillants (grec : episkopos) et des serviteurs (grec : diakonos) qui, selon le Nouveau Testament, n’ont existé qu’au commencement et étaient exercés dans une localité par plusieurs frères (comp. Actes 14:23 ; Phil. 1:1 ; Tite 1:5). De plus les anciens ou surveillants étaient toujours nommés par les apôtres, respectivement leurs délégués, tandis que les serviteurs étaient choisis par l’assemblée (comp. Actes 6:3). Les dons spirituels pour l’édification, au contraire, étaient et sont donnés par le Seigneur Jésus pour tout le corps, sans intervention humaine quelconque.

[6] Voir les explications sur le chapitre 1, verset 23 et la note qui s’y rapporte.

[7] Comp. à ce sujet : Mat. 20:28 (« sa vie ») ; Gal. 1:4 ; 2:20 ; Éph. 5:25 ; 1 Tim. 2:6 ; Tite 2:14 (« lui-même »).

[8] On peut toutefois constater que des hommes tels qu’Isaac et Joseph, qui furent des types particuliers du Seigneur Jésus, n’ont eu qu’une épouse.

[9] Ces mots manquent dans certains anciens manuscrits (entre autres, P46, א, A, B), et sont de ce fait omis par de nombreuses traductions plus récentes.

[10] Le verbe grec ektrephô, traduit ici par « élever », est rendu au chapitre 5, verset 29 par « nourrir ».

[11] L’exhortation de Paul en 1 Corinthiens 7:21 n’est pas en contradiction avec ce qui vient d’être dit, car il s’agit là seulement pour un esclave de faire usage de la possibilité visiblement légitime de devenir libre. Dans le verset qui précède, l’apôtre écrit : « Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il était quand il a été appelé. »