Remmers Arend [entre crochets : ajouts bibliquest quand il s’agit des commentaires de l’auteur — mots qui ne sont pas dans le texte grec quand il s’agit de citations du texte biblique]
Traduction d’après l’édition de l’ouvrage complet du commentaire en allemand sur 1 Timothée, Ed. 1986 CSV (Christliche Schrift Verlag — Bibel-Auslegung – 1.Timotheusbrief « In Gottseligkeit leben »)
[Note de traduction : Les mots « ministère » et « service » sont équivalents]
Table des matières abrégée : (par chapitres — par versets — détaillée)
1 - Chapitre 1 — La loi et la grâce
2 - Chapitre 2 : La prière et la position de la femme
3 - Chapitre 3 : Anciens et serviteurs. Maison de Dieu
4 - Chapitre 4 — Fausse doctrine, enseignement juste
5 - Chapitre 5 : Les veuves et les seniors
6 - Chapitre 6 — Contentement et richesse
Table des matières par versets : (par chapitres — par versets — détaillée)
1 - Chapitre 1 — La loi et la grâce
1.2 - Ch. 1:14 — [Le Seigneur Jésus source de grâce, foi et amour]
2 - Chapitre 2 : La prière et la position de la femme
2.10 - Ch. 2:11 — Position de la femme
3 - Chapitre 3 : Anciens et serviteurs. Maison de Dieu
3.1 - Ch. 3:1 — [Anciens ou surveillants]
3.2 - Ch. 3:8-13 — [Serviteurs]
3.3 - Ch. 3:14-15 — [Maison de Dieu]
4 - Chapitre 4 — Fausse doctrine, enseignement juste
4.1 - Ch.4:1 — [Égarements religieux]
4.8 - Ch.4:9-10 — [Le Dieu vivant conservateur de tous les hommes]
4.10 - Ch.4:13 — [Trois activités auxquelles il fallait se consacrer]
4.12 - Ch.4:15 — [Consécration, progrès]
5 - Chapitre 5 : Les veuves et les seniors
5.9 - Ch.5:13 — [oisives, causeuses]
5.13 - Ch.5:19 — [Deux ou trois témoins nécessaires en cas d’accusation]
5.15 - Ch.5:21 — [Devant Dieu, le Christ Jésus, les anges élus]
5.17 - Ch.5:23 — [Boire un peu de vin]
5.18 - Ch.5:24-25 — [Péchés et bonnes œuvres – visibles et cachés]
6 - Chapitre 6 — Contentement et richesse
6.5 - Ch. 6:8 — [Promesse de satisfaction des besoins primaires]
6.6 - Ch. 6:9 — Vouloir devenir riche : un piège qui mène à la ruine
Table des matières détaillée : (abrégée — par versets — détaillée)
1 - Chapitre 1 — La loi et la grâce
1.1.1 - [Apôtre de Jésus Christ]
1.1.2 - [Selon le commandement]
1.1.4 - [Le Christ Jésus notre espérance]
1.1.5 - [À Timothée mon véritable enfant]
1.1.6 - [Grâce, miséricorde et paix]
1.1.7 - [De la part de Dieu le Père]
1.2.1 - [Je t’ai prié de rester à Éphèse]
1.2.2 - [Que tu ordonnes à certaines personnes de ne pas enseigner des doctrines étrangères]
1.2.3 - [Fables et généalogies]
1.2.4 - [Produire l’administration de Dieu]
1.3.1 - [Le but final du ‘commandement’ ou ‘ordonnance’]
1.3.2 - [L’amour qui procède d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi sincère]
1.5.1 - [Règle de vie du chrétien — morts à la loi]
1.5.2 - [Pourtant la loi est bonne — L’usage légitime de la loi]
1.5.3 - [Péchés que la loi condamne : groupage 4x2 + 2x3]
1.5.4 - [Ce qui est opposé à la saine doctrine : vérité et sainteté vont de pair]
1.6.1 - [La loi et l’évangile de la gloire]
1.6.2 - [Le Dieu bienheureux — les titres de Dieu]
1.1.1 - [Fidélité prévue avant l’appel au service]
1.1.2 - [Pardon rendu possible à cause de l’ignorance]
1.2 - Ch. 1:14 — [Le Seigneur Jésus source de grâce, foi et amour]
1.3.1 - [Digne de toute acceptation]
1.3.2 - [Paul le premier des pécheurs]
1.4.1 - [Miséricorde pour le premier des pécheurs]
1.4.2 - [La foi en vue de la vie éternelle future]
1.4.3 - [La miséricorde évoquée à cause des faux docteurs de la loi]
1.6.1 - [De nouveau l’ordonnance (ordre donné)]
1.6.2 - [Prophéties au sujet du don de Timothée]
1.6.3 - [Imposition des mains]
1.7.2 - [Une bonne conscience]
1.8.1 - [Hyménée et Alexandre]
1.8.2 - [Livrer à Satan et discipline de l’assemblée]
1.8.3 - [Livrer à Satan : nature du châtiment et son objectif]
2 - Chapitre 2 : La prière et la position de la femme
2.2.1 - [Portée de « avant toutes choses]
2.2.2 - [Applications pratiques de « avant toutes choses »]
2.2.3 - [Les différentes sortes de prières]
2.2.4 - [Prières « pour tous les hommes »]
2.2.5 - [Perte de vue de la prière « pour tous les hommes » — cas des Juifs]
2.3.1 - [Prières pour les « haut placés », ceux de tous les pays]
2.3.2 - [Prier pour les personnes elles-mêmes]
2.3.5 - [Sens du mot traduit par « gravité digne » ou « honneteté »]
2.4.1 - [Prier « pour tous les hommes » est bon et agréable devant Dieu]
2.4.2 - [Ce qui est bon et agréable au Dieu-Sauveur]
2.4.4 - [Besoin de salut — Différents aspects du salut]
2.4.5 - [Besoin de venir à la connaissance de la vérité]
2.5.1 - [Le Dieu unique est révélé aussi bien dans l’AT que dans le NT]
2.5.2 - [Triunité cachée jusqu’à l’apparition de Jésus Christ]
2.5.3 - [L’homme Christ Jésus a révélé Dieu, mais a aussi été médiateur entre Dieu et l’homme]
2.5.4 - [Gravité des idées qui amoindrissent la vérité du médiateur et du Sauveur]
2.6.1 - Le Seigneur Jésus s’est donné / livré Lui-même
2.6.2 - Rançon — Rançon pour tous
2.6.4 - Ch. 2:6b — Témoignage qui devait être rendu en son temps
2.7.1 - [Héraut / prédicateur]
2.7.3 - [Docteur ou enseignant]
2.8.1 - [Prières par les hommes]
2.8.3 - [Élevant des mains saintes, sans colère et sans réflexion de doute]
2.10 - Ch. 2:11 — Position de la femme
2.11.1 - [Ne pas prendre une position d’enseignement]
2.11.2 - [Ce que signifie user d’autorité]
2.11.3 - [Raisons données justifiant la position de la femme]
2.12.1 - [Sauvée en enfantant ne concerne pas le salut éternel]
2.12.2 - [Signification de sauvée en enfantant]
2.12.3 - [Elle au singulier, ils/elles au pluriel : L’homme et la femme sont concernés]
3 - Chapitre 3 : Anciens et serviteurs. Maison de Dieu
3.1 - Ch. 3:1 — [Anciens ou surveillants]
3.2 - Ch. 3:8-13 — [Serviteurs]
3.2.3 - Ch. 3:11 — [Les femmes des serviteurs]
3.3 - Ch. 3:14-15 — [Maison de Dieu]
3.3.1 - [Inspiration de la Parole de Dieu]
3.3.4 - [L’assemblée en tant que maison de Dieu]
3.3.5 - [L’assemblée du Dieu vivant mise à part pour être Colonne et soutien de la vérité]
3.4.1 - [Le mystère de la piété]
3.4.2 - [Six fondements de la relation de Dieu avec les hommes]
3.4.3 - [Discussion du texte exact du v.16 : « Dieu » ou « Lui qui »]
3.4.4 - « Justifié en Esprit »
3.4.5 - « Vu par (les) anges »
3.4.6 - « Prêché parmi (les) nations »
3.4.8 - « Élevé dans la gloire ».
3.4.9 - [Conclusion sur le mystère de la piété]
4 - Chapitre 4 — Fausse doctrine, enseignement juste
4.1 - Ch.4:1 — [Égarements religieux]
4.1.3 - [Esprits séducteurs, enseignements de démons]
4.2.1 - [Disant des mensonges par hypocrisie]
4.2.2 - [Consciences cautérisées]
4.3.1 - [Doctrines qui impactent la vie pratiques]
4.3.2 - [Doctrines contre le mariage]
4.3.3 - [Doctrines restreignant la nourriture]
4.3.4 - [Respecter l’ordre divin]
4.4.1 - [Contre les restrictions de nourriture]
4.4.2 - [Sanctification de la nourriture]
4.5.2 - [Nourri des paroles de la foi et de la bonne doctrine]
4.6.2 - [L’exercice de la piété]
4.7.2 - [Promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir]
4.8 - Ch.4:9-10 — [Le Dieu vivant conservateur de tous les hommes]
4.9.2 - [Sois le modèle des fidèles]
4.9.3 - [Qualités ou vertus qui doivent être en exemple]
4.10 - Ch.4:13 — [Trois activités auxquelles il fallait se consacrer]
4.10.2 - [La lecture (publique)]
4.10.3 - [Exhortation et enseignement]
4.11.1 - [Ne pas négliger son don]
4.11.2 - [Appel à un ministère]
4.11.3 - [Don reçu avec imposition des mains des anciens]
4.12 - Ch.4:15 — [Consécration, progrès]
4.13.1 - [Veiller sur soi-même]
4.13.2 - [Veiller sur la doctrine]
5 - Chapitre 5 : Les veuves et les seniors
5.8.1 - [Dangers qui guettent les jeunes veuves]
5.9 - Ch.5:13 — [oisives, causeuses]
5.10.2 - [En rapport avec la maison de Dieu]
5.11.1 - [Traduire « Si un fidèle ou une fidèle »]
5.11.2 - [Responsabilité d’assister les veuves]
5.12.1 - [Anciens estimés dignes]
5.12.2 - [Double honneur, soutien matériel]
5.12.3 - [Citation de Luc 10:7 comme faisant partie de l’Écriture]
5.13 - Ch.5:19 — [Deux ou trois témoins nécessaires en cas d’accusation]
5.14.2 - [Convaincre publiquement des anciens]
5.14.4 - [Une formulation du v. 20 qui précise le sens]
5.15 - Ch.5:21 — [Devant Dieu, le Christ Jésus, les anges élus]
5.16.1 - [Imposition des mains dans le Nouveau Testament]
5.16.2 - [Imposition des mains aujourd’hui]
5.16.3 - [Veiller sur soi-même]
5.17 - Ch.5:23 — [Boire un peu de vin]
5.18 - Ch.5:24-25 — [Péchés et bonnes œuvres – visibles et cachés]
6 - Chapitre 6 — Contentement et richesse
6.1.1 - [Application aujourd’hui des exhortations sur les esclaves]
6.1.3 - [Raison d’être de la soumission]
6.2.1 - [Relations maîtres-esclaves dans le cas de croyants]
6.2.2 - [Le « bon service » est celui des esclaves]
6.3.3 - [La piété source de gain]
6.4.1 - [Contentement avec confiance en Dieu]
6.4.2 - [Les choses présentes sont transitoires]
6.5 - Ch. 6:8 — [Promesse de satisfaction des besoins primaires]
6.6 - Ch. 6:9 — Vouloir devenir riche : un piège qui mène à la ruine
6.6.1 - Les différents versets et enseignements sur la richesse dans ce ch. 6
6.6.2 - [Nature des richesses et responsabilité]
6.6.3 - [Désir de richesses terrestres]
6.8.3 - [Qualités à poursuivre]
6.9.1 - [Combats le bon combat]
6.9.2 - [Saisis la vie éternelle]
6.9.3 - [… pour laquelle tu as été appelé]
6.10.1 - [Confession de Timothée et confession du Christ Jésus]
6.10.2 - [Garder le commandement sans tache et irrépréhensible]
6.10.3 - [Jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus-Christ]
6.11.1 - [Encore quelques mots au sujet de l’apparition de Christ]
6.11.4 - « Qui seul possède l’immortalité ».
6.11.5 - « Qui habite la lumière inaccessible qu’aucun des hommes n’a vue, ni ne peut voir ».
6.11.6 - [… à Lui honneur et force éternelle]
6.12.1 - [Ceux qui sont riches, leur responsabilité. Dangers principaux]
6.12.2 - [Ne pas être hautains vis-à-vis des moins riches]
6.12.3 - [Espérance en Dieu, et non pas confiance dans les richesses]
6.13.1 - [Faire le bien et riches en bonnes œuvres]
6.13.3 - [Saisir ce qui est vraiment la vie]
6.14.1 - [Garder le bon dépôt, se garder de la fausse connaissance]
« Paul, apôtre de Jésus Christ, selon le commandement de Dieu notre Sauveur et du christ Jésus notre espérance, à Timothée, (mon) véritable enfant dans la foi : Grâce, miséricorde, paix, de la part de Dieu (le) Père, et du christ Jésus notre Seigneur ! »
À l’époque où le Nouveau Testament a été écrit, il était d’usage que l’expéditeur d’une lettre indique d’abord son propre nom, puis exprimer ensuite sa salutation au destinataire de la lettre (voir la lettre du commandant romain de Jérusalem au gouverneur Félix en Actes 23:26-30).
Comme dans les épîtres aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens,
aux Colossiens et à Tite, Paul se présente ici comme apôtre. Il était un envoyé
(en grec : apostolos
) de Jésus Christ. Durant Sa vie sur la terre, le
Seigneur Jésus avait choisi et envoyé douze apôtres. Entre Sa résurrection et Son
ascension, Il leur répéta Son ordre de mission (Matt. 28 et Marc 16). L’envoi
des douze apôtres était donc d’ordre terrestre, car il a été lancé par le
Seigneur Jésus sur la terre. Cela ressort aussi de la mission qu’Il leur a conférée.
Paul, par contre, a été appelé et envoyé par Christ glorifié, assis sur le trône
à la droite de Dieu dans le ciel. Cette différence est très importante. Certes,
Paul a adressé son ministère selon le commandement du Dieu éternel à toutes les
nations, tout comme les autres apôtres du Seigneur (cf. Rom. 16:26 avec Matt.
28:19). Mais tandis que ceux-ci ont reçu du Seigneur la mission de faire disciples
toutes les nations en les baptisant et en les enseignant, Paul a reçu un autre ministère
dès le commencement. Le Christ Jésus, homme glorifié, s’est révélé à lui comme
la tête de Son corps, l’assemblée. Il lui a ainsi révélé un secret (mystère) qui
avait été caché dans tous les âges précédents. Ce mystère a été le sujet principal
de la prédication de l’apôtre Paul (voir Gal 1:11 à 2:10 ; Rom. 16:25-26 ;
Éph. 3:2-11 ; 5:32 ; Col. 1:25-27 ; 2:2-3).
La différence entre le ministère de l’apôtre Paul et celui des
autres apôtres est déjà exprimée dans les noms du Seigneur dans les différentes
épîtres. Selon les dernières recherches textuelles, Paul se qualifie toujours d’apôtre
du Christ Jésus
(*) (1 Cor. 1:1 ; 2
Cor. 1:1 ; Éph. 1:1 ; Col. 1:1 ; 1 Tim. 1:1 ; 2 Tim. 1:1) dans
les lettres où il se présente comme apôtre, à deux exceptions près (Gal. 1:1 ;
Tite 1:1), tandis que Pierre écrit dans ses deux épîtres : « Apôtre de
Jésus Christ ». Le titre de Christ
parle de l’exaltation de Celui
qui a accompli tous les conseils de Dieu (Actes 2:34-36), tandis que le nom de
Jésus est donné au Fils de Dieu dans Son abaissement comme homme. Lorsque les
deux termes sont utilisés ensemble, celui qui vient en premier indique celui sur
lequel l’accent ou l’insistance est mis.
(*) note bibliquest : l’ordre des mots Jésus Christ ou Christ Jésus indiqué ici par l’auteur n’est pas celui retenu par la version J.N. Darby, mais a été retenu par la version allemande Elberfeld-CSV.
Paul était donc un envoyé du Fils de l’Homme glorifié, qui devait annoncer le mystère de l’unité de Christ, la Tête dans le ciel, avec Son corps, l’assemblée. Mais il était aussi un apôtre « selon le commandement de Dieu notre Sauveur, et du Christ Jésus notre espérance ». Il n’était pas seulement apôtre par la volonté de Dieu (1 Cor. 1:1 ; 2 Cor. 1:1 ; Éph. 1:1 ; Col. 1:1 ; 2 Tim. 1:1), mais aussi par Son commandement explicite. Ce commandement de Dieu ne concernait pas seulement son apostolat, mais selon Tite 1:3 la prédication qui lui avait été confiée était aussi « selon le commandement de notre Dieu sauveur ». « Car, si j’évangélise, je n’ai pas de quoi me glorifier, car c’est une nécessité qui m’est imposée, car malheur à moi si je n’évangélise pas ! Car, si je fais cela volontairement, j’en ai un salaire ; mais si c’est malgré moi, une administration m’est confiée » (1 Cor. 9:16-17).
L’expression « notre Dieu Sauveur » n’apparaît sous cette forme ou sous une forme similaire que dans la première épître à Timothée et celle à Tite (1 Tim. 1:1 ; 2:3 ; Tite 1:3 ; 2:10, 13 ; 3:4 ; cf. Luc 1:47). Elle montre dans quelle relation Dieu se trouve désormais avec l’humanité tout entière. Depuis l’« apparition de notre Sauveur Jésus Christ, qui a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1:10), Dieu, en tant que Dieu Sauveur, offre le salut à tous les hommes, car Il a lui-même fait tout le nécessaire pour cela. Par la venue de Christ sur la terre et par Son œuvre expiatoire sur la croix, il a été prouvé que l’amour de Dieu dépasse de loin la grandeur du péché et l’inimitié de l’humanité perdue. Mais cet amour va aussi au-delà des lois divines et des ordonnances humaines du judaïsme. Ce n’est qu’après qu’à l’exemple d’Israël il a été manifeste que les hommes ne peuvent pas être justifiés par eux-mêmes au vu des saintes exigences de Dieu, que la voie a été ouverte pour la pleine révélation de la grâce de Dieu en faveur de tous les hommes. Jusqu’alors, le « mur de clôture » était là, séparant Juifs et Gentils. La mort de Christ a, d’une part, interrompu temporairement la relation spéciale de Dieu avec Israël, et d’autre part elle a ouvert la porte de la grâce pour toutes les nations. Tout comme il n’y a pas de différence entre les êtres humains en ce qui concerne leur totale corruption, de même il n’y en a pas en ce qui concerne la grâce et la réconciliation pour tous ceux qui croient au Seigneur Jésus. L’élection nationale d’Israël comme peuple de Dieu pouvait donner l’impression que Dieu n’est le Dieu que d’un seul peuple. Mais la durée de validité d’environ 1500 ans de la loi du Sinaï pour le peuple d’Israël n’a fait ressortir clairement qu’une seule chose : même un peuple choisi et pris en charge par Dieu n’est par nature ni disposé à ni capable de faire Sa volonté. Même l’envoi de nombreux prophètes au peuple terrestre de Dieu n’a pas apporté de changement. La sentence de Dieu est : « nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi, car par la loi est la connaissance du péché » (Rom. 3:20). Or Dieu a envoyé Son Fils bien-aimé et, par l’évangile de la grâce, a révélé qui Il est : un « Dieu Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim 2:3-4).
Timothée avait aussi à avoir toujours devant les yeux Dieu comme notre Sauveur, afin de garder un cœur large et joyeux lorsqu’il se donnait la peine de prendre soin, de manière souvent pénible, des âmes individuellement et de l’assemblée comme ensemble. La conscience de ce caractère de Dieu n’est pas seulement très importante pour les évangélistes, mais aussi pour les pasteurs et les docteurs dans l’assemblée de Dieu. Là où elle fait défaut, il y a le danger que le ministère au sein de l’assemblée devienne étroit et sec.
Si Dieu en tant que Sauveur est le seul salut pour un monde perdu, alors le Christ Jésus est notre seule espérance. Il est non seulement l’espérance de ceux qui n’ont pas d’espérance (cf. Éph. 2:12 ; Rom. 15:12), mais aussi celle des croyants. En Rom. 8:24, il est dit : « Car nous avons été sauvés en espérance ». Quiconque a reçu le salut de son âme par la foi en l’évangile est uni à son Sauveur Jésus Christ. Or bien qu’Il habite dans le croyant, Il est appelé « l’espérance de la gloire » (Col. 1:27). L’étendue complète des résultats de l’œuvre de l’expiation ne sera la part du croyant que lorsque le Seigneur Jésus reviendra pour conduire tous Ses rachetés dans la maison du Père. Cependant, l’espérance du chrétien n’est pas centrée sur des choses ou des événements, mais sur la personne de Jésus Christ. Il L’attend (Phil. 3:20 ; 1 Thes. 1:10). Cette espérance chrétienne n’est pas une attente vague et incertaine, mais une espérance bonne, bienheureuse et vivante (2 Thes. 2:16 ; Tite 2:13 ; 1 Pierre 1:3), qui est conservée dans les cieux et dont ceux qui espèrent n’ont pas honte (Col. 1:5 ; Rom. 5:5). C’est un fait ferme, immuable, qui n’est qualifié d’espérance que parce qu’il est encore à venir.
Paul appelle ici Timothée son véritable enfant dans la foi. Dans
la deuxième épître également, il l’appelle deux fois son enfant (2 Tim. 1:2 ;
2:1), ainsi qu’en 1 Cor. 4:17 et Phil. 2:22. Il appelle aussi Tite de cette
manière (Tite 1:4), sans que cela signifie forcément que ces frères aient été
conduits à la nouvelle naissance par son moyen (cf. 1 Cor. 4:15 ; Gal. 4:19),
comme par exemple Onésime (Philémon 10). Bien que le mot « enfant »
(en grec : teknon
) se réfère en premier lieu à la descendance, y
compris du point de vue spirituel, Paul exprime ici d’une manière particulière par
ce terme sa fervente affection pour le jeune Timothée.
Il lui souhaite « grâce, miséricorde, paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur ».
grâceest un amour qui se montre de manière imméritée. Dieu seul, qui Lui-même est amour, est capable d’une grâce illimitée. Il la montre à des perdus, Il établit les rachetés en elle, et Il voudrait qu’ils vivent dans la conscience de cette grâce. Comme elle fait si souvent défaut dans la vie quotidienne des croyants, elle est ici au premier rang.
paixavec Dieu est le résultat de la justification par la foi. Mais en plus de cette paix de la conscience, Dieu donne Sa paix, la paix du cœur, aux Siens qui rejettent sur Lui tous leurs soucis (Phil. 4:7). C’est la condition indispensable, pour autant que cela dépende de nous, pour que nous vivions en paix si possible avec tous les hommes (Rom. 12:18 ; 1 Thes. 5:13). Paul souhaite donc aussi la paix à son bien-aimé Timothée.
miséricorde, enfin, est une forme spéciale d’amour et de grâce qui naît d’un mouvement de l’âme face à la misère des hommes (Héb. 4:15,16). Si haut que le chrétien soit élevé individuellement par le Seigneur Jésus, il se trouve néanmoins sur la terre dans un état de faiblesse. Il a donc toujours besoin à nouveau de cette miséricorde. L’assemblée de Dieu, cependant, n’est pas considérée de cette manière du fait qu’elle est l’objet des conseils de Dieu et de l’amour de Christ. C’est pourquoi la miséricorde n’est pas mentionnée dans les mots de salutation des lettres adressées aux assemblées.
Au verset 2, Paul n’appelle plus Dieu « notre Sauveur », mais « notre Père ». Il rappelle ainsi à Timothée la merveilleuse position d’enfants de Dieu qui est celle des croyants. C’est la seule fois que le nom de « Père » apparaît dans cette lettre, qui n’a pas pour sujet en premier lieu la grâce et les conseils du Père, mais la responsabilité des croyants dans la maison de Dieu (3:15). Ceci est à nouveau exprimé dans ce qui suit. Le Christ Jésus n’est pas notre espérance ici, mais notre Seigneur. Ce titre exprime Son autorité, que tout vrai chrétien reconnaît volontiers (Rom. 10:9). Bien qu’en tant que Créateur de toutes choses, Il ait toujours eu pouvoir sur Ses créatures, par Son abaissement et Sa mort Il s’est également acquis cette domination (seigneurie) en tant qu’homme (Actes 2:36). Même si cela n’est maintenant reconnu que par ceux qui croient en Lui, le moment viendra où tout genou fléchira devant Lui et où toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2:10-11).
« Comme je t’ai prié de rester à Éphèse lorsque j’allais en Macédoine, afin que tu ordonnasses à certaines personnes de ne pas enseigner des doctrines étrangères, et de ne pas s’attacher aux fables et aux généalogies interminables, qui produisent des disputes plutôt que l’administration de Dieu, qui est par la foi… »
Avant que Paul ne parte pour la Macédoine, il avait chargé
Timothée de rester à Éphèse pour surveiller attentivement les doctrines étrangères
de certaines personnes. Il range toute la multiplicité de ses pensées les unes
à côté des autres avec des insertions et des appendices, de sorte que les versets
suivants ne paraissent guère reliés entre eux du point de vue du langage. Mais
Timothée a certainement bien compris, et nous aussi nous le pouvons. Le mot
pour « prier » (grec : parakaleō
) a été traduit ailleurs
ou dans d’autres langues par « encourager » (2 Cor. 2:7) ou « persuader »
(1 Cor. 16:12), mais surtout par « consoler » (2 Cor. 1:4, etc.) ou « exhorter »
(1 Tim 2:1 ; 5:1 ; 6:2, etc.).
Paul avait donc fait un effort pour garder Timothée à Éphèse. Éphèse était la capitale des provinces romaines d’Asie et un centre d’idolâtrie. Selon Luc, Paul y est venu deux fois, une fois très courtement (Actes 18:19), la deuxième fois il y est resté trois ans (Actes 20:31 ; cf. 19:8,10). Il n’y a probablement aucune autre ville où l’apôtre ait travaillé si intensément et si longtemps. Avant son arrestation à Jérusalem, lors de son dernier voyage en liberté, il a fait venir à Milet les anciens ou surveillants de l’assemblée à Éphèse, et il leur a tenu un discours d’adieu solennel et saisissant (Actes 20:17-38). Depuis sa prison à Rome, il a écrit une lettre à cette assemblée dans laquelle le Saint Esprit révèle tout le conseil de Dieu pour le croyant individuellement et l’assemblée dans son ensemble, ainsi que les plus hautes bénédictions spirituelles. La première lettre à Timothée, qui contient des instructions pour la conduite pratique dans la maison de Dieu, est également adressée à Éphèse. Enfin, dans la première des sept lettres d’Apocalypse 2 et 3, nous voyons que l’assemblée d’Éphèse a perdu son premier amour. Ainsi, l’assemblée d’Éphèse prend une place toute particulière dans le Nouveau Testament, et on peut bien dire que le Saint Esprit la présente comme une image de toute l’assemblée de Dieu sur la terre, qui, malgré toute la grâce, la bénédiction et les soins de Dieu, a largement renié sa position glorieuse et a abandonné sa réalisation pratique.
Timothée devait maintenant demeurer dans cette ville d’Éphèse. L’ordre
que l’apôtre lui donnait était le suivant : « que tu ordonnes à
certaines personnes de ne pas enseigner des doctrines étrangères, et de ne pas
s’attacher à des fables et à des généalogies interminables ». Dans cette
lettre, Paul utilise cinq fois le mot « ordonner » (en grec : parangellō
).
Il se rapporte toujours à la marche chrétienne, et il est toujours l’expression
de l’autorité de commandement d’une personne respectée (4:11 ; 5:7 ;
6:13, 17). Dans ce cas, il visait « certaines personnes » qui
voulaient introduire des doctrines étrangères. Au total, six fois ce mot « certain(e)s »
ou « quelques-uns » (en grec « tines
») est mentionné dans le contexte
de l’éloignement de la vraie foi (1:3,6,19 ; 4:1 ; 6:10,21) (*). Les mots « enseigner des (doctrines) étrangères »
sont la traduction d’un seul mot grec (heterodidaskaleō
), qui figure
également en 6:3, où il est traduit par « enseigner autrement ». Il s’agissait
de doctrines et de manières d’enseigner étrangères au domaine chrétien et qui sont
détaillées davantage plus loin. Ce ne sont pas les doctrines d’une quelconque fausse
religion qu’on introduisait, mais plutôt des doctrines présentées comme
chrétiennes, alors qu’elles étaient juste à l’opposé du vrai enseignement, « du
modèle des saines paroles » (2 Tim 1:13).
(*) Le mot est aussi traduit par « les hommes » dans la deuxième épître (3:2 ; voir aussi 1:15 ; 2:17,18 ; 4:3-4).
Les sources de ces idées prétendues supérieures — mais en
réalité fausses — étaient des fables (en grec mythos
) et des généalogies
sans fin. Plus loin, il est parlé de fables profanes ou de vieilles femmes (4:7 ;
cf. 2 Tim. 4:4) et en Tite 1:14 de fables judaïques et de commandements des
hommes. Tite mentionne également les généalogies en rapport avec des questions
folles, des contestations et des disputes sur la loi (Tite 3:9). Du fait que dans
ce qui suit (1 Tim. 1:7) comme ici aussi, il est question de docteurs de la loi,
il n’est probablement pas nécessaire de voir dans les fables et les généalogies
une allusion à la mythologie païenne et à la spéculation gnostique. L’apôtre fait
plutôt référence à des éléments juifs tels que les légendes rabbiniques et les généalogies
tirées de la tradition juive, mais pas aux kyrielles d’éons gnostiques. Les
influences gnostiques que certains commentateurs voudraient voir dans ces choses,
ne se sont réellement manifestées dans le christianisme que plusieurs décennies
plus tard, bien qu’on puisse déjà en discerner les débuts (cf.4:1-5).
Dans ces enseignements spéciaux, il y avait et il y a un grand
danger pour les chrétiens. Ils sont l’occasion de questions, de débats et de
discussions, mais il n’y a aucune certitude de la foi. Dévier de la Parole
écrite de Dieu exerce une attraction dangereuse sur beaucoup de gens. Cela
semble intéressant et stimule l’imagination. Mais cela conduit à des contestations
où personne ne peut être sûr d’avoir raison. C’est encore le cas aujourd’hui,
lorsque des croyants estiment devoir enseigner des choses qui vont au-delà de
la Parole de Dieu. On se retrouve alors en terrain branlant et incertain, et il
n’en résulte que des contestations. Cela ne favorise pas l’administration de
Dieu qui est par la foi. Les cœurs des croyants ne sont pas édifiés, et Dieu n’est
pas glorifié. La conscience n’est pas du tout atteinte. Pourtant c’est
justement une condition indispensable pour une marche par la foi (cf. 1:5, 19 ;
3:9). Le mot « administration » (en grec : oikonomia
)
dans le Nouveau Testament indique que Dieu a assigné aux gens certaines tâches
et responsabilités qu’ils doivent remplir. Le Seigneur en parle de manière tout
à fait générale dans la parabole de l’économe injuste (ou plutôt de l’administrateur
injuste) qui doit être relevé de son administration (Luc 16:2 et suiv.). La
vérité chrétienne, révélée par Dieu dans Sa grâce, a été confiée de façon toute
particulière à l’apôtre Paul pour l’administrer, mais aussi aux autres
serviteurs du Seigneur (cf. 1 Cor. 4:1-2 ; 1 Pierre 4:10). Paul écrit aux
Corinthiens que la prédication de l’évangile lui a été confiée comme une administration
(1 Cor. 9:17). Dans l’épître aux Éphésiens, il parle de l’administration de la
grâce de Dieu (Éph. 3:2), qui lui a été confiée, et de l’administration du
mystère de l’assemblée (Éph. 3:9). Dans l’épître aux Colossiens, nous lisons
que Paul, selon l’administration de Dieu, était devenu serviteur de l’assemblée
pour compléter la Parole de Dieu (Col. 1:25). Ce que Paul avait reçu par
révélation et retransmis dans sa prédication, devait maintenant être préservé de
ce qui est étranger à la foi (1 Cor. 2:10,13 ; Gal. 1:11,12 ; Éph.
3:3-5,8-9 ; 1 Tim. 6:20 ; 2 Tim. 1:13-14). C’est l’administration de
Dieu qui est par la foi.
« Or le but final du commandement [ou : la fin de l’ordonnance] est : l’amour qui procède d’un cœur pur et d’une bonne conscience et d’une foi sincère ».
L’apôtre interrompt ici le cours de sa pensée et rappelle à Timothée le but final du ‘commandement’ ou ‘la fin de l’ordonnance’ (cf. 1:3, 18), qui est en contraste marqué avec les enseignements humains précédemment mentionnés. Ce but ultime est que le bon état spirituel soit produit chez les croyants par le commandement. Ce n’est qu’alors qu’ils peuvent tenir ferme la vérité et s’éloigner de l’erreur. Seuls ceux qui sont dans un bon état moral devant Dieu peuvent tenir ferme la saine doctrine.
Le mot « commandement » ou « ordonnance » (en
grec parangelia
) n’a rien à voir avec les commandements de la loi du
Sinaï. Il est même en contraste avec les docteurs de la loi mentionnés au verset
suivant. Même si Rom. 13:10 semble exprimer la même chose que le présent verset
en disant que l’amour est la somme de la loi, en fait c’est le contraire. Le
chrétien qui a reçu une nouvelle nature par la nouvelle naissance, n’aime pas
parce qu’il satisfait à l’exigence de la loi, mais parce que l’amour de Dieu (1
Jean 4:8,16) est versé dans son cœur (Rom 5:5). L’exercice de cet amour révèle
que le chrétien est devenu en pratique participant de la nature divine. Cela n’est
possible que par la grâce, non par la loi. Ce ‘commandement’ ou ‘ordonnance’ est
à nouveau mentionné au v. 18 (en 6:14 un autre mot, le grec entolē
,
est utilisé). Il ne comprend pas seulement ce qui est dit aux v. 3 et 4, mais
il est le condensé de toute la volonté de Dieu pour Ses enfants. Il consiste à annoncer,
instruire, disposer, commander.
Quel était le but ultime [la fin] de ce ‘commandement’ [cette ‘ordonnance’] ?
C’était l’amour qui procède d’un cœur pur, d’une bonne conscience et d’une foi
sincère. Combien ces mots sont simples, clairs et beaux ! Tout petit enfant
dans la foi peut les comprendre. Dieu, qui est Lui-même amour, a manifesté Son amour
pour nous en ce que Christ, alors que nous étions encore pécheurs, est mort
pour nous (Rom. 5:8), et que, par le Saint Esprit, Il a versé Son amour dans
nos cœurs. Comme enfants bien-aimés de Dieu, nous sommes exhortés à être Ses
imitateurs et à marcher dans l’amour (Éph. 5:1-2). Le signe par lequel on reconnaît
les enfants de Dieu, c’est qu’ils manifestent cet amour (Jean 13:35 ; 1
Jean 3:14). L’amour divin (en grec agapē
) n’est pas la même chose
que l’amour ou la sympathie humaines. Alors que l’amour naturel entre les êtres
humains a toujours besoin d’une contrepartie digne ou d’une personne qui réponde
à l’amour pour ne pas se refroidir, l’amour divin coule comme une source de sa propre
force. Néanmoins, chez le croyant, il y a trop souvent interférence de la chair
avec sa propre volonté et ses inclinations au péché. C’est pourquoi l’apôtre
ajoute donc les trois compléments, sans lesquels il n’y a pas de véritable
amour de Dieu parmi les croyants.
Le cœur est ici le siège de la vie spirituelle avec ses pensées, ses sentiments et sa volonté. Tout cela est impur chez l’homme naturel. « Car du cœur viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les injures : ce sont ces choses qui souillent l’homme » (Matt. 15:19). Le cœur humain doit donc être purifié et maintenu en pratique dans cet état de pureté (cf. Ps. 24:4 ; 51:10 ; 73:1 ; Matt. 5:8 ; 2 Tim. 2:22 ; 1 Pierre 1:22 ; Actes 15:9 ; Hébreux 10:22 ; Jacques 4:8). La purification se fait par la Parole de Dieu (Jean 13:10 ; 15:3 ; Éph. 5:26).
La conscience est la norme de conduite devant Dieu basée sur la connaissance consciente du bien et du mal. La conscience de l’homme ne s’est éveillée qu’après la chute. Dieu a dit : « Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, connaissant le bien et le mal » (Gen. 3:22). Avant l’apparition du mal, l’homme ne pouvait pas posséder cette connaissance. Cependant, la conscience en soi n’est pas une norme absolue. Lorsque l’homme entre dans la pleine lumière de Dieu, la conscience agit au plus fort. Elle est purifiée par le sang de Christ (Héb. 9:14). Une conscience pure s’obtient par la confession sincère de la culpabilité reconnue et par la foi dans le plein pardon du côté de Dieu. Une bonne conscience est conservée en se gardant de tout ce qui n’est pas conforme à la volonté de Dieu connue. Le moyen de connaître la volonté de Dieu, est la lecture constante des Saintes Écritures et la prière. Dans cette épître, qui traite de la responsabilité personnelle et du comportement dans la maison de Dieu, la conscience est mentionnée quatre fois comme une sorte d’« arbitre » intérieur (1:5,19 ; 3:9 ; 4:2). Cela prouve à quel point l’état pratique de la conscience est important pour se comporter d’une manière qui plaise à Dieu dans Sa maison.
En troisième lieu est mentionnée la foi sincère. Le mot « foi » figure dix fois dans cette courte épître. Il est utilisé avec deux sens différents dans le Nouveau Testament. Il désigne parfois l’ensemble de la doctrine chrétienne, ce qui est cru, ce que Dieu a révélée à l’homme. Dans ce sens, le mot est la plupart du temps utilisé avec l’article (1:19 ; 4:1,6 ; 6:10).
Le deuxième sens du mot désigne l’acceptation personnelle des faits qui ont trait au salut et une vie, dans une obéissance et une confiance simples en Dieu. Dans ce cas, le mot est généralement utilisé sans article (1:19 ; 2:15 ; 4:12). C’est donc le cas ici. Au v. 5, il nous est donc présenté les conditions indispensables à une marche dans un amour vrai. L’amour d’un cœur pur, une bonne conscience et une foi sincère doivent être la caractéristique de tous ceux qui sont dans l’assemblée, la maison de Dieu. Si cet état de cœur n’est pas présent et n’est pas constamment maintenu, ils s’écartent de la bonne conduite dans la maison de Dieu. Toutes sortes de règlements peuvent alors être édictés et observés, mais ce ne sont que de vains bavardages qui ne produisent en aucune façon l’administration de Dieu qui est par la foi.
« …desquels quelques-uns s’étant écartés, se sont détournés à un vain babil, voulant être docteurs de la loi, n’entendant ni ce qu’ils disent, ni ce sur quoi ils insistent. »
Le pronom relatif « desquels » fait référence aux
quatre choses mentionnées au verset précédent : l’amour
d’un cœur
pur
, la bonne conscience
et la foi sincère
. Tout éloignement
de Dieu entraine un déclin moral. L’incroyant qui a rejeté la connaissance de
Dieu sombre dans une profonde immoralité (Rom. 1). Le chrétien qui ne prend pas
soin de se tenir dans la lumière de Dieu avec son cœur et sa conscience, court
le danger de se tourner vers des bavardages vains doctrinalement. L’origine des
doctrines étrangères de certains n’est donc pas à chercher ici dans les situations
extérieures, mais dans la profondeur de leur relation personnelle avec Dieu,
dans des péchés cachés qui ont empêché ces personnes d’atteindre le but final
du commandement (de l’ordonnance). Pour cacher leur vide intérieur, ils sont tombés
dans un vain bavardage. Ces docteurs imitaient les rabbins juifs, du rang desquels
ils étaient peut-être issus (cf. Actes 15:5 ; Tite 1:10), qui se vantaient
de leur savoir et s’élevaient au-dessus du peuple comme experts exclusifs des
Écritures (cf. Jean 7:49). Ces docteurs de la loi parmi les Juifs n’étudiaient
pas la volonté de Dieu, mais publiaient les traditions des anciens et leurs
propres opinions (Luc 5:17 ; Marc 7:1-15). Comme ceux-là, les docteurs de
la loi dans la chrétienté ne connaissaient ni qui est vraiment Dieu, ni le vrai
état de l’homme, ni même la loi et son véritable but, et encore moins le
véritable caractère du christianisme. S’ils avaient eu un peu de compréhension
de tout cela, ils n’auraient jamais eu l’audace d’agir en docteurs de la loi. Ainsi
ils prouvaient qu’ils ne comprenaient ni ce qu’ils disaient, ni ce sur quoi ils
insistaient.
Les versets suivants répondent à la question importante de savoir si la loi est la règle de vie pour le croyant. La réponse est la suivante : ce n’est pas la loi qui est la norme pour la conduite dans la maison de Dieu, mais le commandement divin (ou ordonnance divine) ; on l’a appelé parfois la « mission évangélique » (voir 1:5,18 ; 6:14).
« Mais nous savons que la loi est bonne, si quelqu’un en use légitimement, sachant ceci, que la loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété et les profanes, pour les batteurs de père et les batteurs de mère, pour les homicides, pour les fornicateurs, pour ceux qui abusent d’eux-mêmes avec des hommes, pour les voleurs d’hommes, les menteurs, les parjures, et s’il y a quelque autre chose qui soit opposée à la saine doctrine. »
Le croyant a l’obligation de faire la volonté de Dieu et de ne pas céder à la chair. Il est sanctifié pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ (1 Pierre 1:2). Mais l’expression et la mesure de la volonté de Dieu pour le chrétien n’est pas la loi, mais la vie de notre Seigneur Jésus sur la terre (Jean 4:34, 6:38 ; Phil 2:5 ; 1 Pierre 2:21). Même un Juif devenu croyant est maintenant mis à mort à la loi par le corps de Christ, pour être à un autre, à savoir à celui qui est ressuscité d’entre les morts afin de porter du fruit pour Dieu (Rom. 7:4). Cette liberté quant à la loi, se manifeste cependant, dans une obéissance et une dévouement à notre Dieu et Père qui étaient inconnus à un Juif sous la loi.
Tout comme dans Rom. 7:16, l’apôtre dit ici que la loi, en tant
que telle, est bonne (en grec kalos
« excellente »). Elle avait été donnée
par Dieu. C’était donc l’expression de Son être et de Sa volonté, bien qu’imparfaite
puisque Son amour et Sa grâce étaient encore en retrait derrière Sa sainteté. En
outre, l’annonce des exigences de la loi était limitée au peuple d’Israël et s’adressait
à l’homme naturel non régénéré. S’ils avaient respecté la loi, elle serait
devenue pour eux le chemin de la vie et de la justice (Lév. 18:5 ; Deut. 6:25).
Mais l’homme naturel est incapable de satisfaire aux exigences de la sainteté
de Dieu. C’est pourquoi la loi était un accusateur perpétuel : « Par la
loi est la connaissance du péché » (Rom. 3:20 ; 7:7).
Ce dernier point était l’usage légitime de la loi. Il a été « ajouté » (Gal. 3:19) afin que soient manifestés les transgressions et donc le péché du peuple d’Israël en tant que représentants de l’humanité. L’appliquer comme règle de vie pour les justes, c’est-à-dire des croyants justifiés qui marche comme ils le doivent selon la volonté de Dieu, serait un usage illégitime de la loi. Au v. 9, il est dit : « La loi (sans article, c’est-à-dire toute sorte de prescriptions légales) n’est pas pour le juste ».
Ceux pour qui la loi est destinée sont maintenant répertoriés, d’abord en quatre paires de termes reliés par « et », puis en deux groupes de trois termes chacun. Les trois premières paires contiennent des péchés contre Dieu, la quatrième décrit des péchés contre le prochain. Les iniques (litt. : hors-la-loi) et les insubordonnés (litt. : débridés) sont des gens qui ne veulent rien connaître d’une loi ni se placer sous une règle supérieure. Ensuite, il y a ceux qui refusent de rendre honneur à Dieu et qui pèchent contre Ses commandements (les impies et les pécheurs), et puis il y a les gens sans piété (ou : sacrilèges) et les profanes qui ne considèrent rien comme saint et piétinent tout ce qui est consacré à Dieu. Les batteurs de pères et batteurs de mères violent le cinquième commandement (Exode 20:12 et suiv.) ; les meurtriers (homicides) violent le sixième commandement ; les fornicateurs et les homosexuels violent le septième commandement, les kidnappeurs violent le huitième commandement, et finalement les menteurs et parjures violent le neuvième commandement.
Paul ne veut pas donner ici une liste complète de tous les péchés auxquels la loi s’applique. Il interrompt l’énumération par les mots : « …et s’il y a quelque autre chose qui soit opposée à la saine doctrine ». L’apparition de l’expression « saine doctrine » en rapport avec des péchés moraux évidents ne devrait pas nous surprendre (cf. 4:1 ; 6:3). La vérité et la sainteté vont toujours de pair (cf. Éph. 4, 24), tout comme la fausse doctrine et le péché. La saine doctrine ne contient pas seulement du bon enseignement, mais elle conduit également à des principes sains et moraux. Ce n’est pas la loi, mais cette saine doctrine qui est la bonne ligne directrice pour la conduite des croyants dans la maison de Dieu. Cette épître traite principalement du comportement extérieur de ceux qui sont appartiennent à la maison de Dieu. C’est pourquoi l’apôtre ne se réfère pas comme dans l’épître aux Éphésiens, aux vérités profondes de Dieu, mais il utilise ici le terme général de « doctrine » ou « enseignement » comme en 4:1,6,13,16 ; 5:17 ; 6:1,3. Cet enseignement ou doctrine est qualifié de « sain » ici et ailleurs dans les lettres pastorales (cf. 2 Tim. 4:3 ; Tite 1:9 ; 2:1). Littéralement, cela signifie « qui est en bonne santé » et signifie que la parole apportée par les apôtres était pure et non mêlée à des pensées étrangères et humaines.
« Suivant l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux, qui m’a été confié. »
Les péchés énumérés dans les v. 9 et 10 ne sont pas seulement condamnés par la loi. Ils sont également contraires à la saine doctrine du Nouveau Testament qui découle de l’évangile. À cet égard, la loi est en pleine harmonie avec l’évangile de la gloire, car tous deux témoignent de la sainteté de Dieu et ne peuvent donc pas tolérer le péché. Dans son essence, Dieu est éternellement le même.
Mais l’évangile avec ses bénédictions dépasse de loin toutes les actions antérieures de Dieu, et donc aussi la loi. Cela ressort de l’expression « l’évangile de la gloire du Dieu bienheureux ». Ce bien précieux avait été confié à l’apôtre Paul. Il y souligne ce fait en disant « qui m’a été confié » (cf. Rom. 2:16 ; 16:25 ; 2 Tim. 2:8). Quand on se rappelle comment Saul de Tarse est venu à la foi, on comprend pourquoi il qualifie l’évangile qui lui a été confié d’« évangile de la gloire » (cf. 2 Cor. 4:4). Sur le chemin de Damas, il fut jeté par terre à la vue de la gloire céleste visible (Actes 22:6,11). Cette gloire a été le point de départ de son ministère. Le message de grâce pour le pécheur perdu vient maintenant d’un Dieu qui a été glorifié par Son Fils et qui a glorifié Son Fils en Lui-même (Jean 13:31,32). Ce message révèle tout le conseil de Dieu, qui est rempli de sa gloire et est caractérisé par elle (Éph. 1:18 ; Col. 1:27).
Les différents titres de Dieu dans cette épître décrivent Sa grandeur, Sa félicité et Sa grâce. Ici, il est le « Dieu bienheureux », au v. 1 Dieu notre Sauveur (cf. 2:3), au v. 17 le Roi des siècles, l’incorruptible, invisible, seul Dieu ; au ch. 4:10 le Dieu vivant (cf. 3:15), qui est le conservateur de tous les hommes, et enfin en 6:15-16 le « bienheureux et seul Souverain, le Roi de ceux qui règnent et le Seigneur de ceux qui dominent, … qui seul possède l’immortalité, qui habite la lumière inaccessible qu’aucun homme n’a vu ni ne voir — … auquel soit honneur et force éternelle ! Amen ». Il veut introduire des gens sauvés dans Sa gloire et Sa félicité, et l’annonce de cette bonne nouvelle avait été assignée à Paul. Dieu ne parle plus maintenant, comme au Sinaï, par des éclairs et du tonnerre, mais dans la plénitude de la grâce et de la vérité en Christ. Maintenant, c’est la joie de Dieu dans Son amour de montrer Sa miséricorde aux pécheurs perdus.
« Je rends grâces au christ Jésus, notre Seigneur, qui m’a fortifié, de ce qu’il m’a estimé fidèle, m’ayant établi dans le service, moi qui auparavant étais un blasphémateur, et un persécuteur, et un outrageux ; mais miséricorde m’a été faite, parce que j’ai agi dans l’ignorance, dans l’incrédulité ».
Un grand nombre de manuscrits de second rang insèrent le mot « et » au début du verset 12, mais il est absent chez les meilleurs témoins. Il est évident qu’il a été inséré plus tard pour souligner le lien étroit avec le verset précédent.
Pour Paul, la pensée de son apostolat et de Celui qui le lui
avait confié, notre Seigneur Jésus Christ, n’était pas liée à une obéissance
forcée ou à une inquiétude quant au résultat, mais à une profonde action de
grâces. Rétrospectivement, il ne pouvait que louer dans une grande joie le
Seigneur Jésus Christ d’avoir fait de lui Son messager. Il ne l’avait pourtant
pas seulement appelé
, mais, dans Son omniscience, Il l’avait estimé
fidèle. C’est consciemment que Paul ne dit pas qu’Il l’avait trouvé
fidèle, car cela présupposerait une certaine période de mise à l’épreuve
préalable, dont il ne pouvait pas encore être question lors de son appel au
service. Le Seigneur l’avait reconnu comme quelqu’un qui serait fidèle à
l’avenir, et Il l’avait appelé et lui avait donné la force nécessaire jusqu’à
cette heure. Paul est étranger à toute auto-glorification. Quand il considère
son travail, son regard ne s’arrête pas sur ses propres résultats, mais il lève
les yeux vers le Seigneur avec action de grâces.
Si on établit quelqu’un à son service, on lui témoigne de la confiance en ce qu’on le considère comme fiable et qu’on compte sur sa fidélité. C’est ainsi que le Seigneur Jésus avait agi avec Paul, malgré tout ce que celui-ci avait fait contre Lui.
Ce faisant, Il lui avait aussi montré toute Sa miséricorde. Combien de haine contre Christ et les Siens Paul avait manifesté dans sa vie avant l’heure de Damas ! Il se qualifie ici de blasphémateur, persécuteur et outrageux. Plus tard, il dira au roi Agrippa : « J’ai pensé en moi-même qu’il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le Nazaréen, ce que j’ai fait aussi à Jérusalem, et j’ai enfermé dans des prisons beaucoup de saints, après en avoir reçu le pouvoir des principaux sacrificateurs ; et quand on les mettait à mort, j’y ajoutais ma voix ; et souvent dans toutes les synagogues, en les punissant, je les forçais à blasphémer ; et transporté de fureur contre eux, je les persécutais même jusque dans les villes étrangères » (Actes 26:9-11). Paul ne cherche nullement à s’excuser. L’ignorance dans laquelle il se trouvait alors, a seulement rendu le pardon possible. Le Seigneur Jésus Lui-même avait prié sur la croix pour Ses ennemis : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23:34). Paul n’était donc pas sans faute. L’aveuglement et l’ignorance diminuent certes la culpabilité, mais ne l’enlèvent pas (cf. Luc 12:47 et suiv.).
« la grâce de notre Seigneur a surabondé avec la foi et l’amour qui sont dans le Christ Jésus ».
À la suite de son appel au service de l’Évangile (v.12), Paul s’est mis au v. 13 à parler de son salut et de la miséricorde et de la grâce de Christ. Il inverse donc l’ordre des événements parce que, contre les faux docteurs de la loi, il lui faut en premier lieu (v.14) indiquer la vraie doctrine de son Évangile. Dans l’épitre aux Romains, il avait écrit en termes généraux : « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5:20). Cela s’appliquait tout spécialement à lui-même. La grâce, la foi et l’amour n’étaient pas ou peu révélés et connus sous la loi. Mais maintenant, Paul avait appris à les connaître dans toute leur surabondance. À la place de l’incrédulité, la grâce avait produit chez lui la foi, et à la place de sa haine d’autrefois, elle avait produit l’amour. Les deux sont mis en relation avec le Christ Jésus, qui est la source de toute bénédiction et l’objet de la louange pour le cœur du croyant.
« Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont moi je suis le premier.
Les premiers mots de ce verset (« Cette parole est certaine et digne de toute acceptation ») figurent encore en 3:1 et 4:9 et 2 Tim. 2:11 et Tite 3:8. Ils soulignent toujours une communication importante. Ici, ils confirment ce que le Seigneur Jésus Lui-même avait déjà dit : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc 19:10). L’authenticité divine de cette parole est également la raison pour laquelle elle est digne de toute acceptation. Tout pécheur peut l’accepter d’un cœur joyeux et reconnaissant. Car Paul, le premier des pécheurs, se cite lui-même en exemple. Il se trouvait en quelque sorte en tête de la série de ceux qui avaient été remplis de haine contre Christ, mais qui trouvaient maintenant le salut de l’âme, et au retour de Christ le salut du corps (Éph. 2:5 ; 1 Pierre 1:5).
C’est dans ce sens que Paul se nomme, avec une profonde humilité, le premier des pécheurs. Ses paroles ne sont pas exagérées et ne découlent pas d’une fausse humilité. Plus d’une fois, inspiré par le Saint-Esprit, il parle de lui-même d’une manière pareillement humble : « Car je suis le moindre des apôtres, moi qui ne suis pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’assemblée de Dieu » (1 Cor. 15.9). « À moi, qui suis moins que le moindre de tous les saints, cette grâce a été donnée … » (Éph. 3:8). Paul est conscient de ce qu’il a été le premier des pécheurs à cause de sa persécution haineuse de Christ et de Son assemblée. Il avait poursuivi les croyants comme personne d’autre, et cela juste au temps du début de l’assemblée, au temps de sa constitution, alors que l’évangile n’avait plus à être annoncé seulement aux brebis perdues de la maison d’Israël, mais aussi aux nations.
« Mais il m’a été fait miséricorde, afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montre toute sa patience, pour que je sois un exemple pour ceux qui croiront en Lui pour la vie éternelle ».
Paul mentionne ici pour la deuxième fois qu’il lui a été fait miséricorde. Au v. 13, il en indique la cause originale ; ici c’est le but que Dieu poursuivait en agissant ainsi avec lui. De même, pour la deuxième fois il s’appelle lui-même le « premier ». Du fait que, dans sa position de meneur parmi les pécheurs à sauver, il incarnait en quelque sorte tous les ennemis de Christ, le Seigneur Jésus a justement montré en lui toute Sa patience. Il est ainsi devenu le modèle ou l’exemple (hypotyposis en grec) de l’amour de Dieu qui surmonte la pire des inimitiés, et celui de la patience ou longanimité de Christ qui brise la plus forte des résistances. Aucun Juif ou païen ne pouvait faire pire que Saul de Tarse. À cause de sa haine contre Christ, il était en tête des pécheurs, et il est en tête de ceux qui ont fait l’expérience de toute la patience ou longanimité de Christ. Personne ne peut dire aujourd’hui : « Je suis un trop grand pécheur ; la grâce de Dieu ne suffit pas pour moi ! — Non, chacun peut savoir que, si Dieu a montré Sa grâce envers le premier des pécheurs, Il peut aussi la montrer envers moi.
Le but de la foi ici, n’est pas l’acquisition de la justice de Dieu (Rom. 10:10) ou le salut de l’âme (1 Pierre 1:9), mais la vie éternelle, que Paul voit la plupart du temps comme le but final dans la gloire (cf. Rom. 2:7 ; 6:22 ; Tite 3:7). Dans les écrits de Jean, la vie éternelle est le plus souvent considérée comme la possession présente du croyant.
Ce n’est pas par hasard ou en passant que Paul parle ici de la miséricorde qui lui a été accordée, mais en rapport étroit avec le maintien de la saine doctrine face aux contradicteurs et docteurs de la loi qui étaient actifs à Éphèse. La loi ne peut ni sauver les hommes ni guider les chrétiens dans le bon chemin ; les fables et les généalogies ne peuvent pas satisfaire le cœur humain ; seuls la grâce et l’amour de Dieu en Christ peuvent le faire.
« Or, qu’au roi des siècles, l’incorruptible, invisible, seul Dieu, soit honneur et gloire aux siècles des siècles ! Amen » (1 Tim. 1:17).
Au v. 12, l’apôtre avait commencé le récit de son expérience du salut par une simple action de grâces. Il la termine par une louange débordante pour Celui qui s’est révélé à Lui avec tant de grâce. Il ne nomme pas Dieu par les noms qui expriment Ses relations avec les hommes. Il ne dit pas l’Éternel ou le Père, mais le « Roi des siècles ». Cette désignation exprime la majesté absolue de Dieu, Sa souveraineté dans tous les temps. Avant tous les temps Il avait formé Son conseil de grâce. Il l’a exécuté dans le temps présent, et Il en manifestera les résultats glorieux dans des siècles à venir (Éph. 2:7 ; 3:11). Il est l’Incorruptible (Rom. 1:23), le seul qui soit au-dessus de tout ce qui est sujet à la corruptibilité, comme la création et les hommes. Il est aussi l’Invisible (Rom. 1:20 ;1 Tim 6:16) qui est au-dessus de tout ce qui est visible et qu’aucun œil humain ne peut jamais apercevoir dans son Absolu. Il est aussi le seul, l’unique vrai Dieu, et en cela, comme dans Son incorruptibilité et Son invisibilité, Il se tient au-dessus de toutes les œuvres de l’homme, que celui-ci a qualifié de dieux.
À Lui seul appartient l’honneur et la gloire pour l’éternité. L’expression
« aux siècles des siècles » ne signifie pas d’éternité en éternité,
mais « depuis maintenant jusque dans toute éternité » (en grec : eis
tous aiōnas tōn aiōnōn
).
« Je te confie cette ordonnance, (mon) enfant Timothée, selon les prophéties qui ont été précédemment faites à ton sujet, afin que par elles tu combattes le bon combat ».
L’apôtre reprend maintenant la pensée qu’il a interrompue au v. 6 par la digression sur la loi et la grâce. Le commandement ou ordonnance mentionné ici fait suite aux mots « ordonner » et « ordonnance » des versets 3 et 5 et fait également référence à la mission confiée selon ces versets. Paul appelle ici encore le jeune Timothée « enfant », comme déjà au v. 2, soulignant par-là la confiance avec laquelle il lui avait attribué la mission à Éphèse, – mission pas facile et pleine de responsabilité.
En même temps, il rappelle à Timothée, probablement comme encouragement, les prophéties le concernant. Cette expression a donné lieu à maintes spéculations. Paul se contente cependant de dire qu’il y avait eu des paroles prophétiques sur le jeune homme et sur son don de grâce et qu’elles marquaient son chemin à l’avance (cf. 4:14). Nous savons par Actes 16:2 que Timothée avait un bon témoignage des frères de Lystre et d’Iconium lorsque Paul le choisit comme compagnon.
En lui imposant les mains, Paul lui a transmis ce don de grâce de Dieu, qui l’a rendu particulièrement qualifié pour son ministère (2 Tim. 1:6). Il n’est rien rapporté de ce genre pour personne ailleurs dans le Nouveau Testament. C’est une particularité qui est encore soulignée par le fait qu’en signe de communion, les anciens avaient aussi imposé les mains à celui qui était appelé. Il y a donc eu trois étapes :
parl’imposition des mains de l’apôtre Paul ; et
avecl’imposition des mains.
C’est d’une manière semblable que Paul et Barnabas (qui, cependant, étaient tous deux depuis longtemps au service du Seigneur) furent envoyés d’Antioche pour leur premier voyage vers les nations. L’Esprit Saint parla aux prophètes et aux docteurs alors présents (et probablement aussi par leur intermédiaire) : « Mettez-moi maintenant à Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés » (Actes 13:2). Ici, il n’y a pas d’imposition des mains pour transmettre un don, car tous deux avaient déjà servi avec leur don de grâce, mais le passage se termine par l’imposition des mains des autres serviteurs du Seigneur qui s’identifiaient à Barnabas et Saul dans cette mission importante et difficile (Actes 13:3).
Les prophéties précédentes ont pu encourager et fortifier
Timothée dans le bon combat qui l’attendait. C’est le même combat dont Paul parle
dans 2 Cor. 10:3-4 : non pas une compétition comme en 1 Tim. 6:12 et 2 Tim.
4:7, mais la guerre contre la puissance et la ruse de l’ennemi du dehors et du
dedans. Dans la proclamation de l’Évangile, l’opposition de Satan vient plutôt
de l’extérieur, du monde ; mais Timothée avait à faire particulièrement au
combat à l’intérieur de la maison de Dieu, où Satan cherchait à s’opposer à l’œuvre
de Dieu par des fausses doctrines et par de l’immoralité. Le combat contre ces
influences est un bon combat (en grec kalos
), c’est-à-dire un combat qui
est juste en soi et qui plaît à Dieu. Peut-être on demandera s’il est permis de
se battre entre croyants ? Eh bien, le terme « combat » doit
être compris spirituellement. Tout enfant de Dieu est appelé à tenir ferme pour
les droits de Dieu, même s’il y a de l’opposition. Il est important d’avoir le
bon état d’esprit afin que ce combat ne devienne pas, comme chez les Galates,
une affaire où on se mord et on se dévore l’un l’autre (Gal. 5:15).
« … gardant la foi et une bonne conscience, que quelques-uns ayant rejetée, ils ont fait naufrage quant à la foi ; »
Comme précédemment au v. 5 et plus loin au ch. 3:9, la foi et une
bonne conscience sont mises ensemble. Les mots « gardant la foi » (en
grec echōn pistin
) disent autre chose que ce que l’apôtre Paul dit
de lui-même en 2 Tim. 4:7 : « J’ai gardé la foi » (en grec tēn
pistin tetērēka
). En 2 Tim. 4, c’est la foi en tant que dépôt qui
lui a été confié (1 Tim. 6:20 ; 2 Tim. 1:14), et que Paul avait fidèlement
conservé intact. Mais ici (1 Tim.1), il est dit que Timothée devait avoir de la
foi et une bonne conscience. Comme en 3:9, ici, ce n’est pas un des mots
habituels pour « garder » qui est utilisé, mais le mot « avoir,
tenir ferme ». Timothée devait tenir ferme la foi et une bonne conscience,
afin de pouvoir mener le bon combat. En Éph. 6:16 le bouclier de la foi et en 1
Thes. 5:8 la cuirasse de la foi, sont présentés comme l’équipement de
protection nécessaire pour le combat spirituel. Ici, ce qui est en vue est peut-être
davantage la force intérieure pour le combat. Cette pensée est soulignée par l’ajout
de la bonne conscience.
Une bonne conscience est la condition préalable pour la communion avec Dieu. Si nous n’avons pas une bonne conscience et donc pas de communion avec Dieu, portes et portails sont grand ouverts pour l’œuvre de Satan. La conscience fonctionne en nous comme une boussole qui indique tout écart par rapport à la bonne direction. Il est vrai que cette boussole doit être correctement orientée, c’est-à-dire selon la Parole de Dieu. La conscience n’est pas un critère absolu. Elle doit être affutée encore et encore par la Parole vivante. Certaines personnes avaient jeté cette boussole par-dessus bord. La triste conséquence était qu’ils avaient fait naufrage quant à la foi. Ce peut n’être qu’un « petit » péché qui n’est pas jugé. Or si le jugement de soi à la lumière de Dieu fait défaut, cela amène des dommages incalculables. Paul pense ici à des personnes qui avaient fait un naufrage total en ce qui concerne la vérité de la foi. Ils n’avaient pas tenu ferme la vérité, leur témoignage devant le monde était mauvais et leur vie personnelle était un monceau de ruine.
« … du nombre desquels sont Hyménée et Alexandre, que j’ai livrés à Satan, afin qu’ils apprennent à ne pas blasphémer ».
Deux de ces hommes étaient Hyménée et Alexandre. Hyménée est peut-être le même homme dont la deuxième épître dit qu’il s’était écarté de la vérité avec Philète (2 Tim. 2:18). En 2 Tim. 4:14, un métallurgiste Alexandre, est également mentionné, mais il s’agit probablement d’une personne différente. Timothée devait se garder de lui, tandis que Paul parle déjà de ce qu’il avait livré à Satan cet Alexandre-ci avec Hyménée.
Ce que Paul raconte ici comme un fait accompli, il l’avait présenté à l’assemblée comme étant sa sentence dans le cas d’un fornicateur à Corinthe. « Car pour moi, étant absent de corps, mais présent en esprit, j’ai déjà, comme présent, jugé (vous et mon esprit étant assemblés, avec la puissance de notre seigneur Jésus Christ), de livrer, au nom de notre seigneur Jésus-Christ, celui qui a ainsi commis cette action, – j’ai jugé, dis-je, de livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus » (1 Cor. 5:3-5). Cependant cette fois-là, ce n’était pas allé aussi loin, puisque l’assemblée avait ôté le méchant du milieu d’elle. Ôter n’est pas la même chose que livrer à Satan. La discipline dans l’assemblée concerne ceux qui sont dedans, et la mesure extrême est d’ôter le méchant du milieu d’elle (1 Cor. 5:12-13). De cette façon, une personne qui persiste dans le mal est complètement exclue de la communion de ceux qui veulent s’en tenir à la Parole et à la volonté de Dieu dans la sainteté. Par cela, une telle personne n’est pas mise sur un pied d’égalité avec le monde, car on ne peut ni manger avec elle ni la saluer (1 Cor. 5:11b ; 2 Jean 10,11 ; voir cependant 1 Cor. 10:27). Cette discipline doit ramener cette personne à la raison et à une véritable repentance.
Quand l’apôtre Paul parle de livrer quelqu’un à Satan, comme en 1 Cor. 5 et ici, il va au-delà de ce que fait l’assemblée ; celle-ci n’a aucun lien avec ceux du dehors. En 1 Cor. 5 Paul voulait agir de concert avec l’assemblée, tandis qu’ici, il avait déjà agi seul, comme apôtre. Par le fait d’être livré à Satan, le fornicateur de Corinthe devait faire l’expérience de la destruction de la chair, c’est-à-dire de châtiments atteignant le corps, la vie et éventuellement aussi l’âme, alors qu’ici il est question en général d’instruction par la discipline ou les châtiments. L’instrument de cette discipline est Satan, selon l’exemple de Job. Dans ces deux seuls cas du Nouveau Testament, le but n’était nullement la damnation éternelle, mais le demi-tour et la repentance. Alors que Paul écrivait aux Corinthiens sur le fait que « l’esprit serait sauvé dans la journée du Seigneur Jésus », Hyménée et Alexandre devaient apprendre par cette discipline ce qu’ils n’avaient pas appris par la vérité de la Parole et par des exhortations, à savoir s’abstenir de blasphémer. Nous ne savons pas ce qu’étaient ces blasphèmes. Blasphémer signifie : parler avec mépris sur les choses saintes, sur Dieu en particulier. Cela n’est pas étonnant chez quelqu’un qui est loin de Dieu. Mais si un disciple du Seigneur ne demeure pas journellement en communion avec Lui par la foi et une bonne conscience, il peut lui aussi tomber dans une voie aussi terrible.
Nous en venons maintenant au sujet propre de cette épitre, à savoir le comportement dans la maison de Dieu. Au ch. 1, Paul a dû rendre très clair que le principe directeur de ce comportement ne peut pas être la loi, car maintenant nous avons fait l’expérience de la miséricorde de Dieu et nous nous tenons dans Sa grâce. Toute personne sauvée fait partie de la maison de Dieu comme une pierre vivante, cette maison étant bâtie par Christ Lui-même (Matt. 16:18 ; Éph. 2:21 ; 1 Pierre 2:5). Cependant, cette épitre met l’accent sur la responsabilité qui se rattache à la maison de Dieu, comme cela a déjà été présenté en 1 Corinthiens 3:12-17, avec la seule différence que le croyant est considéré ici comme se trouvant dans cette maison. C’est pourquoi il doit savoir comment se comporter dans la maison de Dieu (3:15). Le comportement dans la maison de Dieu ne concerne pas seulement les réunions des croyants. La maison de Dieu, dans le Nouveau Testament, n’est pas un bâtiment matériel comme dans l’Ancien Testament (cf. Ps 122:1), mais une maison spirituelle, une habitation de Dieu par l’Esprit. Cette maison de Dieu sur la terre existe depuis que le Saint Esprit est descendu ici-bas et a établi Sa demeure ici. Quiconque confesse son appartenance à cette maison, en fait désormais partie à chaque instant de sa vie. C’est pourquoi sa manière de vivre est toujours en relation avec la maison de Dieu. Chaque parole, chaque acte doit être vu à cette lumière. Paul n’écrit pas seulement sur la vie de l’assemblée, mais aussi sur la vie de famille et sur le comportement dans le monde et vis-à-vis du monde. C’est pourquoi ce qui suit ne se limite pas aux réunions des croyants.
« J’exhorte donc, avant toutes choses, à faire des supplications, des prières, des intercessions et des actions de grâces soient faites pour tous les hommes ».
La première exhortation de l’apôtre concerne la prière. En l’absence de toute autre indication, il s’agit de manière générale aussi bien de la prière publique et que de la prière personnelle. Si l’on traduit très littéralement, Paul exhorte Timothée à le faire comme « la première de toutes les choses ». Certains commentateurs ont rapporté ces mots à la partie suivante de la phrase, comme si les prières pour tous les hommes devaient être placées avant toutes les autres prières ou avant tous les autres efforts. La traduction devrait alors être formulée comme suit : J’exhorte donc à ce que, avant toutes choses, des supplications, des prières … soient faites. Mais le contexte est en faveur de ce que, en ajoutant ces mots, Paul veut souligner l’importance de sa première exhortation. La prière est la respiration de l’âme du croyant, dit-on. C’est la première caractéristique de la vie spirituelle. Lorsque le Seigneur Jésus a envoyé Ananias à Saul qui venait juste de se convertir, Il a dit : « Voici, il prie » (Actes 9:11). L’une des quatre caractéristiques des premiers chrétiens à Jérusalem était qu’ils persévéraient dans la prière (Actes 2:42).
Deux conditions indispensables de l’exercice pratique de la communion avec le Père et avec le Fils, sont la lecture de l’Écriture sainte et la prière. De nos jours, l’exhortation de l’apôtre n’a rien perdu de son actualité, bien au contraire. Ces paroles sont également valables pour nous : « Avant toute chose ». Paul écrivait aux Éphésiens qu’ils devaient en tout temps prier et supplier par l’Esprit, et y veiller avec toute persévérance et avec des supplications pour tous les saints et pour lui-même (Éph. 6:18) ; et aux Philippiens, Paul écrivait : « En toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces » (Phil. 4:6).
Nous avons cependant ici une énumération encore plus détaillée des différentes sortes de prière.
Le fait que les prières doivent être faites pour tous les hommes est une particularité très remarquable de cette exhortation. Quand, plusieurs siècles auparavant, le prophète Ésaïe prophétisait sur la grâce qui atteindrait un jour toutes les nations, il dit du temple de l’Éternel : « Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations » (Ésaïe 56:7). Quand le Seigneur Jésus purifia le temple et en chassa les vendeurs et les acheteurs, Il utilisa cette déclaration prophétique d’Ésaïe (Marc 11:17). La grâce de Celui qui s’est révélé maintenant comme Dieu-Sauveur (1:1 ; 2:3) n’est pas restreinte à certaines personnes, mais s’adresse à toutes les nations et à tous les individus. Cela est particulièrement souligné par le fait que le petit mot « tous » apparaît plusieurs fois dans notre passage : « tous les hommes » (2:1, 4), « tous ceux qui sont haut placés » (2:2), « tous » (2:6). Certes, dans la maison de Dieu, nous avons à faire en premier lieu avec notre Dieu et Père et avec Son Fils Jésus Christ, notre Seigneur.
Mais combien il peut être facile de bien voir les membres de la maison de la foi, mais en même temps de perdre de vue « tous les hommes » ! Les croyants juifs avaient spécialement du mal à se défaire de leur mépris de tous les autres hommes. Pour eux, ils étaient des « incirconcis » impurs et ennemis de Dieu. Les persécutions qui commençaient déjà à l’époque, les moqueries et l’opprobre de la part de leurs semblables, pouvaient susciter aussi chez les croyants de la colère et même de la haine envers ces ennemis de Christ.
Enfin, les chrétiens pouvaient aussi courir le danger d’oublier ou mépriser leurs semblables par le fait de réaliser d’une manière fausse et pharisaïque la séparation selon Dieu d’avec le monde. La vraie séparation consiste à se séparer, pour l’amour de notre Seigneur bien-aimé, de tout ce qui est en contradiction avec Sa sainteté. Or malheureusement, on peut en arriver à se tenir à l’écart de certaines choses uniquement pour se distinguer des autres et faire ainsi preuve de supériorité. C’est se faire des illusions sur quelque chose qui ne correspond en rien à la volonté de Dieu. Par les mots « pour tous les hommes », le Saint Esprit veut nous préserver de ce que notre séparation ne devienne l’expression de l’orgueil humain, au lieu de témoigner de la sainteté et de la grâce de Dieu. Il est cependant conforme à la volonté de notre Dieu Sauveur d’intervenir pour tous les hommes par des supplications, des prières, des intercessions et des actions de grâce.
« Pour les rois et pour tous ceux qui sont haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille en toute piété et gravité digne » (Darby : honnêteté).
De l’expression globale « tous les hommes », sont maintenant détachés « les rois et tous ceux qui sont haut placés ». Pour eux aussi, la prière des croyants s’applique, car c’est d’eux que dépend la possibilité de mener, ou non, une vie paisible et tranquille. De par leur position, ils peuvent avoir une influence bonne ou mauvaise sur la marche du monde. Les prières pour les rois et tous ceux qui sont haut placés se rapportent de manière générale à toutes ces personnes dans tous les pays. Nous ne pouvons pas déduire de ces paroles que nous devons prier uniquement pour les gouvernants du pays où nous vivons. Cela exprime de manière particulière l’unité des enfants de Dieu dans le monde entier ; ils forment ensemble la maison de Dieu et, dans une sainte séparation de toute politique et de toute domination mondaines, ils ont le privilège de supplier, prier et rendre grâce pour ceux qui sont investis d’une haute responsabilité et qui, peut-être, ne veulent pas ou ne peuvent pas prier pour eux-mêmes.
Il convient de noter ici qu’il ne nous est pas demandé de prier pour les pouvoirs publics. Il faut reconnaître les pouvoirs publics comme autorité ordonnée de Dieu ; c’est le principe donné par Dieu quant à l’ordre humain et quant au gouvernement du monde selon Genèse 9:6, Romains 13:1-7, Tite 3:1 et 1 Pierre 2:13-14. Les instruments de cette autorité sont toutefois des personnes responsables devant Dieu. Nous devons prier pour ces personnes, et même pour toutes sans distinction. Quand Paul écrivait ces paroles, celui qui gouvernait à Rome était l’empereur Néron, l’un des dirigeants les plus cruels et les plus débauchés !
Dans ces intercessions et actions de grâce, la noblesse de la position chrétienne dans ce monde s’exprime tout particulièrement. Tous les hommes, sans exception, peuvent être inclus dans les prières des saints quand ceux-ci s’approchent du trône de la grâce !
Deux arguments sont donnés en faveur des prières mentionnées aux v. 1 et 2. Le premier est : « afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille en toute piété et gravité digne » (Darby : honnêteté). Cet objectif ne se réfère pas au contenu des prières, mais à leurs résultats. Dans l’Ancien Testament, le prophète Jérémie écrivait déjà aux Juifs déportés à Babylone : « Cherchez la paix de la ville où je vous ai transportés, et priez l’Éternel pour elle, car dans sa paix sera votre paix » (Jér. 29:7). Avec le peuple de Dieu sur toute la terre devant les yeux, nous pouvons faire appel à la bonté de Dieu pour qu’Il incline les dirigeants de ce monde afin que les Siens, en tant qu’étrangers, puissent mener une vie exempte de persécutions, mais aussi de distractions et d’influences de ceux du dehors.
Une telle vie en retrait de la mondanité et de la politique doit être caractérisée par la piété vis-à-vis de Dieu et par la gravité digne (Darby : honnêteté) vis-à-vis des hommes.
La piété est l’orientation de l’âme de l’homme vers Dieu ; elle se manifeste par le fait que c’est Lui qu’on adorer et qu’on sert. Ce mot apparaît huit fois dans la première épitre à Timothée (2:2 ; 3:16 ; 4:7,8 ; 6:3,5,6,11). Cela fait voir la valeur que notre Dieu attribue à ce que la nouvelle vie se traduise concrètement dans notre comportement sous Son regard.
L’expression « gravité digne » traduit un seul mot grec (semnotes), qui apparaît également au ch. 3 v.4. Il désigne le style de vie visible des croyants dans leurs relations mutuelles, et il combine les deux notions de dignité et de sérieux ou gravité. On pourrait également le traduire par « honorabilité ». Si les croyants peuvent mener une vie paisible et tranquille en toute piété et gravité digne, le nom de Dieu recevra de l’honneur et un témoignage de manière juste devant ce monde et ses dirigeants.
« Car cela est bon et agréable devant notre Dieu Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité ».
Le v. 3 est lié au v. 2 grâce à la conjonction de cause « car » (qui manque toutefois dans certains manuscrits importants). En même temps est indiquée la deuxième raison des prières des v. 1 et 2. La première raison donnée au v. 2, était d’avoir une vie paisible et tranquille, qui ne devait cependant pas être une fin en soi, mais une condition pour la propagation de l’Évangile dans le monde. Le début du v. 4 n’est pas une continuation de l’idée qui précède juste avant, mais une continuation de l’exhortation formulée au v. 1 à prier pour tous les hommes. La relation entre les deux est soulignée par le fait qu’ici, pour la deuxième fois, tous les hommes sont mentionnés. Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.
Mais tout d’abord, il est souligné que cette attitude de prière est bonne et agréable aux yeux de notre Dieu-Sauveur. Le mot « bon » revient particulièrement souvent dans cette épitre (d’abord le grec kalos en 1:8,18 ; 2:3 ; 3:1,7,13 ; 4:4,6,6 ; 5:10,25 ; 6:12,12,13,18,19 ; puis comme adverbe « bien » en 3:4,12,13 ; 5:17 ; en outre le grec agathos en 1:5,19 ; 2:10 ; 5:10). Le mot le plus courant (kalos) désigne quelque chose de bon en soi et de beau moralement, tandis que le second (grec agathos) signifie qu’une chose est bonne par sa nature et son genre, mais aussi bénéfique dans ses effets. Le mot « agréable » (grec apodektos) n’apparaît dans le Nouveau Testament qu’ici et en 5:4, il caractérise quelque chose qui mérite d’être accepté. Notre Dieu considère les prières des saints comme quelque chose de beau et d’agréable pour Lui. L’apôtre ne dit pas ici : le Dieu-Sauveur, mais : « notre Dieu-Sauveur ». C’est ainsi qu’Il s’est révélé à nous, et à Lui que nous appartenons désormais. Parce qu’Il est pour nous, nous pouvons nous approcher de Lui en pleine liberté. Même si nous prions pour le salut du pire des pécheurs, nous pouvons le faire dans la conscience que cela est agréable à notre Dieu-Sauveur. Dans l’Évangile, Il se révèle à tous les hommes sans distinction en tant que Dieu-Sauveur (1:1), qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité. Au temps de l’Ancien Testament, l’Éternel s’était choisi un seul peuple qu’Il avait séparé de tous les autres peuples au moyen de la loi. Mais maintenant, c’est le jour de grâce et de salut pour tous les hommes.
L’expression « Dieu veut » (thelo en grec) (*), il ne s’agit pas ici de Son dessein (ou conseil) éternel, mais de Son action par l’Évangile dans l’amour de tous les hommes. Dans l’épitre de l’apôtre Paul aux Éphésiens, le conseil de la volonté de Dieu nous est montré. L’homme y est considéré comme mort dans ses fautes et ses péchés, de sorte qu’il ne peut pas avoir la moindre contribution à son propre salut. Mais une fois qu’il est sauvé, son Dieu et Père lui fait part de Son propre dessein : il est prédestiné à être fils pour le Père Lui-même, prédestiné selon le dessein de Celui qui opère tout selon le conseil de Sa volonté (Éph. 1:5,11). Ces merveilleuses communications sont comme un secret pour les enfants de la famille de la foi.
(*) Le mot grec thelo désigne principalement un désir, une envie. Parallèlement, il existe un autre mot, moins fréquent dans le NT, qui désigne le vouloir (en grec, boulomai) et qui se rapporte au mot thelo comme la « résolution par rapport à la décision » (Schirlitz, dictionnaire grec du NT). Le mot grec boulomai est très souvent utilisé dans le NT pour désigner le conseil (dessein) divin (cf. Matt. 11:27 ; Luc 10:22 ; 22:42 ; 1 Cor. 12:11 ; Héb. 6:17 ; Jacq. 1:18).
Mais ici, dans la première épitre à Timothée, c’est un autre point de vue qui nous est présenté. Nous voyons ici l’amour de notre Dieu-Sauveur, qui invite tous les hommes à se laisser sauver et à parvenir à la connaissance de la vérité. Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, ne leur imputant pas leurs transgressions, et Il a mis en nous la parole de réconciliation. Nous sommes donc maintenant des ambassadeurs pour Christ, Dieu, pour ainsi dire, exhortant par nous ; nous supplions de la part de Christ : Soyez réconciliés avec Dieu (2 Cor. 5:19-20) ! « Que celui qui veut, prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22:17).
Ces deux aspects si opposés de la vérité du salut peuvent sembler paradoxaux à l’intelligence naturelle. Ils nous montrent pourtant la profondeur de la richesse de la sagesse et de la connaissance du Dieu éternel. Ils font partie des mystères que nous ne connaîtrons certes pas ici, mais que nous connaîtrons dans la gloire du ciel.
C’est donc la volonté déclarée de Dieu que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité. Paul parle ici pour la seconde fois du salut. Au ch. 1 v.15, il avait déjà écrit que le Christ Jésus était venu dans le monde pour sauver les pécheurs. Il est maintenant clair ici qu’il n’y a pas d’exceptions, car tous les hommes ont besoin du salut. Le salut complet de Dieu est la délivrance de l’homme de tout danger passé, présent et futur, tant pour l’âme que pour le corps. Il n’y a qu’un chemin pour y parvenir, c’est la foi au Sauveur : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé » (Actes 16:31). Le salut de l’âme est déjà un fait établi pour tous ceux qui ont cru l’évangile du salut (ou : de la félicité, en grec soteria) (Éph. 2:5 ; Phil. 1:19 ; Tite 3:4 ; 1 Pierre 1:9). Or nous sommes encore sauvés chaque jour des dangers venant de l’ennemi des âmes par l’activité du Seigneur en tant que souverain sacrificateur auprès de Dieu (Héb. 7:25 ; cf. Rom. 5:10). Notre salut sera achevé lorsque le Seigneur viendra nous sauver éternellement, par l’enlèvement, et nous délivrer de toutes les difficultés dans lesquelles nous nous trouvons encore actuellement (1 Pierre 1:5a ; Phil. 3:20,21). Enfin, par le baptême, nous sommes également sauvés quant à notre position sur terre — non pas pour l’éternité — de cette génération perverse au milieu de laquelle tous se sont trouvés ou se trouvent encore par nature (1 Pierre 3:21 ; cf. Actes 2:40,41).
Dans notre verset, l’apôtre pense au salut de l’âme, comme cela
ressort des mots qui suivent : « … et viennent à la connaissance de (la)
vérité ». L’absence d’article devant le mot vérité indique qu’il s’agit ici de
la vérité au sens général, et non pas d’une vérité particulière du salut. Tout
homme dans l’éloignement de Dieu est sous l’emprise de Satan, le père du
mensonge (cf. Jean 8:44-47). La vérité n’est qu’en Dieu ; Lui seul voit
toutes choses dans leur vraie nature, c’est-à-dire telles qu’elles sont
réellement. Il a également ouvert le seul vrai chemin du salut par Son Fils, le
Sauveur. Reconnaître cela, se courber devant cela dans la repentance et y
croire, c’est le seul chemin du salut pour l’homme. C’est la connaissance de la
vérité. Sans elle, le salut est impossible (cf. Tite 1:1 ; Héb.
10:26 ; 2 Tim. 3:7). Mais cette connaissance ne s’arrête pas au salut,
elle doit toujours croître davantage (cf. 2 Tim. 2:25 ; Col. 1:9,10 ;
2:3 ; 2 Pierre 1:2,8). Ce n’est que dans la gloire que nous connaitrons
comme nous avons été connus (1 Cor. 13:12 ; cf. Éph. 4:13). L’idée que le
salut et la connaissance de la vérité seraient la même chose, ou que la
connaissance de la vérité n’est que le chemin vers le salut, est tout aussi
inexacte que l’idée selon laquelle la connaissance de la vérité suit le salut,
car, comme nous l’avons déjà remarqué, il ne s’agit pas de la connaissance
d’une vérité particulière, mais du fait que l’homme entre dans la lumière de
Dieu et y progresse, jusqu’à parvenir à la pleine connaissance
de la
vérité, selon la signification du mot grec (épignosis).
« Car Dieu est un, et le médiateur entre Dieu et les hommes est un seul, l’homme Christ Jésus.
Le fondement de toute révélation dans l’Écriture sainte est le
fait éternel que Dieu est un
. C’est ce qui était révélé dans l’Ancien
Testament et qui était déjà connu du peuple d’Israël. « Écoute, Israël :
l’Éternel, notre Dieu, est un seul Éternel » (Deut. 6:4). « Vous êtes mes
témoins, dit l’Éternel, et mon serviteur que j’ai choisi ; afin que vous
connaissiez et que vous me croyiez et que vous compreniez que moi je suis le
Même. Avant moi, aucun Dieu n’a été formé, et après moi, il n’y en aura pas.
Moi, je suis l’Éternel, et hors de moi il n’y a pas de sauveur » (És. 43:10,11).
« En ce jour-là, l’Éternel sera un et Son nom sera un » (Zach. 14:9). Le Dieu
unique est également attesté à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament.
« … Nous savons donc … qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’un seul. Car s’il y
en a qui sont appelés dieux, soit dans le ciel, soit sur la terre (comme il y a
beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs), toutefois pour nous il y a un seul
Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses, et nous pour lui, et un seul
Seigneur, Jésus Christ, par qui sont toutes choses, et nous par lui » (1 Cor.
8:4-6). « Or, un médiateur n’est pas médiateur d’un seul, mais Dieu est un seul »
(Gal. 3:20). « Tu crois que Dieu est un, tu fais bien » (Jacq. 2:19). Combien sont
totalement infondés les reproches souvent formulés par les Juifs et les
mahométans, selon lesquels les chrétiens seraient des adorateurs de trois
dieux, ! Non, Dieu est un seul.
Dès la première page de la Bible, on peut cependant reconnaître un fait dont la pleine révélation a été donnée à connaître par l’apparition de Jésus Christ, à savoir que ce Dieu unique existe de trois manières, en trois personnes : Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit (cf. Matt. 28:19). L’unité trinitaire (la triunité) de Dieu se manifeste dans tout ce qu’Il fait, dans la création, dans l’incarnation du Fils, au début de Son apparition publique, dans l’œuvre de la rédemption, dans le salut des pécheurs et aussi dans l’assemblée de Dieu.
Bien que l’unité de Dieu ait été révélée et attestée dans le judaïsme, Dieu restait caché pour Son peuple derrière le voile du lieu très-saint (le saint des saints) dans la tente d’assignation et plus tard dans le temple à Jérusalem. Mais lorsque le Fils est venu sur la terre, Dieu a été pleinement révélé. Lorsqu’Il a été baptisé par Jean au Jourdain, l’Esprit de Dieu est descendu sur Lui de manière visible, comme une colombe, et la voix du Père s’est fait entendre depuis les cieux : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir » (Matt. 3:16,17). Ainsi, dans la triunité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, le Dieu unique a été révélé. Sans la venue du Seigneur Jésus, cela était impossible. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui L’a fait connaître » (Jean 1:18).
Dans ce but, le Fils devait devenir un homme. Aucune créature ne pouvait contempler Dieu dans Sa majesté sublime (Exode 33:20 ; 1 Tim. 6:16). Dans une grâce insondable, la Parole s’est faite chair et a habité parmi nous, et l’apôtre Jean a pu dire : « Nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle d’un Fils unique venu de la part du Père » (Jean 1:14). C’était le bon plaisir de toute la plénitude de la Déité d’habiter sur terre dans l’homme Christ Jésus.
Mais pour les pécheurs perdus, il ne suffisait pas que Dieu soit révélé en chair. L’homme Christ Jésus devait devenir le médiateur entre Dieu et les hommes. Dieu, dans Sa sainteté et Sa justice absolues, ne peut pas avoir de communion avec des pécheurs tombés loin de lui. Et l’homme déchu n’a, par lui-même, aucune possibilité de s’approcher de Dieu. C’est pourquoi un médiateur était nécessaire. Seul Dieu pouvait fournir cet arbitre, dont Job disait déjà « qu’il poserait sa main sur nous deux » (Job 9:33). Le Fils éternel, qui est l’image du Dieu invisible, était le seul à pouvoir révéler pleinement Dieu, connaître Sa volonté et la faire. En tant qu’homme, Il pouvait prendre la défense des hommes devant le Dieu saint et prendre sur Lui le salaire du péché, la mort. C’est pourquoi seul l’homme Christ Jésus a été en mesure de devenir cet unique médiateur entre Dieu et les hommes. Béni soit Son nom pour cela ! Mais tout n’est pas encore dit sur Sa médiation. En effet, elle ne se limitait pas à établir le lien avec Dieu en tant que prêtre (sacrificateur) et roi pour le peuple d’Israël. Non, Christ est le médiateur qui correspond parfaitement à la fois à la nature éternelle de Dieu et aux besoins des hommes en Sa présence. Il est descendu dans les profondeurs les plus extrêmes, de sorte que même le plus misérable des pécheurs peut reconnaître que Dieu, dans Sa bonté, s’est abaissé jusqu’à lui et qu’Il est accessible aux hommes. Or la même miséricorde avec laquelle le Seigneur Jésus était sur la terre, Il la possède encore maintenant au ciel. Il n’a pas cessé d’être un homme et n’oublie pas Ses expériences sur la terre. En perfection divine, Il reste cependant l’homme dans la gloire. Il est le médiateur entre Dieu et les hommes, incomparable à quoi que ce soit et à qui que ce soit.
Combien le Seigneur Jésus est déshonoré lorsque, dans une grande partie de la chrétienté, on honore un adjoint humain à côté de Lui, et qu’on implore les anges, les saints et Marie comme médiateurs ! De même, combien est malfaisant le point de vue de nombreux théologiens actuels selon lesquels le Seigneur Jésus n’était qu’un homme particulièrement éminent au-dessus de la masse des autres hommes, ayant vécu pour une bonne idée mais mort finalement. La base de telles idées est que l’homme n’a pas du tout besoin d’un sauveur, car Dieu n’est plus connu ni reconnu comme créateur et juge saint et juste. Là où on nie tout l’au-delà et avec cela la vie après la mort, la religion devient un instrument d’amélioration politique du monde et de changement de système. La parole de Dieu ajoute à ce sujet : « Ne soyez pas séduits, on ne se moque pas de Dieu ! Car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6:7).
« Qui s’est donné Lui-même en rançon pour tous, (de quoi) le témoignage (devait être proclamé) en son temps ».
Trois faits importants nous sont communiqués au sujet du Médiateur :
un seulmédiateur,
homme.
Non seulement Dieu a donné Son Fils unique (Jean 3:16), mais le Fils s’est aussi donné Lui-même. Il ne peut y avoir de don plus grand ! Nous lisons également en Galates 1:4 et Tite 2:14 que le Seigneur Jésus s’est donné (didomi en grec) Lui-même pour nous. En Galates 2:20 et Éphésiens 5:2,25, un mot encore plus fort « livré » (grec paradidomi) est utilisé et exprime le don total. Le Seigneur Jésus a une fois utilisé une parabole pour éclairer cet acte : « Le royaume des cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme a trouvé et caché ; et, de la joie qu’il en a, il s’en va et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ » (Matt. 13:44). Ce marchand a donné tous ses biens pour acheter le champ — le monde (cf. Matt. 13:38). Mais le Seigneur a fait plus : Il s’est donné Lui-même. Il a payé une rançon équivalente à toute la dette qui devait être payée. Dans l’épitre aux Éphésiens, nous lisons que le Seigneur Jésus a glorifié Dieu par le parfum de bonne odeur du don de Lui-même (Éph. 5:2). Mais ici, c’est davantage le côté de l’œuvre envers les hommes qui nous est montré, l’expiation : Christ s’est donné Lui-même en rançon pour tous.
Dans l’œuvre rédemptrice de Christ se révèlent l’amour de Dieu,
c’est-à-dire la nature de Dieu, et le désir de Sa volonté de sauver tous les
hommes (cf. 2:4). Cela ne signifie toutefois pas que tous les hommes
bénéficient de ce salut. Une comparaison avec le passage très semblable de
Matthieu 20:28 (voir aussi Marc 10:45) peut éclairer cette différence
importante. Le Seigneur Jésus dit, là : « De même que le Fils de l’homme
n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner Sa vie en rançon
pour
beaucoup (Darby : plusieurs) ». Les mots clefs de ces versets, qui
se ressemblent tant, présentent trois différences :
1) Le mot grec pour « rançon » (lytron) dans Matthieu 20:28 et Marc 10:45 signifie proprement l’argent du rachat des esclaves à libérer. Il n’apparaît pas ailleurs dans le Nouveau Testament, mais il est bien attesté dans la langue grecque de l’époque. En 1 Timothée 2:6, le mot antilytron est utilisé pour la rançon, le préfixe additionnel renforçant le sens de « à la place de ». Il n’apparaît qu’à cet endroit dans le Nouveau Testament.
2) Il y a une différence importante entre les prépositions, qui
sont rendues par « pour » dans les deux cas. En Matthieu 20:28, le sens de base
est « au lieu de, à la place de » (grec anti). Hormis quelques passages où anti
a la fonction de conjonction, anti
figure toujours dans le Nouveau
Testament lorsqu’il s’agit d’exprimer une substitution ou une équivalence. Je
cite ces passages dans leur intégralité : Matthieu 2:22 ; 5:38 ;
17:27 ; 20:28 ; Marc 10:45 ; Luc 11:11 ; Jean 1:16 ;
Romains 12:17 ; 1 Corinthiens 11:15 ; 1 Thessaloniciens 5:15 ;
Hébreux 12:2,16 ; 1 Pierre 3:9. Ici, en 1 Timothée 2:6, on trouve
cependant une autre préposition qui, en général avec le génitif, a le sens de
« pour, au mieux, ou au profit de quelqu’un » (grec hyper
). Ce mot, avec
son sens beaucoup plus général, se trouve par exemple en Galates 1:4 ;
2:20 ; Éphésiens 5:2,25 ; Tite 2:14, mais aussi en Romains 5:6 ;
2 Corinthiens 5:14,15,21.
3) La troisième différence est exprimée par les mots « beaucoup (Darby : plusieurs) » dans Matthieu et Marc et « tous » dans le présent verset. Tandis que dans les évangiles, le Seigneur parle de ceux qui acceptent par la foi que la rançon a aussi été payée pour eux ; ici il est exprimé que le prix payé est suffisant pour tous les hommes.
Il y a donc une grande différence entre ces deux phrases si semblables. C’est la différence entre l’expiation (1 Tim. 2:6) et la substitution de Christ (Matt. 20:28). Lorsqu’Il a accompli Son œuvre sur la croix, Dieu a été entièrement glorifié et satisfait. En raison de cette œuvre, Il offre maintenant à tout pécheur la grâce et le salut en Christ. La valeur de cette œuvre est suffisante pour tous les hommes. Oui, un jour viendra où, en raison de cette expiation, toute la création sera même libérée du péché (Jean 1:29), car Christ a aussi acheté le champ, c’est-à-dire le monde entier. Ici cependant, il est dit seulement que la volonté de Dieu est que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité.
Mais la Parole de Dieu dit aussi très clairement et sans équivoque que seuls ceux qui revendiquent pour eux-mêmes personnellement le salut par la repentance et la foi seront effectivement sauvés (Marc 16:16 ; Apoc. 22:17). Nous trouvons, dans l’Ancien Testament, une image de ces deux côtés dans les deux boucs qui devaient être offerts lors du grand jour des expiations (Lévitique 16). Le souverain sacrificateur devait égorger l’un des boucs et apporter son sang dans le lieu très saint de la tente d’assignation, où il en était fait aspersion sur et devant le propitiatoire ou couvercle de l’arche de l’alliance. Ce bouc était pour l’Éternel et satisfaisait Ses saintes et justes exigences concernant les impuretés et les transgressions des enfants d’Israël « selon tous leurs péchés » (Lév. 16:9, 15-17). C’était l’expiation. — Le deuxième bouc, appelé Azazel, devait ensuite être amené. Le souverain sacrificateur Aaron devait poser ses deux mains sur la tête de cet animal et y confesser toutes les iniquités des enfants d’Israël. Ensuite, ce bouc, chargé symboliquement de tous les péchés du peuple d’Israël, était envoyé dans le désert. Un animal innocent portait par procuration la culpabilité dont il avait été chargé par la confession des péchés par Aaron, puis il était envoyé dans une terre inhabitée pour ne jamais revenir (Lév. 16:10,20-22). C’est l’image de la substitution de Christ pour tous ceux qui croient en Lui.
Dans le Nouveau Testament, nous trouvons les deux points de vue
réunis en Romains 3:22, où la plupart des manuscrits lisent : « … la
justice de Dieu, par la foi en Jésus Christ, envers
tous (c’est
l’expiation) et sur
tous ceux qui croient » (c’est la substitution).
L’apôtre Jean écrit dans sa première épître (2.2) : « Et Lui est la
propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais aussi pour le
monde entier ».
Cette grâce de Dieu, qui fait annoncer à tous les hommes le pardon et le salut en raison de l’œuvre de Christ, devait être annoncée en son temps. Quand Christ est entré au ciel, et que le Saint-Esprit est venu sur terre et que la maison de Dieu a surgi, alors ce temps est venu. Avant que la rançon soit payée, c’était impossible. Jusque-là, Dieu avait attendu avec une longue patience. Mais quand la corruption des hommes, non seulement des païens mais aussi des Juifs, fut devenue complètement publique, le prix de la rédemption fut payé sur la croix de Golgotha, et le témoignage fut également rendu en son temps. Ce témoignage doit émaner de toute la maison de Dieu et il s’adresse au monde entier.
« J’ai été établi héraut (Darby : prédicateur) et apôtre (je dis la vérité, je ne mens pas), docteur des nations, dans la foi et la vérité ».
Paul était un instrument spécial de Dieu, un vase d’élection. Dans un autre passage, il témoigne comment il est arrivé au ministère d’apôtre (cf. Gal. 1:1, 11-12, 15 et suiv.). Ici, il ne cite que les trois titres qui caractérisaient son ministère. Dans l’empire romain, le héraut était un personnage officiel bien connu qui proclamait les communications et les messages officiels du souverain. C’est ainsi aussi que le message du salut est proclamé. Le mot ordinaire pour « prêcher » dans le Nouveau Testament est un dérivé de ce mot « héraut ». L’autorité du héraut réside dans le message qu’il proclame.
Paul était en outre apôtre. C’est comme tel qu’il s’était présenté au premier verset de l’épitre, et comme tel il pouvait se prévaloir de l’autorité du Seigneur qui l’avait envoyé. Malgré cela, son apostolat a souvent été mis en doute (1 Cor. 9:1-3 ; 2 Cor. 11:4-5 ; Gal. 1 et 2). C’est peut-être pour cette raison qu’il a ajouté ici les mots : « Je dis la vérité, je ne mens pas » (cf. Rom. 9:1 ; 2 Cor. 11:31 ; Gal. 1:20).
Enfin, Paul était un docteur (= enseignant) des nations. Il était certes aussi l’apôtre des nations (Rom. 11:13), car le Seigneur lui avait confié tout spécialement la mission d’annoncer Ses richesses insondables parmi les nations (cf. Rom. 16:25-26 ; Gal. 2:7-9 ; Éph. 3:8). Paul possédait un don spécial d’enseignant-docteur de la part du Seigneur glorifié (Éph. 4:11). Le ministère (service) de ce héraut (prédicateur), apôtre et enseignant des nations était caractérisé par la foi et la vérité. Il vivait lui-même pratiquement dans ces choses qu’il présentait aux autres. La vraie foi et la vérité unique étaient aussi le sujet de ce qu’il prêchait, et finalement, la foi en l’Évangile et la connaissance de la vérité sont aussi le seul chemin vers le Dieu Sauveur.
« Je veux donc que les hommes (*) prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans réflexion de doute [Darby : sans raisonnement] ».
[(*) ici : les hommes en contraste avec les femmes]
Après l’exhortation générale à la prière du v. 1, voici une invitation spécifiquement adressée aux hommes. Paul stipule expressément, avec l’autorité apostolique, que ce ne sont pas tous les membres de l’assemblée de Dieu, mais seulement les hommes qui doivent prier en tout lieu. L’expression est si claire qu’on s’étonne de la facilité avec laquelle de nombreux chrétiens passent outre ce commandement. Le non-respect de l’inspiration littérale de toute l’Écriture sainte, mais aussi le mouvement mondial d’émancipation des femmes, ont fait beaucoup de dégâts.
D’une part, la Parole de Dieu nous enseigne clairement que la
prière, expression de la dépendance à l’égard de Dieu, est un privilège qui
appartient non seulement aux hommes, mais aussi aux femmes. Pensons seulement à
Anne mère de Samuel (1 Sam. 2:1), à Marie (Luc 1:46 et suiv.) et à Anne de la
tribu d’Aser (Luc 2:37) ! En 1 Cor. 11:5-10, l’apôtre Paul donne en outre
l’instruction restrictive, justifiée en détail, que toute femme qui prie ou qui
prophétise doit se couvrir la tête. Mais 1 Cor. 14:34-35 contient un
enseignement important : « Que vos femmes se taisent dans les
assemblées… ». Une femme croyante ne pouvait et ne peut donc pas prier n’importe
où. En parfait accord avec les autres passages du Nouveau Testament à ce sujet,
l’apôtre écrit ici : « Je veux donc que les hommes prient en tout
lieu ».
Dans la pensée de Dieu, seuls les hommes ont le privilège de prier en tout lieu. L’ordre divin dans la création s’exprime en cela. « Les hommes » ne sont pas une classe ou un groupe particulier, comme les anciens et les serviteurs ou ceux qui ont reçu un don donné par le Seigneur glorifié, mais tous « les hommes », en contraste avec les femmes. Les frères ont la pleine liberté de prier, mais dans une humble soumission au Seigneur et à la direction du Saint Esprit. Dans les églises et communautés chrétiennes, cette liberté est largement méconnue. Mais qu’en est-il de ceux qui, selon leur confession, se sont séparés de ces organisations humaines et veulent ne s’appuyer que sur la parole de Dieu ? N’y a-t-il pas là aussi le danger de faire reposer ce service important sur les épaules d’un petit nombre ?
L’indication « en tout lieu » ne se rapporte cependant pas aux seules réunions des croyants. Elle signifie simplement qu’il n’y a pas de restriction extérieure à la prière des hommes, contrairement à celle des femmes. Qu’il s’agisse de la prière en famille, dans un cercle plus large, en public ou aussi dans les réunions, les hommes doivent prier en tout lieu. Dans un cercle de femmes, avec les enfants qui lui sont confiés, la sœur peut aussi avoir la liberté de prier, dans la mesure où, de cette manière, elle ne méconnait pas sa position de femme. Mais en public, la prière est un devoir et un privilège des frères.
La suite de ce verset se rapporte davantage à l’attitude intérieure plutôt qu’extérieure des hommes qui prient. Le fait d’élever ou d’étendre les mains était une habitude bien connue à l’époque biblique (2 Chron. 6:12 ; Esdras 9:5), tout comme le fait de joindre les mains de nos jours. Il n’est pas non plus essentiel d’être debout ou à genoux pour prier (Dan. 6:11 ; Marc 11:25 ; Luc 22:41 ; Éph. 3:14). Ce n’est pas seulement la position extérieure qui compte, mais le fait que les mains de celui qui prie soient saintes. Ici, ce n’est pas le mot normal pour « saint » (grec hagios), qui signifie « séparé », mais le mot grec hosios, beaucoup plus rare, qui peut aussi être traduit par « pieux, miséricordieux, plein de grâce » (Actes 2:27 ; Tite 1:8 ; Héb. 7:26). Les mains, en tant qu’instruments et symboles de l’activité humaine, sont ici l’expression de l’état intérieur. Si, dans sa propre vie, on tolère des péchés non jugés, si les relations avec les autres ne sont pas en ordre et si, lors de la prière publique, on n’a pas conscience de parler en tant que bouche de ceux qui sont rassemblés et en présence d’un Dieu saint, alors les mains élevées ne peuvent pas être saintes. Cette pensée est soulignée par les mots bien sérieux : « sans colère et sans réflexion de doute ». Si l’on nourrit de la colère dans le cœur contre quelqu’un, peut-on prier sincèrement, y compris pour la personne concernée ? C’est impossible. Le Seigneur veut que nous pardonnions comme Lui nous a pardonné (Col. 3:13 ; Marc 11:25). Les prières publiques ne doivent pas non plus être détournées pour attaquer autrui ou pour donner des leçons. Or ce n’est pas seulement notre relation avec les autres qui doit être en ordre, mais aussi vis-à-vis de Dieu Lui-même : il ne faut pas non plus entretenir des considérations de doute. Jacques écrit : « qu’il demande avec foi, ne doutant nullement ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et jeté çà et là ; or que cet homme-là ne pense pas qu’il recevra quoi que ce soit du Seigneur : il est un homme incertain dans ses pensées, inconstant dans toutes ses voies » (Jacques 1:6-8). Si cependant rien ne s’interpose entre le cœur et Dieu, le croyant peut s’approcher avec confiance du trône de la grâce (Héb. 4:16 ; 1 Jean 3:20-21).
« De même aussi, que les femmes se parent d’un extérieur modeste avec pudeur et décence, non pas de tresses et d’or, ou de perles, ou d’habillements somptueux, mais par de bonnes œuvres, ce qui convient à des femmes qui font profession de craindre Dieu ».
Il y a toujours eu des traducteurs et des commentateurs pour comprendre le mot « de même » au début de ces versets comme s’il reprenait tout le contenu du verset 8, c’est-à-dire l’invitation de l’apôtre à ce que les hommes prient partout. Cette conception n’est cependant pas défendable pour deux raisons :
queles hommes … prient … de même
que(les) femmes … se parent … ». L’expression « de même » se rattache donc clairement, du point de vue grammatical, aux mots « je veux donc ».
De même que tous les hommes croyants sont invités à prier en tout lieu dans une attitude correcte, exprimant par-là leur dépendance à l’égard de Dieu, ainsi ici toutes les femmes qui professent craindre Dieu se voient imposer ici la pudeur et la modestie. Dans la Parole de Dieu, nous trouvons depuis toujours des exemples de l’envie des femmes de s’embellir et d’avoir des ornements. Or déjà dans l’Ancien Testament, ce fait est présenté comme une caractéristique charnelle et est condamné (2 Rois 9:30 ; És. 3:16-24). Cette tendance dangereuse du genre féminin est également signalée en 1 Pierre 3:3-5, spécialement par égard au témoignage devant les non-croyants. Dans notre épitre, il s’agit de la bonne conduite dans la maison de Dieu. Pour les femmes, cela implique un comportement et une attitude modestes, ou honorables, décents et dignes, auxquels l’apparence extérieure contribue fortement. Le mot « décent » (kosmios en grec) est traduit par « honorable » dans la description des qualités du surveillant au ch. 3 v.2.
Comme l’apôtre ajoutait à l’exhortation aux hommes : « sans colère et sans considérations de doute », ainsi il ajoute ici : « avec pudeur et modestie (ou : réflexion) ». Dieu veut que la femme chrétienne se pare, mais seulement d’une manière qu’Il puisse approuver. Un tel ornement ne doit pas attirer l’attention des autres sur soi, mais être pour Sa joie ! Cela signifie que la parure ou ornement est en harmonie avec la position d’enfant de Dieu. Je voudrais citer ici deux exemples de cette parure selon Dieu. Dans l’épître à Tite, les esclaves sont invités à se comporter « de manière à orner (ou : parer) en toutes choses l’enseignement qui est de notre Dieu Sauveur » (Tite 2:10). En Apoc. 21:2 l’assemblée de Dieu dans l’éternité est décrite ainsi : « Et je vis la sainte cité, nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari ». La véritable parure chrétienne sert à honorer notre Dieu ! On ne peut sans doute pas en dire autant des tresses et de l’or, des perles, et des habillements somptueux destinés à attirer les regards des hommes. Il ne s’agit pas ici, ni dans 1 Pierre 3, d’un code vestimentaire, mais d’une exhortation valable pour tous et toujours, qui n’est aucunement liée à une question de temps. Dans son application, elle peut être liée à l’époque, car ce qui était considéré comme inconvenant il y a cent ans est aujourd’hui considéré comme tout à fait décent, même par des personnes sérieuses. Si une chrétienne ne veut pas déshonorer son Seigneur, elle doit cependant pouvoir dire « non » lorsque les phénomènes de mode de l’époque sont provocants et immoraux. Il ne serait pas conforme à l’esprit de la grâce et de l’Évangile d’établir des règles qui iraient au-delà de la Parole de Dieu et qui attireraient l’attention des hommes d’une autre manière. Que les sœurs, jeunes et moins jeunes, se demandent seulement si elles prennent la Parole de Dieu au sérieux, si elles ont compris le sens de ces exhortations et si elles les mettent en pratique.
Une femme qui professe craindre (ou : servir) Dieu ne doit pas se parer de ce genre de signes extérieurs, mais de bonnes œuvres. Les bonnes œuvres (erga agatha en grec) sont également mentionnées au ch. 5 v.10b et 6 v.18a. Ce sont des œuvres qui sont bonnes et bénéfiques dans leurs effets. Les bonnes œuvres (en grec erga kala) mentionnées aux ch. 3 v.1 ; 5 v.10a ; 6:18b sont des œuvres qui sont belles, bonnes et nobles en elles-mêmes. Nous voyons dans les évangiles que des femmes ont assisté le Seigneur de leurs biens (Luc 8:3). Marie a fait une bonne œuvre en oignant le Seigneur (Matt 26:7-10). Pensons aussi à une Dorcas (Actes 9:39), à Marie, la mère de Marc (Actes 12:12), à une Lydie (Actes 16:14, 15). Il y a beaucoup de bonnes œuvres qui sont le mieux accomplies par des sœurs. Ces œuvres peuvent être accomplies pour le Seigneur, pour les Siens ou même envers des non-croyants. Elles sont toujours le fruit de l’homme nouveau et de la dépendance de Dieu (Éph. 2:10).
« Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission ».
La pensée de décence, de pudeur et de modestie est développée dans ce verset dans un autre domaine. La femme croyante doit se distinguer à tous égards de son environnement mondain. Les commères et les commandantes de ménage ne sont pas une invention de notre époque. Dans le monde, elles ont de tout temps été l’objet de risées. Il serait très triste qu’une chrétienne soit mentionnée en rapport avec de telles choses. C’est pourquoi il lui est dit d’apprendre dans le silence (ou : la tranquillité) et la soumission.
De nombreux commentateurs considèrent que ce verset et le suivant ne concernent que les réunions. Mais ce qui est dit ici va plus loin que 1 Corinthiens 14:34-35. Il s’agit ici de manière beaucoup plus générale de l’attitude qui convient à la position de la femme. Tous les croyants sont souvent exhortés à vivre dans la tranquillité (ou : silence) et la soumission (1 Thess. 4:11 ; 2 Thess. 3:12 ; Rom. 13:1 ; 1 Cor. 16:16 ; Tite 2:9 ; 1 Pierre 5:5). Cependant, aucun autre groupe de personnes que les femmes, n’est aussi souvent rappelé à la nécessité de la soumission dans le Nouveau Testament (1 Cor. 14:34 ; Éph. 5:22 ; Col. 3:18 ; Tite 2:5 ; 1 Pierre 3:1,5). Depuis le début, l’objectif de Satan a été d’attirer la femme hors de la position de soumission à l’homme que Dieu lui a donnée. De nos jours, cela devient particulièrement évident. L’apôtre Paul aborde ce point plus en détail au v. 14. — Une belle illustration de notre verset se trouve en Marie, qui était assise aux pieds du Seigneur Jésus et écoutait Sa parole (Luc 10:38-42).
« Mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de dominer (JND : d’user d’autorité) sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence ; car Adam a été formé le premier, et puis Ève ; et Adam n’a pas été trompé ; mais la femme, ayant été trompée, est tombée dans la transgression ».
En étudiant le v. 8, nous avons déjà rappelé deux restrictions concernant le service des femmes croyantes. Elles doivent se taire dans les assemblées (1 Cor. 14:34-35) et se couvrir lorsqu’elles prient et prophétisent (1 Cor. 11:2-16). Nous trouvons maintenant ici un troisième commandement applicable aux sœurs : « mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de dominer (ou : d’user d’autorité) sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence ». « Enseigner » et « dominer » (ou « user d’autorité ») s’opposent à « apprendre » et à « être soumise » du verset précédent, tandis qu’ici (v.12) comme là (v.11), le silence (ou : tranquillité) est mis en exergue.
La position de tête / chef revient à l’homme selon l’ordre de la création et en raison de la chute (Genèse 2:18 ; 3:16). Le fait qu’une sœur, en raison de sa conduite, de son dévouement et de son amour pour le Seigneur et pour les Siens, puisse posséder une force morale qui dépasse celle des frères, ne l’autorise nullement à quitter sa position de soumission et à s’arroger la position de chef que Dieu a réservée à l’homme. Elle peut cependant exercer une influence morale selon Dieu dans le domaine qui lui est attribué. Ainsi, les femmes âgées doivent être des enseignantes de bonnes choses et instruire les jeunes femmes à aimer leurs maris et leurs enfants, à être sages, pures, occupées des soins de la maison, bonnes, soumises à leurs propres maris, afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée (Tite 2:3-5). Parmi les nombreux exemples du Nouveau Testament du service des sœurs, je ne mentionne que Prisca et son mari Aquilas (Actes 18:2, 26 ; Rom. 16:3 ; 1 Cor. 16:19 ; 2 Tim. 4:19). Dans les trois passages où Prisca est mentionnée en premier, le dévouement personnel est au premier plan. Mais chaque fois qu’il est question de conduire et d’être mis en avant publiquement, Aquilas est mentionné en premier.
Ainsi, lorsqu’une sœur enseigne, elle domine (ou « use d’autorité sur ») l’homme, même si aucun homme n’est présent. Elle le domine parce qu’elle s’arroge sa position. Le mot « dominer » ou « user d’autorité » (en grec authenteo) n’apparaît qu’ici et signifie : exercer l’autorité (ou : le pouvoir) de sa propre main, agir de son propre chef. L’enseignement des femmes n’est qu’une forme de domination ; elle domine aussi, par exemple, lorsqu’elle parle dans l’assemblée (1 Cor. 14:34), lorsqu’elle prie ou prophétise sans être couverte (1 Cor. 11:5), bref, lorsqu’elle quitte sa position de soumission et se positionne à l’égal de l’homme.
Comme nous l’avons déjà mentionné, deux raisons sont données ici pour justifier la position de la femme.
« mais elle sera sauvée en enfantant, si elles (ou : ils) persévèrent dans la foi et l’amour et la sainteté, avec modestie ».
Ce verset, en particulier la première partie, a été un vrai casse-tête pour de nombreux commentateurs de l’Écriture. Une difficulté provient de ce que l’on prend le mot « sauver » (sozo en grec) dans le même sens qu’au v. 4 et en 4:16, etc. où il s’agit du salut éternel. On oublie cependant que ce mot est également utilisé pour désigner la guérison des malades (Marc 5:34) et le salut par rapport à des dangers extérieurs (Actes 27:44). Du point de vue de la signification du mot, il n’est donc pas nécessaire ici de penser au salut éternel quand on parle de « sauver ».
Les mots « en enfantant » peuvent aussi être traduits
par « à travers la mise au monde d’enfants ». Certains commentateurs sont
allés jusqu’à penser ici à la naissance du Seigneur ; c’est par une femme
que la chute s’est produite et c’est aussi par une femme que le Sauveur est
venu. D’autres pensent que la femme, qui a quitté sa place lors de la chute,
répond à la mission de Dieu en persévérant dans sa tâche d’enfanter et qu’elle contribue
ainsi à son bonheur. Il ne fait aucun doute que la mention de l’enfantement est
liée à la chute de l’homme. L’une des conséquences de la désobéissance d’Ève a
été que Dieu lui a dit : « Je rendrai très-grandes tes souffrances et
ta grossesse ; en travail tu enfanteras des enfants » (Gen. 3:16).
Cette punition de Dieu, que, dans Ses voies en gouvernement, Il a fait peser
sur l’homme déchu — et ici spécialement sur la femme — demeure. Mais elle peut
maintenant devenir une occasion pour la miséricorde et le secours de Dieu. Une
femme croyante
— c’est ce qu’indique le verbe « persévérer » —
peut compter sur le soutien de son Dieu pour traverser les heures souvent
difficiles de l’accouchement. Il s’agit donc d’un salut terrestre et temporel à
travers la difficulté. L’enfantement n’est pas un moyen ou une voie, mais la
circonstance à travers laquelle la femme est sauvée. Dans le même sens, le mot
« sauver » avec la préposition « à travers » (grec dia avec
génitif) est également utilisé en 1 Corinthiens 3:15 et 1 Pierre 3:20 dans un
autre contexte.
Les mots « si elles (ou : ils) persévèrent » constituent une autre difficulté pour certains. Il est tout à fait absurde de penser ici aux enfants qui viennent au monde. Il est moins facile de décider s’il s’agit uniquement des femmes croyantes ou des femmes avec les hommes. Si seules les femmes étaient concernées, il serait difficile d’expliquer pourquoi elles sont mentionnées au singulier au début du verset et au pluriel à la fin. Mais si les hommes et les femmes sont visés, le sens est clair. La femme sera sauvée dans les douleurs de l’enfantement, mais la condition est que l’homme et la femme persévèrent tous deux pratiquement dans la foi et l’amour et la sainteté avec modestie. Dans les versets précédents, l’apôtre s’était aussi adressé aux deux et les avait exhortés. Les deux sont à nouveau considérés ensemble à la fin. L’accord de l’homme et de la femme dans le mariage est une bénédiction et une responsabilité. Il existe de grandes différences dans leur position et leurs tâches sur terre. Mais dans la vie de foi de tous les jours, ils peuvent et doivent suivre leur chemin d’un commun accord. Car dans la position en Christ devant Dieu « il n’y a ni mâle, ni femelle ; car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus » (Gal. 3:28).
« Cette parole est certaine : si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une œuvre bonne ».
Au ch. 2 l’apôtre a écrit au sujet de la prière et de la conduite à l’égard de tous les hommes, ainsi que sur le bon comportement des hommes et des femmes, y compris dans le mariage. Il se tourne maintenant vers l’ordre parmi les croyants qui forment la maison de Dieu. Les exigences énumérées dans ce chapitre pour les surveillants et les serviteurs mènent directement à la phrase qui est au cœur de l’épître, à savoir le v. 15.
L’expression introductive : « cette parole est certaine » se retrouve trois fois dans cette épître, comme nous l’avons déjà remarqué à propos de 1:15, ainsi qu’une fois dans 2 Timothée (2:11) et une fois dans l’épître à Tite (3:8). Certains traducteurs et commentateurs veulent rattacher cette parole, ici, à la fin du paragraphe précédent. Au ch. 4 v.9 et dans les deux autres épîtres, cette expression souligne d’une part ce qui précède et introduit d’autre part ce qui suit. Ici, cependant, elle ne peut concerner que l’une des deux pensées, et par conséquent dans la plupart des traductions, elle se situe au début du ch. 3.
Le mot utilisé ici pour « surveillance » (grec episkope) n’est attesté qu’une seule fois dans la langue grecque en dehors des Écritures. Mais dans la traduction grecque de l’Ancien Testament des Septante, ce mot apparaît plus de trente fois, par exemple en Nombres 4:16 (« surveillance ») et en Nombres 16:29 (« visitation »). Le mot a également ces deux significations dans le Nouveau Testament, où il apparaît quatre fois (Luc 19:44 ; 1 Pierre 2:12 ; Actes 1:20). Ici, il désigne la fonction ou le service du surveillant (grec : episkopos). Dans cette épître, nous n’apprenons que peu de choses sur le service lui-même de surveillance. Au ch. 5 v.17 et suiv., il est toutefois question des anciens. Un coup d’œil sur Actes 20:17,28 ainsi que sur Tite 1:5,7 montre qu’il s’agit du même groupe d’hommes, et donc du même service (ministère). Le mot « ancien » désigne davantage la dignité, le mot « surveillant » désigne plutôt le contenu de cette fonction.
Le passage cité de Actes 20, mentionne trois devoirs du service (ministère) de surveillant :
Tout comme Paul avait encouragé les Corinthiens à désirer ardemment des dons de grâce spirituels, c’est-à-dire à s’efforcer d’en être pourvus (1 Cor. 12:31 ; 14:1), il écrit ici à son fidèle ami Timothée que quelqu’un qui aspire à un service de surveillant désire une œuvre belle (ou bonne, en grec kalos, voir 2:10). Ces deux sortes de désirs sont donc présentés comme quelque chose de très positif. Cependant, avoir ce zèle ou cette aspiration ne peut consister en rien d’autre que dans du dévouement et de l’amour pour le Seigneur Jésus, et dans le désir de Le servir dans la dépendance et l’obéissance.
Cela recouvre presque tout ce qu’il y a de commun entre les dons et les charges ou ministères (dont font partie les serviteurs, 3:8). Il existe en effet entre eux des différences grandes et importantes, qui sont estompées presque partout dans la chrétienté.
Les apôtres occupaient une position unique. Parmi tous les dons de la grâce, ils sont toujours mentionnés en premier. En ce qui concerne l’édification de l’assemblée de Dieu sur la terre, ils ont également toujours été à la tête (cf. Éph. 2:20 ; 3:5). Ils représentaient ainsi la plus haute autorité humaine qui soit mentionnée dans l’assemblée et ils possédaient la capacité et le droit d’établir, au nom du Seigneur, d’autres autorités subordonnées comme les surveillants et les serviteurs. Ils le faisaient directement ou par l’intermédiaire de personnes qu’ils avaient spécialement mandatées à cet effet, comme Tite (Tite 1:5). Nous ne lisons pas que Timothée ait été chargé d’établir des surveillants, bien que l’on puisse penser qu’il en avait reçu la mission. Selon l’Écriture sainte, l’autorité vient toujours de Dieu. Ce principe n’est pas pris en compte par l’élection ou la nomination démocratique pratiquée dans les églises et communautés protestantes lors de l’ordination des ministres ou chargés de missions. Or comment quelqu’un peut-il exercer une vraie autorité sur ceux dont il dépend au fond ? Le principe catholique de l’autorité repose sur la fausse doctrine selon laquelle il existe une succession apostolique ininterrompue. Or la parole de Dieu n’en parle pas. Au contraire, lorsque Paul a fait ses adieux aux anciens de l’assemblée d’Éphèse, il les a recommandés à Dieu et à la parole de Sa grâce (Actes 20:32). Voilà le fondement solide de la foi que nous possédons encore aujourd’hui.
Il ressort du NT que les surveillants ou anciens n’étaient nommés que dans les assemblées dont la plupart des membres venaient du paganisme : Éphèse, Philippes, Crète, etc. Ils étaient établis dans ces assemblées jeunes et inexpérimentées pour diriger et maintenir l’ordre. Dans les assemblées de Jérusalem et de Judée, qui étaient composées de Juifs convertis, il y avait des anciens sans que nous lisions quoi que ce soit à propos d’une investiture (Actes 11:30 ; 15:6). Israël connaissait depuis toujours des anciens (Ex. 3:16 ; Deut. 19:12 ; Ruth 4:2 ; És. 10:14 ; Matt. 26:59 ; Actes 6:12). En raison de leur âge et de leur expérience, ils étaient qualifiés pour occuper une position de conducteurs dans les villes et dans l’ensemble du peuple. Cette habitude a sans doute été reprise au début par les assemblées de Judée, sans qu’il y ait eu de nomination ou d’élection. En effet, parmi les milliers de personnes qui sont venues à la foi, il est bien possible que plusieurs aient déjà occupé une position de conducteur reconnue dans le judaïsme et qu’ils l’aient conservée au milieu des croyants après leur conversion. Il s’agissait d’hommes qui, en raison de leur mode de vie, de leur connaissance des pensées de Dieu et de leur amour pour le Seigneur, possédaient une autorité morale qui les rendait aptes à exercer le travail de surveillant ou ancien.
De même, il existe aujourd’hui des hommes de foi fidèles qui possèdent un grand poids spirituel et moral. Ils répondent aux exigences que la Parole de Dieu pose ici pour les surveillants. Ils ne peuvent pas être nommés ni établis dans cette fonction aujourd’hui, parce que personne n’est qualifié ou autorisé à le faire, c’est-à-dire que personne n’est en position au-dessus d’eux. Mais ils doivent être reconnus et respectés aussi aujourd’hui, car « là où il n’y a pas de direction, le peuple tombe en ruine » (Prov. 11:14).
« Il faut que le surveillant soit irrépréhensible, mari d’une seule femme, sobre, sage, honorable, hospitalier, capable d’enseigner ».
Le terme surveillant, avec sa fonction, (grec episkopos) est devenu en français « évêque », tout comme l’ancien (grec presbyteros) est devenu « prêtre » dans le catholicisme, et celui qui occupe le « presbytère » dans le protestantisme. Une distinction de position entre les surveillants (évêques) et les prêtres ou anciens n’a pas de fondement dans l’Écriture Sainte. Dans la Parole de Dieu, on en trouve toujours plusieurs dans un même lieu (Actes 14.23 ; Phil. 1.1). Mais après le départ des apôtres, une distinction hiérarchique et non biblique s’est rapidement installée entre les évêques et les anciens (ceux du presbytère) qui leur étaient subordonnés et avaient leur activité sur un plan local. Il n’y a rien de cela dans le NT. Les surveillants ou anciens furent mis en place par les apôtres ou leurs délégués et exercèrent leur service dans leur localité. Nous ne pouvons pas tirer de l’Écriture sainte quelque chose en faveur de la continuation de telles instaurations.
Cependant, comme nous l’avons déjà mentionné, le service de frères âgés et sages est très nécessaire, même aujourd’hui, et surtout aujourd’hui. Les exigences posées ici pour ce service ne sont donc en aucune manière superflues. Tout chrétien sérieux devrait s’efforcer d’y satisfaire. Car le fait que ces qualités soient des conditions préalables au service de surveillance, ne signifie pas que les autres croyants n’aient pas à s’en préoccuper ! C’est même l’inverse : même si tout croyant doit s’efforcer de posséder ces qualités, elles sont une nécessité absolue pour le surveillant ! En accord avec la tâche de surveillant, nous parlerons dans ce qui suit de qualités morales, et non de dons spirituels.
En premier lieu, il est demandé au surveillant d’être « irrépréhensible ». Ce mot n’apparaît plus qu’aux ch. 5:7 et 6:14. Cette première qualité est si générale que les choses suivantes sonnent comme une explicitation détaillée.
Le surveillant doit être « mari d’une seule femme » (cf. 3:12 ; Tite 1:6). L’écrivain inspiré part d’emblée du principe que le frère était marié. Le mariage est un état donné par Dieu pour la terre, ce qui n’ôte rien de sa valeur à ce qu’une personne que la grâce a rendu capable de rester célibataire pour l’amour du Seigneur, occupe une place plus excellente (1 Corinthiens 7:7,32-38). Seul un surveillant marié était capable d’accomplir toutes ses tâches — y compris dans les familles et auprès des femmes ou filles non mariées — ce qui aurait été assez difficile et inapproprié dans certains cas pour un célibataire.
L’accent est toutefois mis ici sur le mot « une seule ». Même si le récit de la création et, plus tard la Bible, n’exigent pas expressément le mariage unique ou n’interdisent pas la polygamie, il est facile de déduire de Genèse 2:24, et de l’enseignement du Seigneur Jésus qui s’y réfère en Matthieu 19:4-8, que la volonté de Dieu est qu’un seul homme et une seule femme soient unis par les liens du mariage jusqu’à la mort de l’un des époux. Cette union de l’homme et de la femme est en effet une image de l’union de Christ avec Son épouse, l’Assemblée (Éph. 5:31-32). Or à partir de Lémec, le septième depuis Adam (Gen. 4:19), il y a eu de nombreux cas de polygamie dans l’AT. Il en est résulté beaucoup de souffrances dans les familles. Il suffit de penser à Abraham, Jacob, David et Salomon ! Le divorce semble également avoir été assez répandu, en particulier dans le judaïsme d’après l’exil (cf. Mal. 2:15-16 ; Matt. 5:31 et suiv. ; 19:3 et suiv.). Mais le NT dit clairement que le divorce (sauf pour adultère) est une abomination pour Dieu (Matt. 5:32 ; 19:6,9 ; 1 Cor 7:10-11). Pareillement les relations hors mariage sont sévèrement condamnées dans la Parole de Dieu, comme étant de la fornication (pour les personnes non mariées) et de l’adultère (pour les personnes mariées) (Ex 20:14 ; Matt. 5:27-28 ; 1 Cor. 5 ; 6:9,13-20). Bien que ces péchés exécrables soient si clairement stigmatisés dans la Bible, ce sont eux qui donnent le plus souvent lieu à la discipline dans les assemblées. Ceux qui tombent dedans, ou même y vivent sont déjà désobéissants aux paroles claires de Dieu, mais ils prouvent en outre qu’ils manquent d’amour pour leur Seigneur, ainsi que du désir profond et de la force spirituelle de réaliser Ses pensées.
La pureté de l’état matrimonial institué par Dieu constitue donc la première exigence spécifique pour le surveillant. Certes, les péchés mentionnés peuvent être pardonnés, et la communion à la table du Seigneur rétablie après avoir été interrompue (cf. 2 Cor. 2:5-10 avec 1 Cor. 5). Mais celui qui a péché de la sorte n’est pas apte à exercer un ministère de surveillant.
L’expression « mari d’une seule femme » ne signifie pas seulement, il est vrai, que quelqu’un qui vit dans la bigamie ou même la polygamie doive être refusé. Cette habitude n’était courante à l’époque ni chez les Juifs ni chez les Grecs. Il s’agit simplement de la pureté de la vie conjugale, car comment le surveillant pourrait-il servir les autres s’il a lui-même échoué à cet égard ?
Il est encore moins vrai qu’un surveillant veuf n’aie pas le droit de se remarier, bien que cette opinion ait été défendue à plusieurs reprises jusqu’à une époque récente. Le remariage d’un conjoint veuf n’est non seulement interdit nulle part dans la Parole de Dieu, mais il est présenté comme quelque chose de tout à fait légitime (Rom. 7:3 ; 1 Cor. 7:39), « seulement dans le Seigneur ».
Les autres exigences mentionnées sont la sobriété, la sagesse et la pudeur (JND : honorabilité). L’excitation, l’intempérance et la passion rendent inapte au service de surveillance. Le surveillant doit avoir un regard clair et sain sur tout ce qui se passe autour de lui. Toute influence qui ne provient pas de la Parole peut rendre démesuré. La sobriété est nécessaire pour juger correctement d’une affaire, et pour accomplir les actions nécessaires il faut la sagesse et l’honorabilité. Le mot « honorable » (kosmios en grec) est traduit par « décent » au ch. 2:9. À la sagesse à l’intérieur doit correspondre la décence à l’extérieur.
Être hospitalier est un privilège particulier de tous les croyants (Romains 12:13 ; Hébreux 13:1 ; 1 Pierre 4:9). En grec, « hospitalier » signifie littéralement « qui aime l’étranger ». Dans l’AT, il est dit que l’Éternel « aime l’étranger pour lui donner du pain et des vêtements » (Deutéronome 10:18). Tous les croyants doivent être imitateurs de Dieu, mais surtout ceux qui veulent servir d’exemple aux autres. Ainsi, les surveillants doivent accueillir les frères et sœurs de passage, offrir un abri aux persécutés et offrir l’hospitalité spécialement à ceux qui sont sortis pour le nom de Christ et pour Son service dans l’évangile ou dans l’enseignement (cf. 3 Jean 5-8). Le surveillant doit également être capable d’enseigner. Quelqu’un qui a le don d’enseigner (Éph. 4.11) possède à la fois la capacité et la mission de faire connaître la doctrine de Christ publiquement et dans les maisons. Pour son service, le surveillant n’a besoin que de la capacité d’enseigner, c’est-à-dire de transmettre ce qu’il a reçu par l’expérience personnelle ou par l’instruction. Le surveillant n’a donc pas besoin de posséder le don d’enseignant (ou docteur). Cependant, le ch. 5:17 montre qu’il y a aussi des cas où ce don est associé au service de surveillant. Les anciens « qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement » y sont particulièrement mis en avant.
« Non adonné au vin, non batteur, mais doux, non querelleur, n’aimant pas l’argent ».
Après les sept caractéristiques positives du v. 2, voici maintenant quatre caractéristiques négatives que le surveillant ne doit pas présenter. Dans les régions où le vin est une boisson quotidienne, il y a davantage le danger d’y être adonné que sous nos latitudes. C’est pourquoi nous trouvons dans le NT plusieurs allusions aux dangers de cette consommation d’alcool (Éph. 5:18 ; 1 Thes 5:7 ; 1 Cor 5:11). Le manque de maîtrise de soi quant à une consommation excessive de vin et les conséquences qui en découlent ne peuvent en aucun cas être tolérés chez le surveillant, qui doit être un modèle pour le troupeau (1 Pierre 5:1-3).
Le surveillant ne doit pas être batteur ni être querelleur. Dans sa deuxième épître, Paul lui-même exhorte Timothée à cet égard en ces termes : « Or, il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, capable d’enseigner, ayant du support, reprenant avec douceur les opposants, attendant si Dieu, peut-être, ne leur donnera pas la repentance… » (2 Tim. 2:24-25). Ces paroles expliquent clairement pourquoi un batteur ou bagarreur n’est pas apte au service de surveillance. Celui qui veut imposer son propre droit, éventuellement par la force, révèle un manque de maîtrise de soi et de l’égocentrisme. Cependant, même le cœur le plus dur peut être atteint par la douceur ou la gentillesse (Prov. 25:15).
Enfin, les surveillants ne doivent pas aimer l’argent. Au ch. 6:5-19, Timothée est rendu attentif en détail aux dangers de l’amour de l’argent en général. La cupidité, qui s’exprime principalement par l’amour et l’avidité de l’argent, est même qualifiée d’idolâtrie en Colossiens 3:5. La recherche d’avantages matériels, qui, aujourd’hui plus que jamais, est répandue et encouragée, est un poison mortel pour toute activité spirituelle, et ce d’autant plus lorsqu’il faut la reprocher à un serviteur du Seigneur.
« [Que le surveillant] conduise bien sa propre maison, tenant ses enfants dans la soumission en toute gravité (mais si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’assemblée de Dieu ?) ».
Dans les v. 4-7, trois exigences importantes sont encore mentionnées. Il ne s’agit pas de qualités spirituelles, mais de preuves que le surveillant a déjà fait ses preuves pendant un certain temps dans sa vie de foi au sein de la famille, de l’assemblée et devant le monde.
Le premier cercle dans lequel le surveillant doit avoir réussi une mise à l’épreuve visible, est sa famille, sa propre maison. C’est là que se trouvent la tâche et la responsabilité les plus proches pour tout mari et père de famille. S’il y échoue, il ne peut pas parler ou agir comme un modèle pour les autres avec une autorité morale. La mention de la femme et des enfants ici et en Tite 1.6 (voir aussi le v. 12) semble indiquer qu’un homme non marié n’est pas appelé à exercer le ministère de surveillant ou d’ancien. Ce n’est pas seulement sa compréhension spirituelle qui compte, mais bien plus encore le poids moral de sa personnalité et sa capacité à servir les croyants par sa propre expérience et à les exhorter si nécessaire. Sa « propre maison » comprend l’ensemble du foyer et toutes les personnes qui en font partie, y compris les esclaves à l’époque. Il s’agit ici de présider de manière juste. Le mari, selon la pensée de Dieu, est le chef de famille responsable. Il doit aimer sa femme comme Christ aime l’assemblée (Éph. 5:25,28,33). Il doit éduquer ses enfants sous la discipline et les avertissements du Seigneur et ne pas les provoquer (Éph. 6.4). Enfin, il doit accorder à ceux qui travaillent pour lui ce qui est juste et équitable, et ne pas les menacer (Éph. 6:9 ; Col. 4:1). Vivre selon la pensée de Dieu dans le domaine de responsabilité le plus proche est la condition de base pour le service de surveillant dans l’assemblée locale. Comme pour souligner encore plus l’importance de ce fait, l’apôtre pose au v. 5 la question suivante : « Mais si quelqu’un ne sait pas diriger sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’assemblée de Dieu ? » Le souci pratique pour l’assemblée n’est pas une petite tâche. C’est l’assemblée de Dieu (Actes 20:28), le troupeau de Dieu (1 Pierre 5:2). Tout serviteur de Dieu devrait toujours avoir cela à l’esprit.
« [Que le surveillant] ne soit pas nouvellement converti, de peur qu’il ne tombe, étant enflé, dans la faute du diable ».
Le surveillant ne doit pas non plus être un chrétien récemment converti, mais il doit disposer d’une certaine expérience. Il ne s’agit pas pour l’apôtre de la connaissance de certaines habitudes, mais du fait que l’âme ait appris à se connaître elle-même sur le chemin des expériences de la foi. Un novice ne peut connaître ni la méchanceté de son propre cœur, ni la grâce de Dieu qui garde et restaure ; il ne connaît pas non plus la discipline, souvent humiliante, du Père envers Ses enfants. C’est pourquoi il risque de s’enfler si on lui confie trop tôt une tâche pleine de responsabilité. Celui qui s’enfle se rend plus grand qu’il n’est. Se préoccuper de l’importance de sa propre personne conduit trop souvent à l’outrecuidance et donc au péché qui a conduit à la chute du diable. Le mot « faute » (en grec krima) peut désigner aussi bien le sujet d’accusation que la sentence de condamnation. Ici, il s’agit probablement du premier. La chute de Satan, décrite en Ésaïe 14:12-15 sous l’image de celle de Babel et en Ézéchiel 28:12-19 sous l’image de celle du roi de Tyr, a eu pour cause le fait que ce prince angélique s’est dressé contre Dieu dans son outrecuidance. Après sa chute, il a tenté d’entraîner derrière lui aussi bien le premier que le second homme (Gen. 3:5 ; Matt. 4:8-10). En s’exaltant, l’homme s’expose toujours à la même réprobation que celle qui a frappée Satan autrefois.
« Il faut aussi qu’il ait un bon témoignage de ceux du dehors, de peur qu’il ne tombe dans l’opprobre et dans le piège du diable ».
La dernière exigence mentionnée est le bon témoignage du monde. Ceux du dehors sont ceux qui ne font pas partie du témoignage de l’assemblée de Dieu sur la terre (cf. 1 Corinthiens 5:12-13 ; Colossiens 4:5 ; 1 Thessaloniciens 4:12). La vie et la conduite du surveillant doivent être si « irréprochables » (3:2) que même ceux du dehors peuvent lui rendre un bon témoignage. Si des reproches justifiés peuvent être formulés à son encontre, le Seigneur, l’assemblée et le service devant le monde seront déconsidérés. Le surveillant sera ainsi pris dans un piège tendu par Satan (cf. 2 Tim. 2:26). Il ne serait donc plus apte à s’occuper des âmes des croyants, car on pourrait lui reprocher, à juste titre, de ne pas avoir été assez vigilant dans sa propre vie. Si, par exemple, un frère ne fait pas preuve de rigueur dans sa vie professionnelle, et donne ainsi lieu à des critiques justifiées de la part du monde, il n’est pas apte à exercer un ministère de surveillance. Pris dans le piège du diable, il ne peut pas résister à l’ennemi. La « faute du diable » et le « piège du diable » sont donc deux choses différentes.
« De même [il faut] que les serviteurs soient dignes [JND : graves], sans duplicité, non adonnés à beaucoup de vin, non avides d’un gain honteux, gardant le mystère de la foi dans une conscience pure ».
Dans le NT, le mot « serviteur » (en grec diakonos) est utilisé parfois au sens général pour désigner ceux qui ont un emploi fixe sur la terre (Jean 2:5,9). Mais le plus souvent, il désigne les serviteurs de Dieu ou du Seigneur (cf. 2 Cor. 6:4 ; 11:23 ; 1 Tim. 4:6). Plusieurs croyants sont appelés « serviteurs » : Phœbé (Rom. 16:1), Tychique (Éph. 6:21 ; Col. 4:7) et Épaphras (Col. 1:7). Cependant, en Philippiens 1.1 et ici, le mot est utilisé dans un contexte qui ne laisse aucun doute sur le fait qu’il s’agit, comme pour les surveillants, d’un groupe reconnu d’hommes dans leurs assemblées respectives, qui avaient certaines tâches à remplir. Il est généralement admis que cette fonction de serviteur ou diacre correspond au service des sept en Actes 6:1-6 (cf. Actes 21:8), bien que ceux-ci ne soient nulle part appelés « serviteurs ». Contrairement aux surveillants ou aux anciens, les sept hommes furent choisis à Jérusalem par la masse des frères et placés devant les apôtres, qui leur imposèrent les mains après avoir prié. Ce choix par l’assemblée explique peut-être pourquoi les serviteurs ne sont pas mentionnés dans l’épître à Tite, alors qu’il lui est expressément demandé d’établir des anciens dans chaque ville. En revanche, dans la présente épître à Timothée, où il n’est pas question d’établir ou mettre en place, mais où il est seulement donné les qualifications pour les surveillants et les serviteurs, les deux fonctions sont mentionnées.
La raison de choisir et établir les sept diacres en Actes 6 était le murmure des croyants de langue grecque, les hellénistes, parce que leurs veuves étaient oubliées lors des repas quotidiens qu’ils prenaient sans doute encore toujours ensemble. Pour que les apôtres ne soient pas distraits de la prière et du ministère de la parole, on choisit ces sept serviteurs, parmi lesquels surtout Étienne et Philippe sont connus. Leur tâche consistait à pourvoir aux besoins extérieurs des croyants et à veiller à ce que personne ne soit en manque (voir 1 Tim. 5:3-16).
Outre les surveillants, qui sont particulièrement responsables de l’ordre intérieur et spirituel de l’assemblée, les serviteurs veillent au bien-être extérieur des croyants. Or ils servent aussi dans et envers l’assemblée de Dieu. L’écrivain inspiré requiert donc pour juger de ceux qui sont susceptibles de servir, le même soin que pour les surveillants. Du fait que leur travail concerne davantage le bien-être matériel des croyants, ils ne sont pas soumis à des exigences aussi strictes que les anciens. Cependant, ils concordent sur de nombreux points. Nous pouvons en déduire que même les intérêts extérieurs de l’assemblée de Dieu, qui nous paraissent souvent si insignifiants, sont importants à Ses yeux et doivent donc être défendus avec le même sérieux et le même dévouement que le service spirituel envers les frères et sœurs.
La dignité [JND : gravité] est donc la première condition requise pour le serviteur. Cette qualité est également exigée de leurs femmes (3:11) et plus généralement des hommes âgés (Tite 2:2), et elle est présentée à tous les croyants pour leur considération (Phil. 4:8).
Les serviteurs ne doivent pas non plus faire preuve de duplicité, ce qui n’est par ailleurs pas expressément exigé des surveillants. Mais dans un service qui doit s’appuyer sur la justice en paroles et en actes, il est particulièrement dommageable de parler d’une manière à quelqu’un et d’une autre manière à quelqu’un d’autre, ou de dire autre chose que ce qu’on pense.
Comme les surveillants, les serviteurs devraient faire preuve de maîtrise de soi et ne pas s’adonner à beaucoup de vin. L’expression n’est pas aussi stricte ici que là. Il ne s’agit pas seulement de « ne pas aimer l’argent », mais de « ne pas poursuivre un gain honteux ». En Tite 1:7 et en 1 Pierre 5:2, c’est une qualité également nécessaire chez les anciens. En grec, « poursuivre un gain honteux » est un seul mot. Il ne signifie certainement pas que le serviteur ne doit pas poursuivre un gain déshonorant par la fraude ou l’injustice, mais plutôt qu’il est déjà honteux d’exercer son ministère dans un but lucratif. Combien cette condition est nécessaire pour quelqu’un qui est principalement chargé de la distribution équitable de l’argent des saints et d’autres biens matériels !
Le verset 9 souligne l’importance et la noblesse du service des diacres. Combien il est facile de considérer comme accessoire l’attention portée aux aspects extérieurs de la vie, comme quelque chose qui ne nécessite pas de compréhension spirituelle particulière ! Il nous est montré ici que notre Dieu considère tout ce qui concerne les Siens comme important et indissociable de la vérité qu’Il a révélée. Les serviteurs doivent garder le mystère de la foi avec une conscience pure. Quant à ce « mystère de la foi », il ne s’agit pas de la saisie ou de la compréhension personnelle de la vérité du salut, mais de cette vérité elle-même, « à l’égard duquel le silence a été gardé dès les temps éternels, mais qui a maintenant été révélé, et donné à connaître à toutes les nations par des écrits prophétiques, selon le commandement du Dieu éternel, pour l’obéissance de la foi » (Romains 16:25-26 ; cf. 1 Corinthiens 2:7-16 ; Éphésiens 3:2-11 ; Colossiens 1:26-28). Cette vérité de Dieu ne s’adresse pas à l’intelligence de l’homme — même si elle est reçue par celle-ci — mais au cœur et à la conscience, qui sont purifiés par elle. C’est là que ce trésor doit être fidèlement gardé. Une conscience pure est le seul récipient approprié pour cela. La conscience est mentionnée ici pour la troisième fois dans cette épître (voir 1:5.19). Elle est l’« arbitre » caché qui, à la lumière de Dieu, juge et, si nécessaire, condamne toutes les pensées, paroles et actions. Le serviteur ne doit pas seulement connaître et posséder la vérité, le mystère de la foi, mais sa vie et sa marche doivent être en plein accord avec elle/lui. Ce n’est qu’alors qu’il est capable d’accomplir ses tâches dans un esprit juste et de manière irréprochable.
« Que ceux-ci soient d’abord mis à l’épreuve, et qu’ils servent ensuite, s’ils sont irréprochables.
De même qu’aucun novice ne peut devenir surveillant (3:6), la prudence spirituelle devrait être de mise dans le choix des diacres. Le mot « mis à l’épreuve » (grec dokimazein) signifie également « juger, discerner » (Luc 12:56 ; Rom. 2:18 ; 12:2), « essayer » (Luc 14:19), « avoir du sens moral pour » (Rom. 1:28), « éprouver » (1 Cor. 11:28 ; Éph. 5:10 ; 1 Thes 2:4). Il ne faut pas penser ici à un examen ou à une période d’essai, mais à une évaluation de toute la personne dans sa marche devant le monde et parmi les croyants. Pour cela, un certain temps est nécessaire. Une confiance hâtive et précipitée n’est pas appropriée. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’exhortation : « N’impose pas rapidement les mains et ne participe pas aux péchés d’autrui » (5:22). Mais s’il s’avère que le frère en question est irréprochable, il peut exercer le service. Un tel temps d’épreuve préalable est également évoqué en 2 Corinthiens 8:22 à propos d’un accompagnateur de Tite, alors qu’un don d’argent devait être transmis. L’instruction donnée dans notre verset 3:10 ne s’adresse pas à Timothée. Le fait que les verbes de ce verset soient au présent et non à l’aoriste montre qu’il ne s’agit pas d’une exhortation unique, liée à ce cas particulier, mais d’une directive générale.
« De même que les femmes soient dignes [JND : graves], non médisantes, sobres, fidèles en toutes choses ».
Les instructions concernant les serviteurs, qui commencent au v.
8 et se poursuivent au v. 12, sont interrompues au v. 11 par les mots : « De
même que [les] femmes… ». Bien que les qualités énumérées ici conviennent à toutes
les sœurs (cf. Tite 2:3-4), le contexte interdit de penser à une exhortation
générale pour toutes les sœurs. En raison de la similitude des mots d’introduction
du v. 8 (« De même… que les serviteurs ») et du v. 11 (« De même, que les femmes »),
bien des commentateurs pensent qu’il pourrait s’agir des femmes des surveillants
et
des serviteurs. Le fait que le v. 11 soit intercalé au milieu des exigences
concernant les serviteurs va toutefois à l’encontre de cette interprétation. L’opinion
la plus répandue, déjà exprimée par les Pères de l’Église, est qu’il est question
ici de servantes ou « diaconesses ». Comme « preuve » de cela on donne le fait que
la sœur Phœbé est qualifiée en Romains 16:1 de « servante de l’assemblée qui est
à Cenchrée ». Ce seul passage du NT où une sœur est appelée « servante » (diakonos
en grec) n’indique pas en quoi consistait son service, et encore moins qu’elle
occupait une fonction correspondante. Malheureusement, le désir de trouver un
fondement biblique aux institutions humaines dans l’église a conduit, ici
aussi, à faire dire à ce passage unique plus qu’il n’en dit. Il y a beaucoup de
tâches que les sœurs disposées à servir dans l’assemblée de Dieu accomplissent
silencieusement et par lesquelles elles peuvent être honorées du titre de « servantes
de l’assemblée » (cf. Rom. 16:12 ; Phil. 4:2-3 ; 1 Tim. 5:10). Mais
pour cela, il n’est pas nécessaire d’être officiellement instituée comme « sœur
d’église » ou « sœur de communauté ».
Les femmes mentionnées au v. 11 ne sont pas des servantes de l’assemblée instituées comme telles, mais simplement les femmes de ceux dont il est question avant et après. Or, ce qui, dans le service de surveillants, serait non seulement inutile mais mauvais, est une condition importante pour les serviteurs : à savoir que leurs femmes leur soient en aide dans l’exercice de leur service. Parce qu’elles sont ainsi mises au courant de nombreux détails personnels et privés des croyants et de leurs familles, il est nécessaire qu’elles possèdent les qualités demandées par l’apôtre. Elles doivent être « dignes/graves » comme leurs maris, les serviteurs (cf. v. 8), « non médisantes », c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas répéter ce qu’elles ont entendu et éventuellement le présenter sous un autre jour. Elles doivent être « sobres » sur le plan matériel et spirituel, « fidèles en tout » ce qui leur est confié d’une manière ou d’une autre. Ces qualités correspondent à peu près à ce qui est exigé des serviteurs (3:8-9).
« Que les serviteurs soient mari d’une seule femme, conduisant bien leurs enfants et leurs propres maisons ; car ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus.
L’apôtre revient maintenant aux serviteurs qui, selon la pensée de Dieu et comme les surveillants (v. 2 et 4), doivent être exemplaires dans le maintien de la pureté de l’état matrimonial, dans l’éducation de leurs enfants et dans la responsabilité de leurs maisons. Tout cela est particulièrement important pour ceux qui, dans leur service, ont accès aux maisons de nombreux croyants et voient ce qu’il s’y passe.
Le serviteur ne peut accomplir sa tâche que s’il fait preuve de beaucoup d’amour, de patience, de fidélité et de dévouement. Mais il doit d’abord les pratiquer dans sa propre maison. Si ces conditions sont remplies, le serviteur a « bien servi ». Il a fait preuve de toute fidélité envers son maître dans un domaine peut-être considéré par certains comme secondaire ou moins noble. C’est la condition pour qu’on lui confie davantage. L’expression « grande hardiesse dans la foi » prouve qu’il ne s’agit pas de l’avenir, c’est-à-dire de la venue du Seigneur ou du tribunal de Christ, — bien que les paroles du Seigneur en Matthieu 25:29 puissent bien sûr s’appliquer ici de manière pratique : « À celui qui a, il sera donné ».
Deux exemples sont Étienne et Philippe, qui faisaient partie des sept premiers diacres à Jérusalem. En Actes 6.8, il est dit d’Étienne que, plein de grâce et de puissance, il accomplissait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. Il fut capturé par les ennemis de l’évangile, condamné et lapidé à mort. Il est ainsi devenu le premier martyr de l’assemblée de Dieu. Pouvait-il atteindre un meilleur « degré » que celui de suivre son Seigneur dans la mort, et dans un état d’esprit semblable au Sien ? (comp. Actes 7:59-60 avec Luc 23:34.46). Certains commentateurs veulent voir dans ce « bon degré » une position de confiance (position dans l’église) ou la promotion à un poste plus élevé. Quelle tristesse quand on mesure tout selon une échelle de critères humains ! Combien plus important est ce que le Seigneur dit de nos actions !
Philippe est l’exemple d’un serviteur qui a reçu « une grande hardiesse dans la foi ». La « hardiesse » (en grec parrhesia) signifie à l’origine une intrépidité inébranlable et heureuse pour parler, mais aussi dans l’action. En Actes 8, au v.5 nous voyons Philippe prêcher Christ aux Samaritains ; au v. 12, il annonce l’évangile du royaume de Dieu et le nom de Jésus Christ, et au v. 35 il apporte l’évangile de Jésus à l’intendant de Candace. En Actes 21:8, celui qui était à l’origine « l’un des sept » est appelé « Philippe l’évangéliste ». Il est le seul homme du NT à porter ce titre. C’est vraiment un bel exemple de diacre qui a bien servi et qui a acquis une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus !
« Je t’écris ces choses, espérant me rendre bientôt auprès de toi ; mais si je tarde, —afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant, colonne et soutien de la vérité ».
L’apôtre s’arrête ici dans ses enseignements pour donner à son jeune compagnon une explication brève, mais extrêmement importante et utile. Paul espérait pouvoir revenir bientôt à Éphèse après son voyage en Macédoine (cf. 1:3). Mais il n’était pas sûr que cet espoir se réaliserait. Cependant, étant très préoccupé dans son for intérieur avec Timothée et l’assemblée d’Éphèse, il écrivait déjà maintenant cette épître. Nous voyons dans cet exemple l’imbrication des motivations humaines des auteurs du Nouveau Testament et de l’inspiration de l’Esprit de Dieu. Cet « élément humain de l’inspiration », comme on l’a parfois appelé, n’est pas une preuve contre l’inspiration divine des Saintes Écritures, mais justement de ce que les instruments n’écrivaient pas mécaniquement, comme des robots, mais étaient utilisés par Dieu en fonction de leurs caractères humains, de leurs capacités et de leurs desseins, pour écrire Sa Parole sans faute et de manière infaillible.
L’insertion de ces v. 14 à 16 est importante parce qu’en peu de mots, il y est exposé l’objectif et le contenu de toute l’épître. Ces versets forment donc également le centre de l’épître. Les mots : « Je t’écris ces choses … » se rapportent non seulement aux développement concernant les anciens et les serviteurs (3:1-13), et même pas spécialement aux derniers versets (3:8-13), mais à l’ensemble du contenu de l’épître.
Trois points pressants sautent aux yeux dans ces v. 14 à 16
À Éphèse Timothée avait à remplir une mission particulièrement lourde de responsabilité. Pour cela, il avait besoin d’intelligence des pensées de Dieu et d’énergie spirituelle. Mais avant cela, il devait connaître les pensées de Dieu. C’est pourquoi Paul lui écrit : « … afin que tu saches… ». Sans cette connaissance, il était impossible pour Timothée et il est impossible pour les chrétiens d’aujourd’hui de se comporter correctement dans la maison de Dieu. Cette connaissance de la conduite correcte dans la maison de Dieu est tout spécialement contenue dans cette première épître de Paul à Timothée. L’épître traite de l’ordre extérieur dans l’assemblée, non seulement de ce qui est directement lié aux réunions et à l’ordre spirituel, mais aussi de toute la vie de ceux qui appartiennent à cette maison.
Le centre quant au fond autour duquel tout tourne est Christ, le
mystère de la piété. Ces enseignements sont certes adressés à Timothée dans sa
situation particulière. Mais ils ne s’appliquent pas qu’à lui, car l’apôtre écrit
délibérément : « afin que tu saches
comment il faut
se
conduire dans la maison de Dieu ». Ces paroles s’adressent donc à tous
ceux qui ont leur place dans la maison de Dieu. Cette maison de Dieu est l’assemblée
du Dieu vivant, dans laquelle Dieu habite (1 Cor. 3:16 ; 2 Cor. 6:16 ;
Éph. 2:22). Dans l’Ancien Testament Dieu n’a dressé Sa demeure sous la forme de
la tente d’assignation et plus tard du temple qu’après avoir racheté un peuple
pour être Sa propriété ; pareillement, l’assemblée en tant que maison de
Dieu a été fondée sur la base de l’œuvre de rédemption de Christ à la croix et de
la descente du Saint-Esprit au jour de Pentecôte.
Ainsi donc, la maison de Dieu est ici l’ensemble de ceux qui confessent être à Christ, mais ici cette confession est encore vivante comme on la voit dans les premiers chapitres du livre des Actes. À l’origine, le corps de Christ et la maison de Dieu étaient constitués des mêmes personnes sauvées. Mais cela a changé au cours du temps, car beaucoup de ceux qui font partie de la maison d’après leur confession, en réalité ne sont pas nés de nouveau et n’ont pas été scellés du Saint Esprit. C’est pourquoi, dans la deuxième épître à Timothée, l’assemblée est comparée à une grande maison, dans laquelle il y a des vases à honneur, mais aussi pour le déshonneur du maître de maison. Cependant la maison de Dieu subsiste. C’est pourquoi les règles de conduite dans la maison de Dieu sont encore valables aujourd’hui. L’assemblée reste toujours la maison, l’habitation de Dieu, la colonne et le soutien de la vérité.
La maison de Dieu est considérée ici comme l’assemblée du Dieu vivant. En contraste avec les idoles mortes et les hommes mortels, Lui est vivant, et Il est la source de toute vie, d’éternité en éternité. Au milieu des ténèbres du paganisme et de l’échec du judaïsme, Il a séparé Son assemblée afin qu’elle soit colonne et soutien de la vérité dans ce monde. Christ Lui-même est la vérité (Jean 14:6) ; la Parole de Dieu, du Père, est la vérité (Jean 17:17) ; et le Saint-Esprit est l’Esprit de vérité (Jean 16:13) et aussi la vérité elle-même (1 Jean 5:6). L’assemblée est appelée à manifester toute la vérité de Dieu devant et dans le monde. Elle a le noble devoir de donner une expression à la vérité dans toutes ses actions. Cela entraîne une grande responsabilité pour tous ceux qui appartiennent à l’assemblée du Dieu vivant. Tant que l’assemblée est sur terre, elle est et reste la colonne et le soutien par lequel la vérité de Dieu est rendue visible. Certes elle n’est pas elle-même la vérité, comme nous l’avons déjà vu. Mais il n’y a qu’elle qui soit appelée à rendre témoignage de cette vérité dans ce monde. L’assemblée ou église n’enseigne pas, comme une certaine tendance le prétend, mais elle est enseignée par la Parole de Dieu et par les dons que le Seigneur a donnés, et elle a la tâche de présenter publiquement la doctrine qui est conforme à la vérité.
Les souverains de l’Antiquité faisaient graver leurs victoires, et parfois leurs principes et leurs objectifs, sur des colonnes ou des obélisques artistement sculptés, pour que chacun puisse les voir et les lire. Ainsi l’assemblée est la colonne sur laquelle la vérité est inscrite et rendue visible devant un monde qui ne croit pas au Seigneur Jésus.
Le mot « soutien » ou « fondation » n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament. Il est dérivé d’un adjectif qui signifie « ferme, sûr ». L’assemblée est donc aussi le fondement sûr sur laquelle doit reposer solidement la vérité divine. « Ainsi, la présence du Dieu vivant et la confession de la vérité sont les caractéristiques de la maison de Dieu. Partout où se trouve cette assemblée du Dieu vivant, partout où se trouve la vérité, là il y a Sa maison » (J. N. Darby, Synopsis, Études sur la Parole de Dieu).
« Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : Lui qui (*) a été manifesté en chair, est justifié en Esprit, est vu des anges, est prêché parmi les nations, est cru au monde, est élevé dans la gloire ».
(*) note bibliquest : La version Darby et la version anglaise King James KJV rendent le verset un peu différemment : « Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire ». En particulier, l’auteur et bien d’autres traductions omettent le mot « Dieu » et écrivent « Lui qui ». Ce point est discuté ci-après
Le v. 16 est la conclusion de ce court mais important passage, et il constitue le véritable centre de cette épître. Le v. 9 mentionne le mystère de la foi, au sens de la vérité objective de la foi. Le mystère de la piété, quant à lui, est la source de la force et le ressort de tout ce que le croyant individuellement et l’assemblée ont à manifester dans le monde. Contrairement aux spéculations humaines du ch. 4:1-3, ce verset place la personne de Christ au centre de la vie.
Le mystère de la piété n’est pas le mystère de la Déité ou celui
de la personne de Christ. Le mot « piété » (en grec : eusebeia
)
apparaît huit fois dans cette épître (voir sous le ch. 2:2) ; il signifie
en fait « adoration juste (de Dieu) » et décrit la dévotion de l’âme
à Dieu dans la confiance et la crainte de Dieu. Le mystère de la piété n’est pas
quelque chose de caché, mais comme presque partout dans le Nouveau Testament, c’est
quelque chose qui a été caché jusqu’à présent, et qui est maintenant révélé et peut
être compris par tous ceux qui sont nés de nouveau et ont reçu le Saint-Esprit.
Le point de départ et la source de force pour une conduite juste dans la maison de Dieu n’est pas une doctrine, mais une personne, le Fils de Dieu, qui est devenu homme. Certes il ne peut y avoir de véritable piété sans la vérité (et Israël la possédait déjà en partie), mais le mystère de la piété maintenant révélé est l’adorable personne de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Ce mystère est indiscutablement grand.
Ce qui suit n’est pas une description des privilèges des enfants de Dieu et de leurs bénédictions célestes, mais ce sont plutôt les fondements des relations de Dieu avec les hommes. Ici, comme partout ailleurs dans cette épître, les vérités mentionnées sont celles pertinentes pour le témoignage que l’assemblée, la maison de Dieu, doit révéler au monde.
Les six déclarations sur la personne du Fils de Dieu ne sont pas tant en ordre chronologique que moral ; elles peuvent être réparties en trois groupes :
Le premier des six énoncés de cette phrase est rendu différemment dans les anciens manuscrits de la Bible. Selon le dernier état de la recherche textuelle, les trois faits suivants ont été établis :
1) aucun des principaux manuscrits à lettres onciales (majuscules ; aleph A C) écrits au 4ème jusqu’au 5ème siècle ne contient le mot « Dieu » de première main,
2) toutes les traductions anciennes sont basées sur un pronom (« qui », « que »),
3) aucun des pères de l’église avant la fin du 4ème siècle ne témoigne du mot « Dieu » à ce stade.
Le changement du pronom « qui » en nom « Dieu » a été fait après coup dans les manuscrits ci-dessus ; cette insertion dans la plupart des manuscrits ultérieurs, s’explique facilement pour deux raisons : d’une part, le mot « Dieu » (orthographe grecque : θC) peut facilement découler du pronom (orthographe grecque : OC) à la suite d’une erreur de lecture ou de copie ; d’autre part, l’insertion du mot « Dieu » peut avoir découlé du désir de l’Église de disposer d’une déclaration doctrinalement plus claire.
« Si l’on pèse bien la leçon la mieux attestée, on en vient bientôt à découvrir avec joie que l’utilisation du pronom relatif « qui » dans ce contexte est beaucoup plus précise, alors qu’elle présuppose la même vérité (que l’utilisation du mot « Dieu »). Quel sens cela aurait-il de dire qu’Adam ou Abraham, David, Ésaïe, Daniel ou tout autre homme a été manifesté en chair ? Si un ange se révélait ainsi, ce serait un outrage à l’ordre divin. Pour l’homme en tant que tel, il n’y a pas d’autre voie que la chair ; le plus puissant, le plus sage, le plus doué des orateurs, poètes, soldats ou politiciens n’est que chair, tout comme le moindre de ceux qui sont nés de femme. Mais il n’en est pas ainsi du seul médiateur entre Dieu et les hommes. Il a condescendu à devenir homme, mais il était essentiellement et éternellement Dieu » (W. Kelly, Exposé des deux épîtres à Timothée). « Lui qui a été manifesté en chair » est le Dieu éternel et vivant. De même en Jean 1:14, il est dit : « Et la Parole devint chair et habita au milieu de nous », mais avant cela, il est clairement attesté : « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1:1). Pour pouvoir devenir médiateur entre Dieu et les hommes, le Fils devait en toutes choses être fait semblable à ses frères. Il est donc venu en ressemblance de chair de péché et pour le péché, — et c’est en Celui qui n’a pas connu le péché, qui n’a pas commis le péché et en qui il n’y a pas de péché, que Dieu a condamné le péché dans la chair (Rom. 8:3 ; 2 Cor. 5:21 ; 1 Pierre 2:22 ; 1 Jean 3:4). En Lui seul, l’amour et la sainteté de Dieu ont été pleinement révélés (Jean 6:69 ; 14:9) ; en Lui seul a résidé toute la plénitude de la Déité (Col. 1:19). Adorable Seigneur !
« Justifié en Esprit » se réfère à toute la vie du Seigneur Jésus sur la terre. Il n’a pas seulement été engendré du Saint-Esprit (Luc 1:35), mais il a aussi été oint et scellé par l’Esprit (Actes 10:38 ; Jean 6:27). L’Esprit Saint a habité et a opéré dans le Seigneur Jésus, qui, en tant qu’homme, était entièrement sans péché ; l’Esprit Saint a habité en Lui comme dans un vase pur, entièrement à la gloire de Dieu (Matt. 3:16-17 ; Jean 1:32-34). En nous, hommes pécheurs par nature, cela ne peut se produire que si nous avons cru à l’œuvre rédemptrice de Christ et que nous avons été purifiés par cela (2 Cor. 1:21-22 ; Éph. 1:13-14). Justifier ici ne signifie pas « rendre juste », comme dans l’épître aux Romains, mais « démontrer comme étant juste », comme dans l’épître de Jacques. Christ était en toutes choses celui que Dieu a reconnu par l’Esprit Saint et confirmé comme homme, tant dans Ses actes (Luc 4:1, 14 ; Matt. 12:28), que dans Son œuvre expiatoire (Héb. 9:14) et dans Sa résurrection (Rom. 1:4 ; 1 Pierre 3:18).
« Vu par (les) anges ». Lui, le Dieu invisible, a été vu lors de Son incarnation et après elle. Quel spectacle pour ces créatures au-dessus des hommes de voir pour la première fois leur Créateur dans la crèche de Bethléem ! Les anges ont été témoins de Ses tentations (Marc 1:13), de Son combat de prières à Gethsémané (Luc 22:43) et de Sa résurrection (Jean 20:12). Or encore maintenant, alors qu’Il est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux, Lui et Son œuvre restent l’objet de la contemplation et de l’adoration des anges (Éph. 3:9-10 ; 1 Pierre 1:12 ; Apoc. 5:11-12).
« Prêché parmi (les) nations » montre le contraste entre l’époque actuelle et l’ère du judaïsme sous la loi. Notre Dieu-Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés, a dans ce but envoyé les prédicateurs de l’Évangile, avec en tête Paul, apôtre et docteur des nations (Gal. 2:8-9 ; 1 Tim. 2:7).
« Cru au monde » : les deux dernières propositions montrent les résultats de la manifestation du Fils de Dieu. Il est maintenant l’objet de la foi pour le monde. L’attente du Messie chère aux Juifs n’a pas commencé en étant pleinement achevée, mais elle a commencé par l’invitation du Seigneur à Ses disciples en Jean 14:1 : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi ». Certes Il va bientôt assumer Sa domination sur Israël et sur toutes les œuvres de ses mains ; mais la relation des hommes avec Lui ne repose pas désormais sur quelque chose de vu et observé, mais sur la foi. C’est par la foi seulement, que les personnes pour lesquelles Il est venu peuvent Le reconnaître et Le recevoir.
« Élevé dans la gloire ». Ce mot « élevé »
est utilisé cinq fois dans le Nouveau Testament pour désigner l’ascension du
Seigneur (Marc 16:19 ; Actes 1:2, 11, 22). Il a été ressuscité d’entre les
morts par la gloire du Père (Rom. 6:4), mais la gloire est devenue particulièrement
visible lors de Son ascension au ciel. L’expression « dans la gloire »
(en grec en doxē
) ne fait pas référence au but, mais aux circonstances
de Son élévation. La gloire brillait autour de lui lors de Son ascension. La
nuée qui L’a enlevé des yeux des disciples était la nuée de la gloire de Dieu,
la Shekhina (Actes 1:9 ; cf. Matt. 17:5 ; 2 Pierre 1:17). L’accueil du
Seigneur dans la gloire était la réponse de Dieu le Père à Son œuvre (Jean
13:31-32 ; 17:4-5).
La description du mystère de la piété commence par l’incarnation du Fils éternel de Dieu et se termine par l’élévation au ciel de l’homme glorifié, le Christ Jésus. La vraie piété est basée sur cette personne et sur les faits qui nous sont communiqués à Son sujet. Le Christ, le Fils du Dieu vivant, est le mystère de la piété. Ce mystère a été caché jusqu’à la croix de Golgotha et n’est toujours pas reconnu par le monde. C’est seulement dans la puissance de ce mystère que l’assemblée peut répondre à sa responsabilité comme colonne et soutien de la vérité, et ce n’est que dans la puissance de ce mystère que le croyant individuellement peut se conduire correctement dans la maison de Dieu.
« Or l’Esprit dit expressément qu’aux derniers temps quelques-uns apostasieront de la foi, s’attachant à des esprits séducteurs et à des enseignements de démons » (1 Tim. 4:1).
En contraste complet avec les deux derniers versets du chapitre précédent, l’apôtre aborde maintenant les égarements religieux chez les chrétiens, selon qu’il les avait déjà prévus en tant qu’apôtre et prophète (cf. Éph. 2:20).
L’Esprit Saint, en tant que Consolateur venant du Père, a établi Son habitation en chaque croyant individuellement et dans l’assemblée comme un tout (Jean 14:16-17 ; 1 Cor. 3:16 ; 6:19). Il est venu pour guider les enfants de Dieu à chaque pas, pour les conduire dans toute la vérité et pour leur annoncer les choses qui vont arriver (Rom 8:14 ; Gal 5:18 ; Jean 16:13). Au temps de l’apôtre Paul, l’Esprit Saint avait déjà expressément indiqué par une révélation personnelle à lui, Paul, et par Son action dans l’assemblée, que des dangers surgiraient aux derniers temps dans la maison de Dieu, c’est-à-dire dans les temps suivant immédiatement le temps présent. L’apôtre Paul en fait part maintenant à Timothée.
Les « derniers temps » ne vont pas encore aussi loin que les « derniers jours » de 2 Tim. 3:1 et 2 Pierre 3:3 ou que la « fin du temps » de Jude 18. Paul parle ici de « quelques-uns » [qui apostasieraient], comme déjà au ch. 1:3, 6, 19. En 2 Tim. 3:1 il parle d’« hommes » : ce mot montre que la décadence augmenterait.
Même si l’assemblée dans son ensemble porte le caractère de la maison de Dieu, « quelques-uns [allaient] apostasier de la foi ». Déjà au moment de la rédaction de cette lettre, certains avaient fait naufrage quant à la foi (1:19) ou s’en étaient écartés (1:6 ; 6:10, 21). Mais l’apostasie de la foi prédite ici chez quelques-uns est basée sur une volonté clairement décidée de rejeter les vérités fondamentales de la foi chrétienne et d’accepter à la place d’autres doctrines venant des démons.
Y a-t-il une apostasie des croyants ? La Parole de Dieu parle sans ambiguïté du fait qu’une personne qui a cru au Fils de Dieu et qui en conséquence est née de nouveau, ne périt pas, mais a la vie éternelle (Jean 3:16 ; 10:38-39 ; Rom. 8:31-39). C’est tordre les Écritures que d’affirmer — comme on le fait malheureusement trop souvent — que quelqu’un qui est né de nouveau peut encore être perdu. Cela signifierait que quelqu’un qui est né de Dieu, et est donc un enfant de Dieu (Jean 1:12-13), un membre du corps de Christ et une pierre vivante de la maison spirituelle de Dieu (1 Cor. 12:27 ; 1 Pierre 2:5) et qui a le sceau du Saint Esprit (Éph. 1:13-14), pourrait perdre tous ces privilèges ! Imaginons ça : un enfant de Dieu aujourd’hui – perdu demain ? un membre vivant du corps de Christ aujourd’hui – coupé demain ? Non, de telles pensées sont en contradiction flagrante avec l’enseignement du Nouveau Testament.
Mais un autre aspect de la vie chrétienne est la confession (ou
profession) de ces choses et la déclaration qu’on est pour ces choses. Jean
parle de personnes qui disent
qu’elles ont communion avec Dieu, qu’elles
connaissent Dieu, qu’elles sont dans la lumière, etc. (1 Jean 1:6 ; 2:4, 9,
etc.). De même, Jacques 2:14 dit : « Quel profit y a-t-il, mes
frères, si quelqu’un dit
qu’il a la foi, mais qu’il n’ait pas d’œuvres ? »
Une personne peut être capable pendant longtemps de tenir ferme sa confession (ou
profession) et de montrer une marche selon la vérité chrétienne extérieurement,
sans être vraiment sauvée par la repentance et la foi en l’œuvre rédemptrice de
Christ. Un jour, elle se détourne, comme le décrit l’épître aux Hébreux pour
des Juifs qui avaient été initialement enthousiastes et s’étaient joints extérieurement
à la profession de christianisme (cf. Héb. 6:4-8 ; 10:26-31).
On peut adhérer au christianisme comme à toute philosophie ou idéologie humaine, sans que la conscience soit venue dans la lumière de Dieu. Si l’on nie ensuite les vérités fondamentales de la Parole de Dieu pour arriver à d’autres connaissances qu’on dit « supérieures », c’est l’apostasie de la foi. La foi (ici avec l’article comme en 1:19 et 3:9) est la totalité des vérités du salut, ce qu’on croit.
L’apostasie de la foi de la part de quelques-uns, ce n’est pas encore l’apostasie générale selon 2 Thes. 2:3-12 qui saisira la chrétienté professante morte sous la conduite de l’homme de péché, de l’antichrist, après l’enlèvement de l’assemblée. Or de même que l’apôtre Jean reconnaissait déjà l’esprit de l’Antichrist chez beaucoup de personnes qui avaient professé le christianisme extérieurement (1 Jean 2:18 et suiv.), de même Paul a écrit que le mystère d’iniquité était déjà à l’œuvre (2 Thes. 2:7). Combien donc il était et il est important de tenir ferme par la foi le « mystère de la piété » (1 Tim. 3:16), afin d’être armés contre l’apostasie naissante de plusieurs !
Ensuite, l’apôtre mentionne les forces actives invisibles du mal par lesquelles ces personnes sont séduites : « les esprits séducteurs et des enseignements de démons ». Les esprits séducteurs sont des forces agissant chez des gens, et par lesquelles le diable se manifeste. L’apôtre Jean écrit : « Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu » (1 Jean 4:1). Le mot « esprit » ne se réfère pas à l’esprit humain ni ici en 1 Tim. 4 ni en 1 Jean 4, mais aux esprits sataniques qui se servent des hommes comme de leurs instruments.
Les « enseignements de démons » ne font pas référence à des enseignements sur les démons, mais à des enseignements qui émanent d’eux. Les démons sont des esprits mauvais (cf. Apoc. 16:13-14). Ce sont des instruments de Satan (cf. Matt. 12:24-29), qui, au temps de l’apostasie future déjà mentionnée, celle de toute la chrétienté de nom, auront leur demeure dans celle-ci. En Apoc. 18:2, il est dit : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande ! et elle est devenue la demeure de démons, et le repaire de tout esprit immonde ». L’influence des esprits séducteurs et des démons est souvent sous-estimée aujourd’hui, mais elle se répand largement par le moyen du spiritisme et de l’occultisme.
« disant des mensonges par hypocrisie, ayant leur propre conscience cautérisée » (1 Tim. 4:2).
Les mots « disant des mensonges par hypocrisie » sont parfois traduits : « par une hypocrisie de menteurs ». Dans la première manière de traduire, les démons sont ceux qui disent des mensonges par hypocrisie. La suite du verset dépend également des « démons » grammaticalement. Dans la seconde manière, des gens sont ceux qui disent des mensonges, et cette fois non pas comme victimes de l’erreur, mais comme étant ses instruments, des gens qui égarent. La formulation donnée ci-dessus permet de concilier les deux possibilités par le fait qu’ici l’Esprit Saint identifie les démons avec leurs instruments (cf. sur ce point Marc 1:23-26 ; Luc 4:31-36 ; 8:27-33) et Il passe ensuite des démons aux personnes possédées, qui ont les consciences cautérisées, c’est-à-dire endurcies comme avec un fer rouge.
D’un côté, les séducteurs se donnent une apparence de piété, mais sous ce masque hypocrite, ils disent des mensonges pour assujettir les âmes des gens à Satan, le père du mensonge. Ce faisant, ils sont endurcis dans leur propre conscience comme avec un fer rouge. Darby traduit « cautérisé ». La plupart des commentateurs pensent à un marquage, comme dans l’Antiquité on marquait les esclaves et les criminels (sur le front dans ce cas). D’après cela, ces faux enseignants seraient caractérisés comme pécheurs et ennemis de Dieu, non pas par une marque extérieure, mais intérieurement dans leur conscience. Cependant cela signifierait qu’ils porteraient déjà devant eux et devant les autres le signe de condamnation, ou qu’ils seraient caractérisés comme esclaves d’un péché caché. Plus plausible et plus significative, en revanche, est la pensée qui s’exprime dans le mot « cautérisé » ou les mots « comme durci au fer rouge ». La conscience de ces séducteurs n’est plus pure et tendre, mais est devenue dure et insensible, car ils sont consciemment et durablement en contradiction avec Dieu et Sa Parole.
« défendant de se marier, [prescrivant] de s’abstenir des viandes que Dieu a créées pour être prises avec action de grâces par les fidèles et par ceux qui connaissent la vérité » (1 Tim. 4:3)
Les doctrines d’origine démoniaque dont Paul a déjà parlé au v. 1, ont, comme l’enseignement de Christ, un impact sur la vie pratique de leurs adeptes. Seulement ces doctrines de démons sont en opposition complète avec la doctrine qui est selon la piété. Paul les rassemble dans les deux prescriptions de ne pas se marier, et de ne pas manger de toutes les nourritures. L’omission du deuxième verbe (« prescrivant ») est un usage de la langue grecque de l’époque (comme en 2:12).
Ces doctrines étaient dans le fond d’origine juive. Cela ressort des prescriptions déjà mentionnés dans l’épître aux Colossiens concernant la circoncision, les jours de fête et le manger et le boire (Col. 2:16). Les membres de la secte juive des esséniens, qui avait son siège à Qumran sur la mer Morte, observaient également la prescription de célibat. Cependant, à cette base juive s’étaient ajoutés d’autres courants de pensée philosophiques d’origine non juive. En Asie mineure, les démarcations entre citoyens juifs et non juifs n’étaient plus très marquées. Le voisinage social conduisait à un mélange religieux juif-grec-païen (syncrétisme). Cette orientation philosophico-théologique, connue sous le nom de gnosticisme, n’a atteint son plein développement dans la chrétienté qu’au deuxième siècle, mais on en voit le début déjà ici et dans les épîtres de Jean. Le gnosticisme enseigne à une élite intellectuelle une « connaissance » (gnose en grec) supérieure, par laquelle l’âme est libérée des contraintes matérielles et est conduite vers les régions supérieures de la vérité et de la lumière. Dans plusieurs des différents systèmes gnostiques, le dénigrement de tout ce qui est matériel se manifestait par une grande sévérité pour le corps humain. On croyait que l’ascèse corporelle et l’enrichissement spirituel dépendaient l’un de l’autre. Mais ces spéculations sataniques n’ont qu’un but : éloigner l’âme du Dieu vivant. Le mariage comme fondement divinement ordonné de la vie familiale et de la société, (cf. Gen. 1:28 ; 2:18-25), fut la première chose à être méprisée. Si quelqu’un ne se marie pas par amour pour le Seigneur et par désir de Le servir sans entrave, cela peut très bien être juste et béni (cf. 1 Cor. 7). Mais quand ce cas particulier est établi en principe, et que l’exception devient la règle, on méprise la Parole de Dieu, on domine sur la conscience des autres et on détruit le fondement de la foi.
Il en va de même pour le commandement de s’abstenir de certaines nourritures. En Genèse 1:29 ; 2:16 ; 9:2-4, Dieu a donné à l’homme divers commandements concernant la nourriture, selon lesquels seule la consommation de sang était et reste interdite (cf. Actes 15:20). Quiconque met de côté ces ordonnances de Dieu attaque directement l’autorité du premier livre de Moïse, et avec lui celle de la Parole de Dieu. Une telle personne se met en contradiction évidente avec la foi, car elle veut atteindre la sainteté par un faux chemin, et elle veut établir une prétendue relation avec Dieu, alors que Dieu ne peut et ne veut l’accorder qu’à celui qui, dans une foi simple et obéissante, se soumet à Sa volonté révélée dans Sa parole.
Dans les fonctions et besoins naturels du corps humain, il n’y a rien en soi qui nous sépare de Dieu. Il est certain que la sexualité et l’appétit — comme presque tout dans notre vie — peuvent conduire au péché. Mais du fait qu’elles sont données par Dieu, ces choses ne sont pas mauvaises en soi si nous reconnaissons et respectons l’ordre divin qui les encadre. Si nous reconnaissons la constitution de notre corps comme disposée par Dieu, nous pouvons également accepter avec action de grâces l’instinct sexuel et l’appétit comme quelque chose arrangé par Lui, et même comme un lien qui nous maintient dans la foi et la dépendance à Son égard. Cela ne s’applique naturellement qu’à ceux qui sont « fidèles et qui connaissent (ou : reconnaissent) la vérité ». Mais ceux qui ne sont pas réconciliés et sont éloignés de Dieu ne voient aucune raison de rendre grâces dans les dons extérieurs.
« Car toute créature de Dieu est bonne, et il n’y en a aucune qui soit à rejeter, étant prise avec action de grâces, car elle est sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière » (1 Tim. 4:4, 5).
Ce qui vient d’un Dieu-Créateur bon ne peut être que bon. Ce principe est contraire à l’erreur de ceux qui voulaient voir du mal dans tout ce qui est matériel et qui allaient jusqu’à attribuer la création elle-même à un dieu ou un démiurge mauvais ou imparfait. Les bonnes choses que Dieu donnent doivent être prises avec action de grâces. Pour le fidèle qui connaît la vérité, elles sont sanctifiées par la Parole de Dieu et par la prière. Selon les commandements de Dieu, le peuple d’Israël n’avait pas le droit de manger toute nourriture (cf. surtout Lév. 11). Les païens suivent ou bien leur instinct naturel ou bien sont liés par des règles religieuses au point de préférer mourir de faim plutôt que d’abattre une « vache sacrée ». Pour le chrétien, cependant, en dehors de l’interdiction déjà mentionnée de consommer le sang, il n’y a pas de restriction, comme la Parole de Dieu nous le dit en plusieurs endroits (Matt. 15:11 ; Rom. 14:14 ; 1 Cor. 10:27 ; 1 Tim 6:17). Grâce à ces déclarations claires de l’Écriture Sainte, toute créature en général est sanctifiée pour en jouir. Sanctifié signifie que quelque chose est mis à part dans un but précis prévu par Dieu. Un chrétien, qui sans nécessité, vit de manière exclusivement végétarienne, ne tient donc pas compte de cet ordre divin.
Une nourriture n’est pourtant pas seulement sanctifiée objectivement par la parole de Dieu. Une sanctification subjective par la prière est également mentionnée ici. Cela ne vise pas seulement l’action de grâces lors des repas, mais aussi le grand privilège du croyant de pouvoir librement s’approcher de Dieu comme son Père sur la base de l’œuvre de rédemption de Christ, parce qu’il connaît Sa grâce et Son amour et que chaque jour il en fait de nouveau l’expérience. Dans cette communion intime, il peut reconnaître les choses apparemment les plus petites comme des dons d’un Père attentionné, qui n’a pas épargné le don le plus grand de tous, Son propre Fils, mais L’a livré pour nous tous.
« En proposant ces choses aux frères, tu seras un bon serviteur du christ Jésus, nourri dans les paroles de la foi et de la bonne doctrine que tu as pleinement comprise » (1 Tim. 4:6).
L’expression « ces choses » correspond à un pronom démonstratif
au pluriel en grec (comme 3:14 ; 4:11, 15 ; 5:7, 21 ; 6:11). Cela
se réfère toujours aux aspects de la vérité mentionnés précédemment sur la
conduite dans la maison de Dieu. Si Timothée proposait ces choses aux frères,
il serait un bon (grec kalos
) serviteur du Christ Jésus, en contraste
avec ceux qui disaient des mensonges par hypocrisie. À la différence de 3:8-13,
le terme « serviteur » (grec diakonos
) doit être compris ici
dans un sens plus général.
Le mot « nourri » a aussi été quelquefois traduit par
« élevé, éduqué » ; il ne se trouve qu’ici dans le NT. Grammaticalement
c’est un présent (participe présent passif) et ne désigne donc pas une action achevée,
mais un processus continu et valable en général. Les moyens pour être ainsi nourri
ou éduqué sont « les paroles de la foi et de la bonne (kalos
en grec)
doctrine » que Timothée avait « suivie avec exactitude » (ou :
« pleinement comprise » ; même chose en Luc 1:3 et 2 Tim. 3:10).
La doctrine (grec didaskalia
) figurait déjà en 1:10 et 4:1 comme « saine
doctrine » en contraste avec les fausses doctrines ; nous la retrouvons
dans les ch. 4:13, 16 ; 5:17 ; 6:1, 3. Alors que la foi se rapporte
plutôt au contenu et à l’objet de la vérité, la doctrine se rapporte plutôt à la
forme, la structure dans laquelle la vérité est communiquée.
Comme Timothée, tout chrétien doit apprendre à connaître la
vérité, la recevant non seulement avec son intelligence, mais aussi en silence dans
le cœur et la conscience. Les moyens de cette éducation spirituelle ne sont pas
seulement la foi (c’est-à-dire la vérité du salut, cf. 4:1) et la doctrine,
mais les paroles
de la foi et de la saine doctrine. Le contenu et la
forme de la vérité divine sont inséparablement liés (cf. 1 Cor. 2:12-13). Ce
modèle des paroles saines, comme Paul les appelle dans sa deuxième épître (1:13),
ne saurait être assez fouillé et suivi de près. De nouveaux trésors de sagesse
et de connaissance seront sans cesse mis en lumière. Une telle occupation des
paroles de la foi et de la bonne doctrine dans la prière et le jugement de soi sont
la base d’une bonne et saine alimentation et éducation spirituelles. Celles-ci
sont à leur tour une condition préalable à la croissance spirituelle, mais ce
ne sont pas les seules. Une autre condition indispensable à la croissance
spirituelle est de mettre en pratique ce qui a été appris ou reconnu
Une autre condition indispensable à la croissance spirituelle est de traduire, dans la pratique de la vie de foi journalière, ce qui a été appris ou reconnu. Or, c’est précisément sur ce point que nous sommes souvent défaillants. Il y a là une cause de pauvreté et de faiblesse spirituelles. Un serviteur du Seigneur qui ne fait pas ce qu’il prêche aux autres, n’a aucune autorité morale.
Ce n’est que si Timothée reconnaissait l’autorité absolue des paroles de la foi et de la bonne doctrine dans sa propre vie, qu’il pouvait agir avec autorité spirituelle comme un bon serviteur de Christ.
« Mais rejette les fables profanes et de vieilles femmes, et exerce-toi toi-même à la piété » (1 Tim. 4:7).
L’apôtre oppose les paroles de foi et de la bonne doctrine aux fables profanes et de vieilles femmes (cf. 6:20 ; 2 Tim. 2:16), que Timothée devrait rejeter avec la plus grande fermeté. Il ne peut pas s’agir des enseignements de démons du v. 1, qui ne devaient se produire que dans le futur. Mais déjà au ch. 1:3-4, il est question de doctrines étrangères, de fables et de généalogies qui se répandaient à Éphèse et qui, au lieu d’édifier, ne faisaient que produire des disputes. Il est question ici de telles fables (cf. aussi Tite 1:14).
Ensuite cette parole : « Exerce-toi toi-même à la piété ». La piété comprend toutes nos relations avec Dieu (cf. ce qui a été dit au ch. 2:2). Elle consiste en la communion avec Dieu et dans la pratique qui en découle en paroles et en actes. C’était la direction dans laquelle Timothée devait s’exercer. Pour cela, il devait rejeter tout ce qui faisait obstacle à sa relation avec Dieu. Le désir de la parole de Dieu, de la prière et de la méditation, et de la communion avec les enfants de Dieu fait aussi partie de cet exercice de la piété.
Mais l’exercice de la piété inclut également le fait, pour le croyant, d’exercer une discipline sur son corps. Les Corinthiens étaient en grave danger à cet égard. Il suffit de penser au péché de fornication mentionné en 1 Cor. 5 et 6 et à leurs dérèglements lors de la Cène mentionnés au ch. 11 ! C’est pourquoi Paul se plaçait en exemple, comme nous lisons en 1 Cor. 9:24-27 : « Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice courent tous, mais un seul reçoit le prix ? Courez de telle manière que vous le remportiez. Or quiconque combat dans l’arène vit de régime en toutes choses ; eux donc, afin de recevoir une couronne corruptible ; mais nous, [afin d’en recevoir] une incorruptible. Moi donc je cours ainsi, non comme ne sachant pas vers quel but… mais je mortifie mon corps et je l’asservis, de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé ». Sans cet exercice de piété, le serviteur de Christ est toujours en grand danger, malgré l’activité extérieure pour son Seigneur, de s’éloigner de Lui intérieurement.
« Car l’exercice corporel est utile à peu de chose, mais la piété est utile à toutes choses, ayant la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir » (1 Tim. 4:8).
Par exercice corporel, on n’entend pas l’ascèse déjà indiquée au v. 3, qui a connu une floraison si triste plus tard dans le monachisme (vie des moines). Ce genre d’exercice est totalement contraire à la pensée de Dieu. D’un autre côté, l’apôtre voulait-il dire que l’autodiscipline corporelle, indissociable de celle qui est spirituelle, serait utile à peu de chose pour le chrétien s’exerçant à la piété ? Il venait de demander à Timothée d’avoir cette autodiscipline. Il ne peut donc s’agir que de l’entraînement et du renforcement de la force, de l’adresse et du rendement dans le domaine physique. Le concept d’exercice physique est emprunté à la vie sportive grecque et était bien connu des gens de l’époque. Ainsi, dans cette section, trois choses différentes sont traitées qu’il faut bien dissocier pour les comprendre.
ascèse, par lesquels la Parole de Dieu était mise de côté. Par le suivi de ces commandements, leurs adeptes étaient censés atteindre une sainteté et une connaissance prétendument supérieures. Cette ascèse est vivement condamnée dans la Parole de Dieu.
autodisciplinespirituelle et corporelle, dont tout bon serviteur de Christ a besoin pour être gardé de la paresse et d’une conduite inconvenante.
exercice corporel, c’est-à-dire l’entraînement corporel. Paul ne nie pas que cet exercice physique a une certaine valeur ou, comme le dit littéralement le Saint Esprit, qu’il est « utile à peu de chose ». Mais le mieux qu’on puisse atteindre par ce moyen, est le bien-être corporel et une certaine joie et un honneur dans la vie terrestre. En revanche, la piété à laquelle Timothée devait s’exercer est utile à toutes choses, puisqu’elle a la promesse de la vie de la part de Dieu Lui-même. La piété exige une vigilance constante, une sainte autodiscipline et une soumission totale à la volonté révélée de Dieu.
Tout participant à une compétition doit constamment se prémunir contre toute influence néfaste et toute indolence qui pourraient réduire ses chances de victoire. Dans la vie de foi et de piété, l’être tout entier est engagé, se tenant pour mort au péché, mais vivant pour Dieu dans le Christ Jésus. Sur cette piété repose la promesse de la vie présente et de la vie qui est à venir. Dans le temps présent, le croyant peut se reposer en confiance sur Dieu dans la conscience paisible que Lui-même a dit : « Je ne te laisserai pas et je ne t’abandonnerai pas » (Héb. 13:5). Quant à l’avenir, Rom. 2:7 déclare que Dieu accordera la vie éternelle à ceux qui cherchent la gloire, l’honneur et l’incorruptibilité en persévérant dans les bonnes œuvres. Et dans sa deuxième lettre à Timothée, l’apôtre écrit : « Cette parole est certaine ; car si nous sommes morts avec Lui, nous vivrons aussi avec Lui » (2 Tim. 2:11). En général, dans les lettres pastorales, on ne trouve guère les privilèges célestes des croyants, mais la pratique d’une vie saine et dévouée selon la piété. Paul considère généralement la vie éternelle comme quelque chose de futur pour le croyant, tandis que dans les écrits de Jean, elle est généralement considérée comme une possession actuelle du croyant. Alors que Paul décrit la position parfaite du croyant devant Dieu, le Père, en Christ sur la base de la foi en Son œuvre expiatoire, Jean nous considère comme des enfants de Dieu, qui sont nés de Lui et qui possèdent donc déjà maintenant la vie éternelle. Par conséquent, chez Paul, le croyant n’aura part à la vie éternelle en perfection et en plénitude que lorsqu’il sera auprès de Christ dans la gloire (cf. 1:16 ; Rom. 6:22 ; Gal. 6:8 ; Tite 3:7).
« Cette parole est certaine et digne de toute acceptation ; car si nous travaillons et sommes dans l’opprobre, c’est parce que nous espérons dans le Dieu vivant qui est [le] conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles » (1 Tim. 4:9-10).
L’apôtre utilise la même expression d’insistance que celle du ch.
1 v.15 : « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation »
(cf. 3:1). Ici, cette expression se réfère à ce qui a été dit au v. 8. Les
apôtres et leurs collaborateurs ont travaillé à répandre sur la terre les
paroles de la foi et de la bonne doctrine, dont le contenu est la piété. Pour
cela, ils ont également été couverts d’opprobre. Mais ces serviteurs du Seigneur
ne se sont pas laissés décourager, car le ressort de leur ministère et de leur
vie était leur ferme espérance en un Dieu vivant qui est le conservateur de
tous les hommes, spécialement des croyants. Ici Paul appelle à nouveau Dieu le « Dieu
vivant », comme déjà au ch. 3:15 (cf. Matt. 16:16 ; 26:63 ; Actes
14:15 ; 1 Thes. 1:9 ; Héb. 9:14 ; 10:31). Le mot « conservateur »
(soter
en grec) est traduit par « sauveur » en 1:1 et 2:3. Ce
titre était utilisé par les païens pour leurs divinités, et aussi pour l’empereur
romain. Dans l’empire romain, l’empereur au pouvoir était appelé le « conservateur
(ou Sauveur ; soter
en grec) du monde » et était vénéré comme
tel. Mais quelle différence immense il y a entre un tel soter humain — même s’il
gouverne avec bienveillance et bonté — et le Dieu vivant, qui est le conservateur
de tous les hommes, spécialement des fidèles ! Dans la plupart des
traductions de la Bible, le mot ici est traduit par « Sauveur ». Mais
il ne s’agit pas ici de l’œuvre de salut de Christ pour les pécheurs perdus. Dieu
est considéré ici comme le seul et véritable conservateur de l’humanité entière,
dont Il prend soin dans Son gouvernement (cf. Néh. 9:6, « toi qui fait
vivre » ; Matt. 5:45 ; 10:29 ; Actes 17:25). Mais les croyants,
rachetés par le sang de Christ, sont les objets spéciaux de Ses soins (1 Pierre
3:12 ; 4:19).
Aucun vrai chrétien n’oubliera jamais les privilèges immenses de la rédemption et de la vie éternelle, de l’espérance céleste et de la gloire éternelle. Mais face à ces choses invisibles et éternelles, il pourrait méconnaitre les soins constants et pleins d’amour de Dieu dans les choses de la vie journalière. Ce serait un déshonneur pour le Seigneur et un dommage pour lui-même. Le présent v. 10, comme nous l’avons déjà vu au début du chapitre, doit préserver l’âme du croyant d’une telle erreur. La révélation de hautes vérités spirituelles et de privilèges sur la base de l’œuvre de rédemption de Christ, peut dépasser en gloire le fait immuable que Dieu est le conservateur de tous les hommes, mais elle ne peut jamais le mettre de côté. Partout où surgissent des erreurs ou des fausses doctrines, il y a danger que la créature soit méprisée.
« Ordonne ces choses et enseigne-les. Que personne ne méprise ta jeunesse ; mais sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté » (1 Tim. 4:11, 12).
Bien que les exhortations des v. 11-16 s’adressent spécifiquement à Timothée et se rapportent à son ministère, elles sont également utiles aux serviteurs de Dieu de tous les temps. La première exhortation de l’apôtre est : « Ordonne ces choses et enseigne-les ». Le fait que le mot « commandement » soit si souvent mentionné souligne l’importance de la conduite pratique du chrétien, qui est le sujet de cette lettre (cf. 1:3 ; 5:7 ; 6:13, 17). Cette invitation est ici très générale et comprend certainement plus que ce qui est dit dans les versets 9 et 10. Lorsque Paul a envoyé le jeune Timothée à Corinthe, il a écrit aux croyants de cette ville : « Mais quand Timothée viendra, ayez soin qu’il soit avec vous sans crainte, car il s’emploie à l’œuvre du Seigneur, comme moi-même. Que personne donc ne le méprise » (1 Cor. 16:10-11). Il exhorte ici Timothée lui-même à se comporter en commandant et enseignant de manière à ce que personne ne soit amené à le traiter avec dédain en raison de sa jeunesse (*).
(*) Timothée avait environ 20-25 ans lorsque Paul l’avait emmené comme serviteur pour son second voyage vers l’an 50 (Actes 16). Maintenant il pouvait avoir environ 33-38 ans.
Mais ce n’est pas tout, il devait aussi être un modèle pour les croyants. L’apôtre souligne par-là un point très important dans la vie de foi. Un conducteur spirituel — ce qu’était Timothée malgré son jeune âge — doit non seulement pouvoir montrer le bon chemin, mais aussi y marcher lui-même en premier afin que les autres puissent le suivre. C’est ainsi que Paul parle de lui-même (1 Cor. 11:1 ; Phil. 3:17), et c’est dans ce sens que Pierre exhorte les anciens (1 Pier. 5:2-3), et c’est ce que nous voyons en perfection avec notre Seigneur Jésus (1 Pier. 2:21). Le bon berger marche devant ses brebis, et elles le suivent (Jean 10:4).
Non seulement les surveillants et les serviteurs (cf. ch. 3) doivent être irréprochables dans leur conduite, mais aussi ceux qui servent dans l’évangile, dans le ministère pastoral et dans l’enseignement, avec le don qu’ils ont reçu du Seigneur. Quelle autorité pourraient-ils sinon exercer dans leur ministère ?
Tout d’abord, les deux domaines mentionnés dans lesquels Timothée devait donner l’exemple sont : la parole et la conduite. Il devait donc être un exemple de disciple fidèle tout au long de sa vie. Ses paroles ne devaient exprimer aucun manque de droiture ni aucune fausseté, aucune frivolité ou impureté, mais elles devaient être toujours empreintes de grâce et assaisonnées de sel (cf. Éph. 4:29 ; 5:4 ; Col. 4:6). Sa conduite devait aussi être exemplaire, où que Timothée se trouvât et quelle que soit la personne avec qui il se rassemblait.
Ensuite sont mentionnées les bonnes qualités ou les vertus dans lesquelles Timothée pouvait être un exemple : l’amour, la foi et la pureté.
« Jusqu’à ce que je vienne, attache-toi à la lecture (*), à l’exhortation, à l’enseignement » (1 Tim. 4:13).
(*) note Bibliquest : le mot allemand est le substantif « vorlesen » qui signifie une « lecture à autrui à haute voix », ou « lecture publique ».
Déjà au chapitre 3:14 Paul a exprimé l’espérance de retourner
bientôt auprès de Timothée à Éphèse. Il lui rappelle maintenant de se consacrer
jusque-là à la lecture des Écritures, à l’exhortation et à l’enseignement. Le
mot traduit ici par « attache-toi » (en grec prosechein
)
signifie proprement « diriger l’attention sur quelque chose, veiller à
quelque chose ». Par conséquent, il est possible que l’exhortation à
exercer ces trois activités ne s’adresse pas ici à Timothée seulement, mais
soit ici une exhortation à veiller à ce que d’autres aussi mènent ces activités
de manière appropriée.
Lire publiquement et expliquer les écritures de l’Ancien Testament était déjà une pratique courante dans les synagogues juives le jour du sabbat. Dans la synagogue de Nazareth, le Seigneur Jésus a lu et expliqué un passage du prophète Ésaïe (Luc 4:16-27 ; voir aussi Actes 13:14-16). La même chose avait lieu dans les réunions de chrétiens. Petit à petit vinrent d’abord les épîtres (cf. Col. 4:16), puis les autres écrits inspirés du NT. La lecture des Saintes Écritures est la base de toute instruction chrétienne. Lorsqu’il y a un esprit de soumission et avec une vraie disposition non seulement à écouter, mais aussi à obéir, alors la simple lecture de la Parole de Dieu suscite dans les âmes un fruit béni. Par conséquent, ne prêtons pas attention en premier lieu aux paroles humaines, mais à la Parole de Dieu, sans pour autant mépriser les dons que le Seigneur a donnés pour édifier son Assemblée.
Exhorter consiste à appliquer ce qui a été lu au cœur et à la conscience de ceux qui écoutent. Par ce moyen ils sont éveillés à agir justement et sont protégés des influences et enseignements erronés (cf. 1:3-4).
L’enseignement explique la signification de la Parole de Dieu afin que les auditeurs puissent discerner clairement la volonté de Dieu.
« Ne néglige pas le don de grâce qui est en toi, qui t’a été donné par prophétie avec l’imposition des mains du corps des anciens » (1 Tim. 4:14).
Si Timothée a été invité dans le verset précédent à être actif
dans l’assemblée, ce n’est pas sans raison. Il possédait un don de grâce (charisma
en grec ; cf. Rom. 12:6-8 ; 1 Cor. 12:4 ; 1 Pier. 4:10). Ni ici,
ni ailleurs, il n’est expressément indiqué en quoi consistait ce don de grâce. Mais
d’après 2 Timothée 4:5, il ressort qu’il était un évangéliste, et les passages
déjà considérés dans les ch. 1 v.3 ; 4 v.6-7,11 ainsi que 2 Tim. 4:2 montrent
qu’il possédait aussi le don d’enseignant (cf. Éph. 4:11).
Timothée ne devait pas négliger ce don. Par paresse, indifférence ou trop de préoccupations diverses, toute capacité peut être laissée à l’abandon. Si je néglige mon jardin quelque temps en été, les conséquences sont vite évidentes pour tout le monde : les mauvaises herbes se multiplient, les fruits désirés s’atrophient ou n’apparaissent pas. Si quelqu’un reçoit un don de grâce du Seigneur, il s’y rattache en même temps la mission de l’utiliser pour la gloire du Seigneur et pour la bénédiction des autres. Le Seigneur Lui-même l’a clairement indiqué dans la parabole des talents de Matt. 25:14-30. En 2 Tim. 1:6, Timothée est exhorté à « ranimer ce don de grâce », c’est-à-dire à agir pour qu’il se développe pleinement.
Le don de grâce que possédait Timothée lui avait été donné par prophétie.
Déjà au ch. 1 v.18 Paul lui avait rappelé les prophéties dites à son sujet, ce
qui à l’évidence visait le même fait que dans ce v. 14. L’appel de Timothée à
un ministère particulier avait été déjà signalé très tôt par des déclarations
prophétiques. L’apôtre Paul lui avait communiqué le don de grâce de Dieu par l’imposition
des mains : ce cas était unique (2 Tim. 1:6). Nulle part ailleurs dans le Nouveau
Testament, nous ne lisons que des dons de la grâce aient été conférés ou même simplement
confirmés par l’intermédiaire de quelqu’un. Le Seigneur Jésus donne Lui-même les
dons à Son assemblée (grec dōma
; Éph. 4:8), et ils ne peuvent
être exercés de façon correcte que par la puissance du Saint Esprit (1 Cor. 12:4,
8-11). Toute nomination ou appel à exercer un don est un mélange indu entre
dons et charges ou fonctions locales et montre une ignorance totale des pensées
de Dieu sur l’autorité divine et le service spirituel (cf. ce qui a été dit au ch.
3).
Il est donc très significatif que Timothée n’ait pas reçu un don
de grâce par
, mais avec
l’imposition des mains du corps des anciens.
Il n’a pas reçu le don par le fait que les anciens lui aient imposé les mains,
mais il l’a reçu par
la prophétie et par
l’imposition des mains
de l’apôtre. Les anciens ont alors imposé leurs mains sur lui pour lui exprimer
leur communion dans le service. Ainsi, il pouvait faire son travail en sachant
que les anciens de l’assemblée reconnaissaient et soutenaient sa mission.
L’imposition des mains était déjà un fait bien connu dans l’Ancien Testament quand on offrait des sacrifices. Lors de l’holocauste, le caractère agréable pour Dieu de la victime offerte était transféré sur celui qui offrait (Lév. 1:4) ; dans le cas du sacrifice pour le péché, le péché était ainsi transféré sur la victime (Lév. 4:4, 15, 24 ; 16:21), et dans le cas du sacrifice de prospérités, la communion était exprimée par ce moyen (Lév. 3:2). Dans tous les cas, il s’agissait d’une indentification avec la victime, qui parle symboliquement du sacrifice de Christ. Dans le Nouveau Testament également, l’imposition des mains est généralement l’expression de l’identification et de la communion (cf. Actes 6:6 ; 13:3 ; 1 Tim. 5:22). La pensée d’une consécration ou d’un appel à un quelconque ministère est complètement éloignée de l’acte d’imposition des mains dans les Écritures. Même si Paul a imposé les mains à Timothée (2 Tim. 1:6), c’était avant tout pour exprimer l’identification du vieux serviteur avec le jeune (voir aussi commentaire sur 1 - Tim. 5:22).
« Occupe-toi de ces choses ; sois-y tout entier, afin que tes progrès soient évidents à tous » (1 Tim. 4:15).
Comme aux v. 6 et 11, les exhortations précédentes sont replacées spécialement sur le cœur de Timothée. Il devrait se concentrer entièrement sur ces choses, et non sur des intérêts personnels ou sur des choses du monde. C’est la caractéristique d’un serviteur fidèle et utile qui se préoccupe des intérêts de son maître. Il vit et travaille non pas pour lui-même, mais pour son Seigneur.
Si Timothée faisait cela, ses progrès seraient évidents à tous. Une conduite en communion avec le Seigneur ne peut rester cachée. Elle confère au service une autorité morale qui fait une impression profonde sur tous. Les progrès consistent dans la connaissance de la Parole de Dieu, dans son application à la conduite personnelle et à celle des auditeurs, dans le discernement spirituel et la reconnaissance des besoins des âmes individuelles, et dans la capacité à y répondre spirituellement.
« Sois attentif à toi-même et à l’enseignement ; persévère dans ces choses, car en faisant ainsi tu te sauveras toi-même et ceux qui t’écoutent » (1 Tim. 4:16).
Par les premiers mots de ce verset, l’apôtre répète une fois de plus ce qu’il a déjà enjoint à Timothée. Tout chrétien, y compris le serviteur du Seigneur, est tout d’abord responsable de lui-même, puis seulement ensuite des autres. C’est ce que Paul disait aux anciens d’Éphèse : « Prenez garde à vous-mêmes et à tout le troupeau » (Actes 20:28). La conscience personnelle, si souvent mentionnée dans cette épître, doit toujours être maintenue sans tache dans la lumière de Dieu.
Or la mission spéciale de Timothée était de faire attention à l’enseignement. L’apôtre entendait par-là la pureté et le soin quant à l’enseignement qu’il donnait, mais aussi l’activité des autres frères dans l’enseignement (cf. 5:17). L’enseignement des croyants doit correspondre au modèle des saines paroles (2 Tim. 1:13).
Timothée devait persévérer dans ces choses. Cela signifie que, d’une part, il devait y tenir fermement, et ne pas se tourner vers d’autres choses. Mais cela signifie aussi qu’il devait poursuivre cela sans relâchement. Beaucoup ont voulu s’engager dans l’œuvre du Seigneur avec un grand zèle. Mais lorsque les premières difficultés ont surgi, et que les résultats et la reconnaissance n’ont pas été à la hauteur des attentes, l’intérêt initial a faibli parce qu’on a manqué de cette persévérance qui supporte avec le Seigneur et pour Lui les situations où on est mis.
Si Timothée faisait cela, il se sauverait lui-même et sauverait ceux qui l’écoutaient. « Sauver » ne signifie pas ici le salut de l’âme que Dieu donne à tous ceux qui croient au Seigneur Jésus (cf. 2:4 ; 2 Tim. 1:9), mais le salut du croyant en face des nombreux dangers sur le chemin vers la gloire (cf. Rom. 5:10 ; 2 Tim. 4:18 ; Héb. 7:25). Christ s’emploie pour les Siens à la droite de Dieu, mais ici nous voyons le côté de notre responsabilité (cf. Phil. 2:12). Le salut est ici la parfaite sauvegarde contre les mauvaises doctrines et pratiques, contre lesquelles le Saint Esprit nous a mis expressément en garde au début de ce chapitre.
« Ne reprends pas rudement l’homme âgé, mais exhorte-le comme un père, les jeunes gens comme des frères ; les femmes âgées comme des mères, les jeunes comme des sœurs, en toute pureté ».
Dans cette épître, Paul exhorte à multiples reprises le jeune Timothée à se comporter correctement (4:6, 11, 15, 16 ; 5:21 ; 6:2, 11). Le but est toujours le suivant : « afin que tu saches comment il faut se conduire dans la maison de Dieu ». Le terme « homme âgé » (presbyteros en grec) est le même que celui qui désigne la fonction d’ancien au v. 17. Un coup d’œil au v. 2 montre cependant qu’ici ce mot ne désigne pas seulement les anciens de l’assemblée, mais tous les hommes âgés.
En tant que jeune homme ayant reçu la mission d’enseigner et d’exhorter dans l’assemblée, Timothée devait faire preuve d’une délicatesse particulière à l’égard des personnes âgées, que ce soit des frères ou des sœurs. Si cela s’avérait nécessaire, il devait les exhorter en tant que pères et mères, au lieu de les heurter durement. Il ne pouvait le faire de la bonne manière que s’il était lui-même solidement revêtu d’humilité (cf. 1 Pierre 5:5), laquelle est produite par la grâce du côté de Dieu et par le respect vis-à-vis des plus âgés. Combien il arrive facilement aujourd’hui qu’un frère plus jeune, à qui le Seigneur a confié un don et une responsabilité spirituels, touche un frère plus âgé de manière si sensible que celui-ci n’accepte pas une exhortation justifiée. Cette remarque est peut-être spécialement importante à notre époque pour la jeunesse. Rappelons-nous à cet égard les paroles de Dieu dans l’Ancien Testament : « tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard, et tu craindras ton Dieu » (Lévitique 19:32).
Le comportement de Timothée envers les jeunes gens devait également être caractérisé par l’amour, car il devait les exhorter en tant que frères.
Cependant, en ce qui concerne les jeunes femmes, un ajout important suit : « en toute pureté » (ou pudicité, chasteté). Comme il était facile, en s’occupant d’elles, de laisser s’immiscer des pensées charnelles ! Seule une vie de sainteté et de pureté devant le Seigneur peut être un moyen suffisant pour préserver des désirs charnels. L’importance de cette exhortation pour les jeunes frères qui souhaitent être utilisés par le Seigneur est malheureusement démontrée par de nombreuses expériences négatives dans la pratique.
« Honore les veuves qui sont vraiment veuves. Si une veuve a des enfants ou des petits-enfants, qu’ils apprennent d’abord à montrer leur piété envers leur propre maison et à rendre à leurs parents les soins qu’ils en ont reçu, car cela est agréable devant Dieu ».
Les versets 3 à 16 qui suivent, traitent des soins à l’égard des veuves dans l’assemblée. Certains se demandent peut-être pourquoi une telle place est accordée à un tel sujet. Mais notre Dieu est le Dieu seul sage (Rom. 16:27) ! Il sait à quel point la vie d’une vraie veuve peut être solitaire et oubliée — aujourd’hui encore ! Il sait aussi combien celles-ci sont facilement délaissées, justement au milieu des croyants qui sont mariés et ont une famille.
C’est pourquoi les veuves, tout comme leurs enfants, sont l’objet de l’assistance particulière de la part de notre Dieu et Père. Le Psaume 68:5 dit déjà : « Dieu, dans Sa demeure sainte, est le Père des orphelins et le juge des veuves » (cf. Ps. 146:9). De nombreuses prescriptions dans l’Ancien Testament soulignent ce fait. Celui qui prenait particulièrement soin de la veuve et de l’orphelin pouvait compter sur la bénédiction de l’Éternel (Deut. 14:29 ; 24:19), car il agissait dans un esprit agréable à Dieu. Il en va de même aujourd’hui au temps de la grâce. Dans l’assemblée de Dieu, les veuves ne doivent pas être abandonnées à leur sort. Dès les premiers temps, il s’est posé le problème que les veuves étaient négligées dans le service journalier, alors que tous avaient tout en commun (Actes 6:1). C’est à cette époque à Jérusalem que furent nommés les premiers diacres avec la charge de veiller à ce que les veuves des Juifs grecs reçoivent ce dont elles avaient besoin. En rapport avec cette tâche, nous sommes frappés de ce que ces hommes (diacres) devaient avoir un bon témoignage et être remplis de l’Esprit Saint et de sagesse (Actes 6:3).
Dans ce contexte, il y a encore les paroles de Jacques qui apparaissent comme particulièrement importantes : « Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père est celui-ci : Visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, se garder pur du monde » (Jacq. 1:27).
En premier lieu, il est dit ici, de manière générale : « Honore les veuves qui sont vraiment veuves ». Peut-être qu’elles n’avaient pas toutes besoin d’une aide matérielle. Mais elles devaient néanmoins recevoir l’honneur qui leur est dû et l’assistance nécessaire. Dans les pays industrialisés modernes aujourd’hui, la « sécurité sociale » avec le système des pensions et assurances empêche, dans la plupart des cas, une profonde détresse matérielle qui était souvent le sort des veuves autrefois. C’est pourquoi le soutien des veuves dans le besoin de la part des assemblées est devenu quelque chose de rare. Le sens du mot « honorer » va cependant beaucoup plus loin et garde toute sa signification aujourd’hui encore.
Dans les versets suivants, le Saint-Esprit répartit les veuves en trois groupes :
Cette répartition semble à première vue purement mécanique. Or Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix (1 Cor. 14:33). L’ordre dans la maison de Dieu s’applique aussi à ces choses ! Le service ordonné des diacres est meilleur que des services d’amour bien intentionnés, mais désordonnés et irréfléchis (cf. 3:8-13 ; Actes 6:1 et suivants).
Après avoir mentionné les veuves qui sont vraiment veuves au v. 3, l’apôtre évoque au v. 4 les veuves qui avaient des enfants ou des petits-enfants. Ceux-ci devaient d’abord apprendre à exercer la piété envers leur propre maison. C’est à eux qu’incombait le soin de leur mère ou de leur grand-mère. S’ils ne connaissaient pas encore ce devoir d’enfant, ils devaient l’apprendre. Ici comme au v. 16, il est recommandé aux enfants et petits-enfants de rendre une haute considération d’amour et de piété à leur mère ou à leur grand-mère veuve, redonnant par cela quelque chose de l’amour et des soins qu’ils avaient eux-mêmes reçus dans leurs jeunes années. Nous avons un exemple particulièrement beau de cette sollicitude en notre Seigneur sur la croix. Dans les derniers instants avant Sa mort, Il a encore pensé à Sa mère avec une sollicitude d’amour, en la recommandant à Son disciple Jean en disant : « Voilà ta mère ».
Cela est agréable devant Dieu (5:4). Au ch. 2 v.3, nous avons également lu, à propos de la prière pour tous les hommes et tous ceux qui sont haut placés, qu’elle est « bonne et agréable devant notre Dieu Sauveur ». La piété recouvre toute la vie du croyant et se manifeste en premier lieu dans le cercle familial.
« Or celle qui est vraiment veuve et qui est laissée seule, a mis son espérance en Dieu, et persévère dans les supplications et les prières nuit et jour ».
L’apôtre se tourne maintenant à nouveau vers les sœurs isolées déjà mentionnées au v. 3, qui sont vraiment veuves. Il les décrit comme « laissées seules ». Combien on y pense souvent peu, même parmi les croyants ! Une telle veuve n’a aucune source d’aide terrestre, aucun soutien humain. Mais notre Dieu et Père a justement promis son aide à de telles personnes. Il est le juge des veuves. La prophétesse Anne est un exemple d’une telle veuve qui craint Dieu. Il est dit d’elle : « Elle était fort avancée en âge, ayant vécu sept ans avec un mari depuis sa virginité, et veuve d’environ quatre-vingt-quatre ans ; elle ne quittait pas le temple, servant Dieu nuit et jour en jeûnes et en prières » (Luc 2:36,37).
Au v. 5, le mot « Or » met en évidence une différence par rapport au v. 4. Ici, l’attitude spirituelle de telles veuves est soulignée de manière élogieuse ; il en ressort implicitement qu’une veuve qui vit ainsi mérite au plus haut point la sollicitude de l’assemblée. Quelqu’un a dit : « Une ou deux veuves de ce genre parmi nous seraient une grande source de force. Toute aide que les croyants pourraient leur apporter sur le plan matériel ne serait rien en comparaison de l’aide qu’elles représentent pour les saints. Elles persévèrent nuit et jour dans les supplications ».
« Mais celle qui vit dans l’opulence est morte vivante ».
Note bibliquest : observer le mot « opulence » retenu par l’auteur, tandis que la version Darby donne ici « plaisir », et « délices » en Jacques 5:5.
C’est une toute autre image que celle de ce v. 6. La veuve décrite ici dispose de suffisamment de moyens pour se permettre une vie confortable, voire luxueuse. Le mal, c’est qu’elle utilise ces moyens uniquement dans ce but. Le mot utilisé pour « vivre dans l’opulence » (spatalao en grec) se trouve également en Jacques 5:5, où il est dit aux riches qui s’avéraient être de faux professants chrétiens : « Maintenant, riches, pleurez en poussant des cris à cause des misères qui vont venir sur vous… Vous avez vécu dans l’opulence sur la terre et vous vous êtes livrés aux voluptés ». Qu’est-ce qu’une telle vie de convoitise charnelle, de plaisirs et de satisfaction des passions a en commun avec la vraie vie pour Dieu ? Celui qui vit selon ce principe, est spirituellement mort, même s’il a fait une profession de foi chrétienne. Dans le NT, la mort spirituelle signifie toujours : sans vie de Dieu (cf. Luc 9:60 ; Éph. 2:1 ; 5:14 ; Apoc. 3:1). En revanche, une âme née de nouveau, dans la vie de laquelle aucun fruit pour Dieu n’est reconnaissable, n’est jamais appelée « morte », mais « endormie ». Un dormeur peut ressembler à s’y méprendre à un mort (cf. Éph. 5:14 ; 1 Thes. 5:6).
« Et ordonne aussi ces choses, afin qu’elles soient irrépréhensibles ».
Tout au long de cette lettre, qui traite de l’ordre dans la maison de Dieu, le bon comportement dans cette maison nous est inculqué. « Inculquer » est le sens particulier du mot « ordonner »/« ordonnance » qui figure au ch. 1 v.3 et 5. — Le v. 7 ici relie ce qui précède à ce qui suit, et souligne que les veuves et leur descendance doivent vivre de manière irréprochable.
« Mais si quelqu’un ne prend pas soin des siens, et en particulier de ceux de sa maison, il a renié la foi et est pire qu’un incrédule ».
C’est la deuxième fois que l’apôtre s’adresse aux enfants ou aux apparentés des veuves. La première fois, il l’avait déjà fait au v. 4 ; et au v. 16, il s’adresse à eux une troisième fois. Nous voyons par ce triple appel combien il est selon Dieu et important que les enfants ne se soustraient pas à la responsabilité de prendre soin de leurs parents, et en particulier d’une mère vivant seule.
Mais alors que le v. 4 voit le côté positif de cette piété qui est agréable aux yeux de Dieu, l’apôtre utilise ici les expressions les plus sévères pour le cas où quelqu’un négligerait l’obligation de soins vis-à-vis de ses proches parents ou de ceux de sa maison. La foi (ici avec l’article) n’est pas la force intérieure pour croire, mais le dépôt de la foi, la vérité chrétienne. Le devoir de prendre soin de ceux de sa parenté est enseigné aussi bien dans l’AT que dans le NT (cf. Matt. 15:3-6 ; Éph. 6:2-3). Quelqu’un qui ne prend pas soin des siens, et en particulier des membres de sa famille, est pire qu’un non-croyant. Toute personne qui pense et ressent normalement les choses, reconnaît et respecte la relation familiale entre parents et enfants. C’est le Créateur qui a placé cet amour naturel dans le cœur de l’homme. Un non-croyant qui respecte et aime ses parents est un exemple qui fait honte à un chrétien qui ne le fait pas. Le croyant possède à cet effet un critère infiniment plus élevé pour son amour : « Marchez dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré Lui-même pour nous » (Éph. 5:1,2). Quel témoignage honteux un enfant de Dieu donne-t-il au monde lorsqu’il néglige de pratiquer les règles les plus simples de l’amour et de la miséricorde chrétiens !
« Que la veuve soit enregistrée, si elle n’a pas moins de soixante ans, si elle a été la femme d’un seul mari, si elle a le témoignage de bonnes œuvres, si elle a élevé des enfants, si elle a hébergé des étrangers, si elle a lavé les pieds des saints, si elle a aidé les nécessiteux, si elle a poursuivi toute bonne œuvre.
Depuis les temps les plus reculés, plusieurs commentateurs ont voulu voir dans les veuves mentionnées ici un état particulier de veuves ayant reçu une ordination et servant comme « diaconesses », bien que rien d’autre ne soit écrit à ce sujet dans tout le Nouveau Testament. Dans son exposé de ce passage, W. Kelly écrit :
L’apôtre indique donc à Timothée quelles veuves devaient être enregistrées, c’est-à-dire inscrites dans la liste des personnes prises en charge par l’assemblée. Il ne pouvait s’agir que de veuves qui n’avaient ni ressources ni revenus, et pas non plus de famille proche. Elles devaient être âgées d’au moins soixante ans. À cet âge avancé pour l’époque, elles ne pouvaient plus subvenir facilement à leur propre entretien. C’est pourquoi l’assemblée devait intervenir. Il serait toutefois erroné d’en conclure que l’assemblée n’avait pas à soutenir les veuves plus jeunes, par exemple en cas de maladie ou d’autres situations d’urgence. En revanche, les veuves de plus de soixante ans devaient être enregistrées afin de recevoir un soutien régulier. Ces vraies veuves avaient beaucoup servi les frères et sœurs et, maintenant qu’elles ne pouvaient plus le faire dans la même mesure qu’auparavant, elles ne devaient pas être négligées par l’assemblée.
La première condition mentionnée pour être soutenue est le fait d’avoir été femme d’un seul mari. Cette caractéristique est similaire à celle concernant les surveillants au ch. 3 v.2 (cf. Luc 2:36,37). Il faut entendre ici probablement, avant tout, le fait que la veuve avait été fidèle à son mari quant au lien conjugal.
De plus, une veuve enregistrée devait avoir un témoignage de bonnes œuvres (kalos en grec), c’est-à-dire d’œuvres par lesquelles le Seigneur est glorifié.
La condition suivante est d’avoir élevé des enfants. Le fait qu’il ne soit pas question ici de ses (propres) enfants pourrait indiquer qu’elle a également pris soin d’autres enfants dans le besoin et les a élevés sous la discipline et les avertissements du Seigneur.
Elle devait avoir été hospitalière envers les étrangers. Cette vertu est mentionnée à plusieurs reprises dans le NT et présuppose le dévouement et la générosité (Rom. 12:13 ; Héb. 13:2). C’est la tâche particulière de la femme au foyer d’exercer une véritable hospitalité et de revivifier ainsi le cœur des saints.
La condition suivante s’y rattache également : « si elle a lavé les pieds des saints ». Dans les temps et les circonstances de l’époque, il s’agissait en fait d’un travail d’esclave que l’on accordait au voyageur fatigué qui entrait dans la maison, en signe particulier de sollicitude et d’hospitalité. Quel réconfort pour le voyageur dans les régions chaudes, qui n’était chaussé que de sandales, après une marche fatigante sur des routes et des chemins poussiéreux, de recevoir ce service simple mais important. Celui qui l’exerçait suivait ainsi humblement l’exemple du Seigneur Jésus qui a lavé les pieds de Ses disciples (Jean 13). Bien qu’un tel service ne soit pas nécessaire aujourd’hui sous nos latitudes, il existe bien sûr de nombreuses tâches comparables qu’une servante du Seigneur peut accomplir à l’égard des saints, en particulier des frères qui travaillent à l’œuvre du Seigneur.
La veuve devait également avoir apporté son aide aux personnes dans le besoin, faisant ainsi preuve de compassion et de miséricorde. À l’époque des persécutions, les détresses étaient nombreuses. Certains croyants avaient perdu tous leurs biens (cf. Héb. 10:34) et avaient besoin d’aide dans leur détresse. Aujourd’hui encore, malgré l’évolution des conditions de vie, il existe des cas de détresse extérieure et intérieure pour lesquels l’assistance est tout à fait appropriée. Parmi les dons de la grâce énumérés en 1 Corinthiens 12:28, les aides sont expressément mentionnées.
Pour conclure, l’apôtre résume tout en disant : « Si elle s’est appliquée à toute œuvre bonne (grec agathos) ». Il n’avait énuméré que quelques-unes de ces œuvres, mais il y en avait bien sûr d’autres qu’un cœur plein de dévouement pour le Seigneur et les Siens pouvait reconnaître et accomplir. Cette phrase n’est pas une simple répétition des mots du début de cette énumération : « ayant le témoignage d’avoir marché dans les bonnes œuvres ». Là le mot grec kalos est utilisé ; il signifie « bon en soi, noble ». De telles bonnes œuvres sont bonnes aux yeux de Dieu, mais ne doivent pas nécessairement être accomplies en pensant à d’autres personnes. Les dernières bonnes œuvres (grec agathos) sont celles qui peuvent également être décrites comme « charitables », c’est-à-dire qu’elles expriment le désir de faire du bien aux autres.
Une veuve dont la vie avait été ainsi remplie par le service du Seigneur et des Siens était riche intérieurement, même si elle était pauvre extérieurement. Si un soin particulier devait être apporté à cette personne, cela ne la conduirait certainement pas à cesser de prendre soin des autres selon ses moyens. D’où l’instruction d’honorer tout particulièrement ces véritables veuves.
« Mais refuse les veuves qui sont jeunes ; car, quand elles s’élèvent contre le Christ en s’abandonnant à leurs désirs, elles veulent se marier, et sont sujettes au jugement [Darby : étant en faute] parce qu’elles ont rejeté leur première foi ; » (1Tim. 5:11-12).
Les jeunes veuves étaient sujettes à des dangers que l’apôtre signale. Le sérieux et la simplicité de la vie de celles qui sont vraiment veuves, entièrement consacrées au service de leur Seigneur, pouvait leur être un fardeau trop lourd. La propre volonté pouvait s’éveiller et les égarer. Ce faisant, leur véritable relation avec le Seigneur se révélait. Lorsque Dieu enlève un conjoint par la mort, c’est toujours un message solennel de Dieu pour le conjoint restant. Dans le cas d’une veuve croyante, on pourrait donc s’attendre à ce qu’elle tire une leçon de ce que Dieu lui a dit et de sa douleur, et cette leçon est que le temps est raccourci et que la figure de ce monde passe (cf. 1 Cor. 7:29-31). Mais si de telles veuves perdent de vue le Seigneur et ne comprennent pas Son action envers elles, elles ne cherchent plus à Le servir, mais elles deviennent insolentes à Son encontre, et elles n’ont ni répit ni relâche jusqu’à ce qu’elles se retrouvent dans l’état auquel Il venait pourtant juste de mettre fin, dans Ses voies envers elles. Ainsi, elles sont sujettes au jugement (litt. : elles ont [le] jugement ; Darby : elles sont en faute), parce qu’elles ont rejeté leur première foi.
Les mots « sont sujettes au jugement » sont traduits par « sont en faute » dans les versions anglaise et française de Darby et hollandaise de Voorhoeve. W. Kelly traduit : « elles ont comme sujet d’accusation d’avoir rejeté la première foi ». Elles se rendent coupables par leur action, et par-là s’accusent elles-mêmes. Le mot « foi » signifie ici la confiance pratique en Dieu. Il ne faut pas voir l’apostasie de la foi chrétienne dans un tel comportement, bien que cela puisse arriver. Au lieu de s’attendre à Dieu et à Sa direction comme autrefois, elles ont rejeté cette fraîcheur de la foi et ont agi indépendamment de Dieu en voulant déterminer par elles-mêmes leur chemin dans la vie.
« et en même temps elles apprennent aussi à être oisives, allant de maison en maison ; et non seulement oisives, mais aussi causeuses, se mêlant de tout, disant des choses qui ne conviennent pas » (1 Tim. 5:13).
Lorsque la propre volonté a libre cours, et qu’on ne prend plus
à cœur le service du Seigneur, les conséquences sont toujours mauvaises. La vie
devient spirituellement vide et désœuvrée. Mais comme l’esprit de l’homme est toujours
à la recherche de quelque occupation, ces personnes vont de maison en maison
pour tuer le temps. L’apôtre dit d’elles qu’elles sont non seulement oisives,
mais aussi causeuses et se mêlant de tout. Le mot « se mêlant de tout »
(en grec periergos
) ne se retrouve ailleurs qu’en Actes 19:19, où il est
utilisé pour les « pratiques curieuses » (magie) des diseurs de bonne
aventure d’Éphèse. Il s’agit ici de s’occuper de choses inutiles et superflues.
Lorsque le cœur d’un enfant de Dieu n’est pas occupé de Christ, on parle de tout,
on fourre son nez partout, et il en résulte disputes et ruines. L’oisiveté, l’indiscrétion
et les commérages se manifestent finalement dans des discours inconvenants, où
l’on s’oublie et où l’on perd tout sentiment de bienséance. — Ces choses devraient
être pour tout chrétien une sérieuse pierre de touche de son comportement, bien
que ce nous soit donné ici particulièrement en rapport avec la conduite des
jeunes veuves.
« Je veux donc que les jeunes se marient, aient des enfants, gouvernent leur maison, ne donnent aucune occasion à l’adversaire à cause des mauvais propos ; car déjà quelques-unes se sont détournées après Satan » (1Tim. 5:14-15).
De même que toutes les jeunes veuves ne tombaient pas sous le coup du jugement prononcé aux v. 11-13, de même ici aux v. 14-15 l’apôtre n’entend pas non plus toutes les jeunes veuves sans exception. Cela ressort déjà du fait que dans les deux cas, l’article manque, ce qui exprime qu’il ne s’agit pas de l’ensemble des groupes en question, mais de celles qui portaient ces caractéristiques. Il n’y a donc pas non plus de contradiction entre la volonté de l’apôtre Paul au v. 14 et la volonté propre des jeunes veuves au verset 11. En 1 Cor. 7:1-11 et 25-40, le sujet du mariage et de l’union est traité en détail. Inspiré par l’Esprit Saint, l’apôtre y redonne d’abord le commandement clair du Seigneur (1 Cor. 7:10), mais il donne aussi, comme ici, ses pensées comme ayant été lui-même l’objet de la grâce du Seigneur (1 Cor. 7:6, 8, 12, 25, 35, 40). Il ne s’agissait pas de révélations de la part de Dieu, mais des pensées d’un vase élu, dont Dieu a confirmé la justesse en les incorporant dans Sa Parole infaillible sous la conduite de l’Esprit. Paul dit donc ici qu’il veut que les veuves jeunes se marient parce qu’à la plupart des gens il n’est pas donné de rester seuls comme Paul lui-même. Lorsqu’une jeune veuve présente ses pensées et ses souhaits au Seigneur, et qu’elle attend Sa direction et Son moment, c’est tout à fait conforme à Sa volonté, si tout est conforme à la pensée conductrice : « Mais si le mari s’est endormi, elle est libre de se marier à qui elle veut, seulement dans le Seigneur » (1 Cor. 7:40). Se marier, avoir des enfants, gouverner leur maison, ne donner aucune occasion à l’adversaire, — voilà des caractéristiques d’une femme croyante en contraste avec celle dont il est parlé dans les v. 11-13. Tout doit se passer « avec bienséance et avec ordre » (cf. 1 Cor. 14:40).
Il est très remarquable que Dieu fasse mentionner de tels détails en rapport avec l’ordre dans Sa maison. Qu’il s’agisse des anciens (3:4-7), des serviteurs (3:10-13) ou des veuves, la conscience d’appartenir à la maison de Dieu doit être toujours vivante dans le cœur. Il ne faut rien admettre dans Sa maison qui offre à l’adversaire une occasion de dénigrer. L’adversaire n’est pas Satan lui-même, mais des gens qui se laissent manipuler comme ses instruments (cf. 1 Cor. 16:9 ; Phil. 1:28 ; 2 Thes. 2:4 : « qui s’oppose »). Parce qu’elles n’avaient pas tenu compte de ces enseignements, certaines de ces veuves (voir v. 12) s’étaient détournées après Satan. Elles n’avaient pas renoncé à la foi chrétienne, mais elles avaient renoncé à la marche de la foi, surtout en ce qui concerne la chasteté et la modestie. Elles étaient donc tombées dans le piège du diable.
« Si un fidèle (*) ou une fidèle a des veuves, qu’il les assiste et que l’assemblée n’en soit pas chargée, afin qu’elle vienne au secours de celles qui sont vraiment veuves » (1Tim. 5:16).
(*) Note bibliquest : L’auteur dit ici « croyant », au lieu de « fidèle ». Nous laissons « fidèle » pour le texte de la Bible Darby, et « croyant » pour le commentaire de l’auteur ci-après, mais il n’y a aucune différence de sens.
Plusieurs traductions (par exemple Carrez, TOB et français
courant) omettent les mots « un fidèle ou », tout comme les éditeurs
du Nouveau Testament grec publié par les Sociétés Bibliques unies et Nestle-Aland,
26e éd. Ces derniers notent qu’il y a un doute considérable quant à savoir s’il
est correct de lire « une croyante » ou « un croyant ou une croyante ».
La leçon longue se trouve dans la plupart des manuscrits tardifs et donc aussi
dans le Texte Reçu, alors que dans plusieurs bons manuscrits anciens, il n’est
écrit que « une croyante ». L’auteur bien connu W. Kelly qui a beaucoup
cherché dans les écrits détaille ceci : « Le poids des témoignages en
faveur du texte court (aleph A C F G P etc. ainsi que certaines traductions anciennes
et les pères de l’église) est si grand que les éditeurs modernes les plus importants
ont suivi ce texte court. Cependant, cela donne au passage un sens étrange et
insatisfaisant. Pourquoi le soutien ou l’aide à une jeune veuve devrait revenir
à une femme croyante ? Cela correspond-il à l’esprit positif, à la
générosité et à la sagesse de l’Écriture Sainte ? Il est beaucoup plus
compréhensible en cas de situation d’urgence de ce genre, qu’on s’adresse soit
à des hommes soit
à des femmes croyants. Le texte long est fourni par
les manuscrits D K L, la plupart des manuscrits en lettres cursives, quelques
traductions anciennes et les pères de l’Église » (W.K. « Exposé de la
première épître à Timothée »). Quelques pères de l’Église et des traductions
anciennes ne mentionnent que la forme masculine « un croyant ». Tout
bien pesé, il y a toute raison de retenir la lecture plus longue de « un
croyant ou une croyante ».
Au v. 4, il avait été rappelé aux enfants et petits-enfants des veuves leur devoir agréable à Dieu d’entretenir leurs parents et grands-parents, et au v. 8, la négligence de ce devoir était sévèrement réprimandée. Ici, au v. 16, l’apôtre va encore plus loin. Il met sur le cœur des croyants, hommes ou femmes, qui ont des veuves dans leur foyer (sans considération du degré de parenté) d’assister ces veuves, afin que l’assemblée ne soit pas chargée ou empêchée d’aider celles qui sont vraiment veuves (cf. 5:3,5,9-10). Le cœur humain a tendance à rejeter la responsabilité sur les autres, spécialement sur la communauté. Mais l’assemblée n’est pas une « société de secours mutuel ». La foi ne dégage pas les gens de leur responsabilité personnelle. Dieu a institué le mariage et la famille dans la création. Le lien entre membres de la famille doit aussi se manifester dans les soins mutuels en cas d’urgence. Tant qu’une veuve a encore des membres de sa famille qui peuvent la soutenir, elle n’est pas « vraiment veuve » au sens mentionné ici pour celles qui sont remises aux soins de l’assemblée.
« Que les anciens qui président (*) dûment soient estimés dignes d’un double honneur, spécialement ceux qui travaillent dans la parole et dans l’enseignement ; car l’écriture dit : « Tu n’emmuselleras pas le bœuf qui foule le grain », et : « L’ouvrier est digne de son salaire. » (1Tim. 5:17-18).
(*) Le terme « présider » en français est traduit par « vorstehen » en allemand, qui signifie « être à la tête ».
Comme nous l’avons déjà vu dans l’examen du ch. 3:1, le mot « ancien »
dans le Nouveau Testament désigne en général le même groupe de serviteurs de l’assemblée
que les « surveillants ». Le mot grec n’est autre que la forme
comparative (au sens grammatical) de « âgé » (en grec presbys
)
et signifie normalement « plus âgé » (en grec presbyteros
). C’est
dans ce sens qu’il est utilisé en Luc 15:25 pour le frère du fils prodigue (« fils
aîné »). En 1 Tim. 5:1 et 1 Pierre 5:5, il signifie « homme plus âgé »,
ce qui fait ressortir clairement le contraste avec les plus jeunes.
Dans le peuple d’Israël, il existait déjà autrefois l’habitude de reconnaître les hommes âgés et sages comme conducteurs et de les désigner en général par le terme « anciens » (cf. Exode 24:9 ; 1 Samuel 16:4). Dans l’assemblée du Nouveau Testament à Jérusalem, il y avait aussi de tels anciens et conducteurs, sans qu’il soit dit quoi que ce soit sur leur nomination à cette fonction. Dans les assemblées nouvellement établies en dehors de la Judée, des anciens ont cependant été établis à plusieurs reprises par les apôtres ou par leurs délégués (Actes 14:23 ; Tite 1:5 ; cf. Actes 20:17 et Phil. 1:1).
L’ajout au verset 17 : « qui président dûment » indique clairement qu’il ne s’agit pas simplement de frères plus âgés, mais plutôt de ceux qui ont reçu le service d’anciens ou de surveillants. Leur tâche était de paître le troupeau de Dieu qui était avec eux (cf. Actes 20:28 ; 1 Pierre 5:2). Les assemblées sont invitées à rendre l’honneur qui leur est dû aux serviteurs du Seigneur dans leur ministère souvent difficile (1 Cor. 16:16 ; 1 Thes. 5:13 ; Héb. 13:17). S’ils exerçaient leur ministère avec un dévouement particulier, et s’ils présidaient bien l’assemblée dans laquelle ils servaient, Timothée devait veiller à ce qu’ils soient estimés dignes d’un double honneur. C’était particulièrement le cas pour ceux qui travaillaient dans la parole et dans l’enseignement. Bien que les anciens ou les surveillants devaient être capables d’enseigner (3:2 ; Tite 1:9), ce n’était manifestement pas la tâche de tous les anciens de servir dans la parole et dans l’enseignement, mais ils avaient avant tout à maintenir l’ordre dans la maison de Dieu. Or déjà à l’époque, il semble qu’il y ait eu un manque de respect vis-à-vis de leur autorité et de l’honneur qui s’y rattache, sinon Paul n’aurait pas eu besoin de mettre au cœur de Timothée de veiller à ce que les anciens qui présidaient dûment soient estimés dignes d’un double honneur.
Que signifie un double honneur ? Sûrement pas seulement un degré plus élevé dans l’estime. Le verset suivant commence par la conjonction de coordination « car », introductive et explicative, et cela indique clairement qu’en plus du respect affectueux, un soutien matériel est également requis. Paul aborde en détail cet aspect du ministère en 1 Cor. 9. D’après ce passage, il est du devoir des enfants de Dieu d’être en aide par une aide matérielle à ceux qui travaillent parmi eux. Dans quelle mesure les serviteurs dépendent de cette aide ou en font usage est une autre question. Paul lui-même préférait travailler de ses propres mains et gagner le nécessaire pour vivre afin de rendre l’Évangile exempt de frais, alors qu’on l’accusait d’exploiter la générosité des fidèles (cf. Actes 20:33-35 ; 1 Cor. 9:15 ; 2 Thes. 3:7-10). Sur ce plan aussi, le grand apôtre voulait être un modèle pour les autres.
Néanmoins, le principe demeure : « Tu n’emmuselleras pas le bœuf qui foule le grain » (cf. Gal. 6:6). Ce verset de Deut. 25:4 était déjà cité par Paul en 1 Cor. 9:9 et il ajoutait : « Dieu se préoccupe-t-il des bœufs ? ou parle-t-il entièrement pour nous ? Car c’est pour nous que cela est écrit, que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et que celui qui foule le grain (doit le fouler) dans l’espérance d’y avoir part ». L’Israélite qui, au moment de la moisson, observait ce commandement, n’était sûrement pas conscient de sa profonde signification spirituelle. Mais pour nous c’est une confirmation de l’élévation et de l’unité de toute la Parole de Dieu et de la vérité de 1 Cor. 10:11 : « Toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d’avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (cf. Rom. 15:4).
La citation suivante : « L’ouvrier est digne de son
salaire » est tirée de Luc 10:7 (non pas de Matt. 10:10, où il y a le mot « nourriture »
au lieu de « salaire »). Cette citation est remarquable et importante
pour deux raisons. Tout d’abord, elle montre que l’évangile selon Luc était
déjà connu lors de la rédaction de la première épître à Timothée. Deuxièmement,
elle prouve que cet évangile a été immédiatement reconnu par les croyants comme
livre canonique appartenant à l’Écriture Sainte. Les mots introductifs : « Car
l’écriture dit … » placent les citations de Deut. 25:4 et Luc 10:7 sur
un même plan, le terrain de la parole divinement inspirée. Le mot « écriture »
(en grec graphe
) apparaît plus de cinquante fois dans le Nouveau
Testament et désigne toujours la parole de Dieu écrite. Au pluriel, ce mot se
réfère à l’ensemble des écrits de l’Ancien Testament (par exemple Matt. 21:42 ;
Jean 5:39), mais en partie aussi aux écrits du Nouveau Testament en voie de
formation (cf. Rom. 16:26 ; 2 Pierre 3:16). Au singulier, le mot graphe
est surtout utilisé pour des passages isolés (par exemple Marc 12:10 ; Luc
4:21). Le fait qu’ici un passage de l’évangile de Luc soit considéré comme appartenant
à l’Écriture montre que le Saint Esprit a guidé la compilation des différents écrits
pour faire la Bible avec le même soin avec lequel Il a inspiré les écrivains
lors de la rédaction de leurs livres. Ce verset n’est cependant pas la seule preuve
de l’égalité de positionnement divinement réalisé entre les écritures du Nouveau
Testament et celles de l’Ancien. L’apôtre Pierre reconnaît également l’autorité
divine des épîtres de son bien-aimé frère Paul en les mettant au même niveau
que les « autres écritures » de l’Ancien Testament (2 Pierre 3:16).
« Ne reçois pas d’accusation contre un ancien, si ce n’est quand il y a deux ou trois témoins. » (1Tim. 5:19)
Même un ancien peut tomber dans son ministère ou sa conduite. L’ennemi des âmes vise spécialement les serviteurs du Seigneur. S’il peut les faire tomber, les dégâts sont plus grands qu’avec les autres. Les accusations contre un ancien doivent donc être traitées avec une attention particulière. Timothée n’était donc pas autorisé à accepter une accusation contre un ancien, sauf avec deux ou trois témoins. Ce principe de pluralité de témoins était déjà en vigueur dans la loi de Moïse : « Un seul témoin ne se lèvera pas contre un homme, pour une iniquité ou un péché quelconque, quelque péché qu’il ait commis ; sur la déposition de deux témoins, ou sur la déposition de trois témoins, la chose sera établie » (Deut. 19:15 ; cf. 17:6). Combien facilement une accusation par une seule personne peut être lancée pour des motifs personnels et charnels ! Or même par une appréciation sincère, personne n’est en mesure de porter tout seul un jugement vraiment objectif. C’est pourquoi le Seigneur Lui-même nous invite à faire appel à un ou deux frères, non seulement dans ce cas (péché d’un ancien), mais aussi dans tous ceux où des difficultés interviennent entre des frères qui ne peuvent être solutionnées selon Dieu dans un dialogue personnel ; la raison en est que « par la bouche de deux ou trois témoins, toute affaire est établie » (Matt. 18:16 ; cf. 2 Cor. 13:1).
« Ceux qui pèchent, convaincs-les devant tous, afin que les autres aussi aient de la crainte » (1Tim. 5:20).
Les versets 19-21 concerne des anciens qui sont coupables de péchés.
Ayant été nommé officiellement, ils avaient à l’époque une position particulière
au sein de l’assemblée. Par conséquent, une accusation portée contre eux ne pouvait
être soulevée ou acceptée à la légère. Or, si une accusation contre un ancien
confirmée par deux ou trois témoins, était fondée, et qu’il s’agissait effectivement
d’un péché, ce frère devait être convaincu ou puni devant tous. Le mot grec elenchō
a les significations suivantes : convaincre (par exemple Jean 16:8 ; 1
Cor. 14:24 ; 2 Tim. 4:2), reprendre (Matt. 18:15 ; Luc 3:19 ; Éph.
5:11, 13 ; Tite 1:13), réfuter (Tite 1:9).
Il n’est pas facile de répondre à la question de savoir qui sont « ceux qui pèchent » visés par ce verset : s’agit-il des anciens mentionnés à partir du v. 17 et accusés au v. 19, ou plus généralement des membres de l’assemblée locale. Cela soulève immédiatement une deuxième question : si « ceux qui pèchent » sont des anciens, est-ce que « convaincre devant tous » doit être fait devant toute l’assemblée ou seulement devant tous les autres anciens ? W. Kelly ne voudrait pas limiter ce verset aux anciens, mais l’appliquer à tous les membres d’une assemblée. J. N. Darby ne commente pas ce point dans ses « études sur la Parole de Dieu » (synopsis), mais il fait à deux reprises dans ses écrits des remarques en donnant un sens d’application générale. D’autres commentateurs comme F. W. Grant, H. Rossier et autres ne font référence qu’aux anciens dans ce verset. Plusieurs arguments plaident en faveur de cette dernière explication.
Être ainsi convaincu publiquement ne peut donc concerner que les
anciens. Cette forme grave de réprimande était appropriée envers eux. Nous en voyons
un exemple en Gal. 2:11 et suiv., quand Paul a publiquement réprimandé Pierre. En
1 Pierre 5:1, Pierre se nomme lui-même « moi qui suis ancien avec eux »
ou ‘collègue des anciens’ ; mais il était davantage, à savoir un apôtre. S’il
n’avait pas été puni « devant tous », afin de ne pas nuire à son
prestige public, il y aurait eu de quoi craindre une indifférence dangereuse de
la part des croyants vis-à-vis du péché. C’est justement parce qu’il s’agissait
d’une personne en vue que le mal avait un caractère plus grave et nécessitait
une punition publique. Le mauvais exemple d’un tel conducteur ne pouvait qu’inciter
les autres à mal faire. C’est ce qui s’était déjà produit à Antioche. « Et
les autres Juifs aussi usèrent de dissimulation avec lui, de sorte que Barnabas
même fut entraîné avec eux par leur dissimulation. Mais quand je vis qu’ils ne
marchaient pas droit, selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant
tous
… » (Gal. 2:13-14). Paul ordonne donc à Timothée de faire de même.
Une autre difficulté dans ce v. 20 est de savoir si les mots « devant tous » signifie « devant tous les anciens » ou « devant tous les croyants ». Les commentateurs qui ne voient que les anciens dans « ceux qui pèchent » ont tendance à ne voir que les autres anciens dans « tous », de sorte que ce verset signifierait : convainquez les anciens qui pèchent devant tous les autres anciens, afin qu’eux aussi aient de la crainte. Combien il serait alors facile qu’à la suite d’une réprimande faite en petit comité, il naisse une apparence de cachotterie, et que cela donne lieu à de mauvais propos ! Si la présentation de l’affaire et la réprimande ont lieu d’une manière grave et calme devant toute l’assemblée, alors l’effet devrait être une profonde crainte du péché chez tous.
Après cet examen un peu plus détaillé du v. 20 à la lumière de l’ensemble de l’Écriture, la formulation suivante reflète le mieux le sens : « les anciens qui pèchent, convainquez-les devant tous les croyants, afin que les autres aussi aient de la crainte ». — Bien qu’aujourd’hui il ne puisse plus y avoir d’anciens ou de surveillants légitimement établis (voir ce qui a été dit au sujet de 3:1-7), ce principe s’applique quand même à l’égard de frères que le Seigneur utilise de manière particulière parmi les croyants, et qui ont donc une responsabilité particulière, et dans certains cas même au-delà.
« Je t’adjure devant Dieu et le christ Jésus et les anges élus, que tu gardes ces choses, sans préférence, ne faisant rien avec partialité » (1 Tim. 5:21).
Ce verset renforce solennellement l’importance des exhortations précédentes. Même si elles s’appliquent littéralement aux anciens établis à l’époque, leur importance fondamentale et leur force morale subsistent telles quelles pour nous. Paul s’appuie sur trois témoins :
Au vu de tous ces témoins, Paul exhorte Timothée à garder ces choses. Tout dans la maison de Dieu se passe non seulement sous les yeux des croyants, mais devant Dieu, le Christ Jésus et les anges élus. On l’oublie parfois. Timothée ne devait donc se laisser guider ni par des préjugés contre quiconque, ni par des faveurs pour un quelconque parti, mais par la prudence, la sagesse et un jugement spirituel, comme il convient à un bon serviteur de Christ.
« N’impose les mains précipitamment à personne et ne participe pas aux péchés d’autrui ; garde-toi pur toi-même. » (1 Tim. 5:22).
À partir du v. 22, les instructions à Timothée sont plus générales, mais elles se rattachent à ce qui précède dans une certaine mesure. Les exhortations qui se rattachent ainsi sont complétées par une invitation personnelle à Timothée au v. 23.
Il y a beaucoup de différences de vues sur la signification de l’imposition des mains dans le Nouveau Testament. Dans le judaïsme, elle jouait un rôle important. Pensons seulement à l’imposition des mains quand on offrait les différents sacrifices (Lév. 1:4 ; 3:8 ; 4:4 ; cf. 16:21). L’auteur de l’épître aux Hébreux parle donc d’une doctrine de l’imposition des mains (Héb. 6:2). Dans le Nouveau Testament, on trouve trois sortes d’imposition des mains.
apôtres(Actes 8:17 ; 19:6), et une fois un don a été conféré à un croyant par ce moyen (2 Tim. 1:6). Cependant, il s’agissait d’exceptions où Dieu honorait ses apôtres et s’en servait comme canaux de bénédiction avec une intention spéciale. Normalement, et dans d’autres cas, cela ne s’est pas produit. Aujourd’hui, il n’y a plus d’apôtres avec des tâches et des pouvoirs spéciaux comme au commencement.
Aucun autre passage du Nouveau Testament ne nous permet de conclure que les deux premières sortes d’imposition des mains existent encore aujourd’hui. D’autre part, la troisième sorte d’imposition des mains était d’une manière générale l’expression de la communion, tout comme tendre la main (Gal. 2:9). Cependant, il ne s’agit nulle part d’une confirmation ou d’une ordination officielle. Bien que l’imposition des mains soit mentionnée lors du choix des serviteurs en Actes 6, elle manque dans la nomination des anciens. L’imposition des mains pour laquelle Timothée était invité à être vigilant, n’était donc pas un acte officiel et n’est pas en relation directe avec les versets précédents. Si Timothée souhaitait exprimer de cette manière sa communion intime avec un croyant, il ne devrait pas le faire à la hâte. S’il ne connaissait pas le caractère moral et la marche du croyant en question, il risquait de participer à ses péchés. Ces paroles sont une indication importante du fait, facilement méconnu, qu’aux yeux de Dieu, l’association avec le mal souille. Par la fréquentation de pécheurs ou de croyants vivant dans le péché, tout racheté se rend coupable devant Dieu et devant les Siens (1 Cor. 5:11 ; 2 Cor. 6:14-18 ; 2 Jean 10-11).
Les mots qui suivent « garde-toi pur toi-même » sont notamment destinés à souligner l’importance de la pensée précédente. Mais en outre ils sont une invitation renouvelée à Timothée à faire attention à lui-même (cf. 4:16), afin de rester préservé non seulement des péchés en action, mais aussi de toute sorte de souillures spirituelles et morales. La chasteté n’est qu’une partie de cette pureté intérieure qui doit orner tout enfant de Dieu, et spécialement les serviteurs de Christ (cf. 4:12 ; 2 Cor. 7:1).
« Ne bois plus de l’eau seulement, mais use d’un peu de vin, à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions » (1Tim. 5:23).
Ce verset fait suite aux mots précédents : « Garde-toi pur toi-même ». Apparemment, Timothée avait pris l’habitude de ne plus boire de vin du tout. Dans les pays méditerranéens, le vin était à l’époque à la fois un aliment de base et un stimulant, mais la Parole de Dieu met souvent en garde contre son abus. Paul était bien conscient du souci de son jeune compagnon d’armes de se garder pur et d’éviter tout ce qui pouvait de quelque façon que ce soit l’exciter ou satisfaire la chair. Par ce renoncement, Timothée évitait également de choquer d’autres personnes par son comportement. Mais peut-être était-il un peu enclin à l’ascèse, par nature ou pour d’autres raisons. Paul a vu que cette attitude tendait un peu à l’extrême chez son jeune compagnon de travail. Par ses paroles du v. 23, il voulait empêcher Timothée de nuire davantage à sa santé en s’abstenant de quelque chose qui servait à la préserver ou à la favoriser. Le chrétien a la liberté de jouir de tout ce que Dieu lui offre si ses motifs sont droits (6:17b, 1Cor. 10:23, 31).
L’expression « boire de l’eau » est un mot unique en
grec (hydropoteō
). Il n’est pas demandé ici à Timothée de ne plus
boire d’eau du tout, mais de ne pas continuer à être un « buveur d’eau »,
quelqu’un qui s’abstient complètement de vin. D’après les mots qui suivent :
« use d’un peu de vin », on peut voir que l’apôtre ne l’invitait pas
à boire du vin sans restriction, mais il lui en recommandait l’usage modéré comme
remède à son estomac fragile et à ses fréquentes indispositions.
Au passage, remarquons que Paul n’a pas guéri son compagnon de travail de sa faiblesse corporelle, bien qu’il ait mentionné à plusieurs reprises les dons de la grâce de guérisons en 1 Cor. 12 et qu’aussi il le possédait personnellement (cf. Actes 28:8-9). Mais ce don de grâce n’était pas destiné à être utilisé pour des croyants, mais pour des non-croyants. Paul n’a pas non plus guéri d’autres compagnons ou amis malades.
« Les péchés de quelques hommes sont manifestes d’avance et vont devant pour le jugement ; mais ceux d’autres [hommes] aussi les suivent après. De même aussi les bonnes œuvres sont manifestes d’avance, et celles qui sont autrement ne peuvent être cachées » (1 Tim. 5:24-25).
Après l’interpolation du v. 23, qui témoigne du soin de l’apôtre pour Timothée, la pensée commencée au v. 22 est poursuivie aux v. 24-25.
Les péchés de certaines personnes se produisent à la vue de tous. Ils peuvent être jugés immédiatement, et ils témoignent déjà du jugement qui va les suivre. Chez d’autres cependant, les péchés sont cachés et recouverts d’un manteau de convenance ou de piété. Ils ne sont manifestés que plus tard, mais en tout cas devant le trône de Dieu. Timothée ne devait pas, par une imposition des mains précipitée, avoir part à ces péchés cachés qui n’étaient pas visibles au premier abord, et il devait se maintenir pur lui-même.
Il en est des péchés comme des bonnes œuvres (en grec erga
kala
), (voir 2:10). Il y a des bonnes œuvres qui deviennent visibles par
tous. Bien sûr, il ne s’agit pas des « bonnes œuvres » hypocrites contre
lesquelles le Seigneur Jésus nous met si instamment en garde en Matt. 6:1-18,
mais il s’agit du fruit de la vie nouvelle, le fruit opéré par Dieu (cf. Éph.
2:10 ; Jacq. 2:14). Dans un autre passage, le Seigneur dit à ses disciples :
« Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, en sorte qu’ils voient vos
bonnes œuvres (en grec erga kala
) et qu’ils glorifient votre Père qui
est dans les cieux » (Matt. 5:16). Ce n’est pas celui qui les accomplit
qui est glorifié par de telles œuvres, mais Dieu. Quand les œuvres deviennent
publiques, l’homme se retire.
Mais il y a aussi des œuvres qui se font en secret et qui restent invisibles aux yeux des hommes en général. Or Dieu, notre Père, voit aussi ces œuvres cachées. Il en prend connaissance maintenant et les rendra publiques un jour ; si ce n’est pas sur la terre, ce sera devant le tribunal de Christ (2 Cor. 5:10). Quel encouragement et aussi quel réconfort pour beaucoup, peut-être même des âmes incomprises de leurs compagnons chrétiens, qui ont vécu humblement et de manière cachée pour leur Seigneur et qui ont fait beaucoup de bonnes œuvres !
« Que tous les esclaves qui sont sous le joug estiment leurs propres maîtres dignes de tout honneur, afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés ».
Dans le chapitre 6, l’apôtre se tourne vers le cercle plus large
des circonstances terrestres et de la société humaine dans lequel le chrétien
est placé et où il doit vivre à l’honneur de son Seigneur. Les premiers versets
contiennent des instructions pour les esclaves. Selon la conception
gréco-romaine, les esclaves n’étaient pas des personnalités, mais des choses. Ils
étaient la propriété absolue de leurs maîtres (en grec : despotes
)
et n’avaient aucun droit. Il existe donc une différence de position
fondamentale entre les esclaves de l’époque et les travailleurs d’aujourd’hui.
Néanmoins, les prescriptions données ici sont encore aujourd’hui importantes et
applicables ; heureux le travailleur croyant, qui accepte et vit ce que la
Parole de Dieu enseigne sur le comportement des serviteurs vis-à-vis de leurs
maîtres ! Le principe divin de l’autorité demeure toujours. Les esclaves
croyants pouvaient avoir été amenés sous ce joug de soumission totale de
différentes manières : par naissance, comme prisonnier de guerre ou par
leur propre faute. Ils devraient accepter cette position d’assujettissement de
la part de Dieu (cf. Éph. 6:5-8 ; Col. 3:22-24 ; Tite 2:9-10 ; 1
Pierre 2:18-23). Que leurs maîtres soient croyants ou non, ne jouait aucun
rôle. En tous cas, ils devaient les estimer dignes de tout honneur et les
reconnaître comme maîtres, même s’ils ne pouvaient approuver leur conduite ou
leurs manières d’agir.
Si l’apôtre exhorte les esclaves à honorer leurs maîtres, on ne peut bien sûr pas en déduire qu’il justifie l’esclavage. Le fait que l’homme créé à l’image de Dieu, se soit érigé en maître et propriétaire d’autres personnes, est une manifestation du péché et une conséquence de la chute. En même temps, pour la partie assujettie au joug, c’est un signe solennel des voies gouvernementales de Dieu vis-à-vis de l’homme déchu (cf. Gen. 9:26-27).
Dans les lois que le peuple d’Israël reçut de Dieu, on voit que, par Sa grâce, le dur sort de ces pauvres gens devait être adouci. Un serviteur hébreu devait être remis en liberté la septième années (Exode 21:2 ; Lév. 25:39 ; Deut. 15:12). Mais dans le Nouveau Testament, il n’est rien dit de semblable ni aux maîtres croyants ni aux esclaves croyants. L’apôtre Paul espérait bien et s’attendait à ce qu’un Philémon libère son esclave converti Onésime, afin qu’il puisse être utile à l’apôtre dans le service. Or dans la nouvelle création en Christ, il n’y a plus ces différences sociales. « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car vous êtes tous un dans le Christ Jésus » (Gal. 3:28 ; cf. 1 Cor. 12:13 ; Col. 3:11). Il n’est rien dit sur l’état de choses dans le monde ennemi de Dieu qui nous entoure. Le chrétien n’est pas non plus chargé de changer cet état de choses. « Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il était quand il a été appelé. As-tu été appelé étant esclave, ne t’en mets pas en peine ; toutefois si tu peux devenir libre, uses-en plutôt. Car l’esclave qui est appelé dans le Seigneur est l’affranchi du Seigneur ; de même aussi l’homme libre qui a été appelé est l’esclave de Christ. Vous avez été achetés à prix ; ne devenez pas esclaves des hommes. Frères, que chacun demeure auprès de Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé » (1 Cor. 7:20-24).
Tout chrétien doit faire briller sa lumière dans les ténèbres qui l’entourent, afin que Dieu puisse conduire d’autres des ténèbres à Sa merveilleuse lumière. C’est pourquoi l’apôtre n’appelle pas les esclaves à se rebeller contre leurs propriétaires afin de gagner la liberté. Ils devaient bien plutôt estimer leurs propres maîtres dignes de tout honneur. La raison donnée est très remarquable. Elle ne considère pas l’esclavage comme une affaire légitime, ni elle ne déplore le sort souvent rude de ces pauvres gens — non, elle n’en parle pas du tout. La raison donnée est : « … afin que le nom de Dieu et la doctrine ne soient pas blasphémés ». Ces esclaves avaient confessé qu’ils servaient Dieu et qu’ils avaient accepté l’enseignement du Seigneur. S’ils ne s’étaient pas soumis, s’ils avaient fait leur travail avec négligence ou s’ils avaient désobéi à leurs maîtres, quel témoignage cela aurait-il été pour Dieu ? Combien n’auraient-ils pas déshonoré le Seigneur Jésus, Lui qui s’est abaissé et a pris la forme d’esclave et est devenu obéissant jusqu’à la mort ! Si le saint nom de Dieu et la pure doctrine de l’Évangile avaient été ainsi blasphémés, les gens auraient eu de quoi dire : « Quel est ce Dieu qui provoque le désordre, et quelle est cette doctrine qui tolère la révolution et la violence ! »
Aujourd’hui aussi, le comportement du croyant sur son lieu de travail constitue un témoignage positif ou négatif à son Seigneur. Par indifférence, laisser aller, caractère inamical et malhonnêteté vis-à-vis des supérieurs et des collègues, il est donné des occasions que le nom de notre Dieu et Sa doctrine soient blasphémé. Tout croyant conscient qu’il ne sert pas les hommes, mais le Seigneur Christ, ornera en toutes choses l’enseignement de notre Dieu Sauveur sur son lieu de travail en remplissant ses devoirs, en faisant preuve de zèle, de charité et de probité (Tite 2:10).
« et que ceux qui ont des maîtres croyants ne les méprisent pas parce qu’ils sont frères, mais qu’ils les servent d’autant plus que ceux qui profitent de leur bon et prompt service sont des fidèles et des bien-aimés. Enseigne ces choses et exhorte ».
Si les esclaves avaient des maîtres croyants, cela ne faisait en
principe aucune différence quant à leur position. Comme nous l’avons vu, en
raison de l’œuvre de Christ à la croix, toutes les différences devant Dieu
d’ordre national, social, religieux et de sexe sont éliminées en ce qui
concerne la position céleste
du chrétien. Dans le corps de Christ, l’assemblée,
ces différences n’existent plus. Mais tant que les chrétiens sont sur terre,
ces différences demeurent dans leurs relations terrestres
; ces
différences relèvent en partie de l’ordre établi à la création, mais elles ont
aussi été en partie introduites par le péché à la chute.
La tendance naturelle de la chair voulait inciter les esclaves
croyants à se dire : « Comme frères, nous sommes égaux. Par conséquent,
nos maîtres ne peuvent pas attendre de nous le même respect qu’ils attendent
des esclaves non croyants ». Cela aurait été du mépris à l’égard des
maîtres. Or c’est justement ce qu’ils ne devaient pas faire en tant que
véritables esclaves de Christ, mais ils devaient d’autant plus les servir que
ceux qui profitaient de leur bon service étaient des fidèles (ou « croyants »,
en grec pistos
; le même mot qu’au début du verset) et bien-aimés ».
La plupart des traductions voient dans le « bon service » celui des esclaves. Pour les esclaves qui servaient des maîtres croyants, l’amour fraternel de cœur était donc une incitation supplémentaire à un service obéissant et dévoué. Un certain nombre de traductions récentes voudraient comprendre que la dernière partie du verset signifie que les maîtres croyants s’attachent à faire le bien. Cette traduction est linguistiquement possible, mais dans le contexte, elle est erronée. La validité générale d’une telle affirmation est intenable si l’on considère les autres passages des épîtres dans lesquels les esclaves croyants aussi bien que les maîtres sont avertis très sérieusement (Éph. 6:9 ; Col. 4:1).
Le fait que dans Éph. 6:5-9 et Colossiens 3:22 à 4:1, les esclaves sont avertis avant les maîtres, et qu’ici comme dans Tite 2:9 et 1 Pierre 2:18 ils sont visés exclusivement, montre que la responsabilité de la bonne conduite repose avant tout du côté de la partie subordonnée. Les mots qui suivent : « enseigne ces choses et exhorte » soulignent ce qui a été dit, mais ils ne forment ni la conclusion de la section précédente, ni le début d’une nouvelle ; ils se trouvent simplement au milieu d’un contexte continu qui se poursuit dans les versets suivants.
« Si quelqu’un enseigne autrement et ne se range pas à de saines paroles, (savoir) à celles de notre seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon de la piété, il est enflé d’orgueil, ne sachant rien, mais ayant la maladie des questions et des disputes de mots, d’où naissent l’envie, les querelles, les paroles injurieuses, les mauvais soupçons, les vaines disputes d’hommes corrompus dans leur entendement et privés de la vérité, qui estiment que la piété est une source de gain ».
L’apôtre condamne maintenant avec une grande fermeté toute déviation de l’enseignement qui vient d’être donné. Il était abominable pour lui que quelqu’un veuille saper la relation entre esclaves et maîtres avec de beaux prétextes et des professions pompeuses. Ainsi, si quelqu’un voulait affirmer que l’esclavage et la vie de foi sont deux domaines de la vie complètement différents, il fallait lui opposer que c’est précisément dans les circonstances familières, sociales et autres circonstances terrestres où le chrétien se trouve, que la doctrine selon la piété se concrétise. Une attitude irrespectueuse ou même rebelle déshonorerait Dieu et ne pouvait donc être tolérée.
Celui qui enseignait autre chose n’adhérait pas à ces saines
paroles (cf. 1:10), qui sont qualifiées de paroles de notre Seigneur
Jésus-Christ. La doctrine de l’apôtre Paul ne diffère pas de celle du Seigneur
Jésus telle que nous la trouvons dans les évangiles. Les paroles (en grec logos
)
ici ne se réfèrent pas à des propos particuliers isolés, mais il s’agit de l’expression
des pensées de notre Seigneur Jésus-Christ. N’a-t-Il pas dit Lui-même que sa doctrine
n’était pas la Sienne, mais celle de Celui qui L’a envoyé, et qu’Il avait donné
la parole du Père aux disciples (Jean 7:16 ; 17:14) ? Dans « les
paroles de notre Seigneur Jésus-Christ » est contenue la vérité sur les pensées
divines les plus élevées, mais aussi sur les relations humaines les plus
simples. Dans la doctrine selon la piété, Dieu nous montre à quoi doivent
ressembler nos vies pour Lui selon Ses pensées.
Nous voyons donc d’un côté les saines
paroles
de
notre Seigneur Jésus-Christ, et de l’autre côté l’enflure d’orgueil, l’ignorance,
et la maladie des questions et disputes de mots. Ici aussi on voit peut-être
les premiers indices du gnosticisme (voir les commentaires sur 4:3). L’intention
de Satan a toujours été d’obscurcir et de mettre de côté la vérité divine, et
de mettre en lumière ses pensées destructrices. Or la source mauvaise de
ces efforts ne se trahit pas seulement par l’enflure d’orgueil et les disputes
sans fin, mais aussi par le fait clairement reconnaissable que la doctrine qui
est selon la piété est méprisée.
L’enflure d’orgueil va de pair avec la prétendue connaissance (1 Cor. 8:1), mais en réalité c’est l’ignorance des pensées et de la Parole de Dieu. Une telle ignorance survient lorsque l’intelligence humaine s’occupe de questions sujettes à querelles et de disputes de mots. Celles-ci ne favorisent pas la piété, mais ne font qu’engendrer encore d’autres œuvres de la chair. Il en va tout autrement lorsque la foi est opérante par l’amour. Alors le fruit de l’Esprit se manifeste dans l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance (Gal. 5:22). Mais l’orgueil de l’homme ne tolère pas les rivaux, de sorte que les disputes de mots conduisent inévitablement à la jalousie. La jalousie donne lieu à des querelles ou des disputes, qui amènent souvent des blasphèmes, c’est-à-dire des calomnies ou des dénigrements. Il s’ensuit à son tour des soupçons méchants et des querelles continuelles.
C’est un fait solennel que la chair est capable de telles choses chez tout enfant de Dieu. Ici, cependant, ce sont les caractéristiques de gens « corrompus dans leur entendement et privés de la vérité, qui estiment que la piété est une source de gain ». Leur véritable motivation et leur objectif est donc un gain terrestre, et ils croient que la piété est un moyen d’y parvenir ! Ils pensent que le christianisme n’est qu’un moyen d’améliorer les conditions de vie et d’obtenir des avantages dans le monde.
Nous vivons aujourd’hui à une époque où la chrétienté est souvent mise à contribution à des fins idéologiques et politiques. Des mouvements de libération dans des pays du tiers-monde sont financés par des fonds d’églises, des armes sont fournies en échange de dons de nourriture, et tout cela se fait au nom de la charité chrétienne. N’est-ce pas là un exemple clair de l’idée, déjà évidente au temps de l’apôtre, que la piété serait utilisée comme une source de gain ?
« Or la piété avec le contentement est un grand gain. Car nous n’avons rien apporté dans le monde, parce que nous n’en pouvons rien emporter » (*).
(*) Note bibliquest : Traduction Darby : « … nous
n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que
nous n’en
pouvons rien emporter ».
Il y avait dans le monde grec un mouvement philosophique appelé
la Stoa, dans lequel le mot « contentement » (en grec : autarkeia
)
jouait un rôle important. On y exprimait le souhait que l’homme soit satisfait
dans toutes les situations de la vie, et qu’il puisse résister à l’influence des
circonstances extérieures par sa propre force de volonté. Mais les stoïciens
étaient des gens plutôt durs que heureux. Même s’ils avaient atteint leur objectif
dans la pratique, combien, dans leur satisfaction sûre de soi, ils étaient loin
derrière une vie de vraie piété dans le Christ Jésus ! Paul avait déjà dit
de cette piété au ch. 4:8 qu’elle est utile à toutes choses, ayant la promesse
de la vie présente et de la vie qui est à venir.
La piété avec le contentement est un grand gain en contraste avec l’automodération philosophique, qui veut s’en sortir sans Dieu et sans confiance en Lui. La piété avec le contentement donne à l’âme la paix avec la conscience que Dieu prend soin d’elle. En période de prospérité, il y a le danger pour le croyant de vouloir certes vivre pieusement, mais en même temps d’avancer dans ce monde. Alors le cœur ne jouit pas de la bénédiction que donne la vraie piété. Le contentement est la satisfaction de ce que Dieu le Père donne. Paul écrit en Philippiens 4:11-13 : « J’ai appris à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve. Je sais être abaissé, je sais aussi être dans l’abondance ; en toutes choses et à tous égards, je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu’à avoir faim, aussi bien à être dans l’abondance qu’à être dans les privations. Je puis toutes choses en celui qui me fortifie » (cf. Matt. 6:31-34 ; Héb. 13:5).
Au v. 7, nous trouvons la raison du contentement associé à la vraie piété. « Car nous n’avons rien apporté dans le monde, parce que nous n’en pouvons rien emporter ». La concision et la brièveté presque sévère de cette déclaration a probablement conduit à l’insertion d’ajouts aux textes de divers manuscrits anciens. Certains manuscrits introduisent la deuxième partie de la phrase par les mots : « (il est) vrai », un plus grand nombre par les mots : « (il est) évident » [Darby]. La leçon la plus ancienne semble cependant être celle donnée ci-dessus (W. Kelly).
Il nous est rappelé ici, comme déjà à plusieurs reprises dans l’AT (cf. Job 1:21 ; Ps. 49:17 ; Eccl. 5:15), que toutes les choses terrestres sont passagères et ne peuvent pas être emportées dans l’éternité. « Car les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles » (2 Cor. 4:18). Tout homme, y compris ceux qui ne connaissent pas Dieu, sait qu’il ne peut rien emporter de ce monde. C’est pourquoi, dans le court laps de temps qui s’écoule entre la naissance et la mort, il essaie de profiter au maximum des choses passagères terrestres et pécheresses du monde, au détriment de son âme. Quelle honte quand un croyant, richement béni en Christ de toutes les bénédictions spirituelles, imite l’homme de ce monde ! Lorsqu’il reconnaît vraiment la grandeur du don de Dieu en Christ (cf. Jean 4:10 ; Rom. 8:32 ; 2 Cor. 9:15), alors Christ devient de plus en plus le contenu, le modèle, le but et la force de sa vie. Il ne lui est alors pas difficile, dans les circonstances terrestres, de se contenter de ce qu’il a présentement (Hébreux 13:5).
« Mais ayant la nourriture et de quoi nous couvrir, nous serons satisfaits ».
Dieu avait déjà dit à son peuple terrestre Israël qu’Il aimait l’étranger
et lui donnerait du pain
et des vêtements
(Deut. 10:18). Dans ce
qu’on appelle le sermon sur la montagne, le Seigneur Jésus a dit à ses disciples :
« Ne vous inquiétez donc pas en disant : ‘Que mangerons-nous ?
ou que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ?’ Car les nations
recherchent toutes ces choses ; car votre Père céleste sait que vous avez
besoin de toutes ces choses ; mais cherchez premièrement le royaume de Dieu
et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus » (Matt.
6:31-33). Dieu, notre Père, a ainsi promis aux Siens le nécessaire pour vivre.
La nourriture la plus exquise et les vêtements les plus chers n’en font pas
partie. C’est justement en temps de prospérité générale que les chrétiens ont spécialement
besoin de garder à l’esprit qu’ils sont étrangers dans un pays étranger et
parmi un peuple étranger.
« Or ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs désirs insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition ».
En contraste avec les croyants qui se confient en leur Dieu et
Père pour leur subsistance et se contentent de ce qu’Il leur donne, l’apôtre
parle ici de ceux qui veulent
devenir riches. Mais en cela il ne fait
pas de distinction entre croyants et non-croyants. D’un côté le v. 9 reprend l’idée
du désir de gain du v. 5 et la développe, et d’un autre côté, le contraste avec
la piété associée au contentement (v. 6-8) est établi encore plus fortement.
Les v. 9 et 10 traitent de la recherche de la richesse terrestre et de ses
conséquences. Les v. 17 à 19 traitent de la richesse en soi et de la responsabilité
qui l’accompagne.
Sous l’ancienne alliance, Dieu avait promis des bénédictions terrestres à Son peuple terrestre Israël. La prospérité était donc normalement considérée par le peuple d’Israël comme une preuve de bénédiction de Dieu. Mais à l’ère de la grâce, il ne s’agit pas en premier lieu de choses terrestres, mais de choses célestes. L’origine, la position et le but de la vie chrétienne est le ciel, où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. En Lui, nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes (Éph. 1:3 ; 2:6). C’est vers là que nos yeux doivent être dirigés (Col. 3:1-4). En tant que chrétiens, nous sommes administrateurs de tout ce que Dieu nous a confié sur terre. Un jour, Il nous demandera par Christ d’en rendre compte (cf. Matt. 25:14-30 ; Luc 19:12-26). Cela s’applique aussi bien aux bénédictions et aux dons spirituels qu’aux biens matériels, l’emploi du temps, la santé et l’intelligence (1 Cor. 4:1 ; 1 Pierre 4:10). Dans la parabole de l’économe injuste, le Seigneur désigne les choses terrestres comme les moindres, comme ce qui est à autrui, le mammon de l’injustice ; et comme le vrai but, Il nous présente les tabernacles éternels, ce qui est très grand, les vraies richesses, ce qui est nôtre (Luc 16:9-12).
Le désir de richesses terrestres trahit une insatisfaction par rapport
à la vocation chrétienne et un manque de confiance en Dieu, en Sa bonté et en Sa
sagesse. Il montre qu’un tel homme n’a pas compris l’appel et la position célestes.
Au lieu de s’occuper des richesses éternelles révélées dans le trésor des Saintes
Écritures, il aspire à des richesses terrestres et se met en peine pour les obtenir.
De cette façon, il manque le but voulu de Dieu. Il se laisse entraîner par son
avidité pour l’argent. Pour atteindre son propre objectif, il perd rapidement
le chemin de l’honnêteté. Une fois qu’il a glissé sur le chemin en pente, la
conscience s’endurcit de plus en plus. La tentation devient un piège, un piège dont
on ne peut plus se libérer. La dépréciation des biens à l’achat, la surévaluation
à la vente, les jeux de hasard et la spéculation boursière ne sont que quelques-unes
des convoitises déraisonnables et nuisibles qui acculent les gens à la ruine et
à la perdition. Plus on reste longtemps sur ce chemin, plus les désirs s’amplifient
en nombre et en grandeur, et leur satisfaction conduit à la ruine morale et
matérielle. Paul parle ici explicitement de « gens », et non de
croyants, car les mots « ruine » (en grec olethros
) et « perdition »
(en grec apōleia
) sont utilisés dans le Nouveau Testament à la fois
pour la ruine temporelle (olethros
: 1 Cor. 5:5 ; apōleia
:
Matt. 26:8) et pour la ruine éternelle (olethros
: 1 Thes.
5:3 ; 2 Thes. 1:9 ; apōleia
: Mt. 7:13 ; Jean
17:12 ; Rom. 9:22 etc.).
« Car c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent : ce que quelques-uns ayant ambitionné, ils se sont égarés de la foi, et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de douleurs ».
Le mot « amour de l’argent » (en grec philargyria
)
ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament. En revanche, on trouve au total
dix fois dans le Nouveau Testament la cupidité qui est encore plus grave (en grec
pleonexia
) et est qualifiée d’idolâtrie (Col. 3:5 ; Éph. 5:5). L’amour
de l’argent est une manifestation de cupidité dans laquelle l’avidité d’avoir des
biens matériels prend place dans le cœur. Il n’est pas dit que l’amour de l’argent
est la
racine de toutes sortes de maux, mais seulement une
racine.
L’absence de l’article montre que ce n’est pas la seule cause. D’autre part, il
n’y a pas de mal qui ne puisse en sortir, comme le montre la forme plurielle de
« toutes sortes de mal ».
Certains qui se trouvaient dans la maison de Dieu avaient tous leurs sens et aspirations orientés vers l’amour de l’argent et ils s’égaraient par-là de la foi. Ils s’en étaient éloignés et l’avaient abandonnée pour ne plus jamais y revenir ! La foi n’avait plus aucune saveur et aucune attirance pour eux. Au lieu des trésors célestes, ils ne voulaient amasser que des trésors terrestres et mondains (cf. Matt. 6:19-21). La foi avec l’article est ici, comme dans beaucoup d’autres endroits, la vérité chrétienne, ce qu’on croit.
Ces personnes s’étaient transpercées de beaucoup de douleur. Peut-on imaginer un résultat plus triste ? Ils faisaient des efforts pour être prospères, ils cherchaient la richesse, aimaient l’argent et le train des choses présentes, et ce faisant ils abandonnaient la confession chrétienne comme une entrave incompatible avec leurs propres efforts et leurs objectifs. On quitte le chemin béni de la foi et, comme une brebis égarée, on tombe dans le maquis du péché de ce monde où l’on est transpercé de beaucoup de douleurs par les épines, image de la malédiction du péché (Gen. 3:18). Des expériences amères, des liens familiaux déchirés, des enfants débridés et en fuite, une peur incessante des pertes et mille autres douleurs transpercent l’âme de ce genre de personnes comme autant d’épines empoisonnées. Et finalement, il y a la douleur amère de la conscience, quand on doit se détacher de tout, et que de tout ce qu’on a cherché ici-bas, on ne peut rien emporter avec soi dans l’éternité.
« Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses, et poursuis la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur d’esprit ; »
Par cette exhortation, Paul indique à son compagnon d’œuvre qu’il ne doit pas se croire au-dessus de ces tentations. Les choses mentionnées dans les versets précédents étaient aussi un danger pour Timothée, et elles le sont aussi pour nous. L’exhortation commence par le « mais toi » fortement accentué, qu’on rencontre encore trois fois dans la seconde épître (2 Tim. 3:10, 14 ; 4:5). Ces mots renforcent tout spécialement le contraste avec ce qui précède.
Ici Paul appelle Timothée : « homme de Dieu ». Dans le Nouveau Testament, nous ne retrouvons ce terme pour un serviteur de Dieu qu’en 2 Tim. 3:17. En 2 Pierre 1:21 les prophètes de l’Ancien Testament sont ainsi appelés. Dans l’Ancien Testament sont appelés « hommes de Dieu » : Moïse (Deut. 33:1), David (2 Chroniques 8:14), Élie (1 Rois 17:18), Élisée (2 Rois 4:7) et six autres personnes (1 Sam. 2:27 ; 1 Rois 12:22 ; 13:1 ; 20:28 ; 2 Chroniques 25:7 ; Jér. 35:4). Un « homme de Dieu » est quelqu’un envoyé par Dieu dans ce monde et qui tient ferme pour Lui. Il a un certain message de la part de Dieu et accomplit par-là une mission prophétique. Tout croyant n’est pas un homme de Dieu, mais seulement celui qui veut se laisser utiliser par son Dieu dans toutes les situations, et qui veut aussi témoigner de Lui dans les temps difficiles. Timothée était un tel homme.
Il est maintenant adressé à Timothée l’appel suivant : « Fuis ces choses », celles qui sont totalement contraires à la vraie piété. Le mot expressif « fuir » est également utilisé par l’apôtre Paul dans quelques autres passages, et toujours en cas de grand danger pour la vie spirituelle (cf. 1 Cor. 6:18 ; 10:14 ; 2 Tim. 2:22). Si le diable peut utiliser des points faibles chez nous comme point d’accroche pour ses tentations, il n’y a qu’une chose à faire : fuir ! Mais quand Satan se révèle comme un adversaire de la foi une fois transmise aux saints, il est dit : résistez (Jacq. 4:7 ; 1 Pierre 5:9) ! Parfois, les enfants de Dieu confondent ces deux tactiques de l’ennemi ; ils fuient quand ils doivent résister, et ils essaient de résister quand ils doivent fuir !
Or Timothée ne devait pas seulement fuir, mais, en bon témoin de
son Seigneur, il devait ensuite poursuivre pour que Dieu soit glorifié. Le
mot « poursuivre » (en grec diōkō
) signifie proprement
« chasser [à la chasse] » ; on le retrouve en d’autres endroits
(Phil. 3:12, 14 ; Héb. 12:14). Il ne s’agit pas ici d’atteindre, par nos
propres efforts, une certaine position ou un certain niveau où l’on puisse se
reposer. Par cette exhortation, l’homme de Dieu est appelé à ne s’accorder
aucun repos, mais à manifester de plus en plus les qualités qui suivent. De
cette façon, la nature de Dieu s’exprime dans l’homme et peut briller dans ce
monde de ténèbres. Le modèle parfait pour cela est le Seigneur Jésus lui-même,
le véritable « homme de Dieu ». Mais Timothée devait aussi être un modèle
pour les croyants (cf. 4:12), et ils devaient l’imiter en cela. Ainsi, chaque
chrétien a la tâche de veiller à glorifier Dieu dans sa sphère d’activité, qu’elle
soit petite ou grande, largement visible ou de peu d’apparence (1 Cor. 6:20).
praypathia) que l’on ne trouve qu’ici dans le Nouveau Testament et qui est plus expressif que le mot (en grec
praytes) ordinairement utilisé pour la douceur (et qu’on trouve ici dans la plupart des manuscrits). Le modèle parfait de la douceur est le Seigneur Jésus (Matt. 11:29). Dans cette attitude d’esprit, nous pouvons accepter l’action de Dieu sans douter et sans résister, et cette attitude sera alors également manifeste vis-à-vis de nos semblables.
« Combats le bon combat de la foi ; saisis la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant beaucoup de témoins ».
Il est impossible de tenir pour Dieu et Son Fils dans ce monde
sans rencontrer la résistance de l’ennemi. Il essaie par tous les moyens d’empêcher
le croyant de poursuivre et réaliser les choses mentionnées au v. 11. La « lutte »
ici ne doit pas être comprise dans le sens de « guerre », comme en 1:18,
mais elle se réfère en général au combat dans l’arène ou à la compétition sur
la piste de course. Le mot utilisé ici et en 2 Tim. 4:7 (en grec agon
)
se retrouve en Phil. 1:30 ; Col. 2:1 ; 1 Thes. 2:2 et Héb. 12:1. Ici,
il s’agit de combattre le bon combat pour gagner le prix. L’apôtre Paul pouvait
dire à la fin de sa vie qu’il avait combattu ce bon combat et gardé la foi.
La deuxième exhortation est : « Saisis la vie éternelle ». Dans les écrits de l’apôtre Paul, bien que le chrétien soit vu dans sa position parfaite en Christ sur la base de la foi en Son œuvre accomplie, il attend toujours son achèvement dans la gloire. Christ est déjà notre vie maintenant, mais notre vie est cachée avec le Christ en Dieu (Col. 3:3,4). La joie parfaite et sans nuage de ce temps-là est encore à venir. C’est pourquoi Paul écrit aux Romains : « Mais maintenant, ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté, et pour fin la vie éternelle » (Rom. 6:22). Dans ce verset, la vie éternelle est considérée comme le but qui nous attend dans la gloire. — Le temps du verbe « saisis » (aoriste impératif) exprime une action unique, ponctuelle, tandis que les mots « fuis », « combats », « poursuis » indiquent une action d’ordre général ou continue (impératif présent). La foi peut déjà maintenant saisir ce bien parfait et s’en réjouir d’avance, car son obtention est certaine.
Alors, est-ce que le croyant ne possède pas encore la vie éternelle ? C’est l’apôtre Jean qui nous enseigne sur cet autre côté de la vérité. Il nous voit comme des gens nés de nouveau, c’est-à-dire nés d’eau et d’Esprit, et donc nés de Dieu (Jean 1:12-13 ; 3:3,5). La vie nouvelle que nous possédons est la vie éternelle (Jean 3:16 ; 10:28 ; 17:3 ; 1 Jean 5:20). Cette vie éternelle, que seul reçoit celui qui croit au Fils de Dieu, consiste déjà maintenant en la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus-Christ (1 Jean 1:1-4). C’est la caractéristique spéciale et le privilège exclusif de la famille de Dieu.
Il est maintenant rappelé à Timothée qu’il est appelé par Dieu à cette vie éternelle. Dans cet appel, les pensées souveraines et éternelles de Dieu en salut pour les hommes s’expriment de façon visible (cf. Rom. 8:30 ; Gal. 1:15). Dans le Nouveau Testament, cet appel se rattache aux choses célestes (Éph. 1:18 ; Phil. 3:14 ; Col. 3:15 ; 1 Thes. 2:12 ; Héb. 3:1 ; 1 Pierre 5:10). Il en est de même ici. Cet appel est l’appel de Dieu, qui s’adresse dans le temps présent à ceux qu’Il a choisis avant la fondation du monde.
Puis Paul certifie à Timothée qu’il avait fait la belle confession devant de nombreux témoins, accomplissant ainsi le principe important : « Car du cœur on croit à justice, et de la bouche on fait confession à salut » (Rom. 10:10). Il ne nous est pas dit dans quelles circonstances, quand et devant qui Timothée avait fait cela. L’apôtre n’aurait guère cité des incroyants comme étant de « nombreux témoins », de sorte que nous pensons bien que seuls des chrétiens pouvaient confirmer ce bon témoignage (cf. Actes 16:2).
« Je t’ordonne devant Dieu, qui appelle toutes choses à l’existence, et devant le Christ Jésus, qui a fait la belle confession devant Ponce Pilate que tu gardes ce commandement, sans tache, irrépréhensible, jusqu’à l’apparition de notre seigneur Jésus-Christ »
Les deux versets qui suivent se réfèrent au ch. 1 v.5 et 18, et condensent
pour ainsi dire ce qui a été dit jusqu’à présent. Le mot « ordonne »
(en grec parangellō
) a également le sens de « donner une
mission, enjoindre ». Timothée avait lui-même aussi la tâche de commander à
d’autres (cf. 1:3 ; 4:11 ; 5:7 ; 6:17).
Comme dans les ch. 5:21 et 2 Tim. 4:1 Paul fait appel à Dieu et au Christ Jésus comme témoins. Cela nous fait voir combien il était important pour Paul qu’on reconnaisse l’autorité déterminée par Dieu. Dieu est la source et le conservateur de toute vie, aussi bien naturelle que spirituelle. Cela devait encourager Timothée parce que cela lui montrait qu’il se trouvait dans toutes les circonstances dans la main de Dieu. Le Christ Jésus avait fait la belle confession devant Ponce Pilate. Il est clair que cela ne se réfère pas à la même confession que celle du v. 12. Timothée avait fait la confession de sa foi vivante au Seigneur Jésus en présence de croyants, même si ce n’était pas seulement devant eux. Il s’agissait d’un témoignage subjectif au sujet de la vérité et sur ce que Timothée l’avait acceptée par la foi. La confession du Seigneur Jésus, de son côté, concernait des faits objectifs concernant Sa personne et Son œuvre. Premièrement, Il avait témoigné qu’Il était un Roi (pas seulement le roi d’Israël) — deuxièmement que Son royaume n’était pas de ce monde, — et troisièmement, qu’Il était venu pour rendre témoignage à la vérité (Jean 18:33-37). Le Seigneur avait fait cette belle confession devant Ponce Pilate, son juge terrestre, un ennemi de Dieu. Cette confession ne se rapportait pas tant aux choses éternelles et célestes, que plutôt au royaume de Dieu dont Christ est le roi. Paul revient au v. 15 sur la manifestation future de ce royaume.
Timothée avait la tâche de garder le commandement (grec : entolē
)
sans tache et irrépréhensible. Ce commandement comprenait plus que ce qui a été
dit aux v. 11-12 ; il embrasse toutes les prescriptions de cette épître,
oui, et même tout ce qui est nécessaire pour une vie dans la vraie piété. Déjà au
ch. 1:5, Paul écrivait : « La fin de l’ordonnance (ou : du
commandement ; en grec parangelia
) est l’amour qui procède d’un
cœur pur et d’une bonne conscience et d’une foi sincère ». Ce que Dieu commande
aux hommes est toujours « saint, juste et bon » (Rom. 7:12). Cela valait
pour la Loi du Sinaï comme pour le commandement de Dieu aujourd’hui. Ne pas le
garder signifie le ternir et le souiller devant le monde. Le garder consciemment
d’un cœur pur et d’une foi sincère signifie le garder sans tache et
irrépréhensible. Ces deux qualificatifs se réfèrent à la garde du commandement,
non pas à Timothée.
Paul relie la garde du commandement avec l’apparition de notre
Seigneur Jésus-Christ. C’est très remarquable. La responsabilité du chrétien
sur terre se termine effectivement soit par sa mort soit par la venue du
Seigneur pour l’enlèvement des saints. Or comme en d’autres occasions (cf.
Phil. 1:10 ; 1 Thes. 3:13) la Parole de Dieu relie ce qui relève de notre
responsabilité avec l’apparition du Seigneur en gloire. Cette apparition (en grec
epiphaneia
, cf. 2 Thes. 2:8 ; 2 Tim. 4:1,8 ; Tite 2:13) ou révélation
(en grec apokalypsis
, cf. 1 Cor. 1:7 ; 2 Thes. 1:7 ; 1 Pierre
1:7,13) marque l’ouverture du Jour du Seigneur, au cours duquel Il sera reconnu
par tous comme Seigneur. Le mot « venue » (en grec parousia
)
est une expression plus générale qui peut se référer à la fois à la venue de
Christ pour les Siens (1 Thes. 4:15 ; 2 Thes. 2:1) et à Son apparition ou
révélation (Matt. 24:3 ; 1 Thes. 3:13 ; 2 Thes. 2:8).
Lors de l’apparition du Seigneur sur la terre, toutes les armées célestes (Apoc. 19:14), composées d’anges (Matt. 25:31 ; 2 Thes. 1:7) et de saints, c’est-à-dire de croyants (1 Thes. 3:13), L’accompagneront et seront manifestés avec Lui en gloire (Col. 3:4). Alors la récompense qui leur aura été donnée devant le tribunal de Christ sera révélée devant tout le monde (2 Thes. 1:10 ; 2 Tim. 4:8). Après l’anéantissement des armées ennemies, l’Antichrist et le chef de l’Empire romain seront jetés dans l’étang de feu (2 Thes. 2:8 ; Apoc. 19:19-20), et Satan sera lié pour mille ans (Apoc. 20:1-3). Christ jugera les nations vivant alors sur la terre et entrera dans Son règne millénaire de paix (Matt. 25:31 et suiv. ; 2 Thes. 1:8-9 ; Apoc. 20:4-6).
« … laquelle le bienheureux et seul Souverain, le roi de ceux qui règnent et le seigneur de ceux qui dominent, montrera au temps propre, lui qui seul possède l’immortalité, qui habite la lumière inaccessible, lequel aucun des hommes n’a vu ni ne peut voir, — auquel soit honneur et force éternelle ! Amen ».
L’apparition de Christ sera un événement formidable. Tout œil Le verra comme l’Homme glorifié, Celui qui accomplit tous les conseils de Dieu. La révélation du Seigneur Jésus-Christ aura lieu au moment fixé par Dieu. Le prophète Zacharie de l’Ancien Testament a déjà parlé de ce jour au ch. 14:7 de son livre : « ce sera un jour connu de l’Éternel ». Dieu seul en a la connaissance (Matt. 24:36 ; Actes 1:7). Par conséquent, toute spéculation à cet égard doit être rejetée. « Mais pour ce qui est des temps et des saisons, frères, vous n’avez pas besoin qu’on vous en écrive ; car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit » (1 Thes. 5:1-2). (*) Au moment fixé par lui, Dieu introduira à nouveau Son premier-né dans le monde. Ce sera un jour de jugement pour Ses ennemis, mais un jour de joie pour ceux qui attendront le Messie.
(*) L’image du voleur qui vient dans la nuit ne fait jamais référence, dans le Nouveau Testament, à la venue du Seigneur pour enlever l’épouse, — venue qui est désirée avec ardeur par les croyants. Elle fait toujours référence à l’apparition ou révélation de Christ, — apparition inattendue et liée au jugement (Matt. 24:43 ; 1 Thes. 5:2 ; 2 Pierre 3:10 ; Apoc. 3:3 ; 16:15).
La pensée de cette apparition glorieuse de Christ conduit l’apôtre à une sublime louange de Dieu et de Sa grandeur et de Sa majesté éternelle. On retrouve dix fois une telle doxologie dans les écrits de l’apôtre Paul (Rom. 1:25 ; 9:5 ; 11:33-36 ; 16:25-27 ; Gal. 1:5 ; Éph. 3:20-21 ; Phil. 4:20 ; 1 Tim. 1:17 ; 6:15-16 ; 2 Tim. 4:18). Par le moyen des noms honorifiques de Dieu, il exprime ici de façon merveilleuse ce dont son âme est remplie. Il nous présente de trois côtés, la nature et la grandeur glorieuse et adorable de Dieu.
Ce n’est qu’ici et au ch. 1:11 que Dieu est appelé « bienheureux ». Il est le seul à être infiniment parfait en Lui-même, seul à ne pas être affecté par tous les événements de la création et seul à se suffire à Lui-même entièrement. Rien ne peut troubler le repos éternel de Dieu, Sa paix parfaite et Sa profonde félicité (cf. Job 35:5-7). Mais Il est aussi souverain et intouchable, détenteur du pouvoir sur tout ce qui est visible et invisible que Sa main forte a formé. Il tient toute la création dans Sa main. Il règne sur la vie et la mort et gouverne tout selon Son bon plaisir et Sa sagesse (Ps. 89:11-13). Sous Sa domination universelle se trouvent également les puissants de cette terre, souvent si orgueilleux. Au-dessus d’eux, Il est le seul souverain qui les place et les enlève, qui dirige leur sort, qui les élève et les abaisse, comme Il Lui plait (1 Chroniques 29:11-12). Ce bienheureux et unique souverain est notre Dieu. Quel encouragement pour les croyants de cette époque-là et aussi du temps présent, que la pensée qu’Il est au-dessus de ceux qui règnent et de ceux qui dominent ! Ce titre de Dieu avait également une importance particulière dans les circonstances où se trouvait Timothée. Quelle consolation pour le cœur des croyants de penser qu’ils appartiennent à ce Dieu souverain et béni. Quelle puissance dans le monde peut leur nuire ou les priver de leur joie en Lui ?
Dieu est appelé ici le Roi des rois et Seigneur des seigneurs. En Apoc. 17:14 et 19:16 (avec une légère modification), c’est le titre du Seigneur Jésus, ce qui confirme Sa divinité.
Aucune créature ne possède l’immortalité en soi et pour soi. L’immortalité est plus qu’une vie sans fin ; c’est un état auquel la mort ne peut porter atteinte. Dieu seul est éternel, sans commencement ni fin. Il est le Dieu éternel (Rom. 16:26) et le Dieu vivant (Matt. 16:16 ; 1 Thes. 1:9 ; 1 Tim. 3:15 ; 4:10 ; Héb. 10:31). Les croyants, en revanche, revêtiront l’immortalité lorsque leur corps sera transmué à la venue du Seigneur (1 Cor. 15:53-54).
Dans sa nature absolue, Dieu est inaccessible et invisible pour la créature. Il disait déjà à Moïse : « Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33:20). Jean écrit : « Personne ne vit jamais Dieu » (Jean 1:18 ; 1 Jean 4:12), et Paul l’appelle le « Dieu invisible » (Col. 1:15). Si Dieu se révèle, Il le fait seulement et uniquement dans le Fils. C’est Lui l’Ange de l’Éternel de l’Ancien Testament (Gen. 16:7, 13 ; Juges 6:11-14). Il est Lui-même l’Éternel (cf. És. 6 avec Jean 12:39-41). Le Fils de Dieu est la Parole (Verbe), le Logos (Jean 1:1), et l’image du Dieu invisible, le reflet de Sa gloire et l’empreinte de Sa substance de toute éternité, et pas seulement depuis son incarnation (Col. 1:15 ; Héb. 1:3). Dieu est lumière (1 Jean 1:5), et Il habite une lumière dans laquelle il n’y a pas de ténèbres. Moralement, l’homme est ténèbres et habite dans les ténèbres. En croyant en la vraie lumière qui a lui dans ce monde, le croyant devient lui-même lumière et vient aussi dans la lumière (Éph. 5:8 ; 1 Pierre 2:9). Mais aucune créature ne peut jamais pénétrer la lumière inaccessible de l’Être absolu de Dieu. Dans le Fils, cependant, nous voyons le resplendissement parfait de la gloire de Dieu. « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui l’a fait connaître ». Celui qui L’a vu a vu le Père. Lui, le Fils, qui est l’image du Dieu invisible, les rachetés qui font partie de Son épouse Le verront tel qu’Il est. Dans la maison du Père, ils Lui seront unis et ils feront l’expérience de la vérité des paroles du Fils de Dieu, qui disait à Son Père : « Père, je veux quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde » (Jean 17:24).
À ce Dieu immortel et invisible, qui s’est révélé dans le Fils à Ses créatures, l’apôtre donne maintenant honneur et puissance éternelle. Joignons-nous à la louange de Celui qui est seul digne de toute adoration !
« Ordonne à ceux qui sont riches dans le présent siècle, qu’ils ne soient pas hautains et qu’ils ne pas mettent pas leur confiance dans l’incertitude des richesses, mais dans le Dieu qui nous donne toutes choses richement pour en jouir »
À la fin de sa lettre, Paul reprend le thème des richesses sous
un autre angle. Il ne s’agit pas, comme aux v. 9-11, de ceux qui cherchent
le gain, mais de ceux qui sont
riches. Ce sont surtout ceux qui étaient
déjà dans cette situation lorsque Dieu les a appelés. L’apôtre ne les invite pas
à vendre leurs richesses, à les donner aux pauvres ou à tout distribuer. Il
leur rappelle cependant la responsabilité qui accompagne la possession de
richesses, et le danger de l’indépendance de Dieu, qui leur a confié des biens
terrestres en tant qu’administrateurs. En cela, il faut qu’ils soient trouvés fidèles
(1 Cor. 4:2). Ils sont riches en choses passagères dans un temps qui passe
vite. Paul n’évoque que deux des nombreux dangers encourus : l’orgueil et être
sûr de soi. D’autres dangers sont la propension au luxe, aux aises et à l’avidité
des plaisirs. La conséquence de s’attacher aux choses terrestres est souvent de
s’attacher aux choses du monde. La convoitise de la chair, la convoitise des
yeux et l’orgueil de la vie ne viennent pas du Père, mais du monde. Le monde et
sa convoitise passent, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement
(cf. 1 Jean 2:16-17). À notre époque de prospérité générale dans de nombreux
pays, ces exhortations s’appliquent non seulement à quelques-uns, mais presqu’à
tous les croyants.
Tout d’abord, Timothée devait commander à ceux qui sont riches dans le présent siècle de ne pas être hautains vis-à-vis de ceux qui sont dans une position inférieure dans ce monde. Quel exemple le Seigneur Jésus nous fournit de cela, Lui qui, de Son élévation infinie, s’est abaissé au niveau de Ses créatures et s’est penché vers les pécheurs perdus ! Dans un autre passage, Paul écrit : « Ne pensez pas aux choses élevées, mais vous associant aux humbles » (Rom. 12:16).
L’homme naturel a tendance à s’imaginer être quelque chose à cause de ce qu’il possède en ce monde, qu’il s’agisse de richesse ou d’intelligence, et par-là à se croire supérieur aux autres. Mais si nous sommes conscients du fait que tout nous a été confié par Dieu, nous sommes préservés de nous vanter de ces choses.
Deuxièmement, les riches ne doivent pas placer leur espérance dans l’incertitude de la richesse, car elle peut leur être enlevée d’un moment à l’autre (cf. Ps. 62:10 ; Prov. 23:4-5). Beaucoup d’hommes qui comptaient sur leur prospérité, et pensaient que tout était bien placé, ont dû faire l’expérience que subitement ils se trouvaient devant le vide. Il n’y a pas de sécurité sur terre.
Quelle différence complète avec Dieu ! Nous pouvons nous confier en Lui sans crainte ni hésitation. Il donne tout richement à chacun pour en jouir. Ici, la parole de Dieu condamne clairement l’esprit d’ascèse. Cet esprit a une meilleure apparence que la propension au luxe. Mais en réalité, les deux sont des formes opposées d’égoïsme qui ne plaisent pas à Dieu.
Au ch. 4:10, nous avons vu que Dieu est le conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles. Ici il nous est présenté Sa bonté envers Ses enfants. Il nous donne tout richement pour en jouir. S’Il est le donateur, toute gratitude Lui revient. Cette prise de conscience maintient l’âme dans une vraie dépendance de Dieu. Dans cette dépendance, le chrétien peut jouir des dons de Dieu de tout son cœur. Les premiers chrétiens mangeaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur (Actes 2:46). Cette simplicité de cœur peut également protéger le croyant de tous les plaisirs qu’il ne peut pas recevoir de son Dieu et Père avec droiture et avec une vraie gratitude.
« … qu’ils fassent le bien ; qu’ils soient riches en bonnes œuvres ; qu’ils soient prompts à donner, libéraux, s’amassant comme trésor un bon fondement pour l’avenir, afin qu’ils saisissent ce qui est vraiment la vie ».
Ensuite il y a quelques exhortations pratiques pour les riches —
mais pas seulement pour eux. Les deux premières exhortations semblent à
première vue très similaires, mais elles diffèrent en ceci : Dans l’expression
« faire le bien », il y a le mot « bien » (en grec agathos
)
qui signifie « bon » dans ses effets sur les autres, tandis que les « œuvres
bonnes » (en grec kalos
) sont en elles-mêmes belles, louables et nobles.
Ainsi, la richesse peut être utilisée pour aider ceux qui sont dans le besoin
et pour soutenir ceux qui travaillent dans l’œuvre du Seigneur. De cette façon,
les riches ne s’appauvrissent pas, mais ils deviennent riches dans un autre
sens, à savoir riches en bonnes œuvres. Ils peuvent également de cette façon amasser
des trésors dans le ciel. Dieu, qui ne reste pas débiteur, les bénira abondamment
pour cela. « L’âme qui bénit sera engraissée, et celui qui arrose sera
lui-même arrosé » (Prov. 11:25).
Les riches doivent également être généreux (prompts à donner) et libéraux (pratiquant la libéralité). Il est vrai qu’une action précipitée et irréfléchie n’est pas bonne à cet égard. Mais lorsque, sur la base d’informations fiables, une nécessité réelle est identifiée, que ce soit dans la sphère privée, celle de l’assemblée ou de l’œuvre du Seigneur, l’hésitation et la retenue n’ont pas leur place. Paul a écrit un jour aux Corinthiens : « Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème libéralement moissonnera aussi libéralement » (2 Cor. 9:6). Si dans le temps présent les riches administrent ainsi leurs biens selon les pensées de Dieu et pour Sa gloire, ils ne perdent rien, mais au contraire ils s’amassent un bon fondement pour l’avenir, un trésor infiniment plus précieux que toutes les richesses terrestres. Le Seigneur Jésus conclut la parabole de l’économe injuste par les paroles suivantes : « Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que, quand vous viendrez à manquer, vous soyez reçus dans les tabernacles éternels » (Luc 16:9). Dans le sermon sur la montagne, il est dit : « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille gâtent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des trésors dans le ciel où ni la teigne ni la rouille ne gâtent, et où les voleurs ne percent ni ne dérobent ; car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Matt. 6:19-21).
Au lieu de chercher des richesses terrestres, les riches, par leurs bonnes actions, devraient s’amasser un bon fondement pour l’avenir, afin de pouvoir saisir la vraie vie, c’est-à-dire la vie éternelle. Timothée était déjà encouragé dans ce sens au v. 12. Paul ne veut pas dire ici que la vie sur terre n’est qu’une apparence. Mais du fait qu’elle porte en elle le germe de la mort dès la naissance, à la suite du péché, elle ne peut pas être comparée avec la vie éternelle. Seule cette vie éternelle est vraiment digne du nom de « vie ».
« Ô Timothée, garde ce qui t’a été confié, fuyant les discours vains et profanes et l’opposition de la connaissance faussement ainsi nommée, de laquelle quelques-uns faisant profession, se sont écartés de la foi. Que la grâce soit avec toi ! »
Paul conclut maintenant son épître à Timothée par l’exhortation à garder ce qui lui a été confié. En 2 Tim. 1:14, il l’appelle même le « bon dépôt ». Il s’agit de la vérité que Dieu a confiée aux croyants, que Timothée avait entendue de Paul en présence de nombreux témoins. « Ici, ce n’est pas l’âme, le salut, le service ou le don du Saint-Esprit qui est visé, mais les communications parfaites sur la nature, les voies, les relations et les conseils de Dieu. Elles ont été données seulement par révélation, et elles sont maintenant sécurisées par inspiration » (W. Kelly, Exposé de la première épître à Timothée). Timothée, qui avait une tâche particulière à remplir dans ce domaine, n’était pas le seul à être appelé à garder ce trésor précieux. Il est demandé à tous les croyants de combattre pour la foi qui a été une fois transmise aux saints (Jude 3). Garder la vérité de Dieu va de pair avec la vigilance contre la fausse doctrine. C’est pourquoi il est demandé à Timothée de se détourner des discours vains et profanes et de l’opposition de la connaissance faussement ainsi nommée. L’histoire de l’Église nous apprend que dans les premiers siècles du christianisme, spécialement en Orient, il y avait une fausse doctrine largement répandue, la Gnose. Ce mot grec signifie « connaissance » ; c’est le même que celui utilisé ici. En examinant les passages de 4:1 et suivants, et 6:3-5, j’ai déjà souligné cette fausse doctrine, qui a été si dévastatrice par la suite. La connaissance faussement ainsi nommée dont Paul parle ici n’était certainement pas le système dans son plein développement qui s’est manifesté quelques décennies plus tard. Mais ici et dans l’épître aux Colossiens, on en reconnait certainement déjà les prémices. Le gnosticisme cherchait à soumettre Dieu et Sa révélation à l’intelligence humain. L’homme se plaçait ainsi en juge de Dieu et de Sa Parole. Dieu qualifie ces enseignements de discours vains et profanes (cf. 2 Tim. 2:16) et d’opposition, et il constate qu’en professant cette erreur certains s’étaient écartés de la foi. Traduit littéralement, on dirait « … ils ont manqué la cible (le but) de la foi ». La foi est ici, comme le plus souvent, avec l’article, et signifie donc ce qui est cru, le contenu de la foi chrétienne.
La lettre se termine par les mots : « La grâce soit
avec toi », ou, comme le disent plusieurs bons manuscrits, « La grâce
soit avec vous
», comme dans la seconde épître. Il est plus
probable que les copistes ultérieurs de cette lettre adressée à une seule
personne aient rectifié le mot original « vous » en « toi »,
plutôt que l’inverse.
Timothée et avec lui les croyants d’Éphèse avaient certainement besoin de cette grâce. Nous aussi, nous en avons besoin journellement. C’est pourquoi l’apôtre Paul commence et termine chacune de ses épîtres par un souhait de grâce. Tout croyant connaît par expérience la grâce de Dieu qui sauve, Sa grâce qui préserve et Sa grâce qui restaure. Mais en outre notre vie pratique doit être remplie et caractérisée par cette grâce (cf. Actes 6:8 ; Col. 3:16 ; 4:6 ; 2 Tim. 2:1 ; Héb. 13:9 ; 2 Pierre 3:18). Nous avons besoin de cette grâce et nous la recevons jusqu’à la venue prochaine de notre Seigneur, dont la dernière annonce dans les Écritures est suivie des mots de conclusion encourageants et consolants : « Que la grâce du seigneur Jésus-Christ soit avec tous les saints » (Apoc. 22:21).