La puissance de l’évangélisation

W. J. Hocking


Bible Treasury vol. 16 p.252


1 - [Une activité paradoxale]

2 - [L’évangélisation en face de forces adverses]

3 - [L’évangélisation a débuté avec puissance]

4 - [La Parole de Dieu est vivante et opérante]

5 - [La puissance vient de Dieu]

6 - [Sagesse humaine et moyens de l’homme en contraste avec la puissance de l’Esprit]

7 - [Pas besoin de rendre l’évangile attrayant]

8 - [Usage de la musique, dans le passé et aujourd'hui selon la Parole]

9 - [Attraction fictive et superficielle]

10 - [La fin ne justifie pas les moyens]

11 - [Ne pas sous-estimer la puissance de l’Esprit et de la Parole]


1 - [Une activité paradoxale]

La prédication de l’Évangile est soit une chose faible, étrange et méprisable, soit le moyen divinement donné et honoré du salut de l’homme, pour la gloire de Dieu. Prêcher Jésus Christ et Jésus Christ crucifié pourrait paraître une occupation bien digne de ridicule, si Christ n’était pas à la fois « la puissance de Dieu » et « la sagesse de Dieu ». Insensée aux yeux des hommes, elle réussit néanmoins là où la sagesse la plus profonde de l’homme échoue totalement : car, aussi paradoxal que cela puisse paraître, la Parole de Dieu déclare : « Puisque, dans la sagesse de Dieu… il a plu à Dieu, par la folie de la prédication, de sauver ceux qui croient » (1 Cor. 1:21).


2 - [L’évangélisation en face de forces adverses]

Cependant, aussi béni que soit, sans aucun doute, le fait de considérer la position d’un évangéliste comme une position digne, celle d’ambassadeur de Christ, cela n’est pas mon but pour l’instant. Demandons-nous plutôt quelle est la puissance d’un évangéliste. Car si le serviteur de Dieu n’a pas l’intelligence divine à cet égard, une étude des forces en présence a certainement de quoi décourager, et on se mettra probablement bientôt à rechercher des alliances non bibliques pour répondre au besoin supposé. L’homme naturel n’est-il pas en inimitié directe avec la vérité de Dieu ? Non seulement elle est pour lui de la folie, mais elle attise ses passions impies, comme elle l’a déjà fait spécialement contre notre Seigneur Jésus Christ — Lui qui est la Vérité — qui a d’abord été envié, haï, méprisé, puis crucifié. En outre, l’incroyant trouve dans ses associations avec le monde tout ce qui répond à ses appétits charnels, et cela tend à l’enfoncer dans son éloignement de Dieu. Satan, le dieu de ce monde, s’oppose activement au Seigneur Jésus, usant d’une subtilité consommée pour entraver l’œuvre de l’évangile et pour entraîner les âmes en enfer. Quelle puissance l’évangéliste a-t-il pour vaincre l’antagonisme naturel à l’homme quant à son sujet, auquel se rajoutent les influences desséchantes du monde et de Satan ? En vérité, il n’en a aucune ; il est impuissant ; cependant, dans la grâce et la sagesse de Dieu, il ne part pas en guerre à ses propres frais. Le Seigneur Jésus, avant de quitter corporellement les Siens qui devaient être Ses témoins dans le monde, a promis d’envoyer l’Esprit de Dieu qui devait demeurer dans les saints et agir par l’intermédiaire de Ses vases choisis. Dans quel but ? celui de convaincre le monde de péché, de justice et de jugement (Jean 16:8). « Non par des paroles persuasives de sagesse, mais par une démonstration d’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2:4).


3 - [L’évangélisation a débuté avec puissance]

Ainsi, à la Pentecôte, un pêcheur galiléen, rempli du Saint-Esprit, accusa les Juifs d’avoir crucifié Jésus de Nazareth, l’élu de Dieu. Le résultat de ce témoignage fut la conversion de trois mille Juifs au cou raide et au cœur endurci. En commençant ainsi, le témoignage de Jésus dans la bouche d’un homme simple et sans instruction a été reconnu comme la puissance de Dieu pour le salut par des prêtres juifs et des courtisans romains, des eunuques éthiopiens et des esclaves fugitifs, des délégués impériaux et des geôliers ordinaires. Quel était le secret ? Tout simplement que les hommes parlaient par le Saint-Esprit qui leur avait été donné (Actes 5:32).


4 - [La Parole de Dieu est vivante et opérante]

Mais il y a une autre chose à considérer. Alors que le Saint-Esprit est le grand témoin personnel et la puissance de témoignage pour Christ dans le monde (Jean 14:26), la Parole écrite est la révélation de Dieu à l’homme, qui le jugera au dernier jour (Jean 14:48). Venant de Dieu, elle est chargée d’une autorité et d’une puissance divines. Mépriser ses caractéristiques uniques est aussi funeste pour le prédicateur (*) que pour l’auditeur. « La parole de Dieu », dit le Saint Esprit de Dieu, « est vivante et opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur » (Héb. 4:12). Cette puissance n’est pas perdue à l’époque où nous vivons. Au contraire, contrairement aux choses éphémères qui nous entourent, la « parole du Seigneur demeure éternellement. Or c’est cette parole qui vous a été annoncée » par l’évangile » (1 Pierre 1:25). Que le serviteur de Dieu prenne donc garde de ne pas estimer trop légèrement ce qui est l’épée de l’Esprit (Éph. 6:17), et qui seul peut agir efficacement en ceux qui croient (1 Thess. 2:13).


(*) Il n’est question ici que de résultats immédiats.


5 - [La puissance vient de Dieu]

Il est donc évident que la puissance du témoignage pour Christ dans l’évangile doit être le Saint Esprit opérant par la parole de Dieu. En vérité, « nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance vienne de Dieu et non de nous » (2 Cor. 4:7). Par la prière, le serviteur de Christ confesse cela et établit que sa suffisance vient de Dieu. Voyez un résumé remarquable de ces éléments dans un témoignage honoré pour Dieu : « Lorsqu’ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé ; ils furent tous remplis du Saint Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse » (Actes 4:31).


6 - [Sagesse humaine et moyens de l’homme en contraste avec la puissance de l’Esprit]

Ce principe fondamental de l’évangélisation, à savoir que sa puissance vient toujours de Dieu et jamais de l’homme, ne saurait jamais être trop présent à notre esprit. En effet, compléter cette puissance par un quelconque dispositif humain, modelé soit à partir d’éléments du monde, soit à partir des idées ou du goût de l’homme, c’est mettre en doute la suffisance de cette puissance et ignorer l’avertissement solennel de 2 Corinthiens 6 contre le mélange de la lumière et des ténèbres. Le fait que le grand apôtre des Gentils ait agi dans une entière dépendance de la puissance de Dieu ressort clairement de 1 Cor. 2. Lorsque Paul se rendit à Corinthe, il savait qu’il avait affaire à des gens qui se laissaient facilement persuader par des phrases bien tournées ou des discours passionnés, sans se soucier de la vérité ou de la fausseté de ce qui était dit. Et si l’on présentait d’une manière philosophique une spéculation compliquée ou une abstraction subtile de la pensée, on gagnait rapidement des auditeurs attentifs et admiratifs. Il y avait donc là des moyens d’attirer les Corinthiens à sa prédication et de rendre l’évangile agréable et populaire. Comment ce serviteur de Dieu, Paul, procéda-t-il ? Il le dit lui-même : « Et moi, frères, quand je suis allé auprès de vous, ce n’est pas avec excellence de parole ou de sagesse que je vous ai annoncé le témoignage de Dieu. Car je n’ai pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi vous, si ce n’est Jésus Christ et Jésus Christ crucifié. J’ai été parmi vous dans la faiblesse, dans la crainte et dans un grand tremblement. Et mon discours et ma prédication n’ont pas été des paroles persuasives de sagesse humaine, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance, afin que votre foi ne repose pas sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Cor. 2:1-5). Paul savait que si les Corinthiens n’étaient attirés à Christ simplement que par son éloquence ou ses raisonnements, c’est-à-dire par la « sagesse » du monde, ils seraient édifiés sur des fondations de sable. Il faut une œuvre divine pour produire une foi divine ; c’est pourquoi l’apôtre s’abstenait soigneusement d’utiliser quoi que ce soit qui puisse devenir, sous l’influence de Satan, une fausse base pour leurs âmes.


7 - [Pas besoin de rendre l’évangile attrayant]

Ce principe ne s’applique-t-il pas aujourd’hui ? Les évangélistes doivent-ils adopter les choses agréables de l’homme, les nouveautés de l’époque, ou quoi que ce soit d’autre pour rendre l’évangile de Dieu attrayant pour le monde ? L’évangile est en effet considéré comme puissant — la puissance de Dieu en salut à quiconque croit (Rom. 1:16) ; mais doit-il jamais être rendu « attrayant » ? Le cœur de l’homme qui a rejeté non seulement les paroles et les œuvres de Christ, mais aussi la bonté morale et la gloire divine dans Sa personne, n’est pas plus disposé aujourd’hui à accepter la grâce et la vérité de Dieu dans l’histoire de Son amour et de Sa honte sur le bois de la croix. Les hommes se cachent toujours dans les ténèbres et détestent la lumière. Comment donc pourrait-on rendre la vérité « attrayante » pour eux sans en pervertir le caractère ? Le prédicateur doit-il s’en tenir à la vérité de Dieu dans sa sainte puissance et sa simplicité pour éveiller la conscience de l’homme ou doit-il, en ce vingt-et-unième siècle qui est le nôtre, utiliser des moyens par lesquels l’homme charnel sera attiré, gratifié, apaisé, argumenté et convaincu d’accepter l’Évangile ? Il est certain qu’en compromettant ainsi la vérité de Dieu, on cherche plutôt à plaire aux hommes qu’à être fidèle à Christ et à l’évangile. Comment ose-t-on rabaisser la valeur du témoignage au point de l’atténuer pour qu’il corresponde aux préjugés des inconvertis (2 Cor. 2:17) ? Ce n’est même pas faire preuve d’honnêteté envers les hommes à qui l’on s’adresse, et encore moins envers le Dieu que l’on sert.


8 - [Usage de la musique, dans le passé et aujourd'hui selon la Parole]

Mais si ce faux principe est à la base de la « prédication attrayante », il entache également ce que l’on peut appeler les « accessoires attrayants » de l’Évangile. La musique et le chant ont incontestablement une influence considérable sur un grand nombre de personnes. Cependant, aussi bons qu’ils puissent être à leur place, il est d’autant plus nécessaire que l’Écriture en justifie l’usage. Les descendant de Caïn, chassés de la présence de Dieu, se contentèrent au pays de Nod de la harpe et de la flûte (ou orgue) (Gen. 4:21). Voir aussi Job 21:12. Dans l’histoire d’Israël, les instruments de musique ont joué un rôle religieux non négligeable. Mais c’était à l’époque où l’homme dans la chair était invité à donner à Dieu le meilleur de lui-même ; c’est pourquoi une belle maison, de belles décorations, de la belle musique et de beaux chants avaient leur place. Mais ces choses, en tant que faites devant Dieu, ne sont-elles pas du passé ? Ne font-elles pas partie des misérables éléments du monde (Gal. 4:9), qui n’étaient que des types et des ombres de l’Antitype, Christ Lui-même, intervenu depuis longtemps et qui seul demeure avec nous ? L’adoration se fait maintenant en esprit et en vérité, et non dans la chair ou dans la forme. La mélodie n’est pas dans les instruments à vent ou à cordes, mais dans le cœur : « Chantez et psalmodiez de votre cœur au Seigneur » (Éph. 5:19).


9 - [Attraction fictive et superficielle]

Que les croyants chantent dans l’assemblée ou lors de réunions d’évangélisation, leurs hymnes ne sont-ils pas l’expression de leur cœur à Dieu ? Si les saints ne chantent pas pour Dieu, pour qui chantent-ils ? Veut-on vraiment qu’ils chantent pour attirer les inconvertis ? Qu’est-ce que c’est qu’avilir les louanges de Dieu pour en faire un appât destiné à attirer les hommes naturels dans les salles de réunion ? Est-ce du respect et de la crainte de Dieu ? Ou devons-nous nous efforcer de combiner la louange de Dieu et l’attraction des hommes dans la même action ? Évoquer un tel mélange de motifs, c’est vraiment le condamner ; est-ce, oui ou non, la réalité ? Est-ce pour imiter les apôtres et ses compagnons ? ou les prédicateurs sont-ils plus sages aujourd’hui ? Non ! le principe du chant est, et il faut qu’il soit pour Dieu. Quelle place alors pour les orchestres et les effets choraux, ou les solos ? Laissons-les à ceux qui prêchent peu ou pas du tout la vérité. C’est un péché et une honte d’introduire dans la prédication les éléments du monde et du judaïsme, dont nous avons été délivrés par la mort du Christ (Col. 2). Je ne me fie pas à l’argument utilitaire, c’est-à-dire à plaider le succès dans les choses divines, alors que notre premier appel est d’obéir à Dieu seul. Mais si la musique et le chant cultivé agissent puissamment sur les sentiments et l’imagination de beaucoup, combien de fois ne supplantent-ils pas le Christ dans l’âme ! Il y a eu en un temps où des gens sont venus au Seigneur en suivant leur simple goût dans leurs pensées ou sentiments. La parole qui les concerne est solennelle : « Lorsqu’il était à Jérusalem, à la Pâque, le jour de la fête, beaucoup crurent en son nom, à la vue des miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait pas à eux, parce qu’Il connaissait tous les hommes, et qu’Il n’avait pas besoin qu’on rendît témoignage au sujet de l’homme, car il connaissait ce qui était dans l’homme » (Jean 2:23).


10 - [La fin ne justifie pas les moyens]

Certains diront que leur objectif étant la gloire de Dieu dans le salut des âmes, la manière ou les moyens sont indifférents. Cela ne ressemble-t-il pas à l’excuse audacieuse du pécheur dans Romains 3 ? « Si, par mon mensonge, la vérité de Dieu a surabondé pour sa gloire, pourquoi suis-je aussi jugé pécheur ? » Est-ce là un motif pour l’homme mortel ? C’est en effet le vieux sophisme de Satan : « Faisons le mal pour que le bien arrive ».


11 - [Ne pas sous-estimer la puissance de l’Esprit et de la Parole]

Que les serviteurs de Dieu prennent donc garde de ne pas sous-estimer la puissance de l’Esprit et de la Parole. Personne ne niera que beaucoup de choses, de nos jours, tendent à rabaisser le caractère de la vérité de Dieu, au point que nous négligeons et oublions la puissance de Dieu dans l’Évangile. Faire appel de diverses manières à la nature charnelle de l’homme, c’est ne pas tenir compte du témoignage du grand apôtre des nations : « En marchant dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair, car les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par Dieu pour renverser les forteresses. Nous renversons les raisonnements et toutes les choses qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu, et nous ramenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ » (2 Cor. 10:3-5).


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