William Kelly (tous les sous-titres ou titres de paragraphes sont des ajouts de bibliquest)
Lectures, selon STEM Publishing et aussi ouvrage publié en livre
Matthieu 3 à 7 et 17 à 19 : traduction en cours.
Table des matières abrégée :
16 - Matthieu 23 — Contre les professants. Le Judaïsme encore reconnu
Table des matières détaillée :
1.1.1 - Exactitude parfaite de la Parole de Dieu
1.1.2 - Beaucoup de citations de l’Ancien Testament en Matthieu
1.1.3 - Le rejet du Messie et ses conséquences, un sujet dominant en Matthieu
1.1.4 - Pourquoi Matthieu était-il approprié pour écrire cet évangile ?
1.1.5 - Sagesse de Matthieu dans l’introduction de son récit du Messie
1.2 - Ch. 1:1-17 — La généalogie
1.2.1 - La généalogie de Luc remonte à Adam : l’évangile de la grâce apparue à tous les hommes
1.2.2 - La généalogie de Matthieu passe par David et Abraham
1.2.3 - 1:2 — Juda et ses frères
1.2.4 - Mention de Tamar : des taches que l’homme aurait préféré cacher
1.2.5 - Mention de Tamar : le propos de grâce de Dieu
1.2.8 - Une origine misérable pour montrer la grâce dans l’évangile comme celle d’autrefois
1.2.10 - La mention de ces 4 femmes préparait à un Messie tel que Jésus
1.2.11 - Omissions de la généalogie
1.2.12 - Omissions de la descendance d’Athalie
1.2.13 - Garder le sentiment de sa propre ignorance
1.2.14 - 1:17 — La généalogie divisée en 3 sections
1.3 - Ch. 1:18-25 — Joseph comme père légal
1.3.3 - Les différences entre l’évangile de Luc et celui de Matthieu
1.3.4 - 1:21 — Son nom : Jésus, l’Éternel Sauveur
1.3.5 - 1:22-23 —Emmanuel : Dieu et homme, selon le témoignage d’Ésaïe et Matthieu
2.1 - Le dessein du Saint Esprit en Matthieu : présenter le vrai Messie et Son rejet
2.2 - Ch. 2:1-11 — Circonstances entourant la naissance
2.2.1 - 2:1-2 — Un long temps entre la vision de l’étoile par les mages et leur arrivée à Jérusalem
2.2.2 - 2:9 — Naissance du Roi : Une étoile devait surgir de Jacob, un sceptre sortir d’Israël
2.2.3 - 2:3-6 — Le lieu de naissance du Messie était connu de ceux qui ne L’aimaient pas
2.2.4 - La naissance à Jérusalem est donnée à connaître par les mages
2.2.5 - Jérusalem : Connaissance religieuse sans cœur pour Dieu
2.2.6 - 2:7,16 — Le temps de la naissance par rapport à la visite des mages
2.2.7 - Luc : Naissance à Bethléhem selon la prophétie à cause d’un recensement
2.2.8 - Matthieu : Dieu prend soin de ceux qui sont fidèles aux lumières qu’ils ont reçues
2.2.9 - Les étrangers reconnaissant le vrai Roi sans avoir égard au faux roi — Image du futur
2.2.10 - Les circonstances suivant la naissance dans Luc
2.2.11 - Pour conclure : Rejet du Messie par Israël dès Sa naissance, les Gentils le reconnaissent
2.3 - Ch. 2:12-18 — La fuite en Égypte
2.3.1 - 2:12-13 — L’incrédulité sous l’emprise de Satan, mais Dieu démasque
2.3.2 - 2:15 — La prophétie d’Osée sur Israël appliquée à Jésus
2.3.3 - 2:15 — Christ devait avoir participé aux épreuves de Son peuple
2.3.4 - 2:16-18 — L’hostilité contre Israël liée à son rapport avec Christ
2.4 - Ch. 2:19-23 — Retour à Nazareth
2.4.1 - Israël pas prêt à recevoir l’Éternel-Jésus
2.4.2 - 2:23 — Les
prophètes, l’esprit des prophètes
2.4.3 - L’incrédulité de l’homme empêche la bénédiction de Dieu
2.4.4 - Le début du livre contient en germe tout ce que la fin montrera
3.1 - Variété entre les évangiles
3.2 - Les spécificités de Matthieu
3.2.1 - Jésus, Celui qui devait sauver le peuple de leurs péchés
3.2.2 - Jésus en contraste avec Moïse. Un royaume terrestre, un Roi céleste
3.2.3 - Ordre non chronologique de Matthieu (surtout ch. 8) en vue de montrer le rejet de Jésus
3.2.4 - Détails montrant l’ordre non chronologique dans Matthieu
3.2.4.1 - Ordre non chronologique à propos de Matt. 8:1-4
3.2.4.2 - Ordre non chronologique à propos de Matt. 8:14-15
3.2.4.3 - Ordre non chronologique à propos de Matt. 8:16-17
3.2.4.4 - Conclusion sur l’ordre chronologique : Quant à Matt. 8, c’est Marc qui le donne
3.3 - Ch. 8:1-4 : La guérison du lépreux placée en premier : portée de cette guérison
3.4 - Ch. 8:5-13 — Guérison du serviteur du centurion
3.4.1 - Introduction des Gentils quand les Juifs ignorent Celui qui est l’Éternel-Dieu
3.4.2 - La foi en Celui qui n’a qu’à prononcer une parole : pas besoin d’une présence visible
3.4.3 - Ceux de la nation qui rejette Christ sont rejetés, tandis que les Gentils sont reçus
3.4.4 - Le lien entre les récits de la guérison du lépreux et celle du serviteur du centurion
3.5 - Ch. 8:14-17 — Guérison de la belle-mère de Pierre : le Seigneur n’oublie pas Israël
3.6 - Ch. 8:18-22 — Ce que suivre le Seigneur implique
3.6.1 - De nouveau des récits hors de leur place chronologique
3.6.2 - L’homme naturel ne peut pas suivre le chemin du « Fils de l’homme »
3.6.3 - L’appel du Seigneur passe avant tout
4.2 - Rappel de la portée du ch. 8
4.2.2 - La volonté et la puissance d’ôter la souillure
4.2.3 - Dieu dans la plénitude de Sa grâce — pour les Juifs, à défaut pour les Gentils
4.3 - Ch. 9:1-8 — La guérison du paralytique
4.3.1 - 9:1 — Capernaüm, une ville privilégiée, qui sera l’objet d’un jugement plus sévère
4.3.2 - 9:2-5 — Condamné par les scribes
4.4 - Ch. 9:9-13 — L’appel de Matthieu
4.5.1 - 9:14-15 — Absurdité de jeûner alors que la source de toute la joie était là
4.9 - Ch. 9:34 — Le rejet ultime par le blasphème contre le Saint Esprit
4.10 - Changements de l’œuvre à la suite du rejet de 9:34
5.1 - Ch. 9:36-38 — Les brebis qui n’ont pas de berger et le besoin d’ouvriers dans la moisson
5.2.1 - Une mission envers les brebis perdues d’Israël
5.2.2 - Un pouvoir conféré aux disciples
5.2.3 - Différence d’avec l’appel de Paul et sa mission en vue de l’Église
6.4 - Ch. 11:11b — le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui
6.4.1 - Ch. 11:11b — un nouvel ordre de choses
6.4.2 - Ch. 11:11b — ce qu’est le royaume des cieux
6.4.3 - Ch. 11:11b — ce qui est l’objet de la foi maintenant
6.4.4 - Ch. 11:11b — différence entre le royaume promis et le royaume arrivé
6.4.5 - Ch. 11:11b — privilèges du croyant aujourd’hui
6.4.6 - Ch. 11:11b — qui est le moindre
7.4 - Sabbat et jour du Seigneur ou journée dominicale
8.1 - Au ch. 12, une rupture de relations et une nouvelle famille
8.2 - Place des paraboles dans l’évangile de Matthieu
8.3 - Ch. 13:1-2 — Des paraboles sur le témoignage nouveau, chrétienté et christianisme
8.4 - Ch. 13:3a — Beaucoup de choses en paraboles
8.4.1 - Séries de sept et douze
8.5 - Ch. 13:3b — La première parabole : Un semeur qui sort pour semer
8.5.1 - Ch. 13:4 — La semence tombée le long du chemin
8.5.2 - Ch. 13:5-6 — Le terrain rocailleux
8.5.3 - Ch. 13:7 — Les épines qui étouffent la semence
8.5.4 - Ch. 13:8-9 — La bonne terre
8.5.5 - Ch. 13:10-17 — Raison d’être des paraboles
8.5.6 - Ch. 13:18-23 — Explication de la parabole du semeur
8.5.6.1 - Comprendre dans Matthieu, croire dans Luc
8.5.6.2 - 13:19 — Le méchant qui ravit la semence
8.5.6.3 - 13:20 — La semence dans les endroits rocailleux
8.5.6.4 - 13:20 — La semence parmi les épines
8.5.6.5 - 13:20 — La semence dans la bonne terre
8.6 - Ch. 13:24-30 — Première similitude du royaume
8.6.1.1 - Laisser croître l’ivraie n’est pas accepter le mal de l’Église
8.6.1.2 - Laisser croître l’ivraie n’a rien à voir avec la communion dans l’Église
8.6.1.3 - Le champ, c’est le monde, non pas l’église
8.6.1.4 - Parabole de l’ivraie seulement dans Matthieu
8.6.1.5 - Rassembler l’ivraie en bottes
8.6.1.6 - Échec de la profession chrétienne
8.6.1.7 - Ne pas se tromper sur la signification du champ et de l’ivraie
8.7 - Ch. 13:31-32 — Deuxième similitude du royaume : le grain de moutarde
8.8 - Ch. 13:33 — Troisième similitude du royaume : le levain dans la farine
8.9 - Ch. 13:34-43 — Les parabole dites dans la maison
8.9.2 - Complément d’information sur les premières paraboles
8.9.5 - Une époque différente de celle de l’évangile
8.9.6 - Triomphe du mal jusqu’à son renversement
8.9.8 - Les justes qui resplendissent et le royaume du Père
8.10 - Ch. 13:44 — Le trésor caché dans un champ
8.11 - Ch. 13:45-46 — La perle de grand prix
8.12 - Ch. 13:47-50 — Le filet jeté dans la mer
11.1 - Rappel du ch. 15 : désobéissance hypocrite et grâce souveraine
11.2 - Ch. 16: l’incrédulité, source de toute désobéissance
11.3.1 - Ch. 16:1 — Demande d’un signe pour éprouver Jésus
11.3.2 - Ch. 16:2-4 — L’incrédulité aveugle ne discerne pas Jésus → signe de Jonas
11.4 - Ch. 16:5-12 — Le levain des pharisiens et des sadducéens
11.4.1 - Déductions saines et mauvais raisonnements
11.4.2 - Gravité des fausses doctrines
11.5 - Ch. 16:13-20 — Croire Dieu
11.5.1 - Ch. 16:13-14 — La foi a des certitudes, elle n’a pas un simple point de vue
11.5.2.1 - Fils du Dieu vivant : une révélation d’une grande profondeur
11.5.2.2 - Un nouveau nom donné à l’occasion d’une nouvelle révélation de Dieu, 16:18
11.5.2.3 - Fils de Dieu : Confessé par Pierre, prêché par Paul
11.5.2.4 - L’annonce de ce que le Seigneur va bâtir, 16:18b
11.5.2.5 - Les portes du hadès ne prévaudront pas, 16:18c
11.5.2.6 - L’église annoncée et le royaume des cieux sont distincts, 16:19a
11.5.2.7 - L’Église du Fils du Dieu vivant
11.5.2.8 - Une révélation du Père
11.6 - Ch. 16:20-21 — Quand il ne fallait plus dire que Jésus était le Messie, car Il était rejeté
11.7 - Ch. 16:22-23 — Pierre appelé Satan car il ne voulait pas du chemin de souffrances
11.8 - Ch. 16:24-25 — Suivre Christ, et se renoncer soi-même
13.1 - [Parabole du « maître de la maison », ou parabole des « ouvriers de la onzième heure »]
13.1.1 - [Ch. 19:27-30 et parabole du ch. 20 : quelle place pour le souvenir de notre passé ?]
13.1.2 - [Souvenir des actes passés en rapport avec le culte collectif]
13.1.3 - [Ch. 20:1-2 — La grâce et la souveraineté de Dieu]
13.1.4 - [Ch. 20:1-2 — Cette parabole n’est pas en rapport avec le salut du pécheur]
13.1.5 - [Ch. 20:5-8 — Les derniers, les ouvriers de la onzième heure]
13.1.6 - [Ch. 20:9-12 — Dieu a le droit d’agir selon ce qui est dans Son cœur]
13.1.7 - [Ch. 20:13-16 — Pas de comparaison par rapport aux autres]
13.1.8 - [Premiers et derniers : comparaison de 20:16 et 19:30]
13.2 - [Ch. 20:17-28 — La demande de la mère des fils de Zébédée]
13.2.1 - [Ch. 20:20-21 — Une demande égoïste]
13.2.3 - [Ch. 20:22-23 — Ce qu’on peut partager des souffrances du Seigneur]
13.2.5 - [Ch. 20:24 — Indignation basée sur de mauvais motifs]
13.2.6 - [Ch. 20:25-28 — S’abaisser pour être grand. Servir et non pas être servi]
13.3 - [Les principes du royaume de Dieu]
13.3.2 - [La transfiguration et la position de l’Église]
13.4 - [Ch. 20:29-34 — Les deux aveugles de Jéricho]
13.4.1 - [Un témoignage rendu au Roi, fils de David]
13.4.2 - [Absence du récit de la résurrection e Lazare]
13.4.3 - [Contraste des guérisons de l’aveugle-né de Jean 9 et des aveugles de Jéricho]
14.1 - [Ch. 21:1-11 — Arrivée du Seigneur à Jérusalem]
14.1.1 - [Ch. 21:2-7 — L’ânon]
14.1.2 - [Ch. 21:8-11 — L’entrée à Jérusalem : Hosanna au fils de David]
14.2 - [Ch. 21:12-17 — L’entrée dans le temple]
14.2.1 - [Ch. 21:12-13 — Les marchands chassés du temple]
14.2.2 - [Ch. 21:14 — Guérison des aveugles et des boiteux]
14.2.3 - [Ch. 21:15-16 — La louange des enfants]
14.2.4 - [Ch. 21:17 — Le Seigneur abandonne le peuple Juif]
14.3 - [Ch. 21:18-22 — Malédiction du figuier : une portée symbolique]
14.4 - [Ch. 21:23-27 — L’autorité du Seigneur mise en question]
14.4.1 - [La question des chefs religieux manifeste leur éloignement de Dieu]
14.5 - [Ch. 21:28-32 — Parabole des deux fils devant travailler dans la vigne]
14.5.1 - [Deux classes de personnes. Les pires sont ceux qui ont les belles apparences]
14.5.2 - [Endurcissement, refus de reconnaître son état de péché, refus de repentance]
14.6.3 - [L’épreuve de l’homme achevée]
14.6.4 - [Jugement inexorable et passage à d’autres cultivateurs]
14.6.5 - [La mort de Christ, point culminant du péché de l’homme et tournant dans les voies de Dieu]
14.6.6 - [Ch. 21:42-44 — Conduite des conducteurs confirmée par les Écritures]
14.7 - [Ch. 21:45-46 — Conclusion du témoignage rendu par le Seigneur]
15.1 - [Ch. 22:1-14 — Parabole du roi qui fit des noces pour son fils]
15.1.3 - [Ch. 22:5-7 — Manques d’égards envers Dieu et opposition jusqu’au jugement final]
15.1.4 - [Ch. 22:8-10 — Le mal surmonté par le bien]
15.1.5 - [Il faut un état convenable pour les noces, mais il est seulement produit par la grâce]
15.1.9 - [Ch. 22:13, 14 — Celui qui est indifférent quant à ce que requiert la présence divine]
15.2 - [Ch. 22:15-46 — Les diverses classes d’Israël cherchant à juger et à piéger le Seigneur]
15.2.4 - [Ch. 22:41-46 — La question suprême : comment le fils de David est-il Seigneur de David]
16 - Matthieu 23 — Contre les professants. Le Judaïsme encore reconnu
16.1 - Rappel du chapitre 22 et généralités sur le chapitre 23
16.2 - Condamnation des gens religieux = professants
16.4.1 - Ch. 23:2-7 — La chaire de Moïse reconnue
16.4.2 - Le chrétien n’est pas dans la même position que les saints de l’Ancien Testament
16.4.3 - Ch. 23:4-7 — Usage des répréhensions du Seigneur pour nous
16.4.4 - Ch. 23:8-12 — Y a-t-il des conducteurs à respecter ?
17.1 - Pourquoi le Seigneur se met-il à parler prophétiquement
17.2 - Ch. 24:1 — Le temple mis de côté
17.3 - Ch. 24:2-3 — « Ta venue », c’est la présence du Seigneur. La bénédiction qu’elle implique
17.4.1 - Des préoccupations juives
17.4.2 - Danger de faux christ différent de danger d’esprits mauvais
17.4.3 - Dieu éclaire quand on fait Sa volonté
17.4.4 - L’ennemi a du pouvoir quand on tolère le péché
17.4.5 - Les disciples n’étaient pas encore sortis de leur position juive
17.5 - Ch. 24:5-6 — Un passage prophétique qui concerne des disciples Juifs
17.6 - Ch. 24:7-8 — Le chrétien n’a pas à être préoccupé de luttes terrestres
17.7 - Ch. 24:9-13 — Persévérer jusqu’à la fin
17.8 - Ch. 24:14 — L’évangile du royaume
17.9 - Ch. 24:15 — L’abomination de la désolation en rapport avec Daniel 12
17.9.1 - Prophétie sur des événements encore futurs, selon Daniel 12
17.9.2 - Le Seigneur ne parle pas de Daniel 8
17.9.3 - Un seul temps de grande tribulation
17.10 - Ch. 24:16-19 — Raisons de la différence des prophéties de Matt. 24 et Luc 21
17.11 - Ch. 24:20-21 — La prière en rapport avec le sabbat concerne des Juifs
17.12 - Ch. 24:22-26 — Des détails prophétiques qui ne visent pas l’Église
17.13 - Ch. 24:27-28 — Les aigles s’assemblant sur le corps mort
17.14 - Ch. 24:29-31 — Des signes en rapport avec Israël et après la tribulation
17.15 - Ch. 24:32-33 — Un figuier qui n’est pas stérile
17.16 - Ch. 24:34-35 — Ce que signifie « cette génération »
17.17 - Ch. 24:36-39 — Similitude avec le temps de Noé
17.18 - Ch. 24:40-41 — Un enlèvement pour le jugement, pas pour la bénédiction
17.19 - Ch. 24:42-44 — Un avertissement pratique aux pieux sur la terre pour qu’ils soient prêts
17.20 - Ch. 24:45 à 25:30 — Pour la chrétienté
17.21 - Double caractère de la venue du Seigneur
17.22 - Jour de Christ ou apparition du Seigneur
17.22.1 - Quand le Seigneur vient en jugement, des saints sortent du ciel et l’accompagnent
17.22.2 - Double caractère et double phase de la venue du Seigneur
17.22.3 - Jour de Christ et attribution des récompenses
17.22.4 - Apparition et exhortations à la fidélité
17.23 - Usage du mot « venue » du Seigneur plus large que l’apparition
17.24 - Ch. 24:45-47 — Le ministère chrétien dépend de Christ et s’exerce en faveur des croyants
17.25 - Ch. 24:48-49 — Le méchant esclave qui dit « le Seigneur tarde »
18.1 - Ch. 25:1-13 — Similitude du royaume : les dix vierges
18.1.1 - Ch. 25:1 — Signification des images utilisées. La vocation du chrétien
18.1.4 - Ch. 25:8-10 — Celle qui n’avaient pas d’huile
18.1.5 - Ch. 25:11-12 — La venue de l’Époux
18.2 - Ch. 25:14-30 — Parabole du Seigneur remettant Ses biens à Ses esclaves en Son absence
18.2.1 - Ch. 25:14-16 — Le Seigneur parti au ciel et les serviteurs en mission
18.2.2 - Ch. 25:15 — Comment le Seigneur donne aux serviteurs pour accomplir leur mission
18.2.3 - Ch. 25:19-21 — Les rétributions : le serviteur fidèle apprécie la bonté du Maître
18.2.4 - Ch. 25:24-27 — Les rétributions : le serviteur infidèle n’apprécie pas la bonté du Maître
18.2.5 - Ch. 25:21-23 — Le Seigneur rétribue
18.3 - Ch. 25:31-46 — Le jugement des vivants
18.3.2 - Ch. 25:31 — Le Fils de l’homme sur Son trône et les nations
rassemblées devant Lui
18.3.3 - Ch. 25:31 — Différences d’avec le jugement d’Apoc. 20
18.3.4 - Ch. 25:31 — Le Seigneur jugeant des personnes vivantes sur la terre
18.3.5 - Ch. 25:32 — Séance de discrimination
18.3.6 - Ch. 25:34 — Le Roi qui sépare
18.3.7 - Ch. 25:34 — L’épouse n’est pas vue ici. Le royaume est préparé dès
la fondation du monde
18.3.9 - Ch. 25:40 — Le critère de jugement : comment on a reçu les messagers du Roi
18.3.11 - Ch. 25:41 — Le feu éternel, préparé pour le diable et ses anges
18.3.12 - Ch. 25:42-15 — Le test : qu’est-ce que Christ pour vous
20.1 - Accomplissement des Écritures
21.1 - Absence du récit de l’Ascension
J’ai pensé qu’il serait utile de prendre l’un des Évangiles et de retracer, aussi simplement que le Seigneur m’en rend capable, les grandes lignes de la vérité qui y sont révélées. Je désire faire ressortir le but et le dessein particuliers du Saint Esprit, afin de fournir à ceux qui apprécient la parole de Dieu des indications susceptibles de résoudre certaines difficultés qui surgissent dans l’esprit de beaucoup ; je voudrais aussi mettre en lumière de grandes vérités que l’on a tendance à négliger. J’admets que l’Esprit de Dieu ne nous a pas donné ces récits au sujet de notre Seigneur sous l’influence des erreurs des hommes, mais qu’au contraire, Il a gardé Sa main puissante et infaillible sur ceux qui étaient des hommes ayant les mêmes passions que nous. En un mot, le Saint Esprit a inspiré ces récits pour que nous ayons la pleine certitude que Lui en est l’auteur, et qu’ils sont ainsi marqués de Sa propre perfection. S’il Lui a plu de nous donner plusieurs récits différents, il y a une raison divine pour chacun d’eux. En bref, Dieu a cherché Sa propre gloire en cela, et Il l’a assurée.
Or, il ne fait aucun doute, pour quiconque lit les évangiles avec tant soit peu de discernement, que le premier est remarquablement adapté pour répondre aux besoins des Juifs, et qu’il fait ressortir les prophéties de l’Ancien Testament et d’autres Écritures qui ont trouvé leur réalisation en Jésus. Par conséquent, dans cet Évangile il y a plus de citations de l’Écriture s’appliquant à la vie et à la mort de notre Seigneur que dans tous les autres évangiles réunis. Tout cela n’a pas été laissé à la discrétion de Matthieu. Il est évident que le Saint Esprit s’est servi de l’esprit de l’homme pour réaliser Son propre dessein ; mais ce que je veux dire en disant que Dieu a inspiré Matthieu dans ce but, c’est qu’il Lui a plu de garder et guider Matthieu parfaitement dans ce qu’il devait donner.
Outre qu’il présente notre Seigneur de manière à répondre au mieux aux pensées et aux sentiments, bons ou mauvais, d’un Juif, — outre qu’il fournit les preuves plus particulièrement nécessaires pour satisfaire ses pensées, il ressort à l’évidence du caractère des discours et des paraboles, que le rejet du Messie par Israël et les conséquences de ce rejet pour les non Juifs sont ici les grandes pensées dominantes du Saint Esprit. C’est pourquoi il n’y a pas de scène de l’ascension en Matthieu. Le Juif, s’il avait compris les prophéties de l’Ancien Testament, se serait attendu à un Messie qui vienne, souffre, meure et ressuscite « selon les Écritures ». Dans Matthieu, nous avons Sa mort et Sa résurrection, mais Il est laissé là ; et nous ne devrions pas savoir, seulement d’après les faits qu’il relate, que Christ est monté au ciel. C’était implicite dans certaines des paroles que Christ a prononcées ; mais Matthieu nous laisse avec Christ Lui-même encore sur la terre. Le dernier chapitre décrit, non pas l’ascension de Christ, ni Sa séance à la droite de Dieu, mais Ses paroles aux disciples ici-bas. Une telle présentation de Christ était spécifiquement ce que les Juifs avaient besoin de savoir. Elle leur convenait mieux qu’à tout autre peuple sur la terre.
Et qui a été l’agent employé, et avec quelle efficacité ? — Il était l’un des douze qui ont accompagné notre Seigneur depuis le début de Son ministère jusqu’à ce qu’Il soit enlevé d’avec eux. Dans cette mesure, bien sûr, il était un témoin évidemment compétent pour les Juifs, et beaucoup plus approprié que Marc ou Luc, qui n’étaient pas, pour autant que nous le sachions, des compagnons personnels du Seigneur. Or il y avait cette particularité que Matthieu était un publicain, ou collecteur d’impôts de profession. Bien que Juif, il était au service des Gentils, ce qui le rendait particulièrement odieux à ses compatriotes. Ils le considéraient avec plus de suspicion encore qu’un étranger. Cela pouvait paraître à première vue d’autant plus extraordinaire que le Saint Esprit emploie un tel homme pour rendre compte de ce que Jésus était le Messie. Mais souvenons-nous que l’évangile de Matthieu a tout du long un autre but, qui n’est pas seulement de faire le récit de Jésus comme le vrai Messie pour Israël, mais qui est de montrer Son rejet par Israël et les conséquences de leur incrédulité fatale : toutes les barrières qui avaient jusqu’alors existé entre les Juifs et les non Juifs sont renversées ; la miséricorde de Dieu s’épanche vers ceux qui étaient méprisés, et bénit les Gentils aussi facilement et aussi pleinement que les Juifs. Ainsi l’admirable convenance d’employer Matthieu le publicain, et sa cohérence avec la portée de sa tâche, apparaissent clairement.
Ces quelques remarques peuvent contribuer à montrer que l’emploi du premier des quatre évangélistes pour accomplir la tâche qui lui était assignée était tout à fait appropriée. Si notre objectif était d’examiner les autres, il serait tout aussi facile de montrer que chacun d’eux était exactement faits pour la tâche précise à accomplir. En parcourant cet évangile, vous serez frappés, je n’en doute pas, de la sagesse qui a choisi une telle personne pour faire le récit du Messie rejeté, méprisé par ces coupables qui étaient Ses frères selon la chair. Mais je me bornerai pour le moment à montrer avec quelle sagesse Matthieu introduit un tel récit du Messie. Car beaucoup ont dû être plus ou moins arrêtés par la liste préliminaire des noms, et ont peut-être demandé : Quel profit peut-on tirer d’une telle liste ? Mais ne passons jamais par-dessus quelque chose dans l’Écriture comme si c’était une affaire légère ou même douteuse. Il y a une signification profonde et bénie dans le récit que Matthieu donne de la généalogie du Seigneur. Je dois donc m’arrêter un peu sur la manière parfaitement belle dont l’Esprit de Dieu a retracé ici Sa lignée, et attirer brièvement l’attention sur la manière dont elle s’harmonise avec le récit divin de Jésus pour les Juifs qui voudraient constamment soulever la question de savoir si Jésus était vraiment le Messie.
On observera que la généalogie diffère ici totalement de celle que nous avons en Luc, où elle n’est pas donnée au début, mais à la fin du ch. 3. Ainsi, dans Luc, nous apprenons beaucoup de choses sur le Seigneur Jésus avant que Sa généalogie apparaisse. Pourquoi cela ? Luc écrivait aux non Juifs, dont on ne pouvait pas supposer qu’ils soient pareillement intéressés à Ses relations messianiques. Mais une fois qu’ils auraient appris en quelque mesure qui était Jésus, ils allaient être très intéressant de voir quelle était Sa lignée comme homme et de remonter jusqu’à Adam, le père de toute la famille humaine. Quoi de plus approprié que de Le relier au chef de la race, si le but était de montrer la grâce qui voulait s’étendre à toute l’humanité, la grâce salvatrice de Dieu qui est apparue à tous les hommes (Tite 2:11) ? On pourrait placer cette parole de Tite 2 comme un frontispice de l’évangile de Luc. Il s’agit de la grâce de Dieu dans la personne de Son Fils, devenu homme, et lié par Son humanité à toute la famille humaine, bien que la nature en Lui ait été toujours, seulement et absolument sainte.
Mais ici, dans Matthieu, on se trouve sur un terrain plus étroit, circonscrit à une certaine famille, la semence royale d’une certaine nation, le peuple élu de Dieu. Abraham et David sont mentionnés dans le tout premier verset. « Livre de la génération de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham » (1:1). Pourquoi ces deux noms sont-ils ainsi choisis, et pourquoi sont-ils réunis dans ce bref résumé ? Parce que toutes les espérances d’Israël étaient liées à ce qui avait été révélé à ces deux personnes :
Ainsi les premiers mots préparent d’entrée à l’ensemble de l’Évangile. Christ est venu avec toute la réalité du royaume promis au Fils de David. Mais s’Il était refusé en tant que fils de David, il y avait quand même en tant que fils d’Abraham, de la bénédiction non seulement pour les Juifs, mais aussi pour les non Juifs (Gentils). Il était en effet le vrai Messie ; mais si Israël ne veut pas de Lui, Dieu veut faire goûter Sa miséricorde aux nations pendant leur incrédulité.
Après avoir donné cette vue générale, nous en venons aux détails. Nous commençons par Abraham, en suivant la trace de Jésus non pas en remontant jusqu’à lui, mais en descendant à partir de lui. Tout Israélite commencerait par Abraham et serait intéressé à suivre les étapes de la lignée à partir de lui à qui tous se rattachent : « Abraham engendra Isaac, et Isaac engendra Jacob, et Jacob engendra Juda et ses frères » (1:2). Cette indication globale « Juda et ses frères », semble avoir de l’importance, à plus d’un titre. Elle montre que l’idée de notre évangéliste, dans cette partie du chapitre, n’a pas été de se contenter de copier les registres tenus par les Juifs. Nous pouvons être sûrs que les hommes ne se sont jamais enregistrés de cette manière. Pourtant, elle est évidemment dans la plus stricte harmonie avec cet évangile, car elle met en relief la tribu royale dont était issu le Messie (Gen. 49:10), tout en rappelant à la plus favorisée, que d’autres tribus, trop longtemps perdues de vue, n’ont pas été oubliées de Dieu, maintenant que Lui, Dieu, donne la généalogie de Son Messie.
« Et Judas engendra Pharès et Zara de Thamar » (1:3). Quelle est la raison d’introduire une femme, de nommer Tamar ici ? Il y avait des femmes de grande valeur dans la lignée du Messie — des personnes que les Juifs considéraient naturellement comme saintes et honorables. Quel cœur juif ne rayonnerait pas naturellement de sentiments forts de respect en entendant parler de Sarah et de Rebecca, et des autres femmes saintes et bien connues de l’histoire de l’Ancien Testament ? Mais elles ne sont pas mentionnées ici. En revanche, Tamar l’est. Pourquoi cela ? Il y a une grâce sous-jacente, très réprobatrice pour la chair, mais très précieuse à sa manière. Il y a quatre femmes, et seulement quatre, qui apparaissent dans la lignée, et sur chacune d’elles il y a une tache. Toutes les sources d’opprobre ou de honte ne sont pas de même nature. Or pour un Juif orgueilleux, toutes ces femmes sont liées à quelque chose d’humiliant — quelque chose qu’il voudrait avoir gardé dans l’obscurité. Oh, merveilleuse voie de Dieu ! Que ne peut-Il pas faire ? Combien il est frappant que le Saint Esprit n’attire pas ici l’attention sur celles qui auraient fait honneur aux yeux d’Israël — et même, qu’Il désigne spécialement celles qu’un Israélite charnel aurait méprisées ! Le Messie allait surgir d’une lignée où il y avait eu du péché lamentable. Et là où tout ce qu’il y a dans l’homme voudrait s’efforcer de cacher et d’oublier, l’Esprit de Dieu le met au plein jour, de sorte que cela ne figure pas seulement dans les registres éternels de l’histoire de l’Ancien Testament, mais c’est bien répété ici dans l’évangile. Ces femmes, sur lesquelles le jugement des hommes a laissé de telles traces infâmes, sont les seules qui nous soient spécifiquement présentées. Qu’est-ce que l’homme ? et qu’est-ce que Dieu ? Qu’est-ce que l’homme pour que de telles choses aient jamais eu lieu ? Et qu’est-ce que Dieu pour qu’au lieu d’en avoir honte, Il ait tiré ces histoires de l’obscurité et les ait mises en pleine lumière, célébrées, si je puis dire, dans la généalogie de Son propre Fils !
Ce n’est pas du tout comme si le péché n’était pas excessivement pécheur (Rom. 7:13), ni comme si Dieu prenait à la légère les privilèges de Son peuple, et la gloire de Son Fils ou ce qui Lui est dû. Mais Dieu, sentant que le péché de Son peuple est le pire de tous les péchés, et ayant pourtant introduit par ce Messie Le Seul qui pouvait sauver Son peuple de ses péchés, Il n’hésite pas à mettre leur péché face à la grâce qui pouvait et voulait le faire disparaître. Les Juifs pensaient-ils que c’était un scandale ou un déshonneur fait au Messie ? C’est de cette même semence que devait naître leur Messie, et d’aucune autre lignée. Elle était réduite à la maison de David, et à la lignée de Salomon, et c’était eux qui étaient dans la lignée directe du fils de Juda, Pharès. Aucun Juif ne pouvait se soustraire à cette difficulté. Combien cela nous apprend ! Si le Messie daigne se lier à une telle famille — si Dieu se plaît à ordonner les choses de telle sorte que Son propre Fils, le Saint d’Israël, naisse de cette souche selon la chair — il est certain que personne ne peut être trop mauvais pour être accueilli par Lui. Il est venu pour « sauver Son peuple de ses péchés » (1:21), et non pour trouver un peuple qui n’avait pas de péchés. Il est venu avec tout pouvoir de sauver : Il a montré Sa grâce par la famille même dont Il s’est plu à être une branche — ou plutôt La branche. Dieu n’est jamais confondu ; par grâce, celui qui croit, ne l’est pas non plus, parce qu’il s’appuie sur ce que Dieu est pour lui. Nous ne pouvons jamais être quelque chose pour Dieu, tant que nous ne savons pas que Dieu est tout pour nous et envers nous. Mais quand nous connaissons le Dieu et Père tel que Jésus nous le révèle, d’un côté plein de bonté, et de l’autre sans aucune obscurité en Lui, que ne pouvons-nous pas attendre de Lui ? Qui ne pourrait pas maintenant être né de Dieu ? Quelqu’un serait-il tel qu’un tel Dieu voudrait le rejeter ? Une pareille allusion en Matthieu 1 ouvre la voie aux merveilles de la grâce qui apparaissent par la suite. En un sens, personne n’a une position de privilèges anciens comme les Juifs ; pourtant, même en ce qui concerne le Messie, voilà le récit que le Saint Esprit donne de Sa lignée. Aucune chair ne se glorifiera en présence du Seigneur.
Mais ce n’est pas tout. « Pharès engendra Esrom… et Salmon engendra Booz de Rachab » (1:3-5). Et qui et qu’était-elle ? Une non Juive (Gentil), et autrefois prostituée ! Mais Rahab est sortie de tout ce qui était à elle — s’est séparée de tout ce qui était sa part par nature. Et elle se trouve ici, dans cet évangile de Jésus écrit pour les Juifs — pour ceux-là mêmes qui Le méprisèrent et Le haïrent parce qu’Il voulait s’occuper d’une non Juive (Gentil). Rahab était déjà désignée pour le ciel, et aucun Juif ne pouvait le nier. Elle fut visitée par Dieu, elle fut délivrée extérieurement et intérieurement par Sa puissante grâce, elle fut insérée dans Israël sur la terre, et en fit partie — ce qui était bien une grâce souveraine — elle fit partie de la lignée royale d’où devait sortir le Messie, et d’où, en fait, est né Jésus, qui est Dieu sur toutes choses béni éternellement. Oh, quelles merveilles de grâce nous apparaissent lorsque nous nous arrêtons à cette simple liste de noms que l’incrédulité voudrait dénigrer comme n’étant qu’un appendice desséchant, sinon incorrect, de la parole de Dieu ! Mais la foi dit : je ne peux pas me passer de la sagesse de Dieu. Il est certain que Sa sagesse brille dans tout ce qu’Il a écrit ici. Celui qui se glorifie doit se glorifier dans le Seigneur (1 Cor. 1:31 ; 2 Cor. 10:17).
Peut-être pensera-t-on que Rahab a été appelée à quelque époque ancienne ? Mais non : « Salmon engendra Booz de Rachab ; Booz engendra Obed de Ruth ; Obed engendra Jesse ; Jesse engendra David le roi ». Ruth, toute aimable qu’elle était, provenait pourtant d’une source particulièrement odieuse pour un Juif. Elle était une Moabite, et donc interdite par la loi d’entrer dans la congrégation de l’Éternel jusqu’à la dixième génération. L’Édomite ou l’Égyptienne étaient moins un sujet d’horreur, et leurs enfants pouvaient entrer dans la congrégation à la troisième génération (Deut. 23:3-8). C’est ainsi qu’est donné un témoignage encore plus profond que la grâce voulait s’épancher et bénir le pire des non Juifs (Gentils). Que ça plaise ou non aux Juifs, Dieu avait fait entrer Rahab, la païenne autrefois immorale, et Ruth, la douce fille de Moab, non seulement dans la nation, mais dans la lignée directe d’où devait surgir le Messie.
« Isaï engendra le roi David, et le roi David engendra Salomon de celle qui avait été femme d’Urie » (1:6). À quelques générations d’intervalle seulement, nous avons ces trois femmes qui, pour une raison ou une autre, morale ou cérémonielle, auraient été totalement méprisées et exclues par le même état d’esprit qui rejeta Jésus et la grâce de Dieu. Ce n’était donc pas une idée nouvelle, que la miséricorde divine s’étendant pour recueillir les exclus des Gentils, et se penchant sur ceux qui étaient vils pour les délivrer et les rendre saints. C’était une façon ancienne de faire de Dieu. Les Juifs ne pouvaient pas lire le rappel que Dieu donne de l’origine de leur Messie sans voir qu’il en était ainsi. Et aucun Juif ne pouvait nier que c’était le canal divinement prescrit. Ils devaient tous reconnaître que le Messie devait forcément venir de la lignée de Salomon. Oh, quelle grâce pour nous qui savons ce que nous avons été en tant que pauvres pécheurs parmi les non Juifs (Gentils), quelle misère était la nôtre, et cela à cause de la culpabilité et du péché ! « Et quelques-uns de vous, vous étiez tels ; mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu » (1 Cor. 6:11).
Ainsi, les premiers mots qui introduisent le Messie donnent la même vérité bénie, s’il y avait une oreille pour entendre, ou un œil pour voir, ce que Dieu avait en réserve et qu’Il leur montrait maintenant chez eux. Dans le dernier des cas mentionnés, il y avait quelque chose de plus humiliant que dans tout autre. En effet, si l’histoire de Tamar était misérable, il y avait dans son cas d’autres caractéristiques, fausses, corrompues et violentes qui rejoignaient celles de l’affaire d’Urie. Et c’était d’autant plus triste que la faute principale était celle de l’homme que Dieu s’était plu à honorer comme « le roi David ». Qui ne sait que de lui provient la confession personnelle de péché la plus profonde et la plus touchante jamais inspirée par l’Esprit de Dieu ? (Ps. 51). Pourtant, ici encore, nous constatons que celui qui avait été impliqué dans cette série d’horreurs, et qui avait prononcé ce psaume de confession douloureuse, c’était lui l’ancêtre direct du Messie. Ainsi, si les Juifs regardaient ceux dont le Messie était issu, Celui-ci aurait dû être tel que ses ancêtres terrestres. Mais Dieu enregistre l’exposé béni de Ses voies, à la fois pour gagner les plus durs, les plus orgueilleux et les plus pécheurs, et aussi pour la consolation et le rafraîchissement sans faille de ceux qui L’aiment.
Je n’ai pas besoin de m’attarder particulièrement sur les noms qui suivent. Nous pourrions voir péché sur péché, tache sur tache, entrelacés dans leurs diverses histoires. C’est un tissu continu de quoi faire rougir un Juif — ce qu’un homme n’aurait jamais osé, de lui-même, évoquer au sujet d’un roi qu’il voudrait honorer. Dieu, dans Son infinie bonté, ne permettait pas que ces choses soient tues. Il n’y a pas un mot sur des femmes venues après la fin de la liste de l’Écriture ; mais quel Juif pourrait contester les oracles vivants qui leur avaient été confiés ? Le fait de laisser de côté ce dont un Juif se glorifiait, et d’introduire ce qu’il aurait caché par honte, le tout dans une tendre miséricorde envers Israël, envers les pécheurs, — voilà qui était vraiment divin. Nous voyons par-là que la mention de ces quatre femmes est particulièrement instructive. L’homme ne pourrait pas en être à l’origine : notre place est d’apprendre et d’adorer. Chacune des femmes nommées est une femme que la nature aurait soigneusement exclue de l’histoire ; mais la grâce les a mises en relief. Ainsi, la vérité enseignée par ce fait ne devrait jamais être oubliée, et les Juifs qui voulaient connaître les prétentions de Jésus à être le Messie pouvaient apprendre ici ce qui était susceptible de préparer leur cœur et leur conscience à un Messie tel que Jésus. C’est un Messie venu à la recherche des pécheurs, qui ne voulait mépriser personne qui était dans le besoin, pas même un pauvre publicain ou une prostituée. Le Messie reflète si complètement ce que Dieu est dans Son saint amour, Il est si fidèle à tous les desseins de Dieu, Il est une expression si parfaite de la grâce qui est en Dieu, qu’il n’y a jamais eu dans Sa parole une pensée, un sentiment ou une parole de grâce, sinon ce que le Messie était venu maintenant concrétiser dans Ses rapports avec les pauvres âmes, et d’abord avec les Juifs.
Telle est donc la généalogie de Christ telle qu’elle nous est donnée ici. Il y a certaines omissions dans la liste, et des personnes d’une certaine érudition ont été assez faibles et audacieuses pour imputer à Matthieu une erreur qu’aucun élève intelligent d’école du dimanche n’aurait faite. Car un enfant peut copier ce qui était écrit clairement avant lui ; et évidemment Matthieu aurait pu facilement prendre l’Ancien Testament et reproduire la liste des noms et des générations selon les Chroniques et autres. Mais il y avait une raison divine pour omettre les noms particuliers d’Achazia, de Joas et d’Amatsia au verset 8 — trois générations. Comment se fait-il, nous nous permettons de demander, que l’apôtre Matthieu ait laissé tomber, bien sûr par inspiration, certains maillons de la chaîne ? L’Esprit de Dieu a voulu organiser l’ascendance de notre Seigneur en trois divisions de quatorze générations chacune. Or, comme il y avait en réalité plus de quatorze générations entre David et la captivité, il fallait en écarter quelques-unes afin d’égaliser les séries, et quatorze seulement sont donc enregistrées. En effet, si vous examinez les Écritures de l’Ancien Testament, vous constaterez qu’il n’est pas du tout rare, dans les généalogies, d’omettre certains maillons de la chaîne. Dans un certain passage (Esdras 7:3), il y a plus de deux fois une omission telle que dans notre verset. Or, c’est Esdras lui-même qui a écrit ce livre et, bien entendu, il connaissait sa propre ascendance bien mieux que nous. Et si l’un d’entre nous, en comparant avec d’autres passages, peut trouver les liens manquants, lui en était encore plus capable. Et pourtant, en donnant sa propre généalogie (chap. 7), l’Esprit de Dieu s’est plu à omettre pas moins de sept générations. Ceci est d’autant plus remarquable que nul ne pouvait exercer ses droits de sacrificateur s’il ne pouvait remonter jusqu’à Aaron sans que la succession soit mise en doute.
Je ne doute pas qu’il y ait eu des raisons spéciales pour cette omission là comme dans notre Évangile ; mais les motifs de telles omissions sont une question tout à fait différente. J’en ai nommé un. Il y avait plus de deux fois sept générations dans la seconde division au moins ; et c’est peut-être une des raisons pour lesquelles l’écrivain en a omis plusieurs. Mais pourquoi celles-ci en particulier ? Athalie, fille d’Achab, roi d’Israël, et femme de Joram, était ainsi entrée par mariage dans la maison royale de David, et ce fut une heure douloureuse pour Juda. Car Athalie, furieuse de la fin prématurée de son fils, le roi Achazia, s’est rendue coupable d’une tentative réussie de destruction de la descendance royale. Mais la destruction ne pouvait être totale, car cette famille avait été choisie parmi toutes les familles du peuple de Dieu, pour ne jamais s’éteindre entièrement jusqu’à la venue de Shilo. Il y eut un rejeton, mais un seul, que Jehoshéba sauva en le cachant dans la maison de l’Éternel. La lumière fut couverte sous un boisseau pendant un temps, mais elle ne s’éteignit pas. Le fils de David apparut alors. Ce fut une époque où Juda tomba dans des maux multiples et toujours plus profonds. Et tandis que le jeune Joas fut tiré de ses ténèbres, —le sacrificateur fut là pour l’oindre roi, et l’union des deux choses accomplit le grand dessein de Dieu : ainsi en sera-t-il lorsque les années de rébellion de l’homme contre Dieu seront accomplies. Il en sera de même lorsque les années de rébellion de l’homme contre Dieu seront accomplies. Celui qui a été longtemps caché et oublié sortira, et tous les ennemis seront foulés aux pieds ; alors Juda sera vraiment florissant sous le Roi, le vrai Fils de David. Car tout cela était le type de la réapparition prochaine du vrai Messie. Mais mon but n’est pas tant de m’attarder sur ce point que de demander et de suggérer brièvement pourquoi ces quelques rois ont été omis. La réponse semble être qu’ils sont issus d’Athalie. Ils ont donc été complètement ignorés. Dieu a marqué ainsi Son ressentiment face à l’introduction de cette race méchante et idolâtre de la maison d’Achab. Les descendants d’Athalie ne sont pas mentionnés jusqu’à la troisième génération. Cela semble être la raison morale pour laquelle trois personnes sont exclues à ce point précis. Puis, au verset 11, nous lisons : « Josias engendra Jéchonias et ses frères au moment de la déportation à Babylone ». Il est évident que la méthode est sommaire : Joakhaz que le peuple fit roi, n’a régné que trois mois, n’est pas indiqué, et Jehoïakim est souvent appelé du même nom que son fils Jechonias.
Mais je ne m’attarderai pas sur les moindres détails de la généalogie. La parole de Dieu est infinie ; et, quoi que nous apprenions, elle ne fait que nous mettre en état de découvrir notre ignorance. Lorsque les gens sont complètement dans l’obscurité, ils pensent qu’ils savent tout ce qu’il y a à savoir. Mais au fur et à mesure qu’on fait de réels progrès, on acquiert un sens plus profond du peu qu’on sait, et en même temps on a plus de patience envers les autres qui en savent, peut-être moins, et plus probablement davantage. L’intelligence spirituelle, au lieu de gonfler le cœur qui aime, produit un sentiment accru de sa propre petitesse. Lorsqu’il n’en est pas ainsi, il y a des raisons de craindre que l’esprit dépasse la conscience, et que tous deux soient loin d’être soumis au Saint Esprit.
Les générations sont divisées en trois sections différentes. La première va d’Abraham à David, l’aube de la gloire pour les Juifs. Lorsque le « roi » David fut là, ce fut l’éclat de midi pour Israël — tristement terni, il est vrai, et obscurci par le péché ; mais c’était quand même le midi du jour de l’homme en Israël.
La deuxième division va de là jusqu’à la déportation à Babylone. La troisième est celle de cette captivité jusqu’à Christ. Cette dernière est clairement le temps du soir de l’histoire passée d’Israël. Mais ce soir n’est pas la fin. Elle se termine par la lumière la plus brillante de toutes — type du jour où, au temps du soir, il y aura la lumière (Zach. 14:7). Tout comme le prophète Aggée parle de la maison de Dieu dans son état de l’époque comme n’étant rien en comparaison de sa première gloire, et dit : « La dernière gloire de cette maison sera plus grande que celle de la première, dit l’Éternel des armées » ; ainsi un plus grand que Salomon était ici. Bien qu’il y ait eu le déclin de la splendeur d’Israël, et qu’Israël soit maintenant [écrit au 19ème siècle] brisé et assujetti aux Gentils, le déclin enregistré se termine par la naissance du vrai Messie. Pendant toute la durée de la captivité, aucune persécution n’a pu détruire cette famille élue, car c’est d’elle que devait naître Jésus, le Messie de Dieu. Au moment où Jésus achève Sa carrière ici-bas, la chaîne peut sembler brisée à jamais en ce qui concerne la terre, mais elle doit simplement être rivée au trône de Dieu dans le ciel. Jésus est là, vivant à nouveau pour toujours. Et Jésus reviendra, et les Juifs verront et pleureront, même ceux qui sont écrits dans le livre ; et l’Éternel, leur roi, Jésus, moissonnera dans la joie ce qu’Il a semé dans les larmes (Ps. 126:5) et dans Son propre sang.
Mais regardons un peu le reste de ce qui nous est donnée sur
notre Seigneur Jésus dans ce chapitre. Joseph est spécialement mis en avant. La
généalogie elle-même est celle de Joseph, non pas de Marie. D’autre part, Marie
est la figure principale des deux époux dans Luc, et la généalogie qu’on trouve
en Luc est la sienne, je crois. Pourquoi cela ? Il était nécessaire, pour
un Juif, que Jésus soit l’héritier de Joseph. La raison en est que Joseph était
le descendant en ligne directe de la branche royale de la maison de David. Il y
a eu deux lignées qui sont descendues sans interruption jusqu’à ces jours-là — la
maison de Salomon et la maison de Nathan. Marie était la représentante de la
famille de Nathan, tandis que Joseph était le représentant de celle de Salomon.
Si Marie avait été mentionnée sans son lien avec son mari, il n’y aurait pas eu
de droit légal au trône de David. Il était nécessaire que le Messie naisse, non
seulement d’une vierge, ni d’une vierge fille de David, mais d’une femme légalement
unie à Joseph, c’est-à-dire, aux yeux de la loi, réellement sa femme. Ceci est soigneusement
enregistré ici pour l’instruction spéciale d’Israël ; car un Juif
intelligent aurait d’emblée posé cette question, et tout doit être encadré avec
une sainte jalousie. Les gens peuvent calomnier autant qu’ils le veulent, Marie
doit être épousée par Joseph, sinon le Seigneur Jésus n’aurait pas eu droit
proprement au trône de David, et c’est pourquoi l’accent n’est pas mis ici sur
Marie, mais sur Joseph, car la loi aurait toujours maintenu le droit de Joseph.
D’autre part, si Joseph avait été le vrai père, il n’aurait pas y avoir de Sauveur
du tout. Dans les faits, la merveille de la sagesse divine brille de façon
très visible, en faisant que Jésus soit légalement le fils de Joseph,
réellement le fils de Marie, et dans la vérité de Sa nature le Fils de Dieu
.
Et tous trois se rencontrent et fusionnent dans la personne de Jésus de Nazareth.
Il doit être l’héritier incontesté de Joseph selon la loi, et Joseph était
fiancé à Marie. L’enfant doit être né avant que Joseph ait jamais vécu avec Marie
comme sa femme, et cela nous est soigneusement montré ici.
« Or, la naissance de Jésus Christ arriva ainsi : Sa mère, Marie
étant fiancée à Joseph, avant qu’ils fussent ensemble, se trouva enceinte par
le Saint Esprit. Alors Joseph, son mari, étant juste, ne voulant pas en faire
un exemple public, eut l’intention de la répudier secrètement. Mais comme il pensait
à ces choses, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe », etc. (1:18-20).
Ici, l’ange apparaît à Joseph
en songe. Dans Luc, l’ange apparaît à Marie
.
Il en est ainsi dans Matthieu parce que Joseph était le personnage important
aux yeux de la loi ; et pourtant le Messie ne devait pas être, dans les
faits, le fils de Joseph. Toute l’intelligence de l’homme n’aurait pas pu
comprendre ces voies à l’avance ; toute sa puissance n’aurait pas pu arranger
les circonstances. Si la loi exigeait que Jésus soit l’héritier de Joseph, le
prophète exigeait qu’il ne soit pas le fils de Joseph, mais d’une vierge. Ce
dont l’homme avait besoin, c’est de Dieu dans l’abaissement ; le conseil
de Dieu c’était l’homme exalté. Comment tout cela, et bien plus encore,
devait-il être uni et réconcilié en une seule personne ? l’Éternel Jésus
est la réponse. « L’ange du Seigneur lui apparut en songe, et dit : Joseph,
fils de David, ne crains pas de prendre auprès de toi Marie, ta femme, car ce
qui a été conçu en elle vient du Saint Esprit » (1:20).
Dieu répond aux scrupules de l’Israélite pieux, et Il fait savoir l’honneur très distingué qu’Il a fait à Marie sous une apparence qui, pendant un moment, l’a troublée et affligée. Elle était exactement la vierge que Dieu avait prédite des centaines d’années auparavant : « Elle enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jésus » (1:21). Ici encore, Joseph devait être celui qui agit publiquement, tandis que dans Luc (Luc 1:31), c’est Marie qui donne le nom. La différence provient du point de vue que le Saint Esprit nous donne de la personne de notre Seigneur dans les deux évangiles. Dans Luc, Il prouve que Jésus, bien que divin, était tout à fait un homme — participant à l’humanité, en dehors du péché. Dans notre cas, il s’agit d’une nature humaine pécheresse ; dans son cas, Sa nature était sainte. C’est pourquoi, en parlant de Lui simplement en tant qu’homme, il est dit dans Luc (1:35) : « C’est pourquoi aussi la chose sainte qui naîtra de toi sera appelée Fils de Dieu ». Il était donc véritablement et proprement un homme, l’enfant de Sa mère vierge : et en plus, comme tel, Il est appelé Fils de Dieu. Dans cet évangile de Luc, un point important était de prouver Sa sainte humanité, de montrer comment Il pouvait être pleinement et convenablement un Sauveur des hommes, et se charger des malheurs et des misères des autres, et souffrir sur la croix pour l’état de péché — et faire tout cela Lui-même, Lui qui était Saint. Il était le Fils de Dieu, qui avait réellement pris la nature humaine dans Sa propre personne, qui était parfaitement et réellement un homme autant que chacun de nous ; Il était un homme sans péché, et pourtant saint, pas seulement innocent. Adam était innocent ; Jésus était saint. La sainteté ne signifie pas la simple absence de mal, mais la puissance intérieure selon Dieu de résister au mal. Quand Adam a été tenté, il est tombé. Jésus a été éprouvé par toutes les tentations, et Satan a épuisé ses ruses en vain. Tout cela convient parfaitement à l’Évangile de Luc, où il est montré que l’humanité propre de Jésus découle de Sa naissance (c’est-à-dire de Sa mère). Son droit légal au trône de David découle de Joseph, et Joseph est donc le personnage principal de l’Évangile de Matthieu.
Mais Il avait un titre supérieur à tous ceux que Joseph pouvait
transmettre, même de David ou d’Abraham, et cela allait être attesté par Son nom,
Son nom méprisé de Jésus, l’Éternel, le Sauveur. « Tu appelleras Son nom JÉSUS,
car c’est Lui qui sauvera Son peuple de leurs péchés ». Le peuple de l’Éternel était
Son
peuple ; et Il devait les sauver, non seulement de leurs ennemis,
mais de leurs péchés. Quel témoignage à
Lui et pour
eux ! Témoignage
béni à entendre pour toute âme pécheresse, tellement nécessaire pour un peuple
alors enflé d’espoirs sans bornes de grandeur terrestre dans leur Messie
attendu !
Ce n’est qu’ici, dans tous les évangiles, que nous entendons
parler de Jésus comme « Emmanuel ». C’est tout aussi instructif et beau, car les
Juifs étaient enclins à l’oublier. S’attendaient-ils à un Messie divin, un Messie
qui soit à la fois Dieu et homme ? Bien loin de là. Il n’y avait
relativement que peu de Juifs qui s’attendaient à quelque chose d’aussi
étonnant. Ils soupiraient dans l’attente d’un roi puissant et conquérant, mais simplement
un homme. Or ici, nous trouvons que le Saint Esprit, par leur propre prophète
Ésaïe, en plus de parler de Lui comme d’un homme, prend soin de montrer qu’Il
était beaucoup plus qu’un homme, qu’Il était Dieu (1:22, 23). Matthieu seul
fait ressortir ce témoignage clair du grand prophète évangélique — « Dieu avec
nous ». Dieu a si parfaitement pourvu ces pauvres Juifs, Il a développé les semences
négligées de leurs prophéties, Il a fait luire la lumière sur les parties
obscures de leur loi — de sorte que si un Juif rejetait le Messie, il le faisait
pour sa ruine éternelle. En plus d’être le fils de David et d’Abraham, Il était
Dieu avec nous
. Tel était le vrai Messie, et tel était le témoignage
rendu à Israël. Pouvaient-ils rejeter l’histoire de Matthieu, s’ils recevaient
la prophétie d’Ésaïe ? C’est en vain qu’ils adoraient Dieu, enseignant comme
doctrines des commandements d’hommes (15:9).
« Joseph se réveilla de son sommeil et fit comme l’ange du Seigneur le lui avait ordonné ; il prit sa femme et ne la connut pas avant qu’elle eût enfanté son fils premier-né, et il appela Son nom JÉSUS » (1:24, 25). Certaines des meilleurs manuscrits faisant autorité (Sinaï, Vat., etc.) omettent « son premier-né » et présentent donc simplement « un fils ». Or il n’y a aucun doute que ces mots sont authentiques dans Luc 2, d’où ils peuvent avoir été introduits ici. La forme la plus courte me semble suffisante pour le but de notre évangéliste.
Nous avons retracé ce qui aurait été d’un intérêt particulier pour un Juif ; puissions-nous aussi trouver la bénédiction de ces vérités pour nos propres âmes. Tout ce qui exalte Jésus, tout ce qui montre la grâce de Dieu et rabaisse l’orgueil de l’homme, est porteur de bénédictions pour nous. Par la bénédiction de Dieu, en poursuivant ces leçons, nous trouverons comment la sagesse de chacune de Ses paroles est justifiée en comptant ce témoignage comme le plus illustre au sujet de Jésus le Messie, de Son rejet par Israël, et des bénédictions qui en découlent pour nous, qui étions autrefois de pauvres Gentils.
Je pense que nous trouverons dans le chapitre qui nous occupe une confirmation abondante de ce qui rend compte du dessein spécial du Saint Esprit chez Matthieu, selon ce que j’ai déjà présenté. Nous verrons des preuves qu’il y a une présentation très soigneuse de Jésus comme le vrai Messie de Dieu, et de Son rejet comme tel par les Juifs ; et que Dieu, en même temps, profite de la chute d’Israël pour accomplir des desseins plus vastes et plus profonds.
Le tout premier incident du chapitre l’illustre. La naissance de Jésus avait eu lieu. Nous ne rencontrons pas les mêmes faits intéressants que ceux que donne Luc sur les tout premiers jours de l’enfance de notre Seigneur : tout est omis, si ce n’est Christ présenté comme né à Bethléhem de Judée, l’adoration des mages venus d’Orient, et la fuite en Égypte.
Le premier fait que le Saint Esprit donne ici est affligeant : il n’y avait pas de cœur pour le Messie en Israël. Et cela est prouvé par les circonstances les plus significatives. « Après que Jésus fut né…, aux jours du roi Hérode, voici des mages de l’Orient arrivèrent à Jérusalem, disant : Où est le roi des Juifs qui a été mis au monde ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus Lui rendre hommage » (2:1-2). Il n’est pas dit combien de temps s’est écoulé après la naissance — sans doute un temps considérable. Les gens se trompent souvent sur ce point en regardant la scène à travers les notions de leur enfance. Nous avons tous vu les images du bébé dans la crèche, et des « trois rois » entrant pour l’adorer. Mais la vérité est que le Seigneur ne venait pas juste de naître lorsque les mages sont arrivés, comme le suggèrent de tels regroupements. Pour connaître sa condition la plus proche du début dans ce monde, nous devons consulter Luc, non pas Matthieu.
Certains pourraient, il est vrai, tirer une fausse impression de la version autorisée anglaise (KJV) du v. 1 : « Or quand Jésus naquit à Bethléhem de Judée, aux jours du roi Hérode ». Cela n’implique pas que la visite ait suivi immédiatement la naissance de notre Sauveur, mais laisse place ensuite à un temps plus ou moins considérable. Cela signifie simplement que ces orientaux vinrent après Sa naissance : de nombreux mois, voire plus d’un an, ont pu s’écouler. Ce qui le confirme, c’est que les mages ont d’abord vu l’étoile en orient, très probablement à l’époque de la naissance de notre Seigneur. Après avoir vu l’étoile, ils eurent bien sûr beaucoup de préparatifs à faire avant de pouvoir se mettre en route, puis un long chemin à parcourir ; voyager, à cette époque, était difficile et pénible dans les régions orientales du monde. Puis lorsqu’ils arrivèrent en Judée, ils montèrent d’abord à Jérusalem pour s’informer. Tout cela suppose nécessairement l’écoulement d’un temps non négligeable. Les scribes répondirent à leurs questions. L’ayant appris, Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres (sacrificateurs) et les scribes du peuple, et leur demanda où le Christ devait naître. Ils lui répondirent que c’était à Bethléhem de Judée, sur quoi il appela les mages et les y envoya. Tout cela se passa avant la scène de leur adoration.
Quand ils eurent entendu le roi, ils s’en allèrent. « Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’elle vint et se plaça au-dessus du lieu où était le petit enfant » (2:9). Nous ne devons pas imaginer, selon les notions traditionnelles, que l’étoile a tracé le chemin devant eux vers Jérusalem. Ils l’aperçurent en orient, et firent le rapprochement de la vision avec le Messie promis ; car à cette époque, les prophéties sur sa prochaine apparition s’étaient répandues dans une partie considérable du monde. Beaucoup de Gentils L’attendaient, surtout en Orient. Et les plus grands et les plus opposés en Occident étaient au courant de ces espoirs. Le dernier homme qui fut connu en Orient comme prophète, avant que les Gentils soient brisés en présence d’Israël, fut Balaam. Sans doute, c’était un homme méchant ; mais Dieu a profité de lui pour faire les prédictions les plus remarquables sur la gloire future d’Israël. Et justement cette prophétie se terminait par une référence à l’étoile qui devait surgir de Jacob (Nomb. 24:17). Et maintenant, alors que des centaines d’années s’étaient écoulées, les traces de cette prophétie subsistaient encore parmi les enfants de l’Orient. Il est également probable que les prophéties de Daniel à Babylone, notamment celle des 70 semaines, etc., étaient connues, compte tenu de sa position et des événements extraordinaires de son époque. Nous pouvons comprendre que ces prophéties n’étaient pas seulement conservées précieusement par les enfants d’Israël, mais que leur connaissance pouvait se répandre, surtout dans ces pays. Une grande partie de ses prophéties pouvaient ne pas être clairement comprises. Néanmoins, elles dirigeaient les regards vers un personnage merveilleux qui devait se lever, — une étoile surgie de Jacob et un sceptre sorti d’Israël.
Lorsque ces étrangers ont donc vu l’étoile, ils se sont dirigés vers sa capitale traditionnelle, Jérusalem (2:1-2). Quand l’étoile brilla en orient, ils mirent ce phénomène remarquable en parallèle avec les attentes du roi à venir. Et cela d’autant plus que les orientaux étaient de grands observateurs du ciel, et étaient donc très sensibles à toute apparition inhabituelle. Il se peut que cela ait rappelé la prophétie de Balaam. Il est certain qu’ils se mirent bientôt en route pour Jérusalem, où la rumeur universelle parmi les Gentils soutenait que le grand Roi devait y régner.
Arrivés là, Dieu rencontre les mages, et la manière dont Il le fait est remarquable. C’est par Sa parole, et Sa parole interprétée par ceux qui n’avaient pas le plus petit intérêt de cœur pour le Messie. Ils avaient tout à fait raison dans leur interprétation ; ils savaient où le Messie devait naître. Les mages pensaient probablement que Jérusalem devait être le lieu, mais les scribes leur dirent que Bethléhem était le lieu de naissance prédit. Hélas ! ceux-là mêmes qui pouvaient répondre si pertinemment, montrèrent le fait très solennel, mais courant, qu’il est possible d’avoir une certaine connaissance claire de l’Écriture et en même temps de n’avoir aucun amour pour Celui au sujet duquel tout témoigne !
Quant aux mages, tout ignorants qu’ils étaient, et bien qu’ils aient pu être dans l’obscurité sur d’autres points, leur désir n’en était pas moins vrai, et Dieu l’emportait sur tout. En effet, par ces Gentils, Il envoya à Jérusalem un témoignage de la naissance du Messie. Dieu sut comment l’accomplir et tancer, par le témoignage de ces Gentils, ceux qui auraient dû, avant tout, guetter et saluer leur propre Messie. C’était une situation semblable à celle de la reine qui vint des bouts de la terre pour voir le roi Salomon, type de Christ, et entendre sa sagesse. Le Saint Esprit opéra dans et pour ces pèlerins venus d’un pays lointain pour les amener en présence du vrai Roi.
Les scribes pouvaient répondre aux questions, mais ils ne se souciaient pas du Messie, alors que c’était pour Lui que ces mages étaient venus. Cela permet de déceler immédiatement l’état terrible de Jérusalem. L’effet de la nouvelle de la naissance du Roi de Dieu ne fut pas de chercher le Roi promis, et d’être remplis de joie d’entendre parler de Celui qu’ils n’avaient pas cherché ; au contraire, ils furent tous troublés, depuis le roi jusqu’à tout Jérusalem. Plus particulièrement, comme nous l’apprenons ici, les principaux sacrificateurs et les scribes étaient ceux dont l’état démontre l’absence totale de cœur de la nation. Ils avaient suffisamment de connaissance religieuse, ils avaient la clé en main, mais ils n’avaient pas le cœur pour entrer.
« Hérode, ayant appelé en privé les mages, leur demanda avec soin à quel temps l’étoile était apparue » (2:7). J’attire votre attention sur ce point, car il confirme ce qui a été dit plus haut. C’est après l’enquête diligente du roi auprès des mages qu’il a déterminé dans sa tête le temps où l’enfant devait être né. Quand les mages, avertis par Dieu, se retirèrent au lieu de retourner vers Hérode, il donna l’ordre cruel de tuer les enfants de Bethléhem et de toute la région « depuis l’âge de deux ans et au-dessous » (2:16). Autrement dit, il déduisit naturellement qu’un laps de temps considérable s’était écoulé entre la naissance de Christ et sa méchante décision.
Si nous nous tournons vers l’Évangile de Luc, nous verrons l’importance de ce fait. Nous y voyons notre Seigneur né, comme le montre Matthieu, dans la cité de David ; mais nous avons en Luc les circonstances qui l’expliquent, car Bethléhem n’était pas le lieu d’habitation normal de Marie et Joseph. C’était un village où ils s’étaient rendus à cause de l’ordre de l’empereur romain, qui avait lancé un décret selon lequel le monde entier devait être recensé. Eux, étant de la famille royale des Juifs, allèrent à Bethléhem, qui était la cité de David. Ainsi Dieu fit s’accomplir la prophétie de Michée par le décret de César Auguste. Rien n’était plus éloigné de la pensée du Romain que le résultat auquel son décret devait aboutir — la naissance du Messie à l’endroit même où la prophétie l’exigeait. Il semble que le recensement n’eut pas lieu à ce moment-là, mais qu’il ait commencé, puis fut arrêté pendant un certain temps. En effet, il est dit dans Luc 2:2 : « Le recensement lui-même se fit seulement quand Cyrénius fut gouverneur de Syrie », c’est-à-dire plusieurs années après. Des gens, ne comprenant pas cela, ont conclu qu’il y avait une erreur dans Luc. Ils savaient que le gouvernement de la Syrie par Cyrénius était postérieur à la naissance de Christ, et ils en ont trop hâtivement déduit que notre évangéliste travaillait sous l’impression que la montée de Joseph et de Marie à Bethléhem avait eu lieu de son temps. Mais ce sont eux qui se trompent, je crois. Le décret de César Auguste ne fut pas achevé jusqu’à cette époque. Il suffisait qu’il soit appliqué lorsque l’ordre d’enregistrement fut donné, pour inciter Joseph et Marie à monter dans la ville de leur lignée. L’objectif de Dieu était ainsi accompli. Joseph et Marie s’y rendirent, et là, ses jours furent accomplis et elle mit au monde son fils premier-né, « l’emmaillota et le coucha dans une crèche ». Nous avons là une scène totalement différente de celle de Matthieu, bien que ce soit aussi à Bethléhem. Selon toute probabilité, ils ont visité plusieurs fois cette localité.
Ce n’était pas loin de Jérusalem, et nous savons qu’ils s’y rendaient chaque année pour la fête de la Pâque. Je ne vois aucune raison de douter que la visite des mages ait eu lieu lors d’une autre visite des parents à Bethléhem.
Remarquez comment les circonstances relatées dans Matthieu diffèrent de celles de Luc.
Dans Matthieu, Jérusalem est toute troublée par la nouvelle de la naissance du Messie, tandis que des étrangers sont venus de loin pour rendre hommage au roi des Juifs. Ils avaient vu Son étoile, ils savaient que c’était le Roi promis, et maintenant ils viennent L’adorer. Ils arrivent à Jérusalem, et lorsqu’ils la quittent, en route vers Bethléhem, ils sont de nouveau encouragés par Dieu. L’étoile qu’ils avaient vue auparavant en orient réapparaît et les précède jusqu’à ce qu’elle vienne se placer au-dessus de l’endroit où se trouvait le petit enfant — preuve évidente que l’étoile ne les a pas accompagnés pendant tout le chemin. Et nous trouverons cela vrai dans notre propre expérience, que quand nous agissons sans appuis visibles, nous trouvons tout ce qui est nécessaire. Dieu prend toujours un soin particulier de ceux qui sont fidèles à la lumière, même si elle est si petite ; tandis que rien ne lui est plus odieux que de grandes prétentions à avoir de la lumière, sans aucun cœur pour la vraie lumière qui est Christ.
Nous pouvons observer que, parmi les parents putatifs, Joseph est toujours mis en avant ici, comme au ch. 1. La vision du v. 13 était adressée à Joseph. Cependant, les mages, « étant entrés dans la maison, virent le jeune enfant avec Marie, sa mère, et se prosternèrent et Lui rendirent hommage », — à Lui et non pas à elle. C’est à Lui qu’ils rendirent hommage. « Ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe ». Ils Le reconnurent, comme de pauvres étrangers dont le plus grand honneur était d’être reconnus par Lui. Jérusalem est en dehors de tout cela. Un usurpateur s’y trouvait, un Edomite gouvernait. Et, comme lorsque Christ reviendra sur la terre, il y aura un faux roi à Jérusalem sous l’influence des puissances occidentales, conjointement avec les chefs religieux d’Israël, ainsi en fut-il lors de Sa première venue. Tout était entièrement opposé à ce que Jésus soit reconnu.
Dans Luc, nous avons un tout autre ordre de choses. Il ne s’agit pas tant de ce qu’une personne soit reconnue comme roi, bien qu’Il fût roi, mais Il est vu dans la condition la plus basse possible. Les personnes qui Le reconnaissent sont des bergers juifs, à qui la nouvelle est donnée à connaître du ciel. Les hôtes célestes louent à haute voix — leurs cœurs se réjouissent des voies de Dieu, et dans le Sauveur — car c’est comme tel qu’Il leur a été annoncé : « Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ le Seigneur. Et en voici le signe pour vous : vous trouverez un petit enfant emmailloté, couché dans une crèche ». C’est le tout début de la vie de notre Seigneur béni ici-bas, qui a évidemment eu lieu immédiatement après sa naissance. L’incident de l’hommage rendu par les mages est bien postérieur. Il n’y a pas la moindre raison de confondre les deux événements. Chaque évangile est fidèle à son objectif particulier. Dans l’évangile de Matthieu, il s’agit de Ses droits royaux sur Israël et sur les Gentils ; dans l’évangile de Luc, nous avons la parfaite humilité, dès Sa naissance, du Sauveur-Fils de l’homme ; l’intérêt du ciel pour la naissance du Christ, et le Seigneur méprisé par la terre ; les pauvres du troupeau dont le cœur s’éveille pour recevoir Celui qui est béni, à la fois l’expression, le moyen et la substance de la grâce divine. « Voici que je vous annonce un grand sujet de joie, qui sera pour tous les peuples », ou plutôt « pour tout le peuple », car cela signifie les Juifs. Un cercle beaucoup plus large apparaît ensuite, mais il ne va pas encore au-delà des Juifs. Le message leur était envoyé en premier lieu — aux Juifs premièrement, selon les paroles de l’apôtre Paul.
Combien ces divers récits s’harmonisent admirablement avec les évangiles
dans lesquels ils se trouvent ! Dans l’un, le Roi, né quelque temps
auparavant, est vu à Bethléhem, mais personne ne l’accueille, sauf des étrangers
venus de l’Orient. D’après Matthieu, nous n’avons pas la moindre reconnaissance
du Sauveur avant leur venue. Au contraire, lorsque le premier vent de ces nouvelles
est apporté à Jérusalem, c’est la consternation chez tous. Le roi, les prêtres
(sacrificateurs), les scribes, tous sont en ébullition. Il n’y avait pas de
cœur pour Jésus
. Mais Dieu veut toujours avoir un témoignage.
Si les Juifs ne veulent pas de Lui, les Gentils viennent ; et c’est la grâce qui opère cela. Les Juifs incrédules disent aux mages où le Roi doit naître. Aussitôt ils agissent en conséquence, et le Seigneur, les rencontrant en chemin, les met en présence du Roi, à qui ils présentent leurs dons. C’est le Messie d’Israël, mais rejeté par Israël dès Sa naissance. Jérusalem est avec le faux roi, et ne se soucie pas de Le recevoir. Ceux qui étaient méprisés comme des chiens, que les Juifs eux-mêmes ont dû instruire des premières leçons de la prophétie, ont la gloire d’être ceux qui reconnaissent en vrai les prétentions du Messie. Rien de plus humiliant ! C’est le Messie venu et reconnu par les bouts de la terre, mais méprisé et rejeté par Sa propre nation. « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1). C’est ce dont nous avons les preuves dès le tout début dans Matthieu.
Comme c’était vrai, il était important qu’Israël le sache. Qu’ils l’apprennent donc ici par les premiers évangélistes, en sorte que cela ne provienne pas d’un manque de preuves de la part de Dieu. Comment ces Gentils l’ont-ils su ? Et où étaient les Juifs pendant tout ce temps, pour n’avoir pas reconnu leur propre Messie ? C’était une histoire terrible, car la vérité était le plus étrange de tout à leurs oreilles. Telle est toujours la manière de Dieu : Il rend témoignage, mais l’homme n’aime pas cela parce que c’est de Dieu. La difficulté était de reconnaître la personne de Christ. Voir dans les Écritures que leur Roi devait naître à Bethléhem de Judée était facile ; cela ne mettait à l’épreuve ni la conscience ni le cœur. Mais reconnaître que celui qui était ignoré et méprisé, l’enfant de Marie et l’héritier de Joseph, était le Messie, voilà qui était vraiment dur pour la chair. Tout était simple pour ceux qui en avaient vu le signe dans les cieux, ceux qui L’avaient cherché au milieu de grandes ténèbres, mais qui avaient les yeux fixés sur Lui, ceux qui n’avaient pas de préoccupations de cœur les empêchant de s’incliner devant Sa gloire — ils s’empressèrent de Lui faire honneur. Maintenant qu’Il était né, ils se réjouissaient en y pensant, et ils venaient de loin pour avoir la joie de Le voir et d’offrir leurs présents à Ses pieds.
« Ayant été avertis divinement en songe de ne pas retourner auprès d’Hérode, ils s’en allèrent dans leur pays par un autre chemin. Et quand ils furent partis, voici un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, disant : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Égypte, et restes-y jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire périr » (2:12, 13). À l’incrédulité qui avait refusé la parole de Dieu, il est maintenant permis de montrer à quel point elle était sous l’emprise de Satan, qui s’avère être lui-même, dès le commencement, menteur d’abord, puis meurtrier. Mais le dessein d’Hérode est révélé par Dieu ; et Joseph, obéissant à Sa parole, prend de nuit le jeune enfant et sa mère et part en Égypte, « et il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète, disant : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (2:14-15).
J’ai un mot à dire sur cette prophétie, et sur son application à notre Seigneur. Dans Matthieu, nous aurons à tenir compte de nombreuses prophéties citées, mais la présente citation a évidemment un caractère remarquable. Littéralement elle avait été dite au sujet du peuple de Dieu. Il était dit qu’Israël était le fils de Dieu, le premier-né de Dieu, en Égypte (Ex. 4:22). C’est à eux qu’appartenait l’adoption. Le prophète Osée, sept cents ans après leur sortie d’Égypte, n’hésite pas à appliquer cette parole à Israël ; et maintenant le même passage d’Osée est employé au sujet de Christ, comme entrant pleinement dans l’intention de l’Esprit inspirateur. Comment se fait-il que la sortie d’Israël du pays d’Égypte par Dieu soit ainsi illustrée dans l’histoire de Christ ? Parce que Christ est l’objet du Saint Esprit dans l’Écriture. Peu importe la place de Son peuple : ils peuvent subir des difficultés ou des délivrances, Christ doit entrer dans toutes. Il n’y a aucune sorte de tentation (sauf, bien sûr, le mal intérieur) qu’Il n’ait connue ; ni de bénédiction de la part de Dieu qu’Il n’ait éprouvée. Christ traverse l’histoire de Son peuple, et c’est sur ce principe que des écritures comme celles-ci Lui sont appliquées. Christ Lui-même est transporté dans le lieu même qui avait été la fournaise d’Israël (1 Rois 8:51). C’est là qu’Il trouve Son refuge contre le faux roi de Judée. Quelle image ! À cause de l’anti-roi qui régnait alors à Jérusalem, le vrai Roi doit fuir, et fuir en Égypte. Christ était le vrai Israël. Comparez Ésaïe 49.
Nous voyons par là qu’aucune puissance miraculeuse n’a été mise en œuvre pour préserver Emmanuel. C’était l’accomplissement des prophéties — complétant le tableau de la désolation morale et nationale que le Saint Esprit avait esquissé bien des années auparavant. Dieu montrait combien chaque pas de Son Fils Lui était précieux. Le fait que le Seigneur ait été transporté en Égypte et en soit sorti un autre jour, peut sembler une circonstance insignifiante en soi. Mais quelle que soit la place de Christ — et Sa place était partout où Son peuple était dans la douleur — Il ne veut pas permettre qu’il ressente une angoisse sans y participer. Il sait ce que c’est que d’être transporté en Égypte, et cela d’une manière bien plus douloureuse que ce qu’Israël avait connu. En effet, c’est de Son propre peuple que Christ a été le plus durement éprouvé, et c’est le roi assis sur le trône au milieu d’eux qui Lui a porté le coup le plus meurtrier. N’ayant pas réussi, il envoie tuer tous les enfants « qui étaient à Bethléhem et dans tout son territoire, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, selon le temps dont il s’était enquis auprès des mages. Alors s’accomplit ce qui avait été annoncé par Jérémie le prophète : « On a entendu à Rama une voix, des lamentations, des pleurs, de grands gémissements, Rachel pleurant ses enfants et ne voulant pas être consolée, parce qu’ils ne sont pas » (2:16-18).
Nous constatons clairement que le Saint Esprit fournit ici aux Juifs la preuve qu’ils étaient précieux à Ses yeux, et que si Christ est entré dans leurs douleurs, ils ne devaient pas s’étonner que Sa présence leur apporte les souffrances les plus amères du fait qu’ils Le rejetaient. Si Christ a le moindre rapport avec Israël, ils deviennent l’objet de l’animosité de Satan. C’est Hérode, conduit par Satan, qui a donné l’ordre de tuer leurs petits enfants ; mais le Messie est enlevé du milieu de sa rage. En Israël, il y a des pleurs et de grands gémissements. Tels sont quelques-uns des troubles qu’Israël s’attire dessus ; et ce n’est qu’une petite image de ce qui les atteindra aux derniers jours.
« Hérode étant mort, voici un ange du Seigneur apparut en songe à
Joseph en Égypte, et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et
va dans la terre d’Israël ; car ceux qui cherchaient la vie du petit
enfant sont morts. Et il se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans
la terre d’Israël » (2:19-21). Il est doux de trouver ici l’expression « la terre
d’Israël
». Ce n’était pas simplement le pays, tel qu’il est connu parmi
les hommes, où de pauvres Juifs vivaient avec la permission de leurs maitres Gentils.
Combien peu la considèrent aujourd’hui comme la terre « d’Israël » ! Mais
les pensées de Dieu envers Son peuple sont en relation avec la gloire de Son Fils.
Si Jésus avait là Son lien terrestre, si Emmanuel était maintenant né de la
vierge, pourquoi le pays ne serait-il pas appelé terre d’Israël ? Le but
divin était de chasser complètement les pieds des Gentils qui la foulaient maintenant.
Si le peuple voulait seulement s’incliner et Le recevoir pour prendre Sa place
de Roi, combien leur sort serait béni ! Mais Israël voudrait-il recevoir l’Éternel-Jésus
à Son retour d’Égypte ? — Ils n’était pas encore prêts à Le recevoir. Un
Hérode était mort, un autre suivait. C’est pourquoi, lorsque le jeune enfant
fut ramené dans la terre d’Israël, et que Joseph apprit qu’« Archélaüs régnait
en Judée à la place de son père Hérode, il craignit d’y aller ; mais, averti
par Dieu dans un songe, il se retira vers les régions de la Galilée ; il
vint habiter dans une ville appelée Nazareth, de sorte que fut accompli ce qui
avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen » (2:22, 23).
Lesprophètes, l’esprit des prophètes
La méthode de faire la citation du v. 23 citation mérite d’être
notée ici. Notez qu’il ne s’agit pas d’un prophète particulier, mais « des prophètes ».
Par cela nous retenons que ce n’était pas un écrivain inspiré particulier qui a
prononcé ces paroles, mais que c’est l’esprit des prophètes
qui parlait de
Lui. Quand nous lisons dans un prophète : « Ils frappent le juge d’Israël avec
une verge sur la joue » (Mich. 5:1) ; dans un autre : « Il est méprisé et
rejeté des hommes ; homme de douleur et sachant ce que c’est que la souffrance »
(És. 53:3) ; et encore, ce qu’ils devaient Lui donner comme nourriture, et
dans Sa soif comme boisson, et comment Il devait être raillé jusqu’à la fin — nous
pouvons comprendre cette application des prophètes
. C’était un langage
bien compris qui était expressif du mépris en ce jour-là : Il devait, en d’autres
termes, être appelé Nazaréen. Nazareth était le lieu le plus méprisé qui soit.
Non seulement les hommes de la Judée proprement dite regardaient de haut Nazareth,
mais les Galiléens eux-mêmes la méprisaient, bien qu’elle fasse partie de leur
propre district. Plus tard, nous lisons ce qui est dit par un Israélite sans fraude
qui, lorsqu’il a entendu parler de la présence de Jésus dans cette ville, s’est
exclamé : « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ? » (Jean 2).
Ainsi, si un endroit de Palestine, plus qu’un autre, s’accordait avec le rejet
qui était la part de Christ, c’était bien Nazareth. Peut-il y avoir une image plus
frappante de Celui qui, alors qu’Il était le vrai Roi, était pourtant refusé
par Son propre peuple ! Les Gentils pouvaient Lui avoir témoigné leur
révérence, mais Sa propre nation était indifférente. Combien il y avait peu de
fruits pour faire suite à la culture que Dieu leur avait réservée ! Mais ici
il y avait Le BÉNI qui poursuivait Son chemin d’obéissance jusqu’à la mort, qui
ne voulait pas montrer Sa gloire en se protégeant. Son peuple était descendu en
Égypte : Il en descend aussi. Il faut qu’Il soit appelé à sortir d’Égypte :
c’était Sa part. Il n’a pas voulu se soustraire aux souffrances de Son peuple :
Il voulait les partager toutes. Lorsqu’Il sort, Israël n’est toujours pas préparé
à Le recevoir. Ses parents retournent à Nazareth, Joseph ayant été à nouveau
divinement instruit dans un songe. C’est la dernière mention que nous avons de Joseph
dans Matthieu. Luc nous donne des circonstances ultérieures ; mais Joseph disparaît
complètement avant que notre Seigneur entre dans Son ministère.
Lorsqu’Il fut appelé à sortir d’Égypte, il ne put pas aller à Jérusalem, ni à Bethléhem d’ailleurs. Il fallait qu’il soit méprisé et rejeté : les prophètes l’avaient dit : leurs paroles devaient s’accomplir. Archélaüs régnait en Judée : un usurpateur était encore là. Joseph, averti par Dieu, se détourne vers Nazareth, et Jésus demeure avec eux, afin que la parole des prophètes s’accomplisse en ce que notre Seigneur éprouve pleinement ce que c’est que d’être le plus méprisé des hommes. Il l’a su de manière prééminente sur la croix, mais cela a été Sa part tout au long du chemin. Et c’est ainsi que Dieu parle du Messie à Israël. Il montre ce que leur dureté de cœur et leur incrédulité entraîneraient — même si c’était vis-à-vis du Messie à venir Lui-même. Quel tableau de l’homme, et surtout d’Israël, quand il faut que telle soit Sa part à Lui ! Il vient et appelle, mais aucune réponse ne l’accueille. L’incrédulité de l’homme empêche la bénédiction de Dieu. C’est le péché d’Israël qui a ainsi compliqué les débuts de l’histoire du Roi. Mais les chapitres suivants montreront que Dieu tournera l’incrédulité même d’Israël en un moyen de bénédiction pour les Gentils méprisés, et que, si les Juifs rejetaient le conseil de Dieu pour leur propre perdition, les Gentils entendraient et recevraient toute bénédiction dans le Béni.
Ainsi, nous trouvons dès le début de ce livre merveilleux les germes de tout ce que la fin montrera. Nous trouvons Celui qui est réellement le Messie, prêt à accomplir les promesses et à prendre le trône, mais le peuple nullement prêt pour Lui. Israël était plongé dans le péché ; ils n’avaient aucun cœur pour Lui. Ils étaient pleins de leur propre roi, de leurs propres cérémonies, de leur propre lumière. Tout était tourné vers l’exaltation de soi. C’est pourquoi Jésus est rejeté dès le début. Telle est l’histoire de l’homme. Les chapitres suivants nous montreront les conséquences glorieuses que Dieu, dans Sa grâce, fera découler du rejet même de Son propre Fils. Nous pourrons nous arrêter sur ce thème plus heureux en d’autres occasions.
Je peux très bien comprendre qu’un homme qui a reçu et révéré la Bible comme la parole du Dieu vivant, se trouve en défaut lorsqu’il examine de près les évangiles, qui racontent le ministère du Seigneur. Un lecteur occasionnel n’y trouvera peut-être aucune difficulté ; mais il est très probable que celui qui compare soigneusement les différents récits soit perplexe au début — je ne dirai pas scandalisé, car il a trop confiance dans la parole de Dieu pour en arriver là. En comparant les évangiles, il constate qu’ils diffèrent considérablement dans la manière dont les mêmes faits sont rapportés dans les différents évangiles. Il trouve une disposition dans Matthieu, une autre dans Marc, et une troisième dans Luc ; et pourtant, il est sûr que toutes ces dispositions sont justes. Mais il ne peut pas comprendre, si l’Esprit de Dieu a réellement inspiré les différents évangélistes pour qu’ils donnent une histoire parfaite de Christ, comment se peut-il qu’il y ait ces discordances apparentes. Il est obligé de s’en remettre à Dieu, et de se demander s’il n’y a pas quelque principe qui puisse expliquer ces changements de position, et la manière différente dont les mêmes circonstances sont exposées.
Dès qu’il aborde ainsi ces évangiles, la lumière se lève sur son âme. Il commence à voir que le Saint Esprit ne s’est pas contenté de rendre le témoignage de si nombreux témoins, mais que, tout en étant d’accord sur le fond, Il a attribué à chacun d’eux une fonction spéciale, de sorte que leurs écrits présentent le Seigneur dans des attitudes diverses et distinctes. Il reste à savoir quels sont ces différents points de vue, et comment ils peuvent à la fois générer et expliquer la variété des déclarations qui s’y trouvent indubitablement.
J’ai déjà montré que, dans l’Évangile de Matthieu, le Saint Esprit a dépeint Jésus dans Sa relation avec Israël, et que cela explique la généalogie du ch. 1, qui diffère beaucoup de celle de l’Évangile de Luc. Il s’agit surtout de Sa généalogie en tant que Messie, ce qui est, bien sûr, important et intéressant pour Israël qui attendait un souverain faisant partie de la descendance de David. En même temps, le Saint Esprit a pris un soin particulier à corriger les pensées mondaines étroites des Juifs, et montre que tout en étant, selon la chair, de la semence d’Israël, Jésus était aussi le Seigneur Dieu ; et s’Il était Emmanuel et l’Éternel, Son œuvre spéciale en tant que personne divine était de sauver Son peuple de leurs péchés (Matt. 1:21). Il peut aller bien au-delà de ce peuple et bénir les Gentils non moins que les Juifs ; mais sauver des péchés était clairement une attente de Christ qu’on aurait dû tirer des prophètes. Les Juifs s’attendaient à ce que, lorsque le Messie viendrait, ce serait pour être exalté au-dessus des Gentils comme nation, et qu’en conséquence, ils seraient eux la tête et les Gentils la queue (Deut. 28:13). Tout cela, ils l’avaient déduit à juste titre de la parole prophétique ; mais il y avait beaucoup plus qu’ils n’avaient pas discerné. Le Messie tenait à leur bénédiction spirituelle aussi bien que naturelle, et tous les espoirs présents devaient s’évanouir devant la question du péché, et même de leurs péchés. Jésus accepte d’être rejeté par eux, et Il accomplit pour eux, sur la croix, cette rédemption à laquelle justement ils pensaient si peu.
Il est aussi tout à fait conforme à l’Évangile de Matthieu que nous ayons un long discours comme celui du sermon sur la montagne, sans interruption, le tout nous étant donné comme une parole continue de notre Seigneur. Toutes les interruptions, s’il y en avait, sont soigneusement exclues, de manière à faire ressortir Celui qui était sur la montagne en contraste ostensible avec Moïse par qui Dieu introduisait un royaume terrestre : mais maintenant cette absence d’interruptions vient de ce qu’Il manifestait le Roi céleste, contrairement à tout ce que les Juifs attendaient.
Le Saint Esprit dans cet évangile se met à nous donner les faits de la vie de notre Seigneur en rapport avec cette grande pensée. L’Évangile de Matthieu est a) la présentation à Israël de Jésus comme leur divin Messie, b) la présentation de ce qu’ils Le rejettent sous ce caractère, et c) la présentation de ce que Dieu ferait en conséquence. Nous verrons que les faits donnés dans ce ch. 8 portent sur cet aspect spécial de notre Seigneur. L’Évangile de Marc ne le fait pas voir de la même manière. En Matthieu, le simple ordre chronologique est négligé, et ici des faits sont rapprochés alors que des mois les séparent. Le but du Saint Esprit dans Matthieu et Luc n’est pas du tout de donner les faits dans l’ordre chronologique comme le fait Marc. Si on examine l’Évangile de Marc avec soin, on trouve des indices marquant le temps, par exemple des expressions telles que « aussitôt », tandis que les choses sont laissées dans le vague dans les autres évangiles. Les expressions de transition rapide, ou de séquence instantanée, lient évidemment les différents événements ainsi juxtaposés. Dans Matthieu, ceci est complétement mis de côté. Et de tous les chapitres de cet évangile, il n’y en a peut-être aucun qui mette autant de côté, comme ce ch. 8, la simple succession des dates. Mais s’il en est ainsi, à quoi faut-il l’attribuer ? Pourquoi, demandons-nous respectueusement, le Saint Esprit dans Matthieu, met-Il de côté l’ordre dans lequel les choses se sont succédé ? Était-ce parce que Matthieu ne savait pas quand les choses s’étaient produites ? S’il ne s’agissait que d’un homme écrivant une histoire pour son plaisir, n’aurait-il pas pu déterminer avec une certitude acceptable quand chaque fait s’était produit ? Et s’il a été le premier à publier son histoire, n’aurait-il pas été plus facile pour les autres évangélistes de le suivre et de faire concorder leur récit avec le sien ?
Or la situation est juste le contraire. Marc adopte une autre ligne de conduite, et Luc une autre, tandis que Jean a son caractère propre. De deux choses l’une
Cette bien sûr cette dernière hypothèse qui est la vérité. Toute autre supposition est aussi irrationnelle qu’irrévérencieuse. À supposer même que les apôtres aient écrit des récits différents et qu’ils aient commis des erreurs, ils auraient pu très facilement corriger leurs erreurs respectives ; mais la raison pour laquelle une telle correction n’apparaît pas n’est pas une erreur ou un défaut humain, mais la perfection divine. C’est le Saint Esprit qui a voulu donner à ces évangiles la forme particulière la plus propre à faire ressortir la personne, la mission ou les diverses relations de Christ.
L’Évangile de Marc prouve que la guérison du lépreux a eu lieu à une époque différente de celle que l’on pourrait penser au vu de ce chapitre — en fait, bien avant le sermon sur la montagne. Au ch. 1 de Marc, le Seigneur est décrit comme prêchant dans les synagogues par toute la Galilée et chassant les démons : « Un lépreux vient à lui… et lui disant : Si tu veux, tu peux me rendre net » (Marc 1:40-45). Nous ne pouvons douter qu’il s’agit de la même histoire que celle de Matt. 8. Mais si nous lisons le chapitre suivant de Marc, quelle est la première chose mentionnée après celle-ci ? « Il entra de nouveau à Capernaüm quelques jours après, et l’on ouït dire qu’Il était à la maison… et des gens viennent à Lui, amenant un paralytique porté par quatre personnes ». Il est clair que nous avons ici un fait, la guérison du paralytique que Matthieu ne nous donne qu’au ch. 9, après une tempête que Marc décrit en Marc 4, après le cas du démoniaque qui n’apparaît qu’en Marc 5 ; de sorte qu’il est parfaitement clair que l’un des deux évangélistes s’est écarté de l’ordre historique ; et ce n’est pas Marc au vu de ses notes strictes sur le temps ; on doit conclure que c’est Matthieu qui n’est pas chronologique. En Marc 3, notre Seigneur monte sur la montagne et appelle les disciples à Lui ; et c’est ici que se trouve l’endroit où le sermon sur la montagne aurait sa place, s’il avait fallu l’insérer. Ainsi, c’est considérablement après ce qui s’est passé en Matt. 8:2-4 que le sermon sur la montagne a été prononcé : mais Marc ne nous donne pas ce sermon, parce que son grand but était le ministère de Christ dans l’évangile et Ses œuvres caractéristiques ; et par conséquent les exposés doctrinaux de notre Seigneur sont laissés de côté par Marc. Il donne quelquefois de brèves paroles de notre Seigneur accompagnant ce qu’Il a fait, mais rien de plus.
Ce que je viens de dire sera peut-être encore plus clair si nous observons davantage l’ordre réel dans Marc 1. Simon et André sont appelés au v. 16 ; Jacques et Jean, au v. 19 ; et aussitôt, s’étant rendu à Capernaüm, Il entra le jour du sabbat dans la synagogue, et Il enseigna. C’est là que se trouve l’homme à l’esprit immonde : le fait s’est produit peu après l’appel d’André et de Simon, de Jacques et de Jean. L’esprit immonde fut chassé ; « et aussitôt sa renommée se répandit tout à l’entour dans la Galilée. Et aussitôt, sortant de la synagogue, ils allèrent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d’André. Or, la mère de la femme de Simon était malade de la fièvre, et aussitôt ils lui parlent d’elle », etc. Nous avons donc la certitude positive, d’après la parole même de Dieu, que la guérison de la belle-mère de Pierre a eu lieu peu de temps après l’appel de Pierre et d’André, et bien avant la guérison du lépreux. En rapportant cela à notre ch. 8 de Matthieu, nous en voyons l’importance, car ici la guérison de la belle-mère de Pierre n’apparaît qu’au milieu du ch. 8. La purification du lépreux est donnée en premier, puis la guérison du serviteur du centurion, et après cela, celle de la mère de la femme de Pierre — tandis que, d’après Marc, nous savons avec certitude que la mère de la femme de Pierre a été guérie bien avant le lépreux.
En regardant encore Marc, nous trouvons que, le soir du même sabbat, après qu’Il eut guéri la mère de la femme de Pierre, « on lui apporta tous ceux qui se portaient mal, et les démoniaques. Et toute la ville était rassemblée à la porte. Il guérit beaucoup qui souffraient de diverses maladies, et chassa beaucoup de démons. … Et le matin, s’étant levé bien avant le jour, il sortit, et s’en alla dans un lieu désert, et là Il priait », ce qui est clairement la même scène à laquelle il est fait allusion en Matt. 8, et qui viendrait après le v. 17. Le fait qu’Il se soit rendu dans le désert et qu’Il ait prié n’est pas mentionné ici ; mais cela a eu lieu en même temps. Ensuite, dans Marc, nous voyons qu’il se rend en Galilée, prêchant dans les synagogues et chassant les démons ; et après cela, il guérit le lépreux.
Ce que j’en tire, c’est que, du fait que Marc nous dit exactement le jour où ces choses on eut lieu, nous devons le prendre pour témoin de leur ordre chronologique. Lorsque je reviens à Matthieu, est-ce que je trouve une quelconque indication du temps où ces événements ont eu lieu ? Pas un mot. Il est simplement dit : « Quand il fut descendu de la montagne, de grandes foules le suivirent » (8:1), puis nous avons la guérison du lépreux. Rien ne prouve que le lépreux soit venu à ce moment précis. Tout ce qui est dit, c’est : « Et voici, un lépreux s’approcha », etc… — une forme d’expression commune dans l’Ancien Testament. Il n’est pas dit ici si la guérison du lépreux a eu lieu avant ou après que Jésus soit descendu. Nous déduisons de Marc que le sermon sur la montagne a été prononcé longtemps après, et que la guérison de la mère de la femme de Pierre a eu lieu avant la guérison du lépreux.
Pourquoi, demandons-nous, n’aurait-il pas convenu à l’Évangile de Matthieu de placer la guérison de la mère de la femme de Pierre en premier, puis celle du lépreux, et enfin l’affaire du centurion ? Car vous constaterez que c’est bien là l’ordre chronologique dans cette succession d’événements. Le centurion est arrivé après la fin du sermon, et Christ était à Capernaüm ; le lépreux avait été guéri longtemps avant, et la belle-mère de Simon encore avant.
Or quelle est la grande vérité enseignée par ces faits tels qu’ils sont disposés dans l’Évangile de Matthieu ? Un lépreux rencontre le Seigneur. Vous savez quelle chose répugnante était la lèpre. Non seulement elle était notoirement très choquante, mais sans espoir pour l’homme. Il est vrai que dans le Lévitique, il y a des cérémonies pour la purification d’un lépreux, mais pas pour la guérison ! Qui faisait disparaître cette maladie après qu’elle ait infecté un homme ? Luc, le médecin bien-aimé, précise que cet homme était « plein de lèpre » ; les autres évangélistes ne disent rien d’autre que le simple fait qu’il était lépreux. C’était suffisant. Car, pour les Juifs, la question était de savoir s’il avait la lèpre : si c’était le cas, ils ne pouvaient rien lui dire avant qu’il soit guéri et purifié.
L’Esprit de Dieu utilise la lèpre comme un type du péché, et de toute la répugnance qu’il produit. La paralysie fait ressortir l’idée d’impuissance. Les deux sont vrais pour le pécheur. Il est sans force, et il est impur dans la présence de Dieu. Jésus guérit le lépreux. Cela illustre d’emblée la puissance de l’Éternel-Jésus sur la terre, et plus encore que cela ; car il ne s’agissait pas seulement de Sa puissance, mais de Sa grâce, de Son amour, de Sa volonté d’exercer toute sa puissance en faveur de Son peuple. Car le peuple d’Israël tout entier était comme ce lépreux. Le prophète Ésaïe l’avait dit longtemps auparavant ; et ils n’étaient pas en meilleur état maintenant. Le Seigneur répète la phrase d’Ésaïe (6:10) : « Engraisse le cœur de ce peuple, et rends ses oreilles pesantes », etc. ; ce lépreux était un type de la condition morale d’Israël en présence du Messie. Qu’ils fussent nombreux ou peu nombreux, ils n’avaient qu’à se présenter dans toute leur vilénie devant le Messie : comment le Messie voudrait-Il les traiter ? Le Messie était là. Il avait la puissance, mais le lépreux n’était pas sûr de Sa volonté. « Seigneur », dit-il, « si Tu veux, Tu peux me rendre net ». Nous nous rappelons la détresse du roi d’Israël au temps d’Élisée, lorsque le roi de Syrie lui envoya Naaman pour être guéri de sa lèpre : après avoir lu la lettre, « il déchira ses vêtements et dit : Suis-je Dieu, pour tuer et pour faire vivre, que cet homme m’envoie pour guérir un homme de sa lèpre ? » (2 Rois 5:7). Dieu seul pouvait le faire : tout Juif le savait ; et c’est ce que le Saint Esprit veut montrer.
Nous avons eu le témoignage que Jésus était un homme, et Il était pourtant l’Éternel — capable de sauver Son peuple de leurs péchés. Mais voici qu’Il se présente à Israël dans des cas particuliers où le Saint Esprit, au lieu de donner un simple aperçu général et historique, comme au ch. 4, isole des cas spéciaux, dans le but d’illustrer la relation du Seigneur avec Israël, et les effets manifestes de cette relation. Le lépreux est le premier cas où nous avons, pour ainsi dire, le microscope appliqué par l’Esprit de Dieu, afin de voir clairement comment le Seigneur s’est comporté à l’égard d’Israël, quelle aurait dû être la place d’Israël et quelle a été sa conduite réelle.
Au moment où le lépreux reconnaît Sa puissance et confesse Sa personne (« Seigneur, si Tu veux, Tu peux me rendre net »), et tandis qu’il n’était question que de Sa volonté et de Ses affections, aussitôt vient la réponse de l’amour divin accompagnée de puissance : « Je veux, sois net ; et aussitôt il fut nettoyé de sa lèpre ». Le Seigneur a d’abord étendu Sa main et le toucha. Ce n’était pas seulement Dieu, mais Dieu manifesté en chair — Quelqu’un qui entrait pleinement dans l’anxiété du pauvre lépreux, tout en se montrant supérieur à la loi. Son toucher était celui de l’Éternel. Il était Dieu ! La loi ne pouvait que mettre le lépreux à distance ; mais si Dieu donne une loi, Il est supérieur en grâce à la loi qu’Il donne. Le cœur de ce lépreux tremblait, craignant que le précieux Seigneur ne veuille pas le bénir ; mais Lui avance Sa main, Il le touche : personne d’autre ne le pouvait, personne d’autre ne le voulait.
Le toucher du Seigneur ôte la souillure du lépreux, au lieu de Le contaminer. Aussitôt il est rendu net. Jésus lui dit alors : « Ne le dis à personne ; mais va, montre-toi au sacrificateur, et offre le don que Moïse a prescrit, pour leur servir de témoignage ». Il ne désirait pas que soit publié ce que Jésus était : Dieu pouvait raconter Ses œuvres. Il dit : « Ne le dis à personne ; mais va, montre-toi au sacrificateur », etc. Rien ne pouvait être plus béni. Ce n’était pas encore le moment pour le Seigneur d’être mis de côté. Jésus attend. La croix devait intervenir avant que la loi puisse être mise de côté en aucune manière. Nous sommes délivrés de la loi par la mort et la résurrection de Jésus. C’est la grande doctrine de l’épître aux Romains — à savoir que nous sommes morts à la loi, dans Sa mort bien sûr, afin que nous puissions « être [mariés] à un autre, à Celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu » (Rom. 7:4). Jusqu’à la résurrection de Christ d’entre les morts, la loi était gardée avec le plus grand soin. Après la résurrection, les saints sont passés dans une autre relation avec Celui qui est ressuscité d’entre les morts. Ici nous trouvons qu’il y avait un maintien strict des revendications de la loi de Dieu ; et il en a toujours été ainsi jusqu’à la croix. C’est pourquoi Il dit : « Va, montre-toi au sacrificateur ». Si l’homme était allé le dire à tout le monde au lieu de le dire au sacrificateur, le grand ennemi aurait pu trouver le moyen de dénaturer l’œuvre, de nier le miracle, d’essayer de faire croire qu’il n’était pas l’homme qui avait été lépreux. Hélas ! était-ce le désir du cœur de l’homme de montrer que Jésus n’avait pas fait un tel miracle ?
Mais Jésus dit : « Va, montre-toi au sacrificateur ». Pourquoi ? Parce que le sacrificateur lui-même serait le témoin authentique que Jésus était l’Éternel. Le sacrificateur qui savait que l’homme était lépreux auparavant, qu’il l’avait déclaré impur auparavant, qu’il l’avait mis dehors, — ce sacrificateur allait voir maintenant que l’homme était guéri. Qui l’avait fait ? Personne d’autre que Dieu ne pouvait guérir le lépreux. Jésus était donc Dieu ; Jésus était l’Éternel ; le Dieu d’Israël était dans le pays. La bouche du sacrificateur serait obligée de confesser la gloire de la personne de Christ. « Offre le don que Moïse a ordonné, pour leur servir de témoignage ». Quand y avait-il eu lieu une telle offrande de ce don ? Jamais, car ils n’avaient pas le pouvoir de guérir un lépreux, et ils ne pouvaient donc pas offrir le don. Ainsi, Jésus se soumettait aux obligations de la loi, et pourtant Il avait fait ce que la loi ne pouvait pas faire, car elle était faible par la chair (Rom. 8:3). Mais il y avait là Quelqu’un qui était Dieu, Dieu ayant envoyé son propre Fils « en ressemblance de chair de péché ». Dieu Lui-même, de concert avec Son propre Fils, accomplissait ici cette œuvre puissante qui prouvait Sa dignité, et Il faisait en sorte que le sacrificateur lui-même en soit témoin.
Maintenant, nous allons entendre un récit différent ; Jésus entre à Capernaüm. Il ne nous est pas dit quand. Cela n’avait aucun rapport avec l’histoire du lépreux ; mais le Saint Esprit met ces récits ensemble, parce que cela introduit les Gentils. Nous avons vu les Juifs mis en avant dans l’histoire du lépreux et du don que Moïse a ordonné pour rendre témoignage à Israël. Mais maintenant, c’est un centurion qui vient parler de son serviteur, et cela amène un tout nouveau type de confession du Seigneur. Ici, il n’y a pas de toucher, c'est-à-dire pas de lien avec Christ selon la chair. C’est donc plutôt la manière dont les Gentils connaissent Christ. Les Juifs s’attendaient à un Christ qui étendrait Sa main — un Sauveur personnellement présent parmi eux — apportant cette puissance divine et les guérissant : comme l’Écriture l’avait dit : « Je suis l’Éternel qui te guérit » (Ex. 15:26). Et voici qu’Il était venu ; mais ils ne Le connaissaient pas ainsi. Et le témoin suivant est le centurion, qui est adjoint au récit précédent en Matthieu, mais nulle part ailleurs ; car Dieu voulait montrer que les enfants naturels d’Abraham, d’Isaac et de Jacob allaient être retranchés. Ils ne voulaient pas Lui rendre hommage comme le pauvre lépreux. Le témoignage rendu au sacrificateur serait ignoré. Ils s’opposaient de plus en plus à ce qu’Il prétendait être. Dieu dit en quelque sorte : « Si vous, les Juifs, ne voulez pas de mon Fils, j’enverrai un témoignage aux Gentils, et les Gentils écouteront ». Qu’allait-il arriver après le rejet de Jésus par les Juifs, après le refus d’Israël de Celui qui avait prouvé qu’il était l’Éternel-Dieu, pardonnant toutes leurs iniquités et guérissant toutes leurs maladies ? La porte de la foi était ouverte aux Gentils.
Ainsi, nous avons l’histoire du centurion, sortie de sa place et placée ici à dessein. Et même dans les détails de l’histoire, il y a des différences très notables. Il n’y a pas ici l’ambassade des Juifs plaidant pour le centurion. Elle est omise dans Matthieu, mais insérée dans Luc. Ainsi, tandis que l’Évangile de Matthieu donne tout ce qui pouvait toucher la conscience d’Israël, il s’abstient de donner ce dont les Juifs auraient pu s’enorgueillir. Il était salutaire pour les Gentils d’entendre l’ambassade parler de cet homme de bien (Luc 7:4-5). Il était comme les Gentils saisissant le pan de la robe d’un homme juif (Zach. 8:23), prenant sa place derrière Israël. Mais sa foi va plus loin, car il vient supplier le Seigneur, et il manifeste sa foi personnelle de la manière la plus bénie. Lorsque Jésus lui dit : « J’irai, Moi, et je le guérirai », son cœur se manifeste aussitôt. Il répond : « Seigneur, je ne suis pas digne que Tu entres sous mon toit ». En effet, de même que lui, le centurion, pouvait dire à l’un : « Va, et il va ; à un autre : Viens, et il vient ; à son serviteur : Fais ceci, et il le fait », — combien plus le Seigneur pouvait-Il « prononcer un seul mot, et mon serviteur serait guéri » ? Jésus avait en effet autorité sur toutes les maladies ; s’agissait-il simplement pour Lui de poser Sa main sur le lépreux ? Pas du tout. Il n’avait qu’à prononcer une parole, et c’était fait. Le centurion part de la grande vérité que Jésus était Dieu (et pas simplement Messie), et qu’Il était donc pleinement capable de guérir. En bref, il Le regarde d’une manière encore plus élevée, non pas comme quelqu’un dont la présence doit être liée à l’exercice de la puissance, mais comme quelqu’un qui n’avait qu’à prononcer la parole, et cela se faisait. Cela fait apparaître le caractère de la parole de Dieu, et l’absence de Jésus par rapport à ceux qui profitaient maintenant de Sa grâce.
Telle est notre position. Jésus est absent et invisible. Nous entendons Sa parole, nous nous en emparons et nous sommes sauvés. C’est la belle manière dont nous est donnée ici l’attitude différente du Seigneur à l’égard des Juifs et des Gentils ; mais nous apprenons, en outre, que la bénédiction serait refusée par Israël, et que les Gentils deviendraient les objets de la miséricorde, comme il est dit ici : « En vérité, je vous dis, je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi. Et moi, je vous dis que beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et s’assiéront avec Abraham, Isaac et Jacob dans le royaume des cieux » (2:10, 11), c’est-à-dire que beaucoup de Gentils viendront. Et ce n’est pas tout : « Mais les enfants du royaume » (c'est-à-dire les enfants naturels, bien sûr), ceux qui étaient la semence, mais pas les vrais enfants d’Abraham au sens strict (les enfants du royaume l’étaient par naissance, mais n’avaient pas de foi du tout), ceux-là devaient être « jetés dans les ténèbres du dehors ; là seront les pleurs et les grincements de dents ». Les Juifs en tant que nation allaient être rejetés. Il y aurait seulement une lignée de croyants ; mais la masse d’Israël devrait être rejetée jusqu’à ce que la plénitude des Gentils soit entrée.
Nous avons donc ici une vue merveilleuse de notre Seigneur, conforme à l’orientation générale de l’Évangile de Matthieu. Nous avons Jésus manifestant qu’Il est l’Éternel-Jésus, prêt à guérir partout où il y a de la foi — mais où est-elle ? Le lépreux pouvait représenter le résidu pieux ; mais quant à la masse d’Israël, leur condamnation est prononcée ici, et cela précisément dans le même incident qui prouve que la grâce de Dieu qu’Israël refusait se fraierait un canal plus large parmi les Gentils, pour s’y épancher. Les Gentils participeraient aux miséricordes que les Juifs rejetaient. C’est précisément ce qui unit ces deux récits. Jésus donne la preuve à Israël qu’Il était un Messie divin. S’ils Le méprisaient, les Gentils écouteraient.
Mais il y a une autre chose de grande importance, et qui montre pourquoi la guérison de la mère de la femme de Pierre est gardée dans cet Évangile jusqu’après ces événements, bien que Marc la donne avant. Marc fournit l’histoire du ministère de Christ telle qu’elle s’est passée. Pourquoi Matthieu ne fait-il pas pareil ? La sagesse divine est marquée sur ceci, comme sur tout dans la Parole de Dieu. Je crois que Matthieu l’a réservé à cet endroit parce qu’Israël pouvait avoir l’idée que, du fait que la miséricorde de Dieu s’étendait aux Gentils, Son cœur pouvait se détourner d’eux. La jeune fille n’était pas morte, mais endormie (9:24) : voilà l’état d’Israël maintenant. Et aussi sûrement que le Seigneur l’a fait lever, aussi sûrement, dans un jour futur, réveillera-t-Il la fille endormie de Sion. Nous avons reçu maintenant une meilleure bénédiction et une plus grande gloire. Mais il est nécessaire pour la vérité de la parole de Dieu qu’Israël aussi soit béni ; car si Dieu pouvait manquer de parole envers Israël, je ne pourrais pas me fier à Sa parole pour moi. Or Dieu a positivement promis la gloire finale d’Israël sur la terre. La seule chose nécessaire est de ne pas confondre ces choses ; de n’être ignorant ni de l’Écriture ni de la puissance de Dieu.
L’incident présenté dans le cas présent (bien que le Seigneur sût l’incrédulité d’Israël et l’avait prédite, et bien qu’Il sût également que les Gentils allaient maintenant entrer par la foi) prouve que Son cœur ne pouvait que s’attarder sur Israël. C’est la raison pour laquelle, je pense, le Saint Esprit, pour illustrer cela, fait intervenir ici la guérison de la belle-mère de Pierre. De ce troisième incident donc, la guérison de la mère de la femme de Pierre, je pense que nous pouvons en déduire qu’Il l’a fait par amour pour Pierre, quelles qu’aient pu être les autres raisons. Il s’agit d’une relation naturelle, et vous constaterez que la grande scène pour cela est Israël. Pierre était l’apôtre de la circoncision ; aussi je ne doute pas que l’une des raisons pour lesquelles cet événement est rapporté ici est de montrer que l’incrédulité d’Israël n’aliénerait pas finalement le cœur du Seigneur. Il était là, guérissant encore toutes leurs maladies, comme en témoignait même la foule autour de la porte, « en sorte que fût accompli ce qui avait été annoncé par le prophète Ésaïe, disant : Il a pris Lui-même nos infirmités et a porté nos maladies ». Le Seigneur, lorsqu’Il accomplissait un miracle, entrait en esprit dans les circonstances de celui qu’Il soulageait. Si le miracle faisait ressortir Sa puissance divine, il y avait aussi la sympathie divine qui entrait dans la profondeur du besoin qu’Il soulageait.
Après cela, nous voyons le Seigneur se préparer à passer à l’autre rive. Mais cela donne l’occasion à certaines personnes d’être mises en évidence dans leur vrai caractère et leurs voies, et au Seigneur de manifester ces choses en parallèle. Quand cela s’est-il produit ? Ceci fait ressortir une caractéristique très particulière de l’Évangile de Matthieu, et montre combien le Saint Esprit était au-dessus de la simple routine des dates. Regardez l’Évangile de Luc, et vous trouverez que la conversation avec ces gens a eu lieu après la transfiguration. En Luc 9, il nous est dit qu’après la transfiguration, le Seigneur dressa Sa face pour aller à Jérusalem ; puis, au v. 57, il est dit : « Et il arriva, comme ils étaient en chemin, qu’un certain homme lui dit : Seigneur, je te suivrai partout où tu iras. Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête. Et il dit à un autre : Suis-moi. Mais il dit : Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père » (Luc 9:57-62). Suis-je trop audacieux en pensant que c’est le même incident que celui enregistré en Matthieu ? Il n’est pas raisonnable de supposer que notre Seigneur ait répété les mêmes choses à des moments différents ; nous ne pourrions pas non plus concevoir que deux personnes distinctes se copient aussi exactement l’une l’autre. Mais remarquez son importance, si tel est le cas. L’incident s’est déroulé très longtemps après, et pourtant il est rapporté ici par Matthieu. Pourquoi ? Parce qu’il illustre ceci : tandis que le Seigneur avait tout cet amour dans Son cœur envers Israël malgré leur incrédulité, il n’y avait en Israël aucun cœur pour Lui. Quelle était Sa condition maintenant ? Il n’avait même pas d’endroit où reposer Sa tête. Quelle chose pour le Messie d’Israël d’être obligé de dire, lorsqu’un homme se proposait de Le suivre : « Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer Sa tête ».
C’est la première fois qu’Il utilise l’expression « Fils de l’homme » ; ce n’est plus « Fils de David ». « Fils de l’homme » est le titre de Christ comme rejeté ou glorifié. Il n’y a pas de doute sur lequel des deux il s’agit ici. Même Son propre peuple ne veut pas de Lui. Alors Il s’en va à l’autre rive — Il doit les quitter. Il l’a déjà fait, comme nous le savons. Mais voilà un homme qui propose de Le suivre. Le Seigneur savait tout ce qu’il y avait dans son cœur. L’homme était un simple Juif charnel, qui pensait qu’en suivant Jésus il aurait une bonne place auprès du Messie. Le Seigneur lui dit qu’Il n’avait pas de place à lui donner. Il n’y avait même pas de nid pour le Messie. Qu’est-ce que la chair pouvait trouver, quand elle se proposait de suivre Christ ? Le Seigneur dévoile son cœur, démontre sa complète corruption, montre qu’elle doit être d’autant plus terrible que le Seigneur Lui-même n’avait même pas la moindre place que pouvait posséder la créature la plus petite et la plus malicieuse qu’Il avait faite. Les renards n’avaient-ils pas des tanières, et les oiseaux du ciel des nids ? Mais le Fils de l’homme n’avait pas même un endroit où poser sa tête. Si la chair allait prétendre suivre notre Seigneur, elle ne rencontrait que réprimande.
À un disciple qui disait : « Seigneur, permets-moi d’aller
d’abord ensevelir mon père », le Seigneur pouvait répondre : « Suis-moi, et
laisse les morts enterrer leurs morts » (8:21, 22). Notez la différence. Quand
Christ appelle, il peut y avoir une grande réticence, le sentiment de
l’épreuve, et la nature qui se met à lutter ; pourtant la parole
demeure : « Suis-moi ». Quand c’est un homme complètement charnel qui est
mis en présence de l’évangile, il n’y a pas cette réticence — rien de cette
mise à l’épreuve. L’homme pense que tout est beau, mais cela ne s’empare pas de
son âme ; et très vite, les circonstances arrivent pour détourner son cœur
vers d’autres choses, et finalement l’homme retombe à son propre niveau. Mais
lorsque le Seigneur dit : « Suis-moi », combien il est fréquent que l’âme, à
ce moment-là ou avant, dise : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord
ensevelir mon père ». Il est clair qu’il y avait cette relation naturelle, très
exigeante. Son père était mort : il devait aller l’ensevelir. On pouvait
dire qu’il est si urgent qu’un homme fasse l’ensevelissement de son père que
tout doit passer en second. Pas du tout, dit le Seigneur, Christ doit passer
avant tout. Si l’appel de Christ est entendu, alors même que le père est mort
et attend d’être enseveli, nous devons renoncer à cela même. Le monde peut
dire : « Voilà un homme qui parle de Christ, mais qui n’aime pas son père ».
Il faut nous y préparer : si nous n’y sommes pas préparés, c’est que nous
ne comprenons pas la valeur suprême du Christ que nous avons acquis. Vous
constaterez que les liens naturels et les devoirs de ce monde sont toujours
susceptibles de s’interposer entre Christ et l’âme. Les exigences de la nature
font toujours pression sur chacun. Mais qu’il s’agisse d’un père ou d’une mère,
d’un frère ou d’une sœur, d’un fils ou d’une fille, lorsque l’appel de Christ
est clair, veillez à ne pas dire : « Permets-moi de faire telle ou telle
chose premièrement
». La parole de Jésus est : « Suis-moi, et laisse
les morts ensevelir leurs morts ».
Alors le Seigneur s’en va. Nous Le trouvons montant dans une
barque et Ses disciples Le suivent. S’ensuit l’histoire de la tempête et du
miracle que Jésus accomplit en calmant les vents et la mer. Quand cela a-t-il
réellement eu lieu ? Le soir du jour où les sept paraboles de Matthieu 13
furent prononcées, avant la transfiguration, mais longtemps après les autres événements
mentionnés dans Matt. 8. Marc nous le fait savoir positivement dans le chapitre
qui rapporte les paraboles (Marc 4) — les mêmes que celles de Matthieu 13, avec
cet ajout (Marc 4:33-35) : « Et par plusieurs paraboles de cette sorte, Il
leur annonçait la parole, selon qu’ils pouvaient l’entendre ; mais il ne leur
parlait pas sans parabole. Et en particulier [= quand ils furent seuls = quand
ils furent entrés dans la maison, comme cela figure en Matthieu 13], Il
interprétait tout à Ses disciples. Et en ce jour-là
, quand le soir fut
venu, il leur dit : Passons à l’autre rive ». Suit alors la même histoire
que dans Matt. 8 ; et après leur arrivée à l’autre rive, il y a l’homme
avec la légion de démons. Il n’est pas douteux qu’il s’agit de la même scène
que celle de Matt. 8:24-27 suivie de la guérison des hommes possédés par des
démons, mais présenté dans un contexte entièrement différent. Cela ne s’est
produit que longtemps après, de même que le récit de la conversation de notre
Seigneur avec plusieurs personnes (Matt. 8:18-22) bien que cela n’ait pris
place que dans une partie totalement différente de la vie et du ministère de
Christ.
Qu’est-ce qui en découle ? Que le Saint Esprit, dans Matthieu, ne nous donne l’ordre historique que là où il s’accorde avec l’objet spécial de l’évangile. Tout cela dénote la parfaite sagesse de Dieu, et nul autre que Dieu n’aurait songé à une telle chose. Mais combien peu y pensent, ni ne le comprennent maintenant. Cela ne montre-t-il pas la lenteur de nos cœurs à saisir la pleine signification de la parole de Dieu ?
Qu’est-ce que le Seigneur enseigne dans ces deux scènes ? Nous Le voyons ici seul avec Ses disciples. La partie pieuse d’Israël est maintenant séparée avec Lui-même et exposée à tout ce que les ennemis de Dieu pouvaient faire contre eux. Mais cela ne sert qu’à mobiliser la puissance du Seigneur pour eux. Tout est soumis à Son commandement. Il en va de même dans notre propre expérience. Il n’y a jamais de difficulté, d’épreuve ou de circonstance douloureuse dans laquelle nous semblons complètement dépassés par la puissance de Satan dans ce monde, mais si notre regard est tourné vers Christ et que nous faisons appel à Lui, nous connaitrons Sa puissance vraiment déployée en notre faveur. Lorsqu’ils se rendent compte de qui ils avaient dans leur barque et qu’ils crient en disant : « Seigneur, sauve-nous, nous périssons », Il se lève et tance le vent et la mer. « Et il se fit un grand calme ». De sorte que les matelots eux-mêmes s’étonnaient, disant : « Quelle sorte d’homme est-ce là, que même les vents et la mer lui obéissent ! ». Les disciples le savaient d’une manière encore plus profonde, mais les autres étaient étonnés.
Mais ce n’est pas tout. Cela pouvait démontrer ce que Christ est pour les pieux qui étaient avec Lui. Mais il y avait deux hommes, fort éloignés du Messie au milieu des sépulcres, possédés par des démons extrêmement violents, de sorte que personne ne pouvait passer par là — juste l’image de la puissance, sans aucun espoir, de Satan dans le monde. L’un d’eux, est-il dit ailleurs, avait le nom « Légion » parce que beaucoup de démons étaient entrés en lui. On ne pouvait pas avoir pire que cela. La puissance de Satan était plus forte que toutes les entraves des hommes.
Mais le Seigneur est là. Les démons croient et ils frissonnent (Jacq 2:19). Ils sentaient Sa présence. Mais le jour n’était pas venu où Satan serait dépossédé de son titre de chef de ce monde. Ce n’était encore que le temps de faire la preuve de la puissance capable de le déposséder : le plein exercice de cette puissance était réservée pour un jour futur. Je ne doute pas que notre évangéliste donne le fait de chasser les démons comme un témoignage de la puissance de Christ pour délivrer le résidu Juif ; et c’est pourquoi le Saint Esprit nomme deux hommes (Il ne le fait qu’ici) ; d’autre part, le troupeau de porcs possédés semble représenter la destruction de la masse impure d’Israël dans ce jour futur.
L’histoire fait aussi ressortir que Satan a un double pouvoir, non seulement dans les excès épouvantables de ceux qui sont complètement sous son influence, mais dans la tranquille inimitié de cœur qui conduit d’autres personnes à aller vers Jésus pour le supplier de s’éloigner de leur territoire. Quelle chose solennelle de savoir que l’influence secrète de Satan sur le cœur qui crée le désir de se débarrasser de Jésus, est encore plus fatale, personnellement, que lorsque Satan fait d’un homme le témoin de sa terrible puissance ! Il en était ainsi alors, et il en est encore de même maintenant avec les hommes qui périssent.
Voilà l’histoire des hommes qui veulent que Jésus s’éloigne d’eux. Que le Seigneur nous accorde cette heureuse connaissance de Lui-même, cette entrée dans ce qu’Il est pour nous maintenant, qui donne à l’âme le calme et le repos dans Son amour, et la certitude de Sa présence auprès de ceux qui Lui appartiennent : « Je suis toujours avec vous, jusqu’à la consommation du siècle ». Puissions-nous savoir ce que c’est que d’avoir Jésus pour prendre soin de nous, et pour produire un grand calme, quel que soit l’effet des bouleversements de la puissance de Satan contre nous ! Que le Seigneur nous donne de regarder à Jésus. Depuis notre première connaissance de ce qu’est le péché jusqu’à notre dernière épreuve dans ce monde, tout se concentre dans la question de savoir si j’ai confiance en moi-même ou dans le Seigneur.
Celui qui examine attentivement le ch. 9 avec le suivant (ch. 10), ne peut manquer de voir que la coupure appropriée est à la fin du v. 35 du ch. 9, les trois derniers versets (9:36-38) formant proprement l’introduction du ch. 10. Ce que nous avons dans le ch. 9, pour autant que j’aie compris, c’est l’effet de la présence de Jésus sur les chefs religieux d’Israël : Je crois que c’est là le grand sujet.
Le ch. 8 nous a donné une esquisse de la présence du Seigneur en Israël, et de ses résultats. C’était un tableau général, en sorte que le Saint Esprit y néglige entièrement le simple ordre historique, et Il réunit des passages de la vie de Christ séparés, en fait, par des mois ou même une année. Il n’y a pas la moindre tentative de la part de l’Esprit de Dieu de les présenter tels qu’ils se sont passés ; mais au contraire, le Saint Esprit cueille à différentes époques et en différents lieux certains faits marquants qui illustrent la présence du Messie au milieu de Son peuple, Son rejet par Israël et ce qu’allaient être les résultats de ce rejet.
Au ch. 8, nous avons vu tout d’abord, qu’Il a été démontré comme
étant Dieu, le Dieu d’Israël — l’Éternel — pour qui la purification de la lèpre
était simplement une question de Sa volonté
; car même le lépreux
ne doutait pas de Sa puissance
. « Si Tu veux, Tu peux me rendre net ».
Personne d’autre que Dieu ne pouvait le faire. Or, personne n’avait un sentiment
aussi fort qu’un Juif à l’égard de ce mal répugnant, car Dieu Lui-même avait
fixé avec tant de soin dans Sa loi la nature et la preuve de la lèpre. Car il s’agissait
d’une souillure sans espoir — la grande et solennelle leçon de ce que le péché
a d’horrible, dans ses effets et en lui-même. Dieu peut guérir et Dieu peut purifier :
personne d’autre ne le peut. Il ne s’agissait pas exactement de pardon, mais de
purification et d’effacement de la souillure. L’Esprit de Dieu a réservé la
question du pardon jusqu’au ch. 9 ; le pardon est lié aux droits de
Dieu et à Son caractère judiciaire, tandis que la purification de la lèpre est
plus particulièrement liée à Sa sainteté
. Dans le ch. 8, il s’agissait de l’aspect
général du fait que le Messie était là — Dieu Lui-même en grâce, et n’agissant
pas selon la loi qui aurait banni le lépreux hors de sa demeure, hors de Son
peuple et hors de Sa propre présence. C’était un fait merveilleux de réaliser que
sur la terre et en Israël il y avait une personne qui était aussi clairement
Dieu dans Sa puissance que Dieu dans Son amour ! La loi ne faisait qu’établir
ce qui était juste, mais ne pouvait donner aucune puissance, sinon de condamner
les injustes. Elle devait rendre le cas d’un pécheur sans espoir, simplement
parce que c’est la loi de Dieu, et que la loi ne peut jamais se mélanger au
péché.
Mais il y avait ici Celui qui avait donné la loi et qui pourtant
était au-dessus de la loi. Évidemment, en effet, à moins qu’il y eut en Dieu un
principe supérieur à la loi, il ne pouvait y avoir aucun secours pour le coupable.
Or la grâce est ce principe. Et il y avait ici Celui qui montrait par Ses actes
et Ses paroles qu’Il était manifestement et à tous égards Dieu dans la plénitude
de Sa grâce. Il touchait le lépreux et disait : « Je veux, sois net ». L’état
de cet homme était l’image même de la véritable condition d’Israël ; et ce
que le Seigneur avait fait pour un lépreux tout seul, Il était prêt à le faire également
pour toute la nation ; mais « Il est venu chez soi, et les siens ne l’ont
pas reçu » (Jean 1:11). Dieu serait-il donc confondu dans son amour ? Si les
Juifs L’ont refusé, qu’en est-il des Gentils ? Il faut qu’ils entendent ;
c’est pourquoi nous avons immédiatement après le récit du centurion et de son serviteur.
Mais je ne vais pas répéter les faits du ch. 8. Au ch. 9, nous avons, non pas le
tableau général de la présence de Dieu et de ses résultats en Israël, mais ses conséquences
spéciales sur les chefs religieux
du peuple.
Nous commençons encore une fois par un cas remarquable de guérison, non pas le cas évident de la lèpre, qui aurait dû frapper tout Juif, mais un autre cas tout aussi illustratif. « Étant monté dans une barque, Il passa à l’autre rive, et arriva dans sa propre ville » (9:1), c’est-à-dire à Capernaüm. Nous sommes donc maintenant sur un terrain plus étroit. Capernaüm est le lieu où le Seigneur a vécu et a accompli Ses plus grands miracles, et c’est justement la raison pour laquelle lui a été adressé le malheur le plus terrible qu’Il ait prononcé. C’est toujours le cas et c’est un principe extrêmement solennel. Lorsque le jour du Seigneur viendra, le coup de jugement le plus intense tombera non pas sur les parties obscures de la terre, mais sur les parties favorisées où il y a eu le plus de lumière, et hélas, le plus d’infidélité. Pour ma part, je ne doute pas que notre propre pays (UK) doive souffrir dans une mesure particulière ; mais surtout, Jérusalem, et Rome aussi, à laquelle la plus remarquable de toutes les épîtres a été écrite, posant les fondements du christianisme, mais qui s’en est le plus grandement écarté. Ils subiront le jugement de Dieu le plus énergique, non seulement sur le plan religieux, mais aussi sur le plan civil. Peu importe qui règne ou qui peut être renversé ; il en sera ainsi partout où, malgré les faveurs spéciales de Dieu et la lumière de Sa parole largement répandue, les gens sont restées infidèles, et sont même devenus plus laxistes, superstitieux et sceptiques. Le Seigneur enlèvera les Siens avant le jugement, et les autres resteront pour subir Sa juste colère. « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il aux jours du Fils de l’homme » (Luc 17:26).
Dans cette scène, le Seigneur montre la nécessité morale d’un tel jugement. Ce n’est pas seulement dans le pays des Gergéséniens (8:28), ou la région de Nazareth. Mais prenez les meilleurs, les gens qui auraient dû connaître les Écritures plus que les autres, dont la profession même était de les connaître et de les enseigner — quelle était leur estimation de Jésus ? C’est ce qui ressort de notre ch. 9. « Et voici on Lui apporta un paralytique couché sur un lit. Et Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils, aie bon courage ». C’était une parole bénie, répondant tout à fait au cas de l’homme, une parole pour toucher ses affections et aborder sa conscience. « Mon enfant, aie bon courage, tes péchés sont pardonnés ». Il y avait quelque chose à la fois pour son cœur et sa conscience. Ses péchés auraient dû peser plus lourdement sur son cœur que sa paralysie sur son corps ; mais cette parole répondait à tous ses besoins. « Et voici, quelques-uns des scribes dirent en eux-mêmes : Cet homme blasphème » (9:3). Dans ce chapitre, ce n’est pas un scribe dans sa vaine assurance charnelle, qui fait profession d’honorer Jésus (8:19), mais ce sont les scribes qui Le jugent et Le condamnent. À leurs yeux, Jésus blasphémait quand Il disait : « Tes péchés sont pardonnés ». Terrible illusion de la méchanceté de l’homme. « Cet homme blasphème ! » Et ce n’étaient pas des ignorants qui disaient en eux-mêmes : « Cet homme blasphème ». « Mais Jésus, connaissant leurs pensées, dit : Pourquoi pensez-vous du mal dans vos cœurs ? Car qu’est-ce qui est le plus facile, de dire : Tes péchés te seront pardonnés, ou de dire : Lève-toi et marche ? » Maintenant, Il leur fait entendre une parole qui montrait ce qu’aurait dû immédiatement répondre un scribe familier avec les Écritures.
Ce n’est pas l’expérience d’un saint aujourd'hui, bien que nous puissions la reprendre dans un sens très béni. Mais pouvons-nous dire que le verset « Qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies » (Ps. 103:3) est la manière dont le Seigneur traite aujourd'hui les chrétiens ? Lorsqu’Il pardonne les iniquités d’une personne, guérit-Il nécessairement toutes ses maladies ? Alors qu’ici, il est évident que le Seigneur envisageait l’union de la guérison des maladies corporelles avec le pardon des péchés chez les mêmes personnes et au même moment. Quand cela se fera-t-il ? Quand Dieu prendra en mains le gouvernement du monde. Quand Celui qui a été crucifié sera glorifié — non seulement au ciel, mais ici-bas ; quand ce jour viendra, le monde extérieur, le corps de l’homme, et particulièrement Israël le peuple de Dieu, en ressentira l’effet immédiat. Si nous pouvons adopter la force et l’esprit des Psaumes, dans la mesure où ils s’appliquent à notre condition actuelle, n’oublions pas qu’il y a bien davantage dans les Psaumes que nous ne pouvons pas nous appliquer.
Nous ne pouvons dire honnêtement « Qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies ». Les maladies, là, ne signifient pas le péché, parce qu’il en est juste parlé séparément. Le pardon des iniquités et la guérison des maladies corporelles ont tous deux été promis à Israël, et le Seigneur les accomplit tous les deux ici. Il montre que, dans Sa personne et par Son ministère, maintenant au milieu d’Israël, il y avait le témoignage que la puissance était là pour faire tous les deux. Afin qu’ils sachent que le Fils de l’homme avait « le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés, il dit au malade de la paralysie : Lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison. Et il se leva et s’en alla dans sa maison ». Il y avait une preuve de la réalité du pardon dans le fait que la maladie était guérie sous leurs yeux. L’union de ces deux choses devait forcément frapper un scribe. La Parole de Dieu les avait jointes, et ceci aussi était un signe du règne de l’Éternel. L’âme avait été appelée à bénir l’Éternel qui pardonnait les iniquités d’Israël et guérissait leurs maladies. Mais qui était celui-ci ? Il avait parlé de Lui-même comme le Fils de l'homme dans le ch. 8 : « le Fils de l'homme n’a pas où reposer sa tête », avait-Il dit. C’est le titre du Messie rejeté. Ensuite on Le trouve comme Fils de l'homme glorieux ; mais Il est Celui qui a souffert avant d’entrer dans la gloire. Dans ce miracle, nous avons le plus fort témoignage de ce qu’était la gloire de Sa personne. Il avait seulement à dire au paralytique « Lève-toi, prends ton lit, et va dans ta maison », et immédiatement toute impuissance disparaissait devant Lui : « il se leva et s’en alla dans sa maison ».
Voilà donc la réponse du Seigneur au blasphème des scribes qui L’accusaient de blasphème. « Et les foules, voyant cela, s’étonnèrent et glorifièrent Dieu qui donnait une telle puissance aux hommes » (9:8). Hélas, ils ne savaient pas que c’était la puissance de Dieu exercée par Celui qui était Lui-même Dieu. Ils voyaient qu’Il était le vase de la puissance de Dieu, et c’était tout. Un homme peut être cela sans être Dieu. Le Seigneur peut se plaire à faire des miracles même par un homme mauvais, de sorte que, tandis qu’ils rendaient gloire à Dieu qui avait donné une telle puissance à un homme, il n’y avait aucune foi réelle dans la personne de Christ. Mais le grand but du miracle est de faire ressortir le véritable état de cœur chez les chefs ecclésiastiques du peuple. Un jugement solennel, applicable à tout moment, commence à poindre avec ce chapitre ; et avant de l’avoir terminé, nous trouverons que leur affaire est close, en ce qui les concerne. L’Éternel-Jésus était intolérable à Israël, mais surtout à ceux qui avaient la plus haute réputation quant au savoir et à la sainteté.
Le Seigneur quitte cette scène, et voit « un homme nommé Matthieu, assis au bureau de recettes ; il lui dit : Suis-moi ; et il se leva et le suivit » (9:9). Si nous comparons les évangiles de Marc et de Luc, nous trouvons que le cas du paralytique et l’appel de Lévi ont eu lieu longtemps avant plusieurs des circonstances que nous avons déjà eues ; mais dans le récit de Matthieu ils sont réservés à deux fins spéciales. Au début de Marc 2, ils sont donnés dans l’ordre chronologique, tels qu’ils se sont produits ; il n’est pas douteux que Marc a été conduit à cela par l’Esprit de Dieu ; mais Matthieu les met dans un autre ordre, afin de donner de grands tableaux, à caractère dispensationnel, de la présence de notre Seigneur sur la terre et de ses conséquences pour Israël ; Matthieu regroupe tous les faits qui portent sur leur aveuglement pour un temps et leur restauration future.
Nous voyons ici l’effet de Sa présence sur les conducteurs religieux. L’appel de Matthieu est des plus significatifs. L’Esprit de Dieu l’a conduit à donner son nom ici — le nom sous lequel il a été ensuite connu sur la terre et dans le ciel. Matthieu montre donc la grâce du Seigneur, malgré l’animosité de ces scribes à son égard, et la forme que Sa grâce a prise en raison de leur incrédulité. Il sort et appelle Matthieu alors qu’il était assis au bureau de recettes. D’autres personnes avaient apporté le paralytique, mais Matthieu ne semble pas avoir manifesté de la foi avant l’appel de Jésus. Ce n’est pas Matthieu qui a cherché Jésus, mais Jésus qui a appelé Matthieu. Matthieu ne faisait que s’occuper d’impôts, dont il était le collecteur agréé. Les publicains ont toujours été rangés parmi les pécheurs, et le Seigneur va appeler le publicain Matthieu alors qu’il était en plein milieu de l’exercice de sa fonction, assis au bureau de recettes. Obéissant à l’appel du Messie, Matthieu non seulement Le suit immédiatement, mais invite Jésus à s’asseoir à table dans sa maison.
« Et voici, beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent et se mirent à table avec Lui et Ses disciples. Les pharisiens, voyant cela, dirent à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » (9:10-11). C’était une subversion claire et positive de toute convenance et de tout ordre aux yeux des Juifs. S’asseoir à table sans le moindre sentiment de mépris pour ces publicains et ces pécheurs était, en effet, étrange aux yeux des pharisiens. Que faisait le Seigneur ? Il manifestait de plus en plus la grâce de Dieu — d’autant plus que l’incrédulité se manifestait chez les gens qui n’avaient qu’une apparence de religion, des gens qui avaient des pensées de Dieu sans être fondés sur Sa parole (car on peut être ainsi sérieux dans son esprit et dans son cœur, mais sans la foi des élus de Dieu). D’un côté, ces gens prouvaient leur totale incrédulité vis-à-vis de Jésus et de Sa gloire ; mais d’un autre côté, Dieu, dans la personne de Jésus, allait plus avant dans Sa grâce et contrait davantage les pensées des gens religieux en Israël. Il appelle Matthieu, et Il mange avec ces publicains et ces pécheurs ; et quand les pharisiens y trouvent à redire aux disciples, le Seigneur produit aussitôt cette parole bénie de l’Ancien Testament : « Je veux miséricorde, et non pas sacrifice, car Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs à la repentance ». Il justifie Son appel et le maintient, non pas comme un cas exceptionnel, mais à titre de principe.
C’était ce que Dieu était descendu pour réaliser sur la terre. Ce n’était pas la loi, mais la grâce maintenant. Cela donne lieu à quelque chose de plus, et une parole très instructive du Seigneur est présentée ici. Les disciples étaient critiqués parce qu’ils ne jeûnaient pas comme les disciples de Jean et les pharisiens. Le Seigneur en donne la raison : « Les enfants de la chambre de l’épouse [fils de la chambre nuptiale] peuvent-ils mener deuil tant que l’époux est avec eux ? ». Autrement dit, Il montre l’absurdité de jeûner alors que la source de toute leur joie était là. Combien il aurait été tout à fait contraire à leur foi en Lui, le Messie, de se soumettre à cette marque de tristesse et d’humiliation, en présence de la source de toute leur joie et de leur allégresse !
Mais il y avait quelque chose d’encore plus profond à apprendre. Il n’y avait pas seulement la présence de Celui que les disciples comprenaient, et que les autres ne comprenaient pas, mais le Seigneur montre qu’on ne peut pas mêler les prescriptions qui découlent de la loi avec les principes et la puissance de la grâce divine (un principe très important, et justement celui que la chrétienté a pratiquement détruit). Car qu’est-ce qui a amené l’état actuel de la chrétienté ? Le christianisme est le système de la grâce en Christ maintenue en sainteté par le Saint Esprit chez ceux qui croient. La chrétienté est la grande maison de la profession, où des vases impurs sont mêlés avec ceux les vases à honneur — où abondent et règnent des principes qui ne sont jamais venus de Christ, et qui sont adoptés, les uns venant du judaïsme, les autres venant de l’esprit des gens sans égard à la Bible. Mais ce que le Seigneur montre, c’est que même si vous prenez ce à quoi Dieu a donné Sa sanction autrefois sous la loi, cela ne marchera pas maintenant. Le même Dieu qui a mis Israël à l’épreuve par la loi, a envoyé l’évangile ; et ce qu’il envoie maintenant c’est l’évangile, et non la loi. C’est à la grâce que nous avons affaire. C’est avec Christ ressuscité et dans le ciel que je suis en relation, et non avec la loi. Si je suis chrétien, je suis mort à la loi. La chrétienté a oublié cela et s’en est écartée ; partant des prémisses que la loi est bonne, et aussi l’évangile, ils disent : « Ne sera-t-il pas beaucoup plus sûr de les réunir ? » Le résultat est que ce que notre Seigneur a dit qu’on ne pouvait pas faire, les hommes ont cherché à le faire avec la plus grande diligence. Ils ont essayé de mettre le vin nouveau dans de vieilles outres, — c’est-à-dire dans des récipients de principes légaux avec lesquels Dieu en avait fini. Le Seigneur avait apporté du vin nouveau, et Il voulait de nouvelles outres.
La vertu et la puissance intérieures du christianisme doivent se revêtir de leurs propres formes. Les nouveaux vêtements sont la manifestation propre à l’évangile et de l’évangile, qui diffère totalement des manières cadrées selon la loi. Le légalisme est l’ancien vêtement, et c’est mépriser la bonté de Dieu que de se contenter de rafistoler l’ancien. Et après tout, cela ne réussira jamais. Tenter de le faire ne peut qu’aggraver l’état ancien. C’est ce que la chrétienté a fait. Elle a essayé de raccommoder le vieux vêtement avec de nouvelles pièces — d’introduire une certaine mesure de morale chrétienne dans le vieux vêtement, comme une sorte d’amélioration du judaïsme. Et quel a été le résultat ? En outre il y a le versement du vin nouveau dans les vieilles outres. Il y a une certaine mesure de la prédication de Christ, mais tout est en rapport avec les vieilles outres ! Ces versets englobent à la fois le développement extérieur et la puissance intérieure, et montrent que le christianisme est une chose entièrement nouvelle, une chose qui ne peut pas être mêlée avec la loi. Si vous trouvez un homme qui pense avoir obtenu quelque justice par lui-même, vous pouvez le retrancher par la loi. C’est l’usage légitime de la loi. Il est réellement impie, et vous utilisez la loi pour prouver qu’il l’est. Mais dans le chrétien, nous avons quelqu’un qui est pieux ; et comme Paul insiste expressément, la loi n’est pas pour lui. Je ne dois pas mettre le vin nouveau dans les vieilles outres, ni le vin vieux dans des outres neuves. Ceci amène le Seigneur à faire ressortir toute la nouveauté de la conduite et des principes qui découlent de Lui-même et de Sa grâce. Tout cela était fortement opposé aux pensées et aux préjugés des scribes et des pharisiens qui venaient avec leurs questions sur les jeûnes. Non pas que le jeûne ne soit pas un devoir chrétien (nous avons déjà examiné ce sujet au ch. 6) ; mais alors, il doit être fait selon des principes chrétiens, et non selon des principes juifs.
Nous arrivons maintenant à un incident du plus profond intérêt. Un chef de synagogue vient chercher notre Seigneur pour qu’il guérisse sa fille, puis il Lui rend hommage en disant : « Ma fille est déjà morte ; mais viens, pose ta main sur elle, et elle vivra. Et Jésus se leva et le suivit, ainsi que ses disciples » (9:18, 19). C’est l’illustration exacte de l’attitude du Seigneur envers Israël. Il était là avec la vie en Lui. Israël était comme la fille qui avait besoin de Lui ; il n’y avait aucune vie en elle : telle était la condition d’Israël. Mais le Seigneur se lève aussitôt et se rend à l’appel du chef. Il reconnaît la demande de la foi, si faible soit-elle. Le centurion savait qu’une parole suffirait ; mais le chef de synagogue juif, avec la pensée naturelle d’un Juif, veut que le Seigneur vienne chez lui et pose Sa main sur sa fille pour qu’elle vive. Il liait la présence personnelle du Seigneur à la bénédiction qui devait être conférée à son enfant malade, tandis que nous, les Gentils, nous marchons par la foi, et non par la vue. Nous croyons et aimons Celui que nous ne voyons pas. Les Juifs attendent Celui qu’ils verront, et ils L’auront de cette manière. Comme il fut permis à Thomas, après huit jours, de voir le Seigneur, et il fut invité à mettre sa main dans Son côté, et à voir dans Ses mains l’empreinte des clous, ainsi en sera-t-il pour Israël. « Ils regarderont vers Moi celui qu’ils ont percé » (Zach. 12:10). Tandis que nous, nous croyons en Celui vers qui nous n’avons pas regardé. De sorte que notre position est totalement différente de celle d’Israël.
Dans ce cas, le Seigneur entend l’appel et va immédiatement ressusciter la fille morte du chef juif. Mais, pendant qu’Il s’en va, une femme Le touche. Tant que le Seigneur est en route vers Israël — c’était le cas et cela reste en suspens seulement — quiconque vient, quiconque touche, obtient la bénédiction. L’incrédulité des scribes, la propre justice des pharisiens n’ont jamais pu entraver le Seigneur dans Sa mission d’amour. Il était sur le point d’introduire de nouveaux principes qui ne se mélangeraient pas à la loi — une grâce qui s’étendrait à tous, et qui s’occuperait du pire — ce qui est clairement présenté par cette femme qui vient et Le touche. Mais tout d’abord, vous avez le gage de la résurrection d’Israël ; car nous avons la garantie de la parole de Dieu de s’occuper de la condition d’Israël comme étant dans un état de mort. Regardez, par exemple, Ézéchiel 37 où Israël est comparé à des ossements secs. « Fils d’homme, ces os sont toute la maison d’Israël ; voici ils disent : Nos os sont desséchés, et notre attente a péri. … Voici, ô mon peuple, j’ouvrirai vos sépulcres, et Je vous ferai sortir de vos tombeaux. … Et vous vivrez, et je vous placerai sur votre terre » (Éz. 37:11-14). Je crois en ce miracle. Il représente, non seulement la conversion de pécheurs morts, mais le relèvement d’Israël en tant que nation. Le Seigneur a été refusé par le peuple qui avait la plus profonde responsabilité de Le recevoir ; mais aussi sûrement qu’Il a ressuscité la jeune fille de son lit de mort, ainsi sûrement Il restaurera Israël dans un jour qui vient. Mais en attendant, quiconque vient reçoit la guérison et la bénédiction. C’est ce qui s’est passé avec cette pauvre femme. Le Seigneur ne lui donne pas seulement la conscience qu’elle est guérie, mais Il lui fait savoir que Ses affections sont à fond pour elle. « Ma fille », lui dit-Il, « Aie bon courage, ta foi t’a guérie ». La parole rassurante a été donnée tout de suite. Le Seigneur met Son sceau sur ce que sa foi a fait, bien qu’elle l’ait fait en tremblant. Puis, en temps voulu, nous avons la résurrection de celle qui était morte, pour laquelle il n’était pas question de foi, mais de la puissance de Dieu et de Sa fidélité à Sa propre promesse.
Après cela (9:27), nous trouvons le cas de deux aveugles qui Le suivent : ailleurs, un seul est mentionné ; mais je crois qu’il y a ici la mention de deux aveugles pour la même raison que nous avons eu deux démoniaques. Ils crient et lui disent : « Fils de David, aie pitié de nous ». C’est la confession de Christ en relation avec Israël. Ils s’adressent à Lui en tant que Fils de David. Le Seigneur leur demande : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? Ils lui répondent : Oui, Seigneur. Alors Il leur toucha les yeux, en disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi. Et leurs yeux s’ouvrirent » (9:28-30).
Puis vint l’homme muet possédé d’un démon : « Et quand le démon fut chassé, le muet parla ; et la foule s’étonnait, disant : Jamais on n’a vu cela en Israël » (9:33). Je crois que tout cela est réuni dans le même but. Le Seigneur donnait type après type, et gage après gage, qu’Israël ne serait pas oublié, qu’Israël serait relevé de la mort : qu’ils soient aveugles, ils verraient ; qu’ils soient muets, ils parleraient ; que les pharisiens et les scribes soient totalement incrédules et blasphémateurs, et prêts à détourner tout le monde de Christ — qu’il en soit ainsi maintenant ; mais dans un jour qui vient, la mort cédera, la cécité sera ôtée, le parler sera donné à Israël. Il y avait même la confession de la foule, ce qui ne s’était jamais vu ainsi en Israël.
Permettez-moi de répéter qu’en appliquant ainsi ces miracles de notre Seigneur, je ne nie pas du tout la bénédiction d’une quelconque partie de ceux-ci pour une âme aujourd'hui. Mais ce n’est pas une raison pour prouver que le Seigneur n’avait pas une arrière-pensée que nous ne devons pas oublier. « Mais les pharisiens disaient : Il chasse les démons par le prince des démons » (9:34). Qu’y a-t-il de pire que cela ? N’était-ce pas en principe un blasphème contre le Saint Esprit ? Telle est la forme que prit alors ce péché. La puissance du Saint Esprit était là, agissant en Christ et par Lui, et ils attribuaient cette puissance à Satan. Il ne pouvait y avoir plus de détermination dans l’hostilité. Ils ne pouvaient pas nier la droiture de l’homme, ni les faits d’une énergie surhumaine ; mais la puissance qui était entièrement au-dessus de l’homme, ils pouvaient l’attribuer non pas à Dieu, mais à l’adversaire ; c’est ce qu’ils faisaient. Leur ruine en était complète et définitive. Quoi de plus terrible ! Rien ne pouvait convaincre quelqu’un à qui l’on avait prodigué toutes ces preuves et ces appels ; et la fin de tout cela, c’est que, non seulement les ignorants, mais les sages, les religieux, et les justes selon la loi, les pharisiens, la partie excellente aux yeux de l’homme de la nation élue — même eux disaient : « Il chasse les démons par le prince des démons ».
Rien de plus n’était nécessaire. Le Seigneur pouvait envoyer un témoignage par l’intermédiaire d’autres personnes, mais en ce qui concerne Son propre ministère, il était virtuellement terminé. Il envoie les douze immédiatement après ; mais tout cela revient au même. Le Seigneur est complètement rejeté, comme nous le voyons au ch. 11. Au ch. 12 Il prononce de manière finale le jugement sur cette génération. Le péché dont ils s’étaient rendus coupables allait mûrir en blasphème contre le Saint Esprit, et ne pouvait leur être pardonné, ni dans ce siècle ni dans celui à venir. La conséquence est que le Seigneur se détourne de la race incrédule, et introduit le royaume des cieux en rapport avec lequel Il nous donne toutes les paraboles de Matt. 13. Il prend la place d’un semeur, ne cherchant plus à recueillir du fruit en Israël, et Il se met à la tâche de l’œuvre nouvelle qu’Il allait entreprendre dans ce monde — œuvre qu’Il poursuit jusqu’à aujourd'hui, bien qu’en se servant maintenant d’autres instruments. Ainsi, la beauté de toute cette disposition de l’évangile de Matthieu ne peut être surpassée, bien que les autres Évangiles soient également parfaits pour leurs propres objectifs. Chacun présente les faits de l’histoire de notre Seigneur de manière à donner une vue distincte de la personne ou du service de Christ, avec les effets de cette manifestation ; et nous devrions tous les comprendre.
Que le Seigneur nous accorde que l’effet de l’examen de ces choses soit, non seulement de nous faire mieux connaître les Écritures, mais aussi de nous faire mieux connaître Jésus ! C’est ce que nous avons à cultiver par-dessus tout — afin de comprendre les voies de Dieu, les voies merveilleuses de Son amour en Jésus.
À la fin du chapitre précédent, notre Seigneur, en regardant les brebis perdues de la maison d’Israël, parle d’elles avec une profonde pitié comme de brebis sans berger. Ce qu’étaient réellement les Pharisiens avait pleinement éclaté au grand jour : non seulement ce que Lui savait déjà, mais les circonstances par lesquelles ils Le rejetaient totalement, et leur haine, apparaissant de plus en plus nettement, et elles faisaient surgir devant Son esprit ce à quoi les brebis de Dieu étaient exposées. Si leur esprit était implacable contre Celui en qui il n’y avait pas de péché, qui était le propre Fils de Dieu, le Berger d’Israël, quel serait le triste sort de ceux qui avaient des infirmités et des défaillances : celles-ci les exposaient à la malice de ceux qui ne se souciaient pas d’eux pour l’amour de Dieu, mais qui avaient l’œil le plus vif et hyper-soupçonneux pour tout ce qui était faible et insensé chez eux ! Souvenons-nous toujours de la grâce du Seigneur, qui fait que même ce qui est humiliant en nous n’attire que Sa compassion. Je ne parle pas du péché, mais de ce qui est infirmité, car les infirmités et les péchés sont deux choses différentes. Nous ne désirons pas la sympathie du Seigneur pour le mal. Le Seigneur a souffert et est mort pour notre péché. Mais nous désirons la sympathie pour nous dans notre ignorance, notre faiblesse, nos effrois, nos inquiétudes, nos soucis, nos troubles : dans toutes ces choses qui nous font souffrir, nous désirons vraiment de la sympathie ; et le Seigneur en a pleinement avec nous. C’était le cas à l’égard d’Israël. Les disciples étaient inconscients de la condition misérable d’Israël, et Jésus les invite, dans l’amour de Son cœur, à prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans Sa moisson. C’était Sa moisson, et seuls Ses ouvriers pouvaient y récolter.
Mais immédiatement après — et c’est remarquable — Il montre qu’Il est Lui-même le Seigneur de la moisson ; et Il envoie des ouvriers. Le ch. 10 illustre cela, et montre magnifiquement la portée de Matthieu, qui Le dépeint comme Celui qui doit sauver Son peuple de leurs péchés — Emmanuel, Dieu avec nous. Notez les circonstances. Cela se passe après Son rejet par Israël. Son propre ministère, plein de grâce et de puissance, a été pleinement exposé, et il se termine dans l’indifférence totale d’Israël et la haine des chefs religieux. Matthieu 8 fait voir le peuple, et Matthieu 9 les guides, chacun se manifestant ainsi séparément.
Le chapitre 10 montre maintenant que Jésus, en tant que maître de la moisson, envoie des ouvriers, et cela en leur conférant toute autorité et puissance. Notez que c’est toujours en relation spéciale avec Israël, et que le Seigneur est conscient, dès le début, du rejet par Israël. En attendant, c’est une mission juive des douze apôtres juifs vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Je prends cela tout à fait littéralement, et non pas comme si c’était dit de l’Église, dont il n’est jamais parlé comme de brebis perdues ; cette dernière expression décrit de manière tout à fait appropriée les brebis d’Israël, dans leur état de désolation. Avant que l’Église soit rassemblée, ce dont nous avons besoin, c’est d’un Sauveur. Nous, les Gentils, nous n’étions pas du tout des brebis, mais des chiens, au point de vue de notre évangéliste (voir ch. 15). Et une fois introduits dans l’Église, nous ne sommes pas, et ne pouvons pas être, des brebis perdues. Tandis que ces pauvres du troupeau, il en est parlé comme des brebis perdues de la maison d’Israël. Car jusqu’à ce moment-là, l’œuvre par laquelle ils pouvaient être mis dans la position connue de salut, n’était pas encore accomplie.
Lorsque notre Seigneur les envoie, il est dit : « Il appela à Lui Ses douze disciples, et leur donna pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute espèce de maladie et toute espèce d’infirmité » (10:1). C’était là leur mission particulière. Il n’est pas question de prêcher ce que nous appelons l’évangile, ni d’enseigner tout le conseil de Dieu (Actes 20:27) ; mais ils devaient aller avec la puissance messianique contre Satan et les maladies corporelles, en témoignage à Israël. Ils devaient annoncer le royaume des cieux. « Quand vous irez », dit notre Seigneur, « prêchez, en disant : Le royaume des cieux s’est approché » (10:7). Mais le grand trait caractéristique de la mission était que leur soit conféré le pouvoir contre les démons et les maladies. Le caractère approprié de ce fait en relation avec Israël, est manifeste. C’était une preuve éclatante que le vrai Roi, l’Éternel, était là, non seulement capable Lui-même de chasser les démons, mais capable de conférer ce pouvoir à Ses serviteurs. Qui d’autre que le Roi, l’Éternel des armées, pouvait faire cela ? C’était un témoignage bien plus grand que si le pouvoir avait été confiné à Sa propre personne. La capacité de conférer le pouvoir à d’autres (ce que Simon le magicien convoita si ardemment pour en tirer profit), Dieu le montre ici dans Son propre Fils.
Les serviteurs devaient maintenant être envoyés, et dans un ordre déterminé — douze d’entre eux, en relation avec les douze tribus de la maison d’Israël. Nous trouvons plus tard (19:28) la promesse qu’ils devaient « s’asseoir sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël ». Il ne fait donc aucun doute qu’il s’agissait d’une mission juive. Lorsque l’Église fut appelée, Dieu interrompit le simple ordre juif en appelant un apôtre extraordinaire, avec en vue spécialement les Gentils — un apôtre qui fut appelé après que Christ fut mort et ressuscité, et qu’Il eut pris place à la droite de Dieu. C’est alors qu’intervint cette nouvelle œuvre de l’appel de l’Église, et l’apôtre Paul devint le ministre caractéristique de l’Église, bien que les douze aient eu aussi leur place. Mais à cette époque, les douze apôtres devaient avoir un ministère envers Israël en témoignage du royaume des cieux (ce qui n’était pas le cas de Paul). Notez bien l’injonction la plus stricte qui leur fut faite de ne pas sortir des limites d’Israël, pas même de visiter les Samaritains, ni d’entrer dans les villes des Gentils. Ils ne devaient s’occuper que des brebis perdues de la maison d’Israël : cela prouve bien que cela veut dire les Juifs qui avaient le sens du péché et qui étaient prêts à recevoir le témoignage du vrai Messie. C’est avec eux exclusivement que les apôtres avaient affaire. Cela est d’autant plus remarquable que, dans cet Évangile, il nous est dit qu’après que le Seigneur soit mort et ressuscité, Il les envoya vers les Gentils (28:19) ; mais alors c’était sur la base évidente de Sa mort qui était intervenue. « Moi, si je suis élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jean 12:32). Le Christ sur la croix devient le centre d’attraction pour l’homme, ainsi que le fondement de tous les conseils de Dieu. Or, dans ce cas (ch. 10), nous n’avons rien de tel. Il n’est même pas question de la mort du Seigneur. Son rejet est introduit, mais rien n’est dit au sujet de l’édification d’une nouvelle structure — l’Église. Il fallait attendre un nouveau rejet avant que cela soit révélé, comme en Matthieu 16.
Ici, le Seigneur Jésus envoie les douze et leur donne cet ordre : « N’allez pas sur le chemin des nations (Gentils), et n’entrez pas dans aucune ville des Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël. Et quand vous irez, prêchez, en disant : Le royaume des cieux s’est approché. Guérissez les infirmes, rendez nets les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. Ne faites provision dans vos bourses ni d’or, ni d’argent, ni de cuivre, ni d’un sac pour le chemin, ni de deux tuniques, ni de chaussure, ni même de bâtons ; car l’ouvrier est digne de sa nourriture » (10:5-10). Autrement dit, ils devaient partir comme ils étaient, avec le manteau qu’ils avaient sur eux, avec les chaussures qu’ils avaient aux pieds. Ils ne devaient rien se procurer, ni faire des réserves pour subvenir à leurs besoins pendant leur mission. Ce n’est pas une règle universelle pour les serviteurs de Dieu en tout temps. Il s’agissait d’une mission particulière, pour un temps spécial, et vis-à-vis d’Israël seulement. Ce n’était pas l’évangile de la grâce de Dieu, mais celui du royaume. Les deux vont de pair aujourd’hui, mais il n’en était pas ainsi à l’époque. Israël n’a pas reçu le témoignage du royaume ; un changement complet est intervenu, et le royaume des cieux est resté et reste en suspens quant à son établissement extérieur. L’appel de Dieu aux Gentils, maintenant, s’intercale comme une vaste parenthèse entre ce message aux brebis perdues d’Israël et son plein accomplissement dans les derniers jours. Tout ce que le Seigneur ordonne doit être accompli, mais rien n’est parfaitement accompli tant que le Seigneur n’aura pas tout pris en main Lui-même.
Tout ce qui doit être bientôt pris en charge par Christ en puissance et en gloire, est d’abord confié à l’homme. Mais l’homme fait faillite partout, Israël en tant que nation s’effondre, l’Église est devenue mondaine et dispersée. Tout sera pourtant à la louange de Christ Lui-même. Ainsi, quoi que vous regardiez dans les voies de Dieu, la règle générale est qu’il y a d’abord présentation à l’homme ; il est fait que cela repose sur lui pour voir s’il peut porter la responsabilité et la gloire ; et il ne le peut pas. Mais ce en quoi l’homme a fait faillite est destiné à reposer sur les épaules de Christ au jour de la gloire, et tout arrivera alors à la perfection, brillera d’un éclat plus que pur, et contribuera à Sa gloire.
Les douze ont été envoyés en mission et ont reçu l’instruction de dépendre uniquement de Christ. Lui pourvoirait à leurs besoins. Ils devaient annoncer le royaume des cieux, et Lui, le Roi, se chargerait de toutes les charges. Ils devaient partir avec la plus complète confiance en Lui.
Aujourd’hui, bien que Ses serviteurs ne doivent pas se tourner
vers le monde, ou utiliser des moyens humains pour agir sur les saints, et bien
qu’ils puissent avec confiance compter sur Dieu pour subvenir à leurs besoins,
ils ne sont pas placés dans les mêmes circonstances que ces disciples. La
différence est fortement marquée. Prenez, par exemple, le commandement suivant :
« Dans quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous de qui y est digne,
et restez-y jusqu’à ce que vous partiez de là » (10:11). Un homme qui sort avec
l’évangile aujourd’hui demande-t-il qui est digne ? Il cherche les
indignes. Mais il s’agissait alors d’une mission pour Israël ; et
l’Éternel voulait les excellents de la terre (Ps. 16:3), ceux dont le cœur désirait
réellement le Messie. « Et quand vous entrez dans une maison, saluez-la. Et si
la maison est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’est
pas digne, que votre paix revienne vers vous » (10:13). Ce n’est pas du tout la
manière de l’évangile maintenant. Au contraire, le serviteur de Christ a le
droit de proclamer la paix avec Dieu à Ses ennemis. L’évangile s’adresse directement
à ceux qui sont dans la misère — les vils et les abandonnés ; car
l’évangile est la plénitude de la grâce de Dieu envers l’homme qui n’a rien à donner
à Dieu. S’ils sont entièrement brisés, s’ils sentent qu’ils sont tout à fait
inaptes pour Dieu, et si Dieu a pourvu un Sauveur tel que Sa parole déclare,
alors nous ne pouvons pas Lui faire confiance trop complètement ou trop
simplement. L’essence de l’évangile est la suivante : Dieu ne me demande
pas de donner, mais de recevoir
. C’est l’évangile de Dieu — l’évangile
de Son Fils ; mais ici, dans Matthieu, c’est l’évangile du royaume. Vous trouverez
constamment cette phrase dans Matthieu. Cet évangile s’adresse à ceux qui sont
dignes. Si la maison était digne, la paix du messager venait sur elle ;
sinon, elle s’en retournait. « Et quiconque ne vous recevra pas et n’écoutera
pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière
de vos pieds » (10:14) — le jugement serait sur eux. « En vérité, je vous le dis,
le sort sera plus tolérable pour le pays de Sodome et de Gomorrhe au jour du
jugement que pour cette ville » (10:15) — justement parce que les messagers du
royaume étaient venus à eux avec un message de grâce, et ils ne voulaient pas
les recevoir.
À partir du v. 16, le Seigneur les avertit des circonstances dans lesquelles l’évangile du royaume serait prêché. « Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups : soyez donc sages comme les serpents, et simples comme les colombes ». C’est-à-dire qu’Il appelle à la prudence, à une prudence céleste. L’objet et le caractère de leur prudence devaient être entièrement saints, et exempts de toute accusation vraie de faire tort aux hommes.
« Mais soyez en garde contre les hommes » (10:17a) — ne supposez pas que, même si vous allez avec de l’amour dans vos cœurs, vous ne rencontrerez pas de loups. Les Juifs sont clairement visés. « Prenez garde aux hommes ; car ils vous livreront à leurs sanhédrins, ils vous fouetteront dans leurs synagogues, et vous serez amenés devant les gouverneurs et les rois » (10:17-18). Tout en détestant le joug des Gentils, ils seraient tout à fait disposés à invoquer l’autorité des Gentils quand il s’agirait de disciples de Christ. Les Juifs les traîneraient devant les rois et les gouverneurs Gentils, malgré qu’ils avaient horreur d’eux. Mais notre Seigneur ajoute cette parole de grâce : « à cause de moi, en témoignage à eux et aux Gentils ».
Ainsi Dieu retourne contre Lui-même les armes de l’adversaire. « Certes, la colère de l’homme Te louera ; tu te ceindras du reste de la colère » (Ps. 76:10). On ne peut s’empêcher de penser qu’une vérité telle que celle-ci subsiste très certainement pour nous, bien qu’elle s’appliquât spécialement aux apôtres partant pour cette mission. « Lorsqu’on vous livrera, ne vous inquiétez pas de savoir comment vous parlerez ni de ce que vous direz ; car ce que vous direz vous sera donné à l’heure même. Car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’Esprit de votre Père qui parle en vous » (10:19-20).
En même temps, Il les prépare à la conduite la plus impitoyable à leur égard, même de la part de leur parenté. Le frère connaîtrait les habitudes de son frère, le père saurait tout sur l’enfant, et l’enfant sur le père : tout cela serait retourné contre les serviteurs de Christ. « Vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé » (10:21-22).
« Mais quand on vous persécutera dans cette ville, fuyez dans une autre ; car, en vérité, je vous dis : vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit venu » — déclaration remarquable (10:23). Elle rappelle l’expression dont j’ai déjà fait usage, à savoir que l’Église est une grande parenthèse. La mission des apôtres a été brusquement interrompue par la mort de Christ. Ils l’ont encore accomplie un peu de temps ensuite, mais elle s’est terminée complètement par la destruction de Jérusalem : alors tout était terminé pour le moment, mais pas pour toujours. L’appel de l’Église a alors pris le relai ; et lorsque le Seigneur aura enlevé l’Église du monde au ciel, Dieu recommencera à susciter des témoins du Messie sur la terre, quand les Juifs se convertiront. Dieu a déclaré qu’Il donnerait Sa terre à Son peuple, et Il le fera, car Ses dons et Son appel sont sans repentir (Rom. 11:29). La fidélité de Dieu y est engagée dans le fait que le peuple juif doit être restauré sur sa propre terre lorsque la plénitude des Gentils sera entrée. L’appel de la plénitude des Gentils est la parenthèse qui se déroule actuellement. Lorsque celle-ci sera terminée, le Seigneur reprendra Ses liens avec Israël. Ils retourneront au pays dans l’incrédulité. Le témoignage du royaume, commencé au temps de notre Seigneur par les apôtres, sera repris jusqu’à la venue du Fils de l’Homme. Alors Il « enverra ses anges, et ils cueilleront de Son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité, et les jetteront dans une fournaise de feu. … Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (13:41, 43). Le Seigneur accomplira pleinement en ce jour-là ce qui a été confié à l’homme, et qui s’est brisé par la main faible ou méchante de l’homme. Alors tout sera glorieux sous la Branche d’Israël (És. 11:1). C’est, je crois, ce qui accompagne l’expression remarquable selon laquelle ils ne devaient pas avoir achevé de parcourir les villes d’Israël avant que le Fils de l’homme soit venu. Toute la période pendant laquelle Seigneur s’est détourné pour appeler les Gentils est passée sous silence. Il parle de ce qui sortait alors, et de ce qui sera repris en Israël — passant sous silence ce qui se fait entre-temps.
Dans la dernière partie du chapitre, le Seigneur donne de doux motifs pour les encourager. « Le disciple n’est pas au-dessus de son maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur : s’ils ont appelé le maître de la maison Béelzébul, à combien plus forte raison les gens de sa maison ? » (10:24, 25).
Il l’éprouvait à ce moment-là, et il faudrait qu’eux le ressentent à leur tour. « Ne les craignez donc pas » (10:26). Le premier motif pour ne pas craindre est : j’ai parcouru le même chemin ; n’ayez pas peur. « Ne les craignez pas… car il n’y a rien de couvert qui ne soit révélé, ni de caché qui ne soit connu ». Autrement dit : Vous comprendrez les raisons et les motifs de l’incrédulité des gens un autre jour, si vous ne les comprenez pas maintenant. Tous ceux qui connaissent la vérité et ne la suivent pas, ont une aversion pour ceux qui la suivent. Il en sera pour vous comme pour moi ; mais n’en soyez pas inquiets. Ayez pleinement bon courage, et persévérez dans le témoignage. « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière ; et ce qui vous est dit à l’oreille, prêchez-le sur les toits » (10:27). Il les encourage à la plus grande franchise et à la plus grande audace.
Une deuxième recommandation de ne pas craindre est sur une autre base : Quel mal pouvaient-ils leur faire ? Ils ne pouvaient pas toucher l’âme ; ils ne pouvaient même pas toucher le corps à moins que votre Père céleste ne le permette. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme » (10:28a). Ils ne peuvent pas vous blesser, Il n’y a rien qu’un croyant ait à redouter, sauf d’affliger et de pécher contre Dieu. C’est pourquoi Il ajoute immédiatement : « Craignez plutôt celui qui peut détruire l’âme et le corps dans la géhenne (en enfer) » (10:28b). Une chose redoutable est placée devant les ennemis de Dieu : la destruction de l’âme et du corps en enfer !
« Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? Et aucun d’eux
ne tombera à terre sans votre Père. Les cheveux mêmes de votre tête sont tous
comptés. Ne craignez donc rien, vous avez plus de valeur que beaucoup de
moineaux » (10:29-31). Le soin particulier et minutieux de notre Père pour Ses
enfants se traduit par le fait que le moineau lui-même, bien que si méprisé et
si insignifiant pour les hommes, ne peut tomber à terre « sans votre Père ». Il
aurait pu dire : « Sans Dieu », mais Il dit : « Votre Père
» —
l’amour d’un père s’intéresse à ses enfants.
À partir du v. 32 jusqu’à la fin du chapitre, nous avons l’importance de la confession de Christ, et ses effets dans ce monde. Le premier grand principe est le suivant : « Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux » (10:32-33). Nous avons eu la sollicitude du Père ; nous avons la confession du Fils qui suit. La sollicitude du Père, nous la connaissons sur la terre, quelle que soit l’épreuve. La confession du Fils à notre égard sera dans le ciel, lorsque toute la scène des épreuves sera terminée.
Il les avertit ensuite que le résultat de leur témoignage peut être très douloureux — les foyers en proie à la confusion, les membres d’une famille en désaccord les uns avec les autres. Ne soyez pas surpris. « Ne pensez pas » dit-Il, « que je sois venu pour envoyer la paix sur la terre » (10:34). Nous savons que le Seigneur peut toujours nous donner la paix par tous les moyens : mais Il parle ici de l’entrée de Son témoignage, par le moyen de Ses disciples, dans un monde qui Le hait. Inévitablement, alors, les deux principes entrent en collision. Ce n’est pas Lui qui désire la confusion, mais c’est l’effet naturel de la connaissance de Christ entrant dans une maison où certains de ses membres Le rejettent.
Comme il en est dans le monde, ainsi en est-il dans la maison. Il y a ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais l’épée ». Ne rêvez pas que tout va être triomphant. Le jour vient où le Seigneur fera affluer la paix comme un fleuve ; mais tel n’est pas l’effet de Sa première venue. Maintenant c’est l’insigne de la guerre, à cause de l’opposition que l’incrédulité crée toujours contre la vérité. « Car je suis venu jeter la division entre un homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère. Et les ennemis d’un homme seront ceux de sa maison » (10:34-36). Le Seigneur traite le cas hardiment. Je suis venu pour apporter Mon principe, et il oppose l’enfant au parent. Maintenant, ceci devient l’une de nos pires épreuves — l’effet que le témoignage de Dieu a sur les familles. Les gens parlent de foyers brisés et de familles désunies. Le Seigneur utilise déjà les mêmes mots et nous fortifie à cet égard.
« Celui qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi ; et celui qui aime fils ou fille plus que moi n’est pas digne de moi. Et celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. Celui qui trouvera sa vie la perdra, et celui qui perdra sa vie à cause de Moi la trouvera » (10:37-39). Il montre que Sa venue apporterait tout le contraire d’un chemin de facilité dans ce monde. Oui, nous devons nous faire à l’idée de souffrir la tribulation, le rejet et le mépris.
Mais Il ajoute ensuite l’autre côté : « Celui qui vous reçoit Me reçoit, et celui qui Me reçoit, reçoit Celui qui M’a envoyé » (10:40). Il y aurait ceux qui recevraient, ainsi que ceux qui rejetteraient. « Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète », s’il savait qu’il était un serviteur de Dieu, et le recevait comme tel, en dépit de la honte et du mépris, celui-là aurait la même récompense qu’un prophète lui-même. « Et celui qui reçoit un homme juste en qualité de juste » (même si d’autres personnes pourraient le qualifier d’injuste), mais il le reçoit comme un juste, et non pas comme un simple homme ou comme un ami, celui-là « recevrait la récompense d’un juste » (10:41). Il prouve que son propre cœur est droit avec Dieu. Nous montrons l’état réel de notre âme par l’opinion que nous émettons. Si je parle ou agis de manière injustifiée contre un homme bon qui fait son devoir, je montre que je ne suis pas avec Dieu dans ce domaine particulier. Par contre, si j’ai la foi de discerner ce qui est de Dieu, et de prendre ma part avec lui en face de l’abandon général, je suis vraiment heureux. Dieu seul rend l’homme capable de le faire. Nous montrons où est notre cœur par nos jugements et notre conduite envers les autres.
« Et quiconque donnera à boire seulement un gobelet d’eau froide à l’un de ces petits, en qualité de disciple, en vérité je vous dis, il ne perdra en rien sa récompense » (10:42). Ce serait la preuve que l’Esprit est à l’œuvre dans son âme, que son cœur est attiré par la miséricorde et la sympathie envers ceux qui sont de Dieu dans ce monde. Il ne devrait en aucune manière perdre sa récompense. C’est la conduite extérieure qui découle du principe intérieur. Dans tous ces cas, il s’agit clairement de la mission juive de ces disciples. Je crois que c’est ainsi que nous saisissons le véritable caractère de ce chapitre et la place qu’il occupe dans cet Évangile.
Le point de vue de tout ce chapitre est que le Seigneur, en tant que Seigneur de la moisson, non seulement leur demande de prier pour que des ouvriers soient envoyés dans la moisson (9:38), mais le Seigneur anticipe lui-même cette prière. « Avant qu’ils appellent, je répondrai » (És. 65:24) ; et le Seigneur agit dans l’esprit même de ce qui sera pleinement vrai dans les derniers jours. Il envoie Lui-même les ouvriers.
En Luc 22:35, se référant à cette même mission, le Seigneur demande : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans argent, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Et ils répondirent : de rien ». Le Seigneur leur dit alors de se munir d’une bourse, d’un sac et d’une épée : les choses mêmes qu’ils ne devaient pas faire auparavant, ils devraient les faire dorénavant. Le Seigneur abroge ce qu’Il avait ordonné auparavant, en rapport avec des circonstances particulières. Sa bonté et Son amour pour eux, et leur marche dans la sagesse et la débonnaireté, demeureront ; mais le caractère particulier de cette mission a pris fin à la mort de Christ. Elle sera reprise, je le pense, par d’autres dans un jour futur ; mais les disciples effectivement envoyés allaient bientôt être appelés à une nouvelle œuvre, fondée sur la rédemption et la résurrection de notre Seigneur.
Le chapitre auquel nous sommes arrivés est plein d’intérêt et d’importance, d’autant plus qu’il est une sorte de transition. Ce qui donne l’occasion à l’Esprit de Dieu de faire ressortir cette transition du témoignage rendu à Israël au nouvel ordre de choses que le Seigneur était sur le point d’introduire, c’est que Jean le Baptiseur, en prison à cause de son propre rejet, est trouvé en exercice à l’égard de sa foi personnelle et de sa patience. Tout en remplissant sa fonction prophétique, nul ne pouvait être plus inébranlable que Jean dans son témoignage à Christ. Mais il peut y avoir des moments où la foi est mise à rude épreuve, et où les plus forts peuvent savoir ce que c’est que d’être « abattu, mais ne périssant pas » (2 Cor. 4:9).
Ce fut certainement le cas pour Jean le Baptiseur. Ce ne sont pas seulement ses disciples qui furent ébranlés par son séjour en prison. Les incrédules demandent maintenant : Si l’Écriture est la vérité, comment se fait-il que les gens ne la reçoivent pas ? Pourquoi n’est-elle pas plus répandue ? etc.
Nous savons qu’au début, des dizaines de milliers de personnes confessèrent le nom de Jésus dans une seule ville et Le suivirent ; le poids moral était grand, car ils marchaient de manière supérieure au monde. Nous savons aussi que la puissance du christianisme s’est répandue très largement et loin ; mais la grande difficulté resurgit, et nous constatons que ce qui agit dans l’esprit d’un sceptique peut troubler plus ou moins le croyant, parce que la nature déchue est encore dans le croyant ; et ce que l’Écriture appelle « la chair » est toujours incrédule.
C’est pourquoi, aussi béni que fût Jean le Baptiseur, il envoya ses disciples avec cette question : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Des questions semblent avoir traversé son esprit, et une confirmation de la foi était désirée. Même un prophète n’est pas à l’abri des attaques de Satan. Et voilà que cet homme favorisé, et par ailleurs fidèle, pose une telle question, la toute dernière à laquelle on se serait attendu. Le Seigneur répond à la question en disant : « Allez montrer à Jean les choses que vous avez entendues et vues… et heureux celui qui ne sera pas scandalisé en Moi » (11:4, 6).
La réponse de notre Seigneur montre que ce ne sont pas seulement les disciples de Jean, mais lui-même qui était ébranlé. Elle comprend les deux parties du ministère de Christ : Ses paroles et Ses œuvres : « les choses que vous entendez et que vous voyez » ; la parole a toujours la plus place la plus élevée ; les œuvres sont ce qui fait plutôt appel aux sens, tandis que la parole de Christ est ce qui touche le cœur et la conscience par l’Esprit. Ils devaient aller dire à Jean ce qu’ils avaient entendu et vu ; et nous avons là ce que l’Ancien Testament avait prédit comme signes et effets de la puissance du Messie.
Nous n’avons pas, je crois, un seul cas de guérison d’aveugle avant la venue de Christ. C’était un miracle qui, selon la tradition juive, était réservé au Fils de David. C’est lui qui, selon Ésaïe 35, devait ouvrir les yeux des aveugles. Le Seigneur place les aveugles recouvrant la vue comme le premier miracle extérieur indiquant qu’Il était réellement le Christ qui devait venir.
Et enfin, mais ce n’est pas le moins important, Il ajoute « l’Évangile est annoncé aux pauvres ». Qu’est-ce que cela, sinon un témoignage de la miséricorde extrêmement tendre de Dieu ? en effet, bien que l’évangile soit destiné à tous, il est spécialement adapté à ceux qui connaissent la misère, les épreuves et le mépris dans un monde égoïste ?
Le Seigneur ajoute : « Bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en Moi ! ». Quelle parole d’avertissement ! Un homme envoyé par Dieu pour servir de témoin afin que tous croient en Christ ; et quand précisément cet homme est mis à rude épreuve, le Seigneur doit lui rendre témoignage, au lieu que ce soit lui qui rende témoignage au Seigneur. Nous voyons constamment l’homme s’effondrer lorsqu’il est mis à l’épreuve ; mais quelle bénédiction d’avoir un tel Dieu auquel s’adresser, si seulement on compte sur Lui.
Mais une fois que ces messagers sont partis, le Seigneur montre Sa tendre compassion et Son égard pour lui, et Il commence à défendre ce même Jean qui avait montré sa faiblesse dans la souffrance et face au retardement de l’espérance.
Il leur demande : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? » (11:7). Un jugement superficiel aurait pu conclure que l’envoi des disciples par Jean pour poser sa question n’était qu’un « roseau secoué par le vent ». Mais non, le Seigneur ne veut pas le permettre. Il maintient l’honneur et l’intégrité de Jean. Il a envoyé une petite réprimande à Jean en privé par ses disciples ; mais devant les foules, Il le revêt d’honneur.
« Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un homme vêtu de vêtements précieux ? » (11:8). C’est dans les cours que l’on cherche la grandeur du monde. « Voici ceux qui portent des choses précieuses sont dans les maisons des rois.
« Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète » (11:9), car Jean avait une place et un honneur particuliers qu’aucun prophète ne lui avait assignés : être le précurseur immédiat du Seigneur, l’annonciateur du Messie Lui-même. Non seulement Jean était un prophète, mais les prophètes avaient prophétisé au sujet de Jean ; et le Seigneur dit de lui : « En vérité, Je vous dis que, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le Baptiseur ».
Remarquez cette parole, frappante dans ce chapitre de transition : « mais le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui » (11:11b). Quel en est le sens ? En disant : « Parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a été suscité aucun de plus grand que Jean le Baptiseur », le Seigneur est excepté. Il parle de Jean, non pas par rapport à Lui-même, mais par rapport aux autres. Il était le plus grand de ceux nés de femme ; « mais le moindre dans le royaume des cieux est plus grand que lui ». Cela signifie clairement qu’un nouvel ordre de choses commençait, dans lequel les privilèges que la grâce souveraine de Dieu conférerait seraient si grands, que le moindre dans la dispensation sur le point de s’ouvrir serait plus grand que le plus grand de tous ceux du passé. Bien sûr, cela n’a rien à voir avec quelque chose en eux -mêmes ; la foi d’un faible croyant aujourd’hui n’est pas plus grande que la foi puissante d’un homme des temps passés ; et une pauvre âme, anxieuse et troublée au sujet de son acceptation, n’est pas dans un état plus sain que ceux qui pouvaient se réjouir en Dieu leur Sauveur comme Siméon (Luc 2:25). Pourtant, le Seigneur dit bien que le plus grand de ceux du passé est moins que le moindre de maintenant.
« Le royaume des cieux » ne signifie jamais le ciel : ce sont des idées et des expressions différentes. « Le royaume des cieux » signifie toujours ce qui a sa sphère sur la terre, tout en ayant sa source dans les cieux. Il peut s’appliquer, comme c’est souvent le cas, à ce qui se passe maintenant ; ou, comme c’est parfois le cas, à ce qui se passera lorsque le Seigneur viendra en gloire, et imposera Sa domination sur la terre sous une forme visible. Mais le royaume des cieux suppose toujours la terre comme scène sur laquelle les privilèges du ciel sont donnés à connaître.
Le Seigneur Jésus se voit rejeté ; mais Dieu, de manière souveraine et en grâce, transforme le rejet de Jésus en l’introduction d’une bénédiction bien plus grande que si Jésus avait été reçu. Supposons que le Seigneur ait été accepté par l’homme lorsqu’Il est venu, Il aurait béni l’homme et l’aurait maintenu en vie sur la terre : Il aurait lié le diable et aurait apporté d’innombrables miséricordes à la créature en général. Mais qu’aurait été tout cela sans que Dieu soit justifié par rapport au péché ? Ni la gloire morale, ni l’amour suprême n’auraient été manifestés comme ils le sont aujourd’hui. Car quoi d’autre que l’énergie divine est en mesure de barrer la puissance de Satan ?
Mais la mort de Christ est, à la fois, la profondeur de la méchanceté de l’homme et le sommet de la bonté de Dieu ; car dans la Croix, l’un a prouvé sa haine et son iniquité absolues, l’autre Son amour saint et parfait. C’est l’iniquité de l’homme qui L’a mis là — c’est la grâce de Dieu qui L’a amené là ; et Christ ressuscité d’entre les morts
Tout cela est vrai pour la foi maintenant, et ce sera bientôt vrai pour la vue ; mais c’est toujours vrai depuis le moment où cela a été introduit. Cela a commencé avec l’ascension de Christ au ciel, et se terminera par la descente de Christ du ciel, lorsqu’Il introduira sur la terre cette puissance du royaume.
Qu’a donc reçu maintenant le moindre croyant ? Regardez les saints d’autrefois. Jean le Baptiseur se reposait sur des promesses. Même lui, béni comme il l’était, ne pouvait pas dire : « Mes péchés sont effacés, mes iniquités ont disparu ». Avant la mort et la résurrection de Christ, les saints pouvaient regarder avec joie vers l’avenir et dire : « Ce sera vraiment béni » ! Ils pouvaient être sûrs que c’était l’intention de Dieu, mais ce n’était pas une chose accomplie. Et, après tout, si vous étiez en prison, vous sauriez la différence entre une promesse de vous faire sortir et le fait de votre liberté une fois sorti. C’est exactement la différence. L’œuvre expiatoire est accomplie, et la conséquence est que tous ceux qui croient ont maintenant le droit de dire : « Le péché n’est plus sur moi dans la présence de Dieu ». Or cela n’est pas vrai seulement de certains chrétiens en particulier, mais tout chrétien doit prendre la place que Dieu lui donne en Christ. Et quel en serait l’effet ? Les chrétiens ne marcheraient pas avec le monde comme ils le font.
Ce que je trouve donc dans la parole de Dieu, c’est ceci : une nouvelle dispensation était sur le point de s’ouvrir, dans laquelle le plus petit est investi de privilèges que le plus grand ne pouvait posséder auparavant. Et cela, parce que Dieu accorde une valeur infinie à la mort de Son Fils. Dieu met le plus grand honneur possible à la mort de Christ.
De même qu’un souverain terrestre met un honneur particulier à une époque qui lui procure une joie spéciale, de même la foi peut s’attendre à ce que Dieu attache une gloire particulière à l’œuvre de Christ par laquelle la rédemption a été accomplie, par la mort et la résurrection de Son Fils.
Maintenant, tout est accompli, et Dieu peut inviter les âmes — non pas à oublier leurs péchés, ni à en détourner les yeux ; mais — Il les invite à les regarder franchement et pleinement devant la croix de Christ en disant : « Le sang de Jésus-Christ son Fils nous purifie de tout péché ». Sachant cela, nous devons voir combien est entièrement mauvaise la place d’un prêtre maintenant — un homme mis en position de s’approcher de Dieu pour les autres. Tout chrétien est un prêtre/ sacrificateur maintenant. Tous les chrétiens ne sont pas des ministres. C’est autre chose. Le ministère et le sacerdoce (ou sacrificature), bien que si souvent confondus, sont entièrement distincts et différents. C’est un privilège donné par Dieu maintenant, que chaque croyant est un prêtre/sacrificateur de Dieu : c’est-à-dire qu’il a le droit de s’approcher dans le lieu le plus saint de tous, le péché jugé et toutes ses iniquités effacées, de sorte qu’il peut être complètement heureux dans la présence de Dieu pendant qu’il est sur la terre.
Tout ceci n’est qu’une partie des privilèges du moindre dans le royaume des cieux maintenant. Et souvenez-vous que toutes les grandes prérogatives du christianisme sont des privilèges communs à tous. Un homme peut prêcher, un autre non ; mais cela ne dit rien sur les privilèges du royaume. Paul, en tant que serviteur de Dieu, avait quelque chose que les autres n’avaient pas : une personne douée peut prêcher même sans la vie divine dans l’âme. Caïphe en est un témoin, et Balaam aussi ; tous deux ont prononcé des choses vraies ; et Paul était prêt à prendre une telle place, pour montrer que quelqu’un peut prêcher aux autres, et pourtant être lui-même un réprouvé, s’il n’a pas égard à la sainteté (1 Cor. 9). Mais cela n’a rien à voir avec les bénédictions dont j’ai parlé comme étant la part des croyants maintenant.
Les privilèges du royaume sont maintenant l’héritage universel de la famille de la foi ; le moindre de cette famille est plus grand que même Jean le Baptiseur. Un grand malentendu s’est manifesté quant à la signification de ce verset. On a enseigné que le moindre dans le royaume des cieux est Jésus lui-même ! — Jésus, bien sûr, dans Son humiliation, dans Son chemin vers la croix. Mais quelle mauvaise compréhension de la pensée de Dieu est manifestée par une telle remarque. Car le royaume des cieux n’était pas encore venu. Il était prêché, mais pas encore instauré. Et Jésus, loin d’être « le moindre » dans ce royaume, était Lui-même le Roi ; de sorte que ce serait porter atteinte à Sa personne que de même L’appeler le plus grand, pour ne pas parler du « moindre » dans le royaume. Ce serait manquer de révérence, aussi bien que d’intelligence, que de dire qu’Il était dans le royaume. Il serait plus vrai de dire que le royaume était en Lui, à la fois moralement et en puissance divine.
« Si moi » dit-il aux Juifs, « je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, alors le royaume de Dieu est parvenu jusqu’à vous » (12:28). Il est arrivé dans Sa personne : Il est le Roi, et Il en a la puissance. Mais si l’on considère « le royaume des cieux » comme un état de choses introduit dans ce monde, il fallait d’abord que Christ monte au ciel — comme un Roi rejeté, sans doute, mais quand même pour s’asseoir comme tel à la droite de Dieu, après quoi le royaume des cieux commencerait. Le royaume n’a été effectivement établi que lorsque Jésus est monté au ciel. C’est alors qu’il a commencé, d’abord spirituellement, mais bientôt il brillera en puissance et en gloire. Il est donc clair que, dans ce chapitre, nous nous trouvons aux confins de la dispensation passée et de celle qui allait s’ouvrir. Jean le Baptiseur est sur la scène comme le dernier et le plus grand témoin de ce qui était sur le point de se terminer.
Élie devait venir ; cela aurait pu s’accomplir en la personne de Jean le Baptiseur. Jean accomplissait le travail moral qui était associé à la mission d’Élie — préparer le chemin pour le Seigneur. Je ne dis pas qu’Élie ne peut pas venir dans un jour futur, mais Jean était alors le témoin du service d’Élie. Il était venu « dans l’esprit et la puissance d’Élie » (Luc 1:17) et, comme le dit notre Seigneur un peu plus loin, « si vous voulez le recevoir, c’est lui qui est Élie, qui devait venir » (11:14). Il était tel pour la foi. Comme le royaume des cieux maintenant, il était un témoignage du royaume futur lorsqu’il sera manifesté en puissance et en gloire. Jean était alors pour la foi, ce qu’Élie sera bientôt. Le royaume des cieux est pour la foi maintenant ce que le royaume des cieux sera pour la vue dans l’avenir. Le Seigneur laisse entendre qu’une dispensation de la foi est en train de s’instaurer, alors que les promesses n’allaient pas s’accomplir à la lettre.
Mais de même que Jean le Baptiseur a été jeté en prison (une épreuve terrible pour un Juif qui le considérait comme un grand prophète devant annoncer le Messie dans Sa majesté visible), de même le Seigneur dit ici : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Ce doit être reçu par l’oreille attentive de la foi. Combien extraordinaire a dû paraître aux disciples le fait que le précurseur du Messie soit en prison, et qu’ensuite le Messie Lui-même soit cloué sur la croix ! Mais avant que la gloire extérieure vienne, la rédemption par la souffrance doit être accomplie. C’est pourquoi le moindre de ceux qui ont maintenant cette bénédiction de la foi, de ceux qui jouissent de ces étonnants privilèges que le Saint Esprit fait apparaître comme le don de la grâce souveraine de Dieu, — le moindre de ceux-là est plus grand que Jean le Baptiseur. Car c’est Dieu qui fait, qui donne et qui ordonne. C’est Sa joie, par Christ, de bénir l’homme qui n’a pas le moindre droit sur Lui. Et telle est Son œuvre maintenant.
Mais quel allait être l’effet de ceci parmi les Juifs ? Notre Seigneur les compare à des gens capricieux qui ne feraient ni une chose ni une autre. S’il y a de la joie, ils n’ont aucune sympathie pour elle ; ils n’en ont pas non plus pour la tristesse. Jean le Baptiseur les a appelés à mener deuil : ils n’avaient pas le cœur à le faire. Puis vint Jésus leur commandant, pour ainsi dire, de se réjouir à la bonne nouvelle d’une grande joie : mais ils ne tinrent pas compte de Lui. Ils n’aimaient ni Jean, trop strict, ni le Seigneur, trop plein de grâce. Ils ne pouvaient supporter ni l’un ni l’autre. La vérité est que l’homme n’aime pas Dieu ; et ne pas croire la vérité est la plus grande preuve de l’ignorance de soi-même. Quoi qu’ils puissent plaider pour maltraiter Jean le Baptiseur, ou le Seigneur, « la sagesse est justifiée par ses enfants ».
En accord avec cela, le Seigneur montre comment la sagesse a été
justifiée, positivement et négativement. « Il se mit à faire des reproches aux
villes où s’accomplissaient la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne se
repentaient pas : Malheur à toi, Chorazin ! Malheur à toi,
Bethsaïda ! … Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu
seras abaissée jusqu’en enfer (ou dans le hadès) ; car si les miracles »
etc. (11:20-24). Quoi de plus solennel ! Ils refusaient la voix de la
sagesse céleste ; et le résultat devait en être un jugement plus impitoyable
que celui exécuté autrefois sur Sodome qui fit d’elle le monument de la
vengeance de Dieu. Y avait-il dans ce pays un lieu, ou une ville, plus favorisé
qu’un autre ? C’était Capernaüm, où un grand nombre des miracles du
Seigneur avaient été opérés, et pourtant cette ville même devait être
précipitée en enfer. Même Sodome, notoirement dépravée, n’avait pas fait
l’objet d’une sentence aussi effrayante. Le Seigneur ne viendrait en jugement
que lorsque les moyens et les appels à la repentance seraient épuisés ;
mais lorsqu’Il jugera, qui pourra subsister ? (Ps. 130:3). C’est ainsi que
la sagesse serait justifiée, puis-je dire, par ceux qui ne sont pas
ses
enfants.
Mais nous avons ensuite la partie positive. « En ce temps-là, Jésus répondit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre ». Après ce « malheur » prononcé, Jésus pouvait se retourner et dire : « Je Te loue, ô Père ». Non pas que les événements relatés ici se soient déroulés ensemble. Toute la scène concernant Jean le Baptiseur s’est déroulée bien avant que le Seigneur fasse allusion au fait que les sages et les prudents Le rejetaient, et que les petits enfants Le recevaient. L’Évangile de Luc donne parfois des repères de temps précis, et montre que la réception par le Seigneur des messagers de Jean se situe à une période précoce de Son ministère, très peu de temps après la guérison du serviteur du centurion, alors que Sa louange au Père se situe après le retour des soixante-dix disciples envoyés pour le témoignage final, ce qui n’est pas du tout mentionné dans Matthieu. Dans notre Évangile, Le Saint Esprit met en général de côté les simples successions de temps, et soude ensemble des événements séparés pour illustrer la grande vérité qu’Il voulait faire ressortir, c’est-à-dire ici le fait que le vrai Messie était présenté avec des preuves adéquates à Israël, mais rejeté ; et que ceci se transformait, par la grâce de Dieu, en l’occasion de meilleures bénédictions que si le Seigneur avait été reçu.
Et tandis que la vision solennelle du rejet croissant de l’homme est devant nous, Jésus dit : « Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre » (les espérances ne se limitent pas à la terre maintenant, mais Dieu est considéré comme Seigneur du ciel et de la terre — souverain sur toutes choses), « parce que Tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant Toi. Toutes choses m’ont été livrées par mon Père ». Le trône d’Israël pouvait Lui être refusé ; les Juifs pouvaient Le rejeter, les chefs pouvaient Le mépriser : tout cela pouvait arriver, mais quel en est le résultat ? Non seulement ce qui a été promis à David ou Salomon, mais « Tout m’est livré par mon Père ». Où de telles pensées ont-elles été divulguées auparavant ? Dans les Psaumes, dans les Prophètes, ou ailleurs, où trouvez-vous quelque chose de semblable ? Le Messie rejeté est refusé par l’homme : Lui s’y soumet. Ils Le dépouillent de ses robes de gloire messianique, et qu’en ressort-il ? Lui est le Fils du Père, le Fils de Dieu de toute éternité, la personne divine et bénie qui pouvait lever les yeux et dire : « Père ». Refusez-Le dans Sa dignité terrestre, et Il brillera dans Sa dignité céleste ; méprisez-Le comme homme, et Il est manifesté comme Dieu.
« Et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; et
personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils veut
le révéler » (11:27). C’est maintenant qu’Il révèle Père. Ce n’est pas
simplement qu’Il est venu pour accomplir les promesses de Dieu, mais Il révèle
Père — amenant les âmes à une connaissance plus profonde de Dieu que ce qui
était possible auparavant. « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui
êtes chargés, et je vous donnerai du repos » (11:28). C’est la grâce parfaite :
pas de restriction, pas de mise en avant des Juifs sur le siège d’honneur. Mais
« Venez à moi, vous tous
qui vous fatiguez » — Juifs ou Gentils, peu
importe. Êtes-vous misérables ? Ne trouvez-vous aucune consolation ?
« Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez, … et je vous donnerai du repos ».
C’est sans condition ni réserve si le nécessiteux va simplement à Lui. Dans
Jean (6:37), nous avons : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi,
et je ne mettrai pas dehors celui qui vient à moi ». Voici la preuve que le Père
tire (Jean 6:44) : c’est que je vais à Jésus. C’est le Fils du Père, en Jean ;
car la grâce se trouve toujours totalement pleine et libre là où le Fils est
présenté dans toute Sa gloire.
« Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis doux et
humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Car Mon joug est
facile, et Mon fardeau est léger » (11:29, 30). La grâce ne laisse pas les
hommes faire ce qu’ils veulent, mais le cœur qui la reçoit, elle le rend capable
de désirer la volonté de Dieu. Ainsi, après avoir dit : « Je vous donnerai
du repos », notre Seigneur ajoute : « Prenez Mon joug sur vous, et apprenez
de moi ; car je suis débonnaire et humble de cœur, et vous trouverez
le repos de vos âmes ». Remarquez la différence. Au v. 28, c’est : « Venez à
Moi. … et je vous donnerai
du repos » — c’est une pure grâce pour l’âme
dans le besoin, qui n’a rien d’autre à apporter que ses péchés ; mais en
disant : « Prenez mon joug sur vous. … et vous trouverez
le repos
de vos âmes », Il parle de soumission à Lui, et l’effet est de trouver le repos
de nos âmes. Lorsque le pécheur va vers Jésus dans sa misère, le Sauveur lui donne
le repos — « sans argent et sans prix » (És. 55). Mais si cette âme ne suit pas
les voies de Christ, elle devient misérable et perd le réconfort qu’elle a eu
au départ. Pourquoi ? Elle n’a pas pris le joug de Christ sur elle. Les conditions
dans lesquelles le Seigneur donne du repos au pécheur
sont : « Venez
à Moi », tel que vous êtes. Les conditions dans lesquelles le croyant trouve
le repos sont : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de Moi, car je suis
débonnaire et humble de cœur ». Le Seigneur garde Son gouvernement moral sur les
Siens, et ceux-ci sont plus perturbés que quiconque s’ils ne sont pas soumis à
Christ ; ils ne peuvent ni jouir de Lui ni jouir du monde. Si j’ai trouvé
un tel Sauveur, et que pourtant je ne porte pas Son joug, Dieu ne veut pas que
je sois heureux. Tout le reste n’est qu’un faux bonheur.
Matthieu 12 complète le tableau de la transition commencée au chapitre 11, et montre que, pour Dieu, la crise était venue. Le Seigneur pouvait continuer à être l’objet d’un rejet encore plus profond, mais l’esprit qui a donné lieu à Sa crucifixion s’était déjà manifesté clairement. Au centre de ce chapitre, nous avons l’avertissement au sujet du péché impardonnable, non pas simplement contre le Messie, mais contre le Saint Esprit rendant Son témoignage au Messie ; et en outre, on y trouve le fait qu’Israël, en tant que nation, serait coupable de ce péché, et serait donc livré au pouvoir de Satan plus que tout ce qui s’était vu dans toute leur triste histoire. Ainsi, le mal pour lequel Dieu avait permis qu’ils soient emmenés captifs à Babylone était peu de chose en comparaison de l’iniquité dont ils étaient maintenant coupables en esprit, et dans laquelle ils allaient sombrer. Ceci amène la crise qui clôt l’annonce du royaume à Israël ; et le ch. 13 introduit une chose nouvelle — le royaume des cieux sur le point de commencer sous sa forme actuelle mystérieuse, à cause du rejet du Messie.
Je dois maintenant montrer dans quelle mesure tous les incidents de ce chapitre sont en harmonie avec la pensée principale — la rupture entre Christ et Israël. C’est pourquoi le Saint Esprit ne s’en tient pas ici au simple ordre chronologique des événements. « En ce temps-là, Jésus allait le jour du sabbat à travers les blés, et ses disciples avaient faim ; ils se mirent à arracher des épis et à manger » (12:1). Nous ne devons pas supposer que « en ce temps-là » signifie « à ce moment précis ». C’est un terme général, qui englobe des événements liés entre eux, même s’il peut y avoir des mois entre eux. Ce n’est pas comme « immédiatement », ou « sur-le-champ », ou « la semaine suivante », etc. Ce qui s’est passé entre temps se déduit des autres évangiles. En Marc, nous trouvons que la scène des champs de blé s’est déroulée au début du ministère de notre Seigneur. Ainsi, au ch. 2, le jour du sabbat suivant l’appel de Lévi et le discours sur le jeûne, il nous est dit qu’« Il passait par les blés » (Marc 2:23). Marc suit l’ordre des événements : Matthieu s’en écarte pour donner le grand changement consécutif au rejet du Messie par Israël. La parole de de notre Seigneur prononçant « malheur » sur Chorazin et Bethsaïda, et la bénédiction de ceux qui Le recevaient, n’ont pas été prononcées de bonne heure. Ils sont réunis ici, parce que l’objectif du Saint Esprit dans Matthieu est de montrer ce changement. Par conséquent, ce qui prouverait ce changement est choisi, et est réservé pour cet endroit.
En bref, le Saint Esprit nous donne un tableau historique indépendamment de la simple date à laquelle les événements ont eu lieu ; et les événements et les discours qui illustrent la grande transition sont tous regroupés. Les disciples traversèrent le champ de blé, et commencèrent à arracher les épis et à manger, selon la liberté que leur accordait la loi. « Les pharisiens, voyant cela, lui dirent : Voici, tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat ». Notre Seigneur cite ensuite deux incidents : l’un d’eux est un fait constamment répété chez les prêtres/sacrificateurs ; l’autre est relaté en rapport avec leur roi le plus remarquable, David ; tous deux prouvent le péché et la ruine totale d’Israël. Quel était l’état de choses lorsque David fut obligé d’utiliser les pains de proposition ? N’était-ce pas parce que le vrai roi était méprisé et persécuté — parce que le roi choisi par leur propre cœur était en place ? C’était la même chose maintenant. Le péché d’Israël profanait le pain saint. Dieu n’accepterait rien de saint de la part de gens vivant dans le péché. Aucun cérémonial ne vaut une paille si le cœur n’honore pas Christ. Pourquoi les disciples étaient-ils réduits à arracher et à manger les épis de blé ? Pourquoi les disciples du vrai Roi étaient-ils réduits à la faim ?
De plus, « n’avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les prêtres/sacrificateurs profanent le sabbat dans le temple, et ne sont pas coupables ? » (12:5). Ce jour-là, ils accomplissaient une tâche très importante. Ils offraient des sacrifices, parce qu’il y avait un péché ; et le péché du peuple exigeait ce qui, selon la lettre de la loi, semblait à un pharisien être une violation de celle-ci. Peu importe ce que la loi pouvait prescrire ordinairement : s’il y avait péché de la part du peuple de Dieu, le sacrifice ne pouvait être différé.
Ainsi, que l’on prenne l’exemple particulier de l’oint de l’Éternel aux jours de Saül, ou le service sacerdotal régulier le jour du sabbat, une seule chose expliquait tous les désordres, réels ou apparents : Israël était pécheur. Ils avaient permis que l’élu de l’Éternel soit chassé sur les montagnes lorsqu’il y était ; et ici, il y avait un plus grand que David. Il en était de même pour les prêtres/sacrificateurs et leur travail. Un être infiniment plus grand que le temple était là — le Messie Lui-même : or quelle n’était pas leur indifférence, et même leur inimitié à Son égard ?
Un autre jour de sabbat était nécessaire pour compléter l’esquisse. Et maintenant c’est Jésus qui travaille ; et ces deux choses sont réunies ici. « Étant parti de là, il vint dans leur synagogue ; et voici il y avait un homme qui avait la main sèche. Ils l’interrogèrent, disant : Est-il permis de guérir le jour du sabbat ? afin de l’accuser ». Le Seigneur accepta le défi. « Il leur dit : Quel est parmi vous l’homme qui aura une brebis, et qui, si elle vient à tomber dans une fosse un jour de sabbat, ne la prendra pas et ne la relèvera pas ? ». Bien sûr, ils délivreraient la pauvre brebis de la fosse, car c’était leur propre brebis. Ils n’avaient aucun scrupule de conscience de faire quelque chose le jour du sabbat si c’était à leur avantage. Le Seigneur ne les en blâme pas ; mais Il les frappe de cette conclusion mordante : « Combien donc un homme vaut-il mieux qu’une brebis ? De sorte qu’il est permis de faire du bien le jour de sabbat ». En un mot, Il montre par ce second cas, que non seulement Israël était un peuple coupable à l’égard du vrai Bien-aimé, mais que, s’ils avaient connu leur propre condition, ils se seraient reconnus semblables à l’homme à la main sèche, ayant le besoin de Sa grande puissance. Il était là en grâce pour accomplir toute guérison nécessaire. Le Seigneur a insisté sur leur condition lamentable. Toute la nation devant Dieu était moralement aussi desséchée que la main de cet homme l’était physiquement, mais ne voulait pas, hélas, être guérie comme lui. Il dit alors à l’homme : « Étends ta main. Et il l’étendit, et elle fut rendue saine comme l’autre » (12:13).
Pourquoi ce fait est-il rapporté ici comme s’étant produit un jour de sabbat — spécialement à la suite de l’incident du champ de blé ? Dans le premier cas, le Seigneur prouve la culpabilité d’Israël par rapport à la sainteté du sabbat ; et dans le second, Il se déclare prêt pour opérer la restauration, même un jour du sabbat. C’est un récit de toute importance, car le Seigneur déchire, pour ainsi dire, la lettre extérieure du lien entre Lui et Israël, dont le jour du sabbat était un signe spécial.
Je dois faire remarquer ici que le jour du Seigneur diffère essentiellement du sabbat ; dans l’Église primitive, on prenait un soin scrupuleux à ne pas confondre les deux choses. Le sabbat et le jour du Seigneur sont des signes de vérités tout à fait distinctes.
Le premier a son origine dans le fait que Dieu a sanctifié Son repos lorsque la création a été achevée ; c’était le gage que, lorsque Dieu achèverait Ses œuvres, il y aurait un saint repos pour l’homme. Puis le péché est arrivé, et tout a été ruiné. Nous n’en entendons pas un mot (du moins, directement), jusqu’à ce qu’un peuple soit appelé d’entre tous les autres, comme Sa nation élue, pour servir le vrai Dieu. Nous avons vu, dans l’Ancien Testament comme dans le Nouveau, combien ils ont entièrement failli ; et maintenant le seul espoir d’avoir un vrai sabbat est lorsque Christ Lui-même l’introduira. Quand Adam a péché, la mort a passé à tous les hommes, et le repos de la création a été rompu. Puis (selon le type de Christ dans la manne, suivi du sabbat, Ex.16), vint la loi, qui reprit le sabbat, l’incorpora dans les dix commandements et les statuts d’Israël, et en fit non seulement un jour sanctifié, mais un jour issu d’un commandement, qui leur était enjoint comme les neuf autres ; un jour où chaque Israélite était tenu, non seulement de s’abstenir de travailler lui-même, mais de donner du repos à tout ce qui lui appartenait. Ce n’était pas une question de peuple spirituel. Tout Israël y était tenu, et ils partageaient leur repos avec leur bétail.
Le jour du Seigneur (ou journée dominicale), par contre, n’a jamais été mentionné avant que Christ ne ressuscite des morts. De cette résurrection est né un ordre de choses entièrement nouveau. Christ, le commencement, la tête d’une nouvelle création, est ressuscité d’entre les morts le premier jour de la semaine. Ainsi, alors que le vieux monde continue, que le péché est toujours à l’œuvre et que Satan n’est pas encore lié, Dieu a opéré le salut qu’Il accorde à toute âme qui croit. Celles-ci reconnaissent que Christ ressuscité est leur Sauveur, et qu’elles ont par conséquent une vie nouvelle en Lui. C’est ce qu’ils reconnaissent, et bien plus encore, lorsqu’ils se réunissent pour le faire au jour du Seigneur. Ils « annoncent la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’Il vienne ». Rien ne peut être plus clair dans l’Écriture, si notre désir est de connaître et de suivre la parole de Dieu. Il ne s’agit plus de savoir si les gens sont Juifs ou Gentils. Sont-ils chrétiens ? Ont-ils Christ comme leur vie et leur Seigneur ? S’ils Le confessent avec actions de grâce, le jour du Seigneur c’est leur jour. Ceux des chrétiens qui étaient Juifs continuaient à fréquenter la synagogue le jour du sabbat. Mais cela ne fait que montrer d’autant plus clairement qu’il ne s’agissait pas d’un simple changement de jour. L’apôtre insiste auprès des saints de Rome sur le fait que celui qui avait égard à ce jour, y avait égard à cause du Seigneur, et que l’homme qui n’y avait pas égard, n’y avait pas égard à cause du Seigneur. Était-ce le jour du Seigneur ? Non, il s’agissait de jours et de jeûnes juifs. L’apôtre n’aurait jamais voulu que les égards pour le jour du Seigneur soient facultatifs. Certains de ces croyants voyaient qu’ils étaient délivrés de la loi, et n’observaient pas les fêtes et les jeûnes juifs. Les Gentils, bien sûr, n’étaient pas du tout sous la loi. Mais certains, en tout cas, parmi les croyants juifs, avaient encore une conscience au sujet des anciens jours saints, et c’est d’eux que l’apôtre parle.
Le jour du Seigneur n’a jamais été et ne sera jamais un jour juif. Il est marqué de son caractère propre ; et les chrétiens, bien que n’étant pas soumis à la loi comme les Juifs pour le sabbat, sont cependant appelés par grâce à en faire usage de façon beaucoup plus solennelle pour le Seigneur, comme celui qui les invite à se réunir au nom de Jésus, en séparation de ce monde, conscients de la rédemption et de la justification par Sa mort et Sa résurrection. C’est le type de la bénédiction que le chrétien a obtenue, et qui reste encore à être manifestée en gloire. Le monde le confond toujours avec le sabbat, comme aussi beaucoup de chrétiens le font. On entend parfois de vrais croyants, mais non instruits, parler du « sabbat chrétien ». C’est, bien entendu, parce qu’ils ne voient pas leur délivrance de la loi, et les conséquences qui découlent de leur appartenance à Celui qui est ressuscité d’entre les morts. L’apôtre développe ces vérités bénies.
Notre Seigneur ne s’occupe ici que des Juifs. Il n’empêcha pas Ses disciples d’arracher des épis un jour de sabbat, et en un autre jour de sabbat, Il fit ouvertement un miracle en présence de tous (fournissant par-là une occasion aux Pharisiens qui en cherchaient une contre Lui). Il est vrai que les œuvres étaient des œuvres de miséricorde et de bonté ; mais il n’y avait aucune nécessité ni pour l’une ni pour l’autre, si ce n’avait pas été choisi volontairement. Il aurait pu parler sans rien faire. Il en est de même pour l’aveugle-né de l’Évangile de Jean. Toute la boue d’argile du monde n’aurait pas pu le guérir, sans la puissance de notre Seigneur. Sa parole aurait suffi ; mais Il fait quelque chose Lui-même, et fait faire à l’homme quelque chose d’autre le jour du sabbat. Il nous est dit expressément : « C’était le jour du sabbat quand Jésus fit la boue d’argile et lui ouvrit les yeux » (Jean 9:14). Le Seigneur brisait le sceau de l’alliance entre l’Éternel et Israël. Le sabbat scellait cette alliance, et il était en Israël pire qu’inutile aux yeux de Dieu, parce que le peuple qui prétendait garder si soigneusement le sabbat était les ennemis les plus acharnés de son Fils. Il était tout à fait faux de Le soumettre au sabbat. Le Fils de l’homme était « Seigneur du jour du sabbat ». Il prend hardiment ce terrain, comme il nous est dit ici (12:8), et c’est encore le sabbat suivant qu’Il accomplit ce miracle.
Les Pharisiens sentirent que c’était un coup mortel porté à tout leur système ; aussi, étant sortis ils « tinrent conseil contre lui pour le faire périr ». C’était le premier concile destiné à Le mettre à mort. Jésus, le sachant, se retira de là, « et une grande foule suivit, et Il les guérit tous » — une image de ce qu’Il ferait quand Israël Le mettrait à mort. Désormais, la grande œuvre devait se faire parmi les Gentils. Le prophète Ésaïe est cité en relation avec cet événement, pour montrer quel était le caractère de notre Seigneur : « Voici mon Serviteur, que j’ai choisi, mon Bien-aimé, en qui mon âme a trouvé son plaisir. Je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera le jugement aux nations : Il ne contestera pas, il ne criera pas, et personne n’entendra sa voix dans les rues ; il ne brisera pas le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume, jusqu’à ce qu’il ait produit en victoire le jugement. Et les nations se confieront en son nom » (12:18-21 ; És. 42:1-4).
Le Seigneur s’éloignait d’Israël, mais ce n’est pas tout. Il y a un dernier témoignage avant qu’Il prononce la sentence sur Israël : « Alors on Lui amena un démoniaque aveugle et muet, et Il le guérit, de sorte que l’aveugle et muet parlait et voyait » (12:22). Telle était la condition dans laquelle Israël allait se trouver, n’ayant ni œil ni voix pour Jésus ; c’était un tableau juste de la condition de la nation, ne voyant pas le Messie et ne faisant pas entendre Sa louange. Mais voilà la chose solennelle suivante. Les pauvres, les ignorants, tout le peuple pouvait s’écrier : « Ne serait-ce pas là le Fils de David ? » (12:23), « mais les pharisiens ayant entendu cela, dirent : Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, le chef des démons » (12:24). « Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne subsistera pas. Et si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ? » (12:25-26). — Il condescend à raisonner avec eux. « Et si c’est par Béelzébul que je chasse les démons, par qui vos fils les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront vos juges. Mais si c’est par l’Esprit de Dieu que je chasse les démons, alors le royaume de Dieu est parvenu jusqu’à vous » (12:27, 28). Mais ils étaient muets et aveugles. L’homme qu’on avait soumis à Jésus était guéri ; mais les pharisiens consultaient pour faire mourir le Fils de David.
Le Seigneur va encore plus loin dans Sa réponse. Il leur dit que
maintenant on en était arrivé au point que « Celui qui n’est pas avec Moi est
contre Moi, et celui qui n’assemble pas avec Moi disperse » (12:30). Tout
dépendait d’être et d’agir avec Lui ; c’est pourquoi notre Seigneur
ajoute : « Toute espèce de péché et de blasphème sera pardonnée aux
hommes ; mais le blasphème contre le Saint Esprit ne sera pas pardonné aux
hommes » (12:31). La raison en est la suivante : non seulement c’était le
Fils de l’Homme qui faisait ces miracles, mais la puissance du Saint Esprit était
là aussi. Même si Jésus se soumettait à l’humiliation, il ne pouvait que revendiquer
la gloire de Dieu. Le Saint Esprit présentait ces actes de puissance, et
l’incrédulité qui refusait le témoignage de l’Esprit lorsque Jésus était là,
s’y opposerait encore plus fortement à Son départ. Ils s’avéreraient être comme
leurs pères : « Vous résistez toujours au Saint Esprit : comme vos
pères, vous aussi » (Actes 7:51). Et quelle en serait la conséquence ? Ils
seraient coupables du péché impardonnable, de rejeter (non seulement Jésus
Lui-même, en tant qu’homme présenté ici, mais) la puissance du Saint Esprit,
qu’Il agisse en
Lui alors, ou maintenant par
Lui et pour
Lui.
C’est le rejet final du témoignage de l’Esprit au sujet de Christ. C’était vrai quand le Seigneur était ici-bas, mais c’est encore plus complet maintenant qu’Il est au ciel. Ils ont refusé Christ sur la terre, et aussi après qu’Il soit monté au ciel, lorsque, par la puissance du Saint Esprit, Son nom seul faisait ressusciter les morts, et prouva ainsi encore plus Sa gloire que ce qu’Il avait fait personnellement lorsqu’Il était ici-bas. Ceux qui résistaient à un tel témoignage étaient évidemment perdus sans espoir, dans l’incrédulité et le mépris de Dieu en la personne de Son Fils. C’est pourquoi notre Seigneur déclare que ce blasphème est tel que rien ne peut y répondre. Ce n’est pas l’ignorance qui rejette Christ de cette manière. Un homme peut être sans lumière ; et quand la lumière vient, il peut, par grâce, être rendu capable de Le recevoir. Mais celui qui refuse tout témoignage divin, et ne prend occasion de la puissance déployée du Saint Esprit que pour montrer sa méchanceté à l’égard de Jésus, est évidemment perdu pour toujours : il porte sur son front l’empreinte indéniable de la perdition. C’était exactement le péché dans lequel Israël était en train de tomber rapidement. Le Saint Esprit pouvait être envoyé, et opérer des actes de puissance encore plus grands que ceux que le Seigneur Lui-même avait faits ; cela ne changeait rien à leur cœur.
La race incrédule et blasphématrice d’Israël ne devait être pardonnée ni dans ce « siècle » (ère, âge), ni dans celui qui est à venir. Je ne tiens pas particulièrement au mot « dispensation » — qui signifie un certain cours du temps, régi par des principes particuliers ; mais le point ici est que ni dans ce siècle (αἰῶν) ni dans celui qui est à venir, ce péché ne pouvait être pardonné. Le siècle (ère, âge) à venir est celui où les enfants d’Israël seront sous la domination du Messie ; alors que maintenant, et depuis la captivité de Babylone, ils ont été sous la domination des Gentils. Ce péché ne doit être pardonné ni maintenant ni à cette époque future. Quant à toutes les autres iniquités, il y avait encore l’espoir que ce qui n’était pas pardonné maintenant le serait peut-être à la venue du Messie. Il est vrai que le pardon est sans limites pour toute âme qui Le reçoit ; mais ils Le refusaient : ils attribuaient à Béelzébul la puissance de l’Esprit agissant dans Sa personne ; et ce blasphème ne serait jamais pardonné. Tel était le danger croissant pour Israël. Rejetant ainsi le Messie, ils sont condamnés. C’était rejeter le témoignage du Saint Esprit ; et une nouvelle œuvre de Dieu devait alors être introduite.
C’est pourquoi le Seigneur les déclare être une génération ou race de vipères. « On reconnaît l’arbre à son fruit ». C’était un mauvais arbre, et Il ne devait pas en attendre de bons fruits. « Ô génération de vipères », ajoute-t-Il, « comment, étant méchant, pouvez-vous dire de bonnes choses ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. Un homme bon, du bon trésor de son cœur, produit de bonnes choses ; et un homme mauvais, du mauvais trésor, produit de mauvaises choses. Mais moi, je vous dis que toute parole oiseuse (c’est-à-dire, je suppose, tout ce qui trahit le mépris de Dieu) que les hommes prononceront, ils en rendront compte au jour du jugement. Car c’est par tes paroles que tu seras justifié, et c’est par tes paroles que tu seras condamné » (12:34-37). Ce sur quoi Dieu insiste, c’est sur le témoignage à l’égard de Jésus. Ces paroles oiseuses trahissent le rejet de Jésus par le cœur, et négligent le témoignage du Saint Esprit à Son égard. « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné ». C’est par la bouche que la confession est faite à salut (Rom. 10) ; et les paroles qui laissent Jésus de côté prouvent que le cœur préfère son péché plutôt que Lui. Les paroles de la bouche sont la preuve de l’état du cœur. Elles sont l’expression extérieure des sentiments, et elles montrent un homme d’une manière autant que sa conduite le fait d’une autre manière. Si le cœur est mauvais, les paroles sont mauvaises, la conduite est mauvaise : tout vient donc en jugement.
Après cela, les Pharisiens demandent un signe, et le Seigneur leur en donne un des plus significatifs : mais, avant cela, il prononce Sa sentence morale sur la nation : « Une génération méchante et adultère recherche un signe ; il ne lui sera donné d’autre signe que celui du prophète Jonas » (12:39). Quelle était la particularité de Jonas en tant que prophète ? À qui a-t-il prophétisé ? Il a été envoyé d’Israël vers les Gentils ; et, plus encore, avant que Jonas n’accomplisse correctement son message, il dut passer par la figure de la mort et de la résurrection. Il s’obstina tant à ne pas aller là où il lui avait été commandé, que l’Éternel dut faire jeter Jonas hors du navire ; et alors Il le traita comme un mort et opéra une grande œuvre dans son âme. Jonas, ayant traversé ce si remarquable type de la mort et de la résurrection, était dès lors prêt pour communiquer le message que l’Éternel lui donnait. C’est le signe que le Seigneur plaçait devant les Pharisiens. L’état de la nation juive était tel qu’Il devait les quitter et aller vers les Gentils, et cela après la mort et la résurrection en réalité, alors que les espoirs d’Israël avaient péri. Le Seigneur a des bénédictions en réserve pour Israël bientôt, mais pour le moment, tout est perdu pour eux. Ils avaient rejeté leur Seigneur. Dieu allait maintenant s’occuper Lui-même des Gentils. C’est pourquoi ces exemples utilisés pour confirmer cette situation :
C’est ce que le Seigneur montre maintenant. « Quand l’esprit
impur est sorti d’un homme, il marche dans des lieux arides, cherchant du
repos, et n’en trouve pas » (12:43). Quiconque étudie l’Écriture reconnaîtra que
l’esprit impur
signifie l’idolâtrie, et son culte met en relation avec
les démons, au lieu de Dieu. Allons-nous supposer que notre Seigneur s’écarte
soudain de ce qu’Il avait dit de la nation pour se mettre à traiter de simples
individus ? Clairement il s’agit d’Israël. En tant que nation, Israël
n’est jamais tombé dans l’idolâtrie après le retour de Babylone, comme
auparavant. Ce n’est pas qu’ils fussent meilleurs, mais l’esprit impur de
l’idolâtrie n’était plus leur tentation particulière. Il y avait de nouveaux
moyens par lesquels le diable les tentait de pécher, s’il ne le faisait pas
selon les anciennes méthodes. La maison avait été balayée et ornée. Il en était
ainsi lorsque notre Seigneur était ici-bas. Israël avait abandonné ses
habitudes idolâtres ; ils allaient à la synagogue chaque jour de
sabbat ; et ils étaient assez zélés pour parcourir mer et terre pour faire
un prosélyte. La maison était apparemment propre, et rien extérieurement ne
pouvait choquer l’œil qui regardait. Mais l’esprit impur doit revenir. « Alors
il va et prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, et étant
entrés, ils demeurent là ; et le dernier état de cet homme est pire que le
premier. Il en sera de même pour cette génération méchante
» (12:45).
L’esprit impur va revenir, avec toute la puissance de Satan — « sept esprits
plus méchants que lui-même ». Plus méchants que l’idolâtrie ! La figure de
l’homme sert à illustrer l’état d’Israël, comme le montrent clairement ce qui
suit : « Il en sera de même pour cette génération méchante ». Et quand cela
sera-t-il ? C’est leur dernier état, encore à venir. L’état vide, balayé
et orné qui existait alors peut encore avoir cours. Humainement parlant, ils
peuvent être moraux. Ils peuvent ne pas abandonner les livres de Moïse, et
prendre position de n’adorer que le vrai Dieu. Cela durera un certain temps,
mais pas pour toujours, car nous savons par l’Écriture que Dieu a gardé cette
nation pour des buts particuliers, d’abord en jugement, puis en miséricorde. Il
les convertira et fera d’eux une semence sainte d’Abraham, comme ils en sont la
descendance. Israël doit encore montrer les derniers résultats de la puissance
de Satan sur leurs âmes avant que Dieu ne convertisse un résidu, et en fasse
une nation forte et sauvée.
Mais en attendant, qu’allait-Il faire ? Se contentait-Il de prononcer un jugement sur Israël ? Loin de là. Pendant qu’Il parlait encore au peuple, quelqu’un vint Lui dire : « Voici ta mère et tes frères se tiennent dehors, cherchant à te parler » (12:47). Le Seigneur saisit immédiatement cette occasion pour montrer qu’Il ne reconnaît plus de simples relations selon la chair. Il avait une relation spéciale avec Israël, « desquels, selon la chair, est issu le Christ » (Rom. 9:5). Il ne la reconnaît plus. Ils ne veulent pas de Lui, et deviendront la demeure du diable dans toute sa puissance — leur dernier état sera pire que le premier. Mais, dit le Seigneur, Je vais avoir une chose nouvelle maintenant — un peuple selon Mon cœur. Il étendit donc la main vers ses disciples et dit : « Voici ma mère et mes frères ». Ses seuls vrais parents étaient ceux qui recevaient la parole de Dieu, et la mettaient en pratique. « Quiconque fait la volonté de Mon Père qui est dans les cieux, celui-là est Mon frère, et Ma sœur, et Ma mère » — Il renonçait à tout lien terrestre pour le temps présent. Le seul lien qu’Il reconnaissait maintenant était la relation à un Père céleste, formée par la parole de Dieu reçue dans l’âme.
Ainsi, dans ce chapitre, nous voyons le Seigneur en finir avec Israël, en ce qui concerne le témoignage. Dans le chapitre suivant, nous verrons ce qu’il en est du point de vue dispensationnel de ces nouvelles relations que le Seigneur était sur le point de déployer.
À la fin du chapitre précédent, notre Seigneur a renié tous les liens naturels qui Le rattachaient à Israël. Je parle maintenant simplement du fait qu’Il l’a fait ressortir comme une question d’enseignement ; car nous savons que, historiquement, le moment de la rupture définitive avec eux a été la croix. Mais, sur le plan du ministère, si l’on peut dire, la rupture s’est produite maintenant et c’est ce qui est indiqué. Le Seigneur a profité d’une allusion à Sa mère et à Ses frères pour dire qui étaient ses véritables parents ; ce n’était plus ceux qui Lui étaient rattachés selon la chair : la seule famille qu’Il pouvait reconnaître maintenant était ceux qui faisaient la volonté de Son Père dans les cieux. Il ne reconnaît rien d’autre que le lien formé par la parole de Dieu reçue dans le cœur et obéie en conséquence.
Le Saint Esprit poursuit ce sujet en rapportant, sous forme d’une
série, un certain nombre de paraboles qui avaient pour but de montrer la
source, le caractère, la conduite et l’aboutissement de cette nouvelle famille,
ou au moins de ceux qui faisaient profession d’y appartenir. C’est le sujet de
Matthieu 13. C’est un exemple frappant de la manière dont le Saint Esprit a
manifestement groupé les matériaux sous la forme particulière dont nous
disposons actuellement ; car nous savons que notre Seigneur a prononcé
plus de paraboles que celles qui sont données ici. En comparant avec l’Évangile
de Marc, nous trouvons une parabole qui diffère matériellement de toutes celles
qui figurent en Matthieu. Dans Marc (4:33-35), il s’agit d’une personne qui
sème la terre, dort et se lève de nuit et de jour, attendant la germination,
puis la pleine croissance et la maturation du blé, puis il en fait lui-même la
récolte. Cela s’écarte considérablement de toutes les paraboles de
Matthieu ; pourtant, nous savons par Marc que la parabole en question a
été prononcée le même jour. « Il leur annonçait la Parole en plusieurs
paraboles, selon qu’ils pouvaient l’entendre ; mais il ne leur parlait pas
sans parabole. … Et en ce jour-là
, quand le soir fut venu, il leur
dit : « Passons à l’autre rive ».
De même que le Saint Esprit choisit certaines paraboles pour les insérer dans Marc, tandis que d’autres sont laissées de côté (et il en est de même dans Luc), ainsi aussi en est-il dans Matthieu. Le Saint Esprit transmet pleinement la pensée de Dieu sur le nouveau témoignage, communément appelé christianisme, et même chrétienté. En conséquence, le tout début du ch. 13 nous prépare à la nouvelle scène. « Le même jour (ou : en ce jour-là), Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la mer » (13:1). Jusqu’alors, la maison de Dieu était liée à Israël. C’est là que Dieu habitait, pour autant qu’on puisse le dire de la terre ; Il la considérait comme Son habitation. Mais Jésus sortit de la maison, et s’assit au bord de la mer. Nous savons tous que la mer, dans le langage symbolique de l’Ancien et du Nouveau Testament, est utilisée pour représenter des masses d’hommes, errant çà et là à l’extérieur, et non soumis à un gouvernement établi de Dieu. « De grandes foules s’assemblèrent autour de lui, de sorte qu’Il monta dans une barque et s’assit » (13:2a). De là Il les enseigne. « Et toute la foule se tenait sur le rivage » (13:2b). L’action même de notre Seigneur indiquait qu’il allait y avoir un témoignage très étendu. Les paraboles elles-mêmes ne sont pas confinées à la sphère des interventions précédentes de notre Seigneur, mais elles ont une portée beaucoup plus large que tout ce qu’Il avait dit précédemment.
« Il leur dit beaucoup de choses par des paraboles » (13:3). Il n’est pas dit que nous ayons toutes les paraboles que notre Seigneur prononça ; mais le Saint Esprit nous en donne sept ici, reliées entre elles, toutes groupées et associées en un système cohérent, comme je vais m’efforcer de le montrer. Le Saint Esprit exerce manifestement une certaine autorité quant aux paraboles choisies ici, car nous savons tous que sept est le chiffre scripturaire pour ce qui est complet, que ce soit en bien ou en mal ; spirituellement, sept est régulièrement le chiffre utilisé. Lorsque le symbole douze est utilisé, il exprime quelque chose de complet, non pas spirituellement, mais en rapport avec ce qui a trait à l’homme. Quand l’administration humaine est mise en avant pour réaliser les desseins de Dieu, le nombre douze apparaît. C’est ainsi que nous avons les douze apôtres, qui avaient une relation particulière avec les douze tribus d’Israël ; mais quand il s’agit de présenter l’Église, nous entendons à nouveau le chiffre sept — « les sept églises ». Quoi qu’il en soit, nous avons ici sept paraboles, dans le but de donner un compte rendu complet du nouvel ordre de choses qui allait commencer — la chrétienté et le christianisme, le vrai comme le faux.
La première question qui se pose alors est la suivante : comment se fait-il que nous ayons cette série de paraboles ici et nulle part ailleurs ? Certaines d’entre elles se trouvent dans Marc, d’autres dans Luc, mais nulle part, sauf en Matthieu, nous n’en avons sept, la série complète. La réponse est la suivante : Rien ne peut être plus beau, ni plus approprié, que de les donner dans un Évangile qui présente Jésus comme le Messie à Israël ; puis qui montre, après Son rejet, ce que Dieu allait faire ensuite. Pour les disciples, au moment où leurs espoirs s’évanouissaient, quoi de plus intéressant que de connaître la nature et la fin de ce témoignage ? Si le Seigneur allait envoyer Sa parole parmi les Gentils, quel en serait le résultat ?
En conséquence, l’Évangile de Matthieu est le seul qui nous donne une esquisse complète du royaume des cieux ; et il nous donne aussi l’indication que le Seigneur allait fonder l’Église. C’est seulement dans Matthieu que nous avons ses deux choses mises en évidence, comme on le verra plus tard. Observons que le royaume des cieux n’est pas la même chose que l’Église, mais plutôt la scène où l’autorité de Christ est reconnue, au moins extérieurement. Ce peut être réel ou non, mais tout chrétien professant est dans le royaume des cieux. Toute personne qui confesse Christ, même par un rite extérieur, n’est pas simplement un Juif ou un Gentil, mais elle est dans le royaume. C’est une chose très différente du fait d’être né de nouveau et d’être baptisé du Saint Esprit pour faire partie du corps de Christ. Quiconque porte le nom de Christ appartient au royaume des cieux. Il se peut qu’il n’y soit que comme une mauvaise herbe (de l’ivraie), mais il y est quand même. C’est une chose très solennelle. Partout où Christ est confessé extérieurement, il y a une responsabilité qui dépasse celle qui s’attache au reste du monde.
La première parabole était manifestement réalisée lorsque notre Seigneur était sur la terre. Elle est très générale et s’applique au Seigneur en personne ou en esprit. C’est pourquoi on peut dire qu’elle est toujours en cours ; car nous trouvons dans la deuxième parabole le Seigneur présenté comme continuant à semer la bonne semence ; seulement là c’est le « royaume des cieux » qui est comparé à un homme qui semait de la bonne semence dans son champ. Dans la première parabole, c’est l’œuvre de Christ publiant la parole parmi les hommes, alors qu’Il était ici-bas. La seconde parabole s’applique plutôt à notre Seigneur semant par le moyen de Ses serviteurs, c’est-à-dire le Saint Esprit agissant par eux selon la volonté du Seigneur pendant que Lui est en haut, le royaume des cieux étant alors établi.
Ceci fournit d’emblée une clé importante pour l’ensemble du sujet. Mais dans la mesure où le sujet de la première parabole est très général, beaucoup de son enseignement moral s’applique maintenant aussi bien que lorsque notre Seigneur était sur la terre.
« Un semeur sortit pour semer » — une vérité de poids en effet. Ce n’est pas ainsi que les Juifs attendaient leur Messie. Les prophètes rendaient témoignage à un souverain glorieux qui établirait son royaume au milieu d’eux. Il n’y a pas de doute qu’il y avait des prédictions claires de Sa souffrance aussi bien que de Son exaltation. Notre parabole ne décrit ni la souffrance ni la gloire extérieure, mais une œuvre accomplie par le Seigneur, d’un caractère distinct de tout ce que les Juifs auraient naturellement tiré de l’ensemble des prophéties. Néanmoins, notre Seigneur, je le conçois, faisait allusion à Ésaïe. Ce n’est pas exactement l’évangile de la grâce et du salut aux pauvres, aux misérables et aux coupables, mais c’est quelqu’un qui, au lieu de venir réclamer les fruits de la vigne établie en Israël, doit commencer une œuvre entièrement nouvelle. Un semeur qui sort pour semer marque évidemment le commencement de ce qui n’existait pas auparavant. Le Seigneur commence une œuvre qui n’était pas connue auparavant dans ce monde.
« Comme il semait, quelques graines tombèrent le long du chemin, et les oiseaux vinrent les dévorer ». C’était clairement le cas le plus désespéré de tous. Il était réduit à zéro, non par une quelconque faute de la semence, mais à cause de l’action destructrice des oiseaux qui dévoraient ce qui avait été semé.
Ensuite, nous avons : « Et d’autres tombèrent sur des endroits rocailleux, où il n’y avait pas beaucoup de terre, et aussitôt ils levèrent, parce qu’ils n’avaient pas beaucoup de terre ». Dans ce cas il y avait une apparence plus encourageante. La parole était reçue, mais le sol était rocailleux ; il n’y avait pas de profondeur de terre. Les apparences étaient très rapides — « aussitôt ils levèrent ». Il y a peu ou pas de sens du péché. Tout est accepté, mais trop facilement. Le « plan du salut » peut être estimé excellent ; l’illumination de l’esprit peut être incontestable ; mais une telle personne n’a jamais mesuré sa terrible condition aux yeux de Dieu. La bonne parole de Dieu est goûtée, mais le sol est rocailleux. La conscience n’a pas été correctement exercée. Or, dans un véritable travail de cœur, la conscience est le sol dans lequel la parole de Dieu fait son effet. Il ne peut jamais y avoir de véritable œuvre de Dieu sans un sens du péché. Lorsque des sentiments chaleureux sont excités, mais que le péché est passé sous silence (c’est le cas dont il est question ici), la parole est reçue immédiatement, mais le sol reste vraiment intact — rocailleux. Il n’y a pas de racine parce qu’il n’y a pas de profondeur de terre : par conséquent, « quand le soleil se leva, ils furent brûlés ; et comme ils n’avaient pas de racine, ils séchèrent ».
Mais, en outre, « certains tombèrent parmi les épines, et les épines poussèrent et les étouffèrent ». C’est un autre cas, différent de celui où le cœur reçoit la parole immédiatement. Nous devrions avoir aussi peu de confiance dans le cœur que dans la tête. La chair diffère selon les individus. Certains peuvent avoir plus d’esprit, et d’autres plus de sentiments. Mais ni l’un ni l’autre ne peut recevoir la parole de Dieu à salut, à moins que le Saint Esprit n’agisse sur la conscience et ne produise le sentiment d’être complètement perdu. Lorsque c’est le cas, c’est une véritable œuvre de Dieu, que les peines et les difficultés ne feront qu’approfondir. Ceux qui reçoivent la semence parmi les épines forment une classe dévorée par les soucis de ce siècle, et entraînée par la séduction des richesses, qui étouffent la parole, de sorte qu’aucun fruit ne vient à maturité.
Mais maintenant vient la bonne terre. « D’autres tombèrent sur une bonne terre, et ils produisirent du fruit, les uns cent, les autres soixante, les autres trente. Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende » (13:8, 9). Le semeur est ici le Seigneur Lui-même, mais sur quatre jets de semence, trois sont infructueux. Ce n’est que dans le dernier cas que la semence porte du fruit mûr ; et même là, le résultat est mitigé et entravé — « les uns cent fois, les autres soixante fois, les autres trente fois » — les choses naturelles empêchent toujours, plus ou moins, la fructification.
Quelle histoire du cœur de l’homme et du monde ces paraboles révèlent ! Même lorsque le cœur ne refuse pas, mais reçoit extérieurement la vérité, il peut l’abandonner aussi rapidement. La même volonté qui fait qu’un homme reçoit de bon cœur l’évangile, le fait abandonner devant les difficultés. Mais, dans certains cas, la parole produit des effets bénis. Elle tombe sur un bon terrain, et produit du fruit à divers degrés. « Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ». Avertissement solennel aux âmes, de bien regarder si, oui ou non, elles produisent selon la vérité qu’elles ont reçue.
Les disciples viennent maintenant lui dire : « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » et le Seigneur en profite pour leur expliquer ces choses. « Il leur répondit : Parce qu’il est donné à vous de connaître les mystères du royaume des cieux, mais à eux il ne leur est pas donné ». Il en était de la parabole comme de la nuée d’Israël aux jours de Moïse — pleine de lumière pour ceux qui sont dedans, pleine d’obscurité pour ceux qui sont dehors. Il en est ainsi des paroles de notre Seigneur. La crise avec Israël incroyant était si solennelle maintenant, que Son intention n’était pas de donner une lumière plus claire. La conscience avait disparu. Ils avaient le Seigneur au milieu d’eux, apportant la pleine lumière, et Il était refusé, en particulier par les conducteurs religieux. Il avait maintenant rompu avec eux : c’est là la clé de Sa conduite. « À vous il est donné de connaître » etc. Cela était caché à la multitude, parce qu’ils avaient déjà rejeté les preuves les plus claires que Jésus était le Messie de Dieu.
Mais, comme Il le dit ici : « À quiconque a, il sera donné, et il sera dans l’abondance ». Tel était le cas des disciples. Ils avaient déjà reçu Sa personne, et maintenant le Seigneur allait leur fournir la vérité pour continuer à les conduire. « Mais à quiconque n’a pas » (l’Israël qui rejetait Christ), « cela même qu’il a lui sera ôté », autrement dit la présence corporelle du Seigneur et la preuve par les miracles disparaîtraient bientôt. « C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce que, voyant, ils ne voient pas, et entendant, ils n’entendent pas, et ne comprennent pas » (13:13). La sentence judiciaire de ténèbres qu’Ésaïe avait prononcée sur eux des centaines d’années auparavant devait être maintenant scellée, bien que le Saint Esprit leur rendît encore un nouveau témoignage. Et ce même passage est cité ensuite pour marquer qu’il en était fini avec Israël. Ils aimaient mieux les ténèbres que la lumière. À quoi sert la lumière à celui qui ferme ses yeux ? C’est pourquoi la lumière serait aussi enlevée. « Mais bienheureux sont vos yeux, car ils voient, et vos oreilles, car elles entendent. Car en vérité je vous dis : beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir les choses que vous voyez et ne les ont pas vues, et entendre les choses que vous entendez et ne les ont pas entendues » (13:16, 17).
Suit l’explication de la parabole. La signification des « oiseaux
du ciel » nous est donnée. Il n’est pas laissé à nos propres conjectures. « Quand
quelqu’un entend la parole du royaume (c’était ce qui était alors prêché :
ce n’est pas exactement la parole de l’Évangile, mais c’était celle « du
royaume ») et ne la comprend pas » (13:19), etc. Dans Luc, elle n’est pas appelée
« la parole du royaume », et il n’est pas dit « ne la comprend pas ». Il est
intéressant d’observer cette différence, car elle montre la manière dont le
Saint Esprit a agi dans l’Évangile de Matthieu. Comparez Luc 13. La première de
ces paraboles nous est donnée en Luc 8:11. « Voici la parabole : La semence
est la parole de Dieu » — non pas la parole du royaume, mais « de Dieu ». Il y a,
bien sûr, beaucoup de points communs entre les deux ; mais l’Esprit avait
une sage raison d’utiliser des expressions différentes. Ce serait plutôt donner
une occasion à un ennemi, s’il n’y avait de bonnes raisons pour cela. Je répète
que c’est « la parole du royaume » dans Matthieu, et « de Dieu » dans Luc. Dans Luc
(8:12), c’est « qu’ils croient
», et dans Matthieu (13:19) « ne la comprend
pas ». Qu’enseigne cette différence ? C’est manifestement que, dans
Matthieu, le Saint Esprit a le peuple juif particulièrement en vue ;
tandis que dans Luc, le Seigneur avait particulièrement les Gentils devant Lui.
Ceux-ci comprenaient qu’il y avait un grand royaume que Dieu était sur le point
d’établir, et destiné à engloutir tous leurs royaumes. Quant aux Juifs, déjà
familiarisés avec la parole de Dieu, leur grand point était de comprendre
ce que Dieu enseignait — ce que la propre justice ne comprend jamais. On
pourrait vous contredire si vous disiez à un Juif : Tu ne crois pas ce que
dit Ésaïe ; mais alors viendrait la grave question : Le comprends
-tu ?
— Mais pour le Gentil, qui n’avait pas les oracles vivants, au lieu de mettre en
avant sa propre sagesse, la question était de croire
ce que Dieu
disait ; et c’est ce que nous avons dans Luc. Dans Matthieu, s’adressant à
un peuple qui avait déjà la parole, la grande chose était de la comprendre. Ce
qu’ils n’ont pas fait. Le Seigneur montre que, s’ils entendaient de leurs
oreilles, ils ne comprenaient pas de leur cœur. Cette différence, lorsqu’on la
relie aux différentes idées et aux différents objets des deux évangiles, est à
la fois intéressante et instructive.
« Quand quelqu’un entend la parole du royaume, et ne la comprend
pas » (13:19). Nous en tirons une autre vérité solennelle : la grande chose
qui fait obstacle à la compréhension spirituelle est le préjugé religieux. Les
Juifs étaient accusés de ne pas comprendre. Ils n’étaient pas idolâtres ni
ouvertement incrédules, mais ils avaient dans leur pensées un système de
religion dans lequel ils avaient été formés dès leur enfance, et qui
obscurcissait leur intelligence quant à ce que le Seigneur mettait en évidence.
Il en est de même aujourd’hui. Mais chez les païens, bien que l’état soit
moralement mauvais, la parole de Dieu pouvait être semée librement dans cette
terre stérile et, par grâce, elle pouvait être crue. Ce n’est pas le cas des
gens qui ont été nourris d’ordonnances et de superstitions : la difficulté
est alors de comprendre
la parole. « Alors vient le méchant, et il
arrache ce qui a été semé dans le cœur ». Ce qui correspond aux oiseaux dans la
première parabole, comme nous l’avons vu, c’est le méchant qui ravit la parole
du royaume dès qu’elle est semée.
« Mais celui qui a reçu la semence dans les endroits rocailleux, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie » (13:20). Vous avez là le cœur, ému dans ses affections, mais sans exercice de conscience. Dès lors, la parole est reçue avec joie. Il y a une grande joie à ce sujet, mais cela s’arrête là. C’est seulement le Saint Esprit agissant sur la conscience qui donne ce que sont les choses aux yeux de Dieu. « Cependant, il n’a pas de racine en lui-même, mais n’est que pour un temps ; car lorsque la tribulation ou la persécution s’élève à cause de la parole, il est aussitôt scandalisé ».
Puis nous avons le terrain épineux : « Celui qui a reçu de la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole ; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses étouffent la parole, et il devient sans fruit ». Voilà un cas qui aurait pu sembler prometteur pendant un temps ; mais l’inquiétude de ce monde, ou la facilité flatteuse de la prospérité ici-bas, l’ont rendu infructueux, et tout est fini.
« Mais celui qui a reçu de la semence dans la bonne terre, c’est celui qui entend la parole et la comprend (il s’agit toujours d’une compréhension spirituelle), et qui porte du fruit et le fait fructifier, les uns au centuple, les autres à soixante fois et à trente fois.
Nous arrivons maintenant à la première des similitudes du royaume des cieux. La parabole du semeur était l’œuvre préparatoire de notre Seigneur sur la terre. « Il leur proposa une autre parabole, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui sema de la bonne semence dans son champ ; mais, pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla » (13:24, 25) — exactement ce qui s’est passé dans la profession chrétienne. Il y a deux choses nécessaires pour que le mal fasse son chemin parmi les chrétiens. La première est l’absence de vigilance des chrétiens eux-mêmes. Ils deviennent négligents, ils dorment, et l’ennemi vient et sème l’ivraie. Cela a commencé très tôt dans la chrétienté. Nous en trouvons les germes même dans les Actes, et plus encore dans les épîtres. 1 Thessaloniciens est la première épître inspirée que l’apôtre Paul ait écrite ; la seconde fut écrite peu après. Il leur dit là que le mystère de l’iniquité était déjà à l’œuvre, que l’apostasie et l’homme de péché allaient suivre et que, lorsque l’iniquité serait pleinement manifestée (au lieu d’opérer secrètement), le Seigneur mettrait fin à l’inique et à tout ce qui le concerne. Le mystère de l’iniquité s’apparente à l’ensemencement de l’ivraie dont il est question ici. Quelque temps après, « lorsque la tige monta et porta du fruit » = lorsque le christianisme commença à faire des progrès rapides sur la terre, — « alors l’ivraie aussi parut ». Mais il est évident que l’ivraie a été semée presque immédiatement après la bonne semence. Quelle que soit l’œuvre de Dieu, Satan est toujours sur ses talons. Lorsque l’homme a été créé, il a écouté le serpent et est tombé. Lorsque Dieu a donné la loi, elle a été violée avant même d’être remise entre les mains d’Israël. Telle est toujours l’histoire de l’homme.
Ainsi le mal est fait dans le champ, et n’est jamais réparé. L’ivraie
n’est pas pour l’instant ôtée du champ : il n’y a pas de jugement sur
elle. Cela signifie-t-il que nous devons avoir de l’ivraie dans l’Église ?
Si le royaume des cieux signifiait l’Église, il ne devrait y avoir aucune
discipline
: les impuretés de la chair ou de l’esprit, ceux qui
jurent, les ivrognes, les adultères, les schismatiques, les hérétiques, les
antéchrists, devraient y être admis. Voilà l’importance de saisir la
distinction entre l’Église et le royaume. À propos de l’ivraie dans le royaume
des cieux maintenant, le Seigneur dit : « Laissez-les croître tous deux
ensemble jusqu’à la moisson » (13:30), c’est-à-dire jusqu’à ce qu’Il vienne en
jugement. Si le royaume des cieux était la même chose que l’Église, cela
équivaudrait, je le répète, à rien moins qu’à ceci : qu’aucun mal, aussi
flagrant ou évident soit-il, ne devrait être mis hors de l’Église jusqu’au jour
du jugement. Nous voyons donc l’importance de faire ces distinctions que trop
de gens méprisent. Elles sont d’une importance capitale pour la vérité et la
sainteté ; et il n’y a pas une seule parole, un seul mot, de Dieu dont
nous puissions nous passer.
Mais cette parabole n’a rien à voir avec la question de la
communion dans l’Église. C’est du « royaume des cieux » qu’il est question — la
scène de la confession de Christ, qu’elle soit vraie ou fausse. Ainsi, les
Grecs, les Coptes, les Nestoriens, les catholiques romains, tout comme les
protestants, sont dans le royaume des cieux ; pas seulement les croyants,
mais tous ceux qui professent extérieurement le nom de Christ. Certains peuvent
être immoraux ou hérétiques, mais il ne faut pas qu’ils soient ôtés du royaume
des cieux. Mais serait-il juste de les recevoir à la table du Seigneur ?
Dieu nous en préserve ! L’Église (l’assemblée de Dieu) et le royaume des
cieux sont deux choses différentes. Une personne tombant dans le péché ouvert
ne doit pas être admise à la communion de l’Église ; mais vous ne
pouvez pas
la mettre hors du royaume des cieux. En fait, cela ne pourrait
se faire qu’en lui ôtant la vie, car c’est ce qu’implique l’arrachage de l’ivraie.
Et c’est ce en quoi est tombé la chrétienté mondaine, dans un laps de temps
assez court après que les apôtres eurent quitté la terre. Des châtiments
temporels furent introduits à titre de discipline ; des lois furent faites
dans le but de livrer les réfractaires au pouvoir civil vassalisé. S’ils n’honoraient
pas la soi-disant église, ils ne devaient pas être autorisés à vivre. Ainsi, le
mal contre lequel notre Seigneur avait précisément mis en garde les disciples
se réalisa : l’empereur Constantin utilisa l’épée pour réprimer les
contrevenants ecclésiastiques. Lui et ses successeurs introduisirent des
punitions temporelles pour traiter l’ivraie, pour essayer de la déraciner.
Prenez l’église de Rome, où vous avez si totalement la confusion de l’Église
avec le royaume des cieux : ils revendiquaient, si un homme était
hérétique, de le livrer aux tribunaux du monde pour être brûlé ; et ils ne
confessaient ou ne corrigeaient jamais le tort, parce qu’ils prétendaient être
infaillibles. Si l’on suppose que leurs victimes étaient vraiment de l’ivraie,
cela revenait à les ôter du royaume. Si vous arrachez de l’ivraie du champ,
vous la tuez. Il peut y avoir des gens du dehors qui profanent le nom de
Dieu ; mais nous devons laisser à Dieu le soin de s’en occuper.
En ce qui concerne la responsabilité chrétienne à l’égard de ceux qui entourent la table du Seigneur, nous avons des instructions complètes dans ce qui est écrit sur l’Église. « Le champ, c’est le monde », mais l’Église n’englobe que ceux qui sont membres du corps de Christ. Prenez 1 Corinthiens, où le Saint Esprit nous donne l’ordre de la maison de Dieu et sa discipline. Supposons que certains soient coupables d’un péché sans qu’il y ait repentance ; ces personnes ne doivent pas être reconnues, tant qu’elles continuent dans ce péché. Un vrai saint peut tomber dans un péché manifeste ; mais l’Église, le sachant, est tenue d’intervenir pour exprimer le jugement de Dieu sur ce péché. Si elle permettait délibérément à une telle personne de venir à la table du Seigneur, elle rendrait en fait le Seigneur partie prenante de ce péché. La question n’est pas de savoir si la personne est convertie ou non. Si elle n’est pas convertie, elle n’a rien à faire dans l’Église ; si elle est convertie, le péché ne doit pas être toléré. Les coupables ne sont pas ôtés du royaume des cieux ; ils doivent être ôtés de l’Église. L’enseignement de la parole de Dieu est donc très clair sur ces deux vérités. C’est une erreur d’utiliser les punitions du monde pour traiter une personne méchante dans des affaires spirituelles. Je peux chercher le bien de son âme, et maintenir l’honneur de Dieu à l’égard du péché, mais ce n’est pas une raison pour utiliser les punitions du monde. Les inconvertis doivent être jugés par le Seigneur lors de Son apparition. Tel est l’enseignement de la parabole de l’ivraie ; elle donne une vision très solennelle du christianisme. Il y a un remède pour le mal qui entre dans l’Église, mais pas encore pour le mal dans le monde.
C’est le seul Évangile qui contient la parabole de l’ivraie. Luc donne celle du levain. Matthieu ajoute l’ivraie. Cette parabole enseigne particulièrement la patience pour le présent, en contraste avec les actions judiciaires des Juifs et leur juste attente d’un champ nettoyé sous le règne du Messie. Les Juifs diraient : Pourquoi devrions-nous permettre des ennemis, des hérétiques impies ? Même lorsque notre Seigneur était ici-bas, et que certains Samaritains ne le recevaient pas, Jacques et Jean voulaient faire descendre le feu du ciel pour les consumer. Mais le Seigneur n’était pas alors venu pour juger, mais pour sauver. Le jugement du monde doit attendre Son retour.
Mais nous avons une autre instruction. « Laissez-les croître ensemble jusqu’à la moisson ; et au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Cueillez d’abord l’ivraie, et liez-la en bottes pour la brûler ; mais amassez le blé dans mon grenier » (13:30). Ainsi, les saints célestes doivent être rassemblés dans la grange du Seigneur, pour être transportés de la terre au ciel. Mais « le temps de la moisson » implique une certaine période occupée par les divers processus d’engrangement. Il n’est pas dit que le blé doit être lié en bottes pour être transporté au ciel. Il n’y a aucune indication d’un travail préparatoire spécial concernant les saints avant leur enlèvement. Mais il y a un tel traitement de Dieu avec l’ivraie. Les anges doivent rassembler l’ivraie en bottes avant que le Seigneur ne la retire du champ. Je ne prétends pas dire comment cela se passera, ni si le système d’associations actuel peut ouvrir la voie à l’action finale du Seigneur à l’égard de l’ivraie. Mais le principe de l’association mondaine se développe rapidement.
La parabole du champ de blé avait pleinement montré quelque chose qui devait être un coup inattendu pour les pensées des disciples, à savoir que la dispensation qui s’ouvrait, échouerait aussi complètement que la précédente, en ce qui concerne le maintien par l’homme de la gloire de Dieu. Israël avait déshonoré Dieu ; ils avaient apporté, non pas la délivrance, mais la honte et la confusion sur la terre ; ils avaient failli sous la loi, et ils rejetteraient la grâce si complètement que le Roi serait obligé d’envoyer Ses armées pour détruire ces meurtriers et brûler leur ville (22:7). Mais s’il devait y avoir une nouvelle œuvre en rassemblant des disciples au nom de Jésus par la parole qui leur était prêchée, cela serait-il aussi gâché entre les mains de l’homme ? Le salut des âmes est en effet assuré dans les mains de Dieu ; mais l’épreuve de ce qui est confié à la responsabilité de l’homme tourne maintenant comme toujours à une faillite complète. Au Paradis (sur la terre), l’homme a été loin de la gloire de Dieu, et au dehors il a corrompu sa voie et rempli la terre de violence. Ensuite, Dieu a choisi un peuple pour le mettre à l’épreuve, mais il s’est effondré. Et maintenant venait la nouvelle épreuve : Que deviendraient les disciples qui auraient professé le nom de Christ ? La réponse a été donnée : « Pendant que les hommes dormaient, l’ennemi a semé l’ivraie », et l’annonce solennelle déclare qu’aucun zèle de leur part ne pourra remédier au mal. Ils pourraient être fidèles et sérieux eux-mêmes, mais le mal fait par l’introduction de l’ivraie — ceux qui professent faussement le nom de Christ — ne sera jamais éradiqué. Le Seigneur parle évidemment du vaste champ de la profession chrétienne, et du triste fait que le mal serait introduit dès le début ; et, une fois introduit, il ne serait jamais éradiqué jusqu’à ce que le Seigneur Lui-même revienne en jugement, et que Ses anges rassemblent l’ivraie en bottes pour la brûler, tandis que le blé serait engrangé.
Si l’Église est dans nos pensées en lisant Matthieu 13, nous ne
comprendrons jamais le chapitre. « Le champ, c’est le monde
» — la sphère
où le nom du Seigneur est professé, et qui s’étend bien au-delà de ce qu’on
pourrait appeler l’Église. Il pourrait y avoir, et il y a, de nombreuses
personnes qui se disent chrétiennes, mais qui montrent par leur comportement qu’il
n’y a pas de foi réelle en elles. C’est elles qui sont appelées « l’ivraie ». Il
y en a beaucoup, que personne ne croit être nés de Dieu, et qui, néanmoins,
seraient choqués si on les considérait comme des incrédules. Ils reconnaissent
Christ comme le Sauveur du monde, le vrai Messie, mais cela n’a pas plus d’effet
sur leurs âmes, qu’il n’y en avait sur ceux qui croyaient en Christ en voyant
les miracles qu’Il faisait (Jean 2:23). Jésus ne leur fait pas plus confiance
maintenant qu’Il ne le faisait alors.
La parabole suivante laisse entendre que le mal ne serait pas simplement le mélange avec une fausse profession, mais que quelque chose de tout à fait différent s’ensuivrait. Ce pourrait se rattacher à l’ivraie et en provenir, mais il fallait une autre parabole pour le montrer. En commençant par le plus petit grain, le plus humble en ce monde, il allait y avoir ce qui prendrait de vastes proportions sur la terre, qui plongerait ses racines en profondeur dans les institutions des hommes et s’élèverait en un système de grande puissance et d’influence terrestre. C’est le grain de moutarde qui devient un grand arbre, dans les branches duquel les oiseaux du ciel viennent se loger. Ces derniers, le Seigneur les avait déjà expliqués comme étant le méchant ou ses émissaires (13:4, 19). Nous ne devons jamais nous écarter du sens d’un symbole dans un chapitre, à moins qu’il n’y ait une raison nouvelle et expresse pour cela, ce qui n’apparaît pas dans ce cas. Ainsi, nous avons la plus petite de toutes les graines qui pousse jusqu’à être quelque chose comme un arbre ; et de ce tout petit commencement vient une tige avec des branches ayant une capacité suffisante pour donner un abri et une demeure aux oiseaux du ciel. Quel changement pour la profession chrétienne ! Le destructeur est maintenant logé dans son sein !
Vient ensuite la troisième parabole, de nature encore
différente. Il ne s’agit pas d’une graine, bonne ou mauvaise. Ce n’est pas du
petit qui s’élève et devient grand, ni d’une puissance protectrice sur la
terre, et pour quoi faire ? Mais ici, nous avons ce qui serait la
propagation d’une doctrine à l’intérieur — du « levain », utilisé ici comme ailleurs
pour représenter une doctrine. Par exemple, nous avons « la doctrine des
Pharisiens et des Sadducéens », que notre Seigneur appelait du levain. La pensée
ici est de symboliser ce qui se répand et imprègne ce qui y est exposé. « Le
royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prit et cacha dans
trois mesures de farine, jusqu’à ce que tout fut levé » (13:33). Les trois
mesures de farine ne signifient pas le monde entier, comme beaucoup l’ont
supposées sans raison valable, et le supposent encore (*).
Il n’est pas habituel de trouver la vérité
faire un tel chemin. Nous
savons ce qu’est le cœur, et nous pouvons en déduire que la doctrine qui est
tellement répandue sous le nom de Christ, doit être très éloignée de sa pureté
originelle quand elle est bien accueillie par des masses d’hommes. En outre, nous
avons vu l’ivraie — qui n’implique rien de bon — mêlée au blé. Nous avons vu le
grain de moutarde devenir un arbre, et abriter étrangement les oiseaux du ciel
qui, dans la première parabole, dévoraient la graine semée par Christ. De même,
chaque fois que le mot « levain » apparaît symboliquement dans la parole de Dieu,
il n’est jamais employé que pour caractériser une corruption qui tend à agir
activement et à se répandre ; on ne doit donc pas supposer qu’il s’agit de
l’extension de l’évangile. Le sens, je n’en doute pas, est un système de
doctrine qui remplit et donne sa tonalité à une certaine masse déterminée d’hommes.
C’est l’évangile qui est la semence de vie, la semence incorruptible, en tant
que témoignage de Dieu au sujet de Christ et Son œuvre. Le levain n’a nulle
part quelque chose à voir avec Christ ou le fait de donner la vie, mais
expressément le contraire. Il n’y a donc pas la moindre analogie entre l’action
du levain et la réception de la vie en Christ par l’évangile. Je crois que le
levain représente ici le propagandisme des dogmes et des décrets, après que la
chrétienté soit devenue une grande puissance sur la terre (ce qui correspond à
l’arbre, comme ce fut le cas, historiquement, au temps de Constantin le Grand).
Nous savons que le résultat de cette évolution a été un terrible écart d’avec
la vérité. Quand le christianisme a acquis de la respectabilité dans le monde,
au lieu d’être persécuté et d’être un opprobre, des foules d’hommes y furent
incorporées. Une armée entière fut baptisée sur un simple ordre. L’épée était
désormais utilisée pour défendre ou imposer le christianisme.
(*) (note de l’éditeur) Si nous nous tournons vers l’Écriture comme son propre interprète, les « trois mesures de farine » de la parabole nous font naturellement nous reporter aux offrandes de gâteau prescrites par la loi. Elles étaient une nourriture pour les sacrificateurs, elles étaient mangées dans un lieu saint, sans levain. Voir Lév. 6:14-17, et 1 Cor. 5:8.
« Aucune des offrandes de gâteau que vous apporterez à l’Éternel ne sera faite avec du levain » (Lev. 2:11) — la femme ici dans la parabole fait ce que la loi interdit strictement. Le levain étant toujours dans l’Écriture un type de mal, le mettre dans la farine, c’est introduire une doctrine mauvaise dans le pain de Dieu — la nourriture de Son peuple. Voir Jean 6:32-33.
La femme
dans cette parabole devrait
aussi nous rappeler Eve qui a conduit « à la transgression » ; et encore
plus « cette femme Jézabel, qui se dit prophétesse, pour enseigner
et
séduire mes esclaves » etc. (Apoc. 2:20) — faisant à nouveau ce qui est
interdit. Voir 1 Tim. 2:12-14. Pourquoi des commentateurs devraient-ils
interpréter le levain comme le bien qui se répand, ou l’évangile qui soumet le monde
entier ? C’est comme les douze de Luc 18:31-34 à qui le Seigneur a parlé
de Son rejet, de Ses souffrances, de Sa mort et de Sa résurrection ; mais
« ils ne comprirent rien à ces choses
». Dans leur esprit, le royaume
était sur le point d’être restauré pour Israël ; ils ne pouvaient donc pas
comprendre les mots les plus simples concernant le rejet
du Messie. Les
idées préconçues empêchent la réception de la plupart des vérités exprimées
simplement.
Observez qu’ainsi l’interprétation fait suite harmonieusement. Nous avons des paraboles consacrées à des choses distinctes, qui peuvent avoir un certain degré d’analogie entre elles, et pourtant exposent des vérités distinctes dans un ordre qui ne peut que se recommander à un esprit spirituel sans préjugés. Beaucoup dépend de la bonne compréhension de ce que l’on entend par « royaume des cieux ». N’oublions pas qu’il s’agit simplement de l’autorité du Seigneur dans les cieux, reconnue sur la terre. Quand elle devient une chose dont le monde prend connaissance comme une puissance civilisatrice sur la terre, ce n’est plus le simple champ semé avec de la bonne graine que l’ennemi peut gâcher avec de la mauvaise, mais l’arbre imposant, et le levain opérant largement et en profondeur. Telle est la révélation très inattendue que fait notre Seigneur. La multitude pourrait admirer, mais les sages voudraient comprendre. Les disciples avaient besoin d’être instruits
Jusqu’à présent, donc, ces paraboles montrent la croissance graduelle du mal. D’abord, il y a le mélange d’un peu de mal avec beaucoup de bien, comme dans le cas du champ de blé. Ensuite, il y a la croissance de ce qui est élevé et influent à partir de l’origine modeste du christianisme primitif. Au lieu d’avoir de la tribulation dans le monde, le corps chrétien devient un patron ou un bienfaiteur, exerçant une autorité dans le monde, et les plus ambitieux du monde cherchent auprès de lui ce qu’ils veulent. Il s’ensuit une grande propagation de doctrine adaptée aux conditions du monde, à mesure que la folie du paganisme et l’étroitesse du judaïsme deviennent plus apparentes pour les hommes, et que leurs intérêts les entraînent vers le nouveau système du monde.
Remarquez maintenant un changement. Le Seigneur cesse de s’adresser à la multitude qui était en vue jusqu’ici. Comme il est dit : « Tout cela, Jésus l’a dit aux foules, et sans parabole Il ne leur disait rien ». Mais maintenant, Jésus renvoie les foules et entre dans la maison. J’attire votre attention sur ce point, car il divise les paraboles et inaugure une série distincte. Les paraboles qui suivent n’étaient pas du genre à ce que les foules puissent voir ou saisir. Dans le placement à part de ces trois dernières paraboles d’avec les quatre précédentes, nous avons une analogie avec les fêtes exposées en Lévitique 23 : après la Pâque et les pains sans levain, l’offrande des prémices (premiers fruits) et la fête des semaines qui se suivent l’une l’autre, on a une interruption ; après quoi viennent les fêtes des trompettes, le jour des expiations, et enfin la fête des tabernacles. L’apôtre nous enseigne que Christ, notre Pâque, a été sacrifié pour nous, de sorte que nous avons à célébrer la fête des pains sans levain qui lui est inséparablement liée. Ensuite, nous avons la résurrection de Christ — la gerbe des prémices, suivie de la Pentecôte, comme nous le lisons dans Actes 2 : « Lorsque le jour de la Pentecôte fut pleinement accompli ». Ces fêtes sont accomplies en nous, les chrétiens. Mais la fête des trompettes, le jour des expiations, et la fête des tabernacles qui suivent les quatre premières, il serait absurde de les appliquer à l’Église ; leur application sera pour les Juifs. Ainsi, de même qu’au milieu de Lévitique 23 la rupture indique un nouvel ordre de sujets, c’est aussi ce qu’on trouve dans notre ch. 13 où la rupture est tout aussi marquée. Et tandis que les premières paraboles s’appliquent à la profession extérieure du nom de Christ, les dernières se rapportent spécialement et intimement à ce qui concerne les vrais chrétiens. Les foules ne pouvaient pas y entrer. C’étaient les secrets de la famille, et c’est pourquoi le Seigneur appelle les disciples à l’intérieur, et là Il leur dévoile tout.
Mais avant d’entrer dans un nouveau sujet, il donne des informations supplémentaires sur le précédent. Les disciples lui demandent : « Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ ». Aussi ignorants qu’ils fussent, ils avaient néanmoins confiance en leur Seigneur, et ils savaient que ce qu’Il avait dit, Il était prêt à l’expliquer. « Il leur répondit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les fils du royaume ; mais l’ivraie, ce sont les fils du méchant » (13:37, 38). Le Fils de l’homme et le méchant, on l’a bien remarqué, sont opposés l’un à l’autre. Comme dans la Trinité, nous savons qu’il y a une part appropriée dont chaque Personne bénie a la charge dans leur œuvre de bénédiction ; ainsi le triste contraste apparaît par rapport au mal au dehors. Le Père fait spécialement paraître Son amour, et sépare du monde en révélant cet amour en Christ — le Saint Esprit, contrairement à la chair, est le grand agent de toute la grâce du Père, de tous Ses conseils et Ses voies — parallèlement l’Écriture présente Satan comme agissant en grand antagoniste personnel du Fils. Le Fils de Dieu est venu « pour détruire les œuvres du diable » (1 Jean 3). Le diable se sert du monde pour prendre les gens au piège, pour exciter la chair, en avivant les penchants naturels du cœur pour l’honneur et les aises du moment. En opposition à tout cela, le Fils de Dieu présente la gloire du Père comme l’objet pour lequel Il travaillait par le Saint Esprit.
La discrimination traverse avec force l’explication du Seigneur aux disciples dans la maison. Dans la première parabole, le bien est complètement séparé du mal, mais dans la dernière des trois paraboles, tout se fond en une pâte, une masse indistincte. Au début, tout était clair. D’un côté, le Fils de l’homme sème la bonne graine, et le résultat est les fils du royaume. D’autre part, il y a l’ennemi, qui sème sa mauvaise semence — fausses doctrines, hérésies, etc. et le résultat en est les enfants du méchant. Le diable a profité du christianisme pour rendre les hommes pires que s’il n’y avait jamais eu de révélation fraîche et céleste. Aux yeux de Dieu, ce qui porte faussement le nom de Christ est une chose plus méchante que toute autre. Jamais autant de sang juste n’a été versé que par la main de la soi-disant religion, et de ceux auxquels il sera redemandé. Voir 23:34-36. La papauté a été la pleine réalisation de cette religion terrestre. Et tout système religieux du monde tend à persécuter tout ce qui n’est pas en accord avec lui. L’acharnement et l’opposition à l’égard de ceux qui cherchent à suivre le Seigneur de nos jours sont du même genre que ceux qui ont donné lieu aux horreurs de l’âge des ténèbres, et qui ont persisté dans le « saint office » de l’inquisition quand et où il dresse la tête.
Pour continuer : « La moisson est la consommation du siècle,
et les moissonneurs sont les anges ». « Le monde » du v. 38 ne doit pas être
confondu avec « le siècle » du verset 39 (*).
Ce sont des mots et des choses totalement distincts. « Le siècle » au verset 39
signifie « l’époque » ou « âge » ou « ère ». Il s’agit
d’un espace de temps, et non d’une sphère géographique. Au verset 38, le monde
est la sphère dans laquelle l’Évangile se répand ; au verset 39, le siècle
(ou monde
selon KJV) est l’espace de temps pendant lequel l’évangile
progresse ou est entravé par la puissance de l’ennemi. La moisson est la
consommation du siècle, c’est-à-dire la fin de la dispensation actuelle — la
fin du temps où le Seigneur est absent, et où l’évangile est proclamé sur la
terre. La grâce se répand activement maintenant. Les seuls moyens que Dieu
emploie pour agir sur les âmes sont d’ordre moral ou spirituel. Les anges introduisent
un jugement providentiel, tandis que l’évangile s’empare des pauvres pécheurs
pour les sauver. Le Seigneur laisse entendre ici qu’il sera mis fin à l’envoi
actuel de la parole du royaume, et qu’il y aura un jour où les effets de l’œuvre
de Satan seront pleinement développés et jugés. « Les moissonneurs sont les
anges ». Nous n’avons rien à voir avec la partie judiciaire, seulement avec la
propagation du bien ; les anges agissent en rapport avec le jugement des
méchants. « Comme donc l’ivraie est cueillie et brûlée au feu, il en sera de
même à la consommation du siècle ». Le même mot est utilisé pour « siècle » au v.
40 et au v. 39. La version anglaise KJV donne le même mot « monde »
dans les deux cas.
(*) note bibliquest : la version autorisée KJV traduit
« la consommation du siècle
» du v. 39 par « la fin du monde
»,
d’où l’explication bien nécessaire donnée par l’auteur.
De nombreux passages de l’Écriture montrent un temps futur et un état de choses pour le monde totalement différent de ce que l’évangile envisage. Je vais en mentionner un ou deux dans les prophètes. Prenez Ésaïe 11, qui parle d’abord de notre Seigneur sous la figure d’un rameau sorti des racines de Jessé (Isaï). Il est clair que cela est vrai de Christ, que ce soit lors de Sa première ou de Sa seconde venue. Il est né Israélite, de la famille de David. Et encore, en ce qui concerne le Saint Esprit reposant sur Lui, nous savons que cela était vrai de Lui lorsqu’Il était un homme ici-bas : mais au v. 4, nous trouvons autre chose : « Il jugera avec justice les pauvres, et il réprimandera avec équité (ou reprendra avec droiture) les débonnaires de la terre ». Si vous soutenez que cela s’applique maintenant, parce que dans le royaume des cieux le Seigneur agit sur les âmes des débonnaires, etc…, lisez un peu plus loin : « Il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et du souffle de ses lèvres il fera périr les méchants ». Le Seigneur fait-il cela maintenant ? De toute évidence, non. Au lieu de tuer les méchants par le souffle de ses lèvres, ne convertit-Il pas les méchants par la parole de Sa grâce ? — C’est en contraste complet avec ce qui est décrit ici. En Apocalypse 19, nous avons la même période de jugement, où le Seigneur est vu avec une épée sortant de Sa bouche. Cela représente le jugement juste exécuté par la seule parole du Seigneur. Comme Il a fait naître le monde par Sa parole, Il parlera et les méchants iront à la perdition. Si l’on prend cela comme la signification indubitable de ce qui est mentionné ici dans Ésaïe, que se passe-t-il ensuite ? — Un état de choses tout à fait différent de ce que nous avons maintenant sous l’évangile : « La justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses flancs. Le loup habitera avec l’agneau, et le léopard couchera avec le chevreau ; le veau, le lionceau et la bête grasse seront ensemble, et un petit enfant les conduira. … On ne fera pas de tort et on ne détruira pas dans toute ma sainte montagne, car la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme les eaux couvrent la mer ».
Tout cela n’est pas ce que nous avons maintenant. Au lieu que le monde soit converti par la prédication de l’Évangile, l’Écriture déclare avec insistance que dans les derniers temps il y aura des temps périlleux ; et que dans les tout derniers temps ce qui prévaudra ne sera pas la vérité de Christ, mais le mensonge de l’Antichrist (1 Jean 2) ; non pas le triomphe du bien, mais celui du mal, jusqu’à ce que le Seigneur y mette Lui-même Sa main ; et c’est ce qui est réservé pour Son apparition et Son royaume. « Il frappera la terre avec la verge de sa bouche, et du souffle de ses lèvres il fera périr les méchants ». Le Seigneur ne frappe pas la terre maintenant. Il a ouvert le ciel, mais bientôt, Il prendra la terre. Dans l’Apocalypse, vous avez la vision de l’ange puissant, avec son pied droit sur la mer et le gauche sur la terre. C’est le Seigneur qui prend l’univers entier sous son gouvernement direct. Maintenant, le mystère d’iniquité est laissé sans être jugé. Il est permis au mal de continuer à sévir dans le monde. Mais ce ne sera pas ainsi pour toujours. Le mystère de Dieu doit s’achever. Alors commencera ce changement étonnant, « la régénération », comme le qualifie notre Seigneur (19:28), lorsque l’Esprit de Dieu sera répandu, et que la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel comme les eaux couvrent la mer. Mais jusqu’à ce que ces temps de rafraîchissement viennent de la présence du Seigneur (Actes 3:19), l’Écriture appelle l’espace intermédiaire le siècle mauvais. Ainsi en Galates 1:4, ce n’est pas le monde matériel qui est visé, mais le cours moral des choses, qui est « le présent siècle mauvais ». L’ère nouvelle, au contraire, sera glorieuse, sainte et bénis.
Le verset suivant d’Ésaïe 11 nous annonce la restauration de l’ancien peuple de Dieu, le rassemblement de tout Israël et de Juda. Au retour de la captivité babylonienne, tel n’était pas le cas. Une petite partie de Juda et de Benjamin revint, et seulement quelques individus d’Israël. Les dix tribus sont universellement appelées « les tribus perdues », tandis qu’« il arrivera, en ce jour-là, que le Seigneur mettra sa main encore une seconde fois pour acquérir le résidu de son peuple, qui sera demeuré de reste, de l’Assyrie, et de l’Égypte, et de Pathros, et de Cush, et d’Élam, et de Shinhar, et de Hamath, et des îles de la mer. Il élèvera un étendard devant les nations, il rassemblera les exilés d’Israël, et il réunira les dispersés de Juda, des quatre coins de la terre. La jalousie d’Éphraïm disparaîtra, et les adversaires de Juda seront exterminés : Ephraïm ne sera pas rempli d’envie contre Juda, et Juda ne sera pas l’adversaire d’Ephraïm … Et l’Éternel desséchera complètement la langue de la mer d’Égypte » — une chose qui n’a jamais été faite, ni rien de semblable. « Il secouera sa main sur le fleuve avec son vent puissant, il le frappera pour qu’il devienne sept ruisseaux, et y fera marcher avec des souliers. Et il y aura une route pour le reste de Son peuple qui restera de l’Assyrie, comme il en fut pour Israël le jour où il sortit du pays d’Égypte » (És. 11:11-15). Tant dans la mer d’Égypte que dans le Nil, il y aura cette grande œuvre de Dieu, dépassant ce qu’Il fit lorsqu’Il fit sortir le peuple la première fois par Moïse et Aaron.
Ce sera l’âge (ou ère) à venir, mais dans l’âge (ou ère) actuel, l’ivraie et le blé doivent croître ensemble jusqu’à la moisson, qui est la consommation de ce siècle (ou ère) ; et quand elle arrivera, le Seigneur enverra Ses anges, « et ils cueilleront de Son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité » (13:41). La séparation a alors lieu : l’ivraie est cueillie et jetée dans une fournaise de feu, et « alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » (13:43). Notez l’exactitude de l’expression « Alors ils resplendiront », et non « Alors ils seront enlevés ». Ce sera une nouvelle ère, dans laquelle il n’y aura pas de mélange de bons et de mauvais ; mais la cueillette des méchants pour le jugement clôt cette ère, afin que les bons puissent être bénis dans l’ère suivante.
Nous avons donc ici la région supérieure, appelée le royaume du Père, et la région inférieure, le royaume du Fils de l’homme. « Le Fils de l’homme enverra Ses anges, et ils cueilleront de Son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité ». Ceux-ci ne sont même pas autorisés à être sur la terre, mais sont jetés dans une fournaise de feu (13:42). « Alors les justes brilleront comme le soleil dans le royaume de leur Père ». Les deux domaines sont « le royaume de Dieu ». Quelle perspective glorieuse ! N’est-ce pas une douce pensée que même la scène actuelle de ruine et de confusion sera délivrée ? que Dieu aura la joie de Son cœur, non seulement en remplissant les cieux de Sa gloire, mais en voyant le Fils de l’homme honoré à l’endroit même où Il avait été rejeté ?
Mais regardons maintenant la parabole suivante. Le royaume des
cieux est semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme a trouvé et qu’il
cache, et qui, dans sa joie, s’en va, vend tout ce qu’il a et achète ce champ
(13:44). C’est la première des nouvelles paraboles à l’intérieur de la maison. Le
Seigneur y montre, non pas l’état de choses qui se trouvent dans la profession
publique du nom de Christ, mais les choses cachées, celles qui demandent du
discernement. Il s’agit d’un trésor caché dans un champ, qu’un homme trouve et
cache, et à cause de la joie qu’il en a, vend tout ce qu’il a et achète le
champ. Je suis conscient que les gens ont l’habitude d’appliquer cela à une âme
qui trouve Christ. Mais que fait l’homme de la parabole ? Il vend tout ce
qu’il a pour acheter le champ. Est-ce là, pour un homme, le moyen d’être
sauvé ? Si oui, le salut n’est pas une question de foi, mais d’abandon de
tout pour gagner Christ, ce qui n’est pas de la grâce, mais des œuvres poussées
à l’extrême. Lorsqu’un homme a Christ, il abandonnerait sans doute tout pour
Lui. Mais ce n’est pas là un homme qui commence par recevoir Christ à cause des
besoins de son âme. Mais ce n’est pas tout : « Le champ, c’est le monde ».
Dois-je acheter le monde pour obtenir Christ ? Ceci ne fait que montrer
les difficultés dans lesquelles on tombe dès qu’on s’éloigne de la simplicité
de l’Écriture. Le Seigneur Lui-même réfute une telle interprétation. Il montre
qu’il y a un Homme, un seul, qui a vu ce trésor au milieu de la confusion. C’est
Lui-même, qui a renoncé à tous Ses droits pour avoir des pécheurs lavés dans
Son sang et rachetés pour Dieu ; c’est Lui
qui a acheté le monde,
afin d’acquérir le trésor qu’Il estimait. Les deux choses sont présentées de
façon distincte en Jean 17:2 : « Comme tu lui as donné autorité sur toute
chair, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ».
Voilà le trésor : « Tous ceux que tu lui as donnés ». Il achète le tout, le
monde extérieur, pour posséder ce trésor caché.
Mais, en outre, « le royaume des cieux est semblable à un marchand qui cherche de belles perles et qui, ayant trouvé une perle de grand prix, s’en alla et vendit tout ce qu’il avait et l’acheta » (13:45, 46). La parabole du trésor caché n’exprimait pas suffisamment ce que les saints sont pour Christ. Car le trésor pouvait consister en cent mille pièces d’or et d’argent. Et comment cela marquerait-il le caractère béni et la beauté de l’Église ? Le marchand trouve « une perle de grand prix ». Le Seigneur ne voit pas seulement le caractère précieux des saints, mais l’unité et la beauté céleste de l’assemblée. Chaque saint est précieux pour Christ ; mais « Il a aimé l’Église et s’est livré Lui-même pour elle ». C’est ce que nous voyons ici : « une perle de grand prix ». Je ne doute pas le moins du monde que l’esprit de cette phrase puisse s’appliquer à tout chrétien ; mais je crois qu’elle a pour but de mettre en évidence ce qu’il y a d’aimable dans l’Église aux yeux de Christ. Ne pourrait-on pas dire d’un homme qui s’éveille à la foi en l’évangile qu’il cherche de belles perles ? Avant la conversion, le pécheur se nourrit plutôt des gousses avec les cochons. Ici, il s’agit de quelqu’un qui cherche « de belles perles », ce qu’aucun homme inconverti n’a jamais vraiment cherché. Il n’y a aucune possibilité d’appliquer ces paraboles, sauf au Seigneur Lui-même. Quelle bénédiction qu’au milieu de toute la confusion que le diable a semée, Christ voie dans Ses saints un trésor et la beauté de Son Église, malgré toutes les infirmités et les défaillances !
Puis nous terminons tout par la parabole du filet (ou seine) jeté dans la mer (13:47-50). C’est une figure utilisée pour nous rappeler que nos énergies et nos désirs doivent être dirigés vers ceux qui flottent sur la mer du monde. Le filet est jeté dans la mer, et recueille toutes sortes de poissons : « lorsqu’il fut plein, ils le tirèrent sur le rivage, et s’assirent et rassemblèrent les bons dans des récipients, et jetèrent dehors les mauvais ». Qui sont les « ils » ? Jamais nous ne trouvons les anges rassemblant les bons, mais toujours séparant les méchants pour le jugement. Les pêcheurs étaient des hommes, comme les serviteurs de la première parabole. Mais ce n’est pas seulement l’évangile que nous avons ici. Le filet recueille toutes sortes de poissons. Il nous est montré que, avant que le Seigneur ne revienne en jugement, il devait y avoir une puissante opération de l’Esprit par le moyen des pêcheurs d’hommes, rassemblant les saints d’une manière tout à fait inégalée de toutes les classes. Cet esprit n’est-il pas en train de se manifester aujourd’hui ? L’Évangile se répand avec une puissance remarquable dans tous les pays. Mais il y a une autre action — le rassemblement des bons et leur mise dans des récipients. Les mauvais sont rejetés, mais ce n’est pas la fin pour eux. « Les anges sortiront, sépareront les méchants d’avec les justes, et les jetteront dans une fournaise de feu ». Les anges s’occupent toujours des méchants, les serviteurs des bons. Le fait de séparer les méchants d’avec les justes n’est pas du tout le travail des pêcheurs ; et le fait de jeter dehors les mauvais n’est pas la même chose que la fournaise de feu. (*)
(*) (note de l’éditeur) Dans une brochure de F. W. Grant intitulée « Les mystères du royaume des cieux », le sens de ces trois paraboles est présenté de la façon suivante : Le « trésor caché dans le champ » représente Israël, le « trésor particulier » de l’Éternel (Ps. 135:4) — recherché par le Seigneur, qui acquiert le titre sur le champ et sur le trésor par Son humiliation et Ses souffrances jusqu’à la mort ; Il garde maintenant le trésor caché pour un jour futur.
Puis « la perle de grand prix » représente l’Église qu’Il aime et pour laquelle « Il s’est livré Lui-même », et dont Il se parera comme Sa compagne et Son épouse, dans la gloire céleste.
Puis « le filet » jeté dans la mer des Gentils après que l’Église ait été « enlevée » pour rencontrer son Époux, représente l’Évangile du Royaume qui sort et rassemble une multitude, pour être triée par les administrateurs du gouvernement de Dieu à la fin de ce bref âge.
En commentant les chapitres 8 et 9 de notre Évangile, nous avons déjà signalé quelques exemples frappants de déplacements. Ainsi, les incidents de la traversée du lac dans la tempête, des démoniaques guéris, de la fille de Jaïrus ressuscitée, et de la femme guérie en chemin, appartiennent, en tant que faits historiques, à l’intervalle qui sépare les paraboles dont nous venons de nous occuper (ch. 13), et le mépris de notre précieux Seigneur, que notre évangéliste place ensuite dans son ordre (ch. 14-15). J’ai cherché à expliquer le principe sur lequel, comme je le crois, il a plu au Saint Esprit de disposer ainsi les événements, de manière à développer de la manière la plus vivante le ministère messianique de notre Seigneur en Israël, avec son rejet et ses conséquences.
C’est pourquoi les faits intermédiaires ayant été insérés dans cette partie antérieure, l’incrédulité d’Israël en présence de Son enseignement suit naturellement. Il était dans Son pays et les enseignait dans leurs synagogues ; mais ce qui en résulte, malgré l’étonnement face à Sa sagesse et Ses œuvres puissantes, est une demande méprisante : « N’est-ce pas le fils du charpentier ? … Et ils étaient scandalisés en lui ». Il était prophète, mais sans honneur dans Son propre pays et dans Sa propre maison. La manifestation de la gloire n’est pas niée ; mais Celui en qui elle a été manifestée, n’est pas reçu selon Dieu, mais jugé selon la vision et la perception de la nature (13:54-58).
Ce n’est pas non plus toute la triste vérité. C’est vers cette époque que les douze furent envoyés. C’est ce que nous avons eu au ch. 10, qui faisait partie de la série spéciale d’événements transposés dans cette partie de l’Évangile ; mais, au point de vue chronologique, cela suivait le jugement charnel du peuple à l’égard de Christ. Leur mission a été magnifiquement donnée auparavant par Matthieu, de manière à compléter le tableau de la grâce patiente et persévérante de Christ envers Israël, ainsi qu’à témoigner des droits de Sa personne en tant que l’Éternel, le Seigneur de la moisson. Ici, par conséquent, le fait est omis, mais l’effet apparaît. « En ce temps-là, Hérode le tétrarque, ayant entendu parler de la renommée de Jésus, dit à ses serviteurs : C’est Jean le Baptiseur ; il est ressuscité des morts, et c’est pourquoi les miracles s’opèrent par lui ».
Cela donne l’occasion à l’Esprit de Dieu de raconter (14:3-12)
l’extinction du témoignage de Jean-Baptiste dans son propre sang. Ce n’était
pas seulement un peuple aveuglé, mais au milieu de lui régnait un roi faux et
acharné, qui ne craignait pas de commencer par emprisonner ce témoin béni de
Dieu, et finalement de le faire mourir. Il craignait la foule (14:5), car ses
passions l’auraient poussé à agir plus tôt ; il avait aussi de la peine et
des scrupules au moment d’agir (14:9) ; mais que valent ces freins contre
les ruses et la puissance de Satan ? Tout mauvais qu’était Hérode, il
n’était pas tout à fait sans conscience, et la prédication de Jean l’avait
atteint, au moins au point de le mettre mal à l’aise. Mais le résultat fut ce à
quoi on peut s’attendre quand on sait qu’un ennemi est derrière la scène,
haïssant tout ce qui est de Dieu, et incitant l’homme à être son esclave et
l’ennemi de Dieu, et à satisfaire la convoitise et à maintenir un honneur pire
que la vanité. Quel regard de Dieu sur le monde et sur le cœur de l’homme nous
avons ici ! Et avec quelle sainte simplicité est mis à nu tout ce qu’il nous
est profitable d’entendre et de peser ! « L’homme qui est en honneur ne
dure pas ; il est semblable aux bêtes qui périssent. Ce chemin qu’ils
tiennent est leur folie, et pourtant leur postérité approuve leurs paroles.
Comme des brebis, ils sont couchés dans la tombe ; la mort s’en nourrit,
et au matin les hommes droits domineront sur eux
» (Ps. 49:12-14). Ainsi
chantait le Psalmiste, et assurément c’était juste et de Dieu. « Et il (le roi)
envoya décapiter Jean dans la prison ; sa tête fut apportée sur un plat et
donnée à la jeune fille ; et elle l’apporta à sa mère » (14:10, 11). Tel
est l’homme, et telle est la femme, sans Dieu.
Lorsque le Seigneur fut informé de la mort de Jean, Il marqua tout de suite Son sentiment sur l’acte : « Il partit de là par bateau dans un lieu désert à l’écart ; et quand les foules l’apprirent, elles le suivirent ». Il n’y avait pas d’insensibilité chez Lui, quelles que soient Sa longanimité et Sa grâce. Il ressentait le tort grave fait à Dieu, à Son témoignage et à Son serviteur. C’était le signe avant-coureur d’une tempête encore plus violente et d’un acte sanglant beaucoup plus noir — l’affreux péché de Son propre rejet. Il ne voulait pas accélérer le moment, mais Il se retire. Il était un homme souffrant, souffrant en perfection, ainsi qu’un sacrifice ; et bien que Ses souffrances aient atteint leur sommet à l’heure très solennelle où Il a porté nos péchés en Son corps sur le bois, ce serait faire preuve de beaucoup d’ignorance que de limiter à Son agonie finale nos pensées et nos sentiments quant à Son amour et Sa gloire morale. Le Seigneur a alors d’autant plus ressenti le mal que Son amour était désintéressé et Sa sainteté sans tache. C’est dans la présence de Dieu que le mal est le plus ressenti, et c’est là où Jésus ressentait tout. L’œuvre de rejet se poursuivait.
Ce sentiment profond dans Son esprit de la puissance croissante du mal en Israël a-t-il interrompu le cours de Son amour ? Loin de là. « Jésus s’en alla, vit une grande foule, et fut ému de compassion envers eux, et Il guérit leurs malades » (14:14). Que l’incrédulité meurtrière agisse comme elle peut, Lui était l’Éternel, présent ici-bas dans l’humiliation, mais en puissance et en grâce divines.
Les disciples profitent mal de Sa grâce, et laissent peu de place à la manifestation de Sa puissance bienfaisante. Ainsi, le soir venu, ils « s’approchèrent de Lui, disant : C’est un lieu désert, et l’heure est déjà passée ; renvoie les foules, afin qu’elles s’en aillent dans les villages, et qu’elles s’achètent des vivres » (14:15). « Renvoyer les foules ! », et les renvoyer loin de Jésus ? Quelle proposition ! La grandeur de l’embarras, l’urgence du besoin, la difficulté des circonstances, voilà autant de raisons pour l’incrédulité des hommes de faire ce qu’ils peuvent, mais pour la foi ce sont autant d’arguments et d’occasions pour le Seigneur de montrer ce qu’Il est. Jésus leur dit : « Il n’est pas nécessaire qu’ils s’en aillent ; vous, donnez-leur à manger ». Oh, l’engourdissement de l’homme ! — la folie et la lenteur de cœur des disciples à tout croire ! Et pourtant, amis bien-aimés, ne l’avons-nous pas vu ? N’avons-nous pas donné la même preuve en nous ? Quel manque d’égards pour les autres ! Quelle mesure de leurs besoins, dans l’oubli de Celui qui a tout pouvoir au ciel et sur la terre ; de Celui qui, par la même inspiration, nous en assure et à la fois nous a envoyés pour répondre aux besoins les plus profonds des âmes obscurcies par le péché !
Et ils lui dirent : « Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons ». Ah ! étaient-ils, sommes-nous, aveugles au point de ne pas voir qu’il ne s’agit pas de ce que nous avons, mais de qui nous avons ? Jésus n’est rien pour la chair, même celle des disciples.
Il leur dit : « Apportez-les-moi ici ». Oh ! qu’il puisse y avoir plus de simplicité pour apporter toutes les carences et toutes les maigres provisions à Celui dont le rôle est de pourvoir, non pas pour nous seulement, mais pour toutes les exigences de Son amour ; qu’il y ait plus de simplicité pour compter sur Lui plus habituellement comme Celui qui ne peut agir au-dessous de Lui-même.
« Il ordonna aux foules de s’asseoir sur l’herbe, et Il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, Il bénit, rompit les pains, et les donna à Ses disciples, et les disciples aux foules. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on ramassa douze paniers pleins des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants » (14:19-21).
Quelle scène bénie, et combien la perfection de Christ brille à travers tout cela ! Il ne s’écarte en rien de la grâce, malgré la récente manifestation de haine meurtrière d’Hérode ; même Son départ pour se retirer de devant lui n’était qu’un pas de plus dans Son chemin de douleur et d’humiliation ; et pourtant là, dans le désert, ce témoignage frappant est donné à cette grande multitude, attirée par ses besoins. N’auraient-ils pas dû comprendre avec certitude qui et ce qu’Il était ? l’Éternel avait choisi Sion, Il l’avait désirée pour Son habitation (Ps. 132:13) ; Il avait dit : « C’est ici mon repos pour toujours, c’est ici que j’habiterai, car je l’ai désiré » (Ps. 132:14). Mais maintenant, c’est un Edomite qui était là, l’esclave d’un Gentil vorace ; et le peuple le voulait ainsi, et les principaux prêtres allaient bientôt s’écrier : « Nous n’avons pas d’autre roi que César ». Néanmoins, le rejeté dresse une table dans le désert, bénit abondamment les provisions de Sion, et rassasie de pain ses pauvres. Le miracle n’est peut-être pas l’accomplissement du Psaume 132 v.5, mais il témoigne de la présence de Celui qui pouvait et voulait l’accomplir. Il est le Messie, mais le Messie rejeté, comme toujours dans notre Évangile. Il rassasie de pain Ses pauvres, mais c’est dans le désert, où Il s’était retiré à l’écart de la nation incrédule et du roi volontairement apostat.
Mais maintenant un changement s’ouvre à nos yeux. Car « aussitôt, Jésus obligea ses disciples à monter dans une barque et à Le précéder à l’autre rive, tandis qu’Il renvoyait les foules. Et quand il eut renvoyé les foules, il monta sur une montagne à l’écart pour prier ; et le soir étant venu, Il était là, seul » (14:22, 23).
La couronne ne devait pas encore fleurir sur Lui. Il devait quitter Son ancien peuple à cause de son incrédulité, prendre une nouvelle position en haut, et appeler un résidu pour sortir vers un autre état de choses. Rejeté comme Messie sur la terre, Il ne serait pas un roi par la volonté de l’homme pour satisfaire les désirs mondains de chacun, mais Il irait en haut, et là Il exercerait Sa sacrificature devant Dieu. C’est une image exacte de ce que le Seigneur a fait. En attendant, si les masses d’Israël (« la grande congrégation » du Ps. 22) sont congédiées, Ses élus sont introduits dans une scène de troubles en l’absence de leur Maître pendant la nuit du jour de l’homme. « La barque était maintenant au milieu de la mer, battue par les vagues, car le vent était contraire ».
Voilà quelques-unes des conséquences du rejet de Christ. Séparé en haut, et non dans le désert, Il prie pour les Siens ; séparé localement, et pourtant en vérité bien plus proche, Il prie pour les disciples laissés seuls, en apparence. Ils sont « ceux qui doivent être sauvés » (Actes 2:47), les élus, les compagnons de Son humiliation tandis que la nation Le méprisait.
« Et à la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. Et quand les disciples Le virent marcher sur la mer, ils furent troublés, disant : C’est un fantôme ; et ils crièrent de peur. Mais aussitôt Jésus leur parla, disant : Ayez bon courage, c’est moi, n’ayez pas peur. Pierre lui répondit : « Seigneur, si c’est toi, commande-moi de venir à toi sur l’eau ». Et Il dit : « Viens ». Et Pierre, étant descendu de la barque, marcha sur l’eau pour aller vers Jésus. Mais, voyant que le vent était violent, il eut peur ; et, comme il commençait à enfoncer, il s’écria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » (14:25-31). Sans s’attarder sur la leçon morale, que nous connaissons bien tous, plus ou moins, il peut être bon de dire quelques mots sur les instructions typiques contenues dans ce passage.
Il quittera son lieu d’intercession en haut, et rejoindra Ses disciples au moment où leur détresse et leur perplexité seront au plus profond. La montagne, la mer, la tempête et le calme, les ténèbres et la lumière, ne font pas de différence pour Christ quant à la sécurité ; mais qu’Il participe à la détresse, est un sujet de terreur pour l’esprit naturel. Au début, même les disciples « étaient troublés, disant : C’est un fantôme ; et ils crièrent de peur » ; ils ne furent apaisés que par le signe de Sa présence rapide. Cela ne va guère au-delà des circonstances et de la condition du résidu Juif. S’il y a une partie qui va au-delà, c’est montré avec Pierre, qui, sur la parole de Jésus, quitte la barque (qui représente l’état ordinaire du résidu), et va à la rencontre du Sauveur en dehors de tout soutien naturel. C’est notre part de traverser le monde par la puissance divine ; car nous marchons par la foi, et non par la vue. Le vent ne s’était pas calmé, les vagues étaient plus menaçantes que jamais ; mais Pierre n’avait-il pas entendu cette parole : « Viens », et n’était-ce pas suffisant ? C’était amplement suffisant car cela venait du Seigneur et Dieu de tout. « Et Pierre, étant descendu de la barque, marcha sur l’eau, pour aller vers Jésus ». Tant que Jésus et Sa parole étaient devant son cœur, il n’y avait pas plus de défaillance que de danger. « Mais voyant le vent impétueux, il eut peur ; et commençant à enfoncer, il s’écria : Seigneur, sauve-moi ». Pierre a failli, comme l’Église aussi a manqué à marcher vers Christ et avec Christ ; mais, dans son cas, comme dans le nôtre, Christ est fidèle, et nous a délivrés d’une si grande mort, et Il nous délivre, Lui en qui nous avons confiance qu’Il nous délivrera encore (2 Cor. 1:10). « Quand ils furent montés dans la barque, le vent cessa. Alors ceux qui étaient dans la barque s’approchèrent et Lui rendirent hommage, disant : En vérité, tu es le Fils de Dieu » (14:32, 33).
Jésus rejoint maintenant le résidu, et le calme suit immédiatement, et Il est reconnu là comme le Fils de Dieu. Et pas seulement cela, car « ils arrivèrent dans la contrée de Génésareth. Les gens de ce lieu, l’ayant reconnu, envoyèrent dans tout le pays d’alentour, lui amener tous ceux qui se portaient mal, et ils le priaient de les laisser toucher seulement l’ourlet de son vêtement ; et tous ceux qui le touchèrent furent parfaitement guéris » (14:34-36). Le Seigneur est maintenant accueilli avec joie sur la scène même où Il avait été rejeté auparavant. C’est la bénédiction et la guérison d’un monde affligé et gémissant, consécutivement à Son retour en puissance et en gloire et au fait que cela est reconnu.
Nous trouvons dans ce chapitre des preuves frappantes du grand changement qui s’opérait rapidement par le rejet de Jésus par Israël. Tout d’abord, nous avons des conducteurs religieux, « les scribes et les pharisiens de Jérusalem », ceux qui avaient les meilleures occasions spirituelles de leur nation, venant vêtus de tout ce qui avait le goût de l’antiquité et de la sainteté extérieure. Ces hommes posèrent la question à notre Seigneur : « Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne se lavent pas les mains quand ils mangent du pain ». Le Seigneur se met à travailler les consciences. Il n’entre pas dans une discussion abstraite sur la tradition, ni ne dispute avec eux sur l’autorité des anciens ; mais Il s’empare immédiatement du fait évident que, dans leur zèle pour la tradition des anciens, ils s’opposaient carrément au commandement clair et positif de Dieu. Je crois que c’est là l’effet invariable de la tradition, peu importe chez qui elle se trouve. Si nous reprenons l’histoire de la chrétienté, et que nous considérons n’importe quelle règle qui y ait été inventée, on trouvera qu’elle pousse ceux qui la suivent à être en opposition à la pensée de Dieu. Il peut sembler s’agir de la chose la plus naturelle possible, et découler de nouvelles circonstances, ou de l’Église, mais nous ne sommes jamais en sécurité lorsque nous nous écartons de la parole de Dieu pour adopter une quelconque autre norme.
Je ne suis pas en train de lutter pour adopter l’interprétation purement littérale de l’Écriture. Une certaine ligne de conduite que la parole de Dieu impose à Ses saints pour faire face à un mal peut ne pas être leur devoir dans une autre crise. Des circonstances nouvelles modifient la voie que l’Église doit suivre. Si vous appliquiez les directives données pour juger l’immoralité à une erreur fatale touchant la personne de notre Seigneur, vous auriez une mesure de discipline très insuffisante. La fausse doctrine ne touche pas la conscience naturelle comme une conduite grossière. En fait, il arrive trop souvent qu’un croyant se laisse entraîner par ses affections jusqu’à trouver des excuses à ceux qui sont fondamentalement hétérodoxes. Toutes sortes de difficultés remplissent l’esprit là où l’œil n’est pas vraiment simple. Beaucoup de personnes peuvent ainsi être impliquées alors qu’elles ne tiennent pas elles-mêmes la fausse doctrine. Si j’ai pour principe de n’agir qu’à l’égard de celui qui n’apporte pas la doctrine de Christ, cela ne suffira pas, car d’autres personnes peuvent être impliquées. Qu’est-ce qu’un individu, qu’est-ce que l’Église même, en comparaison avec le Sauveur, le Fils du Père ? Par conséquent, la règle établie par l’Esprit pour défendre la personne de Christ contre les assaillants blasphémateurs ou leurs partisans est beaucoup plus stricte que lorsqu’il s’agit de corruption morale, aussi grave soit-elle.
De plus, il y a une forte tendance à stéréotyper nos pratiques antérieures et, lorsqu’un nouveau mal survient, on insiste sur ce qui a été fait auparavant, et en général, on ne demande pas à nouveau à Dieu et on ne cherche pas dans Sa parole ce qui se rapporte au cas réel qui se présente à nous et à notre propre responsabilité. L’esprit de dépendance est nécessaire pour marcher correctement avec Dieu. Il y a dans la parole écrite de Dieu ce qui répondra à chaque exigence ; mais chaque cas devrait être une occasion renouvelée de consulter cette parole en la présence de Celui qui l’a donnée. Les gens aiment à être cohérents avec eux-mêmes, et s’en tenir à leurs anciennes opinions et pratiques.
Notre Seigneur, en cet endroit, affirme que le suivi de la simple tradition humaine conduit à la désobéissance directe à la volonté de Dieu. Se laver les mains pouvait sembler être un acte très convenable. Personne ne pouvait prétendre que l’Écriture l’interdit ; et, sans aucun doute, les docteurs juifs pouvaient en souligner la grande importance. Ils pouvaient très bien faire valoir combien cette règle était calculée pour garder à l’esprit la pureté sur laquelle Dieu insiste, et surtout que nous ne devrions jamais recevoir quoi que ce soit de Sa main sans avoir ôté toute souillure de la nôtre. Ils pouvaient raisonner ainsi face à un peuple qui aimait toute routine extérieure. En tout cas, ils pouvaient dire : « Quel mal y a-t-il avec une telle tradition ? »
Mais notre Seigneur en vient simplement à cette question : « Pourquoi transgressez-vous aussi le commandement de Dieu par votre tradition ? » Par le biais de leur tradition, ils désobéissaient à Dieu. Le commandement d’honorer le père et la mère était le premier commandement avec promesse, comme le dit l’apôtre en écrivant aux Éphésiens. D’autres commandements étaient assortis d’une menace de mort ; ce commandement comportait la promesse d’une longue vie sur la terre. Le raisonnement de l’apôtre est que, si un enfant juif était non seulement tenu, mais encouragé par une telle promesse, à vénérer ses parents, combien plus un enfant chrétien doit-il leur obéir — non seulement dans la loi, mais dans le Seigneur.
Le Seigneur met donc les Pharisiens en face du commandement de Dieu disant : « honore ton père et ta mère ; et celui qui maudira son père ou sa mère, qu’il meure de mort ». L’honneur des parents avait de la valeur pour Dieu, et le manque de respect était mortel à Ses yeux — « Mais vous dites : Quiconque dira à son père ou à sa mère : Tout ce dont tu pourrais tirer profit de ma part est un don — et il n’honorera pas son père ou sa mère … » Les Juifs avaient introduit une tricherie (pour tranquilliser leur conscience) par laquelle ils pouvaient se libérer de l’obligation de satisfaire aux devoirs filiaux. Ils n’avaient qu’à prononcer le mot : « C’est un don » (Corban), et un parent pouvait être oublié ! Sans doute s’agissait-il d’une de leurs traditions autorisées pour le bénéfice du prêtre ; mais aux yeux de Dieu, c’était une violation directe de Son commandement. « C’est ainsi que vous avez annulé le commandement de Dieu par votre tradition ». Or c’est l’effet général de la tradition, dans le romanisme comme ailleurs. Ajouter à l’Écriture mène à la ruine : peu importe qui le fait ou quel motif saint on allègue ; Dieu est jaloux à ce sujet, et ne veut pas que Sa parole soit élargie ou amendée. La Révélation est complète, et notre simple tâche est d’obéir à la parole de Dieu.
Prenez, par exemple, le choix d’un ministre. Les gens, les chrétiens, disent : « Nous devons envoyer chercher des ministres, et choisir parmi eux celui qui sera le nôtre. Je suis prêt à concevoir qu’on sera exercé avec soin et conscience pour en juger. Mais où est la justification du choix d’une personne quelconque pour prêcher l’évangile ou enseigner l’Église ? Y en a-t-il un seul précepte, ou un seul exemple, dans tout le Nouveau Testament ? Dieu n’a-t-il donc pas prévu les difficultés et les besoins des congrégations ? Il l’a fait, c’est certain. Pourquoi, alors, n’y a-t-il aucune directive pour résoudre ces besoins ? Parce que c’était un péché de le faire ; non seulement ce n’était pas Sa volonté, mais c’était contraire à Sa volonté. Il n’y a pas un seul cas, ni rien de semblable, dans l’Écriture depuis l’envoi du Saint-Esprit à la Pentecôte. Pourtant, l’Écriture parle d’une multitude d’églises. Que doit donc faire une congrégation lorsqu’elle désire un ministre ? Pourquoi ne pas chercher et voir comment l’Écriture répond à ce besoin ? La difficulté vient du fait qu’elles se trouvent déjà dans une position fausse. La vérité centrale de l’Église est la présence du Saint-Esprit. Je parle maintenant de l’assemblée chrétienne, dans laquelle l’Esprit est personnellement présent pour agir selon Sa propre volonté au milieu des disciples réunis dans le but de glorifier Dieu et d’exalter Christ. Dans une telle assemblée, la question du choix d’un ministre ne se poserait pas. Ainsi, si vous prenez cette tradition protestante commune de choisir un ministre, elle est en opposition directe à la parole de Dieu. Il serait bon qu’une assemblée chrétienne sente sa faiblesse. Il se peut que personne chez elle n’ait de don particulier : certains peuvent être capables d’aider dans le culte et la prière, mais pas de prêcher ou enseigner. Mais la consolation bénie est que, même si personne n’est spécialement doué pour la Parole, le Saint-Esprit est capable d’édifier les saints sans cela. Dieu, dans Sa sagesse, peut se plaire à n’en susciter aucun dans une assemblée particulière, ou bien Il peut en envoyer deux, trois ou plus pour exercer le ministère. Je ne crois pas qu’un seul homme possède suffisamment de dons pour l’Église. L’idée d’avoir une seule personne pour être l’organe exclusif des communications de Dieu à Son peuple est fausse et fait tort à eux et, surtout, au Seigneur. Lors de la Réforme, l’objectif était d’obtenir la Bible afin que les pauvres âmes puissent apprendre de Christ pour leur salut. Mais à peu près tout ce que l’on savait de la vérité s’arrêtait là. La Réforme n’a jamais abordé la véritable question de l’Église. Les réformateurs ont dû faire face à un ennemi très rude. Ils ont dû faire sauter les masses de roche dans la carrière ; et nous ne devons pas trouver à redire s’ils n’ont pas pu façonner les pierres ni les construire avec la même habileté. Mais nous ne devons pas nous arrêter à leur travaux d’équarrissage.
Ici, avec les Pharisiens, il ne s’agissait pas simplement de suivre une tradition, mais de l’utiliser pour assouvir un égoïsme hypocrite. « Hypocrites », dit notre Seigneur, « Ésaïe a bien prophétisé de vous, en disant : Ce peuple s’approche de moi par la bouche, et m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi ». Ceux qui prétendaient avoir un tel zèle pour la loi, la détruisaient en même temps par leur tradition, déshonorant la propre autorité de Dieu dans les relations terrestres qu’Il avait établies et honorées. Il ajoute donc : « Mais c’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant comme doctrines des commandements d’hommes ».
Sur ce, le Seigneur appelle la multitude, et lui dit : « Écoutez et comprenez : ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme ». Ce sont surtout les chefs religieux qui s’occupent de la tradition. Le grand piège général est de nier le mal dans les hommes. La tromperie que Satan utilise constamment aujourd’hui est l’idée que l’homme n’est pas si mauvais, et que la culture morale peut l’améliorer. Le progrès du monde est étonnant, dit-on. Il existe des sociétés pour promouvoir tous les buts philanthropiques et pour améliorer l’homme. Les fautes sont recherchées dans les circonstances de l’environnement, plutôt que dans l’homme. La parole suivante déclare en gros ce qui en est de ces efforts des hommes : « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme ». Le véritable secret de la condition déplorable de l’homme est son cœur. Celui-ci affecte tout ce qui se manifeste.
Il ne s’agit nullement de ce que Dieu a fait. L’homme est
maintenant une créature corrompue, dont la corruption est communiquée à ce qu’il
entreprend. Par conséquent, la simple restriction de la chair est totalement
inutile aux yeux de Dieu et essentiellement fausse. Le Seigneur dit à la
foule
: « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme,
mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme ». Notez qu’il ne s’agissait
plus de la question de Jérusalem et de la tradition. Il parlait de ce qui
touche à la nature humaine. L’homme est perdu. Mais personne ne croit vraiment
cela quant à lui-même avant d’avoir trouvé Christ. Il peut croire qu’il est
pécheur, mais croit-il qu’il est si mauvais qu’aucun bien envers Dieu ne peut
être obtenu de lui ? La théorie et l’effort qui prévalent ne
consistent-ils pas à améliorer la condition de l’homme ? Mais notre
Seigneur déclare ici que le cœur est mauvais ; et tant que le cœur n’est
pas atteint, tout le reste est vain. « Mais la parole est près de toi, dans ta
bouche et dans ton cœur » (Rom. 10:8). La manière d’agir de Dieu est de s’occuper
du cœur. Qu’est-ce qui est aussi simple, aussi béni, aussi puissant, que l’évangile ?
Et l’évangile n’a pas besoin de servante ? La servante a perdu sa mission
et est renvoyée. Agar a été renvoyée de la maison, et le fils né selon la chair
ne fait que se moquer de l’enfant de la promesse (Gal. 4). L’homme n’est pas
maintenant en cours de test. La mise à l’épreuve a été faite. Dieu a déclaré
que la chair est entièrement sans valeur ; et pourtant l’homme recommence
constamment de tester au lieu de croire Dieu.
Les disciples n’ont guère apprécié ce que le Seigneur avait dit. Ils s’approchèrent et lui dirent : « Sais-tu que les pharisiens ont été offensés en entendant cette parole ? » (15:12). Ils n’étaient peut-être pas offensés eux-mêmes, mais ils étaient disposés à sympathiser avec ceux qui l’étaient. Or notre Seigneur répond encore plus sévèrement : « Toute plante que mon Père céleste n’a pas plantée sera déracinée ». Il faut une vie nouvelle venant de Dieu, et non une amélioration de l’ancienne. Il faut donc planter une plante d’origine céleste, et c’est le Père céleste qui doit le faire. Toute autre plante doit être déracinée. « Laissez-les : ce sont des aveugles conducteurs d’aveugles ». Raisonner avec ces pharisiens est tout à fait vain. Ils ont besoin des premiers principes, et de l’œuvre de Dieu dans leurs âmes. Toute discussion est donc inutile. « Laissez-les : ce sont des aveugles conducteurs d’aveugles ». Il n’appliquait pas cela à la multitude, mais aux conducteurs qui butaient sur la doctrine de la corruption totale de l’homme. Il vaut mieux les laisser à leur propre sort. « Laissez-les… Et si l’aveugle conduit l’aveugle, tous deux tomberont dans une fosse » (15:14).
Mais le Seigneur ne laisse pas les disciples là où ils en étaient. Pierre répond et Lui dit : « Expose-nous cette parabole ». Que voulait-il dire en l’appelant une parabole ? Il ne la comprenait pas lui-même. Il était l’un des douze apôtres, le chef même des douze apôtres, et il ne pouvait pas comprendre notre Seigneur quand Il leur disait que l’homme est complètement mauvais — surtout son cœur, et que ce cœur rend mauvais ce qui sort de lui — non pas ce qui entre en lui. Et ceci serait une parabole ! La difficulté de l’Écriture provient moins d’un langage difficile que d’une vérité désagréable. La vérité est contraire aux désirs des gens ; ils ne peuvent pas la voir, parce qu’ils n’ont pas envie de la recevoir. L’homme n’en est peut-être pas toujours conscient lui-même, mais c’est le véritable secret que Dieu voit. L’obstacle consiste dans l’aversion de l’homme pour la vérité. Jésus répondit : « Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas encore que tout ce qui entre par la bouche va dans le ventre, et est jeté aux détritus ? Mais les choses qui sortent de la bouche proviennent du cœur, et ce sont elles qui souillent l’homme. Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les vols, les faux témoignages, les blasphèmes ». La source du mal de l’homme vient de l’intérieur. C’est pourquoi, jusqu’à ce qu’une nouvelle vie soit introduite — jusqu’à ce que l’homme soit né de nouveau, né d’eau et de l’Esprit — tout est inutile. « Ce sont là les choses qui souillent l’homme, mais manger avec des mains non lavées ne souille pas l’homme ».
Ici se termine l’instruction bénie et importante de notre Seigneur, montrant que le jour des formes extérieures était passé, et qu’il s’agissait maintenant de la réalité de l’état de l’homme aux yeux de Dieu.
Le Seigneur se détourne maintenant de ces scribes et de ces pharisiens, et se rend sur les côtes de Tyr et de Sidon (15:21), à l’extrémité de la terre sainte, spécialement dans sa partie frontalière qui avait été expressément la scène des jugements de Dieu.
Au ch. 11, notre Seigneur y faisait référence, et disait qu’au jour du jugement, le sorte de Tyr et Sidon seraient plus tolérable que celui des villes où s’étaient accomplies Ses œuvres puissantes. Elles étaient passées en proverbes comme les monuments de la vengeance de Dieu parmi les Gentils (*). Là, une femme de Canaan Le rencontre. S’il y avait une race plus particulièrement bannie de Dieu, c’était bien Canaan. « Maudit soit Canaan », avait dit Noé. Le jeune Canaan semble avoir été spécialement le chef de son père dans sa méchanceté contre son grand-père Noé. « Maudit soit Canaan. Il sera l’esclave des esclaves de ses frères ». Et lorsqu’Israël fut introduit dans le pays, les Cananéens, qui avaient sombré dans une profonde corruption, devaient être exterminés sans pitié. Leurs abominations étaient montées jusqu’au ciel avec un cri de vengeance de la part de Dieu. Ici, cette femme, issue des côtes de Canaan, crie à Lui en disant : « Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ; ma fille est cruellement tourmentée par un démon » (15:22). Cette pauvre femme de Canaan était bien le cas le plus opposé qu’on puisse imaginer au cas précédant des scribes et pharisiens de Jérusalem, pleins d’érudition et de vénération extérieure pour la loi.
(*) Le renversement de Tyr prédit en Ésaïe 23 et Ézéchiel 26 ne fut que partiellement accompli par Nebucadnetsar qui emmena Juda en captivité à Babylone. Cette ville marchande ancienne et princière, située sur la mer, fut ensuite non seulement prise, mais complètement détruite par Alexandre, selon Ézéchiel 26:3-4, qui vendit le reste de ses habitants comme esclaves (note de l’éditeur).
Les circonstances étaient également terribles. Non seulement cela se passait à Tyr et à Sidon, rappelant les jugements de Dieu, mais le diable avait pris possession de sa fille. Toutes ces circonstances réunies rendaient le cas aussi déplorable qu’on puisse trouver. Comment le Seigneur allait-il traiter cette femme ? Par Sa réponse à son cas, le Seigneur montre un grand changement dans Ses voies. Il avait déclaré les Juifs hypocrites, leur culte intolérable à Dieu, et Il l’avait déclaré en se servant de leurs propres prophètes ; car en les déclarant hypocrites, Il appliquait ce que disait leur propre prophète Ésaïe. Voilà maintenant quelqu’un qui n’avait pas le moindre lien avec Israël. Comment le Messie allait-Il la traiter ? Elle crie vers Lui, disant : « Aie pitié de moi, Seigneur, Fils de David ; ma fille est cruellement tourmentée d’un démon ». Mais Il ne lui répondit pas un mot. Pas un mot !
Pourquoi cela ? Elle était sur un terrain totalement faux.
Qu’avait-elle à faire avec le Fils de David ? Si le Seigneur avait été
simplement le Fils de David, aurait-Il pu lui donner la bénédiction qu’Il avait
dans Son cœur ? Elle s’adressait à Lui comme si elle faisait partie du
peuple élu qui avait des droits sur Lui en tant que Messie. Y avait-il aucune
promesse que le Messie devait guérir les Cananéens ? Pas un mot à ce
sujet. Quand le Messie viendra en tant que Fils de David, les Cananéens ne
seront pas là. Voyez Zacharie 14, quand notre Seigneur sera Roi sur toute la
terre : « En ce jour-là, il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Éternel
des armées ». Les jugements qui ne furent pas complètement exécutés par Israël à
cause de leur infidélité à ce l’Éternel leur avait confié, seront exécutés
lorsque le Fils de David prendra Son héritage. Cette femme était tout à fait
confuse à ce sujet. Elle avait la conviction qu’Il était bien plus que le Fils
de David, mais elle ne savait pas comment en faire état. Je
pense que c’est à peu près de la même manière que beaucoup de personnes aujourd’hui,
inquiètes de leurs péchés, font appel au Notre Père
, et demandent au
Père de leur pardonner leurs péchés comme ils pardonnent aux autres. Ils s’adressent
à Dieu comme à leur Père, et Lui demandent de les traiter comme Ses enfants.
Mais c’est justement la chose qui n’est pas encore réglée. Sont-ils Ses enfants ?
Peuvent-ils dire que Dieu est leur Père ? Ils reculent devant cette
affirmation. C’est ce qu’ils désirent avant tout, mais ils craignent qu’il n’en
soit pas ainsi, c’est-à-dire qu’ils n’ont aucun droit de s’approcher de Dieu
sur la base d’une relation qui n’existe pas. Et quand des personnes sont ainsi dans
la confusion, elles n’obtiennent jamais une paix complète dans leur âme. Tantôt
elles espèrent être enfants de Dieu, tantôt elles craignent de ne pas l’être, étant
abattues par le sentiment du mal qui est en elles. Le fait est que ces
personnes ne comprennent pas du tout la question. Elles ont tout à fait raison
de vouloir se tourner vers Dieu, mais elles ne savent pas comment s’y prendre. Elles
ont peur d’aller vers Dieu comme elles sont, renonçant à toute idée de
promesses ou de quoi que ce soit d’autre. Cela montre qu’il est erroné pour une
âme anxieuse de chercher Dieu sur la base de promesses. On dit beaucoup de
choses sur les pécheurs qui « saisissent les promesses », mais les promesses dans
l’Ancien Testament étaient pour Israël ; dans le Nouveau, pour les
chrétiens. Mais vous n’êtes ni israélite ni chrétien. Une âme arrivée à ce
point est dans la confusion.
Il est bon pour une âme d’être amenée au point suivant : Je n’ai aucun droit sur Dieu pour quoi que ce soit ; je suis un pécheur perdu. Si Dieu enlève à une personne ce à quoi elle n’a pas droit, s’Il la dépouille de tout, c’est dans le but de lui donner une bénédiction que Lui a le droit de lui donner. Les gens oublient que maintenant c’est la justice de Dieu — que Lui a le droit de bénir par le Christ Jésus, selon tout ce qui est dans Son cœur. Les hommes sont perdus ; mais ils ont peur de confesser la véritable ruine dans laquelle ils se trouvent. C’est à cela que le Seigneur conduisait la pauvre femme de Canaan. Il la faisait descendre au point de sentir qu’elle n’avait aucun droit aux promesses ; certes des promesses avaient été faites à Israël, mais où y avait-il des promesses faites aux Cananéens ? Ainsi, sur la base de ce qu’Il était le Fils de David, il était impossible au Seigneur de lui donner ce qu’elle demandait. Elle ne comprenait pas cela. Elle pensait que si un Israélite pouvait aller sur la base d’une promesse, elle le pouvait aussi. Mais c’était une erreur. Ainsi la pauvre femme avait agi d’une manière qui l’empêchait d’avoir une réponse. C’est la grâce et la tendresse qui Le poussaient à ne pas lui répondre : Il resta dans le silence jusqu’à ce qu’elle abandonne le terrain qu’elle avait d’abord occupé.
Mais les disciples ne restaient pas dans le silence ; ils voulaient se débarrasser de son importunité ; ils n’aimaient pas son trouble. Ils s’approchèrent et le prièrent, disant : « Renvoie-la, car elle crie après nous ».
Or le Seigneur confirme ce qui a déjà été dit quant à la fausseté de son plaidoyer. C’est comme s’Il disait : « Elle n’appartient pas à la maison d’Israël : Je ne peux pas lui donner une bénédiction sur la base qu’elle invoque, mais Je ne veux pas la renvoyer sans une bénédiction ». Il était là avec des privilèges spéciaux pour les brebis de la maison d’Israël, mais elle n’était pas une brebis. « Il répondit : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Alors la pauvre femme s’approcha et Lui rendit hommage, disant : Seigneur, assiste-moi ». Elle laisse tomber les mots « Fils de David ». Elle n’utilise plus le titre qui Le relie à Israël, mais elle reconnaît Son autorité en général. Il lui répond maintenant, bien qu’elle ne soit pas encore assez abaissée. Quand elle L’appelle Seigneur, un titre approprié, Il répond : « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». Dès que cette phrase est prononcée, tout le secret est dévoilé. « Oui, Seigneur, dit-elle, même les chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Elle prend la place d’être un chien. Elle reconnaît que dans les voies extérieures de Dieu, Israël était le peuple favorisé, comme des enfants qui mangent du pain à table, tandis que les Gentils n’étaient que des chiens dessous. Elle le reconnaît, et c’est très humiliant. Les gens n’aiment pas cela. Mais elle est amenée à descendre jusque-là. Le Seigneur peut, dans le but de nous conduire à une bénédiction plus profonde, nous faire descendre jusqu’au point le plus bas de la vérité quant à nous-mêmes. Mais n’y avait-il pas de bénédiction même pour un chien ? Elle se rabat sur cette vérité : « Soit, je suis un chien ; Dieu n’a-t-il pas quand même une bénédiction pour moi ? » Alors le Seigneur la rencontre avec la plus complète bénédiction. Il la rencontre avec la plus forte approbation de sa foi : « Ô femme, ta foi est grande : qu’il te soit fait comme tu veux ». Le Seigneur avait prononcé la sentence sur la nation des Juifs qui n’étaient que des hypocrites, et Il était allé vers les Gentils. La foi Le rencontre là ; une foi qui passe par-dessus les circonstances extérieures, et accepte la place basse que nous devons prendre ; et la pauvre femme est bénie pour la satisfaction de son cœur. « Qu’il te soit fait comme tu veux. Et sa fille fut guérie à l’heure même ». Une grâce illimitée est accordée à une Gentile assujettie à une malédiction particulière ; et le cœur de notre Seigneur est rafraîchi par sa foi.
Mais il y a plus. Après avoir visité les Gentils, le Seigneur revient maintenant à Israël en bonté souveraine. « Jésus partit de là, et s’approcha de la mer de Galilée ; Il monta sur une montagne et s’y assit. Une grande foule s’approcha de lui, avec des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés et beaucoup d’autres, et les jeta aux pieds de Jésus, qui les guérit, au point que la foule était dans l’admiration de voir les muets parler, les estropiés se rétablir, les boiteux marcher et les aveugles voir, et elle glorifiait le Dieu d’Israël » (15:29-31). Je considère que c’est une image d’Israël ressentant sa condition réelle. Ils viennent à Jésus, regardent à Lui, et disent, pour ainsi dire : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (21:9). Ils parleront ainsi bientôt ; et le Seigneur déclara qu’ils ne Le verraient plus avant de dire : « Béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur » (23:39). Ce qu’ils voyaient en Jésus les amenait à glorifier le Dieu d’Israël. Ainsi le Seigneur aura des relations avec Israël. Ils viennent, non plus pour faire de la controverse, mais en tant qu’une multitude pauvre, estropiée, aveugle et misérable ; et le Seigneur les guérit tous. Mais ce n’est pas tout : Il les nourrit en même temps qu’Il les guérit, et nous avons le beau miracle des pains.
Mais notez les différences. Dans le cas précédent (ch.14), les disciples voulaient renvoyer les foules et le Seigneur les fit manifester leur incrédulité. Dans le cas présent, c’est Christ Lui-même qui pense à eux et veut les bénir. « Je suis ému de compassion envers la foule », dit-Il, « parce qu’ils demeurent avec moi depuis trois jours et qu’ils n’ont rien à manger ; Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’elle ne s’évanouisse en chemin » (15:32). Il est dit en Osée 6 : « Après deux jours, Il nous fera vivre ; le troisième jour, Il nous mettre debout, et nous vivrons devant sa face ». C’était le temps adéquat de la mise à l’épreuve du peuple. Littéralement, c’était le temps où notre Seigneur gisait dans la tombe. Mais c’est lié aussi à la bénédiction future d’Israël. « Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’ils ne s’évanouissent en chemin.
Et ses disciples lui disent : D’où aurions-nous assez de pain dans le désert, pour rassasier une si grande foule ? ». Combien ils sont lents à apprendre les ressources de Christ, comme auparavant ils étaient lents à apprendre l’absence de valeur de l’homme ! « Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils répondirent : Sept, et quelques poissons ». Ce ne sont pas maintenant cinq pains et douze paniers pleins qui restent ; mais c’est avec sept pains qu’ils commencent, et avec sept paniers pleins qu’ils finissent. La raison en est la suivante : dans l’Écriture sept représente ce qui est complet spirituellement, et ceci est destiné à montrer la plénitude avec laquelle le Seigneur fait couler la bénédiction vers Son peuple — la plénitude de ressources qu’ils ont en Lui. « Il prit les sept pains et les poissons, rendit grâces, les rompit, et les donna à Ses disciples, et les disciples à la foule ». Je conçois que c’est une image du Seigneur pourvoyant amplement aux Juifs — le peuple choisi et bien-aimé, qu’Il ne peut jamais abandonner, envers lequel Il doit accomplir Ses promesses, car Il est le Dieu fidèle. Ici, le Seigneur, de Son propre cœur, pourvoit pleinement même à leur rafraîchissement corporel. Tel sera le caractère du jour millénaire, où non seulement l’âme sera bénie, mais où toute espèce de grâces abondera ; Dieu reprenant Sa terre de la main de Satan qui l’a longtemps souillée. Dans les sept pains avant qu’ils mangent, et dans les sept paniers de morceaux ramassés après qu’ils ont mangé, on a l’idée de ce qui est complet, une réserve ample pour le présent et pour les besoins à venir.
Dans le chapitre précédent, qui introduit une nouvelle partie du sujet dans Matthieu, nous avons vu deux grands tableaux : premièrement, la désobéissance hypocrite de ceux qui se vantaient de la loi, complètement démasquée par leurs propres prophètes, ainsi que par la pierre de touche du Seigneur lui-même ; et, deuxièmement, la vraie nature de la grâce montrée à une personne dont les circonstances n’exigeaient rien d’autre qu’une miséricorde souveraine, si elle voulait la moindre bénédiction. À la fin, la grâce patiente et parfaite du Seigneur envers Israël est manifestée, malgré la condition des conducteurs juifs. S’Il avait de la compassion pour les Gentils, Son cœur désirait toujours vivement Son peuple, et Il le montra en répétant le grand miracle de nourrir des milliers de personnes en état de besoin, sans pour autant qu’il y ait aucune figure de se retirer de la terre comme au ch. 14 à la suite du premier miracle de la nourriture de multitudes — le type de l’activité de notre Seigneur à la droite de Dieu.
Nous avons maintenant un autre tableau, tout à fait distinct du précédent, bien qu’il lui soit apparenté. Il ne s’agit pas de la désobéissance flagrante à la loi par la tradition humaine, mais de l’incrédulité, — qui est la source de toute désobéissance. C’est pourquoi, dans le langage employé par le Saint Esprit, il n’y a qu’une différence de nuance entre les mots incrédulité et désobéissance. Le premier est la racine dont le second est le fruit. Après nous avoir montré la violation systématique et grossière de la loi de Dieu, y compris par les chefs religieux d’Israël, et les avoir convaincus de cette violation, un principe plus profond est maintenant mis en évidence. Toute cette désobéissance envers Dieu découlait de l’incrédulité quant à Lui-même, et, par conséquent, d’une compréhension erronée de leur propre condition morale. Ces deux choses vont toujours ensemble. L’ignorance de soi découle de l’ignorance de Dieu ; et l’ignorance à la fois de nous-mêmes et de Dieu est prouvée par le mépris de Jésus. Et ce qui est entièrement vrai pour l’incroyant, s’applique en partie au chrétien qui en quelque mesure ne fait pas grand cas de la volonté et la personne du Seigneur. Tout cela n’est que l’expression de ce cœur d’incrédulité contre lequel l’apôtre met en garde même les croyants. La grande ressource contre cela, l’opération du Saint Esprit, en contraste avec l’opération de l’esprit naturel de l’homme, apparaît ici clairement.
« Et les pharisiens et les sadducéens, s’approchant, lui demandèrent, pour L’éprouver (ou : Le tenter), de leur montrer un signe du ciel ». Ils recommençaient toujours la même histoire, mais maintenant la source est à un niveau plus élevé, bien sûr pire, par conséquent, dans son principe. C’est une chose affreuse que de trouver des partis opposés unis par une seule chose : l’aversion pour Jésus. Ces personnes auraient pu se déchirer mutuellement en d’autres temps, mais voilà leur point de rassemblement : éprouver ou tenter Jésus. « Les pharisiens et les sadducéens… lui demandèrent, pour l’éprouver… » etc. Il n’y avait pas de conflit entre les scribes et les pharisiens, mais un large fossé séparait les sadducéens et les pharisiens. Les sadducéens étaient les libres penseurs de l’époque, les pharisiens étaient les champions de la défense des ordonnances et de l’autorité de la loi. Mais les uns et les autres s’unissaient pour éprouver ou tenter Jésus. Ils demandèrent un signe du ciel. Le signe le plus significatif que Dieu ait jamais donné à l’homme était devant eux en la personne de Son Fils, éclipsant tous les autres signes. Mais l’incrédulité est telle qu’elle peut arriver en présence de la pleine manifestation de Dieu, contempler une lumière plus brillante que le soleil de midi, et là, demander à Dieu de donner une bougie à un sou.
Mais Jésus « répondit et leur dit : Le soir, vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge. Et le matin, vous dites : Il fera mauvais temps aujourd’hui, car le ciel est rouge et sombre. Hypocrites, vous savez discerner l’apparence du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les signes des temps ? » (16:2, 3). Leur propre condition morale était le signe et la preuve que le jugement était imminent. Pour ceux qui pouvaient voir, il y avait le beau temps, le jour de printemps d’en haut qui les visitait en Jésus. Ils ne le voyaient pas ! Mais ne pouvaient-ils pas discerner le mauvais temps ! Ils étaient en présence du Messie, et ils demandaient un signe du ciel ! Le Dieu qui a fait le ciel et la terre était là, mais les ténèbres ne le comprenaient pas. « Il vint chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). Ils étaient complètement aveugles. Ils pouvaient discerner les changements physiques, mais n’avaient aucune perception des gloires morales et spirituelles qui étaient devant eux. C’était véritablement « une génération méchante et adultère qui recherchait un signe ; et il ne lui serait pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. Et les laissant, Il s’en alla ».
Les hommes se trompent constamment sur le caractère de Jésus. Ils L’imaginent incapable d’utiliser un langage fort et de ressentir de la colère ; pourtant, c’est là dans la Parole, écrite dans la lumière. L’incrédulité est toujours aveugle, et c’est contre Jésus qu’elle trahit le plus son aveuglement. La même incrédulité qui ne pouvait pas alors discerner qui Jésus était et ce qu’Il était, ne voit pas aujourd’hui Jésus venir, et elle ne discerne pas les signes de leur propre ruine imminente. Voilà la condition morale des hommes, où qu’ils soient, mais elle se manifeste de façon d’autant plus remarquable là où il y a la lumière de Dieu.
Notre Seigneur n’hésite pas à toucher le mal d’une main impitoyable. Il était la parfaite manifestation de l’amour : mais que les hommes se souviennent que c’est Lui qui a dit : « génération méchante et adultère », « race de vipères, etc.. ». ! Ces propos découlent de l’amour vrai — si les hommes voulaient bien s’incliner devant la vérité qui les convainc de culpabilité. Se soumettre à la parole de Dieu, à la vérité maintenant, dans ce monde, c’est être sauvé ; être convaincu de la vérité seulement dans le monde à venir, c’est être perdu pour toujours. Christ était le témoin fidèle et véritable ; Il mettait Dieu face à face avec les hommes, et faisait briller sur eux Sa lumière parfaite. Jésus pouvait rencontrer une âme dans sa ruine ; Il pouvait manger avec les publicains pour montrer qu’Il était capable de recevoir des pécheurs — oui, Il était venu chercher et sauver les perdus, et pardonner les péchés jusqu’à l’extrême ; mais Il ne voulut jamais donner aucun signe pour satisfaire l’incrédulité qui Le rejetait.
Ces pharisiens et ces sadducéens ne voulaient pas entendre Sa voix de grâce, alors ils durent entendre leur propre sentence de la part du juge de toute la terre : « Une génération méchante et adultère recherche un signe, et il ne lui sera pas donné de signe, si ce n’est le signe de Jonas ». Si Jésus n’avait pas été là, demander un signe n’aurait pas été si méchant ; mais Sa présence en faisait une incrédulité audacieuse et une hypocrisie effrayante. Et quel était ce signe ? Le signe de quelqu’un qui a disparu de la terre ; qui, par la figure de la mort, a quitté le peuple juif, et après un certain temps, leur a été rendu. C’était le symbole de la mort et de la résurrection, et notre Seigneur l’a immédiatement mis en pratique. « Et les laissant, Il s’en alla ». Il allait passer sous le pouvoir de la mort ; Il ressusciterait, et le message qu’Israël avait méprisé, Il le porterait aux Gentils.
Mais il y a d’autres formes d’incrédulité ; et la scène suivante (16:5) est avec les disciples : ce qu’on trouve à l’œuvre sous forme très grossière chez un inconverti peut se retrouver chez les croyants, même si c’est d’une autre manière. « Jésus leur dit : Voyez, et soyez en garde contre le levain des pharisiens et des sadducéens ». Ils ne Le comprirent pas ; ils raisonnaient entre eux ; or toutes les fois que les chrétiens se mettent à raisonner, ils ne comprennent rien. « Ils raisonnaient entre eux en disant : C’est parce que nous n’avons pas pris de pain ».
Il existe, bien sûr, des déductions saines et solides. La différence est que les mauvais raisonnements partent toujours de l’homme et essaient de s’élever jusqu’à Dieu, tandis que les bons raisonnements partent de Dieu et vont vers l’homme. L’esprit naturel ne peut qu’inférer à partir de son expérience, et se forge ainsi une idée de ce que Dieu doit être. C’est la base de la spéculation humaine dans les choses divines ; alors que Dieu est la source, la force et le guide des pensées de la foi. Comment puis-je connaître Dieu ? Dans la Bible, qui est la révélation de Christ depuis le début de la Genèse jusqu’à la fin de l’Apocalypse. Je Le vois là, la clé de voûte de l’arc, le centre de tout ce dont parle l’Écriture ; et si l’on ne voit pas le lien entre Christ et tout le reste, on ne comprend rien correctement. C’est là la première grande erreur, l’omission de la révélation de Dieu dans Son Fils. Ce n’est pas la lumière derrière le voile comme dans le système juif, mais une bénédiction infinie maintenant que Dieu est venu à l’homme, et que l’homme est amené à Dieu. Dans la vie de Christ, je vois Dieu s’approchant de l’homme, et dans Sa mort, l’homme approché de Dieu. Le voile est déchiré ; tout est dévoilé, d’une part quant à l’homme, et d’autre part quant à Dieu, pour autant qu’il plase à Dieu de Se révéler à l’homme dans ce monde. La vie et la mort du Christ mettent tout en évidence.
Mais les disciples sont susceptibles d’être très lourdauds quant à ces choses, aujourd’hui comme toujours ; aussi, lorsqu’Il les mit en garde contre le levain des pharisiens et des sadducéens, ils pensèrent qu’Il parlait simplement de quelque chose de la vie quotidienne — tout à fait comme ce que nous voyons à l’heure actuelle. Mais notre Seigneur « leur dit : Ô gens de petite foi, pourquoi raisonnez-vous entre vous sur ce que vous n’avez pas pris de pain » (16:8). Pourquoi ne pensaient-ils pas en rapport avec Christ ? Se seraient-ils souciés des pains s’ils avaient eu une juste pensée de Lui ? Impossible ! Ils s’inquiétaient pour des pains, et pensaient que Lui aussi s’inquiétait ! « Ne comprenez-vous pas encore, dit le Seigneur, et ne vous rappelez-vous pas les cinq pains des cinq mille, et combien de paniers vous avez emportés ? Ni les sept pains des quatre mille, et combien de paniers vous avez emportés ? Comment ne comprenez-vous pas que ce n’est pas au sujet des pains que Je vous ai dit de vous garder du levain des pharisiens et des sadducéens ? Ils comprirent alors qu’Il ne leur avait pas dit de se méfier du levain du pain, mais de la doctrine des pharisiens et des sadducéens » (16:9-12).
Or c’est ce que les disciples, aujourd’hui encore, comprennent souvent de travers. Ils ne comprennent pas le caractère haïssable de la mauvaise doctrine. Ils sont conscients des maux moraux. Si une personne s’enivre ou tombe dans quelque autre scandale grossier, ils savent, bien sûr, que c’est très mauvais ; mais si le levain de la mauvaise doctrine opère, ils ne le sentent pas. Pourquoi les disciples sont-ils plus attentifs à ce que la simple conscience naturelle peut juger, plutôt qu’à de la doctrine qui détruit le fondement de tout, tant pour ce monde que pour celui qui est à venir ? Quelle gravité que les disciples aient besoin d’en être avertis par le Seigneur ! et ils ne le comprenaient même pas ! Il a dû le leur expliquer. Il y avait l’influence obscurcissante de l’incrédulité parmi les disciples, complètement centrés sur le corps, et ne voyant pas l’importance de ces doctrines corrompues qui menaçaient les âmes sous tant de formes insidieuses autour d’eux.
Mais il y a une autre manière et une autre scène dans laquelle l’incrédulité opère. Ce chapitre est la dissection de la racine de nombreuses formes d’incrédulité. « C’est par la foi que nous comprenons », dit l’apôtre aux Hébreux (11:3). L’homme du monde essaie d’abord de comprendre, puis de croire ; le chrétien commence avec la compréhension, peut-être la plus faible, mais il croit Dieu : sa confiance est en Celui qui est au-dessus de lui-même ; et c’est de cette manière que, d’une pierre, il est suscité un enfant à Abraham (Matt. 3:9).
Le Seigneur interroge maintenant les disciples sur le fond de l’affaire, que ce soit parmi les pharisiens, les sadducéens ou les disciples eux-mêmes. Il interrogea ses disciples, en disant : « Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ? » C’est maintenant la personne du Christ qui est mise en évidence ; et ceci, je n’ai pas besoin de le dire, est plus profond que toute autre doctrine. « Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ? Et ils répondirent : Les uns Jean le Baptiseur, les autres Élie, et d’autres Jérémie, ou l’un des prophètes » (16:13, 14). Du fait qu’il y a tant d’opinions parmi les hommes, l’incrédulité soutient qu’une certitude est impossible. Certains disent une chose et d’autres une autre : vous parlez de vérité et de l’Écriture ; mais après tout, ce n’est que votre point de vue. Mais que dit la foi ? Une certitude venant de Dieu est notre part dès que nous voyons qui est Jésus. Il est le seul remède qui bannit difficulté et doute des pensées de l’homme.
« Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (16:15). C’était pour faire voir maintenant ce qui est le pivot de la bénédiction de l’homme et de la gloire de Dieu, et qui devient le point tournant du chapitre. Parmi ces mêmes disciples, il allait y avoir une confession bénie de l’un d’entre eux — la puissance de Dieu agissant dans un homme qui avait été auparavant réprimandé pour son manque de foi, et qui a de nouveau été réprimandé juste après. Lorsque nous sommes vraiment brisés devant Dieu au sujet de notre peu de foi, le Seigneur peut nous révéler une vision plus profonde et plus élevée de Lui-même comme nous n’avions jamais eu auparavant. Les disciples avaient mentionné les diverses opinions des hommes : l’un disait qu’Il était Élie ; un autre, Jean le Baptiseur, etc. « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? Et Simon Pierre répondit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (16:16). Glorieuse confession ! Dans les Psaumes, on parle de Lui comme du Fils de Dieu, mais de façon très différente. Là, Il a affaire aux rois de la terre, qui sont appelés à prendre garde à leur conduite. Mais le Saint Esprit lève maintenant le voile pour montrer que le « Fils du Dieu vivant » implique des profondeurs bien au-delà d’une domination terrestre, si glorieuse soit-elle. Il est le Fils de ce Dieu vivant qui peut communiquer la vie même à ceux qui sont morts dans le péché. « Et Jésus, répondant, lui dit : « Tu es bienheureux, Simon BarJonas ; car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (16:17).
D’abord, c’est le Père qui révèle ; et au moment où Christ S’entend
confesser comme le Fils du Dieu vivant, Il appose aussi Son propre sceau sur la
confession et honore le confesseur. C’est l’affirmation de Celui qui s’élève
aussitôt à Sa propre dignité intrinsèque : « Et moi aussi, je te dis
que tu es Pierre, et sur ce roc Je bâtirai Mon Église, et les portes de l’enfer
(du hadès) ne prévaudront pas contre elle » (16:18). Il donne un nouveau nom à
Simon. Dieu avait aussi donné un nouveau nom à Abraham, à Sara, etc., à cause d’une
nouvelle manifestation de Lui-même ; c’est ce que fait ici le Fils de
Dieu. Cela avait déjà été annoncé prophétiquement auparavant ; mais
maintenant pour la première fois, est donnée la raison pour laquelle ce nom lui
a été attribué. « Tu es Pierre, et sur ce roc Je bâtirai Mon Église ». Quel roc ?
La confession que Pierre avait faite que Jésus était le Fils du Dieu vivant. C’est
là-dessus que l’Église est bâtie. Israël était gouverné par une loi ; l’Église
est élevée sur un fondement solide, impérissable et divin — sur la personne du
Fils du Dieu vivant. Et lorsque cette confession plus complète s’échappe des
lèvres de Pierre, la réponse vient : Tu es Pierre — tu es une
pierre : un homme qui tire son nom de ce Roc sur lequel l’Église est
bâtie.
Dans les premiers chapitres des Actes, Pierre parle toujours de
Jésus comme du saint Serviteur de Dieu. Il parle de Lui comme d’un homme qui
allait de l’avant en faisant du bien ; il en parle aussi comme du Messie mis
à mort par les mains d’hommes méchants et que Dieu a ressuscité d’entre les
morts. Quelle que soit la connaissance que Pierre pouvait avoir de Jésus,
lorsqu’il prêche aux Juifs, il Le présente simplement comme le Christ, comme le
Fils de David prédit, qui avait marché ici-bas, qu’ils avaient crucifié et que
Dieu avait ressuscité. Ensuite, au martyre d’Étienne, un nouveau terme est
utilisé à propos du Seigneur. Ce témoin béni lève les yeux et dit : « Je
vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme
debout à la droite de
Dieu » (Actes 7:56). Il ne s’agit plus maintenant simplement de Jésus comme
Messie, mais du « Fils de l’homme », ce qui implique Son rejet. Lorsqu’il est
refusé comme Messie, Étienne, constatant que ce témoignage est rejeté, est
conduit par Dieu à témoigner de Jésus comme Fils de l’Homme exalté à la droite
de Dieu. Lorsque Paul se convertit (ch. 9), il prêche aussitôt « le Christ dans
les synagogues, disant que Lui est le Fils de Dieu » (Actes 9:20). Il ne s’est
pas contenté de Le confesser, mais L’a prêché comme tel. Et c’est à Paul que
fut confiée la grande tâche de faire connaître la vérité sur « l’Église de
Dieu ».
Ici, à la suite de la confession de Pierre, le Seigneur
dit : « Sur ce roc, je bâtirai Mon Église (Mon Assemblée) ». Vous comprenez
la gloire de Ma Personne ; Je vais vous montrer l’œuvre que Je vais
accomplir. Notez l’expression. Ce n’est pas : J’ai bâti, mais Je bâtirai Mon
Église. Il ne l’avait pas encore bâtie, ni même commencée : elle était entièrement
nouvelle. Je ne veux pas dire qu’il n’y avait pas eu auparavant des âmes
croyant en Lui, et régénérées par l’Esprit ; mais c’est une erreur d’appeler
« l’Église » l’ensemble des saints, depuis le commencement du temps jusqu’à la
fin. C’est une notion commune qui n’a pas un morceau de l’Écriture pour la
soutenir. L’expression de Actes 7:38, « L’église dans le désert (ou l’assemblée
au désert) », signifie la congrégation entière, la masse d’Israël, dont la
plupart des cadavres sont tombés dans le désert. Pouvez-vous appeler cela « l’Église
de Dieu
» ? Il n’y avait que peu de croyants parmi eux. Les gens
sont trompés sur ce point par la sonorité du terme. L’expression « église dans
le désert » signifie simplement la congrégation qui s’y trouvait. Le même mot
est appliqué à l’assemblée en confusion d’Actes 19:32 qui voulait mettre Paul
en pièces. Si on traduisait comme en Actes 7, ce serait « l’église du théâtre »,
et la bévue est évidente. Le mot qui est traduit par « église » signifie
simplement assemblée
. Pour savoir quelle est la nature de l’assemblée,
nous devons examiner l’usage scripturaire et le but du Saint Esprit. Car vous
pouvez avoir une bonne assemblée ou une mauvaise assemblée : une assemblée
de Juifs, de Gentils, ou une assemblée de Dieu distincte des deux précédentes et
en contraste avec elles, comme on peut le voir facilement et incontestablement en
1 Cor. 10:32. Or c’est de cette dernière que nous parlons, c’est-à-dire de l’Assemblée
de Dieu, quand nous parlons de « l’Église ».
Revenons au texte des paroles du Seigneur : Qu’est-ce donc que notre Seigneur évoque lorsqu’Il dit : « Sur ce roc, Je bâtirai Mon Église » ? De toute évidence, il s’agissait de quelque chose qu’Il allait ériger sur la base de la confession qu’Il était le Fils du Dieu vivant, que la mort ne pouvait vaincre, mais seulement fournir une occasion de faire resplendir Sa gloire par la résurrection. « Sur ce roc, Je bâtirai Mon Église, et les portes du hadès — la puissance de la mort — ne prévaudront pas contre elle ». Le hadès ne signifie pas le lieu des perdus, mais la condition des esprits séparés des corps.
« Et je te donnerai les clés du royaume des cieux » (16:19a). L’Église et le royaume des cieux ne sont pas la même chose. Il n’est jamais dit que Christ a donné les clés de l’Église à Pierre. Si les clés de l’Église ou du ciel lui avaient été données, je ne m’étonnerais pas que les gens aient imaginé un pape. Mais « le royaume des cieux » signifie la nouvelle dispensation qui allait commencer sur la terre. Dieu allait ouvrir une nouvelle économie, libre d’accès aux Juifs et aux Gentils, et dont Il confiait les clés à Pierre. L’une de ces clés a été utilisée, pour ainsi dire, à la Pentecôte quand il a prêché aux Juifs ; et l’autre, quand il a prêché aux Gentils. C’était l’ouverture du royaume aux hommes, qu’ils soient Juifs ou Gentils.
« Je te donnerai les clés du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (16:19).
Le pardon éternel des péchés ne relève que de Dieu, bien qu’en
un sens le pardon ait été confié à Pierre et aux autres apôtres, ce qui reste
vrai maintenant. Chaque fois que l’Église agit au nom du Seigneur, et qu’elle
fait réellement Sa volonté, le sceau de Dieu est sur ses actes. « Mon
Église », construite sur ce roc, est Son corps — le temple des croyants
construit sur Lui-même.
Mais « le royaume des cieux » inclut tous ceux qui confessent le nom de Christ. Cela a commencé par la prédication et le baptême. Lorsqu’un homme est baptisé, il entre dans « le royaume des cieux », même s’il se révèle être un hypocrite. Il ne sera jamais au ciel, bien sûr, s’il est incroyant, mais il est dans « le royaume des cieux ». Dans le royaume des cieux, il peut être soit de l’ivraie, soit du vrai blé ; il peut être un mauvais serviteur ou un fidèle serviteur, une vierge folle ou une vierge sage. Le royaume des cieux englobe toute la scène de la profession chrétienne.
Mais, comme nous l’avons vu, quand Christ parle de « Mon Église », il s’agit d’autre chose. C’est ce qui est bâti sur la reconnaissance et la confession de Sa personne — « le Fils du Dieu vivant ». Nous savons que « celui qui croit que Jésus est le Christ est né de Dieu » (1 Jean 5:1). Et, encore, « Celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu est victorieux du monde » (1 Jean 5:5). Mais il y a une puissance plus profonde du Saint Esprit dans le fait de Le reconnaître comme le Fils de Dieu ; et plus la reconnaissance de Christ est élevée, plus l’énergie spirituelle est grande pour traverser ce monde et le vaincre. Si un croyant est plus spirituel qu’un autre, c’est parce qu’il connaît et apprécie mieux la personne de Christ. Toute la puissance de la marche et du témoignage chrétiens dépend de l’appréciation qu’on fait de Christ.
Notez également l’ordre des paroles de notre Seigneur. Premièrement, « Tu es bienheureux, Simon BarJonas ; car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux » (16:17). Le Christ doit être trouvé en dehors de l’Église, et avant elle ; Christ doit être discerné en premier et avant tout par l’âme individuelle ; Christ et ce qu’Il est, doivent, avant tout et par-dessus tout, être révélés au cœur par le Père. Il peut employer des personnes appartenant à l’Église comme instruments, ou utiliser directement Sa propre parole. Mais quel que soit le moyen employé, c’est le Père qui révèle la gloire du Fils à un pauvre homme pécheur ; et quand ceci est réglé avec l’individu, Christ dit : « Sur ce roc, je bâtirai Mon Église ». La foi en Christ est essentiellement l’ordre et la voie de Dieu avant que n’intervienne la question de l’Église. Il y a là une grande controverse entre Dieu et le mystère d’iniquité qui opère maintenant dans ce monde. Le but du Saint Esprit est de glorifier Christ, tandis que le but de l’autre est de se glorifier lui-même. Le Saint Esprit poursuit cette révélation bénie que le Père a faite du Fils ; et lorsque la question individuelle est réglée, viennent alors le privilège et la responsabilité collectifs — l’Église.
Si j’ai Christ, c’est une bénédiction infinie. Mais je dois
aussi croire qu’Il bâtit Son Église. Est-ce que je connais ma place dans cette
église ? Suis-je en train de marcher dans la lumière du Christ — suis-je une
pierre vivante
dans ce qu’Il bâtit — suis-je dans une action saine en
tant que membre de Son corps ? Le salut a été opéré ici-bas sur la terre,
et c’est ici-bas que l’Église est en train d’être bâtie sur ce roc ; et
les portes du hadès — l’état invisible, ou la condition séparée du corps — ne
prévaudront pas contre elle. La mort peut entrer, mais les portes du hadès ne
prévaudront pas contre elle. Le Seigneur dit dans l’Apocalypse que Lui a les
clés de la mort et du hadès. La mort du chrétien est entre les mains de Christ.
Par la croix, Il a annulé le pouvoir de Satan, et Il est le Seigneur à la fois des
morts et des vivants ; la mort n’est pas notre Seigneur, mais Christ est
notre Seigneur. « Soit que nous vivions, nous vivons ayant égard au Seigneur,
soit que nous mourions, nous mourons ayant égard au Seigneur ; soit donc que
nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur » (Rom. 14:8). Le
Seigneur a un droit absolu sur nous ; et la mort est donc dépouillée de
tout ce qui la rend si terrible. Dans l’Apocalypse, vous avez le Seigneur avec
les clés de la mort et du hadès. Les clés du royaume des cieux
, Il les
donne à Pierre, car c’est lui qui devait prêcher aux Juifs et aux Gentils. La
porte a été ouverte le jour de la Pentecôte en premier, puis ensuite plus largement
lorsque les Gentils ont été introduits.
L’administration est également confiée à Pierre, tant pour lier que pour délier ; c’est une autorité d’agir publiquement ici-bas, avec la promesse de ratification en haut : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans le ciel ». Cela est premièrement dit à Pierre ; mais sans doute, d’après ce que nous avons en Matthieu 18:18 : « En vérité je vous dis : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel », le fait de lier et de délier s’applique aussi aux autres disciples ; non pas aux apôtres seulement, mais, je crois, aux disciples comme tels. Comparez aussi la charge donnée en Jean 20:19-23. C’est sur ce principe que les gens sont reçus dans l’Église chrétienne, et c’est sur ce principe que les méchants sont écartés jusqu’à ce que la repentance justifie leur restauration. Les apôtres ou les disciples ne pardonnent pas les péchés en rapport avec le jugement éternel, bien sûr ; Dieu seul a le pouvoir de le faire. Mais Dieu exige de nous que nous jugions l’état d’une personne pour la recevoir ou l’exclure du cercle qui confesse le nom de Christ ici-bas. En Actes 5, Pierre a lié le péché sur Ananias et Sapphira. Cela ne prouve pas qu’ils étaient perdus, mais le péché était lié sur eux et entraîna un jugement actuel. Ni Pierre ni Paul n’étaient à Corinthe ; et là, le Seigneur Lui-même a mis Sa main sur les coupables : certains étaient faibles et malades, et d’autres s’étaient endormis. Ceci ne tranche pas à l’encontre de leur salut final, plutôt le contraire. Quand ils ont été jugés par le Seigneur, ils ont été châtiés, afin de ne pas être condamnés avec le monde (c’est-à-dire de ne pas être perdus). Ils ont pu être enlevés par la mort, et cependant être sauvés au jour du Seigneur. L’Église ôte une personne méchante. L’homme de Corinthe, qu’il leur était dit d’excommunier, était coupable d’un péché odieux, mais il n’était pas perdu. Il a été livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit « sauvé dans la journée du Seigneur Jésus ». Dans l’épître suivante, nous trouvons cette personne tellement accablée de chagrin à cause de son péché que les Corinthiens étaient chargés de lui confirmer leur amour. Le fait de lier et de délier est vraiment simple, alors que les gens en font souvent quelque chose de mystérieux. Les seuls péchés que l’Église devrait juger sont ceux qui se manifestent de façon si évidente qu’ils exigent une répudiation publique selon la parole de Dieu. L’Église ne doit pas être un petit tribunal de jugement pour tout. Nous ne devrions jamais réclamer l’intervention de l’assemblée, sauf lorsque le mal est si net qu’il est capable d’entraîner les consciences de tous. C’est ce que je considère comme le sens de lier et délier.
« Alors Il enjoignit aux disciples de ne dire à personne qu’Il était le Christ » (16:20). C’est un changement remarquable qui se produit ici. Pierre avait confessé qu’Il était le Christ, le Fils du Dieu vivant : maintenant le Seigneur leur ordonne de ne dire à personne qu’Il fût le Christ. C’est comme s’Il disait : C’est trop tard ; je suis rejeté comme le Christ, c'est-à-dire le Messie, l’Oint de l’Éternel. Il était refusé par Israël, et Il acceptait ce fait. Mais notez une autre chose : « À partir de ce moment-là, Jésus commença à montrer à Ses disciples qu’il fallait qu’il aille à Jérusalem, qu’il souffre beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’Il soit mis à mort, et qu’Il ressuscite le troisième jour » (16:21). En Luc 9:20, il nous est dit : « Il leur dit : Mais qui dites-vous que je suis ? Pierre, répondant, dit : Le Christ de Dieu ». « Le Fils du Dieu vivant » n’est pas mentionné dans Luc : par conséquent, rien n’est dit sur le fait de bâtir l’Église. Combien l’Écriture est parfaite ! Dans Luc, le Seigneur poursuit en disant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, » etc. Il y a une grande distinction entre « le Christ » et « le Fils de l’homme ». Le titre de « Fils de l’homme » est Son titre comme rejeté, puis exalté dans le ciel.
Interdire aux disciples de dire qu’Il était le Christ est un tournant dans le ministère du Christ. Cela voulait dire que Christ abandonnait Son titre Juif, et Il parlait de Son Église. Avant qu’elle arrive, il dit : « Sur ce roc, je bâtirai Mon Église ». Dès lors, Il commença à leur montrer qu’Il devait « aller à Jérusalem, et souffrir beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, et être mis à mort, et ressusciter le troisième jour ». Tout cela est lié au fait de bâtir l’Église, laquelle a commencé à être bâtie après que Christ soit ressuscité d’entre les morts et ait pris Sa place dans le ciel. En Éphésiens, il n’est parlé de l’Église qu’après que la résurrection de Christ et Sa nouvelle place dans le ciel aient été introduites. On a Dieu qui choisit les saints dans le Christ Jésus, mais pas l’Église. L’élection est une chose individuelle. Il nous a choisis — vous et moi, et tous les autres saints — afin que « nous soyons saints et irréprochables devant Lui en amour ». Mais lorsque Paul a introduit la mort et la résurrection de Christ, il dit que Dieu « L’a donné pour être chef (tête) de toutes choses à l’Église, qui est Son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ».
Notez un fait solennel. Immédiatement après que Simon eut fait cette glorieuse confession du Seigneur Jésus, il est appelé, non pas Pierre, mais Satan ! Il n’avait pas dit une seule parole inconvenante, selon le jugement humain. Il ne s’était même pas laissé aller à la précipitation, selon son habitude. Le Seigneur n’a jamais appelé « Satan » une simple excitation ; mais Il a appelé Pierre « Satan » parce qu’il cherchait à Le détourner des souffrances et de la mort. Le secret était le suivant : Pierre avait les pensées tournées vers un royaume terrestre, et n’avait pas pleinement conscience de ce qu’était le péché ni de ce qu’était la grâce de Dieu. Il faisait obstacle sur le chemin du Seigneur allant à la croix. N’était-ce pas pour Pierre qu’Il y allait ? Si Pierre avait pensé à cela, aurait-il dit : « Seigneur, Dieu t’en préserve » ? C’était l’homme qui contrecarrait Christ, et Il le qualifie de Satan. « Il se retourna et dit à Pierre : Va arrière de Moi, Satan ; tu M’es en scandale ; car tes pensées de sont pas aux choses de Dieu, mais à celles des hommes » (16:23). Pierre sentant et agissant de cette manière se rattachait au mystère d’iniquité — non à ce qui lui avait été révélé par le Père.
Notre Seigneur se tourna vers les disciples et plaça devant eux que non seulement Il allait à la croix, mais qu’ils devaient être prêts à l’y suivre. Si je veux être sur le vrai chemin de Jésus, je dois renoncer à moi-même, prendre la croix et suivre — non pas les disciples, non pas telle ou telle église, mais — Jésus lui-même. Je dois me détourner de ce qui plaît naturellement à mon cœur. Je dois rencontrer la honte et le rejet dans ce présent monde mauvais. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez en être sûrs, je ne suis pas Jésus ; et rappelez-vous qu’il est dangereux de croire en Jésus sans Le suivre. Suivre Jésus, c’est peut-être perdre sa vie. À l’heure actuelle, il est relativement facile de confesser Christ. Il y a peu d’opposition ou de persécution. Les gens s’imaginent que le monde a changé ; ils parlent de progrès et de lumières acquises. La vérité est que les chrétiens sont changés. Demandons-nous si nous voulons être trouvés en train de prendre notre croix et de suivre Jésus. « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi la trouvera » (16:24, 25).
Quelles leçons pour nos âmes ! La chair s’arroge facilement la supériorité sur l’esprit ; et l’indulgence pour le chemin de la facilité arrive (bien que ce soit de Satan) sous le prétexte spécieux de l’amour et de la bonté. La croix de Christ est-elle notre gloire ? Sommes-nous prêts à souffrir en faisant Sa volonté ? Quelle illusion que l’honneur et la jouissance présents !
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Traduction en cours
Traduction en cours
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Lorsque Pierre entendit combien il était difficile pour les
riches d’être sauvés, il pensa qu’il était temps pour lui de parler de ce qu’ils
avaient abandonné pour l’amour du Seigneur, et d’apprendre ce qu’ils recevraient
en échange. « Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ;
que nous adviendra-t-il ? » Combien ces propos sont tristement
naturels ! « Jésus leur dit : En vérité je vous dis que vous qui
m’avez suivi, dans la régénération, quand le Fils de l’homme sera assis sur le
trône de sa gloire, vous aussi vous serez assis sur douze trônes, jugeant les
douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté maisons, ou frères, ou sœurs, ou
père, ou mère, ou femme, ou enfants ou champs pour l’amour de mon nom, en recevra
le centuple et héritera de la vie éternelle » (19:28, 29). Il n’y a rien que
le croyant fasses ou souffre dont il n’y aura le souvenir dans le royaume. Bien
que cela soit très béni, c’est aussi une pensée très solennelle. Nos actions
actuelles, bien qu’elles n’aient rien à voir avec la rémission de nos péchés,
sont pourtant de toute importance en tant que témoignage à Christ, et elles
auront un effet décisif sur notre place future dans le royaume. Nous ne devons
pas utiliser la doctrine de la grâce pour nier celle des récompenses ;
mais même ainsi, Christ est le seul motif
du saint. Nous recevrons pour
les choses faites dans le corps selon ce que nous aurons fait, soit bien soit
mal, comme le Seigneur le montre clairement ici. Les douze avaient suivi le Seigneur
rejeté, bien que ce soit Sa propre grâce qui leur en ait donné le pouvoir. Ce n’est
pas eux qui L’avaient choisi, mais Lui qui les avait choisis. Ils sont
maintenant réconfortés par l’assurance qu’au temps béni de la régénération, quand
le Seigneur opérera un grand changement dans ce monde (car de même qu’Il
régénère un pécheur avant de le ressusciter d’entre les morts, de même Il
régénérera, pour ainsi dire, le monde avant que les nouveaux cieux et la
nouvelle terre soient pleinement introduits), leur œuvre et leurs souffrances ne
seront pas oubliés de Lui.
Rappelez-vous que ce dont il est question ici ne se rapporte pas au ciel : il y a mieux à faire au ciel que de juger les douze tribus d’Israël. Il s’agit pourtant d’une destinée glorieuse réservée aux douze apôtres pendant le règne de Christ sur la terre. Une gloire semblable est destinée aux autres saints de Dieu, comme nous lisons en 1 Cor. 6:2 : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » Ceci est dit, là, pour montrer l’incongruité d’un saint cherchant le jugement du monde dans une affaire entre lui et un autre. Ceci devrait toujours occuper la première place dans les pensées du chrétien — se garder entièrement à part du monde, restant fidèle aux intérêts pour lesquels Christ l’a appelé. Et encore, juger le monde ne peut guère être ce que nous ferons dans le ciel, mais ce pourquoi nous sortirons du ciel avec le Seigneur pour agir quant à la terre. On ne peut pas perdre de vue une seule vérité de Dieu sans faire une perte pour son âme. C’est une vérité d’ordre inférieur, mais nous ne pouvons pas nous en passer. Nous devons toujours tirer nos armes du carquois du Seigneur et être certains que seules Ses flèches sont en action.
Quant à toutes les relations et avantages naturels de cette vie, s’ils sont perdus pour l’amour de Son nom, les perdants recevront le centuple et hériteront de la vie éternelle. L’évangile de Jean parle de la vie éternelle comme d’une chose que nous possédons maintenant : les autres en parlent comme d’une chose future. Nous en avons le principe maintenant en Christ, et nous l’aurons bientôt en plénitude dans la gloire. « Mais plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers » (19:30). Quelle indication dont Pierre devait se soucier ! Une revendication de propre justice est un piège facile, et trouve rapidement son niveau sous la puissante main de Dieu. Quitter tout, si on y attribue de la valeur, cela perd justement toute sa valeur. Ainsi, beaucoup de ceux qui avaient commencé à bien courir, se sont détournés de la grâce pour se tourner vers la loi ; et Pierre lui-même a été blâmé par le dernier des apôtres (mais en fait c’était le premier), comme nous le savons par les Galates (Gal. 2:11-21).
Que le Seigneur fasse de Sa grâce la force de nos cœurs ;
et si nous avons souffert la perte de quelque chose ou de toutes choses, puissions-nous
encore
les considérer comme des ordures afin de gagner Christ !
(Phil. 3:8).
Le ch. 19 s’est terminé par la doctrine importante selon laquelle le Seigneur se souviendra dans le royaume de toutes les souffrances et de tous les services rendus ici-bas pour l’amour de Son nom. Mais, bien qu’il s’agisse d’une vérité incontestable de l’Écriture à laquelle il est fait référence dans les épîtres de Paul et ailleurs dans le Nouveau Testament, il est évident que c’est une vérité dont le cœur serait prêt à abuser sous forme de propre justice ; on risque fort de vite oublier que tout est par grâce, et on est alors disposé à faire des réclamations à Dieu en raison de ce que Lui nous a rendu capable de faire. C’est pourquoi il est ajouté une parabole (20:1-14) qui introduit un principe tout à fait différent et dont la pensée dominante est la souveraineté de Dieu — le but exprès de cette parabole étant, je pense, de prémunir contre de tels abus. En effet, Dieu n’est pas injuste pour oublier l’œuvre et le travail d’amour que nous avons pu montrer pour Son nom (Héb. 6:10) ; mais il y a un danger à nous en souvenir. Du fait que Dieu n’oublie pas ce que les Siens font pour Lui, il ne s’ensuit pas que les Siens doivent eux-mêmes s’en souvenir. Il n’y a qu’une chose qui doit être l’objet de nos pensées et être devant nos âmes : c’est Christ Lui-même ; comme le dit l’apôtre : « Je fais une (seule) chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec efforts vers celles qui sont devant » (Phil. 3:14) — non pas oubliant ce que nous avons fait de mal : ce sera même le contraire en gloire. Quand il n’y aura plus un seul vestige d’humiliation, nous aurons un sens plus vif que jamais de nos multiples défaillances, mais pas comme produisant un sentiment de doute, de crainte ou de se sentir malheureux. De telles pensées seraient contraires à la présence de Dieu. C’est une bonne chose pour le croyant de penser à ce qu’il est, tout en tenant ferme sa pleine bénédiction — de s’humilier journellement devant Dieu, en se rappelant toujours que la véritable humiliation est à la base de ce que nous sommes enfants de Dieu. Si nous prenons la place d’être encore dans nos péchés, d’avoir sans cesse besoin, pour ainsi dire, de repartir à zéro, il ne peut pas y avoir d’expérience proprement chrétienne ni de progrès. Il y a une grande différence entre l’humiliation du pécheur et celle du saint qui, tandis qu’il a une nature mauvaise, a aussi une nouvelle nature en Christ. L’humilité est toujours juste, mais quand nous nous approchons pour adorer Dieu, ce n’est pas une preuve d’humilité de parler de nous comme de pauvres pécheurs. Nous nous réunissons pour jouir de Christ, pour mettre en avant ce que Dieu est ; peut-il y avoir, après tout, aucun doute que ceci montre réellement l’humilité la plus vraie et la plus authentique, même que cela implique la conscience de notre néant ? Une personne qui aurait une fonction auprès de la Reine, et qui aurait un respect approprié pour elle, penserait à la reine, et non à sa propre personne. Combien plus quand nous sommes en présence de Dieu ! Cela devrait remplir nos âmes de joie dans l’adoration du Seigneur. Ce qui est convenable pour un saint, ce qui est le plus agréable pour Dieu, ce n’est pas de nous mettre constamment en avant d’une manière ou d’une autre, même si dans un certain sens cela peut être juste de le faire dans notre bureau privé. Mais louer Dieu pour ce qu’Il est — par-dessus tout dans la connaissance de Son Fils et de Son œuvre — est la grande finalité de tous les voies de Dieu avec Ses enfants.
Ceci va être un test pour l’âme. Quand on est conscient qu’habituellement on est négligent et on manque de dépendance, avec les tristes résultats qui en découlent, le cœur n’est pas préparé à adorer. Dans de telles circonstances, l’Esprit réveille la conscience au lieu de faire épancher le cœur. Qu’est-ce que le Seigneur mérite de notre part ? Si nous allons pour la louange, pour rompre le pain en Son nom, ce n’est pas parce que nous pouvons être réconforté en autre chose que Lui ; ceci n’arrête pas, mais fortifie notre jugement de soi. Quel est le rôle de la Parole, et celui du Saint Esprit ? N’est-ce pas de nous faire croître jusqu’à Christ en toutes choses ? La pensée convenable qui se rattache à la table du Seigneur, est que je vais rencontrer Christ, que je vais Le louer ensemble avec Ses saints : ceci maintient un frein sur nos esprits, et amène devant nos âmes ce que c’est de rencontrer Christ et de se trouver dans Sa présence. L’adoration c’est l’âme qui se trouve dans la présence de Dieu en Esprit. Bientôt nous aurons l’adoration parfaite dans le ciel. Maintenant nous ne l’avons qu’en partie, comme nous ne connaissons qu’en partie. Mais en principe l’adoration du croyant est une chose céleste, même si elle est accomplie sur la terre, comme il est dit de nous-mêmes que nous sommes aussi célestes [1 Cor. 15:48]. Ce que nous avons à oublier, ce n’est pas nos insuffisances, ni y être indifférents ou les prendre à la légère ; mais « que chacun s’éprouve soi-même » (1 Cor. 11:28). ; c’est un examen intérieur de l’âme. Et quoi ensuite ? « Qu’il mange ». C’est-à-dire, même si le chrétien est conscient qu’il a oublié le Seigneur pendant la semaine, il n’a pas à perdre confiance en Lui. Que doit-il faire ? Aller à la table du Seigneur comme si cela n’avait pas d’importance ? Ce serait du péché. Doit-il se tenir loin, à l’écart ? Ni l’un ni l’autre. Que peut-il faire, alors ? Il a à se juger lui-même, à confesser sa faute, à s’humilier devant Dieu ; et « ainsi qu’il mange » (1 Cor. 11:28). C’est le chemin de Dieu. Une personne qui se tient loin à l’écart n’améliore pas la situation. Autant dire que je ne suis pas un chrétien du tout si je me tiens loin de la table du Seigneur ; ou bien je me suis si mal comporté que les autres ne me considéreraient pas comme un chrétien s’ils le savaient. Amener cela constamment devant l’âme est l’une des façons de Dieu de préserver du péché. Mais que ce soit fait à la maison dans l’esprit de jugement de soi-même, de sorte que, quand nous nous réunissons au nom du Seigneur, nous fassions monter la louange.
Afin de maintenir ce sens de la grâce, l’Esprit de Dieu a recours dans ce ch. 20 à la souveraineté de Dieu ; c’est le contrepoids à la propre justice qu’on trouve même dans le cœur d’un disciple. Pierre dit : « Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi », et le Seigneur l’assure que ce ne serait pas oublié ; mais il ajoute immédiatement la parabole du maître de maison [celle des ouvriers de la onzième heure]. Nous trouvons ici, non pas le principe des récompenses, ou la juste reconnaissance par Dieu du service rendu par Son peuple, mais on trouve les propres droits de Dieu, Sa propre souveraineté. C’est la raison pour laquelle il n’y a pas ici de différences — il n’y a pas de souvenir spécial dû à quelqu’un qui aurait gagné des âmes à Christ, ou aurait tout laissé pour Christ. Le principe est le suivant : bien que Dieu veuille reconnaître infailliblement tout service et toute perte par amour pour Christ, Il maintient néanmoins son droit à faire ce qu’Il veut. Une pauvre âme peut être amenée à la connaissance de Christ le jour de sa mort. Or Dieu le Père revendique Son propre droit à donner ce qu’Il veut ; la personne peut n’avoir fait aucune œuvre, mais Dieu se réserve le droit de donner à ceux qui n’ont rien fait du tout, sinon — comme nous pouvons le penser — juste ce qui est bon à Ses propres yeux. C’est un principe très différent de celui que nous avions au ch. 19, et excessivement contraire aux pensées de l’homme. « Le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit de bon matin pour embaucher des ouvriers dans sa vigne. Et quand il fut d’accord avec les ouvriers pour un denier par jour, il les envoya dans sa vigne » (20:1, 2).
L’application courante de cette parabole au salut de l’âme est une erreur. Car il s’agit de ce pour quoi Christ a travaillé, a souffert et a vécu, indépendamment de l’homme. Le pauvre pécheur n’a qu’à se livrer lui-même pour être sauvé par Christ. Lorsqu’il est amené à en finir avec lui-même, à reconnaître qu’il ne mérite rien d’autre que l’enfer, combien il est doux que Dieu mette devant une telle âme que Jésus-Christ (et c’est une parole qui demeure vraie) est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ! (1 Tim. 1:15). Quand on est content d’être sauvé comme n’étant rien qu’un pécheur, et par rien que par Christ, c’est là et alors seulement qu’est le vrai repos donné par Lui. Partout où l’on pense apporter sa contribution, il n’y a qu’incertitude, doutes et difficultés. Où est-ce que brille le salut de Dieu ? Christ seul est le salut. L’homme qui est sauvé ne contribue en rien que par ses péchés. Dieu trouve Son délice (surtout parce que c’est le fruit de Sa grâce) à entendre un pauvre pécheur reconnaître que Jésus est digne de l’amener au ciel, libéré du péché. Mais dans cette parabole, il ne s’agit pas de cela. Il n’y a rien en elle sur le fait de croire en Christ et en Son œuvre. C’est un travail positif qui est effectué. Alors vous allez dire : « le Seigneur va sûrement récompenser le travail selon le genre et le degré de ce qui a été fait ». Cela nous l’avons vu : mais il y a un autre principe qui n’est pas toujours compris : Dieu se réserve à Lui-même le droit de faire ce qu’il Lui plait, et Il ne fait jamais d’erreur. Cela peut paraître dur qu’un homme ait travaillé durement pendant 50 ans, et qu’un autre amené juste à la fin de sa vie soit honoré au ciel autant que le premier. Mais Dieu est le seul juste, le seul sage, seul juge de ce qui est pour Sa gloire. S’il Lui plait, Il mettra tous sur un pied d’égalité. Il récompensera le travail accompli, mais Il donnera comme Il veut.
« Quand il eut fut tombé d’accord avec les ouvriers pour un
denier par jour, il les envoya dans sa vigne. Il sortit vers la troisième heure
et en vit d’autres qui se tenaient oisifs sur la place du marché ; il leur
dit : Allez, vous aussi, à la vigne, et je vous donnerai ce qui est juste.
Et ils s’en allèrent » (20:2-4). Il ne s’agit pas ici de grâce au sens du salut.
« Je vous donnerai ce qui sera juste
». C’est Dieu qui juge ce
qui convient.
« Il sortit de nouveau vers la sixième et la neuvième heure, et fit de même ». Et, chose singulière, « il sortit vers la onzième heure ». Quel cœur cela révèle ! Quelle infinie bonté ! que Dieu, qui reconnaît tout service et toute souffrance pour Lui, garde cependant intacte la prérogative de sortir au dernier moment pour amener des âmes, et les occuper par ce qui pourrait sembler un petit service ! Mais Il peut donner la grâce de bien faire ce petit service. « Vers la onzième heure, il sortit et trouva d’autres qui se tenaient là, oisifs, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire. Et ils lui disent, parce que personne ne nous a engagés. Il leur dit : Allez, vous aussi, à la vigne, et vous recevrez tout ce qui sera juste. Le soir étant venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers, et donne-leur leur salaire, en commençant par les derniers jusqu’aux premiers » (20:6-8). « En commençant par les derniers » selon la parfaite sagesse de Dieu. Pourquoi y a-t-il tant d’insistance sur « les derniers » dans cette parabole ? Ce point est d’autant plus frappant qu’à la fin du ch. 19 il n’en était pas ainsi. Là (19:30), c’était les premiers qui seraient les derniers, et les derniers qui seraient les premiers. Mais ici (ch. 20), c’est toujours les derniers dont il est parlé en premier. Et encore, lorsque le maître de la vigne doit parler lui-même, c’est la même chose : « Les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers ». C’est la souveraineté de la grâce qui donne comme il Lui plaît ; non seulement en sauvant, mais en récompensant au temps de la gloire ; car c’est de cela qu’il est question.
Bien sûr, les derniers ont reçu leur salaire avec reconnaissance. Mais lorsque les premiers l’apprirent, ils commencèrent à penser qu’ils avaient droit à davantage, eux qui avaient porté le fardeau et la chaleur du jour. Mais le maître leur rappelle que tout était réglé avant qu’ils commencent leur travail. Dans leur égoïsme, ils oubliaient à la fois les conditions et la justice de celui avec qui ils avaient à faire. Si, par la libéralité de son cœur, il plaisait au maître de maison de donner aux derniers (qui avaient travaillé le douzième des autres) autant qu’aux premiers, qu’est-ce que cela leur faisait ? C’était entièrement son affaire. Dieu maintient Ses propres droits. Il est de la plus haute importance pour nos âmes que nous nous en tenions aux droits de Dieu en toute chose. Les gens discutent pour savoir s’il est juste que Dieu élise telle ou telle personne. Mais si vous vous mettez sur le terrain de la justice, tous sont perdus, et perdus pour toujours. Or, s’il plaît à Dieu d’user de Sa miséricorde selon Sa sagesse et pour Sa gloire, envers ces pauvres perdus, qui pourrait le Lui disputer ? « Qui es-tu, toi, ô homme, qui conteste contre Dieu ? » (Rom. 9:20). Dieu a le droit d’agir selon ce qui est dans Son cœur, et « le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? » (Gen. 18:25). A-t-Il le droit d’agir de Lui-même ? Il ne peut pas agir de la part de l’homme sur la base de la justice. Il n’y a pas de fondement sur lequel Il puisse agir ainsi ; il s’agit entièrement de Son bon plaisir. Et nous devons nous rappeler qu’il n’y a pas un seul homme qui soit perdu sinon celui qui rejette la miséricorde de Dieu, qui la méprise ou l’utilise pour ses propres objectifs égoïstes dans ce monde. L’homme qui est sauvé est le seul qui a un vrai sens du péché, le seul qui s’abandonne comme réellement perdu vis-à-vis de Dieu, mais qui s’en remet à Sa miséricorde infinie en Christ pour sauver un pécheur perdu.
Dans le cas que nous avons ici, quand le premier vint et se plaignit, le maître de maison répondit : « Ami, je ne te fais aucun tort. Ne t’es-tu pas mis d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui est à toi, et va-t’en ; je donnerai à ce dernier comme à toi. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui m’appartient ? Ton œil est-il mauvais, parce que je suis bon ? » (20:13-15). C’est là qu’apparaît tout le secret. Un homme, voire un disciple professant du Seigneur, un ouvrier dans Sa vigne, peut contester parce qu’il pense avoir droit à plus qu’un autre qui a fait peu de choses comparé à lui. C’est le même principe qui rendait les judaïsant si jaloux que les Gentils soient introduits. C’est pourquoi, dit le Seigneur, « les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers »
Je voudrais simplement demander pourquoi, dans le ch. 19, il était dit : « Beaucoup qui sont les premiers seront les derniers, et les derniers les premiers », et ici : « Les derniers seront les premiers, et les premiers les derniers » ?
S’agissant de récompenses, selon le travail accompli, c’est la défaillance de l’homme qui est indiquée ; car en effet, la faiblesse ne tarde pas à se manifester. « Les premiers seront les derniers » (19:30).
Mais dans la parabole du ch. 20, ce qui est indiqué est la souveraineté de Dieu qui ne fait jamais défaut ; par conséquent, ici, « les derniers seront les premiers et les premiers les derniers ». « Démas m’a abandonné, ayant aimé le monde [siècle] présent mauvais ». C’était un premier, peut-on dire, qui est devenu dernier — un ouvrier du Seigneur, qui n’a pas abandonné le christianisme, mais qui s’est fatigué du chemin de service incessant pour Christ. Si, au lieu d’être honorés aujourd’hui, les milliers de ceux qui sont engagés dans le service de Christ devaient recevoir mépris et persécution, il y aurait une forte diminution de leurs rangs. Ce qui est reçu en retour pour le temps présent doit être la honte et la persécution. Voilà à quoi doit s’attendre celui qui cherche intelligemment à servir fidèlement le Seigneur dans ce monde. Démas était peut-être un croyant ; mais l’épreuve et l’opprobre, l’amour des aises et d’autres choses, tout cela s’est imposé à son esprit, et il a abandonné le service du Seigneur. « Tous cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus Christ » (Phil. 2:21) est un principe similaire.
Et maintenant le Seigneur monte à Jérusalem, et prépare ses disciples à des difficultés encore plus grandes. « Voici, nous montons à Jérusalem ; le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs (grands prêtres) et aux scribes ; ils le condamneront à mort, et le livreront aux Gentils pour s’en moquer, le fouetter et le crucifier ; et le troisième jour, il ressuscitera » (20:18, 19). Même après cela, tant le cœur de l’homme est égoïste, la mère des enfants de Zébédée vient à Lui avec ses fils, qui étaient parmi les apôtres et, Lui rendant hommage, elle Lui demanda quelque chose. Il lui dit : « Que veux-tu ? Elle lui dit : Ordonne que mes deux fils que voici, s’asseyent l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume » (20:21).
Un autre principe se dégage alors ; car l’humiliation de
Christ était si parfaite, son renoncement à soi-même était tel chez Celui qui avait
seul une connaissance parfaite de tout et un droit à tout par Sa gloire personnelle,
qu’Il a pu dire : Je n’ai pas de place à vous donner dans Mon royaume — il
ne M’appartient pas de donner, sauf selon ce que mon Père désire. Mais j’ai
quelque chose à vous donner maintenant : c’est la souffrance. Oui, souffrir
est ce que Christ donne à Ses serviteurs maintenant, et Il le donne comme un
très haut privilège. Lorsque l’apôtre Paul a été converti, il a demandé tout de
suite : « Que veux-tu que je fasse
? » Le Seigneur
lui dit quelles grandes choses il devrait souffrir
pour l’amour de Son
nom. Souffrir tout est meilleur que faire quelque chose. C’est la meilleure portion
qu’un saint puisse avoir dans ce monde. Le plus grand honneur que nous puissions
avoir ici est de souffrir avec Christ et pour Christ.
C’est ce que notre Seigneur fait savoir à la mère des enfants de Zébédée. « Jésus répondit et dit : Vous ne savez pas ce que vous demandez. Êtes-vous capables de boire la coupe que, moi, je vais boire(, et d’être baptisés du baptême dont, moi, je suis baptisé - KJV) ? Ils lui répondent : Nous le pouvons » (20:22). Il a assumé deux sortes de souffrances différentes : la coupe, qui est la souffrance intérieure, et le baptême, qui exprime ce dans quoi nous sommes plongés extérieurement. Les deux comprennent toutes sortes d’épreuves, intérieures et extérieures. Le Seigneur ne parle pas ici de la croix en expiation, car il ne peut y avoir de communion dans ce domaine. Mais il peut y avoir la croix dans le rejet, sans que ce soit en expiation. Il peut y avoir un partage de ce que Christ a souffert de la part des hommes, mais pas de ce qu’il a souffert de la part de Dieu. Lorsqu’Il a souffert pour le péché sur la croix, la relation est abandonnée, et Il se courbe dans une grâce infinie vers la place du jugement. Il est fait péché. Il réalise ce que c’est que d’être abandonné de Dieu, en se rendant responsable des péchés des hommes. C’est pourquoi, dans ce moment terrible sur la croix, il dit : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Nous n’avons rien à voir avec cela. Dieu a abandonné Jésus pour qu’Il ne nous abandonne pas. Dieu n’abandonne jamais un chrétien et ne se cache même pas de lui. Depuis la mort de Christ, on ne trouve pas dans l’Écriture Dieu se cachant d’un croyant. Nous n’en avons pas la promesse simplement, mais nous en avons l’accomplissement. Le premier principe et le point actuel de l’évangile, c’est un pardon parfait et une réconciliation parfaite. Nous sommes approchés de Dieu par le sang de Christ et pardonnés de toutes nos fautes.
Le Seigneur leur dit alors qu’ils ne savaient pas ce qu’ils
demandaient, et Il leur demande s’ils pouvaient boire de la coupe qu’Il allait
boire et être baptisé du baptême dont Il allait être baptisé. Ils Lui répondent :
« nous le pouvons ». Ils ne savaient pas ce qu’ils disaient, pas plus
qu’ils ne savaient ce qu’ils demandaient. En effet après cela, alors que notre
Seigneur était seulement en danger
de mort, nous constatons qu’ils L’abandonnèrent
tous et s’enfuirent. Quant à l’un de ces fils de Zébédée (Jean), s’il s’est
aventuré dans la salle du jugement, c’était simplement, pour ainsi dire, sous le
vêtement du grand sacrificateur, c’est-à-dire sous le prétexte qu’il était
connu de lui (Jean 18:16). Si Pierre a suivi de son propre chef, ce ne fut que
pour montrer sa faiblesse complète. En présence d’une telle coupe et d’un tel baptême,
le Seigneur dit : « Vous boirez vraiment de ma coupe, et vous serez baptisés
du baptême dont je suis baptisé » (non pas : vous en êtes capables) : « mais
de s’asseoir à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de le donner, mais cela
sera donné à ceux
pour lesquels mon Père l’a préparé » (20:23). Je voudrais
seulement faire remarquer que les mots mis en italique (et insérés sans garantie
dans la version autorisée KJV) gâchent beaucoup le sens. Sans eux, le sens est
meilleur. C’était à Lui de donner, mais seulement à ceux à qui le Père le destinait.
Christ est l’administrateur des récompenses du royaume. Il dit maintenant, Comme
je suis maintenant serviteur dans la souffrance, Je le serai dans la gloire. En
tout, Christ est Celui qui tourne toutes choses à la gloire de Dieu. Tout genou
se ploiera à Son nom, et toute langue confessera que Jésus est Seigneur ;
mais ce sera alors à la gloire de Dieu le Père.
« Et quand les dix l’entendirent, ils furent indignés contre les deux frères » (20:24). Une bonne part de leur indignation n’était pas meilleure que la leur. Leur orgueil était blessé. Sans doute, il leur semblait très juste de rabaisser ces deux frères si imbus d’eux-mêmes. Mais pourquoi étaient-ils ainsi indignés ? parce qu’eux aussi étaient imbus d’eux-mêmes. Christ n’était pas rempli d’indignation — c’était un chagrin pour Lui : mais eux étaient animés d’un vif sentiment contre les deux frères. Nous devons faire attention. Souvent, lorsque nous cherchons à rabaisser ceux qui cherchent à s’exalter, il y a aussi du moi de notre part également. Supposons que l’un d’entre nous soit tombé dans le péché. Il y a souvent beaucoup de sentiments forts à ce sujet : mais est-ce la meilleure façon de montrer notre sens du péché ? Ceux qui ressentent le plus pour Dieu, ont toujours les sentiments les plus profonds pour les pauvres pécheurs, et pour les saints qui se sont éloignés de Dieu. « Si quelqu’un s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que, toi aussi, tu ne sois tenté » (Gal. 6:1).
« Jésus les appela auprès de Lui, et dit : Vous savez que les chefs des nations dominent sur elles, et que les grands usent d’autorité sur elles » (20:25). Il mit le doigt sur justement cet amour de la grandeur en eux. Ils le condamnaient bruyamment chez Jacques et Jean, mais le sentiment avec lequel ils le condamnaient trahissait qu’ils avaient la même pensée dans leur propre cœur. « Il n’en sera pas ainsi parmi vous » dit le Seigneur, « mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre ministre (= serviteur) ; et quiconque veut être chef parmi vous, qu’il soit votre serviteur ». Il y a une différence entre ces deux mots. Le mot traduit par « ministre » signifie un serviteur, mais pas nécessairement un esclave ; ce peut être une personne embauchée. Mais au v. 27, il s’agit d’un serviteur ou esclave. Voulez-vous être vraiment grand selon les principes de Mon royaume ? Descendez aussi bas que vous le pouvez. Voulez-vous être le plus grand ? Descendez plus bas que tous. Celui chez qui il y a le moins de soi, est le plus grand dans le royaume des cieux. Car « le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup » (20:28). Il a pris la place la plus basse de toutes, et a donné sa vie en rançon pour beaucoup. Que Son nom soit béni à jamais !
Les derniers versets (20:29-34) appartiennent proprement au ch. 21 qui suit ; il s’agit de l’approche de notre Seigneur à Jérusalem par le chemin de Jéricho. Et il est nécessaire de prendre les deux chapitres ensemble, pour avoir la connexion correcte entre tout ce que le Saint Esprit nous a donné ici.
Mais je ne peux pas clore cette partie du sujet sans rappeler l’attention sur les principes du royaume de Dieu tels que Christ lui-même nous les a montrés. Quel appel merveilleux au service dans le renoncement à soi-même ! Quelle joie de penser que tout ce qui est maintenant une épreuve sera trouvé comme une joie dans ce royaume ! Il y en a qui pensent avoir eu la faveur de peu d’occasions de servir le Seigneur — qui sont exclus de ce que leur cœur désirerait [les ouvriers de la onzième heure]. Souvenons-nous que Celui qui sait tout, se réserve le droit de donner ce qu’Il veut aux Siens et de ce qui est à Lui. Il fera le mieux selon Son cœur. Notre affaire maintenant est de penser à Celui qui est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup (20:28). C’est là notre principal appel et besoin — être des serviteurs de Christ en nous servant les uns les autres.
Dans la transfiguration, nous avons un tableau du royaume à venir ; Christ, la Tête (chef) et le Centre, avec des représentants de ses éléments célestes et terrestres ; d’un côté, Moïse et Élie glorifiés ; et de l’autre, les trois disciples dans leurs corps naturels. Il s’agit d’un tournant dans l’histoire du parcours de notre Seigneur, que Jean passe sous silence, mais qui est donné pleinement dans les trois autres évangiles. La croix, à cause du péché, est le fondement de toute gloire. Il ne peut y avoir rien de stable ni de saint sans elle. C’est l’unique canal par lequel coulent vers nous toutes nos bénédictions ; et la mort de Christ, nous le savons par Luc, était le sujet dont on parlait sur la sainte montagne. Mais Jean ne nous donne rien de cette scène, car il est occupé par Christ en tant que Fils. Dans Jean, nous avons, non pas le côté humain, mais la déité du Seigneur Jésus Christ : Son rejet par Israël, et en conséquence le rejet d’Israël par Dieu, sont supposés dès le début de l’évangile de Jean : comme nous le lisons, « Il vint chez soi, et les siens ne l’ont pas reçu ». Or, la transfiguration ne fait pas ressortir la déité de Christ, mais Sa gloire en tant que Fils de l’homme exalté, reconnu en même temps en tant que Fils de Dieu. C’était un échantillon de la gloire du Seigneur dans Son royaume futur, avec les types de certains qui seront ressuscités, et d’autres qui seront dans leur état naturel. Il en sera ainsi bientôt.
Jean ne nous montre pas la montagne, mais la maison du Père. Celle-ci
est pour l’Église. Le monde peut voir plus ou moins la gloire, telle qu’annoncée
sur la montagne, mais ce n’est pas notre meilleure part. Nous attendons « la bienheureuse
espérance
» et l’apparition de la gloire. Notre espérance c’est Christ et être
avec Christ dans les plusieurs demeures de la maison du Père — une espérance
qui dépasse de loin toute bénédiction du royaume. Elle ne sera pas non plus donnée
à voir. Les secrets de l’amour et de la communion que l’Église aura avec Christ
ne peuvent jamais être manifestés au monde. Qui pourrait ou voudrait maintenant
publier les plus tendres sentiments de son cœur ? Sans doute la gloire, la
pompe extérieure, et la place de puissance que l’Église possédera dans le
royaume à venir seront manifestées, car elles constituent quelques-uns des aspects
principaux du règne millénaire. Nous régnerons avec Christ, la gloire de l’Époux
enveloppant, pour ainsi dire, l’Épouse. Si nous faisant bien la distinction de
ce que l’Écriture distingue, nous trouverons une distinction nette entre d’une
part la position propre et les espérances de l’Église, et d’autre part les gloires
du royaume, si réelles soient-elles, que tous les glorifiés partageront quand le
royaume sera établi en puissance. Ainsi la montagne de la transfiguration tient
une place importante dans les trois évangiles synoptiques, en ce qu’elle montre
Christ dans sa capacité de Messie, de Serviteur et de Fils de l’homme. En tant
que tel, Il sera présenté selon le modèle sur la montagne, et c’est pourquoi
les trois évangélistes, qui présentent Christ sous ces trois aspects, nous donnent
la transfiguration. La pensée de la réception actuelle par les Juifs était entièrement
abandonnée, et la chose nouvelle commence à être annoncée immédiatement avant
la transfiguration. Christ devait souffrir et mourir : et ceux qui le
suivraient durant Son rejet seraient dans le royaume, mais non pas comme sujets ;
ils seront rois avec Lui quand Il régnera. Quand la responsabilité et même les
privilèges individuels
sont introduits, « le royaume » est la
pensée ; mais quand ce qui est envisagé est notre place collective, il est
parlé de « l’Église » (Matt. 16 et 18).
La fin de notre chapitre, à partir de Matthieu 20:30, est une préface à Matthieu 21, où nous avons la dernière présentation formelle du Roi — non pas avec la pensée d’être reçu ; mais pour combler l’iniquité de l’homme et accomplir les conseils de Dieu, Il se présente Lui-même comme tel. Nous Le trouvons d’abord en route pour Jérusalem, et deux aveugles lui crient : « Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David ! » Ils ne savaient rien de la crise imminente, mais ils étaient néanmoins complètement dans l’esprit de la scène. Le Saint-Esprit agissait sur eux de façon à ce qu’ils rendent témoignage à Jésus, qui allait être présenté publiquement pour la dernière fois comme l’Héritier du trône. Quel tableau ! Les voyants, dans leur dureté aveugle de cœur, rejetant leur propre Messie, pourtant reconnu par les Gentils comme le Roi des Juifs qui était né ; et les pauvres aveugles, par la foi, Le confessant à haute voix comme le vrai Roi. Peut-être que leur principal et unique désir était d’être guéris de leur cécité. Soit, mais Dieu, en tout cas, donna à leur foi l’objet approprié et la juste confession pour ce moment-là, car Il dirigeait la scène. Quelle qu’ait été la pensée des aveugles en criant après le Seigneur, le dessein de Dieu était qu’un témoignage convenable soit rendu à Son Roi, le « Fils de David ». Un Juif comprenait bien tout ce qu’implique ce titre. Quelle condamnation des pharisiens qui avaient rejeté Christ ! Le point de vue le plus élevé n’est pas toujours le plus adapté ; un point de vue inférieur est quelquefois beaucoup plus juste. Ainsi, la confession de Christ comme « Fils de David » était plus en harmonie ici que s’ils avaient dit : « Tu es le Fils de Dieu ». Cela peut paraître étrange quand on n’a pas pesé les différents titres ; mais en Le saluant selon Sa gloire juive, ils prononçaient ce qui était à l’unisson de ce que Dieu était alors en train de faire.
Permettez-moi de demander, avec respect, pourquoi la
résurrection de Lazare a-t-elle été omise dans les trois premiers évangiles ?
L’homme, si ces récits avaient été son œuvre, ne l’aurait sûrement pas omise :
il aurait estimé son insertion dans tous les évangiles comme nécessaire pour
avoir un récit complet et fidèle. On l’aurait jugé bien trop important pour le
laisser de côté sous quelque considération que ce soit. L’omission d’un miracle
aussi stupéfiant dans Matthieu, Marc et Luc, indique clairement que c’est l’Esprit
de Dieu qui a opéré souverainement et a fait écrire par chacun dans un but
particulier. S’il en est ainsi, ce que les hommes appellent incohérences et
imperfections, sont en réalité des perfections dans la parole de Dieu. C’était
une partie du dessein de Dieu d’omettre ce miracle ; car Il ne présente
que les faits qui conviennent à Son dessein dans chaque évangile. Or le miracle
de la résurrection de Lazare ne présente pas Christ comme le Messie, ou comme le
Serviteur, ou comme le Fils de l’Homme, mais comme le Fils de Dieu qui donne la
vie et ressuscite les morts — un grand point de doctrine dans Jean 5 — c’est
pourquoi il n’est donné que dans l’évangile de Jean. Il y a eu d’autres miracles
de résurrection d’entre les morts dans les autres évangiles, mais la vérité de Sa
qualité de Fils et la gloire actuelle de Jésus en communion avec le Père n’est
pas mise en avant dans ces autres évangiles. Ce n’est donc pas en tant que Fils
de Dieu qu’Il y apparaît. Prenez, par exemple, la résurrection du fils de la
veuve de Naïn. Quelles sont les circonstances qui y sont mises en évidence ?
Il était le fils unique de sa mère, et elle était veuve. Luc, ou plutôt l’Esprit,
a soin de le noter, car c’est ce qui donne son sens à cette histoire touchante.
« Il le rendit à sa mère ». C’est la sympathie humaine du Seigneur,
le Seigneur en tant que Fils de l’homme
, qui est l’objet ici. Il est
vrai qu’Il devait être Fils de Dieu, sinon Il n’aurait pas pu ressusciter ainsi
le mort. Si la Déité et la relation au Père de Celui qui s’est fait chair
avaient été la seule vérité à montrer, les circonstances qui l’accompagnent n’auraient
pas eu besoin d’être racontées ; l’évangile de Jean aurait pu suffire, et
c’est ce qu’il fait, pour montrer éminemment le Seigneur Jésus comme Fils.
Tout cela manifeste la perfection de la parole de Dieu dans ces évangiles. Un esprit qui Lui est soumis voit cela, et Il enseigne ceux qui se soumettent et se confient en Lui. Un aveugle est guéri en Jean 9, mais il ne s’agit pas là de ceux des environs de Jéricho qui font appel à Jésus ; en Jean 9, tandis qu’Il passait (Jean 9:1), Jésus vit un homme aveugle de naissance. Rejeté par les hommes, Jésus allait ici et là cherchant des objets sur lesquels accorder sa bénédiction ; le Fils agissant en grâce et en vérité, sans être sollicité, a vu le besoin profond, et a agi en conséquence. C’était une occasion d’accomplir les œuvres de Dieu. Il n’attend rien, va vers l’homme, et l’œuvre est faite, bien que ce soit le jour du sabbat. Comment le Fils de Dieu pouvait-il se reposer en présence du péché et de la misère, quel que soit le sentiment d’orgueil religieux ? Le Seigneur ne le quitte pas avant qu’il puisse Le reconnaître comme « Fils de Dieu » et L’adorer. De plus, nous pouvons dire que Jean ne mentionne jamais un miracle simplement par étalage de puissance, mais pour attester la gloire divine de Christ.
Dans Matthieu, il s’agit du Messie rejeté. Ici (ch. 20), Jésus étant méprisé par la nation, Dieu fait en sorte que deux aveugles Lui rendent témoignage comme Fils de David, et ceci dans le lieu bien connu de la puissance triomphante d’Israël, mais hélas ! aussi de l’incrédulité rebelle entrainant une malédiction, — incrédulité quant au Messie venu en grâce, capable de bénir et prêt à bénir.
Le lieu (près de Jéricho) était maudit. Mais si Jésus est venu en
tant que Messie, bien que les Juifs le rejettent, Il se montre comme l’Éternel —
non seulement Messie sous la loi, mais l’Éternel au-dessus
d’elle ;
et ainsi Il les bénit même à Jéricho, et ils Le suivent. C’est la place qu’Israël
aurait dû prendre : ils auraient dû connaître leur Roi. Les deux aveugles étaient
un témoignage pour Lui, et contre eux. C’était un témoignage compétent — deux
témoins : « Par la bouche de deux témoins,… » etc. Marc et Luc, dont l’objet
n’était pas de faire ressortir un témoignage valable selon la loi, n’en
mentionnent qu’un seul. Il n’y a pas contradiction en cela. Une chose est
certaine, ils furent tous les deux guéris dans le voyage de Jéricho à Jérusalem.
Luc ne mentionne que le voisinage de Jéricho — non pas « comme Il s’approchait »
de Jéricho, mais « comme Il était près », ce qui est également vrai s’Il
quittait Jéricho. La version autorisée (KJV) a accru la difficulté involontairement.
Jésus arrive sur le mont des Oliviers. Les Juifs savaient bien ce qui avait été prophétisé au sujet de cette montagne ; ils auraient dû entrer dans l’esprit de ce que le Seigneur était en train de faire.
L’envoi pour l’ânon montre le Seigneur comme l’Éternel qui a un droit absolu à tout : « Le Seigneur (l’Éternel) en a besoin » (21:3) (*). Quoi de plus complet que Sa connaissance des circonstances au sein de l’avenir ? Combien est évident Son contrôle sur les pensées et les sentiments du propriétaire ! Il était débonnaire, assis sur un âne, le Roi de Sion selon le prophète ; Il était en effet aussi sûrement l’Éternel, que le Messie venant en Son nom — avoir un « besoin » est aussi étonnant que la gloire de Sa personne.
(*) Note de l’éditeur : Matthieu seul mentionne « une ânesse attachée, et un ânon avec elle », selon Zach. 9:9. « Ils amenèrent l’âne et l’ânon, mirent leurs vêtements sur eux, et Il s’assit dessus » (Matt. 21:2, 7). Les trois autres évangiles ne mentionnent que l’ânon. Ici, dans Matthieu, l’ancien Israël et la nation renouvelée sont ainsi reliés l’un à l’autre. L’entrée du Seigneur à Jérusalem se fait sur « l’ânon, le petit d’une ânesse », le nouvel Israël le fera entrer avec des Hosannas ! La vision dispensationaliste de Matthieu nous est ainsi à nouveau présentée. L’âne était, selon la loi un animal « impur » ; mais son ânon pouvait être racheté. Voir Job 11:12 ; Ex. 13:13 ; 34:20, etc.
Le Seigneur se dirige vers Jérusalem. Et la foule crie : « Hosanna au Fils de David !… Voici, ton roi vient ». Ils appliquent le psaume 118 au Messie, et ils avaient raison. Ils pouvaient être très inintelligents, et peut-être quelques-uns se joignirent plus tard au cri terrible : « Que son sang soit sur nous… » ; mais ici c’est le Seigneur qui guide la scène. Il entre dans la ville, mais il est inconnu (21:10) : Ses propres concitoyens ne Le connaissent pas. Ils demandent : « Qui est celui-ci ? » Et la foule qui venait juste de dire « Hosanna au Fils de David ! » a si peu d’intelligence qu’elle répond : « C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée ».
Mais bien qu’ils ne voient que Jésus de Galilée, Lui se montre comme Roi, et prend une place d’autorité et de pouvoir. Il entre dans le temple, et renverse les tables des changeurs, etc. On peut certainement considérer cela comme un incident miraculeux, car il était étonnant que Celui qu’ils ne connaissaient que comme le prophète de Nazareth entre si hardiment dans leur temple et en chasse tous ceux qui le profanaient. Mais ils ne se tournent pas contre Lui. La puissance du Dieu du temple était là, et ils s’enfuient, leurs consciences se faisant sans doute l’écho des paroles du Seigneur selon lesquelles ils avaient fait de Sa maison une caverne de voleurs. Nous voyons ici, non seulement le témoignage de la foule rendu à la royauté de Jésus, mais la réponse à ce témoignage, pour ainsi dire, dans l’acte de Jésus. C’est comme s’Il avait dit : « Vous me saluez comme Roi, et Je vais vous prouver que Je le suis », en conséquence de quoi, Il règne, pour ainsi dire, en justice, et Il purifie le temple souillé. Dans quel état les Juifs n’étaient-ils pas tombés !
Il est rendu un témoignage clair à ce que Jésus pensait d’eux,
car y a-t-il une condamnation plus sévère que : « Ma maison… la maison
de prière… vous en avez fait une caverne de voleurs ! » (21:13). Il
y a eu deux purifications — l’une avant que commence le ministère public de
notre Seigneur, et l’autre à sa fin. Jean rapporte la première ; Matthieu
la dernière. Dans notre évangile, il s’agit d’un acte de pouvoir du Messie qui nettoie
Sa propre maison, ou, du moins, agit pour Dieu, en tant que Son Roi. En Jean,
il s’agit plutôt d’un zèle pour défendre l’honneur de la maison de Son Père auquel
il était porté atteinte — « Ne faites pas de la maison de mon Père
une maison de trafic ». Une raison collatérale pour laquelle Jean nous
parle de la première purification au début de son évangile, est que Jean suppose
le rejet d’Israël dès le début. Ainsi, le rejet du peuple par Christ que cet
acte manifestait, était la conséquence inévitable de ce qu’ils rejetaient Christ :
c’est là le point de départ que Jean établit et à partir duquel il commence par
les voies du Seigneur avant Son ministère.
Mais maintenant (21:14) les aveugles et les boiteux viennent à Lui pour être guéris. « Il guérit leurs maladies et pardonna leurs iniquités ». Ces deux classes de personnes étaient haïes de l’âme de David — par une effet de la raillerie sur David (2 Sam. 5:6-8). Quel contraste béni avec le Fils de David ! Il chasse du temple les religieux égoïstes, et y reçoit les pauvres, les aveugles et les boiteux, et les guérit — justice parfaite et grâce parfaite.
D’un côté, il y a les voix des enfants qui crient « Hosanna », etc. — l’attribution de la louange à Lui en tant que Roi, Fils de David ; d’autre part, il y a le Seigneur agissant en tant que Roi, et faisant ce que les Juifs savaient bien avoir été prophétisé de leur Roi. Il était là le Roi confessé, mais pas confessé par les chefs des prêtres (principaux sacrificateurs) et les scribes, qui en ont pris ombrage, Le rejetant sciemment et volontairement : « Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous » (Luc 19:14). Naturellement, donc, ils cherchent à faire taire les enfants, et demandent à Jésus de les réprimander : « Entends-tu ce que ceux-ci disent ? » (21:16). Mais le Seigneur met Son approbation sur leurs louanges : « N’avez-vous jamais lu : Par la bouche des petits-enfants et de ceux qui tètent, Tu as établi ta louange ? » (21:16). La puissance de l’Éternel était là, et il y avait une bouche pour la reconnaître, même si ce n’était que chez des enfants et des nourrissons. C’est une scène merveilleuse. Le Seigneur fait ici une citation du Ps. 8 où Il est vu comme Fils de l’homme après Son rejet comme Fils de David au Ps. 2 et suiv. Au Ps. 8 nous avons les souffrances et l’exaltation du Fils de l’homme. Hérode et Ponce Pilate, les Gentils et Israël, se réunissent et agissent pour le pire. Refusé alors comme Messie, Il prend la place plus élevée de Fils de l’homme, d’abord dans l’humilité, ensuite glorifié. Les aveugles sont les premiers à Le reconnaître, puis les petits-enfants en dernier et d’une manière plus profonde. Qu’est-ce que Dieu n’a-t-Il pas opéré !
Alors « Il les laissa » — un acte significatif et solennel. Ils L’ont rejeté, et Il les abandonne, tournant le dos à la ville bien-aimée.
De retour à Jérusalem le lendemain, le Seigneur a faim, il cherche du fruit sur le figuier, mais il n’en trouve pas (21:18-19). Il prononce alors une malédiction sur lui, et aussitôt il se dessèche.
Marc dit que le temps des figues pour le figuier n’était pas encore venu. Beaucoup ont été perplexes à ce sujet, se demandant si le Seigneur cherchait des figues à un moment où il ne pouvait pas y en avoir. Le sens est que le temps de la cueillette des figues n’était pas venu ; en conséquence, si l’arbre en avait porté, le Seigneur aurait dû en trouver dessus, mais le temps des figues, le temps de les cueillir, n’était pas encore. Il aurait dû y avoir une manifestation de fruits, mais il n’en apparaissait point, sauf des feuilles — seulement une profession extérieure. C’était complètement stérile. Le Seigneur prononce une malédiction sur lui, et à l’instant il sécha. Quand on compare à Marc 11:12, on voit que Matthieu ne prend pas le temps en considération, car l’incident s’est passé sur deux jours qu’il regroupe sans distinguer. La sentence sur le figuier était une malédiction emblématique sur le peuple dans la mesure où c’était l’arbre national — Israël était le figuier. Le Seigneur n’a trouvé que des feuilles, et la parole est que désormais aucun fruit ne pousserait jamais sur lui. La nation n’avait pas porté de fruit pour Dieu quand elle avait tous les moyens et toutes les occasions de Le glorifier et de Le servir ; et maintenant tous ses avantages lui sont enlevés, et la vieille souche est abandonnée — un arbre mort. Mais maintenant le résidu qui croit en Christ est excepté de la malédiction, ainsi que « la génération à venir ».
Les disciples s’étonnèrent ; mais le Seigneur leur dit encore : « Si vous disiez à cette montagne (qui symbolise la place politique d’Israël parmi les nations, comme exaltée parmi elles) : Jette-toi dans la mer », etc. C’est ce qui a été fait. Non seulement il n’y a pas de fruit porté pour Dieu, mais Israël, en tant que nation, a disparu — jeté dans la mer — dispersé et en apparence perdu dans la masse des peuples — foulé aux pieds et opprimé par les Gentils.
Ici donc, dans ces miracles et ces scènes, on a un témoignage remarquable de la dernière présentation du Seigneur aux Juifs, et un tableau également frappant du jugement de Dieu sur Jérusalem et les Juifs à cause de leur rejet du Messie qui, selon Daniel 9 a été retranché et n’a rien eu — seulement pour avoir bientôt toutes choses bien plus glorieusement ; et si nous souffrons nous régnerons aussi avec Lui.
Les principaux sacrificateurs et les anciens d’Israël viennent maintenant attaquer le Seigneur en lui demandant : « Par quelle autorité fais-tu ces choses ? » (c’est-à-dire de chasser les marchands de l’enceinte du temple) — « et qui T’a donné cette autorité ? ». Ce n’était pas eux, en effet, qui l’avaient donné, et leurs yeux étaient fermés sur Sa gloire. Notre Seigneur répond en demandant ce qu’ils pensaient du baptême de Jean. Il ne fait appel ni à des miracles ni à des prophéties, mais à la conscience. Combien était évident l’accomplissement des anciens oracles dans Sa personne, dans Sa vie et dans Son ministère ! Combien était complet le témoignage de signes et miracles opérés par Lui ! Pourtant, leur question prouvait combien tout avait été vain, tandis que Sa question à Lui prouvait leur malhonnêteté ou leur incompétence. Dans un cas comme dans l’autre, qui étaient-ils pour juger ? Ils étaient loin de se douter qu’eux-mêmes et toutes les autres classes d’Israël, en cherchant à débattre sur le Seigneur de la gloire, ils ne faisaient en réalité que découvrir leur propre éloignement de Dieu et leur aliénation. Il en est toujours ainsi, en effet. Notre jugement, ou notre refus de juger, sur ce qui concerne toutes choses, sur Christ par-dessus tout, est un indicateur infaillible de notre propre condition.
Dans le cas présent (21:23-27), le manque de conscience était manifeste, mais il n’est jamais aussi fatal que chez des guides religieux. « Ils raisonnaient en eux-mêmes, disant : Si nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi ne l’avez-vous pas cru ? Et si nous disons : Des hommes, nous craignons la foule, car tous tiennent Jean pour un prophète ». Dieu n’était pas dans leurs pensées ; et ainsi tout était faux et erroné. Si Dieu n’en est pas l’objet, le moi est l’idole, et rien n’est plus dégradant. Ces principaux sacrificateurs (prêtres) étaient au fond les esclaves du peuple sur la foi ou la superstition duquel, ils dominaient. « Nous craignons la foule ». Cela au moins était vrai. « Et ils répondirent à Jésus : Nous ne pouvons pas dire ». Ceci était clairement faux, le simple expédient de gens qui préfèrent alléguer leur incapacité à juger ce qui relève de leur propre sphère, plutôt que de reconnaître que ce qu’ils savent doit les convaincre qu’ils combattent contre Dieu. Ils pouvaient dire, mais ils ne voulaient pas, par crainte des conséquences. Dans les mains de Satan, ils étaient l’énergie principale du mal et les ennemis du bien, leur intérêt personnel étant toujours opposé aux intérêts réels du peuple de Dieu. Guides aveugles de leur propre aveu ! C’était infiniment pire que l’aveuglement qui, gouverné par les bas motifs des avantages présents et de l’importance de soi, méconnaissait Dieu manifesté en chair et rejetait, par incrédulité, des richesses bien plus grandes que les trésors de l’Égypte (Héb. 11:26) !
À de tels guides aveugles, le Seigneur refuse avec une suprême dignité de rendre compte de Son autorité : Il y avait trop souvent rendu témoignage auparavant. Le Lui demander maintenant, fournissait la meilleure preuve qu’une réponse était inutile. Comment expliquer la couleur à des gens qui ne voient pas ? à des gens qui ne voulaient pas voir s’ils avaient pu ?
Mais notre Seigneur fait plus. Dans la parabole des deux fils auxquels il est commandé d’aller travailler dans la vigne, il convainc ces chefs religieux de ce qu’ils sont pire devant Dieu que les classes les plus méprisées du pays. « En vérité, je vous dis que les publicains et les prostituées vous devancent dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez pas cru », etc. (21:32). Des formes décentes d’hommage du bout des lèvres : « J’y vais, monsieur, et il n’y alla pas » — voilà la religion de ceux qui étaient au plus haut niveau dans l’estime du monde de ce jour-là. La propre volonté n’était ni brisée ni jugée. L’hypocrisie était là, pour couvrir la volonté personnelle et l’orgueil sous le manteau de la religiosité. Les gens qui déshonoraient les convenances de la société par des émeutes ou d’autres moyens non recommandables, ceux-là étaient plus accessibles aux appels émouvants de Jean le Baptiseur. Leurs mauvaises actions franches et effrénées les exposaient à la répréhension de Jean, et en fait, c’était eux, et non pas les dévots respectables, qui avaient cru Jean.
Ceux qui avaient une belle apparence dans la chair n’étaient pas
prêts à retirer le voile d’une belle réputation au-dehors, de dessus une conduite
d’autosatisfaction et d’impiété au-dedans ; comme ils rejetaient le conseil
de Dieu contre eux-mêmes devant les sommations de Jean, ils ne voulaient pas
suivre l’exemple des pauvres misérables qui se repentaient. Sourds à l’appel de
la justice, ils étaient également endurcis contre les opérations de la grâce de
Dieu, même là où elle était le plus visible. « Et vous, l’ayant vu, vous
ne vous êtes pas repentis ensuite pour le croire » (21:32). La repentance
éveille le sens d’une relation avec Dieu comme Celui contre qui on a péché. Les
résolutions de la nature commencent et se terminent par « j’y vais, monsieur ».
L’Esprit de Dieu produit la conviction profonde et écrasante que tout le mal a
été du péché contre Lui
, sans qu’il y ait de la place pour des excuses ni
du désir d’excuses. Mais cela est perdu pour la religion mondaine qui,
résistant à la fois au témoignage de Dieu et aux preuves de conversion chez les
autres, s’enfonce dans des ténèbres et dans une hostilité croissantes vis-à-vis
de Dieu. Celui qui est établi juge des vivants et des morts (Actes 10:42)
déclare ces hommes fiers et suffisants pires que ceux qu’ils méprisaient le
plus. Ce n’était plus eux les juges maintenant ; c’est eux qui étaient jugés.
Ensuite le Seigneur présente non pas simplement la conduite de l’homme envers Dieu, mais la manière d’agir de Dieu avec l’homme, et ceci sous une double forme : premièrement, en vue de la responsabilité de l’homme sous la loi ; et, deuxièmement, en vue de la grâce de Dieu sous le royaume des cieux. La première est développée dans la parabole du maître de maison (21:33-41) ; la seconde, dans le festin de noces du roi pour son fils (22:1-14). Examinons la première.
« Écoutez une autre parabole : Il y avait un maître de maison qui planta une vigne, l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir, et y bâtit une tour ; et il la loua à des cultivateurs, et s’en alla dans un pays lointain ; et quand la saison des fruits approcha, il envoya ses serviteurs aux cultivateurs pour recevoir ses fruits » (21:33, 34). Il s’agit d’une image fondée sur l’esquisse d’Ésaïe 5 et qui la complète — une image des soins minutieux de Dieu à l’égard d’Israël. « Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne que je n’aie pas fait pour elle ? » Maintenant Il attendait du fruit. Tout avait été arrangé selon Ses directives. Tous les avantages extérieurs avaient été fournis par Sa bonté et Sa puissance sous Moïse, Josué, etc. Il y avait un arrangement précis, une bénédiction abondante, une protection ample, et une affirmation convenable de Ses droits par les prophètes. « Et les cultivateurs ayant pris ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et lapidèrent un autre » (21:35). La patience était complète. « Il envoya encore d’autres serviteurs, plus nombreux que les premiers, et ils leur firent de même ». Y avait-il encore une seule possibilité ? un espoir, même s’il était désespéré ? « En dernier lieu, il leur envoya son fils, en disant : Ils auront du respect pour mon fils ». Hélas, ce ne fut que le couronnement de leur iniquité, l’occasion de mettre en évidence leur culpabilité et leur ruine sans espoir ! En effet, « quand les cultivateurs virent le fils, ils dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et ils le saisirent, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent » (21:37-39). Ils reconnurent alors le Messie, mais seulement de manière à provoquer leur malice et leurs convoitises mondaines. « Tuons-le, et possédons son héritage ».
Ce n’était pas seulement le manque de fruit, et le refus persistant de toutes les justes revendications de Dieu et le fait de Lui dérober tout ce qui Lui était dû en retour, mais c’était une explosion complète de haine et de rébellion tandis qu’ils étaient testés par la présence du Fils de Dieu au milieu d’eux. L’épreuve était terminée ; la question de l’état de l’homme et des efforts de Dieu pour obtenir du fruit de sa vigne était terminée. La mort du Messie rejeté a clos ce livre. L’homme — les Juifs — auraient dû donner une réponse convenable à Dieu pour les bienfaits dont il avait été si généreusement comblé, mais sa réponse a été la croix. Il est trop tard pour parler de ce que les hommes devraient être. Éprouvés par Dieu dans les circonstances les plus favorables, ils trahirent et versèrent le sang innocent ; ils tuèrent l’Héritier pour s’emparer de Son héritage.
Aussi le jugement était-il désormais la seule part que l’homme sous la loi avait à attendre. « Quand donc le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces cultivateurs ? » Tout endurcis qu’ils étaient, les pauvres Juifs ne pouvaient que confesser la triste vérité : « Il fera périr misérablement ces méchants », etc. (21:41). La méchanceté des cultivateurs manqua à atteindre son but égoïste, aussi sûrement qu’elle n’avait jamais donné de fruits convenables à Celui dont les soins providentiels laissaient les hommes sans excuse. Mais les droits du maître de maison étaient intacts ; et s’il y avait encore « le maître de la vigne », était-Il indifférent à la culpabilité accumulée à l’égard des serviteurs lésés et de Son Fils outragé ? C’est impossible. Il doit exercer la vengeance, eux-mêmes étant témoins, avec d’autant moins de formalités que Sa longue patience et Son amour incomparable ont été si honteusement bafoués et défiés. D’autres seraient là pour vouloir qu’on leur laisse la vigne et qu’ils Lui rendent les fruits en leur saison.
Ainsi, la mort de Christ est considérée dans cette parabole, non pas comme l’œuvre fondamentale des conseils de Dieu, mais comme le point culminant du péché de l’homme et la scène finale de sa responsabilité. Tant la loi, les prophètes et Christ ont cherché du fruit pour Dieu, mais tout a été vain, non pas parce que ce que Dieu réclamait n’était pas juste, mais parce que l’homme — et même l’homme favorisé avec toutes les aides imaginables — était incorrigible. Sous cet aspect, le rejet du Messie avait la signification la plus solennelle ; car il démontrait, au-delà de tout appel, que l’homme, les Juifs, était bon à rien si on le pesait à la balance divine. Non seulement il était mauvais et injuste, mais il ne pouvait supporter l’amour parfait et la bonté dans la personne du Christ. S’il y avait eu une seule particule de lumière ou d’amour divins dans le cœur des hommes, ils auraient respecté le Fils ; mais maintenant la preuve complète se dressait là, que la nature humaine comme telle est désespérément mauvaise ; et que la présence d’une Personne divine, ayant daigné par amour être Homme parmi les hommes, n’a fait que donner l’occasion finale de porter le coup le plus malveillant et le plus insultant à Dieu lui-même. En un mot, l’homme était maintenant montré et prononcé comme étant PERDU. « Si Je n’étais pas venu et ne leur avais pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre homme n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont et vu et haï et moi et mon Père » (Jean 15:22-24). La mort de Christ a été le grand tournant dans les voies de Dieu ; l’histoire morale de l’homme, dans le sens le plus important, s’est terminée là.
« Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la tête de l’angle : voilà ce que le Seigneur fait, et c’est merveilleux à nos yeux ? » (21:42). C’était la conduite révélée de ceux qui avaient pris la tête d’Israël, — et révélée dans leurs propres Écritures. Merveilleuse action de la part du Seigneur ! — C’est un renversement manifeste par rapport à ceux qui s’étaient établis eux-mêmes comme agissant en Son nom, et qui avaient été acceptés : ce sera encore merveilleux aux yeux d’Israël, lorsque le Sauveur maintenant caché, mais exalté, sortira, la joie d’un peuple converti, qui accueillera alors et bénira pour toujours son Roi autrefois rejeté ; car vraiment Sa miséricorde dure pour toujours. Entre-temps, Ses lèvres prononcent la sentence du rejet certain de toute leur hauteur : « C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu (et non des cieux, car celui-ci ils ne l’avaient pas) vous sera ôté et sera donné à une nation qui en produira les fruits » (21:43). Et ce n’est pas tout, car « quiconque tombera sur cette pierre (Lui-même en l’humiliation) sera brisé ; mais sur celui sur qui elle tombera (c’est-à-dire en conséquence de Son exaltation), elle le réduira en poudre » (21:44). Il expose ainsi les trébuchements de l’incrédulité qui s’ensuivront, puis, à la suite, l’exécution positive d’un jugement destructeur, soit individuel soit national, Juif ou Gentil, lors de Son apparition en gloire (comparer Daniel 2).
C’est à tous égards une scène remarquable, et le Seigneur, qui tire maintenant la conclusion de Son témoignage, parle avec une fermeté pénétrante. De sorte que, malgré l’impuissance et la surdité spirituelles des principaux sacrificateurs et des pharisiens, et malgré la formulation en paraboles de Ses paroles, leur sens général et leur but sont nettement perçus. Et pourtant, quelle que soit leur volonté meurtrière, ils ne pouvaient rien faire tant que Son heure n’était pas venue ; car le peuple s’inclinait dans une certaine mesure devant Sa parole, et Le tenait pour un prophète. Il mettait Dieu en présence de leur conscience, et un respect mêlé de crainte répondait faiblement à Ses paroles sur les malheurs à venir.
Il n’est pas dit positivement que la parabole des noces ait été prononcée en ce temps-là. Elle est introduite d’une manière si générale qu’on peut bien concevoir que ce soit la même que celle que Luc présente au ch. 14 de son évangile avec des indications plus précises quant au temps [parabole du grand souper]. Quoi qu’il en soit, rien ne peut dépasser le bel à propos de son positionnement ici, comme suite de la dernière partie de Matt. 21. En effet, tandis que la vigne représentait la juste revendication du Seigneur à l’égard d’Israël sur la base de ce qu’Il leur avait confié, les noces représentent la chose nouvelle, et est par conséquent une similitude du « royaume des cieux » — non plus du fruit recherché comme une dette de l’homme envers Dieu, mais Dieu déployant les ressources de Sa propre gloire et de Son amour en l’honneur de Son Fils, et l’homme étant invité à y avoir part. Il ne s’agit pas ici proprement de l’Église ou assemblée, mais du royaume. Par conséquent, bien que la parabole aille au-delà de l’économie (dispensation) juive, traitée de façon si élaborée dans ce qui précède, et de la présence personnelle de Christ sur la terre, elle ne comprend pas le privilège collectif, mais la conduite individuelle, telle qu’elle est diversement affectée par l’étonnante miséricorde de Dieu — et cela en vue de la place de Christ glorifié en haut, et découlant de cette place. Ce qui est caractéristique est qu’il s’agit d’un exposé, non pas des voies d’Israël envers le Seigneur, mais des voies du Roi qui veut magnifier son Fils ; cependant ici, comme précédemment, l’incrédulité et la rébellion ne manquent jamais de recevoir leur juste récompense. Il avait été prouvé que Dieu ne pouvait pas faire confiance à l’homme : l’homme allait-il maintenant faire confiance à Dieu, se rendre à Sa parole, et participer à Ses délices dans Son Fils ?
Il est évident qu’ici nous ne sommes plus sur le terrain de l’Ancien Testament avec ses avertissements prophétiques solennels. « Le royaume des cieux est semblable à un roi qui fit des noces pour son fils, et qui envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités aux noces ; mais ils ne voulurent pas venir » (22:2, 3). Notre évangéliste, fidèle à son plan et au dessein du Saint-Esprit, présente ce tableau saisissant après celui du rejet du Messie. Quelle serait la nouvelle intervention de Dieu ? et comment serait-elle reçue par l’homme, surtout par Israël ? Dans Luc, je le signale en passant, la connexion dispensationnelle n’apparaît pas ; mais l’Esprit donne plutôt une vue de ce que Dieu est pour l’humanité en général, et il le présente même comme « un homme » faisant un grand souper avec une générosité sans pareille, et non comme le « Roi » agissant pour la gloire de « Son Fils ». Dans les deux évangiles, la parabole représente, non pas la juste exigence sous la loi, mais la manière dont la grâce s’étend aux Juifs d’abord et ensuite aussi aux Gentils. Il « envoya ses serviteurs appeler ceux qui étaient invités (Israël), mais ils ne voulurent pas venir » (22:3).
Le royaume n’était pas venu, mais annoncé pendant que le Seigneur était ici-bas. « Il envoya encore d’autres serviteurs, disant : Dites aux invités : Voici, j’ai préparé mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt : venez aux noces » (22:4).
Remarquez la différence. Lors de la première mission des serviteurs, Il n’a pas dit « Tout est prêt » ; Il l’a dit seulement lors de la seconde mission, quand Christ est mort et ressuscité entre-temps, et que le royaume a été effectivement établi lors de Son ascension. Il s’agit de l’évangile du royaume après Son œuvre, par rapport à l’évangile avant elle. Les deux messages sont ainsi distingués, le rejet de Christ et Sa mort étant le tournant par la grâce de Dieu. Matthieu seul nous donne cette différence frappante ; Luc, avec une égale convenance pour sa tâche, commence tout de suite par « Venez, car déjà tout est prêt », s’attardant, avec des détails que l’on ne trouve pas chez Matthieu, sur les excuses données par les cœurs qui méprisent l’évangile.
Le Roi était donc actif, et Son honneur était en jeu dans la tenue d’une fête digne de Son Fils. Pas même la croix ne L’a détourné de Son grand dessein d’avoir Son peuple heureux auprès de Lui. Au contraire, du fait que la grâce agit, le message interrompu est renouvelé par de nouveaux appels, infiniment plus pressants, aux invités ; et maintenant par d’autres serviteurs que les douze et les soixante-dix. Ainsi, au début des Actes (Actes 2 à 6), nous avons l’annonce spéciale à Israël en tant qu’enfants de l’alliance — « à ceux qui étaient invités ». La première mission a donc eu lieu pendant la vie du Messie pour appeler le peuple privilégié ; ensuite, il y a eu le second témoignage de grâce, spécifique à ce même peuple, une fois l’œuvre de la rédemption accomplie.
Quel en fut l’effet ? « Eux, n’en ayant pas tenu compte, s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son trafic ». Dieu n’était pas dans leurs pensées, mais le champ de l’homme ou son commerce ; et, hélas, à mesure que Dieu multiplie les témoignages de Sa grâce, l’homme s’enhardit dans son manque d’égards et son opposition. « Les autres, s’étant saisi de ses serviteurs, les outragèrent et les tuèrent » (22:5, 6). C’est ce que l’on trouve dans une mesure dans le livre des Actes. Le message n’est pas pris en compte dans les premiers chapitres ; dans les ch. 7 et 12, les serviteurs sont outragés et tués. Le résultat est alors prévisible — les jugements-châtiments [viennent] sur les Juifs et Jérusalem. « Le roi, l’ayant entendu, fut en colère ; il envoya ses troupes, et détruisit ces meurtriers et brûla leur ville » (22:7). Qui ne voit en ceci le sort de la nation juive et la destruction de leur ville ? Ceci ne se trouve pas dans Luc ; je n’ai pas besoin de souligner combien cela convient à Matthieu.
Mais Dieu veut que Sa maison soit remplie d’invités ; et si ceux qui sont particulièrement favorisés ne veulent pas venir, et même se sont exposés à la colère jusqu’à l’extrême, la grâce divine ne sera pas vaincue par la volonté humaine — le mal doit être surmonté par le bien. « Il dit alors à ses serviteurs : Les noces sont prêtes ; mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc sur les routes, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez » (22:8, 9). C’est la manière d’agir par l’évangile envers absolument toute âme, sans distinction. « Ces serviteurs allèrent sur les routes et rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, mauvais et bons, et la salle des noces furent remplies de gens » (22:10). L’évangile va vers les hommes tels qu’ils sont, et partout où il est reçu, il produit, par la grâce, ce qui est selon Dieu, au lieu de l’exiger. C’est pourquoi tous sont les bienvenus, mauvais et bons — un brigand mourant ou une femme pécheresse, une Lydie ou un Corneille. La question n’était pas leur caractère, mais le festin pour le Fils du Roi ; c’est à cela qu’ils étaient gratuitement appelés. La grâce, loin de demander ou de trouver, donne l’état qui convient pour se tenir devant Lui en paix.
Oui, il est nécessaire et indispensable que soit produit un état
convenable. Un vêtement de noces est nécessaire pour le repas de noces. Le Roi,
dans Sa magnifique générosité, l’a fourni, et c’est à chaque invité à le porter :
quelqu’un qui honore le Roi et la circonstance, ne le voudrait-il pas ?
Les serviteurs ne cherchaient pas de tels vêtements à l’extérieur : On n’en
portait pas sur les routes, mais dans la salle des noces. Il ne s’agissait pas
non plus pour les invités de se montrer sous leur meilleur jour. C’était l’affaire
du roi de donner. Vienne qui peut, il y avait assez et encore davantage : « tout
était prêt ».
Telle est la grande vérité essentielle de l’évangile. Loin de chercher en l’homme quelque chose qui soit agréable à Dieu, la bonne nouvelle vient de Sa part sur la base expresse que tout est ruiné, misérable, coupable, du côté du pécheur. « Que celui qui a soif vienne ; oui, celui qui veut… » (Apoc. 22:17).
Mais quand le cœur n’est pas droit avec Dieu, il ne se soumet jamais à Sa justice ; l’homme, dans ce cas, préfère se tenir sur son propre fondement. Ou bien il pense qu’il peut revendiquer quelque chose de la part de Dieu en étant ou en faisant quelque chose, — ou bien il s’aventure à l’intérieur [de la salle des noces], sans se soucier ni de ce qu’il est lui-même ni de Dieu. Tel était l’homme que le roi trouva sans l’habit de noces. C’était mépriser la sainteté aussi bien que la grâce de Dieu, et prouver qu’il était complètement étranger à la fête. Que pensait-il des sentiments du Roi occupé à glorifier son Fils, quel égard avait-il vis-à-vis de ces sentiments ? Car c’est là le vrai et réel secret : Dieu prodigue Sa miséricorde aux pécheurs pour l’amour de son Fils. L’occasion est ainsi donnée de faire honneur à Son nom. Mon âme s’incline-t-elle devant ce nom et devant Lui ? C’est cela le salut. Le cœur peut traverser beaucoup d’exercices, mais la seule clé de Son étonnante bonté envers nous est le sentiment de Dieu envers Son Fils. Si je peux me permettre de parler ainsi, le Seigneur Jésus a mis le Père dans une obligation d’agir ainsi envers Lui. Il a vécu et est mort pour glorifier Dieu à tout prix au point que Dieu (je le dis avec révérence) est tenu de montrer cette grâce, de montrer ce qu’Il est à cause de Son Fils. D’où cette expression remarquable dans les épîtres de Paul : « La justice de Dieu ». Ce n’est plus la justice de l’homme recherchée par la loi, mais c’est Dieu qui est juste en justifiant ceux qui ont la foi en Son Fils, alors qu’il a été démontré que l’homme a failli totalement et de toutes manières. À cause de la valeur infinie de la croix, Dieu aime mettre Christ à l’honneur ; et si seulement une âme plaide Son nom, c’est la justice de Dieu qui est en cause pour que cette âme soit justifiée gratuitement par Sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus (Rom. 3:24).
Cette vérité est illustrée de manière frappante par la manière dont le roi traite l’intrus qui méprise Christ ! « Quand le roi entra pour voir ceux qui étaient à table, il vit là un homme qui n’avait pas d’habit de noces » (22:11). Cela exigeait une intervention immédiate. On ne se mit pas à enquêter pour savoir ce que cet homme avait été ou avait fait. Les serviteurs avaient été chargés d’amener les mauvais comme les bons. « Quelques-uns de vous, vous étiez tels », dit l’apôtre (1 Cor. 6:11). En effet, cet homme pouvait avoir été le plus correct, le plus moral et le plus religieux de sa compagnie, comme le jeune homme riche qui quitta le Seigneur en étant très peiné. Mais, qu’il s’agît d’un pécheur endurci ou d’un propre juste, une chose est certaine : il n’avait pas de robe de noces. Ceci arrêta immédiatement l’œil du roi. Le Roi regardait à ce fait tout simple : ceux qui étaient à table avaient-ils une robe de noces ? Cet homme n’en avait pas. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Cela disait une histoire accablante au possible ; c’était réduire à néant la grâce du Roi, c’était déshonorer ouvertement Son Fils.
Le vêtement de noces, c’est Christ. Cet invité était donc venu devant le Roi sans Christ. Il n’avait pas revêtu le Christ ! Il avait peut-être fait des efforts sincères pour être saint et juste, mais tout cela, ce n’était que lui-même, pas Christ, et cela c’est la ruine et la condamnation éternelles du pécheur. Tandis que, si le plus grand des pécheurs justifie Dieu en acceptant Christ comme le seul moyen pour une âme perdue de se tenir devant Dieu, c’est cela qui exalte Dieu et Sa grâce. C’est comme si un homme était assez brisé dans ses pensées sur lui-même par la révélation de Dieu de qu’Il est en Christ, et qu’il lève les yeux et dise : « Je ne peux pas avoir confiance en moi, je ne peux pas avoir confiance en ce que j’ai été, ni même en ce que je désire être pour Toi, mais je peux avoir pleinement confiance en ce que Tu es pour moi dans le don de Ton Fils ». Une telle confiance en Dieu produit un profond dégoût de soi, une véritable droiture d’âme, ainsi qu’un véritable zèle du cœur et le désir de faire la volonté de Dieu. Il n’y a rien qui humilie autant, et qui fortifie en même temps, que le cœur qui se repose sur la grâce de Dieu envers nous en Christ.
Cet homme n’était pas à blâmer pour n’avoir pas apporté de lui-même une nouvelle robe, aussi splendide qu’elle fût. Au contraire, ce qui rendait son cas sans espoir c’est l’indifférence à la munificence du roi. Pourquoi sa propre robe ne faisait pas aussi bien affaire que celle du roi ? Cet homme ne savait pas, ne croyait pas, que rien de la terre ne convient à la présence divine — rien sinon ce qui est acheté par le précieux sang de Jésus. Il n’avait aucun sens de la grâce qui l’invitait, ni de la sainteté qui sied à la présence de Dieu. Le roi lui dit donc : « Ami, comment es-tu entré ici, sans avoir de robe de noces ? Et il eut la bouche fermée » (22:12). Il pouvait bien avoir été bien habillé, il pouvait avoir aimé la fête et les participants ; mais il n’avait pas d’estime pour le roi ni pour son fils, et n’avait rien à dire quand vint la solennelle interpellation. En esprit et devant Dieu, il était tout à fait en dehors de la fête, sinon il aurait senti la nécessité absolue d’une parure en harmonie avec la joie du Roi et les noces du Fils. Et le jugement l’a chassé de cette scène pour laquelle il n’avait pas de cœur — il l’a chassé là où les incrédules doivent honorer le Fils, ne serait-ce que par la misère sans espoir du remords. Il ne s’agit pas simplement d’une vengeance gouvernementale, comme celle qui a providentiellement fait périr les meurtriers et brûlé leur ville, mais du jugement final sur celui qui a abusé de la grâce en présumant s’approcher de Dieu sans avoir revêtu Christ — Lui qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, justice, sainteté et rédemption (1 Cor. 1:30). Cet homme montrait que manifestement il n’avait ni part ni portion dans cette affaire (Actes 8:21) ; et le jugement va bientôt simplement exécuter en puissance ce qui est maintenant selon la vérité. « Alors le roi dit aux serviteurs (non pas aux esclaves des versets 3, 4, 6, 7, 8, 10) : Liez-lui les pieds et les mains, emportez-le, et jetez-le dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents » (22:13).
Cette sentence solennelle était-elle rare parce qu’un seul homme l’exemplifie ? Non, en vérité ; « car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus » (22:14).
Ainsi s’achève la double épreuve de la nation ; d’abord, sur le terrain de leur responsabilité comme étant sous la loi [21:33-44], et ensuite, comme testée par le message de la grâce [22:1-14]. Le reste du ch. 22 juge en détail toutes les diverses classes d’Israël qui ont successivement cherché à juger et à piéger le Seigneur ; il met en relief leur position, et termine par une question à laquelle ils ne pouvaient répondre sans comprendre Sa position et Sa glorieuse personne.
« Alors les Pharisiens allèrent se concerter sur les moyens de le prendre au piège dans ses discours. Et ils envoyèrent vers Lui leurs disciples avec les Hérodiens ». Quelle alliance ! Les Pharisiens (partisans du judaïsme strict et de la loi) et les Hérodiens (les politiciens de l’époque, que les premiers haïssaient de tout cœur), s’unissent pour flatter Jésus et le piéger par la question du droit des Juifs contre les Gentils. Lui, le Messie, contesterait-il les espoirs et les privilèges d’Israël en tant que nation ? Sinon, comment échapper à l’accusation de trahison contre César ? La ruse diabolique était là, mais la sagesse divine apporte la vérité quant à Dieu et quant à l’homme, et la difficulté disparaît. C’est la rébellion des Juifs contre l’Éternel qui avait donné à Celui-ci l’occasion de les assujettir à des maîtres païens : le tort de ces derniers ne redressait rien. Les Juifs en étaient-ils humiliés, et recherchaient-ils les ressources de la grâce de Dieu ? Non, ils étaient orgueilleux et vantards ; et en ce moment même, dans une opposition mortelle, mêlée de ruse malicieuse, ils complotaient contre leur propre Messie, le Messie de Dieu. « Dis-nous donc : que penses-tu ? Est-il licite ou non de payer le tribut à César ? Mais Jésus, ayant perçu leur méchanceté, dit : « Pourquoi me tentez-vous, hypocrites ? Montrez-moi la monnaie du tribut » (22:17-19). Ils apportèrent un denier, et reconnurent dessus l’image et l’inscription de César, et ils entendirent la sentence irréfutable : « Rendez donc les choses de César à César, et les choses de Dieu à Dieu » (22:20-21). Si les Juifs L’avaient honoré, ils n’auraient jamais été asservis à l’homme ; mais maintenant qu’ils l’étaient par leur propre péché et leur folie, ils étaient obligés d’en accepter l’humiliation. Ni les pharisiens ni les hérodiens ne ressentaient le péché ; et si l’un ressentait la honte dont l’autre se glorifiait, le Seigneur les forçait à regarder en face la position réelle à laquelle leur iniquité les avait réduits ; en même temps Il leur indiquait ce qui, s’ils y prêtaient attention, serait le signe avant-coureur d’une délivrance divine.
« Le même jour, les sadducéens, qui disent qu’il n’y a pas de résurrection, s’approchèrent de lui et l’interrogèrent, disant : Moïse a dit… » (22:23-33). Ainsi l’incrédulité est aussi fausse et malhonnête [sadducéens] que la prétendue justice de l’homme [pharisiens]. Si les pharisiens pouvaient être de mèche avec les hérodiens et faire semblant d’être loyaux envers César, ainsi les sadducéens pouvaient bien plaider Moïse, comme si la parole inspirée avait une pleine autorité sur leurs consciences ! Mais le Seigneur, mettant à nu l’hypocrisie de ceux qui s’érigeaient en religieux, détecta également ce que les sceptiques ne soupçonnent jamais, à savoir que leurs difficultés ne découlent pas seulement de la méconnaissance de la puissance de Dieu, mais de l’ignorance pure et simple — quelle que soit leur auto-suffisance et leur vanité. « Vous errez, ne connaissant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu ». La foi, au contraire, voit clair, tout comme elle compte sur Dieu selon la révélation de Lui-même dans la Parole.
Le Seigneur ne montre pas seulement que leur sophisme est une pure incompréhension de l’état de résurrection, mais il prouve (et cela à partir de Moïse aussi, sans aller plus loin) que la résurrection des morts est une partie essentielle du dessein et de la vérité de Dieu. Une déclaration supplémentaire est donnée dans Luc quant à la vie intermédiaire de l’esprit séparé du corps. Mais dans notre évangile, le seul point est que les morts ressuscitent, parce que Dieu s’est déclaré être le Dieu des pères après leur mort ; et, de l’aveu général, il n’est pas le Dieu des morts (les disparus, comme le pensaient les sadducéens), mais des vivants. S’il était leur Dieu dans l’état où ils étaient quand Il parlait à Moïse, Il devait être le Dieu des morts, ce que les sadducéens avaient été les premiers à nier. Il était d’autant plus important que Dieu se révèle ainsi à Moïse, par qui le système de la loi avait été introduit, avec ses récompenses et punitions visibles et la ruine certaine de tous ceux qui s’y accrochaient par incrédulité, et s’accrochaient aux choses présentes, méprisant les promesses qui dépendaient de « la Semence » et de la résurrection. Ainsi l’incrédulité amène involontairement Christ à faire ressortir avec une clarté divine la puissance et le dessein de Dieu révélé dans l’Écriture, et ceci justement sur le terrain choisi par ceux qui voulaient créer la difficulté. Le propos de Dieu de bénir pleinement Israël en puissance de résurrection, est affirmé, après qu’Il ait montré la nécessité de s’occuper de leur péché en les assujettissant entre temps aux Gentils.
Si les Pharisiens s’étaient retirés avec étonnement, ils étaient loin d’être réduits au silence ; et, en effet, ils s’agitent de nouveau lorsque leurs rivaux sceptiques sont, eux, réduits au silence. Ils s’assemblent ; puis un juriste (docteur de la loi) « éprouve » le Seigneur, mais en fait il ne fait que tirer de Lui un parfait sommaire de justice pratique. Ils discutent et mettent à l’épreuve : Jésus était l’expression de toute la perfection de la loi et des prophètes, et beaucoup plus encore, Il était l’image de Dieu Lui-même en grâce comme en justice ici-bas : non pas comme Adam, qui s’est rebellé contre Dieu, ni comme Caïn, qui n’a pas aimé son prochain, mais tua son frère (22:34-40).
Et maintenant il appartenait au Seigneur de leur poser la question des questions, non seulement pour un pharisien, mais pour toute âme : « Que pensez-vous du Christ ? De qui est-il le fils ? » Il était le fils de David, cela est très vrai. Mais était-ce toute la vérité ? « Comment donc David, en esprit, l’appelle-t-il Seigneur, en disant : L’Éternel a dit à mon Seigneur… ». Comment pouvait-il être à la fois fils de David et Seigneur de David ? C’était la vérité toute simple, la clé de toute l’Écriture — le chemin, la vérité, la vie — l’explication de Sa position, le seul espoir pour la leur. Mais ils restèrent muets. Ils ne connaissaient rien, et ne pouvaient rien répondre. « À partir de ce jour, plus personne n’osa Lui poser de questions ».
Le chapitre 22 a réduit au silence ceux qui prétendaient avoir le plus de lumière. Ne croyant pas en Christ, ils étaient destitués de la seule clef susceptible de leur ouvrir l’Écriture ; et le Psaume 110 qui rend pourtant un témoignage brillant à leur Messie, était une nuée ou brouillard épais, non seulement pour les égyptiens d’alors et d’autrefois, mais maintenant pour Israël. Ils ne voyaient pas Sa gloire, et étaient donc irrémédiablement déconcertés, incapables de comprendre que David, parlant par l’Esprit, puisse appeler son fils son Seigneur.
Dans ce chapitre 23, le Seigneur prononce la condamnation de la nation, et par-dessus tout non pas celle des gens qu’on serait le plus porté à dénoncer, non pas celle des gens ouvertement hors la loi, dévergondés ou violents, ni celle des Sadducéens sceptiques et amis de leurs aises, mais la condamnation de ceux qui étaient tenus généralement en la plus haute estime à cause de leur connaissance et de leur sainteté religieuse. C’est toujours le cas dans les voies de Dieu à l’égard de Son peuple. La conscience, l’homme, le monde même peuvent juger l’immoralité grossière avec plus ou moins d’exactitude. Dieu voit et évite ce qui a bonne apparence aux yeux humains, tout en étant faux et profane. La Parole de Dieu montre explicitement qu’il faut qu’il en soit ainsi. Les malheurs les plus terribles en réserve pour ce monde, ne sont pas ceux destinés aux ténèbres du paganisme, mais au judaïsme rebelle comme à la chrétienté corrompue, c’est-à-dire le domaine où la vérité est le plus connue et où les privilèges les plus excellents ont été conférés, mais dont, hélas ! la puissance a été méprisée et niée. Cela ne veut pas dire que, quand Dieu se lèvera en jugement, il laissera les nations païennes impunies. Elles n’échapperont pas au châtiment, et boiront certainement leur part de coupe du jugement. « Écoutez cette parole que l’Éternel prononce sur vous, fils d’Israël, sur la famille entière que j’ai fait monter du pays d’Égypte, disant : Je vous ai connus, vous seuls, de toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités » (Amos 3:1-2). Il en est maintenant également de même avec les Gentils professants : plus la lumière accordée a été complète, plus riche a été la grâce révélée dans l’évangile, plus il y a de raisons fortes pour que des jugements impitoyables atteignent la chrétienté, quand le glas de la vengeance divine sonnera pour ceux de la terre qui ne connaissent pas Dieu et n’obéissent pas à l’évangile de notre Seigneur Jésus Christ (2 Thes. 1:8). Le Seigneur ne voit pas comme l’homme voit, à la fois en grâce et en jugement : car l’homme regarde à l’apparence, mais le Seigneur regarde au cœur (1 Sam. 16:7). Jésus ne parlait pas autrement dans la scène que nous avons sous les yeux.
Il est cependant remarquable que dès le début du premier verset, Il parle « aux foules et aux disciples ». Ils étaient encore, dans une grande mesure, vus comme allant ensemble, et il en a été ainsi jusqu’à la mort et à la résurrection de Christ ; et même alors, le Saint Esprit n’a brisé les liens que lentement, un par un, et ce n’est que peu avant la destruction de Jérusalem qu’Il fait entendre Sa dernière parole au résidu Juif (chrétien, alors, bien sûr) par plusieurs témoins. Mais en principe, il n’y avait pas de séparation [du résidu fidèle d’avec la foule, la masse] et il ne pouvait pas y en avoir avant la croix. Il y a donc une erreur fatale à se servir de ce qui avait lieu en Israël avant la mort de Christ comme argument pour négliger la sainte union à part du monde, à laquelle les croyants sont appelés depuis ce jour capital. Avant la mort de Christ, le fondement de cette union n’était même pas encore posé, le mur de clôture subsistait encore (Éph. 2:14), et bien que la foi qui pénétrait jusqu’au plus profond de la gloire de la personne du Seigneur, ne manquait pas de récolter une riche récompense et un accueil parfait, cependant il aurait été prématuré, et même contraire à l’ordre divin, de conduire les Juifs hors du camp (Héb. 13:13), ou de les réunir avec les Gentils en un seul corps avant la croix. Plus la sentence prononcée ou exécutée par Dieu est solennelle, plus le déploiement de Sa patience est grand et merveilleux. Et s’Il nous appelle à la patience, combien la Sienne est étonnante ! Combien la patience a Son œuvre parfaite dans Son cas ! (Jacq. 1:4). Mais que dire alors de l’esprit qui abuse de Sa patience envers ce qu’Il va juger, niant par-là la vérité également certaine de Son amour sensible et de Son soin jaloux sur ceux qui sont en Christ dans la proximité de relation la plus intime avec Lui ? Il parle paix à Ses saints, mais qu’ils ne retournent pas à la folie (Ps. 85:8).
Cela faisait donc partie de la mission juive de notre Seigneur de dire : « Les scribes et les pharisiens se sont assis dans la chaire de Moïse. Toutes les choses donc qu’ils vous diront, faites-les et observez-les » (23:2-3). Mais Il prenait soin de donner des avertissements pour que les scribes et les pharisiens ne soient à aucun égard la norme personnelle du bien et du mal. « Ne faites pas selon leurs œuvres, car ils disent et ne font pas ». Ils étaient en eux-mêmes des phares, modèle du mal, de ce qui n’est pas droit (23:4-7). Et pourtant, non seulement les disciples sont encore mis dans la même catégorie que les foules, mais alors que le Seigneur dénoncent très sévèrement ces guides religieux, les disciples sont déclarés par le Seigneur Lui-même être encore tenus de reconnaître ceux qui sont assis dans la chaire de Moïse. C’est là qu’ils étaient en fait, et le Seigneur maintient, au lieu de la dissoudre, l’obligation de les reconnaître, eux et tout ce qu’ils mettaient en avant, en tout cas ce qui provenait de la loi, non pas ce qui provenait de leurs traditions. C’était honorer Dieu malgré les hypocrites qui ne cherchaient que l’honneur des hommes pour eux-mêmes. Mais cela n’offre aucune justification pour les faux apôtres ou leurs successeurs pleins d’illusion aujourd’hui. Car les apôtres n’avaient pas de chaire comme celle de Moïse, et le christianisme n’est pas un système d’ordonnances ou d’observances formelles comme la loi, mais là où il est réel, il est le fruit de l’Esprit par la vie en Christ, qui est formée et nourrie par la Parole de Dieu.
On a insisté récemment avec assurance, dans des cercles dont on aurait mieux espéré, que comme les saints de l’Ancien Testament comptaient sur Christ, et qu’ils avaient la vie éternelle par la foi, bien qu’ils fussent sous la loi, ainsi maintenant nous qui croyons en Christ sommes malgré tout sous la loi comme eux, et au même sens qu’eux, même si, comme eux, nous sommes justifiés par la foi. Or, cela a beau paraître plausible et normal à certains, je n’hésite pas à déclarer cela très mauvais. C’est ramener délibérément les âmes dans la condition dont l’œuvre de Christ nous a tirés et délivrés. Les Juifs d’autrefois étaient placés sous la loi par le sage conseil de Dieu, jusqu’à ce que vienne la Semence promise pour opérer une complète délivrance ; et les saints du milieu des Juifs, bien que s’élevant au-dessus de cette position par la foi, étaient durant toute leur vie assujettis à la servitude et à l’esprit de crainte (Héb. 2:15). Christ nous a affranchi, par la grande grâce de Dieu, par Sa mort et Sa résurrection, à la suite de quoi nous avons reçu l’Esprit d’adoption par lequel nous crions : « Abba, Père ». Pourtant, malgré le témoignage clair rendu par Dieu au changement capital apporté par la venue de Son Fils, et malgré l’accomplissement de Son œuvre et le don du Saint Esprit, voilà qu’on propose ouvertement et sérieusement, comme si cela faisait partie de la foi une fois enseignée aux saints (Jude 3), que cette œuvre merveilleuse et ce déploiement de la grâce divine soient mis de côté, avec ce qui en résulte pour le croyant, et que l’âme soit replacée sous l’ancien joug et l’ancienne condition. C’est sans doute certainement et précisément l’objectif de Satan, un effort pour effacer tout ce qui caractérise le christianisme par le moyen d’un retour au judaïsme. Le seul point qui étonne, c’est de trouver un pareil aveu éhonté sur le sujet, de la part de gens qui ont professé la lumière de l’évangile.
La vraie réponse à une aussi mauvaise compréhension de Matthieu 23, et une aussi mauvaise application de portions semblables de la sainte Écriture, est que jusqu’à ce point, notre Seigneur continuait Sa mission proprement messianique (et Il l’a fait jusqu’au dernier moment) ; et cela impliquait que la nation et le résidu soient maintenus sous la loi, et non pas sous la puissance libératrice de Sa résurrection. Cependant aucun des disciples ne pouvait encore dire : « En sorte que nous, désormais, nous ne connaissons personne selon la chair ; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus [ainsi]. En sorte que si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ; et toutes sont du Dieu qui nous a réconciliés avec lui-même par Christ, et qui nous a donné le service de la réconciliation » (2 Corinthiens 5:16-18). Maintenant, au contraire, ceci est devenu le langage normal du chrétien. Il ne s’agit pas d’atteindre spécialement un niveau extraordinaire de foi, mais de se soumettre simplement et présentement à tout le témoignage chrétien rendu dans le Nouveau Testament. Et je peux ajouter, que ce que la loi était pour les Juifs, la Parole de Dieu dans toute son étendue, l’est pour les chrétiens, spécialement cette partie du Nouveau Testament qui est fondée sur la mort, la résurrection, la glorification de Christ et l’envoi du Saint Esprit ici-bas, et qui vient à la suite de cela. Même si nous étions Juifs, l’ancien lien est dissous par la mort, et nous sommes mariés à un autre (voir début de Rom. 7), à Christ ressuscité d’entre les morts. Ainsi, avoir à la fois Christ et la loi comme guide et comme règle, c’est comme avoir deux maris en même temps ; c’est une sorte d’adultère spirituel. Même soumis les uns aux autres en grâce (Éph. 5:21), nous n’avons à tenir compte d’aucune autorité sinon celle de Dieu dans les choses de Dieu.
Certes nous pouvons et devons tirer un profit moral de la censure adressée par notre Seigneur aux scribes et aux pharisiens : car qu’est-ce que le cœur ! (Jér. 17:9). Nous avons à nous garder d’imposer aux autres ce que nous négligeons d’observer nous-mêmes. Nous avons à veiller à ne pas faire les œuvres pour être vus des hommes. Nous avons à prier pour ne pas admettre l’esprit du monde, pour ne pas être à la recherche de la prééminence, au dedans et au dehors (23:4-7).
La vérité est qu’ici comme partout, la puissance de la vérité et la bénédiction dépendent de l’acquiescement de cœur à la gloire de Christ sous une forme ou sous une autre, et à la suite de cela, à notre participation à Ses pensées et Ses sentiments. D’où les paroles : « Mais vous, ne soyez pas appelés : Rabbi ; car un seul est votre conducteur, [le Christ] ; et vous, vous êtes tous frères. Et n’appelez personne sur la terre votre père ; car un seul est votre père, celui qui est dans les cieux. Ne soyez pas non plus appelés conducteurs ; car un seul est votre conducteur, le Christ » (23:8-10). Il ne s’agit pas ici des dons variés que le Seigneur a conférés par le Saint Esprit à Ses membres dans Son corps, l’Église, mais il s’agit de l’autorité religieuse dans le monde, et d’un certain statut et d’un certain respect attribués en vertu d’une fonction ou d’une position ecclésiastique. Ce serait gouverner les choses divines selon les principes des hommes, et récompenser le fruit de la grâce de Dieu, s’il y en a du réel, par ce qui s’adresse au cœur humain et qui fait plaisir à son vil égoïsme. Ainsi tout en affirmant l’autorité de la loi dans la sphère pour laquelle elle a été donnée, il y a un accroissement progressif de la sévérité dans la dénonciation de l’indignité morale de ceux qui s’en servent pour s’exalter eux-mêmes. Mais jusqu’ici il n’y a aucun développement des bienheureuses ressources que Son amour a voulu donner, une fois monté en haut, pour le perfectionnement des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ (Éph 4:12). Mais le grand principe moral du royaume (qui reste toujours vrai, je n’ai pas besoin de le dire) est appliqué ici : « Le plus grand de vous sera votre serviteur. Et quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé » (23:11-12). La croix et la gloire divine n’ont fait qu’accentuer la valeur et l’importance de ces paroles du Sauveur ; mais auparavant et indépendamment du nouvel ordre de choses dans l’Église, ces paroles portaient Son empreinte et avaient cours pour le royaume.
Les scribes et les pharisiens étaient en contraste net avec ce modèle du vrai service pour les disciples, et le Seigneur va maintenant prononcer huit malheurs solennels contre eux (23:13-33). Que pouvait-Il dire d’autre au sujet de gens qui non seulement n’entraient pas dans le royaume des cieux, mais qui empêchaient ceux qui étaient disposés à y entrer ? Ceux qui cherchaient l’influence religieuse sur les faibles et les sans défense, en vue de faire du gain, que méritaient-ils d’autre ? Certes leur zèle pour faire des prosélytes était infatigable, mais quel en était le fruit pour Dieu dans les âmes ? Ceux qui étaient enseignés, n’étaient-ils pas, comme d’habitude, le meilleur signe indicateur de pareils enseignants, comme étant plus simples et plus honnêtes selon la chair, francs et ouverts quant à leurs voies, leur but et leur esprit ? Ensuite [23:16-22] on a la mise à nu du coupage de cheveux en quatre au moyen de distinctions extérieures, tout en méconnaissant réellement l’autorité de Dieu ; et il y a [23:23-24] l’insistance sur des violations infimes jointe à la négligence de la vérité morale éternelle la plus claire. Ensuite [23:25-28] sont découverts les efforts pour avoir de l’apparence extérieure, malgré l’impureté intérieure, et ceci à la fois dans le travail et la vie et les personnes, lesquelles étaient pleines de perfidie et propre volonté, tout en se parant [23:29-33] et affectant une grande vénération pour les prophètes et les justes qui avaient souffert autrefois, sans plus agir désormais sur les consciences. Ce dernier point leur donnait beaucoup de crédit. Cet étalage d’honneur rendu aux justes morts et disparus, voilà ce qui coûte le moins et qui, dans ce monde, rapporte le plus de réputation religieuse, spécialement quand on se rattache à eux en apparence, comme si l’on était dans la même association. La succession semble naturelle, et cela semble être de la dureté que d’accuser ceux qui honorent aujourd’hui les saints morts, spécialement de les accuser d’avoir le même esprit de rébellion que ceux qui les persécutaient et les mettaient à mort en leur temps. Mais (23:34-35) le Seigneur les testait d’une manière rapide et décisive, et démontrait l’inclination réelle et l’esprit de la religion du monde. « C’est pourquoi voici, moi, je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; et vous en tuerez et vous en crucifierez, et vous en fouetterez dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, en sorte que vienne sur vous tout le sang juste versé sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste, jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel ». C’était (23:36) moralement et tout le temps la même race avec le même caractère. Dans Son juste gouvernement, le Seigneur ajoute : « En vérité, je vous dis : toutes ces choses viendront sur cette génération ». Ainsi serait jugée la pleine mesure, qui avait commencé par leurs pères et avait été complétée par eux (23:32). Ils étaient hypocrites sur tous les chefs d’accusation relevés par le Seigneur, et étant aussi coupables que le pire de leurs prédécesseurs, ils allaient bientôt montrer où ils en étaient vraiment de leur auto-satisfaction. Ils étaient effectivement des serpents, de la race des vipères. Comment pourraient-ils échapper au jugement de l’enfer ?
Pourtant, combien est touchante ici la lamentation du Seigneur sur la cité coupable, Sa propre cité : « Jérusalem, Jérusalem, la [ville] qui tue les prophètes, etc. » (23:37). Sa gloire éclate plus que jamais ; le Messie rejeté est en vérité l’Éternel (Jéhovah). Lui avait voulu les rassembler, et combien de fois ! mais eux ne le voulaient pas. Ce n’était plus Sa maison, ni la maison de Son Père, mais la leur, et elle leur est laissée désolée. Néanmoins, malgré cette parole de jugement si solennelle, il y a espoir à la fin. « Car je vous dis : Vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » (23:39). Israël doit encore voir son Roi, mais pas avant qu’un résidu pieux d’entre eux se convertisse pour l’accueillir au nom de l’Éternel.
Dans cette prophétie de notre Seigneur que nous abordons, nous voyons une confirmation remarquable d’un grand principe de Dieu : Il n’ouvre jamais l’avenir des jugements sur les rebelles, et l’avenir de la délivrance des Siens, avant que le péché ne se soit développé au point de manifester une ruine totale. Prenez les tout premiers exemples dans la Bible. Quand a-t-il été dit que la semence de la femme briserait la tête du serpent ? Lorsque la femme a été séduite et que l’homme est devenu transgresseur par les ruses de l’ennemi, lorsqu’ainsi le péché est entré dans le monde et, par le péché, la mort. De même, la prophétie d’Énoch, qui nous est donnée par Jude, fut prononcée lorsque le terme de la patience de Dieu avec le monde d’alors fut presque terminé, et que le déluge était sur le point de témoigner de Son jugement sur la corruption et la violence de l’homme.
Ainsi, que nous considérions la première prédiction de Christ avant l’expulsion d’Eden, ou le témoignage rendu à la venue du Seigneur pour juger avant le déluge, la prophétie intervient lorsque l’homme a complètement sombré. Le cas suivant est celui de Noé, lorsqu’il y a eu confusion et défaillance de sa propre famille et de lui-même : nous le voyons conduit par le Saint Esprit à faire un résumé prophétique de l’histoire du monde entier, commençant par le jugement de celui qui avait méprisé son père (même si c’était à sa propre honte), et poursuivant avec la bénédiction de Sem et la part de Japhet. Il en est de même encore, avec les prophéties de Balaam et de Moïse, « et de tous les prophètes, depuis Samuel et ceux qui l’ont suivi » (Actes 3:24) ; car l’époque de Samuel est l’époque marquante que le Nouveau Testament désigne comme le début de la grande lignée des prophètes. Et pourquoi ? C’est le jour où Israël abandonna ouvertement Dieu comme son Roi, consommant le péché que leur cœur avait conçu déjà dans le désert, lorsqu’ils cherchèrent un capitaine pour retourner en Égypte. Ce fut une crise d’orgueil pour Israël, dont la bénédiction résidait dans le fait d’être un peuple séparé de tout le monde par et pour l’Éternel, son Dieu ; Celui-ci les aurait sûrement pourvu d’un roi de Son choix, s’ils avaient attendu, au lieu de choisir eux-mêmes, au déshonneur de Dieu, à leur propre dégradation et à leur propre peine, quand ils cherchèrent à être comme les nations.
Le même principe s’applique manifestement à l’époque où furent écrits les grands livres prophétiques — Ésaïe, Jérémie et les autres. À cette époque tout espoir présent s’était envolé, et les fils de David n’avaient opéré aucune délivrance, mais bien plutôt, en raison de l’accumulation de leur iniquité et de leurs insultes profanes à l’égard de Dieu, Celui-ci fut finalement contraint moralement de déclarer la nation Lo-ammi » — « pas mon peuple ». Avant, pendant et après la captivité, l’Esprit de prophétie a mis à nu le péché des rois, des prêtres (sacrificateurs), des prophètes (les faux) et du peuple, mais portait le cœur vers le Messie à venir et vers la nouvelle alliance. Et dans cet évangile de Matthieu, nous avons vu Sa venue effective, mais Son rejet croissant et complet par Israël, et le rejet de toutes les promesses et espérances en Lui ; et maintenant dans la perspective prochaine de Sa propre mort par leurs mains, et même de la pire des morts, le Seigneur reprend Lui-même cette ligne prophétique.
« Et Jésus sortit, et s’en alla du temple ». Car qu’était-il
maintenant ? Un cadavre, et rien de plus. « Voici, votre maison vous est
laissée déserte » (23:38) (*). « Ses disciples
s’approchèrent pour Lui montrer les bâtiments du temple. Et Jésus leur
dit : Ne voyez-vous pas toutes ces choses ? En vérité, Je vous
dis : il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée »
(24:1, 2). Le cœur des croyants était alors, comme trop souvent aujourd’hui,
occupé par les apparences présentes, et le grand spectacle de la grandeur du
service de Dieu ; l’auréole des associations brillait devant leurs yeux.
Mais Jésus condamne tout ce qu’ils admiraient sur la terre. En vérité, quand Il
eut quitté le temple, tout ce qui lui donnait de la valeur aux yeux de Dieu
avait disparu. En dehors de Jésus, qu’y a-t-il dans ce monde, sinon un vain
spectacle, ou pire encore ? Et comment le Seigneur délivre-t-Il les Siens
du pouvoir de la tradition et de toute autre source d’attraction pour le
cœur ? Il ouvre les communications de Ses propres pensées, et jette la
lumière de l’avenir sur le présent. Combien de fois la mondanité non jugée dans
le cœur du chrétien se trahit par le manque de goût pour le déroulement par
Dieu de ce qu’Il va faire ! Comment puis-je me réjouir de la venue du
Seigneur si elle doit jeter à bas tout ce que je cherche à construire dans le
monde ? Un homme, par exemple, peut essayer de gagner ou de conserver un
statut par son habileté, et espérer que ses fils puissent le surpasser par les
avantages supérieurs dont ils vont bénéficier. Toute la grandeur humaine est
fondée sur une telle idée ; c’est « le monde », dans sa réalité. Le retour
de Christ est une vérité qui démolit toute sa structure ; car, si nous
attendons vraiment Sa venue comme quelque chose qui peut se produire de jour en
jour — si nous réalisons que nous sommes placés comme des serviteurs à la
porte, la main sur la poignée, attendant qu’Il frappe (nous ne savons pas
quand), et désirant Lui ouvrir immédiatement
(« Bénis sont ces serviteurs ! »,
Luc 12:38) — si telle est notre attitude, comment pouvons-nous avoir du temps
ou du cœur pour ce qui occupe le monde actif, oubliant ainsi Christ ? De plus,
nous ne sommes pas du monde, tout comme Christ n’en est pas ; quant aux
moyens et aux agents pour réaliser ses plans et ses objectifs, le monde ne
manquera jamais d’hommes pour faire son travail. Mais nous avons des affaires
plus importantes, et il est indigne de nous de chercher les honneurs du monde
qui rejette notre Seigneur. Que notre position extérieure ici-bas soit de bas
niveau ou éprouvante, qu’y a-t-il de plus glorieux que d’y servir notre
Seigneur Christ ? Or Il vient.
(*) Le Seigneur du temple était rejeté ; la maison d’Israël était abandonnée ; la Gloire retournait au ciel. (Comparez Ézéchiel 10:2-4, 18-19, et Ézéchiel 11:22-23.) Lorsque les jugements sur Israël les ont ramenés à l’Éternel, la Gloire revient de la même manière qu’elle était partie. Comparez Éz. 43:1-4, et Zach. 14:1-9. [Ed.
À la croix, nous voyons Dieu s’humilier — le Seul qui soit de toute grandeur s’anéantissant pour mon âme — le Seul qui commande à tous, devenant le Serviteur du plus abject. Une personne ne peut recevoir la vérité de la croix sans que sa marche soit dans une mesure en accord avec l’esprit de la croix. Pourtant, combien de saints de Dieu considèrent la croix, non pas tant comme la puissance par laquelle le monde m’est crucifié et moi au monde (Gal. 6), mais plutôt comme le remède par lequel ils sont libérés de toute anxiété, pour se faire une place confortable dans le monde ! Le chrétien devrait être le plus heureux des hommes ; mais son bonheur ne consiste pas dans ce qu’il a ici-bas, mais dans ce qu’il sait qu’il aura avec Christ. Entre temps, notre service et notre obéissance doivent être formés selon l’esprit de la croix du Seigneur Jésus Christ. La méchanceté de l’homme et la grâce de Dieu ont été manifestées à fond à la croix ; tout s’est rencontré là ; et c’est sur cette grande vérité que se fonde ce qui est souvent dit dans l’Écriture : « La fin de toutes choses est proche », parce que tout a été mis en évidence dans les voies morales et dans les relations dispensationelles entre Dieu et l’homme.
En liaison avec cela, le Seigneur ne dévoile pas notre portion à nous, chrétiens, mais Il prend les disciples là où ils en étaient. Ils étaient des Juifs pieux et croyants. Leurs associations reliaient Christ avec le temple. Ils savaient qu’Il était le Messie d’Israël, et ils s’attendaient à ce qu’Il juge les Romains et rassemble tous les dispersés de la postérité d’Abraham des quatre vents du ciel. Ils attendaient l’accomplissement de toutes les prophéties concernant le pays et la ville. À cette époque, les disciples n’avaient pas du tout la notion que Jésus irait au ciel et y resterait longtemps, ni que les dispersés d’Israël et les Gentils seraient amenés à la connaissance de Christ. Par conséquent, cette grande prophétie sur le mont des Oliviers commence par les disciples et par leur condition. Leur cœur était trop occupé par les bâtiments du temple. Mais le Seigneur, maintenant rejeté, annonce qu’« il ne sera pas laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas » (24:2). Cela excita grandement le désir des disciples de comprendre comment de telles choses devaient s’accomplir. Ils étaient au courant, d’après les prophéties, qu’il y aurait un temps de douleurs pour Israël, et ils ne savaient pas comment concilier cela avec la bénédiction annoncée. Ils lui demandèrent donc : « Quand cela arrivera-t-il ? et quel sera le signe de ta venue et de la consommation du siècle (de la fin du monde, selon la version autorisée KJV) ? ». (24:2, 3).
Ta « venue » signifie « la présence du Seigneur avec eux sur la terre » ; et « la fin du siècle » est un mot tout à fait différent de celui traduit ailleurs par « monde » ; il signifie ici la fin du temps pendant lequel notre Seigneur serait absent d’avec eux. Ils voulaient connaître le signe de Sa présence auprès d’eux. Ils savaient qu’une telle désolation ne pourrait jamais avoir lieu si leur Messie régnait sur eux. Ils voulaient savoir quand viendrait le temps de douleur, et quel serait le signe de Sa propre présence qui le terminerait et introduirait une joie sans fin.
« Jésus leur répondit : Prenez garde que personne ne vous séduise. Car beaucoup viendront en mon nom, disant : Moi, je suis le Christ, et ils séduiront beaucoup de gens » (24:4, 5). Dans les épîtres de Paul, il n’y a jamais de mise en garde précise contre des faux Christs. Car le Saint Esprit s’adresse à nous en tant que chrétiens ; et un chrétien ne saurait être trompé par la prétention d’un homme à être Christ. Par contre cette mise en garde est tout à fait appropriée ici, parce que les disciples qui sont en vue dans ce chapitre, ne représentent pas nous, les chrétiens actuels, mais ils sont comme représentants des futurs Juifs pieux. En tant que chrétiens, nous n’avons rien à voir avec la destruction du temple ; elle ne nous affecte en aucune façon. Ces disciples étaient considérés comme le résidu pieux de la nation, qui attendaient le Messie pour introduire la gloire. Le Seigneur les avertit donc que si quelqu’un s’élevait parmi eux en disant : « Je suis le Christ », il ne fallait pas le croire. Le temps était venu où le vrai Messie devait apparaître. Il était apparu, mais Israël L’avait rejeté ; ils refusaient de se courber devant Lui, s’endurcissant dans le mensonge que notre Seigneur ne pouvait être Celui qui était promis.
Mais Israël n’avait pas encore abandonné l’espérance du Messie, ce qui les exposait à l’illusion dont il est question ici (c’est-à-dire à des personnes qui disent : Je suis le Christ). En tout cas, le rejet du vrai Christ les exposait à la réception d’un faux Christ. Notre Seigneur les en avait avertis. « Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas. Si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez » (Jean 5:43). Si un messie venait plein de lui-même et de Satan, la nation serait abandonnée pour recevoir le faux messie, comme une juste rétribution pour avoir rejeté le Vrai Messie. Les disciples étaient les représentants des Juifs pieux, et ils étaient avertis de ce qui arriverait à leur nation. Mais prenez les épîtres de Jean et qu’y trouvez-vous ? « Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit ». Pourquoi ? Parce que le grand point qui distingue l’Église, c’est la présence du Saint Esprit ; et la tromperie contre laquelle nous devons veiller, ce sont les faux esprits, et non les faux Christs, bien qu’il y ait beaucoup d’antichrists.
Comment ferons-nous la volonté de Dieu ? Comment serons-nous dirigés vers ce qui L’honorera ? Le Saint Esprit seul peut nous guider dans un chemin, et Il le fait par la Parole de Dieu. Il faut que je me réunisse selon les écritures, là où ce qui est de l’homme n’est pas permis et où ce qui est de Dieu est libre d’agir et est pleinement reconnu. Nous sommes tenus de voir si tout ce que nous faisons supportera tout ce qu’on trouve dans les Écritures ; sinon, arrêtons-nous tout de suite. N’admettez jamais rien de ce que vous croyez être contraire à la Parole écrite. « Cessez de mal faire » (És. 1:16). « Pour celui donc qui sait faire le bien et qui ne le fait pas, pour lui c’est pécher » (Jacq. 4:17). Supposons que je sache seulement que j’aie tort dans ce en quoi je suis engagé, mais que je ne voie rien d’autre : il faut que je m’arrête. Dieu ne me donne pas de nouvelle lumière, si je fais ce qui est mal. Il se peut que je doive rester dans ma chambre sans voir le pas suivant ; mais partout où je vois du mal, je suis tenu vis-à-vis de lui. Nous ne pouvons jamais poursuivre dans le mal en espérant avoir plus de lumière. Qu’est-ce que la marche par la foi ? Un croyant peut sembler marcher à l’aveuglette, tandis qu’il a Dieu pour son guide. Il ne voit pas ce qu’il y a devant lui, mais il a l’œil et le cœur et la main de Celui qui le voit. C’est Dieu qui guide. Il me montre Sa volonté pour un pas, et quand je l’ai fait, Il me montre le pas suivant. C’est une question d’honorer Dieu. Quand nous avons agi ainsi pour un pas quelconque, le Seigneur nous ouvre le pas suivant.
Notre Seigneur ne nous met pas en garde ici contre les faux esprits, parce qu’Il ne parle pas à des disciples sur le terrain chrétien. Par chrétien, j’entends un croyant postérieur au moment où le Saint Esprit a été répandu d’en haut. Il n’est pas plus un saint que ne l’était auparavant un homme appelé à la connaissance de Dieu. Mais il a des privilèges spéciaux fondés sur une rédemption accomplie, et il entre davantage dans la vérité de Dieu révélée en Christ. Les disciples ne connaissaient pas encore cette bénédiction ; et le Seigneur les prend comme exemples d’un résidu croyant des derniers jours. Le danger des chrétiens est d’attrister le Saint Esprit — ou plutôt d’écouter les faux esprits. « Ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde » (1 Jean 4:1). Il y a des personnes chez qui un mauvais esprit travaille. De nos jours, la foi, tant dans le Saint Esprit que dans la puissance de Satan, est très affaiblie. Les gens ne regardent que l’homme, alors que l’Écriture fait grand cas de Dieu et de Satan. Ce qui donne à Satan du pouvoir sur quelqu’un qui professe le nom de Christ, c’est la tolérance du péché. Satan n’a pas un atome de pouvoir contre un enfant de Dieu qui regarde à Jésus ; mais là où le moi est permis, Satan peut venir et y faire sa demeure pour un temps. Si un croyant ne peut pas être un faux prophète, il peut y avoir une puissance temporaire de l’ennemi sur son âme.
Il est ici question de faux Christs, car notre Seigneur allait parler aux disciples de circonstances et d’espérances juives, bien qu’Il passe ensuite à des sujets chrétiens. La prophétie se compose de trois grandes parties. L’histoire du résidu Juif est décrite en détail [24:1-44] ; puis vient la part des chrétiens [21:45 à 25:30], et enfin celle des Gentils [25:31-46]. La prophétie se divise elle-même en ces trois sections. Les Juifs sont d’abord mis en avant, parce que les disciples n’étaient pas encore sortis de leur position juive : ce n’est que lorsque le Christ a été crucifié que le mur de séparation a été abattu (Éph. 2:14). L’intention de notre Seigneur était de prendre un résidu juif et de montrer qu’il y aurait une compagnie (un groupe) dans les derniers jours sur le même terrain que ces disciples — les chrétiens viendraient entre les deux. C’est ce que nous avons décrit dans la dernière partie du ch. 24 et dans la plus grande partie du ch. 25. Ensuite, nous avons les Gentils, « toutes les nations », rassemblés devant le Fils de l’homme. Tel est le fil conducteur qui relie les différentes parties de ce grand discours.
« Plusieurs viendront en Mon nom, disant : Je suis le Christ, et ils séduiront beaucoup de gens. Et vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres ; prenez garde que vous ne soyez troublés ; car il faut que toutes ces choses arrivent, mais la fin n’est pas encore » (24:5, 6). Observez les deux grands avertissements moraux donnés par notre Seigneur.
Or le passage qui nous occupe ne concerne pas les chrétiens dans leur état présent, mais les disciples juifs tels qu’ils étaient et tels qu’ils seront. Notre appel a lieu après que notre Seigneur est allé au ciel et avant qu’Il revienne en gloire, tandis que le résidu Juif aux derniers jours sera sur un terrain similaire à celui des disciples auxquels notre Seigneur s’adressait, et avec des espérances similaires aux leurs. Nous ne parvenons pas à une connaissance claire en niant les points marquants que Dieu donne. Si nous voulons mettre les choses en ordre dans la parole de Dieu, nous devons noter de quoi et à qui elle parle. Si moi, un Gentil, je reprends le langage d’un Juif, je commets une grande erreur ; ou si un chrétien adopte le langage d’un Juif ou d’un Gentil, il y a là ausi une erreur égale. C’est pourquoi l’accent est mis sur « découper droit la parole de la vérité » (2 Tim. 2). Nous trouvons diverses manières de Dieu, selon Sa volonté souveraine, au sujet de ceux dont Il s’occupe, et nous devons veiller à appliquer correctement Sa parole. Les disciples, en tant que résidu juif, avaient un appel particulier dans un pays particulier, la Judée ; s’ils entendaient parler de guerres et de bruits de guerres, ils ne devaient pas être troublés : « Car il faut que toutes ces choses arrivent ; mais la fin n’est pas encore ». Notez la différence dans le langage de l’Écriture. Avons-nous jamais entendu les apôtres dire : « La fin n’est pas encore, pour nous » ? Au contraire, il est dit de nous (1 Cor. 10:11) : « nous que les fins des siècles ont atteints » ; tandis que le Seigneur, en faisant Ses prédictions au résidu Juif, dit : « La fin n’est pas encore ». C’est parce que beaucoup de choses doivent encore être accomplies avant que les Juifs puissent entrer dans leur bénédiction. Mais pour les chrétiens, tout est maintenant à nous en Christ ; la bénédiction n’est jamais remise à plus tard, bien que nous attendions la couronne à Sa venue. Et encore, beaucoup de passages de l’Écriture parlent de scènes d’angoisse avant la venue du Seigneur ; d’autres poussent les chrétiens à attendre Christ à tout moment. Ces passages de l’Écriture ne peuvent être anéantis ni se contredire l’un l’autre ; et pourtant ils le font si on les applique aux mêmes personnes.
En pratique aussi, la différence est extrêmement importante ; car le chrétien n’est pas du monde, comme Christ n’en est pas, — ce qu’on ne peut pas dire du corps des Juifs qui sera appelé aux derniers jours. Pour nous, « les guerres et les bruits de guerres » ne devraient pas être une source de trouble, pas plus que d’intérêt pour l’un ou l’autre côté des combattants de ce monde. Certainement ces événements sont l’occasion d’une sainte préoccupation et d’une intercession dans un esprit de grâce, et cela pour tous ceux qui sont engagés. Le résidu des Juifs, au contraire, ne sera pas constitué à part au moyen d’une espérance céleste ; et les luttes terrestres qui feront alors rage dans le pays et à l’entour ne pourront que les affecter de près : ils devront donc tout particulièrement chérir leur confiance dans les paroles du Sauveur, et ne pas être troublés comme si l’issue était incertaine, ou qu’eux-mêmes étaient oubliés dans ce jour sombre. Ils devront attendre patiemment ; « car nation s’élèvera contre nation, et royaume contre royaume ; et il y aura des famines, des pestes, et des tremblements de terre, en divers lieux. Mais toutes ces choses sont un commencement de douleurs ».
Il est évident que ce langage ne s’applique dans toute sa force qu’aux Juifs — croyants, sans doute, mais Juifs quand même au milieu d’une nation châtiée judiciairement pour son apostasie de Dieu et pour le rejet de son propre Messie.
la fin
Le Seigneur prépare donc les disciples ou le résidu Juif à leurs épreuves particulières, partiellement vérifiées après Son propre départ jusqu’à la destruction de Jérusalem, et devant être une fois de plus complètement vérifiées après la destruction de l’Antichrist. « Alors on vous livrera pour être affligés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations [ou des Gentils] à cause de mon nom. Alors plusieurs seront scandalisés, se livreront l’un l’autre et se haïront l’un l’autre » (24:9, 10).
Il allait y avoir une fausse profession parmi eux, et de la
haine de ce qui est vrai, même entre eux — et pas seulement des troubles à
l’extérieur : « Et beaucoup de faux prophètes s’élèveront et séduiront
beaucoup de gens. Et parce que l’iniquité abondera, l’amour de beaucoup se
refroidira ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé »
(24:11-13). Il y a donc une certaine période
définie, une période
d’endurance — et une fin
à venir aussi réellement qu’il y a eu un commencement
de douleurs. Mais que d’épreuves, de ténèbres, de souffrances et de scandales
avant que cette fin n’arrive ! Lorsque notre Seigneur parle du sort du
chrétien dans l’Évangile de Jean, Il ne nomme jamais ni un commencement ni une
fin, mais il laisse entendre qu’il faut s’attendre à des tribulations tout au
long de sa carrière : « vous aurez de la tribulation dans ce monde ». Et tel
est le langage et la pensée constants dans les épîtres, où il est
indiscutablement question de notre vocation.
Vient ensuite un dernier signe. « Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans la terre habitée toute entière, pour servir de témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin » (24:14). L’évangile de la grâce de Dieu n’est pas le même que l’évangile du royaume. Les deux doivent être prêchés — que Dieu sauve les âmes de Sa simple faveur maintenant par Christ ; et qu’il y a un royaume qu’Il va bientôt établir par Sa puissance, et qui doit embrasser toute la terre. Avant que la fin arrive, il y aura donc un témoignage spécial de cette venue du Seigneur, comme Il le laisse entendre ici. Ainsi, en Apoc. 14, un ange est vu par Jean dans la vision prophétique, ayant l’Évangile éternel à prêcher aux habitants de la terre et à toute nation, et « disant à haute voix : Craignez Dieu et donnez-Lui gloire, car l’heure de Son jugement est venue, et rendez hommage à Celui qui a fait le ciel, la terre, la mer et les fontaines d’eau ». Or, on ne peut pas dire maintenant que l’heure de Ses jugements soit venue, car c’est, au contraire et expressément, le jour de Sa grâce et de Son salut. Il est donc clair que, juste avant la fin de ce siècle, il y aura une remarquable énergie de l’Esprit au milieu des Juifs ; et de ce peuple même qui a rejeté Jésus autrefois, des messagers du royaume, touchés par Sa grâce, iront annoncer l’arrivée rapide du jugement divin et l’établissement du royaume des cieux en puissance et en gloire. Qui, selon la miséricorde de Dieu, est aussi propre à proclamer le retour du Messie que des gens issus de la nation même qui, autrefois, L’avait cloué sur la croix, — à Le proclamer parmi tous les Gentils orgueilleux dont le représentant d’alors avait inscrit sur Sa croix : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » ? Le témoignage sera donc répandu universellement. Quelle humiliation pour la chrétienté ! Qu’est devenu l’Orient ? Qu’est devenu l’Occident ? Le mahométanisme ! la papauté ! et le paganisme encore répandu en Asie et en Afrique. Et pourtant, des hommes chrétiens ferment les yeux sur les faits les plus simples et les plus solennels, et se vantent des triomphes de l’Évangile ! Non : les Gentils ont été sages dans leurs propres opinions, bien que la grâce souveraine ait agi en dépit de tout là où il a plu à Dieu ; mais il est réservé à d’autres témoins de proclamer le royaume à venir, lorsque l’apostasie aura été complète dans la chrétienté et que l’homme de péché aura été révélé, — et la proclamation de ce royaume aura lieu dans toute la terre habitée.
Au verset 15, le Seigneur remonte dans le temps et nous montre, non pas des signes généraux de la fin prochaine, ni ce qui doit distinguer la fin en général d’avec les précédentes douleurs d’Israël ; mais ici nous avons des circonstances de caractère très précis, qui peuvent s’appliquer peut-être partiellement à ce qui s’est passé avant la chute de Jérusalem sous Titus, mais qui ne peuvent s’accomplir dans l’avenir d’Israël que si nous tenons dûment compte de la particularité de la scène, du contexte de la prophétie et, surtout, de la consomption dans laquelle tout doit se terminer.
Tout d’abord, donc, notre Seigneur fait appel à un prophète juif. « Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint, (que celui qui lit comprenne) », etc. La parenthèse avertit que la prédiction peut être mal comprise — en tout cas, elle demande de l’attention. Deux passages du prophète (Dan. 11:31 + 12:11) parlent de cette abomination ; mais je n’hésite pas à dire que le premier était une préfiguration des actes d’Antiochus Epiphane des siècles avant Christ, et que le second est celui dont il est fait référence ici, et qui n’est toujours pas accompli. Entièrement distinct de l’époque d’Antiochus, Dan. 12 parle d’une autre idole qui entraîne la désolation dans son sillage, et cela expressément « au temps de la fin » (Dan. 12:9). « Plusieurs seront purifiés, blanchis et affinés ; et les méchants agiront méchamment ; et aucun des méchants ne comprendra, mais les sages comprendront » (Dan. 12:10). En ceci, nous avons un autre point de connexion avec la parole de notre Seigneur « que celui qui lit comprenne ». « Et depuis le moment où le [sacrifice] quotidien sera ôté et où l’abomination qui désole sera établie, il y aura 1290 jours » (Dan. 12:11). Ainsi, outre le mal idolâtre imposé par le fameux roi du Nord (Antiochus) longtemps avant l’apparition du Seigneur, Daniel prévoit dans l’avenir un mal semblable à la fin des douleurs d’Israël ; la destruction de ce mal précède immédiatement leur délivrance finale. « Bienheureux celui qui attend » (Dan. 12:12). Sur ce dernier point, notre Seigneur cite le prophète juif, et jette une lumière supplémentaire sur la même période et les mêmes circonstances, quand Daniel lui-même réapparaitra dans son lot (Dan. 12:13).
La conclusion est claire et certaine : en Matt. 24:15, notre Seigneur fait allusion à la partie de Daniel qui est encore future, et non à ce qui était historique lorsqu’Il a prononcé ces paroles sur la montagne des Oliviers. Je suis conscient que certains ont confondu cette question avec ce que nous lisons en Dan. 8 et 9. Mais « la transgression qui désole » (Dan. 8:13) n’est pas la même chose que « l’abomination de la désolation » ; et on ne peut pas identifier de manière absolue « la fin de l’indignation » (Dan. 8:19) avec « le temps de la fin » (comparez Ésaïe 10). Les distinctions de l’Écriture sont aussi importantes que les points de ressemblance et de contact. Le dernier verset de Dan. 9 pourrait davantage correspondre à Matt. 24:15 : Là, nous avons une alliance confirmée pour une semaine ; puis, au milieu de la semaine, on fait cesser le sacrifice et l’offrande ; après quoi, à cause de la protection accordée aux abominations, ou idoles, il y a un désolateur « jusqu’à la consomption, et que ce qui est déterminé soit versé sur la désolée » (c’est-à-dire Jérusalem). J’ai donné ainsi ce que je crois être le sens véritable de ce passage important, car, lorsqu’il est énoncé avec précision, la ressemblance supposée avec « l’abomination de la désolation » disparaît. Un désolateur qui vient à cause de l’aile (c’est-à-dire la protection) des abominations est très différent de l’abomination qui désole, ou de l’idole qui doit encore se dresser dans le sanctuaire. La date de 1290 jours se rattache à la mise en place de cette abomination. Même pour ceux qui interprètent cette durée comme autant d’années, il est impossible d’appliquer la prophétie à la destruction de Jérusalem ou de son temple par les Romains. S’il en avait été ainsi, la période de bénédiction serait arrivée depuis longtemps pour Israël. La prophétie a-t-elle donc échoué ? Non, mais les lecteurs n’ont pas su la comprendre. Nous devons corriger, non pas le langage de l’Écriture, mais nos interprétations : nous devons encore et encore revenir à la parole de Dieu, et voir si nous ne nous sommes pas trompés sur ces questions.
La vérité est que comprendre Dan. 12 est de toute importance
pour tirer tout le profit possible de Matt. 24. Le premier verset donne un
point de repère clair : « En ce temps-là, Micaël se lèvera, le grand prince
qui se tient pour les enfants de ton peuple ». Il ne fait aucun doute que le
peuple de Daniel désigne les Juifs et qu’une puissante intervention en leur
faveur est annoncée, mais, comme d’habitude, accompagnée d’une très dure
épreuve de la foi. Car « ce sera un temps de détresse tel qu’il n’y en a jamais
eu depuis qu’il y a une nation jusqu’à ce temps-là ». C’est ce que notre
Seigneur a incontestablement en vue au v. 21 : « Il y aura alors une grande
tribulation, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à
maintenant, et qu’il n’y en aura jamais ». Il ne peut y avoir deux tribulations
pour le même peuple, chacune étant la plus grande : les deux déclarations
se réfèrent au même trouble. Or Daniel dit positivement que « en ce temps-là
,
ton peuple (les Juifs) sera délivré ». Qui peut prétendre que Micaël a défendu
Israël contre Titus, pas plus que contre Nabuchodonosor ? Tout le monde
sait qu’à cette époque, loin d’être délivrés, ils ont été complètement vaincus
par les Romains, et que ceux qui ont échappé à l’épée ont été vendus comme
esclaves et dispersés dans le monde entier ? Dieu était alors contre
Israël, et non pas pour ; et, comme le roi de la parabole (ch.22), Il
s’est irrité, a envoyé Ses armées, a détruit ces meurtriers, et a incendié leur
ville. Ici, au contraire, l’heure sans égale de la douleur se situe juste avant
leur délivrance de la part de Dieu, et non avant leur captivité.
Si l’on ramène cela à notre chapitre, la vue de l’idole qui désole dans le lieu saint est le signal pour fuir. « Que ceux qui sont en Judée s’enfuient dans les montagnes » (24:16). Il n’est pas question d’un signe pour les chrétiens en tant que tels, mais pour les disciples juifs en terre sainte, et cela afin qu’ils se retirent immédiatement d’une scène de danger. « Que celui qui est sur le toit ne descende pas pour prendre quelque chose de sa maison ; et que celui qui est dans les champs ne revienne pas pour prendre ses vêtements. Et malheur aux femmes enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! » (24:17-19). On a essayé d’y trouver l’avertissement qui amena certains à s’enfuir à Pella dans l’intervalle qui suivit l’encerclement de la ville par le lieutenant romain, et avant le pillage final par le commandant victorieux. Mais cela vient de ce qu’on a confondu Luc 21:20-24 avec Matt. 24:15-21, alors que ces deux passages sont manifestement distincts, malgré une certaine analogie. Il entrait parfaitement dans le domaine attribué par l’Esprit au grand évangéliste Gentil (Luc) de parler du siège des Romains dans le passé, aussi bien que de la suprématie actuelle des nations qui foulent Jérusalem aux pieds jusqu’à ce que leurs temps soient accomplis. Matthieu, cependant, avait sa propre tâche en traitant de la grande crise future, au moins à partir du v. 15. Et il est évident que l’abomination dans le lieu saint diffère tout à fait des armées qui environnent Jérusalem, tout comme il y eut tout le temps nécessaire pour partir tranquillement de la ville menacée (y compris pour les handicapés et infirmes des deux sexes) après que Cestius Gallus se soit retiré. J’en conclus donc que, par Matthieu, notre Seigneur nous donne ce qui concerne le temps de la fin, tandis que, par Luc, Il donne ce qui se rapporte au passé, et au présent aussi, de façon sommaire, ainsi qu’à l’avenir. Matthieu, par exemple, ne pouvait pas parler, comme Luc, de Jérusalem foulée aux pieds par les nations, car il ne s’occupait ici que des horreurs précédant immédiatement la bénédiction et la délivrance d’Israël. Luc a un temps de trouble antérieur et postérieur : Matthieu, à partir du v. 15, se borne à ce dernier temps.
« Mais priez pour que votre fuite n’ait pas lieu en hiver, ni un jour du sabbat ; car alors il y aura une grande tribulation, telle qu’il n’y en a pas eu depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour, et qu’il n’y en aura jamais » (24:20, 21). Combien le Seigneur est prévenant ! Et combien Ses disciples, en ce jour-là, peuvent compter sur Sa sollicitude pour que leurs demandes soient exaucées, de sorte que, malgré l’urgence de leur fuite, ni la saison défavorable ni le jour de repos juif n’y feront obstacle ! Voici encore une autre preuve que ce ne sont pas des chrétiens qui sont ici envisagés, mais les disciples juifs. Aussi saint que soit le sabbat, je n’hésite pas à dire que le jour du Seigneur, auquel l’Église a à faire, est fondé sur une sainteté plus profonde. Le croyant doit maintenant se garder aussi bien de confondre le sabbat avec le jour du Seigneur, que de supposer que le jour du Seigneur peut être utilisé à des fins égoïstes ou mondaines, du fait qu’il n’est pas le sabbat. Le sabbat est le saint mémorial de la création et de la loi, comme le jour du Seigneur est le mémorial de la grâce et de la nouvelle création dans la résurrection du Sauveur. Comme chrétiens, nous ne sommes ni de l’ancienne création ni sous la loi, mais nous nous tenons sur le terrain totalement différent de Christ mort et ressuscité. Le sabbat était pour l’homme et le Juif ; c’était le dernier jour de la semaine, et un simple repos à partager avec le bœuf et l’âne. Ce n’est pas une notion chrétienne : le chrétien commence la semaine avec le Seigneur, Lui rend le meilleur dans l’adoration, et est libre de travailler pour Lui jusqu’au bout au milieu du péché et de la misère du monde.
Ainsi, nous avons à chaque pas un nouveau témoignage de la portée réelle de la prophétie. Pour nous, le lieu saint est au ciel, non pas à Jérusalem ; pour nous, il ne s’agit pas d’échapper à une tribulation sans pareil, mais d’être préparés à souffrir avec et pour Christ, et de nous en réjouir toujours ; pour nous qui sommes rassemblés d’entre toutes les nations et toutes les langues, les montagnes de Judée ne sont pas un refuge approprié ; et l’hiver ou le jour du sabbat ne peuvent être une source d’inquiétude.
Nous devons peser chaque mot et en tirer profit, mais les preuves indiquent sans ambiguïté que, dans les derniers jours, il y aura un corps converti de Juifs qui ne se tiendra pas dans la lumière et les privilèges de l’Église ; mais du fait qu’il aura des espérances juives, et attendra le Messie, il est averti de la manière d’échapper aux tromperies et à la détresse accablante de ce jour-là.
Il est question de chair qui est sauvée (24:22), et non pas de la communion avec les souffrances de Christ et de conformité à Sa mort, afin d’avoir part, coûte que coûte, à la résurrection d’entre les morts (Phil. 3). Aussi n’est-il pas question ici de la venue de Christ pour nous recevoir auprès de Lui et nous donner des demeures là où Il est, dans la maison du Père (Jean 14) ; mais il est question de Son apparition en gloire pour détruire les ennemis, pour juger ce qui était mort et offensant pour Dieu, et pour délivrer les élus d’Israël dispersés. C’est à cause d’eux que ces jours de terreur devront être abrégés. C’est à cela que correspondent les avertissements des v. 23-28 : « Si quelqu’un vous dit : Voici le Christ, ou : Le voilà, ne le croyez pas. Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, qui montreront de grands signes et des prodiges », etc. (24:23, 24). Une telle illusion peut-elle être même adressée au plus simple des chrétiens qui attend le Fils de Dieu du ciel ? Par contre, elle est très compréhensible si nous pensons à ces futurs disciples juifs qui pourraient attendre quelque chose ressemblant à une prédiction comme celle de Zacharie 14, où le mont des Oliviers est le lieu désigné sur lequel l’Éternel-Messie doit se tenir. Nous pouvons très bien concevoir des rumeurs pour de tels saints selon lesquelles le Messie serait au désert ou dans des chambres secrètes : elles pourraient tromper ceux qui s’attendaient à rencontrer le Seigneur sur la terre, et non pas ceux qui savent qu’ils doivent Le rejoindre en l’air avec les ressuscités (1 Thes. 4 ; 2 Thes. 2).
Le mode de Sa présence pour délivrer les Juifs est ensuite indiqué pour les prémunir contre leurs tromperies : « Car comme l’éclair vient », etc. Les figures (24:27, 28), qui illustrent la présence du Fils de l’homme, donnent l’idée d’une manifestation soudaine et terrible, et d’un jugement rapide et inévitable sur ce qui ne sera alors qu’un corps sans vie devant Dieu, quelles qu’en soient ses prétentions. Rien de tel, cependant, lorsque l’Écriture décrit la descente du Seigneur pour recevoir Ses saints ressuscités. Et quel est le résultat de cette mauvaise application de ces versets ? L’interprétation révoltante selon laquelle « la carcasse » désigne le Christ, et « les aigles » représentent les saints transfigurés, ou l’inverse, appelle la censure, non un commentaire. Il n’est pas non plus nécessaire de réfuter l’argument en faveur des étendards romains. Appliqué à Israël, tout est simple. La carcasse représente la partie apostate de cette nation ; les aigles, ou les vautours, sont la figure des jugements qui s’abattront dessus. Non seulement Christ sera manifesté comme un éclair en jugement, mais les agents de Sa colère sauront où et comment traiter ce qui est abominable aux yeux de Dieu. L’allusion se rapporte à Job 39:30.
« Aussitôt après la tribulation de ces jours-là, le soleil s’obscurcira », etc. (24:29-31). Inutile de parler de l’effort qu’on a fait autrefois pour appliquer ces versets au triomphe romain sur Jérusalem. À première vue, peut-on dire que ce triomphe a eu lieu « immédiatement après la tribulation » ? n’était-ce pas plutôt le couronnement de la douleur juive ? — et non le glorieux renversement de leurs souffrances par une délivrance divine.
Les prodiges rapportés par Josèphe ont plutôt eu lieu pendant la tribulation qu’il rapporte, tandis que les signes dont il est question ici, au sens propre ou au sens figuré, suivront « la tribulation de ces jours-là » (c’est-à-dire la crise future de Jérusalem). Non ; il s’agit ici d’un personnage incomparablement plus grand que Titus ; et l’événement annoncé en rapport avec ce pauvre peuple sera tel qu’il changera la face et la condition de toutes les nations. « Alors toutes les tribus de la terre se lamenteront, et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et une grande gloire. Il enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, d’une extrémité du ciel à l’autre ». Dans tout ce passage, les élus sont la semence élue d’Israël (24:22, 24, 31 ; comp. Ésaïe 65). Il y a d’autres élus, sans aucun doute, mais nous devons toujours interpréter selon le contexte, — ce qui me semble parfaitement clair et décisif dans le cas présent. Le Fils de l’homme dans le ciel, qu’on voit là, est, je le conçois, un signe pour ceux de la terre. Cela remplit toutes les tribus de deuil, et le Christ vient visiblement pour juger. D’autres écritures montrent que les saints célestes ont déjà été transportés au ciel, et qu’ils doivent alors accompagner le Seigneur ; mais rien de tout cela n’apparaît ici. Cela aurait été prématuré.
En outre, l’objet de cette partie de la prophétie est de montrer Sa venue pour secourir et rassembler Ses élus hors d’Israël. C’est donc en tant que Fils de l’Homme (c’est-à-dire judiciairement, Jean 5:27) qu’Il est présent ; et c’est aussi pour cela qu’Il envoie Ses anges au son de la trompette. « En ce jour-là, on sonnera de la grande trompette, et viendront ceux qui étaient prêts à périr dans le pays d’Assyrie, et les exilés dans le pays d’Égypte, et ils se prosterneront devant l’Éternel sur la montagne sainte, à Jérusalem » (Ésaïe 27:13). C’est la proclamation, non seulement de l’an agréable du Seigneur, mais du jour de la vengeance de Dieu (Luc 4 et És 61). « Et vous serez rassemblés un par un, enfants d’Israël ». Les quatre vents, en rapport avec Israël, ne constituent pas une difficulté, mais plutôt le contraire (voir Zach. 2:6). De même que l’Éternel les avait dispersés et répandus « comme les quatre vents du ciel », de même maintenant Ses élus vont être rassemblés.
L’aperçu général et la vue particulière de ce qui sera la part des Juifs ont été donnés jusqu’ici dans ce ch. 24. Cela est ensuite illustré à la fois par des images de la nature (24:32, 33) et par l’Écriture (24:34, 35), et se termine par une application appropriée (24:42-44).
« Du figuier, apprenez la parabole (ou : sa parabole) » (24:32). Quelle est la portée particulière du figuier ici, et l’à-propos de cette image ? Le figuier est le symbole bien connu de la nationalité juive. Nous avons vu au ch. 21 le figuier ne portant que des feuilles — cette génération livrée à la malédiction d’une stérilité perpétuelle, quoi que la grâce puisse faire pour la génération à venir. En Luc 21:29, il est dit : « Voyez le figuier et tous les arbres ». Pourquoi ce changement frappant ? Parce que tout au long de Luc, et notamment dans ce chapitre, le Saint Esprit introduit « les Gentils » (ou les nations). Luc a une portée plus large que Matthieu, et traite expressément des douleurs de Jérusalem en relation avec « les temps des Gentils » (ou des nations). D’où la différence même dans les figures d’illustration. Ici, c’est l’arbre, non pas desséché, mais avec des signes de vitalité : « Quand ses branches sont devenues tendres et que les feuilles poussent, vous savez que l’été est proche ; de même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que cela est proche, à la porte » (c’est-à-dire la fin de ce siècle et le début du suivant sous le Messie et la nouvelle alliance).
Mais le Sauveur nous avertit solennellement que « cette génération », cette race en Israël qui rejette Christ, ne passera pas avant que toutes ces choses ne soient accomplies !
L’idée que tout a été accompli lors du siège passé de Jérusalem,
est fondée sur un sens étroit et non scripturaire de cette phrase
remarquable ; elle vient de ce qu’on n’écoute pas ce que le Seigneur dit
aux disciples. Dans une généalogie (comme Matt. 1), ou lorsque le contexte
l’exige (comme Luc 1:50), le terme « génération » peut signifier la durée d’une
vie : mais où est-il utilisé dans ce sens ainsi dans les écrits
prophétiques, les Psaumes, etc. ? Le sens est ici moral plutôt que
chronologique ; comme, par exemple, dans le Psaume 12:7 : « Toi
Éternel ! tu les garderas, tu les préserveras de cette génération
pour toujours ». Les mots « pour toujours » prouvent une force prolongée ; et
en conséquence le passage laisse entendre que l’Éternel préservera les pieux de
leurs oppresseurs mauvais, vains, flatteurs, sans foi ni loi (Ps. 12:2-5), « de
cette génération pour toujours ».
C’est une réfutation nette et concluante de ceux qui voudraient limiter cette expression à une courte période ou à la vie d’un homme. De même, en Deut. 32:5, 20, nous trouvons le mot génération utilisé de façon similaire, non pas pour indiquer une période, mais pour exprimer le caractère moral d’Israël. Dans les Psaumes encore, nous avons non seulement « cette génération », mais « la génération à venir », et ni l’une ni l’autre ne sont limitée à une simple période de trente ou cent ans. Il en est de même en Prov. 30:11-14 : « Il y a une génération qui maudit son père… Il y a une génération qui est pure à ses propres yeux, » etc., où le caractère de certaines classes est considéré au moyen du mot « génération ».
Encore plus clair, si possible, est l’usage du mot dans les évangiles synoptiques. Ainsi, dans Matt. 11:16, « À qui comparerai-je cette génération ? » signifie ceux qui vivaient alors, caractérisés par le caprice moral qui les mettait en opposition avec le témoignage de Dieu, quel qu’il soit, en justice ou en grâce. Mais, bien que les personnes alors vivantes fussent avant tout en vue dans cette phrase, il est évident que l’identité morale des mêmes caractères peut s’étendre indéfiniment, et ainsi, d’âge en âge, il s’agirait toujours de « cette génération ». Comparez Matthieu 12:39, 41, 42, 45, dont le dernier verset montre l’unité de la « génération » dans son jugement final (non encore épuisé) avec celle sortie de la captivité babylonienne. Notez encore Matt. 23:36 : « En vérité Je vous dis, toutes ces choses viendront sur cette génération » — cette génération ne passera pas jusqu’à ce que toutes les prédictions de jugement, etc. prononcées par Christ s’accomplissent (24:34).
D’après ce qui a déjà été montré (pour l’essentiel directement
d’après l’Écriture), combien il est clair que beaucoup reste à accomplir :
« cette génération » subsiste encore, et subsistera, jusqu’à ce que tout soit
terminé. Combien cela est vrai ! Voilà à quoi en sont les Juifs — un
étonnement pour tout esprit qui réfléchit — non pas simplement une race brisée,
dispersée, et cependant perpétuée ; non seulement distincte, malgré les
puissants efforts de l’extérieur pour les effacer, et de l’intérieur pour les amalgamer
avec d’autres, mais restant avec la même incrédulité, le même rejet et le même
mépris de Jésus leur Messie qu’au jour où Il prononça leur jugement. Toutes
ces choses — en avertissant au sujet de leurs douleurs prochaines et lointaines
— doivent arriver avant que cette génération méchante disparaisse. « Le ciel et
la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (24:35). Ce que
l’incrédulité considère comme le plus stable, la scène de son idolâtrie ou de
sa vanterie, disparaîtra ; mais les paroles de Christ demeureront à
jamais, aussi bien celles qui concernent Israël que d’autres.
Mais si tout est ainsi sûr et infaillible, le Père seul connaît le jour et l’heure (24:36). Le Sauveur avait annoncé des signes amples et distincts, et les sages comprendraient ; « Les méchants agiront méchamment, et aucun des méchants ne comprendra » (Dan. 12:10).« Mais comme aux jours de Noé, ainsi sera la venue du Fils de l’homme. Car, comme dans les jours avant le déluge, on mangeait et on buvait, on se mariait et on donnait en mariage, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche, et ils ne connurent rien jusqu’à ce que le déluge vînt et les emportât tous ; ainsi sera la venue du Fils de l’homme » (24:37-39). C’est là un autre témoignage que notre Seigneur, dans cette position, parlait au sujet des disciples juifs des derniers jours (représentés par ceux qui L’entouraient alors), et non de l’Église. Car son illustration est tirée de ce que Noé et sa maison ont été préservés à travers les eaux du déluge ; tandis que le Saint Esprit, par Paul, illustre notre espérance par le modèle d’Énoch, enlevé au ciel, entièrement en dehors des scènes et des circonstances de jugement ici-bas.
De plus, lorsque le Fils de l’homme viendra ainsi en jugement sur les hommes vivants ici-bas, ce ne sera pas comme lors de la prise de Jérusalem par les Romains ou d’autres, un massacre ou une captivité sans discrimination ; mais, que ce soit en pleine campagne ou dans l’accomplissement des devoirs de la maison, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes, il y aura une juste discrimination des individus. « Alors deux hommes seront aux champs, l’un sera pris et l’autre laissé ; deux femmes moudront à la meule, l’une sera prise et l’autre laissée » (24:40, 41). Le sens est clairement que l’un est emporté judiciairement, et l’autre laissé pour jouir des bénédictions du règne de Christ, qui jugera le peuple de Dieu avec justice et Ses pauvres avec jugement. C’est l’inverse de notre transmutation (changement), lorsque les morts en Christ ressusciteront les premiers, et que nous, les vivants qui resteront, serons enlevés ensemble à la rencontre du Seigneur en l’air ; car dans notre cas, ceux qui restent sont laissés pour être punis par une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur (2 Thes. 1). Mais le Seigneur aura aussi un peuple terrestre. Il attend que les saints célestes soient rassemblés auprès de Lui en haut, puis Il commencera à semer, si je puis m’exprimer ainsi, pour la bénédiction terrestre, auquel cas Sa venue en tant que Fils de l’Homme aura pour but de faire disparaître les méchants, laissant les justes tranquilles et en paix. « Il y aura abondance de froment sur la terre, sur le sommet des montagnes ; son fruit bruira comme le Liban ; et les [hommes] de la ville fleuriront comme l’herbe de la terre. Son nom sera pour toujours ; son nom se perpétuera devant le soleil, et on se bénira en lui : toutes les nations le diront bienheureux. Béni soit l’Éternel, Dieu, le Dieu d’Israël, qui seul fait des choses merveilleuses ! Et béni soit le nom de sa gloire, à toujours ; et que toute la terre soit pleine de sa gloire ! Amen ! oui, amen ! » (Psaumes 72:16-19).
« Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure (ou : à quel jour) votre Seigneur vient ». Les événements concernant Israël, qui se terminent par le sauvetage des justes au milieu d’eux, impliquent le jugement du monde sûr de lui, et inconscient. En conséquence, dans ces versets de transition (24:42-44), nous avons une allusion à une sphère plus large que celle des Juifs ou de leur pays, dans laquelle le résidu pieux se trouvera — protégé, mais toujours là. Dieu sait comment délivrer les pieux de la tentation (2 Pierre 2:9). Là pourtant, ils sont environnés de pièges et d’ennemis, mais préservés : une position totalement différente de la nôtre, car nous serons auparavant pris en haut, dans la grâce souveraine et la sagesse de notre Sauveur. « Mais sachez que si le maître de maison avait su à quelle veille le voleur devait venir, il aurait veillé, et n’aurait pas laissé percer sa maison. C’est pourquoi, vous aussi, soyez prêts, car à l’heure que vous ne pensez pas, le Fils de l’homme vient » (24:43-44). L’objet est évidemment un avertissement pratique aux pieux sur la terre pour qu’ils soient prêts. Ils avaient été réconfortés en vue des troubles et de la violence ; ils avaient été mis en garde contre les tromperies religieuses du vieux serpent ; ils avaient été solennellement assurés de la fermeté des paroles du Seigneur sur le point précis où les idées des Gentils ont égaré même les vrais croyants ; ils sont maintenant exhortés à la vigilance et à être prêts pour leur Seigneur qui vient, afin qu’ils puissent non seulement échapper aux oiseleurs, mais se tenir devant le Fils de l’homme. Pour le monde, ce sera comme le voleur inattendu, qui fait irruption dans leur prétendue sécurité.
De Matt. 24:45 à 25:30, nous entrons dans des paraboles qui ne
concernent que
la chrétienté, et non le résidu des Juifs. Nous pouvons
considérer cela comme une annexe de ce dont le Seigneur avait parlé jusqu’ici.
C’est pourquoi nous avons ici un portrait si net de la profession, vraie et
fausse. Chaque fois que nous touchons à ce qui est proprement chrétien, Dieu
s’occupe du cœur et de la conscience. Il appelle et forme ceux qui doivent être
les compagnons de Son Fils dans la gloire céleste. C’est pourquoi rien n’est
laissé de côté ; tout est jugé par Dieu à Sa vraie lumière. C’est pourquoi
il n’y a ici aucune limite, ni de lieu, ni de personnes.
Le christianisme est au-dessus du temps, et du ciel, et pour le ciel, bien qu’il soit répandu sur la terre pendant l’intervalle entre dispensations causé par le rejet d’Israël pour un temps. Le christianisme est une révélation de la grâce émanant de Celui qui parle maintenant non pas de la terre mais du ciel. Ce n’est pas, je n’ai pas besoin d’insister, que le mal soit négligé. Aucune erreur ne peut être plus profonde et fatale que celle qui consiste à croire que la grâce implique la légèreté à l’égard du péché. Au contraire, la grâce est la condamnation la plus forte de tout mal, car elle n’est pas la simple affirmation de ce que l’homme devrait être envers Dieu, mais la révélation de ce que Dieu est envers l’homme dans le jugement de son péché à la croix de Christ. C’est donc la manifestation la plus complète de la haine divine du mal et du jugement du mal ; mais c’est en Christ, au prix de son propre Fils bien-aimé, afin de sauver les plus coupables qui croient. Lorsqu’Il traitait avec Son peuple terrestre sous la loi, beaucoup de choses étaient permises, à cause de la dureté de leur cœur, sans avoir jamais eu Sa sanction (approbation). Mais lorsque le déploiement complet de la grâce brille, comme c’est le cas maintenant, le mal n’est pas toléré mais jugé. Tel est le christianisme en principe et en fait.
Et c’est pourquoi, pour le vrai chrétien, tout le temps de son séjour terrestre est un temps de jugement de soi ; ou s’il y manque, l’assemblée est tenue de juger ses voies ; et si eux y manquent, le Seigneur le juge lui, et eux avec, en sainteté mais en grâce, afin qu’ils ne soient pas condamnés avec le monde (1 Cor. 11:32). Il peut dénoncer les fausses professions déjà maintenant, s’Il le juge bon, mais nous en voyons la fin ici dans ces trois paraboles. La grâce ne fait jamais de clin d’œil au mal ; et si le mal profite de la grâce à ses propres fins, le résultat est effrayant, et il le sera manifestement à la venue du Seigneur.
Et ceci m’amène à remarquer que la venue du Seigneur a un double caractère. Tout d’abord, il y a Sa venue en pleine grâce, entièrement indépendante de toute question de service de notre part, et par conséquent de récompenses spéciales dans le royaume dans lequel nous devons être manifestés avec Christ. Mais il ne faut pas oublier que cette manifestation au monde dans le royaume futur est loin d’être la partie la plus élevée de Sa gloire ou même de la nôtre, car elle ne suscite pas l’exercice le plus profond de Sa grâce. En nous recevant auprès de Lui, par contre, tout vient purement de Lui. C’est Son propre amour qui voulait ainsi nous avoir avec Lui et comme Lui. C’est ainsi que Jean met la venue de Christ dans son Évangile (Jean 14) ; et je ne vois pas qu’elle y soit jamais traitée autrement.
Dans l’Apocalypse, nous trouvons les deux manières. Dans le premier chapitre, le témoignage est le suivant : « Voici, Il vient avec les nuées », etc. Il est clair qu’il n’y a aucune trace des saints qui y sont enlevés, mais « Tout œil le verra, et ceux qui l’ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de lui » (Apoc. 1:7). L’Épouse n’apparaît nulle part dans cette scène, mais plutôt ce qui est public et affecte le monde universellement, et surtout les Juifs coupables du sang ; et tous sont en deuil. Mais le dernier chapitre ne pouvait pas se terminer sans nous faire savoir qu’en dépit de tout le mal, le malheur et le jugement, il y a une personne telle que l’Épouse qui attend son Époux céleste. À peine Celui-ci s’annonce comme la racine et la postérité de David, l’étoile brillante du matin, que l’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ». Nous avons ici l’intime rapport de cœur entre le Seigneur et l’Église.
Il est impossible à quiconque n’est pas né de Dieu de dire
« Viens », bien qu’il puisse y avoir des personnes qui sont ainsi nées et qui
ignorent cependant leur plein privilège d’union avec Christ. Et pour eux, je
n’en doute pas, une provision de grâce est prévue dans la parole : « Que celui
qui entend
dise : Viens ». Mais en aucun cas le monde ou une âme non
pardonnée ne peut répondre à un tel appel ; pour eux, ce serait en effet
la folie de la présomption, car pour eux Sa venue doit être une destruction
certaine et sans fin. Il ne s’agit pas non plus d’un simple sauvetage de la
chair, ni d’une délivrance de la misère et du danger par le renversement de
leurs ennemis : le Saint Esprit ne présente jamais la venue de Christ pour
nous sous un tel jour. Nous aurons le repos, et ceux qui nous troublent auront
la tribulation au jour de Son apparition (2 Thes. 1) ; mais nous allons à
la rencontre du Sauveur, et pour être avec Lui pour toujours ; et en
attendant, c’est notre doux privilège terrestre de souffrir par amour pour Lui
maintenant.
Nous sommes laissés pour un peu de temps dans un monde où tout est contre nous parce que contre Lui, et nous Lui appartenons. Mais nous savons qu’Il attend de venir pour nous, et nous L’attendons du ciel ; et pendant que l’attente dure, nous ne nous attendons de la part du monde qu’à de la souffrance ; mais nous en sommes heureux, assurés que la gloire dans le ciel et la croix sur la terre vont de pair. La coupe de l’épreuve, l’opprobre et le mépris des hommes, peuvent varier plus ou moins selon le moment. C’est à notre Père de les donner comme Il l’estime approprié. Mais si nous nous attendons à autre chose comme notre part naturelle ici-bas en tant que chrétiens, nous sommes infidèles à notre appel. Le rejet est le nôtre parce que nous sommes à Lui : « C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne L’a pas connu ».
En tant qu’Époux, le Seigneur n’a donc que de l’amour dans Son cœur pour l’Épouse. Il n’est pas non plus question de personne d’autre que les Siens. Il leur a dit qu’Il venait ; et plus la puissance de l’Esprit est grande dans l’âme, plus l’Épouse dit ardemment : « Viens ». Dans cette rencontre céleste du Seigneur avec l’Épouse, combien il serait incongru que d’autres yeux puissent regarder, ou que des foules en train de gémir puissent s’immiscer ou être témoins d’une telle rencontre ! L’Écriture ne parle pas ainsi.
Les Juifs, le monde, qui ont refusé le vrai Christ, recevront l’Antichrist. C’est ce dans quoi les hommes tomberont, et au milieu de leurs illusions et de leur triomphe apparent, le Seigneur viendra en jugement. Mais lorsqu’Il viendra ainsi, Il ne sera pas seul. D’autres, Ses saints célestes, apparaîtront avec Lui en gloire. C’est ce que nous voyons en Col. 3:4 et 1 Thess. 3:13, et en détail en Apocalypse 19. Ce ne sont pas seulement des anges, mais Ses saints qui Le suivent hors du ciel, vêtus de lin blanc et montés sur des chevaux blancs, selon les figures frappantes de l’Apocalypse. Les saints étaient au ciel avant le jour du jugement du monde. Ils ont dû être préalablement enlevés de la terre au ciel, afin de Le suivre hors du ciel et d’être avec Lui lorsque ce jour se lèvera ; et cela ne peut avoir eu lieu que par Sa venue pour les prendre auprès de Lui.
C’est pourquoi, encore une fois, on voit que Sa venue a un double caractère, selon l’objet de chacune de ses étapes ou phases. Il vient pour rassembler en haut tous Ses saints, morts ou vivants, et les présenter dans la maison du Père, afin que là où Il est, ils y soient aussi. En temps voulu ensuite, Il les emmènera avec Lui, jugeant la bête et le faux prophète, les Juifs et les Gentils, ainsi que toute fausse profession de Son nom. C’est encore Sa venue, ou le fait qu’Il soit présent : seulement alors c’est Son apparition (le premier acte, quand Il nous prend pour être auprès de Lui, n’est jamais appelé « apparition »), l’apparition de Sa venue (2 Thess. 2:8), Sa révélation, et Son jour.
À ce deuxième acte de la venue du Seigneur, ou Son « jour », se rattache l’évaluation de notre service, et l’attribution de la récompense pour le travail qui a été fait. Car tous doivent être manifestés devant le tribunal de Christ, et chacun recevra ce qu’il aura fait dans son corps, soit bien soit mal. Certains trouvent difficile de s’incliner devant ces deux vérités ; mais si nous sommes soumis à la Parole, nous ne négligerons ni la bénédiction commune des saints dans la pleine grâce du Sauveur à Sa venue, ni la reconnaissance de la fidélité individuelle (ou de son absence) dans les récompenses du royaume. Lorsque nous lisons qu’il y a plusieurs demeures (ou : de nombreuses demeures), nous ne devons pas rêver que l’une soit plus glorieuse qu’une autre. La vérité transmise est que nous devons être aussi proches et chers que des fils peuvent l’être dans la présence du Père, grâce à l’amour parfait et à l’œuvre du Fils. De ce point de vue, je ne vois aucune différence. Tous sont absolument proches, tous sont aimés de l’amour dont Christ a été aimé, et ont Sa part, autant qu’il est possible pour la créature. Mais dois-je alors nier que « chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail » (1 Cor. 3:8), ou que dans certains cas l’œuvre demeurera, tandis que dans d’autres elle sera brûlée ? ou que, comme l’enseigne la parabole, un serviteur peut recevoir dix villes, et un autre cinq ?
On constatera donc qu’il existe dans l’Écriture un lien étroit
entre le jour de Christ, ou l’apparition, et les exhortations actuelles à la
fidélité. Ainsi, Timothée est exhorté à garder le commandement sans tache,
irréprochable jusqu’à l’apparition de notre Seigneur Jésus (1 Tim. 6:14). De
même en 2 Tim. 4:8, l’apôtre parle de la « couronne de justice que le Seigneur,
le juste juge, me donnera en ce jour-là
, non seulement à moi, mais aussi
à tous ceux qui aiment son apparition
». Les résultats de la fidélité ou
de l’infidélité, ne se manifestent qu’alors. C’est le jour de la manifestation
devant le monde ; et « quand Christ, qui est notre vie, sera manifesté,
nous aussi nous serons manifestés avec Lui en gloire » (Col. 3:4). C’est donc
dans l’attente de la révélation de notre Seigneur Jésus que l’apôtre parle des
saints de Corinthe comme ne manquant d’aucun don, et qu’il introduit aussitôt
les pensées de Son jour (1 Cor. 1:7). Ainsi le jour
de Christ est la fin
bénie et le test solennel de tous quand il écrit aux Philippiens (1:10). Quant
aux deux épîtres aux Thessaloniciens, je n’ai pas besoin d’en rien dire car
elles présentent ces deux vérités de la manière la plus claire.
Revenant maintenant à la première des trois paraboles (24:45) qui se rapportent à la profession chrétienne, je voudrais faire la remarque générale à la suite de ce que nous avons examiné : si les mots « apparition », « jour », etc. sont spéciaux et ne sont jamais employés, je pense, sauf lorsqu’il est question de responsabilité, le mot « venue » est général ; et bien que ce mot soit applicable, si le contexte l’exige, à des cas de responsabilité, il a en lui-même un caractère plus large et est donc employé pour exprimer le retour de notre Seigneur en pure grâce. Autrement dit, l’apparition, le jour ou la révélation de Christ sont bien toujours Sa venue ou Sa présence ; mais Sa venue ne signifie pas nécessairement Son apparition, Sa révélation ou Son jour. Il peut venir sans apparaître, et je crois que l’Écriture prouve qu’il en est ainsi lorsqu’Il nous reçoit auprès de Lui en haut ; mais Son « apparition » est l’étape ultérieure de Son retour lorsque tout œil le verra.
« Qui donc est l’esclave fidèle et prudent, que son maître a établi sur les domestiques de sa maison pour leur donner la nourriture au temps convenable ? » Il ne s’agit pas ici d’évangéliser, mais de prendre soin des gens de la maison. Le principe de faire du trafic au dehors avec les dons du Maître viendra bientôt (25:14, et suiv.) ; mais ici le grand point est que, comme le Seigneur aime Ses saints (« nous sommes Sa maison », Héb. 3:6), Il fait grand cas du service dans cette sphère, fidèle ou non. Car je n’ai pas besoin de dire que la fidélité au Seigneur n’implique aucune négation du ministère.
Le ministère, lorsqu’il est réel, est de Dieu, mais son mode d’exercice est souvent erroné et non scripturaire. Le ministère n’est pas juif, mais caractéristique du christianisme. Or il est très susceptible de perdre son vrai caractère. Au lieu d’être les serviteurs de Christ dans Sa maison, beaucoup se transforment en agents d’un corps particulier. Dans un tel cas, le ministère découle toujours de l’église ou de la dénomination. Le vrai ministère vient de Christ et de Lui seul. C’est pourquoi l’apôtre disait qu’il était serviteur ou esclave de Jésus Christ, sans jamais tirer sa mission de l’Église ni n’étant responsable de son travail vis-à-vis d’elle. L’Évangile et l’Église étaient les sphères de son service (Col. 1) ; mais Celui qui donnait le service et qui était Son Seigneur, c’était Christ Lui-même exclusivement. Il me semble que cela est nécessaire, pour que le ministère soit reconnu comme divin ; et rien d’autre qu’un ministère divin n’est reconnu dans l’Écriture, ni ne devrait l’être par le peuple de Dieu aujourd'hui. C’est donc le premier point sur lequel notre Seigneur insiste, à savoir que le serviteur fidèle et prudent établi sur les domestiques de Sa maison, soit trouvé en train de faire Son travail et prenant soin de ce qui est si proche de Christ.
C’est une preuve très pénible du bas état de l’Église de nos jours qu’un tel service soit considéré comme un « gaspillage » de l’onction précieuse. Les enfants de Dieu eux-mêmes se sont si complètement éloignés de la pensée du vrai ministère, qu’ils pensent que c’est de l’oisiveté ou du prosélytisme que de s’occuper de ceux qui sont à l’intérieur. Pourquoi ne pas prêcher à ceux du dehors, disent-ils, et chercher à les amener à la connaissance de Christ ? Mais ce n’est pas la première chose sur laquelle insiste notre Seigneur. Le « serviteur fidèle et prudent » avait à faire avec ceux du dedans : son but était de leur donner leur nourriture en temps voulu ; et le Seigneur déclare que ce serviteur est béni : « Bienheureux est cet esclave-là que son maître, lorsqu’il viendra, trouvera faisant ainsi ». D’autres pourraient soulever des questions quant à ce qui justifie le droit du serviteur ; mais Il dit simplement : Si je vous trouve « faisant ainsi », vous êtes bénis. Le point essentiel est de faire Sa volonté. Il ne s’agit pas de titre ou de position, mais de faire le travail que le Seigneur souhaite voir accompli.
Mais voici maintenant l’autre côté du tableau. « Mais si ce méchant esclave dit en son cœur : Mon maître tarde à venir, et qu’il se mettre à battre ses compagnons d’esclavage, à manger et à boire avec les ivrognes » (24:48, 49). Voilà le grand danger que courent ceux qui professent être serviteurs de Christ dans ce monde.
Premièrement, ils font du tort à leur compagnons de travail en s’arrogeant une place arbitraire. L’autorité est juste là où elle est exercée dans l’obéissance à Christ. Aucun changement de circonstances ou de conditions ne modifie la vérité que le Seigneur reste la tête de l’Église, et qu’Il suscite en tout temps des serviteurs pour exécuter Ses désirs avec autorité. Mais ici, c’est la volonté de l’homme, quand le serviteur prend la place du Maître, et commence à frapper ses compagnons de service.
Deuxièmement, parallèlement à cela, il y a de mauvaises compagnies avec le monde. Il n’est pas dit qu’il est lui-même ivrogne ; mais il s’associe au monde. « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (1 Cor. 15:33). Là où la pensée du Seigneur a disparu, le ministère perd son véritable caractère. Il y a de l’oppression envers ceux du dedans, et de mauvaises compagnies avec ceux du dehors. « Le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu’il n’attend pas, et à une heure qu’il ne sait pas, et il le coupera en deux, et lui donnera sa part avec les hypocrites ; là seront les pleurs et les grincements de dents » (24:50, 51). Cela suppose que le serviteur poursuit toujours la même voie, et qu’il se trouve dans cet état quand le Seigneur vient — le cœur entièrement avec le monde. Il a commencé par dire dans son cœur : Mon Seigneur retarde sa venue. C’est bien plus que des pensées erronées sur la venue du Seigneur, que certains saints peuvent avoir sans que cette Écriture s’applique à eux. S’il y a, par contre, des personnes qui professent attendre la venue du Seigneur et qui agissent comme si elles n’y croient pas, elles ressemblent beaucoup plus au serviteur qui dit dans son cœur : Mon Seigneur retarde sa venue. Ce que le Seigneur juge, ce n’est pas une simple erreur ou une bévue doctrinale, mais c’est l’état du cœur — content que Christ se tienne à l’écart. Si nous désirons quelque chose de grand et estimé parmi les hommes, pouvons-nous dire au Seigneur : « Viens ? » Sa venue gâcherait tous nos projets. Nous pouvons parler de la venue du Seigneur et être instruits en matière de prophétie ; mais le Seigneur regarde au cœur et non à l’apparence. Que la profession soit tapageuse ou élevée, Il voit quand les âmes s’attachent au monde et ne veulent pas de Lui.
« Alors le royaume des cieux sera comparé à dix vierges ». Nous
avons ici l’aspect général de ceux qui portent le nom de Christ. Le royaume des
cieux implique ici une certaine dispensation (économie) à un moment donné. « Alors
le royaume des cieux sera comparé à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes,
allèrent à la rencontre de l’époux » (25:1). « Leurs lampes » représentent la
lumière d’une profession. Elles étaient des témoins pour le Seigneur, et leur
vocation était de rencontrer le Sauveur. Ce devait être l’attitude du chrétien
dès le début, d’aller
à la rencontre de l’Époux. Le christianisme ne signifie
pas que ceux qui le professent restent là où ils sont et attendent Christ, mais
qu’ils quittent tout pour aller à la rencontre de l’Époux. Certains des premiers
croyants étaient Juifs, d’autres Gentils ; mais pour Christ ils ont
abandonné leurs relations antérieures, leur position dans le monde, et tout ce
qu’ils avaient apprécié jusqu’alors. Ils avaient un nouvel objet ; ils
savaient que le seul béni aux yeux de Dieu était le Sauveur ; ils L’attendaient,
Lui qui est dans le ciel, et ils sortent à la rencontre de Celui qui a promis
de revenir. Voilà la véritable attente du chrétien. Il ne devait pas y avoir de
dates fixes, mais l’espérance certaine que le Seigneur vient — nous ne savons quand.
Plus cette espérance est forte dans nos cœurs, plus nous serons complètement
séparés des plans et des projets de ce monde.
« Et cinq d’entre eux étaient prudentes (sages), et cinq étaient folles » (25:2). Le royaume des cieux devient une affaire de profession. Comme dans le cas des serviteurs (24:45-48), il y avait un mauvais serviteur et un serviteur fidèle, nous avons ici cinq vierges sages et cinq vierges folles. « Celles qui étaient folles prirent leurs lampes et ne prirent pas d’huile avec elles » (25:3). C’étaient des personnes qui avaient la lampe de la profession mais pas d’huile. Certains ont pensé qu’il s’agissait de chrétiens qui ont manqué d’attendre la venue du Seigneur. Mais je crois que c’est faux, car les folles ont prouvé leur folie en ce qu’elles n’ont pas pris d’huile dans leurs lampes. Qu’est-ce que cela implique ? L’huile est le type du Saint Esprit. Nous lisons dans 1 Jean 2 qu’il y a une « onction de la part du Saint ». Quelqu’un soutiendra-t-il qu’il existe de vrais chrétiens qui n’ont pas cette « onction » ? Les vierges sages représentent de vrais croyants, les vierges folles de simples professants ; elles prennent le nom de Christ, mais rien ne peut les rendre aptes à la présence de Christ. C’est entièrement par le Saint Esprit que nous pouvons jouir de Christ. L’homme naturel peut admirer Christ, mais seulement à distance, et sans avoir de conscience éveillée ou purifiée. Il n’y a pas de lien de relation vivante entre le cœur de l’homme et Christ ; c’est pourquoi l’homme L’a crucifié. Ces vierges folles, n’ayant pas d’huile dans leurs lampes, ont montré qu’elles ne possédaient rien qui puisse leur permettre d’accueillir Christ. Le Saint Esprit seul peut rendre les hommes propres à se tenir dans la confession de Son nom pour accomplir Son œuvre. L’huile était ce qui alimentait la lampe, et ces vierges folles n’en avaient pas.
« Mais les sages prirent de l’huile dans leurs vases (vaisseaux) avec leurs lampes. Pendant que l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent » (25:4, 5). Toutes ont pratiquement abandonné l’espérance de la venue de Christ : il n’y avait aucune différence à cet égard. Il y avait de vrais chrétiens et de faux chrétiens, mais à cet égard tous étaient endormis. Ainsi, alors que la vocation originelle des chrétiens était d’attendre le retour de Christ, en étant unis par le Saint Esprit, il allait y avoir un assoupissement universel quant à l’attente de Christ. Mais le Seigneur ajoute : « À minuit, il y eut un cri : Voici l’époux ; sortez à Sa rencontre » (25:6). Il est clair que ce cri était le mouvement du Saint Esprit lui-même. C’est la puissance et la grâce de Dieu qui le fit jaillir par les moyens qu’Il a jugé appropriés. Il ne nous est pas dit comment, mais cela révèle clairement un mouvement général parmi les professants chrétiens — un réveil de la vérité de la venue du Seigneur. « Alors toutes les vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes » (25:7). Le cri touchait même ceux qui n’avaient pas le Saint Esprit en eux.
Mais maintenant apparaît la différence solennelle. « Les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent » (25:8). Elles avaient allumé leurs mèches, mais il n’y avait pas d’huile. La lumière de la simple force naturelle brûle vite et rapidement, mais rien n’implique que ce fût l’Esprit de Dieu — elles n’avaient jamais eu d’huile. Mais les sages répondirent : « Non, de peur qu’il n’y en ait pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous » (25:9). Je n’ai pas besoin de dire que les conditions auxquelles Dieu vend et l’homme achète le Saint Esprit sont « sans argent et sans prix » (És. 55:1) ; mais le grand point est que chaque âme doit avoir à faire avec Dieu. Le croyant écoute et s’incline devant Dieu dans ce monde ; l’incroyant fléchira devant Dieu dans le monde qui vient. La grâce oblige les âmes à entrer et à avoir affaire à Lui maintenant, dans ce monde ; mais si je refuse de faire face à Dieu quant à mes péchés ici-bas, je suis perdu pour toujours. C’est aujourd'hui le jour du salut, et persuader le cœur de reporter cela à un moment plus propice n’est qu’une illusion du diable. Si je vais à Dieu au sujet de mes péchés, et parce que je crois que Jésus est un Sauveur, je trouverai, non seulement Jésus le Fils de Dieu, mais le Saint Esprit donné, par lequel je pourrai jouir du Sauveur. Les sages avaient cette huile, et elles pouvaient attendre en paix la venue du Seigneur. Mais les folles ne connaissent pas Sa grâce. Et vers qui allèrent-elles ? Non pas vers ceux qui vendent sans argent et sans prix. « Comme elles s’en allaient pour en acheter, l’époux vint, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces ; et la porte fut fermée » (25:10).
Nous voyons ensuite le tableau pénible des vierges folles qui viennent en disant : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ». Mais il leur répondit : « En vérité je vous dis : je ne vous connais pas. Veillez donc, car vous ne connaissez ni le jour ni l’heure ». Les mots « en laquelle le Fils de l’homme vient », qui figurent à la suite dans la version autorisée KJV n’ont aucune base valable ; ce n’est pas mon opinion particulière, mais c’est le jugement de toute personne compétente qui a examiné les témoignages originaux. Quand le Seigneur vient pour le jugement, il est désigné par l’expression « Fils de l’homme ». Ici, Il est présenté comme l’Époux ; si les mots « Fils de l’Homme » devaient vraiment être lus ici, il serait vraiment difficile d’en expliquer la raison. Combien il est évident que l’on ne peut rien ajouter à l’Écriture sans la gâcher !
Notre Seigneur apparaît ici sous un aspect de grâce envers Ses saints ; et c’est une des raisons pour lesquelles il n’y a pas de description du jugement qui va tomber sur les vierges folles. L’exécution affichée de la vengeance divine serait incongrue avec Son titre d’Époux. Sans doute, on voit la porte fermée, même ici ; et notre Seigneur dit aux vierges folles, lorsqu’elles lui demandent d’ouvrir, « Je ne vous connais pas » ; mais Il tourne immédiatement le fait pour le profit spirituel de Ses disciples : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (25:13).
Puis vient une autre parabole. « Car c’est comme un homme qui, se rendant dans un pays lointain, appela ses propres serviteurs (esclaves) et leur remit ses biens. Il donna à l’un cinq talents, à un autre deux, à un autre un, à chacun selon ses capacités, et aussitôt il s’en alla hors du pays » (25:14, 15). Notre Seigneur est représenté comme quittant ce monde et se rendant dans un pays lointain. C’est une façon très remarquable pour représenter notre Seigneur. Dans Matthieu, Sa demeure personnelle est censée être sur la terre, car Il est le Messie qui est venu chez les Siens, même si les Siens ne L’ont pas reçu. En tant que Messie rejeté, il quitte Sa maison et, en tant que Fils de l’homme souffrant mais glorifié, Il s’en va vers le pays lointain, qui est clairement le ciel. Pendant qu’Il y est, Il a quand même des serviteurs à qui Il a confié certains de Ses biens, et avec lesquels ils doivent travailler.
« Or celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla et les fit valoir et acquit cinq autres talents » (25:16). Nous avons ici un autre type de ministère. Il ne s’agit pas de servir les domestiques de la maison, et de leur donner la nourriture au temps convenable, comme en 24:45. Il s’agit de faire du trafic, ou d’aller vers d’autres. C’est une caractéristique du christianisme. Dans le judaïsme, le Seigneur n’envoyait pas Ses serviteurs ici et là pour gagner des âmes ; mais lorsque le Seigneur Jésus a quitté ce monde et est monté au ciel, Il les a envoyés au-dehors. Il leur a laissé Ses biens pour trafiquer avec. C’est l’activité de la grâce qui va au-dehors pour chercher des pécheurs, et répandre le témoignage de la vérité de Dieu parmi les saints. C’est aussi ce à quoi le Seigneur nous appelle, chacun selon notre aptitude.
Dans cet appel au service, le Seigneur donne à chacun selon nos différentes
capacités. Dans la sagesse du Donateur, le caractère du don mis à notre
disposition est adapté, à la fois à l’objet du service et à celui qui reçoit.
La souveraineté est là, et tout est sagement ordonné. Comment pourrait-il en être
autrement, puisque c’est le Seigneur
qui appelle ? C’est ici aussi
que la chrétienté a si complètement failli. Si un homme commence aujourd’hui à
prêcher et à enseigner sans quelque sanction humaine, beaucoup considèrent cela
comme de la prétention, voire même de la présomption ; alors qu’en vérité,
si je cherche à avoir de la part des églises une autorité pour prêcher, que ce
soit officiellement ou bénévolement, je pécherai contre Christ. Toute nomination
par des hommes dans un tel but est non autorisée et opposée à la pensée de Christ ;
et ceux que les gens considèrent comme agissant hors de la règle sont en réalité
dans la voie humble de l’obéissance, et trouveront leur justification en son jour
(le grand jour). C’est entièrement une question entre Christ et Ses propres
serviteurs. Il donne à l’un d’être prophète, à un autre d’être évangéliste, à
un autre d’être pasteur et docteur (Éph. 4). Mais il y a deux choses chez le
serviteur — toutes deux d’importance. Il leur a donné des dons, mais c’est
selon leurs capacités respectives. Le Seigneur n’appelle pas à être Son
serviteur quelqu’un qui n’a pas la capacité de remplir la mission qui lui est
confiée. Le serviteur doit avoir certaines qualifications naturelles et acquises,
en plus de la puissance de l’Esprit de Dieu. Il leur donna des talents — à l’un
cinq, à un autre deux, et à un autre encore un. Vous avez ici l’énergie du Saint
Esprit — la puissance que le Seigneur donne d’en haut, en plus et au-dessus du
choix qu’Il fait de chaque personne « selon sa propre capacité ».
Il en ressort clairement que le serviteur possède certaines qualités indépendantes du don que le Seigneur met en lui. Ses forces naturelles sont le récipient qui contient le don, et dans lequel le don doit être exercé. Si le Seigneur appelle un homme à être un prédicateur, il est supposé qu’il a une aptitude naturelle pour cela. Là encore, le don peut être augmenté. Premièrement, il y a la capacité de l’homme avant sa conversion et quand il est converti ; ensuite, le Seigneur lui donne un don qu’il n’a jamais possédé auparavant ; troisièmement, s’il ne stimule pas son don, il peut y avoir un affaiblissement, voire une perte. Il peut devenir infidèle, et perdre de la puissance. Mais si un homme compte sur le Seigneur, il peut, au contraire, recevoir une puissance accrue. Beaucoup pensent que la seule qualification du serviteur de Dieu est celle de l’Esprit. C’est, bien sûr, essentiel, et très béni ; mais ce n’est pas tout. La vérité est que Christ donne des dons, mais Il les donne « selon la capacité » ou aptitude de l’individu. Il est de toute importance de bien voir de manière distincte ces deux faits qui sont réunis : l’aptitude du serviteur et le don accordé souverainement pour trafiquer.
Mais poursuivons : « Longtemps après, le maître de ces serviteurs (esclaves) vint et règle les comptes avec ces derniers. Celui qui avait reçu cinq talents vint et apporta cinq autres talents, disant : « Maître, tu m’as remis cinq talents ; voici j’ai gagné cinq autres par-dessus. Son maître lui dit : « Bien, bon et fidèle serviteur (esclave) » (25:19-21). Au ch. 24, il y avait le serviteur « fidèle et sage (prudent) » ; ici c’est « bon et fidèle serviteur ». Les deux sont appelés fidèles, mais lorsqu’il s’agit de la maison, la sagesse est nécessaire. Dans l’exercice du don en dehors de la maison, il est question d’être bon. Qu’est-ce que cela signifie ? Quelle est la source de toute grâce chez le serviteur du Seigneur ? C’est l’appréciation de la bonté de Dieu. Cela ressort par contraste avec le cas du serviteur paresseux. Un homme non converti peut avoir un don du Seigneur. Le serviteur paresseux était manifestement quelqu’un qui n’avait jamais eu la vie de Dieu : la preuve en est qu’il ne croyait pas en la bonté du Seigneur : il n’avait aucune confiance dans la grâce qui est dans le Christ Jésus. Je dois avoir un sens divin au sujet de mes péchés. Je ne peux jamais avoir le péché trop en horreur ; mais ceci ne doit jamais me faire limiter la grâce de Dieu ni en douter. « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé ». Et ce qui est vrai au début du chemin chrétien reste vrai tout le long de ce chemin. Je peux devenir fainéant, être déçu, laisser les circonstances me faire obstacle ; mais quoi que soit ce qui provient de ma faute ou de celle des autres, il n’y a pas de raison d’abandonner la confiance en Christ. Il n’y a aucune épreuve qu’Il ne puisse tourner en une bénédiction plus grande que si elle n’avait pas eu lieu. Quand les choses vont bien, nous pouvons Lui faire confiance ; quand elles sont misérables, allons-nous dire « il n’y a pas d’espoir » ? Jamais ! Le Seigneur nous dit « surmonte le mal par le bien ». Et le Seigneur n’agit-Il pas Lui-même à cet égard ? Ne tient-Il pas à ce qu’il y ait assez de grâce en Lui pour faire face à n’importe quelle circonstance, si mauvaise soit-elle ? Le secret de la puissance est que l’âme tienne à Sa grâce.
C’est tout à fait le contraire de cela que le mauvais serviteur (esclave) a manifesté et a montré par là ce qu’il était. Il dit au Sauveur : « Maître, je te connaissais que tu es un homme dur, qui moissonne où tu n’as pas semé, et qui recueille où tu n’as pas répandu. J’ai eu peur, et je suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre : voici, tu as ce qui est à toi. Son maître lui répondit et dit : Méchant et paresseux esclave, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé et que je recueille où je n’ai pas répandu » (25:24-26). Christ le prend sur son propre terrain. Car avec le pervers, Il peut se montrer roide (Ps. 18:26). Si le serviteur Le juge dur, Il dit : sur ton propre terrain, tu aurais dû justement faire le contraire ; pourquoi n’as-tu pas fait le meilleur usage de ce que je t’ai donné ? « Tu aurais donc dû mettre mon argent chez les banquiers, et quand je serais venu, j’aurais reçu ce qui est à moi avec l’intérêt » (25:27). Selon sa propre défense, il avait complètement failli : et il en est toujours ainsi. L’homme qui parle de la justice de Dieu ne peut pas un instant se tenir devant elle ; tandis que celui qui se rejette humblement sur la grâce de Dieu sera trouvé marcher sobrement, justement, pieusement, dans ce monde mauvais actuel (Tite 2:12). Celui qui nie la bonté de Dieu est invariablement un homme mauvais lui-même.
Que le Seigneur nous accorde de ne pas chercher des excuses, mais de sentir et de confesser qu’Il est plein de grâce et de vérité ! Il ne peut pas permettre ce qui est contraire à Sa nature ; mais il y a toujours de la grâce en Lui pour l’âme qui va vers Lui en rapport avec son péché, et qui l’expose devant Dieu dans le désir d’en être délivrée.
Ainsi en ce qui concerne notre service : que nous ayons deux talents ou cinq, et que nous les utilisions pour Lui, le Seigneur les rendra à notre âme, et au jour qui vient, Il nous fera entendre ces paroles bénies : « Bien, bon et fidèle serviteur (esclave) ; tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton Maître ».
Nous en arrivons maintenant à un sujet qui, je le crains, a été considéré avec beaucoup de préjugés — peut-être plus que la plus grande partie de la Parole de Dieu. Il a été perverti, j’ai le regret de le dire, communément perverti même par ceux qui aiment le Sauveur, qui ont foi en la valeur de Son sang, et qui reconnaissent à la fois la bénédiction générale de ceux qui Lui appartiennent et la condamnation certaine de ceux qui Le méprisent. Il s’agit donc de
Bien que tous les chrétiens soient en général d’accord sur les vérités fondamentales, nous rencontrons sur ces points les opinions les plus diverses, avec de l’incertitude.
La racine de la difficulté remonte généralement à une seule pensée : le souci, même chez les chrétiens, de trouver dans l’Écriture ce qui concerne leur propre sort. N’étant pas complètement en paix en ce qui concerne leur acceptation par Dieu, ils sont généralement disposés à déformer les Écritures, en partie pour échapper à ce qu’ils redoutent, et en partie pour trouver un réconfort pour leurs âmes troublées. La plus grande partie des enfants de Dieu sont, plus ou moins, en esprit sous la loi ; et là où ils sont honnêtes dans cette condition, ils ne peuvent qu’être misérables. Peu nombreux sont ceux qui connaissent la plénitude de la délivrance en Christ ; peu nombreux sont ceux qui savent ce que c’est que d’être mort à la loi et marié à un autre, à Celui même qui est ressuscité des morts (Rom. 7:4). Ils peuvent entendre répéter les paroles de l’Écriture, pensant qu’elles signifient quelque chose de bon ; mais très peu nombreux sont ceux qui apprécient les richesses d’être morts à la loi et unis à un Sauveur ressuscité. C’est la raison pour laquelle tant de gens ne sont pas en état de comprendre la parole de Dieu. Ne jouissant pas en paix de leur propre position en Christ, ils aspirent vivement à tout ce qui peut les consoler et les sécuriser. Ceci les conduit à s’emparer de toutes les promesses, sans se soucier des buts que Dieu avait en vue ; et ils s’arrêtent beaucoup trop exclusivement sur ce qu’on peut appeler l’alliance de grâce de Dieu, sans tenir compte sérieusement de Ses avertissement et de Ses mises en garde.
Ainsi, cherchant à être rassurés pour leurs propres âmes, lorsque le Seigneur parle de certains Gentils comme de « brebis », ils pensent qu’il s’agit de nous, parce que nous sommes aussi appelés « brebis » ailleurs, comme dans Jean 10. Ils trouvent que ces brebis sont bénies du Père, et en concluent qu’il ne peut s’agir que de notre espérance. De même, il est question ici de certains « frères » du Roi, et ils considèrent qu’il s’agit de nous-mêmes, les chrétiens. De cette manière superficielle, l’Écriture est mal comprise, et le réconfort même que les âmes recherchent leur échappe sûrement. Partout où l’on détourne le bord de la parole de Dieu, et où l’on s’approprie sans discernement ce qui est dit de personnes qui se trouvent dans une position tout à fait différente, il y a perte. Dieu a tout arrangé de telle sorte que la meilleure part pour nous soit celle qu’Il nous a donnée. Nous ne pouvons pas modifier les conseils de Dieu, ni ajouter aux richesses de Sa grâce. Si nous connaissons l’amour que Dieu nous porte en Christ, nous connaissons la meilleure chose que nous puissions trouver sur terre ou au ciel. Dès que nous nous en rendons compte, et que nous voyons combien nous sommes bénis, nous cessons de nous soucier de faire converger chaque bonne parole de Dieu vers nous ; nous voyons ce qui Lui est infiniment plus cher, à savoir Christ, et nous pouvons nous réjouir que d’autres soient bénis dans cela même que nous n’avons pas. Cela est de la plus haute importance sur le plan pratique — que nous soyons si satisfaits de l’amour de Dieu pour nous, et de la part qu’Il nous a donnée en Christ, que nous nous réjouissions de tout ce qu’Il se plaît à donner à d’autres. Ne sommes-nous pas certains que notre Père ne nous refuse rien d’autre que ce qui pourrait nuire à notre bénédiction ? Si nous lisons de cette manière cette parabole, ou description prophétique, nous ne sommes alors encadrés par aucune contrainte. Nous pouvons l’examiner avec d’autres écritures, et voir qui le Seigneur a en vue, et nous demander quelle sera leur part.
nationsrassemblées devant Lui
« Quand le Fils de l’homme viendra dans Sa gloire, et tous les saints anges avec Lui, Il s’assiéra sur le trône de Sa gloire, et toutes les nations seront rassemblées devant Lui » (25:31, 32). Il y a là assez de preuves pour savoir de quels temps et de quelles circonstances notre Seigneur parle.
C’est le Fils de l’homme qui prend place sur Son propre trône. Il rassemble devant Lui toutes les nations. Quand cela se fera-t-il ? Ici, au moins, on ne va pas prétendre qu’il s’agit de quelque chose de passé. Le Seigneur Jésus n’est pas encore assis sur Son propre trône. Lorsqu’Il était sur la terre, Il n’avait pas de trône ; lorsqu’Il est monté au ciel, Il s’est assis sur le trône de Son Père, comme le dit Apoc. 3.21 : « À celui qui vaincra, je donnerai de s’asseoir avec moi sur mon trône, comme moi aussi j’ai vaincu, et je me suis assis avec mon Père sur son trône ». Selon cette promesse, lorsqu’elle s’accomplira, Il devra avoir quitté le trône de Son Père et s’être assis sur Son propre trône. C’est une chose future. Toutes les écritures qui se rapportent à la place actuelle de notre Seigneur montrent qu’Il est maintenant assis sur le trône du Père. Mais l’Écriture montre aussi qu’Il doit s’asseoir sur Son propre trône ; et c’est ce que nous avons ici.
Toutes les choses dans le ciel et sur la terre seront placées sous le gouvernement du Seigneur Jésus. Il sera à la tête de toute gloire, céleste et terrestre. De quoi ce passage parle-t-il ? Y a-t-il des circonstances dont notre Seigneur entoure Son trône qui rendent la réponse évidente ? « Devant Lui seront rassemblées toutes les nations ». Les nations sont-elles dans le ciel ? Il est évident que non. Qui imaginerait une chose aussi grossière ? Lorsque la frontière qui sépare les choses vues des choses qu’on ne voit pas, sera franchie, aucune vision terrestre ne viendra abaisser ou distraire l’adoration d’en haut. Quand les hommes seront ressuscités, ils ne seront plus connus comme anglais ou français : ces distinctions nationales, pour eux, auront pris fin. Leur sort futur sera décidé en fonction de leur accueil ou de leur rejet de Jésus dans la vie présente. Ce trône futur du Fils de l’homme est donc lié à un état temporel sur la terre. Plus on pèse chaque mot, plus cela devient évident pour les personnes dépourvues de préjugés.
Si nous faisons la comparaison avec une scène de la résurrection, la différence est évidente. En Apoc. 20:11, « Je vis un grand trône blanc, et Celui qui était assis dessus, devant la face duquel la terre et le ciel s’enfuirent, et il ne fut pas trouvé de place pour eux ». Il ne peut y avoir aucun doute sur ce trône. Il n’a rien à voir avec la terre, car le texte lui-même nous dit que la terre et le ciel se sont enfuis. J’apprends tout de suite le contraste positif entre Matthieu et l’Apocalypse. Dans cette dernière seulement, il est parlé de la fuite du ciel et de la terre ; en Matthieu, il est indiqué très clairement que le Seigneur prend Son trône de gouvernement de la terre et des hommes qui y vivent — non pas en jugeant les morts lorsque le royaume est sur le point d’être rendu (1 Cor. 15:24). Ceux qui sont rassemblés ici devant Lui sont « toutes les nations » — une expression qui n’est jamais employée pour les morts ou les ressuscités, mais qui s’applique uniquement à des hommes qui sont encore ici-bas, et des hommes vivants ; et cette expression ne s’applique d’ailleurs qu’aux Gentils, bien distingués des Juifs. Car nous avons déjà eu les Juifs en Matthieu 24, et maintenant nous voyons les Gentils ; entre les deux (24:45 à 25:13), il y a eu les chrétiens.
Ainsi, tout est en ordre en rapport avec cette prophétie sur la montagne des oliviers. Les Juifs viennent en premier (les disciples étaient Juifs). Ensuite, les paraboles du serviteur de la maison, celles des vierges et des talents, qui décrivent la position des chrétiens lorsque Jérusalem a rejeté le témoignage du Saint Esprit. Enfin, une autre section clôt le tout : ni juifs, ni chrétiens, mais « toutes les nations », ou les Gentils, chez lesquels le témoignage du royaume doit être diffusé, et parmi lesquels le Saint Esprit aura travaillé (Satan travaillant aussi, de peur que ces nations soient amenées des ténèbres à la merveilleuse lumière de Dieu). En Apoc. 20, nous trouvons un autre trône, sans rapport avec la terre qui aura disparu. En Matt. 25, nous avons des nations, mais en Apoc. 20 elles aussi ont disparu. En Apoc. 20 Satan sera sorti pour égarer les nations qui sont aux quatre bouts de la terre. et le feu descend du ciel pour les dévorer. Ainsi, bien qu’il y ait eu des nations peu avant le grand trône blanc, elles auront été complètement détruites par le jugement divin. Dans leur disparition de la terre, on voit le trône final, et c’est de devant la face de Celui qui est assis sur le trône, que la terre et le ciel s’enfuient (Apoc. 20:11). Alors le temps aura pris fin, toutes les circonstances présentes seront terminées, les méchants de la terre auront été tués par le jugement de Dieu, à la suite de quoi vient le grand trône blanc.
« Et je vis les morts, petits et grands, se tenant devant le trône… » (Apoc. 20:12). On voit donc tout de suite le caractère de ce trône. Il ne s’y trouve aucun homme vivant dans une vie naturelle ; tous ceux qui y comparaissent seront morts au préalable. Je ne parle pas de ceux qui auront été ressuscités et transmués ou changés en la conformité de Christ bien auparavant. Tous ceux qui comparaissent devant ce grand trône blanc seront morts auparavant, les nations auront été détruites par le jugement de Dieu, En Matthieu 25, il n’est pas question d’un seul homme mort, tandis qu’en Apocalypse 20, il n’est pas question d’un seul homme vivant. En Matthieu, ceux qui comparaissent devant le trône sont « tous les Gentils » ou « toutes les nations » ; en Apocalypse, il n’y a personne d’autre que « les morts, les grands et les petits ». Il n’est pas question de ce qu’ils auront été auparavant, ils se tiennent tous pareillement devant le trône.
« Et les livres furent ouverts ; et un autre livre fut ouvert, qui est le livre de vie ; et les morts furent jugés d’après ce qui était écrit dans les livres, selon leurs œuvres » (Apoc. 20:12). Lorsque nous examinons de près Matthieu 25, nous constatons que le principe du jugement n’est pas selon les œuvres en général, mais un test particulier est appliqué à ces personnes : la manière, fidèle ou infidèle, dont les frères du Roi auront été traités.
« Et la mer rendit les morts qui étaient en elle ; et la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres » (Apoc. 20:13). Il n’y a pas un mot à ce sujet en Matt. 25 ; et, en effet, l’expression de « nations » implique indiscutablement qu’il ne s’agit pas de morts ou de ressuscités. Il s’agit du jugement de ceux que l’on appelle communément « les vivants » — ceux qui vivaient sur la terre à ce moment-là — et ils sont traités selon leur comportement particulier vis-à-vis des messagers de l’évangile du royaume.
Cela montre que c’est une grande erreur de supposer que tous les jugements dans la parole de Dieu désignent une seule et même chose. Il faut laisser place aux différences, ici comme ailleurs. Où trouve-t-on une uniformité absolue des voies de Dieu ? Qui dira qu’il y aura uniformité dans le ciel ? Dieu, en effet, est capable, selon Son amour et Sa perception de tous les hommes, de considérer et de faire face à toutes les difficultés, et de faire ressortir Ses propres perfections dans le traitement de tout ce paraît devant Lui.
En gardant bien en tête le contraste d’Apoc. 20, tournons-nous vers la scène finale de Matthieu 25. Le titre « Fils de l’homme » nous prépare d’emblée à un jugement en rapport avec la terre et les personnes qui y vivent. Sans doute le Fils de l’homme vient-il sur les nuées du ciel, mais Il vient juger le monde et ses habitants. Il peut même s’agir de jugement en rapport avec des églises ou assemblées, comme en Apoc. 1 ; mais quel que soit l’objet du jugement, c’est le Seigneur jugeant des personnes encore vivantes sur la terre, et non des morts.
« Toutes les nations seront rassemblées devant Lui ; et Il les séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les chèvres » (25:32). Il s’agit d’une discrimination minutieuse et divine — pas d’un simple acte de vengeance opérant sur des masses, qui pourraient être écrasées dans une ruine commune. Il sépare les uns d’avec les autres. Au grand trône blanc, les morts se tiennent tous ensemble ; il n’est ni question, ni besoin de séparer. Mais ici, c’est une compagnie mélangée. On ne trouve jamais un tel mélange ni au ciel ni en enfer, mais seulement sur la terre. Ainsi, chaque bout de phrase prouve que notre Seigneur parle d’un jugement des vivants sur la terre. Il les sépare « comme un berger sépare ses brebis d’avec les chèvres ». Il s’ensuit que les personnes désignées par « les brebis » et « les chèvres » sont respectivement les justes et les impies d’entre les nations vivant alors sur la terre, lorsque notre Seigneur viendra juger en Sa qualité de Fils de l’homme. Ce n’est pas ce que nous avons vu en Matthieu 24, où Il brille soudain comme un éclair. Ici, il s’agit d’un jugement calme, paisible mais très solennel, avec des résultats éternels, selon la discrimination que le Seigneur fait entre les individus. Lorsque le jugement des morts a lieu devant le grand trône blanc, les cieux et la terre se sont enfui ; il faut donc que le Seigneur soit venu avant, sinon il n’y aurait pas de terre telle qu’elle est maintenant pour venir, comme nous confessons tous qu’Il viendra. La séparation discriminante aura lieu avant les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
Notre Seigneur sépare donc ici les personnes pieuses d’avec les
impies dans ces nations vivantes. Il dispose d’eux à la manière qu’Il présente
de sa propre bouche : « Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite :
Venez, les bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous est préparé dès la
fondation du monde » (25:34). Aussi bénis qu’ils soient, Il ne les décrit pas
comme des enfants de leur
Père. Je ne nie pas qu’ils soient enfants de Dieu ;
mais Il dit : « enfants de Mon
Père ». Sans doute les paroles qui
leur sont dites sont très précieuses ; mais atteignent-elles la hauteur de
la bénédiction que la grâce de Dieu nous a donnée en Christ maintenant ?
Il n’est pas question ici d’être élus en Christ avant la fondation du monde, ni
d’être « bénis de toute bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ ».
Ils sont appelés à hériter du royaume préparé pour eux dès
la fondation
du monde. Lorsque Dieu a posé les fondations de la terre, Il avait en vue ce
temps béni. Le fait que Satan ait pris le pouvoir sur l’homme n’a été qu’une
interruption effrayante, mais non pas une interruption dont le Seigneur ne pouvait
pas maîtriser ni ôter les conséquences : Il a l’intention de le faire ;
Il a l’intention de faire de ce monde la scène d’une bénédiction
incomparablement plus grande que sa misère actuelle due à la domination de
Satan. Dieu veut donner le royaume de ce monde à Son Fils. Le Seigneur Jésus aura
une gloire plus grande, — oui, Il aura l’univers entier qui Lui sera soumis. Son
sang nous a acheté comme Son Épouse. Notre Seigneur avait droit à tout dans Sa
propre gloire ; mais Il s’est abaissé et a donné Sa vie pour qu’il y ait
un droit juste pour la donner à ceux que le Père veut.
dèsla fondation du monde
Il faut noter qu’il n’y a pas un mot sur Son épouse ici — rien
qui suppose que certains puissent avoir cette position parmi les bénis d’entre
les Gentils. Il parle comme « le Roi », et Il n’est jamais mentionné comme tel
dans Sa relation avec l’Église. En Apoc. 15, l’expression « Roi des saints » [de
la version autorisée KJV, 15:3] doit être « Roi des nations », d’après les
paroles de Jérémie. C’est un titre dont nous pouvons nous réjouir, mais qui n’est
pas Sa relation avec nous. Nous sommes appelés par la grâce à être membres de Son
corps, de Sa chair et de Ses os. Ici, en Sa qualité de Roi, le Seigneur sépare les
Gentils justes (ceux vivants à l’époque) de leurs compagnons injustes : « Venez,
bénis de mon Père, héritez du royaume qui vous est préparé dès la fondation du
monde ». Éphésiens 1 parle de notre « élection en Lui avant
la fondation
du monde » ; c’est un choix indépendant de la scène de la création, en
rapport avec lequel ces Gentils bénis ont leur part. On pourrait plutôt dire que
notre place est avec Celui qui a tout créé. Dieu « nous a élu avant la
fondation du monde ». Le monde peut disparaître, mais notre bénédiction
est identifiée avec Lui-même. Nous sommes faits « un » avec Celui qui
a appelé le monde à l’existence. Le brigand sur la croix demandait au Seigneur :
« souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Mais notre Seigneur dit :
« Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ». Être avec Christ — avec Christ
tout de suite — avec Christ dans le paradis, est bien meilleur que le royaume dont
nous hériterons aussi. Christ Lui-même est bien au-delà de toute la gloire déployée
dans le monde et au monde. C’est ce que notre Seigneur donne à la foi ; et
la confiance en Son amour reçoit toujours plus que ce qu’elle Lui demande.
La bénédiction accordée à ces pieux d’entre les Gentils est l’héritage du royaume préparé pour eux par le Père dès la fondation du monde. Le Seigneur leur en donne la clé à tous — ce qui montre qu’ils possédent la vie éternelle : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire : J’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi » (25:35, 36). Observez ce qu’ils répondent : « Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand avons-nous vu que tu avais faim et que tu étais nourri, ou que tu avais soif et que tu étais abreuvé ? » (25:37). Un chrétien comprenant l’appartenance au corps de Christ, pourrait-il dire une telle chose à notre Seigneur ? Par-dessus tout pourrait-il le dire dans le ciel où nous connaîtrons comme nous sommes connus ? Impossible. Le fait est que cette scène ne parle pas du tout de saints dans le ciel. Inutile de dire que, quand nous serons dans l’état de résurrection, le temps de la surprise de l’ignorance sera passé. Mais il y aura alors des Gentils pieux sur la terre.
« Quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ? ou nu, et que nous t’avons vêtu ? Et quand est-ce que nous t’avons vu malade, ou en prison, et que nous sommes venus auprès de toi ? » (25:36-39). Ils sont là bien loin d’une pleine intelligence, et ils sont évidemment encore dans leur corps naturel. Et le Seigneur les instruit même après Son apparition en gloire. Quand Il sera venu et qu’Il se sera assis comme Roi sur Son trône, nous, un fois que nous serons ressuscités, nous jetterons nos couronnes devant Lui, mais nous n’aurons pas besoin d’avoir de la lumière pour nous éclairer dans ce jour-là. Or ici on a incontestablement des justes qui demandent à être instruits. Il y a un contraste positif entre l’Église céleste et ces futures « brebis » du Seigneur d’entre les nations.
Aussi bénie que soit cette scène, c’est encore le Seigneur, en tant
que Fils de l’homme, jugeant toutes les nations et bénissant les justes d’entre
elles ; et jusqu’à ce moment, ces justes ignoraient qu’en montrant des actes
d’amour et de bonté envers les messagers de Christ, ils en faisaient autant
envers Christ Lui-même. Leur
dernière leçon est la première qu’un
céleste apprenait, — ne serait-ce qu’une petite partie de celle-ci. Quand Paul a
été jeté par terre sur le chemin de Damas, quelle a été la vérité qui a
stupéfait son âme ? « Je suis Jésus que tu persécutes ». Il venait juste d’être
éveillé, et pourtant il lui fut donné à connaître ce que ces Gentils n’entendront
que partiellement quand ils se tiendront devant le trône du Fils de l’Homme. Le
Seigneur enseigna à Paul que persécuter les saints vivants sur la terre, c’était
persécuter Christ dans le ciel : eux et Christ ne font qu’un. Il est évident
que ces brebis Gentils représentent des hommes encore dans la condition qui
exige et reçoit l’instruction de la part de Christ.
Mais ce n’est pas tout. « Le roi leur répondra : En vérité, Je vous dis, en tant que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de ceux-ci qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (25:40). Qui sont « ces frères » ? Nous avons eu les brebis et les chèvres — les Gentils justes et les Gentils injustes ; mais qui sont les frères du Roi ? Ce sont des gens que le Seigneur enverra avant Sa venue en gloire pour le royaume ; des gens envoyés pour annoncer qu’Il vient dans Son royaume. Les brebis leur ont montré de l’amour — des soins — de la sympathie dans leurs peines. De sorte que ces frères du Roi ont dû être exposés à la tribulation avant l’apparition du Roi. La conclusion est évidente : en ce jour-là, la base sur laquelle Il traitera les nations sera celle-ci : « Comment vous êtes-vous comportés envers Mes messagers ? » Les messagers du Roi, immédiatement avant qu’Il n’apparaisse dans la gloire, iront prêcher partout l’évangile du royaume ; et lorsque le Roi prendra Son trône, ceux qui auront reçu l’évangile du royaume parmi les nations seront reconnus comme des « brebis », et ceux qui l’auront méprisé périront comme des « chèvre ». Ceux qui honorent le message traitent bien les messagers — en prenant soin d’eux, et en s’identifiant à eux — « compagnons de ceux qui ont été utilisés de cette manière ». Le Seigneur s’en souvient et compte ce qui a été fait à Ses messagers comme fait à Lui-même. Ici, aucun livre n’est ouvert comme en Apoc.20 ; tout tourne sur ce critère très simple. Ils avaient été arrêtés par le message qui les sommait de recevoir le vrai Roi qui venait. L’Esprit opéra dans leurs âmes et ils traitèrent les messagers avec amour et honneur. Le Seigneur fait que tout se joue là-dessus : si vous avez honoré Mes messagers, cela prouve votre foi en Moi. Ce sera aussi véritablement une œuvre du Saint Esprit, que notre entrée dans le témoignage bien plus complet de Son amour maintenant. Leur étonnement devant Son trône d’avoir fait quelque chose pour Lui dans la personne de Ses frères, prouve qu’ils ne sont pas dans la position chrétienne, bien que vraiment croyants.
Mais qui étaient ces « frères » ? D’après les principes généraux de l’Écriture et l’enseignement spécial de ce discours prophétique, je ne doute guère que les frères du Roi seront des Israélites pieux, employés par le Seigneur, après que l’Église aura été enlevée au ciel, pour être les hérauts du Roi et du royaume à venir. Nous savons que l’Église doit être enlevée avant le temps de la dernière grande tribulation. « Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai aussi de l’heure de l’épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apoc. 3:10). Mais ici, il y a des saints sur la terre, qui ne sont pas gardés hors de l’heure de l’épreuve, mais qui sont vivants durant celle-ci, et qui prêchent cet évangile du royaume. Et selon la manière dont ils seront reçus, les nations seront maudites ou bénies. Il n’y a pas eu d’évangile du royaume prêché avant ou après le déluge, et ce qui est prêché aujourd’hui, c’est l’évangile de la grâce de Dieu. L’évangile du royaume est souvent confondu avec lui.
Nous trouvons ici le Roi sur Son trône terrestre. La portion de l’Église est céleste. Je n’ai donc aucun doute que les frères du Roi sont une classe distincte de ceux de l’Église, mais que, parallèlement à l’Église, Christ reconnaitra comme Ses frères. Il y a des bénédictions que les saints juifs auront et que ni vous ni moi ne posséderons ; il y a d’autres bénédictions que nous aurons et dont ils ne jouiront pas. Tout dépend de ceci : qu’est-ce que Dieu dit ? Tout ce qu’Il révèle doit avoir une autorité absolue sur nous.
Mais nous avons à voir un arrière-plan très solennel à cette scène :
« Il dira aussi à ceux qui sont à sa gauche : Allez-vous en loin de moi,
maudits, dans le feu éternel, préparé pour le diable et ses anges » (25:41). Notez
qu’Il ne dit pas : « Maudits de Mon Père » alors qu’Il avait dit « Bénis de
Mon Père » (25:34). Dieu déteste la répudiation. Aussi, lorsque vient le moment
terrible où la malédiction doit être prononcée sur ces méchants Gentils, c’est « Allez-vous
en loin de moi, maudits ». Je crois que c’est le très profond chagrin de Dieu,
et Il rejette toute la responsabilité de leur destruction sur ceux dont cela a
été leur péché particulier de rejeter Son amour, Sa sainteté et Sa gloire en rejetant
Son Fils. « Allez-vous en loin de moi, maudits, dans le feu éternel, préparé
pour le diable et ses anges ». Dans l’autre cas, il était dit que le royaume
était « préparé pour vous
» : il n’en est pas de même quand il est
parlé de la malédiction. L’enfer n’a pas été préparé pour le pauvre homme coupable.
Il le mérite ; mais il a été préparé pour le diable et ses anges. Lorsque
les âmes ont rejeté le témoignage, il les déclare maudites. Il est le Roi, le
juge. Mais que ce soit le grand trône blanc ou ce trône terrestre, c’est « le
feu éternel, préparé pour le diable et ses anges ». Il n’y avait aucun espoir de
délivrance pour ces anges déchus, ni aucune rédemption. Ils se sont éloignés de
Dieu volontairement et sans tentateur. L’homme a été tenté par un ennemi ;
et Dieu compatit à l’homme coupable, entraîné par un rebelle plus puissant que
lui, sinon plus coupable. Quelle solennité de penser qu’il a été préparé pour d’autres,
et que les hommes le partagent avec ces esprits rebelles ? Il n’était pas
dans le cœur de Dieu de faire un enfer pour l’homme misérable : il était
préparé pour le diable et ses anges. Mais il y avait ceux qui préféraient le
diable à Dieu ; et à ceux-là il dit : « Allez-vous en loin de moi, maudits,
dans le feu éternel, préparé pour le diable et ses anges ».
Le même test est appliqué à ceux-là comme aux pieux auparavant. Pour le bien ou pour le mal, la question sera le traitement du Roi et de Ses messagers, ou plutôt de Lui en eux.
Pour nous, bien que le même principe soit impliqué, cependant, d’une certaine manière, ce qui est encore plus profond entre en jeu. Tout tourne autour de : « Que pensez-vous de Christ ? » Croyez-vous au Fils de Dieu ? « Celui qui a le Fils a la vie, et celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie » (1 Jean 5:12). Le pécheur est obligé de faire face à la personne du Fils de Dieu, et cela devient une question urgente, absolument exigeante, éternelle, que l’âme doit trancher : Est-ce que je préfère Christ au monde ? Est-ce que je préfère Christ ou moi-même ? Que le Seigneur nous accorde d’être sages et de savoir trouver en Christ non seulement la sagesse, mais la puissance de Dieu. Car la même Personne bénie qui nous a donné la vie nous donne la puissance pour toute difficulté pratique. « C’est ici la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi » (1 Jean 5:4).
Le Seigneur avait rendu Son témoignage, en tant que Témoin Fidèle, en actes comme en paroles. Il avait achevé tous les discours qui Le proclamaient Prophète semblable à Moïse (Deut. 18:15), mais incomparablement plus grand, et qui devait désormais être écouté sous peine de ruine éternelle. Et maintenant l’heure solennelle de Ses souffrances approchait ; et Jésus y entre en esprit, avec une dignité calme qu’on ne trouve que chez Lui.
Les conducteurs religieux étaient résolus de mettre le Seigneur à
mort. Les principaux sacrificateurs (prêtres), les scribes, les anciens, tous d’un
même avis sur ce point, s’assemblèrent au palais du souverain sacrificateur.
Ils se consultèrent, ils complotèrent ; mais après tout, comme d’habitude,
s’ils consommaient leur infamie, ils faisaient involontairement la volonté de Dieu,
et accomplissaient les paroles de Christ à Ses disciples, plutôt que les plans
de méchanceté qu’ils avaient subtilement concoctés. Eux se dirent l’un à l’autre :
« Non pas pendant la fête, de peur qu’il n’y ait du tumulte parmi le peuple » (26:5) ;
mais Lui dit à Ses disciples : « Vous savez que la fête de la Pâque est
dans deux jours, et que le Fils de l’homme est livré pour être crucifié » (26:2).
Voulaient-ils le tuer ? Ils devaient
le faire alors. L’homme a sa
méchanceté, et Dieu a Sa voie. Mais ni les amis ni les ennemis de Jésus ne savaient
comment le conseil déterminé de Dieu allait s’accomplir. Un traître du cercle
le plus intime, instrument approprié de la malice machinée par Satan, devait
lever le talon contre le Sauveur (Ps. 41:9), conducteur de cette génération,
adultère et maintenant apostate, vers le puits de perdition. Or l’ennemi aime dégrader
moralement ses victimes — c’est toujours la conséquence du mal — et la belle
offrande d’amour (fruit du Saint Esprit en celle qui versa le parfum d’onction
de grand prix du vase d’albâtre sur la tête de Jésus) donna lieu aux plus vils
motifs chez Judas, et au succès final du tentateur sur cette âme longtemps habituée
à une culpabilité secrète, malgré sa proximité qui faisait qu’il voyait et entendait
constamment Christ (26:6-16).
Les circonstances m’obligent à ne jeter qu’un coup d’œil rapide sur ces scènes finales si riches et si touchantes. Cependant, ne manquons pas d’observer, (a) d’abord comme un avertissement pour nous, combien onze hommes de bien se laissent facilement égarer par les belles prétentions d’un seul homme méchant, influencé par des sentiments mauvais qui leur étaient inconnus. Hélas ! la chair, même chez ceux qui sont régénérés, reste toujours la même chez tous, haïssable et haïssant ; il n’y a pas de bien pour le croyant, sauf là où Christ est la ressource et l’objet de son cœur. Ensuite (b), pour notre joie, combien il est doux de constater que l’amour pour Christ est assurément justifié par Lui et qu’il est guidé par l’Esprit chez le plus faible croyant, malgré les murmures de ceux qui semblent toujours si grands et si forts ! Troisièmement (c), si l’estimation de Jésus par une sainte a été si riche selon l’appréciation de l’incrédulité utilitaire, quelle était sa valeur aux yeux des prêtres corrupteurs et du traître ? « Ils lui comptèrent trente pièces d’argent » (26:15). Le prix d’un esclave était suffisant pour le Seigneur méprisé de tous ! (Comparez Ex. 21:32 ; Zach. 11:12-13.)
Pourtant, en dépit de tout, le Seigneur poursuit Son chemin d’amour et de calme dans la sainteté ; lorsque les disciples s’enquièrent du lieu qu’Il veut pour manger la fête pascale, Il parle comme le Messie conscient, même s’Il est toujours rejeté : « Allez à la ville auprès de tel homme, et dites-lui : Le Maître dit : Mon temps est proche ; Je ferai la Pâque chez toi avec mes disciples » (26:18). Pendant que les douze mangent, Il exprime la douleur de Son cœur : « En vérité, Je vous dis que l’un d’entre vous me livrera » (26:21) — ce qui ne manque pas de faire jaillir la réalité de leurs affections et leur profonde douleur. Si Judas a imité leur demande d’innocence, craignant que son propre silence ne le découvre, et, peut-être, comptant sur l’ignorance à cause de la généralité de l’expression du Seigneur (« l’un d’entre vous »), il est forcé d’entendre et de connaître personnellement le sort qui l’attend. La prophétie s’est accomplie, « mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré » !
Rien, cependant, n’arrête le flot de l’amour de Christ. « Pendant
qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain, bénit, le rompit et le donna aux
disciples, et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Puis il prit la coupe,
rendit grâces et la leur donna, en disant : Buvez-en tous ; car ceci
est Mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour beaucoup en rémission
de péchés » (26:26-28). Le pain, mais surtout la coupe, présentaient le Messie,
non pas vivant sur la terre, mais rejeté et mis à mort. La vérité générale est
donnée ici, comme par Marc, dans « Ceci est mon corps », sans s’attarder sur la
grâce qui l’a donné ; c’est la vérité en soi, sans accessoires qu’on trouve
ailleurs. L’accent est mis sur « Mon sang, celui de la nouvelle alliance qui est
versé pour beaucoup
», parce que le refus du Messie par Israël, et Sa
mort, ont ouvert la voie à d’autres au dehors — aux Gentils ; et il était
important pour notre évangéliste de le noter. Luc dit : « versé pour vous »
(c’est-à-dire pour les croyants en Jésus) ; Matthieu ajoute : « pour
la rémission de péchés », en contraste avec le sang de l’ancienne alliance, qui
annonçait sa sanction pénale. Ce sang, ils étaient appelés à le boire, et il est
insisté le « boire tous ». Le sang d’Exode 24 scellait sur le peuple la
promesse d’obéissance à la loi sous peine de mort ; ici, dans le sang du
Sauveur, tous boivent le témoignage de leurs péchés effacés et ôtés. « Mais »,
ajoute-t-Il, « je vous dis que désormais je ne boirai plus de ce fruit de la
vigne jusqu’au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon
Père » (26:29). Il est désormais séparé de la joie avec eux jusqu’à ce que le royaume
du Père vienne : alors, Il reprendra Son association avec les délices dans
Son peuple ici-bas. Les pieux boivent maintenant Son sang avec une louange
reconnaissante : bientôt, Lui boira le vin de la joie nouvelle avec nous
dans le royaume du Père. Jusque-là, Lui est le Nazaréen céleste, et tels nous
devons être par conséquent en esprit.
Après le repas (souper en Luc 22:20), ils chantèrent une hymne —
quelle bénédiction en un tel moment ! — et ils se rendirent au mont des
oliviers (26:30). Avec une grâce et une sérénité ineffables, le Seigneur leur
fait connaître l’épreuve qui devait les atteindre et les ébranler tous, cette
nuit même, et cela selon la Parole écrite, selon ce qu’Il avait montré sur
Lui-même (comparez les v. 24 et 31). La chair avait montré ce qu’elle valait et
le « prix magnifique » auquel elle avait estimé Jésus ; elle prouve
maintenant la valeur de sa confiance en elle-même et de son courage à Son égard
(« Vous
serez tous scandalisés en moi », etc.). Pierre en donne la preuve
avec éclat par rapport aux autres, et plus amèrement quant à lui-même, alors que
c’était lui qui avait le plus confiance en son propre amour pour le Sauveur (26:32-35).
C’est ainsi que la fin des épreuves allait confirmer leur foi et approfondir
leur méfiance quant à eux-mêmes, en faisant de Christ leur tout en tout ;
et Lui, ressuscité, irait devant eux en Galilée, reprenant en puissance de résurrection
la relation qu’Il avait eu avec eux aux jours de Sa chair.
La scène suivante, dans le jardin, tout aussi parfaite dans sa présentation de Jésus, et humiliante dans sa manifestation des apôtres les plus brillants, nous montre l’image, non pas d’un calme saint dans la pleine connaissance de tout ce qui L’attendait, Lui et Ses disciples, mais on y voit une angoisse suprême, et la réalisation de la mort dans toutes ses horreurs comme devant Dieu (26:36-46). Quel vision Gethsémané nous donne de Lui, alors qu’Il était l’Éternel-Messie, et Le voilà Homme de douleur et sachant ce que c’est que la langueur (És. 53:3) ! Qui a jamais vu l’affliction comme Lui ? Non seulement Jésus a dû connaître les profondeurs de la croix en expiation comme personne d’autre ne l’a fait ni ne pouvait le faire ; non seulement Il a dû courber la tête sous le jugement complet et impitoyable de Dieu lorsqu’Il a été fait péché pour nous ; mais Il a subi plus que tout autre la pression anticipée de la mort sur Son âme en tant que puissance de Satan, la ressentant parfaitement, et d’autant plus terriblement qu’Il la prenait de la main de Son Père et non pas de celle de l’ennemi. C’était tout le contraire de l’insensibilité, les « grands cris et les larmes » vers Son Père maintenant, et plus tard vers Dieu en tant que tel quand il s’agissait de porter le péché sur le bois de la croix. « Il prit avec Lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença à être attristé et fort angoissé. Alors Il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; restez ici, et veillez avec moi » (26:37, 38). Lorsque la croix est arrivée, il n’y a pas eu d’appel aux disciples pour qu’ils veillent avec Lui. Il a été seul, absolument seul, essentiellement seul, pour nous — c’est-à-dire pour nos péchés — sans qu’aucun homme ni ange ne soit proche de Lui en aucune manière ou aucune mesure (moralement parlant) — seul, quand Dieu L’a abandonné et a caché Sa face de Celui sur la tête duquel reposaient toutes nos iniquités. Ici, à Gethsémané, c’est en tant que Fils qu’Il a plaidé auprès de Son Père, quand « Il s’en alla un peu plus en avant, et qu’Il tomba sur Sa face [prosterné dans Sa ferveur] et qu’Il pria, disant : « Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ; toutefois, non pas comme Moi je veux, mais comme Toi tu veux » (26:39). Il a veillé et prié, et n’est pas entré en tentation, bien qu’Il ait été tenté jusqu’à l’extrême. Mais Il trouva les disciples endormis : ils n’ont pas pu veiller une heure avec Lui. « L’esprit est prompt (bien disposé), mais la chair est faible » (26:41) ; et cela s’est répété plusieurs fois avec eux, jusqu’à ce qu’Il leur commande de dormir, en les avertissant que l’heure était proche et le traître aussi.
Mais la même chair qui s’endort quand le Seigneur appelle à veiller et à prier, est assez zélée avec des armes charnelles quand Judas vient avec son baiser trompeur et une foule à sa suite (26:47, etc.) ; cependant ce zèle de la chair ne préserve pas de l’abandon du Maître ni de Son reniement, mais plutôt y conduit. Jésus, après avoir tant souffert devant Son Père, est en toute dignité et paix devant les hommes, et Il s’avance pour accomplir la volonté de Dieu entre les mains des méchants ; par des paroles très douces (26:50-54), il met à nu la méchanceté vile de Judas, la faiblesse irréfléchie de Son défenseur inconsidéré (Pierre), et indique les Écritures comme la clé de Sa mort prochaine, malgré son titre à commander des légions d’anges face à cette foule incohérente. Après tout, Il était prisonnier par la volonté de Dieu, et non celle de l’homme.
Devant Caïphe (26:57-68), Il est reconnu coupable méritant la mort — non pas que le mensonge des témoins ait réussi, mais à cause de Sa propre confession de la vérité. Lui, le Fils de Dieu, venu dans la plénitude de la grâce et de la vérité, ils devraient désormais Le voir, Lui, le Fils de l’homme, assis à la droite de la Puissance, et venant sur les nuées du ciel — Sa position actuelle et Sa manifestation quand Il viendra en puissance et en gloire.
Pourtant, au milieu de Son rejet et de l’outrage des haut placés et de la basse classe de Son propre peuple, Jésus fait en sorte que Sa puissante parole soit remémorée par le pauvre Pierre, qui s’enhardit maintenant à Le renier en proférant des malédictions et des jurons (26:69-75). « Et il sortit et pleura amèrement ». Oh, quel serviteur ! et quel Seigneur !
Tout au long de cet évangile, la pensée du Saint Esprit est tout spécialement fixée sur les relations de notre Seigneur avec Israël. C’est pourquoi, dans les chapitres précédents, où la destruction de Jérusalem est annoncée, il est aussi fait soigneusement ressortir la préservation d’un résidu pieux d’Israël, ce qui se voulait être une consolation spéciale pour Son peuple. Ainsi, comme nous l’avons vu dans ce témoignage prophétique, ce qui ressort particulièrement de l’évangile de Matthieu dans le récit de la crucifixion, c’est, dans cette scène solennelle, la part prise par Israël quant à l’accomplissement de ce qui était écrit dans la Loi, les Psaumes et les Prophètes, concernant le rejet de leur propre Messie. Notre évangéliste écrivait en s’adressant expressément aux Juifs, et il était donc de la plus haute importance de les convaincre par son témoignage, que Dieu avait accompli les promesses en envoyant le Messie que l’incrédulité d’Israël avait refusé et crucifié sur le bois par la main des Gentils. Quelle aurait été l’intérêt de citer la Loi et les Prophètes aux Gentils ? Les Écritures de l’Ancien Testament constituaient un livre dont les Gentils avaient une connaissance des plus minces. Nous trouvons des références à ces Écritures dans Luc, juste assez pour faire un lien, mais c’est tout. Mais Matthieu, bien qu’il écrivît pour tous, a surtout en vue Israël. C’est pourquoi le Seigneur est présenté si distinctement et si soigneusement comme le Messie dans cet évangile ; mais dès le début, il y a suffisamment d’indications pour montrer Son rejet. Dans les détails ultérieurs, nous voyons non seulement les grandes prédictions s’accomplir, mais aussi la manière dont l’inimitié s’est développée. La culpabilité des chefs religieux est mise en évidence, ainsi que leurs mauvaises œuvres religieuses, qui sont particulièrement offensantes pour Dieu ; le diable ne peut pas arriver à ses fins ici-bas sans introduire le nom de Dieu pour sanctionner ce qui est fait par l’homme.
Ici donc, les gens actifs sont les prêtres (ou sacrificateurs). « Quand
le matin fut venu… » : ils se lèvent de bonne heure pour accomplir leur dessein.
Et remarquez, il est dit « tous
les principaux sacrificateurs ». Cela
montre la ruine complète et l’aveuglement de la nation. C’était un fait des plus
surprenants, et capital à comprendre pour un Juif (car un Juif savait que la sacrificature
était instituée et ordonnée de Dieu), que ceux qui auraient dû être les guides
sûrs du peuple étaient ceux qui égaraient dans le plus grand de tous les péchés.
Les fils d’Aaron n’avaient-ils pas été divinement choisis ? La succession
n’avait-elle pas été dûment maintenue ? Les Juifs n’étaient-ils pas un
peuple appelé d’entre le reste du monde pour reconnaître le vrai Dieu et Sa loi ?
Tout cela est certainement très vrai, mais à quoi s’occupaient-ils, eux et leurs
chefs, maintenant ? Qu’ils fussent conduits ou conducteurs, ils jouaient
le rôle principal dans la crucifixion de Christ ! Et c’était ces hommes
qui avaient la meilleure lumière de toutes les nations ! Tout l’usage que
l’homme a fait de la lumière a été de s’endurcir et de s’acharner dans le rejet
du Fils de Dieu ! « Et après l’avoir lié, ils l’emmenèrent et le livrèrent
à Ponce Pilate, le gouverneur » (27:2). Quelle que soit la part qu’y prennent
les Gentils, Dieu a soin de souligner que les Juifs ont été non seulement des
instigateurs (ou conspirateurs secrets), mais les agents ouvertement actifs et
coupables.
« Alors Judas, qui l’avait livré… » (27:3), « mais ils dirent : que nous importe, tu y aviseras » (27:4). Image affreuse de ce que Satan produit dans un cœur humain misérable ! Il est d’autant plus éloigné moralement de Jésus qu’il en avait été plus proche extérieurement. Les plus coupables sont ceux qui ont les plus grands privilèges extérieurs alors que la vérité de Dieu ne gouverne pas l’âme. Nous voyons aussi la moquerie de Satan — la manière dont il trompe ses victimes dans ce monde. Judas ne s’attendait pas à ce que Jésus meure. Il avait déjà connu le Seigneur dans un péril imminent ; il L’avait vu, lorsque le peuple avait pris des pierres pour les Lui jeter dessus, et Il s’était caché, passant au milieu d’eux et poursuivant Son chemin. Il savait comment Jésus pouvait marcher sur la mer, comment Il pouvait vaincre tous les obstacles de la nature ; et pourquoi pas la tempête furieuse de la passion et de la violence humaines ? Mais Judas a été trompé, quels qu’aient été ses calculs ; il a cédé à la convoitise ; il a marchandé le sang de Jésus — et Jésus allait à la mort. À sa grande horreur, il le découvrit. Et Satan, qui l’avait entraîné par son amour de l’argent, le laisse sans le moindre espoir, dans un désespoir noir. Il se rendit chez les prêtres (sacrificateurs), qui, sans ménagement, se détournèrent de cette âme misérable et désespérée. Hélas, la confession des péchés sans faire confiance à Dieu pour Sa grâce, ne vaut rien. Attache-toi à Dieu, mon âme ! et donne-Lui crédit pour ce qu’Il est en Christ. Mais il n’y a pas de foi là où Jésus n’est pas aimé, et Judas n’avait ni la foi ni l’amour. Jésus était un objet oublié de son âme, et ceci prouvait qu’il n’y avait pas la vie en Lui. Toute la proximité extérieure dont il avait joui auparavant n’était qu’un poids plus grand pour l’enfoncer dans la perdition maintenant. Quel aboutissement que celui du péché, déjà dans ce monde, le péché contre Jésus !
Judas apporte les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux anciens en confessant : « J’ai péché en livrant le sang innocent ». Ils ne pouvaient en nier la vérité, mais avec une insensibilité totale, plus endurcie, si cela est possible, que le cœur de Judas lui-même, ils dirent : « Qu’est-ce que cela peut nous faire ? Et il jeta les pièces d’argent dans le temple, s’en alla et se pendit » (17:4,5). Nombreux sont ceux qui vendent Jésus virtuellement, sinon littéralement. Que chaque âme veille à ce que son péché ne soit pas en quelque manière du genre de celui de Judas. Si Dieu appelle les pécheurs à la connaissance de Son Fils et de Sa grâce par Lui, c’est une chose terrible que de Le rejeter ; c’est vendre Jésus pour quelque objet de ce monde que nous cherchons à atteindre, ou que nous aimons trop pour nous en séparer. En Judas, cela s’est manifesté sous sa pire forme ; mais la perdition ne se limite pas à celui qui est le fils de perdition.
« Les principaux sacrificateurs prirent les pièces d’argent », etc. La conscience leur aurait dit qu’ils étaient coupables d’avoir soudoyé Judas pour qu’il trahisse Jésus, mais autre chose est mis en évidence. Leur conscience était depuis longtemps cautérisée, et maintenant elle était complètement morte envers Dieu, tandis qu’elle se montre cruelle envers Judas. La religion sans Christ ne sert qu’à tromper les gens en faisant croire à leur âme qu’ils font le service de Dieu. Ils dirent : « Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, parce que c’est le prix du sang ». Voilà la religion ; mais où était la conscience quant il s’agissait de donner l’argent pour Jésus ? « Et ils tinrent conseil, et achetèrent avec cet argent le champ du potier, pour y enterrer les étrangers. C’est pourquoi ce champ a été appelé, jusqu’à ce jour, le champ du sang » (27:7, 8). Le souvenir de leur culpabilité est ainsi perpétué pour leur propre condamnation. Et ceci est une image de ce qu’était devenu le peuple, autrefois un peuple saint,— les principaux sacrificateurs étant la représentation de ce qu’était la nation. Cette terre reste un champ de sang jusqu’à ce jour — et un champ « où l’on enterre les étrangers ». Israël ayant été chassé de sa propre terre, celle-ci est laissée à d’autres, ne serait-ce que pour y être enterré.
Maintenant ce qui nous occupe, ce ne sont pas les chefs des
prêtres (ou principaux sacrificateurs) et les anciens, ni la condition misérable
de Judas, ni la perpétuation de la méchanceté d’Israël prédite par le prophète.
C’est notre Seigneur Lui-même, se tenant devant le gouverneur (27:11). Il reconnaît
le pouvoir du monde lorsque Pilate lui demande : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Aux principaux sacrificateurs et aux anciens, Il ne répond rien (27:12).
Pilate, frappé par le silence et la dignité morale de son prisonnier, désire Sa
libération ; il voit clair dans la malice du peuple, et leur propose un
choix selon la coutume du gouverneur (27:15) : « Qui voulez-vous que je vous
relâche ? » Mais il devait découvrir la haine avec laquelle les hommes
considéraient Jésus : il n’y a pas de personne ou de chose que la malice
de l’homme ne Lui préfère. Dieu prend soin, aussi, qu’il y ait un témoignage rendu
à la conscience du gouverneur chez lui personnellement. Sa femme envoya un message,
disant : « N’aie rien à faire avec ce juste, car j’ai beaucoup souffert
aujourd’hui en songe à cause de lui » (27:19). Ce fait, qui n’est rapporté que
dans Matthieu, troubla d’autant plus Pilate. Tout cela, Dieu l’a ordonné pour
que l’iniquité de l’homme dans le rejet de Jésus soit évidente et sans excuse.
Observez ensuite la leçon solennelle : « Les principaux sacrificateurs et les
anciens persuadèrent
la foule de demander Barabbas, et de faire périr
Jésus » (27:20). Plus les avantages moraux sont grands, quand la foi simple en
Dieu fait défaut, plus la haine de Jésus est grande. La réception ou le rejet
de Jésus aujourd’hui est la même chose en principe, bien que, sans doute, les
circonstances du monde soient changées.
Les gens peuvent en savoir juste assez sur Jésus pour le salut de leur âme, et ne guère faire l’expérience du rejet par le monde ; mais si je m’attache vraiment à un Christ crucifié et maintenant glorifié, je dois savoir ce que c’est que d’avoir le mépris et la haine du monde. Si le monde L’a rejeté, je dois être préparé à la même chose. Nous ne pouvons pas avoir à la fois le ciel et la terre, pas plus que nous ne pouvons servir Dieu et Mammon. La croix et la gloire vont de pair. Le Seigneur avait présenté à Israël des espoirs de bénédiction sur la terre s’ils L’avaient reçu ; mais ils ont refusé, et cela a amené la croix de Jésus. Dieu savait qu’elle était inévitable, à cause de la méchanceté de l’homme ; c’était l’occasion d’accomplir Son dessein en ce qui concerne l’Église et la gloire céleste ; mais nous devons nous préparer à tout ce que l’homme choisit de faire dans l’état actuel de la société. C’est un mensonge de Satan que de dire que l’homme a changé pour le mieux au cours des deux mille ans précédents ; le cœur de l’homme naturel est toujours le même, bien qu’il puisse y avoir des moments où il entre en crise. Ceux-là mêmes qui « s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de Sa bouche », cherchaient le jour même à précipiter Jésus dans le vide (Luc 4). Et qu’est-ce qui a fait ressortir leur inimitié ? L’affirmation du mal de l’homme et de la vraie grâce de Dieu. L’homme ne peut supporter la pensée que Son salut soit le même pour le pire des pécheurs, comme pour tous les autres. « Est-il possible, dit-il, que moi, qui ai essayé de servir Dieu pendant tant d’années, je sois traité comme un ivrogne, un escroc ou une prostituée ? » Il se retourne contre Dieu, et devient Son ennemi déclaré. Mais, après tout, ce n’est pas une question de justice envers l’homme dans le salut d’un pécheur. Il faut que ce soit la grâce, si Dieu sauve quelqu’un ; et Lui se plaît à le montrer. Ce n’est pas simplement un remède partiel, car il n’y a pas de cas si désespéré que Sa grâce ne puisse atteindre.
« Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus appelé Christ ? Ils lui disent tous : Qu’il soit crucifié ». Nous voyons ici l’injustice acharnée de ces hommes religieux ; et si Pilate semblait d’abord trop raisonnable pour agir ainsi, il nous faut voir aussi à quoi se réduit sa justice. Il demande : « Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils criaient encore plus fort, disant : Qu’il soit crucifié ! Pilate, voyant qu’il ne pouvait prévaloir, mais que plutôt il s’élevait un tumulte, prit de l’eau, » etc. (27:23, 24). Voilà à quoi se résume la justice du monde, que ce soit celle des chefs religieux ou celle des Romains. La vraie justice ne se trouve que là où Dieu gouverne. Nous avons tous failli, c’est pourquoi je dois être sauvé par quelqu’un d’autre ; car Dieu montre que tous sont mesurés, pesés et trouvés manquant de poids (Dan. 5:27). Une seule personne dans cette scène se trouve pleine de patience, de bonté, de la sagesse de Dieu — parfaite à tous égards. Quand c’était le moment de parler, Sa parole est prononcée ; quand c’était le moment de garder le silence, Il se tait. Il était Dieu sur terre, et toutes Ses voies étaient parfaites. Mais ce n’est pas là le point essentiel. C’est l’Évangile de Jean qui développe spécialement la divinité de notre Seigneur, tandis que Luc développe Son humanité. Dans Matthieu nous Le voyons comme Messie ; c’est pourquoi Pilate Lui demande ici : « Es-tu le Roi des Juifs ? » (27:11). Lorsque Pilate eut « lavé ses mains devant la foule, en disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; vous y aviserez » (27:24 ; comme si cela pouvait le libérer du crime effrayant qu’il commettait), tout le peuple répondit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (27:25), et là, la tache sombre et fatale subsiste jusqu’à ce jour. « Quand il (Pilate) eut fait fouetté Jésus, il Le livra pour être crucifié ». Voilà ce qu’est la justice du juge ! C’est lui qui, juste avant, venait de qualifier Jésus d’homme juste (27:24).
Puis viennent les soldats. Eux aussi, et tous, sont démontrés coupables. Il n’y a pas une classe ou une condition humaine qui ne manifeste sa haine de Dieu dans la personne de Son Fils, et cela se manifeste surtout dans ce dont ils se vantaient. Car quelle vile lâcheté que de fouler aux pieds celui qui souffrait sans résistance ! « Ils le dépouillèrent et le revêtirent d’une robe écarlate. Et ayant tressé une couronne d’épines, ils la mirent sur Sa tête ; … et ils crachèrent sur Lui, et prirent le roseau, et Le frappèrent sur la tête, » etc. (27:28-30). La tyrannie des soldats ressort à ce propos : ils obligent quelqu’un de peu impliqué à rendre un service qu’ils ne feraient pas : « En sortant, ils trouvèrent un homme de Cyrène, du nom de Simon : ils l’obligèrent à porter sa croix ».
Sur la croix, « ils lui donnèrent à boire du vinaigre mêlé de fiel » (27:34). Il ne faut pas confondre cette circonstance avec celle mentionnée dans Jean où le Seigneur dit : « J’ai soif ». Dans le récit de Matthieu, il s’agissait du breuvage stupéfiant administré aux prisonniers avant qu’ils souffrent ; et cela, le Seigneur ne voulut pas le boire. Alors que dans Jean, le Seigneur, alors qu’il est sur la croix, accomplit encore une Écriture. Dans Jean, il est considéré, non pas comme Celui qui n’a pas souffert, mais comme le Maître absolu de toutes les circonstances. Vivant donc à l’honneur de l’Écriture, et sachant qu’une parole n’avait pas encore reçu son accomplissement, Il dit : « J’ai soif ». « Et ils remplirent une éponge de vinaigre. … et la Lui présentèrent à la bouche » (Jean 19:29). Et alors Il but le vinaigre. Mais ici, dans Matthieu, au contraire, « quand il en eut goûté, il ne voulut pas boire » (27:34) — Il ne souhaitait pas être soulagé par l’homme. « Et ils le crucifièrent, et se partagèrent ses vêtements en tirant au sort » (27:35).
La suscription diffère selon les évangiles. Il faut se rappeler que Pilate l’a écrite en trois langues différentes, et qu’elle n’est donc peut-être pas exactement la même dans chacune d’elles. Un Évangile (Marc) ne prétend donner que la substance de ce qui a été écrit, l’accusation, ou charge, contre Lui ; dans les autres, le Saint Esprit donne les mots. Et combien cela est approprié ici ! « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » (27:37). La grande chose pour les Juifs était d’identifier leur Messie et Roi avec Jésus. Dans Luc, le mot « Jésus » devrait être omis, comme dans les meilleures autorités. Il y a en réalité « Le roi des Juifs, celui-ci ! », ce qui signifie : « ce type », un terme de mépris. Le but est de montrer qu’« Il est méprisé et rejeté par les hommes ». « Il est venu chez les Siens, et les Siens ne L’ont pas reçu » (Jean 1:11), parce que, bien que les Gentils partagent la culpabilité, ce sont les Juifs qui amenèrent Pilate à Le condamner à mort. Dans Jean, nous avons, de manière caractéristique, la forme la plus complète de la suscription : « Jésus de Nazareth, le roi des Juifs ». La raison en est qu’elle réunit deux choses en notre Seigneur qui ne sont juxtaposées nulle part ailleurs pareillement : l’humiliation la plus complète et la gloire la plus haute. Celui par qui toutes choses ont été faites, Dieu Lui-même, était un homme de « Nazareth ». La beauté de ceci doit apparaître à tout esprit spirituel. Tout au long de l’évangile de Jean, le Seigneur est à la fois plus élevé et plus bas que partout ailleurs.
« Les brigands, qui avaient été crucifiés avec Lui, L’insultèrent de la même manière » (27:44). Ils ont trouvé le temps d’injurier Jésus eux aussi, évacuant leur angoisse corporelle en se moquant du Fils de Dieu. Oh ! chers amis, y a-t-il jamais eu une telle scène ?
Nous avons brièvement examiné la part de l’homme, mais qu’est-ce que Dieu faisait là ? « Vers la neuvième heure, Jésus s’écria d’une voix forte : Eli, Eli, lama sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (27:46). Nous avons une preuve complète que ce n’était pas l’épuisement de la nature. Et « ayant encore crié d’une voix forte, Il rendit l’esprit » (27:50). Notre Seigneur est mort en victime volontaire. L’homme pouvait vouloir Sa mort, et en être l’instrument. Lui était devenu un homme afin qu’Il puisse mourir comme un homme ; et dans toutes les circonstances Il montre qu’Il était là comme Celui qui aurait pu aussi facilement balayer le monde que, dans le passé, Il avait par une parole posé les fondements du ciel et de la terre.
Il « rendit l’esprit ; et voici, le voile du temple se déchira en deux, du haut en bas ; la terre trembla, et les rochers se fendirent » (27:50, 51). La nature a été amenée à rendre son témoignage en haut et en bas, et les ténèbres sur la terre n’étaient pas une simple éclipse. Le système juif, lui aussi, rendit son témoignage solennel avec le voile déchiré — les ombres disparaissaient : leur accomplissement, la grande Réalité, était survenue. Jusqu’alors, le voile non déchiré était le symbole de l’impossibilité pour l’homme de s’approcher de Dieu. Sous la loi, cela ne pouvait jamais avoir lieu. Dieu habitait alors dans d’épaisses ténèbres. Mais dans la mort de Jésus, il y a l’expression de la plénitude de la grâce. Dieu et l’homme peuvent maintenant se rencontrer face à face. Le sang est répandu sur et devant le propitiatoire, et l’homme est invité à s’approcher avec une pleine liberté. C’est grâce à ce sang précieux. Dieu en Christ est descendu du ciel pour ôter le péché par le sacrifice de Lui-même. Pour toute âme qui croit, c’est fait. Le système juif pouvait subsister, comme un cadavre qui attendrait beaucoup de jours avant d’être enterré ; mais le déchirement du voile a séparé l’âme du corps. Ainsi, il y avait un témoignage de toutes parts — de la terre et du ciel, de la loi et du monde invisible. Jésus a les clés du hadès et de la mort. Les tombes mêmes ont été déverrouillées lorsque Jésus est mort, même si les corps des saints ne sont ressuscités qu’après Sa résurrection. Il a été Lui-même les prémices ou premiers-fruits, et la puissance de la vie a été apportée par Sa résurrection. Pouvait-il y avoir un témoignage plus complet ? Le centurion chargé de la garde, un païen sans doute, « eut une fort grande peur, disant : Certainement, celui-ci était Fils de Dieu ».
« Et beaucoup de femmes étaient là, regardant de loin ». Mais où étaient les disciples ? Oh, quelle condamnation sévère de tout courage fanfaron ! Ils avaient abandonné Jésus et s’étaient enfuis ; et voilà que ces femmes, contrairement à leur timidité naturelle, « de faibles qu’elles étaient sont devenues fortes » (Héb.11), regardant, même si c’était de loin. En Joseph d’Arimathée, nous voyons un homme qui avait beaucoup à perdre : un homme riche et un conseiller, avant d’être disciple de Jésus en secret. Or, Dieu l’amène au moment où on l’attendait le moins. Avec la mort de Jésus sous les yeux, il va voir Pilate, réclame le corps de Jésus et, après L’avoir déposé dans son propre tombeau neuf, il roule une grande pierre à l’entrée du sépulcre, accomplissant ainsi sans le savoir Ésaïe 53:9 « avec le riche dans sa mort ». Si les apôtres et les disciples ont fui, Dieu peut, et Il le fait, susciter un témoignage pour l’amour de Son nom.
Nous avons retracé l’histoire du moi dans ce chapitre. Si nous avions toutes les richesses, les connaissances, les pouvoirs de ce monde, rien ne pourrait nous rendre heureux. Jésus le peut, et le fait. Mais souvenons-nous que nous sommes dans le pays de l’ennemi, qui a montré sa trahison à notre Maître. Si nous ne sentons pas que nous traversons le camp de ceux qui ont crucifié Jésus, nous risquons de tomber dans quelque embuscade de l’ennemi. Que le Seigneur nous accorde ce calme de la foi qui ne s’occupe pas de soi, mais de Celui qui a porté Lui-même nos péchés dans Son propre corps sur le bois !
Le but spécial de cet évangile ressort, aussi clairement qu’ailleurs, du récit de la mort et de la résurrection du Seigneur. Il n’y a guère de passage qui l’illustre de façon plus frappante que le chapitre qui nous occupe. Ainsi, nous n’avons aucune mention de l’ascension de notre Seigneur. Si nous n’avions que Matthieu 28, saurions-nous que le Seigneur est monté au ciel ? Il est impossible, sans avoir un but spécial, que l’apôtre ait pu omettre un événement aussi glorieux et intéressant. Cette omission n’est pas un défaut du récit de Matthieu ; au contraire, elle fait partie de sa perfection, et elle en est une preuve quand on en comprend la portée. Si la scène de l’ascension avait été introduite ici, cela ne ferait qu’un ensemble disparate qui ne cadrerait pas avec l’histoire qui termine le chapitre. Pourtant aujourd’hui encore, c’est l’un des points qui fait trébucher les hommes instruits. Négligeant l’évidence d’un dessein, ils raisonnent a priori, et ne peuvent donc pas comprendre pourquoi un tel événement devait être laissé de côté par notre évangéliste. De toute évidence, ils ne croient pas, en aucun sens, que Dieu a écrit ces Évangiles, sinon ils concluraient que la faute en revient à leur ignorance et à leur mauvais raisonnement. Un croyant au cœur simple, même s’il ne comprend pas pourquoi, garde paisiblement la pensée que l’omission de l’Ascension dans Matthieu est aussi parfaite que son insertion dans Luc ; tout est, dans la parole de Dieu, comme cela doit être, et cette Parole est telle que Lui l’a écrite. L’idée qu’il manque maintenant quelque chose alors que cela figurerait dans ce qu’a écrit Matthieu à l’origine à titre de conclusion, est contraire à toute évidence, externe et interne.
Avant de terminer, je m’efforcerai de montrer comment la présence ici de l’Ascension serait incongrue et nuirait à la beauté de l’image que Dieu nous fournit ; d’autre part, sa présence ailleurs est, je n’ai pas besoin de l’ajouter, tout aussi belle et nécessaire. Les événements sont choisis en rapport avec le sujet immédiat. Quand on prend le chapitre tel qu’il est, on voit que le Saint Esprit se limite ici à un Messie ressuscité d’entre les morts, qui rencontre Ses disciples en Galilée, hors de la ville rebelle. Dans d’autres parties de ce même évangile, l’ascension est implicite ou supposée, comme en Matt. 13:41 ou 16:27-28 ou 22:44 ou ch. 24 ou ch. 25 ou surtout 26:64. Elle n’a donc pas été omise par ignorance, et aucun accident ne nous l’a dérobée de l’original. Je ne dis cela que pour réfuter entièrement les raisonnements insensés et irrévérencieux des gens, surtout des modernes.
« À la fin du sabbat, comme le jour commençait à poindre », etc. (28:1 ; JND : « Or, sur le tard, le jour du sabbat, au crépuscule du premier jour de la semaine »). Ce n’était pas le matin du jour de la résurrection, mais le soir qui le précédait. Nous, avec nos calculs occidentaux du temps, nous pourrions ne penser qu’au début du crépuscule ; mais cela signifie simplement que la semaine touchait à sa fin. Nous devons nous rappeler que pour les Juifs, un nouveau jour commençait le soir (*). Une phrase exactement similaire se trouve dans Luc 23:54, où le sens juif ne peut être mis en doute. Le Saint Esprit ne poursuit pas la description de la visite de ces femmes au sépulcre. Il n’y a pas de base réelle pour faire une connexion entre les circonstances des trois premiers versets de ce chapitre (2*). Le premier verset présente simplement la dévotion de ces saintes femmes. Lorsque les disciples furent rentrés chez eux, ces femmes, malgré des craintes naturelles en un tel lieu et à un tel moment, ne purent rester éloignées. Elles avaient préparé des aromates pour embaumer le corps, mais se tinrent en repos le jour du sabbat (voir Luc), selon le commandement. « Le crépuscule commençait à peine », voilà la véritable pensée ici. C’était le crépuscule après le sabbat. Leurs cœurs les amenèrent au tombeau, étant liés à Jésus, dès que la loi du sabbat le permit.
(*) Ceci est conforme à Gen. 1:5 : « Et il y eut soir, et il y eut matin, premier jour ». Ainsi vers. 8, 13, etc. : le calcul juif s’y conformait. Si nous croyons que Gen. 1 a aussi une application symbolique, l’omission du « soir et du matin » du septième jour indique de manière très significative le repos de Dieu (et le nôtre avec Lui) dans la nouvelle création, où le péché n’entrera pas, et où Son repos ne sera pas rompu. (Ed).
(2*) Ceci est tout à fait conforme à ce que nous avons trouvé ailleurs dans Matthieu. Le lecteur peut comparer καὶ ἰδού (« et voici ») de Matt. 8:2 avec le même dans Matt. 28:2. Le véritable lien est dans l’objet du narrateur, non pas simplement dans une question de temps. Il n’y a aucune raison de supposer que les femmes ont été témoins du tremblement de terre : les soldats, je crois, ont été les seuls à l’être.
« Et voici il y eut un grand tremblement de terre, » etc. Il s’agit d’un événement postérieur, dont il n’est pas dit combien de temps après il s’est produit. Nous avons simplement un récit d’événements successifs, dans ces premiers versets, sans définition des intervalles de temps. Il ne faut pas confondre la visite des femmes ici (du v. 1) avec leur visite le matin du premier jour, mentionnée par Marc et dans notre v. 5, etc. Dans cette dernière occasion, le Seigneur n’était pas dans le sépulcre, et l’ange qui est descendu et qui a roulé la pierre, n’avait rien à voir directement avec la résurrection du Seigneur. Le Seigneur n’avait besoin d’aucun intervenant d’aucune sorte. Dieu L’a ressuscité, et Lui-même s’est ressuscité — reprenant Sa vie comme Il l’avait déposée. Telle est la doctrine de la résurrection selon l’Écriture. Cette action angélique avait pour but, je suppose, d’attirer l’attention des hommes sur ce que Dieu avait fait, et pour mettre plus complètement de côté les tromperies ou les raisonnements des ennemis (*). Ainsi la parole de l’ange est : « Venez, voyez le lieu où le Seigneur gisait ».
(*) Peut-être plus spécialement pour la consolation et l’assurance des disciples affligés, ainsi que pour leur annoncer la résurrection de Jésus. [Ed].
Une conséquence remarquable de la résurrection est toujours
soulignée : l’ange dit : « Ne craignez pas ». Cet acte puissant de Dieu
est destiné à dissiper pour toujours les inquiétudes de ceux qui croient en
Jésus, en leur donnant la certitude de Son intervention en leur faveur. Jusqu’à
la venue et la résurrection de Jésus, il y avait une part d’obscurité et d’incertitude,
même si Dieu avait grandement montré Sa bonté et Sa miséricorde. La résurrection
a laissé le monde entier apparemment impassible ; mais quelle a été la
grande vérité et la bénédiction qui en ont résulté pour le peuple de Dieu ?
Pour la foi, c’est le triomphe de Dieu sur les derniers efforts du péché et sur
la puissance de Satan. Sans doute la mort est encore dans le monde, poursuivant
ses ravages. Qu’est-ce donc que la résurrection pour vous ? dit le discutailleur.
Tout
, si le Christ est ma vie. J’ai le droit d’en avoir la consolation ;
mon âme est invitée à en boire la joie, bien que mon corps ne partage pas
encore la délivrance. Dieu m’a montré dans la croix de Christ le parfait témoignage
de la souffrance pour le péché. L’homme ne croit pas que Lui est le Fils, et il
ne peut pas comprendre comment Dieu a pu permettre que Son Bien-aimé souffre. D’autres
aussi avaient crié à Dieu ; et, malgré toutes leurs fautes, ils avaient
été entendus ; mais, au sommet des souffrances de Christ, et malgré Sa
grâce et Sa gloire, et l’amour du Père pour Lui, Il a crié et n’a pas été entendu !
En effet, Il ne l’a pas été jusqu’au point que tous les flots de la colère
divine ont submergé Sa tête — la victime sans tache recouverte de nos péchés. Mais
maintenant la crise est arrivée, et tout a changé. Il pouvait sembler au monde qu’il
en était complètement fini de ce que Jésus avait revendiqué. Il était mort sur
la croix et, de Son propre aveu, Il avait été abandonné de Dieu. Les désirs de
l’homme ou du diable avaient-ils été complètement réalisés ? Le troisième
jour, Dieu intervient : Jésus ressuscite d’entre les morts, et toute la
puissance de la terre et de l’enfer est ébranlée à cœur. La résurrection a tout
réglé et tout mis en paix pour le croyant. Toute cause de crainte et de tristesse
incrédule a été ensevelie dans la tombe de Christ. Toute bénédiction déborde en
Lui ressuscité. Combien de choses sont développées là-dessus dans les épîtres !
Rien n’est plus fondamental et rien n’a davantage fait l’objet d’une telle
insistance. De vagues pensées sur la fidélité et l’amour de Dieu, etc., ne
suffisaient pas à assurer une solide consolation au peuple de Dieu. Beaucoup qui
voient un peu plus loin, trouvent quelques rayons de joie. Mais pour avoir une
paix pleinement assurée, il faut être fondé sur la base solide que Dieu indique :
la mort et la résurrection de Jésus. Si Sa mort répond à tout le mal chez moi, Sa
résurrection est la source et le modèle de la nouvelle vie et de l’acceptation —
au-dessus du péché, de la mort et du jugement. Voilà ce que la grâce m'a donnée
en Lui. Notre vie, notre paix, notre nouvelle position devant Dieu, sont
désormais d’être associés à Jésus ressuscité.
Le cours du monde n’a pas été interrompu par la résurrection du Seigneur. Les hommes dormaient comme d’habitude, et se levaient comme si rien ne s’était passé. Pourtant, il s’agissait de la plus grande œuvre de puissance que Dieu ait jamais accomplie — fondée sur la plus grande souffrance jamais endurée — et c’est la plus grande œuvre qu’Il aura jamais accomplie ; je dis cela en pensant au jour où tout sera fait nouveau et selon Sa gloire. Voilà les conséquences de la résurrection du Christ, les applications de la puissance qu’Il a déployée. Mais si le monde y était indifférent, que devrait-il en être pour nous ? Ne dites pas que c’est une petite chose, car c’est encore une question de foi. Au milieu de cette scène de faiblesse et de mort, la grande puissance de Dieu est entrée, et elle s’est manifestée ici par la résurrection de Christ. Dieu n’a rien fait ni ne pouvait rien faire de plus pour effacer le péché : il a été effacé par le sacrifice du Christ. Mais une chose demeure, qui devrait faire que l’âme ait peur de Dieu : le péché. Or Jésus a été traité comme s’Il en était couvert, comme si c’était tous les Siens. Pour que le péché soit enlevé, il fallait qu’Il le porte entièrement : Il l’a fait, et maintenant le péché est ôté ; et nous nous reposons sur ce que Dieu nous dit de Lui et du péché. C’est ce qui met à l’épreuve la confiance de l’âme en Dieu. Suis-je prêt à me fier à Dieu, alors que je ne peux pas me fier à moi-même ? Le péché a engendré la méfiance à l’égard de Dieu ; mais le don de Christ, Sa mort et Sa résurrection ont plus que restauré ce qui était perdu, et ont établi l’âme dans une connaissance de Dieu telle qu’aucun ange ne l’a jamais possédée ni ne peut la posséder. Ce que mon âme désire, ce n’est pas que Dieu soit suffisamment miséricordieux pour ne pas me détruire à cause de mes péchés, mais elle désire une pleine délivrance avec un plein jugement du péché (Rom. 8:1, 3). Nous ne pouvons pas avoir de communion avec Dieu si ce n’est sur la base du péché ôté de manière juste. Jésus crucifié a aboli le péché devant Dieu pour ceux qui croient. Croire Dieu au sujet de la mort de Son Fils à cause du péché, de notre péché, c’est prendre le parti de Dieu contre nous-mêmes. Devant Lui, se reconnaître pécheur perdu, c’est la repentance envers Dieu, qui est inséparable de la foi.
L’amour parfait est en Dieu Lui-même, et émane du fond de Son
être saint. Dieu s’est fait homme afin de résoudre toute la question morale du
péché : ce qui a été fait en Christ est le triomphe de la grâce. Il n’est
donc pas étonnant que l’ange ait pu dire : « N’ayez point de peur ». La
résurrection montre que tout obstacle a disparu. L’ange Le reconnaît comme
Seigneur (« venez et voyez le lieu où le Seigneur gisait »), et quelle
bénédiction de pouvoir dire notre
Seigneur ! Quelle joie de reconnaître
ainsi le Ressuscité, qui a été crucifié, comme ayant droit de commander en tout !
Sans doute, ce qui donnait de la valeur à Son œuvre, c’est qu’Il était Dieu
Lui-même — Celui qui, tout en étant un homme, était infiniment au-dessus de l’homme
— un médiateur — Celui qui pouvait poser Sa main sur les deux (Job 9:33). L’ange
laisse entendre qu’en présence d’un Sauveur ressuscité, le croyant le plus timide
n’avait rien à craindre. D’autre part, Actes 17:31 dit : « Il [Dieu] a établi
un jour où Il jugera le monde selon la justice, par l’homme qu’Il a destiné à
cela, ce dont Il a donné l’assurance à tous les hommes en Le ressuscitant des
morts ». Si je ne fais pas confiance en un Sauveur ressuscité pour la délivrance
de mon âme, je participe à la culpabilité de Sa mort. Si je ne me réfugie pas
auprès de Lui, j’appartiens, pour ainsi dire, à la même société qui L’a
crucifié. Mais par la foi en Son sang, je suis lavé de cette culpabilité. Combien
il est juste que la disposition de la grâce qui signe la délivrance du croyant,
devienne, si elle est méprisée, le poids mort qui fait sombrer le monde !
Si je Le crois, je sais que c’est l’homme qui a crucifié Jésus, et pas seulement
l’homme profane, car la culpabilité s’étend à tous. Il n’y a qu’une seule porte
de délivrance pour quiconque, et c’est Jésus crucifié. « N’ayez point de peur ».
Il n’y a pas lieu de s’alarmer, car Il est ressuscité. « Je sais que vous cherchez
Jésus », etc. C’est le cœur fixé sur Jésus qui avait de la valeur. Dieu avait
toujours eu la pensée d’effacer le péché ; mais maintenant tout était fait ;
Dieu attendait cela pour annoncer la bonne nouvelle. Lui qui était plein d’un
saint amour en donnant Jésus pour qu’Il meure, Il L’a maintenant ressuscité d’entre
les morts, et Lui a donné la gloire, afin que notre foi et notre espérance
soient en Dieu (1 Pierre 1:21). Si ma foi et mon espérance sont en Dieu, mes
délices sont en Christ ; si elles sont en moi-même, Christ devient pour moi
un zéro, et il est normal que je périsse pour toujours. Si je n’ai pas le Christ
pour mon repos et mon délice, pour mon Sauveur et mon Seigneur déjà ici, je vais
devoir bientôt trembler devant Lui comme mon juge.
Et maintenant, pour en revenir aux femmes, elles devaient aller annoncer à Ses disciples que Jésus était ressuscité d’entre les morts et qu’Il allait devant eux en Galilée. En Luc, la Galilée n’est pas mentionnée, mais Il se joint aux deux disciples qui allaient à Emmaüs ; et lorsqu’ils revinrent à Jérusalem le soir même, ils « trouvèrent les onze assemblés … disant : « Le Seigneur est réellement ressuscité, et Il est apparu à Simon ». Jésus Lui-même apparut au milieu d’eux. Là en Luc, toutes les circonstances ont Jérusalem pour centre. En Matthieu, le grand point sur lequel il est insisté, c’est le lieu de rencontre assigné en Galilée. Et pourquoi ? N’est-il pas remarquable, à première vue, que l’un donne le lieu de rencontre de Jésus avec ses disciples à Jérusalem, et l’autre en Galilée ? Dieu n’a-t-Il pas par-là une vérité à m’enseigner ? Nous sommes enclins à mesurer l’importance d’une vérité en fonction de ses résultats pour nous, mais le véritable critère est son incidence sur la gloire de Dieu. La manière dont Dieu nous donne Sa vérité est, après tout, la meilleure pour nous. Tout au long de l’Évangile de Matthieu, on trouve Jésus en Galilée. Jérusalem Le refuse, est troublée par Sa naissance, et Le chasse jusqu’à la mort, la mort de la croix. « Nous l’avons estimé battu, frappé de Dieu et affligé », voilà qui décrit exactement leur sentiment (És. 53:4). Ils cherchaient dans le Messie quelque chose de conforme à leur idée terrestre ; ils ont exprimé leur déception en rejetant le Fils de Dieu. C’est pourquoi, en accord avec cela, Matthieu rapporte que la scène de Ses travaux de Son vivant, la scène du mépris des Juifs, a été le lieu où Il s’est manifesté comme ressuscité après Son rejet par la maison d’Israël, — c'est la Galilée. Il se montre à nouveau dans la Galilée méprisée, la Galilée des Gentils, lorsque tout pouvoir Lui est donné dans le ciel et sur la terre ; et c’est là qu’Il donne Sa grande mission au résidu pieux de Son ancien peuple.
« Comme elles allaient l’annoncer à Ses disciples, voici que Jésus vint à leur rencontre », etc. Dans Jean, lorsque Marie tend sa main vers le Seigneur, Il lui dit : « Ne me touche pas ». Comment se fait-il qu’ici, lorsque les femmes viennent et Lui saisissent les pieds, notre Seigneur ne l’interdit pas ? Une vérité totalement différente est ainsi exposée par ces actes. La grande espérance d’Israël était d’avoir Christ au milieu d’eux. Mais pour nous, l’absence de Christ qui est en en haut, alors que nous traversons notre temps d’épreuve, est tout aussi caractéristique que Sa présence le sera pour eux.
Jean parle pleinement du départ de notre Seigneur : une autre scène de gloire entièrement distincte de ce monde y est présentée. L’enseignement que cela implique est donc, pour ainsi dire, le suivant : Comme Juifs, vous vous êtes peut-être attendu à une scène où Je serai personnellement présent ; mais au lieu de cela, Je vous parle de Ma position actuelle en haut, et des nombreuses demeures que Je vais vous préparer dans la maison de Mon Père. Il leur révèle une espérance céleste totalement distincte de Son règne sur Son peuple dans ce monde : c’est pourquoi, dans Jean, le Seigneur dit à Marie : « Ne me touchez pas, car… je monte », etc.
Mais en Matthieu, Jésus nous est montré rejeté par Jérusalem, et pourtant retrouvé en Galilée, après Sa résurrection. Quelles que soient Sa puissance et Sa gloire maintenant, et la consolation et la bénédiction pour les Siens, il est encore, pour les Juifs et pour Jérusalem, le Messie rejeté et méprisé. C’est pourquoi, dans cette occasion, Il confirme le message de l’ange en disant aux femmes : « N’ayez point de peur : allez annoncer à mes frères qu’ils aillent en Galilée, et là ils Me verront » (28:10).
Le gouverneur exerçait le pouvoir de l’empire romain : mais
qui étaient ceux qui le poussaient par derrière secrètement ? Les faux tenants
de la religion de leur temps — les prêtres (sacrificateurs), complètement
aveuglés par le diable. Comme d’habitude, sans aucune simplicité de cœur, ils s’assemblent
avec les anciens et tiennent conseil ; et ceux qui avaient soudoyé un
disciple perfide avec « trente pièces d’argent » pour mettre Christ à mort, donnent
maintenant « beaucoup d’argent » (ou : une bonne somme) pour nier la vérité
de sa résurrection. Tel est l’homme, tel est le monde ; et, il est
solennel de le dire, telle est sa phase la plus élevée et la plus fière. Telle
était la situation à l’époque : son état moral a-t-il changé aujourd’hui ?
Si nous lisons bien la Bible, nous y trouverons non seulement le récit du passé
,
mais le livre de leçons divines pour le présent
et l’avenir
.
Puissions-nous la lire pour nos propres âmes ! Il est certain que les
Juifs, et surtout les chefs religieux, ont pris la tête du mal et de l’opposition
à Dieu avant
la mort de Christ (ch. 26 et 27), pendant
qu’Il
était dans le tombeau (27:62-66), et après
Sa résurrection (28:11-15).
Mais après tout, l’incrédulité est aussi faible contre Dieu que la foi est puissante
avec Lui et par Lui. Leur propre garde devint le témoin le plus clair, le plus
involontaire et le moins suspect de la résurrection. Quel témoignage que l’alarme
des soldats, ajoutée aux doutes de Ses propres disciples ! C’était plus que
de l’incrédulité désormais ; c’était un mensonge délibéré, volontaire ;
et voilà sur quoi reposent les Juifs « jusqu’à ce jour ». Leurs craintes, sans qu’ils
le veuillent, dressaient un témoignage sûr pour Jésus ; mais leur inimitié
les pousse maintenant à rejeter ce qu’ils savaient être la vérité, même s’ils
devaient périr pour toujours.
« Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Et L’ayant vu, ils Lui rendirent hommage ; mais quelques-uns doutèrent » (28:16, 17). Et pourtant ceux qui doutèrent étaient des disciples. Combien Dieu est bon ! Combien Il est au-dessus des pensées de la nature ! L’homme aurait omis ce fait. Pourquoi dire que certains de Ses disciples doutèrent ? C’est qu’il est utile de connaître la profondeur de nos cœurs incrédules, de voir que même en présence de Jésus ressuscité, « certains doutèrent ». Quel que soit Son amour pour Ses enfants, Dieu ne cache jamais leurs péchés, ni ne les prend à la légère.
« Et Jésus, s’approchant, leur parla, disant : Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. … Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle ». Or, il me semble qu’avec une telle parole, la scène de l’ascension aurait été incongrue. Après qu’Il ait dit : « Voici, je suis avec vous tous les jours », combien il aurait été hors de place de donner les détails de son retour au ciel ! Mais voilà que le rideau tombe — la bénédiction ininterrompue de cette promesse continue à résonner dans le cœur ! Ainsi, le fait de ne pas faire voir Son départ me semble couronner la beauté de la promesse d’adieu et de tout l’évangile.
Et pourquoi pas ici « la repentance et la rémission des péchés » (Luc) ? pourquoi pas « prêcher l’évangile à toute créature » (Marc) ? Quelle est la pertinence particulière de cette conclusion de Matthieu ? Le Seigneur, rejeté comme le Messie juif, ouvre de nouveaux rapports de Dieu avec les hommes. Auparavant, ils ne devaient pas aller vers les Samaritains ; mais ici une sphère entièrement nouvelle est ouverte. Il ne s’agit plus pour Dieu d’avoir Sa demeure particulière dans une nation unique ; il s’agit maintenant de cette pensée plus vaste : « Allez donc, et faites disciples toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit » (28:19) (*). Le baptême est ici en contraste avec la circoncision, et la révélation plus complète de la Déité est en contraste avec le nom de l’Éternel par lequel Dieu était connu d’Israël. « Leur enseignant à garder toutes les choses que Je vous ai commandées ». Ceci est conforme au sermon sur la montagne, où le Seigneur disait, en contraste avec les temps précédents : « Mais moi, je vous dis ». Il était le prophète semblable à Moïse que Dieu avait promis de susciter (Deut. 18) et qu’ils étaient tenus d’écouter. Quelle orientation spéciale pour des disciples Juifs ! Ils devaient enseigner tout ce que Jésus avait commandé. Il était le Fils bien-aimé de Dieu qui devait maintenant être écouté de manière prééminente. Il ne s’agissait pas de mettre les Gentils sous la loi — ce qui a été la ruine de la chrétienté, le reniement du christianisme, et le profond déshonneur vis-à-vis de Christ Lui-même.
Et ici tout se termine. Les disciples étaient sur le point d’entrer dans une scène troublée ; mais « voici, Moi Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation du siècle ». Et ceci était et est suffisant pour la foi. Que le Seigneur nous accorde de confier nos âmes, à la fois pour le temps actuel et pour l’éternité, à cette Parole qui demeurera même quand le ciel et la terre disparaîtront !