William Kelly
Publié en anglais en 1905 et réimprimé en 1970 par Bible Truth Publishers
Les sous-titres et sous-divisions du texte ont été ajoutés par Bibliquest
Table des matières abrégée :
3 - Première méditation publique — 1 Jean 1:1-4 — La communion avec le Père et le Fils
4 - Deuxième méditation publique — 1 Jean 1:5-10 — Dieu est lumière, et les « si nous disons »
5 - Troisième méditation publique — 1 Jean 2:1-2 — Restauration de la communion
6 - Quatrième méditation publique — 1 Jean 2:3-6 — Les deux tests de la vie
8 - Sixième méditation publique — 1 Jean 2:12-13
9 - Septième méditation publique — 1 Jean 2:14-27
10 - Huitième méditation publique — 1 Jean 2:28 à 3:6
11 - Neuvième méditation publique — 1 Jean 3:7-10
Table des matières complète :
2.2 - Deuxième et Troisième Épître
3 - Première méditation publique — 1 Jean 1:1-4 — La communion avec le Père et le Fils
3.1 - Similitudes avec l’épître aux Hébreux
3.2 - Ch. 1:1 — Dès le commencement
3.3 - Ch. 1:1 — La Parole de vie
3.4.2 - Ce qui est spécifique à Jean par rapport à Pierre, Jacques et Paul
3.5 - La Personne du Seigneur Jésus, non pas Christ dans la gloire
3.6 - Application à des hérésies récentes
3.7 - Ch. 1:1 — Christ vrai homme
3.7.2 - Entendre avant de voir
3.7.3 - La Parole de vie pour tous — Ch. 1:2
3.8.2 - Identité de « la vie », « la vie éternelle », « la Parole »
3.8.3 - Manifestation de la vie éternelle quand le Fils de Dieu est devenu homme
3.8.4 - Tirer profit aujourd’hui des communications de l’apôtre
3.9.1 - La communion des apôtres demeure
3.9.2 - Une communication pour remplir de joie tous les croyants
3.9.3 - Des mesures variables de réalisation
3.9.4 - Importance de savoir ce qu’est notre vie, la vie de Christ, la vie éternelle
3.9.5 - Celui qui a le Fils a la vie — La communion avec le Père et le Fils
4 - Deuxième méditation publique — 1 Jean 1:5-10 — Dieu est lumière, et les « si nous disons »
4.1.1 - Rappel du contenu du début de l’épître
4.1.2 - Un message lié à la manifestation de Dieu
4.1.3 - Absence de tout bien dans l’homme (Juifs et Gentils), et grâce de Dieu
4.2.1 - Le message de la part de Christ, que Dieu est lumière
4.2.2 - Le christianisme fait connaître Dieu comme lumière. Ce que cela signifie
4.3 - Ch. 1:6 — Le premier « si nous disons »… communion et marche dans les ténèbres
4.3.1 - Un écart flagrant du christianisme. Sens du mot « nous »
4.3.3 - La vie éternelle, une réalité vivante à la base de la communion
4.3.4 - Signification de marcher dans la lumière et marcher dans les ténèbres
4.3.5 - Une relation implique une responsabilité
4.3.5.1 - Les professants. Marcher selon ou dans la lumière
4.3.5.2 - Dieu prive-t-Il de lumière si on a manqué ?
4.4 - Ch. 1:7 — Les trois marques essentielles du chrétien
4.4.1 - Le premier privilège chrétien : la marche dans la lumière
4.4.2 - Deuxième privilège chrétien : la communion les uns avec les autres
4.4.3 - Troisième privilège chrétien : le sang de Jésus Christ purifie de tout péché
4.4.3.1 - Efficacité du sang de Christ
4.4.3.2 - Égoïsme de l’homme. Communion, gardée et maintenue par la mort de Christ
4.4.3.3 - Lavage par l’eau et application du sang
4.4.3.4 - Unicité du sacrifice de Christ
4.4.3.5 - Purification par le sang
4.5 - Ch. 1:8 — Le deuxième « si nous disons »… pas de péché
4.7 - Ch. 1:10 — Le troisième « si nous disons »… « nous n’avons pas péché »
4.7.2 - L’éthique, ou la morale sans Dieu
4.7.5 - « Sa Parole n’est pas en nous »
4.7.6 - Ce que veut dire marcher dans les ténèbres sans avoir de lumière — És. 50:10
4.7.7 - Le vrai chrétien marche toujours dans la lumière, pas dans les ténèbres
4.7.8 - La marche dans la lumière selon le v. 7
5 - Troisième méditation publique — 1 Jean 2:1-2 — Restauration de la communion
5.1.1 - Les v. 1-2 se rattachent au ch. 1. Le sujet change au v. 3
5.1.2 - Rappel du contenu du ch. 1
5.1.3 - 1 Jean : Faire face à la préparation de l’apostasie
5.2 - Ch. 2:1 concerne des manifestations de la chair dans le croyant
5.3 - Bien comprendre ch. 1:7. Marcher dans et selon la lumière
5.4.1 - Son acharnement contre l’homme. Importance de l’homme pour Dieu
5.4.2 - Où mène l’incrédulité quant à la Parole de Dieu
5.5 - Dieu est actif. Le Père a des pensées et des affections à partager
5.5.1 - Dieu a achevé Sa révélation. Le Saint Esprit demeure
5.5.2 - Le plaisir de Dieu dans le Fils est placé devant nous
5.5.3 - Les pensées de communion vont au-delà de notre salut personnel
5.6 - Ch. 2:1 — Restauration de la communion interrompue
5.6.1 - Le chrétien a droit à une joie accomplie
5.6.1.1 - Actes 16. La prison de Philippes
5.6.1.2 - Tous les saints sont concernés
5.6.2 - « … afin que vous ne péchiez pas »
5.6.2.1 - Le péché : une offense à la nature de Dieu, non pas une simple infraction à la loi
5.6.2.2 - Le péché est plus grave pour un chrétien qu’en Israël
5.6.2.3 - Un seul acte de péché
5.6.3 - L’Avocat. Ce qu’il est
5.6.3.1 - Avocat auprès du Père
5.6.3.2 - Le péché comme un bête sauvage à enchaîner
5.6.3.3 - Travail de l’avocat avant même toute repentance
5.6.3.4 - Comme un chef de clan
5.6.4 - Un avocat en haut, un avocat sur la terre : Le Saint Esprit
5.6.5 - Différence entre avocat et sacrificateur
5.6.5.1 - L’épître aux Hébreux par rapport à 1 Jean
5.6.5.2 - Il n’y a pas d’application répétée du sang
5.6.5.3 - Ne pas confondre le lavage d’eau par la Parole et l’application du sang
5.6.5.4 - La purification continuelle
5.6.5.5 - Le rôle de la sacrificature est de secourir et sympathiser
5.7 - Jésus Christ : le Juste et (ch. 2:2) la propitiation pour nos péchés
5.7.2 - Ch. 2:2 — La propitiation pour nos péchés
5.7.3 - Les deux boucs de Lév. 16
5.7.4 - Autres passages sur propitiation et substitution
5.7.5 - Propitiation pour le monde entier
5.7.6 - Rédemption ou rachat — et achat
5.7.7 - Héb. 2:9, 10 — Christ a goûté la mort pour tout
6 - Quatrième méditation publique — 1 Jean 2:3-6 — Les deux tests de la vie
6.1 - Le chrétien a la même vie que Christ
6.1.1 - 1 Pierre 1:2 — Sanctifiés pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ
6.1.2 - La vie éternelle n’est pas sous condition d’obéissance
6.1.3 - Participer dès maintenant aux choses éternelles
6.2 - 1 Jean 2:3-4 — le premier test de la vie : l’obéissance
6.2.1 - L’obéissance premier signe de la vie
6.2.1.1 - L’exemple de Paul (Actes 9)
6.2.1.3 - L’obéissance de Christ
6.2.1.4 - Le cas de Judas et ses miracles
6.2.1.6 - Le principe d’obéissance a une très vaste application
6.2.1.7 - La place de l’obéissance comme premier test est appropriée
6.2.1.8 - Qu’est-ce que garder les commandements ?
6.2.1.9 - Obéir est la première étape pour ouvrir l’esprit
6.2.1.10 - Garder les commandements, ce n’est pas garder la loi de Moïse
6.2.1.11 - Pourquoi Dieu parle avec autorité
6.2.1.12 - Commandement de croire et de se repentir
6.2.1.13 - La première étape quand on aime, c’est de se plaire à obéir
6.3 - 1 Jean 2:5 — Garder la Parole
6.3.1 - La Cène et la Baptême sont-ils un commandement ?
6.3.2 - Une image illustrant ce qu’est garder la Parole
6.3.3 - La Parole permet de comprendre ce qu’est la volonté de Dieu
6.3.4 - Ch. 2:4 — Garder les commandements est la toute première étape
6.3.5 - Ch. 2:5 — L’amour de Dieu pratiqué par l’obéissance
6.3.6 - L’exemple du Seigneur selon Ps. 40 et Héb. 10
6.4 - Savoir que nous sommes en Lui (2:5b)
6.4.1 - Être en Christ : Jean 14:20
6.4.1.1 - Le Seigneur dans le Père
6.4.1.2 - Les disciples en Christ
6.5 - 1 Jean 2:6 — Deuxième test. Profession de demeurer en Christ
7.1 - L’obéissance est le premier test de la vie nouvelle
7.2 - Christ est la vie du chrétien. La vie est donnée par Dieu
7.2.1 - Christ est la vie du chrétien
7.2.2 - Distinction d’avec la vie naturelle, celle des animaux
7.2.3 - Immortalité de l’âme. Pas de non-existence pour l’homme. Le suicide
7.2.4 - Le croyant reçoit la vie éternelle de Christ Lui-même
7.2.5 - La vie nouvelle est source d’amour
7.2.6 - Est-il facile d’aimer ?
7.2.8 - 2:7. Précisions sur la traduction
7.3 - Le commandement ancien (2:7) en Jean 13:34-35
7.3.1 - Le commandement de Jean 13
7.3.2 - « Dès le commencement » en 2:7
7.3.3 - Différence avec aimer son prochain
7.3.4 - Un commandement ancien, avant la mort et la résurrection de Christ
7.4 - Ch. 2:8 — Le commandement nouveau
7.4.1 - Comment le commandement ancien peut-il être nouveau ?
7.4.2 - Le commandement est nouveau parce que désormais vrai dans les Siens
7.4.3 - Le commandement ancien était sans puissance, contrairement au commandement nouveau
7.5 - Ch. 2:8 — Les ténèbres s’en vont, et la vraie lumière luit déjà
7.5.1 - Les ténèbres ne sont pas encore passées
7.5.2 - Les ténèbres s’en vont dans les saints
7.5.3 - La vraie lumière luit déjà
7.6 - 1 Jean 2:9-10 — Pas de haine des frères quand on est dans la lumière
7.7 - 1 Jean 2:11— La marche dans les ténèbres et l’aveuglement
7.7.1 - Seul celui qui croit vraiment a le droit d’être enfant de Dieu
7.7.2 - Pas de doute en Christ ou dans Sa Parole — L’opposé de l’aveuglement
7.8 - Sur l’aveuglement ôté : Encore les deux tests de la vie
7.8.1 - L’obéissance vient en premier
7.8.2 - Les apôtres en Actes 5
7.8.3 - Obéissance extérieure et loi de la liberté
7.8.4 - Obéir en souffrant : Différence d’avec la résistance passive (Actes 5)
7.8.5 - L’amour, une énergie qui s’épanche à l’extérieur
7.8.6 - Abonder en amour comme les Thessaloniciens
8 - Sixième méditation publique — 1 Jean 2:12-13
8.1 - Privilèges communs aux enfants de Dieu et gradation spirituelle — 2:12
8.1.1 - Certitude du plein pardon actuel des péchés
8.1.3 - Le pardon des péchés chez l’apôtre Jean
8.1.4 - Le pardon des péchés chez les apôtres Pierre et Paul
8.1.6 - Connaissance du pardon des péchés — 2:12
8.2 - 2:13 — Les différents degrés
9 - Septième méditation publique — 1 Jean 2:14-27
9.2 - Ch. 2:14b — Les jeunes gens
9.2.1 - La Parole de Dieu demeurant en eux
9.2.2.1 - La justice de Dieu en Christ
9.2.4.1 - N’aimez pas le monde
9.2.4.2 - Qu’est-ce que le monde
9.2.4.3 - Le commencement du monde
9.2.4.4 - Un danger surtout pour les jeunes gens
9.2.4.5 - … ni les choses qui sont dans le monde
9.2.5 - Ch. 2:16 — Ce qui est dans le monde
9.2.6 - Ch. 2:17 — Le monde s’en va, celui qui fait la volonté de Dieu demeure
9.3.1.1 - Davantage d’instructions
9.3.1.3 - La venue de beaucoup d’antichrists
9.3.1.4 - La « haute critique »
9.3.2.1 - Sortis du milieu de nous
9.3.2.2 - Ils n’étaient pas des nôtres
9.3.3.1 - L’onction de la part du Saint
9.3.3.2 - Vous connaissez toutes choses
9.3.3.3 - Connaissance du pardon des péchés
9.3.3.4 - Connaissance du Père
9.3.4 - Ch. 2:21 — Connaître la vérité (par le Saint Esprit), connaître toutes choses
9.3.5 - Ch. 2:22 — Le menteur, l’antichrist, qui nie que Jésus et le Christ
9.3.6 - Ch. 2:23 — Le test de la vérité est le Fils
9.3.7 - Ch. 2:24-25 — Ne pas ajouter à la Parole de Dieu
9.3.7.1 - Sur les nouveautés. L’église n’enseigne pas
9.3.7.2 - La vérité inséparable de Christ
9.3.8 - Ch. 2:26 — Ceux qui vous égarent
9.3.9 - Ch. 2:27 — Pas besoin que personne vous enseigne
10 - Huitième méditation publique — 1 Jean 2:28 à 3:6
10.1 - Le christianisme révèle Dieu manifesté dans le Fils
10.2 - 1 Jean 2:28a — Demeurez en Lui
10.2.1 - La Personne en qui nous avons à demeurer est unique
10.2.2 - Le christianisme, c’est Dieu révélé dans Son Fils
10.3 - 1 Jean 2:28c — Venue et présence du Seigneur
10.4 - 1 Jean 2:28b — Manifesté : « si » ou « quand »
10.8.1 - L’assurance d’être enfants de Dieu
10.8.2 - « Si » et non pas « quand »
10.8.3 - Changement présent, changement futur
11 - Neuvième méditation publique — 1 Jean 3:7-10
11.1 - Retour sur les versets déjà considérés, 1 Jean 2:29 à 3:6
11.1.1 - 1 Jean 2:29 et le sujet de la justice
11.1.4 - 1 Jean 3:3 (les v. 1 à 3 sont une parenthèse)
Le lecteur chrétien supportera, je l’espère, quelques mots d’ordre plutôt personnel. Personne aujourd’hui n’a plus de raisons de louer Dieu pour ces épîtres que celui qui présente cet exposé. La première de ces trois épîtres a été extrêmement bénie pour son âme il y a plus de 60 ans. Il avait été converti à Dieu sans intermédiaire humain, mais restait abattu sous le sentiment du péché qui était en lui. Un ami chrétien suggéra que le témoignage de Dieu en 1 Jean 5:9, 10 était Sa réponse aux questions qui me tourmentaient ; le Saint Esprit s’en servit pour donner désormais le repos dans le Fils de Dieu et dans Son œuvre expiatoire.
Depuis lors, cela a été une grande joie, d’abord d’apprendre, puis après avoir appris, d’enseigner d’autres chrétiens selon ma petite mesure. Car presque tous les croyants que j’ai connus ont trouvé particulièrement difficile de s’approprier cette précieuse portion des Écritures. Cela ne vient pourtant pas d’une quelconque difficulté de langage, qui est tout simple, mais en partie de leur propre carence spirituelle, et en partie de la profondeur de la vérité lorsqu’elle développe la dignité personnelle du Sauveur, et la plénitude de Sa grâce envers les enfants de Dieu. Ces croyants donc, étaient déjà lents à comprendre la communion que l’apôtre invite à avoir avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ, et ils étaient encore plus lents à en jouir.
Après des années de travail, un peu partout en Grande Bretagne, et quelque peu aussi à l’étranger, où j’ai aidé les âmes à sonder spécialement ces épîtres par l’Esprit de grâce, je suis reconnaissant de publier ce volume, même s’il ne couvre pas tout ce qu’on serait en droit d’attendre. Toutefois, Celui qui a inspiré cette Parole écrite ne manquera pas de guider dans la vérité ceux qui s’attendent à Lui pour elle. Puisse le lecteur compter sur l’amour divin en Christ, et avoir sa joie accomplie : ce que Jean a écrit a été expressément donné dans ce but.
Londres, le 20 avril 1905
Le plan ou la structure de cette épître courte mais importante, est simple. Son fondement est posé dans les quatre premiers versets du ch. 1, la Parole de vie incarnée. Car la vie éternelle, la vie qui était auprès du Père, a été manifestée à des témoins choisis de la manière la plus complète possible ; et ce qu’ils ont vu et entendu, ils l’ont rapporté aux croyants, pour qu’ils puissent avoir la même communion que les apôtres (Actes 2:42). C’était en effet une communion sans pareille : la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. Et ces choses, « nous » (comme si c’était au nom de tous) vous les écrivons afin que votre joie soit accomplie.
Cette manifestation de Dieu en Christ est inséparable du message de responsabilité chrétienne des v. 5 à 10. Ce message met en lumière le caractère de Dieu pour influer sur la marche de ceux qui invoquent le nom du Seigneur, et il montre l’inconséquence absolue de ceux qui disent sans faire.
Un supplément est ajouté en 2:1-2 où réapparaît le nom de Père omis dans la partie du ch. 1 relative aux tests. Car bien que tous aient la responsabilité de ne pas pécher, si quelqu’un le fait quand même, l’amour divin opère pour restaurer ; et nous avons un Avocat auprès du Père, Jésus Christ non seulement le Juste, mais la propitiation pour nos péchés, et d’une manière plus générale, pour le monde entier.
Comment alors la réalité dans le chrétien est-elle prouvée ? Les v. 3 à 11 le montrent. D’abord par l’obéissance (2:3-6), mais aussi nécessairement par l’amour (2:7-11) — ce qui est authentique est mis en évidence positivement, et ce qui est faux est mis en évidence négativement.
Ensuite (2:12-28) nous avons un développement sur les différents degrés de maturité dans la famille de Dieu. Vus comme ensemble, ils sont les chers enfants (τεκνια) — comme en 2:1, 12, 28 et 3:7, 18 et 5:21 — auxquels l’apôtre écrit parce que leur péchés leur ont été pardonnés par le nom de Christ. Mais dans cette parenthèse instructive, la famille comprend 1) des « pères », parce qu’ils connaissaient Celui qui est dès le commencement, la Parole éternelle manifestée en chair ; 2) des « jeunes gens » parce qu’ils étaient forts, avec la Parole de Dieu demeurant en eux, et qu’ils avaient vaincu le méchant ; et 3) « les petits enfants » parce qu’ils connaissaient le Père. L’apôtre repasse tout en revue, répétant la même chose pour les pères, allant plus loin pour les jeunes gens, et encore plus pour les petits enfants qui sont spécialement visés par les antichrists et leurs efforts pour égarer ; les petits enfants sont donc spécialement prémunis.
Puis à partir de 2:28, le sujet général est repris sous forme d’une exhortation aux « chers enfants » vus dans leur ensemble, cette exhortation étant de demeurer en Christ, afin que, s’Il est manifesté comme Il le sera sûrement, les ouvriers parmi lesquels se met l’apôtre aient de l’assurance au lieu d’être honteux de leur défection. Puis il passe (2:29) à la justice pratique comme témoin de ce qu’on est né de Dieu. Une nouvelle fois ici, l’apôtre bifurque vers une digression courte, mais bien à propos, en 3:1-3 sur l’amour du Père, qui est le motif et la puissance nécessaires pour fortifier et encourager l’âme dans le chemin étroit de la justice pratique. Alors en 3:4-7, viennent bien à leur place la personne et l’œuvre de Christ dans une séparation absolue du mal, et son efficace pour ôter nos péchés, — tout cela pour inculquer que quiconque demeure en Lui ne pèche pas, et que quiconque pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a pas connu. Le reste du chapitre est consacré au contraste de ceux qui sont du diable, d’abord avec la justice des enfants de Dieu, en principe et en pratique, ensuite à partir de 3:11, avec l’amour mutuel des enfants de Dieu, contrairement à Caïn et au monde où règne la haine. Il n’y a que Dieu pour regarder à la réalité jusqu’au fond, dans les petites choses comme dans les grandes, tandis que nous devons assurer nos cœurs devant Lui, ce qui ne peut avoir lieu que dans l’obéissance et la foi au nom de Son Fils Jésus Christ. Or celui qui obéit ainsi, demeure en Dieu et Dieu en lui, et l’Esprit qui a été donné en est la puissance.
Ici
cependant, il faut un discernement spécial, et la vérité est essentielle pour
ne pas être égaré. Le moyen de protection est donc fourni en 4:1-6. Le premier
test contre l’erreur est Jésus Christ venu en chair que le Saint Esprit
glorifie toujours, tandis que l’esprit qui ne le confesse pas n’est pas de
Dieu. Le second test n’est pas la loi et les prophètes (pourtant parfaitement
inspirés), mais le nouveau témoignage de Christ rendu par les apôtres et
prophètes. Celui qui connaît Dieu nous
écoute ; celui qui n’est pas
de Dieu ne nous écoute pas. Le Nouveau Testament aussi est indispensable pour
préserver de l’esprit d’erreur.
À partir de
4:7 le sujet de l’amour mutuel est repris et largement développé ; il est
montré que cet amour mutuel est de Dieu et est inséparable du fait de L’aimer
et Le connaître Lui. Ceci introduit la manifestation de l’amour de Dieu à notre
égard, parce qu’Il a envoyé Son Fils unique afin que nous vivions par Lui, car
nous étions morts, et plus encore, afin qu’Il meure comme propitiation pour nos
péchés, car nous étions des coupables. Dès lors que Dieu nous a tant aimé, nous
devons assurément nous aimer l’un l’autre ; et si nous le faisons, Dieu
demeure en nous et Son amour est consommé [rendu parfait] en nous, au lieu
d’être entravé. Si Christ au commencement a fait connaître Dieu que personne
n’a jamais vu, c’est ce à quoi nous sommes aussi appelés maintenant. Or il y a
une puissance suffisante en ce qu’Il nous a donné de Son Esprit ; et ceci
est vrai de tous ceux qui confessent que Jésus est le Fils de Dieu, selon le
témoignage que le Père a envoyé le Fils pour être le Sauveur du monde :
Son amour en nous que nous avons connu et cru. Mais ceci n’est pas encore son
niveau maximum. Car l’amour est consommé [rendu parfait] en nous afin que nous
ayons toute hardiesse au jour du jugement, par ce que tel qu’Il est Lui, ainsi
nous sommes aussi dans ce monde — déclaration d’autant plus surprenante quand
on la compare à 3:2. La crainte est ainsi chassée par l’amour parfait, et l’on
peut affirmer pleinement : Nous
, nous aimons parce que Lui
nous a aimés le premier. Ce chapitre se termine par l’exposé des fausses
prétentions à aimer Dieu sans aimer son frère : les deux choses vont
nécessairement ensemble.
5:1-5 suppose la question suivante, et y répond : Qui est notre frère ? « Quiconque croit que Jésus est le Christ est engendré de Dieu ». Ainsi l’apôtre souligne le côté élevé de la relation, mais il n’est pas moins explicite qu’aimer le Père implique qu’on aime l’enfant, et que la preuve qu’on aime Ses enfants est quand on L’aime Lui et qu’on garde Ses commandements. L’aimer c’est obéir ; et ses commandements ne sont pas pénibles, mais bons et remplis de bénédiction et de consolation. Ce n’est pas étonnant, car quiconque est engendré de Dieu est victorieux du monde ; et c’est la foi qui a acquis cette victoire. Voulez-vous plus de précision ? « Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? »
En 5:6-12, nous avons les trois témoins avec un seul témoignage à Jésus et à la vérité qui est en Lui — l’Esprit, l’eau et le sang : non pas seulement la purification et l’expiation, mais le Saint Esprit comme puissance de réalisation. Dans le premier homme, il y avait le péché et la mort ; la vie éternelle est dans le Second Homme pour jouir en Esprit du Père et du Fils, ce qui ne peut être que parce qu’Il a donné cette vie éternelle et que nous l’avons dans Son Fils.
À partir de
5:13, nous avons la conclusion. Comme l’apôtre avait commencé avec le Fils
incarné comme objet de la foi, et avec les moyens de cette communion
merveilleuse jusqu’à une plénitude de joie, ainsi il termine en disant qu’il a
écrit ces choses afin que nous sachions dans notre conscience intérieure que,
comme croyants, nous avons la vie éternelle. Il parle à nouveau de la hardiesse
qu’une telle grâce inspire lorsqu’elle demande ce qui est en accord avec la
volonté de Dieu ; la seule exception qu’il fasse est le cas d’un croyant
qui est sous la discipline de Dieu pour avoir péché dans des circonstances
spéciales, et qui, à cause de cela, n’est plus laissé ici-bas. Dans les
dernières paroles à partir de 5:18, l’apôtre répond aux brumes naissantes du
Gnosticisme, qui apprend toujours sans jamais parvenir à la connaissance de la
vérité (2 Tim. 3:7), par le moyen de la conscience intérieure des saints,
profonde et éclatante, d’abord d’une manière abstraite dans le fait que celui
qui est né de Dieu est préservé du péché et de Satan ; deuxièmement dans
la connaissance personnelle que nous sommes de Dieu, faisant ainsi contraste
avec le monde entier qui est sous la puissance du méchant ; et
troisièmement, dans la même connaissance personnelle du grand objet de la foi,
le Fils, avec l’intelligence qu’Il a donné pour connaître le Véritable, et pour
être en Lui, dans Son Fils Jésus Christ : Lui
est le Dieu véritable
et la vie éternelle. Il est aussi le moyen d’être gardé des idoles.
Ces épîtres sont si simples dans leur objet et dans leur structure, — même si elles sont très importantes pour la vérité et ceux qui l’aiment — que quelques mots suffiront.
La sœur, une dame qui n’est pas nommée, est avertie solennellement de ne pas recevoir quelqu’un qui n’est pas vrai quant à la doctrine de Christ, c’est-à-dire la doctrine de Sa personne, fondement et substance de toute vérité.
Le frère, qui est bien sûr nommé, se trouvait en face de l’opposition d’une personne ou d’un parti ; il est exhorté à persévérer dans l’amour qui l’a caractérisé, et à recevoir les âmes fidèles sorties pour le Nom, même s’il s’agit d’étrangers.
La sagesse, tout comme la valeur, de ces lettres sont grandes. Les femmes en particulier peuvent éprouver une grande difficulté à refuser des hommes de bonne apparence et apparemment zélés pour l’œuvre du Seigneur. Ce peut être un évangéliste, béni en son temps pour gagner des âmes, ou un ancien comme certains d’Éphèse, que Paul signale comme allant s’écarter. Mais quand l’esprit d’erreur est répandu, la vérité décide, et non pas le service simplement. Par ailleurs le bon frère n’a pas à s’inquiéter de la colère d’un Diotrèphe, mais à accueillir ceux qui vont de l’avant vraiment pour le nom du Seigneur ; c’est ainsi qu’il encourage un Démétrius qui aurait pu autrement être mis au silence avec sévérité. Combien le Saint Esprit est admirable pour donner des conseils pour nous guider au mauvais jour !
Le lecteur qui n’est pas un érudit peut être tranquille que les meilleurs et les plus anciens manuscrits n’ont aucune variante de quelque importance doctrinale [note Bibliquest : le reste de la note n’a pas été traduit, et ne traite que de variantes mineures du texte]
Aucune autre épître ne commence de manière plus NOBLE, — quoique l’épître aux Hébreux soutienne bien la comparaison, — mais son style est différent de celui de toutes les autres épîtres, avec de bonnes raisons pour cela. Ces deux épîtres, sans aucune préface d’aucune sorte, introduisent d’emblée le Fils incarné, la Parole faite chair : l’une le fait pour fixer l’œil de la foi chez les Juifs qui confessaient Jésus comme le Christ, sur Sa personne glorieuse et Son office dans le ciel, fondé sur Son œuvre rédemptrice ; l’autre épître le fait pour préserver partout les croyants de toute innovation doctrinale ou pratique en leur rappelant « Ce qui était dès les commencement » dans la grâce et la gloire immuables de Sa personne tel qu’Il s’est manifesté sur la terre, réellement Dieu et homme unis en Lui pour toujours. La caractéristique de ces épîtres, c’est l’Homme monté au ciel pour l’une, et Dieu descendu en Christ donnant la vie éternelle, pour l’autre. Néanmoins, l’épître aux Hébreux donne aussi un riche déploiement de Sa personne, et cette première épître de Jean présente pleinement Son œuvre expiatoire tout du long.
Il est à
noter aussi que ces deux épîtres [Hébreux et 1 Jean] omettent à la fois le nom
de l’auteur et l’identité des destinataires. Comme raisons principales de cette
particularité — même si d’autres raisons peuvent s’y être rajoutées — il y a la
suprématie de Christ mise devant les cœurs, et le désir de la graver le plus
possible sur les lecteurs selon la volonté de Dieu le Père. Dans la sphère
directe de son ministère parmi les nations, l’apôtre s’adressant aux Gentils
n’avait pas manqué de dire — ni d’agir en conséquence, — que l’évangile est la
puissance de Dieu en salut à quiconque croit, au Juif premièrement
et au
Grec (Rom. 1:16) ; et vers la fin, dans l’épître aux Hébreux, il envoie
son dernier message aux croyants en s’effaçant lui-même d’une manière
précieuse. En effet, tandis qu’il présente le Seigneur comme l’Apôtre et le
Souverain Sacrificateur de la confession chrétienne (combinant les types de
Moïse et d’Aaron, tout en étant bien au-dessus d’eux), il n’applique ces titres
ni aux Douze ni à lui-même ; et tout du long de l’épître, il écrit plutôt
comme un docteur chrétien le ferait en expliquant l’Ancien Testament (quoique
seul un homme inspiré le pouvait), que comme quelqu’un qui révélait des vérités
nouvelles avec l’autorité d’un apôtre et prophète.
En outre, son amour pour ses frères selon la chair pouvait bien suggérer, au moins au commencement, de laisser son nom en retrait, car il connaissait leurs préjugés contre quelqu’un de si jaloux envers tout ce qui enfreignait la liberté des Gentils ; tandis que son allusion à Timothée à la fin de l’épître (Héb. 13:23) désignait le grand ami de Timothée, auteur de l’épître, une fois le terrain préparé par celle-ci, et les cœurs remplis, par le moyen de la vérité, de Celui qui leur parlait des cieux (Héb. 12:25).
Une autre considération peut avoir joué : c’est le principe figurant dans la recommandation de notre Seigneur (non pas aux Douze en Luc 9, mais aux soixante-dix en Luc 10:4) de ne saluer personne en chemin. C’était une mission finale. Les temps de danger grave et de ruine imminente requièrent d’agir en urgence, et la déférence montrée par une salutation en chemin devait céder le pas à la solennité d’un message accompagné d’une malédiction terrible sur ceux qui le méprisaient. Ceci peut avoir aussi compté pour ces serviteurs de Dieu inspirés. Car l’un apportait ses dernières paroles à ses frères Juifs avant la destruction de la ville et du temple, pour qu’ils aient désormais leurs cœurs fixés sur le sanctuaire céleste, et qu’ils sortent vers Lui hors du camp, portant Son opprobre, avant que la crise de jugement ne les y contraigne. L’autre serviteur écrivait à la famille de Dieu de manière toute aussi pressante, en face non pas simplement du mal en train de s’infiltrer, mais devant le caractère encore bien plus terrible de la « dernière heure » arrivée pour les chrétiens, et à cause de « plusieurs antichrists » sortis du milieu d’eux en opposition ouverte, mais « ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous » (2:18, 19).
Quoi qu’il en soit, tout croyant a la certitude que le Saint Esprit avait les meilleures raisons pour guider ces deux apôtres à écrire de cette manière si inhabituelle consistant à cacher leur nom. Passons maintenant au début de cette première épître de Jean.
Le premier verset implique que l’évangile de Jean était déjà écrit et connu des lecteurs. Sinon comment pouvait-on comprendre la Parole de Vie ? Une telle phraséologie serait incompréhensible si nous n’avions pas Jean 1 qui nous révèle beaucoup au sujet de Celui qui est cette Parole de Vie. Mais si l’évangile tout seul prépare la voie pour les paroles introductives de cette épître, il y a pourtant une différence notable, qui est non seulement du plus haut intérêt, mais d’une immense valeur comme témoignage à la vérité.
Dans cet évangile nous lisons : « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu et la Parole était Dieu ». Ce déploiement unique de grâce et de vérité était dû à Celui dont la gloire n’avait jamais été révélée si simplement, et pourtant si profondément, et il était bien digne de Lui. Il y a un contraste frappant avec le mysticisme philosophique de Philon, le Juif d’Alexandrie, partiellement contemporain de l’apôtre, mais le croyant voit bien qu’il en est totalement différent. Aucun des évangiles n’a une introduction telle que celle des 18 premiers versets de ce chapitre. Le premier titre de Christ qu’on y trouve est « la Parole ». « Au commencement » (Jean 1:1, 2) signifie avant la création : la preuve en est clairement donnée au v. 3 qui attribue à la Parole l’existence de tout l’univers. Il a donné à toutes choses leur existence de manière si absolue que rien n’a existé en dehors de Lui. Mais remontez dans le temps aussi loin que vous pouvez en pensée, Il était en essence auprès de Dieu, ayant pourtant son existence personnelle comme Dieu, en contraste avec toutes les créatures. Il n’est pas question de durée qu’on pourrait isoler dans l’éternité avant la création ; mais Lui était « au commencement ». L’absence d’article en grec [litt. : « en commencement »] est une belle manière de faire passer une vérité que notre langue n’arrive pas à exprimer ici. S’il y avait eu l’article en grec, cela aurait fixé l’attention sur un point déterminé et connu, tandis que l’idée est justement d’exclure une telle pensée et de caractériser Son être incréé par une phrase qui admet ce qui est sans limite. « Au commencement Dieu créa » etc…, c’est ce qui commence le temps ; « au commencement était la Parole » laisse la porte ouverte à ce qui est éternel. C’est pourquoi il est juste de dire que Jean 1:1 est antérieur à Genèse 1:1. Mais s’il nous est là dit qu’ « au commencement était la Parole », le v. 14 nous dit que « la Parole devint chair » dans le temps. La première épître commence avec le fait si merveilleux du côté de Dieu, si riche en bénédiction pour les saints, et pour les pécheurs aussi, car nous en étions tous auparavant. Non seulement la Parole était éternellement, mais au temps convenable la Parole est devenue chair. En conséquence dans l’épître, nous ne trouvons pas ce qui était « au commencement » mais « dès le commencement ».
C’est la même expression dont se sert Luc, écrivain inspiré, pour donner sa présentation si caractéristique de la vie du Seigneur ici-bas — sous la direction du Saint Esprit bien sûr. Il ne commence pas comme Marc avec le ministère du Seigneur dans l’évangile, le « commencement de l’évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu ». Luc remonte plus loin, ayant suivi toutes choses depuis le commencement. En conséquence, il est celui qui, plus que tout autre, nous présente le Seigneur dans les premiers jours de Sa jeunesse. Sa sainte humanité est précisée, et nous voyons le bébé dans la crèche et dans le temple, avec Siméon et Anne pour lui rendre hommage, et avec tous ceux qui, à Jérusalem, attendaient la délivrance pour lui rendre témoignage. Quel coup d’œil sur Sa croissance dans la maison paternelle, avant et après la scène touchante du temple où il était assis parmi les docteurs, les écoutant et posant des questions ! Tous Ses auditeurs étaient étonnés de Son intelligence et de Ses réponses. En bref, Luc présente donc le Seigneur « depuis le commencement » (1:3) comme homme sur la terre, plus pleinement que tout autre. Même s’il nous parle d’autres qui ont transmis les choses qui sont reçues parmi nous, il les décrit comme ceux qui, « dès le commencement » (1:2), ont été les témoins oculaires et les ministres de la Parole.
Nous notons ensuite cette expression singulière : « la Parole de Vie ». Elle est en effet en liaison très étroite avec l’objet principal de l’épître ; mais la première mention est amenée sans aucune préparation, et sans l’introduction de Jean 1 dans l’évangile. Nous sommes soudain introduits tout d’un coup dans le thème auguste et divin que le Saint Esprit a daigné aborder et nous communiquer. Quel témoignage au Seigneur n’était-ce pas, de commencer là par la Parole, un Nom éternel, mais avec l’humanité entrée maintenant dans Sa personne ! Les petits enfants, et même l’apôtre Jean, doivent se retirer ; personne ne doit être mentionné sinon l’objet de la foi pour l’homme. La Parole, la Parole de vie, est introduite d’emblée devant les yeux du croyant. Pouvait-on mieux montrer la révérence qui remplissait le cœur de l’apôtre, ou celle que nos cœurs Lui doivent ? Mais ici, il vaut la peine de le noter, nous commençons avec l’Homme-Parole de vie, et on peut ajouter comme un autre point important, avec l’Homme-Parole de vie sur la terre, non pas dans les cieux. L’homme glorifié sur le trône de Dieu en haut a beaucoup d’importance chez l’apôtre Paul. Ici, d’un autre côté, il est pris le plus grand soin pour montrer d’abord la Parole lorsqu’Il marchait ici-bas, non pas avant d’être fait chair comme au v. 2, ni après Sa mort et Sa résurrection comme ailleurs dans l’épître. Ces positions ou ces états de notre Seigneur apparaissent de façon appropriée à leur place, mais l’apôtre traite ici de la vie éternelle manifestée sur la terre avec des preuves exactes et complètes, ainsi que de son importance majeure pour avoir communion avec le Père et le Fils, pour la plénitude de joie de tous ceux qui partagent cette communion dans la grâce de Dieu. C’est pourquoi, ce que l’apôtre nous fait entendre tout de suite, c’est son rapport sur la Parole de vie telle que les disciples L’ont vu et entendu (*) sur la terre.
(*) Note Bibliquest : nous maintenons « vu et entendu » au masculin, car W. Kelly vise bien le Seigneur-Homme lorsqu’il parle de « la Parole ».
« Ce qui était dès le commencement ». C’était vrai avant que quiconque L’ait vu. « Ce que nous avons entendu ». C’est le moyen par lequel les nouvelles sur le Seigneur Jésus ont atteint leurs oreilles. Les premiers apôtres étaient disciples de Jean Baptiste ; et le privilège de Jean (bien que ce ne soit pas spécifié ici) était d’avoir été l’un des premiers à rejoindre le Seigneur Jésus. Eux, comme d’autres, ont entendu parler du Seigneur par le moyen de Son héraut, avant de L’avoir vu. Ce fut en fait le témoignage de Jean le Baptiseur rendu au Seigneur qui amena deux de ses disciples à le quitter, au moins ultérieurement, pour suivre Christ. L’un d’eux ne fut pas Simon Pierre, mais André le frère de Simon. Il n’y a pas lieu d’avoir aucun doute ou de voir aucune difficulté à identifier son compagnon — l’écrivain de l’Évangile et des épîtres [Jean]. C’est bien sûr d’un grand intérêt pour tous de savoir que Jean a été si tôt dans le champ, avec André. Pour cette raison, et pour d’autres encore meilleures, Jean convenait le mieux pour nous parler de la Parole de Vie. Mais le Saint Esprit l’a conduit à parler de « nous », les témoins choisis, en termes assez généraux : « ce que nous avons vu de nos yeux ». C’est exactement ce qu’ils avaient entendu : « Voilà l’Agneau de Dieu ». Ils avaient entendu ce témoignage, ils avaient vu de leurs yeux cette Personne bénie ; ils « suivirent Jésus » et « demeurèrent avec Lui ce jour-là ». Tel a été le commencement du lien divin entre le Seigneur Jésus et les disciples. Qui mieux que Jean, surtout si nous tenons compte de la place particulière qu’il a eue dans les affections du Seigneur même parmi les Douze, — qui mieux que Jean avec son style si particulier, convenait pour tout nous exposer, dans la puissance du Saint Esprit ?
Mais le retard est aussi remarquable. Nous aurions pensé que le meilleur moment pour faire connaître aux saints tous ces souvenirs intimes, c’était quand ils étaient encore tous frais dans le cœur et dans la mémoire. Mais Dieu a dirigé les choses pour que la vérité soit retenue de la plume de l’apôtre pendant au moins 50 ans, sans pour autant, bien sûr, être cachée dans son cœur. Or la manière de Dieu est toujours la plus sage et la meilleure pour tous, même si l’homme vain préfère la sienne [dont l’intérieur est comme l’apparence, tout creux]. Mais le Saint Esprit veillait à donner ici la manière plus intelligente de s’attendre à Dieu pour que Sa volonté soit faite. C’était Son temps et Sa manière que l’apôtre Jean, qui était parmi les premiers témoins, demeure pour être le dernier. C’est à lui qu’il revint de communiquer à l’Ange de l’assemblée à Éphèse (si brillante au temps où l’apôtre Paul lui écrivait, sur le tard dans sa vie) l’appel du Seigneur à se repentir et à faire les premières œuvres ; autrement il ôterait la lampe, à moins qu’ils se repentent. C’est à lui qu’il revint de communiquer à l’Ange de l’assemblée à Laodicée la menace du Seigneur de la vomir de Sa bouche, sans condition de repentance, quoiqu’il lui soit ordonné de se repentir. C’est avant l’envoi des lettres du Seigneur aux sept assemblées d’Asie que le dernier apôtre a écrit sur le mal fatal qui surgissait, et sur la « dernière heure » qui venait avec ses « plusieurs antichrists ».
Ceci donne un
caractère à cette épître de Jean qui va au-delà de ce nous avons dans celles de
Pierre et Jacques. Il y a un portrait de l’antichrist
dans l’une des premières épîtres de Paul, bien qu’il ne soit pas nommé antichrist, mais homme de péché, fils de perdition et
inique (2 Thes. 2:2). L’apôtre Jean est le seul à
parler de l
’ « antichrist », ainsi
que de plusieurs antichrists déjà présents,
précurseurs du grand antichrist à venir représenté en
Apoc. 13:11-18 comme la Bête qui monte de la terre,
avec ses deux cornes comme un Agneau, le faux prophète. Nous pouvons comprendre
que celui à qui il a été donné de présenter Christ de manière si vivante dans
Sa dignité divine, il lui soit aussi donné de faire le tableau de Son
adversaire humain, rempli de et gouverné par Son ennemi spirituel Satan, et
nommé antichrist. S’il y avait un cœur sur la terre
capable de ressentir n’importe quel coup porté au Seigneur Jésus, c’est bien
notre apôtre, qui jouissait de Son amour plus que les autres, et qui l’aimait,
peut-être plus que les autres. En règle générale, le pécheur qui ressent le
plus profondément ses péchés entre proportionnellement plus dans l’amour du
Sauveur, comme Il l’a prouvé à l’homme et par l’homme qui n’avait aucun vrai
sens ni de l’un ni de l’autre : celui à qui il a été beaucoup pardonné
aime plus. Mais qui pourrait douter que le disciple bien-aimé ait eu un sens
exquis de l’amour de Son Seigneur envers lui personnellement, et parallèlement
un sens profond du péché ? Les apôtres Pierre et Paul appréciaient et ressentaient
Son amour d’une autre manière, mais pas vraiment de la même manière. Rien
d’étonnant donc à ce que Jean ait été choisi pour nous écrire des paroles
d’amour fervent et de solennité profonde, des paroles de grâce et de vérité
remarquablement adaptées à assurer le croyant en face des pires dangers pour
les chrétiens sur la terre, et en face des efforts les plus insidieux pour
renverser et renier le nom de Jésus. C’est exactement ce que nous voyons dans
ces épîtres, spécialement la première.
Ainsi ce qui nous est présenté, c’est la personne du Seigneur Jésus, mais non pas comme reçu dans la gloire. C’est un objet admirable placé devant nous pour élever le croyant au-dessus des fausses gloires du monde, que l’Homme glorifié ; et la puissance de Sa résurrection est bien propre à offrir un ferme appui contre les prétentions religieuses terrestres. Saul de Tarse a été converti en voyant Christ dans la gloire par la puissance de l’Esprit : ceci devint son thème spécial, non seulement pour évangéliser, mais pour présenter Christ comme tête de l’Église, la grande vérité qu’on trouve chez lui plus que chez tout autre écrivain inspiré. Mais pour des raisons suffisantes et sages du Donateur de tout ce qui est bon, l’apôtre Jean remonte ici à Christ ici-bas, autant vrai homme que vrai Dieu. Son but n’est pas tant de Le montrer au ciel, mais plutôt de prouver que, tout en étant réellement homme, Il est une personne divine. L’Homme céleste a donné des privilèges glorieux dans la grâce de Dieu ; pourtant, après tout, ce qui est céleste doit céder la place à ce qui est divin. Dieu se sert de la relation céleste pour délivrer les saints de la tendance à avoir leurs pensées aux choses terrestres ; mais la vie divine en puissance déracine entièrement l’orgueil de l’homme, ses convoitises et sa volonté de s’élever, choses qui le font tomber sous l’influence de Satan dressé contre le Père et le Fils. Non seulement la pensée de la chair résiste à la seigneurie de Christ, mais elle est entièrement aveugle vis-à-vis de la plus grande gloire de Sa personne, qu’elle a par droit personnel et qui est bien au-dessus de celle qui lui a été conférée. L’apôtre Paul insiste plus sur la gloire qui Lui a été donnée. Jean se concentre particulièrement vers la gloire qui Lui appartient éternellement, non pas comme premier-né des morts, mais comme Fils unique. En cela, Il est seul. Paul parle d’union avec Lui pour les membres de Son corps ; Jean parle de l’amour du Père à ceux qui sont déjà maintenant Ses enfants. Rien d’étonnant que ce soit maintenant le moment de mettre de côté le service terrestre, y compris dans le sanctuaire à Jérusalem, et d’adorer le Père en esprit et en vérité comme de vrais adorateurs ; car le Père cherche des adorateurs de ce genre.
Cherchons à être vrai vis-à-vis du Seigneur, à garder Sa parole et à ne pas renier Son nom. La vérité développée dans cette première épître de Jean, est liée à la gloire personnelle du Seigneur, et elle a donc incontestablement pour but d’établir et de montrer le côté positif de la vie, comme étant en Lui, et pareillement dans les Siens, sur la terre. Parmi ceux qui sont au courant de l’erreur sur ce sujet répandue ces dernières années [note : écrit en 1905], personne de spirituel ne peut manquer de discerner combien la vérité dans l’évangile et les épîtres de Jean laisse cette erreur entièrement inexcusable, et l’exclut péremptoirement. Il est douloureux pour plusieurs d’entre nous d’avoir connu deux assauts contre le Seigneur, l’un dans les années 1840 et suivantes, et l’autre dans les années 1890 et suivantes, pendant que nous attendons la bienheureuse espérance et l’apparition de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ (Tite 2:13).
Aujourd’hui comme autrefois, il est tout aussi urgent que les enfants de Dieu restent attachés au Seigneur d’un cœur décidé, et qu’ils progressent dans l’approfondissement de la conscience de la vie éternelle en Lui, afin de mieux pourvoir aider les croyants les plus simples à savoir que cette vie leur appartient. C’est ainsi que la ruse de Satan se tournera pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon Son propos (Rom. 8:28). Ne soyez pas séduits par ceux qui essaient de se persuader eux et d’autres, qu’on a mal compris la nature et la portée des choses dans un domaine où elles étaient tout à fait claires. C’est toujours le cri quand on découvre le fond d’un enseignement qui n’est pas orthodoxe. On tente ensuite des explications spécieuses pour déguiser le mal, quand on n’arrive pas à le nier entièrement, afin d’éviter d’être détecté et discrédité. Ce n’est jamais ainsi là où il y a de l’honnêteté devant Dieu. Si un saint, vrai de cœur, se laissait entraîner par l’erreur, il ne serait que trop reconnaissant que ce soit mis à découvert, pour ensuite le rejeter dans la peine et l’humiliation. Mais cacher, minimiser et excuser une erreur si fondamentale est indigne de ceux qui ont, en son temps, souffert de tout ce qu’ils ont perdu dans le monde pour la vérité. Cela les expose au danger de se faire prendre par ce qu’ils ont altéré, ou de perdre le discernement spirituel. N’est-ce pas l’œuvre de l’esprit d’erreur ?
Le premier verset décrit notre Seigneur Jésus ici-bas comme un objet examiné de près et à fond, en toute intimité avec les disciples. Sa manière était aussi éloignée que possible de celle des potentats orientaux en particulier, qui affectent l’honneur et la gloire en tenant à distance même leurs grands. Approcher « le grand roi » sans y avoir été invité était passible de mort, comme chacun sait (Esther 4:11). La vie dépendait de ce que le roi tende le sceptre d’or pour qu’on le touche et qu’on vive. Mais le plus grand des plus grands est venu ici-bas dans l’humiliation de la grâce vers le moindre des moindres. Il n’a jamais rejeté un pécheur venant à Lui. Il a touché et guéri le lépreux. Il a pleuré au tombeau de celui qu’Il ressuscitait d’entre les morts. Qui était accessible comme Lui, toujours et pour tous ? Mais quelles occasions n’a-t-Il pas données de voir de leurs yeux, de Le regarder, et même de Le toucher, à ceux qui étaient expressément choisis « pour être avec Lui » ! (Marc 3:14). Impossible de douter que le Saint de Dieu était véritablement homme.
Il est pourtant bon de noter le « vu et entendu » du v. 3 : « ce que nous avons entendu » au v. 1 précède « ce que nous avons vu ». La vérité vient toujours d’abord par l’oreille, non par l’œil. Ils ont « entendu » et ils ont cru. La foi pour leurs âmes était par l’ouïe (Gal. 3:2, 5), non par la vue. Néanmoins, il fallait qu’ils voient Christ de leurs yeux, et qu’ils Le contemplent aussi pour être des témoins envers les autres, — non pas une fois en passant, mais « ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché ». Quelle vérité merveilleuse que le Créateur des cieux et de la terre devenant un homme, et permettant de pareilles preuves de Son humanité, au point que leurs mains Le touchent ! C’est aussi ce qu’Il a permis après sa résurrection des morts, sauf pour Marie de Magdala pour des raisons spéciales, mais pour les femmes de Galilée, et pour Thomas l’apôtre incrédule — « avance ton doigt » etc. C’est ainsi qu’il en a été quand le Seigneur était ici-bas, parce qu’Il savait bien d’avance l’affreux système de mal qui oserait nier la réalité de Sa nature humaine, et par anticipation il a fourni les preuves contre ce système. Il y a eu là Sa grâce même jusqu’à Sa mort pour nous.
D’un autre côté, la forme opposée du mal est dénoncée tout aussi sévèrement, et même plus, celle qui nie qu’Il était Dieu, le mettant au rang simplement d’un homme, certes doué d’un pouvoir sans égal, mais excluant Sa déité. Il était vraiment Dieu et homme, dans une seule personne. C’est pourquoi Il est appelé ici « la Parole de vie ». Tous les différents membres de phrase du v. 1 sont « concernant la Parole de vie ». Car la « vie », et dans ce cas, la vie spirituelle la plus élevée, n’appartient qu’à Dieu. Elle est distinct du pouvoir créateur (plus élevée que lui) comme nous l’apprenons de la comparaison entre les v. 3 et 4 de Jean 1. Le Seigneur Jésus est désigné ici sous cette appellation combinant « la Parole » et la « vie », en rapport avec le but de l’épître. « Et la vie a été manifestée » (1:2). C’était la vérité à établir ici, sans qu’il soit dit vis-à-vis de qui, mais on a simplement le fait général. C’était à chacun de voir, à tous ceux qui ont aperçu Christ notre Seigneur ; non pas des croyants seulement, mais aussi des non-croyants. Pour les non-croyants, c’était fortuit, sans effet vital, parce qu’ils n’étaient pas enseignés de Dieu à travers leur besoin de Lui ; car pour que voir Christ génère vraiment du fruit et de la bénédiction, il faut en venir à la vérité quant à nos péchés ; les non-croyants pouvaient quand même voir combien Il était merveilleux, sinon en Lui-même au moins dans Ses relations avec tout homme ou femme ou enfant qui s’approche de Lui. Mais à des yeux pareillement aveugles, Il ne faisait découvrir ni Dieu ni Lui-même comme Il le fit à la femme pécheresse dans la maison de Simon le Pharisien, ou à celle de Samarie, ou au brigand converti sur la croix. Eux ne pouvaient pas manquer de voir qu’il y avait en Lui quelque chose bien au-delà de l’homme. Chacun d’eux, à un moment crucial de leur vie, a été effectivement rendu capable d’entendre la Parole de vie. Si la première femme était déjà une âme croyante et repentante, puis amenée au pardon et à la paix, il semble indubitable que ce sont les paroles du Sauveur qui ont vivifié la Samaritaine, ainsi que le brigand crucifié, qui a discerné la grâce infinie et la dignité du Seigneur Jésus à l’heure où Il était dans la plus grande honte et le plus grand mépris.
« Et la vie a été manifestée » : c’est même la pensée-clef de l’épître. Ici elle a été manifestée, « et nous avons vu, et nous déclarons, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée » (1:2). Il n’est rien dit ici sur le fait d’entendre. Il est tenu pour acquis qu’ils étaient déjà dans l’intimité du Seigneur, et « nous avons vu et nous rendons témoignage [ou : déclarons] ». Il ne s’agit pas, comme au premier verset, d’entendre et de voir, mais de voir et de rendre témoignage, et de rendre compte aux saints sur la vie éternelle, qui a le caractère d’être auprès du Père [dans l’éternité], et qui nous a été manifestée dans le temps quand Il vivait ici-bas.
Beaucoup sont au courant de l’effort étrange qui a été fait pour distinguer la « vie » d’avec la « vie éternelle », y compris dans le Nouveau Testament. N’en a-t-on pas la réfutation ici ? Tandis que « la Parole de vie » est l’expression du v. 1, et que le début du v. 2 nous parle simplement de « la vie », peu après, dans le même v. 2 nous trouvons « la vie éternelle ». Il est dès lors certain que « la vie » et « la vie éternelle » désignent précisément une seule et même chose, considérée sous un jour légèrement différent. Elle est liée étroitement à la personne de la Parole, et manifestée dans le Seigneur Jésus Christ. Qu’y a-t-il de plus clair ? Dans le v. 2 qui forme une parenthèse, nous apprenons l’autre grande vérité que la Vie Éternelle était auprès du Père avant qu’Il [ou : elle] fût manifesté en chair ici-bas. Il n’était pas seulement la Parole et le Fils Unique, mais aussi « la vie éternelle » ; et Il était alors autant la vie éternelle que quand, plus tard, Il a daigné naître de femme, pour la gloire de Dieu et la rédemption et la bénédiction de l’homme, et qu’Il a ainsi daigné déployer ce qu’Il donne au croyant.
Il est remarquable que la vie éternelle est ici expressément attribuée à la Parole éternelle, au Fils de Dieu, avant qu’Il vint dans le monde ; mais elle n’est jamais devenue la portion connue du croyant avant que Christ soit manifesté. Quand Il est monté au ciel, Il n’a pas été manifesté, mais au contraire caché en Dieu. Non, c’est ici, dans ce monde de péché, de douleur et de misère, qu’il y a eu manifestation de la vie éternelle ; c’est ici, où le premier homme a entièrement manqué jusqu’à la mort, que le second homme a montré la vie éternelle, en obéissant jusqu’à la mort, et que par Sa mort Il a défait Satan, et a trouvé une rédemption éternelle pour tous ceux qui croient. Et ceux qui croient ont la vie éternelle en Lui, afin que désormais ils vivent de Sa vie, et non pas de leur propre vie déchue.
La manifestation de la vie a lieu précisément dans ce monde, et nulle part ailleurs. Le ciel n’est pas la scène de sa manifestation, et encore moins pouvait-on parler de sa manifestation lorsque cette vie était auprès du Père. Certainement, la manifestation de la vie éternelle aux hommes a eu lieu quand le Fils de Dieu est devenu homme, et qu’Il a été vu et entendu comme le témoin fidèle et véritable de Dieu le Père. Quand le Fils de Dieu est devenu homme, c’est alors, et alors seulement, qu’a été manifestée la vie éternelle, celle qui, jusque là, était en haut auprès du Père. La vie était dans Sa personne manifestée concrètement ici-bas, comme elle l’avait été jusqu’alors en Lui en haut. Un nombre restreint de disciples choisis l’ont entendue, et ont vu sa présence en Lui, avec tous les tests possibles de réalité, pour rendre compte à d’autres de Dieu dans l’homme, avec la vie éternelle de Christ dans son excellence parfaite et sans souillure manifestée parmi les hommes sur la terre.
Qu’il est précieux pour nous de reprendre cette même tâche, malgré la faiblesse que nous ressentons, mais nous regardons à la grâce du Seigneur. Notre droit, c’est Christ Lui-même, aussi valable maintenant que pour les destinataires de l’épître. L’apôtre y écrit à ses « chers enfants » ou « petits enfants », la famille de Dieu, aussi réelle maintenant qu’alors. Une relation identique ne demeure-t-elle pas tant que dure la dernière heure ? Quelles que soient nos insuffisances actuelles, nous recevons humblement l’apôtre, nous croyons dans l’amour du Père, nous confessons la grâce et la gloire de Son Fils, le Seigneur Jésus, et nous comptons sur l’habitation du Saint Esprit en nous pour tirer profit maintenant de ce qui a déjà été communiqué au début de cette dernière heure. Nous reconnaissons notre besoin immense et la bonté miséricordieuse de Celui qui dirigeait les destinataires de l’épître comme nous aujourd’hui, pour trouver en Christ une réserve infaillible de foi et la réponse à tous les besoins.
« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi vous ayez communion avec nous » (1:3). N’est-ce pas un legs précieux de l’amour divin en face d’une telle décadence et d’un tel danger ? La communion des apôtres n’est-elle pas une communion ou une association bénie dans de telles circonstances ? (comp. Actes 2:42). « Or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1:3). La dernière main apostolique allait bientôt cesser d’écrire, mais si l’apôtre avait survécu jusqu’à aujourd’hui, que pourrait-il écrire de plus consolant et de plus rassurant que le fait que cette communion des apôtres à la Pentecôte demeure ; et que la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ demeure pour que nous en jouissions aujourd’hui par la foi en vertu de la vie éternelle qui est dans le Fils : c’est la leur et c’est la nôtre.
Le but déclaré de cette communication divine est que nous puissions avoir la même communion que les apôtres avaient avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ, afin que, par grâce, nos cœurs soient remplis de joie. Si une telle bénédiction manque en quelque manière, on ne peut rien imaginer d’autre pour produire ce résultat. N’y a-t-il pas dans cette communication divine infiniment plus de quoi remplir nos cœurs de joie que toute autre faveur qui pourrait nous être accordée ? La vie éternelle manifestée dans notre Seigneur Jésus comme la nature nouvelle et divine en nous qui croyons, pour avoir communion avec le Père et avec Son Fils, dans le but exprès de nous remplir d’une joie qui se montre elle-même divine, dans sa source comme dans son caractère ! Considérons, avec toute l’attention que cela mérite, la grâce et la vérité en Christ placées devant nous par ces paroles au début de cette épître. C’est là le principe fondamental, et aussi le dessein fondamental, de l’épître.
La vérité centrale du christianisme est établie ici brièvement, avec le but avoué de remplir les saints de la joie de Dieu Lui-même malgré l’heure si ténébreuse, et alors que Satan est actif comme jamais auparavant pour saper Christ. Ce n’est pas un appel en vue de préserver les âmes en leur exposant les diverses hérésies et leurs résultats funestes, avec de bons arguments ; il s’agit encore moins de ré-orienter l’énergie des serviteurs de Dieu vers la prédication de l’évangile à toutes les nations. Ce n’est pas non plus la révélation des malheurs imminents qui vont fondre sur la chrétienté et le monde en général, comme l’Apocalypse en fait finalement la description, avec les gloires qui doivent suivre, — non pas « les choses qui sont », mais les jugements à venir. Les prophètes de l’Ancien Testament avaient des communications, dont ils apprirent qu’elles n’étaient pas pour eux, mais pour nous (1 Pierre 1:12). Ainsi aussi les saints qui viendront après l’église auront l’Esprit de prophétie comme témoignage de Jésus pour eux (Apoc. 19:10) : c’est une expression remarquable qui signifie l’Esprit, non pas comme puissance de communion actuelle, mais comme l’Esprit « de prophétie », comme autrefois, rejetant les saints sur le moment futur où Jésus viendra en puissance et en gloire.
L’action actuelle du Saint Esprit est en contraste avec cet Esprit de prophétie. Ce qui est révélé est révélé à nous, et ce qui nous est révélé l’est pour que nous connaissions Dieu dans l’Esprit, et que nous jouissions de la communion avec le Père et le Fils. Pour les enfants de Dieu, il s’agit non seulement d’entrer dans cette communion, mais d’en jouir en plénitude, même au mauvais jour. Tout ce qui nous est révélé l’est pour déverser une pluie continuelle de bénédiction sur nos cœurs. Être né de nouveau et être pardonné par le moyen de Christ et de Son œuvre, est le seul point de départ valable, car nous connaissons Dieu par l’Esprit, lequel réveille la conscience. Mais en rester là, même si l’on est très dévoué pour répandre l’évangile, c’est très en deçà de la pensée de Dieu à notre égard. Ce n’est pas là avoir Christ comme notre conducteur, avec la possession de la vie éternelle, nous amenant à entrer dans la communion annoncée ici si clairement en vue de nous remplir de joie. Nous ne sommes par nature que des créatures pécheresses allant aveuglément vers le jugement ; mais en recevant le Seigneur Jésus, nous sommes nés de Dieu, et en nous reposant sur la rédemption, nous recevons le don du Saint Esprit, et sommes ainsi oints et scellés. Cette vie nous donne ainsi la capacité, et l’Esprit nous donne la puissance, en reconnaissant le Fils, d’avoir aussi le Père. Notre grand privilège est d’avoir cette communion comme la notre, avec une assurance infinie et pleine de joie par la volonté de Dieu et par Sa Parole.
N’écoutez pas ceux qui soutiennent qu’une telle bénédiction est hors de votre portée sur la terre maintenant. Celui qui disposait de la plus belle robe pour le fils prodigue de retour voudrait vous avoir comme Son enfant pour jouir de la communion avec Lui-même et avec Son Fils. C’est sans aucun doute entièrement au-dessus de la nature humaine. C’est la part de gens qui sont participants de la nature divine. L’amour du Père et du Fils en est la source, opérant par le Saint Esprit envoyé d’en haut pour être en nous et avec nous pour toujours comme puissance. Cela concerne donc spécifiquement le chrétien, et d’autant plus quand l’aspect extérieur de la profession chrétienne est rempli de fausseté et de mal. Sans aucun doute, ceux qui nient le Père et le Fils veulent n’y voir qu’un mythe ou une illusion. Mais pourquoi vous, chrétien, resteriez-vous en deçà de la portion qui est la votre ?
Les enfants de Dieu, y compris les petits enfants de la famille ou ceux en bas âge, sont inclus dans cette bénédiction avec autant de certitude que les plus vigoureux et les plus mûrs, mais selon leur mesure. Les enfants en bas âge sont donc invités à entrer dans cette communion et à en jouir en plénitude. Sur quelle base ? celle de la vie éternelle en Christ. La justification par la foi est précieuse, ainsi que le salut dont on est conscient, et la question des péchés et du péché réglée pour nos âmes avec Dieu. Mais ici, c’est le côté positif de la vie éternelle qui est la vérité sur laquelle il est insisté. L’apôtre Paul fait ressortir, mieux que tout autre, non seulement la justification de chaque croyant individuellement, mais sa condition de membre du seul corps de Christ et ses privilèges célestes. C’est à l’apôtre Jean qu’a été donnée la tâche, dans un temps de déclin, de présenter la vie éternelle, plus complètement même que le grand apôtre de l’incirconcision.
Quelle est la source des sentiments de joie que l’Esprit de Dieu nous offre ici ? Quelle est la base et la substance de cette communion avec le Père et Son Fils à laquelle nous sommes appelés ? Quelle est la source de cette jouissance divine ? Qu’est-ce qui donne au chrétien de haïr le mal et d’aimer le bien selon Dieu ? d’avoir les doutes et les craintes dissipées pour toujours ? d’être approchés du Père en pleine confiance, et d’avoir ses délices dans le Fils ? C’est impossible sans la foi en la propitiation du Sauveur, mais la faculté de recevoir tout cela réside dans la vie, la vie éternelle, la vie de Christ.
Cependant, si nous regardons ce qu’il en est des enfants de Dieu, nous voyons des mesures variables de réalisation. Si nous pouvions faire le contrôle de tous les enfants de Dieu, nous observerions une mesure de réalisation différente chez chacun. En matière de manifestation de la vie spirituelle, et de son degré d’exercice, nous sommes aussi différents les uns des autres que dans la vie naturelle de l’homme. Bien sûr la vie est la même chez tous, mais la vieille vie s’y mêle pour produire ces différences, alors qu’elle ne devrait pas. Impossible de trouver sa satisfaction dans une scène si changeante. Chez un tel, on peut trouver un peu plus de ce qu’est la vie nouvelle que chez tel autre. Mais pour avoir la vérité au sujet de cette vie, il faut se tourner vers Christ comme la vie éternelle elle-même, sans le moindre alliage ni obscurité. Ce n’est qu’en Lui que nous la voyons dans toute sa perfection, en suivant le Seigneur Jésus selon que les évangiles nous Le présentent. Ne trouvons-nous pas là la justice et la grâce, la dignité et la soumission, la gravité et la tendresse, le zèle brûlant et l’humilité de cœur, la pureté quant à Lui-même et la pitié pour les autres, l’amour de Son Père, l’amour des saints, l’amour de pécheurs, et en même temps l’homme obéissant, qui est pourtant la Parole divine et le Fils divin ? Tout ceci qui a alors brillé à travers le voile de Sa chair, c’était la vie éternelle. On n’en trouve nulle part ailleurs la plénitude, sinon en Lui.
Quoi de plus important, si nous avons la vie dans le Fils, que de savoir, clairement et en toutes circonstances, ce qu’est réellement cette vie ? Car c’est notre vie, et la règle de notre vie, dans la mesure où le Saint Esprit nous l’a donnée avec une minutie sans pareille dans l’Écriture Sainte. Il voulait mettre à notre disposition dans la Parole de Dieu la connaissance intime la plus complète de ce qui fait les délices du Père, afin que nous ayons la joie de connaître dans la communion que cette vie vue dans l’Écriture est vraiment notre vie nouvelle, aussi bien que notre modèle et la référence constante pour se juger soi-même. C’était le moyen que la joie soit accomplie, et que nous-mêmes ne soyons plus rien à nos propres yeux par le sentiment de notre insuffisance. C’est ce dont le chrétien a besoin de la part de Dieu, et c’est ce que notre Père nous a fourni en Christ.
Quelle leçon pour nous qu’Il ait gardé son caractère d’esclave ! Et ceci montait toujours au Père comme une odeur agréable de repos ! S’il y a quelque chose qui n’a jamais manqué en Lui, c’est l’obéissance ; l’obéissance à Son Père à tout prix ; l’obéissance dans toutes Ses paroles et toutes Ses œuvres, les plus grandes comme les plus petites. « Le zèle de ta maison m’a dévoré ». D’autres ont partagé le pouvoir : qui, hormis Lui, n’a jamais fait sa propre volonté, mais celle du Père ? Ainsi dans les afflictions, dans le mépris, dans le dénigrement, dans ce qui est éprouvant pour le cœur, le Seigneur de gloire, débonnaire, s’est abaissé aussi bas qu’il était possible ; et, bien qu’il ait ressenti profondément les maux que toute cette incrédulité entraînait, Il se tournait au même moment vers Son Père, avec actions de grâces et dans une entière soumission. Si le peuple favorisé mais hautain Le refusait aveuglément, la grâce révélerait aux petits enfants ce qui était caché aux sages et aux intelligents. Voilà les exercices et les manifestations de la vie éternelle. Si tout ce qui mérite d’être écrit l’était en détail, le monde entier lui-même ne pourrait contenir tous les livres qui seraient écrits, comme le dit notre apôtre à la fin de son évangile. La Bible contient la sélection faite par l’Esprit de Dieu. Qui d’autre est suffisant pour ces choses ? Il nous donne là la nourriture de Dieu comme notre nourriture ; car c’est en elle que nous avons en communion : ce que le Père a dans le Fils, et ce que le Fils a dans le Père ; et cette nourriture n’est pas seulement celle des apôtres, mais celle de tout chrétien, celle de la famille de Dieu.
Regardez Moïse comme écrivain du Pentateuque, lui qui avait une place absolument unique en rapport tant avec la rédemption d’Israël qu’avec l’établissement de la loi. Combien peu, finalement, nous connaissons au sujet de Moïse lui-même ! Combien il s’est tenu en retrait, le plus doux des hommes avant la venue de Christ ! et pourtant qu’était Moïse en comparaison de Lui ?
Paul aussi, occupe une place sans égal parmi les apôtres et dans le Nouveau Testament. Pourtant nous n’avons que des aperçus à son sujet. Les hommes auraient voulu faire plus intimement sa connaissance ! Or les individualités fortes de Paul, Pierre et Jean, parmi les plus connus, les distinguent bien de Celui dont toutes les caractéristiques étaient en harmonie les unes avec les autres ; les caractéristiques de personnalité se manifestaient chez eux individuellement ou distinctement tout autrement que chez Celui qui était parfaitement homme pour Dieu, et parfaitement Dieu pour l’homme, outre qu’Il était Fils dans le cercle ineffable des personnes de la Déité.
La vie éternelle n’est donc pas simplement le Messie dans la perfection de l’homme, mais la Parole et le Fils de Dieu dans un corps préparé pour Lui, quoique Fils de la Vierge. C’est l’union de la Déité avec l’humanité du Seigneur Jésus qui constituait la merveille de Sa personne ici-bas, et le caractère béni de la manifestation de la vie éternelle en Lui. C’est là le caractère de la vie nouvelle pour ceux qui croient, pour vous et pour moi. Quand nous lisons à Son sujet dans les Écritures de vérité, et que nous L’honorons comme nous honorons le Père (Jean 5:23), et que nous trouvons en Lui des motifs particuliers d’amour ressentis par tout chrétien, disons-nous, tandis que Sa grâce et Sa vérité brillent dans nos cœurs : « Voici ma vie, voici ta vie, mon frère » ? N’avons-nous pas, par là, communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ ? Cette bénédiction incomparable ne remplit-elle pas nos cœurs d’une joie inexprimable et pleine de gloire ?
Par la foi en Christ, nous participons tous en commun à la bénédiction qui est en vertu de la vie éternelle. Il y a d’abord la communion avec le Père. Comment l’avons-nous ? Parce que nous avons Son Fils Jésus Christ, et que les délices du Père se trouvent dans le Fils : il en est de même pour vous et pour moi. C’est dans le Fils que le Père et Ses enfants ont toute la profondeur de leur joie, toute leur joie ensemble. Le Père a envoyé le Fils (4:9), et nous L’a donné (Jean 3:16) ; nous avons le Fils. Or Celui qui a le Fils a la vie (5:12) ; nous avons cette vie merveilleuse parce que nous avons le Fils ; et Lui étant ce qu’Il est, Il doit être les délices de ceux qui ont la vie éternelle. Seul le Père connaît parfaitement le Fils. C’est pourquoi Il apprécie le Fils comme Il le mérite. Ceci, nous n’osons pas le dire pour nous, bien que nous ayons le Fils et que nous L’aimions et que nous ayons notre délice en Lui ; tout ceci est par l’Esprit de Dieu et selon notre mesure. Ceci est la communion avec le Père et dans le Fils Jésus Christ.
Comment
avons-nous communion avec le Fils ? C’est dans le Père, qui est Son Père
et notre Père. Le Fils était comme tel en relation éternelle avec le
Père ; et Il se plaisait dans la communion avec la volonté et la grâce de
Son Père pour nous Le faire connaître comme notre Père (comp.
Jean 20:17). Il ne suffisait pas qu’Il nous montre le Père (Jean 14:9).
L’apôtre Philippe s’en serait contenté, mais l’amour divin ne s’en contentait
pas. Il voulait être
notre Père et nous avoir comme Ses enfants ;
et c’est ce que nous sommes maintenant, et nous avons ainsi communion avec le
Fils par grâce, comme le Père a le Fils selon que la Déité y a droit.
Ainsi nous avons communion avec le Père en possédant le Fils, et communion avec le Fils en possédant le Père. Notre joie pourrait-elle être autrement qu’accomplie ? Même le ciel et la gloire éternelle ne sont que peu de chose en comparaison, mais nous les avons en plus. Si nous savions l’existence d’une telle communion sans l’avoir, notre joie pourrait-elle être accomplie comme elle l’est ? Pour avoir cette communion, nous n’attendons pas notre départ pour être avec Christ, ni la transformation de nos corps à Son image à Sa venue. Seule l’incrédulité empêche les enfants de Dieu d’en jouir dès maintenant sur la terre ici-bas. Et le Saint Esprit nous a été donné personnellement pour que la puissance divine rende effective cette communion en nous. Dans notre chapitre, le Fils est descendu sur la terre. Mais à Sa venue, nous ne pouvions avoir déjà cette communion comme nous l’avons, si tant est que nous en ayons eu aucune. C’est en partant de Sa présence sur la terre pour que nous ayons cette communion, que l’apôtre commence son instruction, et il pose la base de la communion divine dans la vie éternelle, qui est le seul vrai moyen et la seule atmosphère convenable pour l’avoir comme notre portion. Sans la vie éternelle, la communion eût été impossible : en dehors de cette vie, il n’y a que la chair, avec laquelle aucune communion n’est possible. C’est pourquoi le Seigneur a annoncé à de multiples reprises la possession présente et connue de cette vie éternelle comme étant essentielle pour le christianisme et pour cette communion, son privilège immensément riche en vertu de la vie éternelle, qui est en Lui-même, Celui qui nous l’a communiquée.
Nous avons déjà vu que les premiers versets de cette épître nous donnent la manifestation de Dieu, expressément comme Père, dans Son Fils l’Homme Christ Jésus, la Parole de vie. Car tout en Le reconnaissant implicitement et suprêmement comme Dieu, il est pris le plus grand soin d’établir spécifiquement l’importance majeure de ce qu’Il ait pris la nature humaine en union avec Sa personne. C’est bien ce qu’il fallait pour révéler Sa grâce, et pour établir la base nécessaire et complète pour tout ce dont nous nous glorifions dans le Christ le Seigneur. C’est réellement le christianisme du côté positif ; car jusqu’ici il n’a encore été rien dit ici sur la nécessité qu’Il portât nos péchés, et que Dieu condamnât le péché dans la chair pour nous. La différence est en effet bien frappante.
On acceptera volontiers qu’il n’y a guère de chrétien au monde qui, si on lui faisait écrire sur le christianisme, ne prendrait pas pour point de départ la culpabilité du pécheur et ses besoins. Combien il est infiniment plus béni de commencer par Christ dans la plénitude de Sa grâce ! C’est ce que le Saint Esprit fait ici. Il n’écrit pas aux pécheurs perdus pour leur faire savoir comment être justifiés aux yeux de Dieu. L’épître s’adresse aux enfants de Dieu pour qu’ils soient remplis de joie ; or qui ou quoi peut les remplir d’une joie pareille à celle que Dieu produit en Christ par ce début d’épître ?
Christ est clairement présenté dans ce passage étonnant comme la manifestation de la vie éternelle, Lui-même étant appelé personnellement « la vie éternelle qui était auprès du Père » (1:2), et juste avant « la Parole de vie », parce qu’Il l’a annoncée aux Siens afin qu’eux aussi puissent avoir la vie en Lui.
Telle est la base du merveilleux privilège dont Il parle — « la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ ». C’est impossible à avoir, à moins d’avoir Christ comme notre vie, — d’où l’importance de cette vérité capitale de la possession présente de la vie éternelle par la foi. Il n’y a pas de doute en Christ. Or c’est la vie qui nous est maintenant conférée ; le nier, ou même simplement l’affaiblir, c’est faire le travail de l’ennemi d’une manière subtile et effective.
Mais la grâce, même si elle est source de joie pour nous, n’est pas tout. Il y a le besoin important et immédiat, pour nous, de ne jamais oublier, dès qu’on l’a appris, que Celui qui est notre Père est Dieu, et que malgré la grâce qui s’épanche, la vérité de Sa nature, Sa sainte nature, est mise en relation directe avec nos âmes ; s’il n’en était pas ainsi, que serions-nous ? Au mieux de l’airain qui résonne ou une cymbale retentissante (1 Cor. 13). Mais voici « le message » qui ne peut pas être dissocié de « la manifestation », la manifestation de Dieu dans l’homme dans la personne de Christ, qui nous amène en communion avec le Père et avec Son Fils. Assurément, nous ne pouvons pas avoir la joie découlant de cette communion, ni la vie éternelle sur laquelle elle est fondée, sans avoir part à la nature morale de Dieu. La grâce et la vérité sont venues par Christ. Et la vérité est qu’Il est un Dieu qui révèle Sa haine du péché, incomparablement plus depuis qu’Il est connu comme Père que lorsqu’Il était adoré par Son peuple comme l’Éternel.
Autrefois, Il demeurait dans l’obscurité profonde (1 Rois 8:12), avec beaucoup de résultats excellents dans ce qui s’exerçait, comme la bonté et la justice, accompagnant avec Sa puissance en gouvernement, — plein de pitié et de longanimité — ainsi que des promesses annonçant des bénédictions et des espérances glorieuses qu’Il ne manquera pas d’accomplir en son temps. Car l’Éternel est pour toujours le Dieu d’Israël, et Il accomplira envers les enfants Ses promesses faites aux pères. Mais avant que ce jour se lève sur la terre, la ruine totale des Juifs et du monde entier viendra sur la terre à cause du rejet de Christ. C’est ce qu’implique le christianisme. Quelle preuve plus complète de la ruine que le Seigneur Jésus mis à mort par les Juifs et les Gentils ? L’homme a alors ôté Dieu, dans la personne de Christ, du monde qui lui appartenait, et il l’a fait dans la pire haine et le pire mépris, Lui crachant au visage et Le clouant sur le bois. N’était-ce pas là le monde, et le monde dans ce qu’il avait de meilleur ? Ce n’était pas Rome, ni Babylone, la cité d’or des chaldéens à l’origine, mais c’était Jérusalem. Ô Jérusalem, Jérusalem, la ville qui tue les prophètes, te voilà crucifiant ton propre Messie, le Messie de l’Éternel !
Pourtant, malgré cette preuve accablante de l’absence de tout bien dans l’homme, et que les plus coupables de la race humaine, détenteurs des meilleurs privilèges religieux pour l’homme dans la chair, s’en soient seulement servi pour le pire, par incrédulité, — malgré tout c’est à toutes les nations que la repentance et la rémission des péchés devaient être proclamées au nom du Seigneur Jésus, « en commençant par Jérusalem ». Quelle grâce insondable envers ceux qui méritaient un jugement exemplaire ! La grâce n’est plus confinée à l’intérieur des étroites et faibles barrières d’Israël, mais elle les rompt de tout côté pour aller vers toutes les nations, tous les pays et toutes les langues. Dieu veut que Sa maison céleste soit remplie d’invités en vertu de la manifestation de la vie éternelle qu’il fallait désormais faire connaître. La Vie Éternelle avait été là, mais combien peu l’avaient su ! Et ceux qui le savaient, ne l’avaient connue qu’imparfaitement. Or elle était maintenant annoncée clairement, au moment où l’église se montrait déjà de toute manière en ruine, une ruine aussi grande que celle déjà montrée par le monde, mais bien moins grossière qu’actuellement, où les formes de la ruine sont subtiles mais réelles. Tout ce qu’il y a de pire était déjà là en germe, avant le départ des apôtres, tout le mal qui allait se développer ultérieurement. C’est la raison d’être de cette précieuse épître : établir les cœurs de tous les fidèles dans la grâce et dans la vérité, et leur faire connaître que, quels que soient les manquements à la responsabilité, quel que soit le déclin qui allait s’introduire, Christ demeure le même, inchangé et inchangeable, « ce qui était dès le commencement », qui ne doit jamais faire défaut pour la foi, quelle que soit la honte de ceux qui compromettent Son nom, quelle que soit la perte funeste de ceux qui s’écartent ainsi. Car traiter Christ à la légère, est une chose bien étrange et dangereuse. Qu’il est triste pour quiconque d’en arriver à être si négligent, qu’il est déplorable pour le chrétien de s’égarer jusqu’à devenir l’instrument d’un pareil mal !
Mais il y a ensuite un message indissociable de la manifestation de la grâce parfaite : c’est celui de la sainteté : elle est tout autant due à Dieu, et nécessaire pour les saints. Que dit ce message : « Et c’est ici le message que nous avons entendu de lui » (1:5). Ils l’avaient entendu de Christ Lui-même ; plus exactement, ce n’est pas « à Son sujet » (περι), mais « de Sa part » (απο) — et « nous vous annonçons, que Dieu est lumière et qu’il n’y a en lui aucunes ténèbres » (1:5). La manifestation nous fait voir quelque chose de bien spécial. La manifestation concernait (ou : était au sujet de) la Parole de vie, la grâce sans mélange de Dieu en Christ. Le message n’est pas ici « au sujet de », mais « de la part de », non pas une manifestation d’amour, mais un message contre le péché. C’est aussi la première fois qu’apparaît cette habitude de l’apôtre de mêler Dieu et Christ, parce que Christ est Dieu. C’est ainsi qu’après avoir tant dit au sujet de Christ, il donne un message « de Lui », de Sa part. Ceci peut vouloir dire Dieu, mais il venait juste de parler de Christ. Une telle transition rend perplexes les commentateurs ; pourtant c’est une manière de s’exprimer belle, non pas défectueuse. Le message de Lui (de Sa part) applique le fait que Dieu est lumière (ce qui avait aussi lieu en Lui, en Christ) à notre position et à notre état.
Il était naturel que les païens fassent de Chaos un parent d’Erebos et de Nyx. Les ténèbres caractérisaient la nature essentielle de certains de leurs dieux, comme ils les appelaient, étant entendu que les ténèbres morales les caractérisaient tous. Elles étaient effectivement des divinités d’obscurité, de convoitises et de mensonge. Or il n’en est pas ainsi de notre Dieu : en Lui, il n’y a absolument aucunes ténèbres. C’est le christianisme qui le fait ressortir nettement en essence, en principe et en fait ; le judaïsme ne le fait que partiellement. En effet dans le judaïsme, Dieu disait ouvertement qu’il habitait dans l’obscurité profonde (1 Rois 8:12). Aussi menaçait-Il de mort celui qui osait, de lui-même, s’approcher, ou enfreindre Sa loi d’une manière ou d’une autre. Il est bien vrai que la loi n’a rien amené à la perfection (Héb. 7:19). Nous pouvons dire sans réserve que Dieu est lumière. Il a pleinement démontré Son amour. Qu’y a-t-il de comparable à Sa grâce en Christ, selon ce que nous lisons dans les versets introductifs ? Mais Il est aussi lumière. Nous savons tous combien il est banal de disserter sur « Dieu est amour » jusqu’à l’exagération extrême non seulement que Dieu est amour, mais que l’amour est Dieu. Nous entendons par contre beaucoup moins parler du message qu’Il est lumière. Sans aucun doute, c’est le comble de la folie de l’esprit humain, qui ramène Dieu à une simple idole. S’il est bien vrai que Dieu est amour, Il est beaucoup plus que cela en réalité. La « lumière » est un mot brûlant, qui exprime la pureté absolue et intrinsèque de Sa nature ; l’« amour » parle de Son activité souveraine envers les autres, comme en Lui-même. Sa lumière n’est pas sacrifiée aux dépens de Son amour ; si Ses enfants se mettaient cela en tête, ils en éprouveraient la plus grande perte. Or c’est à la fois faux et impossible. « Dieu est lumière, et il n’y a en lui aucunes ténèbres » (1:5). C’est pourquoi Il ne tolère pas les ténèbres chez ceux qui sont Siens, chez ceux qui ont la liberté d’être dans Sa présence et qui ont communion avec Lui-même. Qu’y a-t-il de plus contraire à Christ et au christianisme ? Il nous est dit ailleurs (Éph. 5:8) que nous étions autrefois ténèbres, mais que maintenant nous sommes enfants de lumière. Sans doute ce ne sont pas les paroles de Jean : l’apôtre Paul l’avait déjà enseigné avant lui.
Ce que dit Jean ici est aussi très important, car il aborde quelques-unes des grandes inconséquences de la chrétienté, tout à fait opposées au christianisme. Ce sont les trois « si nous disons » des versets 6 à 10, chacun d’eux étant de la plus extrême importance. En premier lieu, « si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité » (1:6). Peut-on citer un écart plus évident ou plus flagrant de la véritable nature du christianisme ? C’est dire, mais ne pas faire. C’était déjà mal en Israël, mais combien plus triste quand on le trouve là où la lumière et l’amour sont venus en vérité et en perfection, chez nous qui avons été engendrés par la Parole de la vérité ! (Jacq. 1:18). « Si nous disons que nous avons communion avec lui » : dans ce cas, comme dans les deux autres, le mot « nous » est utilisé sur un plan général, alors que bien d’autres passages l’appliquent au fidèle.
Nous apprenons là que c’est une erreur d’établir une règle d’exégèse à partir de l’usage particulier d’un mot. Beaucoup de gens, selon ce que j’ai moi-même entendu, admettent comme un fait établi que « nous » désigne toujours la famille de Dieu ! C’est souvent le cas, et on peut même dire le cas général, mais ce n’est pas toujours vrai. En Lui « nous » vivons et nous nous mouvons et avons notre existence (Actes 17:28) : l’apôtre Paul appliquait ce « nous » à toute l’humanité en général, car il parlait aux Athéniens païens. — On trouve que Dieu s’occupe des personnes selon ce qu’ils professent ; l’apôtre Jean parle ici de ces écarts de la vérité qui avaient déjà commencé et qui pénètrent toute la chrétienté de nos jours. Le christianisme admet une profession bien plus largement que ne le pouvait le judaïsme. Car pour qu’un homme soit considéré comme Juif, il faut habituellement qu’il en soit un, ce qui est un fait extérieur ; tandis qu’au contraire, un non chrétien peut se faire longtemps passer pour chrétien. Sans être proprement un séducteur, il peut se tromper lui-même et penser qu’il est réellement chrétien. Or le message que l’apôtre transmet ici a justement pour but de mettre à l’épreuve la profession de christianisme qui était en train de se répandre. C’est pourquoi, comme ces gens prononçaient le nom du Seigneur, l’apôtre conserve le mot « nous », mais l’état de plusieurs était tel qu’il soulevait un grave problème quant à leur réalité devant Dieu.
Il ressort de ce qui précède que, pour interpréter correctement la Parole, il est nécessaire d’être guidé par le Saint Esprit. Il est aussi important de prendre la Parole dans son contexte, car pour la plupart des textes de la Parole, le contexte aide à trouver le sens qui s’en dégage de façon aussi satisfaisante que si tout était défini. Cette manière-là est bien meilleure, tant pour nos âmes que pour la gloire de Dieu, que si tout était précisé techniquement. Répétons que Dieu s’occupe de nous comme des fils à Lui ; car nous sommes maintenant arrivés à l’âge adulte si nous sommes dans la vraie condition chrétienne. Nous ne sommes plus de petits enfants en train d’apprendre leur alphabet ; nous sommes non seulement capables d’épeler les mots, mais de les lire avec intelligence, par grâce, quand nous sommes devant quelque chose de plus avancé dans la connaissance de Dieu et de Ses voies. Dieu attend de nous un progrès réel. N’est-il pas déplorable que tant de chrétiens se contentent toute leur vie d’en rester aux choses élémentaires, se satisfaisant tout à fait d’espérer que leurs péchés sont ou seront pardonnés ?
En outre quand les âmes se satisfont des privilèges de base de la grâce de Dieu, il est trop souvent à craindre qu’elles se fassent de graves illusions. L’évangile proclame la rémission des péchés, et la foi le reçoit sur la base de la parole de Dieu. La vie éternelle est donnée, ainsi que le Saint Esprit, quand on se repose sur la rédemption de Christ, pour qu’on jouisse de l’amour du Père pour nous. Or si nous vivons de cette vie qui est Christ, ne doit-il pas y avoir une croissance de l’homme intérieur, qui se montre non seulement dans le service extérieur, mais dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ ? Il est clair que les dernières épîtres s’occupent d’avertir solennellement contre ce danger. Mais aucun de leurs auteurs ne le fait de manière aussi profonde que l’apôtre Jean, autant que je pense pouvoir en juger, tout spécialement dans cette 1° épître.
« Si nous disons » — combien il est fréquent qu’on se borne à dire ! « Si nous disons que nous avons communion avec Lui » — voilà le fruit de ce qu’on reçoit Christ, et de ce qu’en Christ on reçoit le don de la vie. Car la vie éternelle est la base d’une vraie communion avec le Père et avec le Fils, et la jouissance de cette communion conduit nécessairement nos âmes à en apprécier les vertus, non seulement pour la marche chrétienne, mais dans l’adoration chrétienne, et dans les relations du chrétien avec le Dieu vivant comme notre Père et avec Son Fils.
« Si nous disons que nous avons communion avec Lui », c’est revendiquer que nous sommes entrés dans une nouvelle relation avec Dieu en grâce, et que nous sommes participants de Sa nature, de Ses pensées et de Ses affections. C’est quelque chose d’immense où nous avons besoin de Sa vraie grâce pour nous tenir dans la lumière aussi bien que dans l’amour de Dieu. Il s’agit de « Dieu » ici ; le nom de « Père » était utilisé quand il s’agissait de déployer la grâce dans toute son amplitude. Mais voici qu’apparaît ce qui contredit complètement l’authenticité de ce qu’on revendique. « Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres » : de quoi s’agit-il ? Marcher dans les ténèbres, c’est ce que fait l’homme du monde ; c’est la description de quelqu’un entièrement irrégénéré. Cela va beaucoup plus loin qu’une personne tombée dans un péché, ou dans un mauvais état d’âme. Telle était l’interprétation habituelle des Puritains sur ce passage. C’était des hommes vraiment pieux et tout à fait respectables, mais ils avaient l’esprit plutôt étroit, goûtant plus l’Ancien Testament que le Nouveau. En esprit, ils étaient sous la loi, ce qui a toujours pour effet d’affaiblir et déformer le jugement spirituel. Il n’y a que la grâce pour élargir le cœur et donner des pensées, sous la direction de l’Esprit, permettant d’entrer dans les conseils célestes de Dieu et dans Ses voies pour la terre. Ils étaient un peu court sur ces graves questions, et étaient conduits à cette occupation de soi-même que la loi produit inévitablement chez les saints.
La classe de personnes décrite ici n’avait pas du tout une telle occupation ; ils ne s’étaient jamais jugés eux-mêmes devant Dieu. Ils étaient baptisés, sans aucun doute, et s’étaient joints à la compagnie des chrétiens dans l’église ; il semble que leurs pensées étaient même allées un peu plus loin. La carence n’était pas dans la bonne semence, mais dans la qualité du sol. Même si la parole avait été reçue aussitôt avec joie, « ils n’avaient pas de racine » (Marc 4:16 ; Luc 8:13) dit le Seigneur, parce qu’il n’y a pas eu d’opération divine sur la conscience. On peut croire de manière humaine pour un temps, et tomber quand vient l’épreuve, ou si ça se prolonge comme ici, on est mort tout en étant vivant. Ils confessaient pourtant le nom du Seigneur d’une certaine manière, et étaient baptisés d’eau en rémission de péchés, et s’étaient joints aux chrétiens. N’est-ce pas tout ce qu’il faut ? La poursuite d’exercices d’âme avait cessé, et on ne pouvait rien dire de bon à leur sujet. Déjà aux jours de Jean, ils en étaient là ! Il y avait déjà des personnes marchant dans les ténèbres et prétendant malgré tout avoir communion avec Dieu, — ce qui est la part réelle du chrétien. La confession chrétienne proprement dit, c’est que nous sommes amenés à sortir des péchés, du moi, et de la puissance de Satan ; que nous avons laissé les ténèbres derrière nous ; et que déjà ici-bas nous sommes appelés à Sa merveilleuse lumière (1 Pierre 2:9). C’est dans cette lumière que nous marchons. Ces âmes irrégénérées prétendaient avoir communion avec Dieu. « Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité » (1:6). Ni le baptême ni l’eucharistie ne peuvent y porter remède le moins du monde. Ils n’étaient point du tout réveillés ; ils n’avaient jamais rencontré Dieu en Christ au sujet de leurs péchés ; leur foi était aussi charnelle que leur repentance. Il n’y avait même pas eu d’opération de la conscience devant Dieu, et encore moins aucun vrai sens du besoin de Sa grâce que donne la foi.
Toute relation implique une responsabilité correspondante. Ceux qui disaient et ne faisaient pas, avaient non seulement une responsabilité en tant qu’homme, qui se termine par le péché, la mort et le jugement, mais celle immensément plus grande de prononcer le nom du Seigneur. Par leur marche dans les ténèbres, ils reniaient en réalité la responsabilité nouvelle de confesser en actes et en paroles le second Homme, le dernier Adam, Christ Lui-même, et ils ne pouvaient avoir aucune communion avec Dieu comme Dieu, sans parler de la communion avec le Père et avec Son Fils, qui est l’expression chrétienne élevée de la communion. Car en vérité, ils marchaient dans les ténèbres ; juste comme si le christianisme n’était qu’un credo ou un dogme que l’esprit humain a la capacité de reconnaître et comprendre de manière extérieure et naturelle. Quel aveuglement total vis-à-vis de la parole de Dieu ! Les ténèbres sont-ils compatibles avec la vie éternelle ? pas le moins du monde. La vie éternelle c’est que nous connaissions le Père, le seul vrai Dieu, et Son Fils, le Seigneur Jésus Christ, qu’Il a envoyé (Jean 17:3). Si, par l’enseignement de Dieu, vous Le connaissez, c’est l’amour divin qui vous introduit ainsi dans la communion avec l’un et l’autre, avec le Père et le Fils.
Ici, il
s’agissait de gens qui prétendaient avoir cette communion, mais sans qu’il n’y
ait aucun effet vivant sur leur marche, leurs buts, leurs voies et leur finalités de tous les jours ici-bas. Avez-vous jamais
vu des chrétiens de cette sorte ? N’en avez-vous pas même vu
beaucoup ? N’est-ce pas grave pour la conscience de tous ceux qui ne sont
que des professants ? Avez-vous vous-même regardé la vérité en face ?
Quand la grâce de Dieu gagne une âme, la vérité est bien accueillie, où qu’elle
mène et quel qu’en soit le coût intérieur ou extérieur. Marcher dans
la lumière signifie que désormais
vous marchez dans la présence de Dieu pleinement révélé ; vous avez ainsi
à faire avec Lui dans
la lumière en
tout temps. Sans aucun doute il y a le danger d’être inconséquent : qui
n’est pas prêt à reconnaître que nous manquons tous à marcher toujours de cette
manière ? Mais c’est une autre affaire. Car il faut observer ici qu’il
n’est pas dit comme beaucoup le comprennent de travers « si nous marchons selon
la lumière ». Il n’y en a
qu’Un qui l’ait jamais fait, et en perfection. Lui seul, quand on Lui demandait
« qui es-Tu ? » pouvait répondre « absolument ce qu’aussi
je vous dis » (Jean 8:25). Il était le Sauveur, le Fils de Dieu, et
pourtant un Homme. Il marchait selon
la lumière, étant en effet Lui-même la lumière, la Vraie Lumière, la Vie
Éternelle.
Mais nous aussi qui croyons, avons été tiré des ténèbres et sommes amenés dans cette merveilleuse lumière (Actes 26:18 ; 1 Pierre 2:9). Ne peut-on pas le dire de tout vrai chrétien ? Et si vous avez été amenés dans la merveilleuse lumière, Dieu vous prive-t-Il de la lumière parce que vous avez manqué ? Nullement. C’est en elle que nous marchons. Dès lors nous avons la lumière de la vie, et nous ne marchons plus dans les ténèbres (Jean 8:12). Par manque de vigilance, vous pouvez marcher d’une manière indigne de Lui ; vous pouvez être entraîné un certain temps dans de faux principes ou dans une conduite mauvaise ; mais cela n’amène pas dans les ténèbres, ni ne retire la lumière. Si vous êtes réellement sorti des ténèbres, c’est dans la lumière que vous marchez ; seulement vous perdez la jouissance de la communion pour un temps, vous avez aussi besoin d’être restauré, nous allons bientôt voir comment. Mais il s’agissait ici de chrétiens professants, qui prétendaient, comme principe, avoir communion avec le Père et le Fils, avec Dieu Lui-même, et qui pourtant marchaient dans les ténèbres sans s’inquiéter de rien, tout comme n’importe quel inconverti. Il pouvait pourtant y avoir de grandes différences en apparence, les uns étant convenables et moralement respectables, les autres tout le contraire. Certains peuvent prétendre être stricts du point de vue religieux, comme le pharisien du temple qui méprisait les autres hommes, spécialement le « publicain » (ou percepteur). Qu’est-ce que Dieu pensait d’eux deux ? Qu’est-ce qu’a déclaré le Seigneur à leur égard ? Cela ne nous concerne-t-il pas aujourd’hui ? Nous pouvons ne pas être ce qu’on appelle des publicains, et nous devons par la foi entrer dans les lieux saints, si nous voulons nous approcher de Dieu ; car je ne doute pas qu’un temple terrestre ne soit qu’une erreur, maintenant que Christ est monté en haut, et nous a ouvert le sanctuaire céleste.
Nous avons à faire au même Dieu, sauf qu’Il est pleinement révélé, ce qui n’était pas le cas alors, et ne pouvait pas l’être avant que le voile soit déchiré. Mais depuis la mort de Christ, Son amour et Sa lumière ont été manifestés en perfection pour la délivrance de l’âme, non pas encore pour la délivrance du monde, ni même d’Israël comme nation, mais pour le chrétien. Dans notre passage il s’agissait de personnes qui s’appelaient chrétiens, qui marchaient dans les ténèbres tout en revendiquant le grand et saint privilège de la communion avec Dieu, et qui niaient malgré tout la responsabilité de pratiquer Sa volonté. Que dit-Il à leur sujet ? Il dit que, si nous agissons ainsi, « nous mentons et nous ne pratiquons pas la vérité ». Toute la vie est un mensonge, parce qu’elle renie le principe essentiel et le caractère nécessaire du chrétien, qui est non seulement l’objet de la grâce divine, mais qui marche dans la lumière de Dieu. Vous ne pouvez réellement pas plus sortir de cette lumière qu’un homme qui, pendant les heures du jour, marche là où la lumière du soleil brille. Voilà ce que signifie le christianisme réel.
À l’opposé de cela, nous avons ensuite au v. 7 l’autre côté, le côté béni. L’apôtre établit la place réelle du chrétien, et la présente sous un jour frappant. Comme il y a trois manières pour le chrétien professant de démentir le christianisme (c’est ce que viennent de montrer les versets précédents, et qui s’est manifesté maintenant à l’approche de la moisson de ce qui n’était alors que semé par l’ennemi), ainsi aussi ici nous trouvons trois grandes marques essentielles du vrai chrétien.
En tout premier lieu, c’est marcher dans la lumière — « Mais si nous marchons dans la lumière ». Nous pouvons illustrer la vérité à l’aide de la figure employée ici. Considérons quelqu’un dans une pièce entièrement noire : il trébuche, manque ce qu’il cherche, se fait du mal et abîme ce qu’il cogne. Allumez la lumière, et voilà l’embarras qui cesse ; il marche à l’aise, tranquille et certain de ce qu’il fait. Il en est de même avec la lumière spirituelle qui brille sur la marche chrétienne, et c’est en Christ qu’elle y brille. Il n’est pas question ici de « comment », mais de « où ». Tout vrai chrétien par grâce marche dans la lumière. C’est pourquoi il est très important que tout vrai chrétien en soit conscient (c’est malheureusement bien loin d’être le cas pour beaucoup). C’est un grand privilège chrétien universel. Ce n’est pas un simple sentiment ou une simple idée, mais une réalité qui lui est conférée, et une réalité pratique que Dieu voudrait voir tout chrétien s’approprier et en jouir. Comme déjà dit, il peut y avoir et il y a des insuffisances dans le détail, et nous sommes d’autant plus responsable de sentir nos manquements et de les reconnaître que nous marchons dans la lumière.
« Mais si nous marchons dans la lumière, comme lui-même est dans la lumière » (au sens de : « comme Dieu est dans la lumière »), « nous avons communion les uns avec les autres ». C’est la deuxième marque distinctive. Il ne s’agit pas simplement de ce que nous marchons dans la lumière, mais parce que nous y marchons, nous avons communion les uns avec les autres dans le cercle chrétien. Quand nous rencontrons un enfant de lumière, si même nous ne faisons qu’entendre dans la rue quelques mots d’un homme ou d’une femme montrant que Dieu a resplendi dans cette âme, et qu’il ne s’agit pas d’un simple rêve ou théorie, mais de quelqu’un qui marche dans la lumière comme un vrai chrétien, nos cœurs sont aussitôt attirés. Nous sommes attirés l’un vers l’autre beaucoup plus que vers nos propres frères ou sœurs qui ne marchent pas dans la lumière. Beaucoup connaissent en effet trop bien cette douleur. Ceux qui leur sont le plus proche peuvent haïr la lumière, et Celui qui est la lumière, au lieu d’y marcher par grâce.
On a clairement ici un deuxième privilège chrétien bien distinct, la communion mutuelle des saints, qui n’est ni la communion avec le Père et avec le Fils d’un côté, ni ce qu’on peut appeler la communion de l’Église de l’autre côté. De ces trois communions, l’une peut être la base de toutes, et les autres être la conséquence dans l’ordre jusqu’à la dernière ; mais il ne faut pas forcer le sens. Il n’y a rien d’ecclésiastique dans cette épître ; tout est vérité profondément personnelle, et pourtant éternelle, la grâce et la vérité qui vinrent par Jésus Christ. La communion découle ici du fait de percevoir cela chez l’un ou l’autre. Peut-être ne connaissez-vous même pas les noms de ces autres chrétiens, mais vous avez communion. « Nous avons communion les uns avec les autres », c’est-à-dire que nous jouissons exactement de la même bénédiction de grâce. Dans le domaine des choses naturelles, si j’ai un prix, vous, vous ne l’avez pas ; et si vous l’avez, il n’est pas à moi. Mais il en va tout autrement des privilèges spirituels des chrétiens. Vous les avez pleinement en propre, et pourtant vous les partagez pleinement avec d’autres ; et le fait que vous et d’autres saints en ayez autant que moi ne fait qu’ajouter d’autant plus à la joie d’amour qui remplit tous nos cœurs.
Les privilèges d’un anglais ou d’un français, ou n’importe quoi dont les hommes parlent tant, sont petits et de courte durée ; mais ici nous commençons par la communion avec le Père et avec Son Fils. Seul le Saint Esprit peut nous soutenir dans la jouissance de cette communion, tout comme c’est Lui qui nous donne de nous l’approprier par la foi. Nous ne sommes pas encore arrivés à l’œuvre de cette personne divine, dans cette épître ; il nous en sera abondamment parlé le moment venu. Mais nous trouvons ici l’effet de Sa grâce dans le croyant quand il en rencontre un autre même occasionnellement : « nous avons communion les uns avec les autres ». N’est-ce pas là une victoire bénie sur la puissance de désunion du moi ? Cela ne demeure-t-il pas vrai dans l’état de choses effroyable que nous traversons, où la dispersion s’opère par des différences plus grandes, et ressenties peut-être de façon plus aiguë, qu’autrefois chez les Juifs, alors qu’ils étaient pour la plupart des hommes charnels ? Pourtant leurs disputes et leurs partis n’étaient que peu de choses par comparaison à ce dont nous sommes témoins tous les jours autour de nous, même dans ce pays favorisé (Angleterre), et dans sa capitale.
Ô chers amis, il nous faut sentir le fardeau de l’état de la chrétienté. Mais il y a un fardeau plus lourd quand on réalise que les chrétiens apprécient si peu, en s’élevant au-dessus de tous les manquements, la vérité que nous avons communion les uns avec les autres. Personne ne doutera que tout vrai chrétien en a le sentiment dans une certaine mesure, et qu’il y répond selon la mesure du sens qu’il a de la grâce divine ; mais c’est faiblement, à moins d’entrer en même temps dans l’intelligence spirituelle de la grâce et de la vérité connues en Christ précisément dans le but de nous amener tous dans un état manifeste et actuel d’amour mutuel. « Nous avons communion les uns avec les autres ». Nous reconnaissons ce qu’il y a de Christ chez les uns et chez les autres, pour notre profonde joie.
Il y a le
troisième privilège, sans lequel on ne peut posséder aucun bien de manière
permanente, ni aucune puissance pour vaincre et ôter les difficultés. Car les
péchés sont des difficultés insurmontables autrement, mais « le sang de
Jésus Christ Son Fils nous purifie de tout
péché » selon la
formulation exacte de la phrase. C’est une erreur de limiter la force de ce
passage en le réduisant à une question de temps. L’apôtre présente la vérité
dans la forme abstraite qui caractérise ses écrits. Il nous parle ici de la
grande source de consolation qui demeure pour le chrétien. Personne ne savait
ni ne pouvait rien savoir de l’efficacité du sang avant la croix, mais elle est
là désormais. Et plus la lumière brille dans toute sa puissance pour manifester
la croix, plus elle montre la puissance de purification. En marchant dans la
lumière (c’est là qu’on est amené quand on reçoit Christ), nous avons la
communion mutuelle et nous connaissons la valeur du sacrifice de Christ. Il est
la lumière, et à titre de conséquence d’avoir la vie éternelle, nous jouissons
de la communion avec le Père et le Fils ; et en plus, nous avons communion
les uns avec les autres. Il ne peut pas y avoir de vraie communion en haut ni
ici-bas sans Christ possédé et connu de cette manière. Il peut y avoir une
association aimable dans une société religieuse, une association de bienfaisance
dans une société du monde ; mais Christ nous établit dans ce qui est non
seulement réel, mais divin, déjà maintenant sur la terre, en face de la
confusion ecclésiastique.
La grande entrave à la communion, c’est le moi, l’égoïsme pécheur qui imprègne tout homme, femme et enfant dans ce monde, car tous sont déchus. Les gens ne saisissent-ils pas instinctivement, ce qui répondra, comme ils l’espèrent, à leurs désirs et à la satisfaction de leurs penchants, et hélas ! de ce qu’ils détestent ? Ceci n’est pas la communion, mais l’inverse de la communion dans une nature pécheresse. Pourtant dans ce monde coupable, ce monde de péché qui meurt dans le malheur et qui attend le jugement, son Créateur est venu, Lui dont l’amour était avant la création, et dont l’amour s’est d’autant plus manifesté quand toute la création s’est dressée contre Lui et l’a chassé. Son amour, l’amour de Dieu, nous ont amené à participer à tout ce qu’Il a, sauf ce qui est absolument divin, et par conséquent non communicable. Mais dans cet amour dépourvu d’égoïsme, Il partage avec le chrétien tout ce qu’Il peut communiquer ; et comme Il possède toutes choses avec le Père, là encore Il ne fait aucune différence pour nous. Si nous avons communion avec le Père et le Fils, nous avons communion les uns avec les autres. La vie éternelle a été manifestée en Christ, qui nous a aussi donné la même vie pour que ce soit notre vie. C’est là la bénédiction suprême qui nous a donné la possibilité d’avoir part à la communion, gardée et maintenue par Sa mort qui efface tout péché. La responsabilité du chrétien ici-bas sur la terre n’a pas pour autant cessé pour ceux qui sont ainsi bénis. Mais pour faire face à cette responsabilité, il y a besoin de dépendance continuelle : afin que, puisqu’on vit dans l’Esprit, on puisse aussi marcher dans l’Esprit ; car l’Esprit est donné maintenant pour glorifier Christ en toutes choses, et la marche dans l’Esprit en fait spécialement partie. C’est pourquoi il y a ici notre nouvelle responsabilité. « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13:17).
Mais ici nous avons notre position en grâce ; la triple bénédiction chrétienne est présentée ici. Cette corde triple qui ne peut être rompue, c’est marcher dans la lumière, avoir communion les uns avec les autres, et le sang de Jésus Christ qui nous purifie de tout péché (*). Nous apprenons d’autres passages de l’Écriture, que pour le chrétien, il n’y a qu’une offrande, qu’un sacrifice, qu’un versement du sang, qu’une application du sang. Les gens se trompent en ne voyant pas le lavage par l’eau en plus de celui par le sang. Or le lavage à l’eau a besoin d’être continuellement répété, tandis que le sang de Christ n’a eu lieu qu’une fois pour toutes. Ôtez cet effet permanent du sang, et vous êtes plongés dans l’incertitude. Il n’y a pas moyen d’avoir jamais une paix solide autrement qu’en sachant que vos péchés sont entièrement effacés devant Dieu.
(*) C’est par une triste ignorance du grec ou de l’anglais [et du français] que certains pensent que ce temps de verbe n’exprime que le temps présent, historiquement. Il a, quand c’est nécessaire, un sens abstrait indépendant du temps. C’est ce que l’apôtre veut dire dans ces trois phrases du v. 7, pour la dernière comme pour les autres ; c’est ce que le sang de Christ fait. Il purifie de tout péché. Il n’est pas question ici du moment où cela a lieu.
Il a été pris une peine immense, spécialement avec les chrétiens hébreux, pour faire ressortir cette grande vérité de l’unicité de l’offrande et du sacrifice, en contraste avec la religion des Juifs, qui avaient toujours un sacrificateur debout pour présenter chaque jour leurs nouvelles offrandes. Mais pour nous, Il s’est assis, non seulement pour toujours, mais sans interruption. Le mot qui est traduit par « continuellement » ou « à perpétuité » (Héb. 10:1, 12, 14) signifie « continuellement ». Il est beaucoup plus fort que s’il était simplement dit « pour toujours » ; parce que « pour toujours » peut signifier « pour le principal », et admettre qu’à tout moment il se retrouve debout ou assis, même si la miséricorde demeure « pour toujours ». Le mot signifie vraiment ici « sans interruption ». Pensez-vous que c’est ce que croient la grande majorité des enfants de Dieu ? La conséquence d’ignorer ce point fait que les gens prennent sur eux d’interpréter le passage de manière erronée. Ils lui font dire que le sang continuer à purifier chaque fois qu’on fait à nouveau recours à Christ. Ce n’est pas la doctrine de l’Écriture. Dans ce sens qu’ils donnent à la purification permanente, pour répondre à nos nouveaux besoins, le sang de Christ est réduit pratiquement au niveau du sacrifice Lévitique quand un Juif avait péché.
L’apôtre parle de nos privilèges d’une manière absolue. Jean plus que tout autre a été conduit à exprimer la vérité sous forme abstraite et avec une force absolue. C’est pourquoi, si l’on applique ceci à ce verset, marcher dans la lumière est une réalité permanente pour le chrétien, même si ici ou là, nous sommes inconséquents. « Nous avons communion les uns avec les autres » n’en demeure pas moins absolument vrai, même si nous manquons de temps en temps ; mais cela demeure le principe réel que nous sommes appelés à pratiquer. N’y sommes-nous pas préparés par notre participation commune, non pas aux circonstances du monde, mais aux bénédictions éternelles ? C’est exactement la même chose avec le sang de notre Seigneur Jésus Christ. La purification de tout péché, voilà ce qu’il opère. Il ne dit pas quand Il l’a fait, et encore moins qu’Il va le faire, et encore moins que tout le reste, qu’Il continue toujours à le faire. La Révélation ne parle jamais ainsi, mais elle parle plutôt de son effet global ; car par une seule offrande, Il a rendu parfait à perpétuité ceux qui sont sanctifiés (Héb. 10:14). Par contre, nous avons besoin du lavage d’eau chaque fois que nous manquons, et, hélas ! aussi souvent que nous manquons. C’est le lavage des pieds de notre Seigneur en Jean 13 qui répond à ce qu’on aura bientôt l’occasion de considérer. Nous n’avons pas besoin d’aborder ce sujet maintenant, qui aura sa place dans une étude complète. Je me borne à y faire référence pour balayer ce qui est une erreur positive et une faute d’interprétation de la Parole de Dieu.
Nous pouvons aussi observer, que la communion ecclésiastique, aussi importante soit-elle, n’est nullement en vue ici. Dans ce temps de déclin de la profession extérieure, l’apôtre parle de la communion spirituelle des vrais chrétiens les uns avec les autres, qui doit survivre à toutes les défaillances, et qui y survit en fait selon la mesure de notre marche en communion avec Dieu. Nous avons à nouveau ici une doctrine abstraite, que nous sommes tenus de mettre en pratique.
Nous en arrivons maintenant au deuxième « si nous disons » de la profession chrétienne. « Si nous disons que nous n’avons pas de péché » : c’est une affirmation bien étonnante pour un chrétien, pourtant il y en a qui le disent, et dont il faut tristement penser qu’ils ne sont pas chrétiens. Cette phrase particulière n’implique pas qu’ils ne puissent pas l’être. Il est dit que « si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes ». Ah ! on le fait facilement, on se séduit soi-même facilement. Ce genre de pensées est effectivement un égarement. Comment ceux qui ont la vie éternelle en Christ peuvent-ils se tromper eux-mêmes au point de dire qu’ils n’ont pas de péché ? S’ils disent que Christ a ôté leurs péchés en les portant, c’est vrai ; s’ils disent que le vieil homme a été crucifié, c’est aussi vrai, s’ils disent que Dieu a condamné le péché dans la chair pour eux, c’est vrai sans aucun doute. Mais dire qu’on n’a pas de péché, avoir d’abord regardé dans son cœur, et avoir ensuite levé ses yeux au ciel, et dire ensuite : « m’étant examiné moi-même, je dis que je n’ai pas de péché », c’est une illusion extraordinaire chez un saint de Dieu. On le comprend chez un panthéiste, parce qu’il est aveugle, tout comme ses dieux. Avoir une pensée rabaissée sur Christ va de pair avec une haute opinion de son propre état. Il semble que cette erreur fut celle des Pélagiens, des années après le temps de Jean.
Pesons le verset. Il ne s’agit pas ici de péché commis, mais du péché inhérent, qui doit être senti comme une tendance constante toujours prête à se manifester ; et si l’on n’y veille pas, il est sûr qu’elle apparaîtra. Car même si nous avons la nouvelle vie en Christ, nous avons aussi notre vieille nature mauvaise, et nous sommes tenus à veiller à en couper les pousses dès qu’elles bourgeonnent. Nous avons une base d’encouragement bénie en ce que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, que le corps du péché a été annulé, pour que nous ne servions plus le péché (Rom. 6:6). Néanmoins nous sommes appelés à mortifier par l’Esprit les actions du corps (Rom. 8:13). Dieu sera avec nous pour nous fortifier, comme Il le fait toujours quand il y a de la dépendance et de la soumission de cœur. Mais dire que nous n’avons pas de péché ! C’est une théorie de propre-justice, et cette théorie ne peut avoir qu’une apparence de force en faisant du péché quelque chose de très vague (on arrive à cela en se trompant soi-même et en ignorant la vérité), et de là on dit qu’on n’a pas de péché. Telle a été l’illusion de tant de chères âmes ; il faut en avoir beaucoup pitié, et leur montrer qu’il a fallu un bien bas niveau d’estimation du péché et de la vérité, pour qu’une telle théorie arrive à s’emparer de l’esprit.
Il y en a eu Un dont on a pu dire en vérité « En Lui il n’y a pas de péché » (3:5) ; dans tous les autres, il y a du péché, sans en excepter aucun des saints qui ait jamais vécu. Car il y a encore la vieille nature ; et celle-ci ne manque pas d’éclater au jour quand nous ne la maintenons pas entièrement sous la puissance de la mort de Christ par l’Esprit de Dieu. Mais ici, il s’agissait d’une vanterie charnelle et fausse. Tous ces « si nous disons » décrivent le mal croissant parmi les chrétiens professants. Ils supposent une erreur systématique chez des gens qui se livrent à la spéculation. « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous » (1:8). C’est une déclaration si forte qu’elle amène à douter que ceux qui s’illusionnent pareillement puissent être chrétiens. Mais « la vérité n’est pas en nous » paraît être un peu différent de « la vérité n’est pas du tout connue par nous ». Sans doute, tout chrétien est censé connaître la vérité par l’enseignement de Dieu. En tout cas, l’attention est attirée par l’expression particulière de la phrase ; car le fait de se tromper soi-même est imputé au fait que la vérité n’est pas en nous intérieurement. La vérité doit être « en nous », non pas simplement crue et reconnue par nous. Il n’est pas douteux que bien des personnes tiennent ces théories, et pourtant on aurait tort de penser que ce ne sont pas des chrétiens. Elle veulent probablement dire qu’elles n’ont jamais cédé au péché : même ceci est bien hardi à soutenir. Au mieux cela témoigne d’une très bonne opinion de soi-même, bien éloignée de ce que les saints plus spirituels ont jamais ressenti ou exprimé.
Au v. 9
l’apôtre met le croyant sur un terrain entièrement différent, sous la conduite
de l’Esprit de Dieu. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et
juste pour nous pardonner nos péchés ». « Si nous disons que nous
n’avons pas de péché », peut-on s’attendre à du jugement de soi-même et quelque
confession ? Il n’y en a ni besoin ni raison d’être. Un rêve
perfectionniste a eu son influence aveuglante sur l’âme. Ici au contraire, nous
n’avons pas de « si nous disons ». Confesser les péchés indique une
réalité vivante, tout comme marcher dans la lumière, en ayant communion les uns
avec les autres, le sang étant là pour purifier de tout péché. Il n’est pas
question de « si nous disons ». Ceux qui ont de la réalité ne font
pas étalage de ce qui est leur part ; ils en jouissent. Christ vit en
eux ; et comme ils ont été engendrés par la parole de la vérité (Jacq. 1:18), ils pratiquent la vérité. La vérité est en
eux. N’est-ce pas ce à quoi nous sommes tous appelés, nous qui L’avons
réellement, Lui, comme notre lumière, notre vie et la vérité ?
Ici le chrétien est caractérisé par un esprit entièrement différent, du commencement à la fin. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité ». Si nous avons été entraînés dans le péché, que faisons-nous ? Il en est ainsi à la conversion, et il en reste toujours ainsi chaque fois qu’il y en a besoin. Car notre Dieu ne peut pas supporter les péchés. Nous ne les cachons pas ; nous les confessons à Dieu, et à l’homme aussi quand c’est nécessaire ou édifiant. Ainsi l’orgueil de la volonté est brisé, et par la grâce, on renonce à sa propre réputation misérable. On fait attention au caractère de Christ que nous portons. Dorénavant c’est Son nom qui compte ; et que vaut le notre en comparaison du Sien ? « Si donc nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour pardonner » : quelle parole encourageante que celle-ci, et vraie dès le premier moment où nous nous sommes tournés vers Dieu ! Ici aussi, elle est vraie en principe ; il n’y a pas de limite particulière dans le temps, comme dans les cas précédents. Pour le chrétien, c’est un principe de départ, et qui subsiste ; il est censé gouverner sa nouvelle marche du début jusqu’à la fin, comme un fait toujours vivant dans le chrétien.
Aller à Dieu au sujet de notre mal quand tout était mal, nous convenait alors que nous étions dans la poussière comme des perdus. Il est le Dieu de toute grâce, quel que soit le besoin, jusqu’au bout. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier » non pas seulement de tout péché, mais « de toute iniquité » [ou : « injustice »]. Car la souillure est le résultat malheureux du péché ; c’est la règle susceptible de rendre l’âme malhonnête, et qui la rend effectivement malhonnête si on se cache comme Adam. En cachant le péché en son sein, on s’éloigne de plus en plus de Dieu. La seule chose bonne à faire, c’est de se rejeter sur Lui et de confesser ses péchés à Ses pieds. Cela demeure continuellement vrai dès l’instant où nous Le connaissons comme notre Père. Car le gouvernement de notre Père est aussi vrai et fiable pour le saint que l’a été Sa grâce, lorsqu’au commencement nous avons découvert la rémission de nos péchés. C’est d’ailleurs là la portée de la requête du Seigneur dans la prière dominicale, comme on l’appelle. À proprement parler, elle ne se réfère pas à un homme impie en train de se convertir ; elle correspond plutôt au désir quotidien du disciple, comme le reste de ce que notre Seigneur a enseigné dans le sermon sur la montagne. Il est important de saisir qu’il ne s’agissait pas d’une prédication de l’évangile par le Seigneur en vue de gagner des pécheurs à la grâce de Dieu. Mais si le croyant pèche (Jean 15:1-10 ; 1 Pierre 1:14-17), c’est une affaire dont notre Père s’occupe dans Son gouvernement moral à l’égard de nos âmes. Il prend note de tout, parce que nous sommes Ses enfants et les disciples de Christ. Son amour, Son honneur, Sa grâce, Sa vérité sont tous en cause en cela. La Parole a purifié et elle nous purifie encore. Or cette purification ne concerne pas seulement nos péchés, mais aussi les conséquences du péché — c’est une purification de toute iniquité (injustice), de tout le manque de droiture qui est la suite naturelle du péché.
On arrive enfin au troisième et dernier de ces « si nous disons ». « Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n’est pas en nous ». C’est le plus audacieux des trois. Il décrit une classe de personne dégradée jusqu’à cette extrémité où l’on se dresse contre Dieu à l’aide d’une théorie des plus extravagantes. Ces doctrines singulières s’infiltrent nulle part mieux que parmi les chrétiens professants. Car la corruption de ce qui est le meilleur est la pire des corruptions. On ne la trouvait même pas tellement parmi les Juifs, bien qu’ils abondassent en traditions pernicieuses qui les ont profondément souillés en déshonorant Dieu. Mais la chrétienté est un boulevard rempli de fables qui se rajoutent les unes aux autres, s’élevant toujours plus dans la provocation de Dieu à la colère.
Ce dernier « si nous disons » est l’un des rêves les plus immondes issus du gnosticisme, auquel il est fait allusion tout au long de l’épître, et non seulement cela, mais aussi dans les écrits de Paul avant ceux de Jean. Ce n’était que le début de ce mauvais courant, qui s’est développé rapidement, en s’accélérant encore plus après le départ des apôtres. Mais ces raisonnements vains et profanes de l’esprit humain dans les choses de Dieu passent à la légère sur les grands fondements de la moralité ; c’est sur ce point qu’ils se trahissent, et vers lequel tendent toutes les fausses doctrines. Non seulement cela affaiblit la source de la responsabilité chrétienne, mais cela la nie et la détruit tout à la fois.
Notons au passage que les éthiques de la philosophie, ancienne ou moderne, ne peuvent trouver aucune assise stable. Elles ne saisissent pas la vérité que les devoirs découlent des relations, et par dessus tout de la relation avec Dieu. Cette carence irrémédiable les amène à suivre les païens qui ne connaissent pas Dieu et ignorent toute relation avec Lui ou avec Son Fils. Sur ce plan, les chrétiens de nom s’égarent de manière plus coupable car ils renient même leur foi passée. Il n’y a en effet plus de place pour la grâce de Dieu en Christ. « Si nous disons que nous n’avons pas péché ». Pour dire cela, combien faut-il que leurs âmes soient enveloppées des plus profondes ténèbres ! Combien la lumière qui était en eux est devenue ténèbres ! (Luc 11:35) — et des ténèbres telles qu’il n’y en a guère de plus profondes et plus désespérées ! C’est ainsi qu’il en est encore, dans beaucoup de cas, bien trop nombreux.
Les pires, il faut s’en rappeler, ce sont les antichrists qui avaient eu leur place dans l’église, et étaient reconnus dans la famille de Dieu, au temps où les apôtres vivaient. « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant aucun des nôtres » (2:19). Si ceux du v. 10 n’étaient pas des antichrists, ils étaient adversaires de la vérité, et même des séducteurs. Mais les pires d’entre eux sont les derniers, car c’est un rejet provoquant de la Parole de Dieu que de dire qu’on n’a pas péché. C’était déjà mauvais de dire que nous n’avons pas de péché, maintenant que nous sommes chrétiens ; mais dire que nous n’avons jamais péché est en contradiction directe avec le témoignage constant de Dieu tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. C’est ce qui est dénoncé ici. C’est faire Dieu menteur sans même en avoir honte. On rencontre de temps en temps de telles personnes dans la chrétienté, assez rarement, grâces à Dieu. Mais il y en a qui nient l’existence même du péché, comme tous les panthéistes, bien sûr. Ils revendiquent avoir part à la divinité, comme ils disent, et s’il en est ainsi, comment Dieu pourrait-Il péché ?
Sans doute c’est de la philosophie fausse et insensée ; mais ce qui est terrible pour le cœur du chrétien, et aux yeux de Dieu, c’est que ceux qui avaient commencé avec Son Fils, le Sauveur, et avec la rémission des péchés par Son sang, aient sombré dans un tel abîme jusqu’à nier entièrement d’avoir péché. « Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n’est pas en nous ». Avaient-ils oublié leur confession du commencement lorsqu’ils avaient pris la position de se détourner du judaïsme périmé et des faux dieux des Gentils ? Mais il y avait pire encore. Peut-on imaginer de faire Dieu menteur ? Se « séduire soi-même » était déjà mauvais en présence de la lumière qui doit nous manifester, mais c’était une bagatelle en comparaison de faire Dieu menteur. Là on se permet le blasphème ; là on attaque Dieu sans pudeur au point le plus sensible de Son honneur. Car qu’est-ce qui importe le plus à Dieu que d’être vrai et saint ? « Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n’est pas en nous ».
Ce n’est pas seulement que la « vérité » ne soit pas en nous (1:8), quoiqu’on puisse supposer qu’il s’agisse de la même chose, mais exprimé de manière plus générale. Mais ici (1:10), c’est un rejet direct de Sa « parole » dans toute sa simplicité : elle ne pouvait guère être reçue par de telles âmes. Quand Sa Parole est en nous, c’est volontiers et avec humilité qu’on reconnaît avoir péché. C’est ce que dira Israël dans un temps futur, « tout Israël sera sauvé » (Rom. 11) dans ce jour qui s’approche pour la joie de toute la terre. Et nous qui appartenons à Christ en haut, que disons-nous ? Qu’avons-nous dit en sortant des ténèbres pour entrer dans la lumière ? N’avons-nous pas commencé par cela ? Oui, nous avons commencé par ce que nous n’oublierons jamais. Toute âme vraiment convertie dit « nous avons péché ». Mais ici l’apôtre écrivant cette épître très longtemps après que la grâce et la vérité soient venues par Jésus Christ et qu’il ait été rendu témoignage depuis longtemps à la confession chrétienne, — c’est alors qu’il nous parle solennellement de ce mal énorme. Il ne s’agit pas des Juifs ni des Gentils, mais des chrétiens professants, de l’époque ou de tous les temps ; ils n’étaient certainement pas de vrais chrétiens, même s’ils n’étaient pas encore des apostats. « Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous le faisons menteur et sa parole n’est pas en nous ».
Je saisis l’occasion de rectifier une erreur des Puritains qui appliquaient Ésaïe 50:10 au chrétien. Ce verset vient s’opposer directement au premier des « si nous disons » de l’apôtre aux v. 6 et 7. Cette erreur fleurit encore chez ceux qu’on appelle les hyper-calvinistes, pour ne parler que d’eux. On la trouve formulée clairement dans l’ouvrage « L’enfant de lumière marchant dans les ténèbres » écrit par un ancien ecclésiastique éminent. Je ne dis pas que cet ecclésiastique utilisait un de ces versets pour contredire l’autre, et si je me souviens bien, il ne se référait même pas à l’apôtre ; peut-être n’avait-il même pas vu la confusion et l’erreur impliquées par l’application qu’il faisait. Le fait est que ce Puritain avait en vue des cas assez courants parmi les âmes provenant de l’état de la chrétienté dégénérée depuis si longtemps, où même les vrais chrétiens n’avaient pas une paix certaine, et perdaient le peu qu’ils avaient pu en avoir, pour toutes sortes de raisons, dont la principale était qu’ils recherchaient au-dedans d’eux-mêmes ce repos qui ne se trouve qu’en Christ et en Son œuvre pour nous. C’est cette absence douloureuse d’assurance à laquelle cette école se réfère par « un enfant de lumière marchant dans les ténèbres ». Or cet usage des termes « lumière » et « ténèbres » est un troisième usage, distinct à la fois de celui qu’en fait le prophète [Ésaïe] et de celui de l’apôtre. Aucun de ces termes « lumière » et « ténèbres » dans l’usage qu’en font Ésaïe ou l’apôtre Jean ne se rapporte au cas — qui est un fait étrange maintenant, et si longtemps banal — d’un croyant cédant à l’incrédulité, au lieu de la juger comme un péché contre le témoignage de l’Esprit, contre l’œuvre du Seigneur et contre la volonté du Père. De telles âmes n’ont jamais vraiment reçu la parole de la vérité, ni l’évangile, et elles ont besoin de commencer par là, même si elles ont à se juger aussi pour tout autre chose. Si elles se tiennent devant Dieu dans la vérité de leurs péchés, elles trouveront qu’Il s’occupe d’elles dans la vérité de Sa grâce en vue de leur délivrance.
Or le prophète Ésaïe ne parlait pas des chrétiens, mais du futur résidu pieux, en contraste avec la masse apostate qui allait périr selon le v. 11. « Qui d’entre vous craint l’Éternel, qui entend la voix de son serviteur, quiconque marche dans les ténèbres et n’a pas de lumière, qu’il se confie dans le nom de l’Éternel et s’appuie sur son Dieu » (Ésaïe 50:10). Il saute aux yeux que le prophète juif et l’apôtre chrétien n’utilisent pas les mots « lumière » et « ténèbres » dans le même sens.
Le prophète [És. 50:10] utilise ces mots en rapport avec les circonstances effroyables de l’heure exceptionnelle à venir, celle du châtiment des péchés de la nation, non seulement l’idolâtrie, mais ce qui est bien pire, le rejet du Messie. Dans ce passage, les hommes pieux, soit qu’ils passent par le martyr, soit qu’ils soient préservés, souffrent à l’extrême, n’ont pas de lumière, mais attendent leur Libérateur qui va détruire les ennemis du dedans et du dehors. L’apôtre, de son côté, traite de la vérité chrétienne, de ce qui répond à la nature éternelle de Dieu dans Ses enfants, et il s’élève bien au-dessus d’une crise prophétique ou des particularités d’une dispensation. Le chrétien ne marche pas nécessairement selon la lumière, mais il marche toujours dans la lumière comme Dieu est dans la lumière révélée par Christ. C’est le caractère moral propre à la nouvelle nature, la nature de Dieu, qui est lumière et en qui il n’y a pas du tout de ténèbres. Certes le chrétien a encore la vieille nature, mais il est affranchi, étant mort avec Christ, n’ayant plus jamais, par grâce, à la tolérer, mais ayant à condamner ce que Dieu a condamné dans la croix de Christ à tout prix pour Lui-même. Car nous avons en effet un plein salut, non seulement de nos péchés, mais du péché, étant justifiés du mauvais fruit (Rom. 5:1), et justifiés de l’arbre mauvais (Rom. 6:7).
C’est à l’apôtre Paul qu’est revenu le soin de traiter de cette justification à deux volets, inconnue des théologiens de toutes les écoles. Mais l’apôtre Jean parle de manière plus approfondie que tout autre, de la vie éternelle, notre nature nouvelle et divine, et il met en contraste sa réalité chez les vrais chrétiens avec sa fausseté chez ceux dont la marche renie cette vie et la vérité. Parler de communion avec Dieu tandis qu’on marche dans les ténèbres non dissipés de la nature déchue, c’est un mensonge vivant, ou plutôt le mensonge de la mort. Dès le début de sa course, le chrétien laisse les ténèbres et marche dans la lumière. Ce n’est pas de la présomption, mais de la foi. « Je suis la lumière du monde [Israël n’a jamais pu le dire, ni ne le pouvait] : celui qui Me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8:12). Le chrétien peut glisser par négligence, il peut céder à la propre volonté, ou être entraîné par les convoitises de la chair ou des pensées : tout cela est péché et inconséquent avec la lumière. Mais tout sérieux que cela soit, l’amour divin en Christ qui l’a pardonné quand il était ennemi, et sauvé quand il était perdu, fournit la grâce qui restaure, — comme nous le verrons au chapitre suivant, — et il ne qualifie jamais de « marche dans les ténèbres » aucune triste inconséquence de ce genre. Si nous avons des enfants qui s’égarent, notre relation avec eux demeure : combien plus avec les enfants de Dieu ! Ceux qui marchent dans les ténèbres, selon notre apôtre, mentent et ne pratiquent pas la vérité. Ils n’ont ni la vie ni la lumière, et ce dont ils ont besoin, c’est d’être réveillés et vivifiés. Le chrétien qui tombe n’a besoin que de se repentir et d’avoir sa communion restaurée lorsqu’elle a été interrompue. Au lieu de perdre la lumière, c’est dans la lumière qu’il s’humilie profondément pour sa faute.
Le v. 7 est clair sur tout cela, car il nous donne une vue grandiose du nouveau terrain sur lequel la grâce établit tout vrai chrétien. « Si nous marchons dans la lumière comme Lui est dans la lumière » : c’est par là que commencent et que continuent tous ceux qui ont été appelés hors des ténèbres. En même temps qu’une vraie perception de la nature de Dieu dont le vrai chrétien est participant, nous avons aussi « communion les uns avec les autres », ce qui est l’action de la vie divine en direction de nos frères, — comme la marche dans la lumière est en direction de Dieu. Alors vient le précieux fondement, et le support, de ces deux choses, comme leur privilège absolument nécessaire : « le sang de Jésus Son Fils nous purifie de tout péché » sans quoi nous ne pourrions ni recevoir ni être gardés dans la merveilleuse part des chrétiens. Mais ce fondement est un tout, et forme la condition de tous les chrétiens.
La dernière
phrase du v. 7 est trop souvent considérée comme une ressource vis-à-vis des
manquements, mais c’est ignorer sa place au fond, et sa liaison réelle avec le
reste ; c’est la dissocier de son objet fondamental, et la substituer à la
ressource donnée de Dieu en 1 Jean 2:1-2. Ce mauvais usage est nuisible à tous
égards. Le v. 7 est un sommaire de la condition générale du chrétien, et en le
prenant comme il est, il va à l’encontre du but recherché. Car si tel était
bien le but, il faudrait plutôt écrire : « si nous ne
marchons
pas
dans la lumière, etc. et n
’avons pas
communion les uns
avec les autres, le sang de Jésus nous purifiera de notre péché
particulier ». Cette dernière phrase exprime bien la notion de ressource,
je pense, mais elle est en opposition manifeste avec l’affirmation générale et
abstraite du privilège chrétien, qui est le sens authentique et voulu par
l’apôtre. Il n’y a que ce sens qui cadre avec le contexte, mettant en contraste
la grande liste brillante des privilèges chrétiens essentiels avec les diverses
formes de la profession mauvaise qui déshonore le nom du Seigneur, s’écarte de
la vérité, et conduit à la ruine éternelle. La ressource en cas de manquement
ne peut qu’être mise ailleurs, et être traitée tout différemment, ce qui est le
cas.
Ces deux versets appartiennent proprement au chapitre 1 ; ils en sont le complément nécessaire. Malgré la conjonction de coordination du début du v. 3, ce v. 3 introduit un nouveau sujet : l’application de la vérité du ch. 1 de diverses manières, extrêmement importantes et profondément intéressantes, pour garder les âmes de l’égarement et de se tromper elles-mêmes. Ces versets n’ont pas encore été abordés, mais dans les deux versets qui sont devant nous, nous avons largement de quoi fouiller dans la Parole et méditer dans nos âmes.
Nous avons vu que le chapitre 1 comprend deux parties : l’épanchement de l’amour du Père dans le Fils incarné découlant de la grâce divine sans cause externe, — hormis nos péchés ! L’énergie de Sa nature est l’amour, et la pureté de Sa nature nous est communiquée par le mot, ou la figure, si expressifs, de la « lumière ». Quel mot pouvait mieux convenir à Son propos ? Car il a été écrit pour notre instruction, et il n’y a pas de raison qu’il dépasse notre capacité de compréhension avec le secours du Saint Esprit. Car aucun élément ne refuse mieux la corruption que la lumière, et en elle-même elle est absolument pure ; en tout cas, il en est ainsi pour la lumière de la nature de Dieu. Telle est la part que, comme chrétiens, nous recevons par la grâce de Dieu : Sa nature ; et c’est ce que l’apôtre a été conduit à leur dire alors que l’église allait extérieurement au naufrage. Nous voyons ici qu’il en était déjà ainsi : l’épître elle-même le prouve. La pire forme de mal imaginable dans la chrétienté est ce qui est appelé « antichrist », et à cette époque il y avait « beaucoup (*) d’antichrists ». Il y en a beaucoup plus maintenant. Ainsi Dieu a pris soin que les germes des pires maux soient en tout cas complètement manifestés avant que le dernier apôtre écrive, afin qu’il existe une déclaration divine au sujet de ce mal et de ses dangers. Cela n’a pas été laissé au seul jugement spirituel, bien qu’évidemment il en faille pour profiter en aucune manière de la Parole de Dieu. Mais nous avons l’autorité de Dieu exprimée dans Sa Parole : rien à déduire, pas d’argument humain, ni rien qui résulte de l’expérience des saints ; mais seulement ce qui se recommande directement de l’autorité de Dieu à la conscience et à la confiance de tous Ses enfants. Puisque tous ces maux devaient exister un jour, Dieu, dans Sa sagesse, a donc pris soin par Sa Parole, que les pires d’entre eux soient là pour être mis au jour et condamnés devant Ses saints.
(*) note Bibliquest : « plusieurs » selon la version J.N. Darby
C’est
pourquoi cette épître a un caractère bien particulier. Elle n’est pas comme 2 Thessaloniciens qui porte les regards vers une autre
époque, un autre temps, vers ce qui n’est pas arrivé mais qui doit avoir lieu
avant le jour du Seigneur : l’apostasie. L’apostasie signifie l’abandon
entier du christianisme, et il est certain que cela arrivera, l’un des facteurs
mauvais pour amener cet abandon étant ce qu’on appelle de manière étrange la
« haute critique ». C’est la préparation des hommes à une incrédulité
qui sera bien plus profonde, complète et ouverte. Où est l’honnêteté des
personnages officiels, dont la fonction même est de maintenir l’autorité de la
Parole de Dieu, alors qu’ils reçoivent honneurs et salaires sur la terre
précisément de ce qu’ils sapent, alors qu’ils devraient savoir (s’ils ne le
savent pas) qu’ils sont en train de le saper ? Mais cette apostasie est
future, tandis que les antichrists étaient déjà là.
C’était la « dernière heure », et le signe en était la présence de
« beaucoup d’antichrists » ; or ils
étaient déjà là ; ce n’était pas simplement un mal futur. L’antichrist est encore à venir, mais beaucoup d’antichrists sont les précurseurs de l
’antichrist.
Toutefois, dans les versets que nous avons devant nous, il s’agit d’un mal beaucoup plus général. Hélas ! c’est ce dont il faut tenir compte avec tout chrétien professant. La chair est inimitié contre Dieu ; elle est un danger proche et permanent, parce qu’elle offre à l’ennemi une prise directe pour agir, et pour agir non pas simplement sur ceux qui n’ont rien d’autre en eux que la chair, mais aussi chez ceux qui, bien que dans l’Esprit quant à eux-mêmes (Rom. 8:9), ont la chair en eux. Il est vrai qu’il est positivement dit qu’ils ne sont pas dans la chair, c’est-à-dire qu’ils sont délivrés de la chair par la foi en Christ ; ils ont reçus une nature entièrement nouvelle, et ne sont pas laissés sans ressources dans la vieille nature. Il y a une puissance suffisante dans le Saint Esprit pour garder tous les saints de pécher.
Nous savons
que c’est un fait que nous pouvons pécher, et que nous trébuchons tous
souvent ; mais c’est notre faute. C’est pourquoi le croyant est celui qui
devrait être prêt
à défendre Dieu contre lui-même, et il devrait même
être heureux
de le faire. Il est vrai que c’est humiliant, mais chers
frères, ne tirons-nous pas notre bénédiction, une grande bénédiction, de ce qui
nous humilie ? Il n’y a pas une seule épreuve de ce genre, qui, si elle
est acceptée de la part de Dieu, ne tourne par Sa grâce pour le bien, même si
en elle-même, elle est désagréable, douloureuse, voire injuste quelquefois.
« Toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu,
de ceux qui sont appelés selon son propos » (Rom. 8:28). « Tout ce
qui nous est donné de bon et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des
lumières » (Jacq. 1:17), en sorte que nous
sommes inexcusables si nous donnons de Lui une mauvaise image ; car nous
sommes Ses enfants, et nous sommes appelés à maintenir le caractère de la
famille.
C’est
pourquoi il ne faut pas prendre de travers ce que dit l’apôtre quand, dans la
seconde partie du ch. 1, il montre le merveilleux point de départ au croyant.
Car le v. 7 qui est tellement et si largement mal compris, se rapporte
réellement à la position du croyant. Ces versets reviennent constamment à sa
conduite factuelle, à la réalité
de sa marche, et au caractère de la
marche qui est normal pour nous, parce que nous avons la vie éternelle, et
parce qu’en outre cette vie éternelle a, à la fois, la puissance pour préserver
et le fondement d’une consolation infinie dans le sacrifice de Christ.
« Mais si nous marchons dans la lumière » est une déclaration
abstraite applicable au chrétien s’il en est un. Cela suffit pour montrer la
perversité de la compréhension erronée dont nous avons parlé. En réalité, il
n’est pas question d’un quelconque moment particulier dans le temps, ou d’un
fait particulier dans la marche du croyant, mais du caractère de cette marche,
selon Dieu.
C’est justement ce que notre apôtre est si heureux de présenter, et de nous appliquer si constamment. « Si nous marchons dans la lumière » signifie en effet « si nous sommes chrétiens », « si nous avons vu la lumière de la vie », « si nous sommes de ceux qui suivent Christ ». C’est le Seigneur qui dit « celui qui Me suit ne marchera pas dans les ténèbres » (Jean 8:12). Veut-Il dire par là que ce n’est la part que de certains saints ? Il affirme que c’est vrai de tous ceux qui Le suivent ; « il ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Ce privilège si grand provient entièrement de la grâce divine, et n’est nullement le fruit de notre fidélité. Il n’est le fruit que de la bonté incomparable de Dieu, par laquelle nous qui sommes croyants avons déjà maintenant à faire directement avec Dieu comme Il est. Or où Dieu est-Il connu comme Il est ? Dans la lumière ; certainement pas dans le noir, mais dans la lumière ? C’est là que non seulement nous avons la vie éternelle, mais qu’en plus, nous marchons dans la lumière, au lieu de marcher dans les ténèbres comme si nous étions païens. L’homme déchu marche nécessairement dans les ténèbres, parce qu’il ne connaît pas Dieu. Le croyant marche dans la lumière, parce qu’il connaît Dieu, ayant vu Christ, la lumière de la vie ; et cette lumière de la vie n’est pas seulement un petit rayon bientôt disparu ; c’est une lumière parfaite et constante. La vraie lumière luit déjà (2:8), et où luit-elle ? Sur le chrétien, au fond de son cœur. L’apôtre Paul ajoute même « la lumière de la gloire » parce qu’il était occupé de Christ en haut ; mais ici c’est plutôt la lumière de la vie en Christ, la vraie lumière de la nature divine. C’est pourquoi, quand donc nous sommes convertis, et que nous nous reposons sur la rédemption, où sommes-nous amenés ? Non pas déjà dans le ciel, mais à Dieu (1 Pierre 3:18). Et Dieu est-Il ténèbres ? « Dieu est lumière, et en Lui il n’y a point de ténèbres ». Voilà où nous marchons.
Les gens
confondent marcher dans
la lumière avec marcher selon
la
lumière ; or c’est tout autre chose. Car si vous dites « nous
marchons selon la lumière », cela se rapporte à la conduite
pratique ; mais si on dit « nous marchons dans la lumière »,
c’est là où nous sommes amenés par notre Seigneur Jésus Christ : à
Dieu ; et nous y marchons désormais jusqu’au moment où nous serons avec
Lui là où cette lumière ne rencontre absolument plus aucun obstacle. Ici nous
sommes environnés de toutes sortes d’obstacles, d’entraves, et de dangers de la
chair, du monde et du diable. Pourtant, nous marchons déjà par la foi dans la
lumière de la présence de Dieu.
L’Ennemi a ce qu’on peut appeler une rancune personnelle contre le Fils, le Seigneur Jésus, en particulier. Dès l’origine aussi, Satan a eu une rancune contre l’homme, alors que Dieu avait des sentiments de tendresse et de compassion à son égard. Or ce n’était pas étonnant, car c’était le propos de la Déité, que le Fils devînt Homme. Mais en outre, l’homme tout simplement, était un sujet d’intérêt pour Dieu. C’était une créature qui n’était que poussière avant que Dieu lui souffle dans les narines la respiration de vie — ce qu’Il n’a fait que pour l’homme, et pour aucune autre créature sur la terre. Aucune créature, hormis le chef [tête] terrestre, n’a reçu le souffle de Dieu de cette manière directe. Les autres créatures ont commencé à vivre sans rien de la sorte, et en conséquence elles périssent dans la mort. Mais il n’en est pas ainsi pour l’homme ; en mourant il retourne certainement à la poussière, mais qu’advient-il du souffle de Dieu ? C’est là la base de l’immortalité de l’âme. On ne parle pas, par là, de la nouvelle vie des croyants, mais des âmes des hommes. Si quelqu’un nie l’immortalité de l’âme, n’est-il pas au niveau des incrédules (et cela va loin), parce qu’il fait de l’âme de l’homme rien de plus que de celle du chien ? Y a-t-il pire affront et pire incrédulité en face de ce que Dieu a fait à l’homme et pour l’homme ? Aucun animal n’a été fait à l’image de Dieu, ni selon Sa ressemblance. Mésestimer pareillement et sans honte Dieu et Sa parole, c’est d’autant plus de l’incrédulité et de l’ingratitude que Dieu a été si bon envers l’homme, et a mis un honneur aussi remarquable sur toute la race, en traitant ainsi son chef. L’homme est fait pour dominer. Même aux anges, il n’est pas accordé une pareille position ; ils sont tous des serviteurs. Aucun ange ne portera jamais de couronne, ni ne sera jamais assis sur un trône, malgré tous les rêves de poètes et de théologiens ; par contre, ceux qui croient auront bien une telle place, il n’y a pas de doute. Les saints doivent régner avec Christ.
Il y a ainsi ce qui est extrêmement important justement dans la création de l’homme ; l’œuvre de Satan est de ramener l’homme à une simple créature en rapport avec les choses présentes, fermant ainsi ses yeux à tout ce qui est à venir, et niant par là la parole de Dieu et Son jugement. De nos jours il y a beaucoup de degrés dans l’incrédulité, sans aucun doute ; mais on peut considérer que le premier degré c’est de nier que l’Écriture est la Parole de Dieu, voire de rejeter Son témoignage rendu à Christ dans la prédication de l’évangile ; cela rabaisse l’âme immortelle de l’homme à l’état de celle d’une bête, effaçant enfer et ciel. Il en est ainsi tout au travers de tous les nuages de l’incrédulité, qui vont en s’assombrissant toujours plus. Mais il y a là aussi, et toujours, un danger de présomption, car la chair veut abuser de tout. La chair s’efforce par dessus tout de pervertir la grâce, et elle aime à le faire à moins que la nouvelle nature soit là. Et même là où il y a cette nature, le croyant n’est préservé que par la dépendance de Dieu dans la foi en l’œuvre de Christ.
D’un autre côté Dieu est actif. Si la lumière est la nature morale de Dieu, l’amour est l’énergie de la nature de Dieu s’extériorisant en bonté, et opérant avec l’affection et les égards les plus profonds. En parlant de manière abstraite, ce n’est le cas qu’avec l’amour. Sans doute il est facile d’abuser de l’amour ; et nous en abuserions non pas seulement occasionnellement, mais nous continuerions de mal en pis si Dieu en Christ n’était n’est pas seulement vie et lumière, mais aussi amour. Oui, le Sauveur est mort en amour pour nous, et a versé Son sang pour nous rendre plus blanc que la neige aux yeux de Dieu, comme Il est l’Avocat que nous avons auprès du Père, qui est saint et juste.
Notez que l’apôtre cesse de poursuivre le sujet de la nature de Dieu, comme dans la dernière partie du ch. 1. Nous revenons à Son caractère de Père, le nom de grâce de relation avec le chrétien. Car la grâce montrée au chrétien est la grâce la plus élevée que Dieu ait jamais montré ou montrera jamais. Sa Parole est maintenant complète. Dieu ne donne plus d’autre révélation, et l’homme n’a pas à en avoir d’autre. Non seulement Dieu a fait ressortir Sa dernière parole, la plus profonde, en Christ Son Fils, mais aussi le Saint Esprit est ici maintenant pour nous fournir une puissance dans le temps présent. Nous n’avons pas à aller à Jérusalem ou à Samarie, à Rome ou à Canterbury, ou n’importe où ailleurs pour connaître la Parole de Dieu et sa signification. Comme les Écritures sont la seule norme de vérité, ainsi le Saint Esprit demeure dans chaque chrétien justement dans ce but — de le guider dans toute la vérité (Jean 16:13).
Mais cela suppose aussi une condition d’âme convenable. La condition élevée et bénie considérée au début du ch. 1 est la communion. Or la communion chrétienne, c’est partager les pensées et les affections du Père, Son œuvre, Ses propos, quelle qu’en soit l’étendue, et tels qu’ils sont concentrés dans l’objet de la foi placé devant nous. On les trouve tous dans la Parole comme personne et dans la Parole écrite, et ils sont là pour nous pour les saisir. Nous apprenons ainsi que ce que Dieu a fait pour nous en Christ était ce qu’Il avait dans Son cœur avant que rien ne fût créé, et ceci était tel que cela a été révélé dans Son propre Fils, et appliqué comme seul le Saint Esprit pouvait le faire. Nous avons le mieux de ce que Dieu pouvait nous donner, Son propre délice éternel dans Son Fils, et ce délice nous a maintenant été communiqué. Car quand Il dit « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé en qui J’ai trouvé Mon plaisir », n’est-ce pas beaucoup plus merveilleux que de dire « en qui je dois trouver Mon plaisir » ? Nous ressentons bien que cette dernière affirmation aurait déjà été une grande faveur, mais dans ce passage-là Il partage avec nous le principal sujet de joie de Son cœur. Car le plaisir de Dieu se concentre sur le Seigneur Jésus, et d’autant plus parce que le Fils est né de femme, parce qu’Il a daigné devenir homme, — chose aussi nécessaire pour notre bénédiction que celle d’avoir toujours été Dieu. Il aurait pu n’y avoir aucun lien avec l’homme sinon par l’incarnation de Dieu le Fils. Et n’est-ce pas tout, pour la gloire de Dieu ?
Le Seigneur
Jésus n’est donc pas simplement venu pour mourir. Certes qu’Il soit venu
mourir, c’est ce qui nous
introduit dans une condition supérieure à
toutes les infirmités issues de nos péchés, et à toutes les conséquences de
notre nature déchue. Cependant, jouir de Dieu comme Il est, avoir communion
avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ, est notoirement mis de côté presque
totalement par les chrétiens modernes ; or n’est-ce pas le meilleur de ce
que nous avons ? N’est-ce pas ce qui fait défaut aux croyants ? Ils
pensent qu’il est bien suffisant d’être sauvés, ou même d’avoir une petite
espérance de l’être à la fin. C’est là que le Calvinisme est si incurablement
dur et égoïste. « Si je suis sauvé, c’est la grande affaire. Être élu ou
pas, c’est la première des questions à régler ». Tous les cercles sont
concentriques autour du moi. La première question avec Dieu, c’est que je dois
croire au Seigneur Jésus. Alors le cœur peut se porter ailleurs pleinement,
naturellement vers le Père et le Fils dans la puissance de l’Esprit, et non
seulement vers tous les saints, mais vers tous les pécheurs, afin qu’eux aussi
puissent croire et être sauvés.
Non, la première question n’est pas ma sécurité. Aussi béni que ce soit d’être sauvé, ma sécurité n’est pourtant qu’une petite partie de ce qu’est le christianisme réellement, et une partie encore moindre de la gloire divine. Sans aucun doute, il est essentiel pour le croyant de commencer par là quand il reçoit Christ ; et ce commencement suffit à montrer qu’il ne mérite en rien aucune bénédiction ; Dieu la lui donne gratuitement et pleinement. Mais peut-il y avoir une joie plus élevée que de jouir de Son propre amour, et de Son délice dans le Fils de Son amour ? Qu’y a-t-il de plus grand au ciel ? Certes il y aura l’absence de tout mal et la présence de la gloire, mais rien au ciel ne surpasse la communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. N’est-ce pas incompréhensible qu’un chrétien puisse aller jusqu’à écrire que nous n’aurons aucune communion dans le ciel ? Bien sûr, en écrivant cela l’auteur ne visait pas la communion « ecclésiastique », car ce serait pure idiotie que de parler d’une telle chose dans le ciel, aussi précieux que cela soit sur la terre. Il voulait bien dire ce qu’il disait : « aucune communion » ; nous vous laissons le soin de peser ces propos. Ce qui est merveilleux, c’est que la communion avec le Père et le Fils nous soit déjà donnée sur la terre ; or que nous soyons rendus capables d’en jouir par l’Esprit, ce n’est là encore qu’une des grâces suprêmes de Dieu.
Mais aussi bénie que soit la communion du Père et du Fils, elle est facilement interrompue ; une seule pensée ou parole folle suffit à l’interrompre. Car comment le Père et le Fils pourraient-ils avoir communion avec le péché ? Nous avons ensuite besoin d’une restauration. C’est pour cette raison qu’il est rajouté ce complément plein de grâce : « Mes chers (*) enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas » (2:1). Il n’y avait pas à craindre qu’ils soient perdus. Sur ce point, le Calviniste, aussi dur et borné qu’il soit, a parfaitement raison. La vie éternelle signifie la vie éternelle, et rien moins que cela ; mais cela signifie aussi beaucoup plus que ce qu’on entend communément en juxtaposant ces deux mots. Ils comprennent beaucoup plus que ce que beaucoup de saints et de martyrs ont tiré de ces deux mots de Dieu, tant en étendue qu’en profondeur. À y regarder superficiellement, ce n’est pas une question de simple sécurité. Nous savons tous que bien des chrétiens vivants pensent que c’est même moins que la sécurité, et c’est bien dommage pour eux. Mais y a-t-il quelque chose de trop insensé pour avoir du crédit parmi les chrétiens, même si c’est contraire à la Parole de Dieu, hormis la vérité fondamentale de Christ Lui-même ? Dieu surveille sur ce point le cœur, les pensées et la langue de Ses enfants. Il était ici nécessaire qu’on n’abuse pas de Sa grâce incomparable, et qu’on ne fasse pas peu cas de Son adorable personne.
(*) note Bibliquest : WK traduit « Mes chers enfants » là où JND traduit « Mes enfants ».
La communion avec le Père et avec Son Fils, basée sur la vie éternelle en Christ, nous rend propre pour la lumière, nous rendant capable de marcher dans la lumière ; et Dieu dans Sa grâce nous confère non seulement l’intelligence mais la paix, et nous remplit aussi de joie. Pensez-vous que la plupart des enfants de Dieu croient vraiment que c’est ce à quoi ils ont droit maintenant, et que ce sont les pensées de leur Père à leur égard ? Est-ce que leur christianisme pratique en approche, ne serait-ce qu’un peu ? Une « joie accomplie » (*) ! Or on ne trouve pas cela seulement ici ; la même chose est vraie selon l’expérience et le témoignage de Paul.
(*) note Bibliquest : WK traduit « une plénitude de joie »
Voyez l’épître de l’expérience, celle écrite aux Philippiens. Aucune autre n’a une joie aussi débordante de toute part. À la fois l’apôtre avait cette joie dans Son cœur, et il s’attendait à ce qu’elle se trouve dans le cœur de ces saints qui lui étaient si chers, et à qui il était si cher. En effet, il avait fait l’œuvre à Philippes, si on peut dire, dans une prison à minuit, objet de lourds abus des hommes ; les souffrances et la honte lui avaient été infligées, à lui et à Silas. Nulle part l’œuvre de l’évangile n’a commencé de manière si manifeste avec des chants de triomphe montant vers Dieu au milieu de la douleur. Et Dieu l’entendit, pas seulement les prisonniers comme il nous est dit, mais Dieu l’entendit, et répondit par un tremblement de terre, dont on peut bien présumer sans se tromper, qu’il n’avait pas eu de pareil nulle part ailleurs depuis la création du monde. Les effets qui s’ensuivirent furent entièrement inédits. Leurs liens se détachèrent, sans pour autant qu’aucun prisonnier ne s’enfuie, ni qu’une vie soit perdue, et même sans blessures. Quant au geôlier, il fut réveillé, non seulement pour découvrir que tous ceux dont il avait la charge étaient épargnés, mais pour avoir les yeux ouverts sur quelque chose d’incomparablement meilleur : le Sauveur et Son salut en grâce souveraine. C’était évidemment un homme rude, dur, téméraire, comme tous les geôliers le sont naturellement, et en ce temps-là sans aucun doute. Mais dans cette circonstance, il devint un puissant trophée de la grâce divine, et un témoin de la réponse de Dieu, non pas tant en répression des abus d’autorité, mais à la foi patiente de Ses serviteurs qui chantaient Ses louanges dans la prison. Désormais, leurs chants de joie montaient vers Dieu de manière agréable, et leurs nombreuses blessures les rendaient d’autant plus exquis. Certes dans les circonstances ordinaires, et au milieu de la jouissance paisible de la grâce et de la vérité divine, des chants devraient les accompagner en tout temps en esprit. Cela ne veut pas dire que tous les chrétiens devraient chanter tout le temps, mais la louange devrait en tout temps monter des cœurs ; et c’est ce qui aurait certainement lieu si les saint avaient le christianisme qui avait été communiqué une fois pour toutes à leur foi, et s’ils en jouissaient en esprit, se séparant des blocages obscurcissants de l’incrédulité.
Nos versets
s’ouvrent sur l’appel touchant fait à la confiance d’amour de ceux qui sont
appelés à de nombreuses reprises « mes chers enfants ». Jusqu’ici, il
s’était abstenu de toute parole affectueuse, mais maintenant il en exprime.
« Je vous écris ces choses ». Il cesse aussi de se servir de cette
forme appropriée à un témoignage en commun, « nous
vous
écrivons » ; mais son discours devient ici tout à fait personnel. Il
écrivait à chacun, et à tous, selon que Dieu le conduisait lui personnellement.
Certainement, il était tout autant inspiré pour dire « nous vous
écrivons » au ch. 1 que pour dire « je vous écris » au ch.
2 ; mais au ch. 1, c’était ce que des témoins choisis témoignaient par la
grâce divine, et ce dont tous les saints étaient censés jouir pleinement. S’ils
pouvaient Lui parler en chantant à minuit, c’est sûr qu’ils chantaient aussi
leurs cantiques spirituels en plein jour à midi.
Mais ici, un avertissement sérieux est lancé : « Je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ». Qui s’étonnerait de ce passage à un appel personnel, bien nécessaire ? Pourquoi ? Le péché a des effets en profondeur, spécialement si celui qui compromet Dieu est un saint qui Lui appartient. Si nous connaissons l’évangile, nous devons croire que la vie éternelle s’étend jusqu’à ce que le temps ne soit plus, et que le chrétien a maintenant la vie éternelle, la vie de Christ qui lui est maintenant communiquée, tout comme il a aussi la rédemption éternelle de Christ (Héb. 9:12), non pas une rédemption temporelle comme celle que Moïse a procurée en sortant d’Égypte. Comme nos autres privilèges chrétiens, la rédemption éternelle nous appartient. En 1 Jean 2:1, il n’est pas question que germe une crainte pareille à celle des Israélites. En tant que vivants avec la vie et le caractère de Christ, il nous est fait ressentir, par grâce, ce qui rabaisse le nom de Christ et attriste le Saint Esprit de Dieu pour lequel nous avons été scellé pour le jour de notre rédemption (Éph. 4:30). Nous allons plus loin ici : « le Père » comme tel est cité. Car nous ne sommes pas simplement participants de la nature divine, mais nous sommes dans la relation d’enfants avec le Père.
Si vous pensez à un pauvre orphelin qui n’a jamais connu son père ou sa mère de leur vivant, et qui voit douloureusement l’absence du lien par lequel d’autres sont liés ensemble, vous aurez une meilleure appréciation du grand vide qui doit être éprouvé ici. Ici, nous sommes empêchés d’avoir de tels sentiments. Non seulement nous avons une nature divine donnée par grâce et qui demeure malgré toutes les tensions et les difficultés ; mais notre titre d’enfants demeure valable parce que nous avons reçu Christ pour être les enfants de Son Père et notre Père. Or qu’est-ce que le péché à Ses yeux ? Rien moins qu’une atteinte portée directement à la nature de Dieu. La proximité de notre relation ne fait qu’aggraver l’offense faite à Dieu. Il s’agit de quelqu’un agissant de sa propre volonté, contre la volonté de Dieu, car tel est le vrai caractère du péché ; ce n’est pas une transgression de la loi comme le traduit à tort la version autorisée du Roi Jacques en 1 Jean 3:4. Les théologiens lui ont fait dire à tort la même chose, parce qu’ils ont tous plus ou moins tendance à sombrer sous la loi. Ce que l’apôtre écrit en réalité dans ce passage (3:4), c’est que le péché est l’iniquité [une marche sans loi, sans règle]. C’est à la fois plus vaste et plus profond qu’une violation de la loi. Quelqu’un qui viole la loi, peut être un Juif négligent ou ayant subi une provocation, sans qu’il ait réalisé l’autorité de Dieu qui s’y rattache ; mais quant à l’iniquité [une marche sans loi, sans règle], son caractère est terrible. C’est pourquoi les Gentils qui ne connaissent pas la loi, ont typiquement ce genre de culpabilité, en sorte que le terme « sans loi » sert à les décrire. Or c’est la définition du péché révélée au chrétien : « le péché est l’iniquité » [une marche sans loi, sans frein]. La transgression de la loi est du péché, mais la réciproque n’est pas vraie ; car le péché a une portée bien plus vaste ; c’est l’iniquité, une marche sans règle, la propre volonté débridée.
C’est pourquoi ici, après tout ce développement de la communion divine et de la nature divine, l’apôtre écrit à ses chers enfants avec une affection grave, afin qu’ils ne pèchent pas. Si je pèche, au lieu que ce soit l’exercice de la vie éternelle, c’est un affront des plus profonds à l’amour du Père et du Fils, une violation de la nature morale de Dieu Lui-même. Ce n’est pas une simple infraction à la loi donnée par Moïse à Israël, même si celle-ci est très importante en elle-même, et d’une grande valeur pour tous ceux qui la connaissent. Le commandement est saint, juste et bon ; mais nous, même si nous avions été des chrétiens Juifs, nous sommes morts avec Christ à la loi, et nous sommes introduits dans une toute autre position ; car nous sommes sous la grâce, et non pas sous la loi. Telle est la position révélée au croyant depuis que notre Seigneur est mort et a été ressuscité. C’est pourquoi, comme Satan est toujours sur le qui-vive pour piéger le chrétien, et jeter du déshonneur sur son Seigneur, nous lisons : « Je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ». Cela fait bien peu de mots, mais ils sont si solennels ! et la simplicité et la tendresse avec lesquelles ils sont introduits rajoute à leur poids. « Et si quelqu’un a péché ». L’usage de « on » à la place de « quelqu’un » donnerait une idée de généralité de l’affirmation qui n’est pas du tout en vue ici : le mot « on » ne s’y trouve pas du tout. « Si quelqu’un », autrement dit si un saint quelconque, si n’importe quelle personne ayant cette relation et cette nature divine pèche.
Il est supposé qu’il ne s’agit que d’un acte de péché. Il n’est jamais envisagé qu’un chrétien vive délibérément dans le péché. L’Écriture ne fournit ni raison ni excuse à un tel laxisme. Il peut germer dans certains esprits la théorie vicieuse selon laquelle la présence du péché en nous est niée, mais nous avons vu la sentence qui déclare que c’est se séduire soi-même. La vérité ne se trouve pas chez ceux qui bâtissent de pareilles théories. Mais nier avoir péché va beaucoup plus loin, et cela manifeste une conscience cautérisée, et une absence totale de la lumière divine qui met au jour une vie faite entièrement de propre volonté. Est-il possible d’avoir des idées encore plus opposées à la Parole de Dieu à notre sujet ? « Si quelqu’un a péché, nous avons un Avocat ». Ce dernier membre de phrase n’est-il pas une expression singulièrement belle d’une vérité bien consolante ? Il n’est pas dit « il a un Avocat », mais « nous » avons. Ce n’est pas non plus une promesse, si belle soit-elle, de restreindre le service d’Avocat de Christ à l’annulation de la douleur et de la honte issues du péché du croyant.
« Avocat » est un mot de portée beaucoup plus générale que simplement s’occuper d’un acte particulier de péché, même si c’est le point soulevé ici. Or le déshonneur fait à Dieu et dont doit s’occuper l’Avocat est d’autant plus grand qu’il s’agit d’un chrétien. Porter le péché et les péchés, qu’est-ce que cela n’a-t-il pas coûté à Christ ? C’est quand Il a été « fait péché » qu’Il est descendu dans toutes les profondeurs du jugement de Dieu enduré de Sa main, afin que nous n’ayons pas à l’endurer.
« Si
quelqu’un a péché, nous
avons un Avocat » — le « nous »
désigne l’ensemble des chrétiens, tous ceux qui sont des objets de la grâce
divine. C’est en haut qu’Il est pour faire face à ce besoin. Comme Il est
toujours pour nous là-haut, ainsi aussi nous L’avons toujours pour nous. De
même que nous avons la rédemption par Son sang, la rémission des péchés, la vie
éternelle en Lui, ainsi pareillement nous L’avons comme Avocat auprès du Père.
C’est une ressource merveilleuse de grâce. Ce mot « Avocat » est le
même mot (« παρακλετος »)
que celui utilisé par l’apôtre Jean dans son évangile pour désigner le Saint
Esprit, et qui est traduit un peu moins bien par « Consolateur ». Si
c’était le mot à utiliser, il faudrait qu’il y ait en grec « παρακλητωρ »
comme en Job 16:2 dans la version des Septante. Tandis que la formation même du
mot παρακλητος, et par-dessus
tout son sens tel qu’on peut le déduire de l’usage qu’en fait l’Écriture
signifie plutôt quelqu’un qui est appelé en notre faveur et qui peut
parfaitement faire pour nous ce que nous sommes incapables de faire, et ce que
nous ne pouvons qu’être incapables de faire. Cela suffit à montrer que nous devons pas mettre des limites étroites au sens de ce
mot, ni nous imaginer que le seul travail de l’Avocat soit de s’occuper du péché ;
Il est aussi notre Consolateur et veille à tout ce qui nous manque.
Il est évident que la consolation serait un manière bien étrange et imparfaite de s’occuper du péché d’un chrétien, même si c’est le résultat en grâce. Certes ce serait un moyen humain, et une manière d’agir appréciée de la chair, autrement dit : « parle le moins possible du péché : épargne les sentiments de notre pauvre frère défaillant, qui n’y peut rien ». Une âme droite désire au contraire que la plaie soit vue de près ; elle prie pour que le mal insidieux soit entièrement passé au crible jusqu’au bout, et elle se juge elle-même devant Dieu pour avoir cédé à un mal si indigne du Père et du Fils, et tellement attristant pour le Saint Esprit. Néanmoins, avant qu’on cède au mal, et pour qu’il soit tiré le meilleur profit d’une circonstance si triste, nous avons un Avocat auprès du « Père », Jésus Christ le juste. Ce n’est pas auprès de Dieu en Sa qualité de « Dieu ». Ce terme aurait été correct si l’on avait perdu sa place de chrétien ; mais aussi déplorable que soit le péché, nous ne perdons pas la relation de grâce. Nous avons le droit de la retenir comme nous appartenant. En effet, s’il y a un moment où il faut plus que jamais nous souvenir de notre position comme chrétien, c’est bien quand nous sommes tombés dans le péché par notre propre folie. Quoi d’autre pourrait nous rendre profondément honteux de nous-même sans sombrer dans le désespoir ? Après avoir bénéficié de la miséricorde et de la bénédiction incomparables de Dieu, qu’il est accablant d’avoir transigé avec l’iniquité, et d’être coupable d’oublier tout à la fois l’amour, la nature sainte de notre Père, et le péché que nous avons encore toléré chez le vieil homme !
Le péché qui demeure en nous n’est-il pas comme une bête sauvage, qu’il faut garder sous clef et enchaîner pour qu’elle ne s’échappe pas ? C’est en effet un ennemi mortel, et pourtant nous avons le droit de le tenir dans la mort, la seule mort qui soit efficace, la mort de Christ et notre mort avec Lui. C’est pourquoi, ce qui expose à chuter est un manque, à la fois de vigilance quant à nous-mêmes, et de foi en Lui, — un exercice de foi, personnel et présent, quant à ce que Christ a fait pour nous à la croix. Car à la croix, ce ne sont pas simplement les péchés qui ont été ôtés, mais le péché dans la chair a été condamné — sous forme de sacrifice — en Lui qui était entièrement saint. Dieu l’a condamné là, et sa fin pour nous par grâce est qu’il soit condamné, non pas pardonné. Les péchés ont besoin d’être pardonnés, mais le péché, Dieu l’a condamné en Christ fait péché. La sentence a été exécutée sur le péché en Christ crucifié, afin que nous soyons rendus libres en Lui. C’est ce dont nous avions besoin et qui nous a été accordé par grâce (Rom. 8:3). C’est pourquoi nous avons besoin d’être constamment en éveil, pour avoir la puissance de condamner la chair quand elle se montre ou qu’elle opère consciemment à l’intérieur sans que les autres la voient.
Mais voilà
qu’un péché a été commis. Un saint, un enfant de Dieu, moi-même, vous ou un
autre, a péché ; que se passe-t-il alors ? La nature du péché est
d’aller de mal en pis, et d’opérer en s’acheminant vers une impiété plus
grande ; et c’est inévitable, si nous n’avions pas un Avocat tel que le
nôtre. L’Avocat travaille, et le résultat de Son travail est de nous amener à
sentir et à juger le péché avec humiliation devant notre Dieu et Père. Beaucoup
peuvent s’étonner qu’il ne soit pas dit « si quelqu’un se repent
,
nous avons un Avocat », mais « si quelqu’un a péché
, nous
avons un Avocat ». La première expression serait évidemment celle du
légalisme dans son incrédulité vis-à-vis de la grâce. Car cela ne paraît-il pas
correct de dire « si quelqu’un se repent, nous avons un
Avocat » ? Or il est bien dit « si quelqu’un a péché… ».
Bien sûr, Dieu hait le péché d’une haine infinie ; mais Il aime le saint,
et comme Père, Il aime Son enfant d’un amour qui surmonte toutes les
difficultés. En outre, Son but est d’introduire ce saint dans Ses propres
pensées, Sa propre haine de ce péché même. Nous avons donc un Avocat, et pas
seulement auprès de « Dieu », comme si on avait tout perdu par le
péché et qu’il fallait tout recommencer à nouveau. Non ; mais j’ai fait
honte à Sa grâce et à Sa vérité, et Il m’amène à le condamner et à me juger en
conséquence. Or qui est Celui qui opère en vue d’un tel résultat de
grâce ? C’est l’Avocat qui est en haut. Il opère en nous par le moyen d’un
autre Avocat qui est ici-bas, le Saint Esprit.
On comprend pourquoi on a été jusqu’à affirmer que la traduction correcte en français du mot « παρακλητος » est « Avocat », et qu’il est autant nécessaire d’utiliser ce terme dans l’Évangile pour désigner le Saint Esprit, qu’ici dans cette épître pour désigner le Seigneur Jésus auprès du Père en haut. Le terme « Avocat » est censé englober tout ce que nous ne pouvons pas faire nous-mêmes, même dans le cas extrême d’un péché. Ce mot correspond à celui de « patron » chez les Romains d’autrefois (c’est l’image qui a été souvent utilisée, pour autant qu’une pauvre illustration terrestre puisse en fournir une), lorsqu’ils n’étaient pas encore égoïstes, adonnés au luxe et corrompus, comme ils le devinrent ultérieurement, — mais à l’époque où il y avait chez eux en tout cas un sens moral fort pour un peuple païen. Les clients pouvaient regarder vers leurs chefs, les différents membres de la famille, ou « clan » comme on dit en Écosse. Le « clan » pouvait réclamer l’aide du « Patron », et celui-ci, par le fait même qu’il était leur chef, était tenu à s’intéresser personnellement et activement à tous ceux du clan qui avaient besoin de son aide. En tout cas, telle était la théorie, car il ne faut pas s’attendre à une mise en pratique complète, ce qui est tout autre chose pour l’homme dans ce monde. Mais telle était l’idée qu’il y a derrière cette fonction d’avocat. Et maintenant, ce qui était une idée grandement déficiente parmi les hommes, le chrétien en trouve la réalisation parfaite dans le Seigneur Jésus.
Cette réalisation parfaite n’est pas seulement le propre de l’Avocat auprès du Père, mais aussi du Saint Esprit venu d’auprès du Père et du Fils pour être Avocat parmi nous. Une partie de Son action est de poursuivre l’intercession pour les saints selon Dieu. Ce n’est pas exactement de la même manière, mais il y a intercession permanente de l’Esprit selon Rom. 8:26-27, tout autant que de Christ en haut (Rom. 8:34). La double fonction divine d’avocat couvre effectivement tous nos besoins. Partout où il y a une difficulté, une épreuve, une douleur, l’Esprit ne fait jamais défaut. Partout où nous sommes faibles ou ignorant, l’Esprit vient à notre secours, opérant d’une manière ou d’une autre, pas toujours directement sur nous-mêmes, mais par le moyen d’autrui. N’est-ce pas une manière des plus heureuses ? Loin de nous d’être indépendants l’un de l’autre. En tant que membres du seul corps de Christ, nous sommes aussi maintenant constitués dans la puissance de l’Esprit membres l’un de l’autre. Et c’est la volonté de Dieu que nous mettions cela en pratique ici-bas, mais comment le faisons-nous ? Au moins, nous savons que l’Avocat en haut ne manque jamais, pas plus que l’Avocat ici-bas ; et ainsi, dans la merveilleuse grâce de Dieu, nous sommes doublement encouragés et pris en charge, pour que nous restions fidèles, même si c’est dans la faiblesse. Ces deux ressources sont exposées, l’une dans l’évangile de Jean, l’autre dans cette épître, du même apôtre. Combien nous sommes doublement redevables à Dieu d’un tel soutien !
L’apôtre Paul n’a pas pourvu à tout, quoiqu’il n’y ait jamais eu un plus grand administrateur des mystères de Dieu, ni un ouvrier plus puissant dans l’évangile et dans l’église, parmi ceux qui ont travaillé, vécu et souffert pour le nom de notre Seigneur Jésus. L’apôtre Jean a eu une place que personne ne pouvait tenir sauf lui, et il a été inspiré par l’Esprit Saint pour cela. Ce n’est pas étonnant, car ce n’est pas pour rien qu’il était dans le sein du Seigneur. Il y avait des raisons et des motifs pour qu’il jouisse d’un privilège si béni ; et nous récoltons la bénédiction par le moyen du disciple que Jésus aimait, ainsi formé et façonné par la grâce divine pour l’œuvre qu’il lui a été donné de faire tant d’années après, dans les circonstances extrêmement angoissantes qu’a alors connu l’église de Dieu. Quelle est la situation aujourd’hui ? Les sujets de détresses ne se sont-ils pas accrus, approfondis et multipliés depuis ? Pourtant l’Avocat demeure en haut, et l’autre Avocat demeure en nous et avec nous. Croyons-nous à tous les deux, simplement, vraiment et complètement ?
Il est important de voir la différence entre le service d’Avocat et la sacrificature du Seigneur. Jean ne nous présente jamais le Seigneur comme sacrificateur, au moins maintenant pour les chrétiens. L’Avocat a un caractère plus intime, et de beaucoup. Le sacrificateur a une place absolument nécessaire, qui a été particulièrement manifestée là où il y en avait le plus besoin, aux chrétiens Hébreux, dont beaucoup, sinon tous, soupiraient ardemment après la sacrificature et les cérémonies d’autrefois. La vérité dont ils avaient besoin leur fut enseignée par l’apôtre Paul, c’est assez singulier à dire. Il n’était pas leur apôtre, et son épître est écrite sous forme d’un enseignement susceptible d’avoir du poids auprès des Hébreux, plutôt que d’être revêtu de l’autorité apostolique. Il s’efface sans donner son nom, et s’appuie de toutes manières sur des passages tirés de l’Ancien Testament avec une habileté sans pareille. Mais cette habileté lui était donnée à dessein par le Saint Esprit. Sans aucun doute il était aussi un vase approprié pour cette œuvre de Jésus, le grand sacrificateur en haut ; comme Jean l’était pour cette autre tâche que nous avons considéré — la forme plus intime du service d’Avocat.
On peut voir clairement ce qui est si utile pour différencier ces deux épîtres, l’épître aux Hébreux et l’épître de Jean dont nous nous occupons ; car la différence ne réside pas simplement dans un point particulier, mais chacune a comme une ligne distincte de vérités qui court tout au long de l’épître. L’épître aux Hébreux traite de la manière de s’approcher de Dieu, d’avoir accès à Son sanctuaire. Il ne s’agit pas de relation avec le Père. Au chapitre 12, il est bien fait référence à Dieu parlant à Ses saints comme à des fils, et à la discipline paternelle du Père des esprits qui est réservée à ceux qui sont vraiment des fils. Mais le caractère tout du long de l’épître est de parler de « Dieu » en rapport avec les saints ; c’est pourquoi la question est de savoir comment nous approcher de Dieu dans les lieux saints, étant donné ce que nous sommes. C’est pour la même raison que le sacrifice de Christ nous y est déployé de manière frappante, dans sa parfaite efficacité. Il est montré avec un aspect souligné particulièrement, en contraste constant avec Israël — « une seule offrande » accomplie une fois pour toutes ; car il est pris le plus grand soin pour y graver ce caractère d’unicité, et pour exclure toute idée d’application renouvelée du sang. Pourquoi fallait-il qu’il en soit ainsi ? Parce que le sang de Christ a un caractère qu’aucun autre sang ne possédait ni ne pourrait posséder. Il fait son œuvre parfaitement, et par conséquent une fois pour toutes. Or cette vérité est justement celle pour laquelle on aurait de la peine aujourd’hui à trouver, où que ce soit, des gens qui la croient complètement et sans restriction.
Il existe bien différentes formes de gouvernement de l’église, et différentes nuances de doctrines, mais elles sont toutes d’accord, y compris parmi les évangéliques, pour soutenir la répétition du recours au sang de Christ, ou au moins de l’application de ce sang. Dans le fond, c’est être comme les Juifs, et cela revient ainsi à une remise en vigueur du judaïsme après qu’il ait été chassé, spécialement par l’apôtre Paul. On ne trouve aucune trace de cette répétition dans les épîtres aux Thessaloniciens, aux Corinthiens, aux Romains, aux Galates, aux Éphésiens, aux Colossiens ou aux Philippiens. Devant les Juifs croyants, les Hébreux, l’apôtre Paul en exclut l’idée péremptoirement. Comme le dit Héb. 9:26, s’il en avait été ainsi, Christ aurait dû souffrir plusieurs fois. Or Il a été offert une fois pour toutes, non pas plusieurs fois. C’est là que se manifeste non seulement l’erreur, mais la folie de la messe romaine. On dit ouvertement que c’est un sacrifice non sanglant, et un sacrifice répété continuellement et quotidiennement pour la rémission des péchés. C’est un sacrement qui déclare que le sang de Christ a failli, et qu’offrir la messe est une nécessité pour qu’il y ait rémission. Mais ce n’est qu’une imposture, une invention du genre le plus grossier, la plus prétentieuse pour un prêtre [= sacrificateur] sur la terre, et la plus déshonorante pour le Seigneur Jésus, tant ici-bas qu’au ciel. Mais même les protestants fervents, ne sont-ils pas tous enveloppés du brouillard selon lequel il faudrait périodiquement avoir toujours un nouveau recours au sang ?
Voulez-vous que je vous dise comment cette erreur a germé, et à quoi elle est liée systématiquement ? C’est parce qu’on a l’habitude de laisser de côté le lavage d’eau par la Parole. Les gens ne voient pas cette vérité, sauf pour l’appliquer au baptême. Mais l’Écriture l’applique à ce qui est le besoin permanent du saint, une fois qu’il s’est reposé par la foi sur le sang de Christ. Ce lavage d’eau prend deux formes dans l’Écriture. Il y a le lavage de la régénération quand nous nous reposons sur le sang de Christ, ou à peu près en même temps. Ce lavage aussi ne se répète jamais. Il n’existe pas de re-régénération. Il n’y a pas plus de répétition de la régénération que du sacrifice de Christ. Elle n’a lieu, et ne peut avoir lieu, qu’une fois. De la même manière, le sang de Christ demeure en gardant toujours toute son efficacité auprès de Dieu et pour nous ; si ce n’était le cas, nous serions perdus ; Christ ne peut pas mourir une nouvelle fois pour nous. Mais après s’être reposés sur la mort de Christ pour nous, les gens supposent que son efficacité est interrompue par le péché, et qu’il faut une nouvelle application du sang pour nous purifier. Si c’était le cas, où le trouvons-nous ? Il est mort une fois pour toutes, et la valeur de Son sang demeure pour toujours, et même sans interruption, autrement dit « à perpétuité » (εις το διηνεκες). Mais il y a aussi continuellement le lavage d’eau par la Parole, partout où il y en a besoin.
La nécessité d’une purification habituelle, pour nous, ressort de manière très frappante, non pas dans les Hébreux, ni dans les évangiles en général, mais dans l’évangile de Jean seulement. Notre Seigneur prit le bassin, l’eau et le linge pour laver les pieds de Ses disciples, montrant par ce symbole ce qu’Il fait maintenant dans les cieux chaque fois que nos pieds contractent de la souillure ici-bas, — c’est l’explication que le Seigneur leur donne après le lavage des pieds, pour qu’ils le comprennent. C’est pour faire face aux souillures au cours de la marche du chrétien. Ce que le Seigneur a fait là était un service d’Avocat, c’est clair. Le Seigneur en donna le signe en s’abaissant, non pas pour mourir pour eux, mais pour laver leurs pieds souillés, à la surprise de Pierre, et des autres sans doute. Pierre exprima leur ignorance à tous, et montra sa folie de se confier dans ses propres pensées pour préserver l’honneur de son Maître. Son honneur moral le plus grand était dans l’humiliation qu’Il acceptait dans Son amour, et en ce qu’une satisfaction extrême était donnée à l’amour du Père, cela étant aussi offert aux saints pour en jouir pleinement. C’est ainsi que le lavage des pieds de Jean 13 correspond à l’expression que nous avons ici : « Nous avons un Avocat auprès du Père ». Il ne s’agit pas de sang, mais d’eau ; et « C’est lui qui est venu par l’eau et par le sang, Jésus le Christ, non seulement dans la puissance de l’eau, mais dans la puissance de l’eau et du sang ». C’est ce que l’apôtre écrit au ch. 5:6, en se référant de manière évidente au ch. 13:34-35 de son évangile. La mort de Christ fait à la fois l’expiation pour le croyant, et sa purification morale : le sang une fois pour toutes, et l’eau (qui typifie la Parole, Jean 15:3) non seulement au commencement, mais jusqu’à la fin ici-bas ; mais la Parole applique Sa mort pour nous purifier par la foi.
Dans l’épître aux Hébreux, comme déjà expliqué, l’accès à Dieu est assuré par un sacrifice parfait, « le sang de la croix », et par Son entrée dans les lieux saints en tant que Souverain Sacrificateur sur la maison de Dieu ; le Précurseur (Héb. 6:20) est entré pour nous afin que nous puissions entrer en pleine liberté. Mais le rôle de Sa sacrificature est de secourir ceux qui sont tentés (Héb. 2:18), et de sympathiser avec nos infirmités (Héb. 4:15), afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce au moment opportun (Héb. 4:16). Il paraît pour nous dans le ciel, devant la face de Dieu (Héb. 9:24). Il nous encourage ainsi, et nous fortifie contre toutes les épreuves du désert, dans notre faiblesse et dans ce à quoi nous sommes exposés. Mais nulle part Son office de sacrificateur dans le ciel n’est appliqué à nos péchés. C’est à ceci que Son service d’Avocat s’applique expressément. Si quelqu’un a péché, nous avons un Avocat auprès du Père, le même Jésus, mais dans une fonction différente, en vue de restaurer ce qui a été interrompu avec le Père par le péché. C’est la restauration de la communion qui a été interrompue par le péché.
Mais notre attention est attirée sur un autre point. L’Avocat est, ici, Jésus Christ le juste. C’est très significatif. Et il y a plus encore ; « et Lui est la propitiation ». Notez ce double fondement. D’abord le service d’Avocat est fondé sur le fait qu’Il est Le juste. Nous n’avons aucune justice ; Lui est le juste, et Il nous a été fait de la part de Dieu non seulement sagesse, mais aussi justice (1 Cor. 1:30).
Secondement, Il est la propitiation pour nos péchés, et a été envoyé par Dieu le Père justement dans ce but. Il a porté tout ce qu’il fallait pour expier nos péchés sous le jugement divin une fois pour toutes. Mais comme Avocat, Il s’occupe du péché du chrétien qui a interrompu sa jouissance de communion avec le Père et avec le Fils. Ceci n’a rien à faire du tout avec Sa souffrance autrefois sous le jugement divin (car tout cela a été achevé sur la croix), mais il s’agit entièrement de la restauration de la communion avec le Père et avec le Fils lorsqu’elle a été interrompue, ce qui a lieu facilement. Combien il est triste, frères bien-aimés, de faire peu cas de cette communion, au point de ne pas sentir ces interruptions, auxquelles nous exposent, dans notre folie, toutes les légèretés en parole ou en acte ! Mais « nous avons un Avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste ».
Christ est en haut dans toute Sa grâce. La justice reste dans toute sa pleine valeur, tout comme la propitiation par Son sang. Le chrétien trouve sa joie et sa gloire à ce que rien ne porte atteinte ni à Christ ressuscité, ni à l’efficacité de Son œuvre sur la croix pour nous. Si la terre est aveugle est sourde, le ciel n’oublie jamais ce qu’ils sont pour la gloire de Dieu et pour notre purification. Seulement ici, il y a autre chose à noter. L’apôtre dit que la propitiation de Christ n’est pas seulement pour nos péchés, mais aussi « pour le monde entier ». Or nous ne trouvons jamais la propitiation pour les péchés si ce n’est précisément pour les croyants, comme autrefois, et maintenant pour ceux qui sont des enfants de Dieu. Christ est une propitiation d’une manière générale pour le monde entier, mais seulement « pour nos péchés ». Il y a une distinction nette quand il parle du monde entier. C’est pourquoi introduire « les péchés » en rapport avec la propitiation [comme le fait la version autorisée du roi Jacques] est douteux quand il s’agit du monde. C’est aller au-delà de l’Écriture. Si le Seigneur avait été la propitiation pour les péchés du monde entier, le monde entier en aurait récolté le fruit et irait au ciel. S’Il a porté les péchés du monde entier comme Il a porté les nôtres, qu’est-ce que Dieu a encore contre eux ? Il est la propitiation pour nos péchés ; Il les a annulés pour toujours, les effaçant par Son sang. S’il en était ainsi pour le monde, cela serait dit clairement.
Ici aussi le calvinisme est creux, dur et erroné. La propitiation n’est pas seulement une question qui concerne les enfants de Dieu. Dieu Lui-même devait être glorifié par rapport au péché, en dehors de la question de notre salut. Sa nature en amour l’exigeait vis-à-vis de Ses pires ennemis. L’instruction fournie sur ces deux vérités se trouve en type dans le grand Jour des Propitiations (Lév. 16). Ce jour-là, il y avait deux boucs pour le peuple d’Israël. L’un de ces boucs était le sort pour l’Éternel, l’autre le sort pour le peuple. Or la confession de tous les péchés du peuple n’était faite que sur le bouc qui était « le sort pour le peuple », et non pas sur le premier bouc qui était offert en sacrifice. C’est là qu’apparaît une différence remarquable. Le premier bouc, le sort pour l’Éternel, était pour Sa gloire, — ternie dans ce monde par le péché, — par Sa grâce, pour satisfaire les exigences de Sa nature. Dieu devait être glorifié par rapport au péché. Mais cela ne suffisait pas à enlever clairement le fardeau du pécheur. Pour qu’il y ait rémission, il fallait que les péchés soient confessés nettement et positivement ; Aaron le faisait en posant ses mains sur la tête du bouc vivant, le second bouc, celui qui était le sort pour le peuple. Le premier bouc était égorgé, et son sang porté dans le sanctuaire comme partout, à l’intérieur et à l’extérieur. C’est ici la propitiation d’une manière typique, qui la rend valable pour le monde entier, afin que la bonne nouvelle puisse être prêchée à tout pécheur.
On trouve la doctrine ici et ailleurs. Le type qui s’y rapporte sert à illustrer les différences importantes. Le sacrifice de Christ a parfaitement glorifié la nature de Dieu, en sorte qu’Il peut s’élever à la place suprême, et envoyer pour faire connaître la bonne nouvelle à toute créature. Mais pour être sauvés, les pécheurs ont besoin de quelque chose de plus. « Christ a porté leurs péchés en Son corps sur le bois » (1 Pier. 2:24). Ceci n’est jamais dit à l’égard « du monde » ; les expressions s’en gardent toujours assez soigneusement. Mais parce que Dieu a été parfaitement glorifié quant au péché dans le sacrifice de Christ, Il peut, en quelque sorte, adjurer et supplier même Ses ennemis, par le moyen de Ses serviteurs : Soyez réconciliés avec Dieu (2 Cor. 5:20). L’amour de Dieu est la source. La mort de Christ est le moyen et la base de l’évangile. Il ne sauve pas nécessairement toute créature, mais il déclare que Dieu est glorifié en Christ. S’il n’y avait pas une seule âme de convertie, Dieu serait quand même glorifié dans cette odeur agréable de Christ.
Notons bien
que la différence entre les deux est grande. Si Dieu laissait tout à la charge
de l’homme, personne ne serait sauvé. C’est par grâce que nous sommes sauvés.
Aux élus, Il donne la foi, et c’est là qu’intervient la propitiation pour nos
péchés. Aucun de ceux qui craignent Dieu ne pense que tous seront sauvés, ni ne
nie que la grâce fait la différence entre croyants et non-croyants. Le Jour des
Propitiations rend témoignage que la première chose était de glorifier Sa
propre nature, en dehors de la question d’effacer les péchés de Son peuple. Il
était encore plus important que soient revendiquées et défendues, dans la croix
de Christ, Sa vérité, Sa sainteté et Sa justice, Son amour et Sa majesté. C’est
là, et nulle part ailleurs, que la question a été résolue entre le bien et le
mal, avec pour résultat le jugement et la défaite du mal, le triomphe du bien,
la réconciliation non seulement de tous les croyants avec Dieu, mais de toutes
choses (non pas
de toutes les personnes), et les nouveaux cieux et la
nouvelle terre pendant toute l’éternité. La base de cela a été posée dans ce
dont le bouc sacrifié (le sort pour l’Éternel) est le type. Mais pour libérer
le peuple de leurs péchés, Il voulait leur montrer Sa grande miséricorde, et
c’est ainsi qu’en second lieu, ils sont précisément pris en charge, et leurs
péchés sont déposés sur le bouc vivant, qui les emporte dans une terre d’oubli,
pour qu’on ne s’en souvienne plus jamais. C’est la distinction entre la
propitiation et la substitution.
Ici nous lisons que notre Seigneur est la propitiation pour nos péchés, « et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier ». Un soin particulier est pris pour ne pas identifier les enfants de Dieu et le monde. C’est pourquoi il n’est pas dit « pour les péchés du monde entier » [ce qui est le texte de la version autorisée du Roi Jacques]. Sur ce point les traducteurs de la version autorisée du Roi Jacques ont été téméraires, alors que les Réviseurs ont fait correctement la différence. C’est un danger d’ajouter à l’Écriture, et l’obligation de croire ne porte que sur l’Écriture. Ce que l’homme ajoute crée la difficulté, mais le fait de s’en tenir à la Parole de Dieu résout cette difficulté ; avec cela il en est quand même suffisamment dit pour pouvoir proclamer la miséricorde divine au monde entier. C’est là que la nature de Dieu et Son amour sont revendiqués et défendus. Qu’Il soit un Dieu Sauveur, cela apparaît à tous les hommes. Il envoie le message de grâce à toute créature. Il ordonne aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent. Mais pour que le pécheur soit sauvé, il y a d’abord l’appel effectif du pécheur selon le conseil divin ; puis en second lieu vient le travail de l’Esprit Saint dans le cœur du croyant qui reçoit Christ. Ce n’est pas le cas avec « le monde entier » ; c’est en vain qu’on nie les faits. Mais ici nous avons l’Écriture qui l’explique.
Quand quelqu’un croit en notre Seigneur Jésus, on peut lui dire, en suivant la Parole, qu’Il a porté et ôté nos péchés. Mais nous n’avons pas le droit de le dire à un incroyant, ni au « monde entier ». La foi seule a le droit de tenir ce langage.
Le fait est que ce type n’est qu’un témoignage particulier rendu au grand principe de l’Écriture, posé dogmatiquement dans les termes les plus clairs dans le Nouveau Testament. Prenez par exemple la distinction entre la « rédemption » (Éph. 1:7) et « l’achat » (2 Pier. 2:1) : c’est la vraie clef qui résout le dilemme calviniste et arminien. Les deux confondent les deux vérités, en sorte que chacun d’eux est partiellement juste et partiellement faux. Le Seigneur par Sa mort a « acheté » toute la création, et tout homme bien sûr, les « faux docteurs » comme le reste. C’est à leurs risques et périls pour l’éternité qu’ils nient Ses droits et se dressent contre leur Maître Souverain. Mais aucun n’est « racheté » sauf ceux qui ont le pardon de leurs péchés par la foi en Son sang. C’est pourquoi le calviniste a autant raison de tenir à la rédemption particulière que l’arminien de maintenir l’achat universel. Mais les deux sont dans l’erreur en ne faisant pas la distinction entre achat et rédemption [ou : rachat]. Par Sa mort sur la croix le Seigneur a ajouté à Ses droits de créateur, et Il a acquis toute créature pour Lui par cet achat infini. Tous sont à Lui, et non pas à eux-mêmes, le croyant étant seul à le reconnaître pleinement. Mais la rédemption délivre de Satan et des péchés ; et nul n’a cette part sinon par la foi.
Prenons encore une autre forme de la vérité en Héb. 2:9, 10. Christ, par la grâce de Dieu, a goûté la mort pour tout (υπερ παντος), y compris tout homme, bien sûr (comp. Héb. 2:7, 8). Tous sont achetés. Mais le langage change tout à fait au v. 10 où nous entendons que Dieu a amené « plusieurs fils » à la gloire, consommant [rendant parfait] le chef de leur salut par des souffrances. Si l’on confond ces deux vérités distinctes, non seulement on perd la précision, mais la vérité souffre de ce que le cœur manque à s’élargir par la connaissance de l’achat universel, et de ce que l’on s’évapore dans le vague par ignorance de la spécificité de la rédemption.
Que Dieu bénisse la vérité placée devant nous pour la gloire du Seigneur Jésus.
Tout chrétien qui réfléchit en lisant ces v. 3 à 6, est certainement conscient qu’ils arrivent à un endroit bien singulier selon l’apparence extérieure. Le début de ce passage peut donner un semblant de continuité avec ce qui précède, et il y a en effet une relation vitale entre les deux ; mais ce n’est pas la manière ordinaire dont les hommes lient les différents sujets entre eux ; car il est parlé ici de quelque chose de tout à fait distinct de ce qui précède. Néanmoins il y a un lien entre les deux, et un lien extrêmement intéressant. Ce lien est exprimé par un mot, la « vie ». Ce n’est plus simplement la vie divine, mais Sa nature dans la pureté absolue du mot-image « lumière », dans laquelle le chrétien est introduit à partir de sa conversion.
Cette lumière est ce qui agit désormais puissamment sur la conscience, car la conscience n’est pas seulement réveillée, mais purifiée ; et la nouvelle nature répond à la lumière de Dieu, d’autant plus qu’elle a été rendue douloureusement consciente combien la vieille nature est mauvaise en elle-même. Mais on a déjà une nouvelle nature qui est de Dieu. Nous qui croyons, l’apôtre Pierre déclare que nous avons une nature divine (2 Pierre 1:4), et cela dès l’instant où la vie de Dieu agit dans notre âme, et elle agit dès le moment où nous sommes convertis à Dieu. Nous pouvons ne pas encore avoir la paix ; cela peut même être très long avant que nous en jouissions pleinement. Mais il y a une joie immense à croire que Dieu a solennellement parlé à nos âmes, et c’est un soulagement immense de se courber entièrement devant la lumière de Dieu qui manifeste et condamne notre vie passée.
Mais comment
cela se fait-il ? Parce que nous avons une nouvelle vie de la part de
Dieu, et la vie en Christ est la lumière des hommes. Ailleurs elle est appelée
la vie éternelle ; mais Christ n’a pas deux vies. Le côté « vie
éternelle » est significatif et frappant, mais c’est absolument la même
vie ; il n’y en a pas d’autre pour le croyant. Nous voyons combien il est
approprié qu’il en soit ainsi, parce que Christ est Lui-même la vie éternelle,
selon les expressions de 1 Jean 1:2. Et l’apôtre Paul n’hésite pas non plus à
dire (Col. 3:4) que Christ est notre vie, et encore (Gal. 2:20) que je
ne vis plus moi, mais Christ vit en moi. Il ne peut donc pas y avoir de doute
sur la vérité. Christ n’a pas deux vies, et le croyant non plus : Je dis
ceci à propos de la vie spirituelle, sans nier l’existence de la vie naturelle.
En Lui était la vie dès l’éternité ; et descendant du ciel, Il donne la
vie, par la foi, non pas au Juif seulement, mais au monde entier (Jean 6:33).
Le Gentil qui croyait devait l’avoir tout autant que le Juif. C’est pourquoi le
croyant a cette vie, et quand il est un peu plus réveillé pour comprendre,
c’est une grande joie de savoir que c’est la vie éternelle.
En 1 Pierre 1:2, nous trouvons en substance la même vérité dans la sanctification de l’Esprit dont il est parlé dans ce passage. Ce passage a été compris de travers par les théologiens de toutes les écoles, anciens et modernes, catholiques romains ou protestants, calvinistes ou arminiens. Ils se rangent presque universellement à l’interprétation qui estime qu’il s’agit de sainteté pratique ; et de Bèze, par exemple, a été à son tour induit en erreur pour faire une très grosse faute de traduction. Une fois semée, l’erreur aboutit à une moisson de confusion. Pourtant le contexte rend clair et certain que la sanctification de l’Esprit ne peut rien signifier d’autre ici qu’une mise à part du croyant pour Dieu, qui est opérée par le fait qu’il est né de Dieu, parce que c’est « pour l’obéissance et l’aspersion du sang de Jésus Christ ». Autrement dit cette sanctification de l’Esprit précède, au lieu de suivre, l’obéissance comme celle de Christ et le sang d’aspersion (le Sien), en contraste avec la loi et son aspersion du sang (Ex. 24). Dès le tout début de notre vie nouvelle, par laquelle l’Esprit nous met à part pour Dieu, nous sommes appelés à obéir comme Christ a obéi, étant des fils en toute sainte liberté, et avec le sang d’aspersion qui proclame que nos péchés sont ôtés et pardonnés. Israël, de son côté, a commencé ses efforts pour obtenir la vie en obéissant à la loi sous peine de cette mort attestée par le sang de la victime, qui était aspergé sur le livre et sur le peuple. Le même sens explique pourquoi, en 1 Cor. 6:11, l’apôtre met « lavé et sanctifié » avant « justifié », et non après, comme il le faudrait si c’était une question de sainteté pratique. La sanctification de l’Esprit dont traitent les deux apôtres principaux, signifie la séparation pour Dieu qui a lieu quand nous sommes nés de Dieu (selon la manière de parler de Jean), avant que s’applique l’aspersion du sang de Christ, et pour que nous obéissions à Dieu comme Christ a obéi. L’archevêque Leighton est à peu près le seul, à ma connaissance, à avoir entrevu la force réelle de cette expression.
Sous la loi, la vie était offerte à l’Israélite sous condition de son obéissance. Pourtant cette vie n’était pas vraiment à lui, mais il en était déchu ; il fallait qu’elle passe sous la puissance de la mort, comme cela eut lieu pour la vie du premier Adam. Il n’est pas dit qu’il fallait que cette vie tombe sous une puissance d’anéantissement, car où trouve-t-on une quelconque extinction de l’homme ? — bien au contraire ! Toute la puissance de Satan était incapable d’anéantir le plus faible être humain. Sans doute il y a eu des choses créées qui n’étaient pas prévues comme devant revivre. La mort de l’homme n’est qu’une séparation de l’âme et du corps. L’homme coupable doit mourir et être jugé ; et cela n’est nullement limité à une souffrance à cause de son iniquité contre Dieu et contre l’homme. Mais en croyant, l’homme apprend de Dieu que la vie éternelle qu’il a ici-bas dans le Fils, est la même vie que celle qu’il aura quand il sera transmué ou ressuscité d’entre les morts ; c’est ce qui le rend propre à avoir communion avec le Père et le Fils tandis qu’il est dans ce monde, comme cela le rendra propre pour jouir du Père et du Fils durant toute l’éternité.
L’Esprit de Dieu est en outre la puissance divine, aussi bien que la personne qui travaille pour le bien dans cette vie contre tout ce qui s’y oppose. C’est ainsi qu’Il glorifie le même Christ qui nous a donné cette vie. Car nous avons toujours besoin du Seigneur Jésus, comme le but et la force de nos âmes, comme nous en avons eu besoin en tant que donateur de la vie ; nous aurons encore besoin de Lui pour toujours pour servir, adorer et avoir la jouissance. Mais dans le ciel, Il vit maintenant pour nous, en sorte que nous ne pouvons pas dire qu’Il nous manque comme si nous ne l’avions pas. Nous voudrions avoir toujours nos délices en Lui qui a laissé Sa vie pour nous ; par dessus tout, nous voudrions maintenant Lui plaire ; et comme nous aimons accomplir la volonté de Dieu sur la terre, ainsi en sera-t-il là-haut quand toutes les influences contraires auront cessé pour toujours.
Nous commençons ici-bas avec ce qui est éternel alors que nous sommes dans le monde et dans le temps. N’est-ce pas béni pour nous de ne pas regarder à l’éternité simplement comme quelque chose de futur, mais de savoir de la part de Dieu que celui qui a la vie éternelle s’est engagé dans un sens réel dans ce qui se poursuit pour toujours ? Nous ne regardons pas aux choses qui se voient, qui ne sont que pour un temps ; nous avons le privilège de regarder aux choses qui ne se voient pas, à celles qui sont éternelles. La foi sait que les choses invisibles sont beaucoup plus réelles et immuables que tout ce qui se voit. Évidemment, le lien de notre association est que la même Personne qui est Elle-même la Vie Éternelle, c’est elle qui est notre vie ; et comment cette vie va-t-elle être connue ? Ici-bas, nous savons que Satan s’efforce souvent d’enfoncer le croyant dans ce qu’il ne devrait jamais permettre — le doute. Or nous qui croyons la révélation de Dieu, nous devons traiter le doute comme du péché. Car sur quoi porte le doute ? Sûrement pas au sujet de nous-mêmes. Avant que nous n’entendions la voix du Fils de Dieu, n’étions-nous pas pécheurs et seulement pécheurs ? Comme tels, nous étions perdus, c’est ce que dit l’Écriture. De même, il n’y a aucun doute au sujet de l’amour de Dieu. La preuve en est Christ Lui-même, — Christ donné pour nous, jusqu’à être crucifié, non pas simplement dans toute la valeur de Son sang pour effacer nos péchés, mais Christ ressuscité et dans la gloire, là où Il n’a pas honte de nous, mais nous reconnaît comme Ses frères. Par grâce nous avons Christ maintenant, et Christ pour toujours : c’est ce dont Il nous donne l’assurance (Jean 10:28).
La vie éternelle est comme la rédemption éternelle, le merveilleux privilège en Christ qui reste essentiellement immuable. Christ est descendu dans la mort pour lui donner le caractère béni d’une vie de résurrection, pas seulement d’une vie éternelle. Vivifiés ensemble avec Lui, nous savons que nos fautes sont toutes pardonnées (Col. 2:13). « Ressuscité avec » signifie que Celui qui est mort est à nouveau vivant pour toujours ; et nous avons maintenant le droit de nous tenir selon Sa position, et de savoir que la grâce fait d’elle notre portion présente. Mais si nous sommes défiés par le diable, nous lui donnons occasion par notre négligence, notre manque de vigilance, notre manque de prière et d’avoir la Parole comme nourriture journalière. On sent le besoin de repas pour le corps ; notre âme n’en a-t-elle pas autant besoin, sinon plus, pour ne rien dire de son importance incomparable ?
Qu’est-ce que le pain de vie ? C’est Christ révélé par la Parole, la Parole qui fait de Christ notre nourriture par l’Esprit. Rien sinon Christ ne nourrit pareillement l’âme. Et quand une âme a cédé à la tentation, et est tombée dans le péché, il y alors une occasion pour l’ennemi. C’est ce dont il se sert généralement pour nous entraîner dans le doute à l’égard de la Parole de Dieu, sous le prétexte fréquent de douter de soi-même. Mais en vérité c’est douter de Dieu. C’est douter de Sa grâce en Christ. Quelle honte d’avoir de tels doutes, quand nous avons clairement devant nos yeux le Seigneur crucifié ! Il est là, présenté à notre foi comme Le crucifié par la Parole de Dieu, pour faire disparaître tout doute. N’est-ce pas pour des ennemis impies et sans force qu’Il est mort ? (Rom. 5:6-10). En effet, si nous n’étions pas aussi mauvais que nous ne sommes, nous n’aurions pas besoin d’un tel Sauveur divin. En fait, c’est parce nous étions aussi mauvais, qu’il est difficile d’imaginer que nous puissions être pires. De plus, nous connaissons la perfidie de la chair dans le croyant. C’est ce qui trouble beaucoup de saints : non pas ce qu’ils ont fait quand ils étaient dans les ténèbres et la mort morale, mais le fait d’avoir manqué dans la grâce et dans la vérité, dans des manifestations de propre volonté ou de folie, de vanité, d’orgueil ou de mondanité, et toute autre chose qui pouvant attrister le Saint Esprit, après toute la miséricorde que Dieu nous a montrée. Qu’il est triste, après avoir fait l’expérience d’une grâce aussi riche, d’être mordant et dur, ou négligent et léger ! C’est de cette manière que le manquement du croyant produit des difficultés dans son âme au sujet de lui-même devant Dieu. Et non seulement cela ; mais si on compromet le Seigneur par du péché connu par autrui, ces autres personnes sont souvent bien prêtes à soulever des problèmes.
C’est pourquoi, après que la base doctrinale de l’épître a été posée au premier chapitre, complétée par les deux premiers versets du second chapitre, la question est lancée : comment puis-je déterminer les vrais tests de la vie ? Certes les philosophes disent beaucoup sur la vie naturelle, mais ils en savent peu : pourquoi dès lors s’étonner que Satan soulève facilement des doutes sur la vie spirituelle, spécialement quand on a été piégé et que la conscience n’est pas nette ?
À partir du v. 3 nous avons des tests qui sondent et qui sont appliqués de manière à montrer clairement à nous-mêmes et aux autres, comment la vie manifeste sa réalité ou son absence. L’objet de la foi a été d’abord présenté pleinement en Christ ; ensuite le travail nécessaire de la nature de Dieu dans ceux qui sont Siens ; ensuite encore (après le bref complément sur la grâce pour restaurer ceux qui sont tombés) nous arrivons à la révélation des tests sur la vie.
Les v. 3 à 6 fournissent le premier test. Quel est le test de base pour n’importe quelle âme ? Ce qui marque son empreinte dès le départ, incontestablement et immédiatement, sur une personne qui a la vie, c’est l’obéissance ; et si cette marque manque, cela signifie l’absence de vie. « Et par ceci nous savons que nous le connaissons » (c’est un résultat continuel du fait d’avoir cette connaissance), « si nous gardons Ses commandements ». Ce n’est rien d’autre que l’obéissance. Ce n’est pas la seule forme qui démontre l’esprit d’obéissance, mais en règle générale, c’est la première. Cela commence sans tarder, et cela convient au plus jeune saint. Il est sûr d’être immédiatement testé par la question d’obéissance. C’est précisément ce que la vie nouvelle porte à faire.
Voyez ceci chez celui qui allait devenir le grand apôtre des Gentils. Dès que la voix du Seigneur a atteint son âme, et a identifié le vrai Dieu avec Celui qui est mort sur la croix, il n’a pu que s’écrier : « Seigneur que veux-tu que je fasse ? » (Actes 22:10). Il juge son erreur et désire obéir. C’est l’instinct spirituel pressant de la vie. Converti dans le cœur, sa pensée est d’obéir à Celui que, sans hésitation, il appelle le Seigneur. Si nous y regardons à travers toute la Parole de Dieu, nous verrons combien l’obéissance embrasse tout et est de toute importance. Prenez le cas de la soumission de l’âme à la justice de Dieu : c’est ce qui est appelé dans l’épître aux Romains « l’obéissance de la foi » (Rom. 1:5) ; ce que l’apôtre entend par là, c’est non pas l’obéissance pratique que la foi produit dans la marche, mais l’acte majeur de croire la parole de Dieu. C’est réellement l’obéissance de cœur. C’est l’obéissance de la personne à la vérité, l’acceptation par l’âme du témoignage de Dieu à l’égard de Son Fils. L’homme qui était jusque-là impie reconnaît vraiment ce témoignage, se courbe devant la parole de Dieu, accepte la vérité de la personne et de l’œuvre de Christ, et est justifié. C’est pourquoi l’évangile est prêché à toutes les nations, non pas comme avec Israël pour l’obéissance de la loi, mais pour l’obéissance de la foi. Telle est la vraie force de cette expression ; ou encore, pour en rendre la portée un peu plus claire : non pas une obéissance produite par la foi, mais la soumission à l’évangile dans la foi. Sous différentes formes, on retrouve cela dans toutes les Écritures.
Mais il y a encore d’autres signes et preuves de son importance, et il vaut la peine de regarder au commencement de l’humanité. Qu’avons-nous là ? Le premier Adam, le père de la race. Hélas ! le commencement de l’histoire morale de l’homme, c’est qu’il a désobéi. Car le commandement en Eden était simplement et entièrement un test d’obéissance sous peine de mort. Manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal n’était pas intrinsèquement un acte moral ou criminel comme voler, tuer, convoiter ou toute autre violation des Dix Commandements. Ces interdictions supposent un penchant inné au mal ; mais ce n’était pas alors le cas. Adam était encore innocent et droit ; et Dieu lui dit de ne pas manger du fruit de cet arbre. Cette interdiction n’avait rien à voir avec la qualité de son produit, ni n’impliquait le moins du monde que le fruit fût un poison. C’est la manière dont l’homme aime considérer cette interdiction : comment en serait-il affecté ? Mais le commandement était une affirmation de l’autorité du Seigneur Dieu. Il était fait pour tester l’obéissance de l’homme, sa confiance en la parole de Dieu et en Sa bonté, en bref, sa soumission absolue comme créature de Dieu. Car Adam ne pouvait pas encore être appelé par grâce un enfant de Dieu. Il était fils de Dieu comme les Athéniens, le rejeton de Dieu. C’est-à-dire qu’il n’était pas un simple animal naturel sans raison, une bête brute ; dès le début il avait une âme issue du souffle de Dieu en lui, une âme immortelle. En ce sens bien sûr, il était le rejeton de Dieu ; mais il n’était pas encore un enfant de Dieu né de Lui par la grâce et par la foi. Une telle naissance n’est jamais rien d’autre que le fruit de Sa grâce en Christ. Ce n’est que de cette manière qu’on reçoit la vie dans Son Fils ; or Adam n’avait rien de la sorte ; il était simplement un homme innocent dans le paradis d’Eden.
Mais le fait clair qui apparaît vite et qui caractérise sa ruine, c’est sa désobéissance. Il a désobéi jusqu’à en mourir ; c’est le grand contraste avec ce qu’est le Second homme, le Dernier Adam, qui est devenu obéissant jusqu’à la mort. Pourtant dans Son être éternel, dans la position qui Lui était propre, dans Sa dignité personnelle inaliénable, le Fils était une personne divine, et comme tel, Il n’avait rien à faire avec l’obéissance. C’est justement la raison pour laquelle il est dit en Héb. 5:8 qu’Il a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. Il ne savait pas ce que c’était qu’obéir avant de descendre pour être un homme. Il savait parfaitement bien ce que c’était pour les autres, pour toute créature ; mais Il n’était pas une créature, Il était le Créateur. Néanmoins, étant devenu homme, Il s’est chargé loyalement des obligations des hommes, dont la première était d’obéir à Dieu.
Le Seigneur a manifesté l’obéissance comme nul autre ne l’a jamais fait, et Il a glorifié Son Père dans tous les sentiments de Son cœur, aussi bien que dans toutes les paroles de Sa bouche, et dans tous les pas de Son chemin. Il a passé outre l’avis de Jean Baptiste en disant « il nous est convenable d’accomplir toute justice ». Il a fait face aux tentations de Satan en se bornant à obéir. C’est là en effet la différence profonde entre le Seigneur Jésus comme Homme et tous les autres hommes. Jamais il n’y a eu un autre homme qui n’a fait qu’obéir. C’est même une caractéristique beaucoup plus grande que faire des miracles : n’importe qui peut faire des miracles si Dieu lui en donne le pouvoir. Judas a fait des miracles, et beaucoup diront au Seigneur en ce jour-là : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom, et n’avons-nous pas chassé des démons en ton nom, et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? Et alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (Matt. 7:21-23). Faire des miracles n’est en aucune manière, à soi tout seul, un signe nécessaire de bon état moral. En général cela a accompagné les serviteurs justes de Dieu qui ont inauguré une ère nouvelle de Sa volonté révélée, ou qui l’ont défendue quand l’apostasie se montrait. Mais Dieu, selon Son propre propos de sagesse, nous montre les hommes les plus méchants faisant de grands prodiges, y compris celui qui a trahi le Seigneur Jésus comme déjà mentionné. Il y en a un autre à mentionner ici ; mais le premier de ceux qui sont appelés « le fils de perdition » montre clairement qu’il n’avait pas la moindre appréciation de la personne de Christ. Il avait reçu de la puissance, mais il n’y avait ni l’obéissance ni la foi qui y conduit.
De la considération du premier fils de perdition, on passe naturellement à celle du second, l’antichrist. Quelle est la marque caractéristique de l’antichrist, qu’est-ce qui le rend propre à être un vase dont Satan prend possession au degré le plus extraordinaire ? Rien ne pouvait être un pire affront contre Dieu que la manière dont Judas a montré sa révolte en trahissant le Bien-aimé de Dieu. De même l’antichrist sera la ruine tant des Juifs que des Gentils au-delà de ce que quiconque a jamais vécu. Qu’est-ce qui le caractérise avant qu’il soit permis à la puissance de Satan d’agir en lui si puissamment pour une courte période ? Qu’est-ce qui l’y prépare ? Sa propre volonté, la source de la désobéissance. C’est pourquoi il est décrit comme le roi qui agira selon son bon plaisir (Dan. 11:36), non pas selon la volonté de Dieu, mais selon la sienne et celle de Satan. Il est « l’homme de péché », « l’inique » (2 Thes. 2:3, 8). Hélas ! chaque fois que vous faites votre propre volonté, vous devenez un esclave de Satan ; mais l’antichrist le sera plus que tout autre.
Nous voyons ainsi tout au contraire la place essentielle de l’obéissance du commencement à la fin. Au commencement, le premier homme l’a abandonnée, et toute la ruine a suivi. Puis le Second Homme est venu et n’a été rien d’autre que l’homme obéissant, Celui qui apportait non seulement la bénédiction pour l’homme, gratuitement et pleinement, mais aussi l’expiation et la paix par le sang de Sa croix. Car Il efface complètement et parfaitement les péchés des pécheurs sur la base de la foi ; et le Saint Esprit est envoyé du ciel comme témoin de Lui-même et de Son œuvre de rédemption éternelle, et de réconciliation de l’univers quand Il reviendra. C’est pourquoi, quand Jésus est connu et confessé, l’obéissance est l’inclination, la résolution et la joie de l’âme. Le cœur orgueilleux, négligent et obscurci est arrêté par la Parole et par l’Esprit de Dieu qui le remplit de l’horreur de sa méchanceté, et lui présente Christ et la bonté de Dieu donnant Christ pour son âme ; et le coeur s’incline devant son Seigneur et Sauveur, fervent pour obéir désormais. Si l’importance majeure de l’obéissance dès le commencement de la vie dans l’âme est évidente, il en est aussi de même dans toutes les voies publiques de Dieu, comme nous l’avons vu même jusqu’à l’antichrist futur à la fin de cette ère.
Il est donc montré que le principe d’obéissance a une très vaste application, d’importance majeure pour la gloire de Dieu et pour l’homme, et en fait, bien au-delà de l’homme. Considérez que les anges qui sont tombés étaient à l’origine des êtres célestes. C’est par leur désobéissance, par leur orgueil, qu’ils ont abandonné la position que Dieu leur avait donnée, et qu’ils s’en sont attribué une autre que Dieu ne leur avait pas donnée. L’obéissance de Dieu est partout et toujours la vraie bénédiction.
C’est pourquoi il ne faut pas être surpris que l’Esprit de Dieu l’introduise immédiatement dans notre épître et dans cette partie de l’épître. Si quelqu’un doute de sa relation avec Dieu, ou si d’autres doutent de lui, l’Esprit se sert de l’obéissance comme du premier grand test. Cette âme a-t-elle l’esprit d’obéissance pour elle-même ? Au temps où nous étions dans les ténèbres, nous savons que nous étions fort justement décrits comme étant alors des « fils de la désobéissance » (Éph. 2) ; mais quand est venu le demi-tour de la conversion à Dieu, nous sommes devenus des « enfants d’obéissance » (1 Pier. 1:14). C’est dès le début, l’expression réelle du cœur purifié par la foi. Désormais le désir intérieur et constant est d’obéir à Dieu, longtemps peut-être avant d’avoir une paix solide, quoique celle-ci puisse arriver relativement vite. Il y a la haine du péché, le jugement de soi-même, et la grâce de Christ qui non seulement produit le désir, mais rend capable ; car personne n’a jamais été converti sans quelque petit rayon de grâce. Alarmer ne convertira jamais, quoique cela puisse arrêter et montrer la voie à suivre. La terreur n’a jamais converti une âme, quoiqu’elle puisse pousser à écouter l’évangile. Il faut plus, et autre chose que la peur pour nous gagner à Dieu. Ce peut être un tout petit peu de Christ, mais c’est ce qui permet, nous n’en doutons pas, que la foi ait la lumière divine et la vie éternelle. Et cette vie opère dans l’obéissance, et montre sa réalité en ce que l’homme intérieur se met à obéir à Dieu, comme une loi de liberté, non pas comme une servitude. La vie de Christ en nous, comme en perfection en Christ, trouve ses délices à faire Sa volonté et rien d’autre que cela.
Cela explique la divergence remarquable qu’on peut voir d’avec ce qui précède dans l’épître. Insister sur l’obéissance ici est tout à fait à sa place. Nous avons vu la source divine de bénédiction dans le Père que le Fils a fait connaître, et la communion avec eux qui devient nôtre. Nous avons eu le message de Sa part sur le caractère de Dieu dans toute la pureté qui accompagne nécessairement cette communion. Si nous recevons la bénédiction, nous ne pouvons pas échapper à la responsabilité d’avoir la lumière de Dieu, et d’y marcher, et nous ne pouvons même que l’accepter volontiers. Comment cela s’opère-t-il en nous ? La vie éternelle qu’Il était en Lui-même est aussi la vie en nous. Or la lumière et vie se montrent toutes deux dans l’obéissance. Et l’obéissance qui brille tout le long de la marche de Christ, est aussi essentielle chez le saint, et elle est au premier rang comme test ici-bas. « Et par ceci nous savons que nous le connaissons, savoir si nous gardons ses commandements ».
Garder ses commandements : il ne s’agit pas de zèle pour la prédication. On le met souvent en avant dans la pratique moderne. Dès qu’une âme est convertie, la personne désire devenir un prédicateur, on voit cela quelquefois ; peut-être n’est-il qu’un petit garçon, et voilà un jeune garçon qui se met sur-le-champ à parader en qualité de prédicateur. Garder ses commandements, ce n’est pas non plus cultiver ce qu’on appelle « un don de prière », spécialement en public, là où une observation attentive des personnes fournit facilement la liste des besoins à satisfaire et des fautes à corriger dans le monde entier. Même si ces choses peuvent se produire, les voies révélées de Dieu sont entièrement différentes. Nous savons en particulier, que la prédication est un piège à vanité. Cela paraît être un service que beaucoup convoitent, à en juger d’après le nombre de cas où le désir de prêcher prévaut sans être accompagné de puissance. Mais là où il y a le don, il y a un travail admirable de foi et d’amour. Seulement, il faut une base correcte pour cela ; il faut être animé de l’amour des âmes, plutôt que de l’amour de la prédication, Dieu ayant premièrement opéré dans le cœur pour qu’il connaisse ce que nous sommes réellement, et par dessus tout, ce que Dieu est en Christ envers les perdus.
L’apôtre commence ici par l’obéissance. Y a-t-il quelque chose de plus dû à Dieu, et qui nous convient mieux ? C’est clairement personnel ; cela s’applique à tout et toujours. Cela demande et maintient l’humilité, tout en donnant de la fermeté. Cela exige de la dépendance de Dieu, et de se garder de soi-même et de l’influence intempestive des autres, qui ne sont que des créatures. En rapport avec cette obéissance, il faut que l’âme ait personnellement affaire à Dieu pour que cette obéissance vaille réellement quelque chose et pour éviter de se tromper soi-même. Mais ici, la première forme qui nous en est donnée est celle de « garder Ses commandements ». Cela introduit un aspect remarquable de l’épître. Il arrive fréquemment qu’il est impossible de dire si « Il » représente Dieu ou Christ. L’apôtre glisse de l’un à l’autre ; la raison en est que les deux sont vrais ; car bien que Christ soit devenu homme, Il n’a jamais cessé d’être Dieu. C’est pourquoi, si vous dites « les commandement de Dieu », cela inclut ceux de Christ. Souvent, l’apôtre commence clairement avec Christ, puis se met tout aussi clairement à parler de Dieu. Mais Christ est Dieu, et la Parole de Dieu, le Seul qui met personnellement en évidence les pensées de Dieu, comme Son grand porte-parole, en action comme en parole. Le Saint Esprit qui a toujours opéré en Christ, fait aussi de « garder Ses commandements » une réalité dans le croyant, afin que ce ne soit pas simplement ses propres pensées, encore moins sa volonté qui se charge de tout, mais qu’il soit conduit par Dieu ; car telle est la fonction du Saint Esprit, en ceci et ailleurs aussi.
Ainsi nous commençons à apprendre, comme les bébés le font naturellement dans la vie. Ils peuvent ne pas comprendre grand’chose au début, mais c’est de toute importance qu’avant de tout comprendre, ils apprennent à obéir. Si on leur apprend à obéir, il faut que ce soit d’une manière claire pour s’adapter à leur esprit qui s’ouvre. Vous ne pouvez pas attendre d’un enfant qu’il saisisse facilement un principe abstrait. On ne peut pas non plus s’attendre à ce que la force de l’exemple parle toujours à l’enfant. On peut avoir vite fait de dire « cela fait plaisir à papa ou maman, à cet homme ou à cette femme », mais c’est autre chose de voir comment cela concerne son propre petit moi.
En conséquence, la première forme d’obéissance est simplement, proprement et nécessairement de s’incliner devant Ses commandements. Cela ne veut pas dire les Dix Commandements de la Loi. Ce n’est jamais ce à quoi Jean se réfère quand il parle des commandements comme ici. Car c’est tout en liaison avec Christ, selon un lien vital avec Lui-même. On peut dire brièvement que la différence entre l’épreuve par la loi, et le test de ces commandements réside en ceci : que la loi est la preuve de ce qu’est l’homme, tandis que l’évangile est la révélation de ce que Dieu est en Christ. Sous la loi donc, l’homme était mis à l’épreuve pour savoir s’il abandonnerait sa propre volonté, et ferait ce que Dieu demande pour avoir la vie. La vie était proposée à ceux qui sont sous la loi sous condition d’obéissance à la loi. Mais c’est le contraire de ce que Dieu donne maintenant au croyant. La vie est supposée être déjà possédée sur la base de la foi, aussi véritablement que la vie était en Christ avant qu’Il vint dans ce monde. Il était la vie éternelle auprès du Père, et quand Il a revêtu l’humanité, Il était encore la vie éternelle. Il a été manifesté ici-bas, non seulement comme une personne divine venue montrer l’amour en tant que vrai Dieu et vrai Fils de Dieu, mais comme la vie éternelle pour donner la vie à ceux qui n’avaient rien que la mort, et le péché qui amène la mort. Il est ainsi manifeste que les commandements dirigent ici la vie nouvelle qui a été donnée, au lieu d’être une norme morale à laquelle il faut obéir pour avoir la vie. Ils sont l’exercice de la vie en Christ que la grâce a déjà conférée au croyant. Mais la première forme d’obéissance qui soit prise est « Si nous gardons Ses commandements ».
Dieu dans Sa grâce présente les choses d’une manière autoritaire pour que l’enfant, comme un bébé de la grâce, en sente la solennité, l’importance et le besoin. C’est pourquoi, dans bien des cas, Dieu les formule, on pourrait dire de manière péremptoire, en tout cas avec toute clarté et autorité. N’est-ce pas bon et juste ? Une créature sobre et qui réfléchit pourrait-elle imaginer que Dieu parle autrement qu’avec une autorité absolue, ou que l’autorité de Dieu n’est pas concernée dans tout ce qu’Il impose ainsi à l’homme ? Ne supposez pas que le commandement de Dieu est toujours quelque chose que l’homme doit faire. N’y a-t-il rien de ce qu’Il a fait que l’homme doive croire ? En 1 Jean 3:23 croire au nom de Son Fils est le sujet d’un commandement tout autant que de s’aimer l’un l’autre. Autrement dit, Il commande aux gens de croire effectivement l’évangile, tout comme Il commande aux saints de s’aimer l’un l’autre. Il en fait ainsi une question de commandement, pour montrer à quel point Son autorité est profondément concernée, pas seulement Son amour, mais Son droit à commander. Il est évident que, selon Dieu, l’obéissance incombe à l’homme.
Prenez un
autre cas : l’apôtre Paul en Actes 17:30 dit aux Athéniens que Dieu
ordonne aux hommes, que tous, en tous lieux ils se repentent. Cela correspond à
croire en Son Fils Jésus Christ. Il ne s’agit pas d’échapper à la destruction
comme les habitants de Ninive, mais de sauver les pécheurs de l’enfer. Ni Jonas
ni les hommes de Ninive ne pensaient à être délivrés du jugement éternel, ni à
recevoir la vie éternelle pour jouir maintenant de la communion avec le Père et
le Fils, et pour être avec Christ pour toujours dans le ciel. Mais nous
avons Son commandement maintenant, expressément dans ce but, et si l’état de
l’âme est bon, il aura et a déjà le plus grand poids. C’est ainsi qu’il est
montré combien Dieu est pressant à notre égard. Et pour l’âme qui est dans la
poussière et dans la cendre à cause de ses péchés, n’est-ce pas une bonne
nouvelle de savoir qu’Il est pressé de bénir gratuitement et pleinement, dans
Sa propre grâce, celui qui ressent tellement le besoin de se repentir et de
croire ? Sa majesté est concernée en même temps : Il ne peut pas la
mettre de côté pour plaire à l’homme vain, aussi misérable qu’orgueilleux. Si
l’homme prétend prendre Dieu en faute, c’est qu’il est entièrement aveugle à
l’égard de ses péchés, et ennemi de Dieu dans toute sa vie, et haineux à
l’extrême dans sa propre volonté — alors que ce Dieu a donné Son Fils pour
sauver les plus vils.
Si nous aimons quelqu’un, nous nous plaisons à faire ce qui pourrait être mis sous forme de commandement ; et là où il y a de l’autorité, cela prend la forme d’un commandement, même parmi les hommes. Combien plus en est-il ainsi avec le Dieu qui ne ment jamais ni ne trompe le moins du monde, le Dieu plein de bonté, de grâce et de longanimité, même envers les négligents et les rebelles ? Ici, si nous gardons Ses commandements, c’est pour la bénédiction de l’âme, et pour toujours. En effet, le pécheur endurci au mal depuis longtemps, a besoin de tout ce qui est bon. Quand on se repent réellement envers Dieu et qu’on croit au Seigneur Jésus Christ, c’est tout le cours de la vie qui est censé changer. Et Dieu, dans Sa grâce, établit clairement et positivement ce que sont Sa volonté et Ses pensées. Mais ce soin de Sa part rend d’autant plus mauvaises la propre volonté de l’homme et son indifférence à Ses commandements, surtout s’il fait profession de porter le nom du Seigneur.
Au v. 5, l’apôtre aborde quelque chose de plus profond. « Mais quiconque garde Sa Parole ». C’est différent de Ses « commandements ». C’est un progrès dans la nature et la portée de l’obéissance. Car cela suppose qu’il y a eu un progrès spirituel, et plus d’intelligence et de résolution de cœur ; ainsi ce n’est pas simplement un « commandement » clair qui gouverne l’obéissance de l’âme, mais « Sa parole ». Sa parole peut ne pas prendre la forme d’un commandement précis, mais elle révèle sans aucun doute ce qui Lui plait, ce qui a de la valeur pour Lui. Là où l’esprit d’obéissance est fort, cela constitue donc une indication suffisante pour être fidèle sur tel point particulier, même si, dans ce domaine, Il n’a exprimé rien qui ressemble à un commandement formel.
N’est-il pas curieux et douloureux de voir comment le légalisme agit dans le cœur de manière diamétralement opposée ? Dans la chrétienté, et parmi les baptistes en particulier, ce qui prévaut n’est-il pas de ranger le Baptême et la Cène du Seigneur parmi Ses commandements ? Or ils n’en sont point du tout. Où y a-t-il un commandement personnel d’être baptisé ou de prendre la Cène du Seigneur ? Parler de commandement, c’est tourner les choses entièrement à l’envers. Le baptême est une faveur conférée à l’âme sur la base de l’autorité du Seigneur Jésus. L’Éthiopien demande « qu’est-ce qui m’empêche d’être baptisé ? », et dans le cas de Corneille, Pierre demande : « quelqu’un pourrait-il refuser l’eau ? ». Il serait étrange de parler de la sorte si c’était un commandement. Qui aurait l’idée d’empêcher ou d’interdire un commandement du Seigneur ? Or ici, ceux de la circoncision combattaient avec acharnement contre ces baptêmes. Quoi qu’il en soit, cherchez où vous voulez, ce n’est jamais présenté comme un commandement. Sans doute celui qui se trouve devant quelqu’un qui confesse la foi chrétienne peut baptiser le candidat ou l’amener à être baptisé. Mais ce n’est pas le sens que les gens donnent au baptême : ils en font un commandement du Seigneur au candidat. Or le Seigneur ne le présente pas de cette manière. C’est une faveur qu’Il se plait à conférer selon Sa propre parole, et par conséquent il n’est pas question de commandement au sens moral ou légal du terme. Il en est de même avec la Cène du Seigneur. Le Seigneur dit : « prenez, mangez ». Cela en fait-il un commandement ? Supposez que je sois en train de mourir, et qu’un cher ami vienne à mon chevet où est posée ma Bible, et que je lui dise « prends ma Bible, et garde-la ». Si vous appelez ça un commandement, c’est que vous êtes naïf ou que vous avez l’esprit tortu. Ce n’est pas un commandement, mais une marque d’amour. Sans doute, cela a l’effet d’un commandement, mais c’est tout différent et la portée en est toute autre. Cela se lie aux affections et au souvenir de celui qu’on a aimé longtemps et tendrement, jusqu’à son départ. Ainsi ce qui est donné depuis un lit de mort, est pris dans cet état d’esprit, et c’est ce que comprennent les gens qui ont du discernement.
Un cas dont je me suis souvent servi auparavant le rendra peut-être plus clair. Supposez une humble petite famille dont la subsistance dépend du labeur journalier. Le chef de famille, celui qui gagne le pain, doit aller au travail très tôt le matin. Je ne suis pas du tout sûr que ce soit une obligation courante dans nos temps de facilité ; mais en tout cas il en était ainsi dans le passé. Supposons qu’il lui faille partir tôt pour arriver à l’usine ou autre lieu de travail. Or voilà la mère de famille soudainement clouée au lit par la maladie. On se trouve devant une grande difficulté. Elle qui à l’habitude de se lever joyeusement pour préparer le petit-déjeuner de son mari, et peut-être son nécessaire pour la journée, la voilà trop malade même pour qu’on lui parle. Que faire dans cette situation critique ? Une enfant de la famille se rend tout de suite compte de la situation. Aucun commandement ne lui a été donné, et pourtant elle saisit toute la difficulté ; elle sait que les circonstances sont changées entièrement, et comme il n’y a plus de mère pour tout diriger, c’est elle qui s’en charge. Elle a souvent aidé sa mère, et maintenant elle prend les initiatives elle-même. En conséquence elle se lève tôt, fait le feu pour le père, y met la bouilloire, lui chauffe le thé ou le café, et fait tout le reste du nécessaire pour le temps de son absence au foyer. Aucun commandement n’a été donné, mais cela sert à illustrer « Sa parole ». De même que la Parole exprime la volonté de Dieu, sans pour autant être un commandement, ainsi la jeune fille sait ce qu’il faut pour faire la volonté de la mère, comme si celle-ci était en état de parler. Le père est tellement accablé par la maladie de sa femme, qu’il ne peut guère faire quoi que ce soit pour les repas, et en plus il est tenu de travailler comme d’habitude. La jeune fille a tout compris, et sans plus de façons, elle fait le travail que sa mère aurait fait. Ce n’est pas garder un commandement, mais cela montre ce que signifie « garder Sa parole ».
Ainsi le
croyant croît dans la connaissance de Dieu, et fait ses délices de Lui plaire.
Ce n’est pas simplement ce qui est mis sous forme de commandement ; mais
si nous savons en aucune manière ce qu’est la volonté bonne de Dieu, cela
suffit pour le cœur obéissant. Ce n’est pas chercher un directeur pour sa
conscience, en dehors de soi, pas plus que consulter quelque chose au-dedans de
vous. Non, je suis appelé à être assujetti à Dieu, et ceci en gardant Sa Parole.
J’ai à faire la volonté de Dieu, et celle-ci m’est maintenant donnée dans Sa
Parole écrite, les Écritures. Elles sont écrites pour notre avertissement aussi
bien que pour notre consolation (1 Cor. 10:11 ; Rom. 15:4). Ainsi l’apôtre
recommande ceux qui n’allaient plus voir sa face à Dieu et à la Parole de Sa
grâce
(Actes 20:32). Si nous cherchons à ce que tous les saints fassent la
volonté de Dieu, cherchons à voir cette volonté afin de commencer humblement à
la pratiquer nous-mêmes. Elle est toute clairement établie dans Sa Parole. Le
meilleur moyen de la lire correctement, est de voir Christ lui-même comme
l’objet que Dieu a en vue tout au long de cette Parole. Cela ne veut pas
simplement dire ce que Christ a dit, quoi que cela soit déjà immense ; ni
ce qu’Il a commandé, qui est de la plus haute valeur ; mais ce que Christ
a manifesté à toute heure. Là vous le trouvez debout avant le jour, avec Dieu.
Cela ne nous parle-t-il pas à vous et à moi ? Observez-Le
comment, quand quelque chose de grave à faire le lendemain, Il était en prière
toute la nuit devant Dieu. Cela doit sûrement parler à nos âmes. Nous ne
pouvons ni ne devons penser que nous pratiquerons cette Parole de la manière
dont Christ l’a fait ; mais qui peut nier qu’Il nous a laissé là un exemple ?
Un exemple n’est pas un commandement ; mais néanmoins il est censé agir
puissamment sur ce dont l’âme tient compte et sur son obéissance.
Ainsi donc « Celui qui dit : Je le connais, et qui ne garde pas ses commandements, est menteur, et la vérité n’est pas en lui » (2:4). C’est là une absence totale de l’esprit d’obéissance. Ce n’est pas simplement qu’il ne garde pas Sa parole, il ne garde même pas Ses commandements. Il viole ses obligations ; il met de côté les injonctions divines, non pas seulement celles de l’Ancien Testament, mais aussi celles du Nouveau Testament, qui pèsent sur lui plus particulièrement. Car ces commandements nouveaux sont la première forme du test prescrit pour vérifier la profession chrétienne. Et s’il n’a pas de conscience pour garder Ses commandements, inutile de chercher à savoir comment il traite Christ ou le Nouveau Testament dans son ensemble.
Au v. 5, nous passons à une étape toute nouvelle. « Mais quiconque garde sa parole, — en lui l’amour de Dieu est véritablement consommé ». Il est évidemment tenu compte, là, de toute la pensée de Dieu, et elle est pratiquée, parce qu’il y a de l’amour pour Sa parole. C’est un cœur qui prouve son obéissance en gardant non seulement Ses commandements, mais aussi Sa Parole. Non seulement la Parole fait autorité sur l’âme, et lui communique de l’énergie, mais elle lui est aussi précieuse. C’est pourquoi toute la Parole est sondée avec délice et profit ; et quand c’est le cas, Jean n’hésite pas à dire que l’amour de Dieu est consommé [rendu parfait] dans une telle personne.
Ceci fournit de nouveau l’occasion d’un remarque générale sur la manière de l’apôtre, non seulement dans cette épître, mais dans tous ses écrits. Il regarde aux choses selon le principe divin révélé, sans s’occuper des entraves et insuffisances dus à l’état ou au comportement de l’homme. Il ne traite pas des manquements inhérents à notre négligence. Quand le vrai chrétien est devant lui, il le voit comme exécutant la pensée de Dieu. Il n’affaiblit donc pas, ni ne restreint le principe, en introduisant un peu d’obstacle ici, un peu de mise en garde là. Il dit ouvertement et clairement ce qui plait à Dieu et qui convient à Son enfant : or, même pour le plus jeune, cela consiste à garder « Ses commandements » ; tandis que pour ceux qui sont mûrs et ont de l’expérience spirituelle, ce qui exprime complètement Sa volonté, et sous toute forme possible, ce n’est plus simplement Ses commandements, mais « Sa parole ».
C’est pourquoi si nous regardons à nouveau au Seigneur, nous lisons « Voici, je viens pour faire ta »… Loi ? non ; ton commandement ? non. Pourtant Il gardait assurément Sa loi et accomplissait Son commandement ; mais en même temps Il honorait, défendait Sa loi et lui donnait une portée comme jamais personne d’autre ne l’a fait. Il était venu pour faire la « volonté » de Dieu. Pourtant Il ne s’exprimait pas simplement comme cela, mais Il disait « il est écrit de moi dans le rouleau du livre » (Ps. 40:7 ; Héb. 10:7). C’était le rouleau d’un livre (Dieu utilisait en figure les expressions inhérentes aux habitudes humaines) que seuls le Père, le Fils et l’Esprit connaissaient ; c’est là qu’était, dans Ses conseils secrets, la pensée de Dieu, ce qui a été écrit ensuite dans le livre des Psaumes. Ce qui en est dit est plutôt en rapport avec la loi et ses ordonnances, mais c’était toujours la pensée de Dieu néanmoins. Et quand Il est venu comme homme, ce qu’Il venait faire, c’était la volonté de Dieu. Or la volonté de Dieu allait bien au-delà de ce que les gens connaissaient comme étant les Dix Paroles, ou Dix Commandements. C’est la grâce ineffable qu’elle annonçait. Et Son œuvre n’était pas simplement de faire la volonté de Dieu, mais de souffrir à cause d’elle. Car Il a obéi jusqu’à la mort, et à la mort même de la croix. Quand est-ce que la loi a jamais requis ou attendu un tel sacrifice de la part d’un juste ? La loi a-t-elle jamais pensé à une chose pareille, que le Saint de Dieu mourant pour les injustes ? elle n’en a même pas conçu l’idée. Or la volonté de Dieu n’était rien moins que cela ; et Il le savait avant que le temps fut.
Il était inutile de parler de sacrifice ou d’offrande de créature. Dieu dit en effet que ces choses ne peuvent jamais ôter les péchés. Le sang de taureau, de brebis ou de bouc ne peut pas ôter les péchés, ni donner aucun moyen d’échapper à l’étang de feu de l’enfer, ni ne peut délivrer l’homme méchant du jugement de Dieu. Aucun rituel ne peut jamais transformer un homme mauvais en un homme bon, ou l’amener sans tache à Dieu, aussi blanc que la neige. Alors quoi ? « Il est écrit de moi ». Et il était ainsi écrit (Héb. 10:9) que même Il abolirait ce qui vient en premier, la loi, et établirait le second, la volonté de Dieu. La volonté de Dieu en grâce infinie, ici, est de sauver les pires des pécheurs par la mort du Seigneur Jésus. Ceci ne montre-t-il pas la puissance merveilleuse de ce que Dieu a donné dans les Écritures ? C’était donc un propos chéri de Dieu avant que rien n’existe. Le Seigneur le connaissait dans l’éternité, et quand l’accomplissement du temps est venu (Gal. 4:4), Lui est venu pour accomplir ce propos, et en le faisant, Il a souffert à l’extrême. Aucune œuvre de puissance, si grande fût-elle ne pouvait y suffire. Désirait-Il que Dieu Le fasse péché, et Le fasse en supporter toutes les conséquences pour glorifier Dieu même à l’égard du péché, et fasse qu’il soit juste de Sa part d’accorder un plein pardon, et même de nous justifier et de nous glorifier ? Il a dû souffrir pour nos péchés sous la sainte main de Dieu Lui-même, cette main armée contre le péché, et accomplissant ce que le péché méritait ? Or Il a tout porté avec une parfaite soumission, quoiqu’il Lui en coûtât. Ainsi, entre la loi et la grâce, la différence est complète et bien marquée.
Pour le chrétien, le principe est le même que pour Christ, sauf que Lui est Dieu et qu’Il a fait l’expiation pour nous. Nous avons aussi la vie avant de passer à la pratique, comme le Seigneur l’a eue en Lui-même de toute éternité. À nous donc d’agir parce que nous avons cette vie, et non pas pour avoir la vie, comme le faisait l’homme sous la loi. La marche chrétienne est l’exercice de la vie nouvelle, quelque chose d’impossible pour qui n’a pas la vie, et qui n’est possible que pour celui qui a cette vie avec l’œil fixé sur Jésus. Autrement l’œil n’est pas simple ; il peut être occupé de ceci ou de cela, quand la marche n’est plus selon la lumière. « Si ton œil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière » ; et il n’y a que Christ pour rendre l’œil simple.
Ceci est
indiqué assez clairement ici, mais Jean va plus loin. Ce n’est plus seulement
« par ceci nous savons que nous Le connaissons
» (2:3), mais
« par ceci nous savons que nous sommes en Lui
» (2:5). Ceci
implique un grand supplément de privilège, et c’est la manière dont Dieu
encourage ceux qui sont vraiment obéissants en esprit. Non seulement ils Le
connaissent, mais ils connaissent qu’ils sont en Lui Quelle chose merveilleuse
pour un saint que d’être assuré qu’il est en Christ ! Lui qui est infini,
alors que nous, nous sommes finis et très faibles, même si nous sommes bénis par
grâce. La vie ici dépend de Dieu et de Son Fils. Et l’Esprit de Dieu fortifie
le sens de la dépendance, et utilise la Parole pour nous confirmer dans cette
attitude. Qu’est-ce que montrent de telles paroles ? Son plaisir à donner
l’assurance aux saints obéissants qu’ils peuvent savoir qu’ils sont en Lui.
Quel bonheur pour nous de savoir ce qu’Il est envers nous et ce qu’Il a été
pour nous ! Quel encouragement et quelle force cela ne donne-t-il pas
quand nous avons le sentiment de notre faiblesse !
Si nous comparons Jean 14:20, nous apprenons qu’être en Christ est la part du riche groupe de privilèges chrétiens qu’Il a assuré à Ses disciples depuis le jour où le Saint Esprit a été donné pour être en eux et avec eux, après qu’Il soit monté en haut auprès du Père. « En ce jour-là vous connaîtrez que Moi Je suis en Mon Père, et vous en Moi, et Moi en vous » (Jean 14:20).
Il y a d’abord la position merveilleuse et juste du Seigneur ressuscité dans Son Père — ce qui est merveilleux, ce n’est pas que le Fils unique soit dans cette position, car elle était Sienne de droit dans la Déité, mais c’est la première fois que cette position leur était déclarée comme étant vraie de l’homme ressuscité tel qu’Il était et qu’Il ne cessera jamais d’être. C’est Sa place à la suite de l’ascension, la juste récompense qui Lui revient à la suite de Son rejet par le monde (Jean 16:10) ; et nous qui croyons, nous savons par l’Esprit du Père en Son nom qu’Il est là dans Son Père, — une position dépassant de loin Sa position comme Messie sur le trône de David, ou même comme Fils de l’homme gouvernant toutes les nations de la terre dans le royaume futur. C’est la place qui Lui revient, et elle ne peut l’être que parce qu’Il est une personne divine, une avec le Père, et pourtant homme ressuscité ayant accompli la rédemption ; c’est ce qui donne au christianisme sa grandeur unique.
Il fallait ensuite qu’ils sachent qu’ils étaient en Lui. Cela ne se limitait pas à ce que, en vertu de Sa mort et de Sa résurrection, ils feraient partie du fruit abondant issu du grain de blé tombé en terre, puis mort. Mais ils devaient avoir une position intime et céleste en Lui, pour autant que ce soit possible à la créature, non pas seulement une vie de résurrection, mais une place de proximité garantie, là en Lui, et connue comme étant nôtre déjà maintenant sur la terre. Répétons qu’ils devaient connaître Christ en eux : c’est une vérité caractéristique de l’épître aux Colossiens (1:27), tout comme le fait d’être en Christ est une vérité caractéristique de l’épître aux Éphésiens (1:3 ; 2:6, 10, etc.), sauf que l’apôtre Jean la traite comme étant une vérité vraie individuellement, tandis que Paul la traite en liaison avec l’unité du corps de Christ, l’Église. C’est la portion de tout vrai croyant, alors que ne pas connaître ces choses est la honte de l’incrédulité de la chrétienté. Hélas ! c’est ceci qui obscurcit la compréhension de beaucoup de saints maintenant, et presque continuellement depuis la mort de l’apôtre ; or ce dernier montre ici que sa réalisation dépend de ce qu’on garde la Parole de Christ, et l’amour de Dieu consommé [rendu parfait] en soi. Or ce n’est rien d’autre que ce qui devrait être vécu par tout chrétien, et dont la carence attriste le Saint Esprit de Dieu par lequel nous sommes scellés pour le jour de notre rédemption, c’est-à-dire la rédemption du corps. Le manque de foi ou de fidélité obscurcit l’œil spirituel à l’égard de nos meilleurs privilèges.
« Celui qui dit demeurer en lui ». Ici on a quelque chose de plus qui ne peut être qu’une vanterie, et une vanterie vaine. L’apôtre le traite d’une manière toute différente de celle dont il avait traité celui qui méprisait de façon insouciante l’autorité de Dieu. Il qualifiait ce dernier de menteur, en qui la vérité de Dieu n’était point. Il était réputé n’avoir rien de Dieu en réalité. Mais quand on se trouve en face de la profession de demeurer en Lui, quelle déduction tranquille et décisive en tire-t-il ! Vous dites que vous demeurez en Lui ? Alors vous devez marcher comme Lui a marché. On ne se trouve pas ici devant une prétention à ne pas avoir de péché. Mais si nous disons que nous demeurons en Christ, l’effet de demeurer en Christ est immédiat et puissant sur la marche. La marche est l’expression de la vie dans la lumière de Dieu ; et si je demeure en Lui qui est la Vie et la Lumière, qu’est-ce qui m’empêche de marcher comme Christ a marché ? En Sa présence, nous ne péchons pas ; en dehors du sens de Sa présence, nous péchons. Par grâce c’est le même principe de marche, quoique bien éloigné de la présomption de marcher selon la même mesure. La norme, c’est Christ, non pas la loi.
Or nous savons comme une question de fait, combien il est facile de s’éloigner en glissant, combien il est facile d’oublier le Seigneur pendant un petit moment, combien nous sommes enclin à laisser le champ libre à l’activité de notre propre nature. Cela n’est pas demeurer en Lui ; mais l’apôtre ne dévie pas de ce qu’il dit pour introduire ces nuances. Il regarde au principe, et un principe est absolu. Tous ceux qui refusent de regarder à la vérité absolue parce que l’homme est dans une condition hybride, ceux-là abandonnent la foi au profit du sentiment et des sens. Comment quelqu’un de pareil peut-il comprendre la vérité de Christ, ici ou ailleurs ? Il faut être absolu en Christ et en Son œuvre. La grâce doit être absolue pour qu’un pécheur ruiné puisse en profiter. Si Dieu me donne la justification, ce n’est pas à remettre en question. Si Dieu justifie l’impie (Rom. 4:5), c’est aussi absolu que le fait qu’Il donne la vie éternelle en Christ. Or le croyant a la vie éternelle pour obéir aussi bien que pour jouir de la communion avec le Père et Son Fils. C’est ce que nous lisons : « Celui qui dit demeurer en Lui, doit lui-même aussi marcher comme Lui a marché ». L’apôtre laisse ceci agir sur la conscience, car ici il n’est rien revendiqué de supérieur au fait qu’on dit demeurer en Christ. Il ne s’agit pas de la bénédiction de savoir que je suis en Lui, mais il s’agit de ce que je professe faire de Lui la demeure de mon âme dans toutes les situations de joies et de douleurs, de dangers et de difficultés. Car c’est cela demeurer en Lui. S’il en était vraiment ainsi pour moi, je devrais marcher comme Lui a marché. Mais en est-il ainsi en action et en vérité ? Le manque à réaliser qu’on demeure en Lui, se manifeste dans les carences de notre marche. Mais comme chrétiens, nous reconnaissons que Christ est la norme que nous devrions suivre, aussi humiliant que cela soit pour nous. Nous ne prétendons pas non plus que quelqu’un ait jamais marché à la mesure de la marche de Christ, mais on cherche par grâce à marcher de cette manière.
Nous avons déjà vu dans les versets précédents que l’obéissance est le premier signe, et le signe absolument essentiel, de la possession de la vie divine. L’essence de l’obéissance n’est pas simplement de faire ce qui est droit en soi, mais de le faire sous l’effet de l’autorité de Dieu et pour Lui plaire. Il ne faut pas hésiter à dire que, si un homme faisait toujours ce qui est droit, simplement parce que c’est droit, il ferait toujours ce qui est mauvais, parce qu’il laisserait de côté l’élément le plus important de tous pour Dieu Lui-même et pour le croyant qui est Son enfant. Le premier de tous les droits, c’est que Dieu ait Ses droits, tandis que laisser Dieu de côté, c’est exactement ce que fait l’homme s’il agit seulement parce qu’il juge de lui-même de ce qui est droit. Qui est-il, dans une telle question ? Qu’est-ce que l’homme pour qu’on fasse cas de lui ? (Job 7:17). Non, ce qui est en question est la volonté de Dieu, et c’est pourquoi la crainte de Dieu est toujours le commencement de la sagesse (Prov. 9:10). En conséquence l’obéissance est le premier test de la vie nouvelle et divine, comme l’apôtre vient de le dire, spécialement en vue de l’iniquité [absence de loi] à l’œuvre parmi les chrétiens professants. Quand l’homme se considère lui-même comme la personne capable de juger, oubliant Dieu qu’il ne voit pas, tout le terrain du jugement saint et sûr est abandonné. Car même en le supposant décent moralement et correct extérieurement, l’homme qui ne marche que d’après son propre jugement sur ce qui est placé devant lui, est nécessairement dépourvu de l’obéissance rendue à Dieu. Or sans obéissance, tout est de travers, et en total désaccord avec la responsabilité du chrétien.
Mais il y a un autre principe moral qui vient après celui qui vient d’être traité, et pourtant étroitement lié à lui dès le départ. La raison est simple : les deux découlent de Christ. Car Lui est la vie, et l’expression qu’en a donné Christ ici-bas en paroles et en actes fournit le modèle pour savoir ce qu’est réellement la vie éternelle, mais ne se borne pas simplement à parler d’une doctrine ou d’une théorie. La vie est la chose la plus intime de toutes pour la créature, la plus absolument nécessaire pour sentir ou pour juger, pour être une chose quelconque ou faire une chose quelconque, dans l’existence spontanée. Tous les hommes ont la vie naturelle de l’homme déchu sous la puissance du péché et de la mort ; à quoi peut-elle servir devant Dieu et pour nous ? Elle peut faire beaucoup de mal, mais ne peut jamais conduire à ce qui plait à Dieu. Christ est le seul à Lui avoir toujours plu parfaitement ; et c’est la vie de Christ qui est notre vie maintenant. Il est le donateur de la vie à quiconque croit du cœur. Le premier homme a introduit la mort, le Second Homme est un esprit vivifiant (1 Cor 15:45). C’était dans la Parole éternelle ; et comme homme, Il a reçu du Père d’avoir la vie en Lui-même (Jean 5:26), mais Il donne la vie à ceux qui Le reçoivent. Il vivifie de manière égale au Père (Jean 5:21).
Rien n’est plus caractéristique de Dieu, que de créer et donner la vie. Mais les philosophes qui n’ont pas la foi n’ont pas encore réussi à savoir ce qu’est la vie, ni où elle est. Certains cherchent activement à en trouver la trace dans leur creuset, s’attendant à en extraire le secret à partir de leurs expériences chimiques. Les métaphysiciens ne sont en rien plus sages lorsqu’ils interrogent la raison, excellente pour analyser les déductions, mais incapable de découvrir la vérité. Tous ces moyens humains, et d’autres encore, peuvent bien être utiles dans les domaines matériels ou mentaux. Mais, pensez à ce qu’est la vie, réfléchissez à ce que peut être la valeur des opinions de ceux qui s’attendent à (ou au moins le désirent fortement) découvrir la vie comme le résultat de pareilles recherches !
Non, la vie de l’homme, à l’origine, vient de Dieu directement ; elle a été donné par Dieu soufflant dans les narines de l’homme. C’est la raison pour laquelle il est le seul à avoir une âme immortelle. Les autres animaux ont une vie et une âme appropriées, mais qui ne viennent pas du souffle de Dieu, seulement de Sa volonté et de Sa puissance. Il a permis leur existence temporaire, mais c’est tout différent de souffler personnellement dans les narines de l’homme, un procédé qui n’a jamais été appliqué à aucune autre créature sur la terre. Seul l’homme a eu cette faveur. Reconnaître cette différence permet d’éclaircir complètement la base de l’être moral et de la responsabilité, c’est-à-dire l’immortalité de son âme.
Mais il y a un privilège immensément plus grand que d’être simplement immortel au sens de l’existence perpétuelle de l’âme. Car cela peut aboutir à quelque chose d’indiciblement terrible. Pensez à l’existence perpétuelle dans l’étang de feu ! Tous ceux qui rejettent le Fils de Dieu doivent tomber sous Son jugement éternel : une existence de souffrance qui ne cesse pas, et de souffrance sous la main de Dieu, parce qu’on a refusé obstinément et volontairement de croire que Lui a souffert judiciairement, en grâce, pour que le coupable puisse ne jamais souffrir de Sa part, mais seulement être béni éternellement ! Combien la miséricorde de Dieu est riche pour proclamer le salut aux perdus, parce que Christ a porté le jugement du péché à la croix ! Et si je ne crois pas en Lui, ni dans la bonne nouvelle de ce que Dieu a opéré par Lui, où suis-je ? sous la puissance de Satan, la puissance de l’ennemi qui ne se relâche pas dans sa haine contre Dieu et contre l’homme. Mais l’homme ne peut pas avoir de non-existence. Cela devient la terrible culpabilité du pécheur qui voudrait se rendre non-existant, s’il le pouvait. Il peut se suicider, mais il doit en rendre compte à Dieu, car Dieu lui a donné la vie ; or qui lui a donné permission de se débarrasser de cette vie de sa propre main ? Comment une pareille folie méchante pourrait-elle générer quelque bien que ce soit ? Si le meurtre, sous quelque forme que ce soit, est un crime noir et mortel, le suicide en est l’une des pires formes, et est une insulte directe et extrême à Dieu. La parfaite obéissance qui a toujours été celle de Jésus, découlait d’une vie qui était expressément éternelle. En nous qui croyons, cela ne fonctionne pas toujours ainsi, parce que la chair opère à notre honte ; mais la vie nouvelle, étant éternelle, reste toujours prête pour l’activité qui doit être la sienne. La vieille vie peut resurgir par négligence ou par manque de vigilance dans la prière ; car la vieille vie, ou la pensée de la chair, est là aussi, toujours inimitié contre Dieu (Rom. 8:7). C’est la propre volonté de l’homme, et à qui obéit-il alors ? à Satan. Car la volonté de l’homme convient sûrement au travail de Satan. Voilà ce qu’est le libre arbitre (ou volonté libre) dont l’homme se vante.
Il ne faut jamais cesser de répéter que tout croyant reçoit la vie éternelle immédiatement de Christ. Son premier souffle en nous a lieu quand la foi commence dans l’âme : quand le pécheur se courbe devant Christ comme donné par la grâce de Dieu. Même cela, nous l’avons vu, Il en fait une question d’obéissance à notre Dieu. C’est expressément Son commandement que je croie l’évangile et que je me repente. Il y a ainsi une vraie soumission à Dieu dans l’âme ; l’obéissance dans ce cas ne se rapporte pas à ce que je vais désormais faire pour Lui, mais dès le premier instant mon âme se courbe devant Dieu comme le Dieu Sauveur par le moyen de Son Fils. Quelle bénédiction qu’Il me donne la vie ! Quelle merveille qu’Il fasse de moi l’objet de Son amour ! Et y a-t-il un amour plus grand que celui qui donne Son Fils pour vivre ici-bas pour moi, afin que j’aie la vie éternelle, sauf de me donner ce Fils-même qui est la vie éternelle pour mourir pour mes péchés, afin qu’ils soient complètement effacés par une rédemption éternelle ?
Or cette vie nouvelle est la source non seulement de l’obéissance, mais de l’amour divin. Car l’amour ici n’est pas simplement vu envers Dieu. Cet amour envers Dieu ne peut que jaillir quand l’âme sait réellement que Dieu, dans Sa grâce souveraine, lui a donné à la fois la vie éternelle et la propitiation pour ses péchés, dans Son Fils Unique et Bien-aimé. Mais ce sur quoi il est insisté ici, c’est l’amour l’un de l’autre, l’amour de ceux qui sont chrétiens comme nous.
Quand les saints sont jeunes, et non spirituels comme les chrétiens de Corinthe, ils pensent qu’il est facile de s’aimer l’un l’autre. On aimerait qu’ils essaient seulement pour de bon chaque jour. S’ils se sondaient seulement devant Dieu, ils apprendraient vite que beaucoup de choses passent pour être de l’amour, alors que ce n’est que paroles de la bouche. C’est tout facile quand tout se déroule gentiment dans la bonne direction à nos yeux ; mais si les choses se mettent en travers de nos désirs, c’est là qu’il est difficile d’aimer. Cette sorte d’amour, vous pouvez facilement le trouver chez n’importe quel être humain aimable, même chez un chien ou un chat ; mais il n’y a là absolument rien de divin. Mais aimer ses frères va faire obstacle à beaucoup de choses chez nous, tout comme chez eux. Il n’en est pas avec le chrétien comme avec Christ. « En Lui il n’y a pas de péché ». Le péché est justement ce qui est en nous maintenant par nature. C’est malheureux pour tous ceux qui ne le croient pas ; car ils vivent dans un paradis de sottise sur eux-mêmes en s’imaginant être eux-mêmes parfaits maintenant au sens pratique. Or ils sont loin d’être parfaits de cette manière. Ils n’ont même pas appris la perfection chrétienne qui se renonce soi-même et trouve tout en Christ, surtout s’il s’agit de le pratiquer tous les jours. Il n’y aura jamais de perfection en nous tant que nous ne serons pas conforme à Son image (Rom. 8:29). Si nous nous jugeons dans la lumière, nous avons vite de quoi nous affliger sur nos manquements, et avec raison.
Néanmoins, le Seigneur enjoint solennellement à Ses disciples de s’aimer l’un l’autre. La foi en Lui ne prend pas plus le parti des Juifs que de celui du dénigrement de toutes les nations. Aimer son propre peuple est truffé d’orgueil. Nous nous identifions avec ce que nous considérons avoir des mérites particuliers et des honneurs brillants. Certainement les Juifs étaient aussi orgueilleux qu’une nation peut l’être, et on ne peut pas nier qu’ils avaient pour cela de meilleures apparences que leurs ennemis. Mais en vérité personne n’a de raison valable d’être fier ; on n’a que des raisons de nous tenir le front dans la poussière à cause de nos péchés contre Dieu.
Si quelqu’un a de quoi s’étonner devant ce que Dieu a fait, c’est sans doute Israël, beaucoup plus que tout autre peuple. Mais il reste vrai que, dès l’instant où nous considérons les choses à la lumière de Dieu, si nous sommes fidèles nous ne pouvons que nous humilier pour notre indignité devant Lui. Nous trouvons du péché tant chez nous que l’un chez l’autre. C’est pourquoi il faut bien l’Esprit de Dieu pour nous élever au-dessus de tout ce qui provoque et éprouve, de tout ce qui est contraire non seulement à ce que nous aimons, mais à ce que nous jugeons sérieusement comme étant à tort.
On en vient maintenant au test sévère de l’amour. Persévérons-nous à aimer même de cette manière ? Nous ne devons pas être indifférents au déshonneur fait à Christ, ni à ce qui trahit la vérité de Dieu, ni à l’injustice, ni à toute autre forme de péché manifeste. Mais nous avons à nous montrer patients, et même très patients, forts dans la grâce qui est dans le Christ Jésus, à prendre notre part des souffrances comme Ses bons soldats, à endurer tout pour l’amour des élus, afin qu’eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus avec la gloire éternelle (2 Tim. 2:3, 10). Et c’est bien ce que fait l’amour en réalité. Il s’élève de manière à avoir part à la patience de Dieu, ce dont Christ a fait preuve jusqu’à l’extrême, et qu’Il a montré chaque jour, dans presque tous les détails de la journée. Cela ne L’a pas empêché de dénoncer le mal fait contre Dieu, mais ce n’était pas là un manque d’amour. Ne pas haïr le mal aurait fait tort à la nature de Dieu et à Sa Parole ; car l’indifférence au mal est juste le contraire de la sainteté. L’amour de ce qui est bon, et l’honneur rendu à ce qui est juste font partie de la sainteté pratique de tous ceux qui sont nés de Dieu.
Mais l’amour s’élève au-dessus de ce qui est toujours si éprouvant pour nous personnellement, et si opposé à nos pensées et à nos désirs. Par la foi, nous pouvons laisser tout cela à Dieu, et nous devons le laisser dans l’amour. Nous pouvons reprendre ce qui est fait à tort, et nous devons le faire, sauf au cas où il serait inconvenant que nous le fassions. En face de tout ce qui peut être déplorable, nous sommes appelés à nous garder dans l’amour de Dieu (Jude 21). Cela ne concerne pas seulement nos propres esprits, mais l’amour de Dieu se déversera aussi assurément l’un envers l’autre.
On peut aussi simplement mentionner que le premier mot, ici, montre la tendance de l’homme à glisser et s’écarter de l’exactitude de la Parole de Dieu. Dans la version autorisée du roi Jacques, le v. 7 commence par « Frères ». Mais l’apôtre n’introduit pas encore cette désignation. Il sera bien temps d’utiliser cette appellation « frères », mais une seule fois (3:13). La pensée principale ici, n’est pas nos relations mutuelles. « Chers enfants » ou « Bien-aimés » sont ses expressions habituelles. Ici le terme utilisé pour interpeller est adapté de manière exquise à l’amour au sujet duquel il va s’étendre plus longuement. Le vrai sens du terme est « Bien-aimés ». « Bien-aimés », je ne vous écris pas un commandement nouveau ». Voyons-nous bien combien ce terme est approprié ? Il ne va pas parler de leur relation entre eux, bien que ce soit évidemment vrai à sa place, mais la forme de l’expression employée ici leur rappelle qu’ils sont des bien-aimés. Il n’est pas nécessaire de dire par le moyen de qui ils le sont, bien que la grâce les ait en effet rendus chers à l’apôtre. Dieu Lui-même les a aussi aimés, comme Christ l’a manifesté ; ils étaient les objets de Son amour qui ne change pas. Y a-t-il quelque chose de plus puissant pour faire jaillir l’amour l’un envers l’autre, étant les objets du même amour ? « Bien-aimés, je ne vous écris pas un commandement nouveau, mais un commandement ancien que vous avez eu dès le commencement » (2:7).
Le commandement ancien, nous l’avons dans l’évangile de ce même apôtre inspiré. C’est lui qui le fait ressortir plus que tout autre, si même il n’est pas le seul à le faire en ces termes. Le Seigneur a enjoint avec ferveur à Ses disciples de s’aimer l’un l’autre. Cette injonction se trouve dans le premier de ces chapitres remarquables de l’évangile où Il parle à Ses disciples en vue du moment où Il allait quitter la terre pour aller au Père. En Jean 13:34, 35, nous avons le commandement nouveau. Reportons-nous au contexte pour un moment. « [Petits (= chers)] enfants, je suis encore pour un peu de temps avec vous : vous me chercherez ; et, comme j’ai dit aux Juifs : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez venir, je vous le dis aussi maintenant à vous » (13:33). Son départ était une condition nécessaire du christianisme. Son absence est une absence de la terre pour être au ciel. Jusqu’à ce moment-là, le christianisme n’avait pas commencé proprement, pour autant qu’il s’agissait de la relation des disciples, même si la racine de la bénédiction était en Lui-même. Mais leur vraie position vis-à-vis du Seigneur et de toute autre personne par conséquent, leur pleine relation, était nouvelle et n’a été apprise de manière consciente qu’après que le Seigneur soit mort, ressuscité et monté au ciel.
En leur indiquant qu’Il allait les quitter, Il leur exprime ce qu’Il désire qu’il y ait en eux, et de leur part. « Je vous donne un commandement nouveau » (notre texte se réfère clairement et directement à l’évangile de Jean — 13:34) « que vous vous aimiez l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l’un l’autre. À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous » (Jean 13:34-35). C’est ce qui est appliqué ici dans l’épître. Le Seigneur donne un commandement que Jean a déjà fait connaître dans l’évangile. Il avait été donné par notre Seigneur quand Il était ici-bas. Nous voyons aussi une ample confirmation de ce que nous avons dit en expliquant les premiers versets de l’épître, à savoir que « dès le commencement » est entièrement différent de « au commencement ». Il aurait été impossible qu’il y eût quelque chose comme « dès le commencement » sans qu’il y ait eu préalablement la Parole et le Fils « au commencement », avant les cieux et la terre. « Dès le commencement » signifie depuis le temps que la Parole éternelle était ici-bas, en plénitude de grâce et de vérité avec les disciples, la Parole devenue chair et dressant tabernacle, ou demeurant parmi eux. C’est justement à ce temps-là que se réfère l’expression « un commandement ancien que vous avez dès le commencement ». « La parole que vous avez entendue » n’existait certes pas « au commencement ».
C’était de Christ qu’ils avaient entendu ce commandement. Aucun commandement semblable n’avait été donné auparavant. Ce n’était pas aimer son prochain ; tout s’en distinguait : la mesure, la manière, l’objet, quelle qu’en soit la source. C’était l’amour divin découlant de et vers ceux qui avaient reçu la vie éternelle en Christ, et qui allaient recevoir la rédemption éternelle par Sa mort, étant tous pareillement les objets de cet amour divin. C’était une nouvelle compagnie, dont les individus étaient préparés pour tout ce qui devait leur appartenir, et formés autant qu’il était alors possible selon la vie éternelle qu’ils possédaient tous en Lui. Mais il était absolument nécessaire qu’interviennent Sa mort et Sa résurrection pour donner à cette compagnie une base divine pour faire face à toutes les difficultés et à tous les besoins, et qui garantirait tous leurs privilèges, quels qu’ils soient. Mais ces conseils et ces voies de Dieu ne sont pas tellement le domaine de l’apôtre Jean : c’est dans les épîtres de Paul qu’on les trouve. Jean a en vue les principes abstraits pour les saints personnellement et sans adaptation, quoiqu’il faille certaines adaptations dans une mesure à cause de ce que nous sommes, et à cause de ce qu’est le monde. Les principes demeurent cependant à leur place, et Jean y conduit pleinement les fidèles. Il insiste sur les principes donnés de Dieu, auxquels nous avons à tenir ferme ; et il nous faut dépendre d’un Dieu fidèle pour résoudre toutes les difficultés par la parole par le moyen de celui qui l’a écrite dans ce but, surtout l’apôtre Paul.
L’apôtre Jean se fonde ici sur le commandement d’aimer selon le modèle de l’amour de Christ pour nous. C’était « un commandement ancien » parce qu’antérieur à la mort et à la résurrection de Christ, alors qu’Il était encore vivant et avec eux sur la terre. Ils étaient bien encore Juifs jusque là, mais ils avaient reçu dans leurs âmes ce qui était infiniment au-dessus du judaïsme. Extérieurement ils continuaient de monter au temple. Ils pouvaient offrir des sacrifices et payer des vœux selon le Lévitique. Les disciples ont continué cette manière de vivre longtemps après, beaucoup d’entre eux, sinon tous, étant à Jérusalem. Nous lisons même que les principaux apôtres, après avoir reçu le Saint Esprit promis au jour de la Pentecôte, montaient ensemble au temple à l’heure de la prière, tout comme ils avaient eu l’habitude de le faire avant et après avoir suivi le Seigneur sur la terre.
« Le commandement ancien est la parole que vous avez entendue » [il est correct ici de ne pas répéter « dès le commencement » malgré le Texte Reçu]. Cela ne peut pas se rapporter à l’éternité. Le commandement n’avait pas été commandé « au commencement » : personne ne l’entendait dans l’éternité. Cela aurait été entièrement en dehors du temps, des lieux et des personnes, quand il n’existait encore personne à aimer. En bref, c’est une erreur évidente de confondre « dès le commencement » et « au commencement » comme beaucoup le font à tort.
Au verset suivant (2:8), nous lisons quelque chose qui parait paradoxal. Cela ne gêne pas Jean, parce que ce qui paraît paradoxal peut être parfaitement vrai. L’oreille incirconcise l’estime intolérable et contradictoire. Mais pour comprendre les Écritures de la bonne manière, il faut toujours commencer par les croire ; c’est alors qu’on commence à comprendre. Si nous ne les croyons pas, comment pourrions-nous les comprendre ? Il n’y a que l’esprit naturel pour préférer le moi à Dieu, et refuser d’apprendre ce qui est infiniment au-dessus de sa petite portée. Préférer à la Parole de Dieu nos propres pensées, notre propre manière et notre propre parole, c’est entièrement incompatible avec la foi en l’inspiration de Dieu.
La seule chose qui convienne au croyant est de se mettre résolument du côté de Dieu et de Sa Parole. Il peut sentir son incapacité à expliquer telle ou telle difficulté, mais il croit Dieu et n’a pas confiance en lui-même. C’est pourquoi il attend. Il croit que le Seigneur lui donnera de la lumière sur l’énigme, si c’est bon pour lui. Si cette lumière ne vient pas, il a confiance que le Seigneur a une très bonne raison pour cela. Il est certain que Dieu a toujours raison ; mais quant à lui-même, combien souvent n’a-t-il pas eu tort ! Ici l’apôtre ajoute « je vous écris un commandement nouveau, ce qui est vrai en lui et en vous ». Ce qui paraît difficile à première vue explique tout exactement. Il ne faut pas attendre longtemps, ni chercher loin pour comprendre comment le commandement ancien peut être le commandement nouveau. Il est bien probable que les simples érudits ne pourront en découvrir le sens avant le jour du jugement : ce serait comprendre sans croire. Par conséquent ils restent dans l’obscurité et le brouillard, aussi savants soient-ils. Le commandement ancien était vrai en Christ. Quand Il l’a prononcé, Il les aimait tous, comme personne ne pouvait aimer, sinon Dieu. Il les aimait parfaitement. Imaginez-vous qu’ils s’aimaient l’un l’autre à ce moment-là ? N’étaient-ils pas aussi jaloux l’un de l’autre qu’on peut bien imaginer chez des gens pieux ? Nous les trouvons toujours prêts à se quereller, et à disputer avec vigueur et âpreté lequel d’entre eux serait le plus grand. Y avait-il là de l’amour ? Une telle rivalité était aux antipodes de l’amour, et indiquait l’activité de la chair.
L’amour aurait éprouvé que c’était à Dieu à décider la place de chacun. L’Écriture montre que Dieu place dans l’Église comme il Lui plait (1 Cor. 12:18). Mais chacun d’eux voulait être le plus grand, ce qui était évidemment impossible. Y a-t-il un sentiment plus opposé à l’amour de tous, que celui de vouloir être le plus grand, et d’avoir la meilleure place pour soi-même ? Combien cela est contraire à l’esprit de Christ comme nous le montre Phil. 2 !
Il est donc montré ici que ce qui était le commandement ancien lorsqu’Il était sur la terre, est maintenant un commandement nouveau, parce que maintenant il est vrai non seulement en Lui mais en eux. Qu’est-ce qui a fait qu’il soit vrai en eux ? La mort et la résurrection du Seigneur Jésus. C’est ce qui fait toutes choses nouvelles. La résurrection n’existe pas sans la mort, et les choses vieilles ne pouvaient pas passer sans la mort de Christ, pas plus que les choses nouvelles ne pouvaient arriver sans Sa résurrection. Or Lui est la résurrection et la vie. Tel est le grand et glorieux principe du christianisme. La mort et la résurrection du Seigneur Jésus est comme un pivot sur lequel tout tourne. C’est ce qui a rendu nouveau le commandement ancien ; c’est ce qui l’a rendu vrai en eux comme en Lui. Il était en effet, et Il est la vérité ; mais comment cela peut-il être pour vous et pour moi ? Sommes-nous dans l’Esprit ? ou bien est-ce que je me recherche encore moi-même ? S’il en est ainsi, ce n’est ni Christ, ni l’amour.
Quelle bénédiction que le commandement ancien soit nouveau maintenant, et qu’il soit vrai en Lui et dans les Siens ! et pourquoi en est-il ainsi ? Parce que les chrétiens ont tous la même position, ayant la vie en Lui ; mais maintenant tout ce qui est mal a été traité à la croix, tout ce qui empêchait l’œuvre de la vie divine et son exercice en amour et son libre déploiement l’un envers l’autre — toutes ces choses mauvaises ont été jugées à la croix de Christ. La Parole nous révèle tout cela, et l’Esprit le rend effectif en chacun de nous. L’apôtre parle à nouveau ici selon le principe. Il ne prend en compte aucune réserve transitoire qui serait due à l’état particulier dans lequel se trouve le chrétien, et que la Parole corrige ailleurs. Mais Jean nous donne le vrai principe dans tout son absolu pour que la foi en jouisse, et le mette en pratique par grâce selon notre mesure de spiritualité. Il déclare que ce principe est vrai en nous, c’est-à-dire en tous les chrétiens aussi bien qu’en Christ.
C’est un fait encourageant, et même surprenant dans le royaume spirituel, mais la bénédiction n’est jamais effectivement connue sans qu’on croit la Parole de Dieu, et qu’on la croit à l’égard des autres autant qu’à l’égard de sa propre âme. « Ce qui est vrai en Lui et en vous ». Le commandement ancien était sans puissance tant qu’Il n’était pas mort et ressuscité ; mais une fois qu’Il est mort et ressuscité, la plénitude de la bénédiction ayant étant montrée en Lui, elle a été alors communiquée à Ses disciples. Le grain de blé demeure seul, à moins qu’il ne tombe dans le sol et qu’il meure ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit, selon ce que dit le Seigneur. Or où est-il ce « beaucoup de fruit » ? dans tous les chrétiens, dans tous ceux qui le sont réellement. Des interférences peuvent malheureusement intervenir pour faire obstacle ; et il est important d’apprendre comment ce qui empêche peut être surmonté, et comment nous pouvons et devons nous élever au-dessus. Nous ne devrions jamais nous accorder du repos, ni nous relâcher de crier instamment à Dieu, et de nous servir des moyens fournis par Sa Parole et Son Esprit pour régler la difficulté en nous-même, ou éventuellement chez d’autres. Car Christ nous a donné l’exemple ; nous devons aussi nous laver les pieds l’un l’autre.
Nous avons ici ensuite le principe, le commandement de Christ en puissance. Il était toujours parfait en Christ. Quand il n’était que le commandement ancien, lui seul l’a pratiqué. Mais quand Il est mort et ressuscité, voici la différence parmi eux : « Alors Pierre se leva avec les onze » (Actes 2:14), juste comme un seul homme ; il n’y avait plus de lutte charnelle, de rivalité, ou de recherche de soi. On n’avait jamais vu un pareil changement auparavant, durant les jours du ministère de notre Seigneur dans Sa chair, ou de ce qui est appelé ici « dès le commencement ». Cela n’avait été vrai qu’en Lui. Maintenant par la puissance de Sa résurrection, c’était vrai en eux aussi bien qu’en Christ. Voyez la raison qui en est donnée : « car les ténèbres s’en vont ». Je regrette de paraître trop critique, mais supportez que je dise ce que je sais être la vérité. Il ne s’agit pas de sentiments subjectifs, ou de suppositions. Le terme utilisé ici par le Saint Esprit signifie « s’en vont » et non pas « sont passées » comme dans la version autorisée du roi Jacques. Dire que les ténèbres ont disparu, c’est aller trop loin. Les ténèbres n’auront jamais disparu avant le retour de Christ. « Lève-toi, resplendis, car ta lumière est venue » (És. 60:1). C’est alors qu’il y aura de la lumière pour toute la terre. Elle pourra briller plus fort à Jérusalem, mais elle atteindra le monde entier, comme Sa gloire remplira la terre (És 6:3 ; 60:2).
Il est clair que c’est loin d’être le cas maintenant. Il y a et il y a aura le paganisme et l’Islam dans l’ère présente. Il y aura Babylone, comme il y a Rome maintenant, outre toutes sortes d’énormités dans la chrétienté. Et pis que tout, l’inique est imminent, et il va s’asseoir au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu (2 Thes. 2). Pensez aujourd’hui à tout le scepticisme qui est notoirement prêché tous les dimanches à Londres, dans l’anglicanisme, chez les baptistes, les églises indépendantes, les méthodistes etc., et ce ne sont pas les paroles de quelques excentriques, mais celles d’hommes les plus éminents. Peu nombreux sont ceux qui se prononcent résolument contre ces sottises coupables, sauf quelques personnes qui sont source de trouble et se font détester de plus en plus parce qu’elles sonnent la trompette et l’alarme. Peu importe comment ils agissent, tous seuls et simplement, ils rendent témoignage à ce que toute cette incrédulité est une tromperie du diable, et le précurseur de l’apostasie qui vient, et de l’homme de péché qui va être détruit par l’apparition en gloire du Seigneur.
Les ténèbres ne sont donc pas passées, et même loin de l’être ; mais elles s’en vont. Où ? dans chaque nouveau chrétien. Certains qui croient peuvent être au Kamtchatka, d’autres au Japon, d’autres dans la Russie, pauvre et fière, maline et agressive. Partout où la grâce agit, — et peu importe où, — s’il y a de nouveaux saints de Dieu, les ténèbres disparaissent d’autant. Elles disparaissent effectivement dans tout chrétien. Ici aussi, l’apôtre regarde au principe. Il n’examine pas dans quelle mesure cela a été réalisé, car ce n’est pas sa tâche. Il regarde aux choses comme elles devraient être dans le chrétien, agissant et pratiquant le principe divin que son âme a reçu.
Mais il ajoute : « et la vraie lumière luit déjà » pour traduire le passage en rendant sa force aussi exactement que possible. Certains chrétiens n’aiment pas les traductions exactes. Pourtant n’est-ce pas mieux de disposer de la vérité aussi simplement, clairement et complètement qu’il est possible ? Le point important à remarquer ici, est que ceci vient après la mort et la résurrection de Christ. Le monde n’a-t-il pas éteint cette lumière dans Sa mort ? Il a tenté de le faire autant qu’il lui était possible. Mais Sa résurrection a enterré l’effort du monde, car la lumière brille plus puissamment que jamais. « La vraie lumière luit déjà ». Les saints, si faible auparavant, deviennent forts, et s’oublient, ainsi que leurs folies, dans la joie en face du Sauveur ressuscité. L’Esprit donné ensuite est un Esprit de puissance, d’amour et de sobre bon sens. Nous pouvons donc voir ensuite combien il est vrai que le commandement d’aimer est en Lui et en eux. C’est « en eux » [« en vous »] que gît la difficulté. En Lui, c’est indiscutable, mais comment peut-il être vrai en eux également ? Ressuscités pour porter du fruit, nous voyons les ténèbres s’en aller et la vraie lumière luire déjà. Christ bannit les ténèbres pour chaque croyant, et Christ brille déjà pour eux et en eux, plus que jamais.
Le v. 9 fournit la réplique à celui qui dit être dans la lumière tout en haïssant son frère. « Dire » est mal vu dans cette épître. Le vrai saint de Dieu ne parle pas à la légère sur le fait qu’il est dans la lumière. Il sait qu’il l’est, Dieu en soit béni, mais il a de la gravité par rapport à ce qui est aussi solennel. Il laisse aux autres le soin de dire en se vantant « je suis dans la lumière » lorsqu’ils veulent dire d’un vrai saint « tu es dans les ténèbres ». Qu’y a-t-il de plus attentatoire pour le Seigneur et indigne pour le chrétien ? La manière juste et vraie n’est pas de dire, mais de manifester qu’on marche dans la lumière par un comportement pieux. « Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère » manifeste qu’il n’est pas dans la lumière. La haine à l’égard de son frère est incompatible, non seulement avec l’amour, mais avec la lumière et la vie ; car tous les trois vont ensemble et on ne peut les séparer. La vie se montre dans l’obéissance, mais aussi dans l’amour ; et la vraie lumière qui brille déjà rend visible de telles ténèbres. Certainement, si un frère est dur, impatient, ou manifeste quelqu’autre faute, c’est là pour vous tester vous-même : soyez d’autant plus attentif s’il y a en lui quelque chose de grave à vos yeux. Mais pourquoi notre cœur n’irait-il pas au-devant de lui pour le gagner ? Pourquoi laisser l’amour de côté quand il y en a tant besoin. Il faut aussi avoir de la compassion, si vous croyez qu’un frère a fait quelque chose de sérieusement mauvais. Ne doit-il pas être un objet de vos instantes supplications envers Dieu, même si vous réprouvez le mal ?
« Celui qui dit être dans la lumière et qui hait son frère, est dans les ténèbres jusqu’à maintenant ». Combien c’est bref et tranchant ! c’est comme cela chez Jean si plein d’amour ; personne n’est plus tendre que lui, mais qui est plus décidé ? C’est là où brille le contraste avec l’indifférence. Il ne dit pas « j’aime mon frère », mais il l’aime effectivement. « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière » (2:10) ; et il aime, même s’il y a de douloureuses inconséquences qui exigent beaucoup de son amour. L’amour en est alors d’autant plus démontré. « Et il n’y a point en lui d’occasion de chute ». C’était un cas éprouvant, mais il aimait. Quelqu’un de pareil « demeure dans la lumière, et il n’y a point en lui d’occasion de chute ». Si une volonté de revanche avait opéré, ou s’il y avait eu un désir sans grâce de mal contre celui qui a manqué, il y aurait eu occasion de chute. Tel est le sentiment naturel de l’homme quand on le provoque, mais c’est une négation de Christ, et donc du chrétien.
« Mais celui qui hait son frère » (2:11). Nous avons ici le mal montré à fond dans son caractère violent. « Celui qui hait son frère est dans le ténèbres ». C’est son état, ce qui décide vraiment la question. Celui qui hait son frère est un meurtrier en principe, comme Jean le montre ultérieurement (3:15). « Celui qui hait son frère est dans le ténèbres ». Il ne s’agit pas simplement de ce qu’il fait ou de comment il marche, mais il est dans les ténèbres. Il le manifeste par un comportement impitoyable. Les paroles et les actes proclament son état. Que sont ses paroles ? « Il hait son frère ». Que sont ses actes ? « Il hait son frère ». « Il marche dans les ténèbres ». La marche introduit la réalité de l’homme, tout comme le fait de marcher dans la lumière découle du fait d’être dans la lumière. Ce n’est pas une théorie, mais une réalité profonde. Le terme « marcher » n’exprime rien moins que cela. « Et il ne sait pas où il va ». Il se trompe lui-même. Malheureux mais endurci, il ne réalise pas qu’il est la proie de l’ennemi. Il n’est pas conscient qu’il va à la perdition. Mais il est lié en cela, et d’autant plus qu’il prend aveuglément la place d’un chrétien. Car s’il n’y a rien de plus béni que d’être un chrétien, il n’y a rien de plus misérable que de prendre cette place sans en être vraiment un ; et pourtant, combien égarent ainsi les âmes aujourd’hui ?
Comment peut-on donc en être sûr ? Je suis sûr que je suis un pécheur perdu, et je suis sûr que Dieu accueille le pécheur perdu au nom de Jésus ; car Dieu a donné le Fils de Dieu pour être le Fils de l’homme, pour chercher et sauver ce qui était perdu (Luc 19:10). J’ai besoin de Christ pour mon salut, et je crois en Lui à cause de la parole de Dieu à Son sujet. N’ai-je pas dès lors droit à prendre la place de chrétien ? Si nous recevons Christ, nous recevons Sa vie ; et pour la foi Il est la seule propitiation pour nos péchés. Le titre d’enfants de Dieu est ainsi donné à ceux qui croient au nom de Christ. Il n’y a que Lui pour assurer à tous ceux qui sont tels la part et la bénédiction du chrétien. Tous les privilèges de grâce en Lui arrivent pratiquement ensemble.
À l’inverse, si on prend simplement le nom du Seigneur légèrement, sans avoir dûment considéré ses péchés et l’état misérable où on a besoin de salut et de délivrance, il est clair qu’on marche dans les ténèbres tout le temps. C’est être dans les ténèbres et y marcher, et ne pas voir où on va parce que les ténèbres ont aveuglé les yeux ; et cette situation est d’autant pire qu’on a pris la place de chrétien. « Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes les ténèbres ! » dit le Seigneur (Matt. 6:23). On naît non pas de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu (Jean 1:13). C’est par une foi vivante en Jésus.
Cela n’est pas dit pour décourager aucun croyant, si faible soit-il. Pourquoi le serait-il ? Il n’y a pas un mot dans tout le Nouveau Testament, ni dans l’Ancien, pour amener une personne à douter ; tout est dit pour engager à croire. Quiconque croit, quiconque se soumet à la révélation de Dieu — la parole de Sa vérité et de Sa grâce, — la bénédiction est à lui. La parole de vérité est l’évangile du salut. Ce n’est que là qu’il y a ce qui vous met à nu comme pauvre pécheur, qui en même temps ôte toute tache, efface tout votre péché, et vous donne de vous tenir en possession consciente de la vie éternelle et justifié devant Dieu. Ce n’est pas le moi qui me justifie ; je me condamne moi-même. Dieu justifie celui qui croit dans le Seigneur Jésus. Il n’y a que Christ qui peut faire que ma délivrance de toute condamnation devienne une réalité. Si j’ai Christ, je peux laisser partir mon moi entièrement. Tout ce dont j’étais fier ou qui nourrissait ma vanité, quelle qu’ait été la forme de ma folie, je le désavoue comme entièrement faux et mauvais. Ô le bonheur de découvrir que toute bénédiction de Dieu est en Christ, et qu’Il la donne en entier par pure grâce ! non pas sur le principe des œuvres, afin que personne ne se glorifie (Éph. 2:9). Mais ici on a quelqu’un qui s’est permis de se placer sous Son saint Nom sans avoir aucun sens réel ni de ses péchés ni de la grâce de Dieu. Ce n’était que pure présomption, et auto-illusion, ou, comme aujourd’hui, cela venait de la pression cléricale sur les masses ou classes étourdies. Il s’est mis quelque peu parmi les frères, mais l’échec est complet ; il hait son frère. Il est dans l’état de l’homme naturel, et par conséquent dans les ténèbres ; il marche dans les ténèbres, et ne sait où il va, parce que, comme il est dit, « les ténèbres ont aveuglé ses yeux ».
Mais nous voyons clair après avoir cru. La foi en Christ ôte l’aveuglement, et chasse toute autre obstacle. Car la grâce de Dieu nous donne Christ non pas simplement comme vie et propitiation, mais pour la marche journalière, et pour les dangers et difficultés quotidiens. Ô quel encouragement il y a dans cette manière si simple et si profonde par laquelle l’apôtre insiste sur ces deux tests ou signes d’un vrai chrétien : d’abord l’obéissance, ensuite l’amour ; et dans les deux on ne marche plus dans les ténèbres comme le monde, mais on a la lumière de la vie. Puisque nous suivons Christ en croyant et en obéissant, nous marchons aussi dans l’amour.
Ainsi donc, la toute première chose que nous apprenons est qu’obéir à Dieu est la première marque, et la marque essentielle du chrétien. L’obéissance dont il est question se rapporte à tous les actes de notre vie, reliant ce qui est mis devant nous avec nos intentions et nos désirs, etc., et les jugeant tous selon cette norme : est-ce la volonté de Dieu ? cela plairait-il à Dieu ? Dieu m’appelle-t-Il ici à agir ou à supporter, quoi qu’il en soit ?
Être soumis à Sa parole règle toutes les questions ; c’est comme cela que Christ a toujours marché. La soumission absolue à la volonté de Son Père nous rend celle-ci douce. C’est comme Il disait : « Prenez mon joug sur vous et apprenez de Moi ; car je suis débonnaire et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car Mon joug est aisé et mon fardeau est léger » (Matt. 11:29-30). Mon frère, acceptes-tu ce joug loyalement ? Combien il est réconfortant ! Mais qu’est-ce qui le rend aisé ? Rien sinon Christ. Si l’œil est fixé sur Lui, Son joug est aisé ; si l’œil se détourne de Christ, que ce soit vers moi ou vers quelque autre objet, Son fardeau devient intolérable, et sous l’effet de l’incrédulité on le brise totalement.
Nous pouvons voir aussi la sagesse de l’Esprit qui donne ces deux tests, et dans l’ordre où ils sont. D’abord l’obéissance, ensuite l’amour. On constate en général, — et j’en ai fait l’expérience — que quand les chrétiens parlent l’un sur l’autre, ils sont enclins à donner la première place à l’amour dans leur schéma pratique du christianisme. Ils se fient à leur opinion qu’un tel est un frère plein d’amour. Ce serait effectivement malheureux de ne pas être un frère plein d’amour ; mais qu’en est-il de son obéissance ? Lui qui était autrefois rempli de propre volonté, est-il maintenant marqué par l’obéissance à Dieu ?
On se rappelle le premier passage des apôtres au tribunal (Actes 4, 5) ; ils n’avaient qu’une défense : il leur fallait obéir. Leur prédication et leur enseignement que Jésus était le Christ offensaient gravement le souverain sacrificateur et les scribes, les anciens et les sadducéens. C’est pourquoi ils leur commandèrent de ne pas prêcher en ce Nom. Mais Dieu leur apparut dans la prison à la surprise de tous ceux qui étaient chargés d’eux. Un ange les fit sortir de prison, et leur commanda de recommencer à parler dans le temple. Ce n’était pas comme quand Pierre a été conduit tout seul dehors, aussi extraordinaire que fût ce miracle. Mais dans le premier cas, tous les douze furent secourus, tandis que les gardes allaient et venaient sans se rendre aucunement compte de ce que Dieu était en train de faire. Car Il savait bien comment aveugler les yeux et délivrer des liens selon qu’Il Lui plaisait. Ayant reçu la direction d’aller au temple, ils y délivrèrent Son message. Insensibles pourtant même à un tel signe, les chefs Juifs insistèrent pour qu’ils gardent le silence. L’apôtre Pierre put dire qu’il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. C’est ce que Dieu revendique, qui est de toute importance, et qui est le devoir immuable du chrétien, — l’obéissance. Si nous n’obéissons pas à Dieu, nous Le faisons mauvais.
On est bien d’accord qu’ici-bas, il y a ceux qui ont le droit de commander et ceux qui ont à obéir. Un enfant par exemple, doit obéir à ses parents, et chacun de nous doit être soumis aux autorités civiles. Mais leur obéissance n’a pas du tout le même caractère que celle placée ici devant nous pour le chrétien. L’obéissance extérieure ou naturelle peut-être rendue même si on y répugne. L’obéissance de Christ n’a jamais été telle, et celle du chrétien ne doit jamais l’être non plus. Il est sanctifié pour l’obéissance de Christ. Il est exhorté à fixer ses yeux sur la loi parfaite de la liberté (Jacq. 1), ayant une nouvelle nature qui aime faire la volonté de Dieu telle que révélée dans Sa Parole, en contraste avec Israël sous une loi de servitude et dont l’obéissance était sous peine de mort. La nouvelle nature trouve ses motifs dans la volonté de Dieu, selon le modèle parfait qui était en Christ.
Obéir à Dieu peut nous faire souffrir, mais c’est alors un honneur, comme pour les apôtres, fouettés parce qu’ils étaient résolus à obéir à Dieu, et ils en ont porté humblement les conséquences. C’était une grande honte pour un Juif d’être fouetté devant le Conseil, mais ils l’ont enduré tranquillement, et sont sortis en se réjouissant même d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour le Nom (Actes 5). Ce n’était pas de la « résistance passive », mais une sainte obéissance, en en souffrant les conséquences sans murmurer et remplis de joie. L’obéissance donc, suppose une volonté brisée et soumise à la Parole de Dieu, et à Lui-même par conséquent. Il n’y a pas de vraie humilité sans cela, et cependant elle arme l’âme contre toutes les attractions contraires, et affermit le plus faible contre tous les adversaires. C’est ce que nous voyons en Christ Lui-même, qui a honoré l’Écriture comme personne auparavant, et qui façonne le chrétien d’après Son propre modèle. Cela concentre l’être moral sur la volonté de Dieu, et il y a du zèle pour maintenir Son autorité dans tout ce qui tombe de Sa bouche, sachant qu’Il a la perfection divine de majesté, de sainteté, de vérité, de fidélité, qui ont été pleinement manifestées en Christ, Son image.
L’amour n’est pourtant pas la pureté de la nature exprimée de façon si éclatante par la lumière, — quoiqu’entièrement en harmonie avec, — cette lumière qui se manifeste elle-même et manifeste tous et tout là où elle brille. L’amour est l’énergie de la Déité en bonté intrinsèque, — non seulement là où il y a une relation et un accord de sentiments avec Lui-même, mais s’élevant et s’épanchant activement à l’extérieur au-dessus de toutes les barrières, et venant en grâce souveraine arracher les plus vils qui reçoivent Christ aux pires maux en vertu de la rédemption par Son sang, et avec la vie éternelle qui est dans le Fils, mais qui est donnée au croyant comme sa vie nouvelle, avec le Saint Esprit pour le guider désormais comme un fils de Dieu, et pour opérer en lui et par lui dans l’unité du corps de Christ, l’Église, tandis qu’il attend Sa venue pour le recevoir auprès de Lui, et l’introduire avec tous les saints dans la maison du Père en haut. Si on me permet d’utiliser ce langage, l’obéissance dans la lumière est la force centripète des chrétiens, et l’amour en est la force centrifuge, les chrétiens étant imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchant dans l’amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur (Éph. 5:1-2).
Que le Seigneur veuille nous accorder non seulement que le premier caractère soit vrai en nous, mais aussi le second, l’amour, le principe d’énergie de la nature divine. On gardera à l’esprit que les saints de Thessalonique étaient jeunes dans la foi, et malgré tout l’apôtre leur dit : « Or, quant à l’amour fraternel, vous n’avez pas besoin que je vous en écrive ; car vous-mêmes, vous êtes enseignés de Dieu à vous aimer l’un l’autre » (1 Thes. 4:9). Nous avons été beaucoup plus longtemps sur la route chrétienne qu’eux. Que le Seigneur nous donne la grâce, étant enseignés de Dieu, d’abonder en amour encore plus. Rendre grâces accompagne toujours l’amour. Tout le reste n’est qu’ « un bon naturel » comme les gens disent, un esprit gentiment bienveillant, qui n’aime pas troubler ni être troublé, et qui est prêt à laisser chacun marcher son propre chemin ; et on met ça au compte de l’amour ! Que le Seigneur veuille nous rendre capable de discerner les choses de l’Esprit de Dieu (1 Cor. 2:14).
« Je vous écris, chers (*) enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés à cause de (2*) son nom. Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement. Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le méchant. Je vous écris (3*), petits enfants, parce que vous connaissez le Père » (1 Jean 2:12-13)
(*) Note Bibliquest sur la traduction W.K. : La traduction de ce verset est semblable à celle de JND, sauf qu’il écrit « chers enfants » au v. 12, au lieu de « enfants ».
(2*) Note Bibliquest sur la traduction W.K. : J.N.D en français traduit ici « par son nom ». En anglais, J.N.D. traduit comme W.K. « à cause de Son nom » (= for his name’s sake).
(3*) Note W.K. : Il y a une prépondérance de témoignages en faveur de « je vous ai écrit » dans la dernière phrase du v. 13, mais cela arrive pour des bévues très anciennes des copistes. C’est le cas ici où le contexte ne permet pas de lire « je vous ai écrit ». Si on retient cette expression, cela ne fait qu’introduire de la confusion, comme cela ressort du commentaire du doyen Alford qui a été égaré par ce choix de lecture.
Il est clair que l’apôtre s’écarte ici du fil du sujet où il exposait les tests visant la réalité spirituelle de la vie éternelle, et de la communion avec le Père et le Fils. Car il est évident qu’un fil de sujet analogue reprend sous une autre forme à partir du v. 28 de notre chapitre 2. On trouve là une série de versets, voisine dans le fond de celle de 2:3-11 qui discutait les deux grands principes distinguant le vrai chrétien des autres. Comme nous l’avons vu, le premier principe est l’obéissance, et le second est l’amour ; les deux sont majeurs et indispensables. Il n’est pas sage de les comparer un seul instant, sauf que l’obéissance est à la première place comme il convient, parce qu’il s’agit d’obéir à Dieu, et Lui doit et devrait avoir la prééminence. De son côté, l’amour envisagé ici n’est pas l’amour envers Dieu, mais l’amour des frères. Bien qu’il soit un principe essentiel du christianisme, et que son absence soit fatale à toute profession chrétienne, néanmoins obéir à Dieu est une exigence qui vient nécessairement avant l’amour des frères, et qui est susceptible, dans certaines circonstances, d’infléchir sérieusement les exigences de cet amour. En fait, l’amour et l’obéissance commencent en même temps, quand l’âme reçoit la vie éternelle par la foi en notre Seigneur Jésus. Dès ce commencement-là, ce n’est plus le vieux moi qui vit, mais Christ vit en moi, ce qui est vrai de tout chrétien sans exception.
Ici, après l’introduction du v. 12, on passe aux différents degrés spirituels existant chez les chrétiens, — sujet poursuivi du v. 13 jusqu’à la fin du v. 27. L’apôtre prend d’abord bien soin d’ouvrir la voie à ce nouveau sujet en plaçant tous les chrétiens sur un même terrain en disant « Je vous écris, chers enfants ». Il s’adresse ainsi à eux tous ensemble, et se sert intentionnellement de leurs privilèges universels comme d’une introduction aux différentes classes de croyants, déterminées selon leurs différences de développement spirituel. Car même si la Parole de Dieu est maintenant complète, et qu’il ne peut y avoir aucun développement de Christ qui est absolument parfait, il peut et il doit y avoir une croissance chez le chrétien quant à la connaissance de Dieu. Mais dans un esprit de grâce, avant d’entrer dans les différences spécifiques entre les chrétiens, il nous est montré le fondement nécessaire sur lequel nous met la foi de l’évangile, où nous sommes tous semblables, et ceci dès l’instant même où nous avons commencé à confesser Christ. Il est certainement utile et intéressant de voir ce qu’est le premier pas du croyant après avoir reçu la vie, et après que les principes d’obéissance et d’amour aient été implantés dans son âme, — principes qui accompagnent la vie, et dont l’essence en est indissociable. Celui qui connaît le Seigneur Jésus peut-il douter qu’Il était toujours obéissant, et qu’Il a toujours marché dans l’amour ? Or le chrétien ne peut pas, en principe, être séparé de Christ, car il est un seul esprit avec le Seigneur (1 Cor. 6:17). Il Lui doit tout, et Christ est son tout, et en tout (Col. 3:11).
Or il y a un privilège de très grande importance, qui devrait être connu et dont on devrait jouir dès les tous premiers jours. Ce n’est peut-être pas toujours le cas, pour des raisons diverses, bien que l’évangile proclame un pardon actuel et complet pour le croyant, par la foi en Christ et en Son œuvre. Pourtant, beaucoup de saints manquent à cet égard, nous ne le savons que trop ; et on peut dire qu’il en a été ainsi depuis longtemps, pratiquement dès le départ du dernier des apôtres. La grâce de Dieu en salut a très tôt fait place à des raisonnements humains, et par suite à des conditions légales ; le plein pardon des péchés en a été affaibli, et ce pardon est devenu progressivement le but final du chrétien au lieu d’être son point de départ. En bref, l’erreur des Galates, malgré l’épître qui la dénonce et la réfute, s’est répandue dans toute la profession chrétienne ; et l’évangile est tombé sous la loi, qui présente toujours la vie comme quelque chose pour quoi il faut travailler en vue d’obtenir et de garder la bénédiction. Sur une telle base, on recule au niveau du judaïsme, ayant abandonné la grâce caractéristique de l’évangile. Car la bonne nouvelle de Dieu, c’est que le chrétien commence avec la grâce divine, et que Dieu répond à la foi en donnant à la fois la vie en Christ, et Sa propitiation pour nos péchés. Si la vie ne peut pas être éteinte, son exercice et sa jouissance peuvent être beaucoup empêchées par l’erreur qui chasse ou cache le pardon des péchés en faisant travailler les gens pour l’obtenir, et en les faisant gémir parce qu’ils ne l’ont pas obtenu, et parce qu’ils sont ainsi troublés par des doutes et des craintes naturels.
« Suis-je à Lui ? ou ne le suis-je pas ? » est une question indigne de Christ et déplorable pour un chrétien. Il est donc bien étrange qu’elle soit soulevée par des chrétiens sérieux. Et de manière surprenante, ce ne sont pas seulement les arminiens qui chérissent cette hésitation, mais aussi les plus éminents calvinistes. Certains vont même jusqu’à affirmer : « si vous ne doutez pas de vous-même, je doute de vous ». Y a-t-il une école de pensées plus étroite et plus extrême ? On ne peut guère imaginer que les pensées d’un catholique romain soient plus enténébrées. Pourtant, certains d’entre eux sont des hyper-calvinistes, préoccupés d’auto-inspection et de juger tout le monde sauf eux-mêmes. Mais en réalité, s’ils se jugeaient eux-mêmes, ils seraient forcés de se rejeter sur la grâce du Seigneur Jésus, et de s’oublier dans les richesses de la bonté de Dieu en Christ.
Rien ne peut mieux fortifier que Sa grâce sous l’effet de l’enseignement de l’âme par l’Esprit. Le pardon de nos péchés nous est assuré par Christ par Son sang qui nous purifie de tout péché. C’est ce que l’évangile proclame à toute créature afin qu’elle croie. Même au pire des pécheurs sur la terre, on peut adresser en vérité et en justice, avec sérieux, amour et persévérance, un appel à croire en Christ et en Son sang pour la rémission des péchés. L’Écriture déclare que ceci résulte de l’œuvre de Christ, non seulement de la grâce de Dieu, mais aussi de Sa justice. Pourtant en pratique, beaucoup de chrétiens croient vraiment dans le Seigneur Jésus sans pour autant saisir que Son œuvre sur la croix leur donne droit à un pardon actuel et complet. Croyant en Lui, ils mettent leurs péchés entre Christ et eux-mêmes. En outre et en particulier, ils sont troublés par le sentiment du péché qui demeure en eux. Ceci se comprend facilement : le péché dans la chair est une grande difficulté pour les croyants dès le début et par la suite. Bien que vraiment convertis, ils découvrent en eux, par expérience, un mal plus profond que tout ce qu’ils avaient jamais imaginé auparavant. Ils sont surpris qu’il faille en arriver à le réaliser avec douleur. C’est pourtant la lumière de la vie dans leur âme qui les rend conscients de ce moi inhérent étroitement à leur vieille nature.
L’âme en vient alors, par grâce et selon qu’elle y est conduite, à la connaissance qu’il n’y a pas seulement chez elle le nouvel homme (elle s’attendait à ne trouver que lui), mais aussi le vieil homme, bien actif. Ce dernier cherche en effet constamment à se déchaîner, et c’est pourquoi il faut le maintenir par la foi là où est sa mort, c’est-à-dire la croix de Christ où Dieu l’a condamné. Rien d’autre ne peut régler complètement le compte du vieil homme, — rien sinon la mort de Christ. Quand on parle de Son sang, il s’agit plutôt de son application à nos péchés et à notre culpabilité ; mais la mort de Christ en sacrifice a une portée qui dépasse de beaucoup les actes de péché. La pensée de la chair y a aussi été traitée judiciairement, et Dieu y a exécuté Sa sentence sur le péché dans la chair par le sacrifice pour le péché ; non pas seulement sur les péchés, mais sur le péché qui demeure en nous. On l’apprend non seulement par la foi, mais aussi expérimentalement.
Car beaucoup de gens, une fois convertis, — et peut-être tous, plus ou moins — sont choqués de trouver le péché demeurant en eux après avoir cru en Christ. Remplis de joie d’avoir reçu un Sauveur parfait, ils ne saisissent pas que leurs péchés sont complètement ôtés, et qu’il leur faut faire l’expérience d’un mal intérieur qui ne les avait jamais autant troublé auparavant. Or si la mort de Christ ne lui règle pas son compte, que faut-il y rajouter ? Y a-t-il autre chose de plus efficace à l’égard du péché ? C’est dans l’épître aux Hébreux qu’on trouve un examen approfondi de l’œuvre de Christ, dont l’essentiel est qu’il n’y a qu’un Sauveur divin et qu’un seul sacrifice efficace ; s’il en avait fallu plus, Il aurait dû souffrir plusieurs fois. Mais ceci renverse et renie la vérité de la croix de Christ ; et cela annule Son œuvre, Lui qui est mort une fois pour toutes. « La mort ne domine plus sur Lui » (Rom. 6:9) comme le péché n’a jamais non plus dominé sur Lui. Mais le péché qui demeure en nous, même après avoir cru par grâce, devait être condamné, et il l’a été à Sa croix. Ce dont le péché qui demeure en nous a besoin, c’est d’être condamné par Dieu ; et ceci, nous l’avons dans la mort de Christ à la croix. Le feu du jugement dans le sacrifice pour le péché doit consumer le péché devant Dieu selon la figure bien connue. Le Nouveau Testament nous donne la pleine vérité de ce que l’Ancien Testament ne montre que partiellement dans le type. Toutes ces figures sont centrées sur Christ et sur Son œuvre, et elles comportent beaucoup plus que ce qu’aucune autre figure ne pouvait montrer.
L’apôtre Jean allègue le résultat béni du pardon complet comme motif pour écrire son épître, à partir de quoi il va beaucoup plus loin. Il ne dit pas que c’est sa seule raison, mais c’est la raison qu’il a eue pour leur écrire, et nous pouvons ajouter que sa raison pour leur écrire conserve tout son profit pour nous. Toute la doctrine chrétienne, tout l’enseignement des saints est fondé sur cette base : que nous avons par grâce le pardon des péchés. Nous ne sommes pas sur un terrain proprement chrétien tant que nous n’avons pas accepté de la part de Dieu que nos péchés sont pardonnés en vertu de Christ. « Je vous écris, chers enfants » (par quoi il embrasse toute la famille de Dieu, sur laquelle il y a beaucoup à dire présentement) « parce que vos péchés vous sont pardonnés par Son nom » (2:12). Quoi de plus simple ? Pour avoir une pleine bénédiction, le commencement c’est de connaître cela personnellement. C’est par là que le chrétien doit commencer la journée, et qu’il doit continuer chaque jour, et c’est là la certitude consolante qu’il doit retenir jusqu’à sa dernière pensée avant de dormir. Car en effet, nos péchés sont pardonnés par Son nom. Il n’y pas de crainte misérable que quelque chose soit resté dans l’ombre, ou qu’une incertitude soit restée derrière un voile : la bonne nouvelle que nous avons reçue alors que nous étions impies, a déclaré de la part de Dieu, que nos péchés sont remis à cause de notre foi. En douter est donc manquer beaucoup de considération pour l’évangile, et c’est un très grand déshonneur pour le Seigneur Jésus. Un tel sentiment met clairement de côté ce que Dieu a dit clairement ; car qu’y a-t-il de plus clair que ces paroles qui sont devant nous ? Ce fondement ne demeure-t-il pas ? Sommes-nous sous des promesses temporelles et conditionnelles comme autrefois Israël sous la loi ?
Pierre a proclamé le pardon
des péchés dès les premiers jours : « Tous les prophètes Lui rendent témoignage, que, par Son nom, quiconque
croit en Lui reçoit la rémission des péchés » (Actes 10:43), et le don du
Saint Esprit a été donné à tous ceux qui croyaient parmi les Gentils, comme
auparavant aux Juifs. Il n’y a en effet aucune réception du sceau divin sans la
connaissance du pardon des péchés (comparer Actes 11:17). Un peu plus tard Paul
prêcha aussi la même chose dans la synagogue d’Antioche de Pisidie : « Sachez donc, hommes frères, que par lui vous est annoncée la
rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par
la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par Lui » (Actes 13:38-39).
Ainsi les deux grands apôtres, tant de la circoncision que de l’incirconcision,
corroborent entièrement ce que le dernier apôtre survivant expose à la fin pour
contrer les séducteurs en train de développer leur mauvais travail. Il leur
annonce le privilège d’avoir leurs péchés pardonnés par Son nom, non pas pour
qu’ils
l’apprennent, mais
il leur écrit son épître parce que
leurs péchés leurs sont pardonnés. S’ils
n’étaient pas pardonnés, le fondement essentiel et présupposé pour le chrétien
est ôté. Sans la certitude connue de ce pardon, il ne peut pas y avoir de paix
avec Dieu, ni de condition de l’âme permettant de recevoir ou de profiter de
communications divines supplémentaires.
On ne voit pas apparaître de « si » ici. Les « si » sont importants dans l’Écriture, et il ne faut pas en évacuer l’explication là où il y en a. Ici, il n’y a pas de « si », car un « si » dans l’évangile le ruinerait entièrement dans sa nature, son caractère et son but. Car la bénédiction de la rédemption (quelle que soit la grâce qu’elle apporte, et la nouvelle responsabilité qu’elle génère) dépend du Rédempteur et non du racheté. Rien de plus simple que cette vérité, qui paraît être, en bref, l’essence de la rédemption ; or la foi reçoit ce que Dieu déclare à ce sujet. Il y a pris la plus grande peine, non seulement par le moyen des deux grands apôtres Pierre et Paul, l’un de la circoncision et l’autre de l’incirconcision, mais aussi ici par le moyen de Jean, le dernier de tous. La vérité de l’évangile demeure « à la dernière heure », aussi fraîche à la fin qu’au commencement. Dans l’Écriture, elle demeure entièrement intacte malgré la ruine pratique de l’église, et malgré l’indication terrible donnée très tôt par l’apôtre Paul, qu’il y aurait « l’apostasie » avant le jour du Seigneur en jugement. Il le déclare dans l’une de ses toutes premières épîtres, la seconde aux Thessaloniciens, la première aux Thessaloniciens étant la première de toutes ses épîtres. La seconde n’a pas été écrite longtemps après, peut-être la même année, et il y est prédit le terrible point culminant de l’iniquité, l’apostasie de la vérité, et ceci non de la part de Juifs ou de païens, mais dans la chrétienté, chose bien triste à dire. Si un regroupement des branches de la chrétienté a lieu, ce sera dans ce caractère d’apostasie.
Les Juifs avaient déjà apostasié quand ils avaient abandonné l’Éternel, le Dieu de leurs pères, au profit des idoles, et ils couronnèrent tout cela par le rejet de leur Messie, le Seigneur Jésus. On peut appeler cela leur apostasie, bien qu’au temps de la fin ils doivent s’enfoncer dans une énormité encore plus grande. Les païens ont toujours été dans un état d’apostasie vis-à-vis de Dieu dès l’instant où ils ont établi des faux dieux. Mais la fin terrible annoncée par 2 Thessaloniciens, c’est que l’apostasie va s’abattre sur la chrétienté avant le jour de la venue du Seigneur. Il suffit de regarder les journaux, ou les périodiques mensuels ou trimestriels d’aujourd’hui, aussi bien religieux que mondains, pour voir la preuve de l’imminence de l’apostasie. Ils ne peuvent pas le cacher, et ils en dévoilent la préparation.
« La haute critique », faussement ainsi nommée, est l’instrument du diable pour jeter de la poudre aux yeux des gens au sujet de l’Écriture. Que laissent-ils de la Parole de Dieu pour la foi ? Si on nie que l’Écriture est la Parole de Dieu, où est l’église, le croyant, et le pécheur perdu ? Où est Christ le Seigneur, où est le témoignage de Dieu à Sa grâce et à Sa vérité ? Il ne reste plus aucun fondement pour la foi. Faites de l’Écriture une chose incertaine, une parole d’homme (une parole d’élohistes et de jéhovistes, d’anciens ou de modernes, et rajoutez-y des rédacteurs !) au lieu de la Parole de Dieu, et vous perdez l’amour du Dieu qui sauve, Sa grâce, et Sa puissance qui ont dirigé et préservé l’homme infirme de la moindre erreur, afin qu’il n’y ait aucun défaut dans toute l’Écriture telle qu’Il l’a donnée originellement. C’est ce que Dieu a voulu faire, et l’apôtre Paul le déclare avec autorité dans sa dernière épître (2 Timothée). C’était aussi le bon moment pour le faire. Il ne dit pas simplement que toute l’Écriture en général est donnée par inspiration de Dieu, mais il dit que « toute écriture », chaque partie de la Bible, chaque partie de l’Ancien Testament et chaque partie du Nouveau Testament, le moindre passage de chacun d’eux est inspiré de Dieu (comme si c’était Sa respiration). Dieu soit béni qu’il en est ainsi. Dieu peut-Il mentir ? Dieu a-t-Il besoin de se repentir, ou de changer d’avis ?
Ô la méchanceté de l’homme, et de la chrétienté en particulier ! Combien il est affligeant de voir ce scepticisme non jugé dans toutes les dénominations, grandes ou petites. Aucune d’elles n’échappe plus ou moins à son influence desséchante, spécialement chez leurs conducteurs et leurs hommes énergiques.
Ici au v. 12, nous avons la
position commune ou le privilège initial que tout vrai chrétien est supposé
posséder. Il ne s’agit pas simplement d’avoir la vie, car tous les saints de l’Ancien
Testament avaient la vie ; mais même ayant la vie, aucun d’eux ne pouvait
dire : « nos péchés ont été pardonnés par Son nom ». Christ n’était
pas encore venu, et Il n’avait pas encore souffert ; l’œuvre d’expiation
restait à faire, et la pleine proclamation de la grâce ne pouvait pas encore
être faite. Maintenant tout est prêt, même le Seigneur pour le jugement des
vivants et des morts ; et « je vous écris, chers enfants,
parce que vos péchés vous sont (ont été et sont) pardonnés par Son nom »
(2:12). Ce n’était pas possible avant qu’Il vienne. Les mots « par Son
nom » [ou : à cause de Son nom] sont de toute importance. Il n’était
pas nécessaire de mieux préciser de qui
il s’agissait ; tout chrétien le comprend tout de suite. Ces mots « par
Son nom » trouvent particulièrement leur application quand Il n’est plus ici.
La révélation de Sa grâce et de Sa vérité a eu lieu, et demeure. « Son
nom » signifie ce que Dieu a révélé de Lui et de Son œuvre. Cette
expression recouvre non seulement ce que le Seigneur était quand Il était
ici-bas, mais ce qu’Il a souffert et ce qu’Il a accompli avant de quitter ce
monde pour aller au Père. Et l’Esprit de Dieu est descendu à Sa demande, et
aussi de la part du Père, non seulement pour la riche bénédiction des saints,
mais pour Sa gloire, afin que la proclamation de l’évangile puisse être faite à
toute créature dans la puissance de l’Esprit. Personne n’est exclu de sa
communication bénie. Beaucoup d’individus peuvent refuser de l’écouter, par hostilité
ou par négligence ; mais c’est leur affaire, dont ils auront tristement à
rendre compte. Quoi qu’il en soit, l’évangile est diffusé vers tous :
Juifs et grecs, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, homme libre ou
esclave ; personne n’est exclu de la Parole de réconciliation de Dieu. Il
s’agit de Sa justice, non pas seulement de Sa grâce ; tandis que le
travail de conscience, si nous nous égarons, est une question de sainteté dans
l’état de l’âme et dans sa condition pratique. Il faut que la communion soit
restaurée quand le péché l’a interrompue. Néanmoins personne ne tire une
bénédiction effective de la réconciliation sinon ceux qui croient en Christ par
la grâce divine ; et cela requiert l’action de l’Esprit de Dieu dans la
conscience et dans le cœur. Néanmoins c’est par la foi en la Parole de Dieu que
le Saint Esprit opère de façon vivante.
Mais parmi les saints dans l’église de Dieu, où qu’ils soient, il est toujours admis que tous ceux qui en font partie savent que leurs péchés sont pardonnés. Sans cela, comment pourraient-ils être heureux personnellement devant Dieu ? comment l’œil simple discernerait-il Sa volonté et aurait-il le courage de la faire, en face de tous les pièges du monde, de la chair et du diable ? comment pourrait-il y avoir une communion réelle dans le culte ? comment être en état de prendre sa part des obligations de l’assemblée pour s’occuper du mal, et en dernier ressort pour l’ôter ? Les saints ne pourraient pas autrement assumer la connaissance de ce qu’« un peu de levain fait lever toute la pâte », et les conséquences qu’il y a lieu d’en tirer. Car le manque de jouissance du pardon implique non seulement une mauvaise conscience, mais qu’on n’est jamais purifié des œuvres mortes pour rendre culte au Dieu vivant, en sorte que la puissance spirituelle fait défaut, et que l’incertitude ne peut qu’obscurcir et affaiblir l’âme. Quand on saisit par la foi la grâce qui donne la purification par le sang de Christ, le Saint Esprit fait savoir qu’un des premiers devoirs comme corps est d’« ôter le vieux levain afin d’être une nouvelle pâte, comme vous êtes sans levain » (1 Cor. 5:7). La pratique doit être gouvernée par les principes divins : sinon l’assemblée devient une offense au Nom, et son existence ne fait que renier ce Nom et le déshonorer. « Car aussi notre pâque, Christ, a été sacrifiée : c’est pourquoi célébrons la fête, non avec du vieux levain, ni avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité » (1 Cor. 5:8). Il peut y avoir de tristes manquements là où, comme parmi les Corinthiens, on ne doute pas que tous les chrétiens ont leurs péchés pardonnés par la foi de l’évangile ; mais sans ce pardon, les épîtres en général ne sont pas applicables. Elles ne s’adressent pas à ceux qui ne sont pas pardonnés. Ils ne sont pas sur le terrain chrétien, et encore moins sur le terrain de l’église.
Où insiste-t-on là-dessus aujourd’hui ? La Réformation ne le requérait pas pour l’assemblée (pour autant qu’on puisse parler d’« assemblée » à cette époque), car elle n’a rien mis en place quant à l’ordre de l’église. Elle a fait ce qui était un travail bien plus nécessaire et bien plus important : elle a donné au peuple la Bible qui lui avait été ôtée, spécialement par les plus orgueilleuses des organisations religieuses, qui s’appellent églises sans en avoir le droit. Il y avait longtemps que l’Écriture était cachée. Un prêtre pouvait donner une autorisation particulière, mais il ne s’en souciait que rarement, et le peuple ne pouvait pas l’avoir autrement.
Quelqu’un à Londres était extrêmement désireux de lire le Nouveau Testament. Étant catholique romain, et ce qu’on appelle un « bon catholique », il ne voulait pas enfreindre la « loi de l’église », qui interdisait cette lecture en règle générale. Mais cette loi n’interdisait pas de lire le Nouveau Testament en grec. Il parvint donc à ses fins par ce détour. Bien qu’il fût chef dans une usine (vous savez ce qu’un tel poste implique, la responsabilité qui repose sur ses épaules, et sa lourde charge horaire), il apprit le grec spécialement dans le but de profiter de la parole de Dieu directement dans le Nouveau Testament. Le fait m’a été rapporté par son maître, un chrétien bien connu et respecté, qui avait toute confiance dans son employé zélé et consciencieux. C’était des sentiments chrétiens chez un catholique romain en lutte contre le zèle impie et tyrannique d’une autorité illégitime. Si d’un côté il n’avait pas de lumière pour juger la méchanceté, de l’autre, il est évident qu’il avait un désir consciencieux d’avoir la Parole de Dieu la plus récente ; et il prit grand peine pour y arriver ; nous espérons que cela a été en bénédiction pour son âme. Je ne peux rien dire de plus que ce qui m’a été dit, sauf que de tous ses ouvriers, aucun n’était plus fiable que le pauvre catholique romain qui apprit le grec pour jouir du Nouveau Testament tel que donné de Dieu. On ne s’étonnera pas de ce qu’il craignait Dieu et qu’il aimait Sa parole.
Nous arrivons enfin aux différents degrés, après avoir vu ce qui leur était commun à tous.
Le premier degré, c’est « je vous écris, pères », autrement dit les plus mûrs quant à la puissance et à la connaissance spirituelle. Cela ne mérite-t-il pas sérieusement notre attention ? Que dit l’Écriture ? Il ne s’agit pas du tout de notions de gouvernement ou de doctrine. Il s’agit de la profondeur spirituelle avec laquelle on entre dans les pensées de Dieu à l’égard de Christ. Ce qui constitue un père spirituellement, — la première des trois classes dans la famille de Dieu selon la distinction faite par l’apôtre — c’est qu’il saisit le Seigneur Jésus dans une haute mesure. Il y a d’abord les « pères », ensuite les « jeunes gens », et en troisième lieu les « petits enfants ». Si l’expression « chers enfants » traduit correctement ce qui inclut les trois classes, il faut se servir d’une expression telle que « petits enfants » pour désigner ceux qui sont les moins mûrs. Car il faut se rappeler que des mots tout à fait différents sont utilisés régulièrement tout au long de ces passages. Au v. 12, le terme « cher enfants » (τεκνια), invariable, désigne toute la famille ; et ce mot qui introduit ce passage à caractère de parenthèse, introduit aussi au v. 28 la reprise de ce qui suit ces différentes classes. Au v. 28 l’apôtre reprend le fil du sujet qui avait été interrompu pour montrer que, sur ce même fondement de la grâce, il y a des différences de maturité spirituelle entre les enfants de Dieu, et que c’est la seule sorte de différence reconnue. Mais à l’intérieur de la parenthèse (voir la fin du v. 13), « je vous écris, petits enfants », c’est un mot différent (παιδια) qui est utilisé (*). On ne trouve ce mot que deux fois dans toute l’épître, ici au v. 13, et une seconde fois au début du v. 18. Notre Seigneur se servait d’une manière générale de ces deux termes, selon l’évangile de Jean ; mais je n’aborde pas cette question maintenant, car elle ne semble pas porter à conséquence sur l’usage particulier qu’en fait la première épître, — usage dont l’importance est tout à fait nette. Inutile de d’aller chercher l’opinion des gens quand Dieu a énoncé la vérité de manière très claire. Il n’y a donc pas de doute à émettre sur ce sujet. Il n’y a pas non plus place pour des différences de jugement, ni pour estimer valables de telles différences, car Dieu, dans Sa Parole, est et doit être la fin de toute controverse.
(*) Il est extraordinaire qu’un chrétien tant soit peu
intelligent commet une bévue comme le doyen Alford ici. Dans la 3° édition de
son dernier volume, p. 440, il parle encore de « trois classes de
lecteurs, désignées la première fois par τεκνια, πατερες, νεανισκοι, et la seconde fois par παιδια, πατερες, νεασισκοι.
Mais c’est passer à côté de la partie commune des τεκνια,
suivie par les trois divisions en πατερες, νεασισκοι, παιδια reprise avec plus de détails
(sauf pour les πατερες)
aux versets 14 à 17 pour les νεασισκοι, et aux versets 18 à 27 pour les παιδια.
Ensuite à partir du v. 28, il s’adresse à tous avec le terme
τεκνια, comme au v. 12. Ce qui a induit Alford en
erreur, c’est l’une de ces erreurs (trop fréquentes dans les anciens manuscrits
aleph, A, B, C, L, P etc.) qui mettent εγραψα [je
vous ai écrit] dans le dernier membre de phrase du v. 13, à la suite d’une
confusion de scribe sur ce qui suit. Ce n’est même pas vrai en fait ; car
l’apôtre n’a pas
encore écrit aux παιδια.
Ce qu’il faut lire, même si ce n’est pas aussi bien supporté, c’est γραφω [je vous écris], pour tous les trois à la
première mention, et εγραψα [je vous ai écrit] pour
tous les trois à la seconde mention. Cette erreur évidente de variante du texte
aboutit à brouiller l’exposé. Affirmer que s’adresser ici aux παιδια, c’est
s’adresser à tous les lecteurs, c’est ignorer les mots, le contexte et le sens.
Ici au v. 13, comme au v. 18, on a les « petits enfants » de la famille. Après les « pères » et les « jeunes gens » viennent les « petits enfants », ce qui forme la triple division des « chers enfants » de la famille de Dieu en général. Il est nécessaire de les distinguer en quelque manière, d’autant plus que l’absence de distinction a exposé des gens excellents et érudits à l’erreur. Il en est toujours ainsi quand l’érudition ne se soumet pas à la vérité révélée, et que par conséquent, elle ne bénéficie pas des directions du Saint Esprit selon la Parole. Quand c’est malheureusement le cas, l’érudition, au lieu d’être utile, cause un grand tort, et ne peut pas faire de bien. Car où est la bonne spiritualité de quelque chose où l’Esprit Saint n’entre pas ni ne guide ? Mais si l’Esprit de Dieu parle en paroles enseignées par Lui-même, nous devons être soumis à la Parole. C’est alors, et pas autrement, que nous avons la certitude bénie de la révélation.
Ce que ce verset couvre est évident, et comme le précédent, sous une forme très simple et très claire. Les trois classes distinctes apparaissent ici d’une manière remarquablement brève. Mais l’Esprit de Dieu y revient ensuite, en le développant, hormis une exception remarquable, et fort instructive, ce que nous allons voir à sa place.
Contentons-nous d’abord des quelques paroles que l’Esprit de Dieu énonce sur leurs différences particulières
Les « pères » sont ainsi désignés ici, « parce qu’ils connaissent celui qui est dès le commencement ». Qui se tromperait sur Son identité ? Il s’agit de Christ, et de personne d’autre. Mais Il n’est pas nommé ici sous Son nom habituel. Il était la Parole et le Fils avant le temps décrit comme « dès le commencement » (Jean 1). Il était le Fils unique du Père dans toute l’éternité. Aucun esprit humain ne peut sonder le Fils Éternel du Père Éternel ; et l’incarnation accroît encore nécessairement cette inscrutabilité. Mais ce n’est absolument pas une raison pour ne pas croire ce qui est infiniment au-dessus et au-delà de nous ; cela nous est révélé de manière non douteuse. La raison pour laquelle les hommes achoppent sur tout cela, c’est qu’ils raisonnent à partir de l’homme en allant vers Dieu, ce qui est toujours faux. Si vous voulez être dans la vérité, il faut raisonner à partir de Dieu en descendant vers l’homme ; car qui connaît la vérité sinon Dieu ? Et qui peut révéler la vérité si ce n’est Dieu, comme Il l’a fait en Christ ? Dans son évangile, Jean fait très attention de dire « au commencement était la Parole, et la Parole était auprès de Dieu, et la Parole était Dieu ». On peut remonter aussi loin qu’on veut en pensée dans les profondeurs de l’éternité, peu importe jusqu’où. Imaginez des millions d’années ! Ce n’est toujours pas le commencement, quoi que bien sûr, il ne soit pas correct, au sens strict, de parler d’années avant que les mesures de temps s’appliquent. Mais remontez en imagination dans ces profondeurs non mesurées : Il existait alors déjà. Celui qui est éternel n’a pas eu de commencement, et dans Sa propre personnalité, Il était aussi « auprès de Dieu ».
Redisons-le : non seulement Il était auprès de Dieu comme une personne distincte du Père et de l’Esprit, mais Il était Dieu. Il n’y a pas de propriété plus distinctive de Dieu que d’être éternel ; s’il n’était pas éternel, Il ne serait pas Dieu.
Mais ici, il s’agit de quelque chose de tout différent. Il ne s’agit pas de connaître Celui qui était au commencement auprès de Dieu, mais de connaître « Celui qui est dès le commencement ». C’est le commencement quand Il a pris un corps de chair dans ce monde, le commencement de la Parole incarnée. C’est cela le fait absolument nouveau. Ce commencement est compté à partir du moment où Il s’est manifesté Lui-même comme Emmanuel, le Dieu-homme. C’est là Celui que les « pères » connaissaient. Que pouvez-vous savoir du Fils dans l’éternité, sinon qu’Il était le Fils unique dans le sein du Père, l’objet de Son délice éternel, comme Prov. 8 nous le dit ? Cela, Il l’était quand aucune créature n’existait, ni au ciel, ni ici-bas, ni ange ni homme ni être inférieur. Il n’y avait que le Dieu béni, le Père, le Fils et le Saint Esprit selon ce que nous savons maintenant ; et il y avait des conseils divins qui devaient être divulgués plus tard, à nous qui croyons. Que savons-nous de plus que ceci ? Mais si nous regardons à « Celui qui est dès le commencement », il y a, peut-on dire, presque tout à apprendre et tout à connaître.
Et où trouvons-nous ce sujet infini ? Dans le Nouveau Testament en général, et dans les évangiles en particulier. C’est là que nous L’avons sur la terre, là qu’Il est montré comme homme, non pas simplement un être humain, mais Dieu et homme dans une seule personne, véritablement une personne divine. C’est là qu’Il est né de la vierge, non pas seulement le Messie, mais le Fils de Dieu, Elohim et l’Éternel (Matt. 1:21, 23). Oh ! combien il y a à apprendre même lors de Sa naissance ! Car c’est là seulement qu’on touche le fait de Sa personne au moment de Son incarnation. S’il nous est dit bien des choses sur Lui comme petit enfant, nous en avons encore plus à Son sujet vers l’âge de douze ans. Mais quel silence significatif sur toutes ces années jusqu’à l’âge de 30 ans ! Pas de sonnerie de trompette, pas de roulement de tambour, ni pompe ni cérémonie, ni célébration d’anniversaire par qui que ce soit, sauf Sa vraie mère et Son père légal, et peut-être leurs connaissances ; aucune autre reconnaissance, exactement comme à l’hôtellerie où il n’y avait pas de place pour Lui à Sa naissance. Qui mesure avec perspicacité l’importance d’un personnage du point de vue du monde, sinon le garçon d’accueil d’un hôtel ? Il évalue très tôt la personne qui apparaît ; il devine qui apporte du revenu à la maison. Pour quelqu’un comme Lui, la crèche fera bien l’affaire. L’étable est juste à côté, tandis qu’« il n’y avait pas de place pour Lui dans l’hôtellerie ».
On s’étonne de l’obscurité totale où vivait Celui qui faisait les délices du Père au temps où Il travaillait simplement à l’établi de charpentier avec Son père légal. Mais là aussi, à ce moment même, Il faisait la volonté de Dieu. « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » (Luc 2:49). Or quand Il fit cette réponse, Il était au temple, écoutant les docteurs, et leur posant des questions. Il n’était pas en chaire pour prêcher, comme certains jeunes insensés poussés par des hommes et des femmes encore plus insensés. Mais Il était là, de la manière la plus humble et la plus aimable, écoutant et posant des questions, alors qu’Il avait beaucoup plus de connaissance que tous Ses maîtres. N’était-ce pas un témoignage à leurs consciences d’apprendre comment cela se pouvait ? Il était sans prétention : devenu homme, Il restait jusque là simplement comme un garçon, mais ce garçon était le Seigneur Dieu, le Créateur du monde. Tel était Celui sur qui le Père regardait d’en haut pour voir s’Il trouverait quelqu’un selon Sa pensée et selon Ses affections, non pas simplement comme une personne divine, mais spécialement comme une personne divine devenue un homme. Devenu un homme ! La Parole faite chair ! Quoi ? entrée dans la famille de l’homme ? Pourtant l’homme tel qu’il est et tel qu’il l’a été trop longtemps, est la plus méchante, la plus vaine et la plus orgueilleuse de toutes les créatures de la création de Dieu. Les autres animaux s’en tiennent aux habitudes qu’ils avaient au temps où le péché de l’homme a tout ravagé, même à leur égard ; mais l’homme n’a fait qu’aller de méchanceté en méchanceté, toujours de mal en pis au fur et à mesure du temps qui passe ; et plus ils ont reçu de lumière extérieurement, plus ils l’ont pervertie.
Après tout, quand le monde dans son ensemble en est arrivé au pire de ce à quoi il était jamais arrivé, le Seigneur est né quand l’accomplissement du temps (Gal. 4:4) est venu. Et quand Il est entré dans Son service public, quelle manifestation n’en avait-Il pas chaque jour ! Quelles leçons sortaient de Sa bouche et de Sa vie ! Il fréquentait couramment les hommes, les femmes et les enfants, les anciens et les docteurs de la loi, les scribes et les pharisiens, les hérodiens et les sadducéens, les hypocrites et les propres justes, les pécheurs et les pécheresses, et spécialement les hommes et femmes de piété. Car le Seigneur avait à faire avec toutes les classes. Jamais personne n’a eu autant de contacts aussi divers, jamais personne n’a autant pris à coeur avec amour les peines de chacun, jamais personne n’a autant montré la grâce et la vérité divines à tous ceux qui s’approchaient de Lui. Il n’est pas parlé ici de Ses miracles, bien qu’il étaient prodigieux et étaient des signes de choses encore plus profondes. Il n’est pas nécessaire de discourir longuement sur Ses paroles, bien qu’il parlait comme jamais homme n’a jamais parlé. Quand on lui demandait qui Il était, Il pouvait dire « absolument (κατ’ αρχην) ce qu’aussi je vous dis » (Jean 8:25). Il était ce qu’Il disait. Il est la vérité comme personne d’autre ne l’a été. Or, qui sont ceux qui trouvent leur plaisir en tout ceci, qui en jouissent, qui L’apprécient lorsqu’Il est ainsi présenté, et qui savent comment l’appliquer ? Ce sont les « pères ». « Personne ne vit jamais Dieu, — le Fils unique qui est dans le sein du Père, Lui L’a fait connaître ». C’est Lui qui a aussi montré le Père. Leurs cœurs sont remplis de Christ.
Comme vous le savez bien, ce n’est pas ce qui satisfait généralement les chrétiens, même les vrais, et on ne peut pas attendre à ce qu’il en soit autrement à l’avenir, vu l’expérience passée dès les jours anciens. Ce ne sera jamais la part du chrétien sans une rupture totale avec l’homme et avec le monde, car il doit avoir traversé, personnellement et dans l’Esprit, toutes sortes de difficultés en lui-même et dans tout ce qui l’entoure. L’œuvre du Seigneur absorbe beaucoup trop certaines âmes dévouées, comme d’autres sont trop occupées de l’église, mais c’est beaucoup plus rare. Mais quand on connaît Christ comme Il était, Il révèle et chasse tout ce qui n’est pas nécessaire, et Il demeure alors mieux connu, avec un sens plus profond de la plénitude qui habitait en Lui corporellement.
Bien sûr, un « père » a été auparavant un « petit enfant » et « un jeune homme », avant de pouvoir être un « père ». Il a pleinement goûté les joies du début dans toute leur fraîcheur ; il a pris part aux conflits qui demandent de l’énergie spirituelle et du courage. Mais après avoir traversé toute sortes d’expérience comme homme de foi et d’amour, il en résulte ceci : rien d’autre que Christ, et Christ est tout. Mais répétons qu’il s’agit de connaître « Celui qui est dès le commencement ». Ce n’est pas simplement le Fils dans le ciel durant l’éternité, en reconnaissant l’éternité de Sa personne, mais c’est Christ, homme sur la terre parmi les hommes. Ce qui caractérise particulièrement les pères, c’est de connaître le Fils incarné, le Christ comme Il a été vu et entendu tous les jours dans Son service public en Galilée, en Judée ou en Samarie. C’était Lui-même, Dieu et homme, Dieu dans un homme, le Fils révélant le Père dans tout ce qu’Il disait et faisait. Voilà ce qui a gagné, saisi et rempli le cœur des « pères ». C’est ce qui a fait les délices du cœur de Dieu. « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai trouvé mon délice » ou « mon plaisir ». C’était ici-bas dans Sa grâce (Matt. 3), et en témoignage de la gloire à venir (Matt. 17), que la voix du Père a été ainsi entendue ; et c’est en Lui manifesté ici-bas qu’un « père » jouit de la communion avec Lui. Car les pères ont vraiment communion avec le Père et le Fils, et d’une manière extrêmement pratique et profonde. Voilà ce que sont les « pères ».
On peut avoir un grand don, et ne pas être du tout un « père ». On peut être un grand prédicateur de l’évangile, et en plus un docteur puissant, et pourtant ne pas être un « père ». Cela ne dépend aucunement du don, mais de la spiritualité qui a appris l’absence de valeur de tout ce qui n’est pas Christ. Il peut y avoir du profit dans d’autres choses, et même du profit par ce qui humilie et inflige la douleur la plus aiguë. On peut avoir eu de l’émerveillement, de la joie et de la gratitude à cause de nos bénédictions en Christ dans les lieux célestes, comme membres de Son corps dont Lui est la Tête à la droite de Dieu, — et dans l’union avec tous les saints qui découle de l’union avec Lui. Mais l’aboutissement de tout ce mystère et de toutes les expériences profitables, c’est de découvrir que le tout est en Christ Lui-même ; en ce Christ que notre Père aime et honore. Et c’est le même Christ qui occupe nos cœurs et fait leur délice, et ceci en tant qu’Il a été manifesté dans le monde. Voilà ce qu’est « connaître Celui qui est dès le commencement », la portion ultime et suprême des « pères ».
L’apôtre passe alors à la seconde classe. Il dit : « Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le méchant ». Ils sont caractérisés par l’énergie, une énergie qui s’est extériorisée dans la foi et dans l’amour. Ils ont entièrement discerné et jugé le péché, sachant qu’ils sont morts au péché avec Christ. Ils savent aussi qu’ils sont ressuscités avec Lui, pour avoir leurs pensées fixées sur Lui et sur ce qui est à Lui en haut, et pour mortifier leurs membres qui sont sur la terre. Ils ont dépassé le stade de l’occupation de soi. Ils ont appris la puissance de Satan et y ont fait face. Ils ont résisté au diable, et il s’est enfui d’eux. C’est ainsi qu’ils ont vaincu le méchant. Ils ont été au cœur de cette sorte de conflit, et ils y ont été forts. Ils en ont profité au premier chef. Bien sûr tous les croyants commencent par être des « petits enfants », et poursuivent peut-être comme « jeunes gens » ; mais peu nombreux sont ceux qui arrivent au stade de « père ». On me permettra peut-être de dire qu’ayant connu beaucoup de chrétiens dans mon pèlerinage, j’ai peu connu de « pères », et je n’en ai même entendu parler que très rarement. Mais heureusement, il est moins rare de trouver des « jeunes gens ». On en trouve très peu dans le monde religieux, voire point du tout. En effet, le plein caractère et le caractère propre des « jeunes gens » ne peut se développer là où le monde exerce forcément son influence, ce qui est le cas dans le monde religieux. C’est pourquoi, comme il nous reste à le voir, il y a même des « petits enfants » qui n’ont pas la marque propre aux « petits enfants » selon la qualification de l’apôtre. Qu’il est triste de ne même pas posséder ou reconnaître clairement la signature que Dieu accorde au « petit enfant » !
Nous espérons avoir assez défini la seconde classe pour que tout chrétien l’apprécie et la comprenne, même si le jeune homme ne peut guère prétendre lui-même en être un. C’est un christianisme vigoureux, droit et décidé, qui sait bien que la lutte avec la chair et le sang à laquelle beaucoup sont habitués, est loin d’être la lutte avec ce qui est la puissance de Satan. Ils ont besoin de toute l’armure de Dieu, et ils la revêtent comme un élément essentiel de cette guerre. Ils savent comment résister, et après avoir tout surmonté, tenir ferme. Ils ont vaincu le méchant. Leur combat est assez clair, sur un plan général. Ils n’ignorent pas les artifices de l’ennemi, mais ils lui résistent résolument, et sont capables de vaincre. C’est un christianisme vigoureux avec de la puissance en foi et en pratique. Ici aussi il ne s’agit pas de dons, mais purement de niveau spirituel. Le pardon des péchés n’a rien à voir avec le niveau atteint, pas plus que la possession de la vie et de la lumière en Christ. C’est simplement une question de foi en l’évangile. Mais le monde et l’être humain étant ce qu’ils sont, le croyant qui a reçu les privilèges de la grâce, ne peut éviter de faire l’expérience du moi et du monde, et aussi de Satan testé et réduit au silence. Les jeunes gens ne sont pas trompés par le comportement secret ou le silence du grand ennemi. Mais ils s’établissent fermement par grâce sur le fondement de la victoire sans appui de Celui qui est leur Sauveur et Seigneur, et rendent grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ (1 Cor. 15:57). Nous démontrons ainsi que dans tout ce qui paraît être contre nous, nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimé (Rom. 8:37). C’est ainsi que les jeunes gens ont vaincu le méchant.
Nous arrivons alors à la troisième classe, si intéressante et de loin la plus nombreuse : les « petits enfants ». « Je vous écris, petits enfants » — il s’agit des derniers des « chers enfants » (2:12 comme 2:1 et 2:28) — parce que vous connaissez le Père (ou : avez la connaissance du Père) ». Avez-vous jamais testé dans quelle mesure ce caractère marque effectivement les enfants de Dieu que vous avez connus ? Admettons que beaucoup d’entre nous ont rencontré bien des enfants de Dieu au cours de leur vie chrétienne. Mais si vous vous êtes spécialement occupés de demander « connaissez-vous le Père », quelle est la réponse la plus fréquente ? Est-ce aller trop loin que de prévoir que la plupart estiment que c’est avoir de trop hautes prétentions ? « Connaître le Père ! hélas ! je ne saurais prétendre chose pareille pour moi-même ». La plupart des chrétiens pensent évidemment que ce serait réellement merveilleux d’arriver sur la terre au niveau de la connaissance du Père ! Qui peut avoir une telle connaissance dans cette vie et dans ce monde ? Car cela implique qu’on sait être soi-même Son enfant déjà maintenant, et qu’on n’a pas d’hésitation à cet égard ; et que c’est une vérité reçue de Dieu, établie et sûre dans l’âme, non pas le fruit de rêves, de sentiments ou d’idées, — et sans aucun lien avec quelque mérite venant de soi. Ils ont été enseignés de Dieu à cet égard et ils l’ont cru avec reconnaissance dans leur âme. Ils savent déjà que leurs péchés sont pardonnés, comme nous l’avons vu. Ils ne pourraient pas connaître le Père sans se reposer sur la rédemption en Christ. Mais combien peu de saints se reposent ainsi toujours en paix sur Sa rédemption !
Avoir la meilleure doctrine sur la rédemption, ce n’est pas du tout reposer son âme sur la rédemption de Christ à cause de ce que dit la Parole de Dieu. On peut tout à fait recevoir la vérité de la rédemption de manière abstraite, et dire : « je n’ai pas cette rédemption devant Dieu pour mes péchés. Quelquefois j’ai une humble espérance, mais à d’autres moments je suis complètement abattu quant à mon âme ». Il est clair que ce n’est pas là une paix réelle, et encore moins un paix établie. La paix établie est celle qui, fondée sur le sang de Sa croix, ne change jamais parce que son fondement ne change jamais. C’est aussi une relation connue avec le Père, qui vient par le Saint Esprit qui nous a été donné parce que nous sommes fils. Même le petit enfant est caractérisé par plus que la simple connaissance du pardon des péchés. C’est une vérité vitale du christianisme. La rémission complète des péchés par le sang, quelle qu’en soit la réalisation et l’assurance par la foi, ce n’est pas tout ce qu’un « petit enfant » de la famille de Dieu est censé connaître. Si c’était tout, il manquerait la bénédiction essentielle de la relation, et de la relation connue, avec le Père.
C’est pourquoi un autre apôtre (Gal. 3:26) insiste auprès des Galates : « vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le christ Jésus », comme l’apôtre dit ici : « je vous écris, petits enfants, parce que vous connaissez le Père ». Ils ne pouvaient connaître ceci que parce qu’ils étaient fils, et que Dieu avait envoyé l’Esprit de son Fils dans leurs cœurs, criant : Abba, Père (Galates 4:6). Personne ne peut le ressentir et l’exprimer à Dieu à moins d’avoir reçu, non un esprit de servitude, mais l’Esprit d’adoption (Rom. 8:15). Alors, la divine puissance animant le sens et les affections en nous quant à cette relation intime, les devoirs en découlent envers le Père et selon Sa volonté. Ce privilège béni est donc accordé et établi en toute simplicité. Nombreux aujourd’hui sont ceux qui ont foi en Jésus Christ, alors qu’ils ont peur de croire qu’ils sont fils de Dieu et qu’ils le restent. Le Saint Esprit est attristé d’une telle incrédulité, et il ne peut que la réprouver tant qu’elle dure, au lieu de donner la joyeuse liberté qui est le propre d’une telle relation.
Or
ici c’est la catégorie la plus jeune de la famille de Dieu qui est dans une
relation connue avec le Père. Personne ne peut avoir le sentiment constant d’être
un fils de Dieu à moins d’avoir été scellé du Saint Esprit. C’est là que le
Saint Esprit demeure parce que nos péchés nous ont été pardonnés par le [à
cause du] nom de Christ, et c’est par cela que les petits enfants connaissent
le Père. Ainsi l’apôtre dit aux saints à Éphèse « en qui vous aussi vous
avez espéré, ayant entendu la parole de la vérité, l’évangile de votre
salut ; auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de
la promesse » (Éph. 1:13). Ils n’étaient pas alors des chrétiens avancés.
Ils n’avaient pas encore fait de progrès dans la vérité. Ils venaient juste de
recevoir la vérité de l’évangile telle que Dieu la leur avait envoyée. Ils
croyaient à l’efficace de la mort de Christ, et acceptaient la plénitude de Sa
grâce ; et cette plénitude impliquait alors à la fois que leurs péchés soient
effacés, et qu’eux-mêmes soient faits fils de Dieu et aient reçu le Saint
Esprit, de manière à crier en tout temps Abba, Père. La bénédiction chrétienne
n’est ni conditionnelle ni temporaire comme celle des Juifs. Les pensées
légales déplacent l’œuvre de Christ pour
nous au profit de l’œuvre de l’Esprit
en
nous, ce qui ébranle la paix faite par le sang de Sa croix.
Assurément c’est merveilleux d’entrer par la foi dans une telle place pour quelqu’un qui, peut-être peu de temps auparavant, n’était qu’un pécheur perdu. Maintenant en vertu de la rédemption de Christ, le croyant a la connaissance du Père. Cela change tout pour lui, et le conduit à ces échanges confiants d’un fils avec son Père. Si un père selon la chair est cher à ses enfants, spécialement s’il est un père affectueux et fidèle, il y a une relation d’intimité et de proximité lumineuse. Il n’y a aucun doute quant au Père. De Son côté tout est béni et grand ; car Il est aussi plein de tendresse que de vérité et de fidélité. Il s’ensuit une relation d’amour entre les fils et le Père. Et qui est suffisant pour ces choses ? (2 Cor. 2:16). Notre suffisance vient de Dieu. Il ne s’agit pas simplement de crier Abba, Père ; mais tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu (Rom. 8:14). Et l’Esprit rend témoignage avec leur esprit, qu’ils sont enfants de Dieu » (Rom. 8:16). C’est dans cette condition qu’ils goûtent aussi la consolation et la certitude que leur Père les aime et les bénit jour après jour, même s’Il a besoin de les châtier pour leur profit, afin qu’ils participent à Sa sainteté (Héb. 12:10), étant appelé à Sa gloire éternelle dans le Christ Jésus (1 Pierre 5:10). C’est ainsi alors que nous voyons les petits enfants de Sa famille ; et ils sont caractérisés par le fait qu’ils « connaissent le Père ».
Or non seulement on cherche en vain des « pères » en Christ dans la chrétienté, non seulement il y a fort peu de jeunes gens portant la véritable marque de Dieu — mais où trouve-t-on des « petits enfants » au sens de la vérité révélée ? N’est-ce pas très attristant ? Les gens ne sont-ils pas pourtant, plus que jamais, très satisfaits d’eux-mêmes ? Combien on voudrait accueillir de « petits enfants » comme l’apôtre les décrit, et les encourager dans le chemin, à être vaillants contre l’ennemi, et à apprendre de plus en plus de Celui qui a souffert pour nous de manière inexprimable ! Mais c’est difficile d’en trouver. Dès le premier siècle, si l’on en juge d’après les premiers pères, les choses ont tristement dérivé, et l’une des preuves les plus claires de leur dérive, c’est qu’on ne s’appropriait même plus les vérités que « vos péchés vous sont pardonnés par son nom » et « je vous écris, petits enfants, parce que vous connaissez le Père ».
Prenez par exemple le recours fréquent au sang de Christ pour restaurer quand on a manqué. Comment peut-on parler ainsi si on a cru que Christ nous a obtenu une rédemption éternelle ? (Héb. 9:12) ; ou si on a cru que ceux qui rendent culte, une fois qu’ils sont purifiés, n’ont plus aucune conscience de péché ? (Héb. 10:2). Ils ne peuvent pas avoir la vérité de l’évangile dans leur âme, sinon ils n’auraient pas de pareilles idées. Christ a porté nos péchés en Son corps sur le bois, non pas seulement les péchés avant que nous ayons cru. Son sang purifie de tout péché, non pas seulement de certains péchés. Les saints doivent savoir qu’il y a le lavage d’eau par la Parole pour remédier à toute souillure du chrétien en chemin, mais cela n’annule pas du tout la rédemption par le sang de Christ. « Car par une seule offrande, Il (Christ) a rendu parfait » non seulement pour toujours, mais continuellement (εις το διηνεκες) [= à perpétuité] ceux qui sont sanctifiés (Héb. 10:14). On ne trouve pas dans l’évangile de Dieu la notion d’avoir besoin d’une nouvelle application de Son sang après la première ; car celle-ci a été complète et entièrement suffisante. Mais nous avons besoin que nos pieds souillés soient purifiés par la Parole de Christ et par Son service d’avocat. Et nous confessons tout péché par lequel nous avons agi d’une manière qui ne soit pas en accord avec Lui ; nous confessons notre péché sur ce point particulier à Dieu, et nous jugeons en nous-mêmes ce qui nous a exposé à manquer pareillement. Tout cela est tout à fait vrai et juste, mais cela n’ébranle point le fondement de Son sacrifice unique et de la rédemption par Son sang, le pardon de nos péchés.
Si nos péchés n’étaient pas tous effacés, quel intérêt y aurait-il à ce que certains le soient ? Qu’un seul ne soit pas pardonné, et l’issue est fatale. Mais pour le croyant, le pardon ou la rémission des péchés signifie une libération entière de ce triste fardeau. Seulement, si quelqu’un a péché, la conscience opère sous l’action de l’Esprit, et il s’ensuit une réelle humiliation de nous-mêmes due au manquement ; car tout manquement de la sorte est une honte pour nous, et il attriste le Saint Esprit de Dieu par lequel nous avons été scellés pour le jour de notre rédemption (Éph. 4:30). Toutefois, ceci ne saurait porter atteinte à la parfaite valeur de l’œuvre de notre Seigneur Jésus, l’Auteur de notre rédemption éternelle (Héb. 9:12), et la connaissance du Père et de notre relation avec Lui comme Ses enfants reste donc aussi intacte. Car « nous avons un Avocat auprès du Père » qui est justement en haut pour s’occuper effectivement de toutes ces difficultés qui seraient autrement insurmontables. Nous sommes donc toujours redevables à Christ ; mais Son service d’avocat ne consiste pas à verser Son sang, et Son sang n’est pas le service d’Avocat. Ressuscité et présent dans le ciel auprès du Père, Il est vivant pour intercéder pour nous. Son sang a un but et un effet tout à fait différent. Son sacrifice a eu son effet parfaitement, et ensuite Son service d’Avocat a la place qui lui revient en rapport avec nos besoins. Malheur à tous ceux qui, dans leur ignorance, ébranlent la vérité, et insinuent ce qui sape l’évangile de Christ, même s’ils croient en Sa personne !
Nous nous retrouvons ici sur le sujet déjà abordé, celui des différents stades de croissance spirituelle dans la famille de Dieu. La triple distinction est encore développée. Mais d’emblée nous avons devant nous un fait remarquable à propos des pères : nous aurions pu penser qu’ils méritaient bien que ce qui les concerne soit énoncé plus complètement, car ils sont plus capables que les autres de jouir de la vérité de Dieu… Or voilà que ce qui leur a été dit est simplement répété sans changement. C’est d’autant plus frappant que la répétition est loin d’être la règle dans l’Écriture. Il y a des cas ou des paroles identiques ou similaires sont répétées, mais c’est tout à fait exceptionnel, et le cas présent est l’une de ces exceptions.
La raison en est très touchante. Au v. 13 nous lisons « Je vous écris, pères, parce que vous connaissez [ou : avez connu] Celui qui est dès le commencement » (2:13), c’est-à-dire Christ tel qu’Il a été manifesté ici-bas. Jean n’entre pas dans les conseils divins de toute éternité, ni ne regarde vers les gloires futures de Christ, ni même vers Sa position à la droite de Dieu, ce qui est une vérité centrale chez l’apôtre Paul. Mais pour faire face au déclin qui s’était installé, et pour prendre soin au mieux des pères, les plus avancés de tous spirituellement, le disciple bien-aimé a été conduit à répéter simplement : « Je vous ai écrit [ou : je vous écris ; c’est l’aoriste épistolaire], pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement ». Aucun mot ne diffère, sinon la forme verbale : « je vous ai écrit » au v. 14 au lieu de « je vous écris » au v. 13, le v. 14 se référant à ce qui avait déjà été dit. Pourquoi ceci ? pourquoi n’a-t-il rien de plus à leur dire ? Parce qu’en Christ il n’y avait pas des émanations de Dieu comme les hommes les concevaient, mais en Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement (Col. 2:9). C’est en Lui, un Homme, que Dieu s’est incarné et a manifesté la plénitude de Sa grâce et de Sa vérité comme jamais cela n’avait eu lieu auparavant, et comme jamais il n’y aura besoin de le refaire. La notion même d’y ajouter quelque chose est la négation de cette plénitude : c’est un mensonge de Satan.
Nous sommes ici en présence de ce qui est infini. Et cet infini se trouve dans la personne divine du Fils devenu homme (non pas simplement dans la nature divine de la Déité), et c’est dans cette Personne que nous trouvons la merveille suprême de cet infini ; car c’est Son humanité qui a donné l’élément nécessaire à ce merveilleux. Cet élément n’aurait été en effet que peu de chose sans la Déité ; mais Dieu se manifestant réellement Lui-même dans un homme et comme homme, a présenté ce qui est au-dessus de toutes les autres merveilles (en dehors de Sa mort et de Sa mort expiatoire). C’est en Lui que les « pères » trouvaient leur tout. De manière caractéristique, ils avaient été en leur temps des « petits enfants » connaissant le Père ; ils avaient aussi été des « jeunes gens » dans la vigueur de la puissance spirituelle, un privilège nouveau, intime et béni, qui n’est jamais perdu, inutile de dire ; car au travers de cette expérience, on récolte une bénédiction qui ne passe jamais. Mais après avoir traversé toutes sortes de difficultés et de dangers, et y avoir gagné un riche profit de croissance par la vraie connaissance de Dieu (Col. 1:10), ce qui les attirait le plus et qui captivait leurs affections pour toujours, c’était le Seigneur dans Sa marche, allant et venant, parlant et agissant, manifestant Dieu et Son Père dans tous Ses motifs et Ses actions, dans toutes les paroles et les actes de Sa vie ici-bas. Telle est la force de l’expression connaître « Celui qui est dès le commencement ». En dehors de Christ ainsi manifesté, on ne trouve rien de si profond et de si réel, et on n’apprend rien de si élevé, de si saint et de si direct. Ce n’est pas l’Homme exalté dans la gloire céleste, ce qui est spécialement l’enseignement de Paul, et est de toute importance pour l’énergie spirituelle. Ici, c’est Dieu manifesté en chair ici-bas, Jésus plein de grâce et de vérité au milieu du mal pour nous en séparer, et pour agir selon Lui en nous par la puissance du Saint Esprit.
Nous arrivons au second stade de croissance, les « jeunes gens ». Ici l’Esprit de Dieu développe un peu le sujet. « Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le méchant ».
Observez d’abord l’ajout du v. 14 qu’on ne trouve pas au v. 13, et qui donne le secret réel de leur force : La Parole de Dieu demeure en eux. C’est une vérité de poids, qui produit un courage immense et une immense puissance spirituelle. Il ne s’agit pas simplement d’avoir recours à la Parole en cas d’urgence, sous la pression des difficultés ou de l’épreuve, mais c’est Sa révélation qu’ils avaient toujours demeurant en eux. C’est exactement et parfaitement ce que nous trouvons dans le Seigneur Jésus. Qu’Il eût à faire à un ami ou un ennemi, quelqu’un d’apparence grande ou faible, cela ne faisait aucune différence : ce que les gens entendaient de Lui était la Parole de Dieu. Même si le diable Le tentait, Il répondait par la Parole ; et si l’ennemi la citait en vue du mal, il répliquait par l’Écriture en vue du bien et de la vérité. Si les disciples avaient besoin d’apprendre ce à quoi ils avaient à s’attendre, Il le tirait de la Parole de Dieu. Jamais il n’y a eu quelqu’un comme le Seigneur Jésus qui ait ainsi montré la Parole de Dieu demeurant en Lui en tout temps, et vis-à-vis de toutes les personnes et de toutes les circonstances.
Nous ne trouvons cela même pas chez les apôtres, bien qu’ils fussent apôtres, ni chez Jean lui-même pour qui la Parole était un si grand trésor, ni chez Pierre avec son amour abondant et fervent. Personne ne fut comme le Seigneur, pas même l’apôtre Paul, bien que nous soyons parfaitement certains que jamais un autre homme (hormis le Seigneur Jésus) n’honora la Parole de Dieu plus que lui. Néanmoins, sous cet aspect comme sous d’autres, aucun n’a égalé le Seigneur Jésus. En effet la soumission à la Parole L’a particulièrement caractérisé, et c’est pourquoi les évangiles qui montrent le Seigneur dans Sa vie quotidienne sont si richement profitables et si humiliants, et pour cette raison ils dépassent la plupart des enfants de Dieu dans leur état effectif.
La plupart de ceux qui viennent de se convertir tendent à se cantonner à l’épître aux Romains ou à celle aux Galates, et certains n’avancent même pas beaucoup dans les Romains. Ils sont attirés par le solide fondement donné par Dieu dans les premiers chapitres des Romains, et y trouvent leur joie ; ils s’étonnent d’y trouver non seulement Sa grâce, mais aussi Sa justice. Ils tiennent ferme la justice accomplie. Ils saisissent Christ Lui-même comme étant leur justice, car ils sont enseignés à distinguer celle-ci qui est leur position, d’avec leur sainteté pratique. C’est ce que le Saint Esprit opère en nous parce que nous sommes de Christ. Le pécheur injuste a besoin de justice, aussi bien que de la grâce qui l’assure du pardon des péchés ; en Christ, il trouve tout en plénitude pour lui. Il n’a qu’à prendre la place de pécheur perdu, et à se rejeter sur le Seigneur Jésus, qui est fait sa justice à lui (1 Cor. 1:30). Cette justice, il en est revêtu jusque devant le trône même de Dieu, où il peut désormais se tenir par la foi en toute confiance ; et tandis qu’il se condamne lui-même entièrement pour tous ses péchés, il a en Christ une justice qui satisfait Dieu et qui Le glorifie. Car c’est la propre justice de Dieu, une justice justifiante, parce qu’elle vient de ce que Christ a fait et souffert pour le plus misérable des pécheurs ; et il est l’un d’eux. Peut-être comme le publicain, il peut dire « si jamais il y a eu un pécheur, c’est moi qui le suis », mais même en cela, l’apôtre dit qu’il était, lui, le premier des pécheurs (1 Tim. 1), et c’était vrai. Le fait même de sa justice légale le constituait d’autant plus ennemi de Dieu, et le remplissait de haine vis-à-vis de tous ceux qui invoquaient Son nom. C’était purement la religion de l’homme dans la chair, selon ses propres expressions. Il était Hébreu des hébreux s’estimant capable de garder sa religion, et marchant très consciencieusement selon ses ténèbres, ce qui l’a rendu si implacable contre le Seigneur Jésus et tous les Siens. Qu’y a-t-il de plus opposé à la justice de Dieu en Christ ?
En Jean 16 on voit qu’il n’est maintenant plus question de loi ni pour le péché ni pour la justice ni pour le jugement. Le changement de norme opéré par Sa présence et Son rejet est tellement immense que, selon ce qu’Il nous dit, l’Esprit, une fois venu, convaincrait le monde à l’égard du péché, de la justice et du jugement : de péché parce qu’ils ne croient pas en Moi ; de justice parce que je vais au Père, et vous ne Me verrez plus ; et de jugement parce que le chef de ce monde est déjà jugé. La preuve du jugement n’est pas quelque déploiement extérieur de la rétribution divine comme en Égypte, en Canaan, à Babylone ou à Rome. Elle est dans le jugement prononcé sur celui qui a conduit le monde à crucifier le Seigneur de gloire. C’est par là que le chef de ce monde a été jugé : l’exécution est différée, mais le cas est tranché définitivement. Le grand péché est de ne pas croire en Lui ; la vraie justice est dans Le rejeté s’en allant auprès du Père. Le monde a perdu Jésus. Il est venu dans le monde pour gagner des pécheurs où qu’Il aille ; et ils n’ont pas voulu de Lui ; et les pire de ceux qui L’ont refusé ont été Son propre peuple. Cela a fini par la croix ; et c’est à cause de la croix que non seulement Dieu est exalté, mais que dans Sa réception en gloire il y a la vraie justice contre l’homme, contre Satan et contre le monde avec Israël par surcroît.
Une manifestation voisine de la justice de Dieu se trouve dans Sa bonne nouvelle du salut pour le pauvre pécheur qui vient en Son nom, le seul nom qui nous soit donné par lequel il nous faille être sauvé (Actes 4:12). C’est là que « la justice de Dieu est manifestée… par la foi en Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3:22). Après la justification, commence la sainteté pratique. Car la vie est donnée en Son nom, aussi bien que le pardon des péchés ; et cette vie nouvelle est celle qui produit de bons fruits. Cependant c’est une question de sainteté. Ce qui répond à nos besoins et nous sauve comme pécheurs, c’est Christ et l’œuvre de Christ pour nous avec Dieu ; mais ce qui opère dans nos âmes le jugement de soi-même et l’honneur rendu à Dieu par la confession complète des péchés, cela fait partie de la sainteté de celui qui est désormais compté comme juste en Christ et à cause de Christ.
Nous avons ensuite le secret de ces jeunes gens
caractérisés par la vigueur. Ce n’est pas l’énergie naturelle, car il n’y a
rien de la grâce en elle. C’est du courage et de la puissance spirituels ;
et ce qui maintient et dirige ce courage et cette puissance, c’est la Parole de
Dieu demeurant dans ces jeunes gens. Ils aiment tellement la Parole qu’ils
l’ont toujours, non pas simplement avec
eux, mais demeurant en
eux. Ils n’ont
pas prétendu à ce qu’on a entendu dire par un cher frère : passer une
heure ou deux sur la Parole. Ces jeunes gens ont toujours la Parole au-dessus
d’eux. C’est la bonne manière de faire, non pas se placer au-dessus de la
Parole, ce qui se termine souvent par beaucoup de discours ; mais la
Parole placée au-dessus de nous met un terme à nos pensées, et nous fortifie
autant qu’elle nous gouverne, et remet à sa place notre présomption. Les jeunes
gens étaient donc marqués, comme nous l’avons lu, par la Parole demeurant en
eux. Il ne s’agissait pas simplement de la creuser, ni d’y chercher des
questions bizarres, ni de chercher à savoir ce que, peut-être, la volonté de
Dieu ne veut pas nous faire connaître pour le moment, voire jamais durant notre
vie terrestre. Mais voilà où en étaient ces jeunes gens, soumis à toute la
Parole. Il dépend de cela que les Écritures soient sondées avec prières d’un
bout à l’autre, pour autant qu’on les possède ; car c’était beaucoup plus
difficile de les avoir à l’époque de Jean que de nos jours. Mais aujourd’hui,
si vous donnez un coup d’œil à la Bible de n’importe qui, vous découvrez
qu’elle est assez jaunie dans certaines parties, et beaucoup trop blanche
ailleurs. Est-ce cela la Parole de Dieu demeurant en nous ? Quand elle
demeure en nous, toute la Parole est appréciée et sondée diligemment, car on ne
sait jamais de quelle parole nous aurons besoin la prochaine fois. C’est
pourquoi la chose pieuse, sage et nécessaire, c’est d’avoir la Parole demeurant
en nous.
Mais il y a plus que ceci dans ce qui suit. « N’aimez pas le monde ». Pourquoi cet avertissement leur est-il particulièrement adressé ? Il n’est adressé ni aux « pères » ni aux « petits enfants ». Pour les petits enfants, on va voir qu’il leur est dit beaucoup de choses, mais aux « pères », il n’est rien répété de plus que ce qui a été dit la première fois. Leur caractère spécial était, comme Marie, de rester assis aux pieds du Seigneur et d’écouter Sa Parole. N’est-ce pas cela être absorbé par Christ et être rempli de Christ ? La Parole de Christ demeurait en eux richement en toute sagesse et intelligence spirituelles (Col. 3:16 ; 1:9). Mais il n’y avait pas que cela. Christ Lui-même, tel qu’Il avait été manifesté ici-bas, était habituellement devant eux comme l’objet suprême de délices et de communion avec le Père. — Mais ces jeunes gens étaient avertis de ne pas aimer le monde. Cela paraît-il étrange pour des âmes spirituellement si énergiques ? Non, cette vigueur même, même si elle était de la vigueur spirituelle, était source de danger. Ils sortaient avec le désir sérieux de répandre la vérité, sans crainte de témoigner de Christ au moyen de la Parole demeurant en eux, et par le Saint Esprit opérant par eux. Or c’est justement les victoires remportées qui constituaient un danger, et les relations avec les hommes les exposaient à aimer le monde avant de savoir où ils étaient. Car il ne faut pas supposer qu’aimer le monde soit simplement le goût du spectacle, du plaisir, de la musique, du théâtre, de la chasse, du tir, des courses de chevaux, des jeux d’argent, ou autres choses peut-être plus grossières.
Le monde est un piège beaucoup plus subtil que la chair. Dans bien des cas de convoitises de la chair, l’homme va jusqu’à se mépriser lui-même, et d’autres qui se sont lancés à fond dans le monde auraient honte de pareilles voies. Mais la convoitise mondaine est tout autre chose. Elle parait tout à fait respectable ; car n’est-ce pas ce que font tous les gens importants ? C’est convoiter ce que la société aime ; c’est convoiter ce qui est estimé normal pour tous, hommes et femmes, par ceux qui ont des lumières, par les personnalités et par ceux qui sont doux. Cela a une immense influence, spécialement chez les jeunes, et chez les jeunes gens qui sont forts, qui connaissent le Seigneur, et qui ont sincèrement à cœur de répandre la connaissance de la vérité. Mais cela les conduit à se risquer hardiment ici ou là, pensant qu’ils peuvent aller partout tellement ils ont une bonne nouvelle à dire. Eux au moins connaissent le Sauveur qui n’est pas connu ; où n’auraient-ils pas le droit d’aller ? Dans ce zèle, ils sont particulièrement mis en garde quant au monde.
Dans ce sens, Dieu n’a pas fait le monde. « Le monde » moralement parlant, c’est ce que le diable a fait après la chute de l’homme. Le premier commencement « du monde » a été chez Caïn et sa descendance. Car que voyons-nous chez Caïn ? Condamné à être vagabond et errant sur la terre, il s’est efforcé d’effacer cette sentence, et a construit une ville : non contents de vivre l’un ici, l’autre là, il fallait qu’ils se retrouvent tous en groupe. L’union fait la force, dit-on. En outre, un homme capable a vite fait de parvenir au sommet ; et c’est ce à quoi beaucoup espèrent arriver une fois ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, en tout cas dans une certaine mesure. Dans de tels efforts, on a vite fait d’oublier Dieu et le péché. C’est ainsi (Genèse 4) que Caïn a construit une ville et l’a nommée du nom de son fils. L’orgueil arrive directement, avec la volonté de se faire plaisir et de faire plaisir aux autres, sans avoir la moindre pensée pour Dieu. C’est dans cette famille qu’ont commencé les grandes inventions. On ne trouvait pas cet esprit chez Abel, ni chez Seth qui a remplacé Abel, mais par contre il a abondé chez Caïn et sa descendance. C’est là qu’on a commencé à faire des vers en société ; Lémec écrivit de manière élégante à ses femmes ; or c’est le même homme qui a introduit la polygamie, et a justifié l’homicide pour se défendre dans ce qu’on peut appeler « un sonnet adressé aux objets de ses affections ». Ce qui occupait ses pensées dans une aussi triste affaire (le meurtre), ce n’était pas Dieu, mais ses femmes. La manière dont Dieu avait traité Caïn servit à Lémec pour faire non seulement une apologie, mais une justification de la rétorsion dans son cas. Nous trouvons encore dans ce passage la vie nomade audacieuse à son origine, et les délices plus civilisés des instruments de musique à vent ou à cordes : « le monde » a ainsi été très tôt en activité. N’est-ce pas cela « le monde » ? Sans aucun doute beaucoup de commodités qu’on trouve dans le monde peuvent être utilisés par le chrétien ; mais il reste gravée sur lui une marque noire : l’absence de Christ méprisé mais d’autant plus aimé. Citez-moi quelque chose du monde qui ait l’approbation de Christ ? Où trouve-t-on tout ce qui a de la valeur pour Christ ? où trouve-t-on tout ce que Christ a vécu et aimé ?
C’est là un critère assez rigoureux pour trancher beaucoup de choses, du fait que tout ce qui est en dehors de Christ peut être un objet pour le cœur de l’homme déchu ; or c’est le cas pour le monde. Certains, nous le savons, se lancent dans les sciences, d’autres préfèrent la littérature, d’autres aiment la politique. Hélas ! on peut même se lancer dans la religion, l’œuvre et le culte du Seigneur avec un esprit mondain et d’une manière égoïste, pour en tirer du profit ou de la renommée ; et les manières de courtiser la popularité y sont nombreuses ! N’est-ce pas là aussi le monde ? Le nom du Seigneur séparé de Sa volonté et de Sa gloire ne comporte aucune sauvegarde en lui-même ; quelques-uns des plus méchants poètes qui aient jamais vécu l’ont séparé ; ils ont écrit sur des sujets de l’Écriture, mais ils étaient loin d’être les meilleurs dans ce domaine, car ils restaient entièrement sans Dieu et souvent ennemis déclarés de Christ.
C’est pourquoi ceux qui sont jeunes spirituellement, aussi vigoureux soient-ils, courent un grave danger s’ils n’ont pas le sentiment toujours croissant de leur relation avec le Père. Même les petits enfants ont cette connaissance ; ils sont caractérisés par le sentiment de cette relation bénie, et ils en jouissent. Comme toutes les autres classes de croyants, ils ont l’assurance du pardon ; et à cette joie, il s’ajoute, même pour eux qui sont de petits enfants, le fait de connaître le Père, ce qui est effectivement un privilège précieux, comme nous le voyons quand nous nous rendons compte que tant de chrétiens qu’on croit avancés et qui se croient avancés, ne se risquent pourtant pas à prendre un quelconque chemin de ce genre. Ils n’ont pas de certitudes nettes ; la plupart invoquent Dieu, mais non pas comme Père dans toute la force du terme ; ils l’invoquent comme le Tout-Puissant, ou comme l’Éternel, ou comme le Dieu d’Abraham, exactement comme s’ils étaient Juifs. Tout le monde devrait voir que l’état de la chrétienté en est là maintenant, spécialement ceux qui se vantent de l’antiquité de leur religion de multitude. Cela a un caractère juif. Mais dans le christianisme, Christ retire quelqu’un de tout ce qui est terrestre, tant des Juifs que des nations, et Il imprime Son nom sur lui dès le début de sa vie nouvelle et tout au long de sa course. Comme Il dit Lui-même à propos des hommes que le Père Lui a donnés : ils ne sont pas du monde comme Lui n’en est pas (Jean 17). C’est la raison pour laquelle ce sont particulièrement les « jeunes gens » au point de vue spirituel qu’il fallait mettre en garde contre le monde, de peur que, dans leur ardeur, celui-ci prenne de la valeur pour eux. Ils pourraient prétendre qu’ils voulaient seulement gagner le monde à Christ ; que leur motif était de faire connaître Christ et Son évangile au monde. Mais n’avez-vous pas besoin de dépendre de Lui et des directions de Son Esprit pour savoir où, quand et comment aller ? Il ne suffit pas d’avoir un bon projet ou un bon but. Le danger principal contre lequel nous avons à veiller est dans la manière de faire les choses. C’est dans le « comment » nous faisons, qu’est le risque de chute. L’objectif peut-être juste, mais les moyens aussi doivent être selon la volonté et la Parole de Dieu. Et qui peut nous garder et nous préserver dans les moyens à adopter ? Seulement Celui à qui nous appartenons, opérant en nous par Sa Parole et par Son Esprit.
Mais les « jeunes gens » ne sont pas seulement mis en garde d’une manière générale ; un autre avertissement suit. Il leur est dit de ne pas aimer « les choses qui sont dans le monde ». Ceci peut être plus insidieux et plus subtil que le monde lui-même. Prenez la religion du monde, la religion des multitudes, des grands, des nobles, des sages, des savants. Quel est l’homme naturel qui en évite le piège, à moins d’être entièrement profane ? Même Caïn avait son culte et son monde, alors qu’il était dans les ténèbres et éloigné de Dieu. N’est-ce pas un piège tendu à beaucoup de saints, et un piège attrayant pour ceux qui sont forts ? Car bien des chrétiens voudraient dire : « je n’ose pas aimer le monde ; mais voici une offre acceptable qui me permet de faire beaucoup plus de bien partout et en tout temps, et où je puis parler sans tenir compte de mes circonstances et du groupe de chrétiens que je fréquente ». Mais voilà qu’il faut faire un compromis avec la vérité. Il s’agit donc de l’une de ces choses « qui sont dans le monde » que je ne dois pas aimer. Répétons-le, qu’y a-t-il de plus banal que la faute d’avoir un objet particulier qui nous attire, une occupation favorite d’un genre ou d’un autre, sans lien réel avec Christ ? Toutes les choses de ce genre deviennent des idoles, parce que c’est Christ qui a droit à l’amour suprême, outre les obligations et la relation connues.
Christ est l’objet que notre Père met devant nous ; si nous avons un œil simple pour regarder à Lui, nous pouvons être sûr que le corps tout entier sera plein de lumière. Il est impossible pour un chrétien d’être vrai en regardant à Christ, et de faire de Christ l’objet de toute son activité et sa marche quotidiennes, s’il s’occupe de ce qui n’a pas Son approbation. Il faut que la Parole de Dieu demeure en lui. Si l’on est content de ne s’occuper que de ce qui Lui plait, Il sera certainement en aide. Mais le monde peut exercer une influence aveuglante, et le zèle peut s’orienter vers l’importance donnée au moi et vers la propre volonté. Il s’ensuit qu’une ardeur réelle est la porte ouverte au danger ; et c’est pourquoi les jeunes gens sont avertis : « n’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde », à la suite de quoi vient un autre avertissement très solennel : « si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui ». Jean aime à présenter les choses dans leur principe absolu, sans mentionner de circonstances susceptibles d’apporter des nuances. En posant le principe « si quelqu’un aime le monde », il n’y met pas de bémol. Voilà le principe ; et si l’amour du monde est votre principe et votre pratique, l’amour du Père ne peut guère être réel chez vous.
Mais quand on a affaire aux chrétiens comme ils marchent maintenant, il y a souvent un triste mélange. Des motifs bons et mauvais peuvent agir simultanément. Mais ici, nous n’avons pas un tel tableau. D’autres passages de la Parole de Dieu en traitent. Mais au vu de ce passage, la tâche nous incombe de présenter le principe entièrement juste, et le principe entièrement faux. C’est pourquoi il est établi que si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui. C’est solide et c’est vrai, parce que cela suppose que des deux côtés les principes sont menés à bout.
L’apôtre en vient ensuite aux différences particulières parmi les aspirations vers le monde. « Parce que tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair [ce qui opère dans le moi], et la convoitise des yeux [ce qui m’attire en dehors de moi], et l’orgueil (ou la vanterie) de la vie [le troisième piège] » (2:16). Il peut s’agir de maintenir dans le monde un rang social et les habitudes et les sentiments qui s’y rattachent. Supposons par exemple un noble, ou un gentilhomme, ou quelqu’un de la classe beaucoup moyenne qui voudrait le devenir. Comment se situe cette personne, et comment se situe Christ ? Admet-on que Christ approuve chez Ses disciples le rang naturel, ou la place qu’on pourrait acquérir d’une manière ou d’une autre ? Que voulait dire le Seigneur quand Il disait : « ils ne sont pas du monde comme Moi, Je ne suis pas du monde » ? Le monde est-il ce que le chrétien doit préserver comme une offrande agréable à Christ ?
Bien des chrétiens gardent ainsi leur dignité, et l’offrent à Christ, comme on dit — comme si Lui l’appréciait ! Est-ce là le principe posé par le Seigneur, ou celui selon lequel les apôtres et les autres fidèles ont marché ? Pour le cœur simple purifié par la foi, qu’est-ce qui attire autant en pratique que la séparation de Christ d’avec le monde et pour le Père ? On sait très bien qu’on voit le contraire chez beaucoup de chrétiens, et cela a toujours été une douleur profonde et un fardeau pour ceux qui pensent à Son nom et à Sa Parole. L’orgueil de la vie chez un chrétien, c’est de la dureté pour l’homme et c’est odieux pour le Père. Ce n’est pas ainsi qu’Il a cherché grands et petits au milieu des péchés et des folies, au milieu de la vanité et de l’orgueil, et de tout ce qui gouverne les hommes ; ce n’est pas ainsi que Christ est venu vers nous, sinon pour extirper et mettre la sentence de mort sur toute vanité. Aucune de ces choses a-t-elle été épargnée à la croix ? C’est pourquoi Son serviteur Jean dit ici qu’aucune de ces choses, soit isolément, et encore moins comme ensemble, n’est du Père, mais elles sont du monde qui a haï et le Père et Son Fils. Quel plaisir le Père trouve-t-Il dans aucune de ces choses dont les hommes font tant cas, et auxquelles ils tiennent avec tant de ténacité, soit en les enviant chez les autres soit en les recherchant pour eux-mêmes ? En bref, l’orgueil de la vie n’est pas du Père ; mais pis que cela, il est de Son ennemi, le monde.
Car qu’est-ce que le monde ? C’est le système mis en place par Satan parmi les hommes déchus pour effacer la mémoire du paradis perdu ; et depuis il a toujours continué à se développer, à s’embellir et à progresser, malgré la terrible catastrophe du déluge, jusqu’à se dresser en rébellion contre le Fils de Dieu, et à Le crucifier sur le bois. C’est ce que le monde a poursuivi avec ses arts, ses lettres, sa religion et sa philosophie. Le monde était alors constitué à la fois de Juifs et de Gentils. Tous les deux aimaient le monde, et tous les deux se sont unis pour rejeter le Seigneur de gloire dans la plus extrême ignominie. Le monde est-il dès lors un objet pour l’amour du chrétien ? cet amour a-t-il pour objet la moindre partie ou parcelle de ce monde ? y a-t-il là quoi que ce soit dont il se glorifie ou dont il jouisse ? si oui, n’est-ce pas une trahison contre le Père et le Fils ?
Il est insisté ici sur une autre caractéristique du monde. Il est éphémère, car la sentence de mort de Dieu est sur lui. Il doit passer entièrement. Il s’en va, avec sa convoitise, car qui peut le retenir ? Peu importe qu’il s’agisse de richesses ou de rang, de plaisir, de puissance, ou quoi que ce soit d’autre ; il va être réduit à rien — son orgueil, dans le présent siècle, peut même se trouver quelquefois dans une usine. Pour tout cela, les hommes sont dévorés du désir d’être grands qu’ils ne sont, en sorte qu’en dessous de la surface, on trouve le mécontentement qu’aucun plaisir ne peut dissiper.
« Le monde s’en va et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (2:17). Non seulement la Parole demeure éternellement (1 Pierre 1:25), mais aussi celui qui fait la volonté de Dieu. Ceci est beaucoup plus important que n’importe quelle doctrine que les hommes en tirent, y compris les articles de foi, comme on les appelle. Sans doute, il est nécessaire de s’opposer à ce qui est faux et mauvais, et nous sommes tenus de nous soumettre à la Parole et à la volonté de Dieu révélées. Mais l’erreur se glisse facilement dans les doctrines, même formulées par les meilleurs hommes, et contre lesquelles ou pour lesquelles les hommes se battent. Il nous est dit ici que celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement. Personne ne peut ainsi demeurer, sans être attaché étroitement à Christ, et sans l’amour pour le Père. Certainement, « le Fils demeure éternellement » (Jean 8:35 ; 12:34). Le chrétien peut s’endormir, mais il demeure pour toujours. Le Seigneur va venir le réveiller du sommeil de la mort, ou s’il est encore en vie à ce moment-là, Il va le changer en la ressemblance de Son corps de gloire, manifestée alors pour toujours. Mais il est appelé à le reconnaître déjà maintenant, et à agir en conséquence chaque jour, pour ne pas se laisser attirer dans les voies de souillure du monde, qui paraissent plaisantes, mais qui sont au contraire toutes couvertes et remplies de mal et d’impiété.
Nous en arrivons aux « petits enfants » au v. 18. Ce n’est pas toute la famille, et c’est même une erreur inexcusable de confondre la famille avec cette catégorie particulière, la classe ou le niveau le plus jeune de tous, les petits enfants. Pourtant ceux-ci, les moins mûrs de la famille de Dieu, sont eux dont il est dit qu’ils connaissent le Père. Pensez un peu à quel point les saints sont maintenant déchus de cette connaissance ! Et ne vaut-il pas la peine de noter que c’est pour les petits enfants que l’Esprit de Dieu fait le développement le plus grand ? Pour les « pères », il n’y avait pas un mot de plus ; pour les « jeunes gens » il n’y en avait guère plus ; mais le maximum, et de loin, est donné aux « petits enfants ». Ne sentons-nous pas la beauté de la grâce dans cette manière de faire ? Ce n’est pas la manière de l’homme (2 Sam. 7:19) ; mais Dieu par Son Esprit entre par-dessus tout dans les besoins des « petits enfants ». Ils ont le plus de besoin, et ils reçoivent le plus. C’est à leur égard que l’Esprit de Dieu s’appesantit sur les détails, beaucoup plus même qu’avec les jeunes gens. Les petits sont en grand danger.
« Petits enfants, c’est la dernière heure » : ne vaut-il pas mieux garder le sens littéral ici ? (*). Cela va évidemment plus loin que les « derniers temps » (1 Tim. 4:1) et les « derniers jours » (2 Tim. 3:1). Il s’agit effectivement de la « dernière heure », une heure fort longue sans aucun doute ; la raison en est non pas du retard, mais la longue patience de Dieu qui ne veut pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance (2 Pierre 3:9). La grâce a encore des âmes à sauver et à bénir, et à ajouter comme membres du corps de Christ ; c’est pourquoi Dieu attend. Mais depuis les jours de l’apôtre, on en est à la dernière heure. Qu’est-ce qui fait qu’on soit à la dernière heure ? Ce n’est pas parce que Christ est connu, mais parce qu’il y a « plusieurs [beaucoup d’] antichrists ». Il est dit de la première venue de Christ qu’elle a eu lieu « à la fin de ces jours-là », les jours qui ont commencé quand Dieu s’est occupé de Son peuple sur la terre, et qui se terminent dans la consommation des siècles, avec Christ. C’est ce que nous lisons en Héb. 1:2 et 9:26. « Mais, quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils » (Gal. 4:4).
(*) Note du traducteur : la version autorisée du roi Jacques traduit « le dernier temps ».
Voilà une phrase particulièrement solennelle : c’est « la dernière heure ». Il reste peu de temps. Le Seigneur est proche. Il est prêt à juger les vivants et les morts, comme dit l’apôtre Pierre, — non seulement prêt à nous enlever au ciel, mais en ce qui Le concerne, prêt à exécuter le jugement sur les vivants et les morts. Mais même ainsi, Dieu prolonge Sa grâce bénie en sauvant davantage d’âmes. Quand le dernier membre de Christ sera ajouté, que se passera-t-il ? Le Seigneur viendra et prendra en haut ceux qui sont Siens, et Il commencera alors à travailler parmi les Juifs et les Gentils en tant que tels, spécialement pour préparer Son peuple pour la place qui leur est réservée sur la terre. Ils n’étaient pas préparés la première fois ; le Seigneur le fera la seconde fois. Il y aura alors un peuple prêt pour le Seigneur et pour Son royaume. Il fera ce que Jean Baptiste n’a pas réussi à faire ; Il fera ce que l’église n’a pas fait ; Il tournera le cœur d’Israël pour accueillir leur Messie rejeté depuis si longtemps, et qu’à leur grande surprise et leur grande douleur, ils découvriront comme étant tout simplement Celui qu’ils ont crucifié. C’est pourquoi en ce jour-là, l’Éternel Lui assignera une part avec les grands, et Il partagera le butin avec les forts (Ésaïe 53:12) ; tandis que maintenant ce sont les choses folles, faibles et viles du monde que Dieu a choisies pour exalter Sa grâce en Christ (1 Cor. 1:27-28). Mais au jour de Son apparition, Il fera miséricorde à Sion abaissée depuis si longtemps, et les nations craindront le nom de l’Éternel, et tous les rois de la terre Sa gloire (Ps. 102:15). Certains pourront anticiper cette découverte ; d’autres l’apprendront quand Il apparaîtra ; car il y aura des différences entre eux.
Mais maintenant c’est la « dernière heure » pour nous : ce n’est pas le christianisme qui prévaudra, ni la mission de l’évangile du royaume à toutes les nations, mais l’arrivée de beaucoup d’antichrists. Il y aura une mission de Juifs convertis vers tous les Gentils ; et ils trouveront leur voie là où les chrétiens ne l’ont pas trouvé (car la grâce divine les fortifiera) ; et alors viendra la fin de ce siècle [ou : ère].
Mais est-ce là l’espérance chrétienne ? Nous n’attendons pas la fin, mais nous attendons Christ, et Christ pour nous enlever pour être là où Il est maintenant. Eux aussi attendent le Seigneur pour descendre et bénir la terre, et Il le fera certainement. Mais c’est autre chose, et c’est postérieur. Cela pourra ne pas être long, mais il y aura quand même un petit intervalle entre les deux parties de Sa venue — la partie céleste et la partie terrestre.
On a ici l’annonce solennelle que la dernière heure est venue. « Petits enfants, c’est la dernière heure ». Quelle résonance, et quel étonnement cela a-t-il dû produire dans leurs âmes ! Beaucoup pensent qu’une telle vérité n’est pas du tout la bonne nourriture pour de petits enfants. Il est très désirable que les chrétiens lisent la Bible, et non seulement qu’ils la lisent, mais qu’ils la croient en toute simplicité. Ce qu’ils y trouvent, met fin à ces pensées et ces théories humaines. « Petits enfants, c’est la dernière heure ; et comme vous avez entendu que l’antichrist vient, maintenant aussi il y a plusieurs [beaucoup d’] antichrists » (2:18). C’est la marque caractéristique de « la dernière ». Aucun mal n’est aussi flagrant que l’antichrist. C’est l’affrontement personnel et direct contre le Seigneur. Il peut imiter le Seigneur Jésus, mais seulement pour s’opposer à Lui ; il peut revendiquer ce qui n’appartient qu’à Dieu, mais seulement pour s’exalter lui-même et nier Dieu. Certainement c’est le mal le pire et le plus effronté contre Lui ; « et maintenant aussi, il y a plusieurs [beaucoup d’] antichrists ». Il y a beaucoup d’antichrists à Londres, comme dans toute la chrétienté ; ils y prêchent et enseignent des foules qui les écoutent, et celles-ci ne soupçonnent même pas qu’elles sont en train d’écouter l’antichristianisme au lieu du christianisme. La raison pour laquelle les vrais chrétiens prennent tout cela à la légère, c’est qu’ils pèsent peu la Bible avec l’Esprit de Dieu travaillant en eux.
Ce qui favorise ce mal, c’est l’adoption par les allemands de l’ancien déisme des anglais ; car c’est en bonne partie ce qui constitue la « haute critique ». Cet ancien déisme anglais, expulsé bruyamment d’Angleterre au 17ème siècle, est revenu dernièrement, policé et rendu brillant par l’habileté allemande et son étalage de connaissances. Voilà ce que les gens gobent comme quelque chose de nouveau, de grand et d’avant-garde. Hélas ! Cela a fait prisonniers les centres du savoir, les anciens comme les nouveaux ; ils ont été transformés en forteresses contre le Seigneur Jésus, en centres de propagation de l’incrédulité qui ruinent par leur poison les jeunes gens destinés à être le clergé ou les ministres de diverses sortes. Car sur ce point, il n’y a guère de différences entre les dénominations. Le libéralisme et la dissidence sont probablement aussi corrompus l’un que l’autre dans ce domaine, et deviennent toujours plus destructeurs. La « haute église », avec Pusey, a résisté pour un temps, mais depuis, elle a cédé. Les gens ne le croient pas, et la conséquence en est qu’ils sont contaminés par la corruption dans tous les sens. Même les croyants sont gravement atteints. Mais le Seigneur sait comment délivrer (2 Pierre 2:9), et Il travaille à éclairer les yeux obscurcis, et Il les rendra sensibles au piège. Car il est bien clair que l’érudition n’est ni un frein ni une barrière contre le mal. Cependant Dieu protégera les « petits enfants » dans Sa grâce. À cet égard, leur connaissance du Père fournit un fondement béni. Ces critiques bibliques s’en soucient-ils ? Ont-ils la Parole de Dieu demeurant en eux ? S’attendent-ils à l’Esprit de Dieu comme puissance pour recevoir Sa vérité et pour marcher en elle ? Comment cela serait-il possible chez ceux qui nient que l’Écriture soit Sa Parole ? Oui, plusieurs [beaucoup d’] antichrists sont venus, « par quoi nous savons que c’est la dernière heure » (2:18).
Quel chrétien intelligent n’est pas au courant de cela aujourd’hui ? Beaucoup se souviennent du temps où ces choses ne prévalaient pas, ni rien de comparable. L’incrédulité augmente rapidement ; mais elle s’est toujours montrée au moins en germe depuis le temps des apôtres. « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres » (2:19). C’est le caractère apostat. Certains des leaders de l’antichristianisme actuel étaient précédemment des chrétiens professants. Quelques-uns d’entre eux étaient connus parmi nous, notamment un homme malin et érudit qui, depuis est devenu éminent en matière de scepticisme religieux ; il était pourtant végétarien, de bonne moralité, abstinent vis-à-vis de l’alcool, et révolutionnaire, et tout cela le rendait recommandable à beaucoup de gens. Car beaucoup sont enclins à penser qu’il doit y avoir du bien chez une telle personne ! mais non, c’est un antichrist.
« Car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant aucun d’eux des nôtres » (2:19).
La version autorisée du roi Jacques traduit « ils n’étaient pas tous des nôtres ». C’est une traduction étrange et incorrecte, et qui réellement n’a pas de sens. C’est simplement une traduction faite sans soin, ou plutôt un contresens. Le texte grec dit en réalité : « ils étaient tous pas des nôtres », et en bon français « aucun d’eux n’était des nôtres ». Si l’on dit « ils n’étaient pas tous des nôtres », cela implique que certains l’étaient ; certains de ces antichrists étaient des nôtres ! Or l’apôtre dit justement le contraire. Pratiquement, cela montre combien les plus érudits, quand ils s’occupent de la Bible, semblent fermer les yeux. Il serait intéressant de rechercher la raison qui a exposé des gens pieux et érudits à une erreur aussi étrange. Mais il suffit d’affirmer positivement que le seul sens juste est la pensée toute différente, qu’aucun d’eux — aucun de ces antichrists — « n’étaient des nôtres ». Le lecteur non-érudit peut être assuré que c’est là le vrai sens sur une base purement grammaticale, ce que les érudits ne devraient pas manquer de voir, alors qu’ils y manquent parfois, et même régulièrement dans le passé.
« Et
vous
, vous avez l’onction de la part du Saint » (2:20). C’est le
nouveau don d’en haut, que possèdent même ces « petits enfants »,
guettés par l’un ou l’autre des nombreux antichrists. Ils étaient oints par
l’Esprit de Dieu qui leur avait été donné, et cette onction était de la part du
Saint, le Seigneur Jésus Lui-même. Qu’en est-il de vous, cher lecteur ?
Car il est très important pour vous d’avoir cette onction. Car une caractéristique
du chrétien est non seulement d’être établi en Christ, mais d’être oint par
l’Esprit, selon 2 Cor. 1:21. Or c’était vrai des petits enfants malgré leur
manque de maturité. Est-ce votre cas ? Ne perdez pas votre temps à penser
aux autres, mais commencez plutôt par connaître ce privilège comme étant le
vôtre de la part du Saint ; ensuite seulement, ayant une bonne conscience
et un cœur heureux, vous aurez pleinement le droit de chercher le bien des
autres. Si nous avons à travailler pour les autres en sécurité, avec sagesse et
avec zèle, commençons par considérer notre propre besoin et notre propre état
devant Dieu.
Notons
bien l’emphase mise sur le « vous », bien que ces propos soient
adressés aux chrétiens les plus jeunes spirituellement, ce qui est bien sûr la
preuve que le privilège appartient à eux tous. « Et vous
,
vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses »
(2:20). N’est-ce pas une parole bien remarquable dite au sujet de « petits
enfants » ? Mais pourquoi en douter quand on se souvient qu’il s’agit
de membres de la famille de Dieu ? Ils étaient des enfants de Dieu ayant
déjà reçu, en commun avec tous les autres, la certitude bénie du pardon de
leurs péchés. Ceci chassait la culpabilité et la frayeur, qui font
inévitablement obstacle au bonheur et au progrès. Tant qu’on ne sait pas que
ses péchés sont pardonnés, comment entrer dans toute la vérité ? Le
pourrait-on avec une conscience qui n’a pas été purifiée ? Même les hommes
admettent qu’une mauvaise conscience nous rend tous peureux. La conscience, une
fois qu’elle est divinement purifiée, donne de la hardiesse. Voyez Pierre qui
était connu pour avoir renié son Maître. Pourtant, une fois restauré et se
reposant sur la rédemption, il pouvait accuser les Juifs non purifiés :
« Vous
… L’avez renié devant
Pilate lorsqu’il
avait décidé de Le
relâcher » (Actes 3:13). L’âme chargée de péchés est réticente à écouter
la vérité qui ne peut que la condamner toujours davantage. Il nous faut une
conscience nette devant Dieu avant de pouvoir croître par la connaissance de
Dieu (Col. 1:10), et d’avoir du vrai courage vis-à-vis des autres.
C’est pourquoi l’épître a été adressée à tous parce que leurs péchés sont (ou : ont été) pardonnés par (ou : à cause de) Son nom. Ce n’était pas pour le faire savoir pour la première fois. Ils le savaient déjà depuis qu’ils croyaient la bonne nouvelle. Christ leur avait procuré ce pardon par Son sang, et c’était ainsi une situation réglée pour tous les saints. Il est vain de raisonner et de discuter sur le pardon de tous vos péchés avant la conversion. Qu’advient-il alors des péchés commis après ? Le Seigneur ne va certainement pas recommencer à souffrir une nouvelle fois ; et Il n’a pas simplement souffert pour certains de nos péchés, mais pour tous : voilà le sens de la rémission des péchés. Le sacrifice de Christ n’a pas été efficace jusqu’à un certain point, mais pour la totalité de nos péchés ; Il les a portés une fois pour toutes. C’est effectivement ce qui constitue la bénédiction de ce privilège premier de la grâce divine. Ce n’est pas une doctrine accrochée bien haut comme un prix à atteindre, ni une vérité extérieure à raconter publiquement ou à admirer, mais c’est un privilège personnel de la foi, reçu dans notre conscience et appliqué à notre âme, et reçu de Dieu comme une faveur incomparable par laquelle nous débutons notre profession chrétienne.
Comme
nous l’avons déjà dit, « les petits enfants » étaient caractérisés
par leur avancement dans ce qui est le lot commun de tous les chrétiens. Le
point spécifique par lequel ils commençaient, était la connaissance du Père.
Ils étaient Ses enfants. Ce n’était pas seulement qu’ils connaissaient (ou
avaient connu) Dieu comme Créateur, ou comme le Dieu Tout-Puissant qui prend
soin des pauvres pèlerins, ou comme l’Éternel Dieu, le gouverneur ; mais
ils le connaissaient comme le Père. Le Seigneur Jésus ressuscité L’a fait
connaître comme Son Père et leur Père. Ils savaient qu’Il était leur Père et
leur Dieu, aussi vraiment que Son Père et Son Dieu. Et ils le savaient par Sa
propre parole, aussi bien que dans la puissance du Saint Esprit envoyé dans
leurs cœurs pour crier Abba Père. Comment les chrétiens peuvent-ils méconnaître
une vérité qui les concerne de si près, et qui court à travers presque tout le
Nouveau Testament ? Elle est caractéristique du christianisme. Par Christ,
tout le mal qui a eu lieu est jugé à la croix ; et, si indigne que soit le
chrétien, il lui est donné de Le connaître comme Son Père depuis le tout début
de Sa foi en l’évangile. Même les petits enfants savent qu’il n’y a pas de
bénédiction temporaire, comme la loi l’offrait à Israël sous condition
d’obéissance. Dans l’évangile, Dieu donne à la foi un don qui demeure. C’est ce
que la loi ne pouvait pas faire. La loi est conditionnelle : « si
vous obéissez à la loi de Dieu, vous vivrez, et vous ne mourrez pas ».
Mais ce n’est pas l’évangile que de promettre que Dieu me sera fidèle si
je L’aime (sur un tel terrain, aucun
pécheur ne pourrait être sauvé) ; mais l’évangile c’est que « Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que
quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle »
(Jean 3:16).
C’est là le grand fait spirituel auquel tout est confronté ; si je ne crois pas Dieu au sujet de Son Fils, j’assure la perdition de mon âme : la colère de Dieu demeure sur moi. Mais si je reçois ce privilège immense et terriblement nécessaire, l’amour de Dieu qui donne au croyant la vie éternelle, et qui ne se borne pas à m’accorder le pardon des péchés, mais qui me met en relation avec Son Fils par la foi dans le Christ Jésus, — je suis alors sur le seul vrai terrain chrétien en tant que petit enfant. Pourtant ici, en tant que petits enfants, ils sont avertis des dangers qui les guettent. Les séducteurs et antichrists abondent. Nous verrons plus bas quelque chose des aspects particuliers de la manière dont ils égarent, mais commençons par le commencement, la mesure pleine de grâce par laquelle les petits enfants sont avertis à l’avance et prémunis. « Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité » (2:21).
Sans l’onction de la part du Saint (c’est-à-dire sans l’Esprit de Dieu de la part du Saint, Christ), ils ne pourraient pas être en état de faire face à des pièges si subtils et si dangereux. Le don du Saint Esprit caractérise le chrétien. Le Seigneur en parle comme de « l’eau vive » qu’Il donnerait au croyant. Ce n’était pas Lui-même seulement. Il donne le Saint Esprit comme la source continuellement nouvelle d’eau vive jaillissant en nous, non pas tout à fait « un puits », mais « une fontaine » d’eau jaillissant en vie éternelle (Jean 4). Ainsi ce n’est pas seulement que nous avons la vie éternelle au commencement où nous avons la foi ; mais nous avons en nous, en vue d’une condition glorieuse, la puissance du Saint Esprit que nous avons maintenant dans une condition de grâce.
L’apôtre, ayant montré que ce privilège divin existe déjà, dit aux « petits enfants » qu’ils « connaissent toutes choses » (2:20b). Comment cela peut-il être dit d’eux ? Ils ont Christ comme leur vie, qui est la puissance de Dieu, et la sagesse de Dieu (1 Cor. 1:24). « Ils seront tous enseignés de Dieu » (Jean 6:45). Avoir Christ, c’est avoir la clé qui ouvre toutes choses. Plus que ceci, ils sont oints par le Saint Esprit pour réaliser la vérité, se l’appropriant en toute certitude et toute liberté. Et quel est le but d’une telle faveur ? C’est pour nous séparer du monde et nous approcher du Père, au-dessus des pensées humaines du monde, et des nôtres entre autres. Car que sommes-nous en dehors de Christ et de la dépendance de Lui ?
« Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez et qu’aucun mensonge ne vient de la vérité » (2:21). Combien cela est encourageant et consolant ! L’enseignement de la tradition est toujours vague, et laisse l’âme dans l’incertitude, même à l’égard de ce dont nous avons le plus besoin, — l’assurance qui permet d’avoir avec Dieu une paix qui demeure. Mais là où Christ est simplement reçu, et où on jouit de Lui pleinement, la prétention à de nouvelles vérités ouvre la porte au méchant, qui ne tarde pas à apparaître. C’est un signe auquel les petits enfants doivent prendre garde, parce qu’aucun mensonge ne vient de la vérité, et qu’un mensonge manifeste suffit à trahir la fausseté de tout un système, tout comme la vérité est cohérente dans son ensemble ; et Dieu la fait connaître même aux petits enfants. Mais ces gens qui égaraient déniaient à ces petits enfants toute connaissance de ce genre ; ils prétendaient être les seuls à connaître la vérité : « Nous avons de nouvelles lumières, tandis que vous, vous n’avez que les premiers éléments que nous avons laissés derrière nous. Tout ce que vous possédez en provenance de vos vieux maîtres, ce n’est que gratter les instruments avant le concert ; mais maintenant nous avons la musique pour de bon : ce n’est plus seulement la mélodie, mais toute la partition et le chœur au complet ». Voilà l’esprit d’autosatisfaction qui anime toujours les gens qui cèdent à la tromperie de l’ennemi. « Qui est le menteur » dit l’apôtre dans son indignation, « sinon celui qui nie que Jésus est le Christ » ? D’une manière ou d’une autre, ils sapent ou détruisent Sa personne. Qu’il est terrible qu’un tel mensonge soit tenu pour une grande vérité nouvelle parmi ceux qui autrefois confessaient Christ ! Car « le menteur » ici, ce n’est pas Satan, mais c’est une personne qui passait autrefois pour chrétienne. Or maintenant, ils nient que Jésus soit le Christ.
Mais l’apôtre continue à suivre le mensonge à la trace. « Celui-là est l’antichrist, qui [non seulement nie que Jésus est le Christ, mais qui] nie le Père et le Fils » (1 Jean 2:22). Un antichrist implique l’abandon de davantage de vérité que ce que les Juifs connaissaient. D’une manière générale, le Juif qui a entendu parler du Seigneur Jésus, mais qui L’a rejeté, peut bien être « le menteur ». La loi, les Psaumes, les prophètes visent tous Jésus. Mais les Juifs ne voulaient pas d’un Messie souffrant pour les péchés sur la croix, au lieu d’établir son royaume du monde ; ils préféraient ce que le diable offrait, et ce que le Messie refusait alors (Matt. 4:8-10). Les pseudo-chrétiens peuvent être « le menteur » d’une manière plus subtile. Mais dans le terme « antichrist » il y a quelque chose de plus. Il s’agit de quelqu’un qui a eu sa place autrefois parmi les chrétiens professants. Il a entendu la vérité sur le Père et sur le Fils, mais maintenant il la rejette et la renie.
Aucun Juif n’a jamais entendu parler d’une relation éternelle dans la Déité, et il reste étranger et hostile à la vérité et aux privilèges du christianisme. Car le principe du christianisme est implicite dans ces expressions, et encore plus explicite dans les paroles prononcées au baptême chrétien, pour lequel la seule formule faisant autorité, est : « pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Matt. 28:19). Il ne s’agit pas de mettre de côté le nom du Seigneur Jésus, mais la formule correcte est affirmée si clairement par notre Seigneur qu’on peut douter que le baptême soit valide en leur absence. Ce n’est rien d’autre que le respect dû aux paroles de notre Seigneur ressuscité. L’argument fondé sur les mentions historiques du baptême tout au long du livre des Actes n’a pas de poids, car aucune d’elles ne prétend donner la formule effectivement utilisée. La seule exception apparente qui en fournit une expressément, n’a pas la moindre autorité, car il est certain et communément admis qu’Actes 8:37 est apocryphe. Dans ce verset, Philippe est supposé demander une confession de foi à l’intendant éthiopien, à la suite de quoi ce dernier la prononce. Mais tout cela doit être mis de côté comme un texte imaginaire ne figurant pas réellement dans les manuscrits anciens. Il s’agit probablement d’une note marginale insérée dans le texte par un scribe ultérieur qui s’est imaginé que cela faisait partie de l’original. Dans les Actes des apôtres, il n’y a pas réellement de formule de baptême, et il n’y a donc pas de raison valable de se dispenser de suivre l’instruction du Seigneur de Matth. 28:19. L’hypothèse que cette formule serait destinée au résidu juif futur ne concorde ni avec le fait que « toutes les nations » sont concernées, selon le début du verset, ni avec la condition spirituelle de ce résidu dont la connaissance n’atteindra pas du tout ce niveau.
Ici, celui qui professe Christ, nie le Père et le Fils : sans doute, il méprise beaucoup trop le Saint Esprit pour même simplement le mentionner. — Il nie le Père et le Fils : pour les âmes spirituelles, il n’y a pas de marque plus nette d’un antichrist. Et l’avertissement solennel est que ces antichrists étaient issus du milieu des chrétiens. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que là où la grâce a donné une mesure spéciale et particulièrement étendue de vérité, et aussi de zèle pour la faire connaître, et pour la mettre en pratique, — si cette vérité est perdue parce qu’on a cédé à des idées subversives vis-à-vis d’elle, les égarés de ce genre sont hors du commun. Selon le vieil adage, la corruption de ce qui est le meilleur est la pire corruption. Qu’y a-t-il de plus terrible que d’apostasier de la vérité la plus haute et la plus complète ? Or c’est ce qui caractérise les antichrists.
Mais si nous avons l’avertissement que « quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père », on a, juste après, l’encouragement aux « petits enfants » que « celui qui confesse le Fils a aussi le Père » (2:23). Les deux côtés de cette affirmation sont à bien peser, tant à cause de leur importance qu’à cause de la lumière ainsi jetée sur les ruses du diable. Les Unitariens professent honorer le Père, mais ils nient le Fils ; la conséquence en est, selon le passage dont nous nous occupons, que leur profession du Père est dénuée de toute valeur. Le test de la vérité n’est pas le Père, mais le Fils. C’est pourquoi Celui qui reconnaît le Fils a aussi le Père. Les deux vont ensemble, mais le Fils est le seul critère, et le seul Médiateur. Si vous niez le Fils, Le Père rejette entièrement le fait que vous Le reconnaissiez, — votre reconnaissance étant au déshonneur du Fils. Le Père se doit de revendiquer la gloire du Fils qui s’est anéanti Lui-même par rapport à la gloire qui Lui était due, et qui s’est humilié non seulement jusqu’à devenir un homme et un esclave, mais jusqu’à la mort de la croix (Phil. 2). C’est pourquoi quiconque manque d’égards pour le Fils le fait à ses dépens pour l’éternité. Car Dieu a rendu amplement témoignage à l’homme, qui est ainsi sans excuse.
Il vaut la peine d’ajouter que la seconde moitié du v. 23 (« celui qui confesse le Fils a aussi le Père ») est tout à fait authentique (*). Cela est d’autant plus remarquable qu’au chapitre 5, v. 7 et 8, les mots « dans le ciel » et « sur la terre » n’ont pas de support réel des textes anciens, comme le savent très bien ceux qui sont versés dans les questions touchant les bases du texte biblique. Ainsi cette épître souffre doublement des textes fautifs dont disposaient les traducteurs de la version autorisée du Roi Jacques de 1611, et qui ne connaissaient pas la leçon correcte ici, quand ils firent leur traduction. Cette seconde moitié du v. 23 est vraiment l’Écriture, tandis que les mots mentionnés au ch. 5 sont sans le moindre doute apocryphes et ne sont supportés par aucune autorité valable. Mais on reviendra sur cette question du ch. 5 le moment venu.
(*) Les plus anciens manuscrits (À A B C P) et environ 35 textes en écriture cursive, avec les meilleures versions anciennes et d’abondantes citations par les premiers auteurs ecclésiastiques, ne laissent aucun doute quant à cette authenticité.
Nous arrivons maintenant à un point ayant quelque intérêt, et sur lequel il faut dire quelques mots. « Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous » (2:24). Il n’est pas dit « Celui qui est dès le commencement », mais « ce que vous avez entendu dès le commencement ». L’apôtre revient jusqu’aux premières paroles du chapitre 1. La différence entre « Celui qui est dès le commencement » et « ce que vous avez entendu dès le commencement » est minime, et en fait les deux sont vrais, et chacun parfaitement à sa place. Mais dans ce début du v. 24 il y a une insistance qui est perdue dans la version autorisée du Roi Jacques qui omet les mots « Pour vous ». « Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous ». Ce sur quoi l’apôtre insiste est qu’on demeure dans ce qu’on a entendu dès le commencement.
Là, rien de nouveau n’est acceptable. Si c’est nouveau, ce n’est pas le christianisme : le développement est l’œuvre de Satan. Tout ce qu’on ajoute à la révélation de Dieu en Christ, est une fausseté. L’homme déteste être soumis à la Parole de Dieu, d’où les efforts pour se débarrasser de l’autorité divine, non seulement dans l’Ancien Testament, mais aussi dans le Nouveau. La « haute critique » est absolument sans valeur, ou pire : c’est un poison destructeur de la foi. Prenez aussi l’école de pensées opposée qui se réfère à « l’enseignement de l’église » (certaines personnes, d’ailleurs, combinent ces deux types d’erreurs) ; où trouve-t-on quelque chose de ce genre dans l’Écriture ? L’enseignement de l’église ! Selon la Parole de Dieu, c’est l’église qui est enseignée par les apôtres et prophètes, puis de manière ordinaire par les docteurs, etc., c’est-à-dire les dons donnés précisément dans ce but par Christ, la tête (Éph 4). L’église est enseignée, mais n’enseigne jamais ; elle croit la vérité, et en jouit, et est responsable de marcher et de rendre culte en vérité. Dans ces jours d’incrédulité, l’église ferait mieux de regarder si elle-même croit la vérité.
C’est une illusion dangereuse de penser que l’église enseigne. Nous sommes tenus d’écouter l’église en matière de discipline. Mais l’enseignement, c’est tout autre chose. L’église a besoin de la vérité, mais l’idée que l’église enseigne amène bientôt les gens à écouter ce qui n’est pas révélé dans les Écritures ; ils sont abandonnés par-là à l’activité de leur esprit et de leur imagination dans des théories humaines ou des ajouts de légendes à la Bible ; dans des rêves sur la vierge et les saints, des apparitions et autres choses semblables ; ou dans des hypothèses rationalistes, dont vivent les sceptiques, ou plutôt dont ils meurent. Mais Dieu est le seul enseignant [ou : docteur] infaillible. Comme il est écrit dans les prophètes (Jean 6:45), Ses enfants, les croyants, seront tous enseignés de Dieu pour savoir qui la Parole désigne, sans que l’église prétende enseigner. Il n’y a pas de développement de ce qui a été entendu dès le commencement. Tout « développement » — dont on est tant enragé aujourd’hui, tant en matière de religion que de science — n’est qu’un mythe, et un mythe très mauvais, particulièrement dans le domaine religieux. Un mythe scientifique, on peut le laisser s’éteindre sous l’effet de la théorie suivante qui va lui succéder ; mais les mensonges religieux ont une puissance satanique, non seulement corruptrice, mais d’effet permanent sur les âmes.
Où est alors la vérité, et quelle est-elle ? C’est Christ, et Christ tel qu’Il a été manifesté ici-bas. Comment peut-il y avoir de développement de Lui, ou de la Parole de Dieu écrite qui Le révèle ? Rien ne peut être ajouté à la vérité pour la rendre plus parfaite qu’elle n’est ; rien ne peut être plus clair que ce qu’ils ont entendu du Seigneur lorsqu’Il était ici-bas, ou que le Saint Esprit a écrit en plus de ce qu’ils pouvaient alors supporter (Jean 16:12). Car tout a été prononcé, non pas en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées par l’Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels (1 Cor. 2:13 ; litt : « communiquant des spirituels par du spirituel » — Ceci veut dire que les vérités aussi bien que les mots sont également par l’Esprit). Quel résultat béni en pratique ! C’est la même parole. « Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous aussi vous demeurerez dans le Fils et dans le Père » (2:24). La vérité est inséparable de Christ, et de Christ comme Dieu L’a révélé dans Sa Parole. « Et c’est ici la promesse que Lui nous a promise, — la vie éternelle » (2:25), et cette phrase est aussi impressionnante que celle utilisée en rapport avec Son origine personnelle au ch. 1 v. 1 et 2).
« Je vous ai écrit ces choses touchant ceux qui vous égarent » (2:26). Les petits enfants ont besoin de recevoir l’avertissement le plus vif contre les novateurs qui sapent la vérité par des promesses aussi fausses que celles de Dieu sont vraies. Prenez la vérité méprisable contre laquelle tant d’entre nous ont eu à combattre, et au sujet de laquelle tous les saints vrais de cœur ont été affligés si profondément, durant la dernière décennie [fin du 19° siècle]. N’était-ce pas justement sur ce sujet de la vie éternelle ? Les séducteurs récents se sont efforcés de se persuader et de persuader les autres, qu’au lieu d’avoir (et d’avoir réellement maintenant) la vie éternelle dans le Fils, ils ne pouvaient la recevoir qu’à la résurrection. Mais c’est oublier et abandonner ce que nous avons reçu dès le commencement ; c’était un mensonge, et aucun mensonge ne vient de la vérité. Le passage dont nous nous occupons montre que toutes ces idées et toutes les idées nouvelles sur le sujet sont fausses ; la Parole du Seigneur prouve qu’elles sont fausses ; car c’est « ce que nous (les témoins inspirés) avons entendu dès le commencement ». Qu’y a-t-il de plus certain, et d’importance plus capitale ? Les séducteurs ne sont donc pas morts, mais ils continuent à répandre leur fausseté, — qu’ils prétendent à la succession apostolique, ou non (Apoc. 2:2).
« Et,
pour vous, l’onction que vous
avez reçue de lui demeure en vous »
(2:27). Le « vous
» est emphatique comme aux v. 20 et 24. Il
avait dit qu’il fallait que la parole qu’ils avaient entendue demeure en
eux : c’était la seule norme de la vérité, et une norme écrite. Maintenant
il répète l’autre vérité bénie. L’onction sainte, le Saint Esprit qui leur
avait donné, demeure. Son onction demeure en vous, « les petits
enfants » : et Il continue à le faire fidèlement. Or l’onction du
Saint Esprit permet de comprendre et de goûter en puissance la vérité de Dieu
en Christ.
« Et vous n’avez pas besoin que personne vous enseigne » (2:27). Ils avaient reçu Christ, qui est la vérité tout autant que le chemin et la vie. Ils le savaient déjà de la part de Dieu le Père, par le Saint Esprit. « Mais comme la même onction vous enseigne à l’égard de toutes choses, et qu’elle est vraie et n’est pas mensonge, — et selon qu’elle vous a enseignés, vous demeurerez [ou : vous, demeurez] en lui » (2:27). Il ne s’agit pas simplement de ce qu’ils avaient ; mais Il était en eux pour leur enseigner tout le reste de ce que la Parole contient en détail et en application, par les soins de grâce de Dieu à l’égard des petits enfants. Ils n’avaient pas besoin de tenir compte des séducteurs, ni de les craindre. Ils ne dépendaient pas des hommes qui ne faisaient que se prêcher eux-mêmes, et non pas le Seigneur Jésus. Ô quelle assurance, et quelle bénédiction même pour ceux qui sont spirituellement jeunes dans la famille de Dieu. Il s’agissait pour eux de demeurer en Christ comme Il a enseigné dès le commencement.
Nous revenons à la doctrine générale de l’épître. Après la parenthèse remarquable sur les différentes classes parmi les enfants de Dieu, nous revenons à Ses enfants tous groupés ensemble. C’était déjà le cas avant la parenthèse introduite par le v. 12 et il en est de nouveau ainsi maintenant dans ce qui est adressé à tous ; le v. 28 reprend le cours ordinaire et régulier de l’épître. La parole est ici adressée à tous : « Et maintenant, enfants, demeurez en lui » (2:28).
C’est la vraie condition de la pratique chrétienne. C’est la foi en Sa personne qui conduit à demeurer en Lui, — non pas simplement à demeurer dans la vérité, dans l’œuvre ou dans la doctrine, mais dans la personne divine et vivante de Christ. C’est comme l’attraction magnétique d’un aimant, si l’on peut dire, d’autant plus fort qu’Il est à la fois Homme et Dieu. Toutefois ce n’est pas selon la manière dont certains sont disposés à le considérer, à savoir que quand Il est homme, c’est en dehors de Sa Déité, et quand il est parlé de Lui comme Dieu, c’est en dehors de Son humanité. Il n’y a en vérité qu’une personne, les deux natures unies dans Sa personne : c’est en cela que réside sa particularité immense ; c’est la raison pour laquelle il est impossible à l’homme de sonder cette Personne en profondeur. Il nous dit Lui-même : « Personne ne connaît réellement (επιγινωσκει) le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11:27). Remarquons en effet qu’il n’est pas parlé ainsi du Père, bien que le Père ne soit jamais devenu homme comme le Fils. Mais le Fils révèle le Père ; cependant il n’est pas dit que le Père révèle le Fils. Comparez Matt. 11:27 et Luc 10:22 : ce dont parle Jean 17:3, c’est le processus pour apprendre. Dans le Seigneur Jésus, il y a l’inscrutable ; et c’est là qu’est le danger pour l’esprit de l’homme, si orgueilleux et effronté dans tous les domaines, particulièrement dans les choses de Dieu où il est irrespectueux et présomptueux — alors que c’est justement le domaine où l’homme naturel n’a aucune place, étant dépourvu de justice et d’intelligence, et ne cherchant même pas Dieu (Rom. 3:10-11). C’est pourquoi l’homme tel qu’il est ne fait que s’embourber en passant d’une erreur à l’autre, et de mal en pis. « Car qui des hommes connaît les choses de l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme qui est en lui ? Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu » (1 Cor. 2:11). Et le Saint Esprit nous est donné comme croyants en Christ pour Le glorifier. Car le Seigneur Jésus est la vérité, et Il est Seigneur de ces deux manières, comme Dieu et comme homme, tout en étant une seule personne. Si nous croyons, ce sera notre sagesse, notre bonheur, notre puissance pour le service ou pour le culte, et notre vraie sécurité, que de « demeurer en Lui ».
Aucune personne divine n’était révélée quand Dieu a fait d’Israël un peuple. Il y avait des commandements émanant de la majesté de Dieu, et appropriés à la terreur que Dieu inspirait à un peuple terrestre, dont la plupart n’étaient même pas convertis. Pourtant la loi s’adressait à tous ceux du peuple, mais rien en elle ne ressemblait à la révélation d’une personne. Dieu édicta des commandements justes, et Il établit des institutions. Il imposa des rites et des cérémonies très impressionnants et importants, dont la signification visait le nom, les offices et l’œuvre du Seigneur Jésus. Et pourtant cela ne révélait toujours aucune personne divine. La loi reposait sur l’autorité de Dieu qui demeurait dans l’obscurité profonde. Mais la vérité essentielle du christianisme réside dans ce que le Fils de Dieu est venu à l’homme de la part du Père. Nous connaissons les choses qui nous ont été librement données par Dieu (1 Cor. 2:12) en Celui qui est Lui-même Dieu et homme, de sorte qu’Il pouvait parfaitement représenter l’homme comme il devrait être vis-à-vis de Dieu, et parfaitement faire connaître Dieu comme Il est vis-à-vis de l’homme, et qu’après la rédemption Il a pu envoyer le Saint Esprit. N’est-ce pas là la grâce souveraine ?
Telle est la bénédiction incalculable qui provient du Seigneur Jésus. Ce n’était pas la loi, bien qu’Il vînt sous la loi. Ce n’était pas la promesse, bien qu’Il fût l’accomplissement et l’accomplisseur de la promesse. C’était Lui-même, le Fils, et le Fils daignant être un homme véritable. Seulement, comme on trouve plus loin dans l’épître (3:4), « il n’y a pas de péché en Lui », non pas simplement qu’Il n’ait pas commis de péché, ni selon 2 Cor. 5:21 qu’Il n’ait pas connu le péché, mais il n’y avait pas de péché en Lui. Sa nature était sainte, et non pas pécheresse, sous aucun point de vue. C’est pourquoi Il est né d’une manière tout à fait singulière. Sans doute Il est né de la Vierge, mais ce n’est pas ce qui L’a fait être sans péché : car la Vierge était en elle-même pécheresse comme tous les autres. Cependant elle était une croyante remarquable tant quant à sa simplicité que quant à sa pureté de caractère ; elle avait pourtant besoin d’un Sauveur, et elle a eu le même Sauveur que nous dans son Fils. Mais elle savait bien que son Fils était différent de tous les autres fils dans la manière dont Il était devenu chair. Il l’est devenu par la puissance du Saint Esprit. C’est Lui, et non pas elle, qui était donc immaculé. Il est bon de coller à la vérité. Car en osant ajouter à la vérité révélée, la superstition ne fait qu’inventer des faussetés qui donnent à autrui la place unique qui revient à Christ — Dieu jugera certainement le blasphème.
Il y a eu dans l’incarnation un miracle d’une nature extraordinaire, et un autre aussi dans Sa mort et Sa résurrection. Rien de plus humain que de naître et de mourir, car telle est la condition présente de l’homme. Et le Seigneur a connu ces conditions, mais en toutes Dieu a été manifesté. Sur la croix, Il s’est plu à laisser Sa vie : personne ne pouvait la Lui prendre si cela ne Lui plaisait pas. Il laissa Sa vie comme personne d’autre ne pouvait le faire. Si vous ou moi laissions notre vie, ce serait un grand péché ; mais pour le Seigneur Jésus, c’était la grâce la plus précieuse, faisant valoir les droits de Dieu en face de tout le péché. Ainsi dans les deux choses où Il s’est le plus approché de l’homme, Il a été infiniment au-dessus de lui, comme cela convenait à une personne divine. Ici la simple intelligence de l’homme fait complètement défaut, parce que sa confiance en lui-même et son ignorance de Dieu font qu’il ne veut admettre aucun grand mystère au-dessus de lui. Il se considère compétent pour traiter n’importe quelle difficulté, et il aime le faire, étant poussé par le grand ennemi à se confier en lui-même et non pas en Dieu, qui l’abaisserait dans la poussière comme pécheur, et qui l’appelle à ne regarder qu’au Seigneur Jésus ; car toute bénédiction découle de la foi par Lui. Or c’est exactement ce qui froisse l’orgueil de l’homme, jusqu’à rejeter la grâce de Dieu en Christ. La foi est le don de Dieu.
Après
avoir montré ici, qui était et ce qu’était cette personne merveilleuse, Celui
qui était dès le commencement, Celui qui unit Dieu et l’homme dans une seule
personne, l’apôtre dit « demeurez en Lui ». En effet nous ne
connaissons personne en qui nous ayons à demeurer, sinon Celui qui est la
vérité, c’est-à-dire Christ. L’Esprit de Dieu demeure en nous pour donner de la
puissance ; mais l’objet de foi qui a été révélé est constamment le Même
avec lequel nous avons commencé. C’est d’ailleurs pour cela que les
« petits enfants » ont l’onction de la part du Saint, comme nous
l’avons vu. Ce n’est pas seulement qu’ils ont été convertis. Un chrétien est
beaucoup plus qu’une âme vivifiée et tournée vers Dieu. Les saints de l’Ancien
Testament étaient convertis simplement de cette manière-là : ils ne
recevaient pas le Saint Esprit, car ce don particulier aux chrétiens fait suite
à une rédemption connue. Christ a reçu le Saint Esprit sans rédemption et sans
propitiation, parce que Lui seul était le Saint de Dieu, le Juste. Mais nous,
nous avons besoin de rédemption, de la rémission des péchés. C’est pourquoi nous
recevons le Saint Esprit après être convertis et avoir cru à l’évangile. C’est
alors que nous devenons proprement chrétiens (comparer Actes 11:17). Le don de
l’Esprit est la vraie marque distinctive — « l’onction de la part du
Saint ». Il ne faut pas la confondre avec le fait d’être né de l’Esprit.
Maintenant l’apôtre dit : vous
(= non pas ces antichrists) avez ce
grand don de la part du Saint ; et comme Christ est Celui de qui l’onction
vient, « demeurez en Lui ».
Pour l’Israélite sous la loi, y avait-il quelque chose qui ressemblât au fait de demeurer ? Aucune personne divine ne leur avait été manifestée. L’objet de la loi était d’attendre la rédemption (sauf en figure) ; ils n’avaient pas reçu Christ, et encore moins Sa propitiation. La mission du Seigneur Jésus était de manifester Dieu et le Père à celui qui croirait dans le Fils, et le don de l’Esprit n’a eu lieu qu’après Sa mort et Sa résurrection et Son ascension, à la suite de laquelle Christ L’a envoyé du ciel. C’est pourquoi le don du Saint Esprit était absolument sans précédent même pour des convertis. Par ailleurs, les fausses religions en général ne prétendent même pas à cela. Malgré tout ce qu’on peut trouver dans le Coran de Mahomet comme jeux de passions et de convoitises, allant jusqu’à des extases extravagantes, il n’y a pas de révélation de Dieu Lui-même ; mais il y a la révélation d’un faisceau de mensonges. C’était aussi le cas des anciens « Vedas » comme les hindous appellent leurs livres sacrés ; et encore plus avec les bouddhistes, qui sont des athées bricolant avec les polythéistes. Le Brahmanisme est polythéiste, et le bouddhisme est un système d’athéisme sous forme panthéiste ; c’est pourquoi il reconnaît ouvertement ne pas avoir de Dieu personnel à révéler, pas plus que son rival, le Brahmanisme, n’a le seul vrai Dieu.
Mais le christianisme, c’est essentiellement Dieu révélé dans Son Fils, et ceci notamment comme Homme marchant en amour saint sur la terre, au-dessus de tout le mal et de toute la fausseté qui L’entouraient, pour qu’Il ne fût pas simplement une révélation en parole, mais en action et en vérité. Toutes Ses voies et toutes Ses paroles révélaient Dieu le Père ; tous Ses miracles le faisaient connaître d’une manière dépassant n’importe qui d’autre. Il avait pu y avoir des signes et des actes de puissance, mais ils étaient de nature différente quand ils étaient opérés par Moïse, Élie, Élisée ou d’autres. Mais ici nous avons le Christ Jésus, l’Unique, le seul Médiateur entre Dieu et l’homme ; et c’est pourquoi, quant à ceux auxquels s’adressait l’apôtre, de même qu’ils L’avait reçu, de même ils avaient à « demeurer en Lui ». C’est là seulement qu’il y a sécurité et bénédiction ; là seulement qu’il y a la lumière de Dieu, et l’amour de Dieu, et la connaissance de la vie éternelle que Dieu accorde au croyant. Tout cela est en Lui et inséparable de Lui.
Des
gens ont débattu récemment [fin du 19ème siècle] sur le fait que nous n’aurions
pas la vie [éternelle] en nous-mêmes. Qu’ils prennent garde à ne pas
outrepasser l’Écriture dans leurs pensées. Tant qu’ils insistent pour dire que
la vie est dans le Fils, c’est parfaitement vrai ; et c’est même en effet
une particularité précieuse que la vie éternelle soit en Lui. Rendons grâces à
Dieu qu’il en soit ainsi ; car c’est ce qui met cette vie hors
d’atteintes, et la rend immaculée et immuable. En Lui, elle est et elle demeure
parfaitement assurée ; mais elle est aussi donnée à tout croyant pour être
sa nouvelle vie. Si nous avions cette vie séparée de Lui, ne la perdrions-nous
pas bien vite, ou bien n’en ferions nous pas bientôt un mauvais usage, comme
nous l’avons fait de nos autres privilèges venant de Dieu ? Nous
l’avons, et nous l’avons en Lui
: les deux choses sont
vraies, la seconde renforçant la première. Mais c’est Lui qui est
notre vie.
Mais
continuons. « Et maintenant, chers enfants, demeurez en lui » — cela
s’adresse à toute la famille de Dieu — « afin que, quand il sera
manifesté, nous ayons de l’assurance et que nous ne soyons pas couverts de
honte, de par lui, à sa venue » (2:28). Il faut considérer cette phrase de
près, car elle a été souvent mal comprise. En général ceux qui se servent de ce
verset pensent qu’il veut dire que nous, ou n’importe quel autre chrétien, ne
devons pas être ainsi couverts de honte. Ce que l’apôtre dit en réalité, c’est
qu’il faut que vous
demeuriez en Lui, afin que nous
ne soyons pas
couverts de honte (vous
étant le fruit du travail dans le Seigneur de
nous
). Car c’est un grand
affront pour la vérité, et une très grande peine pour l’ouvrier, si l’un de
ceux qui a paru recevoir la vérité l’abandonne. C’est pourquoi l’apôtre tourne
cette phrase sous forme d’un appel à leurs affections. L’apôtre ayant
personnellement ainsi travaillé, il voulait être finalement qualifié d’apôtre
béni, saint et fidèle ; mais en soi, c’est une honte pour l’ouvrier quand
ceux qui sont supposés avoir été amenés à la vérité, l’abandonnent.
Rappelez-vous que cet abandon était alors en cours. Il avait commencé avec Judas, ou plus exactement avec ces plusieurs disciples qui s’en allèrent, et ne marchèrent plus avec Lui dès l’instant où Il leur révéla Son incarnation et Sa mort comme une nourriture indispensable de la foi, et cela longtemps avant l’apostasie de Judas (Jean 6:60, 66). Il y en avait aussi beaucoup parmi les chefs qui croyaient, mais qui ne le confessaient pas à cause des pharisiens ; car ils ont aimé la gloire des hommes plutôt que la gloire de Dieu (Jean 12:42-43). Ô chers amis, prenez garde ! confessez-Le si vous croyez ; confessez-Le si vos cœurs se reposent sur Lui pour la vie éternelle. Et non seulement confessez-Le, mais demeurez en Lui malgré toutes les pressions extérieures contraires. L’apôtre le formule ici d’une manière extrêmement tendre : « afin que, quand Il sera manifesté… nous ne soyons pas couverts de honte, de par Lui, à Sa venue » (2:28). Autrement dit : Leur abandon ne serait-il pas plutôt une honte qu’un honneur pour nous en ce jour-là ?
Mais
ce verset suggère aussi d’autres choses fort instructives. Notez l’usage de
deux termes qui ne sont pas tout à fait identiques. Le premier est « s’il
est manifesté
… » [voir plus loin l’explication sur « s’il
est manifesté » au lieu de
« quand
il sera manifesté »] ; le deuxième terme est
« à Sa venue ». La « venue » ici, comme souvent ailleurs,
n’est pas exactement le mot qui exprime le fait de venir, et rien d’autre,
comme en Jean 14:3 et 1 Cor. 11:26 et très souvent dans l’Apocalypse. Quand Il
dit « je reviendrai » (ερχομαι), cela se rapporte à
l’acte de venir. Mais il n’y a pas seulement l’acte de venir, mais aussi le
fait ou l’état de Sa présence (παρουσια). C’est Sa présence quand
Il vient, et c’est pourquoi il est légitime de traduire
« venue » ; mais souvent cela ne signifie pas exactement
« quand Il est venu », mais l’état qui s’ensuit une fois qu’Il est
venu. Prenez par exemple la résurrection des saints mis à mort au début ou à la
fin des temps apocalyptiques ; ces deux classes de saints doivent
ressusciter après l’apparition judiciaire du Seigneur en gloire (Apoc. 20:4).
Ils font partie de « ceux qui sont du Christ » ressuscités « à
Sa venue » (1 Cor. 15:23). « À sa venue » ne signifie pas dans
ce passage l’acte de Sa venue, mais l’état de choses lié à ce qu’Il est présent
au lieu d’être absent. Il y a une autre différence entre ces deux termes. Le
terme « présence » ou « venue » peut se rapporter soit au
peuple céleste, soit au peuple terrestre. Par exemple, dans l’épître de Jacques
(5:8) « la venue du Seigneur est proche » est le côté terrestre, de
même quand le Seigneur disait « le Fils de l’homme, quand il viendra »
[= « à Sa venue »] (Luc 18:8). La liaison faite entre Sa présence et
« le Fils de l’homme » décide de la question dans les évangiles de
Matthieu, Marc et Luc, et pareillement quand l’épître de Jacques (5:9) dit
« le juge se tient devant la porte ». Cette situation du Seigneur
doit être rattachée à Son jour ou Son apparition. Sa
« manifestation » est encore un autre effet de Sa présence, ainsi que
Sa « révélation ».
Mais le mot « présence » embrasse l’acte de Sa venue pour nous recevoir auprès de Lui pour la maison du Père avant qu’Il soit manifesté ; en d’autres termes, quand le mot παρουσια n’est pas joint à un qualificatif se rapportant à une manifestation, il s’agit du Seigneur nous rassemblant auprès de Lui en haut par Sa présence, comme en 1 Thes. 4:2 et 2 Thes. 2:1. Si rien ne modifie le mot παρουσια, il s’applique simplement à Sa présence en grâce ; car il s’agit bien là de grâce souveraine. Mais quand notre responsabilité est introduite, il y a toujours, non pas simplement la venue, mais l’apparition ou la manifestation. Il en est ainsi dans ce verset 1 Jean 2:28, sauf que les deux termes sont employés ; car la manifestation suppose aussi Sa présence, mais Sa présence peut ne pas être déjà Sa manifestation.
Notez une autre chose. La traduction exacte n’est pas « quand il sera manifesté », mais « s’il est manifesté », bien que ce soit l’inverse d’un doute. Cela peut paraître étrange à ceux qui n’ont pas l’habitude de lire l’Écriture telle que Dieu l’a révélée, mais il faut toujours nous attendre à ce que Sa manière soit la meilleure. Ce que Dieu dit est certainement sous la forme la plus exacte où cela pouvait nous être communiqué. Or le mot « si » ne se réfère pas au temps de l’événement, mais à sa réalité, indépendamment du temps où aura lieu la manifestation de Christ ; car il n’y a aucun doute quant au fait lui-même, qui est futur. Savoir si cette manifestation aura lieu n’est pas une question en suspens. Mais s’Il est manifesté comme cela aura certainement lieu, Il voudrait avoir Ses saints demeurant en Lui, au lieu qu’ils soient mis de côté, afin que nous ayons de l’assurance et que nous ne soyons pas couverts de honte devant Lui à Sa venue. C’est le sentiment de l’apôtre à ce sujet, une expression de son amour pour ceux qui portent le nom de Jésus, et donc une peine à la pensée que certains se détournent de la vérité. Quel que soit son amour pour les enfants dans la foi, il aime le nom de Christ plus que les saints, de sorte qu’il doit faire en sorte qu’aucun ne soit une source de honte pour lui lors de ce moment béni.
« Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui » (2:29). Comme l’obéissance, la justice découle de la vie. Comme Il est juste, ainsi quiconque pratique la justice est né de Lui. Il y a ainsi la communication de la justice à cause de la nouvelle nature. Nous en venons ici au sujet de la justice pratique qui va être débattu dans les versets suivants, avec une petite exception qui doit aussi être signalée. Il ne s’agit pas maintenant de l’amour, ni de l’obéissance en tant que telle, déjà traités dans ce chapitre (2:3-6, 7-11). Dans la dernière partie du ch. 3, nous avons de nouveau l’amour après la justice, tout comme au ch. 2 nous avions d’abord l’obéissance puis l’amour dans le fils du sujet général de l’épître. Il y a ainsi un lien important entre, respectivement, l’obéissance et la justice d’une part, et l’amour d’autre part ; celui-ci est en effet le lien de la perfection selon Col. 3:14.
Il est intéressant de se demander quelle est la différence entre notre obéissance et notre justice [pratique]. La réponse n’est-elle pas suffisamment claire ? Bien que la justice soit toujours obéissante, elle est en elle-même non seulement une expression de soumission à l’autorité divine, mais aussi de cohérence avec notre relation. Cela semble définir son sens propre. Même si on recherche ce qui est au cœur de la justice de Dieu (sa force), ce sens n’est pas moins applicable ici qu’ailleurs ; elle signifie que Dieu est conséquent avec Sa relation ; il en est exactement de même avec la justice de Christ et avec la justice de l’homme, si grandes que soient les différences entre elles par ailleurs. Dans le cas de Christ, il y a la perfection de la cohérence de Christ avec Sa relation ; dans notre cas il faut déplorer le manque de cohérence de notre part avec nos relations comme chrétiens.
N’est-ce pas un sujet de réflexion solennel pour chacun de nous ? La grâce de Dieu en Christ n’a pourtant pas laissé le moindre sujet de méfiance ; et le but principal ici est d’établir les saints en Christ. On ne trouve pas un mot susceptible de générer des questions ou des doutes personnels. Or les séducteurs font plus pour susciter des questions et des doutes que les autres incroyants, afin de propager leurs erreurs et d’égarer les simples qui jouissent de la vérité de Dieu. Or nous venons de voir que l’un des grands buts de l’épître est d’armer même les plus jeunes croyants contre leurs artifices mauvais et dangereux ; cela répond exactement à l’une des manières que ces séducteurs ont d’opérer leur travail, et qui consiste, à l’égard de ceux qui ne sont pas mûrs spirituellement, de leur faire douter d’avoir la vérité complète. Les antichrists soutenaient qu’il y avait beaucoup de choses bien au-delà de ce qui était connu auparavant, et que cette nouvelle lumière qu’ils apportaient était la grande récompense, et que si on n’avait pas cette nouvelle lumière, il se posait carrément la question de savoir si on pouvait être réellement chrétien.
Tout au contraire, le but de l’apôtre était que les jeunes saints soient assurés d’être eux-mêmes oints de l’Esprit, et que, pour eux-mêmes, ils laissent demeurer en eux ce qu’ils entendaient depuis le commencement. Tout jeunes qu’ils étaient, ils avaient à juger, d’après la vérité ancienne, toute prétention à de nouvelles lumières. C’est pourquoi un discours sur de nouvelles lumières doit être pour tous les saints un signal avertisseur de danger, spécialement pour les jeunes ; car ceux-ci sont trop enclins à croire des promesses de quelque chose de très raffiné et élevé, que les autres gens n’ont pas. Mais supposez que cela se révèle être un mensonge ; qu’arrive-t-il alors ? C’est exactement ce à quoi on doit plutôt s’attendre — un mensonge de l’ennemi, parce que Dieu n’a rien de nouveau à nous dire au sujet de Son Fils ; Il l’a déjà tout mis en lumière ; et ils avaient reçu la vérité dans Son Fils dès le commencement. Il est la vérité, qui par conséquent est complète en Lui. C’est pourquoi toute promesse de nouvelle vérité n’est qu’une pure tromperie de Satan. Certains d’entre nous ont vu l’esprit d’erreur à l’œuvre plus qu’autrefois, même durant notre vie ; et il n’y avait pas besoin d’aller bien loin pour le trouver.
Ici, donc, l’apôtre insiste sur le sujet de la justice pratique comme étant d’une grande importance, parce qu’elle est basé sur une relation. N’est-ce pas une très grande leçon à apprendre ? En général les chrétiens n’ont que de la faiblesse à cet égard. Ils n’apprécient pas les nouvelles relations dans lesquelles la grâce nous a placés. Qui a introduit ces nouveaux privilèges, sinon le Seigneur Jésus ? Qui, du côté le plus élevé, est impliqué dans ces relations ? C’est le Seigneur Jésus et Son Père, — le Saint Esprit étant venu comme puissance divine pour nous les faire réaliser par Son habitation en nous qui croyons. Nous verrons que ce dernier point commence à être traité à la fin du ch. 3 et est poursuivi au ch. 4 ; de sorte que cette épître est de manière évidente strictement systématique, bien qu’écrite dans un langage très simple, mais avec la plus grande profondeur de pensée et de sentiment selon la grâce et la vérité de Dieu.
Certains se rappellent peut-être le temps où on avait l’habitude parmi nous de condamner librement tout « système ». Ce qui avait conduit à l’utilisation de ce terme, était le contraste entre l’innovation rigide des dénominations, et la sainte liberté de l’Esprit telle qu’on la voit dans l’église des Écritures. La dénonciation des « systèmes » dans toute la chrétienté a pu être un peu trop brutale, parce qu’elle donnait l’idée que la seule manière juste était de n’avoir aucun système. Assurément, ceux qui n’ont aucun système doivent être un sujet de pitié, si vraiment on en arrive là. La vraie question est et reste : quel est le système de Dieu ? Le système de l’homme ne peut pas être bon. Loin de nous de ne pas nous courber devant le système de Dieu. Peu importe en quoi il consiste ; car Dieu a toujours un système à Lui, et l’homme le manque toujours. Seule Sa parole peut l’exposer, et seul Son Esprit peut nous rendre capable de le mettre en œuvre. Assurément il nous faut sentir et reconnaître qu’il n’y a absolument que Sa grâce — par la puissante opération du Saint Esprit à travers l’Écriture — pour nous rendre capables de trouver Son chemin pour sortir du labyrinthe d’erreur, des anciens et des modernes, en dehors des traditions et des inventions de l’homme. À ceux qui sont empêtrés là-dedans, le chemin de Dieu paraît dur, incertain, étroit, pharisaïque et je ne sais quoi d’autre. Mais quand on juge vraiment les systèmes des hommes à la lumière du système de Dieu, quelle largeur de cœur donne le chemin de Dieu, quelle liberté et quelle hardiesse dans l’humilité ! Car c’est ce système de Dieu qui nous est révélé dans la Parole. Un système aussi béni traverse chaque livre et chaque chapitre de la Bible, et il caractérise remarquablement cette épître de Jean, d’autant plus qu’il ne s’y trouve pas superficiellement, mais qu’il y est imprégné en profondeur. C’est le même système partout selon le but particulier ; mais ici, le but est très pénétrant, et particulièrement intéressant, et il nous conduit dans les hauteurs et les profondeurs de vérité dans la vie de Christ, telles qu’on en trouve rarement ailleurs, voire jamais, même dans le Nouveau Testament.
« Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui » (2:29). La justice pratique prouve la source de la nouvelle vie qui marche ainsi. Nous pouvons demander qui est ce « Il » ? Probablement qu’aucun chrétien ici ne voudrait dire autre chose que « Christ », et certainement à juste titre. Mais il y en a passablement qui répondent qu’ici c’est « Dieu » qui est appelé « juste », parce qu’être né de Lui dans le contexte désigne naturellement Dieu. On ne peut pas nier que cet argument aurait normalement un grand poids, car personne ne nie que Dieu est juste. Mais on a omis de voir qu’une particularité très frappante de cette épître est qu’on ne peut pas dire de manière absolue s’il s’agit de Dieu ou de Christ ; et la raison en est très précieuse : c’est que Christ est Dieu. Le Père n’est pas exclu, mais la nature divine est également partagée par le Fils et par le Père, ce qu’aucun chrétien ne nie. C’est pourquoi l’apôtre qui, plus que tout autre, insiste sur la nature de Dieu, et y trouve son délice, continue à se mouvoir, si on ose parler ainsi avec révérence, dans ce cercle adorable de Christ à Dieu, et de Dieu à Christ, puis à Dieu, dans l’usage qu’il fait de « Il » et « Lui » tout au long de cette épître. Nous l’avons déjà vu au début du ch. 2. Nous le revoyons ici vers la fin de ce chapitre, et on le retrouve au début du ch. 3, et ainsi de suite jusqu’à la fin, où il n’hésite pas à dire de Christ : « Lui est le Dieu véritable, et la vie éternelle ». Cela peut paraître confus à un érudit qui n’a pas été rendu attentif à ces choses ; mais c’est au contraire la beauté de la vérité, pour ceux qui savent qu’il en est ainsi, et qu’il ne peut en être ainsi que parce que Christ est le Fils, également Dieu avec le Père. C’est pourquoi en Jean 5:23, le Seigneur Lui-même montre que le Père agit en sorte « que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père ». C’est du fait que la Déité Les caractérise tous les deux, qu’il est impossible de déterminer de manière absolue s’il s’agit de l’un ou de l’autre. Comme tous les deux sont des personnes dans la Déité, et qu’Ils sont actifs en amour, l’apôtre passe ainsi volontairement et comme insensiblement de l’un à l’autre. « Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui ». Nous sommes effectivement enclins à dire qu’au début de la phrase, le « Il » c’est Christ, mais c’est avec tout autant de simplicité que nous dirions qu’à la fin le « Lui » signifie Dieu.
Une manière d’écrire aussi inhabituelle doit avoir sa source dans un motif divin chez l’écrivain inspiré, car elle n’est pas l’effet du hasard, mais une habitude autant répétée dans cette épître prouve son caractère intentionnel. On n’y voit aucune hésitation. Nous savons que tout écrivain soigneux traitant de sujets classiques veillerait à l’éviter. En règle générale un homme de lettres serait fier d’avoir un style suffisamment limpide pour que même quelqu’un à l’esprit lourd ne confonde pas un « lui » avec un autre dans la même phrase. Quant à l’apôtre, il était loin d’être de ceux qui affectent d’écrire de façon obscure pour paraître profond. Mais la raison qui l’animait sans aucun doute, était que la Déité était également partagée par le Père et le Fils. Au sujet de cette vérité, où est le sage, où est le scribe, où est le disputeur de ce siècle ? (1 Cor. 1:20). Jean ne voulait pas mettre le Fils unique au rang d’un homme ordinaire, simplement parce qu’Il est Dieu. Bien qu’Il soit devenu homme en grâce infinie, il ne voulait pas tracer une ligne de démarcation précise. Mais par cette confusion apparente et cette imbrication mutuelle réelle, il nous amène à voir combien il aimait présenter Dieu et Christ si étroitement unis qu’on ne peut pas les séparer dans le langage.
« Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de lui » (2:29). Comment l’apôtre peut-il parler ainsi ? Parce que le saint est né [ou : a été engendré] de Dieu ; il a la vie de Christ. C’est la vérité sous-jacente partout dans cette épître. Car du fait que Christ nous donne Sa propre vie, il résulte que « Christ est notre vie ». L’une des caractéristiques importantes de la vie en Christ telle que manifestée dans toute Sa marche, est la justice absolument parfaite ; et Sa vie est la vie qui est devenue notre vie, la seule vie dont nous osions nous glorifier. C’est la vie divine, parce qu’elle est de Dieu dans Sa grâce infinie, Lui qui nous a donné la meilleure vie possible, la vie la plus élevée, la plus chère, la plus parfaite qui ait jamais été. Elle était de toute éternité dans le Fils ; et Il nous confère cette vie maintenant, afin que, comme Il est juste, ainsi aussi quiconque pratique la justice montre qu’il a sa source en Lui.
Il est triste de savoir que certains en doutent, mais cela revient à douter du christianisme, et c’est ce que cela veut dire en pratique. Il est inutile de se chercher des excuses, car l’erreur est trop nette et fondamentale pour qu’on s’en sorte en prétextant une faute de style ou une mauvaise compréhension par certains d’un autre aspect de la vérité. C’est une erreur si profonde et si mortelle qu’il faut réclamer son rejet, et qu’il faut appeler à chercher sérieusement la délivrance de tous ceux qui ont été pris dans un piège aussi destructeur. Ici, par le moyen de la marche juste, il est démontré que la vie dérive d’une communauté de nature morale avec Christ, de sorte que, s’Il est juste, ceux qui marchent dans la justice sont dits être nés de Dieu. Chacun peut voir en effet que, dans ce verset, il n’est pas question de justification, mais de justice pratique. Il est absolument vrai, qu’en vertu du fait que Christ a été fait péché par Dieu comme sacrifice, nous devenons, par la foi, justice de Dieu en Christ (2 Cor. 5:21) ; mais c’est notre position par grâce. Dans notre texte il s’agit de la conduite quand on est ainsi justifié. L’apôtre insiste, comme étant un sujet de toute importance, sur le fait que la justice pratique consiste à être conséquent avec Christ et qu’elle est inséparable du fait d’être né de Dieu.
Tel est le caractère et la nature de la nouvelle relation placée devant nous. Nous sommes nés de Dieu, nous sommes Ses enfants ; pouvez-vous imaginez la moindre injustice en Dieu ou en Christ ? Comme quiconque pratique la justice est né de Dieu, ainsi nous pouvons dire que quiconque est né de Dieu pratique la justice. C’est une question de ce qu’on fait, non pas simplement de ce qu’on dit ou de ce qu’on professe. Ce n’est pas du tout une position formée par un signe ou un rite, mais c’est ce que la grâce, par une nouvelle nature, assure dans notre conduite, et qui fait ressortir cette source, et non pas une autre. Quoi de plus efficace pour agir sur la conscience, là où il y a la vie nouvelle de la part de Dieu ? C’est écrit pour la foi, sans doute, bien qu’assurément écrit en vue d’agir fortement sur la conscience. Car la justice implique d’être conséquent avec une relation qui n’admet aucun badinage avec le péché.
Or le verset suivant montre que nous avons besoin de la grâce la plus abondante. Plus on veut que la conscience agisse librement et en vérité, plus nous avons besoin du repos donné par la grâce parfaite. Cela est introduit ici de manière apparemment abrupte, mais de manière à faire ressortir notre nouvelle relation dans l’amour du Père. Il ne s’agit pas simplement de poser la base nécessaire à notre relation pour notre conduite ; cette relation est aussi là pour que nous jouissions de Son amour au-delà de toute pensée humaine, même jusque dans ses résultats les plus glorieux. C’est pourquoi, bien que cela semble être une transition abrupte comme on en rencontre quelquefois dans les écrits de Jean, c’est divinement sage et c’est tout juste ce dont nous avons besoin chaque jour. « Voyez de quel amour [litt. : de quel manière d’amour] le Père nous a fait don ». Ce n’est pas seulement la mesure, mais la manière de cet amour qui est si merveilleuse. Car elle se montre en ceci que le Père nous a donné cet amour illimitable en sorte « que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Le terme correct est bien « enfants » et non pas « fils » [ce dernier terme étant celui utilisé par la version autorisée anglaise]. Jean utilise régulièrement le mot « fils » seulement en rapport avec Christ. Non seulement c’est parce qu’il est jaloux de la gloire du Fils, mais il lui a été donné de Dieu d’avoir soin de la vérité révélée, et c’est ce qui l’a conduit à dire que nous sommes enfants de Dieu plutôt que de parler de notre relation de fils. Après tout, être enfant de la famille est plus intime que la position de fils adopté. Nous sommes fils par adoption, mais nous sommes enfants par le lien de famille le plus étroit avec le Père, bien que les deux soient par le moyen du Fils. C’est donc cette manière merveilleuse d’amour dont il nous a été fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu.
« C’est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne l’a pas connu » (3:1). Quel honneur pour nous de partager avec Christ le fait d’être ignoré du monde ! Notre place, notre nature et notre proximité de Dieu sont incompréhensibles pour le monde. Peut-être est-il bon de dire que certains manuscrits parmi les plus anciens connus s’accordent pour ajouter « et nous le sommes » après « que nous soyons appelés enfants de Dieu ». Ce petit membre de phrase ne se trouve pas dans la version autorisée anglaise, et je ne suis pas en état de me prononcer sur lui. On peut juger de beaucoup de choses avec certitude, mais je n’ose pas le faire dans ce cas. Notons seulement que ces très vieux manuscrits s’accordent occasionnellement avec ce qui est certainement erroné. Il y a cependant dans cette phrase une particularité qui ne ressemble pas à ces variantes erratiques. Ce qu’ils expriment ici, c’est « que nous devons être appelés enfants de Dieu, et que nous le sommes ». Or ce dernier membre de phrase est certainement vrai en lui-même, et en fait c’est ce que le début du v. 2 exprime avec force. Plusieurs fois leurs variantes, lorsqu’elles diffèrent des autres manuscrits, ont un sens faux de manière certaine, mais ici c’est un sens vrai. La seule question est de savoir si cette variante est tirée du verset suivant et insérée ici comme une phrase humaine.
Or cela semble suffisamment important pour mériter qu’on s’y arrête. Il est assez remarquable que la Vulgate qui, vous le savez peut-être, est acceptée par les catholiques romains comme l’Écriture authentique bien qu’elle ne soit qu’une traduction, est ici erronée. Elle donne le membre de phrase comme les manuscrits grecs à lettres onciales, mais elle dévie quand ils expriment ce qui concorde avec la vérité. Dans ce cas, ces manuscrits donnent une pensée naturelle « que nous devions être appelés les fils de Dieu, et que nous le soyons ». Mais le latin (= la Vulgate) ne dit pas « nous sommes [appelés enfants de Dieu] », mais que « nous pouvons l’être » ou « nous devons l’être » : Ceci n’est pas vrai, parce que cela nie que nous sommes maintenant enfants de Dieu, et cela cherche à situer cet état dans le futur (peut-être faut-il supposer que cet état dépend de notre bon comportement), et cela ne concorde pas avec ce qui suit, et intrinsèquement cette variante est fausse et indéfendable.
Sans vouloir récapituler tous les cas semblables, en Luc 2:14 de très anciennes copies lisent « paix dans les hommes de bonne volonté », ce qui est une classe d’hommes bien difficile à trouver dans ce monde, et voilà un évangile étrange, où la paix sur la terre est pour les hommes de bonne volonté, une bonne nouvelle pour ceux chez qui Il ne trouve pas de faute. Où les trouvera-t-on ? — Certes, c’est une variante extraordinaire, qui ne dépend que de l’ajout d’une seule lettre, et qui est acceptée non seulement par Rome, mais par Alford, Lachman, Tischendorf, Tregelles, Westcott et Hort, et d’autres.
Malgré l’existence de tels cas, la phrase ici en 1 Jean 3:1 est incontestablement vraie en elle-même. Qu’elle fasse partie du texte effectivement inspiré, cela reste une question non résolue. Mais de toute façon l’affirmation qu’elle contient se trouve au début du verset suivant.
« Bien-aimés,
nous sommes maintenant enfants de Dieu » : c’est une assurance
importante, qu’il faut que nos âmes connaissent, et qui dépasse de beaucoup le
membre de phrase contestable du verset précédent ; le
« maintenant » est très important. Ce n’est pas simplement
« nous sommes », mais « maintenant
nous sommes », ce qui est bien digne de notre attention, comme de ce qui
précède juste avant : « c’est pourquoi le monde ne nous connaît pas,
parce qu’il ne l’a pas connu ». Quelle identification frappante avec le
Seigneur cela apporte ! Le monde n’a pas compris Christ, et il ne comprend
pas le chrétien. L’homme ne peut jamais vraiment comprendre Christ, même s’il
prétend le faire. Personne, si ce n’est le Père, ne Le connaît parfaitement.
Mais le monde a assez connu ce qui sortait de Sa bouche et ce qui ressortait de
Sa vie, pour Le haïr. Pour cette raison et pour d’autres, il était inconnu du
monde comme objet de révérence, d’honneur et d’amour. Vis-à-vis du monde, il
était un rien du tout, et telle est la manière dont le monde regarde le chrétien
fidèle. La grâce nous donne Sa relation avec le Père, et en conséquence nous
partageons Son néant ici-bas. Il était une puissance inconnue dans le monde, et
nous pareillement : ne devrions-nous pas considérer cela comme un grand
honneur ?
Le
monde, comme chacun sait, se bat extraordinairement pour avoir la puissance, la
renommée, ses aises et le plaisir. Y a-t-il quelque chose dont la plupart des
gens fassent plus grand cas que d’avoir beaucoup d’argent et un bout de
l’honneur du monde ? N’est-ce pas malheureusement aussi le cas de trop
nombreux chrétiens ? Christ ne l’a jamais fait ; non seulement Il ne
l’a jamais recherché, mais Il l’a toujours refusé. Il a toujours été le vrai
Serviteur ici-bas, et Il a pu dire : « Comme le Père qui
est vivant m’a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père » [non pas par
le Père], « de même celui qui me mangera [la nourriture de la foi],
celui-là aussi vivra à cause de moi » (Jean 6:57). C’est pourquoi l’amour
du Père est directement opposé à l’amour du monde. Là où l’amour du Père fait
défaut, il y a l’amour du monde ; et là où l’amour du Père demeure,
l’amour du monde est exclu. Le monde L’ignore, et ignore aussi le fidèle, et
les enfants de Dieu doivent sûrement être aussi ignorés. Le sentiment du monde
peut-il être plus simplement et plus fortement exprimé qu’en ignorant
complètement ? Le monde se croit parfaitement capable de faire sans Lui et
sans les Siens : ils ne sont réellement qu’un sujet de trouble pour le
monde.
« Bien-aimés » : le mot est à nouveau
utilisé de manière significative, comme nous l’avons vu plus haut. L’apôtre
traite de notre relation présente élevée, et de notre espérance future
glorieuse ; rien d’autre que l’amour du Père ne pouvait nous accorder cela.
« Bien-aimés,
nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore
été manifesté ; nous savons que s’il est manifesté, nous lui serons
semblables, car nous le verrons comme il est » (3:2). Ici nous avons de
nouveau un « si » (« s’Il
est manifesté ») ; ce
n’est pas « quand » (« quand
Il sera manifesté » (*)), qui est un mot différent, et on ne pourrait
guère montrer que le mot de l’original signifie jamais quand
en aucune
circonstance. Le mot si
peut paraître étrange faute d’être utilisé habituellement,
mais il est exact. Par exemple, « quand
Il apparaîtra » peut
donner une idée erronée quant au moment où nous Lui serons semblables.
Beaucoup, on peut le dire, ont été embarrassés par cette question. Or nous
savons selon 1 Cor. 15:51, 52 et 1 Thes. 4:16, 17 et 2 Thes. 2:1 que nous
serons changés lors de Sa venue ou de Sa présence pour nous. C’est alors que
notre corps sera conforme au Sien, et que nous Lui seront fait semblables. Et
si nous Lui sommes faits semblables lors de Sa présence, a fortiori serons-nous
tels quand Il apparaîtra ou qu’Il sera manifesté. C’est ce qui est dit ici et
que le texte veut dire. Le monde nous verra manifestés avec Lui et comme Lui.
Cette manifestation dans la même gloire, tout le monde la verra (Jean 17:22, 23 ;
Col. 3:4), et quand cette manifestation aura lieu, nous serons avec Lui et
comme Lui. Cependant le changement n’aura pas lieu à ce moment-là, mais avant.
C’est cela qui fait l’importance du changement de « quand » en
« si ». Ce point n’est pas soulevé pour supposer quelque chose qui
resterait à prouver par l’Écriture, mais simplement parce que c’est le sens de
la particule : S’Il
est
manifesté (et Il le sera certainement), nous Lui serons semblables. D’autres
passages montrent que nous Lui serons faits semblables avant qu’Il nous
introduise au ciel, et même avant d’entrer dans la maison du Père. Car Il
sortira du ciel avec ces saints à Sa suite ; et quand Il sera ainsi
manifesté, nous Lui serons semblables, mais non pas pour la première fois, car
nous Lui aurons été faits semblables quand nous
Le verrons venant pour
nous. Ainsi, l’usage du mot quand
dans le cas de cette expression
« quand
Il sera manifesté » peut induire gravement en erreur.
Nous Lui serons semblables aussi bien quand nous entrerons au ciel que quand
nous en sortirons.
(*)
note Bibliquest : La version autorisée anglaise et la version JND
française traduisent « quand ». La version JND anglaise traduit
« si » comme WK, et comme Carrez. — Par ailleurs, dans la version JND
anglaise qui traduit « s’il est manifesté », « il » est au
neutre, ce qui implique que « il » se rapporte à « ce que nous
serons » de la phrase précédente. Toutefois JND met en note que l’on peut
aussi lire « s’Il
est
manifesté », le « Il » dans cette note étant alors
masculin ; étant masculin, il se rapporte au Seigneur, ce que WK choisit
aussi de lire.
Quels privilèges que ceux-là, bien-aimés frères ! Que pouvons-nous dire de notre fidélité et de notre dévouement maintenant ? Pourtant, en entendant Sa voix, nos cœurs sont bien décidés à Le suivre, et ils sont transformés par le Saint Esprit en contemplant Christ par la foi et en étant occupés de Lui. Mais il n’est jamais dit que nous Lui sommes semblables maintenant. Nous pouvons L’imiter dans Ses souffrances pour nous, Lui qui nous a laissé un exemple pour que nous suivions Ses traces (1 Pierre 2:21) ; et nous sommes appelés à imiter l’apôtre Paul dans la mesure où il imitait Christ ; mais il n’est jamais dit que nous sommes déjà comme Christ. Nous Lui serons semblables quand nous serons changés et enlevés, non pas auparavant. C’est montrer beaucoup de présomption de parler de quelqu’un en disant qu’il est maintenant comme Christ ; bientôt ce qui est parfait sera venu pour nous (1 Cor. 13:10), et nous serons dans l’état glorifié qui est le Sien, en aucune manière dissemblables de Lui. Il y a donc ici une expression très riche et complète du grand changement qui attend les chrétiens quand le Seigneur viendra pour nous ; et s’Il doit être manifesté (c’est sûr qu’Il le sera), ainsi en sera-t-il de nous, car nous devons être manifestés dans la même gloire. Tout le monde le verra alors ; mais nous serons changés quand nous Le verrons, car nous Le verrons comme Il est. N’est-il pas clair que le fait que nous Le verrons ne sera pas au jour de Sa manifestation au monde, mais lors de la première phase de Sa présence, quand Il viendra nous recevoir auprès de Lui en haut ? Alors nous Le verrons comme Il est ; alors aussi nous Lui serons semblables. Mais quand Il sera manifesté, et nous avec Lui, en gloire, ce sera pour tout œil (Apoc. 1:7).
L’un
des effets spirituels de cette espérance est pourtant actuel, et il est
manifesté ici ; on ne saurait trop insister sur son importance pour le
chrétien. « Et quiconque a cette espérance en lui se
purifie, comme lui est pur » (3:3). Le sens n’est pas que l’espérance est dans l’homme
, mais en
(επι) Christ
; cette espérance
est fondée sur
Christ. Car le mot, à
proprement parler, est « sur » Lui, non pas « en » Lui.
C’est une espérance dirigée vers Lui et établie sur Lui. C’est pourquoi le
chrétien « se purifie ». Cet effet montre bien que nous ne sommes pas
encore comme Lui. Christ n’a jamais eu à se purifier. Il s’est sanctifié ou mis
à part dans le ciel, pour être le grand modèle pour nous sur la terre, afin que
nous aussi nous soyons sanctifiés [ou : mis à part] pour le Père par ou
dans la vérité (Jean 17:19). Mais nous avons aussi à nous purifier ici-bas,
parce que, outre le fait d’avoir la vie de Christ, nous avons ce qu’il est
naturel de combattre, de mortifier et de réprimer, afin que cela ne
réapparaisse pas dans ses mauvaises voies. Nous avons donc à nous purifier de
la souillure par manque de vigilance et manque de prière, et cela « comme
Lui est pur » : car Christ est la norme. Il était toujours absolument
pur. Ceci est certes parfaitement applicable à Dieu, car Dieu est lumière, la
pureté même (ce dont aucun chrétien ne peut douter), mais ici, c’est de Christ
qu’il est dit qu’Il est pur ; et c’est d’autant plus merveilleux (mais
certain), qu’Il était vraiment homme. Malgré qu’Il soit né de femme, Il est pur
au plus haut degré. Ceux qui n’appliquent pas cela à Christ perdent beaucoup,
et Lui ôtent un peu de l’honneur qui Lui est dû en niant qu’il s’agisse de Lui
dans ce verset (même si des hommes pieux et instruits l’ont aussi prétendu).
Ceci conduit d’ailleurs à l’opposé direct de la pureté, — d’où la discussion grave et importante sur ce qu’est réellement le péché (3:4). Il n’y a guère de verset du Nouveau Testament qui ait été autant perverti, si on peut s’exprimer ainsi, et qui ait suscité autant de malentendus largement répandus. La version autorisée du roi Jacques qui est généralement excellente comporte un écart manifeste et pénible d’avec la pensée évidente de ce passage de la Parole de Dieu dans son seul sens légitime. La raison de cette erreur et de son acceptation assez générale, est la judaïsation qui prévaut dans la chrétienté. Les différentes parties de cette chrétienté ne regardent-elles pas la loi de Moïse comme la règle de vie du chrétien ? Or c’est Christ qui est cette règle, et Sa parole pour tous les détails. Jean 1:17 n’est-il pas en contraste avec la loi : « la grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ » ? La loi, au contraire, est un ministère de mort et de condamnation (2 Cor. 3:7-9). C’est la règle de mort pour le pécheur, et c’est ce qui a été démontré avec les Israélites — non pas seulement la loi cérémonielle, mais même les dix commandements, gravés dans la pierre comme dit Paul.
S’agissant de la traduction de ce verset maintenant, le fait est qu’il n’y a rien sur la transgression de la loi, alors qu’il n’existe guère de catéchisme, quelle qu’en soit la source, qui ne soit égaré par cette mauvaise traduction, et qui ne définisse le péché comme étant la « transgression de la loi ». Or c’est une définition entièrement fausse, et ce n’est pas du tout ce que dit l’apôtre. L’iniquité [litt. : marche sans loi, sans frein] est beaucoup plus profonde, plus subtile et plus étendue que la violation de la loi ; il ne s’agit pas seulement d’œuvres mauvaises, mais de l’activité d’une nature malveillante, ce qui s’applique tout à fait à ceux qui n’ont même jamais entendu parler de la loi. Ils cèdent à leur volonté mauvaise et sans frein. Comment peut-on parler de gens qui transgressent la loi alors qu’ils n’ont même jamais entendu parler de son existence ? Le mal qui est le leur ne peut guère être qualifié de « transgression », car ce terme veut certainement dire qu’il y a violation d’une loi connue. Le fait est, quelle que soit la façon d’y regarder, que le terme « transgression de la loi » parle de lui-même, et est tout à fait distinct de l’iniquité (*) qui est le seul vrai sens à retenir pour la traduction ici, alors que le mot « transgression » induit en erreur.
(*)
note Bibliquest : dans ce passage, et dans la traduction que donne WK, et
dans son commentaire sur ce passage, avant et après, il faut partout comprendre
le mot « iniquité » au sens de « marche sans loi
, ou sans
frein
» (en anglais « lawlessness »). Le commentaire de WK
perd sa valeur et sa force si l’on ne tient pas compte de ce sens précis, qui
ressort aussi du mot grec original, mais qui n’a guère d’équivalent direct en
français.
On peut penser que presque tous les chrétiens intelligents ont entendu parler de ce qu’est le vrai sens de ce passage, car beaucoup de serviteurs de Dieu ont insisté là-dessus depuis plus de 70 ans. Le péché va plus loin que les convoitises charnelles et mondaines contre lesquelles le verset 2:16 met en garde. La phrase ici est réciproque : « le péché est iniquité » et « l’iniquité est péché ». C’est la volonté propre, qu’elle soit ignorante de la volonté de Dieu ou qu’elle n’en tienne pas compte. Le sens du v. 4 est : « Quiconque fait le péché, fait aussi l’iniquité, et le péché est l’iniquité » (*) (3:4). Telle est la force simple et non déformée de ce passage. Certains préfèrent traduire le verbe par « pratiquer / pratique » au lieu de « faire / fait » ; mais sans insister sur cette variante de traduction ici, on peut effectivement se contenter de dire « fait » si l’on comprend ce terme essentiellement dans le même sens que « pratiquer » ; on ne peut en effet guère douter que le sens réel soit celui de « pratiquer ». Il ne s’agit pas de commettre un péché, mais de « faire » le péché (ou « du péché »). C’est ce qu’un pécheur fait toujours. Si un homme est pécheur, que peut-il faire d’autre que du péché ? Comment peut-il l’éviter aussi longtemps qu’il reste simplement ce qu’il est, un pécheur ? parce que le péché est l’état de sa nature. Maintenant que l’homme est déchu et rien d’autre, il ne fait que pécher. Il ne fait pas la justice ; il est aussi loin de la sainteté qu’il est possible de l’être ; il ne fait rien d’autre que le péché. « Quiconque fait le péché » dit l’apôtre (qu’il soit Juif ou Gentil, cela ne fait pas de différence ici) « fait l’iniquité ». Le Juif ajoutait à sa culpabilité, parce qu’en outre il violait la loi ; mais le Gentil pratiquait l’iniquité et était ainsi pécheur, sans pour autant connaître quoi que ce soit de la loi, en sorte qu’on ne pouvait décemment le qualifier de « transgresseur de la loi ». L’Écriture ne lui applique pas cette expression, mais parle simplement de « pécheurs d’entre les nations » (Gal. 2:15). Où sont-ils jamais appelés transgresseurs de la loi, comme l’étaient les Juifs ? Mais ils étaient tous coupables ; ils faisaient tous leur propre volonté, ce qui est l’essence de l’iniquité [marche sans loi, sans frein]. L’iniquité, c’est laisser Dieu entièrement de côté, l’homme faisant juste ce qui lui plait et parce qu’il en a envie. Qui est-il pour parler contre Dieu ? Or on ne se moque pas de Dieu (Gal. 6:7), et Il amènera l’homme en jugement pour cela. L’homme peut fermer ses oreilles sur ce sujet maintenant, mais il arrivera un jour où ce sera absolument terrible pour lui.
(*) note Bibliquest : À cause de l’explication précise que donne WK sur ce v.4, nous avons conservé dans ce paragraphe la traduction ultra-littérale de WK utilisant le verbe « faire » au lieu de « pratiquer » (« Quiconque fait le péché, fait aussi l’iniquité » au lieu de « Quiconque pratique le péché, pratique aussi l’iniquité » selon JND en français ; en anglais, JND utilise aussi le verbe « pratiquer »). — En fait, WK n’utilise pas d’article, et il traduit ainsi plus littéralement : « Quiconque fait du péché, fait aussi de l’iniquité » — Par contre, dans tout le reste du texte de ce livre (avant et après ce paragraphe), nous avons laissé la formulation selon JND en français, c’est-à-dire « Quiconque pratique le péché, pratique aussi l’iniquité ».
Ainsi « l’iniquité » [au sens de « marche sans loi, sans frein »] représente bien la pensée de Dieu dans ce passage, et son sens a une portée beaucoup plus large que l’expression « transgression de la loi » utilisée par la version autorisée du roi Jacques. Le terme « iniquité » est tout à fait différent et appliqué différemment. On trouve la « transgression de la loi » dans l’Écriture, par exemple en Rom. 2:23, et la « transgression » dans le même sens sans les mots « de la loi » se trouvent en Rom. 14:15 et Gal. 3:19 et Héb. 2:2 et 9:15. Mais dans notre verset 4, le sens du mot « iniquité » [marche sans loi, sans frein] veut simplement dire autre chose que « transgression de la loi ».
La
fin du v. 4 rend ce sens clair, car il s’applique à tout pécheur et à toute sa
vie. C’est un chemin d’iniquité. Or un tel mal est juste le contraire de
Christ, qui, au v. 5 est introduit sans être nommé. « Et vous savez que Lui
(avec insistance) a été manifesté, afin
qu’il ôtât nos péchés ; et il n’y a point de péché en lui »
(3:5) ; il n’est pas dit « afin qu’Il portât
nos péchés » comme en 1 Pierre 2:24, mais qu’Il les ôtât
, ces deux effets étant opérés d’un
coup totalement. Il ne peut y avoir aucun doute sur l’identité de Celui qui a
souffert. Ce n’est pas Dieu le Père, mais exclusivement le Fils, le Seigneur
Jésus. Lui seul a, pour toujours, porté et ôté nos péchés sur la croix. L’idée
d’une action se prolongeant au cours de Sa vie est écartée : ce fut un
acte de courte durée mais d’efficacité éternelle. « Et il n’y a point de
péché en lui » (fin du v. 5). Ceci s’applique à Sa personne durant toute
Sa vie, de Sa naissance à Sa mort, à Sa résurrection et à Son ascension dans la
gloire céleste.
Il ne pouvait être question de péché en Lui dans Son état simplement divin, comme Fils, pendant toute l’éternité. Hélas ! on a émis des doutes du fait qu’Il était né de Marie, et malgré le miracle de l’incarnation (Luc 1:35). « Il n’y a point de péché en lui », il n’y en a jamais eu et il ne pourra jamais y en avoir. En Christ ici-bas, nous avons exactement le contraire de ce qu’est un pécheur. Le pécheur n’a rien que du péché. Même quant à ses affections, Dieu n’est pas dans ses pensées, mais seulement lui-même. Ceci n’est pas l’amour qui était en Dieu et en Christ, et de qui le chrétien dérive son amour. Cette sorte d’affection aimable, vous la partagez avec un chien ou un chat ; car il y a des chiens et des chats vraiment aimables, qui ne sont pas du tout méchants. L’âme immortelle chez l’homme donne à l’affection une nature plus élevée ; mais l’homme est pécheur, ce que ne sont pas les bêtes ! Oui, l’homme a une âme immortelle, quel qu’il soit ou quelle qu’elle soit ; et c’est pour cette raison qu’il viendra certainement en jugement, ce qui n’arrivera ni aux chiens ni aux chats ni à aucun animal de la terre — de toute la terre, l’homme seul y viendra. On ne parle pas des anges, quoi que les anges déchus viendront aussi en jugement ; mais de tous les êtres de la terre, l’homme est le seul à être constitué de cette manière, et à être directement responsable devant Dieu.
Nous avons ici un tableau vrai et unique de Christ. Non seulement il n’y avait pas de péché en Lui, mais Il est venu pour ôter nos péchés quoi qu’il Lui en coûtât. Dès lors, ne Lui devons-nous pas tout ? et quelle pratique est conséquente avec les relations de grâce qui sont les nôtres maintenant ? « Quiconque demeure en lui ne pèche pas » (3:6), mais si quelqu’un ne demeure pas là et se tourne vers des voies détournées, faut-il s’étonner qu’il pèche ? Il ne marche pas en chrétien, s’il ne demeure pas en Christ. Personne ne pèche s’il jouit consciemment de la dépendance et de la confiance et des délices dans le Fils de Dieu. Qu’y a-t-il d’autre pour nous garder sûrement de pécher ? « Quiconque pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a pas connu » (3:6). Ici l’apôtre ne parle que de nature et de caractère : il ne voit l’homme que selon sa nouvelle nature. L’autre nature, la vieille, est sa honte et sa douleur ; il condamne entièrement tout laisser-faire de cette nature chez lui et chez tout chrétien. Mais la nouvelle nature est caractérisée par Christ, et ne pèche pas ni ne peut pécher.
« Quiconque pèche ne l’a pas vu, ni ne l’a pas connu ». Pécher est incompatible avec un vrai amour pour Christ. Le péché est supposé être simplement un état dans lequel l’homme vit : ce qu’il fait est de pécher habituellement. Mais le pécheur n’a pas vu Christ et ne L’a pas connu. S’il avait réellement reçu Christ comme Fils de Dieu, il aurait cru en Lui. S’il L’avait ainsi connu, il aurait reçu la vie en Lui, et par conséquent il aurait haï le péché ; mis en possession de cette nature nouvelle et sainte, il aurait regardé à Christ et aurait dépendu de Lui pour qu’Il le garde du mal, comme Lui est juste. En dehors de Lui, on ne peut rien faire, ni porter aucun fruit pour Dieu. Une âme convertie peut être dans la servitude, être faible et malheureuse comme en Rom. 7:7-24 ; mais quand, par grâce, elle abandonne le moi comme entièrement et désespérément mauvais, et s’en remet à Christ et à Sa puissance en délivrance, elle est libérée de la loi du péché et de la mort et introduite dans la liberté chrétienne. Seul l’apôtre Paul entre dans ce processus d’émancipation. Notre épître le passe sous silence, et voit toute la famille de Dieu comme ayant une paix durable et établie sur un fondement proprement chrétien, les petits enfants y compris. La nouvelle vie en Christ est le thème principal.
De là vient l’aspect précieux du témoignage de l’apôtre Jean, qu’il donne de la part du Seigneur en Jean 14:20 : « En ce jour-là [le jour qui est depuis la Pentecôte], vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi et moi en vous ». Ainsi, quand ceci est réellement notre portion connue, c’est le nouveau « moi », non plus dans la chair ni redoutant le jugement à cause de mes manquements, mais Christ ressuscité est ma vie dans l’Esprit. Mais prenons garde de penser que ce changement est seulement une nouvelle compréhension dans nos pensées ; c’est une possession réelle de la pensée de l’Esprit. Encore moins est-ce la loi qui réclame ce qui est juste de ma part ; mais la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort (Rom. 8:2).
Il est évident que, dans ces versets, l’apôtre va au-delà des convoitises et de la vaine gloire des hommes sans Christ, selon le tableau dépeint au chapitre précédent. Christ est placé devant tous les saints dans l’absence absolue de péché qui est la Sienne, et dans Son œuvre pour ôter nos péchés. Ainsi la racine du péché est entièrement mise à nu, le responsable du péché en personne étant mis en avant sans ambages, lui dont l’orgueil et l’indépendance rebelle vis-à-vis de Dieu sont reproduites chez ceux dont il est dit au v. 8 qu’ils sont « du diable ». Celui qui a été manifesté pour ôter les péchés de ceux qui sont Siens n’a pas moins été manifesté pour détruire les œuvres du diable, une destruction qui va bien au-delà des péchés de l’homme et qui inclut toute énergie malveillante tendant à déshonorer Dieu et à faire du mal à l’homme. Nous ne pouvons méconnaître que le Fils de Dieu est mis ici en opposition personnelle au méchant, comme au ch. 2 l’amour du monde est manifestement antagoniste de l’amour du Père.
Au v. 9 est montrée la cause secrète de la différence radicale. « Quiconque est né [ou : a été engendré] de Dieu ne pratique pas le péché, car la semence de Dieu demeure en lui, et il ne peut pas pécher, parce qu’il est né [ou : a été engendré] de Dieu » (3:9). Il n’est pas question du premier homme, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme. La chair et le sang n’ont rien qui leur permette d’être la source de la vie nouvelle. La persuasion morale n’a pas plus de puissance que les ordonnances religieuses, car « ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3:6). Il faut être né de Dieu ; or ceci a lieu objectivement par la foi en Son Fils, et par l’opération de Son Esprit par le moyen de Sa parole vivante. Ainsi le croyant est né de l’Esprit ; et ici il est également vrai que ce qui est né de l’Esprit est esprit (Jean 3:6). Il n’y a pas d’échange réciproque, ni d’amélioration ou de modifications des deux natures : chacune d’elles demeure selon sa source.
Ainsi
il ne s’agit pas seulement d’être justifié par la foi, ni même seulement
d’avoir le coeur purifié par ce moyen. L’œuvre d’expiation du Seigneur pour
le pécheur, et l’œuvre de l’Esprit en
lui, sont très vraies et très
réelles ; mais il y a aussi une nouvelle vie, non pas du premier homme,
mais du Second, qui est alors communiquée à son âme pour la première fois,
alors qu’il était jusque-là mort spirituellement, comme le Seigneur l’enseigne
clairement en Jean 5:24, 25. C’est ce qui explique le langage de l’apôtre ici,
comment celui qui est né de Dieu ne pèche pas. Il est vu selon la nature divine
dont la grâce l’a rendu participant (2 Pierre 1:4) ; et il est supposé
avoir en horreur son vieux moi de péché, et vivre de la vie nouvelle qu’il a
dans le Fils, étant en garde contre les ruses, les tentations et les
incitations du diable selon toutes les manières qu’il a d’agir sur le vieil
homme.
Du fait qu’il a la vie de Christ, sa responsabilité est et doit être de discerner, haïr et ne pas permettre l’activité de la vieille vie. Ici cependant, il n’est pas insisté sur la responsabilité, mais sur une nature vraie vis-à-vis d’elle-même (les natures sont faites pour cela). Et comme il a maintenant la nouvelle nature comme étant sienne de la part de Dieu, ainsi il vit en conséquence. Sans aucun doute, elle est entièrement différente de l’ancienne création déchue, mais sa foi reconnaît qu’elle n’est pas moins réelle et incomparablement plus importante. Sur cette base qui est tout à fait vraie, il est dit non seulement qu’« il ne pratique pas le péché », mais qu’« il ne peut pas pécher parce qu’il est né de Dieu » (3:9). La raison pour laquelle il ne pratique pas le péché est donnée : « parce que sa semence demeure en lui », c’est-à-dire la vie de Christ communiquée par la puissance de grâce de Dieu, qui n’est pas sujette comme l’ancienne création à la déchéance et à la mort ; c’est sa semence et elle demeure en lui. La nouvelle nature est incapable de pécher, et Celui qui l’a en Christ n’est caractérisé que par elle, le péché dans la chair étant ici entièrement ignoré, comme déjà condamné par Dieu pour son compte en Christ fait sacrifice pour lui sur la croix. Mais il n’est rien dit ici sur cette manière dont s’opère la délivrance divine, pas plus que de notre nature pécheresse. Il n’est parlé que du croyant caractérisé par le nouvel homme. Mais le nouvel homme vit dans et par la dépendance de Lui qui est la source de cette vie. Quand le croyant cesse de marcher par la foi, en s’appuyant sur le Seigneur, la vieille nature se réintroduit et éclate en péché.
Cependant, tandis que nous n’avons la vie qu’en Christ, il est très important et très intéressant de voir le soin que le Saint Esprit prend pour maintenir le Fils devant nous objectivement, de manière à nous garder du mysticisme et de l’admiration de soi-même, ce qui est un piège si fréquent chez les âmes pieuses. Il fixe nos yeux sur l’espérance suprême d’être semblables à Christ quand nous le verrons comme Il est — ce qui n’était certainement pas le cas quand Jérusalem est tombée, selon le rêve extravagant et profane de l’école de J. S. Russell, quelle que soit l’importance de cet événement du point de vue providentiel. Voyez aussi la déclaration insistante : « en Lui il n’y a pas de péché », tellement est précieux, pour le cœur du croyant qui regarde à l’Homme, Christ Jésus, le contraste éclatant avec n’importe qui d’autre. Combien alors l’esprit a en horreur l’effort de Satan de baser une prétendue sympathie de Christ avec nous, sur la supposition mensongère que Christ pouvait pécher parce que Lui, le vrai Dieu, daigna unir la nature humaine avec Sa Déité ! Le péché dans Sa nature est une insinuation des plus méchantes ; mais cela valait-il mieux d’enseigner que Sa naissance d’une femme Le mettait nécessairement dans une relation distante vis-à-vis de Dieu ? Ces deux erreurs, mère et fille l’une de l’autre, sont incompatibles non seulement avec la vraie expiation, mais avec Sa divine personne.
Nous saisissons l’occasion ici de revoir brièvement ce que nous avons déjà considéré au sujet des versets qui sont devant nous, pour en faire ressortir plus complètement les grands principes, et en s’encombrant de moins de détails. Ces principes sont d’une immense importance à tous égards, bien que la manière dont l’apôtre introduit le second des deux (principes) semble particulière ; mais c’est selon la sagesse de Dieu. Seule notre ignorance la fait paraître étrange. Ce que Dieu dit ou fait, soyons-en parfaitement assurés, doit être la meilleure manière de dire ou de faire.
Nous avons vu qu’au dernier verset du ch. 2, le sujet de notre justice est introduit pour la première fois dans cette épître. C’est ici que commence en effet notre justice, en principe et en pratique : en 1:9 nous avons eu Dieu juste, et la déclaration de cette merveilleuse vérité que Dieu est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés, et nous purifier de toute iniquité. La notion humaine de Sa justice serait qu’Il est strict pour condamner le mal. Mais Christ, par Sa mort expiatoire, a tout changé pour le croyant, et le pardon du croyant n’est plus une question de grâce en Dieu, mais de justice. La base de cela, c’est Lui-même — Jésus Christ le Juste, et Sa mort pour nos péchés ; l’effet de cette mort est que Dieu est en mesure d’agir non pas simplement en grâce en notre faveur, alors que nous ne méritons rien, mais en justice pour pardonner ce qui L’offense tellement : les péchés. Il est vrai qu’une fois nés de Dieu, nous renonçons aussi aux péchés ; nous avons appris à condamner le péché lui-même, et à nous condamner nous-mêmes comme ayant été coupables de péchés. Ne voit-on pas que c’est ce qui se passe chez le croyant dès le premier moment où il s’est tourné vers Dieu ? Il a horreur de lui-même et de ses péchés, comme par le passé il avait horreur de Lui. Il connaît très peu de choses, mais il le connaît personnellement et vraiment par l’enseignement de Dieu. Quand l’œuvre du Seigneur Jésus, et également Sa personne, sont reçues dans la puissance de l’Esprit, alors même le jeune croyant voit les choses clairement comme elles sont aux yeux de Dieu. Il commence à connaître non seulement les choses selon les yeux de Dieu, mais Dieu Lui-même dans Ses sentiments d’amour parfait envers ceux qui sont Siens.
Ici cependant, notre justice est affirmée comme étant inséparable de notre nouvelle naissance. Ceci effraye souvent ceux dont la foi manque de maturité, parce que naturellement ils se mettent tout de suite à regarder en eux-mêmes. Et voilà qu’ils n’y trouvent pas de quoi être satisfaits, et qui plus est, ils ne le pourront jamais. Ce que nous avons à faire en premier lieu, c’est de nous reposer sur Christ qui a été fait notre justice. C’est donc là la direction de la foi. La foi ne trouve aucun objet auquel s’attacher en regardant à nous-mêmes ; cela n’apporte que l’expérience de notre faiblesse totale. C’est seulement quand Christ remplit l’œil spirituel, que Sa puissance s’accomplit dans notre infirmité (2 Cor. 12:9). C’est alors en effet que la justice pratique suit.
Or
ceci est la partie de l’épître où l’apôtre revient à l’ensemble de la famille
de Dieu, posant le principe que « si vous savez qu’Il est juste, sachez
que quiconque pratique la justice est né de lui » (2:29). Il a déjà été
remarqué que la justice, soit en rapport avec Dieu au niveau suprême, soit en
rapport avec nous en tant que nés de Dieu dans notre petite mesure, la justice,
dis-je, est dans tous les cas conséquente avec la relation dans laquelle nous
sommes. C’est justement la raison pour laquelle, bien qu’il ait introduit la
justice au dernier verset du ch. 2, il semble immédiatement s’en détourner dans
les versets du début du ch. 3 où il éclate soudain dans ces paroles merveilleuses :
« voyez de quel amour le Père nous a fait don… ». Ainsi il englobe
l’amour présent du Père et la gloire future dans la même faveur sans pareille
envers les enfants de Dieu en ce qu’ils seront semblables à Christ, « car
nous Le verrons comme Il est. Et quiconque a cette espérance en lui »
(Christ), fondée sur Lui, « se purifie comme Lui (Christ) est pur ».
Il est clair qu’il ne s’agit pas du chrétien qui est pur, autrement il ne lui
serait pas demandé de se purifier ; mais Christ étant la norme, et Lui
étant absolument pur,
l’inconséquence de l’impureté chez quelqu’un qui suit Christ, c’est-à-dire
quelqu’un qui a Christ comme sa vie et sa justice, lui fait sentir qu’il ne
peut faire autrement que de se purifier de tout ce qui est indigne de Lui. Inutile
de dire que, quand nous regardons à la conduite journalière, il y a trop
souvent des manquements. Mais en règle générale, Jean ne s’occupe pas des
imperfections, mais du principe, et il l’exprime donc dans toute sa simplicité
comme il était en droit de le faire.
Car ceci est la bonne manière de considérer un principe, en ne s’occupant pas des complications possibles ou effectives. Si nous nous mettons à décortiquer à droite et à gauche et tout autour, nous ne pouvons jamais réellement voir le principe en face. Il risque d’être perdu dans nos considérations des circonstances. Mais un principe est au-dessus de toutes les circonstances si c’est un principe de grâce, et un principe de grâce fait nôtre en Christ tandis que nous sommes ici-bas. Ceci ne nous aide-t-il pas à voir pourquoi l’apôtre se met à déployer la grâce et la gloire les plus riches après avoir commencé à parler de justice pratique ? « Voyez de quel amour… » Pourquoi parle-t-il ainsi ici ? parce qu’il est besoin de toute cette grâce pour la justice pratique. Car comment cette justice maintiendrait-elle son cours constant sans cette source puissante ? Comment le chrétien, en étant au milieu du monde extérieurement et avec la chair au-dedans, pourrait-il trouver de bonnes dispositions pour persévérer dans la volonté de Dieu avec joie et confiance, à moins d’avoir l’assurance de Son amour parfait ? Son amour merveilleux est introduit juste au bon moment et au bon endroit, bien que cela puisse paraître un écart singulier d’avec le sujet de la justice dont il avait parlé avant. C’est pour introduire l’amour du Père qui est ce qu’il y a de mieux pour fortifier la justice pratique.
Nous n’exécutons jamais correctement nos devoirs envers Dieu ou envers autrui, si nous ne sommes pas par grâce au-dessus de nos devoirs. Si vous sombrez au-dessous de vos devoirs, vous manquerez toujours. Dans ce cas, il y aura inévitablement quelque chose que vous ne pourrez atteindre. Beaucoup de saints se contentent de marcher à petit pas en traînant. Ils sont tout à fait satisfaits d’avoir un bon espoir de ne pas être perdus. « Par la grâce de Dieu, j’ai humblement confiance qu’Il ne me jettera pas en enfer ; j’espère pour l’amour de Christ aller au ciel ». On s’en tient là, et on va tranquillement, comme si l’évangile ne donnait rien de plus. Mais ceci est-il conséquent avec la relation d’enfant vis-à-vis de son Père ? Combien on est loin de ce qui est ici révélé à la foi et qui est censé remplir déjà maintenant le chrétien de délices et d’une plénitude de joie sans fluctuation ! Un chrétien a droit à rien moins que cela. Pourquoi ? à cause de Christ ! Tout tourne autour de Lui pour le croyant. En conséquence c’est un appel à sa foi, et c’est ce qu’il faut. Il n’y a pas d’autre canal par lequel nous ayons reçu quelque bénédiction divine depuis que le péché est entré dans le monde. Qui a jamais reçu témoignage si ce n’est par la foi en ce que Dieu est en Christ ? et ce que Dieu est en Christ pour le croyant, c’est un Dieu qui délivre. Lui seul délivre, mais jamais Il ne consentira à délivrer en aucune manière autre que par le Seigneur Jésus ; et le Saint Esprit, qui glorifie Christ, opère dans le chrétien pour le lui faire réaliser. Car la vérité, si bénie soit elle, est en dehors de lui, dépourvue de la puissance intérieure de l’Esprit de Dieu. Mais si l’on se repose sur Christ et sur Sa rédemption, le Saint Esprit le fait réaliser intérieurement, tournant même l’affliction la plus sévère en une joie excellente. Nous n’avons pas à supposer que les premiers chrétiens avait un privilège spécial de pouvoir avoir communion avec l’apôtre Paul quand il leur commandait : « réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; encore une fois je vous le dirai : réjouissez-vous ». Les enfants de Dieu goûtent bien peu cela aujourd’hui ; mais nous faisons bien de nous interroger dans nos âmes pour savoir si nous le faisons. Cherchons à ce que nous lisons dans la Parole puisse être réalisé effectivement en nous et en nos frères, selon la grâce de Christ qui est à eux et à nous.
C’est pourquoi il est alors insisté en termes ardents sur la nouvelle relation, et à quoi cela se ramène-t-il ? Sommes-nous simplement devenus étrangers et pèlerins comme Abraham ? Non ; nous sommes et avons à être tels, mais n’y a-t-il pas quelque chose qui va bien plus loin ? Abraham fut séparé des nations parce qu’elles étaient idolâtres. Lui et sa famille furent appelés à marcher à l’écart vers Dieu. Ils ne demandèrent pas pour cela un petit rempart, mais ils voulurent L’avoir Lui-même pour leur bouclier au milieu des ennemis qui les haïssaient à cause de leur séparation pour Son nom. Si seulement ils avaient accepté les mariages mixtes avec eux comme de bons concitoyens, et s’ils s’étaient engagés dans une communauté d’objectifs, participants à leurs amitiés et à leurs guerres, tout aurait été bien ! Le même principe s’applique maintenant. Mais les chrétiens ont perdu immensément en s’associant avec le monde, non moins excités que les gens du monde par les problèmes des Boers, de l’Allemagne, du Japon et de la Russie (*), etc. Qu’avons-nous à faire avec de telles associations ? Si nous n’étions qu’Anglais, cela nous occuperait et devrait nous occuper beaucoup. Si nous n’étions que des hommes dans la chair, s’en occuper serait clairement un devoir naturel, pour autant qu’on puisse parler de devoir pour l’homme pécheur, coupable et perdu. Or comme chrétiens, nous ne sommes pas à nous-mêmes, mais nous avons été achetés à prix (1 Cor. 6:19-20). Nous sommes sauvés et amenés à Dieu afin que nous ne vivions plus pour nous-mêmes, mais pour Celui qui pour nous est mort et a été ressuscité (2 Cor. 5:15). Nous sommes appelés à faire la volonté de Dieu pendant le peu de temps où nous sommes ici sur la terre au milieu d’un monde mauvais (1 Pierre 4:2-3). En conséquence nous avons une relation de beaucoup supérieure.
(*) note Bibliquest : on rappelle que ceci a été écrit dans les premières années du 20ème siècle
Abraham avait besoin de protection, et il l’a eue en Dieu sous le nom béni de « Tout-puissant ». Quel nom approprié de relation pour lui et les siens ! Ses ennemis étaient tous proches, et l’entouraient ; il allait aisément transpirer au dehors que sa semence devait déposséder l’Amoréen et les autres. Sans doute bien des Israélites pouvaient raconter que Dieu avait donné Canaan à leurs pères et à sa descendance pour toujours. En tout cas, le fait même de la venue d’Abraham et de son installation dans ce pays devait être un présage pour les Cananéens et les autres habitants. N’était-ce pas un avis donnant l’instruction de s’en aller, un avertissement avant jugement ? Pensez-vous qu’ils le prirent paisiblement ? Pendant longtemps, la race choisie fut peu nombreuse, mais la vérité allait se faire sentir au fur et à mesure qu’ils allaient croître et devenir forts, et plus spécialement après l’œuvre puissante de leur délivrance d’Égypte, quand leur nombre se multiplia en dépit de tous les efforts du méchant roi pour détruire les enfants mâles.
Les fils d’Israël furent ensuite conduits au Sinaï ; et avant même d’y arriver, au cours de leur rédemption d’Égypte (extérieurement bien sûr), Dieu leur indiqua qu’Il allait Se donner un nouveau nom. Ce qu’Il donna à Israël fut le nom de l’Éternel [Jehovah]. « Père » n’aurait pas été vrai, parce que cette grande nation était composée en majorité d’inconvertis. Il n’était pas du tout question de régénération par grâce. Ils étaient un peuple pris en charge par Dieu pour le gouverner, et gouverner n’implique pas nécessairement que les gens concernés aient la vie divine en eux. Un gouvernement suppose qu’il y a du mal à réfréner ; et Dieu prit le nom d’un gouverneur divin, le Dieu de leurs pères, mais aussi maintenant « l’Éternel ». Au Sinaï, en tant que Sa nation, ils s’engagèrent à obéir à Sa loi comme condition de leur position et de Sa bénédiction. Mais Lui savait bien qu’ils ne se soumettraient pas, et s’écarteraient de plus en plus vers la rébellion. Hélas ! l’esprit charnel n’a pas d’autre principe que la propre volonté, et il ne se soumet jamais à Dieu. Au contraire il est inimitié contre Lui et déteste Sa volonté. C’est pourquoi il était tout à fait certain que tout irait à la ruine (Moïse en était tout à fait conscient), qu’ils abandonneraient l’Éternel, et suivraient avidement des dieux étrangers, en sorte qu’il faudrait qu’ils soient chassés de leur beau pays (Deut. 31). Quelle leçon solennelle pour toutes les nations que de voir un peuple pour lequel Dieu faisait autrefois les choses les plus puissantes et les plus heureuses, et qui maintenant était devenu non seulement rebelle, mais apostat, et puni en conséquence de manière publique et extrêmement sévère devant le monde entier par l’action de ses pires ennemis devenus les instruments de sa dégradation.
Or tout ceci se réalisa dans les voies de l’Éternel en relation avec les Juifs jusqu’à ce que le Fils de Dieu apparut ; bientôt il y eut pire, et il y a plus encore à réaliser. Mais Il apparut comme Homme, la seule manière dans laquelle Il pouvait apparaître en grâce et non pas en vain — la manière dans laquelle, selon l’Écriture, il était absolument nécessaire qu’Il apparaisse. Car dans cette nature qui, chez les autres, avait fait le mal constamment sous toutes les formes, Il ne vint pas simplement apporter Dieu dans le monde, mais en ôter le péché. Seulement dans les faits, cela n’allait pas se faire d’un coup. Entre temps la manifestation de la méchanceté incrédule des Juifs allait empirer par le refus de Jésus comme « l’Éternel-Messie », malgré les preuves surabondantes de la vérité données de Sa part. Néanmoins leur propre volonté invétérée et rebelle n’en voulait pas. Ils furent donc les instruments majeurs pour le mener à la croix. Même les Romains idolâtres ne le souhaitaient pas. Le nom de Pilate avait été connu pour sa dureté et sa sévérité parmi les gouverneurs Romains ; mais Pilate brille plutôt par comparaison avec le Souverain Sacrificateur des Juifs, leurs anciens et leurs scribes, et tous les autres des Juifs. Il n’y avait pas de différence entre les masses et les classes supérieures du peuple ; ils étaient tous remplis d’inimitié et de méchanceté contre leur propre Messie, aveuglés qu’ils étaient par la volonté charnelle. Voilà ce que les gens appellent le « libre arbitre », ou « volonté libre ».
Oui,
c’est la liberté de volonté pour Satan et pour le pécheur. En tant qu’homme,
quel droit peut-il avoir à avoir une volonté libre [= libre arbitre] ?
N’est-il pas tenu, en tant que créature intelligente, à servir Dieu ?
Revendiquer l’exercice de la volonté libre est donc irrationnel. En tant
qu’homme déchu, n’est-il pas esclave de Satan ? N’est-ce pas là la
condition dans laquelle vous et moi et tous les autres hommes sont nés et ont
vécu jusqu’à ce que Dieu nous donne d’être mis sous sentence de mort pour nos
âmes, et de recevoir par la foi une vie nouvelle en Celui qui est descendu du
ciel ? Et Lui, le Fils de Dieu et Fils de l’homme, tandis qu’Il exerçait
Son ministère sur la terre, Il a fait connaître à Ses disciples qu’il y avait
un nom nouveau que Dieu révèle comme le Sien aux croyants, le même nom que Lui,
Christ, connaissait et aimait, non seulement à ce moment-là, mais de toute
éternité — le nom de Père
; Lui
le connaissait de droit divin, et nous par la grâce souveraine.
Tel
est le fruit de l’amour qui a atteint nos cœurs autrefois enténébrés et auquel
il est fait ici référence : nous ne sommes pas simplement pardonnés et
justifiés, mais nous sommes appelés enfants de Dieu. Le second verset, sinon le
premier, dit nettement que nous le sommes. Ce n’est pas seulement un nom qui
correspondra à la réalité dans le ciel ou dans l’état de résurrection.
« Nous sommes maintenant
»
enfants de Dieu. On a déjà souligné que l’apôtre ne nous applique pas le terme
de « fils », mais celui d’« enfants ». Les traducteurs de
la version autorisée anglaise [qui ont utilisé le terme de « fils »]
étaient des savants admirables, mais pour traduire correctement l’Écriture, il
faut avoir la vérité dans son âme et la dépendance continuelle de l’Esprit qui
l’a écrite. S’ils avaient eu à faire à n’importe quel autre livre, ils
l’auraient traduit correctement ; mais leurs préjugés théologiques les ont
entravés ici ou là dans la traduction de la Bible. Leurs erreurs semblent être
issues principalement de l’habitude. Leurs fautes ne proviennent pas d’un
manque de connaissance, mais de préjugés issus de la tradition. Ils ont trouvés
des prédécesseurs de renom qui avaient traduit d’une certaine manière, et ils
ont suivi la même ornière. « Enfants de Dieu », qu’y a-t-il de plus
étroit comme relation avec Lui ? L’homme ne peut pas faire de quelqu’un
qui lui est étranger son enfant ; Dieu le peut, et c’est ce qu’Il fait.
Telle est maintenant la relation de grâce. Christ n’a pas seulement appelé Dieu
Son Père, mais voilà que Son Père est notre Père ; et Il ajoute « Son
Dieu est notre Dieu » après avoir porté comme victime expiatoire le
jugement de nos péchés et être ressuscité d’entre les morts. Car Il est très
remarquable que Christ ne s’adresse pas normalement à Lui comme Dieu, mais
comme Père. Une fois ressuscité d’entre les morts et l’œuvre de la rédemption
accomplie, Il ne dit pas simplement « votre Père », mais « votre
Dieu ». La force de l’expression est extrêmement frappante si l’on compare
au moment où le Seigneur a dit « mon Dieu, mon Dieu ». Aux jours de
Sa chair, et avant ces paroles sur la croix, quand Il parlait de Lui ou qu’Il
s’adressait à Lui, Il disait toujours : « Père ». Après avoir
été fait péché, et par conséquent après avoir été abandonné de Dieu, Il
recommence à dire « Père », avant même qu’Il meure, afin que nous
sachions que tout ce qui était contre nous était réglé. Car Il était descendu
sous ce jugement infini avec nos péchés sur Lui, et dans Son esprit Il avait la
conscience que c’en était fini et accepté, de telle sorte qu’Il pouvait dire
« Père » avant le moment de la mort, parce que c’était virtuellement
fini. La résurrection était la preuve publique que tout était paix ; mais
avant de partir, Il dit « Père, entre tes mains je remets mon
esprit ».
En
accord avec cela, nous avons ici ce merveilleux privilège. « Le Père
nous a fait don » du titre
d’« enfant de Dieu ». Cela en donne le caractère ; et pour qu’il
soit plus clair que le don qui nous a été fait est celui d’une nature, et non
pas seulement d’un titre, il ajoute : « Bien-aimés, nous sommes
maintenant enfants de Dieu ». D’une manière générale il avait été dit
auparavant que, comme Lui est juste, le juste [c’est-à-dire, quiconque pratique
la justice] est « né de Dieu » (2:29).
Tout ceci est extrêmement important pour que soit posée une base ferme et sûre pour notre justice ; car il ne s’agit pas du tout d’une obligation d’accomplissement de certains devoirs pour arriver à la justice. C’était le terrain où se trouvaient les Israélites. La loi plaçait devant eux certains devoirs qu’ils étaient tenus d’accomplir pour acquérir la vie. Cependant, ils ne les ont jamais accomplis. La loi ne pouvait donc que les condamner. Il en va tout autrement du chrétien. Ceci devient clair quand nous avons l’assurance d’être enfants de Dieu, et de ce qu’Il est notre Père selon la manière dont Christ Le connaissait (Lui, selon le droit qui Lui revenait comme personne divine, et nous, seulement par grâce).
Mais n’y a-t-il aucun devoir à notre charge ? et si oui, lesquels ? — Les devoirs à notre charge sont ceux des enfants de Dieu. Nous sommes introduits dans une relation plus élevée qu’aucun devoir. Avoir la position d’enfant de Dieu, cela peut-il se comparer avec le fait de remplir un devoir, quel qu’il soit ? Nous sommes donc toujours au-dessus de nos devoirs. Nous sommes introduits dans une proximité de Dieu que jamais nous ne pourrions acquérir en accomplissant un quelconque devoir. Nous avons reçu le titre d’enfant de Dieu par la grâce souveraine quand nous étions dans le pire état, des enfants de colère comme aussi les autres (Éph. 2:3). Il nous a donné la vie dans le Fils (5:11).
Pour beaucoup, c’est une vérité bénie d’apprendre que nos devoirs découlent d’une relation existante, au lieu qu’il faille les accomplir pour gagner cette position. Nos devoirs ne nous introduisent pas dans cette relation ; c’est la relation qui décide du genre de devoirs qui lui conviennent et qui lui sont dus. Notre relation proche et bénie (nous ne pouvions pas en avoir de plus proche) découle du fait que nous sommes maintenant Ses enfants. C’est un fait constant, que rien ne peut altérer, sauf quand quelqu’un qui a professé être chrétien montre qu’il n’y en avait aucune racine chez lui, parce qu’il a abandonné Christ ; et dans ce cas, cela témoignera contre lui lors du jugement. Mais évidemment, c’est un principe général et facile à comprendre quand on regarde les devoirs naturels. C’est pourquoi le monde a toujours tort dans ses notions d’éthique, parce qu’il ne base pas du tout le devoir sur une relation. Au contraire elles font découler le devoir de la force morale de l’homme ; elles supposent l’homme capable de faire son devoir s’il le veut ; et par conséquent tout ce qui se trouve dans le devoir de l’homme, il peut le faire s’il choisit de le faire. Ce qui est triste, c’est certainement que l’homme manque entièrement à ses devoirs envers Dieu ; or les philosophes ne s’en soucient guère. L’erreur montre combien le système d’éthique n’a pas sa source dans la révélation, mais relève simplement de l’homme déchu. Il n’y a dedans, aux yeux de Dieu, ni la vérité de Dieu, ni la réalité de l’homme.
Voyons un père ou une mère à titre d’illustration. Quel est le fondement du devoir de l’enfant vis-à-vis de ses parents ? C’est la relation. C’est parce qu’il est un enfant de son père qu’il est tenu d’aimer celui qui l’a engendré, et de lui obéir. Personne ne peut se mettre à la place du père. Si l’enfant commence à regarder d’autres personnes comme aussi proches de lui que son père, ou à les laisser usurper sa place, il est clair que tout est faux et erroné. — Il y aussi la relation de mari et femme ; et ici, quoi de plus évident ? Le devoir de l’homme est de l’aimer, d’une manière qui ne revient à personne d’autre, même si elle est quelquefois un peu éprouvante ; et le devoir de la femme est de lui obéir, même si quelquefois il y a des choses à endurer.
Les devoirs sont tout à fait indépendants des simples circonstances qui passent. Ils ne sont pas non plus l’affaire de la volonté de l’homme ou de la femme. Quels que soient leurs pensées et leurs sentiments, l’obligation du devoir découle de la relation. Qu’on fasse son devoir ou non, la relation est ce qui crée et commande le devoir. Chez un serviteur, il y a un peu du même principe, mais naturellement de manière plus distante et plus faible, spécialement de nos jours où les serviteurs sont enclins à se lasser de leurs maîtres, et où les maîtres et maîtresses sont prêts à se séparer de leurs serviteurs, quelquefois pour peu de chose. En soi, c’est en effet, comme nous lisons en Jean 8, une relation temporaire, et non pas une relation qui demeure. Mais d’autres relations demeurent pour la vie, et elles illustrent donc mieux les relations que la grâce a établies pour n’avoir pas de fin.
La Parole de Dieu nous donne le droit de croire cela. Mais tant que la chair demeure en nous, nous avons besoin de grâce (« mais Il donne une plus grande grâce », Jacq. 4:6) pour accomplir les devoirs propres à notre relation, que ce soit avec Dieu, ou entre nous et nos frères. La moindre relation implique un devoir correspondant. Mais les relations de toute importance dépendent des droits suprêmes de Dieu. Et ici Dieu a pris une place d’amour incomparable : « Voyez de quel amour » [litt. : « Voyez de quel genre d’amour », ou « de quelle manière d’amour »] ; cet amour est entièrement au-delà de toute affection que l’homme puisse jamais concevoir. Il n’était possible que pour Dieu ; et Il nous fait ce don sous le nom de Père, selon que le Seigneur Jésus Le connaissait et qu’Il l’a communiqué après être mort et ressuscité, — le Père, qui est véritablement autant le Sien que le nôtre. C’est pourquoi possédant cette bénédiction qui est au-dessus de toute pensée de l’homme, nous sommes maintenant encouragés par elle à remplir les obligations que cette relation fait naître.
N’y a-t-il pas un lien étroit entre cette relation et la justice ? Ne voit-on donc pas tout de suite la grande convenance et la beauté, autant que la force spéciale donnés par ce lien pour maintenir la justice [pratique] : être conséquent avec notre relation ? Car ici plus que jamais, la relation est mise en relief dans toute sa réalité, et sa grâce présente et riche ; et elle est aussi maintenue constamment jusqu’au moment de la présence du Seigneur, quand, Le voyant comme Il est, nous Lui serons semblables. Tout cela fournit ainsi un éclairage très complet et divin sur le sujet, et d’une manière aussi inattendue qu’indispensable, conçue et appropriée pour donner de l’énergie au devoir de justice pratique, et pour procurer en permanence joie et consolation en toutes circonstances.
Prenez le cas du danger couru quand nous abandonnons notre relation, et que nous nous mettons à douter de ce que nous soyons enfants de Dieu : ne sommes-nous pas mûrs pour le monde et pour la complaisance vis-à-vis du péché ? Il n’y a rien d’étonnant à ce que nous nous tournions vers de mauvaises voies si nous ne jouissons pas d’une relation présente, vivante et éternelle avec Dieu ; mais si nous en jouissons, il n’y a pas d’excuse pour le péché. La motivation réside dans la nouvelle nature, le nouveau lien et le genre d’amour le plus puissant. Car la nouvelle nature peut être vue en rapport avec la relation, ou agissant par elle-même en dehors de cette relation. Mais la voie complète et normale est d’amener à la fois notre nature et notre relation à avoir de l’influence sur notre conduite à cet égard ; et c’est ce que l’apôtre Jean fait à sa manière si remarquable dans la parenthèse de ces trois versets, entre les deux fois où il traite de la justice.
Ayant ainsi introduit l’amour du Père et notre relation en tant qu’enfant, avec sa brillante espérance, il revient au côté moral, et teste le péché jusqu’à sa racine, comme il ne l’avait pas encore fait. Il ne qualifie pas le péché de « transgression de la loi » (*), et cela pour la meilleure des raisons. Il va le traiter d’une manière beaucoup plus vaste que simplement en rapport avec la loi ou les Juifs. Ceux-ci étaient habitués dans une mesure à la justice et à l’injustice, bien qu’elles ne fussent comprises que de travers et superficiellement à cause de leur incrédulité. Il en était parlé dans leurs Écritures qu’ils avaient l’habitude de lire, et ils ne pouvaient que s’étonner de la profondeur de la parole de justice de la part du Seigneur Lui-même quand Il était ici-bas et qu’Il brilla comme la vraie lumière.
(*) note Bibliquest : contrairement à la traduction de la version autorisée anglaise.
Or qu’est-ce que les païens connaissaient de la justice ? Ils n’avaient aucune relation consciente avec Dieu, qui leur était un Dieu inconnu. Le seul sentiment moral en présence de leurs vains objets de vénération, c’était la crainte. Mais ils n’avaient pas la moindre idée que Dieu fût un Dieu d’amour. Leurs dieux étaient des protecteurs du vice et de l’infamie, et ils ne s’élevaient jamais au-dessus de l’égoïsme. Si jamais ils descendaient sur terre vers l’homme, c’était pour prendre l’un ou l’autre comme favori, et cela pouvait devenir bien pire qu’un favori, parce qu’ils étaient vraiment honteux dans leurs voies immorales. En matière de religion, la civilisation grecque a-t-elle jamais fait mieux que des dieux ignobles ? De Zeus jusqu’au bas de l’échelle, avaient-ils un dieu qui n’était pas mauvais ? Leurs dieux n’étaient qu’un reflet amplifié d’eux-mêmes. Mais ici nous avons la vérité de Dieu, et cette vérité opérant en grâce souveraine pour bénir sans le moindre mérite de notre part. Le chrétien ne peut que prendre le terrain du mal et de la ruine complets chez le premier homme, et de la justice et de la grâce parfaites en Christ. Toute la vertu, l’efficace et la bénédiction viennent de Dieu qui donne tout libéralement à la foi en Christ. Qu’est-ce que Dieu pourrait faire de mieux envers le croyant qui renonce à lui-même et à tous les obstacles, pour ce qui regarde la confession du nom de son Seigneur et Sauveur et la jouissance de la proximité bénie de sa relation avec le Père, dans une vie nouvelle donnée par grâce ?
Que le croyant soit juste en tant que né de Dieu, et qu’en conséquence il partage avec Christ la haine de Dieu à l’égard du péché, c’était déjà beaucoup ; car l’action découle de ce qu’on est (*). Et quiconque pratique la justice est né de Dieu, et il connaît ainsi qu’il a la proximité de relation par le fait qu’il est l’objet de l’amour spontané et parfait du Père. Ainsi la nature et la relation se donnent la main et vont ensemble, et c’est ce que l’apôtre nous explique ici. Mais maintenant, ayant introduit tout le côté brillant, ainsi que sa réalité présente et son espérance excellente, il se met à insister sur l’incompatibilité inéluctable de la nature de Dieu vis-à-vis de tout péché, que ce soit en Christ ou en nous.
(*) note Bibliquest : on remarque l’opposition radicale de la Parole de Dieu avec la philosophie existentialiste
« Quiconque pratique le péché, pratique aussi l’iniquité [marche sans loi, sans frein] ; et le péché est l’iniquité » (3:4). « Commettre le péché » est une expression dont on se sert habituellement en rapport avec un acte particulier de péché, comme quand on dit qu’un homme a commis un péché. Mais « pratiquer le péché » [ou : « faire le péché »] comme ici, signifie que c’est à la fois le principe de l’homme et sa pratique ; car il n’y a rien d’autre réellement chez l’homme que la pratique du péché. C’est sa nature. De qui parle l’apôtre ? De tout homme naturellement. C’est exactement ce que l’homme fait aux yeux de Dieu. Ce n’est pas simplement le cas des Gentils, mais aussi des Juifs ; car sous ce jour, il n’y avait pas de différence, bien qu’ils s’opposassent toujours tellement l’un à l’autre, se livrant habituellement à la haine et au mépris mutuels. Avant que Dieu soit pleinement révélé en Christ, où y avait-il place pour une quelconque pensée de se glorifier ? La place de l’homme comme pécheur est dans la poussière.
Qui alors est le pécheur, sinon tout homme en tant que tel dans son état naturel ? N’était-ce pas votre vie et la mienne avant d’apprendre à connaître Christ ? Dieu était inconnu à nos âmes, sauf dans une certaine frayeur de Lui, la peur qu’Il nous jette un jour en enfer. Si Dieu n’était pas dans nos pensées, le péché y était. Quel est alors son vrai caractère ? C’est l’iniquité [marche sans loi, sans frein], le principe de la propre volonté et de l’indépendance totale de Dieu. L’homme trouve qu’il n’est pas si facile que cela, maintenant, d’être indépendant des autres hommes, et il n’a aucune difficulté à être entièrement indifférent à Dieu ! Quel état de folie, méchant et terrible ! Dieu n’est dans aucune de ses pensées ; c’est le péché. Dès l’instant où l’on introduit une définition du péché telle que celle révélée ici, elle s’applique à n’importe qui, Juif ou Gentil. Le Juif revendiquait la justice, parce qu’il était sous la loi ; mais le résultat en était que, s’il péchait, il avait une culpabilité supplémentaire de violation d’une loi connue, et d’une loi qui était la loi de Dieu. Il était donc « transgresseur », ce qu’un Gentil ne pouvait pas être, parce qu’un Gentil ne connaissait rien de la loi comme règle générale ; la plupart d’entre eux n’en avaient même pas entendu parler. Ce serait donc une erreur d’expression que de qualifier un Gentil de transgresseur. L’Écriture ne le fait jamais, mais elle appelle les Gentils « iniques » ou « pécheurs » ; par exemple Gal. 2:15 parle de « pécheurs d’entre les nations ».
Mais maintenant nous avons l’iniquité mise à charge contre le Juif ; s’il ne croit pas en Christ, il est aussi inique [sans loi, sans frein] avec toute sa vantardise sur la loi, parce que le fait qu’il pèche démontre qu’il vit réellement sans Dieu. Tant que le temple était là, il pouvait y aller et offrir son sacrifice ; tout Juif pouvait le faire. Les hommes, même les pires d’entre eux, aiment bien avoir un peu de religion. Caïn n’avait pas simplement le monde à aimer quand il commença de l’aimer, mais il avait la religion du monde selon l’idée de l’homme. Il n’était pas du tout le genre de personne à ne pas avoir son église ou sa chapelle. Il était strict en ce qu’il apportait un sacrifice à l’Éternel selon son invention ; mais dans ce sacrifice il n’y avait rien qu’une insulte à Celui qui seul peut dire comment Il faut Lui rendre culte, et il s’y joignait une ignorance absolue de son état de péché. Il apportait des fruits et des fleurs de la terre. Les gens font un peu ça lors des enterrements. C’est un grand jour pour les fleurs, nous le savons, même jusqu’à la tombe ; et quant au principe, peut-on concevoir quelque chose de plus monstrueux que des fleurs sur un cercueil ? Cela masque complètement la solennité et les conséquences de la mort. Qu’est-ce que la mort pour le saint, sinon déloger pour être avec Christ ? Et qu’est-ce que la mort pour le pécheur, sinon le glas qui annonce un jugement juste et inévitable ? Pour lequel des deux, les fleurs sont-elles appropriées ? Il n’est pas étonnant de voir des gens du monde, sensibles, signaler à leurs amis « ni fleurs ni couronnes ». En tout cas il n’y a guère de mode plus folle ou sans cœur, quoi qu’elle soit assez naturelle pour les jardiniers, et peut-être bonne pour le goût et le commerce, mais non pas pour autre chose.
« Quiconque pratique le
péché, pratique aussi l’iniquité ; et le péché est l’iniquité ». La
traduction de la version autorisée anglaise est fort différente
[« Quiconque commet le péché, transgresse aussi la loi : car le péché
est la transgression de la loi »], mais comme on s’est déjà arrêté sur la
question, il n’y a guère à ajouter. Le péché n’est pas la transgression de la
loi, mais il est l’iniquité [marche sans loi, sans frein]. Tel est le vrai
sens. On ne peut pas légitimement traduire autrement. Ce qui a prévalu ici est
totalement erroné ; cela est basé sur ce qu’on fait de la loi la règle de
vie pour le chrétien, au lieu que ce soit Christ, et c’est justement ce que
font les gens qui ne comprennent pas les Écritures. « Et vous savez que
Lui a été manifesté, afin qu’Il ôtât nos péchés ; et il n’y a point de
péché en Lui » (3:5). L’apôtre introduit tout de suite ce qui est
exactement le contraire. Où faut-il regarder pour trouver quelqu’un
d’entièrement dépourvu d’iniquité ? Il n’y en a eu qu’Un, et son identité
était si évidente, qu’il était inutile de Le nommer. Oui, nous savons que le
Seigneur Jésus a été manifesté pour ôter nos péchés. Combien cela convenait
pour une personne divine, qui est en même temps véritablement homme ! Il
avait en effet horreur du péché, et comme il est dit immédiatement après qu’il
soit parlé de Son œuvre, « il n’y a point de péché en Lui ». Ce n’est
pas seulement qu’il n’y avait
pas de
péché chez Lui avant Sa venue ici-bas, ni qu’il n’y en aura
plus maintenant qu’Il est ressuscité, mais « il n’y a point
de péché en Lui ».
C’est une vérité absolue. Comme il n’y en a jamais eu à aucun moment, il ne
pourra jamais y en avoir. Cependant, Celui qui était sans péché, est justement
Celui que Dieu a fait péché, afin que nous qui étions effectivement pécheurs,
nous devinssions justice de Dieu en Lui (2 Cor. 5:21). Le verset qui dit qu’Il
« a été fait péché afin que nous devinssions justice de Dieu en
Lui », se réfère à l’acte unique qu’Il a accompli et au but de Sa mort
expiatoire ; tandis que le verset qui dit qu’« il n’y a point de
péché en Lui » se réfère au caractère immuable et saint de Sa vie, si
particulièrement manifesté et spécifiquement testé dans ce monde. C’est là que
cela était manifeste à tout œil, sauf à ceux qui étaient aveugles ou qui
voyaient de travers.
« Quiconque demeure en Lui ne pèche pas » (3:6). Il n’y a pas d’autre remède contre le péché que de demeurer en Lui, dans une dépendance et une confiance constantes. La sauvegarde, ou ce qui nous préserve, ne se trouve pas dans le fait d’avoir invoqué le nom du Seigneur. Il est excellent de commencer par cela, mais il y en a beaucoup qui disent aujourd’hui « Seigneur, Seigneur » et qui seront ignorés en ce jour-là (Matt. 7:21-23 ; 25:11-12). Demeurer en Christ est le test d’une foi vivante en Christ, qui n’est ni vide ni vaine, mais opérante par l’amour (Gal. 5:6), comme cela était dit aux Galates qui aimaient tant la loi. Et il ne pouvait pas en être autrement. « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi [c’est-à-dire le vieil homme], mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). Il n’a pas honte de nous appeler frères (Héb. 2:11) ; Il a prouvé Son amour pour nous jusqu’à toute extrémité d’une manière essentielle, mais qui n’était appropriée ni au Père ni au Saint Esprit. Le Père et le Saint Esprit ne se sont jamais incarnés pour manifester une obéissance absolue dans la vie, et dans la mort pour endurer le jugement de nos péchés par la main de Dieu. Christ l’a fait. Il y a là un motif très puissant, spécialement parce qu’une nature juste est communiquée, ainsi qu’une relation d’une telle proximité de Dieu, que seulement l’amour suprême du Père pouvait la concevoir et la donner.
Nous arrivons maintenant aux versets que nous n’avons pas encore considérés. « Chers enfants, que personne ne vous égare » (3:7). Y a-t-il un sujet sur lequel on se trompe plus fréquemment que celui-ci ? Y a-t-il un sujet sur lequel les gens ont davantage tendance non seulement à s’égarer, mais encore à égarer les autres qui leur font confiance ? Le seul secours est en Christ, en Sa parole, en Son Esprit. À quoi peut bien servir l’instruction dans ce cas ? Même la piété n’aide guère, à moins qu’en même temps il y ait véritablement le « demeurer en Lui ». « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5). C’est la raison pour laquelle, si nous demeurons ainsi en Lui, le méchant ne peut pas nous nuire, bien que nous soyons toujours exposés à ses ruses, sans être cependant ignorant de ses artifices. Il n’a pas peur de nous, mais il a peur de Christ son vainqueur. Mais notre foi, et le fait de demeurer en Christ, mettent Christ entre le diable et nous, et cette résistance le met en fuite. Notre vieille nature, la chair, n’a pas été transformée en une bonne nature par le moyen de la grâce et de la vérité. La chair, la pensée même de la chair sont incurablement mauvaises ; et Dieu a exécuté, dessus, la condamnation pour notre compte à nous qui croyons en Christ comme sacrifice pour le péché. Et maintenant qu’Il est mort et est ressuscité, Il nous donne de Sa vie de ressuscité, une nouvelle création, non pas l’ancienne création améliorée, car elle a été mise de côté pour toujours et jugée à la croix de Christ. Qu’est que Sa vie ? Y a-t-il jamais eu un seul péché pour la ternir ? Y a-t-il jamais eu une souillure, si petite soit-elle, qui soit jamais entrée en Lui ? Ceci est la vie que nous avons maintenant ; et c’est pourquoi la joie de l’amour du Père repose sur nous comme étant Ses enfants, les enfants de Dieu le Père. Nous avons donc la nouvelle nature, qui est une nature juste, avant même que nous ayons à pratiquer la justice qui est le cours normal de cette nature, autant que l’injustice lui est étrangère.
Avec l’Israélite, on avait à faire à l’homme sous la loi et ayant une nature pécheresse. La loi supposait ces penchants chez lui ; il était donc entouré d’interdictions de tout côté. Il ne devait pas reconnaître les faux dieux, ni avoir d’image du vrai Dieu. Le culte était exclusivement réservé au Dieu invisible, mais seul vrai Dieu, qui avait conduit Israël hors d’Égypte, et dont il fallait ne pas prendre le nom en vain. L’Israélite ne devait pas prendre ce qui appartenait à autrui, ni même convoiter qui que ce soit ou quoi que ce soit qui appartenait à son prochain. Il devait garder le sabbat le septième jour, et honorer ses parents, le tout sous peine des plus sévères sanctions. Pourquoi cela ? Parce qu’ayant par nature la volonté de Dieu en aversion, il était injuste. La loi offrait la vie et la mort, — la vie à l’obéissant, la mort au désobéissant. « Maudit qui n’accomplit pas les paroles de cette loi, en les pratiquant ! Et tout le peuple dira : Amen ! » (Deut. 27:26). La mort était donc passée sur Israël depuis bien longtemps. Mais le jour vient bientôt où eux aussi vivront ; et « pratiquer la justice » suivra. L’âme qui pratique la justice, la nature qui aime la justice, a une nouvelle vie en Christ que Dieu donne dans Sa grâce indépendamment de quoi que ce soit de notre part. C’est Son Esprit qui opère en nous la repentance, et le fait de croire l’évangile. C’est par cette vie nouvelle que commence la nouvelle responsabilité chrétienne. Nous sommes appelés à marcher de manière conséquente avec Christ de qui est la vie juste donnée à notre âme. « Celui qui pratique la justice est juste comme Lui aussi est juste » (3:7). C’est Sa nature, tout comme l’homme déchu pèche.
L’apôtre devient maintenant plus ferme, et regarde à la source du mal. « Celui qui pratique le péché est du diable » (3:8). Il a montré la source de la bénédiction ; maintenant il regarde à la source originelle du péché. Ce n’est pas simplement ce qu’Adam et Ève ont fait, mais ce que le serpent a insufflé dans leurs cœurs. De quoi le diable s’est-il toujours occupé depuis, sinon d’ajouter au péché de la tête de race de nouvelles injustices chez chacun des membres de la race ? Ici il est dit : « celui qui pratique le péché est du diable ». Il est le conducteur auquel l’homme appartient. L’homme peut se vanter de ses ancêtres, mais il y a un autre ancêtre, qui n’est pas littéralement son père ; mais l’homme déchu a pratiquement fait de Satan son dieu. C’est ainsi que l’Écriture l’appelle le dieu de ce siècle, le chef de ce monde. Combien il est vrai que « celui qui pratique le péché est du diable » ! Ce n’est pas comme quelque chose de jeté à la hâte à la figure de l’homme, mais ce n’est rien moins que la vérité de Dieu. Non seulement il est un homme pécheur, mais « il est du diable ». « Car dès le commencement le diable pèche », c’est-à-dire dès l’instant où il n’a plus été satisfait d’être un ange de Dieu, mais qu’il s’est établi indépendamment de Dieu dans son orgueil. Dès ce moment-là, il a eu son commencement en tant que diable. Ceci eut lieu bien sûr après sa création en tant qu’ange. Une nouvelle fois ici, nous voyons que « dès le commencement » ne signifie pas « au commencement ». « Au commencement » est dit de la Parole, le Fils, dans l’éternité avant la création, ou, comme dans le cas du « au commencement » de Gen. 1:1, cela vise une action de Dieu, non Son existence. « Dès le commencement », indépendamment de comment cela a eu lieu et de où cela a eu lieu, c’est depuis le temps où la personne en question s’est manifestée. « Dès le commencement » de Christ (Luc 1:2), c’est depuis le temps où Christ S’est manifesté Lui-même. « Dès le commencement » du diable, c’est quand il a manifesté non pas ses qualités angéliques, mais d’abord son orgueil contre Dieu, et ensuite sa méchanceté, qui est le sûr effet de l’orgueil chez les autres également.
« C’est pour ceci que le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il détruisît les œuvres du diable » (3:8b). Ceci ne parait pas signifier exactement la même chose qu’ôter nos péchés. Il n’y a pas lieu de douter que ce grand but concerne aussi exactement le même moment ; mais nous devons nous rappeler que la mort de Christ comporte bien davantage que simplement ôter nos péchés. Ceci est tout pour nous ; ou en tout cas, tout ce qui est de la grâce de Dieu commence pratiquement avec Son œuvre pour ôter nos péchés. Mais Il est devenu esclave de Dieu, et ainsi Son champion contre Satan, l’adversaire perpétuel de Dieu et de l’homme ; et Christ a été manifesté non seulement pour nous réconcilier avec Dieu par Sa mort, mais pour détruire tout ce que Satan avait opéré au cours de sa méchante histoire. Et c’est ce qu’Il fera. Satan s’occupe beaucoup de guerres, de famines, de tremblements de terre, de pestes, etc. comme cela ressort du début du livre de Job, et autres. Entre temps, Dieu redirige pour le bien toutes ces choses que Satan fait pour le mal. Mais il y a tout le temps chez lui des mauvais coups, une activité incessante pour faire des dégâts, comme il y a un amour incessant de Dieu pour faire du bien à tous ceux qui L’écoutent, spécialement dans ce qu’Il révèle du Seigneur Jésus. « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché » (3:9a). La justice est sa vie pour la pratique, comme elle l’est pour la piété. Le croyant est caractérisé par la nouvelle nature qui ne pèche pas. Supposons le cas d’un homme qui a été esclave dès sa naissance, et voilà qu’une fois, un anglais plein de bonté s’interpose et le délivre de ceux qui le retiennent captif. L’homme devient directement un homme libre selon la loi anglaise, ce qui n’est pas un mince privilège pour un esclave. Quand ultérieurement il pense et parle de lui-même, pense-t-il encore qu’il est un esclave ? pas du tout ; loin de lui cette pensée ! Il l’était autrefois, mais maintenant il est un homme libre. On peut objecter que le vieil homme existe encore dans le chrétien ; mais la réponse est que Dieu l’a libéré de ce vieil homme par la mort de Christ — de sorte qu’il reste suffisamment de vérité dans cette illustration pour en permettre l’usage ici. Hélas ! ce qui est spirituel n’est pas aussi facile à comprendre et à éprouver que ce qui est naturel.
« Quiconque est né
[ou : a été engendré] de Dieu ». C’est le point de départ. Être né de
Dieu est le commencement réel, non pas dans les conseils divins, mais celui de
Son œuvre effective dans l’âme. L’apôtre ne parle pas de l’autre vie, mais il
parle bien nettement de tous ceux qui sont nés avec une nature qui ne pèche
jamais. Notre affaire n’est pas de laisser la vieille nature dehors, mais de la
maintenir sous la puissance de la mort de Christ, mortifiant tout qui lui
appartient et ne lui faisant jamais grâce pour opérer activement. Nous pouvons
manquer, et cela arrive par notre faute ; mais nous avons le Saint Esprit
habitant en nous pour s’opposer à la chair, et nous sommes toujours
inexcusables quand nous tombons ainsi. Mais au départ la justice est notre
principe, et elle est aussi un fait béni, parce que nous l’avons comme notre
nouvelle nature. Nous ne l’attendons pas comme un prix accordé du dehors, comme
les Israélites. La grâce souveraine l’a déjà faite nôtre, non seulement pour
nous comme ce qui en est de la
justification selon les expressions de l’apôtre Paul (Rom. 4:25 ; 5:8, 9,
18), mais en
nous, une nouvelle
nature comme nous voyons ici. Dieu nous a donné la bénédiction ; et c’est
pourquoi nous avons à agir de manière conséquente avec elle, regardant à Dieu
la source, et au Seigneur Jésus par qui nous avons cette justice pour demeurer
en Lui, afin que nous portions beaucoup de fruit à la gloire du Père (Jean
15:5, 8) tout le long du chemin.
« Quiconque est né [ou : a été engendré] de Dieu ne pratique pas le péché, parce que sa semence demeure en lui » (3:9a). Ce n’est pas seulement qu’il ne doit pas pécher, mais il ne le fait pas [ou : « pratique pas »]. Toute créature agit selon sa nature ; et la nouvelle nature du chrétien est telle qu’il ne peut pas pécher ; à en juger par cette nouvelle nature, elle ne pèche assurément jamais. Le péché est la triste inconséquence qui permet à la nature dépravée de faire son chemin, ce qui est clairement contraire à la volonté de Dieu, qui voudrait qu’elle soit tenue dans la mort de Christ. Ne sommes-nous pas morts au péché dès le début, quand nous sommes passés de la mort à la vie ? (3:14 ; Jean 5:24). Notre baptême n’en rend-il pas témoignage ? (Rom. 6:3-11). Ce qui est impur et ce qui est mort devrait être hors de vue, et même complètement chassé de nous. « Et il ne peut pas pécher, car il est né de Dieu » (3:9b). C’est clairement en vertu de la nouvelle nature que l’apôtre parle si péremptoirement.
« Par ceci sont [rendus] manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable : quiconque ne pratique pas la justice n’est pas de Dieu ». Mais il y a un test supplémentaire à l’égard de l’amour, et l’apôtre ajoute : « et celui qui n’aime pas son frère » (3:10). Si cette absence d’amour est le caractère de quelqu’un, cela montre qu’il n’a jamais eu la nouvelle nature qui aime la justice et vit en elle.
Je désire attirer l’attention sur le langage
extrêmement incisif de l’apôtre en rapport avec ces deux catégories de
personnes. Beaucoup d’excellents chrétiens ont l’habitude de refuser aux saints
le droit d’exercer un tel jugement ; et à l’appui de leur dire, ils citent
l’interdiction de notre Seigneur en Matt. 7:1-2 : « Ne jugez pas afin
que vous ne soyez pas jugés : car, du jugement dont vous jugerez, vous
serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera
mesuré ». Or en faisant cette application, ils ne sont pas sages ;
car le Seigneur ne blâme pas du tout ici le discernement spirituel des personnes
ou des choses, qui est un privilège clair et important du chrétien pour sa
propre conduite, pour le secours ou l’avertissement des autres. L’apôtre
établit pareillement (1 Cor. 2:15) que l’homme spirituel (en contraste avec
l’homme naturel) juge, ou examine, toutes choses, mais que lui
n’est jugé par personne. L’avertissement du Seigneur aux
disciples visait la mauvaise habitude de critiquer qui si souvent conduit à
suspecter de mauvais motifs sans fondement et contrairement aux saints
instincts de l’amour. Mais l’amour serait étouffé par l’idée que nous ne
devrions pas juger qui sont les enfants de Dieu. S’il nous est interdit de les
discerner, comment pouvons-nous les aimer ? Or justement le contexte
prouve que nous pouvons et devons juger ; car le Seigneur suppose que non
seulement c’est faisable, mais c’est juste et nécessaire quand Il dit « ne
donnez pas ce qui est saint aux chiens, ni ne jetez vos perles devant les
pourceaux » (Matt. 7:6). Si nous sommes ainsi tenus de discerner l’impur,
combien plus nous revient-il heureusement de reconnaître les brebis et les
agneaux de la pâture de Dieu, et de les aider dans l’amour selon leurs besoins
et selon notre mesure !
Mais nous n’avons pas besoin d’aller au-delà du verset qui est devant nous pour voir où se trouve la vérité sur cette question. « Par ceci sont [rendus] manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable ». L’apôtre regarde la différence comme suffisamment claire. Comme d’habitude, il s’intéresse à des preuves toutes simples, claires et pratiques ; il ne s’embarrasse pas hypocritement de choses sans importance qui pourraient permettre pour un temps d’échapper à la détection. Il attire l’attention de la famille de Dieu de manière pressante vers ce qui a constamment de la valeur et de l’intérêt pour eux tous. Il n’y a pas de réelle difficulté à se former un sain jugement à l’égard de ceux dont la conduite nous est connue, soit qu’ils marchent dans la justice ou qu’ils marchent dans l’injustice. Il est inexcusable de suspecter un mal caché là où aucun mal n’est apparent, tout autant que de mettre au crédit d’autres personnes une excellence imaginaire. Un jugement juste, surtout dans une application d’ordre général comme celle-ci, agit sur une base qu’aucune âme droite et pleine de grâce ne pourrait mettre en question.
Bien que l’homme marche en
hésitant et sous une vaine apparence, il n’en est pas ainsi, ni ne devrait en
être ainsi avec le chrétien qui a le devoir très clair d’agir convenablement
sur la base de sa relation avec Dieu et avec ses frères. Car il a à faire
régulièrement chaque jour soit avec des enfants de Dieu, soit avec des enfants
du diable. L’amour divin qui opère en lui ne peut être indifférent ni aux uns
ni aux autres ; mais cet amour prend une forme entièrement différente
selon chacun. L’apôtre en tout cas ne voyait aucun obstacle sur le chemin, et
il encourage le chrétien à agir pour Dieu aussi bien que pour eux, et il
voulait le préserver de se former hâtivement des jugements sur des bases
obscures et incertaines. « Par ceci
sont [rendus] manifestes
les enfants
de Dieu et les enfants du diable ». La justice et l’amour ont des effets
visibles devant tous. Ils sont tous les deux manifestes chez les enfants de
Dieu ; et il est également manifeste qu’ils ne sont pas chez les enfants
du diable, mais qu’on y trouve plutôt les qualités opposées.
Il est tristement intéressant de s’informer comment se fait-il que les saints puissent glisser dans une erreur grave au point de les amener à pervertir un passage de l’Écriture et à en négliger d’autres. Car nombreux sont les passages qui considèrent comme certain que même les croyants les plus simples sont capables de reconnaître leurs frères et de les aimer, et qu’ils se sentent aussi tenus de gagner les négligents et de les éloigner du danger fatal qui les guette, et d’avertir ceux qui méprisent et se moquent. C’est la ruine de la profession chrétienne de justifier une présomption si destructrice du devoir chrétien. Le monde est religieux, et l’église est encore plus mondaine, de telle sorte que la confusion marque l’état actuel des saints qui sont mélangés avec ceux qui n’ont rien de commun sur le plan spirituel et qui ne peuvent qu’entraîner toujours plus bas dans leurs ténèbres ceux qui devraient être dans la clarté et la liberté pour le Seigneur. Car qui douterait qu’un saint ne peut pas élever son associé inconverti au niveau de la communion avec les pensées de Dieu ? Ou qu’y a-t-il de plus certain et de plus banal que, si le naturel est mis au joug avec le spirituel, le poids mort du naturel fera sombrer le spirituel dans une conformité plus ou moins grande avec ses propres pensées et ses propres voies ?